Sources Exp

download Sources Exp

If you can't read please download the document

description

psy

Transcript of Sources Exp

Aux sources de lexprience

Aux sources de lexprience

Table des matiresRemerciements3Avant-propos ldition franaise4Introduction9Sommaire13Aux sources de lexprience151.152.173.184.185.196.217.228.239.2510.2711.3012.3113.3614.3815.4016.4117.4318.4519.4720.5021.5422.5523.5824.6025.6226.6427.7028.75Notes80Index88RemerciementsParmi tous ceux qui je tiens exprimer ma reconnaissance, certains peuvent tre remercis en nom propre. Je noublie pas les autres, et notamment mes patients, sur la coopration desquels il me faut continuer de compter, mais qui doivent rester anonymes. Le Dr Elliott Jaques, R. Money-Kyrle et le Dr H. Segal mont t dun grand secours en lisant et critiquant mon manuscrit. Seul un autre praticien peut mesurer la somme de temps et deffort quil en cote un psychanalyste.Enfin, et comme toujours, je veux remercier ma femme, sans le soutien de laquelle il maurait t impossible dcrire ce livre.Avant-propos ldition franaiseI. Aux sources de lexprience fait rfrence un double mouvement: l'mergence ou la drivation de la pense partir d'une exprience-source, originaire et fondamentale; et le retour de la thorie aux origines ou aux fondements de l'exprience acquise par la personnalit dans le cours de sa formation de son apprentissage. Le titre franais entend ainsi prserver la pnombre d'associations dont est porteur Learning from Exprience: si l'expression verbale to learn from (traduite ici par tirer profit de) marque bien l'ide de source qui est associe l'exprience, sa forme substantive, o learning (l'apprentissage) renvoie dautres participes nominaux comme linking (activit de liaison) et thinking (activit de pense), implique une ide de croissance associe ces diffrents processus d'laboration ou de mise en forme psychique de lexprience.La personnalit se nourrit des donnes de lexprience sensorielle et motionnelle; elle crot, elle profite, dans la mesure o elle parvient assimiler ces donnes. L'incapacit de tirer profit de l'exprience motionnelle provoque dans la psych une dtrioration comparable au dprissement provoqu dans l'organisme par une privation de nourriture. Une telle mort psychique peut d'ailleurs tre observe chez certains patients psychotiques qui semblent incapables de digrer les faits de la ralit externe et interne.Les diffrents termes employs ici font image; ils appartiennent tous un mme modle, le modle du systme digestif. La dmarche de Bion dans ce livre consistera prcisment passer du langage imag et concret de ce modle au langage abstrait de la thorie ou du systme scientifique dductif, reproduisant ainsi le mouvement de drivation et dabstraction qui dfinit tout apprentissage. La croissance de la thorie reproduit la croissance de la personnalit.L' exigence de travail que l'exprience impose la personnalit appelle donc une formulation plus thorique. La personnalit se dveloppe dans la mesure o elle russit tablir ces liens psychiques avec les objets concrets qui l'environnent, avec les autres personnalits qui lentourent et avec elle-mme. Ces liens sont au nombre de trois: liens damour (A), de haine (H) et de connaissance (C). Cette activit de liaison, et plus particulirement l'tablissement dun lien C, implique une activit et un appareil de pense capables dintgrer et d'laborer les donnes de lexprience dans des ensembles de plus en plus cohrents. La personnalit abstrait dune exprience certains des lments qui la composent et les relie entre eux, suivant des rgles narratives ou logiques, de manire former soit un modle ou un mythe, soit un systme thorique dductif. Le processus dabstraction consiste isoler parmi tous les lments dune ralisation donne les lments qui paraissent constamment conjoints et leur donner un nom. Le nom donn lhypothse selon laquelle certains lments sont constamment conjoints constitue labstraction proprement dite. Cette abstraction doit alors prfigurer de nouvelles ralisations: remplir une fonction de pr-conception. L union dune pr-conception avec une ralisation sen rapprochant engendre une conception (une nouvelle abstraction) qui peut son tour jouer un rle de pr-conception ou de matrice plus englobante (dont la contenance