Séminaire Vitalité des peuplements de chênes- liège et ...verts. Les premiers constats datent...

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Séminaire "Vitalité des peuplements de chênes- liège et chênes verts : situation actuelle, état des connaissances et actions à entreprendre" (25-26 octobre 2006) Atelier "Vers la conception d'un programme intégré de recherche pour promouvoir l'amélioration et la restauration des forêts de chênes-liège et de chênes verts" (27 octobre 2006) Evora, Portugal SYNTHESE ASSOCIATION INTERNATIONALE FORETS MEDITERRANEENNES

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Séminaire "Vitalité des peuplements de chênes-liège et chênes verts : situation actuelle, état des connaissances et actions à entreprendre"

(25-26 octobre 2006)

Atelier "Vers la conception d'un programme intégré de recherche pour promouvoir

l'amélioration et la restauration des forêts de chênes-liège et de chênes verts"

(27 octobre 2006)

Evora, Portugal

SYNTHESE

ASSOCIATION INTERNATIONALEFORETS MEDITERRANEENNES

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La Direction générale des ressour-ces forestières du Portugal a organiséen collaboration avec Silva mediterranea (FAO),le WWF et l'Association Internationale ForêtsMéditerranéennes un séminaire sur la vitalité despeuplements de chênes-liège et verts, suivi d'unatelier de travail sur la conception d'un pro-gramme intégré de recherche pour promouvoirl'amélioration et la restauration des forêts dechêne-liège et de chênes verts. Ces journées detravail ont regroupé près de 300 personnes repré-sentant neuf pays.

L'objectif de ces rencontres était de faire le pointsur les causes du dépérissement de ces peuple-ments dans les pays du bassin Méditerranéen,pour ensuite établir des actions et des axes derecherche à suivre afin de mieux comprendre etrésoudre les problèmes de dépérissement.

Ces peuplements de chênes-liège et verts sontsouvent gérés de façon identique (dehesas, mon-tados) dans le sud-ouest de la péninsule ibérique,ce qui explique que ces travaux abordent lesdeux sujets simultanément. Toutefois, comptetenu de l'importance économique du liège et de lareprésentativité des spécialistes du liège parmiles intervenants, les travaux ont essentiellementété axés sur le chêne-liège.

Ce document de synthèse ne remplace pas lesactes du séminaire, qui seront établis et diffuséspar ailleurs. Il devrait permettre aux participantsde garder en mémoire l'essentiel des messagesdélivrés et aux personnes intéressées de prendreun premier contact avec un réseau en cours deconstitution.

Le constat du dépérissement des peuplements de chênes-liègeet de chênes verts

Les suberaies, comme le rappellent les tableauxsuivants, concernent les pays de l'ouest de laMéditerranée et ont une importance relative dif-férente selon les régions. Les deux pays qui ontla surface et la production les plus importantessont le Portugal et l'Espagne.

Tableau : Superficies estimées des forêts de chêne-liègedans le monde (sources : IPROCOR, 1999 ; Lamey, 1893)

Tableau : Production mondiale de liège (source : IPRO-COR, 1999)

Dans tous ces pays, on constate un dépérissementdes peuplements de chênes-liège et de chênesverts. Les premiers constats datent des années1960, mais le phénomène est apparu plus nette-ment dans les années 1980/1990 et semble s'ac-célérer depuis les années 2000. Le pourcentagedes zones affectées varie selon les lieux.

Les symptômes du dépérissement sont une défo-liation progressive associée à l'évolution desétats sanitaires pouvant aller jusqu'à la mort del'arbre.

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Pays Superficie - ha(en 1893)

Superficie - ha(en 1999)

% de la superfi-cie totale (1999)

Portugal 300 000 859 000 32,0

Espagne 255 000 725 000 27,0

Algérie 459 000 440 000 16,4

Maroc ? 377 000 14,0

Italie 80 000 144 000 5,3

Tunisie 116 000 99 000 3,7

France 148 500 44 000 1,6

TOTAL 1 358 500 2 688 000 100

Pays Production – t(en 1880-1900)

Production – t(en 1999)

% de la produc-tion totale (1999)

Portugal 40 000 136 000 50,4

Espagne 60 000 78 000 28,9

Algérie 30 000 10 000 3,7

Maroc 10 000 18 000 6,7

Italie 15 000 11 000 4,1

Tunisie ? 10 000 3,7

France 20 000 7 000 2,6

TOTAL 175 000 270 000 100

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Les conséquences du dépérissement des sube-raies sont une baisse de la qualité et de la quan-tité du liège produit, voire la raréfaction ou ladisparition de l'espèce.

