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REVUE FORESTIÈRE FRANÇAISE 607 l/ELAGAGE ARTIFICIEL DES PEUPLEMENTS RÉSINEUX Une documentation abondante existe déjà sur l'élagage artifi- ciel (1). Il semble donc que la question de l'élagage artificiel soit épuisée et que rien de nouveau ne puisse être ajouté. Toutefois, l'évolution accélérée des méthodes industrielles d'utili- sation des bois, la culture de plus en plus spécialisée d'essences à croissance rapide, en corrélation avec les nouveaux besoins de l'éco- nomie, l'action du Fonds Forestier National, subventionnant les travaux de reboisement et d'amélioration de ces reboisements et, enfin, les quelques expériences faites récemment par la 4 e Section de la Station de Recherches Forestières de Nancy justifient cette nouvelle présentation de la question de l'élagage artificiel et ce nou- vel effort de propagande en faveur de cette pratique. ËUTS DE L'ÉLAGAGE Nous ne traiterons pas ici de l'élagage des arbres sur pied ayant pour but de dégager une ligne électrique, une route, etc., de fa- ciliter l'abattage des arbres abandonnés ou de préserver les jeunes semis au cours des opérations d'abattage. Nous étudierons seulement l'élagage en tant qu'opération fores- tière ayant pour but d'améliorer, soit la forme des arbres, soit leur qualité. L'élagage en vue d'améliorer la forme des arbres, était pratiqué fréquemment autrefois sur les baliveaux ou les modernes d'essences feuillues des taillis-sous-futaie, pour augmenter la hauteur de leur fût. (Il l'est beaucoup plus rarement aujourd'hui.) (i) Citons en particulier: ' L'élagage, article de Ph. GUINIER dans le Bulletin trimestriel de l'Office forestier du Centre et de lOuest, tome II, 4 e année, i* r trimestre, février 1911, n° 13. Das Aesten der Kiefer (fascicules I et II), par différents auteurs, publié par Γ Institut für forstliche Arbeitswissenschaft - Eberswalde, 1937 s>. La pratique de l'élagage', par L. SCHAEFFER. Revue des Eaux et Forêts. Das Aufästen der Waldbäume, par Hans MAYER-WEGELIN, petite pla- quette, bien illustrée, de 92 pages, rééditée en 1952 par « M. und H. Schaper - Hannover s>. Ce dernier ouvrage comporte 8 pages de bibliographie sur la question 4e l'élagage, manque toutefois l'indication des articles français,

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Une documentation abondante existe déjà sur l'élagage artifi­ciel (1).

Il semble donc que la question de l'élagage artificiel soit épuisée et que rien de nouveau ne puisse être ajouté.

Toutefois, l'évolution accélérée des méthodes industrielles d'utili­sation des bois, la culture de plus en plus spécialisée d'essences à croissance rapide, en corrélation avec les nouveaux besoins de l'éco­nomie, l'action du Fonds Forestier National, subventionnant les travaux de reboisement et d'amélioration de ces reboisements et, enfin, les quelques expériences faites récemment par la 4e Section de la Station de Recherches Forestières de Nancy justifient cette nouvelle présentation de la question de l'élagage artificiel et ce nou­vel effort de propagande en faveur de cette pratique.

ËUTS DE L'ÉLAGAGE

Nous ne traiterons pas ici de l'élagage des arbres sur pied ayant pour but de dégager une ligne électrique, une route, e t c . , de fa­ciliter l'abattage des arbres abandonnés ou de préserver les jeunes semis au cours des opérations d'abattage.

Nous étudierons seulement l'élagage en tant qu'opération fores­tière ayant pour but d'améliorer, soit la forme des arbres, soit leur qualité.

L'élagage en vue d'améliorer la forme des arbres, était pratiqué fréquemment autrefois sur les baliveaux ou les modernes d'essences feuillues des taillis-sous-futaie, pour augmenter la hauteur de leur fût. (Il l'est beaucoup plus rarement aujourd'hui.)

(i) Citons en particulier: ' L'élagage, article de Ph. GUINIER dans le Bulletin trimestriel de l'Office

forestier du Centre et de lOuest, tome II, 4e année, i*r trimestre, février 1911, n° 13.

Das Aesten der Kiefer (fascicules I et II), par différents auteurs, publié par Γ € Institut für forstliche Arbeitswissenschaft - Eberswalde, 1937 s>.

La pratique de l'élagage', par L. SCHAEFFER. Revue des Eaux et Forêts. Das Aufästen der Waldbäume, par Hans MAYER-WEGELIN, petite pla­

quette, bien illustrée, de 92 pages, rééditée en 1952 par « M. und H. Schaper -Hannover s>.

