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N o 1 I SEPTEMBRE_OCTOBRE 2008 PUBLICATION COMMUNE DU THÉÂTRE FORUM MEYRIN ET DU THÉÂTRE DE CAROUGE – ATELIER DE GENÈVE

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No 1 I SEPTEMBRE_OCTOBRE 2008 PUBLICATION COMMUNE DU THÉÂTRE FORUM MEYRIN ET DU THÉÂTRE DE CAROUGE – ATELIER DE GENÈVE

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Sommaire

03 Edito. Par Jean Liermier et Mathieu Menghini

04 La Bâtie. Nos coups de cœur. Par Julie Decarroux-Dougoud, Francis Cossu et Jean Liermier

05 La Bâtie. Inferno. Par Rita Freda

06–07 Dossier. Echanges sur la perception. Par Delphine de Stoutz et Mathieu Menghini

08 Le cirque invisible. Bonjour, comme le cirque. Par Pascal Jacob

09 Le cirque invisible. Arbre généalogique. Une famille particulière. Par Delphine de Stoutz

10 Les spectacteurs. Un mur, vraiment ? Contre un préjugé d’après-spectacle. Par Florent Lézat et Jean Liermier

11 Les spectacteurs. Dans la salle... Le spectateur dans la lithographie. Par Delphine de Stoutz

12 Épître aux jeunes acteurs. Entretien avec Olivier Py. Par Ludivine Oberholzer

13 Épître aux jeunes acteurs. Entretien avec Olivier Py (suite). Autres présences d’Olivier Py à Genève. Par Ludivine Oberholzer

14–15 Quichotte et les invincibles. Entretien avec Erri De Luca. Par Sylvain de Marco

16–17 Windungen & Les rares différences. Windungen, de la matière au son. Par Julie Decarroux-Dougoud

18 Théma Tracas d’Eros II. Chroniques de notre vie amoureuse. Par Mathieu Menghini

19 Objectif des thémas. Le programme. Par Julie Decarroux-Dougoud et Mathieu Menghini

20 Sophie Carlier. L’autoportrait comme journal intime. Par Ushanga Elébé, Julie Decarroux-Dougoud et Mathieu Menghini

21 Esquisse de l’inconnu. Entretien avec Jacques Dominioni. Par Laurence Carducci

22 Soirée Choro. Par Sylvain de Marco

23 Brasileirinho. Le festival JazzContreBand. Par Sylvain de Marco

24–25 Omar Porras, sorcier de la scène. Par Miruna Coca-Cozma

26–27 Le petit Poucet. Par Laurence Carducci

28–29 OpérAdôn. Entretien avec Robert Clerc. Par Rita Freda

30–31 La belle et la bête. Par Vincent Adatte

32 Le jeu de l’amour et du hasard. Entretien avec Jean Liermier. Par Delphine de Soutz

33 Ces attirances inconscientes. Par Rita Freda

34 Ali Baba et les quarante voleurs. Par Laurence Carducci

35 Récits de mariage. Par Julie Decarroux-Dougoud

36 L’art et les enfants. Par Thierry Ruffieux

37 Ateliers de danse contemporaine, d’expression théâtrale, d’éveil musical et d’écriture. Par Thierry Ruffieux

38 É… mois passés.

39 Impressum. Partenaires.

40 Agenda. Renseignements pratiques.

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L’éditorial de ce premier numéro de la publication commune du ThéâtreForum Meyrin et du Théâtre de Carouge – Atelier de Genève est l’occa-sion, pour les directeurs des deux institutions, d’interroger son titreénigmatique. Passant d’un sujet à l’autre, chaque édition poursuivraleur dialogue.

Mathieu Menghini : Peux-tu, Jean, parler à nos lecteurs de l’origine dutitre du journal qu’ils tiennent entre leurs mains ?Jean Liermier : Lors des comités de rédaction, les discussions sur le titreétaient animées, et les propositions très éclectiques : des sérieusescomme Le regardeur, Correspondances, Vis-à-vis, Répliques, Pers pec -tives ; des plus référenciées comme Le journal des deux scènes ou Lescahiers du Paradis ; des radicalement plus poétiques comme Le fauteuildans un nuage ; ou animalières comme La sauterelle – que j’aimais beau-coup, car au théâtre la sauterelle n’est pas qu’un insecte, mais une piècemétallique que l’on place à l’arrière d’un décor, et qui permet à l’aided’une guinde et de beaucoup de dextérité de serrer entre eux deux châs-sis pour les réunir sur un même plan…Et puis est venue l’idée d’une expression de Stanislavski que j’affectionneparticulièrement : le «si magique». Alors je t’ai vu froncer les sourcils,baisser la tête et commencer à gamberger. Et tu as proposé Si, tout court.

MM : Dis-nous-en davantage sur la fameuse formule du «Si magique».JL : Dans La formation de l’acteur de Stanislavski, il y a un chapitre intitulé«Le si magique». Sur le plateau, le professeur donne des indications auxétudiants, afin de les aider à s’identifier aux personnages, et il leur pro-pose un travail d’imagination : et si c’était vrai ce qui se passe dans lascène, sur scène ? Et si c’était toi le personnage, que ferais-tu ? Le «si» deStanislavski devient alors le point de départ d’une série d’interrogationsqui, dans sa méthode, permettent à l’acteur de construire sa partition.Souvent dans mes cours au conservatoire j’employais cette formule,pour pousser les élèves à imaginer, à s’impliquer. L’imagination est gra-tuite et tout le monde en a. Mais il faut y avoir accès et l’exercer, car c’estcomme un muscle, si l’on ne s’en sert pas, il fond...

Jean Liermier : Qu’est-ce qui t’a conduit à contracter la formule du «simagique» en simple Si ?Mathieu Menghini : Mon affection pour les services industriels, pardi !Non, plus sérieusement, j’apprécie qu’une riche polysémie soit contenuedans un signe aussi modeste. Adverbe, si marque positivement la contra-diction ou cristallise une intensité. Conjonction, il conditionne une hypo-thèse, une suggestion, une potentialité.Si matérialise donc – dans la langue, en général (et pas uniquement chezStanislavski) – un acte d’imagination. Implicitement, il sous-entend quele présent n’est pas sans alternative : d’où sa charge révolutionnaire !L’art le plus haut ayant caressé parfois cette même fonction – dénoncerla prose du réel et évoquer les mondes qui pourraient être – mettons queSi résonne à mes oreilles comme un programme.

JL : Ce journal est ton bébé : ce n’est pas trop dur de devoir le partager ?MM : Tu rigoles ? C’est, selon moi, l’un des intérêts essentiels de notre lien.

MM : Autre sujet. Dis-moi, Jean, après avoir investi celui de comédien,puis de metteur en scène, qu’attends-tu de ce rôle nouveau : directeurd’institution ?JL : La même chose que quand je fais l’acteur ou de la mise en scène : par-tager des moments intenses avec d’autres, participer à faire un peu deThéâtre. C’est quelque chose d’extraordinaire de pouvoir aider des col-lègues, que j’apprécie et respecte, à créer leur spectacle. C’est une trèsgrande chance.Et puis j’ai envie de rappeler aux gens ou de les convaincre que le théâtreest important, qu’il peut aider à vivre, en venant rêver, rire et pleurer,ensemble, dans une salle. Je ne crois pas que les hommes soient faitspour rester chez eux à zapper. Je pense que pour la majorité de nosconcitoyens, le partage est une notion nécessaire. Et puis le théâtre estun formidable endroit de rencontre ! Je vais me faire sponsoriser parune agence…

JL : Juste avant ma première saison, en tant que directeur, as-tu des conseilsà me donner ?MM : Je n’ai aucune légitimité à le faire. Pourtant, je te murmurerais bienle petit leitmotiv qui me hante souvent l’esprit : «Sois absolu !»

EDITO

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LA BÂTIE. NOS COUPS DE CŒUR > Accumulated Layout / While going to a Condition, Hiroaki Umeda.

Les 29 et 30 août à 19h. Théâtre du Loup.

> Le Bazar du homard, Jan Lawers et la Needcompany. Les 7 et 8 septembre à 21h et le 9 septembre à 19h. Théâtre du Grütli-black Box.

> Britannicus de Jean Racine, mise en scène de Gérard Desarthe. Les 8 et 12 septembre à 20h30 et les 10, 11 et 13 septembre à 19h. Théâtre Pitoëff.

> Mes choses favorites de Javier Swedzky & Marie Vayssière. Le 12 septembre à 21h et le 13 à 19h. Théâtre de la Parfumerie.

> Regarde ce que je sais faire ! De Maan. Le 13 septembre à 11h et 15h. Uni Mail

Plus d’informations sur www.batie.ch

Dans la basse-cour, on caquète sec. Toutes cescrêtes rouges qui bourlinguent d’un poulailler à l’autre, attendant la tombée du jour pour sortir plumes au vent. Les gallinacés du bois dela Bâtie s’affichent ! Comme euxž–žla crête enmoins, quoiquež–žnous allons baguenauder desalle en salle, le nez en l’air, flairer la créationlocale et internationale de qualité, siroter surles canapés du Manitoba. Musique, danse,théâtre, bousculez-vous ! Pour l’heure, à picorer,les coups de cœur de Jean Liermier et FrancisCossu pour le Théâtre de Carouge et ceux deJulie Decarroux-Dougoud, pour le ThéâtreForum Meyrin.

Accumulated Layout / While going to a ConditionJulie Decarroux-Dougoud : Intégrant le voletMédias Mixtes du festival, les deux solos duJaponais Hiroaki Umeda feront à n’en pas dou-ter l’effet d’une bombe. D’abord parce que c’estla première fois que le Nippon vient en Suisse.Ensuite, car il est un touche-à-tout de génie, quiconçoit tout et seul, du son à l’image, deslumières à la chorégraphie. Une bombe, tant ilsait exploser sur scène, passant de gestescontenus et étriqués à des mouvements fluideset désarticulés, qui éclatent, qui créent l’es-pace. Les deux pièces proposéesž–žaux réfé-rences occidentales et nipponesž–žrévèlent uneprécision du geste graphique exceptionnelle et

une maîtrise presque surnaturelle de son pro-pre corps. La danse au cœur de la matière élec-tronique et numérique… Vous avez dit Japon ?

Le Bazar du homard Francis Cossu : L’écriture scénique de JanLawers me rappelle l’art du récit de Joyce dansUlysse. Les pièces du metteur en scène flamandsont l’occasion de se plonger au cœur desmécanismes, quasi chimiques, qui (dé)règlentla raison. Autant de spectacles-dédales inouïsqui tissent, avec une fluidité déconcertante, laparole et sa mise en mouvement, le corps etl’image, la musique et le chant.

Britannicus Jean Liermier : J’ai eu la chance de croiserGérard lors de la mise en scène d’André Engeldu Roi Lear à l’Odéon. Il jouait Kent. Le voir répé-ter était une leçon magistrale de précision, deforce de proposition, d’intelligence du texte.Savoir que lui, cet amoureux de la langue et dela pertinence du phrasé s’empare de la puretédu vers racinien avec des acteurs romands, etqu’il pérennise ainsi son lien avec le Théâtre dePoche, je cours, je vole à Pitoëff !

FC : Derrière cette tragédie amoureuse qui révèlela vraie nature de Néron, se cache une autreintrigue. Celle de la naissance de la tyranniedont les mécanismes secrets sont ici observés àla loupe. Racine, qui n’a alors que 30 ans quandil compose ce chef-d’œuvre, n’oublie pas qu’ilvit à une époque où Louis XIV peaufine lui aussison œuvre, l’absolutisme. Mais l’auteur a unearme redoutable : l’alexandrin.

Mes choses favoritesFC : Un tailleur, derrière sa machine à coudre,rêve à sa vie. Il file, pique, brode des person-nages ou des situations et tente de faire tenirensemble le monde réel et ses fantasmes. Onaime Marie Vayssière. Pas seulement parcequ’elle fut proche de Tadeusz Kantor, drama-turge polonais qui bouleversa la scène contem-poraine au tournant des années 70. Mais aussiparce que cette actrice formidable a le don derendre limpides, drôles et émouvants les tour-ments de l’âme humaine.

Regarde ce que je sais faire !JD-D : Un spectacle – accessible dès 3 ans, de lamini-Bâtiež–žla Bâtie des petits ! Qui n’a pas entendu cette innocente phrase,pourtant pleine de fierté et d’assurance, sortirde la bouche d’un enfant ? Jour après jour, cesdoux chérubins réussissent un truc en plus :courir, donner des bisous, sauter, mettre leursdoigts dans le nez, fourrer six biscuits à la foisdans la bouche,… Cette sentence comme unpoint de départ audacieux pour ce spectaclequi privilégie la danse et les figures acroba-tiques, mais aussi l’animation vidéo et le théâ-tre d’objets. Car le théâtre De Maan de WillemVerheyden fourmille d’ingéniosité. Langage del’image qui met le spectateur face à un universqui oscille entre la fiction de velours et la dureréalité. Courez regarder ce que savent faire ces Belges,et, comme le dit un jour une bête de fable, foid’animal, intérêt et principal, vous ne serez pasdéçus !

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Cet été, Romeo Castellucci, fondateur de laSocìetas Raffaello Sanzio, a déployé sa vision deLa Divine Comédie de Dante dans tout Avignon :L’Enfer, dans la cour d’honneur, Le Purgatoire auParc des expositions de Châteaublanc, Le Para -dis à l’église des Célestins. Dans le cadre duFestival de la Bâtie, et avant de partir en tour-née mondiale, il présente une nouvelle versiondu premier volet de sa trilogie. Comme dans sesprécédentes créations, le plasticien et metteuren scène italien n’a pas hésité à déplacer lethéâtre hors de ses frontières, plongeant lespectateur tour à tour dans l’effroi et le sublime.Sont ci-dessous rassemblées – autour dequelques mots clés – des réflexions ayant ponc-tué la démarche dramaturgique de Castellucci.

ImpossibleRomeo Castellucci : Eviter tout choix de lecturephilologique – ne pas tomber dans ce piège. LaDivine Comédie pourrait ne pas pardonner. Etmême j’en suis sûr : elle ne pardonne pas. Maisj’ai besoin en ce moment de ce monument duMoyen-Âge. J’ai besoin de quelque chose d’im-mense et de terrifiant. La Divine Comédie. Celasonne comme quelque chose de grand, de méga-lomane, d’illicite. (…) C’est un projet impossible,c’est clair. La grandeur de cette littératureexcède le littéraire et, en termes de théâtre, ellele fait tourner à vide. Mais c’est alors qu’à traversl’impossible, je peux atteindre tous les possibles.

RegardLe seul véritable théâtre se forme dans le cer-veau du spectateur. Le regard est semblable àune porte. Il faut être regardé par l’œuvre, passeulement la regarder. Chez Dante, on trouvecette référence au regard. Il tourne la tête pours’adresser au lecteur, comme un acteur, aucinéma, fixe soudain la caméra. C’est une façond’en appeler à l’engagement du spectateur, delui rappeler : «Hé, tu es là !». Dante est à la foiscelui qui voit et qui est vu. Il se place au milieu dela représentation. C’est une invention moderne,l’idée de responsabilité de l’œuvre. A l’époque oùDante casse les codes du latin, Giotto s’affran-chit de l’image byzantine. Tous deux invententles trois dimensions et se situent dans l’humanité.

ÊtreIl faut faire Dante, être Dante et non son œuvre.

NoirMais si l’on accepte qu’il est impossible d’illus-trer La Divine Comédie, alors il faut essayer dese mettre à la place de Dante. C’est-à-dire dansl’obscurité. Dante peut imaginer, mais seule-ment à partir du noir. Il le dit dès les premiersvers de L’Enfer, que tout le monde connaît : « Nelmezzo del cammin di nostra vita / mi ritrovaiper una selva oscura, / ché la diretta via erasmaritta» («Au milieu du chemin de notre vie / jeme retrouvai par une forêt obscure, / car la voiedroite était perdue»). La forêt obscure, le chemin perdu, la ligne brisée,pour moi c’était une feuille de route. Le noir,c’est la condition de l’art : ne rien voir pour ima-giner tout.

Le noir d’aujourd’hui, c’est Andy Warhol qui l’apeint. Ce n’est pas la douleur ou les guerres, c’estl’abîme de la superficie.

Forêt obscureLe voyage commence avec l’idée du péchéž–žlaforêt obscurež–žde l’artiste. Et de quel péché l’artiste serait-il coupable ? De quelle chute ? Sonœuvre ? Faire une œuvre signifie-t-il se perdredans l’obscurité ? Ou produire de l’obscurité ?Cette obscurité porte-t-elle vers la lumière ?

ŒuvreJe crois que la dimension de l’œuvre, c’est la lecture dans le silence de la tête. C’est incroya-blement beau et je n’ai toujours pas compriscomment il a pu imaginer tout cela. Par son sys-tème de rythme enchaîné, il invente un voyageenfermé dans une cage avec ces vers de onze syllabes qui s’accrochent les uns aux autres.C’est vraiment un miracle (…). Il y a plusieursniveaux de lecture : astrologie, astronomie, his-toire, politique, sociologie,…

Propos rassemblés par Rita Freda

Romeo Castellucci, «Quelques notes en désordre autour de l’idée d’une mise en scène de La Divine Comédie de Dante Alighieri, florentin».

Romeo Castellucci, propos recueillis par René Solis, «Tout ce que je fais a un rapport avec la catastrophe», in Libération, 4 juillet 2008.

Les abonnés du Théâtre Forum Meyrin bénéficierontd'une réduction sur ce spectacle, sur présentation de leur carte d'abonnement.

INFERNOD’après La Divine Comédie de Dante AlighieriPar la Socìetas Raffaello Sanzio

Direction, mise en scène, lumière et costumes Romeo Castellucci Musique originale Scott Gibbons Chorégraphie Cindy Van Acker / Romeo Castellucci Interprétation Alessandro Cafiso / Maria Luisa Cantarelli / Elia Corbara / Silvia Costa / Sara Dal Corso / Manola Maiani / Luca Nava / Gianni Plazzi / Stefano Questorio / Sergio Scarlatella / Silvano Voltolina et tous les figurants Collaboration à la scénographie Giacomo StradaRéalisation des sculptures, mécanisme Istvan Zimmermann / Giovanna Amoroso Réalisation des costumes Gabriella Battistini Création automates Giuseppe Contini Taxidermie Agostino Navone

Coproduction Socìetas Raffaello Sanzio / Festival d’Avignon / Le Maillon-Théâtre de Strasbourg / Le Théâtre ScèneNationale de Poitiers / Le Duo – Dijon / Barbicanbite09 dans le cadre du Spill Festival 2009 – Londres / deSingel – Anvers / KunstenFESTIVALdesArts / La Monnaie – Bruxelles / Athens Festival / UCLA Live – Los Angeles /Vilnius International Theatre Festival «Sirenos» / F/T 09 – Tokyo International Arts Festival / Cankarjev dom – Ljubljana /Emilia Romagna Teatro Fondazione / Programme «Culture» Avec le soutien de la Fondation Leenaards et du CRFG

ThéâtreVendredi 5 et samedi 6 septembre à 21h00,dimanche 7 septembre à 19h00Au Théâtre Forum Meyrin / Durée 1h30

Plein tarif : Fr. 33.– Tarif étudiant, chômeur, AVS, AI : Fr. 22.–Tarif carte 20 ans/20 francs : Fr. 15.–

L’adaptation en salle d’Inferno est réalisée dans le cadre d’une collaboration particulièreavec La Bâtie-Festival de Genève, septembre 2008.

