Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

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RoadBook ODZ. Une application photographique mobile pour un regard différent sur votre vie. RIVAS Rémi Master ID 2013/2014

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ODZ. Une application photographique mobile pour un regard différent sur votre vie.

RIVAS Rémi Master ID 2013/2014

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“Timeo hominem unius libri”

Saint Thomas d’Aquin

“No man is an island.

Entire of itself,

Every man is a piece of the continent,

A part of the main.

If a clod be washed away by the sea,

Europe is the less.

As well as if a promontory were.

As well as if a manor of thy friend's

or of thine own were:

Any man's death diminishes me,

Because I am involved in mankind,

And therefore never send to know for whom the bell tolls;

It tolls for thee.”

John Donne

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Partie I - Phase exploratoire et notions problématisantes.

La Sérendipité et le Modèle

La sérendipité. Brève définition et histoire.

Définition

La sérendipité est considérée par Bourcier et Van Adel comme « la capacité de

découvrir, d’inventer, de créer ou d’imaginer quelque chose de nouveau sans l’avoir

cherché, à l’occasion d’une observation surprenante qui a été expliquée

correctement ». Elle est selon eux « inhérente à la conduite humaine ».1

Bourcier et Van Adel vont encore plus loin et postulent que : «en pratique une vraie découverte, invention, création est toujours la combinaison d’un élément étonnant et d’une vérification pertinente”.2

Exprimé plus poétiquement par Francis Bacon : « Il semblerait que, jusqu’à

maintenant, l’homme doit plus à une chèvre pour la chirurgie, à un rossignol pour la

musique, à l’ibis pour une partie de la physique, ou à un couvercle qui saute du

chaudron pour l’artillerie, ou généralement à la chance ou à quelque chose d’autre

qu’à la Logique dans les arts et les sciences. »3

Il y a également un parallèle intéressant à établir entre la sérendipité et la définition

d’un événement de type Cygne Noir proposée par Nassim Nicolas Taleb dans son

ouvrage Le Cygne Noir: une aberration statistique se situant en dehors du cadre de

nos attentes ordinaires (car rien dans le passé n’indique de façon convaincante qu’elle

avait une chance de se produire), à l’impact sociétal extrêmement fort, et dont l’être

humain ne saura s’empêcher après sa survenue de lui attribuer un caractère

prétendument prévisible.4

Histoire

Le premier emploi du mot sérendipité semble dater de 1754. On le retrouve dans une

lettre d’Horace Walpole à Horace Mann faisant référence à un conte Persan. »J’ai lu,

jadis, un conte stupide, intitulé Les Trois Princes de Serendip : quand leurs altesses

voyageaient, elles faisaient toujours des découvertes, par accident et sagacité, des

choses qu’elles ne cherchaient pas”5

Horace Walpole reviendra par la suite de nombreuses fois sur ce terme. Selon lui, les

motivations de l’être humain sont les mêmes depuis l’aube des temps et justifient de

nombreuses découvertes non-préméditées, et non désirées initialement. Il formule

1 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.11 2 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.12 3 BACON F., The works of Francis Bacon, facsimile — Neudruck der Ausgabe von Spedding, Ellis und Heath, London, 1857 — 1874, Vierter Band, The advancement of learning, Stuttgart, Fromann, 1962 4 TALEB N.N., 2012, Le Cygne Noir, la puissance de l’imprévisible, Les Belles Lettres, 2007, p.12 5 LEWIS W.S. Horace Walpole’s Correspondence, Lettre du 28 janvier 1754 à Horace Mann, XII, 1937, p. 214

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cette pensée trente-cinq ans après son invention du terme sérendipité dans une lettre

à Hannah More en 1789 :

«Beaucoup de découvertes sont faites par des gens qui étaient à la chasse de quelque

chose de très différent. Je ne suis pas totalement sûr si l’art de faire de l’or ou la vie

éternelle ont été inventés — mais combien de découvertes nobles ont déjà été mises

en lumière parce qu’on cherchait ces moyens miraculeux ! Pauvre Chimie si elle n’avait

pas eu de motivations aussi glorieuses devant les yeux!”6

«En résumé, la sérendipité a d’abord été identifiées dans les humanités. Ce

phénomène a, pendant deux siècles, intéressé les disciplines littéraires, les essayistes

et les rédacteurs de dictionnaires, et aussi les collectionneurs en tout genre avant

d’intéresser les sciences «dures” ou expérimentales. Enfin les sciences sociales, ou

non-expérimentales, ont été concernées par les processus de construction de leurs

concepts et de leurs méthodes et donc par les modes cognitifs de découverte.”7

La première tentative de théorisation formelle de la sérendipité hors du cadre des

sciences naturelles est faite par Robert K Merton en 1945 en sociologie des sciences.

Selon lui, elle est un procédé qui mobilise l’inattendu deux fois : dans l’observation

initiale, et dans la nouvelle connaissance obtenue.

« La sérendipité, ou découverte par accident, par chance ou sagacité de résultats

valides qui n’étaient pas recherchés est une composante de la recherche. Le donné

est avant tout non anticipé. Une recherche dirigée pour tester une hypothèse produit

un effet secondaire fortuit, une observation inattendue qui repose sur des théories qui

n’étaient pas remises en cause quand la recherche a commencé.

Deuxièmement, l’observation est anormale, surprenante, parce qu’elle semble

inconsistance soit avec la théorie régnante soit avec d’autres faits préétablis. Dans

tous les cas, l’inconsistance apparente provoque la curiosité ; elle incite le chercheur

à donner un sens au donné pour l’adapter à un cadre élargi de la connaissance »8

Merton reviendra ensuite sur le terme en 1948 et introduira le terme de « serendipity

pattern » qui précise selon lui les cinq spécificités constitutives de cette pratique :

l’observation, la non anticipation, l’anormalité, l’importance stratégique. Elle doit

également provoquer le développement d’une nouvelle théorie ou bien l’extension

d’une théorie existante.9

De nombreuses personnes reconnaissent aujourd’hui l’importance du rôle de la

sérendipité, ainsi que ses nombreux apports au monde de la science ou à celui de la

création. Pourtant, les comportements sociétaux que nous pouvons observer

actuellement reflètent ils cette importance, et permettent-ils d’intégrer aisément et

6 LEWIS W.S. Horace Walpole’s Correspondence, Lettre du 10 septembre 1789 à Hannah More, XII, 1937, p. 325. 7 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.31 8 MERTON R. Sociological Theory, American Journal of Sociology, 1945 p.37-38 9 MERTON R, American Sociological Review, Oct 1948, Vol 13, N.5, p.506-7 MERTON R. The bearing of empirical research on sociological theory, Social Theory and Social Structure, Glencoe III Free Press, 1949, p 256 note 5

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intuitivement la sérendipité dans nos vies quotidiennes ? Et si au contraire nous

cherchions en réalité à diminuer sa place et son impact ?