Les causes du dépérissement des chênes-liège et des chênes verts

Plusieurs facteurs sont mis en cause pour expli-quer ce phénomène. Des facteurs de prédisposi-tion, de déclenchement et aggravants sont consi-dérés dont l'importance relative varie d'unerégion à l'autre. Il est difficile d'expliquer demanière satisfaisante l'origine exacte de ce dépé-rissement.

Les évaluations des causes du dépérissementsont variables selon les auteurs. On peut, d'unefaçon générale, considérer que le dépérissementdes chênes-liège et verts résulte de multiplesinteractions.

Les différentes causes participant au dépérisse-

ment (sans indication de hiérarchie entre elles)sont les suivantes :

- Les changements climatiques.- Les mauvaises pratiques de gestion :� Une gestion sylvicole inappropriée.� Un écorçage mal conduit (mauvaise

technique, période mal choisie, fré-quence d'extraction excessive).� Un pâturage excessif.� Un travail du sol inapproprié.� Un abandon des peuplements.

- Les attaques d'insectes.- Les attaques de champignons (au niveau du

sol ou des parties aériennes).- Les incendies de forêt.

Les sécheresses récurrentes de ces dernièresdécennies ont entrainé un déficit hydrique, fac-teur important de stress pour les peuplementsforestiers.

Dans le cas du chêne-liège, les agents pathogènesles plus fréquemment rencontrés sont :

- Les insectes : Lymantria dispar (bombyxdisparate), Tortrix viridana (tordeuse verte

Schéma : Le dépérissement du chêne-liège résulte de multiples interactions (Amandier, 2006)

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du chêne), Platypus cylindrus (platype).- Les champignons : Biscogniauxia mediter-

ranea ou Hypoxylon mediterraneum (char-bon de la mère), Diplodia corticola,Phytophtora cinnamomi (maladie de l'en-cre).

… et dans le cas du chêne vert : Lymantria dis-par et Coroebus bifasciatus (bupreste du chêne).

Les suberaies sont pour la plupart d'origineanthropique. Pour cette raison, l'abandon de l'in-tervention humaine peut conduire à la disparitionde ces peuplements. Ainsi, des difficultés derégénération de ces peuplements menacent denombreux systèmes agro-sylvo-pastoraux.

La majorité des experts considèrent que les mala-dies liées au dépérissement des arbres sont desconséquences d'un stress. Le déclenchement dudépérissement dépend de leur environnement. Sasévérité dépend de la durée, fréquence et inten-sité du stress, ainsi que de l'attaque des pathogè-nes opportunistes.

Le passage d'un état sain à un état de stress, ainsique celui d'un état de stress à un état de dépéris-

sement sont réversibles. Toutefois lorsque l'arbreen est au stade du dépérissement, une attaque deravageurs opportunistes peut conduire à la mortde l'arbre.

Certaines de ces hypothèses ont été développéespar les experts présents à ces journées de travailet sont résumées ci-après.

Les conséquences des changements climatiques

Il semble que les effets des changements climati-ques commencent à être visibles et ils devraientcontinuer à provoquer en Méditerranée une aug-mentation des températures ainsi qu'une diminu-tion des précipitations, tout comme une modifi-cation de leur répartition (été secs et chauds,aggravant les conditions de sécheresse, et hiverspluvieux augmentant la fréquence des événe-ments climatiques extrêmes). Cela aurait pourconséquence l'augmentation du stress auquelsont soumis les peuplements de chênes.

Ce phénomène entraînerait certainement deschangements de la couverture et de la structurevégétale. C'est pourquoi les projections actuellesprévoient une probable réduction ou déplace-ment de l'aire naturelle des chênes.

Les scientifiques manquent encore de recul pourestimer les effets des changements climatiquessur le dépérissement et la résilience des peuple-ments.

