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1 REXITENCE SOURCES Bibliographie réalisée par La Médiathèque Louis Aragon et la librairie L’Alinéa 2009 Médiathèque Louis Aragon Librairie L’Alinéa Quai des Anglais rue Jean Roque 13500 Martigues 13500 Martigues Tél. : 04.42.80.27.97 Tél. : 04.42.42.19.03 www.mediatheque-martigues.fr www.librairielaniea.fr

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sélection bibliographique sur le thème de la rexistence

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REXITENCE

SOURCES

Bibliographie réalisée par La Médiathèque Louis Aragon

et la librairie L’Alinéa

2009

Médiathèque Louis Aragon Librairie L’Alinéa Quai des Anglais rue Jean Roque 13500 Martigues 13500 Martigues Tél. : 04.42.80.27.97 Tél. : 04.42.42.19.03 www.mediatheque-martigues.fr www.librairielaniea.fr

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OUVRAGES CITES DANS PREFACE DE Vladimir BIAGGI Kertesz, Imre. - Etre sans destin. - Actes Sud. – 1998.

Né dans une famille juive de Budapest en 1929, Imre Kertész a été déporté en 1944, à l'âge de quinze ans, à Auscbwitz puis à Buchenwald. Il est libéré en 1945. Depuis 1953, il se consacre à l'écriture et à la traduction. Et malgré la réflexion, la raison, le discemement, le bon sens, je ne pouvais pas méconnaître la voix d'une espèce de désir sourd, qui s'était faufilée en moi, comme honteuse d'être si insensée, et pourtant de plus en plus obstinée : je voudrais vivre encore un peu dans ce beau camp de concentration." De son arrestation, à Budapest, à la libération du camp, un adolescent a vécu le cauchemar d'un temps arrêté et répétitif, victime tant de l'horreur concentrationnaire que de l'instinct de survie qui lui fit

composer avec l'inacceptable. Parole inaudible avant que ce livre ne la vienne proférer dans toute sa force et ne pose la question de savoir ce qu'il advient, quand il est privé de tout destin, de l'humanité de l'homme. Imre Kertész ne veut ni témoigner ni "penser" son expérience mais recréer le monde des camps, au fil d'une impitoyable reconstitution immédiate dont la fiction pouvait seule supporter le poids de douleur. LA BOECIE, Etienne De. - Le discours de la servitude volontaire. - Payot. – Petite bibliothèque. - . 2002

Comment se fait-il que les hommes combattent pour leur servitude comme s'il s'agissait de leur salut ? Cette question, qui sera reprise par Spinoza et réactualisée par la domination totalitaire, est au cœur du Discours de la servitude volontaire de La Boétie. Loin d'être un pamphlet d'inspiration libérale et démocratique, comme l'a cru à tort la postérité, ce livre reste à découvrir ; Pierre Clastres et Claude Lefort s'efforcent ici d'arracher La Boétie à la méconnaissance. N'est-il pas le grand antagoniste à la hauteur de Machiavel ? Comme si leurs deux noms symbolisaient le paradoxe du politique : Machiavel pensait le pouvoir avec la liberté ; La Boétie pensait le pouvoir contre la liberté.

Levi, Primo. - Si c’est un homme. - Pocket. – 1988.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Primo Levi, vingt-quatre ans, juif, lutte aux côtés des maquisards antifascistes du Piémont. Capturé en 1943, il se retrouve peu après à Auschwitz, où il demeurera plus d'un an avant d'être libéré par l'armée russe en janvier 1945. Au camp, il observe tout. Il se souviendra de tout, racontera tout : la promiscuité des blocks-dortoirs, les camarades qu'on y découvre à l'aube, morts de froid et de faim ; les humiliations et le travail quotidiens, sous les coups de trique des kapos ; les «sélections» périodiques où l'on sépare les malades des bien-portants pour les envoyer à la mort ; les pendaisons pour l'exemple ; les trains, bourrés de juifs et de tziganes, qu'on dirige dès leur arrivée vers les crématoires...

