Santé et pollution atmosphérique - ANSES

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HAL Id: anses-01569615 https://hal-anses.archives-ouvertes.fr/anses-01569615 Submitted on 27 Jul 2017 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Santé et pollution atmosphérique Nathalie Ruaux To cite this version: Nathalie Ruaux. Santé et pollution atmosphérique : Comprendre où en est la recherche. 2016. anses- 01569615

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HAL Id: anses-01569615https://hal-anses.archives-ouvertes.fr/anses-01569615

Submitted on 27 Jul 2017

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Santé et pollution atmosphériqueNathalie Ruaux

To cite this version:Nathalie Ruaux. Santé et pollution atmosphérique : Comprendre où en est la recherche. 2016. �anses-01569615�

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Santé et pollution atmosphériqueComprendre où en est la recherche

Édition scientifiqueJUIN 2016

AHIERS DE LA

LES

RECHERCHESanté, Environnement, Travail

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Anses – Les Cahiers de la Recherche N° 7 ‐ Santé, Environnement, Travail – juin 2016 

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 Éditorial 

 

La qualité de l’air fait fréquemment la une de l’actualité. Pour ne citer que des exemples récents, l’air trèspollué de certaines métropoles en Asie, les alertes à la pollution dans les villes européennes et lequestionnementautourdesmesuresdegestioncommelacirculationalternée,lesallergiesauxpollenscommeceluidubouleauoudel’ambroisiesontautantd’illustrationsquijustifientuneactiondespouvoirspublics.

Sontincriminésdiverscontaminantsoudesparticulesnuisiblesàlasantéetàl’environnement(ex:particulesfines,ozone,oxydesd’azote).Ilssontengrandepartiedusàdesactivitéshumaines(ex.transports,chauffagedomestique, industrie, agriculture), mais certains peuvent être d’origine naturelle comme les pollensdisséminés par la végétation. Leur dispersion et leurs transformations chimiques dépendent de nombreuxparamètres,dont lesconditionsmétéorologiques(ex.vent,pluie,soleil)et la topographie locale(ex.zonedemontagne ou à relief accidenté). Les activités émettrices de polluants influencent également la compositionchimiquedesémissions.

Si des progrès spectaculaires ont été accomplis ces dernières décennies pour réduire les émissions dansl’atmosphèredecertainspolluantscommelesmétauxlourdsetledioxydedesoufre,troisrestentàunniveaujugétropélevé:lesoxydesd’azote(NOX),lesparticulesfinesoupoussièresensuspension(PM)etl’ozone(O3).Leurs effets peuvent être immédiats ou à long terme (ex. affections respiratoires, pathologiescardiovasculaires,cancers).C’estainsiqu’enoctobre2013dernier,leCentreinternationalderecherchesurlecancer(Circ)aclassélapollutiondel’aircommecancérogèneavérépourl'homme.Demême,deschercheurseuropéensontmontrél’impactdel’augmentationdesniveauxdeparticulesdansl’airsurlamorbiditéetsurlamortalité. Laqualitéde l’air est ainsi undes axesdeprogrès en santé environnement et fait partiedupland’actionduPlanNationalSantéEnvironnement2015‐2019.Dans lecadrede leursmissionsrespectives, l’Anseset l’ADEMEsemobilisentdepuisdenombreusesannéessurlaquestiondelaqualitédel’air.Leuractivitéinclutl’améliorationdesconnaissancesdesexpositionsetdeleurs effets, utiles à l’évaluation et à la réduction des risques pour la santé et l’environnement. Ellessoutiennent ensemble des recherches dans le cadre du Programme national de recherche EnvironnementSantéTravail(PNREST),auquellesMinistèresdel’environnement,dutravailetdel’agriculturesontassociés.Danscecadre,depuis2009,celaapermisdefinancerunetrentainedeprojets.DanscenumérodesCahiersdelaRecherche,sontainsiprésentésonzed’entreeux,choisisparmilesplusrécentsetconcernantlaqualitédel’air.Au‐delàdelaréductiondesémissionsdepolluantsdansl’air,cesprojetspermettentlaproductiondedonnéesscientifiques et d’affiner ainsi les acquis (mesures et modélisation) pourmieux comprendre et prévenir lapollutionde l’air et ses impacts.Ces travauxparticipent ainsi à lamise enœuvreduPlandeRéductiondesEmissionsdePolluantsAtmosphériquesetpluslargementduPlanNationalSantéEnvironnement.

 

GérardLASFARGUES AnneVARETDirecteurgénéraladjointscientifiqueAnses DirectriceRechercheetprospectiveADEME 

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Avertissementàl’attentiondeslecteurs

Lesfichesdeprésentationdesprojetsderecherchereflètentlespointsdevuedeséquipesscientifiques partenaires et n’engagent ni les Ministères de tutelle ou l’Anses et lespartenaires associés. Pour toute question, les contacts sont indiqués à la fin de chaquefiche.

 

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 Sommaire 

                                                                                                           

Introduction........................................................................................................................................................................................................4

 

L’influencedesfacteurssocio‐économiquessurl’expositionàlapollutionatmosphérique...........................................9 

Influencedel’âgedanslaréponsedel’organismeàlapollutionatmosphérique..............................................................12 

L’expositiondeschauffeursdetaxisparisiensàlapollutionatmosphérique.....................................................................15 

L’expositionauxparticulesultrafineschezl’enfantd’âgescolaire..........................................................................................18 

EffetscardiovasculairesdesémissionsdemoteurDiesel:unrôlepourledioxyded’azote(NO2)?.........................20 

Polluantsatmosphériquesnanoparticulaires...................................................................................................................................23 

Laprématuritéetlephénomènedemultiexposition....................................................................................................................26 

Modélisationeteffetssanitaires.............................................................................................................................................................28 

Leseffetsindirectsdelapollutionatmosphérique.........................................................................................................................30 

Lesvésiculesextracellulairescommenouveauxbiomarqueursd’exposition.....................................................................32 

Versunemesuredupotentieloxydantdesparticulesfines........................................................................................................35

 

Lesactionsdel’Anses:lesrisquesliésàlapollutionatmosphérique....................................................................................38 

Lesactionsdel’ADEME...............................................................................................................................................................................40 

Lesplansnationaux......................................................................................................................................................................................41 

Glossaire............................................................................................................................................................................................................43 

Mentionslégales............................................................................................................................................................................................46 

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 Introduction

 

Laqualitédel’airreprésenteunenjeumajeurpourlasantéetlebien‐êtredel’homme.En2012,l’OrganisationmondialedelaSanté(OMS)estimaità3,7millionslenombrededécèsprématurésprovoquésdanslemondeparlapollutiondel’airextérieurdansleszonesurbainesetrurales.Selonseslignesdirectrices:«Endiminuantlesniveauxdepollutionatmosphérique,lespayspeuventréduirelachargedemorbiditéimputableauxaccidentsvasculaires cérébraux, aux cardiopathies, au cancer du poumon et aux affections respiratoires, chroniques ouaiguës,ycomprisl’asthme»1.

Lesproblèmesenvironnementauxlespluspréoccupants(Source:ADEME,2015)

Laqualitédel’airpréoccupeaussilescitoyens.Selonuneenquêtecommanditéeparl’ADEME,mêmesi«69%desFrançaisconsidèrentquelaqualitédel’airestbonneenFrance»2,laluttecontrelapollutiondel’airfiguredansletriodetêtedespréoccupationsenvironnementales,avecleréchauffementclimatiqueetlapollutiondel’eau–chacunétantconscientque«cesrisquespeuventlesaffecter»3.

 Laqualitédel’airàtraverslesâges:quelquesrepères

 

Lapollutionde l’air est unequestion aussi ancienneque l’essordes activitéshumaines: duTraitéd’hygièned’Hippocratequi,auVesiècleav.J.‐C.,dénonçait«l’influenced’unairtropépais(lourdetsurchargédevapeursmalsaines)»surlesmaladiesducorpshumain,àlapremièreloisurlesinstallationsclassées(1810)quiportaitsurlaproximitédesactivitésindustriellesenversleshabitationsd’unevilleoud’unvillage.

Il fautattendrelafinduXIXesièclepourqueleterme«pollution»soitappliquéàl’atmosphère.Eneffet,«endehorsd’événementsquilerendentirrespirable,dangereux,corrosifpourlesbâtimentsetfinalementintolérable

                                                            1 Lignes directrices OMS relatives à la qualité de l’air disponibles à l’adresse suivante (Publiées pour la première fois en 1987, mise à jour mondiale 2005) : http://www.who.int/phe/health_topics/outdoorair/outdoorair_aqg/fr/  2 Les Français et l’environnement (Opinion Way, Daniel Boy pour l’ADEME, 2014). 3 ADEME & vous, Stratégies & études, No 44, 20 avril 2015. 

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individuellement, voire collectivement»4, l’air est d’une manière générale, imperceptible. A cette époque,l’inquiétude du public porte d’abord sur ce qui est «immédiatement sensible»(les mauvaises odeurs, leseffluves, lesmiasmes…) tandisque leshygiénistes commencentà s’intéresseraussiaux composés chimiquesprésentsdansl’air. En1901,ArmandGautier5observe,àproposdes«fuméesdeParis»,que«lesplaintesdupublic etdes journaux seproduisent àproposdes fumées intermittentes,noires etprolongées, bienplus qu’enraisondudégagement continudans l’airqu’on respiredirectementdedoses énormesdegaz toxiquesdont leseffetssurlasantépubliquenesontpasimmédiatementappréciables»6.Outrelapratiqueindustrielle,laquestionporte sur les activités humaines. On estime ainsi que près de 80% des fumées, en hiver, seraient d’originedomestique.Dans lesvilles,à l’interdictiondeproduiredes fumées, s’ajoutedésormaiscelledeproduiredespoussièresetdesgaztoxiques.Mais,commentcaractériserlapollutiondel’air?Commentlamesurer?

LeseffetsdelapollutionindustrielleàWidnes(Angleterre,finXIXesiècle)

Malgrédesexpériencesàl’échellelocale(Paris,Lyon…),lesélémentsdecontrôleetdesurveillancemanquentencore ‐ le problèmede la pollution de l’air dépassant les limites urbaines. La qualité de l’air fait l’objet depréoccupationscroissantes,avecdesépisodesaigustelsqueceluidubrouillardmeurtrierdanslavalléedelaMeuse (1930). Comme l’explique le docteurGarin, dans les années 1930, «la suppressiondes fuméesàLyonn’auraqu’uneffetinsuffisantsilescommunescirconvoisinescontinuentàdéverserlesleurssurlapériphériedelaville»7.D’où lamise enplace, autour de l’agglomération lyonnaise, d’unpremier réseaudemesures tout entenant«compteàlafoisdesconditionstopographiques,climatiquesetadministratives».L’initiativeaconduitàl’établissementdepostesd’observationquadrilléquiserviraderéférencepourledéveloppementd’unnouveausystèmedesurveillanceaulendemaindelaSecondeGuerremondiale.Aujourd’hui, la surveillance s’est généralisée. Outre lamise en place de réseaux spécialisés de surveillance8répartis sur l’ensemble du territoire national, la loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie (LAURE)

                                                            4 Un air familier ? Sociohistoire des pollutions atmosphériques, Presses des Mines, Paris, 2015, p. 12. 5 Chimiste, membre de l’Académie de médecine et du Conseil d’hygiène de la Seine. 6 Armand Gautier, Les fumées de Paris. Influence exercée par les produits de combustion sur l’atmosphère de la ville, in. Revue d’hygiène et de police sanitaire, février 1901, p. 101. 7 Revue municipale, procès‐verbal de la séance du 26 mars 1931. 8 Associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa) : www.atmo‐france.org  

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élaboreen1996deslignesdirectrices9,réaffirmantlareconnaissanced’undroitàrespirerunairquinenuisepasàlasanté.Elledéfinitlapollutiondel’aircomme«l’introductionparl’homme,directementouindirectement,dansl’atmosphèreetlesespacesclos,desubstancesayantdesconséquencespréjudiciablesdenatureàmettreendanger la santéhumaine,ànuireaux ressourcesbiologiquesetauxécosystèmes,à influer sur leschangementsclimatiques,àdétériorerlesbiensmatérielsetàprovoquerdesnuisancesolfactivesexcessives»10.

 Unphénomènecomplexe

Les fumées industrielles ont cédé la place dans les villes, à une pollution plus diffuse et plus complexe àappréhender(chauffageurbain,gestiondesdéchets,transports…).Différentsparamètresentrentenlignedecompte.Comme le souligneLaurencePrat: «L’atmosphèreestd’uncôtéun lieude transit,où lesgazet lesparticulesnedemeurentquetemporairement.C’estaussiunmilieudanslequellespolluantssepropagenttrèsrapidement,etpeuventparcourirdegrandesdistances»11.

L’atmosphère est susceptible d’être polluée par des substances chimiques, des bio‐contaminants ou desparticulesetdesfibrespouvantnuireàlasanté.Cespolluantspeuventêtred’originenaturelle(ex.pollens,émissions des volcans, feux de forêts…) ou être liés à l’activité humaine (ex. particules issues des foyersindustrielsetdomestiques,gazd’échappementdesvéhicules…).D’après l’OMS, lespolluants lesplusnocifspour la santé publique sont notamment les particules (ou matières particulaires: PM), le monoxyde decarbone (CO), l’ozone (O3), le dioxyde d’azote (NO2) et le dioxyde de soufre (SO2). A ces «classiques» etréglementéspolluantsmesurésenFrance,sesontajoutésprogressivementd’autressubstancestellesquelescomposésorganochlorés,leshydrocarburesaromatiquespolycycliques(HAP)etcertainsmétauxlourds.

Laplupartdes sourcesdepollutionatmosphériqueéchappentau contrôledes individus; ellesnécessitentquelescollectivités(villes,départements,régions…),demêmequelesdécideursnationauxetinternationaux,mettentenœuvredespolitiquesderéductiondelapollutiondel’air,danslesdomainesdel’urbanisme,del’industrie,destransports,delaproductiond’électricité,etc.Celanécessitedeprendreencomptelessourcesd’émission,letransportetlachimiedespolluantsquidéterminentleurconcentrationdansl’atmosphère.Letransport atmosphérique des polluants dépend lui‐même de plusieurs paramètres, dont les conditionsmétéorologiques, la topographie locale. En outre, ces politiques peuvent entrainer des modifications decomportementquiserépercutentelles‐mêmessurlesémissions.

                                                            9 Dont beaucoup sont toujours valables. 10 Loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie, 31 décembre 1996. 11 Laurence Prat, Droit de l’air : cadre international et communautaire, Éditions Techniques de l’Ingénieur, G 1 510 – 3. 

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 Leseffetssurlasanté

 

Les effets sanitaires et environnementaux induits par un grand nombre de polluants de l’air sont bienconnus depuis de nombreuses années. Il est clairement établi aujourd’hui, notamment sur la base deplusieursétudesépidémiologiques,quelesniveauxdepollutionactuelsdel’airambiantontunimpactsurla santé, et plus particulièrement aux niveaux respiratoire et au niveau cardiovasculaire. Des donnéesrécentes ont permis d’évaluer les risques sanitaires. À court terme, ce sont des hospitalisations pourcausescardiovasculairesetrespiratoiresetdesdécèsprématurés.Àlongterme,cesontdesaugmentationsdu risque de développer un cancer du poumon ou desmaladies cardiovasculaires et respiratoires (ex.asthme,bronchopneumopathieobstructive,infarctusdumyocarde…).

Au‐delàdelaquestiondelagestiondesalertesetdespics,c’estaussilaluttecontrelapollutionchronique,tous les jours, toute l’année, qui doit être privilégiée par lamise en place demesures permanentes demaîtrisedesémissions.

Troisétudesrécentesmettentenévidencelesimpactssanitairesdelapollutionchimiquedel’airambiant:

D’après l’étude européenne Aphekom (pilotée par l’InVS), le dépassement de la valeur guide del’OMS pour les particules de type PM2,5 se traduit chaque année par 19000 décès prématurés12,dont1500pour lesneufvilles françaisesconcernées13.Si lesconcentrationsmoyennesannuellesde PM2,5 respectaient la valeur guide de l'OMS (10 µg/m3) l’espérance de vie à 30 ans pourraitaugmenterde3,6à7,5moisselonlaville.