Le lien entre le bilan de carbone et le dépérissement des chênes

Pour résoudre les problèmes de dépérissement,plutôt que de se concentrer sur les symptômesvisibles il paraît opportun de chercher à com-prendre les mécanismes physiologiques à l'ori-gine de ces symptômes.Une production de carbone (glucides) annuelleminimum est nécessaire pour maintenir le sys-tème végétal à l'identique. Le niveau de produc-tion de carbone par photosynthèse est lié auniveau des précipitations. En Méditerranée, lacroissance de l'arbre est limitée par la quantité“Herdade dos Leitões”, Alentejo - Photo Denys Poulet

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d'eau disponible. Par exemple, pour compenserle coût annuel en carbone lié à la respiration desfeuilles des chênes verts, il serait nécessaire debénéficier d'une pluviométrie minimale de355 mm/an (Gracia, 2006).

Pendant la période où le bilan de carbone estnégatif (production inférieure à la consomma-tion), l'arbre utilise ses réserves. Les glucidespréalablement stockés lui permettent de surmon-ter les périodes de crise (sécheresse, feux…).Durant ces périodes, on peut intervenir (coupe,élagage) pour aider les arbres à réduire leursbesoins en carbone. Se pose la question des sys-tèmes optimums de gestion qu'il serait nécessairede favoriser pour atténuer les effets négatifs surles réserves en glucides de l'arbre. Réduire ladensité des rejets (ou des arbres) pourrait êtreutile pour atténuer les effets défavorables deschangements climatiques sur les forêts méditer-ranéennes.

Des recherches sur le chêne vert en Catalogne(Gracia, 2006) ont montré que :

- Le bilan de carbone dans certaines forêtsméditerranéennes a atteint sa limite pourassurer leur maintien.

- La formation des tissus vivants représenteun tiers de la consommation totale en car-bone et nécessite 200 mm de précipitationsannuelles ; leur entretien, les deux tiers ontbesoin de 400 mm de précipitationsannuelles.

- L'état de la dégradation des glucides mobi-lisables dans l'arbre pourrait être utilisécomme un indicateur de dépérissement.

Les recherches futures pourraient apporter desréponses aux questions suivantes :

- Quel est le seuil limite de pluviométriepour un peuplement dans des conditionsécologiques données ?

- Quelles seraient les conséquences desvariations de la répartition annuelle desprécipitations ?

- Quelle est l'interaction entre le déficithydrique et l'augmentation de la tempéra-ture ?

- Quels sont les mécanismes physiologiquesimpliqués ?

On pourrait utiliser une modélisation basée surdes relevés de terrain pour anticiper les effets deschangements climatiques sur les forêts méditer-ranéennes.

L'impact de la dégradation du sol lié à de mauvaises pratiques de gestion

Le chêne-liège apprécie les sols dépourvus decarbonate de calcium, acides, présentant peu decontraintes pour la pénétration des racines, suffi-samment drainés et avec un horizon organiquebien préservé.

Les conséquences de la dégradation du sol sur lasuberaie sont une diminution de la production etune baisse de la qualité du liège ainsi qu’unelimitation de régénération de ces peuplements,une réduction de la biodiversité et une augmenta-tion des risques phytopathogènes.

Les causes de la dégradation du sol peuvent êtreles feux, le surpâturage et les labours sur pentes.Ces phénomènes peuvent accélérer l'érosion, lacompaction des sols, la baisse de la fertilité, laréduction de la matière organique et altérer l'acti-vité biologique du sol.

L'impact des mauvaises pratiques de gestion sur la vitalité et l'état sanitaire des suberaies

L'interaction entre différents facteurs biotiques etabiotiques entraîne une diminution progressivede la vigueur de l'arbre. Cette baisse de vitalitéconduit à une réduction de leur capacité à sedéfendre, créant ainsi des conditions favorables àl'installation des agents pathogènes.

Parmi les facteurs de dépérissement, on distingueles facteurs de prédisposition qui opèrent d’unemanière continue sur de longues périodes etentraînent l’affaiblissement des arbres, sans pourautant provoquer l’apparition de symptômes. Lesfacteurs de déclenchement agissent, quant à eux,de façon ponctuelle en réduisant la capacité dedéfense des arbres et créant des conditions favo-rables à l’action des facteurs d’accélération (telsque les insectes et les champignons).

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Tableau : Principaux facteurs associés au déclin des peuplements de chênes-liège (Ben Jamâa, 2006)

La dégradation des suberaies françaises est lerésultat du désintérêt des propriétaires suite à lamévente du liège, conjugué à des coûts d'exploi-tation plus élevés que dans les pays concurrents :

- Des écosystèmes sont dégradés par lesincendies et des techniques sylvicoles dontle seul but est de défendre contre les incen-dies ; les sols sont ainsi soumis à un fortensoleillement créant une atmosphèresèche défavorable au chêne-liège.