Et pourtant, dans ce récit, la dignité la plus impressionnante ; aucune haine, aucun excès, aucune exploitation des souffrances personnelles, mais une réflexion morale sur la douleur, sublimée en une vision de la vie.. Platon . – Gorgias . – Flammarion . – 2005 . – GF Sartre, Jean-Paul. - Situations III : lendemains de guerre. - Gallimard. – Blanche. - .

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SOURCES : RECITS ET TEMOIGNAGES - Des voix sous la cendre : manuscrits des Sonderkommandos d'Auschwitz-Birkenau publié par Mémorial de la Shoah. - Calmann-Lévy. – Mémorial de la Shoah. - 2005.

Entre 1942 et novembre 1944, l'Allemagne nazie assassine dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau plus d'un million de personnes, des juifs européens dans leur immense majorité. Un Sonderkommando (unité spéciale), constitué de détenus juifs qui se relaient jour et nuit, est contraint d'extraire les cadavres des chambres à gaz, de les brûler dans les crématoires et de disperser les cendres. Quelques hommes ont transcrit ces ténèbres et ont enfoui leurs manuscrits dans le sol de Birkenau. Cinq de ces textes ont été retrouvés après la guerre. Aucun de leurs auteurs n'a survécu, les équipes étant liquidées et remplacées à intervalles réguliers. Ce sont trois de ces manuscrits, dans une nouvelle traduction du yiddish pour partie inédite en français, qui sont présentés ici. La terreur, qui est la règle à

Birkenau, est la toile de fond de cette histoire. C'est d'elle dont parlent tous les manuscrits retrouvés. Du silence, de l'absence d'évasion, de ce monde à l'envers où le meurtre est devenu la norme et l'impératif moral d'un peuple saisi d'une angoisse obsidionale. S'y ajoutent les dépositions, lors du procès de Cracovie en 1946, de trois rescapés des Sonderkommandos, témoignages qui confirment, entre autres, l'intensité du massacre des Juifs de Hongrie au printemps 1944, les documents d'histoire, les photos de déportations, les archives allemandes. Témoignages qui racontent la panique de la chambre à gaz, des victimes mortes asphyxiées, piétinées avant même que n'opère le gaz, dans des scènes à proprement parler inimaginables. Mais qui évoquent aussi la jouissance prise à humilier et à martyriser autrui, le sadisme sans limites, puisque tout était permis contre un peuple placé hors humanité. Amery, Jean. - Par-delà le crime et le châtiment : essai pour surmonter l’insurmontable. – Actes sud. – Babel. - 2005.

Hans Maier (1912-1978) prit le nom de Jean Améry en 1955. Rescapé des camps, il se consacra à son oeuvre critique et littéraire. Comment "penser" Auschwitz quand on en réchappa ? Comment l'intellectuel réagissait-il devant la mort et la souffrance alors que toute représentation esthétique s'était effondrée ? Que faire du ressentiment ? L'esprit peut-il sortir indemne de la confrontation avec l'univers concentrationnaire ? La foi est-elle indispensable à l'âme révoltée ? En 1943, Jean Améry fut torturé par la Gestapo pour son activité dans la Résistance belge, puis déporté à Auschwitz parce que juif. Au long des pages de cet Essai pour surmonter l'insurmontable, l'écrivain autrichien explore avec lucidité ce que l'univers concentrationnaire lui a enseigné sur la condition de tout

homme meurtri par une réalité monstrueuse. Ce livre "sur les frontières de l'esprit" est la manifestation éclatante d'un esprit sans frontières, d'un humaniste rayonnant. Antelme, Robert. - L'espèce humaine. - Gallimard. – Tel. - 1979.