De la compréhension à la prédiction : tentation du modèle et effets pervers

Abolir le rôle du hasard ?

L’humain semble naturellement vouloir abolir les phénomènes hasardeux. Il peut

admettre l’existence d’une part de hasard irréductible :

«On s’efforce de tout maîtriser et de laisser le moins de place possible à l’incertitude.

Le hasard est alors en quelque sorte un solde : c’est ce qu’on ne parvient pas à prévoir

mais que l’on se propose pourtant de réduire sans cesse plus notamment grâce au

développement des sciences et des techniques” 10

Il peut également considérer, tel Pierre-Simon de Laplace, que le hasard n’est qu’une

autre façon de nommer l’inconnu au sein d’un système où tout effet a une cause

déterminée. «Avant que d’aller plus loin, il importe de fixer le sens de ces mots,

hasards et probabilité. Nous regardons une chose comme l’effet du hasard, alors

qu’elle n’offre à nos yeux rien de régulier, ou qu’elle annonce un dessein et que nous

ignorons d’ailleurs les causes qui l’ont produite. Le hasard n’a donc aucune réalité en

lui-même, ce n’est qu’un terme propre à désigner notre ignorance sur la manière dont

les différentes parties d’un phénomène se coordonnent entre elles et avec le reste de

la nature.”11

En ce qui concerne l’aspect hasardeux que peut revêtir la sérendipité, Bourcier et Van

Adel proposent de distinguer deux types de hasards : le hasard crucial et le hasard

trivial. L’accident crucial étant celui directement responsable de l’observation

surprenante, les autres hasards triviaux étant indirectement responsables.12

Modéliser : le piège de la représentation

Face à un fait surprenant, les réactions peuvent être complètement différentes : le

chercheur fait une interprétation soit juste (sérendipité), soit fausse, ou bien il peut

être paralysé par l’observation et ne pas aller plus loin (résistance à la découverte).13

Barber va encore plus loin et postule que, «à cause de leur conceptions et de leurs

théories, les scientifiques peuvent rater des découvertes qu’ils avaient littéralement

devant leur yeux”14

Une amusante citation de Wittgenstein reprise par Richard Dawkins illustre la limite intellectuelle posée par la modélisation et l’interprétation : « Nous sommes désormais si accoutumés à l'idée que la Terre tourne -- et non que le Soleil se déplace dans le

10 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.7 11 LAPLACE P.S de, 1776a; Œuvres Complètes, VIII p.145, cité en anglais dans P.-S. La place, Marquis de (1749 — 1827), Dictionary of Scientific Biography, Ch.C. Gillipsie, New York, Ed. Ch. Scribner’s sons, 1981, Vol. 15, p. 284 12 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.259 13 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.99. 14 BARBER B., Résistance by Scientists to scientific Discovery, Science, Septembre 1961, vol. 134, p.598.

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ciel -- qu'il nous est difficile de réaliser à quel point cette révolution intellectuelle a dû être dévastatrice. Après tout, il semble évident que la Terre est immense et immobile, et que le Soleil est petit et en mouvement. Mais n'oublions pas la remarque de Wittgenstein à ce sujet. "Dis-moi", demandait-il à un ami, "pourquoi dit-on toujours qu'il était naturel que les hommes présument que le Soleil tournait autour de la Terre et non que la Terre tourne ?" Son ami lui répondit, "Eh bien, évidemment parce qu'on dirait que le Soleil tourne autour de la Terre." Wittgenstein répondit, "Mais à quoi cela aurait-il ressemblé si on eût dit que la Terre tournait ? »15

Taleb introduit également le terme de « platonicité », qu’il définit comme le fait de

« privilégier des constructions mentales claires et nettes par rapport à d’autres objets

moins élégants à la structure plus désordonnée et moins souple ». Cette tendance

aurait pour conséquence de nous faire croire que nous comprenons plus de choses

que ça n’en est réellement le cas.16

Il présente également un ensemble d’erreurs types pouvant altérer la perception

humaine : l’erreur de confirmation (la recherche systématique de preuves du connu

plutôt que de l’inconnu), l’erreur de narration (la recherche systématique de causalité),

la dimension émotionnelle (le caractère non intuitif des cygnes noirs pour l’humain),

l’erreur de Diagoras (le biais de l’apprentissage analeptique), la limite de notre

imagination (nous nous concentrons massivement sur les cygnes noirs que nous

sommes capables d’anticiper, et négligeons de fait encore plus les autres).17

Comprendre, Prévoir, Prédire

Le dictionnaire Larousse définit l’action de comprendre comme « faire entrer,

compter quelqu'un, quelque chose dans un ensemble, un total ou, en parlant de cet

ensemble, les contenir, les englober, les inclure »18. Il y a donc une analogie

remarquable entre le fait de rendre un phénomène intelligible, explicable, et celui de

l’intégrer dans un modèle plus vaste au sein duquel il trouve son explication.

Comprendre pourrait donc être défini comme l’action de « rattacher au modèle ». Cette

démarche pourrait être menée de deux façons : en trouvant au phénomène observé

une explication intelligible dans le modèle de référence tel que défini alors, ou bien en

redéfinissant le modèle de façon à rendre l’apparition du phénomène cohérente dans

celui-ci.

« Soit l’investigateur n’est pas suffisamment préparé pour voir le fait surprenant

(aveuglement, exclusion), soit il n’existe pas encore de cadre conceptuel permettant

de l’expliquer. Deux situations peuvent alors se présenter : le chercheur classe le fait

en affirmant qu’il ne peut être pris en compte. Il le mettra de côté avant de voir de

quelle façon il peut faire une pile de cas identiques (collecte). Soit il existe déjà

plusieurs cas du même genre, et le chercheur devra construire le cadre conceptuel

15 DAWKINS R., Why the universe seems so strange, https://www.ted.com/talks/richard_dawkins_on_our_queer_universe 16 TALEB N.N., 2012, Le Cygne Noir, la puissance de l’imprévisible, Les Belles Lettres, 2007, p.19 17 TALEB N.N., 2012, Le Cygne Noir, la puissance de l’imprévisible, Les Belles Lettres, 2007, p.83. 18 Dictionnaire Larousse, Edition 2014 (6 juin 2013)

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nécessaire. Même si la catégorie n’est pas tout à fait consistante, ainsi définie, elle est

ouverte à un nouveau cadre théorique. »19

Sous ce jour, il semble ainsi logique que la modélisation d’un phénomène mène à des

tentatives de prévision à son sujet. On peut définir le fait de prévoir comme le l’action

de « concevoir quelque chose par la pensée, l'envisager comme possible, et, en

particulier, prendre des dispositions en vue de son éventualité »18. Cette définition

dépasse celle de la compréhension car elle associe le fait de comprendre les causes

et effets d’un phénomène avec une tentative de quantification de sa probabilité

d’apparition sur un plan statistique.