Ce dernier ouvrage comporte 8 pages de bibliographie sur la question 4e l'élagage, où manque toutefois l'indication des articles français,

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Il supprime des branches basses qui, sans cela, périssent par suite de la croissance en hauteur du taillis et donnent ces longues cornes de bois mort, si abondantes dans les peuplements en préparation à la conversion. Ces branches pourrissent, tombent et créent, dans le fût, des gouttières par où pénètrent les pourritures. Bien fait, l'éla-gage des branches peut améliorer la forme des arbres et aussi leur qualité. Toutefois, c'est une opération qui n'est pas sans danger pour l'arbre. Nous ne la traiterons pas dans le présent article qui concerne surtout l'élagage artificiel des peuplements résineux.

L'élagage, tel que nous le concevons aujourd'hui, a surtout pour but de supprimer, dès leur mort, les basses branches des jeunes arbres d'avenir, afin de créer une bille de pied, nette de nœuds, donc capable de donner des bois de valeur nettement supérieure à celle des bois courants. Pour certaines essences, on est même amené à éla­guer des branches vivantes, aussitôt que celles-ci ne jouent plus un rôle important pour la nutrition de l'arbre.

QUELS PEUPLEMENTS DOIT-ON ÉLAGUER?

La croissance en diamètre des peuplements résineux varie beau­coup, suivant les stations, les essences, les races. Ceci entraîne de grandes différences dans les propriétés physiques, mécaniques, tech­nologiques et même chimiques des bois obtenus. Il en résulte une grande diversité dans leurs possibilités d'emploi et, par suite, dans leur prix d'achat par les utilisateurs.

Le problème de l'élagage artificiel est à la fois un problème tech­nique et un problème de rentabilité. Il doit être étudié différemment suivant qu'il s'agit de peuplements à croissance lente, donnant, long­temps après, des produits présentant certaines caractéristiques mé­caniques ou technologiques recherchées qui en rehaussent nettement la valeur, ou suivant qu'il s'agit de peuplements à croissance rapide, donnant, à courte révolution, un gros volume de bois par hectare et par an.

Une dépense d'élagage de cent francs représente peu de chose au moment où on l'effectue, mais, capitalisée à un taux de 5 % par exemple, elle croît suivant une courbe logarithmique, tandis que la croissance de l'arbre en volume tend au contraire à diminuer avec l'âge.

La rentabilité de l'opération d'élagage peut se calculer facilement en se servant des deux graphiques de la figure 1.

Prenons deux cas extrêmes : % 1) Cas d'un peuplement élagué à 40 ans et exploité 20 ans après

comme bois à fibres. Croissance en volume: L'arbre moyen passe de 0,55 à 1,1 m3. Il

croît donc de 0,55 m3.

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Dépense: Si on dépense 100 F pour l'élaguer (15 minutes de tra­vail), la dépense capitalisée à 5 % pendant 20 ans devient 265 F.

Elle est rentable si les 0,55 m3 de bois obtenus sont payés en con-265

séquence, à savoir = 500 F de plus par m3. o,SS

2) Cas d'un peuplement élagué à 40 ans et exploité 80 ans après comme bois de menuiserie:

Croissance en volume: L'arbre moyen passe de 0,55 à 4,85 m3. Il croît donc de 4,3 m3. . .Dépense: Si on dépense 130 F pour l'élagage (20 minutes de tra­vail, la dépense capitalisée à 5 % pendant 80 ans. devient 6 450 F environ.

Elle est rentable si les 4,3 m3 de bois sans nœuds obtenus sont 6450

payés en conséquence, à savoir «= 1 500 F de plus par m3

4,3 (ce qui serait justifié).

Tel est, en gros, le type de calcul à effectuer avant d'entreprendre une opération d'élagage.

Deux types extrêmes de peuplement semblent donc justiciables de l'élagage artificiel:

Ceux à croissance lente comme on en trouve en montagne où le bois sans nœud qu'ils produisent a une valeur très élevée,

Ceux à croissance rapide, où la dépense d'élagage peut être rem­boursée très tôt.

Si le bois, doit être débité en scierie, tranché ou déroulé, les tiges élaguées doivent croître 'd'au moins 25 cm en diamètre, afin que la couronne de bois sans nœud soit assez épaisse pour être débitée industriellement et puisse donc payer la dépense d'élagage et ses intérêts capitalisés.

En gros, le temps qui s'écoule entre l'élagage et la récolte varie de 20 à 100 ans, suivant la rapidité de la croissance.

Il est contre-indiqué d'élaguer artificiellement des peuplements qui risquent, dans ces délais, d'être gravement endommagés par une cause quelconque (neige, verglas, vent, pourriture, insectes) ou dont la longévité est faible — ou cultivés à courte révolution en| vue de donner des produits où l'absence de nœuds n'est pas obliga­toirement recherchée (caisserie, coffrage, charpente).