« Il y a deux ans, durant les premiers jours qui ont suivi notre retour, nous avons été, tous je pense, en proie à un véritable délire. Nous voulions parler, être entendus enfin. On nous dit que notre apparence physique était assez éloquente à elle seule. Mais nous revenions juste, nous ramenions avec nous notre mémoire, notre expérience toute vivante et nous éprouvions un désir frénétique de la dire telle quelle. Et dès les premiers jours cependant, il nous paraissait impossible de combler la distance que nous découvrions entre le langage dont nous disposions et cette expérience que, pour la plupart, nous étions encore en train de poursuivre dans notre corps. Comment nous résigner à ne pas tenter d'expliquer comment nous en étions venus là ? Nous y étions encore. Et cependant c'était

impossible. À peine commencions-nous à raconter, que nous suffoquions. À nous-mêmes, ce que nous avions à dire commençait alors à nous paraître inimaginable… »

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Bettelheim, Bruno. - Survivre. - Laffont. – . - 1979. A la fois somme et testament Survivre fait le point de trente ans de réflexion sur l'homme d'aujourd'hui, à partir de grands thèmes que Bettelheim nous a rendus familiers : la menace que représente une " civilisation de masse " écrasante et destructrice : les problèmes posés par l'éducation ; la sexualité, la violence, la " volonté d'échec " ; le témoignage porté par le survivant du camp de concentration, la culpabilité qu'il ressent d'avoir survécu. Autant de réflexions et de témoignages qui bousculent les diagnostics péremptoires stéréotypés et confortables dont nous nous contentons trop souvent.

Buber-Neumann, Margarete . - Déportée en Sibérie . - Seuil. - 1986.

Déportée en Sibérie. En 1926, à vingt-cinq ans, Margarete Buber-Neumann, qui était née à Potsdam, entre au parti communiste allemand. Après un premier mariage, elle devient la compagne de Heinz Neumann, l'un des leaders du Parti, auquel il avait adhéré dès l'âge de dix-sept ans. Heinz était député au Reichstag et membre du bureau politique et, comme tel, il jouera un rôle très important dans la vie politique allemande au cours des années décisives qui précédèrent l'arrivée au pouvoir de Hitler. Ayant fui le nazisme en Suisse - qui refusera l'extradition réclamée par Hitler -, le couple se retrouvera à Moscou. Mais, en 1937. Heinz est arrêté et disparaît. Plus tard, Margarete, jugée à son tour "déviationniste", est arrêtée et condamnée à cinq ans de travail forcé dans un "camp d'amélioration", à

Karaganda, dans les steppes du Kazakhstan sibérien. Un "geste d'amitié" de Staline à Hitler, en 1940, lui vaut d'être livrée à la Gestapo, avec d'autres prisonniers allemands et autrichiens, à Brest-Litowsk. Margarete sera internée au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück, d'août 1940 jusqu'en avril 1945. C'est dans ce camp qu'elle rencontrera Milena Jesenská, célèbre journaliste tchèque à qui, au début des années vingt, Kafka avait adressé les magnifiques Lettres à Milena. En 1963, Margarete consacrera à son amie un bouleversant témoignage d'amour, Milena, tenant ainsi la promesse qu'elle avait faite à Milena, alors que celle-ci, en mai 1944, agonisait à l'infirmerie du camp. Après la guerre, le témoignage de Margarete Buber-Neumann au procès Kravchenko devait faire sensation. C'était la première fois qu'un témoin digne de foi venait attester l'existence des camps de déportés politiques en Sibérie. Le présent livre est une réédition de l'ouvrage publié en 1949 par les Cahiers du Rhône (La Baconnière et Editions du Seuil), avec une postface d'Albert Béguin. En 1948, l'Allemagne et la Suède avaient déjà publié ce document dans un gros livre qui regroupait à la fois ce récit et celui concernant la déportation à Ravensbrück, sous le titre unique : Déportée sous Staline et Hitler Buber-Neumann, Margarete . - Déportée à Ravensbrück . - Seuil. – 1988.