La prévision peut quant à elle mener à son tour à la prédiction, que l’on peut définir

comme « l’acte d’annoncer par avance ce qui doit arriver, par intuition, raisonnement,

conjecture ou inspiration. »18. Cette pratique dépasse celle de la prévision puisqu’elle

propose de dépasser la notion de probabilité offerte par l’emploi des statistiques pour

se risquer à anticiper les phénomènes à venir. Prédire peut alors être perçu comme

un refus de considération d’une valeur statistique aberrante au profit de l’observation

d’un phénomène attendu et recherché.

A l’heure de la numérisation et de l’automatisation croissante de nos activités

humaines, sommes-nous en train de basculer vers une société de la prédiction ? Et si

oui, cela a-t-il un impact sur notre capacité à reconnaitre et à utiliser la sérendipité ?20

Quelques limites de la prédiction déjà observables et éléments de réponse

En 1936, Merton publia un article sur les conséquences inattendues, voir contre-

productive des actions et des décisions humaines21. R. Boudon rebaptisa ce type de

phénomènes « effets pervers » en 197722. Il écrit qu’une décision a des effets

pervers lorsqu’elle « produit des effets inattendus par rapport aux objectifs visé par

l’acteur initial. Ces effets sont le produit de décisions prises par des agents qui

communiquent, interprètent, s’adaptent ou se coordonnent face à une situation

donnée en fonction d’intérêts différents, voire contradictoires »

19 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.64 20 De la chaleur ajoutée plutôt que des algorithmes et des scripts http://www.collaboratif-info.fr/edito/une-relation-client-en-manque-dhumain-et-de-naturel How Your Location Data Is Being Used to Predict the Events You Will Want to Attend http://www.technologyreview.com/view/526096/how-your-location-data-is-being-used-to-predict-the-events-you-will-want-to-attend/?utm_campaign=socialsync&utm_medium=social-post&utm_source=facebook Aveu d'un pionnier d'Internet : "nous nous sommes trompés de bonne foi" http://meta-media.fr/2014/03/24/aveu-dun-pionnier-dinternet-nous-nous-sommes-trompes-de-bonne-foi.html?utm_source=La+Lettre+de+Petit+Web&utm_campaign=16c934c731-L118&utm_medium=email&utm_term=0_924f520221-16c934c731-8061057 Médias Les algorithmes auront-ils la peau des journalistes ? http://bit.ly/1gCoKTm La conception algorithmique automatise-t-elle nos vies ? http://internetactu.blog.lemonde.fr/2014/03/14/la-conception-algorithmique-automatise-t-elle-nos-vies/ 21 MERTON, R., « The unanticipated consequences of purposive social action », American Sociological Review, 1936, 1, p.814-904 22 BOUDON, R. Effets pervers et ordre social, Paris, PUF, 1977

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Pourquoi de tels effets ? On peut penser qu’une explication réside dans la notion de

décalage entre la réalité et l’analyse qu’on en a faite : « Les frontières d’un système

ne sont jamais une donnée naturelle. […] L’effet n’apparait pervers que parce que la

globalité du phénomène a été réduite à un sous-ensemble d’actions »23.

Le paradoxe est atteint quand le modèle lui-même est générateur d’effets qui altèrent

la réalité. J-P Dupuy parle de prophétie anticipatoire : » Il n’y a pas de réalité sociale

indépendante des représentations, des anticipations, des prédictions, des

significations en générale que les humains se forgent à son sujet. Une représentation,

une prédiction peut devenir vraie par le simple fait que les actions et les réactions

qu’elle engendre la réalise »24.

Or la sérendipité existe comme interprétation juste d’une observation imprévue et

surprenante. « Aucune forme de représentation ne peut jamais anticiper l’inconnu,

l’impossible, l’arrivée de faits ou de relations, de point de vue ou d’effets pervers, qui

sont imprévus ou imprévisibles, et donc surprenants. De même, un système expert ne

peut pas non plus improviser ou être surpris, il n’a pas le sens de l’humour, il ne peut

pas être effrayé, et n’est pas capable de reconnaitre ce qui est vraiment nouveau. »25

« Un système expert peut assister l’expert mais non lui être substitué. La sérendipité

est définie comme l’aptitude à faire des trouvailles. On ne peut pas la planifier mais on

peut la développer en tant que faculté précieuse. »26

«Derrière la sérendipité, c’est le réel dans la dimension du temps et de l’espace qui

est visé. La spéculation en serait la démarche opposée. Pourquoi ne savait-on pas

avant ? Parce que ce n’était pas le même état du monde, parce que le phénomène

n’était pas advenu. Pourquoi n’anticipe-t-on pas correctement ? Les statistiques ne

sont alors d’aucun secours car même si des classes de situations sont établies, elles

ne peuvent couvrir tous les événements possibles car les classes ne sont pas

homogènes entre elles.»27

Et si les biais d’interprétation de notre réalité, combinés à la persistance des

prédictions, ainsi qu’à un recours inadéquat à la technologie et à la science formelle

provoquaient une illusion de certitude, et diminuait d’autant notre attention envers les

accidents issus de la sérendipité, et pourtant potentiellement responsables de

découvertes importantes et de changements majeurs ?

23 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.215 24 DUPUY, J.P., « Les paradoxes de l’erreur créatrice », dans L'Erreur. De Jacques Oudot et Alain Morgon. Presses universitaires de Lyon, Philosophy 254, 1982, p.165-166 25 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.252 26 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.263 27 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.225

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Quelques solutions pour redonner sa place à la Sérendipité ?

La sérendipité. Une fin en soi ?

Une seule réponse à cette première question : non. La sérendipité productive de

connaissance est indissociable d’une démarche d’investigation conventionnelle. Loin

d’être opposées, ces deux approches sont absolument complémentaires.