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Partant d’un extrait des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister,ouvrage classique de Goethe qui contribua à formaliser l’art de la drama-turgie, Delphine de Stoutz, dramaturge précisément du Théâtre deCarouge et Mathieu Menghini, directeur artistique du Théâtre ForumMeyrin, échangent leurs vues sur l’enjeu et les conditions de la percep-tion du spectateur.

«Wilhelm arriva de fort bonne heure pour la première répétition surscène et se trouva seul sur le plateau. (…) Il fut tiré de ses réflexions parl’arrivée des acteurs, accompagnés de deux habitués du théâtre et descoulisses qui saluèrent Wilhelm avec enthousiasme. L’un était enquelque sorte attaché à la personne de Mme Mélina, l’autre, en revanche,un véritable amateur de l’art dramatique, et l’un comme l’autre, de ceuxque toute bonne troupe peut se souhaiter pour amis. On n’aurait su direce qui prévalait chez eux, de la connaissance ou de l’amour du théâtre. Ilsl’aimaient trop pour le bien connaître, ils le connaissaient assez pour enapprécier le bien et en rejeter le mal. Mais, grâce à cette inclination, lemédiocre ne leur était pas insupportable, et le ravissement suprême aveclequel ils goûtaient par avance puis ruminaient un bon spectacle, passaittoute expression.

Le côté mécanique les amusait, la partie spirituelle les enchantait, et sigrande était leur passion que même une répétition morcelée les trans-portait dans une sorte d’illusion, et en tout temps les défauts semblaientpour eux se fondre dans les lointains, et ce qui était bon les touchaitcomme un objet palpable. Bref, c’étaient des amateurs tels que toutartiste voudrait en rencontrer dans sa carrière. Leur promenade favoriteétait d’aller des coulisses au parterre et du parterre aux coulisses ; leurséjour de choix le foyer, leur occupation la plus assidue était de retou-cher un tantinet à l’attitude, au costume, à la diction, à la déclamationdes acteurs ; leur entretien le plus animé roulait sur l’effet que l’on avaitobtenu, et leur souci constant était de tenir le comédien en éveil, atten-tif et précis, de lui être utile ou agréable et, sans y mettre de prodigalité,de procurer maint agrément à la troupe. Ils avaient obtenu le droit ex -clusif d’assister, sur la scène, aux répétitions et aux représentations. Ence qui concerne Hamlet, ils n’étaient pas en tout point d’accord avecWilhelm ; il céda çà et là, mais le plus souvent il restait sur ses positionset, en fin de compte, cet échange de vues contribua singulièrement à laformation de son goût. Il fit voir aux deux amis combien il les appréciait,et eux, de leur côté, allèrent jusqu’à prédire que de ces efforts conjuguésnaîtrait une ère nouvelle pour le théâtre allemand.»

Extrait de Goethe, Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister,

Livre V, Chapitre VIII (Traduction de Blaise Briod)

DOSSIERÉCHANGES SUR LA PERCEPTION À propos des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe

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Se dire « je t’aime »

Amateurs de théâtre, spectateurs fidèles, deux hommes s’immiscentdans les répétitions d’une pièce de théâtre et s’inventent un rôle parti-culier : celui du spectateur éclairé qui apporte la distance nécessairepour questionner les enjeux d’un texte et sa représentation scénique,donnant ainsi les moyens au théâtre d’art de se matérialiser. Invo -lontairement peut-être, Goethe décrit ici la naissance du dramaturge,cet œil extérieur qui bouleversera le théâtre au XXe siècle.

Goethe, dans cet extrait, rend compte du contrat fondamental qui liecelui qui regarde à la chose regardée. Le spectateur est au cœur de lacréation théâtrale, que ce soit pendant les répétitions ou pendant lesreprésentations. Il oblige à faire des choix dramaturgiques, il régulela représentation et enfin il éprouve des sensations dont on ne saitjusqu’où peuvent s’étendre les effets. Mais tout cela nécessite que lespectateur bien qu’assis dans la salle soit actif, réceptif. Perceptifenfin.

Influencés par les médias, les modes de perception du spectateur ontaujourd’hui fortement évolué. Les événements ne sont plus perçusque comme une «chose» au-dehors, un objet pour un sujet et celaempêche d’agir. Le citoyen-spectateur se retrouve peu à peu à l’inté-rieur d’un spectacle dans lequel il ne peut que regarder.

Il devient donc urgent d’inventer une politique de la perception met-tant en jeu acteurs et spectateurs dans la création théâtrale d’imagesafin de renouer le fil rompu entre l’émetteur et le récepteur. Regarderun spectacle c’est s’engager au même titre que d’entendre un jour sedire « je t’aime ».

Delphine de Stoutz

La connaissance et l’amour

Un mot me frappe à la lecture de l’extrait choisi. Une modesteconjonction, anodine en apparence mais riche d’implications : «ou» ;cet «ou» ténu qui distingue la connaissance et l’amour du théâtre.L’amour aliène-t-il la connaissance ? Entrave-t-il la lucidité ? Anémie-t-il l’esprit critique ? Le sens commun semble s’accorder avec l’opinionde Goethe. Quelque chose en moi résiste, pourtant. L’amour n’est-ilpas à la fois don et attente – partage ?Dans cet échange amoureux se niche une attention d’une qualité cer-taine ; par l’amour et le désir, l’attention est tendue. Un commerceréprobateur ou indifférent avec l’art nous assurerait-il d’un jugementd’une plus haute acuité ?

Une dimension est absente de l’extrait. Si l’on retient ses affects(l’amour), ne sont, en revanche, pas évoquées les situations humo-rales et «sociales» du contemplateur. Or, l’humeur conditionne biensouvent la perception. Quant au «social», Hume, Bourdieu et biend’autres penseurs nous ont appris combien le goût est relatif, histo -rique, géographique et orienté bien souvent par le positionnementsocioprofessionnel de l’amateur.

«C’est le regardeur qui fait le tableau» concluait Marcel Duchamp,invitant indirectementž–žpar cette provocation senséež–žles institu-tions culturelles à n’omettre pas les conditions de la réception dupublic et chaque amateur à s’analyser dans le miroir des œuvrescontemplées.

Il convient donc, par-delà l’offre programmatique, de stimuler aussile regard porté sur celle-ci. Tel est l’enjeu, général, de ce journal com-mun et celui, particulier, des thémas du Théâtre Forum Meyrin.

Mathieu Menghini

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LE CIRQUE INVISIBLEDe et avec Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée

Pascal Jacob, historien du cirque, retrace pournous les grandes étapes de l’aventure deVictoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée qui,du Cirque Bonjour au Cirque Invisible, nousentraînent dans l’un des plus beaux voyagespoétiques d’aujourd’hui où cirque et théâtrepeu à peu ne font plus qu’un.

Pascal Jacob est l’auteur de nombreux ouvragessur le cirque : La grande parade du cirque (Dé -couvertes Gallimard, 2001), Le cirque : Regardssur les arts de la piste (Plume, 1996), Le cirqueau-delà du cercle (Artpress, 1999). Il collaborerégulièrement à des revues spécialisées et estchargé de cours d’histoire du cirque et du spec-tacle vivant au CNAC de Châlons-en-Cham pa gne,à l’ESAC à Bruxelles, à l’ENC à Montréal.

Bonjour, comme le cirque

Un cirque pas comme les autres, fondé sur unmot de bienvenue plutôt que sur un patronyme :une élégante manière de se démarquer en untemps où les couleurs des roulottes sont autantde peintures de guerre...

A l’aube des années 1970, lorsque le cirqueébauche l’une des plus grandes mutations deson existence, le monde s’offre à tous. Oupresque. Après les événements de 1968, il nes’agit plus de danser, jouer ou sauter commeavant. Tout est à faire, échafauder, bâtir, ima -giner. Acteur et illusionniste, Jean-BaptisteThierrée est un visionnaire. Dans Clowns de

Federico Fellini, il prédit la mort du cirque.Sérieux, imperturbable, il exécute un numérode verres de lait qui laisse rêveur... A l’époque,face à une caméra iconoclaste, ce ne sont sansdoute que des mots. Mais aujourd’hui, avec unrecul nécessaire et instructif, ils résonnent avecune singulière acuité.

Stylistiquement décadent, confronté à un déclininexorable, le cirque flirte désormais avec legouffre et affronte son destin. Nous sommes en1970 exactement. Une nouvelle décennie vas’ouvrir. Les créateurs se pressent aux portes dela rénovation. Il faudra néanmoins patienterencore un peu pour apprécier tous les fruitsissus de frondaisons toutes neuves. L’importantdans ces premiers galops, plus instinctifs queraisonnés, c’est d’être là. Et de faire.

Du python à l’imaginaireEn 1971, avec quelques lions, une poignée dechevaux et un python, des acrobates et des jongleurs, Jean-Baptiste Thierrée et VictoriaChaplin réinventent un autre cirque. Ce n’estpas encore complètement le leur. Ces créatures(les lions et le python, pas les acrobates...) nesont pas tout à fait leur tasse de thé, mais ellesse transformeront très vite en lapins timides etblanches colombes, plus conformes à unevision épurée d’un art séculaire.

Un lapin donc. Un fil aussi. Et des parapluies. Etpuis un soupçon de magie. Et beaucoup d’amour.Depuis la création du Cirque Imaginaire, succes-seur du Cirque Bonjour, ces ingrédients com -posent les plus étonnants spectacles. Clowns

magiques ou fabuleux comiques, ils jouent detoutes les cordes d’un art diamant : tant defacettes et de richesses à explorer...

Fronde et poésieAu fil de spectacles toujours plus justes, Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin tissent ununivers à la fois frondeur et poétique, libertaireet rigoureux. Lorsque la mode est au giganti sme,ils soulignent la fragilité des codes anciens etse réapproprient l’incandescence des émotions. C’est d’une quête inlassable dont il s’agit. Riende plus. Mais rien de moins non plus. Unerecherche esthétique fondée sur le bizarre duquotidien, où un chapeau glisse inéluctable-ment vers une quatrième dimension, où ilprend des allures de gastéropode, où l’objet ailleurs affligé d’une étroite banalité s’anime etsurenchérit ici à sa propre cause de couvre-chefdistancié.A eux deux, ils trament et détrament les plusétonnantes prouesses. Le cirque d’aujourd’huise réfère peu à celui d’hier. Infiniment moinsdémonstratif, résolument théâtral et chorégra-phique, il s’inscrit avec simplicité dans lesmarges de l’histoire. Une histoire qui s’écritgeste à geste, avec humour et constance.Invisible, le troisième opus, est un cirque précis.Ou peut-être est-ce plutôt un précis de cirque.Précieux dans tous les cas. Et unique. Où d’uneformule de politesse on est arrivé à un certaineffacement, en passant par un monde de méta-phores et d’artifices minuscules. Du cirque,enfin, facile comme Bonjour.

Pascal Jacob

Lumière Nasser Hammadi Son Christian Leemans Habilleuses Véronique Lambert / Roxane Grallien Régisseur plateau Georges Garcia Production Jean-René Pouilly, Karavane Production

Théâtre, tout public dès 7 ans / AccueilDu mardi 16 septembre au samedi 4 octobre (ma, je et sa à 19h00 / me et veà 20h00 / di à 17h00 ; relâche le lundi)Au Théâtre de Carouge-Atelier de GenèveSalle François-SimonDurée 1h45 (entracte compris)

Plein tarif : Fr. 35.– / 23 euros Etudiant, apprenti : Fr. 15.– / 10 euros Chômeur, AVS, AI : Fr. 25.– / 17 eurosGroupe : Fr. 30.– / 20 euros_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

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Une famille particulière

La quatrième enfant de Charlie Chaplin et Oona O’Neill et le fils d’ouvrier,souffleur au Théâtre de la Porte Saint-Martin prolongent une aventurefamiliale qui débute au tournant du XXe siècle sur les deux rives del’Atlantique.

Tandis que Charles Spencer Chaplin, âgé de 9 ans, parcourt l’Angleterreaux côtés des Eight Lancashire Lads, Eugene O’Neill traverse l’Amériquedans les valises de son père, James O’Neill, acteur rendu par la suite célè-bre pour son rôle de Comte de Monte-Cristo. Ces deux hommes ont encommun une enfance digne des héros de Charles Dickens où misèresociale et théâtre sont intimement liés. Le théâtre les sauve, le théâtre lesbroie. A la fois moyen de survie dans un monde où ils jouent plus souventle rôle de chargé de famille que celui d’enfant, c’est aussi un moyen degagner sa vie en allant de ville en ville, de manger tout simplement.

La suite nous est connue. Charles Spencer deviendra Charlie Chaplin – leplus grand artiste burlesque de tous les temps qui transforma radicale-ment la comédie et le cinéma à travers son personnage de clochardcéleste. Eugene O’Neill, en tranchant radicalement avec le genre théâtralpratiqué par son père – le mélodrame, produira parmi les plus grands chefs-d’œuvre du théâtre américain, bouleversant la morale et peignantles travers d’une société gangrenée avec les couleurs des larmes et du sang.

Le destin de ces deux hommes se croise en 1943 quand Oona O’Neill, ladeuxième enfant du dramaturge américain, alors âgée de 18 ans épouseCharlie Chaplin, âgé de 54 ans. Le père de la jeune femme désavoue leurmariage et renie sa fille. L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais de cetteunion qui dura 34 ans naîtront 8 enfants dont Géraldine, Michael, etVictoria Chaplin.

Jean-Baptiste Thierrée et Victoria Chaplin se rencontrent en 1969 au borddu lac Léman. Ils se marièrent cinq ans plus tard et donnèrent naissanceà 2 enfants, James et Aurélia. A eux quatre, ils entament une nouvelleaventure artistique à la fois affranchie du passé – car il s’agit cette fois decirque – et profondément ancrée dans un univers poétique qui n’est passans rappeler celle du Kid. En trente ans, ils n’ont produit que trois spec-tacles car il s’agit pour eux de peaufiner inlassablement une œuvre, tou-jours la même, sans cesse réinventée. Aujourd’hui, ils ne sont plus quedeux sur scène, mais leurs enfants continuent cette aventure familialeunique avec des spectacles qui ne cessent d’émerveiller le monde entier.

83 films, 4 oscars, 24 pièces, 1 prix Pulitzer, 1 prix Nobel de littérature, 5 Molières, et des millions de spectateurs à travers le monde entier, voilàen quelques chiffres résumés cent ans d’histoire d’une famille particulière.

Delphine de Stoutz

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Eugene O’Neill (1888 – 1953)Dramaturge. Prix Nobel de littérature, prix Pulitzer> Le désir sous les ormes> Le deuil sied à Electre> Une lune pour les déshérités> . . .

Agnes Boulton (1891 – 1968)Écrivaine2e épouse d’Eugene O’Neill

Sir Charles Spencer Chaplindit Charlie Chaplin (1889 – 1977)Acteur, réalisateur, producteur et scénariste burlesque> Les lumières de la ville> Les temps modernes> Le dictateur> . . .

Jean-Baptiste Thierrée (1937)Acteur, circassien, peintre, dessinateur, sculpteur, écrivain> Le cirque Invisible> Le cirque Imaginaire> Le cirque Bonjour

Victoria Chaplin (1951)Actrice, danseuse, metteur en scène, costumière, acrobate, circassienne> Le cirque Invisible> Le cirque Imaginaire> Le cirque Bonjour

Oona O’Neill (1925 – 1991)4e et dernière épouse de Charlie ChaplinMère de 8 enfants

James Thierrée (1974)Acteur, danseur, metteur en scène, acrobate et musicien > Au revoir parapluie> La veillée des abysses (accueilli en 2004 à Meyrin)> La symphonie du hanneton

Aurélia Chaplin Actrice, circassienne, danseuse> L’oratorio d’Aurélia (accueilli en 2007 à Meyrin)

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LES SPECTACTEURSPar un collectif d’acteurs et d’auteurs emmené par Philippe Morand

Lors d’une représentation de Sa majesté desmouches, mis en scène par Claude Stratz à laComédie de Genève, un spectateur m’a pointéavec un laser. J’avais donc un petit point rougequi se baladait sur moi, alors que j’essayais dejouer. Mais je ne pouvais plus jouer. Mon atten-tion était captée par ce point rouge : j’imaginaisqu’en face il y avait un fusil et que l’on allait metirer dessus… Et je ne comprenais pas pourquoil’on voulait me tuer. Je trouvais ça injuste etn’avais pas les moyens de me défendre…

Un mur, vraiment ?A quoi pense un acteur quand il joue ? Au textepour être sûr de ne pas l’oublier ? A la partenaireen face qu’il doit embrasser, alors qu’il la dé -teste ? Au repère sonore qu’il ne doit surtoutpas oublier car dix techniciens attendent encoulisses pour un imposant mouvement demachinerie ? A rien du tout ? Ou alors à la per-sonne du troisième rang qui dort, et l’autre aupremier qui met les pieds sur la scène ?

Oui, le «quatrième mur» inventé par Stanislavskiest purement imaginaire. Parfois on l’oublie,mais les acteurs vous voient et vous entendent.Vous êtes des partenaires à part entière, pou-vant influer sur la représentation : vous êtes desacteurs sans le savoir, des spectacteurs !

Les coulisses de la créationAvec Philippe Morand, nous avons eu envie d’in-venter un spectacle de théâtre qui parlerait dece mystère insondable qu’on entretient avec

une œuvre. Qu’est ce qui fait qu’on aime ou quel’on n’aime pas, que l’on est touché, étonné,scandalisé,… Et avec l’équipe qu’il a réunie par «cooptation», il a imaginé une forme qui vouspermet d’entrer dans les coulisses d’une créa-tion, afin de saisir des bribes de ce qui constituenotre Art et partager cette rencontre intimeentre des acteurs qui avouent qu’ils sont regar-dés et des spectateurs qui se sauront regardés.

En fin de saison, François Rochaix écrivait puismettait en scène Une étrange soirée qui relataitsa vision du théâtre : une jeune comédiennecon voquait le directeur, le dramaturge, lecomédien de la troupe sur scène pour débattreautour d’un verre de la relation entre le théâtreet la politique, de Brecht, etc., discussion sanscesse interrompue par la femme de ménage quipestait contre les artistes.

En voyant son spectacle, je me suis mis à prendrefrénétiquement des notes sur mon billet d’en-trée déjà froissé, à réfléchir sur ce qui nous ras-semblait et ce qui nous différenciait. Les hasardsde programmation étant parfois heureux, Lesspectacteurs en tout début de saison pourra êtreentendu comme un écho à Une étrange soirée, le dernier spectacle de la saison de François. Lacontinuité du plateau est organique.