Margarete Buber-Neumann, née en 1901 à Potsdam, elle fut la compagne de Heinz Neumann, l'un des leaders du Parti communiste allemand dans les années 20. A Moscou, où ils se sont réfugiés pour fuir le nazisme, Heinz est arrêté et porté disparu. Margarete est envoyée en Sibérie puis, en 1940, livrée à la Gestapo par Staline. Libérée en 1945, Margarete Buber-Neumann vivra à Francfort où elle décédera le 6 novembre 1989. En 1940, Margarete Buber-Neumann est internée au camp de Ravensbrück où elle survivra jusqu'en avril 1945. C'est dans ce camp qu'elle rencontre Milena Jesenskà, dont elle veillera l'agonie sur une paillasse de l'infirmerie en mai 1944, et à qui elle consacrera une admirable biographie, Milena. A la

sortie du camp, épuisée, enfin libre, elle entreprend un extraordinaire périple à travers l'Allemagne exsangue. La précision du témoignage sur Ravensbrück a fait de ce livre un document capital sur la déportation, second volet de son ouvrage Prisonnière de Staline et de Hitler. Delbo, Charlotte . - Le convoi du 24 janvier. - Minuit. – Grands documents. - 1998.

Venues de toutes les régions de France et de tous les horizons politiques, issues de toutes les couches sociales, représentant toutes les professions, d'âges mêlés mais où dominait la jeunesse, deux cent trente femmes quittaient Compiègne pour Auschwitz, à trois jours et trois nuits de train dans les wagons à bestiaux verrouillés, le 24 janvier 1943. Sur deux cent trente, quarante-neuf reviendraient, et plus mortes que vives. La majorité d'entre elles étaient des combattantes de la Résistance, auxquelles était mêlée la proportion habituelle de “ droit commun ” et d'erreurs judiciaires. Nous disons “ proportion habituelle ” parce qu'il est apparu que deux cent trente individus constituaient

un échantillon sociologique, de sorte que ce livre donne une image de tous les convois de déportés, montre tous les aspects de la lutte clandestine et de l'occupation, toutes les souffrances de la déportation.

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Charlotte Delbo, comme Picasso (Guernica), comme Alain Resnais (Nuit et brouillard), comme Claude Lanzmann (Shoah), a choisi de rendre compte des camps nazis par la distance particulière de l’art – cette fois l’écriture. Charlotte Delbo fut l’une des quarante-neuf rescapées du camp d’Auschwitz sur les deux cent trente femmes déportées “ politiques ” que comptait le convoi du 24 janvier 1943. Elle est décédée le 1er mars 1985. Edelman, Marek. - Mémoires du ghetto de Varsovie : un dirigeant de l'insurrection raconte. - Liana Levi. – Piccolo. - 2002.

Marek Edelman, né en 1921, militant au Bund, membre de l'état-major de l'insurrection du ghetto, prend part à l'insurrection de la ville de Varsovie en 1944. Après la guerre, il fera des études de médecine, et dirigera un service de cardiologie à l'hôpital de Lodz. Membre de Solidarnosc dans les années 80, il est aujourd'hui une figure incontournable de la vie publique polonaise. Varsovie, 19 avril 1943 : la Wehrmacht attaque le ghetto pour liquider ses derniers occupants. Ceux-ci ripostent par les armes. Marek Edelman, vingt ans, fait partie de l'état-major de cette insurrection qui tiendra vingt jours. Le 10 mai, alors que le ghetto est en flammes, il parvient à s'échapper par les égouts. En 1945, il fera le récit sobre de ce combat désespéré et de cette "vie à la frontière de la mort".

C'est ce témoignage d'exception qui est présenté ici. "Il ne s'agissait pas pour eux de vaincre l'adversaire, le nazi, mais de l'emporter sur le silence, l'indifférence, l'oubli." Ehrenbourg, Ilya - Grossman, Vassili. - Le livre noir. - Solin. – 1999.