« L’expérience nous apprend que nous découvrons les vérités les plus profitables

souvent même sans les avoir cherchées : alors cela nous apprend aussi que nous

trouvons en cherchant. A vrai dire l’accident en soi ne nous donne que la première

pensée brute. Quand nous voulons la rendre utile, nous devons la poursuivre et la

connecter avec beaucoup de vérités différentes, et tout cela ne peut pas arriver sans

pensée intentionnelle. La nécessité de penser ainsi reste donc indubitable […] avant

Archimède, maints baigneurs ont dû observer qu’ils pouvaient lever leurs bras dans

l’eau plus facilement qu’en dehors. C’est seulement parce qu’ils n’ont pas approfondi

la question, qu’il fut le premier à découvrir la loi de la masse volumique. »28

« Pour découvrir, inventer, créer ou décider, il reste essentiel de garder les deux yeux

ouverts, l’un pour ce que l’on cherche et… l’autre, pour ce que l’on ne cherche pas :

une recherche scientifique originale marche sur deux pieds : l’un sert à tester des

hypothèses et l’autre à expliquer des observations surprenantes (i.e. des nouveautés

et des anomalies). »29

Première piste : Penser la sérendipité comme une discipline qui se travaille

«La questions qui se pose dans notre société aujourd’hui est celle de la possibilité

d’accroitre les circonstances hasardeuses, et l’art de les utiliser. Pourtant, par

définition, on ne peut pas programmer la sérendipité, l’observation surprenante. On

ne la reconnait qu’après coup.”30

« Certains auteurs disent qu’une découverte fondée sur une observation de ce qui

n’était pas recherché est le fruit du hasard ou d’un accident. Ce qui n’est jamais vrai.

Les observations sont faites parce que l’observateur a un œil sur chaque

aberration »31. Pour citer Pasteur : « Souvenez-vous que dans les sciences

d’observation, le hasard ne favorise que des esprits préparés.»32

28 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.37 29 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.53 30 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.8 31 COMROE J.H., Retrospectroscope, Insights into Medical Discoveries, Menlo park, Californie, Voon Gehr Press, p.48-9, ref : Charles Lam, « A dissertation on roast pig », The essays of Elias, or ed.1823, repr.1892, Boston, Little, Brown Co, p.177 32 PASTEUR L., dans le manuscrit de sa première intervention comme doyen de la nouvelle Faculté des Sciences à Lille en 1854

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« Il n’existe pas de sérendipité en dehors de cas spécifique […], ce qui n’empêche

pas d’en tirer des généralités et des typologies. L’attention à la sérendipité peut se

travailler. Il s’agit moins de la rechercher que d’apprendre à la reconnaitre. »33

« La sérendipité est l’art d’enlever des œillères. Un bon chercheur a besoin d’œillères

qui il recherche et étudie mais il peut les enlever quand il observe un fait surprenant

qu’il veut interpréter pour en donner une explication correcte, ou mettre au point une

stratégie émergente »34.

« En tant qu’aptitude personnelle, la sérendipité peut être décrite comme une faculté,

une capacité, un talent, dont le développement, inégal d’un individu à l’autre, est

considéré soit comme une donnée naturelle, soit comme le fruit d’un apprentissage.

Le partage qui est fait ici, entre l’inné et l’acquis, appellerait une analyse approfondie.

En tant que phénomène objectif, elle se présente sous la forme d’un processus cognitif

dont les diverses définitions accentuent tel ou tel aspect : observation, interprétation,

raisonnement, explication, etc. »35

Bourcier et Van Adel suggèrent un enseignement de la sérendipité « comme possibilité

d’utiliser l’imagination et la créativité dans l’élaboration de connaissances et de faire

de cette faculté une ressource pour l’apprentissage de la recherche […] montrant ainsi

que l’histoire de la connaissance s’est construite de façon imprévisible, sans logique

prédéfinie et souvent de façon ludique.»36

On pourrait éventuellement spécifier les conditions nécessaires pour faire émerger des

faits surprenants : «Des signes particuliers peuvent devenir par sagacité, perspicacité

et discernement, l’occasion de découvrir, d’inventer ou de dévoiler ce qui était

jusqu’alors caché «37

La sérendipité peut naitre d’une démarche volontaire via une sensibilisation à la théorie

et aux exemples référencés, mais s’apprend difficilement en pratique : « par définition,

on ne peut pas programmer ses propres observations surprenantes même si on

apprend à utiliser sa liberté pour réagir de façon adaptée en face de signes étonnants.»

Une façon de faire pourrait être de « concevoir des travaux pratiques où seraient

insérés des données surprenantes, puis de confronter un étudiant à son inattention

face à une possibilité d’observation étonnante »38.

33 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.35 34 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.256 35 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.34 36 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.258 37 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.209 38 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.255

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«Une certaine connaissance du mot, du phénomène et des cas de sérendipité aide

probablement à réagir de façon optimale quand on fait une observation étonnante.”39

Taleb quant à lui défend l’idée selon laquelle il y aurait deux façons d’appréhender les

phénomènes, l’une consistant à exclure l’extraordinaire en se concentrant sur les

événements de type « normaux » et « ordinaires », la seconde consistant à analyser

en priorité les extrêmes dans le but de comprendre le phénomène40. Une idée que l’on

retrouve également dans les écrits de Claude Bernard, ou bien dans ceux de Skinner :

« Je constatais un fait nouveau, imprévu par la théorie et que l’on n’avait pas remarqué,

parce que l’on était sous l’empire d’idées théoriques opposées auxquelles on avait

accordé trop de confiance […] Au lieu de garder la théorie et d’abandonner le fait, j’ai

gardé le fait que j’ai étudié, et je me suis hâté de laisser la théorie. »41. « Quand tu

tombes sur quelque chose d’intéressant, laisse tout tomber autour de toi et étudie-

le »42

Seconde piste : Reconnaitre l’importance de l’abduction et l’encourager

« L’abduction est le processus d’une hypothèse explicative. C’est la seule opération

logique qui introduit une quelconque idée neuve ; parce que l’induction détermine

une valeur et la déduction produit seulement les conséquences inévitables d’une

pure hypothèse.

La déduction prouve que quelque chose doit être ; l’induction montre que quelque

chose marche de facto ; l’abduction suggère seulement que cela est possible. Sa

seule justification est que la déduction peut produire une prédiction de cette

suggestion, qui peut être testée par induction, et que, si l’on veut apprendre jamais

quelque chose, ou comprendre des phénomènes, cela doit être fait par

l’abduction. »43

« L’abduction joue par définition un rôle central dans le phénomène de sérendipité

mais d’autres raisonnements participent. En effet, l’élaboration de l’hypothèse

nécessite de combiner la logique (la déduction et l’induction) avec le raisonnement

dialectique ou interviennent postulats, arguments, et contre-arguments. »44 45

Troisième piste : de l’idée aux observations…ou bien l’inverse. Provoquer le

hasard

« Les anciens Grecs avaient un dieu pour exprimer l’inconnu, un « dieu inconnu »,

39 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.9 40 TALEB N.N., 2012, Le Cygne Noir, la puissance de l’imprévisible, Les Belles Lettres, 2007, p.18 41 BERNARD C. Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Paris, Librairie Joseph Gilbert, 1943 (Première édition : 1865), p.229, 230 42 SKINNER B.F. Am. Psychol. 1956, 11, p.221 43 PIERCE C.S. Collected Papers, ed C. Hartshorne, P. Weiss and A.W. Burks, vol.7 : 88, Harvard : Belknap Press of Harvard University Press, 3 rd Pr., 1965, 5 : 171 44 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.64 45 Exemples illustratifs : Tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel est une déduction (du général au particuliers). Socrate est un homme, or Socrate est mortel, donc tous les hommes sont mortels est une induction (du particulier au général). Socrate est mortel, or tous les hommes sont mortels, donc Socrate est un homme est une abduction (hypothèse par analogie, émergence d’un fait nouveau).