Jean Liermier

Contre un préjugé d’après-spectacleLe spectacle est fini. Vous discutez avec la per-sonne qui vous accompagne. Vous lui deman-dez : « Et alors, comment tu as trouvé ? » Ellevous réplique : « Oh, tu sais, moi, je n’y connaisrien, je ne peux pas juger, il suffit de peu pourque je sois content… » Réponse avec garantied’authenticité, fascinante par la censure, voirele dénigrement de soi qu’elle révèle.Paraphrasons : je n’y connais rien, je ne peuxpas juger. Comme si, au thé âtre, on ne devaitjuger qu’à partir de critères qui soient objetsde connaissance. Certes, la scénographie, leslumières ou la direction d’acteur sont autantde domaines qu’on peut connaître pour lesavoir pratiqués, et forment des critères dejugement ; chacun est à même, toutefois, dedécrire ses émois, ses réactions, et – en général– d’en expliquer la source.

Hélas, le spectateur «moyen», même habituéau théâtre, éprouve face à qui sait commeune timidité au moment d’exprimer un juge-ment. Mais toute personne de bonne foi peutse sentir libre d’apprécier ce qu’on lui adonné à voir sans qu’autrui lui assène pour-quoi le spectacle est réussi ou manqué. Biensûr, cela revient à débattre des goûts, et ilparaît que des goûts et des couleurs on nediscute pas. Au contraire, discutons-en ! Alorss’épanouiront des jugements témoignantd’horizons d’une belle diversité.

Florent Lézat

Collectif d’acteurs et d’auteurs Mauro Belluci / Cédric Dorier / Doris Ittig / Thierry Jorand / Selvi Purro Meneur de jeu Philippe Morand Assistant à la mise en scène Cédric Dorier Son et régie générale Manu Rutka Lumières et régie plateau Grégoire de Saint Sauveur Régie son Rinaldo del Boca Costumière Cécile Vercaemer-Ingles Accessoiriste Eléonore Cassaigneau Production Théâtre de Carouge-Atelier de Genève Avec l’appui du Département de l’instruction publique de l’Etat de Genève

Théâtre / Création Du mardi 7 au dimanche 26 octobre (ma, je et sa à 19h00 / me et ve à 20h00 /di à 17h00 ; relâche le dimanche et lundi)Au Théâtre de Carouge-Atelier de GenèveSalle Gérard-CarratDurée (en création)

Plein tarif : Fr. 35.– / 23 euros Etudiant, apprenti : Fr. 15.– / 10 euros Chômeur, AVS, AI : Fr. 25.– / 17 eurosGroupe : Fr. 30.– / 20 euros

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Dans la salle…

A la demande de Doris Ittig, comédienne desSpectacteurs, une classe du collège s’est prêtéeau jeu de raconter son expérience de specta-trice de théâtre. Morceaux choisis.

Audrey : Quand je vais au théâtre, je vais m’ha-biller convenablement pour être présentable,mais j’ai la crainte de ne pas apprécier la pièceou les acteurs. (…) C’est clair que j’ai souvent dumal à me laisser emporter dès le début. Il faut letemps de comprendre la situation, de se familia-riser avec les personnages, puis nous sommesenfin à l’écoute des personnages et de toute lapièce.

Il y a toutefois une chose que je trouve primor-diale : c’est le contact avec le public ; s’il n’y en apas, pour moi, la pièce restera moyenne, sansenvie d’y retourner. C’est la chose la plus impor-tante dans le monde du spectacle ; il faut parta-ger ses émotions avec le public, il faut le prendreà témoin, quitte à le faire participer au spectacle.Il suffit de ce petit contact magique pour que lespectacle soit parfait, je ne demande rien de plus.

Laura : Pourquoi devons-nous aller au théâtre ?Il n’y a rien de plus ennuyeux que le théâtre. J’aide très bonnes raisons de dire ça, car ce n’estpas la première fois que je suis obligée d’y aller.Premièrement, les pièces sont ennuyeuses àmourir, car il n’y a pas d’action, c’est platonique.Puis il faut toujours que les théâtres aient dessièges qui, à force, font mal aux fesses. Et pourfinir, ça dure beaucoup trop longtemps.

Kimberley : Mon père m’amène vers la salle. Apremière vue ça à l’air sympa, une atmosphèreà l’artistique. Pas «bourge» comme dans cer-tains endroits. Tout compte fait, on peut direque j’étais heureuse d’être là. Le théâtre, ça faitdu bien. En somme, on joue presque autant queles acteurs. Il y a deux cas, celui des faux richesqui vont dans de magnifiques salles à plafondshauts et dorés pour se faire voir par la « bonnesociété». C’est un prétexte pour se la péter avecles robes de soirée, les bijoux, la fourrure et lesfanfreluches, un verre de Dom Pérignon «If youplease» accompagné d’un charmant petit rireforcé. Dans le deuxième cas (c’est-à-dire lenôtre), on va au théâtre pour faire l’artiste-intello-romantique (…). Au bout d’un moment,même en essayant de voir les autres aspects dela pièce ça devient long, très long. On pense àautre chose et on se jette des petits coups d’œilqui veulent tout dire. Au bout de trois heures lerideau se referme. On applaudit, on est soulagé,on se persuade qu’au fond c’était quand mêmebien mais surtout que lundi on aura quelquechose à dire à propos de son week-end qui nousfera passer pour un peu moins niaise que lesautres.

Jennifer : Je me souviens de la première pièceque je suis allée voir. J’étais avec ma mamie, magrand-tante et une de leurs amies. Quand jesuis entrée dans la salle, je me suis sentie mal.La moyenne d’âge était d’au moins septanteans. Pour une jeune fille de douze ou treize ansce n’était pas drôle. Le spectacle était très bien,les comédiens vraiment très amusants. Pourfinir, l’âge du public ne m’importait plus.

Honoré Daumier 1 Honoré Daumier 2 Jean-Jacques Granville 3

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1 Une discussion littéraire à la deuxième galerie. Planche n° 4, série Croquis pris au théâtre. 1864. Lithographie du dépôt légal. 23,8 x 22 cm. Delteil 3264. Publiée dans Le Charivari, le 27 fév. 1864.

2 Croquis pris au théâtre.Planche n° 3, série Croquis pris au théâtre. 1864.Lithographie du dépôt légal. 24 x 22,7 cm. Delteil 3263. Publiée dans Le Charivari, le 13 fév. 1864.

3 Les Romains échevelés à la première d’Hernani.

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EPÎTRE AUX JEUNES ACTEURSPour que soit rendue la parole à la paroleD’Olivier Py (France) / Mise en scène de l’auteur

A la demande de Marcel Bozonnet (alors direc-teur du Conservatoire national supérieur d’artdramatique de Paris) d’écrire un texte théo -rique sur l’acteur, Olivier Py (auteur, metteur enscène et directeur de l’Odéonž–žThéâtre del’Europe) décide de répondre, non pas par untexte formel, mais par un texte dramatisé. Aveccette épître adressée à l’origine aux jeunesacteurs et en définitive à tous, il offre de suc-cessifs chemins à l’entendement de l’écriturepoétique. Rencontre.

Ludivine Oberholzer : En choisissant la formede l’épître, vous vous êtes attribué un rôle depoète…Olivier Py : Il n’y a pas d’autre mot à la vérité.C’est-à-dire que tous les autresž–žécrivain, auteurž–ne me vont pas du tout. Je suis un poète. Monthéâtre, c’est la tentative d’incarner un poèmedramatique et qu’il soit de moi, d’Eschyle ou deClaudel ne change pas grand-chose au geste.C’était, il est vrai, il y a vingt ans, un mot absolu-ment banni. Il y avait un divorce entre la parolepoétique et le théâtre. Et ce divorce existe encoreet c’est pourquoi le personnage du poète est àla fois grotesque, imprécateur, souffrant et quel -ques fois sentimental.

Vous donnez à ce poète un rôle extrêmementimportant puisque vous affirmez qu’il est capa-ble de réenchanter le monde.Bien sûr. Le monde n’est pas fait uniquement dematière, il est fait aussi de symboles et de mots.En conséquence, si la façon de nommer le monde

est médiocre, le monde devient médiocre. C’estce que nous vivons aujourd’hui.

Est-ce que vous imaginez une manière deredonner une place centrale à la parole ?Je ne suis pas certain qu’il faille imaginer unordre politique de la parole. [Le théâtre] est lelieu où les signes et la chair humaine sont abso-lument mêlés. Il y a donc une force sacrée, voiredivine, voire miraculeuse de la parole sur scène.C’est ce que veut dire ce texte. Et il s’adresseaux jeunes acteurs, car ils ont quelques fois unrapport à la parole qui est trivial, qui est celuide la communication.

Vous donnez une sorte de gravité, de missionspirituelle à l’acteur. Oui. Cela signifie replacer le geste de l’acteurdans une démarche spirituelle – qu’elle soit reli-gieuse ou athée. Si cela est fait comme un tra-vail, comme une technique, cela ne m’intéressepas. Ce qui m’intéresse c’est l’aventure spiri-tuelle.

Ce texte est une référence pour beaucoup d’ac-teurs. Est-ce que vous avez eu, lors de votreentrée dans le monde théâtral, un texte, uneparole ou une personne qui vous ait guidé ? Je n’ai jamais été très passionné par l’art drama-tique. Je pense qu’il y a des choses plus passion-nantes. J’avais même un profond dégoût pourdes textes comme La formation de l’acteur,texte qui m’ennuyait à un point indicible. Parcontre, je trouvais dans la théologie, dans lapsychanalyse, dans certaines paroles poé-tiques, une aide dans mon travail d’acteur. Je ne

sais donc pas si cela est indispensable pour unjeune acteur de connaître les propos deStanislavski aujourd’hui. Par contre, ce qui mesemble indispensable, c’est d’avoir rencontréRimbaud. C’est bien qu’un acteur ait lu destextes théoriques, mais c’est plus importantqu’il ait essayé de jouer Claudel une fois dans savie.

Dans le texte Lettres à un jeune poète, Rilkeaffirme au poète débutant que l’œuvre d’art nepeut surgir que de la nécessité. Absolument, mais pas seulement hélas. Je croisque le défaut des jeunes artistes est de croireque seule la nécessité suffit (…). Il faut égale-ment beaucoup d’autres qualités qui sontmoins poétiques : de la ruse, de l’obstination, dela force psychologique, de la chance, mais sur-tout, du travail.

Lorsque Rilke et vous parlez du poète et de l’acteur, vous évoquez le « producteur d’art ».Pensez-vous qu’il y ait encore une disponibilitéspirituelle de l’auditeur et du regardeur, en untemps – le nôtre – qui valorise superficialité etvitesse ?Plus que jamais. Parce que le monde est à la foisvirtuel et accéléré, il y a une nécessité, une soifpour l’art, pour la présence, pour la parole poé-tique, pour le présent, plus que pour la moder-nité. La mode, la télévision produisent de lamodernité. Et puis nous sommes sommés detravailler de plus en plus vite. Pas comme desouvriers du XIXe qui seraient soumis à descadences infernales. Ce n’est pas la créationd’objets qui est soumise à ces cadences, mais

Interprétation John Arnold / Samuel Churin Décor, costumes et maquillages Pierre-André Weitz Lumières Olivier Py assisté de Bertrand Killy Régie générale Bertrand Killy Co-production Centre Dramatique National D’Orléans / Théâtre Le Point du Jour – Lyon Production déléguée Odéon – Théâtre de L’Europe

ThéâtreLundi 29 et mardi 30 septembre à 20h30Au Théâtre Forum Meyrin Durée 1h10

Plein tarif : Fr. 35.– / Fr. 28.– Tarif réduit : Fr. 25.– / Fr. 22.– Tarif étudiant, chômeur : Fr. 15.–

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notre subjectivité. Nous devons appréhenderles choses de plus en plus rapidement souspeine de récession économique. Nous avonsdonc besoin de nous asseoir dans une salle dethéâtre pour donner du temps à la paroled’Eschyle ou de Claudel.Le temps tel qu’il nous est demandé de le vivreest inhumain. Il n’est pas à la proportion de l’hu-manité. Comme d’ailleurs nous habitons desmaisons qui ne sont pas à la proportion del’homme. Cette proportion de l’homme, elle estau théâtre. On nous dit, «vous n’êtes rien, carvous n’avez pas huit millions de spectateurstous les soirs. » Mais c’est parce que nousn’avons pas huit millions de spectateurs tousles soirs, que nous en avons deux cent cin-quante, que justement, nous sommes dans lajuste proportion de l’homme.

Ce que l’on nomme «nouvelles formes»ž–žlethéâtre sans parole ou circassien, par exemple –apparaît plus accessible à certains, plus démo-cratique ? Je n’ai jamais compris cette vision. Cela signifie,non seulement «taisez-vous», mais de plus, sivous parlez, cela devient abject politiquement.Pour faire un théâtre populaire, les poètes sontindispensables. Il n’y aura pas de théâtre popu-laire qui tienne sans la présence de la parole.On arrivera à de l’événementiel, comme on saitle faire : des «Paris-Plage» et des «Fêtes de lamusique». Sans le poète, il ne pourra pas y avoirde théâtre véritablement populaire, car celaennuie le peuple.

Propos recueillis par Ludivine OberholzerAutres présences d’Olivier Py à Genève, cette saison

Au Grand Théâtre de Genève

Der Freischütz Opéra en trois actes de Carl Maria von WeberDirection musicale de John Nelson 9,15, 21, 28, 30 octobre et 7 novembre 2008

La damnation de FaustLégende dramatique en quatre parties d’Hector Berlioz Direction musicale de John Nelson 14,17, 23 octobre et 1, 4 et 8 novembre 2008

Les contes d’HoffmannOpéra fantastique en trois actes, un prologue et un épilogue de Jacques Offenbach Direction musicale de Patrick Davin 19, 22, 25 octobre et 2, 6 et 9 novembre 2008

A la Comédie de Genève

Illusions comiquesDu 6 au 17 mai 2009

Au Théâtre de Carouge

A noter, enfin, que le scénographe d’Olivier Py – Pierre-André Weitz – réalisera la scénographie et les costumes du Candide qu’Hervé Loichemol mettra en scène au Théâtre de Carouge du 16 janvier au 8 février 2009.

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QUICHOTTE ET LES INVINCIBLESD’Erri De Luca (Italie)

Invincible Quichotte qui n’a jamais gagné,jamais réussi son coup ? Selon Erri De Luca, lesinvincibles ne sont pas à chercher sur les plushautes marches des podiums. Ce sont celles etceux qui ne se laissent abattre, décourager nirepousser par aucune défaite : ce sont lesmigrants qui traversent le monde à pied et quine se laissent arrêter par aucune expulsion,aucun naufrage ; les résistants face aux multi-nationales, les alpinistes à la conquête de 8000mètres sans bouteille d’oxygène,…

Le poète Erri De Luca, accompagné du cantau-tore Gianmaria Testa et du clarinettiste virtu -ose Gabriele Mirabassi, nous convie à sa tablede cuisine, pour une suite de poèmes et chan-sons écrits de sa main, mais aussi de celles deHikmet, Brecht, Ungaretti, Vian et Izet Sarajlic.La personne de Cervantès n’est ici que l’occa-sion d’honorer les invincibles…

Une trajectoire peu communeErri De Luca naît en 1950 à Naples. Refusant lacarrière de diplomate à laquelle son éducationbourgeoise le prédestinait, il s’engage au seindu mouvement d’extrême gauche Lotta Con ti -nua. Il multiplie par la suite les métiers manuelsen Italie, en France et en Afrique : conducteurde camions, ouvrier chez Fiat ou sur des chan-tiers, maçon...Il ne publiera son premier livre, Une fois, un jour,qu’en 1989. Ses récits, où se mêlent exigencemorale et une grande sincérité, rencontrent unvaste écho en Italie et en France. En 2002, il

« Je ne crois pas en quelquechose, mais je peux croire en quel qu’un. Je peux croire auton de la voix de quelqu’un, je peux croire au mouvement de quelqu’un, à un mot juste, je crois aux personnes.»

obtient le prix Fémina pour Montedidio. Auto -didacte, il apprend l’hébreu pour lire les textessacrés et les traduire. Bénévole en Bosnie pen-dant la guerre en ex-Yougoslavie, il effectueradiverses missions humanitaires en tant queconducteur de camions.

L’art, la vie, l’amour, la mort vus par De LucaLa revue Luna a récemment proposé une inter-view d’Erri De Luca d’une forme originale,menée par Isabella Santacroce. C’est la traduc-tion d’une partie de cet entretien que nousvous proposons ici.

FemmeErri De Luca : Singulier féminin, la femme, une àla fois. Il m’est arrivé d’en aimer une à la fois,mais rien à moins. J’ai besoin qu’il y ait uneamorce d’amour, cette fantaisie d’ammore avecdeux «m» comme on dit à Naples, pas seulementune attraction physique. Femme, créature tota-lement différente. Je n’y comprends rien, mais iln’est pas important de se comprendre, seule l’alliance est importante, la possibilité d’établirune alliance entre homme et femme. La scènegigantesque de l’embarquement des animauxsur l’arche de Noé est un embarquement muet,il n’y a pas de petits, il n’existe que des exem -plaires adultes, le couple mâle-femelle quirepeuplera ensuite le monde suivant et qui estl’alliance la plus forte qui existe, plus forte quecelle entre une mère et ses enfants. (…)

DieuJe ne peux pas tutoyer cette immensité, je ne lareconnais pas dans ma vie ; je la reconnais dansles livres, dans la vie des autres, je ne peux pasdire qu’elle n’existe pas, je ne fais pas partie de ceux qui l’excluent (…). Je peux en parler à latroisième personne, en tant que lecteur des écri -

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Interprétation Erri De Luca / Gabriele Mirabassi / Gianmaria Testa Mise en scène Paola Farinetti Lumières Andrea Violato Son Claudio Viberti Production Fuorivia en collaboration avec MC2 de Grenoble

Spectacle poétique Jeudi 2 et vendredi 3 octobre à 20h30Au Théâtre Forum Meyrin Durée 1h40

Plein tarif : Fr. 46.– / Fr. 38.– Tarif réduit : Fr. 37.– / Fr. 30.– Tarif étudiant, chômeur : Fr. 22.– / Fr. 17.–

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tures sacrées, ce qui est la plus grande distancepossible. La troisième personne entre la créatureet Dieu est la plus grande distance possible.

CroireJe ne parviens même pas à croire à mes sens,d’habitude ils me trompent. Je ne crois pas enquelque chose, mais je peux croire en quel qu’un.Je peux croire au ton de la voix de quelqu’un, jepeux croire au mouvement de quelqu’un, à unmot juste, je crois aux personnes. Je crois à quel -que magnifique poésie qui m’a fait voir la choseconnue sous une lumière différente. Je ne croispas aux poètes, mais à une certaine poésie qu’ilsnous proposent.