Larevuedel’OMSEuropede2013intitulée«ReviewofEvidenceonHealthAspectsofAirpollution»(Revihaap)dontl’objectifétaitd’appuyerlarévisiondelalégislationsurlaqualitédel’airambiantenEurope.

L’expertiseduCentreinternationalderecherchesurlecancer(Circ)qui,aprèsavoirclasséen2012lesgazd’échappementdesmoteursdieselcommecancérogènespourl’Homme(groupe1),aclasséen 2013 la pollution atmosphérique et les particules en suspension composant cette pollutionégalement cancérogènespour l’Homme(groupe1, soit risqueavéré)– lesmatièresparticulairesétant le polluant associé le plus étroitement à une incidence accrue de cancers, notamment du

                                                            12 Dont 15.000 pour cause cardiovasculaire. 13 Bordeaux, Le Havre, Lille, Lyon, Marseille, Paris, Rouen, Strasbourg et Toulouse. 

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poumon. Un lien a également été établi entre la pollution atmosphérique et l’augmentation dunombredecancersdelavessie.

 Étatdelarecherche

 

Ilsubsisteencoredeslacunesetdesincertitudes.C’estpourquoi,au‐delàdelaréductiondesémissionsdepolluantsdansl’air,ilaétédemandédanslecadredu3èmeplannationalsantéenvironnement(2015‐2019)demieuxprendreencomptelerôledesexpositionsenvironnementalesdansl’augmentationdecertainesmaladies.DanscenumérodesCahiersdelaRecherchesontprésentés11projetsderecherchedont lamoitié sont financés en co‐partenariat avec l’Agence de l’environnement et de lamaîtrise del’énergie(ADEME).Troisaspectssontsuccessivementabordés:

Larecherchesurlesexpositionsenvironnementaleetprofessionnelle(notamment,l’influencedel’âgeetdesfacteurssocio‐économiques)

La recherche sur les pathologies cardiovasculaires, respiratoires et les troubles de lareproduction

Larecherchedecaractéristiquesbiologiques(biomarqueurs)etd’indicateurspourmieuxlimiterlesfacteursderisquessanitaires.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L’influence des facteurs socio‐économiques sur l’exposition à la pollutionatmosphérique

Influencedesfacteurssocio‐économiquessurl’expositionàlapollutionatmosphériquedanstroiscohorteseuropéennes:EGEA,SAPALDIAetECRHSBénédicteJACQUEMIN 

Mots‐clés:exposition,pollutionatmosphérique,inégalitésociale,vulnérabilité,polluant,trafic,oxyded'azote,dioxyded'azote,asthme,obésité,cohorte,analysegéographique,Europe

 

Il est reconnu qu'il existe une association entre leniveausocio‐économiqueetlasanté.Ilaétémontréquelaprévalencedesmaladieschroniquestellesqueles maladies cardiovasculaires et l’obésité est plusforte les personnes appartenant à des catégoriessocio‐économiques plus modestes. Cela pose laquestiondel’originedesinégalitéssocialesdesanté.Celles‐ci relèvent pour beaucoup des conditionsd’existence;ellesrenvoientauxdisparitésentermesde revenus, d’emploi, d’éducation… qui agissent àleur tour sur lesmodes de vie (ex. comportementsalimentaires, tabagisme). Mais, il existe égalementunecomposanteenvironnementaledecesinégalités,parexemplecelleliéeaulieud’habitation.Eneffet,silerôledélétèredelapollutiondel’airsurla santé est connu, notamment celle due au traficroutier, l’exposition des populations n’est pashomogène sur l’ensemble d’un territoire, et elledépend de plusieurs facteurs urbains,socioéconomiqueset/ouindividuels.AuxÉtats‐Unis,onaainsipuobserverque lespersonnes issuesdesminoritéset,dansunemoindremesure,cellesayantles revenus les plus faibles cumulent les inégalitésenvironnementales et sont donc les plus exposéesaux nuisances urbaines, dont la pollutionatmosphérique. Cependant, le constat américain nepeutpass’appliquerenEurope,régiondumondeoùla répartition urbaine de la population est trèsdifférente ‐ les plus riches ayant tendance, parexemple,àhabiterdanslescentresville,cequin’estpaslecasauxEtats‐Unis.

LanotiondejusticeenvironnementaleLanotiondejusticeenvironnementaleaémergéauxÉtats‐Unis au début des années 1980, sous lapression des mouvements pour les droits civiques.Plusieurs travaux ont mis en évidence que lesminorités ethniques et les personnes les plusdéfavoriséesvivaientdansdesmilieuxoùlescritèresde qualité de l’air recommandés n’étaient pasrespectés, à proximité des sources de pollution (ex.trafic routier, industries)d’oùunevulnérabilitéplusgrande de ces populations (ex. Américains d’originehispanique, Afro‐américains) aux facteursenvironnementaux. Missionnée en 1994 pourdétecter et réduire si possible ces inégalités, l’EPA(EnvironmentalProtectionAgency)adéfinilanotionde«justiceenvironnementale»comme«letraitementéquitabledesgensdetoutesraces,culturesetrevenusdans le développement des règlements, lois etpolitiquesenvironnementales» avec l’obligationpourles agences fédérales de favoriser plus d’équité entermes d’exposition environnementale despopulations14.L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) aégalement affirmé en 201515 que surveiller lesinégalités constitue une priorité. Il est reconnu que,parmi lesexpositionsd’origineenvironnementale, lapollution de l’air extérieur représente un risqueenvironnemental majeur pour la santé. C’est unrisque devant lequel il est important de réduire lesinégalités,d’autantplusquel’OMSestimait,en2012,

 

Inserm,U1168,VIMA‐Vieillissementetmaladieschroniques,Approchesépidémiologiqueetdesantépublique,Villejuif

                                                            14 Décret exécutif promulgué en février 1994. 15 http://www.un.org/millenniumgoals/  

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à3,7millionslenombrededécèsprématuréscausésdanslemondeparlapollutionatmosphérique16.«L’effetdutravailleurenbonnesanté»Il a étédémontréque les asthmatiques étaient plussensibles aux effets indésirables de la pollutionatmosphérique. Il se pourrait donc que ceux quipeuvent choisir, se déplacent vers des zonesmoinspolluées. Ce comportement impliqueparadoxalementquelessujetsvivantsurlessiteslesplus pollués sont a priori en meilleure santé. Cephénomène est similaire au «Healthy WorkerEffect», l’effet du travailleur en bonne santé,rencontré dans l’évaluation des risquesprofessionnels: les personnes malades ayant unaccèsmoindre aumonde du travail, les travailleurssemblent enmeilleure santé. De tels effets peuvententraînerdeserreursd’estimationetilimportedoncde maîtriser ce biais pour suivre l’influence desfacteurs socioéconomiques sur l’exposition à lapollutionatmosphérique. 

 

 

Leprojetderecherche:SESAP

LeprojetSESAP17s’appuiesurdesdonnéesissuesdequatreprojets:

Le projet européen ESCAPE18, qui est uneétudepaneuropéennemulticentriqueen

population générale. Il a fourni, pour unequarantaine de villes sur plusieurs pays, desestimations précises de l’exposition à longterme aux gaz (ex. oxyde d’azote, dioxyded’azote) et aux particules (PM10, PM2,5,PMcoarse), ainsi que des informations sur ladensitéetlaproximitéautrafic.

EGEA19 (France), SAPALDIA20 (Suisse) etECRHS (Europe), trois cohortesmulticentriqueseuropéennesdans lesquellesilaétépossibled'estimerpour8.000adultesl'exposition à long terme à la pollutionatmosphériqueàleurlieud’habitation

Sesobjectifssontd’étudier:

L’influence ou le rôle des facteurssocioéconomiques (au niveau individuel oucontextuel) sur l’exposition à la pollution del’airextérieur;

Si le rôle des facteurs socioéconomiques esthomogèneenEuropeous’ildépenddesvilles,despaysoudesrégions(ex.nord,sud);

Évaluer si cette association diffère chez lessujetsasthmatiquesoulessujetsensurpoids.

Méthodologie

Populations:

Leprojets'appuiesur lesdonnéesépidémiologiquesdetroiscohorteseuropéennes.

Pollutionatmosphérique:

L'estimation de l'exposition à la pollutionatmosphérique et particulièrement au NO2 se basesur des modèles statistiques de type Land UseRegression (LUR) qui modélisent la pollution enfonctiondescaractéristiquesurbaines(trafic,densitéde population, altitude, etc...) à des localisationsprécises.

                                                            16 OMS, Qualité de l’air ambiant (extérieur) et santé, Aide‐mémoire N°313, Mars 2014. 17 « Socio‐Economical Status and Air Pollution ». 18 www.escapeproject.eu  19 France : Etude épidémiologique des facteurs génétiques et environnementaux de l'asthme (étude cas‐témoin  et familiale, Inserm) ‐ https://egeanet.vjf.inserm.fr/index.php/fr/  20 Suisse : Swiss cohort study on air pollution and lung and heart diseases in adults (étude suisse multicentrique en population générale) www.sapaldia.ch  

La pollution de l’air extérieur représente un risque environnemental

majeur pour la santé.

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Indicateursdustatutsocio‐économique:

Au niveau individuel, l’âge de fin d'étude et lacatégorie socioprofessionnelle de chaqueparticipant ont été obtenus dans lesquestionnairesdesenquêtesépidémiologiques;

Au niveau contextuel, le taux de chômage parIRIS (du lieu d'habitation du participant) a étéobtenu.

Résultats

Pourlespremieretdeuxièmeobjectifs

En Europe, l'association entre le statut socio‐économique et la pollution atmosphérique dépenddechaqueville.Iln'apasétépossibled'identifierunerégiongéographiqueouunecaractéristiqueurbainequipermetted'expliquerlesensdecetteassociation.Les résultats mettent aussi en évidence que lesindicateurs individuels et contextuels ne capturentpas les mêmes aspects de la distribution du statutsocio‐économique et qu'il est donc important deprendre les deux en compte lorsque l'on étudie leseffetsdelapollutionatmosphériquesurlasanté.

Pourletroisièmeobjectif

Lesanalysessontencours.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lespartenaires :

BénédicteJacqueminInserm, U1168, VIMA‐Vieillissement et maladieschroniques, Approches épidémiologique et de santépublique,VillejuifJosepM.AntoCentre de Recerca en Epidemiologia Ambiental(CREAL),Barcelone(Espagne)NinoKuenzliDepartmentofEpidemiologyandPublicHealth,SwissTropicalandPublicHealthInstitute(Suisse)Durée:42mois

Financement:170.768€

Contact:[email protected]

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Influence de l’âge dans la réponse de l’organisme à la pollutionatmosphérique

Biomarqueursdetoxicitédelapollutionatmosphériqueparticulaireinfluencésparl’âgeSylvainBILLET 

Mots‐clés: pollution atmosphérique, particule atmosphérique, particule fine, toxicité, génotoxicité, âge,biomarqueur,cancer,lymphocyte,Dunkerque

De par sa position sur la Mer du Nord, le portmaritimedeDunkerqueestletroisièmeenFranceentermes de trafic; il représente le premier secteurd’emplois de la ville avec près de 20.000 emploisdans la sidérurgie, la pétrochimie, la chimie,l’agroalimentaire et lamaintenance. C’est le site denombreusesinstallationsindustrielles(dont15sitesclassés SEVESO) et d’une centrale nucléaire. C’estaussi la première plateforme énergétique de larégion Hauts‐de‐France (y compris charbon, gaz,pétrole et pétrochimie). Dunkerque peut êtreconsidérécommeunsitederéférenceenmatièredepollution atmosphérique puisqu’il est impacté à lafoisparlesactivitésmaritimes,lesactivitésurbaineset industrielles et la circulation automobile. Lesparticules fines et ultrafines de l’atmosphèreproviennent majoritairement d’un ensemble desources anthropiques (ex. combustion, trafic)cequifaitdecettezoneun«pointnoirenvironnemental».Lesteneursenparticulesatmosphériquesdanscettezonedépassentrégulièrement lesnormesfixéesparl’Union européenne. S’interroger sur l’impact de lapollutiondanscecontexteestd’autantpluspertinentqu’au niveau de la région Hauts‐de‐France, il avaitétéconstatéunesurmortalitéprématurée(avant65ans)21etunesurmortalitétousâgesconfondus22parmaladiesdel’appareilrespiratoire.EmissionsatmosphériquesetvieillissementdelapopulationChez l’homme, l’inhalation de particules fines estresponsabled’effetssurlasantéviadesmécanismes

d’action dont l’intensité dépend d’une combinaisondedifférentsfacteurs:

Caractéristiques des sources d’émissions, del’intensité de ces émissions, des facteursmétéorologiques,etc.;

Interactions physico‐chimiques qui existententre les constituants organiques etinorganiques au sein de l’atmosphère puisdesparticules;

Sensibilité inter‐individuelle liée notammentà l’âge, au comportement, ainsi qu’auxpathologiesrespiratoiresdéclarées.

De plus, les particules fines23 capables de pénétrerprofondément dans les poumons présentent desparamètres de surface, de taille et de morphologiefavorisant un effet «cheval de Troie» adsorbant àleur surface des composés toxiques potentiellementlibérablesauseindesalvéolespulmonaires.Nombre d’enquêtes épidémiologiques ont contribuéà établir une relation de causalité entre l’élévationdes niveaux ambiants de particules atmosphériqueset l’accroissementde lamortalitéetde lamorbidité,en particulier pour causes pulmonaires etcardiovasculaires. En France, des études de typeécologique ont montré des corrélations entre lesniveaux de pollution atmosphérique particulaire etdivers indicateurs de santé (ex. arrêts de travail,hospitalisations,morbidité),mêmesi les seuilspourlesquels des effets significatifs en termes de décèsfluctuentd’uneenquêteàl’autre.

 

EA4492UnitédeChimieetInteractionssurleVivant– UniversitéduLittoralCôted’Opale‐Dunkerque

                                                            21 Indice Comparatif de Mortalité, ICM = 171,9. 22 ICM = 150,7. 23 Dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns (PM2.5). 

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La population française vieillissant, certainespathologiesliéesàl’âge,autrefoismarginales,voientleur prévalence augmenter comme les maladiescardiovasculairesouneurodégénératives,maisaussidestroublesimmunitairesetlasurvenuedecancers.Par exemple, la fréquence du cancer du sein estmaximale entre 65 et 70 ans. L’expérience acquisesur les mécanismes responsables du vieillissementcellulaire et la cancérogénèse conduit lesscientifiques à s’intéresser de plus en plus auxpossibilitésdesynergiesexpliquantuntauxaccrudecancer au‐delà d’un certain âge. La recherched’interactions a ainsi permis d’identifier desmécanismes tels que le dysfonctionnement dusystème immunitaire (immunosénescence)24, lalibération de marqueurs inflammatoires ou encoredes perturbations de gènes impliqués dans laréparationdesdommagesà l’ADNou lecontrôleducycle cellulaire. Or, la majeure partie de cesphénomènes fait également partie des mécanismesd’actiontoxiquedesparticulesatmosphériquesfines.Dès lors,onest amenéàsedemandercommentlesréponses cellulaires évoluent, en fonction de l’âge,suiteàuneexpositionàlapollutionatmosphérique.

Leprojetderecherche:PACATox

Dans ce contexte, le projet PACATox a pourobjectifsd’étudier l’influence de l’âge sur lesréponsescellulaires(enparticulier,deslymphocytessanguins) lors de l’exposition aux particules fines(PM2.5), puis, à partir des méthodologies mises enœuvre, de proposer de nouveaux biomarqueursd’exposition ou d’effet précoce. Les éventuellesvariations du niveau de ces biomarqueurs liées àl’âgeserontrecherchéesà4niveaux:

Inflammatoire: caractérisation des

lymphocytes et des médiateurs impliquésdanslaréponseinflammatoire;

Métabolique: détermination de l’expressiondes enzymes du métabolisme desxénobiotiques et établissement du profilmétabolomiquedescellules;

Génotoxique: recherche des atteintes del’ADN reconnues (cassure double‐brins) etinnovantes(adduitsd’oxydation);

Épigénétique: étude de modificationsidentifiées dans l’apparition de maladiestumorales(expressiondesmicroARN25).