- L'absence de soins aux suberaies conduit àleur embroussaillement et à la concurrenced'autres essences.

- L'épuisement des souches réduit leur longé-vité et leur faculté à se régénérer par rejets.

- Les peuplements vieillissent globalement àcause des difficultés de régénération.

- Les peuplements sont attaqués par desravageurs.

Les suberaies des systèmes agraires "montado"au Portugal et "dehesa" en Espagne sont soumi-ses à une exploitation intensive et les déliègeagesexcessifs conduisent à des perturbations physio-logiques, fragilisant les arbres.

Les modèles de gestion utilisés en Sardaigne(Italie) associent le pâturage et le débroussaille-ment. Ces pratiques semblent contribuer de façon

significative à aggraver le phénomène de dépé-rissement et à augmenter les problèmes de régé-nération.

Les suberaies nord-africaines sont habitées. Lesystème économique des populations rurales estétroitement lié aux ressources et activités fores-tières. Les facteurs de dégradation de ces sube-raies sont le surpâturage, le défrichement, le pré-lèvement de bois de chauffage… La présence desanimaux entraîne une diminution de la régénéra-tion naturelle, un compactage du sol et uneréduction de sa perméabilité.

D'une manière générale, une levée de liège maleffectuée (blessures et arrachage de la couchemère) augmente le stress de l'arbre, favorise lesattaques d’insectes xylophages et des champi-gnons, entraîne la déformation du tronc et l’appa-rition de chancres.

Les défoliations dues au Lymantria dispar (bom-byx disparate), principal ravageur du chêne-liège, affaiblissent les arbres et les prédisposentainsi aux attaques des insectes xylophages et deschampignons.

L'organisation de la recherchepour limiter le dépérissement des chênes

La nécessité d'un programme de coopération intégrée

L'exposé des situations montre qu'il existe degrandes disparités régionales. Cependant biendes problématiques sont partagées et justifie-raient la construction d'un programme méditerra-néen visant à répondre aux questions liées austress des peuplements et à la pression humaine,ainsi qu'à la lutte contre la désertification.

Puisque les efforts nationaux en matière derecherche ne suffisent pas, il est nécessaire d'éta-blir un programme de coopération entre les paysconcernés. Par ailleurs, les efforts de recherchesont réalisés sur des points trop ponctuels et

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Facteurs de prédisposition Pays

Délaissement des suberaies France

Exploitation intensiveAgriculture céréalière

Perturbation au niveau du sol (éro-sion, chimie du sol, acidification)Utilisation de machines agricoles

Portugal & EspagneSardaigne (Italie)

Pâturage intensif Tunisie, Maroc, Algérie,Sardaigne (Italie)

Déliègeage mal effectué Tunisie, Maroc, Algérie,France

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insuffisamment reliés : il semble nécessaire d'in-tégrer ces efforts et de mettre en place un ensem-ble d'actions cohérentes en s'inspirant du modèleglobal ci-dessous dans une optique de gestiondurable.

Pour mettre en place un programme de coopéra-tion sur la recherche sur les chênes verts et leschênes-liège, la communauté scientifique doitconvaincre la société et les décideurs de l'oppor-tunité de cette démarche. Les idées proposéesdoivent être suffisamment claires et explicitespour transmettre des messages forts.

Les modalités d'un ou de programme(s) de coopération

Mettre en place un réseau de recherche, qui tien-drait compte des différences de situations, per-mettrait de travailler sur les causes et les solu-tions ainsi que de tendre vers une gestion dura-ble.

Pour cela, les participants à ce séminaire souhai-tent qu'un diagnostic global de la situation soitréalisé à l'aide d'une méthodologie commune.

Afin de pouvoir obtenir un financement interna-tional, les travaux devront développer des projetsintégrés de territoires ayant une approche partici-pative et globale.

Les orientations de rechercheenvisagées

Quelles seraient les orientations de recherche àapprofondir dans une perspective de recherche

intégrée ? Les experts des chênes-liège et chênesverts du bassin méditerranéen, répartis en plu-sieurs groupes de travail, ont fait les propositionssuivantes.