ÉcrireC’est le moyen par lequel j’ai gardé la meilleurecompagnie dès l’enfance. J’ai écrit mon premierrécit à huit ans : il parlait d’un saumon qui re -monte le courant. Mon premier livre, Non ora,non qui, je l’ai écrit à Milan : j’étais maçon, etmon temps libre je le passais à écrire cette his-toire. Quand elle a été prête, je l’ai offerte à mesparents pour Noël. Je n’avais pas de sous pourd’autres cadeaux et j’ai donc offert mon livre. Ilest resté près d’eux pas mal d’années et ensuitela publication est arrivée par hasard. J’étais àMilan en 1989 pour un procès dans lequel j’étaispartiellement accusé, un repenti m’avait impli-qué pour des activités illégales mineures,mineures comparées à un homicide. J’étais logépar une amie qui avait été engagée commesecrétaire par Feltrinelli, j’avais avec moi lelivre, et entre une séance et une autre elle l’a

pris et l’a apporté à une maison d’édition.Quand ils m’ont publié, ça n’a rien changé pourmoi, j’ai éprouvé du plaisir pour mon père parcequ’il était mourant et ainsi, lui qui m’avait trans-mis l’amour des livres a pu voir ce petit livre,l’avoir entre ses mains.

SouvenirsJ’oublie tout, et quand je me rappelle quelquechose j’écris un récit. Quand j’ai la grâce deretrouver quelque petit bout de vie reconstituéje suis si content que je le fais durer en l’écrivant.J’écris des personnes, pas des personnages, jeraconte des histoires dont je me suis souvenuinopinément. La mémoire, pour moi, n’est pasun album photos que je peux aller consulter,c’est comme un glacier où finissent des corpsentiers, de temps en temps le glacier se retire etcrache une relique, un petit bout, un os, un objet,et je suis content de ce retrait, de ce résidu qu’ilm’a envoyé.

RévolteJe la connais, la vie, je l’ai pratiquée, j’ai connu lamienne et celle des autres, j’ai connu les révoltesd’autres peuples et d’autres continents. Dans lesannées soixante, nous, de Lotta Conti nua, nousétions la gauche révolutionnaire la plus forted’Europe et à côté de nous était le parti commu-niste le plus fort d’Europe, et donc tous les révo-lutionnaires du monde passaient chez nous (…).La révolte a duré longtemps pour moi, je ne mela serais pas inventée s’il n’y avait pas eu cettegénération que j’ai connue sur la route, elle étaitlà, présente, elle appartenait aux possibilités dece temps et de cette génération. Je l’ai trouvée

et je l’ai suivie jusqu’à ce qu’elle se soit consu-mée, jusqu’à ce qu’elle se soit pourrie. Les révoltespeuvent perdre et peuvent pourrir. (…)

HonteC’est un sentiment politique. Éprouver de lahonte vous oblige à répondre, à vous l’enlever, àréagir. C’est beaucoup plus politique que le sen-timent de colère ; vous pouvez avoir de la colèrepour une circonstance politique, pour uneoffense subie, vous pouvez avoir de la colèrepour Gênes et la caserne Diaz mais ensuite çavous passe. Mais avoir honte de quelque chosequi te concerne toi et ton pays, ça ne te passepas, ça t’oblige à répondre. J’ai eu honte quandmon pays bombardait la Yougoslavie en 1999.J’ai éprouvé une honte insupportable etl’unique moyen pour me gratter cette rogne aété de demander la permission d’aller de l’autrecôté, de partager un peu la pénitence de ce peu-ple, d’être à Belgrade. (…)

MortUn beau congé, un congé définitif, quand ilm’est arrivé qu’elle soit après moi je m’y suisrefusé, j’ai réagi fortement contre elle. Je m’ensuis sorti de nombreuses fois, j’y étais toujoursopposé. A froid je n’y suis pas opposé et je penseque quel que soit le moment où elle viendra, jesuis en paix avec ce que je pouvais faire, com-ment je pouvais me débrouiller, et donc, ça va.

Propos traduits de l’italien par Sylvain De Marco

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WINDUNGEN & LES RARES DIFFÉRENCESEmanuel Gat (Israël) / Marie-Agnès Gillot (France)

Le hip-hop, donc. Comme un pont jeté entredeux créations. Ce pont entre Windungen etLes rares différences, n’exclut pourtant pas lesdisparités de chacune d’elles. Le chorégraphe,d’abord. La première, Windungen, est signéeEmanuel Gat, chorégraphe contemporain isra -élien ; la seconde, Les rares différences, est ima-ginée par Marie-Agnès Gillot, danseuse étoile àl’Opéra national de Paris. Les références, aussi.Tandis que l’un impose à ses danseurs une par-tition musicale pour 12 violoncelles de Xenakis,la seconde confronte son trio de danseurs à lamobilité sculpturale de l’œuvre de Rodin. Lesdeux sculptent les corps, à l’instar de leursource respective : sonore pour l’un, sculptu-rale pour l’autre. Pont jeté entre sculpture etdanse ; avant eux, on se souvient…

Mai 1912, ParisNijinski, pour la première fois chorégraphe ausein des Ballets russes, monte L’après-midi d’unfaune, poème de Mallarmé écrit en 1876, querésumait ainsi Cocteau : «un faune sommeille,des nymphes le dupent, une écharpe oubliéesatisfait son rêve.» Le faune, personnage mytho -logique, renvoie inexorablement à l’Antique,thème récurrent en ce début de siècle. Veinehellénique que l’on trouvera contrariée endécouvrant la piècež–žNijinski s’inspirant, enfait, de peintures et bas-reliefs égyptiens où latête, les bras et les jambes sont montrés de pro-fil, tandis que le torse se présente de face.On dit volontiers que lors d’une visite au Louvre,alors que Bakst (peintre pour les Ballets russes)

l’attendait à l’étage, Nijinski resta, lui, éperdud’admiration à contempler les sculptures égyp-tiennes du rez-de-chaussée ; celles-ci qui inspi-reront fortement sa chorégraphie et son inter-prétation, en particulier la danse du faune. Desmouvements d’une extrême lenteur, des dépla-cements sur jambes fléchies, accentuant lapesanteur du corps, les pieds toujours à plat,bras angulaires, mains plates et doigts collés ;l’opposé de ce qu’on pouvait attendre de la partd’un danseur classique à la technique exacte,reconnu pour ses sauts maîtrisés et sa grâcenaturelle.

Janvier 2007, Suresnes« Quand un bon sculpteur modèle des corpshumains, il ne représente pas seulement la mus -cu lature, mais aussi la vie qui les réchauffe.»écrit Auguste Rodin dans L’Art. Déménager a dubon parfois. Se trouver à côté du musée Rodin,choisir d’y entrer, découvrir, puis se passionner.Marie-Agnès Gillot a su mettre en résonance ladanse avec Rodin. Le sculpteur inspire la jeunechorégraphe tant par ses œuvres que par sonanalyse esthétique, celle de «l’art qui n’existepas sans la vie».

Pour ses Rares différences, Marie-Agnès Gillot achoisi trois danseurs issus de la danse hip-hop,danse de tension, de puissance physique,d’énergie. Des interprètes qu’elle confronte à lamobilité sculpturale de Rodin, contraints d’évo-luer au ralenti avec une précision millimétrée.Les muscles au travail, beauté révélée, l’inter-prète se sculpte lui-même, sous l’œil de la cho-

régraphe. Celle qui a su saisir l’instant où l’ossa-ture du danseur, devenu modèle, lui permet deprendre la pose. Sollicitation des épaules, dudos, du buste, les muscles roulent sous la peaucomme de l’argile encore fraîche. Corps et pen-sée sont intrinsèquement liés chez Rodin, etc’est certainement ce qu’admire Marie-AgnèsGillot chez le sculpteur. L’intériorité des senti-ments peut être visible sur une sculpture auniveau de la finesse des muscles, chaque mus-cle étant chargé d’une tension différente selonle degré d’émotivité ou la nature de la pensée ;« le grand point est d’être ému, d’aimer, d’espé-rer, de frémir, de vivre. Etre homme avant d’êtreartiste !» Rodin.

Julie Decarroux-Dougoud

Windungen : Chorégraphie Emanuel Gat Interprétation Adam Alli / Daravirak Bun / Gaëtan Brun Picard / Vincent Simon / Fabrice Taraud Lumières Emanuel Gat Musiques Windungen pour 12 violoncelles de IannisXenakis / Au plus profond d’un étrange rêve éveillé de Robert Pascal Production Festival Suresnes Cités Danse 2008 –Cités Danse Connexions Diffusion Théâtre de Suresnes Jean Vilar

Les rares différences : Chorégraphie Marie-Agnès Gillot Interprétation Rachid Chabi / Marjorie Hannoteaux / Marc Mandravaheloka (Fish) Musiques Willie Bobo / Otto Bubenick / Gabriel Fauré Lumières Tom Klefstad Assistant Sébastien Bertaud Production et diffusion Théâtre de Suresnes Jean Vilar – Suresnes Cités Danse 2007 Avec le soutien de l’Association pour le Rayonnement de l’Opéra national de Paris

DanseMercredi 8 octobre à 20h30Au Théâtre Forum Meyrin Durée 1h10

Plein tarif : Fr. 39.– / Fr. 32.– Tarif réduit : Fr. 30.– / Fr. 25.– Tarif étudiant, chômeur : Fr. 18.– / Fr. 15.–

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WindungenDe la matière au son

Pièce d’Emanuel Gat pour cinq danseurs hip-hop, Windungen est née des improvisationsproposées par les interprètes en répétition.Seule la musique avait été choisie en amont ;c’est elle aussi qui donne son titre à la pièce :Windungen, du compositeur Xenakis, une œuvreéminemment mathématique pour douze violon-celles passés à l’ordinateur. Gat travaille lamatière musculaire de ses interprètes commeXenakis sculpte le son contenu dans les douzecaisses de résonance des douze violoncelles –thorax ondulant dont la voix est une danse, lesouffle un mouvement sec.

JD-D

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THÉMA TRACAS D’EROS II, CHRONIQUES DE NOTRE VIE AMOUREUSEFestival pluridisciplinaire du Théâtre Forum Meyrin, du 8 octobre au 14 décembre 2008

Du 8 octobre au 14 décembre 2008 (lire l’encadréci-contre), le Théâtre Forum Meyrin s’essaiera –pour la seconde fois – à interroger l’Amour. Lasaison passée, Tracas d’Eros I fut en effet l’oc-casion d’évoquer l’origine du désir : de L’Aurorede Murnau au spectacle tout public inspiré deGramsci – L’histoire du rat qui voulait de l’Amour,en passant par un débat mettant aux prises unneurobiologiste et un… urologue.

De l’origine du désir…Cette année, La belle et la bête de Jean Cocteau(que l’on comparera, avec profit, à celle, artau-dienne, du Teatro Kismet Opera accueillie enfévrier 2006, à Meyrin), de même que le Marivauxmonté par Jean Liermier à Carouge, Le jeu del’amour et du hasard, s’arrêteront sur ce qui sejoue dans la reconnaissance amoureuse, dansle surgissement d’un sentiment qui passe lesapparences. Le café Nous avons la joie de vousannoncer notre mariage questionnera, lui, l’am-pleur ou la facticité du hasard comme agent del’amour.

Agent fort différent, la contrainte est au cœurnon seulement du désespoir premier de la Bellemais également du chef-d’œuvre cinémato -graphique et mélodramatique de Jean Epstein,Cœur fidèle.

A la dysharmonieDans ce second volet relatif à nos déboiresamoureux, nous insisterons, en outre, sur la dif-ficulté de la séparation, prolongeant en cela le

propos tenu l’automne passé par Hanokh Levindans Une laborieuse entreprise. Les petitsarrangements de Claude-Inga Barbey, Je m’envais d’un délicieux duo de comédiens roumainset le goûter Des tracas dans la cour des grandsparticiperont de cette perspective. La subli -mation du deuil sentimental par l’art fera l’ob-jet d’une causerie avec l’écrivain MadeleineChapsal et d’une exposition, celle de JacquesDominioni dont les toiles voient s’affronterl’hybris d’éros et la mesure de la raison.

Jean-Claude Kaufmann nous signifiait, l’anpassé, dans sa causerie relative aux Agace -ments conjugaux, combien les disputes struc-turent parfois durablement les couples. Onpeut imaginer que la compilation proposée par Bergamote(s) confirmera l’observation duscientifique.

Temps, lieux et genres diversTracas d’Eros II nous donnera l’occasion d’assis-ter à des actualisations plus ou moins icono-clastes de deux grands mythes antiques del’Amour : celui d’Aphrodite et Adonis dans lacréa tion meyrinoise OpérAdôn et celui dePénélope et Ulysse dans L’odyssée des Epis noirset Les petits arrangements.

Avec La belle et la bête et Le jeu de l’amour et duhasard, c’est le XVIIIe siècle et l’irruption du sen-timent qui seront convoqués. S’y ajouterontdes œuvres des XX et XXIe siècles dont les cli-chés subversifs de Sophie Carlier auscultant les particularités et le formatage de l’érotismecontemporain.

L’ailleurs ne sera pas oublié : s’étant entretenue,plusieurs mois durant, avec des femmes ayantmigré jusqu’à Meyrin, une stagiaire du théâtreproposera, dans nos galeries, la restitutiond’émouvants récits de mariages obéissant àd’autres coutumes que l’helvétique.

Par ailleurs, une recherche bibliographiquemenée par la Bibliothèque Forum Meyrin per-mettra à l’amateur d’aller plus loin encore dansl’étude des tracas du cœur et un atelier d’écri-ture vous invitera à coucher vos émois sur lepapier.

Par le biais de spectacles théâtraux, humori -stiques, clownesque et musicaux, par celui defilms réaliste ou merveilleux, d’expositions dephotographies ou de tableaux, de causeries etde débats entre intellectuels et artistes etmême d’un atelier d’écriture faisant de vous lesacteurs de notre programme, bien des genresen somme contribueront à démêler l’écheveaumystérieux qui unit l’énamourement et l’imagi-naire artistique.

Mathieu Menghini

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« ... démêler l’écheveau mystérieux qui unit l’énamourement et l’imaginaire artistique. »

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Objectif des thémas

Lieu d’art et de connaissance, le Théâtre ForumMeyrin entend contribuer à approfondir leregard que nous portons sur l’art, la culture et lemonde. D’une part parce que c’est « le regardeurqui fait le tableau» selon la formule fameuse deMarcel Duchamp (lire page 7) et, de l’autre, pourproposer une alternative, évidemment modeste,aux produits des industries culturelles qui invi-tent le plus souvent au sensationnalisme, à desreprésentations superficielles de notre présenceau monde et à une vision consumériste du cultu-rel (dont le zapping télévisuel est l’image).

Selon une démarche perspectiviste et agissantà la manière d’une «agora artistique», nous fai-sons régulièrement – dans le cadre de ce quenous appelons des thémasž–ždialoguer les vuesde dramaturges, de chorégraphes, de musiciens,de plasticiens et d’intel lectuels sur un mêmeobjetž–žqu’il s’agisse d’une problématique for-melle ou sociétale.

MM

Le programme

Spectacles _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

OpérAdôn > 28 au 30 octobreDe Robert Clerc, Ziad El Ahmadie et Fredy Porras

Le jeu de l’amour et du hasard >31 octobre au 27 novembreDe Marivaux par Jean Liermier au Théâtre de Carouge

L’odyssée des Epis Noirs ou le monde à l’envers > 12 et 13 novembrePar la compagnie les Epis Noirs

Bergamote(s) > 19 au 22 novembreCompilation et nouveautés de Claude-Inga Barbey et Patrick Lapp

Je m’en vais > 25 et 26 novembreDe Marc Doré

Les petits arrangements >11 au 14 décembreDe Claude-Inga Barbey

Films _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

La belle et la bête >29 octobre ; 12, 13, 25 et 26 novembreDe Jean Cocteau

Cœur fidèle > 19 au 22 novembreDe Jean Epstein

Expositions _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Carlier – Dominioni >8 octobre au 1er novembrePhotographies et peintures

Récits de mariage >8 octobre au 1er novembreInstallations sonores

Rencontre _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

La douleur d’aimer > 14 novembreRencontre avec Madeleine Chapsal

Café des sciences _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Nous avons la joie de vous annoncer notre mariage > 27 novembreAvec les professeurs Claudine Sauvain-Dugerdil, Eric Widmer et Nicolas Favez.Modérateur : Emmanuel Gripon, journaliste

Goûters des sciences _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Des tracas dans la cour des grands >12, 19, 26 novembre et 3 décembrePour les enfants de 5 à 7 ans

Bibliothèque Forum Meyrin _ _ _ _ _ _ _ _ _

La bibliothèque municipale de Meyrin pro-posera une vitrine bibliographique sur lesujet de cette théma

Atelier d’écriture _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Fragments autobiographiques I >2 octobre au 11 décembre

Théma réalisée – comme l’an dernier – en collaboration avec la Fondation Maurice etNoémie de Rothschild

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L’AUTOPORTRAIT COMME JOURNAL INTIMEPar Sophie Carlier, photographe (France)

Du mercredi 8 octobre au samedi 1er novembre 2008. Au Théâtre Forum Meyrin, galerie du CouchantExposition / Vernissage mercredi 8 octobre à 18h30

Ouverture publique : mercredi et samedi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, ainsi qu’une heure avant les représentations. Egalement sur rendez-vous. Entrée libre.

Cette exposition intègre notre théma Tracas d’Eros II présentée pages 18-19.

Inspirée par l’objectif que s’était fixé FrankHorvath en 1999 – réaliser au moins un clichésignificatif chaque jour, la photographe SophieCarlier s’est imposé la même discipline accu-mulant depuis les autoportraits. Membre ducollectif Le Bar Floréal depuis 2003, Carlier estpar ailleurs connue pour ses reportages d’ac-tualité – notamment dans les pays de l’Est etles Balkans.

Mise en scène du corps, de son corps, toujoursrenouvelée. Sophie couchée, debout, active,passive, dévêtue, scénarisée. Fragments devisage, corps morcelé. « Ce sont de bizarresmessages codés, des bouteilles à la mer, destentatives de captation visuelle ou de traverséedes miroirs» indique-t-elle. Une photographiequi navigue entre poésie et crudité, humour encoin et désarroi. Avec, souvent, le ressassementd’une trilogie : solitude, absence, désir.

Ces portraits intimes ont peu à peu eu raison del’écriture. Elle qui tenait longtemps un journals’est détourné de l’écrit au profit de l’image,même si elle utilise parfois son corps commeune page blanche, vivante et vibrante, surlaquelle jeter des mots, des cris. L’autoportraitdevient une autre manière de se raconter, detraduire son univers intérieur, d’entreprendrel’exploration de soi.

Trois membres de la rédaction de Si ont acceptéde réagir à trois clichés par eux choisis :

Appelle-moi !

