Revue de presse de Bureaucratie de David Graeber, Les Liens qui libèrent

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Revue de presse de Bureaucratie de David Graeber, Éditions Les Liens qui Libèrent.

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12/10/2015 La bureaucratie, conséquence paradoxale du libéralisme - Idées - France Culture

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à venir 12h55 La Grande table (2ème partie)Caroline Broué

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34 minutes

La bureaucratie, conséquence paradoxale dulibéralisme08.10.2015 -­ 12:55

L'économiste et anthropologue David Graeber décrit dans son dernier ouvrageun phénomène de "bureaucratie totale", qui "domine tous les aspects de notrepropre existence" et qui annihile la créativité sociale. Pour lui, loin d'êtrel'apanage d'une administration publique s'opposant au fonctionnement libéraldu marché, la bureaucratie s'identifie de plus en plus avec la finance, et brouillela distinction entre secteur public et privé.

Comment définir le capitalismed'aujourd'hui? A-­t-­il évolué dans sonrapport à la bureaucratie? Où se joue laviolence sociale aujourd'hui? C'est àtravers une analyse du rôle prépondérantde la bureaucratie dans lefonctionnement capitaliste que DavidGraeber tente de répondre à cesquestions. Loïc Blondiaux est avec nouspour l'interroger.

Emission traduite par Michel Zlotowski.

Lisez ici l'article de David Graeber "Lesvoitures volantes et la baisse du taux deprofit".

David Graeber : "Les super-­héros existent là où le pouvoir populaire est impossible. ce sont des hérossympathiques qui vivent dans un monde où le fascisme est la seule possibilité"

"On a créé une classe de gens payés pour observer le monde du point de vue des dirigeants."

Retrouvez ici la première partie de l'émission avec le cinéaste italien Marco Bellochio pour son film Sangue del miosangue.

Invité(s) :David Graeber, anthropologue, économiste

du lundi au vendredi de 12h55 à 13h30 Durée moyenne : 34 minutes

La Grande table (2ème partie)par Caroline BrouéLe site de l'émission

Bahn Tower SASCHA KOHLMANN © CC

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L'équipe

Production

Caroline Broué

Production Déléguée

Raphaël Bourgois

Réalisation

Philippe Baudouin

Avec la collaboration de

Jeanne Aléos, Clémence Mary, Henri Le Blanc

Prochaines diffusions

Les nouveaux territoires de résistanceA écouter le 12.10.2015

Qu'est-­ce que l'histoire culturelle?A écouter le 13.10.2015

On a tous quelque chose en nous deNeandertalA écouter le 14.10.2015

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12/10/2015 La bureaucratie, conséquence paradoxale du libéralisme - Idées - France Culture

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Bureaucratie

David Graeber

Les liens qui libèrent,2015

Dette, 5000 ans

d'histoire

David Graeber

Les Liens quilibèrent, 2013

Loïc Blondiaux, professeur à l'université de Paris 1 (Panthéon-­Sorbonne), chercheur au Centre européen d'étudessociologiques et de science politique de la Sorbonne (CESSP) et au Centre de recherches politiques de la Sorbonne(CRPS).

Thème(s) : Idées| Economie| Politique| libéralisme

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libéralisme

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12/10/2015 Bureaucrarie et humanité... / France Inter

http://www.franceinter.fr/emission-journal-des-idees-bureaucrarie-et-humanite 1/4

Le 7/9 du week-­end Journal des idées

l'émission (ré)écouter à venir podcast

Bureaucratie et humanité...

Parce que la bureaucratie n’est pas l’apanage du service public mais aussi

…des entreprises, ou comment nous passons notre temps à remplir des

formulaires, fussent-­ils électroniques : « Bureaucratie, l’utopie des

règles», de David Graeber, aux éditions Les Liens qui Libèrent

Pour comprendre comment nous sommes devenus humains (et comment le

rester!) : « Devenir humains », ouvrage collectif sous la direction d’Yves

Coppens, aux éditions Autrement

l'émission du dimanche 11 octobre 2015

Bureaucrarie et humanité...0 commentaire

(ré)écouter cette émissiondisponible jusqu'au 06/07/2018 07h46

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L'OBSDate : 08/14 OCT 15Pays : France

Périodicité : Hebdomadaire ParisOJD : 460780

Page de l'article : p.95-97Journaliste : Éric Aeschimann/Hélène Builly

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DEBATS

EXCLUSIF

A QUO SERT LA PAPERASSE ?A /'occasion de la maladie de sa mère, l'anthropologue américain David Graeber découvre l'univers

impitoyable de la bureaucratie et décide d'y consacrer son nouvel essai. En voici un savoureux extrait£a ÉRIC AESCHIMANN

«à HÉLÈNE BUILLY

A nthropologue et acti-viste, David Graeberest l'une des figuressaillantes du renou-veau récent dessciences humaines.

Paru en France il y a deux ans, « Dette.5000 ans d'histoire » montrait que,contrairement à ce qu'avance la doxalibérale, l'histoire de l'humanité a étérythmée par des annulations régulièresde créances, qui furent la condition dela survie des sociétés. Son nouvelouvrage, « Bureaucratie », publié cettesemaine aux éditions Les Liens quilibèrent, met à. nu un aspect rarementétudié du capitalisme : l'inflation desprocédures administratives. Là encore,Graeber prend le contre-pied du dis-cours dominant : à ses yeux, moins quel'hypertrophie de l'Etat, c'est l'extensioninfinie du champ économique quiexplique l'existence des comptables,juristes, certificateurs, contrôleurs, éva-luateurs... «Ilfaut mille foisplus depape-rasse pour entretenir une économie demarché que la monarchie absolue deLouisXTV», écrit-il. Une réflexion pas-sionnante, qui s'ouvre par un récit à lapremière personne, où Graeber racontesa propre rencontre avec le Léviathan bureaucra-tique. Le voici, en exclusivité pour « l'Obs ».