Page 12: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Kairos, jusqu’à ce qu’ils adorent le dieu chrétien. A partir de ce moment, l’histoire de

la connaissance a emprunté des chemins plus obscurs. […] L’adoration peut écarter

le doute qui est à l’origine de la curiosité scientifique, comme le développera

Descartes. La raison est alors devenue un autre dieu. Dans un univers complexe

comme le nôtre, on peut revaloriser cet ancien dieu grec de l’inconnu pour combattre

la répétition et la routine servile du connu devant les faits extraordinaires. »46

«C’est ce que nous avons appelé l’expérience pour voir. On met ce procédé en usage

toutes les fois qu’on n’a pas d’idée préconçue pour entreprendre des recherches sur

un sujet à l’occasion duquel des observations antérieures manquent. Alors on

expérimente pour faire naitre des observations qui puissent à leur tout faire naitre des

idées […] il ne faut jamais rien négliger dans l’observation des faits, et je regarde

comme une règle indispensable de critique expérimentale de ne jamais admettre sans

preuve l’existence d’une cause d’erreur dans une expérience, et de chercher toujours

à se rendre raison de toutes les circonstances anormales qu’on observe. Il n’y a rien

d’accidentel, et ce qui, pour nous, est accident n’est qu’un fait inconnu qui peut devenir,

si on l’explique, l’occasion d’une découverte plus ou moins importante”47

Une idée : repenser notre réaction face aux prévisions, renoncer aux

probabilités

L’idée de Force exposée par Nassim Nicholas Taleb48 est intéressante : partant du

principe que l’erreur de prédiction est inéluctable, elle propose de se focaliser sur la

force face aux erreurs de prédictions plutôt que d’améliorer les prédictions elles

même. Par exemple en se concentrant sur le caractère dommageable de la survenue

de tel ou tel événement plutôt que sur sa probabilité d’apparition.

Constat : quelles réelles possibilités d’encourager l’imprévu ? A l’issue de cette documentation des différents concepts constituant l’équation du problème abordé se posaient plusieurs questions distinctes auxquelles le projet allait devoir tenter de répondre : Pour l’usager : comment renoncer à la tentation du contrôle et résister à l’enferment? Comment résister à la tentation du modèle ? Pour le dispositif : comment accueillir l’inattendu ? Comment découvrir par hasard ? Pour le designer : comment aider les gens à trouver ce qu’ils ne cherchent pas ? Comment permettre de voir différemment ce qui est déjà là ? Mon constat était simple : pour découvrir, l’usager a besoin d’être surpris sachant qu’il cherche par tous les moyens à minimiser le risque d’être déçu. Comment résoudre ce paradoxe.

46 BOURCIER D. et VAN ADEL P., De la sérendipité dans la science, la technique, l’art et le droit. Leçons de l’inattendu. L’Act Mem, 2009, p.255 47 BERNARD C. Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Paris, Librairie Joseph Gilbert, 1943 (Première édition : 1865), p.226, 227 48 TALEB N.N., 2012, Le Cygne Noir, la puissance de l’imprévisible, Les Belles Lettres, 2007, p.12

Page 13: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Partie II - Projet / coulisses du projet et Process.

D’une volonté d’organisation à la nécessité de déranger

Le point de départ : un monde sans sérendipité, une impasse sur la carte de la

connaissance ?

A l’issue du travail exploratoire développé dans la première partie et portant sur le

rôle essentiel de la sérendipité dans la découverte humaine, et sur les limitations

possibles de l’utilisation de modèles pour établir une vision réaliste du monde, il s’est

alors posé la question de la possibilité de l’application pratique de ces

apprentissages dans la conception d’un service/produit/expérience dont la fonction

première soit de favoriser la survenue de la sérendipité.

Pour mémoire, les cinq spécificités constitutives de la sérendipité selon Robert K Merton sont : l’observation, la non anticipation, l’anormalité, l’importance stratégique, et, in fine, le développement d’une nouvelle théorie ou bien l’extension d’une théorie existante.49

Connaissances, un mot pluriel ? Plus schématiquement, pour mesurer le rôle crucial de la sérendipité dans l’extension possible de la connaissance, et pour reprendre les termes de Donald Rumsfled50, on peut tenter de résumer l’état de la connaissance humaine à un instant donnée en une carte subdivisée elle-même en quatre zones :

- Ce que l’on a conscience de connaitre, et qui constitue le savoir disponible à un

instant donné.

- ce que l’on a conscience de ne pas connaitre, et qui constitue autant de pistes

potentielles de développement volontaire du champ de sa connaissance.

- Ce que l’on n’a pas (encore) conscience de (déjà) connaitre, enjeux majeur s’il en

fut à l’heure des big data et de l’engouement collectif pour les modèles

mathématiques, prétendument explicatifs voir prédictifs de nos comportements.

- Et enfin, la zone la plus problématique à mon sens, ce que l’on n’a pas (encore)

conscience de ne pas connaitre, virtuellement infinie au regard des trois autres zones

mentionnées ci-dessus.

Le constat direct de cette subdivision, et que, si la quatrième zone est par définition

l’endroit où repose l’ensemble des découvertes fondamentales et de rupture restant

à faire (pour tant que cette pensée vertigineuse soit quantifiable), elle est également

fondamentalement inaccessible.

C’est en réaction à cette inaccessibilité que la Sérendipité entre alors en scène et

joue un rôle majeur.

49 MERTON R, American Sociological Review, Oct 1948, Vol 13, N.5, p.506-7 MERTON R. The bearing of empirical research on sociological theory, Social Theory and Social Structure, Glencoe III Free Press, 1949, p 256 note 5 50 Citation originale: “There are known knows; there are things we know we know. We also know there are known unknowns; that is to say we know there are some things we do not know. But there are also unknown unknowns – there are things we don’t know we don’t know” DoD News Briefing – Secretary Rumsfeld and Gen. Myers; “New Transcript, U.S. Department of Defense; February 12, 2002. http://defense.gov/transcripts/transcript.aspx?transcriptid=2636

Page 14: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Le rôle clef de la Sérendipité

En effet, l’observation accidentelle par le découvreur d’un phénomène non anticipé,

anormal et d’importance stratégique à terme est une des quelques possibilités de

liens directs avez cette zone de la connaissance, depuis laquelle, au prix d’un travail

intellectuel, l’observateur pourra formuler un raisonnement inductif qui le mènera au

développement d’une nouvelle théorie ou bien l’extension d’une théorie existante.