 

Dunkerque(Source:Pichasso,WikipediaCommons)

                                                            24 Processus complexe de vieillissement du système immunitaire qui entraîne progressivement la diminution de la réponse immunitaire aux vaccins, aux infections et une tendance accrue au cancer. 25 Petits acides ribonucléiques (ARN) qui contrôlent, de manière post‐transcriptionnelle, l’expression des gènes. 

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Méthodologie

Les particules atmosphériques seront prélevées àDunkerque (ville sous influences industrielle,urbaine et maritime) avant la détermination descaractéristiques physico‐chimiques les pluspertinentes pour l’analyse toxicologique. Puis, enaccord avec leComitédeProtectiondesPersonnes,des lymphocytes sanguins seront prélevés chez dessujets issus de trois classes d’âge (20‐30, 45‐55 et70‐80ans)26,etserontexposésdurant24heuresauxparticules fines (PM2.5) à une concentration quicorrespond à une exposition environnementalemodérée. Pour l’étude des différents mécanismesd’action sous‐jacents, des témoins seront intégrés ànos protocoles: des cultures témoins «négatif»(c’est‐à‐dire non exposées) et des cultures témoins«positifs»exposéesàdessubstancesconnuespourleurgénotoxicité.

Les résultats feront enfin l’objet d’analysesstatistiques afin de vérifier leur significativité etpermettre leur interprétation, et la proposition debiomarqueursàvaliderlorsd’étudesenpopulation.

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                            26 Un nombre de 90 patients est attendu, soit 30 par classe d’âge, répartis de manière homogène selon le sexe. 

Lespartenaires :

SylvainBilletEA 4492 Unité de Chimie environnementale etInteractions sur le Vivant – Université du LittoralCôted’Opale‐DunkerqueFabriceCazierCentre Commun deMesures – Université du LittoralCôted’Opale‐DunkerquePierreGossetService d’Anatomie Pathologie ‐Hôpital St Vincent –GroupementdesHôpitauxde l’InstitutCatholiquedeLille–LilleRaphaëlDelépéeEA 4651 Aliments Bioprocédés ToxicologieEnvironnements ‐ Université de Caen Normandie –CaenJohnHalketMassSpectronomyFacility–King’sCollegeLondon–GrandeBretagneDurée:36mois

FinancementADEME:200K€

Contact:Sylvain.Billet@univ‐littoral.fr

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L’expositiondeschauffeursdetaxisparisiensàlapollutionatmosphériqueExposition aux particules ultrafines et au carbone suie des chauffeurs de taxis parisiens : déterminants del’expositionetimpactsurlasantérespiratoireIsabelleMOMAS 

Mots‐clés: pollution atmosphérique, exposition professionnelle, automobile, taxi, transport urbain, trafic,moteurdiesel,carbonesuie,combustion,particulesfines,appareilrespiratoire,allergie,IledeFrance

 

Certains professionnels comme les policiers, leschauffeurs (ex. taxi, transport en commun…), leslivreurs,lespostiers,lestravailleurssurlesroutesetautoroutes, etc., sont fortement exposés, pendantleursheuresdetravail,à lapollutiondel’airdueautrafic routier. Dans ce contexte, la question de lanaturedespolluants impliqués sepose,notammentcelle des particules fines jugées néfastes pour lasanté.Jusqu’alors,lespremièresétudesontportésurles mesurages dans l’habitacle des véhicules, despolluants réglementés (ex. monoxyde de carbone,oxyde d’azote…) mais rarement sur les particulesultrafines et le carbone suie, faute de dispositifsadaptés.ParticulesultrafinesetcarbonesuieEn zone urbaine, l’origine des particules ultrafinesest la combustion de combustibles fossilesnotammentdanslesmoteursdieseletàessence–lacombustiondudieselengénérantplusquel’essence.Plus précisément, les moteurs diesel émettent unmélangecomplexedecentainesdeconstituantssousforme gazeuse ou de particules fines (y compris decarbonesuie)ouultrafines.Cesdernièrespossèdentundiamètreinférieurà100nanomètres; elles sont inhalables et auraient deseffets sur la santé en raison de leur capacité àadsorberdescomposésorganiques27etàinduiredeseffetsinflammatoires.

Ces particules ultrafines sont capables, nonseulement de véhiculer d’autres contaminants,maisaussi de contribuer efficacement à leur dépositiondans les alvéoles pulmonaires. À cause de cescaractéristiques, elles constitueraient la composantede la pollution de l’air relative au trafic, la plusdommageablepourlasanté.

CirculationenIledeFranceQuantauxparticulefinesPM2,5,leurtoxicitépourraitêtre due au carbone suie. La principale source decarbone suie est la combustion incomplète de labiomasseetdufioul/gazoleavecdescontributionsdel’industrie (environ 23% des émissions), desménages(22%)etdestransports(20%).Toutefois,ilpourraitnepasexercersatoxicitédirectement,maispar l’intermédiaire des substances toxiques qu’ilvéhicule.

 

UniversitéParisDescartes‐ SorbonneParisCité,EA4064

                                                            27 Comme les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), et nitro‐HAP, de faibles quantités de sulfates, nitrates, métaux et autres éléments sous formes de traces. 

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LesprofessionnelsdelaconduiteautomobileCertaines populations sont particulièrementexposéesauxparticulesultrafinesetaucarbonesuie.C’est le cas de professionnels de la conduiteautomobile comme les chauffeurs de taxis. Unepremière étude28 avait ainsi montré que leschauffeurs de taxis franciliens étaient exposés, enmoyenne, dans l’habitacle de leurs voitures, à desconcentrations significativement plus élevées quecellesmesuréesdans l’airambiantparisien, surunepériode de huit heures. De plus, les concentrationsde fumée noire enregistrées chez ces chauffeursétaient également supérieures aux valeursmaximales d’exposition préconisées parl’Organisationmondiale de la santé (OMS).Quel estl’impactsanitairedecetteexposition?Quelssontleseffetsàcourtterme(àlafind’unejournéedetravailpar exemple) de ces expositions quotidiennesrépétées au trafic, sur la santé respiratoire? Destravaux récents suggèrent de premiers éléments deréponse. Ces professionnels sont plus à risque dedévelopper des affections respiratoires,cardiovasculairesetneurologiquesquelapopulationgénérale.Peu d’études ont abordé les expositionsprofessionnelles des chauffeurs de taxis auxparticules émises par les moteurs diesel. C’estdésormais possible, l’exposition professionnelle auxparticulesultrafinesetaucarbonesuiepouvantêtremesurée par des appareils portatifs développés aucours de ces dernières années. Mais ces mesuresrestentencorerares.

Leprojetderecherche:PUF‐TAXIS

Les professionnels de la conduite automobile sontexposés aux particules ultrafines sans que l’on aitréellement quantifié leur niveau d’exposition et savariabilité,nilescaractéristiquesdel’activitédecesprofessionnels qui impactent leur exposition. LeprojetPUF‐TAXISproposede traiterces questions.Ilviseà:

Quantifier l’exposition des chauffeurs detaxis auxparticulesultrafines et au carbonesuie et ses variations spatio‐temporelles.Identifier les déterminants de cetteexposition liés aux détails de l’activitéprofessionnelle;

Étudier l’impact de ces expositionsprofessionnelles sur les performancesventilatoires et la symptomatologierespiratoiredecesprofessionnels.

Méthodologie

Ceprojetcomportedeuxvolets:

Le volet expologique consiste à réaliser unmesurage,àl’aidededispositifsportatifs,del’exposition professionnelle aux particulesultrafineset au carbonesuie. Il s’appuie surun échantillon tiré au hasard de chauffeursde taxisartisans franciliens29quisontsuivispendant leurs heures d’activitésquotidiennes(8à11heures);

Le volet épidémiologique portera sur unsous‐ensemble de ces conducteurs30, enfonction des niveaux d’exposition mesurésaucoursdelapremièrephaseetcomporterades mesurages simultanés des expositionsprofessionnelles et des performancesventilatoires,répétésàsixmoisd’intervalles(printemps‐étéetautomne‐hiver).

                                                            28 Étude sur  l’exposition professionnelle aux polluants d’un petit échantillon  (n=29) de chauffeurs de  taxis artisans  franciliens (Zagury et al. 2000). 29 Ces chauffeurs seront tirés au sort dans la liste des membres de la Fédération Nationale des Artisans du Taxi (FNAT). À titre exploratoire, il a été décidé de recruter une centaine de participants volontaires. 30 2/3 des chauffeurs de taxis sélectionnés. 

Peu d’études ont abordé les expositions professionnelles des

chauffeurs de taxis aux particules émises par les moteurs diesel.

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L’originalité du projet tient donc dans l’utilisationd’instruments de mesures portatifs développés aucours de ces dernières années et permettant dequantifierl’expositionauxparticulesultrafines.

Lespartenaires:

IsabelleMomasUniversité Paris Descartes ‐ Sorbonne Paris Cité,EA4064DrLyndaBensefa‐ColasUniversité Paris Descartes ‐ Sorbonne Paris Cité,Service de pathologies professionnelles etenvironnementales, Hôpitaux Universitaires ParisCentre,CochinBrocaHôtel‐DieuDurée:36mois

FinancementADEME:198.016€

Contact:[email protected]

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L’expositionauxparticulesultrafineschezl’enfantd’âgescolaireImpactdel’expositionauxparticulesultrafinessurlafonctionventilatoireetlessymptômesrespiratoireschezl’enfantd’âgescolaire:étudedanslescohortesPARISetINMAIsabelleMOMAS 

Mots‐clés:exposition,particuleatmosphérique,pollutionatmosphérique,trafic,appareilrespiratoire,enfant,asthme,allergie,rhinite,symptômerespiratoire,enquêtecastémoin,doseeffet

Si la prévalence des pathologies allergiquesrespiratoires(commel’asthmeoularhinite)semblese stabiliser dans les pays industrialisés, les causesdecespathologiesrestentmalconnues.Parmicelles‐ci,estdeplusenplusévoquéel’influencedumodeetdu cadre de vie. S’agissant des facteursenvironnementaux, leurcontributionà l’aggravationetà l’exacerbationdecespathologiesestassezbiendocumentée.Cependant, l’impact sanitaire de la pollutionatmosphériqued’origineautomobilenécessited’êtreexplicité, notamment chez l’enfant. En effet, lesexpositions au cours des premières années de viesemblent déterminantes car les enfants sont plusvulnérables aux effets potentiels des contaminantsenvironnementaux, en raison de leurs spécificités:croissance, conditions d’exposition (ex. jeux parterre, relation main‐bouche…), respiration plusfréquemmentparlabouche(court‐circuitantainsilabarrièrefiltrantenasale),etc.Syndromesrespiratoireschezl’enfantL’étude de l’impact chez l’enfant d’une expositionauxpolluants liésautrafica fait l’objetdeplusieurstravauxrécentsdontcertainsindiquentclairementlelien entre exposition au trafic et anomalie dudéveloppement pulmonaire. C’est le cas de l’étudeISAAC, qui a mis en évidence, dans six villesfrançaises, une association entre la prévalence31 del’asthmed’effort,del’eczéma,delarhiniteallergique,

delasensibilisationauxpollensetlesconcentrationsdeparticules(PM10)estiméesdevantl’école.Un questionnement plus récent porte sur lesparticules de diamètre inférieur à 100 nm: lesparticules ultrafines. Celles‐ci sont principalementissuesdesémissionsdesvéhiculesetdephénomènesde nucléation condensant des composés volatils enparticules. Par ailleurs, il existe des sourcesintérieures de particules ultrafines: chauffage etcuisson des aliments, tabagisme, passage del’aspirateur,etc. Il a été récemment suggéréquedetellesparticulesauraientdeseffetspuissantsdanslesvoies respiratoires ou aériennes. Mais, ces travauxont surtout porté sur les expositions ambiantesd’adultes,plusrarementd’enfants.Laquestiondesmesuresd’expositionDe manière générale, les travaux sur les effets desparticules ultrafines se heurtent à la difficulté del’évaluation de l’exposition. Certaines équipesscientifiques considèrent l’intensité du trafic àproximitédu lieude résidence,d’autres considèrentladistanceséparantunevoieàforttraficdudomiciledes enfants, plus rarement de leur école. Enfin,d’autresprocèdentàunemodélisationdel’expositionpar des modèles statistiques. Le développementrécentdedispositifsportatifsdemesureadaptésauxparticules ultrafines va enfin permettre d’estimerl’expositionréelledechaqueindividuàcesparticules–expositioncumuléedanslesdifférentslieuxdevie

 

UniversitéParisDescartes‐ SorbonneParisCité,EA4064 

                                                            31 L’année passée et/ou au cours de la vie. 

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qu’ilfréquente.Au‐delàdesmesuresécologiques32,ilsera ainsi possible de quantifier le véritable impactsanitaire de cette exposition en fournissant desrelations de type dose‐réponse qui, à ce jour,n’existentpasdanslalittérature.

Leprojetderecherche:UFPPARISINMA

Ce projet de recherche consiste à réaliser unmesuragepersonnalisédel’expositionauxparticulesultrafines chez des enfants âgés de 8 et 9 ans. Il senicheau seindedeuxcohortes,PARISet INMA,quidocumentent régulièrement, depuis la naissance, lasanté respiratoire et les allergies de plusieursmilliersenfantsetcomportentunbilandesantéà8‐9 ans. Ce bilan de santé standardisé comporte unquestionnaire de santé, des explorationsfonctionnellesrespiratoires,lamesuredelafractiondumonoxyded’azotedansl’airexpiré(FeNO)33,destests cutanés de sensibilisation allergénique et uneprisedesangavecbilanbiologique.

Il aétédécidéderecruter,à titreexploratoire,100cas et 100 témoins: soit 50 cas et 50 témoins parcohorte:

Les cas sont des enfants présentant dessifflementspersistantsdéclarés,depuisl’âgede4ans;

Les témoins sont les enfants indemnes detoute symptomatologie respiratoire, qu’elleconcernelesvoiesaériennessupérieuresouinférieures,aprèsl’âgede4ans.

Laquestionquiseposealorsest«lescassont‐ilsenmoyenneplusexposésauxparticulesultrafines?»

Les mesures continues de particules ultrafines(nombre,diamètremoyen,surface)sefontgrâceauminiDISC, un capteur portatif qui permetl’estimationde l’expositiondans les différents lieuxfréquentésparlesenfantssélectionnés.

                                                            32  C'est‐à‐dire  telles  que  l’exposition  soit mesurée  globalement  pour  une  population.  Les  concentrations  de  particules  sont mesurées par des  stations  fixes,  appartenant  en  général  à des  réseaux de  surveillance de qualité de  l’air ou plus  rarement installés pour les besoins d’une étude. 33 Reflet de l’inflammation bronchique à éosinophiles chez le sujet asthmatique et/ou allergique. 

Les travaux sur les effets des particules ultrafines se heurtent à la

difficulté de l’évaluation de l’exposition.

Lespartenaires :

IsabelleMomasetCristinaPaunescuUniversité Paris Descartes ‐ Sorbonne Paris Cité,EA4064JordiSunyerSalud infantil, Infancia y medio ambiente, CREAL,Barcelone(Espagne)Durée:36mois

FinancementADEME:199.878€

Contact:[email protected]

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Effets cardiovasculaires des émissions demoteurDiesel: un rôle pour ledioxyded’azote(NO2)?

Effets cardiovasculaires de polluants atmosphériques d’origine automobile : étude par inhalation chez le rat 

de l’effet du NO2 seul et en mélange dans des gaz d’échappement de moteurs DieselChristelleMONTEIL 

Mots‐clés: inhalation, dioxyde azote, polluant, pollution atmosphérique, particule atmosphérique, particulefine,trafic,automobile,moteurdiesel,appareilcardiovasculaire,milieuurbain, insuffisancecardiaque,stressoxydant,étuded’associationpangénomique

La pollution de l’air en milieu urbain demeure,aujourd’hui encore,unproblèmede santépublique,lié en particulier à l’accroissement du parcautomobile. Si les affections respiratoiresreprésentent une des conséquences sanitairesmajeures de la pollution, les maladiescardiovasculaires figurent également au premierplan, dans la mesure où elles peuvent engager lepronostic vital. Des études récentes montrentqu’une exposition au long cours à la pollutionatmosphérique,même à des niveauxmodérés, peutcontribuer à l’émergence de pathologiescardiovasculaires chroniques (ex. hypertensionartérielle,artériosclérose,insuffisancecardiaque).Parmi les polluants mis en cause, les particulesfines34 et ultrafines sont considérées comme étantmajoritairementresponsablesdeseffetssanitaires.Ilaétédémontré,aussibienchezlerongeurquechezl’homme, que la matière particulaire pouvaitentrainer des effets négatifs sur l’appareilcardiovasculaire.Parmilesévénementssusceptiblesde contribuer à ces effets, figurent l’importance dustress oxydant, lié à la production excessived’espèces réactives de l’oxygène (EROs), et de laréponse inflammatoire. Même si l’évolution de laréglementationdesémissionsdesvéhiculesroulants(normesEURO)aconduit,avec lamiseenplacedesfiltres à particules, à une réduction importante desparticules primaires d’origine automobile dansl’atmosphère, le dioxyde d’azote (NO2) lié à laprésence de la catalyse d’oxydation, peut participerauxeffetssanitaires.