Amoureuse à la chevelure d’ébène, au corps d’al-bâtre, regard sombre rivé au plafond, abandon-née, perdue dans l’immensité d’un lit, en attente,offerte. Où donc est passé l’être aimé ? Celui vers qui tend le désir. «Appelle-moi ! Où es tu ?»Comment sup porter l’absence ? Elle, l’amantedélaissée, écoute s’égrener les heures auréoléede motifs rouge sang. Elle reste immobile, et,sous un air paisible, subit le pouvoir de l’autre,de l’absent.Et nous, regardeurs, combien nous comprenonsl’angoisse profonde qui l’étreint pour l’avoirconnue en des nuits interminables à guetter lespas de celui ou celle qui ne vient pas, qui peut-être ne viendra plus ; des nuits à attendre fiév -reusement la sonnerie d’un téléphone qui pour-tant reste muet. Cette photographie, telle uneréminiscence pudique, nous renvoie à nos dou-leurs amou reuses, à nos solitudes amères.Ushanga Elébé

L’ascension du mont de Vénus

Une photographie, deux réalités distinctes. Celle,d’abord, qui s’offre au premier plan : un intérieurdominé par l’exhibition d’un corps féminin, sanstête ; celle, ensuite, du second plan : la retrans-mission télévisée d’une course cycliste ou, plusprécisément, d’un coureur sans corps.Un motif relie l’intérieur domestique et lesimages du petit écran : des miniatures decyclistes en plastique. La transgression du limèsséparant ces deux réalités semble matérialiser le

double processus projection- identification quise joue entre le programme et sa téléspectatrice.L’axe du cliché, l’homme s’échinant dans unecôte – le torse partiellement à vue, ruisselant desueur, un rictus buccal trahissant l’effort – etson prolongement par les petites figurinesarpentant le relief des cuisses et du bas-ventrede l’artiste possèdent une indéniable chargeérotique. La scène nous porte à réinterpréter lecorps féminin : le pubis devenant un sous-bois ;et la différence d’échelle – favorable à la femme– la marque de sa position dominante, une po -sition que lui dénie, pourtant, son derme sillonné par les boyaux des sportifs.Mathieu Menghini

Miroir, mon beau miroir...

L’intimité de la salle d’eau. Pudeur et séductiondes genoux qui se touchent, d’un léger déhan-chement, l’équilibre fragile du rebord. Froideurdu carrelage, des contours anguleux du cadre,dans le cadre en contre-pied à cette tapisseriesurchargée. Trait d’union, la douceur du linge debain, pile immense et instable, derrière laquelle–žperdant nos repères, on imagine le haut ducorps de l’artiste, sa chevelure – cette énigma -tique tache noire que cachent à demi les ser-viettes. Les courbes du corps viennent contra-rier les horizontales et verticales sèches del’image, on retient, au centre, la sensualité d’untimide basculement du poids du corps. Imageréflexive d’un corps tronqué, autoportrait auvisage absent ; elle ne croquera pas dans lapomme. Julie Decarroux-Dougoud

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ESQUISSE DE L’INCONNUPar Jacques Dominioni, peintre (France)

Du mercredi 8 octobre au samedi 1er novembre 2008. Au Théâtre Forum Meyrin, galerie du LevantExposition / Vernissage mercredi 8 octobre à 18h30

Ouverture publique : mercredi et samedi de 10h00 à 12h00 et de 14h00 à 18h00, ainsi qu’une heure avant les représentations. Egalement sur rendez-vous. Entrée libre.

Cette exposition intègre notre théma Tracas d’Eros II présentée pages 18-19.

C’est un matin tranquille à La Tardière, villagedu bocage vendéen. Entrons en esprit avec lepeintre dans son lumineux et vaste atelier deLa Tuilerie, dans le silence de son rendez-vousquoti dien. Il s’y trouve de 6 heures du matin à 2heures de l’après-midi à l’écoute d’une œuvre àvenir, en présence de peintures en phase dematuration. Imaginons-le, en attente, devant letableau encore invisible, théâtre d’une pro-chaine éclosion. Imaginons ce passage de l’es-pace intérieur à celui qui se découvre peu à peusur la toile blanche.

Laurence Carducci : Que se passe-t-il dans lespremiers moments ?Jacques Dominioni : Je n’ai pas de projet, pas detechnique. Je crée d’une façon gestuelle destaches de couleurs. Il me faut un grand formatpour libérer le geste. Je couvre complètement latoile et je me sens mieux.

On ressent bien ce transfert d’énergie vitale,cette densité de la pulsion dans votre travail.Néanmoins, cela n’a rien à voir avec la démarchedes tachistes qui passent à l’action à partir d’uneémotion soudaine d’une manière presque viscé-rale. Vos tableaux sont très construits. D’où vien-nent ces formes où des personnages se devinentdans une ample chorégraphie à la recherched’harmonie ? Ils apparaissent, s’affrontent ets’unissent à la fois, blessés et sublimés ?Ils ne sont pas conçus à l’avance. Je tiens à con -server ma spontanéité. Mais la constructionc’est l’histoire de ma vie artistique, particulière-

ment de ma période précédente. Jusqu’en 2006,les compositions étaient plus abstraites et géo-métriques. Les lignes de tension subsistent.C’est mon côté architecte.

Ce qui surprend, c’est la cohérence qui s’établitd’emblée entre la puissance instinctive de laforme et les éléments linéaires qui fusionnentalors qu’ils pourraient être logiquement in -com patibles. Comment pouvez-vous concilierces deux tendances ?On me définit difficilement. Je me souviens dema rencontre dans les années 1950 à 70, à Saint-Paul-de-Vence, avec des artistes célèbres. Ils medisaient que j’étais en marge des courants. Je neme préoccupe pas de cela. En fait, je peins pourm’étonner moi-même. J’ai fréquenté des gens quim’ont déclaré que ce qu’on disait de leur travailles modifiait. Je n’ai pas du tout envie de cela.

Alors, Jacques Dominioni a fui la Méditer -ranée à la recherche d’un milieu plus au -thentique. Après avoir vécu l’effervescenceartistique de Saint-Paul-de-Vence, il travailleen solitaire, mais pas en ermite.

A 73 ans, vous poursuivez une découverte per-sonnelle et artistique commencée à 14 ans.Je suis dans l’épanouissement. On s’amélioreavec l’âge, même si le physique commence àdécliner. J’aspire à quelque chose de plus grand,c’est un privilège, c’est passionnant.

Vous allez de l’avant librement pour vousdécouvrir à travers vos réalisations. Comment

mûrissent vos tableaux ? Les achevez-vous encontinuité, du début à la fin ?Je suis tous les jours à l’atelier. Je ne terminetoutefois pas tout de suite les toiles. Elles sontsous mes yeux. C’est alors que les détails m’ap-paraissent. Je peux ensuite amener la toile toutdoucement vers l’achèvement. Un tableau amène l’autre. On en fait ce qu’onfait dans sa vie. C’est le même tableau qui con -tinue. Ils me sont d’ailleurs si proches que je m’yattache et que j’ai de la peine à les voir partir. Pour ce qui concerne le déroulement du travailet comme je le rappelle à mes élèves : il faut pas-ser du temps pour regarder. Il faut vivre avecson tableau pour pouvoir aller plus loin. L’œilprend le temps de devenir étranger au tableau.Mais il demeure présent. Lorsqu’il le faut, je melève la nuit. C’est un moment sacré, être là,concentré au maximum. On peut dire que l’onne fait qu’un seul tableau dans sa vie, c’est lemême tableau qui continue.

On pense à Bissière qui écrivait : «Une pein-ture, c’est l’image de quelqu’un, sa projec-tion tout entière, sans mensonges ni réti-cences, avec ses misères, comme avec sesbeautés. A mesure qu’on fait une décou-verte, on en pressent aussitôt une autre, etainsi éternellement la conception est enavance sur la réalisation.»

Propos recueillis par Laurence Carducci

«La métamorphose de la toile ouvre des chemins secrets que Jacques Dominioni explore par passion, car il ne saurait vivre sans ce miroir magique.»

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SOIRÉE CHOROJosé Barrense-Dias / Yamandú Costa Trio (Brésil)

Né à Rio dans la seconde moitié du XIXe siècle,le choro est une musique populaire instrumen-tale antérieure à la samba et à la bossa-nova –dont il est une des sources. Considéré commel’expression la plus riche de la musique brési-lienne, le choro est aujourd’hui en partie écrit,mais laisse ouvertes les possibilités d’improvi-sations mélodiques, de variations harmo-niques et d’ornementations rythmiques.

Le Théâtre Forum Meyrin accueille deux maîtresde la guitare brésilienne, l’un résidant en Suisseet l’autre en provenance directe du Brésil. Si onne présente plus le premier, le second a été ré -vélé au grand public par le documentaire Brasi -lei rinho du réalisateur finnois Mika Kaurismäki(lire en page 23).

Le jeune prodigeYamandú Costa a commencé à jouer de la gui-tare à l’âge de 7 ans avec son père. Jusqu’à l’âgede 15 ans, son unique école fut la musiquerégionale du sud du Brésil, de l’Argentine et del’Uruguay. Après avoir écouté Radamés Gnattali,il fit des recherches sur d’autres musiciens brésiliens dont Baden Powell, Tom Jobim etRaphael Rabello. Plusieurs prix et albums dévoi-leront son talent et de nombreuses tournéessuivront, aussi bien au Brésil qu’à l’étranger.

Le talent confirméJosé Barrense-Dias a toujours été fasciné par lamusique. Sa découverte, un soir, dans un bar deSão Paulo, du guitariste Paulinho Nogueira

marquera le véritable tournant de sa vie. Nouslui avons demandé à quand remonte sa rencon-tre avec le choro…

José Barrense-Dias : A Bahia, dans ma région, il yavait des solistes de choro qui avaient une vir-tuosité extraordinaire. J’assistais à des formesde duels entre guitaristes. Tous les grands musi-ciens brésiliens sont passés par le choro, parceque c’est l’équivalent de la musique classiquepour le rythme, la technique et l’improvisation.

Sylvain De Marco : Comment se fait-il qu’unemusique si incontournable au Brésil soit si peuconnue en Europe ?José Barrense-Dias : Beaucoup de choses issuesdu Brésil, quand elles arrivent ici, sont appeléessamba. Au début, le choro était instrumental ;ensuite, on a commencé à y ajouter des paroles.Mais peu de chanteurs étaient capables de leschanter : ça allait trop vite ! Alors qu’en samba,vous pouvez chanter… Tom Jobim, Baden Powell,et bien d’autres grands musiciens brésiliens ontcomposé des choros que les gens considèrentcomme de la samba ou de la bossa-nova.

Où donc est la frontière ?C’est une question de spécialistes. Le choro aété beaucoup influencé par le classique, et surtout par Bach. Moi, je peux vous dire immé-diatement en écoutant un morceau si c’est unchoro, mais il m’est très difficile de l’expliquer…

Au fait, que veut dire choro ?Ça vient de pleurer, parce qu’à l’époque, lesmusiciens jouaient avec le style ancien – c’est-

à-dire beaucoup de vibrato. Les instrumentspleuraient comme les chanteurs.

Nous avons surtout parlé de choro. Peut-êtrepourrions-nous conclure avec un événementdéterminant de votre carrière…En 1985, je suis allé assister au festival de jazzde Montreux pour entendre João Gilberto etAntonio Carlos Jobim. Or, aucun d’eux ne voulaitdébuter la soirée. Le directeur du festival estvenu me supplier d’assurer, au pied levé, la pre-mière partie. Sans même avoir eu le temps d’ac-corder ma guitare, je me suis retrouvé surscène. C’était un pari insensé, mais le publiccommençait à manifester son impatience ; j’aiattaqué une première mélodie dans le brou-haha. Au troisième morceau, il n’y avait plus unbruit : c’était magique. Cette aventure m’a dé -montré que ma musique n’est pas réservée auxpetites salles, et que je peux tout aussi biencaptiver un auditoire de plusieurs milliers despectateurs. Quelle que soit la taille de la salle,je reste exactement le même. C’est une ques-tion d’état d’esprit.Claude Nobs a dit un jour : « José Barrense-Dias,pour moi, est le seul artiste brésilien capable defaire une synthèse de la musique brésilienne en trente minutes.» Au long de ma carrière j’ai aussi partagé la scène avec de grands noms de la guitare comme Paco de Lucia, John Mc Laughlin, Barney Kessel, Stanley Jordan,Charlie Bird, Baden Powell, Rosinha de Valenca,Paulinho Nogueira, Toninho Ramos et beaucoupd’autres.

Propos recueillis par Sylvain De Marco

Première partie : Guitare, voix, berimbau José Barrense-Dias (Il présentera ses propres compositions et celles, connues, de quelques compositeurs brésiliens.)

Seconde partie : Guitare Yamandú Costa Violon Nicolas Krassik Contrebasse Guto Wirtti

Dans le cadre du festival JazzContreBand

Musique du monde Vendredi 10 octobre à 20h30Au Théâtre Forum Meyrin Durée 2h20 (entracte compris)

Plein tarif : Fr. 39.– / Fr. 32.– Tarif réduit : Fr. 30.– / Fr. 25.– Tarif étudiant, chômeur : Fr. 18.– / Fr. 15.–

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Brasileirinho (2005, Suisse / Finlande / Brésil)

Brasileirinho est une évocation du choro, fruitdu métissage de mélodies européennes et desonorités afro-brésiliennes. Si le film évoquel’histoire du choro, il offre surtout une imagecolorée de la vitalité actuelle de cette musique.Le fil conducteur en est le Trio Madeira Brazil,un combo composé de trois musiciens d’excep-tion. Pendant une roda de choro, une sorte dejam-session traditionnelle brésilienne, le trioélabore un projet de concert…

Mika Kaurismäki, réalisateur : « J’avais fait unautre documentaire sur la musique brésilienne,Moro no Brazil, avant celui-ci. Il est arrivé qu’àLausanne, je crois que c’était à la première dece documentaire en Suisse en mai 2003, il y avaitune séance de questions après la projection. Unmonsieur, à l’évidence fan de choro, m’a de man -dé pourquoi je n’avais pas de choro dans monfilm. J’ai dit que j’aimais beaucoup le choro,mais que le choro mériterait un film entier pourlui seul. Ce monsieur a dit qu’il produirait cefilm. Et c’est précisément ce qui s’est passé.Marco Forster a tenu parole, et nous avonscommencé à concevoir le film, en collaborationavec le superviseur musical Marcello Gonçalves.Nous avons essayé de constituer une sélectionreprésentative des musiciens et différentsaspects du choro, en tentant de montrer samultitude de facettes. Je connaissais déjà bonnombre des musiciens, comme Paulo Moura,Yamandú, Trio Madeira Brazil, Zé da Yelha,Silverio Pontes,… En fait, beaucoup jouent ausside la samba et d’autres musiques brésiliennes,et beaucoup parmi eux ont également jouédans le club que j’avais à Rio il y a quelquesannées.»

Propos recueillis parAretta Vähälä pour la Finnish Film Foundation

Le festival JazzContreBand

«C’est un réseau qui réunit sept structuresfrançaises et six helvétiques. Un chaudronbouillonnant où chacun invite ses voisins»s’exclame Roland Le Blévennec, présidentdu festival. «Si JazzContreBand n’existait pas,les responsables des structures culturellesde ces villes, de ces régions, les associationset le public qui les portent, ne se rencontre-raient que très rarement. Notre région foi-sonne de musiciens talentueux, que nousencourageons à voyager. Notre mission delevier artistique prend alors tout son sens.»Signalons que les abonnés des différentesstructures participant à l’événement –ždontle Théâtre Forum Meyrinž–žbénéficient deréductions sur les prix d’entrées des autreslieux.

Renseignements sur www.jazzcontreband.com

Propos recueillis par SDM

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Omar Porras, sorcier de la scène constitue lepremier documentaire sur le metteur en scènesuisse d’origine colombienne, fondateur etcréateur d’un théâtre conquérant qui a révo -lutionné le genre. Marcher. Conquérir. Rêver.Telle est son histoire.

Du métro aux lambris dorésPour la première fois, Omar Porras a acceptéqu’une caméra pénètre au cœur du processusde création du Teatro Malandro et dévoile lescoulisses de son laboratoire en perpétuelleévolution.

Tout bascule en 1990 à Genève quand la mou-vance artistique, liée à la culture des squats,imprime un nouveau souffle dans la créationthéâtrale suisse. La presse parle d’un gars «quifait des choses» dans un garage désaffecté, où Artaud et le théâtre balinais, le travail demasque et la commedia dell’arte se côtoientdans un sublime puzzle des cultures. Le TeatroMalandro est né !

J’ai voulu comprendre comment cet artistecolombien est passé des spectacles sur la ligne1 du métro parisien aux ors de la Comédie-Française. De la foisonnante scène alternativede Genève, dans les années 90, jusqu’aux plusprestigieux théâtres à travers le monde. Cela endressant un portrait intime du metteur enscène, magicien sans cesse en mouvement.

La grossesse de PuntilaFilmé pendant 14 mois en immersion totale, ledocumentaire permet de vivre étape par étape,la création de Maître Puntila et son valet Mattide Bertolt Brecht. Des images exceptionnelles,des moments de doute et de joie au cœur d’unecréation qui se construit devant nos yeux. Ondécouvre comment, ce qui ressemble à un «capharnaüm organisé» se transforme peu àpeu en spectacle empli de magie. Il y a surtout letravail avec les masques, discipline centrale dela méthode de travail d’Omar Porras. Dans lescoulisses, on vit aussi la pression avec les comé-diens à quelques jours de la première.

Des images d’archives de l’aventure Malandroviennent donner un éclairage inédit sur cettetroupe en permanente évolution depuis plus de 17 ans. Omar Porras dévoile ses archives àl’équipe du documentaire, des images quideviennent comme un jeu de miroirs entre la viepersonnelle et la vie artistique d’Omar Porras.La scène comme un exutoire ou comme un refletdes moments forts de l’existence du metteur enscène.

D’autres gens de la scène, fins connaisseurs de son univers, nourrissent de leur regard letableau général sur le travail de la troupe. RenéGonzales, directeur du Théâtre de Vidy, Jean-Marie Blanchard, directeur du Grand Théâtre deGenève, Mathieu Menghini, directeur du ThéâtreForum Meyrin, ou encore Fredy Porras, le frèred’Omar, complice depuis toujours, donnent desclés de lecture de cet univers fascinant etsecret en même temps.

Les racines intimesEt pour mieux encore appréhender l’itinérairede cet enfant agité et pénétrer les sources deson univers coloré, on le retrouve en Colombiesur les traces de son enfance et de son adoles-cence. Un Porras intime qui se raconte, fils depaysan modeste, enrôlé deux ans dans l’arméecolombienne pour financer ses premières perfor-mances. Ce voyage, presque initiatique, permetde retrouver l’étincelle qui a allumé le feu sacréde l’artiste.

Voyage entre présent et passé, entre les squatsdes débuts et les planches du Grand Théâtre de Genève et de la Comédie-Française. Le filmrecon stitue en crescendo le puzzle Omar Porras,l’histoire d’un artiste en mouvement perpétuel.

Marcher. Conquérir. Rêver. Telle est son histoire.

Miruna Coca-Cozma

OMAR PORRAS, SORCIER DE LA SCÈNEPar la réalisatrice Miruna Coca-Cozma

Production PointProd

Le Teatro Malandro est en résidence au Théâtre Forum Meyrin.

Film documentaireSamedi 11 octobre à 20h30Projection – en avant-première – au Théâtre Forum Meyrin*

Lundi 1er décembre à 20h35 Diffusion sur TSR 2

*Un nombre limité d'invitations sont à disposition(jusqu’au 9 octobre inclus). Merci de vous annoncer au plus vite auprès de [email protected]. La projection sera suivie d'une petite collation exotique et offerte !