On comprend alors l’l’importance de la Sérendipité dans la recherche ou l’innovation

radicale. Elle est une sorte de portail inattendu vers ce quatrième champ

ordinairement inaccessible. Il s’agit donc pour le découvreur d’être capable de

mesurer consécutivement à ce phénomène inattendu la chance qui lui est offerte de

faire une incursion soudaine et involontaire dans le territoire de ce qui reste à

découvrir, et de ramener à force de travail cette nouvelle connaissance en terrain

découvert.

Page 15: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

La Sérendipité, un phénomène qu’on ne reconnait qu’à posteriori ?

Parallèlement à ce constat se pose une observation d’importance : par définition,

nous ne semblons disposer d’aucun moyen de reconnaitre la Sérendipité, encore

moins de cultiver les conditions optimales de sa survenue. A l’exception de l’éternel

adage de Pasteur qui nous invite à préparer nos esprits et à observer attentivement.

C’est en me posant ces questions sur l’opportunité de favoriser la reconnaissance de

la sérendipité auprès de tout un chacun que mes observations m’ont conduit à

m’inquiéter sur la distraction induite par la consommation excessive d’informations

numériques.

Une analyse plus poussé des modalités de fonctionnement de ces nouvelles

technologies devait conforter cette hypothèse, et plus encore, me faire identifier un

facteur de distraction qui, s’il pouvait compromettre la survenue de la sérendipité

chez mon observateur, semblait porter également en lui un potentiel de destruction

du rôle positif joué par l’imprévu.

A la recherche d’un ennemi : l’enfermement avec la numérique

Vers un rôle croissant du modèle de représentation…

Dans un rapport récent, le Conseil d’Etat51 invite les pouvoirs publics à se pencher

sur la question des algorithmes prédictifs, et sur les sources de risques liées au

développement de cette technologie.

L’algorithme prédictif se définit comme une méthode d’analyse prédictive qui utilise

une variété de techniques issues des mathématiques, des statistiques et

d’extractions de données en vue d’analyser des faits présents et passés pour faire

des hypothèses prédictives sur des évènements futurs.

Le Conseil d’Etat met notamment en exergue les deux risques potentiels suivants :

Une hyperpersonnalisation des offres et messages adressés aux internautes et

consommateurs de manière générale, dont ils ne sont pas maîtres, cette

personnalisation conduisant à des risques d’enfermement de l’individu dans une

sphère limitée de possibilités et de ségrégation des expériences.

Une confiance abusive dans les résultats d’algorithmes perçus comme objectifs et

infaillibles, alors qu’ils résultent en tout état de cause d’idées et de choix initiaux non

nécessairement objectifs.

51 Laure Landes-Gronowski http://www.alain-bensoussan.com/algorithmes-predictifs/2014/10/17/

Page 16: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Pour le Conseil d’Etat, les algorithmes sont des sources de risques pour l’exercice de

nos droits fondamentaux : « Face aux risques qu’ils présentent, il convient de définir

un véritable droit des algorithmes prédictifs » affirme l’étude.

… et ses effets sur les utilisateurs

Au-delà des aspects juridiques se posait pour moi une autre question : et si cette

hyper personnalisation de l’information consommée par toute un chacun au grès de

ses affinités déclarées et supposées annonçait une forme de fin du rôle de la

surprise, un monde tout en affinité ?

Quelle place imaginer alors pour une découverte qui ne soit pas construite

préalablement par un système ? Et quel impact sur le comportement des utilisateurs,

qui dès lors n’étaient plus invités à observer le possible mais simplement à attendre

que se déroule le prévisible. Ce changement d’état dans la posture même

d’observation annonçait-il une compromission d’importance du rôle de la

sérendipité ?

Afin de le qualifier dans l’ensemble de mes notes de recherche, et en écho avec le

fameux quantified self, je baptisais cette hypothèse « Digital Cell » : une

consommation continuelle d’informations spécifiquement sélectionnées selon des

critères de recherches affinitaires préalables, obtenus par des moyens déclaratifs et

comportementaux. Je partais alors en quête de recherches préalablement effectuées

sur des sujets similaires.

Le pouvoir des algorithmes sur l’humain, une inquiétude partagée.

« Les algorithmes ne sont qu'un élément de la computation du monde. Quand on les

utilise, on simplifie toujours des systèmes complexes. Le risque est que cette

simplification nous aveugle. » - Ian Bogost, Videogame Researcher and Designer

« Nul ne veut que les choses travaillent pour nous. Trop souvent, les systèmes font

des choix implicites pour nous, mais ne font pas ce que l’on veut. » - Alexis Lloyd,

Creative Director, The New York Times R&D Lab

« I fear that we are beginning to design ourselves to suit digital models of us, and I

worry about a leaching of empathy and humanity in that process. » - Jaron Lanier,

Writer, Computer Scientist, Composer of Classical Music

« With self-tracking we end up optimising our behaviour within the existing

constraints rather than changing the constraints to begin with. It places us as

consumers rather than citizens. » - Evgeny Morozov, Writer, Researcher, Senior

editor at The New Republic

« Depuis que les citoyens sont moins dépendants des journalistes pour accéder à

l’information, ils s’intéressent davantage aux sujets dont ils sont déjà familiers. Alors

que nous nous trouvons facilement des communautés correspondant à nos centres

d’intérêt et à nos préjugés, nous ne sommes guère invités à sortir de notre bulle. »

Ethan Zucherman. Director of the MIT Center for Civic Media

Page 17: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Chacun de ces observateurs nourrissait mon inquiétude : renforcement des

convictions et pré supposés antérieurs, hyper spécialisation dans des domaines

choisis, diminution du temps d’attention à la survenue possible d’informations ou de

faits non recherchées, ou allant à l’encontre des croyances initiales, individualisation

renforcée de la perception singulière des autres et de l’existence. Le numérique

prenait soudainement un aspect bien obscur.

« Mais nos fantasmes de substitution nous ont coûté. Maintenant nous devons tous

nous concentrer sur les nombreuses façons dont la technologie peut nous ramener à

nos vies réelles, à nos propres corps, nos propres communautés, nos propres

politiques, notre propre planète. Ils ont besoin de nous. Parlons de la manière dont

nous pouvons utiliser la technologie numérique, la technologie de nos rêves, pour

faire de cette vie la vie que nous pouvons aimer. »

Sherry Turkle, Professor at MIT, Social Studies of Science and Technology

Axe de directions possibles de prime abord

Recherches et pistes surprenants :

Camps de vacances pour Adulte : Digital Detox

Urbanisation / Mobilisation Règlementation Normes

Crash volontaire / Hack / Prise de conscience

Les points communs de ces différentes orientations : Réalité Diminué. Restriction. Un

monde sans digital, choisi ou subit. Ne pas laisser le choix à l’utilisateur, problème.