•• En 2006, ma mère a eu une série d'infarctus. Sonassurance ne couvrant pas les auxiliaires de vie, plu-sieurs travailleurs sociaux nous ont conseillé dedemander Medicaid[l'assurance-maladie destinée auxpersonnes à faible revenu aux Etats- Unis, NDLR]. Mais,pour avoir droit à Medicaid, le demandeur ne doit pasposséder plus de 6 DOO dollars. Nous avons fait lenécessaire pour transférer son épargne. Technique-ment, je suppose que c'était une fraude, mais unefraude d'un type particulier puisque l'Etat emploie desmilliers de travailleurs sociaux à expliquer avec préci-sion aux citoyens comment la commettre - c'est appa-remment une de leurs tâches principales. Or il y avaitun problème : sa pension de retraite était virée direc-

tement sur son compte bancaire, et elle était à peinecapable de signer son nom. Donc, si je n'obtenais pasle pouvoir de mandataire sur son compte afin de pou-voir régler pour elle le montant de son loyer mensuel,l'argent allait vite s'accumuler et la disqualifier pourMedicaid, même après l'énorme masse de documentsde cet organisme que j'avais dû remplir pour lui don-ner droit au statut « en attente ».

Je me suis rendu à sabanque, j'ai pris les formulairesrequis et je les ai rapportés à la maison de repos. Lesdocuments devaient être enregistrés par un notaire.L'infirmière de son étage m'a dit qu'il y avait unenotaire au sein de l'établissement, mais que je devaisprendre rendez-vous. Elle a téléphone et m'a passé unevoix désincarnée, qui a transféré mon appel à la notaire.Celle-ci m'a indiqué que je devais d'abord obtenir l'au-torisation de la chef de service des affaires sociales.

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et elle a raccroché. Je mesuis donc procuré le nom et lenuméro de salle de cette res-ponsable et, prenant l'ascen-seur, je suis dûment descendume présenter à son bureau- où j'ai découvert que la chefde service des affaires socialesétait en fait la voix désincar-née qui m'avait passé lanotaire. La chef de service desaffaires sociales a pris sontéléphone, elle a dit : « Marjo-rie, c'était moi, vous le rendezfou, cet homme, avec cetteabsurdité, et vous me rendezfolle aussi », puis, après unpetit geste d'excuse, elle m'apris un rendez-vous pour ledébut de la semaine suivante.

La semaine d'après, lanotaire s'est dûment présen-tée, m'a accompagné à l'étage,a vérifié que j'avais remplimon côté du formulaire(comme on me l'avait maintesfois répété avec insistance),puis, en présence de ma mère,s'est mise à remplir le sien. J'aiété un peu surpris qu'elle nedemande pas à ma mère designer quoi que ce soit, seule-ment à moi, mais je me suis ditqu'elle savait ce qu'elle faisait. Le lendemain, j'ai apportéle document à la banque, où l'agent d'accueil lui a jetéun seul regard, a demande pourquoi ma mère ne l'avaitpas signé, puis l'amontré à sa supérieure, qui m'a dit dele reprendre et de le remplir correctement II était clairque la notaire, en fait, ne savait pas du tout ce qu'ellefaisait. J'ai donc demande un nouveau formulaire,dûment rempli mon côté de chaque page et pris unnouveau rendez-vous. Le jour dit, la notaire est apparueet, après quèlques remarques gênées sur les banques etleurs tracasseries (pourquoi chaque banque tient-elleà avoir son propre formulaire de demande de procura-tion, entièrement différent?), elle m'a fait monter àl'étage. J'ai signé, ma mère a signé - non sans difficulté,à cette date elle avait même du mal à se soulever dansson lit - et le lendemain je suis retourné à la banque.

Un autre agent à une autre borne d'accueil a exa-miné les formulaires et m'a demande pourquoi j'avaissigné sur la ligne où il était demande d'écrire mon nomet écrit mon nom sur la ligne de la signature. « J'ai faitça ?Eh bien, j'ai fait exactement ce que m'a dit la notaire.- Mais c'est écrit en toutes lettres, "signature", ici.-Ahoui, c'est exact! Je vois qu'elle m'a induit en erreur. Unefois déplus. Bon... toutes les informations sont là toutde même, non ? Il n'y a que ces deux petites lignes quisont inversées. Donc, est-ce vraiment unproblème ?Lasituation est urgente, en fait, et j'aimerais beaucoup nepas avoir à attendre de prendre un autre rendez-vous.