ou la capacit de saturation a t augmente). Bref, la pr-conception est une matrice dengendrement de nouvelles abstractions.En ce sens, le processus dabstraction sous-entend une conception vritablement gntique de la pense qui sera dailleurs systmatise dans les Elments de la psychanalyse ( 1963) sur laxe vertical de la grille, et signale de nouveau dans le sous-titre de Transformations ( 1965): Changements de lapprentissage la croissance (Change from learning to growth).2. Cette thorie de lapprentissage, entendue comme thorie de lengendrement ou de la drivation des diffrentes formes de pense partir dune exprience-source, drive elle-mme dune exprience motionnelle spcifique: le travail ralis avec des personnalits souffrant de troubles de la pense: dfaut dlaboration psychique, absence de liaisons ou destruction des liens dj tablis avec la ralit, pauvret du matriel onirique et fantasmatique, etc. Elle entend dabord situer la ngativit active qui caractrise une personnalit psychotique anime dune volont de ne pas apprendre de ne pas tirer profit de lexprience. Lapprentissage fait place chez elle un dsapprends sage (unlearning), la comprhension se transforme en une incomprhension dlibre, en une volont de m-prise (mis-understanding), lactivit de connaissance (lactivit C) se retourne en activit moins C ( C).3. Mais loin dtre rduite une simple figure ngative, inverse et pathtique du sujet pensant, la personnalit psychotique agit comme un rvlateur des limites de toute pense; elle met en lumire les problmes similaires rencontrs par le savant, le philosophe ou lanalyste dans ltablissement de liens C avec la ralit. Car notre quipement de pense, encore rudimentaire, est plus appropri une investigation de linanim qu une investigation du phnomne mme de la vie et de la croissance dont s'occupe essentiellement l'analyste. La situation de ce dernier n'est pas sensiblement diffrente de celle du psychotique: si le psychotique habite un univers peupl d'objets inanims et dpouills des caractristiques de la vie, l'analyste est lui-mme contraint d'emprunter ses termes (mcanisme, structure, appareil, etc.) la sphre de l'inanim et ne laisse pas d'entretenir une comprhension mcanique, sinon mortifre, de la ralit vivante.Aussi apparat-il ncessaire d'instituer un systme de notation et d'enregistrement plus abstrait, donc plus flexible (capable de prserver les qualits dynamiques des phnomnes psychanalytiques) et plus universel (capable de faciliter la publication d'une exprience fondamentale prive). Cette ide dun systme de notation, envisag ici comme un systme de rfrences fond sur une anthologie des principales thories employes par les analystes, trouvera sa forme dfinitive dans la grille des Elments de la psychanalyse une sorte de mmoire portative lusage de l'analyste, mais suffisamment rceptive pour ne pas fixer et arrter le processus de croissance des phnomnes psychanalytiques.4. Une des pices matresses de l'outillage thorique introduit par Bion est le concept de fonction-alpha. Cette abstraction, intentionnellement dpourvue de toute signification, est employe comme une inconnue dont la valeur ne peut tre tablie que dans le cours mme de l'investigation analytique; elle reprsente la fois l'objet et l'instrument de cette investigation. Cette fonction, dite alpha parce qu'elle est suppose au dpart du processus de croissance de la personnalit et de la pense, sinscrit dans le cadre plus large dune thorie des fonctions de la personnalit: la personnalit est un ensemble hirarchis de fonctions, chacune de ces fonctions rsultant de lactivit conjointe de diffrents facteurs (de mme qu' un niveau plus lev la personnalit peut elle-mme tre considre comme un facteur dans une fonction groupale ou sociale). Dans le cas de la fonction-alpha, les premiers facteurs retenus sont ceux avancs par Freud dans les Formulations sur les deux principes du fonctionnement psychique: lattention et la notation. La fonction-alpha permet aux donnes des sens dtre apprhendes comme telles (attention), et enregistres (notation), principalement sous la forme dimages visuelles. Elle convertit les impressions des sens en lments mnsiques (lments-alpha) susceptibles dtre emmagasins pour tre ensuite utiliss dans les penses du rve et la pense