Ledioxyded’azote(NO2)Produitprincipalementparlesvéhiculesetcertainesactivités industrielles, le dioxyde d’azote est«polluant toxique» à l'odeur âcre et piquantecaractéristique. Dans l’atmosphère, il se transformeen acide nitrique, et contribue ainsi à l’acidificationdes milieux. Par ailleurs, il représente le principalagent responsable de la formation d’aérosols denitrate, qui constituent une proportion importantedes particules fines (PM 2,5). Il est souvent utilisécomme indicateur de la pollution atmosphérique (ilentredanslecalculdel’indicedelaqualitédel’airenFrance par exemple). Néanmoins, peu d’études sesont attachées à évaluer l’effet de ce polluant quireprésente pourtant un polluant majeur et dont lesvaleurslimitespeuventêtrefréquemmentdépasséeset il est encore difficile de distinguer les impactssanitaires des émissions de NO2 de ceux desparticules et autres polluants avec lesquels ilcoexiste.QuelleestlapartimputableauNO2dansles

 

 

UniversitédeRouen,UFRMédecine‐PharmacieEA4651 ABTE/Toxemac,Rouen

                                                            34 Particules dont le diamètre est inférieur à 2,5 microns (PM2,5). 

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effets sanitaires observés? Quelles sont les voiesreliant l’exposition pulmonaire aux effets surl’appareil cardiovasculaire? Ces questions restentencoredébattues.Uneciblepotentielle:lamitochondrieLes mitochondries sont des organitesintracellulaires, possédant leur propre génome, etellessontconsidéréescommeétantlegrandquartiergénéral du métabolisme énergétique de la celluleavec la production d’une forme utilisable d’énergie,l’adénosine 5’‐triphosphate (ATP). Leurs rôles vontau‐delà de leur capacité d’action métaboliquepuisquecesorganitessontégalementimpliquésdansdes processus cellulaires variés, tels que laprolifération et la mort cellulaire, l’homéostasiecalcique et de nombreuses voies anaboliques tellesqueparexemplelasynthèsedesstéroïdes.Ellessontégalement le siège de la production d’EROs,médiateurs intracellulaires incontestés maispotentiellement dangereux pour la cellule lorsqueleur production devient excessive. Il existe denombreux travaux qui ont mis en évidence desdysfonctionsmitochondrialesàl’originedemaladies.Demême,denombreuxmécanismescardiotoxiquesinduits par des médicaments impliquent unealtération des fonctions mitochondriales. Unelittérature encore limitée mais croissante indiqueégalementque lamitochondriepeutêtre lacibledetoxiques de l’environnement. On soupçonne que leNO2,soitdirectement,soit indirectement,affecteraitles fonctions mitochondriales entraînant unprocessus d’évolution chronique à l’origine demaladiescardiovasculaires.Leprojetderecherche:CARDIOX

Le projet de recherche CARDIOX s’inscrit dans cecontexte global de la compréhension des effetssanitairesduNO2.Dansceprojet,nousévalueronslapart attribuable spécifiquement auNO2par rapportaux autres constituants des émissions diesel, entermes d’effets sur l’appareil cardiovasculaire. LeprojetCARDIOXpermettra ainsi de comparer l’effetde l’aérosol complet (en présence de particules), lafractiongazeusetotaleetleNO2seulàconcentrationéquivalente.

Ces effets seront mis en évidence après desexpositionsaiguësetrépétéesparinhalationchezlerat afin de suivre l’évolution d’une éventuelledysfonctioncardiaque.Parailleurs,nousassocieronsà l’étude de la fonction cardiaque, des approchescombinéesdebiochimieetbiologiemoléculaire.Cesapproches permettront non seulement decomprendre lesmécanismes d'action cellulairemisen jeu mais aussi d’identifier des cibles précocesd’exposition aux polluants en se focalisant sur lamitochondrie.

Méthodologie

Auplanméthodologique l’approche retenue sera lasuivante:

1. Expositions aux émissions demoteur Dieseleteffetscardiovasculaires

Il s’agira d’utiliser des émissions natives d’unmoteur catalysé, prélevées en amont (aérosolcomplet) et en aval du filtre à particules (phasegazeuseuniquement).Cesconditionspermettrontdemettreenévidencel’impactdufiltreàparticulessurles fonctions cardiovasculaire et mitochondrialeainsi que sur des paramètres biologiques tels quel’inflammation et le stress oxydant, au niveau dutissu musculaire qui forme le cœur (le myocarde),l’aorteetauniveausanguin.

Les expositions dureront une seule fois 3 heurespour mettre en évidence des effets aigus liés auxémissions de moteur Diesel, à des concentrationsproches de celles que peut inhaler l’Homme enproximité du trafic. Ces effets seront comparés àceux mesurés après des expositions répétéesréaliséespendant3semainesàraisonde5joursparsemaine,3heuresparjour.

On soupçonne que le NO2 affecterait les fonctions mitochondriales entraînant

un processus d’évolution chronique à l’origine de maladies cardiovasculaires.

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2. Expositions aux émissions de NO2 et effetscardiovasculaires

Durantcettephase,l’impactduNO2seulseraévalué.Le schéma d’exposition ainsi que les paramètresfonctionnelsetbiologiquesseront identiquesàceuxmisenœuvredansl’étapeprécédente.

3. RéponsecellulaireglobaledumyocardeLestissuscardiaquesserontégalementsoumisàuneanalyse transcriptomique qui permettra d’associerdes variations génétiques avec les autres donnéesobtenues. Cette étude pourra être utile pouridentifier,auniveaumoléculaire,lamanièredontlespolluantsd’origineautomobile testés ici affectent lasanté cardiovasculaire. Cette étude seramenée à lafois sur les tissus cardiaques prélevés après lesexpositionsauxémissionsdemoteurDieseletaprèsles expositions au NO2 seul, afin de mettre enévidence une signature génique éventuellementcommuneentrelesconditionstestées.

L’analyse intégrée des résultats permettra declarifierl’implicationduNO2dansledéveloppementdepathologies cardiovasculaires liéesà lapollutiondel’air.Ellepermettraégalementdecomprendrelesmécanismes d’action qui peuvent entrainer unealtérationdelafonctioncardiaqueetd’identifierdesmarqueursprécocesdecesaltérations.Lesrésultatsattendus permettront d’apporter de nouveauxéléments dans l’amélioration de l’évaluation desrisques et pour une évolution éventuelle de laréglementationdansledomainedelaqualitédel’air.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lespartenaires :

ChristelleMonteilUniversité de Rouen, UFR Médecine‐PharmacieEA4651ABTE/Toxemac,RouenValérieLecureurIRSET,UMRInserm1085,RennesPaulMulderUFR de médecine et de pharmacie Inserm U 1096,RouenFabriceCazierCentre commun de Mesures, Université du LittoralCôted’Opale,DunkerqueDurée:36mois

FinancementADEME:198.748 €

Contact:christelle.monteil@univ‐rouen.fr

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PolluantsatmosphériquesnanoparticulairesPolluants atmosphériques nanoparticulaires: identification, caractérisation physico‐chimique etrecherchedebiomarqueursdepathogénicitépulmonaireJean‐MarcLO‐GUIDICE 

Mots‐clés: pollution atmosphérique, matière particulaire, particule ultrafine, particule fine, souris soucheBALB C, toxicité, pathologie respiratoire, broncho‐pneumopathie obstructive, asthme, cancer, biomarqueur,microARN

 

En octobre 2013, le Centre international derecherche sur le cancer (Circ) a classé la pollutionatmosphériqueetlesparticulesfinescontenuesdansla pollution atmosphérique comme cancérogènescertains pour l’homme (groupe 1). La pollution del'air est constituée d'un ensemble complexe depolluants solides (matière particulaire) et gazeux(dioxydedesoufre,oxyded’azote,ozone,etc.)ayantpourorigineunemultitudede sourcesnaturellesetanthropogènes (trafic automobile, chauffage,activités industrielles, etc.). Les caractéristiquesphysico‐chimiques de ces polluants dépendent dessourcesd’émissions,del'intensitédesémissions,desfacteurs météorologiques, de la topographie localemais également des interactions qui existent entrelesdifférentsconstituantsdesaérosols.Lesmatièresparticulairespeuventainsirenfermerdesmoléculesnocives comme des composés organiques volatils(COV),deshydrocarburesaromatiquespolycycliques(HAP) ou des métaux. Les particules peuventégalement fixer des molécules biologiques commedes allergènes ou s’adsorber sur des pollens. Il estdoncdifficiledeconsidérerlesparticulescommedespolluants isolés et il est nécessaire de lescaractériser.LecasdesparticulesultrafinesOutre les caractéristiques chimiques des particules,leurtaillejoueégalementunrôleprépondérantdansleurs effets sur la santé puisqu’elle va conditionnerleurs capacités de pénétration et de rétention dansl’appareilrespiratoire:

Les particules d’un diamètre supérieur à 10µm se déposent par collision sur les paroisdes voies aériennes supérieures, puis sontdégluties.

Les particules d’un diamètre compris entre2,5 et 10 µm (PM10) pénètrent la régionthoracique et atteignent les bronchioles ;engluées alors dans le mucus qui recouvrel’épithélium bronchique, les particules sontdirectement épurées par la clairancemucociliaire.

Les particules fines, dont le diamètre est

inférieur à2,5µm (PM2,5), peuvent atteindreles régions les plus profondes de l’appareilrespiratoire, les alvéoles pulmonaires, oùs’effectuent les échanges gazeux entre lemilieuextérieuretlesang.

Les particules ultrafines, ou PUF, ont un

diamètresinférieurà0,1µm(PM0,1);siletauxde déposition dans les alvéoles pulmonairesest de l’ordre de 20% pour les particulesfines, il peut atteindre 50% pour particulesultrafines. Dans ces régions, les particulessont éliminées grâce à l’intervention desmacrophages alvéolaires; cependant, laclairancemacrophagiqueétantbeaucouppluslente que la clairance mucociliaire, la demi‐viedesparticulesdanslesrégionsalvéolairespeutatteindreplusieursmois,favorisantainsiunremodelagetissulaire.

 

 

EquipeIMPECS(Impactdel’environnementchimiquesurlasantéhumaine)– EA4483–UniversitéLille2 

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Les PUF posent un problème particuliersupplémentaired’ordremétrologique.Eneffet,silesPUFconstituentune faibleproportionenmassedesmatièresparticulaires(1à8%dutotal),ellessontlesplus nombreuses (par exemple, 1microgramme dematièresparticulairescorrespondà1000particulesde10µmmaisà1milliarddeparticulesde0,1µm)et possèdent une surface spécifique beaucoup plusimportante que les particules plus grosses, leurconférant des capacités supérieures pour adsorberdes impuretésouréagiravecdestissusbiologiques.Cesdonnées suggèrentqu’unmêmepolluant inhalésous forme de particules ultrafines serait plustoxiqueque s’il l’était sous formedeparticulesplusvolumineuses.

VersuneévolutiondelarèglementationActuellement, lesnormeseuropéenneset françaisesde qualité de l’air relatives aux particules portentessentiellementsur lesPM10etPM2.5maisenaucuncas sur les particules ultrafines. De plus, larèglementation appliquée jusqu’à présent pour lesuivi de la pollution particulaire ne considère quedesmesuresenmassedePMparm3d’air.Or,mêmesi elles sont négligeables en masse, les particulesultrafines, dont la réactivité est potentiellementsupérieure à celles des particules plus grosses,représentent ennombre80%de l’aérosolurbain. Ilparaîtdoncimportantdefaireévoluerlesnormesdesorte qu’elles prennent en compte le nombre departiculesplutôtqueleurmasseetdemieuxprendreenconsidérationlesPM0,1.LeseffetssurlasantéIl reste beaucoupd’inconnues sur le comportementdesparticulesultrafinesdansl’organisme.Commentpersistent‐elles dans les régions alvéolaires?Comment interagissent‐elles avec les cellulesépithéliales?Parquelsmécanismespourraient‐ellesêtre impliquées dans le développement oul’exacerbationd’affectionsrespiratoires?

Afin d’identifier des biomarqueurs innovantsassociés à la pathogénicité des PUF, l’étude del’interaction entre l’exposition à ces polluants et ladérégulation des microARN constitue une piste derechercheprometteuse.Eneffet,cespetitsARNnoncodantsjouentunrôlemajeurdanslarégulationdequasiment tous les processus biologiques via lecontrôledel’expressiondesgènes,etsontimpliquésdans de nombreux processus pathologiques(cancérogenèse,fibrogenèse,etc.).Moinsd'attentiona été consacrée à l’étudedes variations éventuellesd’expressiondesmicroARNsuiteàuneexpositionàdes facteursenvironnementaux.LesmicroARNsontsoupçonnésdejouerunrôledansl’influencenéfastede la pollution atmosphérique sur la fonctionrespiratoiredessujetssainsetdespatientsatteintsd’une maladie respiratoire chronique (ex. asthme,bronchopneumopathieobstructive).Leprojetderecherche:NANATMOPATH

Afin d’apporter des éléments novateurs quant auxrelations entre les caractéristiques chimiques desparticules atmosphériques les plus fines et leurtoxicité pulmonaire, nous proposons demener uneétude toxicologique de l’impact sur la santérespiratoire de doses réalistes de fractionsparticulaires fines (PM2,5) et ultrafines (PM0,18) depolluantsaériensprélevéssurunmêmesite,localiséà l’intersection entre les autoroutes A16 et A25, lazoneindustrielleetlaconurbationdunkerquoise.

Méthodologie

Unepremièreapprocheexpérimentaleaétéréaliséein vitro, utilisant des cultures primaires de cellulesépithéliales bronchiques humaines; nousenvisageons de la compléter en évaluant lapathogénicité pulmonaire de ces particules sur unmodèle murin, lors d’expositions aiguës et sub‐chroniques.Lesobjectifsdeceprojetsont:

1. D’allier une caractérisation physico‐chimiqueapprofondiedesparticulesfinesetultrafines prélevées en milieu urbano‐industriel;

2. D’évaluer la bio accessibilité des métaux etmétalloïdesdecesparticulesdanslesfluidesbronchiques;

Il reste beaucoup d’inconnues sur le comportement des particules ultrafines

dans l’organisme.

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3. D’analyser leur pénétrationdans les cellulesépithélialespulmonairedessourisexposées;

4. D’évaluer leur potentiel génotoxique in

vivoetleurimpactsurl’épigénome;

5. De rechercher et d’identifier, des voies designalisation ou des biomarqueurs (enparticulier des microARN) associés à lapathogénicitédecespolluants.