- Vous savez, normalement,nous n'acceptons même pasces formulaires si tous lessignataires ne sont pas pré-sents en personne. - Ma mèrea eu un infarctus. Elle est ali-tée. C'est d'ailleurs pour cetteraison que j'ai besoin de deve-nir mandataire. » II m'a ditqu'il allait consulter sonsupérieur, et, dix minutesplus tard, il est revenu, avec lesupérieur en arrière-plan,juste à portée d'oreille, m'an-noncer que la banque ne pou-vait pas accepter ces formu-laires dans leur état actuel- de plus, même s'ils avaientété remplis correctement, ilaurait aussi fallu une lettre dumédecin de ma mère certi-fiant qu'elle était menta-lement apte à signer cedocument

J'ai fait remarquer que,jusque-là, personne nem'avait parlé de cette lettre.« Quoi? est soudain inter-venu le supérieur. Qui vous aremis ces formulaires sansvous parler de la lettre ? »

Puisque la coupable étaitl'une des employées les plus

sympathiques de la banque, j'ai esquivé la question.(Cette tactique est si courante que je propose de l'ap-peler « Un mot de plus et le petit chat en prend une ».Si vous vous plaignez d'un problème bureaucratique,dites-vous bien que le seul résultat sera de causer desproblèmes à un subalterne - qu'il soit ou non pourquelque chose dans la création du problème initial.Presque aussitôt, le plaignant va alors retirer saplainte, sauf s'il est singulièrement vindicatif et cruel.Dans ce cas précis, quelqu'un avait effectivementoublié de me donner une information cruciale, maisj'ai vu utiliser la même manœuvre quand l'objet demes doléances était clairement de la faute du super-viseur auprès duquel je protestais.)

J'ai [donc] préféré lui faire observer que le livretd'épargne portait ces mots imprimés tout à fait clai-rement : « bénéficiaire : David Graeber ». Il m'arépondu, bien sûr, que cela comptait uniquement encas de décès. En fait, le problème est vite devenu aca-démique. Ma mère est effectivement décédéequèlques semaines plus tard.

A l'époque, cette expérience m'a totalement décon-certé. Moi qui avais longtemps mené une vie d'étudiantassez bohème et relativement coupée de ce genre dechoses, je me suis mis à demander à mes amis : est-cevraiment cela, la vie quotidienne de la plupart desgens ? Tourner en rond en se sentant idiot à longueurde journée? Etre mis, on ne sait comment, dans une

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position telle que l'on finit par agir effectivementcomme un idiot? La plupart étaient enclins à penserqu'en gros c'était bien cela, la vie. Il est clair que lanotaire s'était montrée d'une rare incompétence. Mais,peu après, j'ai dû passer plus d'un mois à faire face auxramifications croissantes des effets de l'initiative d'unfonctionnaire anonyme du service des véhicules àmoteur de New York qui avait écrit mon prénom« Daid », pour ne rien dire de l'employé de Verizon[opérateur de télécoms] qui avait orthographié monnom « Grueber ». Quelles qu'en soient les raisons his-toriques, il semble que les bureaucraties publiques etprivées soient organisées de façon à garantir qu'unimportant pourcentage des acteurs ne seront pas enmesure d'accomplir leur tâche comme prévu.

C'est en ce sens qu'il me paraît juste de dire que lesbureaucraties sont des formes utopistes d'organisation.Après tout, n'est-ce pas ce qu'on nous dit toujours desutopistes, qu'ils ont une foi naïve dans la perfectibilitéde la nature humaine et refusent de traiter avec leshumains tels qu'ils sont? C'est ce qui les conduit,ajoute-t-on, à fixer des normes impossibles, puis àreprocher aux gens d'être incapables de s'y conformerdans leur vie ? Mais en fait toutes les bureaucraties lefont, puisqu'elles posent des impératifs en jurant qu'ilssont raisonnables, puis, quand elles découvrent qu'ilsne le sont pas (puisqu'un grand nombre de gens seronttoujours incapables de se conduire comme elles l'at-tendent), concluent que ce ne sont pas les impératifsqui posent un problème, mais l'insuffisance indivi-duelle de chaque être humain particulier, qui n'arrivepas à se hausser à leur niveau.

Sur un plan purement personnel, ce qui m'a proba-blement le plus perturbé a été de constater qu'en unsens, avoir affaire à ces formulaires m'avait abêti, moiaussi. Comment avais-je pu ne pas voir que j'écrivaismon nom sur la ligne qui indiquait : « signature » ?C'était écrit en toutes lettres, là ! J'aime à penser que jene suis pas, d'ordinaire, une personne particulièrementstupide. D'ailleurs, j'ai plus ou moins passé ma vie àessayer de persuader les autres que je suis intelligent.Néanmoins, je faisais des idioties flagrantes. Tout cetemps passé à me demander comment aborder lanotaire pour ne pas avoir l'air de lui mettre le nez dans

DAVIDGRAEBER,

ne en 1961,anthropologue et

économiste americain,

qui a participeactivement au

mouvement OccupvWall Street, enseigne a

la London Schoolof Economies Son livre

«Dette 5 DOO ansd'histoire «(LLL) a connu

un grand succesll publie cette semainechez le même editeur

«Bureaucratie»

son incompétence, ou à chercher ce qui pourrait merendre sympathique aux yeux de divers responsablesde la banque, m'avait rendu moins attentif quand ilsme faisaient faire des bêtises.

En tant qu'anthropologue, tout cela avait pour moiune résonance étrangement familière. C'est un peunotre spécialité, à nous anthropologues, de traiter desrituels qui entourent la naissance, le mariage, la mort,et d'autres rites de passage du même genre. Noussommes particulièrement attentifs aux gestes rituelsqui sont socialement efficaces, puisque le simple faitde dire ou de faire quelque chose le rend vrai socia-lement. (Pensons à des expressions comme « je m'ex-cuse », « je me rends » ou « je vous déclare mari etfemme ».) Les humains étant les êtres sociaux qu'ilssont, la naissance et la mort ne sont jamais de pursévénements biologiques. Normalement, il faut un tra-vail considérable pour faire d'un nouveau-né une per-sonne - quelqu'un qui a un nom, des relations sociales(une mère, un père...), un domicile, à l'égard de quid'autres ont des responsabilités, dont on attendra unjour qu'il ait, lui aussi, des responsabilités envers eux.En général, une large part de ce travail s'effectue àtravers des rituels.