Le 22 juin 1941, les troupes allemandes envahissent l'union soviétique. " L'opération Barberousse ", aux yeux d'Hitler, le début de la guerre d'anéantissement du "judéo-bolchévisme". Alors que son armée est obligée de reculer, Staline accepte la création d'un Comité antifasciste juif. Au cours d'une tournée aux Etats-Unis, une délégation de ce comité rencontre Albert Einstein qui suggère que soient désormais consignées dans un " livre noir les atrocités commises par les Allemands sur la population juive de l'URSS. Réalisée sous la direction d'Ilya Ehrenbourg et de Vassili Grossman, cette relation " sur l'extermination scélérate des Juifs par les envahisseurs fascistes allemands dans les régions provisoirement occupées de l'URSS et dans les camps d'extermination en Pologne pendant la guerre de

1941-1945 " est assez avancée en 1945 pour être envoyée au procureur soviétique du procès de Nuremberg, puis aux Etats-Unis où elle est publiée. L'édition russe du " livre noir ", elle, ne verra jamais le jour : d'abord censurée, elle sera définitivement interdite en l947. En 1952, les principaux dirigeants du Comité antifasciste juif sont condamnés à mort et exécutés d'une balle dans la nuque. Après l'écoulement de l'URSS et grâce à Irna Ehrenbourg, la première édition intégrale en russe du Livre noir a enfin pu être publiée en 1993 à Vilnius. La présente édition se veut le plus fidèle possible à ce livre retrouvé, terrible page d'histoire directe et témoignage bouleversant. Gradowski, Zalmen. - Au coeur de l'enfer : témoignage d'un Sonderkommando d’Auschwitz. - Kimé. – Le sens de l’histoire. - 2001.

Zalmen Gradowski faisait partie de ces «équipes spéciales», Sonderkommandos en allemand, qui, assurant le fonctionnement des chambres à gaz et des crématoires d'Auschwitz-Birkenau, assistaient aux opérations de gazage. En écrivant Au cœur de l'enfer, Gradowski témoigne de la disparition de son peuple et de tout ce que cette disparition entraîne avec elle. En ce sens, à la valeur historique de ce document, s'ajoute une remarquable valeur de transmission de la culture et du monde que Gradowski voit disparaître devant ses yeux. L'étonnante qualité de ce texte vient de la vocation d'écrivain que l'auteur avait déjà manifestée avant-guerre, sans que la possibilité de publier lui soit donnée à temps ; accomplissement tragique, il ne réalise son destin littéraire que dans des conditions d'existence

infernales. Gradowski rédige ce texte en 1944 et il l'enfouit près d'un crématoire avant d'être assassiné. Infortune de la mémoire, le manuscrit, découvert après-guerre, n'est édité en yiddish en Israël que tardivement (éd. Wollnerman, 1977) et seuls quelques extraits sont, par la suite, traduits aux Etats-Unis. Cette édition française est la première édition intégrale, disponible publiquement, de Au Cœur de l'enfer. Cette édition a été dirigée et son appareil critique préparé par Philippe Mesnard, auteur d'ouvrages sur la mémoire et la représentation, et Carlo Saletti, éditeur, en 1998, de Il racconto della catastrophe (Société littéraire de Vérone, 1998) et de La Voce dei Sommersi (Marsilio, Venise, 1999).

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Guterman, Simha. - Le livre retrouvé. – Plon. - 1991.

En 1942, en Pologne, un juif, Simha Guterman, cache dans une bouteille de longues et étroites bandes de papier, couvertes de sa fine écriture yiddish. En 1978, deux maçons polonais découvrent la bouteille sous la marche d'un escalier Ce récit du calvaire des Juifs de Plock entre le début de la guerre, en septembre 1939, et la destruction du ghetto, en mars 1941, est bien plus qu'un nouveau témoignage sur la Shoah. Au plus fort du danger, Simha Guterman s'était fait écrivain, s'efforçant de tout dire dans un mélange d'émotion et de réserve, de colère et de dérision. Le résultat est une œuvre, ultime acte de résistance contre l'oubli et la mort, où l'écriture donne sens à l'existence, au cœur du non-sens. Enfermé dans une bouteille enfouie trente-six

ans durant, ce manuscrit fut découvert par hasard. Une série d'aléas favorables, un enchaînement de rencontres opportunes ont jalonné son histoire, de Radom à Varsovie, puis à New York, à Tel-Aviv et enfin à Paris. A chaque étape, il y eut un passeur pour le sauver de l'oubli. Hillesum, Etty. - Une vie bouleversée : journal 1941-1943 ; Suivi de Lettres de Westerbork. - Seuil. – Points. - 1995.