Propositions concernant les interactions entre les changementsclimatiques et l’état des chênes verts et des chênes-liège

Les changements climatiques prévisibles enMéditerranée devraient impliquer une augmenta-tion des températures, une baisse des précipita-tions et une modification de leur répartition.

Leurs conséquences sur l'arbre seraient unebaisse de la production primaire et une augmen-tation de la consommation de glucides liée à larespiration. Cela contribuerait à déséquilibrer lebilan de carbone et à mobiliser les réserves enamidon, puis à augmenter les glucides assimila-bles en circulation dans l'arbre. Si les réservessont épuisées, cela conduira à la mort de l'arbre.Des questions découlant de ce mécanisme seposent : quel est le niveau normal de réserve enamidon dans un arbre ? Combien d'amidon peutêtre mobilisé sans risque pour l'arbre ?

Dans les modèles de recherche, on doit égale-ment prendre en compte les variations liées à lacapacité de stockage du sol en eau, au pâturage,aux interventions humaines et aux attaques desinsectes et champignons (qui pourraient être cor-rélées à l'augmentation de la circulation dessucres assimilables).

Il est proposé d'entreprendre ces recherches enréseau dans différentes conditions écologiques.

Schéma : Modèle global d'interactions entre l'arbre et son écosystème, indépendamment de la gestion de l'homme (Rego, 2006)

Champignons du sol�

Insectes et champignons � Vitalité de l’arbre � Feuxliée :- au sol : eau, température, fertilité- à l’air : température, humidité

Changements climatiques

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Propositions concernant l’influence des ravageurs (champignons, insectes…) sur les chênes verts et les chênes-liège

Afin de pouvoir combler des lacunes sur lesforêts méditerranéennes, il est proposé d'estimerles risques de dépérissement induits par les rava-geurs, puis de développer des méthodes d'identi-fication et de détection de ces ravageurs.

Le déséquilibre des connaissances entre l'Europedu sud et l'Afrique du nord est rappelé.

Des travaux sur les stratégies d'interventionpourraient être fondés sur l'étude des mécanis-mes d'interaction entre l'arbre, les agents patho-gènes et les écosystèmes, comprenant :

- Des propositions pour une méthode de ges-tion visant à améliorer la résistance de l'ar-bre dans son écosystème.

- La recherche sur la connaissance des méca-

nismes de dépérissement liés aux xylopha-ges, pouvant déboucher sur des applica-tions de lutte biologique ou des nouvellesméthodes de protection intégrée.

- L'adaptation de la stratégie d'interventionselon les zones géographiques.

Propositions concernant la gestion des peuplements

La gestion et l'aménagement forestiers sont liéset varient selon les lieux, le type de propriété, lademande sociale et le risque incendie. Outreleurs aspects techniques, ils nécessitent une com-munication efficace et opérationnelle pour obte-nir une bonne acceptation sociale.

Il est proposé de faciliter l'échange d'informationentre chercheurs et utilisateurs à travers unréseau de sites pilotes et de constituer une basede données commune à partir des expériences dechacun.

Introduction du séminaire (de g. à dr.) : J. Bonnier (AIFM), P. Lombardi (WWF), R. Gonçalves (Secrétaire d’Etat du développe-ment rural et des forêts), F. Rego (DGRF), M. Leal Monteiro (CCDRA), M. Malagnoux (FAO), R. Silva (EFN) - Photo D. Poulet

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Homogénéiser les indicateurs pour une gestiondurable permettrait d'améliorer la clarté du mes-sage à l'attention des décideurs.

La dynamique naturelle de la végétation doit êtreévaluée en fonction des stations. A partir de cetteconnaissance au niveau local, on pourra détermi-ner les moyens d'action. Si un peuplement exis-tant ne correspond pas ou plus à une dynamiquenaturelle et que l'on cherche néanmoins à lemaintenir malgré son dépérissement, les raisonsde cette intervention doivent être claires. Sinon ilfaut peut-être envisager de ne plus intervenir surcertaines stations limites.

Une réflexion sur les modes de gestion condui-sant actuellement les peuplements à accumulerdes faiblesses est souhaitable. Le résultat des tra-vaux pourrait notamment conduire à établir unguide de bonnes pratiques de gestion sylvicole.

Propositions concernant l'intégrationdes sciences sociales

Les suberaies sont des peuplements liés à l'actionde l'homme. Il est donc nécessaire de mieuxconnaître les interactions socio-économiquesavec ces écosystèmes.