Dans la plupart des sociétés existantes actuellement,ces rituels peuvent ou non être exécutés, mais c'estprécisément la paperasse administrative, plus quetoute autre forme de rituel, qui est socialement efficacede cette façon-là, qui effectue réellement le change-ment. Ma mère, par exemple, souhaitait être incinéréesans cérémonie; néanmoins, mon principal souvenirde la maison funéraire est celui de l'aimable employégrassouillet qui m'a fait parcourir le document de qua-torze pages qu'il devait remplir afin d'obtenir un cer-tificat de décès, rédigé au stylo-bille sur papier carbonepour qu'il sorte en trois exemplaires. « Combien pas-sez-vous d'heures par jour à remplir des formulairescomme celui-ci ?» lui ai-je demandé. «Je ne fais que ça »,a-t-il soupiré, en levant une main bandée à cause d'undébut de syndrome du canal carpien. Il le fallait. Sansces formulaires, ni ma mère ni aucune autre personneincinérée dans son établissement n'auraient été juri-diquement, donc socialement, décédées. 99©David Graeher/LLL

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Date : 10/16 OCT 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 578680

Page de l'article : p.4,5,6,8Journaliste : Olivier Pascal-Moussellard

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LINVITÉ

Figure de proue d'Occupy Wall Street, l'agitateuranarchiste a du s'exiler au Royaume-Uni.Dans son dernier essai, il s'en prendà la bureaucratie, ce fléau du... capitalisme.

DavidGraeber

Propos recueillis par Olivier Pascal-Moussellard Photo Kalpesh Lathigrapour Télérama

A LIREBureaucratie,de David Graebertraduit de l'anglaispar Françoiseet Paul Chemla,ed Les Liensqui libèrent,304P,22€

Anthropologue Anarchiste. Une double casquetteque l'Américain David Graeber, un des penseurs les pluslucides de notre époque, garde vissée sur la tête dans labourrasque. Pilier du mouvement Occupy Wall Street, il arendu criant, en 2011, le scandale d'une finance avide, immorale et irresponsable Plus personne, aujourd'hui,n'ignore qui sont les « 99 % » Mais l'engagement a un prixFin 2011, les camarades de Graeber ont eté expulsés manumilitari du petit parc new yorkais qu'ils occupaient depuisdeux mois, l'anthropologue avait, lui, déjà etc exclu del'université Yale, ou il enseignait, en 2007. Et il n'a jamaisretrouvé de poste dans une université américaine. Auteuren 2011 d'un essai remarquable, Dette. 5 DOO ans d'histoire,Graeber a finalement trouvé refuge à la prestigieuse Iondon School of Economies (LSE). C'est là, dans un bureautranquille, que cet agitateur non violent (mais au débit demitraillette) nous a reçu Pour évoquer son dernier livre,Bureaucratie, et plonger avec une folle vivacité dans legrand tournis du monde.

Nous vivons, Le mieux est de partir d'un exempledites-vous, dans concret. J'ai appelé ma banque l'autreune sociéte jour, pour lui demander de lever uneextrêmement fonction de sécurité qui m'empêchebureaucratique. Sur d'accéder a mes comptes depuisquoi repose cette l'étranger. J'ai passe quarante minutesaffirmation? au telephone avec différents interlo

cuteurs pour résoudre le problème -en vain Imbroglio bureaucratique classique, maîs cettefois dans le cadre d'une entreprise privée1 Quand j'ai de-mande : « comment est il possible qu'un simple change-ment d'adresse puisse dévorer quarante minutes de ma

journee - et de la vôtre -sans trouver de solution7», onm'a répondu que c'était la faute des régulations imposéespai le gouvernement. Mais la séparation entre le «public»et le «pnvé» est-elle si tranchée aujourd'hui? D'une part,le public est de plus en plus organisé comme un businesset, d'autre part, le marché privé se réfère à des règlesémises par les gouvernements. Mais surtout, aux EtatsUnis, les lois définissant les regles du marche sont toutes leresultat d'un lobbymg exerce par les entreprises sur les de-putes. Mon banquier a donc tort de se plaindre il est coresponsable de mes problèmes de bureaucratie.

Le capitalisme L'objection la plus commune adresséene ferait pas mieux au modèle socialiste, c'est sa dimen-que le socialisme sion utopique. Les marxistes imagi-en matière de nent une version idéalisée de la v ie etrèglements et de demandent aux êtres humains d'être apaperasse - fût-elle la hauteur de cet idéal... impossible àélectronique ? atteindre ! Obstinés, les régimes socia-

listes imposent des règles de conduiteà la population. Quand des individus y dérogent, plutôt quede reconnaître que les règles sont mauvaises, le régime dé-clare que tout le mal vient des hommes et les envoie augoulag Méchant défaut dans la cuirasse du projet socia-liste Maîs voyez a quel point, dans le système capitaliste,l'hiatus n'est pas si différent la dernière fois que j'ai regar-de les resultats de la premiere banque du monde (oupresque), J.P. Morgan, j'ai découvert que 75 a 80% de leursprofits venaient des frais de gestion de compte et des agiosimposés aux clients endettés. Ces banques émettent ellesaussi des règles «idéales»; et à chaque fois que noussommes pris en défaut, elles nous ponctionnent.