Diverses objections peuvent être faites. On recommande d'élaguer des bois qui seront exploités dans 60 à 100 ans comme bois de me­nuiserie ou d'ébénisterie. Mais utilisera-t-on encore le bois pour ces usages à cette lointaine échéance? Il se peut aussi que les quantités, de bois de menuiserie ou d'ébénisterie utilisées dans 60 ou 100 ans soient trop faibles pour que les bois sans nœuds aient une plus-value capable d'amortir la dépense d'élagage. Une généralisation de Téla-

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gage artificiel n'entraînera-t-elle pas une surproduction de bois sans nœuds ?

La réponse à ces questions n'est pas uniquement technique, elle comporte une part de divination pour laquelle nous sommes incom­pétents. Toutefois, les réalisations actuelles de l'industrie du bois dans le monde sont assez spectaculaires pour permettre de penser que celle-ci sera toujours capable de moderniser le matériau bois et de lui faire garder sa place, en alliance avec les autres matériaux. L'industrie du bois de Tan 2000 saura, comme l'industrie du bois contemporaine, utiliser le bois, matière première naturelle qui se renouvelle constamment, alors que les autres s'épuisent. Elle y par­viendra d'autant mieux qu'on lui préparera un matériau de qualité. Les forestiers du temps de Colbert et leurs successeurs ne connais­saient pas le tranchage. Leur sylviculture a cependant préparé un matériau de choix à notre industrie des placages, à peine cinquan­tenaire. Les utilisations modernes des placages et les progrès du tranchage et du déroulage n'ont été possibles que grâce à l'existence de ce matériau de choix.

Une autre objection, plus sérieuse, peut être faite. Dans 50 ans, peut-être même avant, disent certains, tout le bois sera défibré, réduit en copeaux et reconstitué en panneaux divers, aptes à tous usages. Peu importent alors les nœuds!

L'industrie des panneaux de fibres et des panneaux agglomérés vient de faire des progrès sensationnels et le plus grand avenir lui paraît assuré. Dans sa forme actuelle, elle ne recherche pas les bois sans nœuds et ne les paie pas plus cher que les autres, l'élagagei artificiel ne devrait donc pas s'appliquer aux peuplements qui ont seulement pour but l'approvisionnement de cette industrie, ni aux catégories de produits qui lui sont normalement destinés (par exem-

. pie aux produits intermédiaires données par les éclaircies), mais seulement aux bois qui paient. Mais il n'est pas sûr que, même pour cette industrie, les bois sans nœuds n'aient pas un jour une certaine plus-value.

Dans l'état actuel du marché, les bois capables de payer les opé­rations d'élagage se groupent donc autour de deux catégories ex­trêmes :

—les bois de haute qualité mécanique ou technologique, suscepti­bles de garder leur place dans l'avenir à côté des panneaux de fibres, sous forme de bois massifs ou sous forme de placages (c'est le cas par exemple de beaucoup de peuplements résineux de montagne, à croissance lente),

— les bois, à croissance rapide, chez lesquels la dépense d'élagage, même capitalisée, est faible (1 franc à 5 % pendant 15 ans devient 2 F environ), dont les débouchés sont connus et les produits retenus et payés par des industries existantes.

C'est ainsi qu'on voit certaines grosses usines cultiver elles-mêmes

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et élaguer des peupliers dont elles auront besoin dans 25 ou 30 ans, pour faire des contreplaqués ou des allumettes. Les mines possè­dent certains domaines où elles font de l'élagage pour augmenter la résistance mécanique des bois qui leur sont destinés. Nous ré­pétons qu'une « sylviculture des bois à fibres » devrait prévoir l'élagage artificiel des peuplements, en vue de produire une qualité de bois à fibres sans nœuds, payée sensiblement plus cher par les usines. Grâce à ces bois, les papeteries, par exemple, pourraient faire des pâtes blanches impeccables avec beaucoup moins de frais qu'avec les bois tout venants qu'elles utilisent actuellement.

Ces deux conceptions divergentes : êlagage de bois à croissance lente pour obtenir des produits de haute qualité, mécanique ou tech­nologique et élagage de peuplements à croissance rapide cultivés en vue d'une utilisation précise, peuvent sembler contradictoires. Il n'en est rien; elles correspondent aux deux formes d'utilisation des bois, qui, actuellement présentent le plus de vitalité: la fabrication des placages et le défibrage. Elles correspondent aussi à deux types de sylviculture imposés par la station et par la variété des régimes de propriété.