vigile inconsciente. En ce sens, elle pourrait tre rapproche du refoulement originaire et dfinie comme une fonction de mmorisation, dinscription et de fixation des premiers lments mnsiques dans linconscient. Un chec de la fonction-alpha signifie par consquent un dfaut denregistrement et de notation de lexprience: les impressions des sens demeurent inchanges et sont ressenties non comme des phnomnes mais comme des choses en soi qui nont dautre destin que dtre vacues. Ces lments bruts et improductifs de lexprience (lments-bta) sont moins des souvenirs que des faits non digrs, des faits non symboliss (forclos); au contraire des lments-alpha, les lments-bta ne peuvent tre refouls (devenir inconscients), mmoriss, donc mis la disposition de la pense. A la formule de Freud: Lhystrique souffre de rminiscences pourrait rpondre cette formule de Bion: Le psychotique souffre de faits non digrs de non-rminiscences. Par suite dune destruction de sa fonction-alpha, le psychotique est aux prises avec les choses elles-mmes, et non plus avec leurs reprsentations visuelles ou verbales (reprsentations-chose et reprsentations-mot).Le postulat de dpart peut donc tre complt comme suit: lexprience nest source de croissance que si elle est convertie en lments-alpha par la fonction-alpha enregistre, donc susceptible dtre pense, labore et abstraite.5. Le modle et le prototype de Vexprience-source sont la relation au sein. Le sein est source de lait, mais aussi damour, de comprhension, de rconfort. Or cette exprience motionnelle de satisfaction est occulte au dpart par une exprience motionnelle de frustration: lexprience motionnelle dun mauvais sein doit dabord tre leve, rve et perlabore par la mre, convertie en lments-alpha par la fonction-alpha de la mre, pour que lexprience motionnelle dun bon sein devienne source de croissance psychique pour le nourrisson. Cette relation entre la mre et le petit enfant, dfinie la suite de M. Klein comme une relation didentification projective (une forme de communication pr-verbale) et comprise comme une relation commensale (un change entre un bon sein et un mauvais sein), est ici formule de manire former galement le modle et le prototype du lien C, de lactivit de pense et de labstraction.Lexprience motionnelle douloureuse du petit enfant est prcipite par la juxtaposition: 1) dune pr-conception inne (ou connaissance a priori) du sein, une sorte de pense vide en attente dtre remplie ou sature par la ralisation du sein, et 2) dune non-ralisation du sein, le nourrisson nprouvant dabord quun besoin du sein non satisfait et la faim, langoisse et la peur de mourir qui laccompagnent. Lunion de la pi -conception et de la non-ralisation engendre une proto-pense qui prsente les caractristiques dun lment-bta: un mauvais sein - non-sein ou mauvais sein -besoin dun sein ressenti comme une chose en soi. Cette proto-pense peut tre vacue immdiatement au moyen dune identification projective excessive, ou tolre et pense; dans cette seconde hypothse, la protopense engendre son tour une premire activit de pense, sous la forme duns identification projective raliste, destine susciter chez la mre des sentiments dont le nourrisson ne veut pas. Le mauvais sein lment-bta est projet dans le sein de la mre, pour y tre transform, converti en lment-alpha, et rintroject sous une forme plus tolrable. Une fois rintroject, ce bon sein lment-alpha peut alors fonctionner comme une vritable reprsentation-chose, une reprsentation du sein distincte de la ralisation du sein comme telle. Lidentification projective produit une abstraction du sein, susceptible dtre applique de nouvelles ralisations du sein. Si le sein est source de lait et damour, il est galement source de lactivit de pense et de lappareil de pense du petit enfant, comme le confirme cette autre formulation de lidentification projective: un contenu (3 ) est projet dans un contenant (r4) o il est pour ainsi dire appareill avec ce contenant, avant dtre rintroject sous la forme dun?. Cet appareil contenu-contenant devient le propre appareil de pense du petit enfant: un appareil capable de rpter lopration initiale de lidentification projective (39), dunir une pr-conception ( ci) avec les donnes des sens de sa ralisation correspondante (