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LE PETIT POUCETPar la compagnie Accademia Perduta (Italie)1er prix au Festival international jeune public Momix 2007

Ce petit Poucet prend forme entre brindilles etbrimborions. Il lui faut peu de chose pour exister.L’Accademia Perduta pratique, mine de rien, legrand art de l’évocation pour donner vie auxéléments les plus anodins.

Garnement malicieux et intrépide, le petitPoucet arpente la scène sous les traits deClaudio Casadio. Par une nuit d’hiver, lorsque leventre crie famine, on frissonne avec lui dansles courants d’air de la maison. Si misérablesoit-il pourtant, l’humble logis demeure, pourl’enfant et ses frères, le centre du monde. Ils yreviendront quoi qu’il arrive. Malgré la trahisonparentale, le clan familial doit demeurer intact.

Esquiver la peurL’histoire est connue. De désespoir – ne parve-nant à nourrir leurs sept garçons, les parentscomploteront de les amener dans des boisinconnus pour les abandonner. La piste despetits cailloux imaginée par le petit Poucet leurpermettra de revenir une première fois. Ensuitela trace est perdue et l’angoisse s’installe.Rassurante, tendre et drôle, la silhouette dégin-gandée de Casadio est là – qui tient le publicpar la main. Grandir c’est dominer ses appré-hensions, savoir que la peur existe mais lessolutions aussi.

Astucieux, l’enfant minuscule ne perd jamaiscourage. Avec une souplesse de chat de gout-tière, le comédien crée tout un espace autour

de lui. Les spectateurs le suivent de la cave augrenier et jusque dans les tiroirs.

Loin du merveilleux et des fées salvatrices, ce conte de Perraultž–žrévolutionnaire pourl’époque – souligne que la volonté et la sagessehumaines permettent de sortir des situationsdifficiles sans compter sur la Providence. A pro-pos d’Hansel et Gretel, un autre conte joué en2006 à Meyrin par l’Accademia Perduta, ClaudioCasadio évoquait des situations réelles : «Lesenfants d’aujourd’hui sont concernés. Il y adans le monde beaucoup de petits abandon-nés, laissés à la rue». Lors de conflits militaireset politiques, ils sont les premiers à souffrir.Partout, des ogres sont là, qui portent un autrenom. Dans notre société, des petits Poucetsubissent les conséquences des divorces, lesdéplacements d’une famille à l’autre, la pertede leurs repères.

La délicatesse de l’essentielSur cette trame inusable tant elle contient devérités, Claudio Casadio, Gianni Bissaca etMarcello Chiarenza construisent toute unegamme d’émotions. L’ingrate maison pater-nelle devient lumière dans la nuit, la table de lacuisine un atelier de l’imaginaire. Richessescachées dans ce décor d’apparence austère,toutes les potentialités de la scène sont mises àcontribution. L’éclairage joue un très grand rôleégalement. Essentiellement nocturne, il favorisele rêve et valorise les plus petites choses. Pourarriver au degré de suggestion qui caractérisele style de l’Accademia Perduta, il y a vingt ansde pratique.

L’esprit des productions de la compagnie doitbeaucoup à ce singulier créateur qu’est lesculpteur Marcello Chiarenza. Fasciné par lapuissance de suggestion et la force des sym-boles, il invente des objets ingénieux et poé-tiques à partir de matériaux naturels qui se pla-cent comme des éléments clés, simples et effi-caces. Ils sont là tel un fil rouge qui accom-pagne la narration.Depuis une quinzaine d’année, Chiarenza s’estconstruit un style capable de capter l’attentiondes enfants en leur empruntant leur pouvoir detransformer les objets les plus humbles pourinventer des histoires. Architecte de formation,il lui arrive aussi de créer des scénographiesspectaculaires sur des places publiques ou dessites naturels pour suggérer le passage dutemps ou mettre en scène des évocations histo-riques dont l’Italie est friande.

Laurence Carducci

Adaptation Marcello Chiarenza Mise en scène Gianni Bissaca Interprétation Claudio Casadio Musiques Cialdo Cappelli

Accueil réalisé en collaboration avec la Fondation Maurice et Noémie de Rothschild

Théâtre / Tout public dès 5 ans Mardi 14 et mercredi 15 octobre à 19h00Au Théâtre Forum Meyrin Durée 1h00

Plein tarif : Fr. 20.– Tarif réduit : Fr. 17.–Tarif étudiant, chômeur, enfant : Fr. 10.–

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OPÉRADÔNDe Robert Clerc, Ziad El Ahmadie et Fredy Porras (Suisse / Liban)

Robert Clerc aime la musique et le théâtre. Ilaime aussi partir à la découverte des culturesdu monde. D’un voyage au Liban, il est revenuavec le désir d’aller plus avant dans sa rencon-tre avec le joueur de oud Ziad El Ahmadie. Pourlui, et pour d’autres compagnons d’aventure, ila écrit le livret et la musique d’OpérAdôn.

Cet opéra de tréteaux, conçu tout public, a pourtitre un mot-valise à forte charge évocatoire.OpérAdôn : le don de l’opéra, l’opéra d’Adôn (motsémitique qui signifie « seigneur »), l’œuvred’Adôn… Adôn n’est autre qu’Adonis. Dans sacréation musicale, Robert Clerc s’empare ainsid’une figure empruntée à la mythologie gréco-romaine pour raconter la vie du dieu symboli-sant la mort et le renouveau de la nature.

Adonis naît en été, de l’écorce d’un arbre à myrrhe. Il est élevé en automne par les nymphesde la forêt. Il est chéri en hiver par Aphrodite,déesse de l’amour. Il meurt au printemps, dansun champ de laitues, tué par le sanglier d’Arès, ledieu de la guerre. Une fleur éclot du sang verséet entremêlé aux larmes de l’amante. De Zeus, leDieu des dieux, Aphrodite obtient que cettefleurž–žbaptisée Adonisž–žjaillisse de la terre chaque année pour célébrer la renaissance duprintemps.

Entretien

Rita Freda : Quel motif a premièrement inspirél’écriture d’OpérAdôn ?Robert Clerc : Plus que l’écriture, c’est le plaisirde la rencontre et de la découverte qui motivemon travail. Je compose d’abord pour les musi-ciens. Ce sont eux qui m’inspirent. OpérAdôn estné de ma rencontre à Beyrouth, en 2004, avecZiad El Ahmadie, magnifique joueur de oud (lutharabe). Nous avons en commun la même curio-sité pour le langage et la culture de l’autre.Après une première collaboration sur la créationde A l’ombre du grand arbre en 2006 (partitionpour oud, chœur, orchestre et quatre person -nages), j’ai voulu poursuivre et approfondir larelation entre le oud et l’orchestre européen, laculture moyen-orientale et occidentale, la tradi-tion orale et écrite, la langue arabe et le français.

J’ai choisi les musiciens pour leur personnalitéet leurs propositions artistiques fortes. La parti-tion d’OpérAdôn intègre et tire parti de ces sen-sibilités différentes (…). La musique d’OpérAdôna été composée pour être vue. Elle serait doncincomplète sans la collaboration de FredyPorras, grand générateur d’images et de poésieque j’ai déjà côtoyé à plusieurs reprises depuis1996 sur les créations du Teatro Malandro.Depuis une quinzaine d’années, deux compa-gnons accompagnent mes projets artistiques :José Luis «Sarten» Asaresi, musicien et ingé-nieur du son aux oreilles précieuses, qui assurel’image sonore, et Fabrice Domergue, qui signeles lumières. Je me sens en famille, dans unefamille recomposée.

Quelle est la singularité de chacune des parti-tions écrites pour les deux chanteurs-acteurs ?L’histoire est jouée par deux personnages quiressemblent à des enfants s’inventant des aven-tures à l’insu des adultes. La partition féminine,celle d’Aphrodite, est essentiellement chantéeet dansée en français et en arabe. La partitionmasculine est plus complexe puisque l’acteur-chanteur interprète tour à tour le narrateur,Adonis, le roi Pârsî et Zeus. A l’instar du cory-phée dans la tragédie grecque, ou d’un maîtrede cérémonie, il assure l’interface entre la scèneet la salle. Il présente l’action, pose le décor et,entraîné par le plaisir de la narration et du jeu,se met à interpréter les personnages qu’ilinvente sur son cheval de bois. « Je joue dans lesprés, je cours dans les bois, et quand je me pro-mène, je tourne trois fois. Trois fois sur moi-même, et je suis un roi, une reine, une déesse unenfant et tout à la fois ! …». Il est conteur, acteuret même témoin de ses propres histoires. Il n’y apas de direction d’orchestre, c’est donc lui qui,sur le plateau, tout en assurant la cohérencenarrative, devient le garant du rythme. En fait,ce rôle me ressemble. Comme je ne suis niacteur, ni chanteur, je ne voulais pas le défendresur scène. Cependant, Fredy Porras m’ademandé de me présenter aux auditions qu’ilfaisait passer. Et il a décidé de me confier cettepartition masculine !

D’où vient votre intérêt pour le métissage descultures ?Je travaille d’abord avec des personnalités dontla réalité artistique me touche. Il se trouve queces artistes viennent de Suisse, du Liban, de

Musique et livret Robert Clerc Collaboration à la musique Ziad El Ahmadie (Liban) Poèmes en arabe d’après le livret Mahdi Mansour (Liban) avec la collaboration de Rima Baz (Liban) Mise en scène et scénographie Fredy PorrasAssistant mise en scène et chorégraphie Joseph Trefelli Adonis / jeu et chant en français Robert ClercAphrodite / jeu chant en arabe et français Yvonne El Hachem (Liban) Oud Ziad El Ahmadie Clarinettes Nicola OrioliQuatuor à cordes Fratres Emily Eng / Laurent Galiano / Nicolas Penel / Mathieu Rouquié Contrebasse Jean-Luc RiesenPercussions Stéphane Péchoux Costumes Maria Galvez Assistant décorateur Jean-Marc Bassoli Création lumière,régie générale Fabrice Domergue Ingénieur du son José Luis «Sarten» Asaresi Administration France JatonPhotographies Luca Solari Assistant stagiaire Théo Kummer

Robert Clerc est lauréat du concours 2007-08 / bourse d’aide à la composition musicale du département de la Culturede La Ville de Genève Avec le soutien de la Société Suisse des Auteurs / la Fondation Nicati-de Luze / la Fondation

meyrinoise pour la promotion culturelle Résidence au Théâtre de La Traverse Coproduction Théâtre Forum Meyrin

Ce spectacle intègre notre théma Tracas d’Eros II présentée pages 18-19.

Opéra de tréteaux / CréationTout public dès 5 ansMardi 28 et mercredi 29 octobre à 20h30,jeudi 30 octobre à 19h00Au Théâtre Forum Meyrin Durée 50 minutes

Plein tarif : Fr. 20.–Tarif réduit : Fr. 17.–Tarif étudiant, chômeur, enfant : Fr. 10.–

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France, d’Italie, du Canada, de Colombie,d’Argentine. Ces différentes cultures permet-tent à chacun d’acquérir une dimension supplé-mentaire, d’offrir une plus-value. Mais ellesentraînent aussi une prise de risque, car il fauts’inventer un langage et un espace communs,accepter de se perdre dans l’autre (…). La culturede chacun se trouve réactualisée. Pour ma part,je parlerais plus volontiers de syncrétisme quede métissage. La culture et la tradition sontcomme un terrain dans lequel puiser sa force.La partition musicale d’OpérAdôn est traverséede citations qui sont autant d’hommages à descompositeurs issus de toutes les cultures : SayedDarwich, Francis Poulenc, Georges Yazbek, AntonDvorak, Osvaldo Fresedo, etc.

Pourquoi avez-vous opté pour le genre opératique ?La musique est pour moi toujours analogique.Elle appelle une situation, une image, un texte.Mon école de compositeur est le théâtre. Ici lamusique est concrète, fonctionnelle, délin-quante et sans parti pris esthétique. Elle doitservir le plateau. Là où la dramaturgie donne lesens à l’œuvre, la musique, elle, s’adresse auxsens. J’écris une musique «sensationnelle». J’aipar ailleurs formé mon oreille à l’écoute desmusiques de film et je garde en mémoire malgrémoi, les traits d’orchestre d’opéras et demusiques de scène que j’ai pu jouer comme bas-soniste d’orchestre. Je qualifierais mon travail«d’opéra de tréteaux», un genre qui réunit lamusique, l’image et le texte, et qui par là-mêmeparle à tous (…). L’idée était de trouver lesmoyens minimaux pour raconter une épopée

épique, me forcer à l’économie sans tomberdans l’indigence. Limiter les artifices pour allerà l’essentiel.

Qu’est-ce que, pour vous, un «opéra de tréteaux» ?Dans cette expression sont juxtaposés deuxtermes apparemment antinomiques. L’opéra estun genre connoté et renvoie à un lieu architec-tural déterminé. Les tréteaux évoquent la placedu village et le théâtre ambulant. Je pourrais qualifier ce travail «d’opéra nomade», ou de«théâtre de variétés» («variété» est à prendreici au sens étymologique du terme et signifie :«qui est varié»). Il s’agit d’une musique à voir etqui voyage.

OpérAdôn joue du théâtre dans le théâtre.Qu’est-ce qui vous intéresse dans ce procédé ?J’aime l’idée d’un théâtre où le spectateur pris àtémoin et mis dans la confidence voit l’histoirese construire sous ses yeux. On ne lui cache rien,on convient avec lui des codes. Je pense que lamagie est d’abord ancrée dans la réalité et secrée ensuite avec le public. Autour de l’espacede jeu, le théâtre est dans la vie, à découvert etsans artifices. La manière de voir ou d’écouterest plus importante que ce qui est réellementmontré. La magie du théâtre est d’abord liée à lanature de la relation entre la scène et la salle. Lespectacle fournit les éléments avec lesquels lespectateur va pouvoir composer. De fait, on faitdu théâtre dans un théâtre.

Propos recueillis par Rita Freda

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LA BELLE ET LA BÊTEDe Jean Cocteau (1946 / France)

«Un rêve dormi debout» : l’expression est deJean Cocteau. Le poète l’a forgée pour l’appli-quer à son film le plus célèbre. Malgré lesannées et l’aspect un peu suranné de son inter-prétation, La belle et la bête ensorcelle toujoursson spectateur. A quelle mystérieuse alchimiedoit-on ce charme qui opère encore ?

Dans son journal, à la date du 15 janvier 1944,Jean Cocteau annonce qu’il va commencer àécrire l’adaptation du conte pour enfants deMme Leprince de Beaumont. «Dans ce travail,écrit-il, il se forme un monde où rien n’arrive decette ville en berne et de l’Europe.» La ville dontparle Cocteau est bien évidemment Paris quiattend sa libération.

Ce désir de fuite dans et par l’écriture d’une réa-lité très peu jouasse a sans doute joué un rôleimportant dans la genèse de La belle et la bêtequi exalte un merveilleux intemporel n’exha-lant en rien les miasmes de l’époque. De fait,l’air empoisonné du temps n’aura fait qu’exa-cerber la disposition du poète pour ce qu’il aappelé lui-même le «réalisme magique». Dès lafin des années vingt, Cocteau a considéré lecinéma comme une dixième muse. Plusieursfois, il a fait état que le mot «magie» en étaitl’anagramme rêvée (« image»).

Une anagramme rêvéeCocteau aborde la production de son longmétrage dans le même état d’esprit, soucieux depréserver son innocence d’artiste, qu’il apparieà celle du conte, comme le montre de façon

indirecte une anecdote rapportée dans son jour-nal et datée du 27 janvier 1944. Selon son déco-rateur, le génial Christian Bérard, lui-mêmeinformé par un rat de la Bibliothèque nationale,Mme de Beaumont aurait fait éditer en 1757deux versions de son conte, l’une expurgée etraccourcie destinée aux enfants, l’autre, plusdéveloppée et audacieuse, pour les adultes.Cette facétie semble déplaire à Cocteau, à voirson soulagement à peine dissimulé, le jour où ilpeut constater de visu que les deux versionssont identiques à deux ou trois mots près !

Entre nous, cette variante plus animale existebel et bien, mais c’est une certaine Mme deVilleneuve qui en est l’auteur, et l’a publiée vers1740. Alors que la Bête de Mme de Beaumontdemande chaque soir à la Belle si elle veutl’épouser, celle de Mme de Villeneuve se révèlenettement plus directe, car elle adresse à lamalheureuse captive un «voulez-vous coucheravec moi ?» pour le moins ambigu, même si l’ex-pression, à l’époque, signifiait plutôt «acceptez-vous de dormir avec moi ?», sans toutefois sedépartir de sa connotation sexuelle.

Quinze ans après, Mme de Beaumont s’est biengardée d’une telle érotisation, que son projetlui interdisait de toute manière. Emprisonnéedans un recueil de contes didactiques intituléLe magasin des enfants, sa Bête à elle devaitavant tout donner matière à des discussionsexemplaires entre les élèves et la maîtressed’école, fournir un prétexte à des appels trèsmoraux à la bonté et à des mises en gardecontre les apparences.

«Le bain lustral de l’enfance»Le récit moral de Mme de Beaumont permet àCocteau de recouvrir « les récifs des fantasmesdu bain lustral de l’enfance», mais sans pourautant verser dans l’édification. Il modifie la findu conte dans ce sens, en supprimant la Féebienfaisante qui distribuait les bons et les mau-vais points, laissant aux personnages le soin deforcer leur destin. En faisant jouer par le mêmeacteur (Jean Marais) les rôles de la Bête, duPrince et d’Avenant (le courtisan intéressé), ilcrée une équivoque qui redouble en l’inversantle thème des «apparences trompeuses»…

Mais, assurément, toutes ces savantes considé-rations restent impuissantes à vraiment percerle secret du charme immortel de La belle et labête. La voix de la Bête, «une voix d’infirme, demonstre douloureux», comme l’a écrit Cocteau ?Les cariatides et chandeliers vivants du maîtredécorateur Bérard, qui, encore aujourd’hui, fontla nique au nec plus ultra des technologiesnumériques ? La lumière sublime du génial HenriAlekan qui a su créer un univers fantastique«imposant le silence au scepticisme et l’incré-dulité» ? La musique de Georges Auric, eupho -rique, au point de conférer au film entier uneallégresse angoissante ? Un tournage com-mencé le dimanche 26 août, le lendemain mêmede la libération de Paris, dont Cocteau dit lui-même qu’il « incarna l’harmonie même» ?

Vincent Adatte

Film / Tout public dès 7 ansMercredi 29 octobre à 18h00(suivi à 20h30 du spectacle OpérAdôn)Mercredi 12 et jeudi 13 novembreà 18h00 (suivi à 20h30 du spectacle L’odyssée des Epis Noirs)Mardi 25 et mercredi 26 novembre à 18h00 (suivi du spectacle Je m’en vais)Au Théâtre Forum Meyrin, salle audiovisuelleDurée 1h40

Entrée : Fr. 5.–Réservation conseillée au 022 989 34 34

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Scénario Jean Cocteau d’après le conte de Mme Leprince de Beaumont Interprétation Marcel André / Michel Auclair / Josette Day / Nane Germon / Jean Marais / Raoul Marco / Mila Parély

Photographie Henri Alekan Musique Georges Auric Production André Paulvé

Ce film intègre notre théma Tracas d’Eros II présentée pages 18-19.