La première comporte une grosse part d'inconnu. Elle mise sur le maintien d'une supériorité marquée du prix d'une catégorie com­merciale de bois dont on ignore dès maintenant quelle sera la véri­table utilisation à la récolte. Il semble cependant bien improbable que la fabrication des placages, qui a pris un essor considérable, se mette à péricliter. L'élagage de ces bois est-il rentable? Dans une sapinière de bonne croissance (3 mm par an), il faut au moins 50 ans pour que l'élagage puisse donner une couronne de bois sans nœuds de 15 cm d'épaisseur, industriellement utilisable. Une dé­pense d'élagage de 100 F par arbre représente, à un taux de 5 %, une dépense capitalisée de 1150 F. L'arbre ayant grossi de plus d'un mètre cube pendant ce laps de temps, la différence de prix entre le bois de menuiserie obtenu grâce à l'élagage, et le bois de charpente (qu'on aurait obtenu si on n'avait pas élagué), peut payer la dé­pense d'élagage.

L'élagage des peuplements à croissance rapide est plus facile à étudier du point de vue économique.

Un peuplement à croissance rapide peut aisément gagner 15 cm de rayon en 20 ou 301 ans. La dépense d'élagage capitalisée ne re­présente alors que 265 à 412 F. Le prix du mètre cube, qualité sans nœud, pourrait facilement payer cette différence.

En résumé, nous concevons de la façon suivante le choix des peuplements à élaguer.

Dans le cas de forêts à croissance lente, appartenait à certaines collectivités, et à l'état: élagage partiel de peuplements d'élite, ca­pables de donner des bois de haute qualité, payés nettement plus cher que les bois courants.

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Il s'agira, en général, d'essences de montagne, sauf peut-être le cas de certaines provenances de pin sylvestre de bonnes races. Ges peuplements d'élite, élagués, devraient faire l'objet d'une sorte d'aménagement à l'échelle nationale

Dans le cas de peuplements à croissance rapide, qui intéressent aussi et, particulièrement, les propriétaires privés: élagage complet de peuplements vigoureux capables de donner, sans risque de des­truction prématurée (chablis, pourriture, insectes) un gros volume de bois dont on peut déterminer, dès maintenant, l'utilisation in­dustrielle, — les usines destinataires s'engageant à payer ces bois à un taux permettant de payer les dépenses d'élagage.

QUELS ARBRES FAUT-IL ÉLAGUER?

Certains propriétaires élaguent systématiquement l'ensemble des tiges d'un peuplement. Mais, si certaines tiges doivent disparaître par éclaircie ou par étiolement dans un temps très court après l'élagage (avant d'avoir gagné 12 à 15 cm de rayon), leur élagage n'est pas rentable.

Il faut donc, pour bien faire, n'élaguer que les tiges qui subsiste­ront encorei quand le diamètre moyen du peuplement aura augmenté de 25 à 30 cm.

Il est nécessaire, pour cela, d'étudier. simultanément les deux corrélations suivantes:

âge - diamètre et âge - nombre de tiges.

Le graphique n° 1 présente un cas particulier de corrélation. Un peuplement de 32 ans (âge moyen) comporte 2 284 tiges à

l'hectare, dont 2 240 sapins. Les diamètres s'échelonnent de 5 à 25 cm, principalement de 8 à 17, avec un diamètre moyen de 12,8 et une dominante de 10. Le peuplement n'est pas pur, un second (mais faible) maximum apparaît pour le diamètre 19 (préexistants).

La croissance est de l'ordre de 1,8 mm par an, sur le rayon. Les branches sont mortes jusqu'à 7 ou 8 mètres, mais seules les branches les plus basses sont tombées.

Un peuplement analogue mais de 55 ans (âge moyen) comporte 1 130 tiges à l'hectare dont 1 038 sapins (il y a quelques épicéas et pins sylvestres). Les diamètres vont de 5 à 36 cm (pour le sapin) avec dominante de 19 cm et moyenne de 20,1. Les préexistants continuent à donner un second (et faible) maximum à 25 cm.

La croissance est toujours d'environ 2 mm par an sur le rayon. Les branches sont mortes jusqu'à 12 mètres et plus, mais la partie de fûts élaguée naturellement est très courte (2 ou 3 mètres). Les produits des éclaircies sont des poteaux et de la petite charpente.

Des observations analogues, dans d'autres parcelles, nous ont per­mis d'établir des graphiques comme le graphique n° 1.

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On voit que les tiges grossissent de 30 cm sur le diamètre (de 12,8 à 42,8) en 56 ans. Pendant cette période, le nombre de tiges tombe de 2284 à 540. L/élagage artificiel fait à 32 ans ne devra donc porter que sur 540 tiges à l'hectare. Il pourra être fait sur 7 ou 8 mètres de hauteur.