De 1941 à 1943, à Amsterdam, une jeune femme juive de vingt-sept ans tient un journal. Le résultat: un document extraordinaire, tant par la qualité littéraire que par la foi qui en émane. Une foi indéfectible en l'homme alors qu'il accomplit ses plus noirs méfaits. Partie le 7 septembre 1943 du camp de transit de Westerbork, d'où elle envoie d'admirables lettres à ses amis, Etty Hillesum meurt à Auschwitz le 30 novembre de la même année. «Je sais déjà tout. Et pourtant je considère cette vie belle et riche de sens. À chaque instant.» «Avec une grande liberté, elle pose toutes les questions de la vie, de l'amour, du rapport à Dieu.»

Hoess, Rudolf. - Le commandant d'Auschwitz parle. – La Découverte. – 1995.

Dans sa première édition, en 1959, le Comité international d'Auschwitz présentait ainsi ce livre : «Rudolf Hoess a été pendu à Auschwitz en exécution du jugement du 4 avril 1947. C'est au cours de sa détention à la prison de Cracovie, et dans l'attente du procès, que l'ancien commandant du camp d'Auschwitz a rédigé cette autobiographie sur le conseil de ses avocats et des personnalités polonaises chargées de l'enquête sur les crimes de guerre nazis en Pologne. [...] «Conçu dans un but de justification personnelle, mais avec le souci d'atténuer la responsabilité de son auteur en colorant le mieux possible son comportement, celui de ses égaux et des grands chefs SS, ce document projette une lumière accablante sur la genèse et l'évolution de la "Solution finale" et du

système concentrationnaire. Ce "compte rendu sincère" représente l'un des actes d'accusation les plus écrasants qu'il nous ait été donné de connaître contre le régime dont se réclame l'accusé, et au nom duquel il a sacrifié, comme ses pairs et supérieurs, des millions d'êtres humains en abdiquant sa propre humanité.» Lanzmann, Claude. - Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures : scénario. - Cahiers du cinéma. – Cahiers du cinéma - récit. - 2001.

«C'est à partir d'un entretien que m'avait accordé Yehuda Lerner à Férusalem, en 1979, pendant le tournage de Shoah, que j'ai réalisé Sobibor, 14 octobre 1943, 16 heures, lieu, jour, mois, année, heure de la seule révolte réussie d'un camp d'extermination nazi. Dans les paysages et les lieux d'aujour d'hui qui sont immuablement ceux d'alors, le David non-violent qui porta le premier coup mortel, se fait le héraut d'un film mythologique et le maître d'un suspense qui croît jusqu'à la dernière image, à l'instant où se réinstaurent l'ordre humain et le règne de la liberté.»

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Lanzmann, Claude. - Shoah. - Fayard. – 1985. Il n'est pas facile de parler de Shoah. Il y a de la magie dans ce film, et la magie ne peut pas s'expliquer. Nous avons lu, après la guerre, des quantités de témoignages sur les ghettos, sur les camps d'extermination ; nous étions bouleversés. Mais, en voyant aujourd'hui l'extraordinaire film de Claude Lanzmann, nous nous apercevons que nous n'avons rien su. Malgré toutes nos connaissances, l'affreuse expérience restait à distance de nous. Pour la première fois, nous la vivons dans notre tête, dans notre cœur, notre chair. Elle devient la nôtre. Ni fiction ni documentaire, Shoah réussit cette re-création du passé avec une étonnante économie de moyens : des lieux, des voix, des visages. Le grand art de Claude Lanzmann est de faire parler les lieux, de les ressusciter à travers les voix, et, par-delà les mots,

d'exprimer l'indicible par des visages. [...] La construction de Claude Lanzmann n'obéit pas à un ordre chronologique, je dirais - si on peut employer ce mot à propos d'un tel sujet - que c'est une construction poétique. Jamais je n'aurais imaginé une pareille alliance de l'horreur et de la beauté. Certes, l'une ne sert pas à masquer l'autre, il ne s'agit pas d'esthétisme : au contraire, elle la met en lumière avec tant d'invention et de rigueur que nous avons conscience de contempler une grande œuvre. Un pur chef-d'œuvre. S. de B. Levi, Primo. - Les Naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz. - Gallimard. – Arcades. - 1989.