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Date : 10/16 OCT 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 578680

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Date : 10/16 OCT 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 578680

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«Si on avait dit aux spectateursdu premier alunissage qu'Internetserait l'invention majeuredu demi -siècle à venir, croyez-moi,ils auraient fait la moue. »

Comment se fait-il Quelqu un a réussi a faire croire a toutque personne le monde que la bureaucratie était unne reagisse? fléau du secteur public, alors que e est

un modele qui transcende la séparalion public/prive Au début du siecle dernier, tout le mondesavait que la bureaucratie de l'administration et celle desentreprises, e était pareil

Maîs instaurer des Pour que nous adhérions comme unregles claires ne seul homme au projet bureaucratique,prof ite-t-il pas a il faut qu il soit attirant Le systeme catous?Chacun les pitaliste l'a tres bien compris Aconnaît, les choses chaque fois que des regles existantessonttransparentes créent une situation ubuesque, il pro

met une solution en inventant denouvelles regles ' Peu importe que le problème ne soitjamais résolu et que le systeme se transforme en machine afabriquer des reglements, la «transparence» est sauve Aunom de ce nouvel idéal, I effort pour se libérer du pouvoirarbitraire produit encore plus de pouvoir arbitraire les reglementations nous étouffent, des cameras de surveillanceapparaissent partout, la science et la creativite sont etranglees et nous passons tous une part croissante de nos journees a remplir des formulaires

Depuis 20O8, La deregulation ne nous débarrasseon a plutôt entendu pas des regles elle en cree d autres,

beaucoup différentes Dire qu'on deregule estde critiques contre toujours une promesse idéologiquela deregulation - l'objectif reel est d'émettre ses propresde la finance regles et d être le premier a bord

Une « regle » domine Oui, et cette question est directementtous les debats liee a l'expansion de la bureaucratieaujourd'hui il faut aujourd'hui, pour payer ses dettes, lepayer ses dettes. foyer americain moyen se voit ampuQu'on soit ter chaque mois de 15 a 40 % de ses regouvernement ou venus (étrangement, il est impossiblesimple particulier... d'obtenir des statistiques exactes sur

cette question ') Encore une fois, n oubhons pas que l'essentiel des profits de Wall Street provientde dettes individuelles ou collectives - souvenez vous de lacrise des subpnmes Les politiciens auxquels s'adressentles lobbyistes sont tout a fait d'accord pour garantir un ccrtam taux de profit aux banques Ils n'ont d ailleurs jamaisprétendu agir autrement leur premiere reaction après lekrach de 2008 ne fut elle pas de déclarer qu ils ne laisseraient jamais tomber la finance '

Vous en parlez Parce que e en est un Ces hommes etquasiment comme femmes politiques votent des loisd'un complot . mille fois plus favorables aux banques

qu'a leurs clients au point que lesAméricains reversent plus d'argent, aujourd rmi, a WallStreet qu au fisc On n est pas si lom de I epoque ou la mafiafaisait voter par les députes des lois sur I ouverture descasinos Le mouvement Occupy Wall Street I a d ailleurstout de suite compris Les jeunes gens qui I ont lance, en2011, s'étaient rendu compte qu'ils avaient suivi les regles- fait des etudes poussées comme on le leur avait deinande, accumule des dettes pour des décennies (et promis deles rembourser), décroche leur diplome Pour decouvrirquoi ' Que les mêmes institutions auxquelles ils allaientdevoir rembourser des intérêts toute leur vie n avaientpas respecte les regles elles, qu elles avaient détruit I econorme par leurs combines spéculatives et s en sortaientsans une egratignure '

Barack Obama avait G est un immense gachis Combien depromis de changer fois, dans l'histoire américaine, unles choses president elu sur la promesse de s'at

taquer aux inégalités a t il eu une dussi belle occasion de modifier le systeme en profondeur ? Lacrise de 2008 a eu l'effet d'un séisme, le peuple americainétait vraiment en colere, si Obama avait dit «je nationaliseles banques», les gens auraient dit «ok > ' Maîs il n a pasbouge il a protege le systeme de sante prive (après avoirpromis de creer une forme de Securite sociale), et il a sauve la finance Quand on pense qu il a remporte les prestdentielles de 2008 grace aux jeunes, trois fois plus nombreux a voter en 2008 qu'en 2004 Etonnez vous que sapopularité ait déjà chute de 50% chez ces mêmes jeunesquatre ans plus tard

L'Amérique a laisse La societe américaine est redevenuepasser sa chance? fondamentalement conservatrice Re

gardons les trois arguments cles du« meilleur des systemes possibles > Grand un « Le capitahsme cree des inégalités, maîs les revenus des plus pauvresaugmentent toujours sur le long terme » Ce n'est mamfestement plus Ie cas Deux « Le capitalisme assure une ccrtaine stabilité politique > II faudrait etre aveugle pour nepas voir que les crises politiques se multiplient sur tous lescontinents Et trois « Les progres technologiques sont unmoteur extraordinaire pour un monde meilleur » II nereste plus qu a prouver que le monde s est améliore moralement Joli bulletin de notes '

Les technologies Ça dépend du curseur que vous choin ont-elles pas sissez Je me souviens des images derendu notre vie Neil Armstrong marchant sur la Lune -plus facile? j'avais 8 ans - et des rêves que l'on fai

sait a l'époque sur ce que I humaniteserait capable de faire trente, quarante ans plus tard Le reveil est brutal ' En 1969, les connaisseurs pensaient qu onirait sur Jupiter, que les voitures voleraient et que des robots nettoieraient nos appartements Qu a t on a la place 'Des telephones capables d envoyer et recevoir des videosSuper, surtout quand on sait que le premiei essai concluantde video telephone date des annees 1930 ' Et Internet,direz vous ? C est vrai, nous disposons tous a domicile

Page 16: Revue de presse de Bureaucratie de David Graeber, Les Liens qui libèrent