Les biomarqueurs d’exposition et de toxicitépulmonaire identifiés au cours de ce projetpourraient être ensuite évalués chez l’homme, afind’étudier leurs corrélations à des maladiesrespiratoires d’origine environnementale. Lavalidation de ces biomarqueurs permettrait unemeilleure surveillance des populations exposées,notammentdespopulationsvulnérablesdepatientsatteints de maladies chroniques des voiesrespiratoirescommel’asthmeetlaBPCO.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lespartenaires :

Jean‐MarcLo‐GuidiceEquipeIMPECS(Impactdel’environnementchimiquesurlasantéhumaine)–EA4483–UniversitéLille2FabriceNesslanyLaboratoire de toxicologie génétique – InstitutPasteurLilleLaurentAllemanDépartement SAGE (Sciences de l’atmosphère etGéniedel’environnement)–EcoledesMinesdeDouaiPierreDubotEquipe MCMC (Laboratoire Métaux et Céramiques àMicrostructures Contrôlées) – CNRS UMR 7182 ‐ThiaisDurée:36mois

Financement:199K€

Contact:jmlo‐guidice@univ‐lille2.fr

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LaprématuritéetlephénomènedemultiexpositionPrématuritéetmultiexpositionenvironnementale:bruitetpollutionatmosphériqueenmilieuurbainFrédéricMAUNY 

Mots‐clés: prématurité, exposition multiple, milieu urbain, bruit, pollution atmosphérique, enquête castémoin,doseeffet,femmeenceinte,analysegéographique,Franche‐Comté,Bourgogne

La prématurité35 a de lourdes conséquences sur ledeveniretledéveloppementphysiqueetintellectueldes enfants. En 1995 elle représentait 5,9% desnaissances en France et cette proportion sembleprogresser depuis. Elle est associée à de nombreuxfacteurs (ex. déroulement de la grossesse,antécédents gynéco obstétricaux, tabagisme,conditions socio‐économiques…)mais lamoitié desnaissances prématurées demeure à ce jourinexpliquée. Au‐delà des facteurs de risque connus,d’autres, d’origine «environnementale», comme lapollution atmosphérique ou le bruit, semblentpouvoirêtreincriminés.LapollutionatmosphériqueLe milieu urbain est un espace particulier où semêlent simultanément des activités polluantes (ex.production industrielle, activités de transport…) etune forte densité humaine. Les polluants présentsdans l’air sont d’une très grande diversité: gaz,matièrecondensée,solideouliquideensuspension…Après émission, ils se dispersent dans l’air et fontl’objetderéactionschimiquesquilesmodifient.En Europe, le suivi de la pollution de l’air est unepratiquebienétablie;desstationsfixesmesurentencontinu la qualité de l’air, priorisant les polluantsréglementés, c’est‐à‐dire ceux pour lesquels desvaleurs limites d’exposition ont été définies (ex.monoxyde de carbone, dioxyde de soufre, ozone…).Parmileseffetsdelapollutionatmosphériquesurlasanté humaine, des excès de mortalité et demorbidité (cardiovasculaire et respiratoire) etd’admissions hospitalières ont été mis en évidencelorsdepicsdepollution.

Cette dernière décennie, des travaux se sontégalement orientés vers la recherche d’effets sur ledéroulementdelagrossesse,identifiantunlienentrepollution atmosphérique et faibles poids à lanaissance et une association possible avec laprématurité. Toutefois, les questions concernant laformedelarelationdose‐réponseet l’existenced’uneffetseuilsontàcejoursansréponse.LebruitDepuisunetrentained’années,lespréoccupationsausujet des effets sanitaires de l’exposition sonoreenvironnementalen’ontcessédecroître.Au‐delàdeseffetsauditifsbienconnus,denombreusesétudesontpu établir un lien entre nuisances sonores etdifférentes pathologies (ex. cardiovasculaires,psychiatriques…). Les quelques études portant surles effets de l’exposition sonore environnementalesur ledéroulementde lagrossesseconduisentàdesrésultats divergents, avec unetendance àl’augmentation du risque (non significative) enmilieuprofessionnel ou enpopulation générale.Dèslors,qu’enest‐ildel’effetconjointliéàuneexpositionmultiplebruitetpollutionatmosphérique?Commentlequantifieretl’estimer?Lephénomèned’expositionmultipleEnmilieuurbain,ladensitédelacirculationroutière(sourced’émissioncommunedebruitetdepolluantsatmosphériques) combinée à un nombre élevé deriverainsconstituelesconditions«optimales»d’unemulti exposition environnementale, c'est‐à‐dire quelesriverainssontexposéssimultanémentàplusieursagressions.Dèslors,commentanalyserlarelation

 

UMR6249CNRS/UniversitédeFranche‐Comté,CHRU‐HôpitalSaint‐Jacques,Centredeméthodologieclinique,Besançon

                                                            35 Définie par la naissance avant 37 semaines d’aménorrhées (OMS). 

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entre la prématurité et chacun de ces facteurs? Sepose aussi la question de leurs éventuels effetssynergiques, c'est‐à‐dire que le cumul des deuxagresseurs pourrait avoir un effet supérieur à lasimpleadditiondeseffets.Quelquesétudes,conduitesà l’étranger,ontanalyséleseffetsconjointsdubruitetdelapollutiondel’airextérieursurlespathologiescardiovasculaires,surlestress ou la gêne –mettant parfois en évidence uneffetsynergique.EnFrance,depremièresapprochessur les multi expositions ont été initiées dans lesvallées alpines36 (transit à fort trafic demarchandises)puisàChamplan,villagesoumisàuncumuld’infrastructuresetdenuisancesenEssonne;ellesconstituentundomainederechercheémergent.Leprojetderecherche:PrémaBQua

L’objectif principal de l’étude PrémaBQua estd’analyser la relation entre la prématurité etl’expositionaubruitetàlapollutionatmosphériquepuis,d’évaluerlapartrelativedechacundecesdeuxfacteurset leurséventuelseffetssynergiques.L’idéeretenue consiste à comparer le niveau d’expositionenvironnementale de femmes ayant accouchéprématurémentàceluidefemmesayantaccouchéàterme. On parle alors d’étude cas‐témoins. Lesvaleursd’expositionaubruitetàlapollutionserontévaluéesenfaçadedudomicile.

Méthodologie 

L’enquêteportesur4800naissancesprématuréesetà terme, la mère habitant sur les communes deBesançonoudeDijonayant accouchédans l’undesdeux CHU entre 2005 et 2009. Trois groupesd’inclusion seront constitués et analysésséparément:

Les grossesses uniques liées à un travailprématuréspontané;

Les grossesses uniques avec pathologiesassociées;

Lesgrossessesmultiples.

A chaque cas de naissance prématurée serontassociées des naissances à termes (ou témoins)appariées sur des critères de lieu d’accouchement,d’âgedelamèreetdugrouped’inclusion.

L’expositionmultipleestévaluéeàpartirdemodèlesd’émission‐diffusion construitsà l’aidedes logicielsCIRCUL’AIR et ADMS‐Urban pour la pollutionatmosphériqueetMITHRASIGpourleniveausonoreenvironnemental. Le principe est de modéliser lesémissionsdepolluantsàpartirdessourcesmajeuresidentifiées,géoréférencéesetcorrectementestimées(principalement les voies routières et donc le traficquantifié en termes de nombres de véhicules), puisdemodéliser la diffusion de ces polluants (on parlede propagation pour le bruit) à l’échelle du siteurbain. Enfin, une cartographie des niveaux depollution est établie pour la totalité du site urbain,permettant par requête spatiale de quantifier leniveaud’expositionentoutpoint,etenparticulieraudomiciledespatientes.

 

                                                            36 Projet ALPNAP, entre 2005 et 2007. 

Lespartenaires :

FrédéricMaunyetSophiePujolUMR 6249 CNRS/Université de Franche‐Comté,CHRU‐Hôpital Saint‐Jacques, Centre deméthodologieclinique,BesançonCatherineQuantinCHU de Dijon, Service biostatistique et informatiquemédicale, et UMR Inserm/université de Bourgogne1181 « Biostatistiques, Biomathématiques,Pharmacoépidemiologie et maladies infectieuses »(B2PHI),DijonNadineBernardUMR No 6249 CNRS/Université de Franche‐Comté,BesançonFrancisSchweitzerAtmoFranche‐Comté,BesançonSandrineMonteiroAtmosf’airBourgogne,DijonJérômeDefranceCSTB,Saint‐Martind’HèresHélèneHouotUMR No 6049 CNRS/Université de Franche‐Comté,BesançonDurée:48mois

FinancementADEME:199.922 €

Contact:frederic.mauny@univ‐fcomte.fr

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ModélisationeteffetssanitairesPollutionatmosphériquesurleterritoirefrançais:modélisationeteffetssanitaires(PATer)EmmanuelRIVIEREetJohannaLEPEULE 

Mots‐clés: pollution atmosphérique, polluant, perturbateur endocrinien, exposition maternelle, femmeenceinte, fœtus, poids de naissance, prématurité, analyse géographique, territoire, France, épidémiologie,cohorte,fenêtredesensibilité

Depuis les années 1990, de nombreuses étudesépidémiologiquesontmontrédesassociationsentrelesniveauxdepollutionatmosphériqueetdifférentseffets sanitaires comme les allergies respiratoires,les maladies cardio‐vasculaires, et des événementsliés à la santé reproductive.On ademêmeobservéune association entre des pics de pollution et desexcèsdemortalité.Àl’échelleeuropéenne,ilapparaîtque le faitd’habiter àproximitédesgrandsaxesdecirculation favoriserait le développement depathologieschroniques,dontlescoûtssontestimésà300millionsd’euros/an37.L’expositionmaternelleDe nombreuses études américaines et asiatiquesindiquent une association entre l’expositionmaternelle à la pollution atmosphérique et uneréductiondeladuréedegestationetdelacroissancefœtale–cettedernièreétantsouventestiméepar lepoids à la naissance. À plus long terme, laprématurité et un faible poids de naissance ainsiobservés ont été associés à des difficultésd’apprentissage ainsi qu’à l’apparition de maladiescardio‐vasculaires, métaboliques, respiratoires etneurodéveloppementales chez l’enfant et l’adulte.Mais, ces études reposent bien souvent sur lesdonnéesdescertificatsdenaissanceetdenombreuxévénementspeuventainsinepasêtreprisencompte(ex. déménagement en cours de grossesse, lieu detravail de la femme, tabagisme maternel actif oupassif…):d’oùdeslimitationssurlaprécisiondes

niveaux de pollution estimés et des facteurs deconfusion(parexemplesi le tabagismeestcorréléàl’exposition à la pollution atmosphérique, et que laconsommationtabagiquen’apasétépriseencomptedans les analyses épidémiologiques, des méfaits dutabacpeuventêtreindumentimputésàlapollution).EnFrance, ilyaenviron820.000naissancesparan,dont6,6%sontprématurées.Laquestiondel’impactde lapollution atmosphérique sur laprématurité seposed’autantplusqu’onnedisposepasdedonnéesquiprennentencomptelesspécificitésrégionalesentermesdesourcesetdeniveauxdepollutiondel’air.Il importe donc de disposer des outils nécessairespourévaluer, sur l’ensembledu territoire, leseffetssanitairesliésàlapollutionatmosphérique.ModélisationQuelquesétudes,menéesà l’échelle localecommelacohorte EDEN38, ont montré l’intérêt d’unecaractérisation fine des variations intra‐urbaines,mais leurs effectifs, trop restreints, ne permettaientpasd’étudierleseffetsdespolluantsatmosphériquessur la prématurité, qui est un évènement peufréquent. La cohorte ELFE (Étude LongitudinaleFrançaisedepuis l’Enfance)39 offre la perspectivederéaliserdetellesétudesenFrance.Laconvergencedesprogrèsréaliséspourl’évaluationdespolluantsdansl’air,desméthodesetdesrésultats

 

ATMOFrance 

                                                            37 Projets européens APHEKOM et ESCAPE. 38 Cohorte EDEN (n=2002 couples mère‐enfant) centrée sur les maternités des CHU de Poitiers et Nancy. 39 Cohorte de 18 000 couples mère‐enfant dont le recrutement a été réalisé en 2011 à l’échelle de la France métropolitaine.  

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des études épidémiologiques autorise pour lapremière foisenFrance, laréalisationd’unmaillagenational à haute résolution spatiale qui permettrad’étudier de manière fine les relations entre lesniveauxdepollutionetlesissuesdegrossesse,maiségalementd’autresévénementsdesanté.

Leprojetderecherche:PATer

LesobjectifsduprojetPATersontde:

Intégrer des données de simulation à hauterésolution des organismes régionaux40agréésdesurveillancedelaqualitédel’airetde l’INERIS à l’échelle nationale, permettantpourlapremièrefoisenFrance,deproduireunebasededonnéescouvrantl’ensembleduterritoireavecunetrèshauterésolution.

Mettrelesrésultatsdecettebasededonnéesà disposition des épidémiologistes del’INSERM afin d’étudier les effets sanitairesde la pollution atmosphériquesur les issuesdegrossessedanslacohorteELFE.

MéthodologieLa caractérisation de l’exposition à la pollution del’air s’appuie sur des modèles de simulation déjàvalidés localement à l’aide des outils de mesureexistants41.Parmicesoutilsdesimulation,lemodèleCHIMERE42permetdeproduiredescartesdequalitéde l’air à l’échellede la Francemétropolitaine, avecune résolution de 5 km x 5 km et une descented’échellepermettantd’atteindreunerésolution

kilométrique.Cemodèleestégalementmisenœuvreàl’échelledelaplupartdesrégionsmétropolitaines.En complément, les grandes agglomérationsbénéficientdemodèlesàl’échelleurbaine43,surdesmaillages très fins de l’ordre de quelques dizaines(en proximité routière) à quelques centaines demètres,quipermettentd’évaluerlaqualitédel’airàproximitédesprincipalessourcesémettrices.

Les données seront ensuite utilisées pourdéterminer l’exposition des femmes durant leurgrossesse et les conséquences de cette expositionsurledéveloppementintra‐utérinetlaprématurité.

                                                            40 Regroupés au sein de la fédération ATMO France. 41 2.000 analyseurs sur 750 sites de mesure et campagnes de mesures par camions laboratoires et/ou échantillonneurs passifs. 42 Co‐développé par l’IPSL et l’Ineris en 2013. 43 Deux modèles sont principalement mis en œuvre à l’échelle urbaine par les AASQA : le modèle ADMS Urban, distribué en France 

par la société NUMTECH et le modèle SIRANE, développé et mis à disposition par l’Ecole Centrale de Lyon. 

Il importe de disposer des outils nécessaires et avec une très haute

résolution spatiale pour évaluer, sur l’ensemble du territoire, les effets

sanitaires liés à la pollution atmosphérique.

Lespartenaires :

EmmanuelRivièreASPA,SchiltigheimJohannaLepeuleInserm,UGAU1209,InstitutAlbertBonniot,GrenoblePierre‐YvesRobicObservatoire régional de l’air en Midi‐Pyrénées,ColomiersJonathanVirgaAirPACA,MarseilleFabriceDugayAirparif,ParisAlexandreOcklerAirLorraine,Villers‐lès‐NancyArnaudReboursAirPaysdelaLoire,NantesAgnèsHulinATMOPoitou‐Charentes,PérignyAnneLaborieATMOFrance,Paris,coordinateurduprojetLaureMalherbeIneris,Verneuil‐en‐HalatteAutresmembresduCOPILduprojet:InVSMathildePascaletMalekBentayebDurée:39mois

Financement:232K€

Contacts:ERIVIERE@atmo‐alsace.netjohanna.lepeule@univ‐grenoble‐alpes.fr

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LeseffetsindirectsdelapollutionatmosphériqueToxicité  neurodéveloppementale  d’une  exposition  gestationnelle  à  la  pollution  atmosphérique.  Effets  à 

court et à long terme de l’inhalation répétée de particules de fumées de diesel chez le lapinHenriSCHROEDER 

Mots‐clés: pollution atmosphérique, polluant, fumée, moteur diesel, inhalation, trouble développement,gestation,fœtus,placenta,développementpostnatal,systèmeolfactif,odorat,cerveau

 

Sides effetsnéfastesde lapollutionatmosphériquesur la santé humaine sont désormais admis(notamment les effets respiratoires et cardio‐vasculaires),cettelisten’estenrienlimitative.Ainsi,des études épidémiologiques récentes ont mis enévidence l’existence d’une association entre lapollution atmosphérique et l’apparition de troublesneurocomportementaux, tant chez l’adulteque chezl’enfant. Dans des zones urbaines où le niveau depollution atmosphérique est élevé, l’autopsie depersonnesdécédéesindiquequedesparticulesfineset ultrafines sont présentes dans le systèmerespiratoire mais aussi dans le système nerveuxcentral. Celles‐ci seraient ainsi transportées de lacavité nasale vers le cerveau, ce qui suggère que lesystème olfactif pourrait être une voie d’entréeprivilégiée,dufaitdesapositionuniqueàl’interfaceentre l’air et le cerveau. Des modulations dufonctionnementdusystèmeolfactifpourraientdoncconstituer un indicateur précoce de troublesneurobiologiques plus centraux. C’est ainsi que, parexemple, une diminution de la sensibilité olfactivedès l’âge de 20‐30 ans a été observée, dans despopulationsparticulièrementexposées.LeconceptdeprogrammationfœtaleLe développement d’un individu dépend nonseulement de son patrimoine génétique mais ausside son environnement, aussi bien au cours de lapériodepostnatalequelorsdelavieintra‐utérine.