Primo Levi (1919 - 1987) n'examine pas son expérience des camps nazis comme un accident de l'Histoire, mais comme un événement exemplaire qui permet de comprendre jusqu'où peut aller l'homme dans le rôle du bourreau ou dans celui de la victime. Quelles sont les structures d'un système autoritaire et quelles sont les techniques pour anéantir la personnalité d'un individu ? Quel rapport sera créé entre les oppresseurs et les opprimés ? Comment se crée et se construit un monstre ? Est-il possible de comprendre de l'intérieur la logique de la machine de l'extermination ? Est-il possible de se révolter contre elle ? Primo Levi ne se borne pas à décrire les aspects des camps qui restaient obscurs jusqu'à aujourd'hui,

mais dresse un bilan pour lutter contre l'accoutumance à la dégradation de l'humain. Muller, Filip. - Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz. - Pygmalion. – 2005.

«Le livre de Filip Müller est un document unique. En prendre connaissance est un devoir, si nous voulons assurer la survie de notre civilisation.» Traumatisé à vie, Filip Müller, après avoir surmonté les limites extrêmes du désespoir, a finalement décidé, en 1979, de se souvenir. Afin que nul n'oublie. Voici à nouveau disponible le récit de son innommable expérience vécue qui a suscité une intense émotion à sa parution. Müller, dont le témoignage sur la réalité des camps de la mort n'est comparable à aucun autre, est en effet l'un des uniques survivants des commandos spéciaux des fours crématoires, commandos où se trouvaient enrôlés de force de jeunes déportés suffisamment robustes pour exécuter,

sous la menace d'une mort immédiate en cas de refus, les tâches les plus immondes et les plus éprouvantes jamais demandées à des hommes. A intervalles réguliers, l'effectif complet de ces commandos était à son tour radicalement éliminé, afin qu'aucun survivant ne puisse jamais parler. Filip Müller, par un extraordinaire concours de circonstances, a miraculeusement survécu. Il a, pendant trois ans, pratiquement assisté au massacre de tout un peuple, partagé les derniers instants de tous ceux qui allaient mourir, procédé, avec ses propres mains, et dans d'indicibles conditions au transfert et à l'incinération de leurs cadavres. Son histoire, véritablement dantesque, dépouillée de tout artifice littéraire ou artistique, ne s'embarrasse d'aucune considération d'ordre psychologique. C'est uniquement le constat détaillé et souvent insoutenable d'un hallucinant cauchemar, un document historique exceptionnel à l'état brut, au ton volontairement neutre, car il est des expériences qui coupent à jamais toute envie de philosopher.

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Perechodnik, Calel. - Suis-je un meurtrier ? - L. Levi. – Histoire. - 1995. Calel Perechodnik, juif polonais, fut policier dans le ghetto d'Otwock, près de Varsovie. Il entreprit le 7 mai 1943, neuf mois après la déportation de sa femme et de sa fille, de rédiger une sorte de confession, mêlant des souvenirs, les éléments d'une chronique et d'un journal intime.

Ringelblum, Emmanuel. - Chronique du ghetto de Varsovie. - Laffont. – 1993.

Emmanuel Ringelbaum a 39 ans en 1939 quand les Allemands envahissent la Pologne. Il est historien, sociologue, mais aussi homme d'action et militant politique. Il commence à tenir son journal dès octobre 1939, pour porter témoignage de la catastrophe qui va s'abattre sur les Juifs. Le texte sera enterré à la veille de la première tentative d'insurrection du ghetto, et ne sera retrouvé qu'en 1946.