Date : 10/16 OCT 15

Pays : FrancePériodicité : HebdomadaireOJD : 578680

Page de l'article : p.4,5,6,8Journaliste : Olivier Pascal-Moussellard

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LIENS 8970645400508Tous droits réservés à l'éditeur

d'un bureau de poste géant et immédiat Maîs si on avaitdit aux spectateurs du premier alunissage qu Internetserait l'invention majeure du demi siecle a venir, croyezmoi, ils auraient fait la moue Quand aura t on le couragede reconnaître que nous n'avons, pas ete capables de reahser nos reves, alors que nous les savions a notre portée '

A qui la faute? Le debat est ouvert Aux Etats Unis,dans les annees 1970, certains pen

seurs affirmaient que l'évolution trop rapide des technologies était responsable des problèmes sociaux qui se multiphaient dans Ie pays depuis les annees 1960, et qu il fallaitfreiner le progres Maîs ce ne sont pas les investissementsprives qui ont manque, ce sont les investissements publicsCar la recherche fondamentale aux Etats Unis reste largement financée par le gouvernement, qui a décide de luimême de reorienter ses credits vers les technologies medicales et celles de l'information Voila comment,quarante cinq ans après Apollo ll, on n est toujours pas fichusde creer un robot avec qui discuter, ou au moins capablede faire tout ce qui pourrait améliorer le quotidien d'unepersonne physiquement dépendante

lin changementpolitique peut-ilmodifier le coursde la revolutiontechnologique7

Toute I histoire le montre toute correction politique change la trajectoiredes progres technologiques Maîs permettez a l'anthropologue que je suisde poser une question simple pourquoi répète t on en boucle qu'il

n existe qu une façon efficace d'organiser l'économie alorsque I histoire en a fabrique des dizaines, suivant les lieuxet les époques' On va me rétorquer que ces modeles ontexiste longtemps avant l'industrialisation et sont aujourd hui inopérants Moi qui pensais que les technologiesdevaient nous donner plus d options dans la vie ' Au MoyenAge, il y aurait mille façons d'organiser l'économie, maîs desqu on s'équipe d'un ordinateur, il n'y en a plus qu'une '

Le capitalisme La question, pour moi, est moins de saest au bord voir comment on peut l'aider dans sade l'effondrement, chute que de s assurer que ce qui lesuggérez-vous. remplacera sera préférable Maîs ilQu'en est-il faut d'abord faire un diagnostic justede l'après- sur l'époque presente Et ce n est pascapitalisme7 si simple Dans les annees 1980, avec

des marxistes de tout poil, on s'etnpaitautour du problème suivant sachant que la date de naissance du capitalisme est plus ou moins fixée a l'an 1500,avec I urbanisation et le developpement du commerce,maîs que l'industrialisation et le travail salarie ne sont pasvraiment apparus avant 1750, qu'a t on vécu exactemententre ces deux dates ' La réponse me paraît évidente pendani deux cent cinquante ans (50% de la vie du capitalisme '), les gens ne savaient pas qu'ils avaient change demodele Si I on suit cette logique, nous poumons bien, aujourd'hui, etre déjà sortis du capitalisme sans nous enrendre compte Déjà en train de construire un nouveau modele, sans savoir de quoi il s'agit

Quel bilan faites- Les gens sont déçus qu Occupy n'aitvous d'Occupy Wall pas bouleverse Ie monde du jour auStreet' lendemain Maîs quel mouvement

social y est jamais parvenu' Uneaction comme celle ci ouvre des champs de possibilités, cen'est que dix, vingt ou quarante ans plus tard qu on voit lesquelles se sont réalisées En 1848, des révolutions se sontproduites partout et pas une seule n'a pris le pouvoir Maîsqui pourrait dire qu'elles n'ont pas prépare les révolutionsrusses de 1917' Mon sentiment personnel, cest que nousavons énormément accompli dans le tres court temps quinous a ete offert - entre six mois et un an Nous avonschange le discours politique sur les inégalités Avant nous,plus personne aux Etats Unis n'osait parler de «classes sociales » Aujourd'hui, même les républicains reconnaissentque les inégalités sont un sérieux problème - et qu'ils n'ontpas la solution Les conséquences d Occupy ne se sont peutêtre pas manifestées la ou on les attendait Beaucoup desympathisants d'Occupy espéraient qu'émergé une ribambelle de mouvements similaires ça n'a pas ete le cas Maîsqui oserait mer l'impact international des Indignes, del'Afrique du Nord au Moyen Orient'

Vous êtes un Désormais, je suis bien place pour saintellectuel voir que l'engagement a un prix Laanarchiste scrute seule chose que j'ai possédée dans mapar tous les vie, par exemple, était lappartementactivistes de la ou j'ai grandi a New York et dont j aiplanete. Comment hérite Je sais, de source sûre, que lesle vivez-vous? services de police ont parle au syndic

de mon immeuble pour me faire debarrasser le plancher (la plupart des gens qui ont participede pres a Occupy Wall Street ont subi ce type de mesaventure) Quand j'ai ete vire de I universite Yale, personne,dans les facs américaines, ne rn a propose de poste, et c'estpour cela que je suis un Americain en exil, ici, a la LondonSchool of Economies, ouj'ai ete tres bien accueilli L'universite américaine est devenue terriblement conservatriceS'ajoute peut ètre aussi, dans ce rejet, la mauvaiseconscience de certains professeurs de sciences humaines,radicaux dans l'âme maîs lucides sur le fait qu'ils partielpent eux aussi d un systeme qui exploite ehontement lesétudiants en les criblant de dettes Je les renvoie a quelquechose qu ils préfèrent ne pas voir, je suis leur vilain miroirJe ne juge pourtant personne ' Et je ne pense pas que tousles universitaires devraient se transformer en activistes lemonde deviendrait affreux '