Accueil réalisé en collaboration avec l’Association des Habitants de la Ville de Meyrin (AHVM)

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A quelques semaines des répétitions du Jeu del’amour et du hasard, Jean Liermier et Delphinede Stoutz dialoguent autour de la Bauprobe* dudécor du spectacle (cf. photo ci-contre).

Delphine de Stoutz : Que regardons-nous ?Jean Liermier : Une Bauprobe de la scénographiede mon prochain spectacle, c’est-à-dire unemaquette grandeur nature du Jeu de l’amour etdu hasard. Elle nous permet de vérifier à l’échelleles options qui ont été prises avant de lancer laconstruction du décor définitif, dont nous nevoyons là que le squelette, les arêtes extérieures,et quelques portes soit tracées au sol, soit maté -rialisées dans l’espace.

Grüber racontait que lorsque la Bauprobe étaitréussie, il avait la sensation que le spectacleserait réussi. As-tu éprouvé cela lors de cet exercice ?La Bauprobe était prometteuse, et nous a ététrès utile. J’ai pu vérifier que notre plan inclinéserait un formidable partenaire pour les acteurs,améliorerait le rapport scène/salle, et que leprin cipe de boîte à malice fonctionnerait. Lapente est raide (environ 20%), et le sol constituéprincipalement de portes mises à l’horizontale :elles sont sources de jeu et créent le hors-champ…Cela sera une vraie machine de théâtre ! Main tenant, je n’ai pas l’expérience du regrettéK. M. Grüber pour affirmer que le spectacle sera

bon. Ce sera le travail avec les acteurs qui nousdira si nous avons bien été à la hauteur de laBauprobe…

Comment passe-t-on d’un texte à une scénographie ?Tout d’abord comme je choisis les œuvres queje monte, mon premier travail est de convaincremes principaux collaborateurs, de susciter leurdésir, et ce faisant de préciser le mien. Après plusieurs lectures du texte avec mon scé-nographe Philippe Miesch, nous commençonspar répertorier les entrées et les sorties, les cir-culations des différents personnages. Ensuitenous échangeons sur les thèmes abordés dansla pièce, le contexte de son écriture, les enjeux,ce qu’elle nous raconte aujourd’hui. En généralPhilippe profite de mes digressions pour fairedes croquis dans son cahier : je cause, il dessine…Puis vient le temps de la «rêverie», de la gesta-tion, qui peut s’étirer sur plusieurs mois ! AvecPhilippe, nous options pour un décor réalisteinspiré de La règle du jeu de Renoir. Mais la radi-calité de la forme résistait, elle «rapetissait» lalecture de l’œuvre. De plus, je souhaitais revenirà la source, à l’essentiel, épurer. Lors d’une séancenous avons décidé de tout remettre à plat. Etj’ai pris l’expression au pied de la lettre : était néecette façade imaginaire couchée… L’élément «porte» s’est rapidement imposé : laporte qui claque des grands vaudevilles, maisaussi la métaphore du franchissement, de l’ini-tiation et de l’épreuve. A cela s’ajoutent toutesles possibilités ludiques d’exprimer les rapportsde classe : la porte étriquée de service et celleimposante des maîtres…

Je sais que tu as longtemps hésité pour le premierspectacle que tu monterais en tant que direc -teur du Théâtre de Carouge. Pourquoi Le jeu del’amour et du hasard ?Après avoir déjà monté La double inconstancedans la salle Gérard-Carrat et Les sincères à laComédie-Française, j’avais envie de poursuivremon compagnonnage avec Marivaux dont j’af-fectionne la pertinence et surtout la capacité ànous faire rire de situations tragiques. Il ne dé -peint pas des caricatures de son époque, maisdémonte minutieusement, sans la moindre com-plaisance, les mécanismes de comportementshumains qui nous sont proches, qui peuventencore nous toucher. Il se fiche complètementde l’historicisme, et écrit résolument du théâtre«contemporain intemporel».Le jeu de l’amour et du hasard est un conte sainet cruel qui parle de notre monde à travers lespérégrinations de gens de la vraie vie. Dans sontitre même il parle du jeu (et du je) : comme aucarnaval, Silvia et Dorante vont se déguiser etjouer un rôle. Mais alors qu’ils font cela pourdécouvrir la véritable nature de l’autre, c’est à eux-mêmes qu’ils vont se révéler. Tel est pris qui croyait prendre ; le masque du personnagene cache pas, mais est un révélateur de l’être.L’autre nous permettant de devenir nous.

Propos recueillis par Delphine de Stoutz

*Bauprobe : terme employé au théâtre pour désigner une maquette grandeur nature du décor.

LE JEU DE L’AMOUR ET DU HASARDDe Marivaux / Mise en scène de Jean Liermier

Interprétation Felipe Castro / Dominique Gubser / Joan Mompart / François Nadin / Alexandra Tiedemann / Alain Trétout Mise en scène Jean Liermier Collaboration artistique François Regnault Scénographie Philippe Miesch Costumes Werner Strub Lumières Jean-Philippe Roy Univers sonore Jean FaravelMaquillages, coiffures Katrin Zingg Accessoiriste Eléonore Cassaigneau Assistant à la mise en scène Felipe CastroRéalisation costumes Maritza Gligo Assistant costumes Jean-Claude FernandezProduction Théâtre de Carouge-Atelier de Genève Avec le soutien de Corodis et de la Loterie Romande

Tournée 2008 : 30 nov. au Théâtre du Passage (Neuchâtel) / 3 déc. au Théâtre de Vevey / 5 déc. au Théâtre Benno Besson(Yverdon-les-Bains) / 9 déc. au Théâtre Palace (Bienne) / 11 déc. à l’Espace Nuithonie (Fribourg)

Théâtre / Création Du vendredi 31 octobre au jeudi 27 novembre (ma, je et sa à 19h00 / me et ve à 20h00 / di à 17h00 ; relâche le lundi)Au Théâtre de Carouge-Atelier de Genève, salle François-Simon Durée (en création)

Plein tarif : Fr. 35.– / 23 euros Etudiant, apprenti : Fr. 15.– / 10 euros Chômeur, AVS, AI : Fr. 25.– / 17 eurosGroupe : Fr. 30.– / 20 euros

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Ces attirances inconscientes

Inspirés par la pièce de Marivaux, interrogeonsla logique de l’engouement amoureux ! Pouréclairer cette problématique, la référence à un ouvrage au titre provocateur s’impose : Lafamille, comment s’en dépêtrer 1, cosigné JohnCleese (acteur et auteur anglais, le plus célèbredes Monty Python) et Robin Skynner (psycho-thérapeute, l’un des fondateurs de l’Institut dethérapie familiale de Londres). Questionné parson ancien patient, un spécialiste rend compré-hensibles les mécanismes familiaux, en commen -çant par s’intéresser à ce qui préside au choixd’un partenaire amoureux.

Henry Dicks, qui fut dans les années cinquantel’un des précurseurs de la thérapie conjugale, aidentifié trois catégories de raisons pour les-quelles deux personnes se mettent en ménage :« D’abord les pressions sociales : le milieu, lareligion, l’argent. Ensuite, les raisons person-nelles et conscientes : la beauté physique, lesintérêts communs, les raisons explicites duchoix. Et, enfin, ces attirances inconscientesdont tout le monde parle sous le terme d’alchi-mie».

Grâce à l’Exercice des systèmes familiaux,Robin Skynner a maintes fois pu observer lamanière dont s’opèrent ces «attirances incons-cientes». L’expérience consiste à demander àdes individus regroupés dans une pièce noirede monde, et qui ne se connaissent pas, de choisir une personne «[s]oit parce qu’elle leurrappelle quelqu’un de leur famille, soit parce

qu’elle leur donne l’impression qu’elle aurait pucombler un vide dans leur famille». Tous sontinvités à se choisir un partenaire après s’êtred’abord promenés et observés en silence. Cen’est que lorsque les uns et les autres se sontmutuellement sélectionnés qu’ils sont incités à parler de leur vécu familial. Chaque couplechoisit ensuite un autre couple avec lequel former un quatuor et s’entendre sur la distri bu -tion des rôles afin de «se structurer à la manièred’une famille». Avec étonnement, à l’issue del’exercice, chacun découvre avoir élu, tant lorsde la formation du couple que dans celle duquatuor, des personnes ayant connu dans leurenfance des expériences proches ou des pro-blèmes familiaux singuliers.

L’écran des émotionsSkynner explique qu’un individu, à mesure qu’ilgrandit, passe par divers stades de développe-ment et à chaque étape franchie, il retire uneleçon mettant essentiellement en jeu la gestiondes émotions. Il apprend, par exemple, à «gérer[ses] émotions par rapport à l’autorité, à maî -triser les sentiments éveillés pas les personnes de l’autre sexe, à gérer [sa] nouvelle indépen-dance, la séparation d’avec [ses] parents…». S’ilrate une étape, il peut la rattraper au détourd’une expérience de substitution. Cependant ilpeut ne jamais trouver l’occasion de gérer cer-taines émotions qui dès lors l’embarrassent.C’est pourquoi il les met «derrière un écran». Ille fait parfois à la suite d’un «trauma», d’«unévénement unique, dramatique, très pénible».Il le fait le plus souvent progressivement parcequ’il comprend qu’au sein de sa famille cer-

taines émotions (comme la colère, la tristesse,la jalousie, les envies sexuelles) sont taboues. Si deux êtres ayant un vécu familial similaire ouayant raté un même stade de développements’attirent mutuellement, c’est donc parce qu’ilsont mis derrière un écran les mêmes émotions.Lors d’une rencontre amoureuse, ce qui retientd’abord l’attention c’est ce qui se trouve «endevanture». Chacun s’impose à l’autre commele partenaire idéal, «parce qu’il est manifeste-ment dépourvu des sentiments qui sont rangésderrière l’écran dans leur famille, et chez eux».Aucun des deux ne voit en effet leurs défautsréciproques, puisqu’ils ont appris à ne plus lesremarquer. Ce qui se cache derrière l’écrantransparaît cependant. Et Skynner de commen-ter : «Même si nous voulons être aimés par notrefamille et ne pas exhiber les sentiments qui laperturbent, nous avons également envie d’êtreentiers. Lorsque nous devinons les élémentsdéniés derrière l’écran de notre partenaire etque nous sommes attirés, c’est que nous espé-rons au plus profond de nous-mêmes recouvrerce qui nous manque». Car il importe d’osertoutes les émotions tout en sachant exercer uncontrôle sur chacune d’entre elles afin qu’elless’équilibrent les unes, les autres.

Rita Freda

1 John Cleese, Robin Skynner, La famille, comment s’en dépêtrer, traduit de l’anglaispar Camille Cantoni et Claude Farny

La Bauprobe du Jeu de l’amour et du hasard

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ALI BABA ET LES QUARANTE VOLEURSPar la compagnie La Cordonnerie (France)

Le film : Réalisation Samuel Hercule Scénario Métilde Weyergans / Samuel Hercule Décors Bérengère Naulot / Luc Vernay Chef-opérateur Tibo Richard Costumes Remy Le Dudal Musique Timothée Jolly / Denis MignardInterprétation Bernard Cupillard / Michel Le Gouis / Samuel Hercule / Métilde Weyergans

Sur scène: Piano, sensula Timothée Jolly Guitares, batterie Carine Salvado Voix, bruitages Samuel Hercule Voix, harmonica Métilde Weyergans Coproduction La Cordonnerie / Le Théâtre de Vénissieux / Les Saisons – Théâtre de Givors / Le Théâtre de Villefranche-sur-Saône / La Maison des Arts Thonon- Évian / Le Service Culture du S.A.N. de L’Isle-d’Abeau

Théâtre–film / Tout public dès 7 ansMardi 4 et mercredi 5 novembre à 19h00Au Théâtre Forum MeyrinDurée 50 minutes

Plein tarif : Fr. 20.–Tarif réduit : Fr. 17.–Tarif étudiant, chômeur : Fr. 10.–

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«...une évasion totalement originale !»

Un écran, des musiciens, une pénombre propiceaux songes éveillés : le sésame, en un mot, d’uneévasion totalement originale ! De l’écran dé -borde un spectacle passionnant et drôle avecaccompagnement live. Ce western enchan teurest à suivre avec Shéhérazade à l’harmonica…

La mise en bouche évoque les prémices ducinéma où l’on se rendait en famille pours’émerveiller. Cette fraîcheur d’approche estrevitalisée avec une grâce qui a valu à SamuelHercule et ses complices un succès qui les a eux-mêmes surpris. Née, en 1996, dans l’arrière-bou-tique d’une cordon nerie de Lyon, la compagnieest devenue résidente du Théâtre de Vénissieux.

Après La Barbe bleue, donnée la saison dernièreà Meyrin, on retrouve avec Ali Baba et les 40voleurs les plaisirs du noir, la préparation d’uneattente et l’enchantement du récit. La trame duconte des Mille et une nuits est transcrite avecdes images d’aujourd’hui. Les chatoiementsorientaux sont simplement remplacés par leroad-movie immobile d’une station-servicemisérable, perdue dans une campagne pelée.Les pompistes –žAli Baba et son frère Cassimž–trompent leur ennui en regardant tous les soirsà la télé le feuilleton Les aventures de MissOakley, fine gâchette de l’Ouest.

Les réverbérations de la fictionD’un seuil à l’autre, cette libre interprétations’amuse à effacer les cloisons entre les diversstades de la fiction. Tous les moyens ont été misen œuvre pour parvenir à cette captivanterecomposition. Le film, point de départ de l’en-semble du spectacle, a été réalisé comme unmoyen métrage sur pellicule avec d’ingénieuxprocédés techniques et une large distribution.Scénario en abyme, il comprend un westerndans le western : Les aventures de Miss Oakley,une friandise proposée aux admirateurs deSergio Leone. L’intrépide héroïne interviendrad’ailleurs «en direct» pour un doux happy enddans la vie d’Ali Baba.

Le film réalisé, la compagnie s’est retrouvée àquatre pour la transposition scénique – distri-buant les rôles respectifs des bruitages, de lamusique et des interventions vocales. Mêlantimages tournées et sons live, cette réalisationimpressionne par sa cohérence : tout paraîtfamilier et naturel.

Les délices de la parodieCet Ali Baba néoréaliste enfourche son ânepour découvrir des bandits motards juchés surune panoplie de mobylettes à déguster endétail… Tout en finesse, le burlesque est partoutet pour tous les publics. Toutefois, SamuelHercule se révèle aussi comme un authentiquecinéaste capable de rendre hommage à l’esthé-tique des grands réalisateurs du noir et blanc etdu muet. Il pratique les gros plans sur lesvisages, les stand-by sur des regards lourds desens et les ralentis des règlements de comptes

avec le savoir-faire des maîtres. Après une for-mation théâtrale, il a abordé le cinéma ettourné quelques courts et moyens métragesdont l’un, Le principe du canapé (2003), a étéprimé à plusieurs reprises. Ces «cordonniers» se font un point d’honneurde tout reprendre à la base dans des matériauxcertes connus, mais dont ils font leur propreouvrage. La spontanéité des idées et la vigi-lance du travail bien fait sont à la base de leurstyle.

Timothée Joly, compositeur-interprète, joue deplusieurs instruments. Il est à la Cordonneriedepuis 1997 et participe aux créations commemusicien et comédien. Il est accompagné surscène par Denis Mignard. Métilde Weyergansest comédienne, scénariste et directrice artis -tique. D’excellent conseil et capable d’adapta-tion (elle a appris l’harmonica pour l’occasion),elle participe à la compagnie depuis 2003 etconnaît bien les milieux du cinéma.

Laurence Carducci

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RÉCITS DE MARIAGEInstallations sonores

Du mercredi 8 octobre au samedi 1er novembre 2008Au Théâtre Forum Meyrin

Conception Marlène Gruber En collaboration avec le Centre de rencontre et de formation pour les femmes migrantes habitant Meyrin (CEFAM)

Une jeune femme qui a du flair… et du bagout !Une tête chercheuse qui a rencontré une asso-ciation meyrinoise pour femmes migrantes.Quatre femmes, en particulier, avec lesquelleselle a longuement discuté. De là, est née l’idéed’une installation sonore en lien avec la thémadu Théâtre Forum Meyrin. Initiatrice du projet,étudiante en animation socioculturelle et sta-giaire du théâtre, Marlène Gruber revient sur lesprémices de ce travail.

S’entretenir avec une population locale

Marlène Gruber : Je souhaitais réaliser un projeten lien direct avec une population. Aussi, j’aiorienté ma recherche vers les différentes asso-ciations présentes à Meyrin, que je pourraismettre en lien avec le théâtre. Mon choix s’estporté sur le CEFAM, association pour femmesmigrantes habitant sur la commune, dont le butest de favoriser leur intégration, proposant desespaces de rencontre comme moyens de socia-lisation. J’ai donc rencontré la coordonnatricedu CEFAM, qui a tout de suite été intéressée parce lien que nous pourrions faire entre ce groupeet le théâtre.

L’idée était de partir des activités de Forum etde trouver une résonance à l’une d’elles auprèsdu groupe. Les thémas proposaient un bonangle d’attaque, j’ai d’abord pensé travaillerautour d’Infinita ou la mort tutoyée (théma encours lorsque le projet a été envisagé) – notam-

ment autour des rites funéraires que je pensaisévoquer avec les femmes de l’association. Maisles discussions risquaient d’être bouleversantes,prétextes à se remémorer les guerres vécues, les deuils à distance, etc. Le sujet semblait trop délicat ; aussi, partir sur la première théma de la saison 08/09 (Tracas d’Eros II) apparaissait entous points une bien meilleure idée.

Des déboires amoureux au mariage !J’ai mis ensuite en place, avec la coordonnatricedu CEFAM, des groupes de parole autour decette idée du mariage, tout en laissant trèsouverte la finalité de ces rencontres. D’emblée,le mariage évoque la tradition, qui est différenteselon les cultures. Avec quatre femmes origi -naires d’Erythrée, du Pakistan, du Cambodge etde Somalie, nous nous sommes fixées troisséances, pour écouter les récits de mariage dechacune.

Lors de la première séance, je leur ai demandé,simplement, ce que le mariage représentaitpour chacune d’elles. Il n’a pas du tout été ques-tion d’amour dans leur réponse. Le mariage estavant tout une question de survie, il assure untoit, des enfants. La place de l’amour est secon-daire. Une vision perturbante… A la fin de laséance, j’ai proposé à chacune des femmes d’apporter un objet, une photo – ce qu’ellessouhaitaient et qui représenterait à leurs yeuxle mariage.

A la deuxième séance, une des femmes a doncapporté un album photos. Il a fonctionné commeélément déclencheur – les femmes racontant

chacune leur récit de mariage. Elles évoquaientles rites inhérents à leur pays, échangeaient surles différences et similitudes entre leursmariages respectifs, détaillaient les repas, lesfêtes ; chacune relatait son expérience, dansune écoute curieuse et mutuelle. J’enregistraichacun de ces témoignages et les discussionsqui se sont poursuivies lors de notre troisièmerencontre.