Il faudrait approfondir en priorité les thèmes desconflits d'usage (à envisager dans des situationsprécises — sites pilotes — et dans une perspec-tive historique), et de la rémunération des servi-ces environnementaux (à envisager également aucas par cas, et non d'une façon générale).

Il serait souhaitable de conduire la recherche-action à l'échelle du territoire et qu'elle concerne :

- La gouvernance et les institutions : com-ment les institutions fonctionnent-ellesentre elles ? Comment les règlements sont-ils mis en application ?

- Les scénarios d'évolution des écosystèmes :que se passera-t-il sans intervention ?Quelles sont les hypothèses d'action ?

Propositions concernant le suivi du dépérissement au niveau méditerranéen

Il est proposé de définir un projet de protocole

commun (réseau de placettes permanentes) cou-vrant l'ensemble des pays pour suivre l'évolutiondu dépérissement des chênes au niveau méditer-ranéen.

Propositions concernant un schéma de recherche intégrée

Il est proposé de développer un schéma derecherche intégrée organisé à partir d'un agendaprécisant ce que nous souhaitons pour les forêtsméditerranéennes dans les 20 ans à venir.

Le bilan de carbone pourrait être l'axe principalet fédérateur de cet agenda car il est corrélé avecla physiologie, la gestion, les changements cli-matiques et l'eau. Il s'agirait d'approfondir les connaissances sur laréponse des écosystèmes à différents scénariosde gestion et de changements climatiques.

Au niveau socio-économique, il serait souhaita-

Stèle en l’honneur du professeur Joaquim VieiraNatividade : “Nous étions trois personnes et un chêne-liège, mais j’admets que j’ai cru et que je crois que nousétions en tout quatre personnes de bonne volonté” - PhotoDenys Poulet

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ble de développer une recherche-action pluridis-ciplinaire sur des zones bien identifiées, en colla-boration avec les acteurs de ces territoires. Cetterecherche porterait sur les usages multiples, lefinancement des services environnementaux et lefonctionnement des institutions.

Propositions concernant la coopérationet son financement

Les objectifs généraux de la coopération sont:- D'attirer l'attention au niveau politique sur

la préservation des paysages à chênes vertset chênes-liège en Méditerranée.

- De permettre l'échange d'informations, deconnaissances et d'expériences sur les bon-nes pratiques.

- Ainsi que de créer une plateforme de dialo-gue, de lobbying et de formation.

Les objectifs spécifiques de la coopération sontde développer des outils et des modèles de ges-

tion durable des peuplements de chênes verts etde chênes-liège, d'établir un plan directeur pourla réhabilitation de ces forêts et de former lestechniciens à la récolte du liège.

Cette coopération pourrait s'inscrire dans le cadredes financements européens pour la période2007-2013. Il pourrait s'agir des programmes du7ème PCRDT (dont fait partie "Cost") pour larecherche, de "Life+"pour l'établissement d'unprotocole commun, et de la "Coopération territo-riale" (ex-Interreg) pour les échanges d'expérien-ces sur des territoires.

De tels programmes ne pourraient pas être mis enplace sans coordinateur, et ne sauraient valable-ment se dérouler en l'absence de moyens spécifi-ques et significatifs, dédiés à la fois :

- A l'animation du nécessaire réseau.- A l'information interne et externe durant

tout leur déroulement (y compris la com-munication vers les diverses instancesconcernées dans les différentes collectivi-tés publiques et privées).

Plus de 300 personnes ont participé au séminaire "Vitalité des peuplements de chênes-liège et chênes verts : situa-tion actuelle, état des connaissances et actions à entreprendre" des 25 et 26 octobre 2006 - Photo DGRF

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Conclusions

Un agenda sur la recherche concernant les chê-nes méditerranéens devra être arrêté. En paral-lèle, une recherche-action basée sur l'échanged'expériences entre sites pilotes devra être déve-loppée en cohérence avec cet agenda. Pour leurmise en œuvre, on cherchera à s'appuyer sur lesfinancements européens de la période de pro-grammation 2007-2013.

Paysage de chênes-liège, “Herdade dos Leitões” (Alentejo, Portugal) - Photo Denys Poulet

Rédaction : Denys Poulet - AIFM - www.aifm.org - 14, rue Louis Astouin 13002 Marseille France - Décembre 2006

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