Equivalent d’une diète, d’un régime, vœux pieu

Page 18: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Détourner l’usage plutôt que restreindre

Philosophies : Objets détournés de Campani

Détourner

Objet font prendre conscience de l’utilité par le manque

Pendant très longtemps mon erreur : il faut encourager la sérendipité.

Encourager l’imprévisible. Organiser l’imprévisible. Par définition antagoniste ?

Plutôt qu’organiser l’Imprévisible Désorganiser le prévisible.

Dans certains conditions, l’humaine est tout à fait disposé à prendre contact avec

l’inconnu, on peut le retrouver dans la dimension expérientielle du succès de certains

services récents comme Air BnB, Couch Surfing

Désir de connexion. Désir de contact. Et une série de reflexes qui le poussent, au-

delà de consommer, à générer du contenu. Il y avait là une possibilité d’intercepter

un comportement déjà ancré pour mieux le détourner.

Page 19: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

« Il est urgent d’organiser la rencontre avec les surprises, de mettre au point des

outils qui aident à rechercher l’inconnu. »

Ethan Zucherman

Director of the MIT Center for Civic Media

Nouvelle mission, nouvelle vision

Offrir une réalité alternative au quotidien « augmenté », une nouvelle perspective à

partir des mêmes comportements.

Ne pas inventer quelque chose de nouveau, qui nécessite un nouvel apprentissage,

simplement prolonger un usage actuel de façon à ce que quand l’usager procède

comme à son habitude, il puisse sans effort pousser une nouvelle porte.

Détourner une expérience ordinaire de son but initial en proposant de l’inattendu

digne d’intérêt, un moyen de s’évader de son référentiel.

Un support : le smartphone, accusé parmi tous d’être le facteur majeur de distraction

de l’attention contemporain et extension technologique par excellence. Avec lui nait

une nouvelle forme de contenu qui change l’aspect du web : le partage massif de

photographies mobiles. Ce constat est attesté et documenté par une étude TNS

Sofres 2009 qui nous informe que :

90 % des jeunes de 12 à 17 ans possèdent un téléphone portable muni d’un appareil

photo numérique

86 % d’entre eux envoient des photos avec leur téléphone

74 % envoient également des vidéos

Page 20: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Une autre étude Credoc 2012 nous apprend également que

80 % des adolescents fréquentent un réseau social

92 %, d’entre eux utilisent Facebook

74% recourent au partage de photos et de vidéos

Les possesseurs de smartphones sont plus enclins que les autres à partager leurs

photos

Par mail : 71 % vs 66%

Par MMS : 57 % vs 41%

Via les réseaux sociaux 42 % vs 33%

Les usages étaient là, restait à définir les enjeux potentiels qui se dissimulaient

derrière ces multiples connexions.

Page 21: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Pourquoi les gens se connectent en ligne

Vraisemblablement trois motivations fondamentales

1. Recréer un lien intime avec des sphères communes individuelles ou

communautaires. Poursuivre un lien réel

2. Lien utile : recherche communauté d’affinité. Connexion offre / demande

3. Aucun Lien. Connexion hasardeuse.

Un point commun aux trois : démarche consciente et volontaire de prolonger,

provoquer ou expérimenter le contact.

Une réflexion : la place du lien révélé ?

Définition du lien révélé : révélation par l’interface à l’occasion d’une pratique de

documentation de son quotidien qu’on partage quelque chose avec un/une

inconnu(e). Se substitue à la recherche volontaire. C’est le motif qui amène aux

autres. Pas une démarche volontaire et consciente d’aller à la rencontre

Page 22: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Pourquoi les gens prennent-ils des photos ?

Evolution du rôle de la photographie : d’un outil à un service, puis à une expérience,

d’abord individuelle, puis collective. La photo comme une fonctionnalité, une

possibilité de connexion et d’échanges.

Cet angle se retrouve dans l’engouement ciblé pour les applications photos portant

sur l’aspect communautaire de leur échange

Page 23: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Exemple d’applications utilisant le média photographique comme vecteur de

rencontres imprévues et potentiellement affinitaires.

Color

Prendre des photos pour tous les autres utilisateurs environnant

Acteur d’un multi angle collectif

Enseignement : expérience déceptive car nécessitant une communication inter

acteurs synchrone.

Sketchy

Nouveau type de lien qui n’a d’autre motivation que l’intérêt de représenter l’autre

Galeries de photos, et possibilité de faire la représentation graphique des photos de

son choix.

Page 24: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Exemple d’entretien exploratoire mené dans le cadre de ma recherche.

Jean-Tristan est un touriste expérimental. Il dit dépasser sa « perception du risque »,

en se rendant dans des pays réputés dangereux et en suivant des protocoles de

déplacements qui sont à l’origine de découvertes surprenantes.

L’intérêt ? Jouer avec les limites de son « cadre » et de sa « zone de confort ».

Découvrir le « off the grid ». Il est très critique à l’égard des systèmes de

recommandations touristiques, qui dénaturent selon lui « l’authenticité » des endroits

et volent « l’instant des autres gens, par définition unique».

Son constat : « Les gens sont soit dans l’avant avec l’anticipation et la sécurisation à

outrance, soit dans l’après avec la collecte d’instants qu’ils partageront, ils

n’expérimentent pas le présent».

Ce qui change c’est le regard.

Test : démarche d’exploration terrain menée à Beaubourg avec partage de

photographies via un polaroïd.

Constat : Photo + Message. Surenchères dans les messages d’affection

Page 25: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Conférence

C2MTL - Abignail Posner – Head of Strategic Planning for Google.

Propos : le Visual web est un endroit où les gens font des créations non pas pour se

faire connaitre mais pour faire rire les gens, qui du coup les font rire à leur tour.

Hilarité générale auto renforcée.

Enseignements

Principe : procédé de prise de photos avec envoie systématique à autrui dans un

temps asynchrone.

Déletion isn’t defaults : si les gens contrôlent ce qu’il publie et l’édite à leur grès, la

permanence n’est pas un souci majeur.

Possibilité d’échange, de collection

Prolongement d’une habitude, regard différent. Pas de démarche volontaire, action,

découverte connexion.

Page 26: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

PROJET

ODZ - Life’s a journey. Meet your fellow Travelers!

ODZ est une application mobile qui vous permet de découvrir les points communs

entre vos photos et celles de tous les autres usagers.

Elle vous permet d’explorer les matchs photographiques des usagers, de découvrir

les usagers qui matchent avec vos photos, et de rentrer en contact avec eux !

Conçue pour être l’extension des applications les plus populaires du Visual web

telles qu’Instagram, Tumblr, Flickr ou Pinterest, elle offre aux accros du smartphone

la possibilité de porter un nouveau regard sur leurs photos.