Connu sous le nom de DOHaD44, le concept deprogrammationfœtalerevientàadmettrequ’ilexisteun impact des conditions environnementales danslesquelles l’individu se développe in utero (vial’exposition de la mère) pouvant l’affecter à longterme. De plus, un nombre croissant de données,qu’ellessoientissuesdetravauxdelaboratoireet/ouépidémiologiques, suggèrent que l’exposition auxpolluants environnementaux au cours de la phaseprécocededéveloppement(grossesseetallaitement)est à même d’induire, à l’âge adulte, des troublesneurocomportementaux qui peuvent êtrepréjudiciablesàlasantédel’individu.En milieu urbain, compte‐tenu de l’exposition depopulations importantes à la pollutionatmosphérique,etplusparticulièrementàcelleduesauxparticules, l’impactde l’expositionà cettephaseparticulairesurlasantéconstitueunsujetd’actualitémajeur dans des populations sensibles. Peud’informations sont actuellement disponiblesconcernant les effets de ce typedepollution suite àune exposition in utero sur le développement dufœtus et ses conséquences à court et à long termessur le devenir de la descendance. Quelles sont ainsiles conséquences d’une exposition indirecte del’individu aux particules survenant au cours de lagestation,au traversde l’organismematernel, sur ledéveloppement du fœtus et le devenir à long termede l’individu? Quels sont les possibles effetstransgénérationnelsd’unetelleexposition?

 

UniversitédeLorraine–URAFPA,InraUSC340– Vandœuvre‐lès‐Nancy

                                                            44 En anglais : « Developmental origins of Health and Diseases ». 

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Leprojetderecherche:BRAINAIRPOLLLe projet BRAINAIRPOLL s’inscrit dans leprolongementduprogrammederechercheEPAPP45,dont les résultats encore préliminaires confirmentl’impact de la pollution atmosphérique liée àl’émission de fumées diesel sur le développementfœto‐placentaire et la toxicité potentielle del’expositionprécoceàcetyped’émissions.

L’objectifduprojetestd’étudierlesrépercussionsdel’exposition quotidienne et répétée de lapinesgestantesauxparticulesdefuméesdemoteurdieselsur le développement neurocomportemental desjeunes. Les investigations serontmenées au niveaudesvoiesolfactives,quiconstituentuneinterfacedepremière importance entre le liquide amniotique etle système nerveux central ainsi qu’un axe detransfert direct de nombreuses molécules vers letissucérébral,etauniveaudesterritoirescérébrauxplus centraux impliqués dans la régulation desfonctionsémotionnellesetcognitives.

L’originalité du projet BRAINAIRPOLL est des’intéresser aux effets indirects de la pollutionatmosphérique sur les individus nés de mèresexposées au cours de la gestation, de manière àfournirdesélémentsdecaractérisationdurisquedel’exposition aux particules atmosphériques, àplusieursstadesdelavie.

Méthodologie

L’utilisation de ce modèle animal, reproduisant aumieux les conditions d’exposition de la femmeenceinte, devrait permettre d’évaluer les risquesencourusaucoursdecettepériodesensiblequ’estlagrossesse et participer ainsi à la définition desconduitesdepréventionàmettreenplace.Unaspectparticulièrementnovateurdeceprojetestqu’il étudie les conséquences de l’expositionchroniqueauniveaudetroisgénérationssuccessives(F0,F1etF2).

                                                            45 Effets de  la Pollution Atmosphérique  sur  la  fonction Placentaire et  le développement Postnatal : programme  soutenu par 

l’ANR depuis 2012 (dans le cadre de l’APR CESA) qui vise à étudier les effets sur le développement de la sphère fœto‐placentaire, 

de l’inhalation de particules de fumées de moteur diesel par la lapine gestante, à des niveaux d’exposition comparables à ceux 

enregistrés en milieu urbain. 

Le concept de programmation fœtale revient à admettre qu’il existe un impact des conditions environnementales dans

lesquelles l’individu se développe in utero (via l’exposition de la mère) pouvant

l’affecter à long terme.

Lespartenaires :

HenriSchroederUniversité de Lorraine – URAFPA, Inra USC340 –Vandœuvre‐lès‐NancyChristineBalyInra–UR1197,UnitédeNeurobiologiedel’Olfaction–Jouy‐en‐JosasPascaleChavatte‐PalmerInra – UMR 1198 Biologie du Développement etReproduction‐Jouy‐en‐JosasChristopheNemosUniversité de Lorraine – InsermU954 ‐Vandœuvre‐lès‐NancyDurée:36mois

Financement:195.749K€

Contact:henri.schroeder@univ‐lorraine.fr

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Lesvésiculesextracellulairescommenouveauxbiomarqueursd’expositionLes vésicules extracellulaires comme nouveaux biomarqueurs de toxicité des polluantsenvironnementauxDrPerrineMARTIN 

Mots‐clés: vésicule extracellulaire, cellule, biomarqueur, toxicité, pollution atmosphérique, particuleatmosphérique, particule fine, polluant, environnement, maladie pulmonaire, cancer, appareil respiratoire,Dunkerque,Nord‐PasdeCalais

La France est le 3ème pays le plus touché par lapollution atmosphérique liée aux particules enEurope. Dans la région Nord‐Pas de Calais, lesteneurs en particules atmosphériques dépassentrégulièrement les normes fixées par l’Unioneuropéenne.Ainsi,Dunkerqueetsarégionontsubi,en 2013, 85 jours d’épisodes de pollution pour lesparticulesensuspensiondansl’air,dont8au‐delàduniveau d’alerte. En 2014, ce sont 51 jours dedépassement qui ont été enregistrés, dont 8excédantànouveauleniveaud’alerte.Or,desétudesdetypeécologiqueontmontrédescorrélationsentreles niveaux de pollution atmosphérique et diversindicateurs de santé (ex. arrêts de travail,hospitalisations…). Par ailleurs, le tabac arrive entêtede toutes les causesde cancers, loindevant lesautres facteurs. Chaque année en France, 78 000décès, dont 47 000 par cancer, sont liés à saconsommation. Il constitue ainsi la première causedemortalitéévitableparcancer:onestimeque,sanstabac, un quart des décès par cancer pourrait êtreévité.Pollution,particulesetcancerCesdernièresannées,lapollutionatmosphérique,etnotamment les particules fines qui la constituent, aattiréune attentionparticulière en tant que facteuren cause dans l'incidence croissante des maladiesrespiratoires,notamment le cancerpulmonaire.Cesparticules fines, de diamètre aérodynamiqueinférieur à 2,5 μm (PM2.5), sont en effet connuespour augmenter l’incidence des pathologiestumoralesnotammentauniveaupulmonaire.Elles

peuventpénétrerprofondémentdanslespoumonsetatteindre les alvéoles où elles exercent leurs effetstoxiques, notamment en interagissant avec lesmacrophages alvéolaires et les cellules épithélialespulmonaires. Tout comme la fumée de tabac, lapollution de l’air ainsi que les particulesatmosphériques ont été classées cancérogènescertainspourl’hommeparleCentreInternationaldeRecherchesurleCancer(Circ).

PortindustrieldeDunkerque(Auteur:PerrineMartin)

Toutefois, on connaît peu de biomarqueursd’expositionetd’effetàlafuméedetabacetauxPM2,5notamment associés à la cancérogenèsepulmonaire,et qui permettraient unemeilleure surveillance despopulations exposées, grâce à l’instauration dedépistages à des stades réversibles des processuspathologiques.

 

UCEIV– EA4492,UniversitéduLittoral‐Côted’Opale,Dunkerque

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LesvésiculesextracellulairesLes vésicules extracellulaires (EV) sont de petitesvésicules membranaires, dont le diamètre estcomprisentre30et1000nmsuivantleurtype.Ellespeuvent être libérées par tous types cellulaires(incluant les leucocytes, les plaquettes, les cellulesépithéliales…) et se retrouvent pour une grandemajorité, dans les liquides biologiques (ex. sang,urine, lavages broncho‐alvéolaires (LBA)…). Ellescontiennent une grande variété de facteurs, commedes acides nucléiques (dont des miARN46), desprotéinesetdes lipides, faisantdecesEVunmoyende transport et de communication intercellulaireparticulièrement influent. Lors de processuspathologiquescommelecancer,ellesconstituentdesvecteurs d’informations biologiques entre lescellules, ce qui leur confère deux propriétésfondamentales:

La capacité de modifier le phénotype de lacellule‐cible avec laquelle elles vontinteragir;

La possibilité de les utiliser commebiomarqueurs, notamment lorsqu’ellesproviennentdecellulescancéreuses.

 Alorsquejusqu'àprésent,peud'étudesontportésurla libération ou des changements de profil d'EV enréponse à l'exposition aux particulesatmosphériques, plusieurs travaux récents ontmontré un lien fort entre exposition au tabac etproductiond'EV.Onaainsiobservéuneinductiondela libération de EV en réponse à l'exposition à del'extraitde fuméede tabac.Demême, il semblequefumer engendre des changements de profil enmiARN des vésicules circulant dans le plasma chezdes adultes sains. Les EV ont également étéproposées comme biomarqueurs dans le diagnosticde ces différentes pathologies cancéreuses,notammentpulmonaires. 

Leprojetderecherche:VESITOX

L’undesobjectifsduPlanCancer2014‐2019estde«développer la connaissance, l’observation et lasurveillance des cancers liés à des expositionsenvironnementales». Dans ce contexte, le but de ceprojet est de caractériser les EV et leur contenu(miARN, protéines) produites après exposition auxPM2,5 ou au tabac dans le but d’identifier desbiomarqueursd’expositionetd’effetdecespolluantsenvironnementaux. Ce projet s’organise en deuxgrandesparties:1) Identifierdesbiomarqueursd’expositionàpartir

d’EV.Pourceladeuxmodèlesserontutilisés:

- Pour mimer l’exposition in vitro desmacrophagesalvéolairesàdesparticulesatmosphériques, des monocytes THP‐1ou sanguins seront exposés à desparticules fines (PM2.5) prélevées àDunkerque.

- Afin d’obtenir un modèle ex vivod’exposition à la fumée de tabac, deslavages broncho alvéolaires47 issus desujets fumeurs et non‐fumeurs serontobtenus.

                                                            46 Petits ARN simple brin non codants (20 à 24 nucléotides) présents dans la grande majorité des organismes vivants. Ils régulent l’expression 

génique de manière post‐transcriptionnelle, soit en inhibant la traduction de l’ARN messager (ARNm), soit en provoquant sa dégradation. 47  La  réalisation  de  lavages  broncho‐alvéolaires  requiert  l’inclusion  de  sujets,  non‐fumeurs  versus  fumeurs,  candidats  à  la  fibroscopie 

bronchique. Elle implique le consentement éclairé des candidats et l’inscription de l’étude dans le cadre de la loi sur la recherche biomédicale (accord du CCP obtenu le 20/11/2011). Les LBA sont réalisés sous endoscopie, après anesthésie locale nasopharyngée. 

Les vésicules extracellulaires (EV) sont de petites vésicules membranaires, proposées comme biomarqueurs dans le

diagnostic de différentes pathologies cancéreuses, notamment pulmonaires.

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Dans lesdeuxcas, lesEVseront isolées, àpartirdumilieu de culture des macrophages ou dessurnageants de LBA, puis caractérisées enrecherchant des marqueurs précoces decancérogenèse comme des miARN et des protéinescaractéristiques.2) Identifier des biomarqueurs d’effet en exposant

des cellules épithéliales pulmonaires (BEAS‐2B)aux EV isolées précédemment et mesurer lamodificationde leurphénotypepar l’expressionaux EV isolées précédemment et mesurer lamodificationde leurphénotypepar l’expressionde gènes ou la production de protéinesimpliquées dans l’inflammation ou lacancérogenèse.

Au termede cette étude, nous disposerons ainsi denouvelles connaissances sur: (i) le comportementdescellulespulmonaires,tellesquelesmacrophages,après exposition à des polluants environnementauxet(ii)lacompositiondesEVproduitesenréponseet(iii) leurs effets sur des cellules épithélialesbronchiques. Nous pourrons ainsi déterminer si lesEVsontcapablesde transmettre leseffetsdélétèresdes PM2.5 et de la fumée de tabac et également sielles peuvent être utilisées comme biomarqueursd'expositionetd'effet. 

 

 

 

 

 

 

 

Lespartenaires :

DrPerrineMartinEA4492, Unité de chimie environnementale etinteractionssur levivant,UniversitéduLittoral‐Côted’Opale,DunkerqueDrFabriceCazierCentre commun de mesures, Université du Littoral‐Côted’Opale,DunkerqueDrFrançoiseRoySaint‐GeorgesGroupement des hôpitaux de l’Institut catholique deLille (GHICL), Hôpital Saint‐Philibert, Service depneumologieDurée:36mois

FinancementItmocancer:169.520€

Contact:perrine.martin@univ‐littoral.fr

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VersunemesuredupotentieloxydantdesparticulesfinesIdentificationd’unindicateurdupotentieloxydantdesparticulesatmosphériquesArmelleBAEZA 

Mots‐clés:indicateur,oxydation,particuleatmosphérique,pollutionatmosphérique,trafic,combustion,stressoxydant,espérancevie,cardiopathie,bronchopneumopathieobstructive

Les incidences négatives des particules fines sur lasanté humaine font de la pollution atmosphérique,un problème majeur de santé publique commel’illustrent de nombreuses études. Ainsi, le projeteuropéenAPHEKOM48souligneque,si l’expositionàlong terme aux particules fines49 était réduite à 10µg/m3, l’espérancede viepour lespersonnesde30ansetpluspourraitaugmenterde22mois,selonlesvillesetleursniveauxdepollution.Maisonignoreleseuil au‐dessous duquel, ces particules seraientinoffensives et s’il n’existe pas des paramètres pluspertinentsque lamassedesparticulespourévaluerl’impactde lapollution atmosphérique sur la santé.De telles connaissances seraient très utiles dans lecontexte de la révision de la directive cadreeuropéenneconcernantlaqualitédel’airambiantetunairpurpourl’Europe50.La pollution atmosphérique est complexe etdifficilement mesurable dans sa totalité. Unepremière composante en est celle engendréenotamment par le trafic qui demeure unepréoccupation constante. Parmi les approchesenvisagées,lamesuredesconcentrationsdesuieestsouvent citée car elle donne une bonne indicationsur lesémissions liéesau traficautomobile (diesel).Outre lesautomobiles, il existed’autres sourcesdepolluantsdansl’atmosphèredenaturesetd’originesdiverses (industrielle, agricole, chauffagedomestique…). Il est proposé dans ce projet uneapproche,quipourraitdonccompléterlamesuredes

suies : la mesure du potentiel oxydant (PO) decertainessourcesd’aérosols.Le stressoxydantL’expositiondescellulesauxparticulesfinesinduitcequ’on appelle le stress oxydant (ou oxydatif). Lesparticules finesquipénètrent l’intérieurdescellulesgénèrent un excès d’espèces réactives oxygénées(ERO)51 qui peut déborder les défenses anti‐oxydantes que la cellule utilise pour rétablirl’équilibre. Il en résulte des conséquences néfastes,voire irréversibles, pour l’organisme: destructioncellulaire impliquée dans certaines pathologies(cancers, maladies cardio‐vasculaires…), réactioninflammatoire ou affaiblissement des défensesimmunitaires.Il a été observé à Paris que des particules fines,prélevées en différents lieux, contenaient descomposés métalliques (contenant du cuivre parexemple),mais aussi des composésorganiques (telsles quinones, les hydrocarbures aromatiquespolycycliques ou HAP) susceptibles d’entraîner lagénérationdesEAO.Selon le niveau de stress oxydant, les réponsescellulairesvarient:

Lorsquecelui‐ciestfaible,lacelluleréagitparl’activation de ses systèmes de défense anti‐oxydante;

 

 

RMCX‐UMRCNRS8251UniversitéParisDiderot‐P7

                                                            48 www.aphekom.org  49 Moins de 2,5 microns de diamètre (PM2,5). 50 Directive No 2008/50/CE. 51 Appelées aussi « dérivés réactifs de l'oxygène ». Ce sont des composés très réactifs, comme des radicaux libres, qui peuvent endommager les protéines, lipides et acides nucléiques présents dans la cellule.    

