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Service d’Urologie 04/2012 Information sur la prise en charge de l’incontinence urinaire après prostatectomie totale pour cancer L’incontinence urinaire est l’une des conséquences possibles après l’opération. Comment fonctionne normalement la continence urinaire ? La continence est assurée par 2 sphincters, le sphincter du col vésical (appelé sphincter lisse) et le sphincter sous-prostatique ou périnéal (sphincter strié). Celui-ci a une longueur et une force de contraction variable d’une personne à l’autre. Pourquoi l’intervention peut provoquer une incontinence ? L’intervention de prostatectomie consiste à enlever toute la prostate avec le col vésical et les vésicules séminales. L’urèthre est sectionné sous la prostate. Ensuite, la vessie et l’urèthre sont suturés par des fils. Le sphincter périnéal reste le seul sphincter pour assurer la continence. Il est fragilisé par cette suture les premières semaines. Son action doit souvent être renforcée par la rééducation pour permettre une continence permanente (contraction passive) et lors d’efforts physiques (contraction active). Mais certains hommes auront d’emblée une bonne continence. Ablation de la prostate Suture entre la vessie et l’urètre Vessie suturée à l’urètre

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Service d’Urologie 04/2012

Information sur la prise en charge de l’incontinence urinaire

après prostatectomie totale pour cancer L’incontinence urinaire est l’une des conséquences possibles après l’opération. Comment fonctionne normalement la continence urinaire ? La continence est assurée par 2 sphincters, le sphincter du col vésical (appelé sphincter lisse) et le sphincter sous-prostatique ou périnéal (sphincter strié). Celui-ci a une longueur et une force de contraction variable d’une personne à l’autre.

Pourquoi l’intervention peut provoquer une incontinence ? L’intervention de prostatectomie consiste à enlever toute la prostate avec le col vésical et les vésicules séminales. L’urèthre est sectionné sous la prostate. Ensuite, la vessie et l’urèthre sont suturés par des fils. Le sphincter périnéal reste le seul sphincter pour assurer la continence. Il est fragilisé par cette suture les premières semaines. Son action doit souvent être renforcée par la rééducation pour permettre une continence permanente (contraction passive) et lors d’efforts physiques (contraction active). Mais certains hommes auront d’emblée une bonne continence.

Ablation de la prostate Suture entre la vessie et l’urètre Vessie suturée à l’urètre

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Comment diminuer l’importance et la durée de l’incontinence post-opératoire ? Dans le mois précédant l’intervention : L’infirmière ou le rééducateur vont vous expliquer comment renforcer l’action du sphincter strié. Cet entraînement permet de diminuer l’incontinence après l’opération Cela consiste à faire une plusieurs séances de stimulation électrique du sphincter Des explications complémentaires sont parfois aussi nécessaires. En effet, certains mauvais mouvements peuvent expliquer après l’opération l’absence d’amélioration de la continence. Cela consiste par exemple à contracter les abdominaux pour faire la manœuvre de retenue au lieu de contracter le sphincter. Le résultat est l’inverse de celui escompté : la contraction des abdominaux augmente la pression abdominale ce qui appuie sur la vessie et entraîne une fuite d’urine. Le bon mouvement consiste à bien relâcher les abdominaux, en inspirant et expirant lentement, le ventre étant souple tout en faisant un effort de retenue ou de contraction des sphincters de l’anus et urinaire. Après l’intervention : Une sonde urinaire a été mise pendant l’opération pour protéger la suture entre la vessie et l’urèthre. L’urine s’écoule dans un sachet collecteur. Après un délai de 6 à 10 jours, la sonde est enlevée par l’infirmière. Les premiers jours sans sonde, sont marqués par l’envie d’uriner fréquemment par petites quantités le jour et la nuit. C’est la période où l’incontinence est la plus fréquente, mais avec une importance variable d’une personne à l’autre, en fonction de l’anatomie de leur sphincter strié. L’incontinence survient lorsque la pression abdominale augmente et appuie sur la vessie, notamment à la toux, à l’effort de changement de position. Des efforts de retenue et de contraction sphinctérienne sont à faire, en anticipant les efforts ou de changements de position, mais pas au moment d’uriner. Après un délais d’environ une semaine, il faudra intensifier les exercices de contraction du sphincter pendant et en dehors des mictions. L’incontinence peut durer plusieurs semaines, le temps que le sphincter retrouve un tonus passif et actif suffisant. Des protections sont nécessaires. Un mois après l’intervention, la consultation de contrôle post-opératoire. C’est l’occasion de faire le point sur la continence. La plupart du temps, elle s’améliore régulièrement pour devenir pratiquement normale, malgré quelques fuites occasionnelles faites de quelques gouttes, peu génantes. Si les pertes d’urine sont toujours importantes, nécessitant plusieurs protections par jour, il faut alors envisager à nouveau l’aide d’un kinésithérapeute spécialisé dans la rééducation urinaire. Rarement, dans moins de 5% des cas, l’incontinence urinaire persiste après un délai de plus de 6 mois malgré une rééducation bien conduite. Un traitement complémentaire efficace par implantation chirurgicale d’un sphincter artificiel est proposé après un délai d’au moins un an.