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FlG. I.

En réalité, nous marquons un peu plus de 540 tiges à l'hectare, parce que nous hésitons souvent entre deux tiges voisines. Nous avons donc marqué, en vue de les faire élaguer, 724 tiges à l'hec­tare, avec 60 % environ des tiges ayant 13 à 18 cm de diamètre. Nous avons marqué peu de petites tiges et peu de préexistants, qui disparaîtront les premiers par éclaircie. La population élaguée est donc moins dispersée que la population totale (ce qui est logique).

Seule, l'étude de la composition de peuplements variés, quant à l'âge, l'essence, la race et la station, permettra de déterminer, avçç

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précision, le nombre de tiges à élaguer dans un peuplement à un moment donné. Mais cette étude, systématique, est longue.

En moyenne, pour un élagage sur 5 à 9 m de hauteur, on choisit 250 à 600 tiges à élaguer par hectare. Plus on élague haut, moins évidemment le nombre de tiges à élaguer sera élevé (puisqu'il faut que la bille élaguée gagne 12 à 15 cm de rayon au fin bout pour que l'opération soit rentable). Par ailleurs, moins la station est fertile, moins le nombre de tiges à élaguer sera grand, puisque les arbres mettront plus longtemps à gagner leur 25 à 30 cm de diamètre. En­fin, le nombre de tiges à élaguer sera plus élevé chez les essences d'ombre que chez les essences de lumière, le nombre de tiges à l'hec­tare diminuant plus vite chez celles-ci que chez celles-là.

Comment choisir les tiges à élaguerf II s'agit d'une opération de sylviculture avec une part plus ou moins grande d'inconnu. Mais l'éclaircie classique est déjà basée, avant tout, sur le choix de tiges d'avenir, choix aléatoire en fonction duquel on décide de l'enlève­ment d'arbres gênants. Ce n'est pas autre chose que ces tiges d'ave­nir qu'on marquera spécialement (par exemple à la peinture) en vue de leur élagage.

On s'efforcera de répartir ces tiges aussi régulièrement que pos­sible sur l'ensemble du peuplement sans pour cela choisir des tiges qui n'ont pas un avenir suffisant.

On s'efforcera aussi d'éliminer les arbres à grosses branches, des sections de branches mortes de plus de 3 à 5 ans, de diamètre ayant du mal à être recouvertes par le bourrelet de cicatrisation. Si la ci­catrice met plus de 5 à 10 ans à se recouvrir, il y a risque de pour­riture. One grosse plaie d'élagage peut aussi avoir tendance à s'élar­gir quand Varbre grossit, au lieu de se refermer.

En moyenne, l'écartement des tiges à élaguer varie de 4 à 6,5 m suivant essences et stations. On arrive facilement à trouver ces tiges d'avenir dans les peuplements de sapin ou d'épicéa en mon­tagne, ou dans les peuplements de pin de race noble, plus difficile­ment dans les peuplements de pin de race moyenne, qui comportent un bon nombre de gros branchus et de tiges flexueuses.

SAISON FAVORABLE POUR L'ÉLAGAGE

L'élagage artificiel des peuplements résineux consiste générale­ment en l'enlèvement de branches mortes. Il est possible, et néces­saire toutefois, pour certaines essences, de procéder à l'enlèvement mesuré et progressif de branches vives.

L'élagage de branches mortes peut se faire en toutes saisons. Cependant, l'élagage rez-tronc, qui est à peu près le seul prati­

qué actuellement, entraîne parfois de petites blessures au bourrelet situé à la base de la branche ou à l'écorce du fût. A cause de cela, on évitera toute opération d'élagage pendant la montée de sève et

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aux périodes où il y a risque de pontes d'insectes parasites sur les plaies (mai et juin sur l'épicéa et le sapin à cause de Lapeyresia du­plicano, Zett et conifer ana Rtzb, mai et juin chez les pins à cau­se de Lapeyresia cosmophorana Tr. et aussi de L. coniferana: fin juillet, début août chez les pins et épicéa par crainte de Dioryctria splendidella H. S. et aussi de D. abietella Schiff.).

Les saisons les plus favorables sont donc l'automne et l'hiver. L'élagage de branches vives est fait également en hiver. Nous

n'avons encore jamais effectué de tels élagages en automne, en vue d'en déterminer les conséquences. Cette question mériterait d'être étudiée.