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Àunniveau intermédiaire,d’autresvoiesdesignalisation sont activées conduisant à lalibérationdemédiateurspro‐inflammatoires.

Enfin, si le niveau de stress est excessif, les lésionsoxydatives deviennent trop importantes pourpermettre leur réparation – ce qui déclenche unemortcellulaireparapoptoseounécrose.LeseffetsdesparticulesultrafinesIl est connu que les particules fines pénètrentprofondément dans les voies respiratoires etpeuvent atteindre les alvéoles pulmonaires où elless’accumulent.D’autrepart,onsaitquelesparticulesultrafinespeuventfranchirlesbarrièresépithéliales,et passer dans le sang pour atteindre d’autresorganes.Lesparticulesfinesauraientdeseffetsadversespourla santé, du fait du stress oxydant qu’ellesprovoquent, associé le plus souvent à une réponsepro‐inflammatoire pulmonaire locale avec, pourconséquence indirecte, un relargage de médiateursde l’inflammationdans lacirculationgénéraleoù ilsexerceraient leurs effets délétères sur les cellulesendothéliales52. Il en résulte un dysfonctionnementpotentiel du système cardio‐vasculaire(modificationsde la viscosité sanguineetdes processus de coagulation, déstabilisation desplaques d’athérome associée à des phénomènes dethrombose,dysfonctionnementendothélial…).Leprojetderecherche:POTOX

Compte tenu du rôle majeur joué par le stressoxydant dans les mécanismes de toxicité desparticules fines, l’idée a émergé d’exploiter unemesuredepotentieloxydant(PO)commeindicateurprédictifdeleurtoxicité.Un tel indicateur serait précieux pour évaluerl’efficacité de mesures de gestion, par exempleévaluer les bénéfices sanitaires liés à la mise enœuvre d’actions locales de réduction des émissionsde particules. Différents indicateurs ont étéexpérimentés,notammentàLondresetLosAngelesetenEurope.Maisaucuneévaluationcritiquede

l’ensemble de ces méthodes expérimentales n’a étévraimentréalisée.LeprojetPOTOXviseavanttoutàévaluer la pertinence de ces différents testsdisponibles afin d’en retenir un qui puisse êtreconsidéré comme un indicateur fiable pour desconditions atmosphériques réelles contrastées (ex.combustiondebiomasse,proximitédetrafic…).

Stationparisiennedemesure

Le cahier des charges est complexe. Cet indicateurdoit idéalement intégrer les différents aspectsimpliqués dans la réactivité des particules fines.Comment«mimer»cequisepasseà l’interfaceair‐poumon? Comment caractériser les particules finesissues du trafic et celles prélevées en stationsurbainesdefond?CommentcaractériserlePOdecesparticules?

Méthodologie

Pour prendre en compte une large gammed’indicateurs biologiques éprouvés, le projet POTOXsefondesurdesstratégiesinnovantes:

Prélèvement de particules PM2.5 d’une partsur une station parisienne de proximité autrafic (station AIRPARIF, porte d’Auteuil) etd’autrepartàlastationSIRTAreprésentativedelapollutionparticulaireenIle‐de‐France

                                                            52 Situées dans les parois internes des vaisseaux sanguins et du cœur. 

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afin d’échantillonner des aérosols liés à la«combustion bois» en période hivernale,notamment lors de vagues de froid,caractériséespardespicsdepollutionliésauchauffage. Deux stratégies de prélèvementsontétémisesenœuvre:desprélèvementsencontinusur3semainespourdetrèsgrandesquantitésdeparticulespourlamiseaupointdes tests et 22 prélèvements journaliers(24h) afin d’évaluer l’évolution temporelledutestPOretenu.

Mise à la disposition des équipes du projet,des échantillons communs de particules(différentes tailles et différentes sources)pour favoriser la mise au point desdéveloppements analytiques de chimie etbiologie et pouvoir ensuite les transposer àunetrèslargecommunauté.

L’originalité de ce projet n’est pas uniquementméthodologique ou opératoire mais il permettrad’améliorer les connaissances sur les propriétésphysico‐chimiquesliéesàlacombustiondebiomasse(chauffagebois)etd’établirlelienavecsonpotentieloxydant–l’objectiffinaldeceprojetétantdedoterlacommunauté française d’un indicateur qu’elle nepossèdepasàl’heureactuelle.

Résultats

Lesprélèvements sur le site trafic àPorted’Auteuilréalisésde septembre ànovembre2013présententune faible contaminationpar desPMnon issues dutrafic local. La campagne d’échantillonnage en fondatmosphérique a été reportée en 2015, l’hiverprécédentayantététropdouxetdoncpeupropiceàla production de PM issues de la combustion de labiomasse. Les caractérisations physico‐chimiquessontencoursdefinalisation.

Cinq tests d’évaluation du potentiel oxydantintrinsèque ont été mis au point: i) détection del’anion superoxyde et du radical hydroxyl parrésonance paramagnétique électronique, ii) testd’oxydation de la sonde CM‐H2DCFDA, iii) test dedéplétion d’un agent réducteur: le DTT, iv) test dedéplétionde3anti‐oxydantsdufluiderespiratoireetv) test de détection de cassures dans un ADNplasmidique.LesPM2.5répondentpositivementdanstouslestestseffectuésàdesdegrésdiversselonles

lotssuggérantquechacundecestestsestsusceptiblederévélerdesparticularitésspécifiquesàchacundeceslots.Letestdedéplétionde3anti‐oxydantsaétéretenupourl’analysedesfiltresjournalierscarilpeutêtreréalisédirectementsurlesfiltressanspasserparune étape d’extraction des particules à partir dufiltre.Onobservedesdifférencesde réactivité selonles jours qui restent à mettre en relation avec lacompositionchimiquedesPM2.5.

Les effets biologiques des PM2.5 ont été étudiés à lafois sur les cellules épithéliales respiratoireshumaines(NCIH‐292)etsurlescellulesendothélialesd’artères pulmonaires humaines (HPAEC). Nousavons caractérisé les réponsesde ces cellules: i) austress oxydant par la mesure du statut rédoxintracellulaire par suivi de l’oxydation de la sondeH2DCFDA, ii) la mesure de l’expression d’enzymesanti‐oxydantes (HO‐1 et SOD‐2), la prise en chargedescomposésorganiquesparl’étudedel’expressiond’enzymes du métabolisme des xénobiotiques(CYP1A1 et NQO‐1) et iii) l’induction d’une réponsepro‐inflammatoireparl’étudedel’expressionetdelasécrétion de cytokines pro‐inflammatoires (IL‐6 etIL‐8).Acestaded’avancementduprojet,iln’apasétéobservéde corrélations évidentes entre les testsPOet les réponses cellulaires en particulier avec laréponse pro‐inflammatoire qui est une réponseintégrative de la cellule aux différents constituantsdesparticuleset représentativedeseffetspotentielsinvivo.Ceci tientprobablementau faitque les testsPOmis enœuvre ne peuvent rendre compte de laproductiond’EROcellulaires liésà lamétabolisationdescomposésorganiques.Lamiseenperspectivedesanalyses chimiques avec les données PO et lesréponses cellulaires permettront de dégager desconclusionsargumentées.

Lespartenaires :

PrA.BAEZARMCX‐UMRCNRS8251UniversitéParisDiderot‐P7DrJ.SCIARECR‐CNRSauLSCEunitémixteCNRS‐CEA‐UVSQDrI.BAUDRIMONTCRCTB,INSERM1045,UniversitédeBordeauxDurée:42mois

FinancementADEME:263K€

Contact:baeza@univ‐paris‐diderot.fr

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Les actions de l’Anses: les risques liés à lapollutionatmosphérique

 

Le champ de la santé‐environnement constitue un domaine prioritaire pour les travaux d’évaluation desrisques de l’Anses, avec notamment le défi du développement des maladies chroniques dont le facteurenvironnementalmérite d’êtremieux documenté. La problématique de la pollution atmosphérique est uneproblématiqueenvironnementaled’ampleur.Depuis de nombreuses années, la connaissance des effets sanitaires de la pollution de l’air ambiant par ungrandnombredepolluantschimiquesestclairementobjectivée; ilestainsiétabliqu’uneconcentration tropforte de particules ou de certains polluants présente des risques sanitaires avérés. En vue d’un appui àl’élaboration de seuils d’information et d’alerte du public pour les particules dans l’air ambiant, l’Agence apublié en 2009 un rapport sur l’impact sanitaire de la pollution atmosphérique urbaine. Ses conclusionsstipulaientqueleseffetsàcourttermedesparticulesdoiventêtreprisencomptemais,qu’auvudesétudessurlesujet,laprioritédevaitêtredonnéeauxeffetsàlongterme,etqu’unepolitiquevisantà«l’abaissementdelavaleur moyenne de la concentration particulaire sur le long terme amènerait à un bénéfice sanitaire plusimportantqu’unestratégiedegestionfocaliséesurlespicsjournaliersdepollutionparticulaire.»Cecirestevraiaujourd’hui.

Au‐delà,delaquestiondelagestiondesalertesetdespics,c’estdonclaluttecontrelapollutionchronique,touslesjours,toutel’année,quidoitêtreprivilégiéeparlamiseenplacedemesurespermanentesdemaitrisedesémissions. L’enjeu aujourd’hui se situe en termes de gestion des risques (prendre desmesures et les faireappliquer),danslamesureoùl’étatdesconnaissancesscientifiquesestbienétablipouruntrèsgrandnombredepolluantschimiques.

Au sein de l’Anses, une entité se consacre à l’évaluation des risques liés à l’exposition aux milieux aériens(pollution atmosphérique mais aussi pollution de l’air intérieur), appuyée par un collectif d’experts de 22scientifiques extérieurs, sélectionnés par appel à candidature ouvert sur des critères de compétencescientifique,d’indépendanceetdepluridisciplinarité.

L’Ansesatoutefoisdeuxétudesencours:

Unesurl’étatdesconnaissancesdelaphysico‐chimiedesparticulesdel’airambiant.LelienentrelesconcentrationsenparticulesPM10etPM2,5etdeseffetssanitairesestétabli,maisonneconnaitpasdefaçonpréciselerôledelacompositionetdelagranulométriedel’aérosolparticulaire.Cesélémentspeuventêtretrèsutilespourmieuxciblerlesmesuresderéductionrelativesauxsourcesd’émissiondeparticules. Par ailleurs, concernant la source « trafic routier», il est prévu de définir l’évolutionrétrospectiveetprospectivedesémissionsdeparticulesselonleparcroulantfrançaisetdescyclesserapprochant d’usage réel, en considérant différents scénarios. Ces éléments pourront être mis enregardaveclesdonnéesd’émissiondisponiblesconcernantlesautressourcesdeparticules.

La deuxième concerne la surveillance nationale des pesticides dans l’air ambiant: c’est unemesure du nouveau plan national santé environnement (2015‐2019), qui va conduire l’Anses, d’unepart, à identifierune listeprioritairede10 à20 substancespesticides à surveiller et, d’autrepart, àémettredesrecommandationsentermesdemodalitédesurveillance.Cestravauxfontsuiteàl’étatdeslieuxdesconnaissancesquantàlaprésencederésidusdepesticidesdanslecompartimentaérienetlesenvironnements intérieurs que l’Agence avait lancé en 2008 dans le cadre de l’Observatoire des

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RésidusdePesticides(ORP).Cestravauxavaientabouti,enoctobre2010,àlapublicationd’unrapportde«Recommandationsetperspectivespourunesurveillancenationaledelacontaminationdel’airparlespesticides».

Enfin,ilestimportantdesoulignerquecestravauxportentessentiellementsurlescontaminantschimiquesdel’air.Or,ilseraitpertinentdedéfinirégalementuncadrepourlasurveillancebiologiquedel’air.Ainsi,l’Agencea travaillé sur l’impact sanitaire liéà l’expositionauxpollens,avecdepossibles interactionsentrepollensetpolluantschimiques,lapriseencomptedesconséquencesduchangementclimatique,etlesliensentreallergiesrespiratoiresetalimentaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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  Lesactionsdel’ADEME 

L’ADEME est un établissement public sous la tutelle conjointe des ministères de l'Environnement et del’Energie, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. L'ADEME est l'opérateur de l'État pouraccompagnerlatransitionécologiqueeténergétique,elleparticipeàlamiseenœuvredespolitiquespubliquesdans lesdomainesde l'environnement,de l'énergieetdudéveloppementdurable.Afinde leurpermettredeprogresserdansleurdémarcheenvironnementale,l’ADEMEmetàdispositiondesentreprises,descollectivitéslocales,despouvoirspublicsetdugrandpublicsescapacitésd’expertiseetdeconseil. Elle aide en outre au financement de projets, de la recherche à lamise enœuvre, et ce, dans les domainessuivants:lagestiondesdéchets,lapréservationdessols,l’efficacitéénergétiqueetlesénergiesrenouvelables,laqualitédel’airetlaluttecontrelebruit.L'ADEMEestainsiamenéeàévaluerlesrisquesenvironnementauxetsanitaires introduitspar lestechnologiesetprojetsd’aménagementdanssesdomainesdecompétences,etsoutient des recherches pour mieux comprendre, caractériser, évaluer et développer des outils d’aide à ladécisionainsiquedessolutionsderéductionetdetraitementdessourcesetdesimpacts.

L’ADEME collabore étroitement depuis 2009 avec l’Anses en étant partenaire du Programme national derecherche Environnement Santé Travail. Entre 2009 et 2016, cette collaboration a permis de financer 30projets de recherche, six concernant la qualité de l’air sont présentés dans ce numéro des Cahiers de larecherche.Pourdeuxautresprojetsde ces cahiers, l’ADEMEaparticipéau financementde thèsesassociées.L’ADEMEest très impliquéedans la définition et lamise enœuvredes politiques publiques en faveur de laqualité de l’air et veille à la bonne articulation entre l’objectif de réduction des émissions de GES etl’amélioration de la qualité de l’air. Elle participe ainsi à l’acquisition des connaissances nécessaires auxpolitiques publiques et à leur évaluation, (notamment au travers de sa participation à l’Observatoire de laQualitéde l’Air Intérieur), et soutient ledéveloppementde solutionsdepréservationetd'améliorationde laqualité de l'air avec des appels à projets de recherche (PRIMEQUAL (Programme de Recherche interorganismes pour une Meilleure Qualité de l’Air à l’échelle Locale), porté par le Commissariat général audéveloppement durable et l'ADEME, et Cortea (COnnaissances, Réduction à la source et Traitement desEmissions dans l’Air) appel à projets de recherche de l’ADEME), ainsi que l’innovation et l’expérimentation(notammentviaAACT‐AIR,lesinvestissementsd’avenir),etenparticulierdanslesdomainesdelamobilité,dubâtiment, de l’urbanisme, de l’agriculture, de l’industrie, des sites et solspollués, avecune actionprioritaireenverslechauffageindividuelauboisetlebrûlageàl’airlibre.Parailleurs,l’ADEMEsoutientlaRDI(recherche,développementetinnovation)dansledomainedelagestiondes déchets et des sites et sols pollués. Les questions de recherche en lien avec les impacts sanitaires etenvironnementauxsontabordéesauseind’appelsàprojetsderecherchedédiés(AppelàprojetsCIDEpourletraitementdesdéchetsetAppelàprojetsGESIPOLpourlaGEStionIntégréedessitesPoLlués)).L’ensembledecessoutiensà laRDIviseà lamiseenœuvreduprogramme«Qualitéde l’air, impactssur lasanté et l’environnement » de la stratégie recherche 2014‐2020 de l’ADEME, dont les objectifs sontd’accompagneretévaluer lamiseenœuvred'actionsconcrètesetefficacesdepréservationetd'améliorationde laqualitéde l'air,dedévelopperdesméthodesd’évaluationmulticritèresetdesoutilsd’aideà ladécisionpourlimiterlesimpactsdesactivitéshumainesetdestechnologiessurlasantéetl’environnement,etdemieuxconnaîtrelesmulti‐expositionsetpolluantsémergents. 

 

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  Lesplansnationaux 

LesprojetsderecherchevalorisésdanscesCahiersdelarecherche(Santé,Environnement,Travail)ontétéfinancésdanslecadredesPlansnationauxmentionnésci‐dessous.

