RIO + 20 en direct !
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SOMMET RIO + 20 : DES DIRIGEANTS EN PANNE
D'INSPIRATION ?
Le Sommet Rio + 20 s'est conclu sur l'accord des 194 chefs d'État
autour d'un texte que beaucoup d'observateurs ont qualifié de «
régressif », allant même jusqu'à rebaptiser ces rencontres «
Rio - 20 ». L’avancée la plus positive est la mise en place
d'une commission de 30 personnes qui vont travailler
pendant 3 ans pour définir les nouveaux critères et
indicateurs de développement durable (prévus pour 2015).
Quid d'une agence mondiale de l'environnement ou encore
d'objectifs chiffrés concernant l'eau et les énergies
renouvelables ? Retour sur un échec annoncé.
CRISE DE LEADERSHIP
En l'absence de nombreux diplomates, tels que Barack Obama ou encore Angela Merkel, on
aurait pu penser qu'on assisterait à une sorte de passation de pouvoir entre l'Occident
vieillissant et les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) autour des questions de
développement soutenable. Il n'en fut point. Au final, seul le Brésil tire son épingle du jeu, en
démontrant qu'il est capable de porter à bras le corps des événements d'envergure mondiale.
Face à ce manque criant de leadership, la véritable interrogation qui émanait des différents
échanges entre acteurs portait sur les capacités d'actions de nos dirigeants et de nos grandes
institutions internationales, tout autant que sur leurs inspirations pour contourner les
obstacles au changement. Les conclusions étaient unanimes. Ils ne semblent tout simplement
pas prêts pour de tels bouleversements, car peut-être ils ont trop d'intérêts investis dans
l'ordre existant, trop de territoires de pouvoirs à défendre et trop d'engagements courts
termistes !
UN PROBLÈME DE FINANCEMENT ?
Cette inertie, fortement perceptible depuis l'intérieur des différentes rencontres, pourrait
trouver sa source dans la question des financements des institutions internationales. Les
agences des Nations Unies sont très dépendantes du sponsoring des entreprises depuis que les
états ne les financent plus suffisamment, elles vont donc chercher l’argent dans le privé ! Ce
phénomène est assez récent. C’est à Johannesburg en 2002 qu’ont été lancés ces nouveaux
partenariats intitulés « Global compact ». Ils se sont poursuivis par la suite. Les connexions
entre les entreprises partenaires et les agences de l’ONU se sont même renforcées de façon
outrancière. Car ces liens influencent le travail même des agences de l’ONU. On peut citer en
exemple le programme « Business Action for Sustainable Development » des Nations-Unies.
Si leur réelle indépendance financière n'est pas assurée et lorsqu'on observe le poids croissant
des lobbys sur les prises de décisions finales, dès lors comment peut-on assurer qu’elles
défendent les intérêts des citoyens dans le monde ?
ILLUSION OU (R)ÉVOLUTION : LE RÔLE CLÉ DE
L'ENTREPRENEURIAT
Les enjeux gravitant autour de l'entrepreneuriat, nous venons de le voir, sont cruciaux pour
l'avenir tant ses connexions sont tentaculaires avec tous les autres secteurs. Les grandes
entreprises étaient donc (omni)présentes à Rio pour promouvoir l’idée qu’elles s’activent déjà
à trouver des solutions pour le développement durable du monde. Depuis 1970 et la
déclaration tonitruante de Milton Friedman sur la RSE ("La responsabilité sociale des
entreprises est d’augmenter leurs profits !"), le point de vue des dirigeants d’entreprises a
heureusement bien évolué. À ce titre, divers forums sur la Responsabilité Sociétale des
Entreprises se sont tenus en amont des rencontres officielles. Cependant cette dernière reste
basée sur le volontariat des entreprises. Ainsi, en signant ce partenariat, elles savent qu’elles
ne devront pas changer grand-chose à leurs pratiques et qu'en contrepartie leur image s’en
trouvera améliorée, tout comme leur influence.
L'entrepreneuriat social avait également sa place à Rio. Si ce secteur est en plein boom, il faut
rappeler qu'il est encore en construction dans la plupart des pays, notamment via les travaux
des institutions européennes pour tenter de promouvoir un écosystème favorable au
développement de ce type d'entreprises innovantes au sein de l'UE. Un rapport publié
récemment et établi en partenariat entre J.P. Morgan et la Fondation Rockefeller, stipule que
ce secteur pourrait représenter à court terme un marché de plus de 10 milliards d'euros.
Enfin si l'économie sociale est bien plus qu'une vision entrepreneuriale des changements
futurs, elle n'en reste pas moins un des acteurs clés. Le Sommet des Peuples qui s'est déroulé
en amont des rencontres officielles devait ainsi permettre aux acteurs de l'économie sociale
(et solidaire) de se regrouper pour porter des revendications communes. Ce fut chose faite
avec la déclaration du Réseau Intercontinental de Promotion de l'Économie Sociale et Solidaire
(RIPESS) intitulé « L'économie dont nous avons besoin ».
PLACE À LA JEUNESSE !
Pour promouvoir cette nouvelle économie, la jeunesse a plus que jamais son mot à dire et
tenter ainsi de prouver qu'elle peut être autre chose qu'une simple variable d'ajustement
sociétal en temps de crise. On entend souvent parler de « village mondial ou planétaire ». Or
si un village se caractérise entre autres par la solidarité entre ses membres, alors en ce sens le
village planétaire demeure à construire. Il en va de même pour cette nouvelle économie,
verte, bleue ou rose, qui apparaît un peu plus chaque jour comme vitale à construire pour que
les générations futures puissent avoir, elles aussi, leurs mots à dire.
À nous de montrer que nous ne sommes pas une « génération sacrifiée » pour reprendre les
propos de plusieurs diplomates. À notre génération de montrer qu'une autre manière
d'entreprendre est possible, soucieuse de son entourage (social, environnemental, culturel,
mais aussi économique), et qu'elle peut conduire à une société moins inégalitaire, basée sur
les valeurs chères au mouvement de l'économie sociale et solidaire. Le principal atout de Rio +
20 est d’avoir fait en sorte que le développement durable se transforme en un paradigme sous
tous ses aspects. Voilà une belle occasion pour bâtir les modèles de demain en conséquence,
car le temps des déclarations est passé: place à l'action !
Nicolas Maurice-Demourioux