Comment vivez- Je suis ecoute et surveille Maîs je mevous votre exil ' tiens a carreau et on ne rn embête pasVous sentez-vous plus que cela en exil, personne n'asurveille' besoin de vous censurer, vous le faites

tout seul J'ai un permis de travail parnciper a une action radicale signifierait la fin de mon visa fcfpuis je me sens bien a Londres J'ai même ete invite a parlerau Parlement anglais a plusieurs reprises Les députes m'ontecoute attentivement, et a la fin ils ont applaudi ' •

Page 17: Revue de presse de Bureaucratie de David Graeber, Les Liens qui libèrent

Date : 09/10 OCT 15

Pays : FrancePériodicité : QuotidienOJD : 122744

Page de l'article : p.11Journaliste : B. G.

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LIENS 8012945400502Tous droits réservés à l'éditeur

IDEES & DEBATS

focusLivres en bref

La bureaucratie, mal du XXIe siècle

BUREAUCRATIE• Depuis les années1970, le discours néo-libéral assimile Fonc-t ion pub l ique etbureaucratie. Limiterla première, en luisubstituant le secteurprivé, aurait pourrésultat d'éradiquer laseconde. Le pro-blème, c'est que cela ne marche pas : qu'ilveuille prendre un avion, prêter sa voiture ouobtenir un crédit, le citoyen du XXIe siècle seretrouve contraint de remplir sans fin desformulaires - numériques, certes, maisaussi absurdes que les paperasses d'antan.Anthropologue, économiste et proche du

mouvement OccupyWall Street, DavidGraeber consacre sonnouveau livre à cette

Bureaucratie « utopie des règles »,David Graeber, son titre original auxéditions Les liens Etats-Unis. Brillantqui libèrent, 298 mais souvent décousupages, 22 euros. (on y croise aussi bien

Batman que MichelFoucault), l'ouvrage affirme sans nuanceque la nouvelle bureaucratie est un mal ducapitalisme : « Nous assistons à la fusion pro-gressive de la puissance publique et privée enune entité unique, saturée de règles et de règle-ments, dont l'objectifultime est d'extraire de larichesse sous forme de profit. »—B. G.

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!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!Presse internet

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12/10/2015 David Graeber : « Tous les recoins de nos vies sont envahis par des formulaires » - Rue89 - L'Obs

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LE GRAND ENTRETIEN 11/10/2015 à 16h58

1Plus de marché veut dire plus de bureaucratie

« Bureaucratie », de David Graeber (Lesliens qui libèrent)

David Graeber : « Tous les recoins de nos vies sontenvahis par des formulaires »Xavier de La Porte | Rédacteur en chef Rémi Noyon | Journaliste

L’anthropologue anarchisant David Graeber estime que plus on dérégule l’économie, plus il y a de paperasse etde bureaucrates. Et que le progrès technique stagne depuis un moment. Entretien.

L’Américain David Graeber s’est fait connaître dans le sillage d’Occupy Wall Street. Dans ses travaux, cet anthropologue

anarchisant touche à plusieurs thèmes centraux du mouvement :

la dette (il en a fait une monumentale histoire) ;;

les « jobs à la con » (c’est son concept le plus connu) ;;

la prise de décisions hors des hiérarchies (ce bouquin, personne ne l’a vraiment lu).

Ecarté de Yale, il enseigne désormais à la London School of Economics (LSE).

Nous l’avons rencontré le 9 octobre, lors d’un passage à Paris. Au moment de notre rencontre, il venait de recevoir un e-­mail

de son université lui demandant de valider « je-­ne-­sais-­pas-­trop-­quoi ». Voilà une parfaite introduction à son nouveau livre,

« Bureaucratie » (Les liens qui libèrent, 2015), qui décrit le déploiement de la paperasse jusque dans les plis les plus

insignifiants de nos vies.

« Brazil » de Terry Gilliam (1985)

Graeber a toutes les caractéristiques du fou génial. Son ouvrage est plus une collection d’intuitions qu’un boulot académique basé sur des observations empiriques.

Il le dit lui-­même en filigrane : il s’agit de dire quelque chose de neuf sur le monde, quitte à tomber parfois à côté.

Nous avons listé les propositions déconcertantes que contient son livre et lui avons demandé de développer. C’est rafraîchissant.

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12/10/2015 David Graeber : « Tous les recoins de nos vies sont envahis par des formulaires » - Rue89 - L'Obs

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2La bureaucratie est une machine à extraire du profit

3Le pouvoir, c’est l’aveuglement

4La gauche ne doit pas être « réaliste »

5Le langage de la créativité, c’est du « bullshit »

« Comptez le nombre d’heures que nous passons chaque semaine à remplir de la paperasse, dans nos sociétés capitalistes. Aucune autre société n’a jamais

obligé ses membres à passer tant de temps dans les procédures bureaucratiques. Tous les recoins de nos vies sont désormais envahis par des formulaires. L’un

de mes amis a voulu inscrire sa fille de 12 ans à une école de musique. Il lui a fallu remplir un document de 40 pages !

C’est pour cela que je propose de définir ainsi une “loi d’airain du capitalisme” : à chaque fois qu’il y a “dérégulation”, que l’on libéralise, que l’on s’attaque aux

bureaucrates, on finit avec plus de régulations, plus de paperasse et plus de bureaucrates.