OUTILS D'ÉLAGAGE

On se servait autrefois, et on se sert encore, de couperets de mo­dèles variés dont on trouvera des descriptions précises dans le livre

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FlG. 2.

de M. MAYER-WEGELIN. Le couperet est un instrument rapide, mais il a l'inconvénient de provoquer^ dans la partie de la branche qui se trouve à l'intérieur du fût, des fentes longitudinales, par où peu­vent pénétrer des parasites. Nous préférons, personnellement, l'éla-gage fait avec une scie bien aiguisée. Depuis 1946, nous en avons expérimenté divers modèles et nous nous sommes ralliés au type de la figure 2. . Nous avons abandonné les scies du type égohine sans cadre, qui fouettent et qui, malgré leur, faible poids, nécessitent davantage d'efforts que les scies à cadre. On est obligé, en effet, d'appuyer for­tement sur le manche pour faire mordre ces lames dans le bois dur des branches mortes.

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Nous avons éliminé également les scies à cadre large qu'il est difficile de faire passer entre les branches. Nous avons adopté un cadre presque triangulaire effilé, mesurant environ 40 cm de long et 13 cm de plus grande largeur. Le cadre, en duralumin, pèse 300 gr. La lame est à dents triangulaires isocèles ininterrompues à pas 'de 5,5 mm et de même hauteur. La denture couchée convient bien pour opérer à une faible hauteur, mais avec un manche de 4 m, elle de­vient fatigante car elle ne scie qu'en descendant. Un pas plus grand que 5,5 mm ne convient pas avec les branches mortes de résineux, mais est préférable avec les branches vives ou avec le peuplier (avec cette essence, on adopte un pas de 7 mm, ce qui facilite le départ de la sciure). La voie est en relation avec le pas. Elle doit être très faible pour les branches mortes de résineux (18/10).

La scie à élaguer est fixée à un manche constitué par des tubes d'aluminium de 30 mm de diamètre et de un mètre de longueur, pesant chacun 470 g et se vissant les uns au bout des autres. En vissant le premier tube, on tend la lame.

Ce système à vis n'est pas parfait. Il est lent, surtout quand on a froid aux mains. Toutefois, il n'est pas nécessaire de visser et dé­visser les 4 tubes au pied de chaque arbre. On peut utiliser succes­sivement deux scies, Tune avec deux mètres de manche et l'autre avec 4 mètres. On n'a donc à visser et à dévisser les manches qu'au début et à la fin du travail. Des bagues spéciales permettent de pro­téger les pas de vis contre l'usure et les chocs pendant le transport.

Le sysème à vis a l'avantage de ne pas comporter d'organes en saillie qui risqueraient de casser sous les chocs, au cours du travail. D'autres systèmes peuvent être employés.

Il serait possible aussi d'utiliser des éléments de deux mètres, au lieu d'éléments de un mètre, mais ces derniers sont plus faciles à transporter dans une automobile.

La scie à manche de deux mètres (longueur totale 2,40 m), permet commodément de travailler jusqu'à 4 mètres. On peut, en moyenne, élaguer un mètre à la minute, compte tenu du temps d'approchage vers l'arbre.

La scie de quatre mètres permet d'atteindre une hauteur de 5,5 à 6 m, mais le travail devient pénible et perd de sa précision. Il est nécessaire alors de porter une paire de lunettes de motocycliste pour se protéger de la sciure. Compte tenu du fait que la densité et la dureté des branches augmente avec la hauteur, il faut environ deux à trois minutes par mètre pour l'élagage au-dessus de 4 m, soit, en tout, au moins 8 à 10 minutes par arbre.

Il n'est guère possible d'élaguer depuis le sol à un niveau supé­rieur à 6 m. Au delà, on se sert d'une échelle type « Ecole fores­tière », modèle bien connu et qui n'a pas besoin d'être décrit.

Nous avons élagué des sapins, avec échelle, jusqu'à 9 mètres de hauteur. Le temps nécessaire, transport, pose et dépose de l'échelle

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Montage de la scie.

Utilisation de la scie à manche de deux mètres.

(Clichés Venet.)

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Ceinture de grimpeur.

Plaque de cuir coiffant les reins.

(Clichés Venet.)

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compris, était de 15 à 20 minutes par arbre. Le travail est plus long qu'à la main, mais il est beaucoup moins pénible d'élaguer à 6 m du sol en se servant d'une échelle qu'en utilisant une scie à long manche. En outre, le travail est mieux fait et l'arbre risque moins d'être blessé.

L'élagueur avec échelle utilise une ceinture de cuir chromé de 7 cm de large et de 4 mm d'épaisseur. La ceinture porte, par der­rière, une plaque de cuir molletonnée de 21 cm de large qui tient les reins. Deux chaînes avec mousquetons permettent d'enlacer l'ar­bre. Il faut prévoir un anneau et des maillons assez larges pour que la longueur de cette chaîne puisse être réglée au fur et à mesure que l'ouvrier monte. Une double chaîne est nécessaire pour augmen­ter la sécurité et permettre les manœuvres. On peut aussi remplacer les chaînes par un câble souple, métallique ou en nylon.