J’ai ensuite retranscrit chacun des récits. Cestémoignages ont été enregistrés et seront pro-posés sur des postes d’écoute. Ce ne sont pasles femmes qui seront entendues, par soucid’anonymat, et par volonté de leur part, aussi.Les récits retracent le mariage de chacune,dans son pays respectif, avec les coutumes etrites qui lui sont propre. Un exemple de ce quipourra être entendu ? «Chez nous, au Pakistan,la fête de mariage peut durer deux ou troisjours. Quand je me suis mariée, c’était sur troisjours. Le premier jour, c’était la cérémonie reli-gieuse. Mon futur mari est resté dans sa maisonmais toute sa famille est venue chez moi. Mabelle-mère m’a mis un peu de henné sur le boutdes doigts et ensuite de l’huile sur la tête (…). Ala fin du premier jour, je n’avais toujours pas vumon mari car durant toute la journée, un voileme cachait les yeux.»

Propos recueillis par Julie Decarroux-Dougoud

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À Meyrin, le jeune public est à la fête : des spec-tacles de genres distincts lui sont destinés, des ateliers de pédagogie scientifique (lesfameux goûters des sciences), des expositions,mais aussi des ateliers d’initiation artistiquedans les domaines du théâtre, de la dansecontemporaine et de l’éveil musical. Nous avonsdemandé aux artistes qui animent ces derniersd’évoquer leur travail et le parcours des enfants.

Thierry Ruffieux : Quel est l’enjeu de votre atelier ?Robert Clerc (atelier d’éveil musical) : Au cours de l’atelier, tout se joue et on se jouede tout, dans la fantaisie et l’excès. L’enfant estpreneur de sons avant d’être preneur de sens, leson nous structure. Il est notre premier rapportau monde. La musique est ici analogique, unlangage associé à une histoire, une image, unanimal, un instrument, une chanson et au final,à l’autre. Les acquisitions sont naturellementinféodées au plaisir et à la découverte : jedécouvre un son, un air qui me ravit, je le gardeen mémoire, je le cherche sur un instrument ouavec ma voix pour le faire partager à l’autre, jepeux ainsi extérioriser une sensation, la trans-mettre et en recevoir aussi des autres.Ici commence cet atelier : valoriser la «petitemusique de chacun», puis la relation à l’autre.

Caroline de Cornière (atelier danse contemporaine) : C’est par une approche de conscience corpo-relle, de créativité gestuelle autour de jeux etde recherches chorégraphiques que je chercheà sensibiliser l’enfant et à aiguiser son regardd’élève danseur. Quand on doit construire unescène, c’est à partir de leurs expériences que jetravaille, en lien avec une base technique qui valeur permettre d’entrer dans l’improvisation. Jetransmets aux enfants le plaisir de danser et dejouer avec les possibles qu’offre la danse con -temporaine : le rapport à l’espace et à l’autre,les dynamiques et qualités des mouvements, lamusicalité, le travail du sol et la théâtralité.

Christiane Vincent (atelier d’expression théâtrale) : Transmettre la liberté d’être soi et le respect del’autre sont les principaux enjeux de l’atelierthéâtre. C’est un espace de liberté, de jeu et dedéveloppement de l’imaginaire où prise deconscience de soi, relation au groupe, travail ducorps dans l’espace, découverte de la parole etjeux collectifs sont au programme des différentscours.

Qu’avez-vous vu émerger au fur et à mesure deces ateliers ?Robert Clerc : Notre pratique collective de lamusique est à l’image du groupe : chaotique,fertile, fantaisiste et jamais banale. Ces atelierssuivent trois règles, transposables partout : lerespect de soi (quand c’est trop fort, je mebouche les oreilles), le respect de l’autre (le son

de mon gros instrument ne dois pas couvrir leson du plus petit) et le respect de l’instrument.En dehors de ces trois règles, les enfants peu-vent évoluer comme bon leur semblež–žchacun prenant sa place dans le cercle et apprenant àaccueillir.

Caroline de Cornière : A travers le plaisir de danser, de jouer et de créer, l’enfant prendconfiance en lui et entre en relation avec lemonde qui l’entoure avec une conscience plusfine et plus physique. Au fur et à mesure desateliers, j’ai pu voir s’autonomiser l’élèvedanseur par rapport à son corps et à sa proprecréativité. L’enfant devient créateur de sadanse et développe des outils critiques pouranalyser le mouvement et l’improvisation.

Christiane Vincent : On voit se développer desliens solides entre les adolescents unis par lemême objectif : jouer ensemble ! Mais c’est éga-lement une satisfaction d’assister à leur trans-formation lorsqu’ils participent à un spectacleet qu’ils perçoivent le résultat de leur travail. Lethéâtre est un art collectif et la découverte duplaisir d’œuvrer ensemble est une véritablesource de joie pour les jeunes.

Propos recueillis par Thierry Ruffieux

L’ART ET LES ENFANTS L’INITIATION ARTISTIQUE MEYRINOISEEntretien avec les responsables des ateliers du Théâtre Forum Meyrin

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Ateliers pour les enfants

De danse contemporaine _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Par Caroline de Cornière, danseuse et responsable du projet pédagogique au sein de la compagnie Alias

Âges > Filles et garçons de 8 à 12 ansCalendrier et horaire > Les mardis de septembre 2008 à juin 2009, de 17h00 à 18h30Début des cours > Mardi 9 septembre 2008

Renseignements et formulaires d’inscription www.forum-meyrin.ch / [email protected] / 022 989 34 00

D’expression théâtrale _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Par Christiane Vincent, comédienne

Âges > Filles et garçons de 8 à 15 ans (4 groupes)Calendrier > Les mercredis de septembre 2008 à juin 2009Début des cours > Mercredi 10 septembre 2008

Renseignements et formulaires d’inscription www.forum-meyrin.ch / [email protected] / 022 989 34 00

D’éveil musical _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Par Robert Clerc, musicien et compositeur

Âges > Filles et garçons de 2 à 10 ans (4 groupes)Calendrier > Chaque atelier est composé de cinq séances(septembre / octobre ou janvier / février ou février / mars)Début des cours > Vendredi 19 septembre 2008

Renseignements et formulaires d’inscription www.forum-meyrin.ch / [email protected] / 022 989 34 00

Ateliers pour adultes (jeunes et moins jeunes)

D’écriture _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _

Animés par l’association Le grain des mots (voir ci-dessous), ces ateliers sont organisés en collaboration avec la BibliothèqueForum Meyrin. Grande nouveauté de cette saison 08-09, l’approcheest inspirée de deux des thémas du Théâtre Forum Meyrin :

Tracas d’Eros II. Fragments autobiographiques IChaque participant-e est invité-e à composer un recueil de fragments évoquant une histoire d’amour vécue. Plus l’amour estancien, plus l’écriture se chargera de ravauder le tissu troué de la mémoire. Et c’est tant mieux ! La forme fragmentaire revendiquel’oubli, le décalage, l’échappée belle, mais elle exige aussi de la part de l’auteur une cohérence à laquelle nous consacrerons la plus grande attention. > Du jeudi 2 octobre au jeudi 11 décembre 2008

Révolte adolescente. Fragments autobiographiques IIQuel jeune homme, quelle jeune fille étiez-vous ? En proie à quelstourments, quelle sainte colère ? Animé-e de quelle fervente révolte ?Ici encore, le fragment restituera, peut-être mieux qu’aucune autreforme, l’incandescence, la nostalgie, l’énergie et les errances de l’âge rebelle. > Du jeudi 5 mars au jeudi 21 mai 2009 (sauf vacances de Pâques)

Âges > Adolescents et adultes / Nombre de participants : 8 à 12Horaire > Les jeudis de 19h15 à 21h45Lieu > Lieu Bibliothèque Forum MeyrinDélai d’inscription > Samedi 13 septembre 2008

Renseignements et formulaires d’inscription www.forum-meyrin.ch / [email protected] / 022 989 34 70

Le grain des mots est une association passionnée de littérature, quiexplore les nouvelles formes de médiation de l’écrit: ateliers d’écriture,lecture à voix haute, poésie sonore, rencontres avec des écrivains,lectures publiques, manifestations autour de la calligraphie et desmétiers du livre (www.legraindesmots.ch).

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É… MOIS PASSÉSDE CAROUGE ET MEYRINLes nouvelles têtes ; les réactions aux présentations de saisons ; etc.

Les nouvelles têtes du Théâtre de CarougePour m’accompagner dans cette aventure, jeme suis entouré de personnalités fortes, com-pétentes et dynamiques : David Junod sera lenouvel administrateur, Delphine de Stoutz monadjointe à la direction, et fera office de drama-turge maison. Francis Cossu sera le nouveauchargé de communication/relation avec lapresse, et nous créons avec Christine LaureHirsig un poste de chargée de diffusion/assis-tante de production. Je remercie avec affectionmon prédécesseur François Rochaix, IsabelleCollet, Joël Aguet et Bertrand Tappolet pour l’excellence de leur travail et leur dévouementau sein du Théâtre de Carouge.Jean Liermier

Les nouvelles têtes du Théâtre Forum MeyrinLa fin de la saison 07/08 et l’entame de la sui-vante sont l’occasion de quelques évolutions, àMeyrin aussi. Suite à la nomination de notreadjointe, Dominique Rémy, à la tête du serviceculturel de la ville de Meyrin, Ushanga Élébé –collaboratrice de la Télévision Suisse Romande –est devenue la nouvelle responsable de la pro-motion, des relations publiques et du dévelop-pement des publics. Diplômée en lettresmodernes et arts du spectacle, Julie Decarroux-Dougoud a formellement intégré l’équipe enqualité d’assistante programmation/communi-cation. Avec un cahier des charges légèrementdifférent mais un titre semblable, nous rejoint,dès le 1er septembre, Ludivine Oberholzer, diplô-mée en arts du spectacle, formée à la Sorbonne.A cette même date, Laurent Gisler, administra-teur jusque-là, deviendra directeur administratif

du théâtre. Conséquence de ces changements, le groupe programmation / communication denotre théâtre sera constitué de cinq personneset de représentants d’âge distincts. Gageons quela variété des profils ainsi réunis et leur bonneentente soient les gages de saisons à la foispanachées et cohérentes.Mathieu Menghini

Sur la présentation de saison du Théâtre de CarougeJe suis venue au Théâtre le jeudi 12 juin et fusravie de découvrir le dynamisme de votre nou-veau directeur, Jean Liermier. Sa façon de pré-senter le programme m’a beaucoup plu. Merci également pour la réception qui suivait la présentation, j’ai eu l’occasion de remercier F. Rochaix pour le théâtre qu’il nous a offert cesder nières années. Ce fut une très, très belle soirée. Un spectateur

Cher Monsieur Liermier, et toute son équipe !Insurmontable votre présentation du 12 juin, jen’ai jamais vu la salle aussi pleine. Vraiment : LePlaisir ! Vous allez sauver le théâtre, non vousl’avez déjà sauvé. Vous avez construit un pontentre vous et nous. Avons déjà commandé un abonnement etenvoyé votre programme à quatre amis. Unancien muet du Schauspielhaus à Zurich dansles années de gloire après la guerre. Toï, toï !Björn Rump

La compagnie Alias cherche des figurants !Avis à tous, pour son prochain spectacle O avessodo avesso (programmé au Théâtre Forum Meyrin

du 5 au 8 mai 2009), la compagnie Alias recherchedes figurants bénévoles. Aucune aptitude parti-culière, ni aucune habitude de la scène ne sontrequises. Merci de vous présenter le 24 ou 25 sep-tembre à 18h30 au studio d’Alias : chemin Frank-Thomas 24b, à Genève. Le projet sera ex pliqué endétail, suite à quoi une sélection sera effectuée.Renseignements : [email protected]é de la compagnie Alias

Celles qui détendentPour raison d’économies pour vous, je vous priede retirer mon adresse de votre fichier. J’aimebien sortir voir une pièce de théâtre mais j’aimecelles qui détendent. Avec le directeur précé-dent (ndlr Jean-Pierre Aebersold) il y en avaitsouvent. Heureusement, chez les «amateurs»dans les communes, c’est encore bien le cas ettoujours bien jouées !L. F.

A propos de la causerie de Marie de Hennezel à MeyrinCher Monsieur, je ne vais pas attendre la fin de la saison pour venir vous remercier de votre tra-vail. Car j’ai été impressionnée par la qualité devotre participation à la causerie de Marie deHennezel. J’ai admiré la façon dont vous formu-liez les questions, le respect avec lequel vous luiadressiez la parole, votre talent de synthèse –tout cela dans un climat de profondeur légère,teintée d’humour et jamais superficielle. J’aiaussi, tout au long de cette année, pu appréciervotre art de présenter chaque spectacle, avecune reconnaissance toujours empreinte de tact. Anne Roller

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Impressum

Responsables de la publication : Mathieu Menghini (Meyrin) / Delphine de Stoutz (Carouge)Comité de rédaction : Laurence Carducci (M) / Francis Cossu (C) / Anne Davier (M) / Julie Decarroux-Dougoud (M) /Ushanga Elébé (M) / Rita Freda (M) / Jean Liermier (C) / Florent Lézat (C) / Sylvain De Marco (M) / MathieuMenghini (M) / Ludivine Oberholzer (M) / Natacha Rostetsky (M) /Thierry Ruffieux (M) / Delphine de Stoutz (C)

Secrétariat de rédaction : Julie Decarroux-Dougoud (M) / Natacha Rostetsky (M)

Graphisme : Spirale Communication visuelle / Alain Florey

Impression : Sro-kundig / Tirage : 11 000 exemplaires

Crédits photos

P. 01 Ramon Senera / P. 02 J.L Fernandez / Sophie Carlier / 1946 productions André Paulvé - discina / collection René Château / P. 04 Atelier poisson / P. 05 Francesco Raffaelli / P. 07 Thierry Ruffieux / P. 08 Mario Sabatini + J.L Fernandez /P. 09 Mario Sabatini / Friedemann Simon / J L Fernandez / P. 10 Céline Gaudier(remerciements à André Wilms) / P. 11 BnF, dpt. Estampes et photographie(Daumier) + Roger Viollet, Getty Images (Granville) / Pp. 12 + 13 P. Victor + AlainFonteray / Pp. 14 + 15 Marco Caselli Nirmal / Pp. 16 + 17 Dan Aucante / P. 19 D.R. / P. 20 Sophie Carlier / P. 21 Keith Neale / P. 22 Greg Montangero / P. 23 Roberto Scola /P. 24 J.P Lozouet / P. 25 Marc Vanappelghem / Pp. 26 + 27 D.R. / Pp. 28 + 29 Luca Solari / Pp. 30 + 31 1946 productions André Paulvé - discina / collection René Château / P. 32 Werner Strub / P. 33 Mooijman Martin (2008) / P. 34 Laurent Combe / P. 35 Sophie Carlier / Pp. 36 + 37 D.R. + Thierry Ruffieux / P. 38 Marc Vanappelghem /P. 40 J.L Fernandez / Sophie Carlier / 1946 productions André Paulvé - discina / collection René Château

Partenaires du Théâtre Forum Meyrin

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............................Le Théâtre de Carouge-Atelier de Genève est subventionné par la République et Canton de Genève et la Ville de Carouge.Il est soutenu par la banque Wegelin & Co., la Fondation Leenaards, le Club des 50.Il collabore avec Unireso, TPG – Transports publics genevois, le Service Culturel Migros-Genève.Il a comme partenaire le Cinéma Bio, le Chat Noir, La Semeuse, la maison Mauler.

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Spectacles

Le cirque invisibleVictoria Chaplin / Jean-Baptiste ThierréeDu ma 16 septembre au sa 4 octobre (Carouge)

Epître aux jeunes acteurs pour que soit renduela parole à la paroleOliver Py (France) Lu 29 et ma 30 septembre (Meyrin)

Quichotte et les invinciblesErri De Luca (Italie)Je 2 et ve 3 octobre (Meyrin)

Les spectacteurs Philippe Morand (Suisse)Du ma 7 octobre au di 26 octobre (Carouge)

Windungen & Les rares différences Emanuel Gat (Israël) / Marie-Agnès Gillot(France)Me 8 octobre (Meyrin)

Soirée ChoroJosé Barrense-Dias / Yamandú Costa Trio(Brésil) Ve 10 octobre (Meyrin)

Le petit Poucet Compagnie Accademia Perduta (Italie)Ma 14 et me 15 octobre (Meyrin)

OpérAdônRobert Clerc / Ziad El Ahmadie / Fredy Porras(Suisse / Liban)Du ma 28 au je 30 octobre (Meyrin)

Le jeu de l’amour et du hasard Marivaux / Jean Liermier (Suisse)Du ve 31 octobre au je 27 novembre (Carouge)

Ali baba et les quarante voleurs Compagnie La Cordonnerie (France)Ma 4 et me 5 novembre (Meyrin)

Expositions

Carlier-DominioniSophie Carlier / Jacques Dominioni (France)Du me 8 octobre au sa 1er novembre (Meyrin)

Récits de mariage. Installations sonoresMarlène Gruber (Suisse)Du me 8 octobre au sa 1er novembre (Meyrin)

Films

La belle et la bête Jean Cocteau (France)Me 29 octobre, me 12, je 13, ma 25 et me 26 novembre (Meyrin)

Autres événements

Inferno / dans le cadre de La BâtieDante Alighieri / Romeo Castellucci (Italie)Du ve 5 au di 7 septembre (Meyrin)

Renseignements pratiques

En voiture : direction aéroport-meyrin ; sur la route de Meyrin, après l’aéroport, prendre à droite direction Cité Meyrin puis suivre les signalisations. Deux grands parkings gratuits à disposition.Bus : N° 28 / 29 / 55 / 56 arrêt Forum MeyrinTram : N° 14 ou 16 jusqu'à Avanchet, puis prendre le bus N° 29 / 55 / 56

LocationAchat sur place et au +41 (0)22 989 34 34, du lundi au samedi de 14h00 à 18h00Achat en ligne : www.forum-meyrin.ch / [email protected] culturel Migros, Rue du Prince 7 / GenèveStand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe

AdministrationThéâtre Forum Meyrin1, place des Cinq-Continents / Cp 250 / 1217 Meyrin 1 / Genève / SuisseTél. administration : +41 (0)22 989 34 [email protected] / www.forum-meyrin.ch

Renseignements pratiques

En voiture : sortie autoroute de contournement A1 : Carouge Centre. Sur la route de Saint-Julien, tout droit jusqu’à la place du Rondeau. Deux grands parkings à disposition. Tram : N° 12 / 13 / 14 arrêt AncienneBus : N° 11 / 21 arrêts Armes ou Marché

LocationAchat sur place et au +41 (0)22 343 43 43, du lundi au vendredi de 10h00 à 13h00 et de 14h00 à 18h00, le samedi de 10h00 à 14h00Achat en ligne : www.theatredecarouge-geneve.chService culturel Migros, Rue du Prince 7 / GenèveStand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe

AdministrationThéâtre de Carouge – Atelier de GenèveRue Ancienne 57 / Cp 2031 / 1227 Carouge / SuisseTél. administration : +41 (0)22 343 25 [email protected]

AGENDA

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