 3èmePlannationalsantéenvironnement2015‐2019

Le Plan national santé environnement (PNSE) vise à répondre aux interrogations des Français sur lesconséquencessanitairesàcourtetmoyentermesdel’expositionàcertainespollutionsdeleurenvironnement.Conformémentàl’articleL.1311ducodedelasantépublique,ilestrenouvelétouslescinqans.

Parmilesobjectifs:agirpourunemeilleurequalitédel’airextérieur.

En juin 2012, leCentre International deRecherche sur leCancer (CIRC) a classé les gazd’échappementdesmoteurs comme cancérogènes certains (Groupe 1) pour l'homme. En 2013, cettemême instance a classé lapollution atmosphérique et les particules de l’air extérieur également comme cancérogènes certains pourl'homme.Laréductiondesémissionsindustriellesoudesvéhiculesapermisd’améliorerfortementlasituationpourlesmétauxlourdsetlesoxydesdesoufre.Enrevanche,lesconcentrationsdansl’airdesoxydesd’azoteoude l’ozone peuvent être élevées dans certaines zones. La pollution aux particules reste une problématiqueimportantetantàl’échelleglobalequelocale,maisaussidemanièrechroniqueoulorsdespicsdepollution.Laformationdansl’atmosphèredeparticulessecondairesàpartirdeprécurseurstelsquelesoxydesd’azote,lescomposésorganiquesvolatilsetl’ammoniacdoitêtrepriseencompte.Àcetitre,ilestprévudesactionspourréduirelesémissionsliéesauxchauffagesdomestiquesauboispeuperformantset/ouobsolètes.Entermesdepathologies,laprévalencedesallergiesrespiratoirescommelesrhinitessaisonnièresoul’asthmeallergiquesembleavoiraugmentéces20dernièresannéesdanslespaysindustrialisés.Parailleurs,silarhiniteallergiqueconstitueunfacteurderisquededéveloppementd’unasthme,elleestaussiassociéeàunesévéritéaccruedecelle‐ci.Au‐delàdesactionspharesderéductiondesémissionsdepolluantsdansl’air,leseffortsdoiventêtreportéssurtoutes les sources d’émissions concernées, que ce soit le secteur des transports routiers et non routiers(voitures,camionsdelivraisons,navires,avions,enginsdechantier,etc.),del’agriculture,durésidentieletdutertiaireouencoredel’industrie.Enfin au‐delà de travaux de recherche spécifiques, l’amélioration des connaissances demande d’affiner lesacquis(mesuresetmodélisation)pourleszonesà«risquesair»(fortepopulation,nombreuxdépassements,zonedetopographieetmétéorologiesingulières). 

 

 

 

 

 

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 3èmePlansantéautravail2016‐2020(PST3)

Larechercheet laproductiondeconnaissancesensantéautravailont,dans lecadreduPST3,pourobjectifd’identifierlesrisquesprofessionnels,delesanalyser,afindemettreenévidencelesdangersliésàdifférentstypes de nuisances et de développer des solutions adaptées à la maîtrise de ces risques. Elles doivent enparticulierpoursuivre la mise en cohérence et le renforcement de la programmation stratégique de larechercheensantéautravail:

Renforcer le rôle de coordination du R 31 et du PNR EST en renforçant leur programmationstratégique;

Mettreenplacedesactionsderecherchepermettantlaproductiondeconnaissancesentermesdeveilleet de prospective et se donner ainsi les moyens d’anticiper les nouveaux sujets et les risquesémergents;

Faire progresser la connaissance au service du développement d’une prévention de qualité et deméthodesdepréventionefficientesdansdenombreux secteursd’activité (par ex.mieux connaître lerisqueroutierprofessionnel).

 

Lesvaleursrecommandéesdel’OMS

Depuis1987, l’OMSprésentedes recommandations relatives à laqualitéde l’air, fondées sur la trèsgrandequantitédedonnéesscientifiquesdésormaisdisponibles.Elleindiquedesvaleursseuilsau‐delàdesquelleslapollutionatmosphériqueestnuisiblepour lasanté.Cesvaleursconstituentunsocle importantsur lequelsebasent lespolitiques environnementales européenne et nationale enmatièrede lutte contre lapollutiondel’air,etdifférentsoutilsdegestiondesrisques.Ladernièremiseàjourdecesvaleursdatede2005.

Valeurs recommandées 

Matières particulaires PM2.5 

10 μg/m3 moyenne annuelle 

25 μg/m3 moyenne sur 24 heures 

Matières particulaires PM10 

20 μg/m3 moyenne annuelle 

50 μg/m3 moyenne sur 24 heures 

Ozone (O3) 

100 μg/m3 moyenne sur 8 heures 

Dioxyde d’azote (NO2) 

40 μg/m3 moyenne annuelle 

200 μg/m3 moyenne horaire 

Dioxyde de soufre (SO2) 

20 μg/m3 moyenne sur 24 heures  

500 μg/m3 moyenne sur 10 minutes 

 

LignesdirectricesOMSrelativesàlaqualitédel’air

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Glossaire 

A

ApoptoseCe phénomène correspond à un mécanisme de mort cellulaire programmée ; c'est unprocessus qui intervient dans le développement normal d'un organismemulticellulairevivant.

ARNAcide ribonucléique : molécule chimique, intervenant dans la synthèse des protéines,présentedanspresquetouslesorganismesvivants,trèsprochechimiquementdel'ADN.

BBC Carbonesuie(enanglais:"blackcarbon").Bioaérosol Ensembledes«microorganismesaéroportés»omniprésentsdansnotreenvironnement.

BiomarqueurUn biomarqueur d'exposition est une caractéristique biologique mesurable qui révèlel'expositionprésenteoupasséed'unindividuàunesubstancechimique.Unbiomarqueurd'effetestla"signaturebiologique"d'unimpactdecettesubstance.

BS En anglais:"BlackSmoke"(fuméenoire).

C

CancérogèneUnagentcancérogèneestunagentqui,seulouenassociation,estcapablepouruneespècedonnée (l'homme et les animaux) d'induire des cancers ou d'en augmentersignificativementl'incidence.

Cancérogenèse Processusdeformationd'uncancer.

CHU Centrehospitalieruniversitaire.CO Monoxydedecarbone.COV Composésorganiquesvolatils.

CytokineSubstance synthétisée par une cellule du système immunitaire (ex. lymphocyte,macrophage)etagissantsurd'autrescellulesimmunitairespourenrégulerl'activité.

D

DOHaDEnanglais :"DevelopmentalOriginsofHealthand Diseases".C'estunethéoriequi fait lelienentredesexpositionslorsdelavieintra‐utérineoulapetiteenfanceetlasurvenuedemaladiechroniquesàl’âgeadulte.

DPM Particulesémisesparlediesel(enAnglais:«DieselParticulateMatter»).

EEAO Espècesactivéesdel'oxygène(ROS,enanglais:"ReactiveOxygenSpecies").

ECRHS Acronyme : European community respiratory healh survey (étude paneuropéennemulticentriqueenpopulationgénérale)www.ecrhs.org

EGEAAcronyme : Etude épidémiologique des facteurs génétiques et environnementaux del'asthme (étude cas‐témoin et familiale, Inserm)https://egeanet.vjf.inserm.fr/index.php/fr/

ELFE Acronyme:EtudeLongitudinaleFrançaisedepuisl'Enfance.Endothélium (gr.endon,dedans)tissuquirecouvrelaparoiinternedesvaisseauxetducœur.

EPA Enanglais:"EnvironmentalProtectionAgency"(agenceaméricainepourlaprotectiondel'environnement).

Epithélium (gr.epi,sur)tissuminceforméd'uneoudeplusieurscouchesdecellules jointives,ex. lacouchesuperficielledelapeau(épiderme).

EtudemulticentriqueSe dit des études scientifiques qui sont faites avec des volontaires en provenance deplusieurs centres de recherche différents. Cela permet ainsi de réunir un nombre plusgranddecasetderecueillirdesdonnéesscientifiquesplusprécises.

EV Vésiculeextracellulaireaussiconnuesouslenomdemicrovésicules,exosomes,ectosomesoumicroparticules.

Expositionchronique Exposition à de faibles doses répétées d'une substance active sur une longue période(plusieursannées,voireunevieentière)paroppositionàuneexpositionaiguë.

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G

GénotoxicitéCapacitéd’unesubstanceàinduiredesmodificationsphysiquesoufonctionnellesdansungénome.

Génotoxique(oumutagène)

Action toxique localisée sur le patrimoine génétique. C'est un agent qui augmentel'apparitiondemutations.Unemutationestunemodificationpermanentedunombreoude la structure du matériel génétique dans un organisme, notamment l'ADN, moléculeconstitutivedeschromosomesetporteusedel'informationgénétique.Uneexpositionàcetyped'agentpeutinduiredesdéfautsgénétiqueshéréditaires.

HHAP Hydrocarburesaromatiquespolycycliques.

HealthyWorkerEffectEffet du travailleur en bonne santé. Les travailleurs sont statistiquement en meilleuresantéquelapopulation,lesgensenmauvaisesantéayanttendanceànepastravailler.

HoméostasieCapacité des organismes vivants à maintenir à un niveau constant, les caractéristiquesinternes(Ex.température,glycémie…).

I

ICMIndicecomparatifdemortalité.Pourunepathologiedonnée,ilcomparelamortalitédansunerégionaveclamoyennenationaleavecunecorrectionsurlarépartitiondesâgesdelapopulation.

Incidence (tauxd'incidence)

L'incidencemesurelerisquedesurvenued'unemaladieoudetoutautreévénementdansune population donnée. Il est calculé en divisant le nombre de nouveaux cas dans unepopulationspécifique,durantunepériodedetempsconnue,parlapopulationaudébutdelapériode.Ils'exprimeennombredecaspour100.000personnesenprécisantlapérioded'observation.

L

LBALavage Broncho‐Alvéolaire. C'est un examen médical lors duquel on injecte un liquidedanslesbronchesetlesalvéolespulmonaires.Onpeutensuitepratiquerdifférentstestssurleliquideaprèsrécupération.

LDSAEn anglais : "Lung deposited Surface Area". Surface des particules déposées dans lespoumons.C'estuneunitéalternativeàlamassedesparticulesdéposées,utiliséelorsqu'onpensequel'effetrecherchéestliéàuneffetdesurfacesurlesparticulesinhalées.

LURModèle statistique : en anglais, "LandUseRegression". Modèle permettant d'estimer lapollutionàpartirdevariablesliéesàl'utilisationdusol,ladensitédepopulation,letraficroutier,lagéographie.

M

MétabolismeEnsembledetransformationsetprocessusbiochimiquessubisparuneoudessubstancesdansunecelluleouunorganisme.

MicroARN(ouMiARN)Courts brins d'ARN capables d'inhiber l'expression d'un gène. Ils jouent le rôle derégulateursbiologiques.

MitochondrieOrganiteprésentdanslescelluleshumaines.Ellesjouentlerôledecentraleénergétiquedela cellule en produisant des molécules d'ATP qui jouent le rôle de carburant pour lesprocessusbiologiques.

N

Nanomatériau

Matériaunaturel,forméaccidentellementoumanufacturécontenantdesparticuleslibres,sousformed’agrégatousousformed’agglomérat,dontaumoins50%desparticules,dansla répartitionnumériquepar taille, présententuneouplusieursdimensions externes sesituantentre1nmet100nm.

Nécrose Mortd'unecelluleoud'untissuàl'intérieurd'unorganismevivant.NO Monoxyded'azote.NO2 Dioxyded'azote.NOx Oxyded'azote.

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OO₃ Ozone.OMS OrganisationmondialedelaSanté.

P Particule Fragmentdematièrepossédantdescontoursphysiquesbiendéfinis.

PM"Particulatematter" : abréviation anglaise qui désigne les particules en suspension. Onindiqueleurtaille,parexemple:PM10désignelesparticulesdontlediamètreestinférieurà10microns.

Prématurité Laprématuritéestdéfinieparl'OMSparlanaissanceavant37semainesd'aménorrhées.PUF Particulesultrafines.Onappelleainsicellesquiontundiamètreinférieurà100nm.

SAPALDIAAcronyme:«Swisscohortstudyonairpollutionandlungandheartdiseases inadults »(étudesuissemulticentriqueenpopulationgénérale)www.sapaldia.ch

Seuild'alerteNiveauau‐delàduqueluneexpositiondecourteduréeprésenteunrisquepourlasantédel'ensembledelapopulationoudedégradationdel'environnement,justifiantl'interventiondemesuresd'urgence(source:Airparif).

Seuilderecommandationetd'information

Niveauau‐delàduqueluneexpositionde courteduréeprésenteun risquepour la santéhumaine de groupes particulièrement sensibles au sein de la population et qui rendnécessaires l'émission d'informations immédiates et adéquates à destination de cesgroupesetdesrecommandationspourréduirecertainesémissions(source:Airparif).

SiteclasséSEVESO

D'après la Directive Seveso qui impose aux États membres de l'Union européenned'identifier les sites industriels présentant des risques d'accidents majeurs et d'ymaintenirunhautniveaudeprévention.CettedirectivetiresonnomdelacatastrophedeSeveso(rejetaccidenteldedioxine)quieutlieuen1976etincitalesÉtatseuropéensàsedoterd'unepolitiquecommuneenmatièredepréventiondesrisquesindustrielsmajeurs.

Smog Mélangedefuméesetdebrouillard(motanglais).SO2 Dioxydedesoufre.

Stressoxydant(ouoxydatif)

Agression qui favorise les maladies chroniques. On soupçonne des molécules trèsréactives,liéesàl’oxygène(radicauxlibres),d'abîmeràchaqueinstantnosmoléculeslesplusvitales:d'oùlevieillissementparex.

Substanceàl'étatnanoparticulaire

Substancefabriquéeintentionnellementàl’échellenanométriquecontenantdesparticulesnon liées ou sous forme d’agrégat ou sous forme d’agglomérat, dont une proportionminimale des particules, dans la distribution des tailles en nombre, présentent une ouplusieursdimensionsexternessesituantentre1nmet100nm.

ToxicitéCapacitéd'unesubstanceàprovoquerdeseffetsnéfastes.Enfonctiondel'intensitéetdelarapidité des effets, on distingue la toxicité aiguë, la toxicité subaiguë et la toxicitéchronique.

V

Valeurslimitesd'exposition

Niveau à atteindre dans un délai donné et à ne pas dépasser, et fixé sur la base desconnaissancesscientifiquesafind'éviter,deprévenirouderéduireleseffetsnocifssurlasantéhumaineousurl'environnementdanssonensemble.

XXénobiotique Substanceétrangèreàl'organismevivant.

Z

ZAPAZonesd'actionsprioritairespourl'air.LesZAPAsontdesdispositifsinstituésàl'occasionde la loiGrenelle II. Ilsvisentà réduire lapollutionatmosphérique liéeau trafic routierdansdeszonesparticulièrementaffectées.

 

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Mentionslégales 

Ce dossier a été réalisé par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, del’environnementetdutravail(Anses)danslecadredel’animationetdelavalorisationduProgrammeNationaldeRechercheenEnvironnement‐Santé‐Travail(PNREST). 

Nous remercions l’ensemble des contributeurs, et plus particulièrement Paulina Cervantès, FabriceCoutureau,HélèneDesqueyroux,LaëtitiaDubois,AudeEstève,MichelGioria,SophieGuitton,DelphineLascar,Gérard Lasfargues, Louis Laurent, Céline Leterq, Alima Marie, Jean‐Nicolas Ormsby, Aurélie Pajon, SophieParel,ValériePernelet‐Joly,AnneTilloy,AnneVaret. 

Directeurdelapublication:

RogerGENET(Directeurgénéral,Anses) 

Conceptionetréalisation:

NathalieRUAUX(DirectionRechercheetVeille,Anses) 

 Remerciementspourlescréditsphotographiques:

Saufmentioncontraire,lesillustrationsproviennentdelabanqued’imagesGetty.Lesphotographiesfourniespar leschercheurssont libresdedroitet/oudisponiblesselon les termesde laCreativeCommonsPaternitéversiongénérique2.5ouversionsultérieures (inspirésdes termesde laGNUFreeDocumentationLicence):http://creativecommons.org/licenses/ 

 

 

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Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail14 rue Pierre et Marie Curie94701 Maisons-Alfort Cedexwww.anses.fr @ Anses_fr