Penser, en outre, à munir l'ouvrier de chaussures ne glissant pas sur les échelles d'aluminium (pas de bottes en caoutchouc) et même (précaution qui peut faire sourire) d'un casque protégeant contre la chute des branches, comme en ont les bûcherons américains.

MÉTHODES D 'ÉLAGAGE

Il est nécessaire que les arbres à élaguer aient été marqués à l'avance, ce choix étant une opération sylvicole qui n'est pas de la compétence des ouvriers élagueurs. Les arbres choisis sont repérés à la peinture par quatre points opposés ou par une ceinture. Dans nos placettes, nous avons adopté la couleur bleue afin d'éviter des confusions avec les ceintures blanches des placettes d'éclaircie ou les ceintures jaunes des géniteurs.

Le travail peut être fait par un seul ouvrier ou par une équipe. L'êlagage à la scie à manche jusqu'à 4 ou 5 mètres est fait par

un ouvrier seul. L'êlagage à la scie à manche jusqu'à 5,5 ou 6 mètres se fait de

préférence avec des équipes de deux ouvriers, le premier élaguant jusqu'à 4 mètres, avec un manche de deux mètres et le second éla­guant jusqu'à 6 mètres avec un manche de 4 mètres. Il est néces­saire que ces deux ouvriers alternent leur travail tous les dix arbres, c'est-à-dire à peu près toutes les heures, parce que l'êlagage de 4 à 6 mètres est beaucoup plus fatigant que celui en dessous de 4 mètres.

L'êlagage avec échelles est fait par une équipe de quatre hom­mes. Le premier — qui peut être le chef d'équipe — élague depuis le sol jusqu'à 4 mètres, avec un manche de 2 mètres et prête la main aux grimpeurs. Les trois autres posent leurs échelles, élaguent jus­qu'à 9 mètres et déposent les échelles. Il faut donc trois échelles par équipe.

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Comment doit-on faire l'élagagef

Uélagage doit être fait soigneusement au ras du tronc sans enta­mer le bourrelet ni l'écorce de la tige et sans que la branche n'éclate en tombant. On peut élaguer des branches mortes jusqu'à 5 cm de diamètre dans les peuplements à croissance rapide où la cicatrisa­tion se fait vite. Mais il se peut alors que la branche soit trop lourde et risque d'éclater avant d'être complètement sciée. On conseille alors de couper d'abord l'extrémité de la branche en laissant un chicot de 25 cm, qu'on rase rez-tronc, aussitôt après, par un second trait de scie.

La hauteur de Vêlagage dépend d'un grand nombre de facteurs, Si on n'élague que des branches mortes, elle dépend de l'âge et de la densité du peuplement. Elle dépend aussi de l'essence, de la race et de la station. Il convient d'élaguer les branches aussitôt leur mort quand elles sont encore saines et claires. Plus on attend, plus il y a de risques pour que la branche ait inscrit dans le fût un nœud co­loré, non adhérent et vicieux.

Toutefois, pour des raisons de prix de revient, on ne peut pas faire l'élagage au fur et à mesure de la mort des branches, année par année. Le travail n'est rentable que si on a au moins 4 à 6 mè­tres à élaguer à la fois, à la main et trois mètres de plus avec échelle.

Cette longueur de 4 à 9 mètres correspond d'ailleurs à des di­mensions commerciales: dimensions (ou multiple des dimensions), des trancheuses ou des dérouleuses, des chariots diviseurs des ru­bans, des pièces longues de menuiserie ou d'ébénisterie (2 à 2,5 m). 4 mètres est l'ancienne tronce vosgienne.

Au lieu d'élaguer en une fois jusqu'à 9 mètres avec une équipe d'ouvriers, il est souvent préférable d'élaguer d'abord jusqu'à 4 mètres à la main, puis, quelques années plus tard, jusqu'à 6, à la main ou à l'échelle, puis une troisième fois, ultérieurement, jusqu'à 9 mètres, avec échelle. On opère alors sur un nombre de tiges de plus en plus faible d'une opération à l'autre.

On peut aussi élaguer en deux temps : d'abord sur 4 à 6 mètres du sol, à la main ; ensuite, sur 9 mètres avec échelle.

Cette méthode d'élagage en plusieurs temps permet de faire le premier élagage sur des tiges encore jeunes et de faible diamètre, ce qui est particulièrement facile et rentable.

Nous avons observé, par exemple, qu'il était déjà possible d'éla­guer jusqu'à 4 ou 5 mètres des jeunes peuplements d'épicéa qui n'avaient que 8 à 10 cm de diamètre et une quinzaine d'années.