Rotem, Simha. - Mémoires d'un combattant du ghetto de Varsovie. - Ramsay. – L’Indicible. - 2008.

Au coeur de la résistance du ghetto de Varsovie, femmes et hommes d'à peine vingt ans, affamés, armés de leur seul courage et de quelques pistolets, défient la machine de guerre nazie. Ils font entrer armes et nourriture en contrebande, conçoivent des explosifs artisanaux, libèrent des camarades emprisonnés. En avril 1943, après avoir cerné le ghetto, les Allemands, équipés d'armes lourdes, de chars d'assaut et soutenus par l'aviation, se lancent à l'assaut. Simha Rotem, surnommé Kazik, et l'Organisation juive de combat livrent dans les ruines fumantes une bataille désespérée. Ils parviennent à résister pendant près d'un mois avant l'inéluctable destruction.

En un épisode devenu célèbre, Kazik réussit alors à faire échapper les rares rescapés en empruntant les égouts vers le « côté aryen » de Varsovie. D'autres insurgés auront moins de chance, se perdront et se noieront. Ensuite, Kazik et son mouvement organiseront le sauvetage des Juifs encore terrés dans la capitale. Lors du déclenchement de l'insurrection nationale de 1944, Kazik rejoint les rangs de la résistance polonaise et affronte une nouvelle fois l'occupant nazi. Ce témoignage brut, spontané, parfois naïf d'un adolescent offre une perspective nouvelle sur le combat et la survie des Juifs pendant la Shoah. Aujourd'hui encore, la lutte impossible de ces femmes et de ces hommes reste une inspiration pour toutes les résistances. Kazik vit de nos jours en Israël. Conseiller technique sur le film de télévision 1943, L'Ultime révolte, il conclut le film Shoah de Claude Lanzmann par ces mots : « Je me souviens quand je me suis dit : " Je suis le dernier Juif. Je vais attendre le matin. Je vais attendre les Allemands. " » Rousset, David. - L’univers concentrationnaire. - Minuit. - 1981.

Cet ouvrage a été écrit en août 1945. Premier regard politique sur les camps. D. Rousset, déporté, décrit les fonctionnements internes, les différentes bureaucraties qui permettent la bonne marche ainsi que l'idéologie nazie qui les soutient. Il dénonce la connivence du capitalisme et de l'impérialisme dans la mise au point de tels camps : main d'oeuvre gratuite pour l'industrie, élimination de tous les opposants. Prix Renaudot 1946.

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Seidman, Hillel. - Du fond de l'abîme : journal du ghetto de Varsovie. - Plon. – Terre humaine. - 1998.

Le ghetto de Varsovie, 350 000 Juifs ; juillet 1942. Des rumeurs insistantes font état de la déportation imminente des Juifs. C'est à ce moment précis que le jeune archiviste de la communauté, Hillel Seidman, décide de consigner dans un journal le récit de l'horreur quotidienne pour le transmettre à la postérité. Il poursuivra cette chronique de l'angoisse jusqu'à son arrestation en janvier 1943, sauvé par un extraordinaire passeport paraguayen. Le "Journal du ghetto", rédigé en hébreu, a paru en 1946, suivi d'une traduction yiddish en 1947. N'ayant jamais fait l'objet d'une édition dans une langue à diffusion internationale, ce texte est resté méconnu alors qu'il s'agit d'un document humain bouleversant qui nous restitue, à travers le vécu d'un

homme profondément religieux, la résistance obstinée et multiforme des Juifs de Varsovie à l'entreprise génocidaire nazie, infamante dans l'histoire de l'Allemagne. Préfacé, traduit de l'hébreu et du yiddish et annoté par Nathan Weinstock, le "Journal du ghetto" de Seidman est accompagné d'un dossier documentaire et critique composé par Nathan Weinstock et Georges Bensoussan, avec la collaboration de Micheline Weinstock, qui fait de ce livre un document unique.