En analysant les métadonnées des images postées par les utilisateurs, elle leur offre

en un instant un panorama infini de tous les autres moments de vie qui se déroulent

dans les mêmes lieux, et dans le même temps.

Véritable invitation au voyage, elle se veut une porte de sortie d’un monde connu et

familier vers l’immensité de toutes les aventures humaines, et un vecteur de

rencontres entre personnes connectées par les mêmes lieux, instants ou

événements.

Page 27: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Une expérience progressive, trois niveaux d’engagements

Première étape

Test : navigation dans l’application et observation des matchs réalisés

Seconde étape

Production de contenu et expérimentation des matchs personnels possibles

Troisième étape

Contact possible avec un ou plusieurs match obtenu

Possibilités de connexion avec un ensemble de comptes existants afin de

bénéficier de contenu préalablement produit.

Possibilité de financer le produit via un don unique ou bien exposition à une

bannière de publicité à chaque lancement.

Page 28: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Architecture d’informations

Exemple : présentation d’un match. Possibilité de retour. Navigation dans les photos

constitutives du match. Aimer, Voir commentaires, Commenter, Partager.

Navigation Standard.

Règles de navigation

Navigation inter catégories de matchs

Page 29: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Défilement de l’ensemble des matchs réalisés dans cette catégorie

Déclaration « Like » d’un match effectué par l’application.

Navigation au sein d’un match avec possibilité d’accéder à la vision et aux

information spécifiques de chacun des photos utilisées.

Page 30: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Production de contenu

Mode Appareil Photo Mode Upload parmi Gallerie d’images

Proposition de Match Présentation de Match

Page 31: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Notifications relatives aux Matchs Navigations dans les Matchs proposés

Evolutions technologiques possibles

Etape 1 : Matchmaking à partir des informations déclaratives individuelles.

Etape 2 : Matchmaking à partir des informations issues de l’actvité de la base

utilisateurs

Etape 3 : Matchmaking à partir des corrélations établies avec des data Internet

externes

Page 32: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Evolutions expérience possibles

Gamification

Retrouver le point de vue d’une photo existante.

Scores, incitations à découvrir avec de nouveaux angles un lieu familier.

Condition de la mise en relation.

Génération de photos non matchables récompensée.

Page 33: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

PARTIE III - Synthèse et analyse de ce projet.

Questions du jury

Encore un algorithme ?

Si l’objectif avoué de ce projet était de désorganiser le prévisible, on retrouve in

fine une proposition de valeur dont le fonctionnement repose sur un algorithme. Y-

a-t-il une part d’ironie dans ce constat ? N’est-ce pas contradictoire ?

Internet c’est comme le câble, vous avez trois cent chaines et vous allez tout le temps sur

les cinq même. En dépit de toutes les bonnes résolutions, d’un souhait authentique de

diversifier leur pratique et d’introduire de la nouveauté dans leur existence, trop souvent

les usagers retombent dans leurs habitudes premières. Et je voulais prendre ce constat

en observation dans le design de ma solution.

Plutôt que d’espérer changer les choses à travers un instant de révélation qui aurait

conditionné une modification en profondeur des habitudes de mes usagers, j’ai souhaité

leur offrir la possibilité d’un nouveau regard sur le monde au travers de pratiques

existantes et sans nécessité d’introduire de nouveaux comportements.

Mon but est de les aider à reconnecter avec une réalité si immédiate, si concrète, si

présente qu’on l’oublie. Il s’agit plus de mettre en exergue la présence et l’existence

réelle d’autres personnes autour d’eux, dans leur monde, à ce moment précis, et qui

peuvent nourrir des intérêts communs. A partir de la documentation de ses propres

pratiques, aller vers l’autre au lieu de rester centré sur soi-même. On peut regretter que

ce soit un algorithme qui le fasse, mais son but n’est que de reproduire une réalité déjà

présente, pas d’en créer une nouvelle.

Quelle vision financière ?

Le financement et la survie à terme de ce projet semble correspondre au modèle

d’un réseau social. Quelle vision à terme pour ce projet ? Derrière le

fonctionnement de ce projet repose l’impératif de construire une communauté

d’utilisateurs réguliers. Pourquoi ne pas faire Meetstagram ? S’appuyer sur un

socle existant ?

C’est tout l’enjeu du développement d’un programme via l’API Instagram. La démarche

logique serait de le faire comme ça, une touche en haut à droite dans Instagram

Questions complémentaires : Est-ce que légalement ça passe ?

Instagram est-il à la recherche de ce genre d’applications ? Quelle place et quel poids

dans l’écosystème ?

Page 34: Roadbook r rivas odz sérendipité et modèles

Financement par le don et la publicité ? Est-ce un impératif ? N’est-il pas

envisageable de faire payer les utilisateurs ?

Par défaut : avec pub ou bien payer une fois pour l’enlever définitivement.

Option d’utilisation par abonnement : discriminant. Même acheter l’appli.

Pourquoi ? Parce que la diffusion et la viralité reste fortement conditionnée à l’utilisation

par les15-25 ans, lesquels ne dispose pas de pouvoir d’achat en propre.

Options : fonctionnalité additionnelles payantes

BtoB

J’ai envie de casser les codes, de mettre en contact les gens sur des sujets hors

business ou des intérêts collatéraux.

Un moment de vie identifié mène vers quelque chose d’imprévisible mais qui aura la

particularité de partager à minima un critère

C2MTL, Connecting People52

Connaissez-vous Hubert ? Lui il connait tout le monde ici ! Hub, de son petit nom, c'est la

plateforme déployée spécialement à l'occasion du C2MTL et sur laquelle sont vivement

invités à s'inscrire l'ensemble des participants.

Moitié site de rencontre, moitié réseau social, Hub répond à une mission triple : permettre

à chaque participant de se présenter à l'aide d'un profil personnel, de documenter

l'ensemble de ses centres d'intérêts et compétences, et enfin d'exprimer le pourquoi de

sa présence au C2MTL.Une fois l'ensemble des données collectées, et une pincée de

magie algorithmique plus tard, chacun peut découvrir les profils d'experts se proposant

de l'aider à plancher sur ses problématiques. Il ne reste alors plus qu'à s'écrire et à

réserver des créneaux de travail dans l'agenda en ligne. Un parfait catalyseur numérique

de la raison d'être du C2MTL !

52 R. RIVAS. C2MTL, Une Expérience se vit autant en ligne que hors-ligne https://www.linkedin.com/pulse/article/20140701060659-33844597-3-le%C3%A7ons-de-mon-c2mtl-2014-le%C3%A7on-n-2-une-conf%C3%A9rence-se-vit-autant-en-ligne-que-hors-ligne?trk=mp-reader-card

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Bibliographie

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