Dans nos observations sur la consistance des peuplements, nous notons toujours, en même temps que le nombre de tiges, l'âge et le diamètre, la hauteur moyenne des branches mortes et leur dia­mètre. Ceci varie évidemment suivant les essences (les essences d'ombre à couvert épais ont des branches basses qui meurent assez

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vite avant d'être grosses) et suivant les races (les races d'élite à branches fines, ont des branches qui meurent plus tôt), mais il y a également une certaine influence de la densité du peuplement, en particulier chez le pin sylvestre (les plantations denses donnent des arbres à branches plus fines, qui meurent plus tôt). Le sol efface, dans une certaine mesure, cette dernière influence. Nous avons remarqué, par exemple, avec le pin noir ou l'épicéa, que, sur des sols fertiles, des arbres, même plantés très serrés (jusqu'à 6400 tiges à l'hectare), donnaient des sujets presque tous à grosses bran­ches.

Il n'est donc pas possible de donner à l'avance aux ouvriers des limites très précises sur la hauteur à élaguer. Cette hauteur sera conditionnée par les instruments mis à leur disposition. On leur dira simplement d'élaguer les branches basses mortes et d'un diamètre inférieur à 3 ou 5 cm (suivant rapidité de la cicatrisation). On se contentera donc de fixer à l'avance les hauteurs moyennes (par exemple 4 - 5 - ¡6 ou 9 m) et le diamètre maximum des branches à ne pas dépasser. S'il s'agit de sapin òu d'épicéa à croissance lente, on ne dépassera pas 3 cm. S'il s'agit de douglas à croissance rapide, on pourra aller jusqu'à 5 cm.

Y a-t-il intérêt à recouvrir les plaies d'élagage d'un produit anti­septiquef Nous n'avons pas encore procédé à des esais à cet égard. En général, il n'y a pas soudure du bourrelet de cicatrisation et de la section, celle-ci se recouvrant plus ou moins de résine. L'appli­cation d'un enduit antiseptique ne peut donc pas avoir d'influence dé­favorable sur la cicatrisation. Elle ne peut évidemment qu'avoir une influence favorable sur la conservation du bois. Peut-être permet­trait-elle d'élaguer des branches de plus fort diamètre. Des expé­riences seraient à faire à ce sujet.

On peut être amené, enfin, à élaguer des branches encore vives, pour diverses raisons: lenteur de la mort des basses branches (sa­pin en peuplement trop clair, peupleraies, arbres de lisière), arbres à éclaircir très tôt pour des raisons techniques, par exemple pins maritimes à gemmer, etc..

Nous ne traiterons pas ici de l'élagage des peupliers qui fait l'objet d'études spéciales et sera traité ' dans un autre article. Cer­tains résineux supportent bien l'élagage de branches vives, par exemple le douglas, le sapin, le mélèze. Les pins peuvent être éla­gués en vif, si cette opération ne porte que sur le verticille le plus bas. Il n'est pas recommandé, par contre, d'élaguer les branches vives de l'épicéa, celui-ci pleurant une grande quantité de résine et pouvant s'altérer.

De toutes façons, l'élagage de branches vives doit· être fait avec beaucoup de mesure pour ne pas nuire à la nutrition de l'arbre. On opère en suivant les mêmes règles et avec les mêmes outils que

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pour les branches mortes. Nous nous proposons d'ailleurs d'entre­prendre des recherches systématiques sur ce sujet.

En conclusion, on peut dire que le problème de l'élagage artificiel, qui n'est pas une nouveauté, devient de plus en plus important, les opérations de sylviculture ayant pour but, de nos jours, de produire une quantité maxima d'un produit bien défini et recherché par l'éco­nomie. On n'a pas le droit de produire beaucoup si on produit une qualité médiocre qui risque de ne pas trouver preneur. La création de peuplements forestiers coûte cher. Le petit supplément de dé­pense qu'entraîne l'élagage artificiel, en améliorant de façon consi­dérable la qualité des bois, conditionne la rentabilité des opérations de reboisement.

J. VENET,

Ingénieur Principal des Eaux et Forêts, Chef de la 4e Section de\ la Station de Recherches.

Dragueurs de mines en bois Les Constructions mécaniques de Normandie ont lancé le 23 mai dernier

dans le port de Cherbourg deux dragueurs de mines exécutés au titre des commandes off schore.

Quatre nouveaux dragueurs sont en cours d'achèvement qui auront la par­ticularité d'être entièrement en bois, en dehors de leurs organes mécaniques.

Si le prototype donne satisfaction aux ingénieurs du génie maritime qui suivent de près les essais, nos flotilles de dragueurs seraient définitivement dotées de ce nouveau modèle.

(Extrait du Figaro, 24 mai.).

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