La Russie est un bon exemple. Il y a eu, entre 1994 et 2004, une augmentation de 25% du nombre de fonctionnaires, alors même que l’économie se privatisait ! Il

y a plus de bureaucrates en Russie aujourd’hui que sous le communisme soviétique ! »

« Pourquoi ce développement de la bureaucratie ? Quand le marché s’étend à tous les aspects de la vie, les relations ne sont plus basées sur la confiance, les

gens n’hésitent plus à s’arnaquer les uns les autres. Tout est donc régulé par des mécanismes impersonnels, par la bureaucratie.

D’autre part, la paperasse est vue par les grandes entreprises comme une arme compétitive dirigée vers des concurrents plus “petits”, qui n’ont pas les moyens

de payer des salariés à remplir des formulaires toute la journée.

Au fond, la bureaucratie est un moyen d’extraire du profit. De nos jours, le capitalisme me semble réaliser l’alliance des bureaucrates privés et des bureaucrates

publics. Ensemble, ils façonnent des règles pour, par exemple, imposer de lourdes pénalités aux personnes endettées. Les principales banques américaines

trouvent dans ces frais, ces pénalités, une source majeure de leurs profits. »

« C’est le pouvoir qui crée la stupidité. Une étude récente montre que plus vous êtes pauvre, plus vous avez la capacité d’identifier les émotions d’autres

personnes. Les riches n’ont aucune idée de ce que les autres peuvent ressentir. Alors que si vous êtes pauvre, vous devez savoir ce que votre patron a en tête !

Je travaillais dans un restaurant quand j’étais jeune. Quand quelque chose tournait mal, le boss descendait. Nous avions beau lui expliquer ce qui s’était passé,

lui ne voulait rien savoir : “Toi, le nouveau, tu as dû merder.” Et ça devenait la ligne officielle.

Le pouvoir rend aveugle. Cela se voit aussi dans les relations de genres. Dans les comédies des années 50, il y avait souvent des blagues sur le fait que les

hommes ne comprenaient pas les femmes. Mais on ne s’est jamais demandé si les femmes avaient des difficultés à comprendre les hommes ! Elles n’avaient pas

le choix : dans une structure patriarcale, les femmes doivent consacrer du temps à comprendre ce qui se passe dans la tête du “chef” de famille.

Le problème n’est pas tant que les procédures bureaucratiques sont intrinsèquement stupides, c’est plutôt qu’elles sont des moyens de gérer des situations qui

sont déjà stupides car fondées sur des inégalités sociales qui s’appuient en dernière analyse sur la menace de l’agression physique, sur la violence structurelle. »

« La gauche est aujourd’hui incapable de formuler une critique de la bureaucratie. Dans les années 60, elle prônait la liberté individuelle en opposition aux outils

de contrôle social qu’elle associait à l’Etat providence. Ce discours semble aujourd’hui bien désuet. Cette rhétorique de l’individualisme anti-­bureaucratique a été

récupérée par la droite. Aux Etats-­Unis, quand les républicains s’opposent à l’“Obamacare”, ils disent : “C’est du fascisme, du communisme” ! [...]

La gauche se sent obligée de défendre la bureaucratie. Ce qui est génial pour la droite : d’un côté, elle blâme la gauche “bureaucratique”, mais de l’autre, elle

alourdit encore cette bureaucratie (selon la loi d’airain du capitalisme). Et tout le monde finit donc par blâmer la gauche !

Pensons au slogan de Mai 68 : “L’imagination au pouvoir !”... La bureaucratie anesthésie l’imagination. Là où elle s’étend – et je parle aussi du management dans

le secteur privé –, elle oblige au conformisme. Je pense que c’est l’une des raisons à la stagnation du développement technique. [...]

Le mouvement altermondialiste était un parfait exemple de mouvement anti-­bureaucratique. Nous ne faisions que dévoiler l’existence d’une bureaucratie

mondiale qui était invisible pour bien des gens. Lorsque les militants parlaient de “marché global”, ils parlaient en réalité du FMI, de la Banque mondiale, etc. Et

l’une de nos préoccupations était de prendre des décisions collectives sans passer par des experts ou par une hiérarchie. »

« Dans les années 50, la bureaucratie acceptait encore l’apport de personnes pour le moins excentriques. Je pense à Jack Parsons, le fondateur du Jet

Propulsion Laboratory de la Nasa. Il organisait des cérémonies orgiaques chez lui et pensait que la science des fusées n’était que l’une des manifestations de

principes plus profonds, magiques.

Page 21: Revue de presse de Bureaucratie de David Graeber, Les Liens qui libèrent

12/10/2015 David Graeber : « Tous les recoins de nos vies sont envahis par des formulaires » - Rue89 - L'Obs

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6Le progrès technique stagne depuis longtemps

7La fin du travail n’a pas eu lieu

8Internet peut nous aider à sortir de la mouise

9La technique est une question de choix politiques

10Nous aimons (au fond) la bureaucratie

Aujourd’hui, ce genre d’individu n’a aucune chance d’exister dans une structure bureaucratique. L’esprit bureaucratique avance enveloppé dans un langage de

créativité, d’initiative et d’esprit d’entreprise. Lorsque vous voyez ce langage dans un document, vous savez que c’est précisément un document qui a pour

fonction de bloquer la créativité ! Il faudrait étudier l’effet de cette philosophie du “développement personnel”, un peu New Age, qui est devenue populaire dans le

“managérialisme” : l’idée que vous êtes responsable de tout ce qui vous arrive, que nous créons le monde qui nous entoure par la simple force de la volonté.

Si vous voulez vraiment encourager la créativité, vous prenez des gens intelligents, vous leur donnez ce qu’ils veulent et vous les laisser tranquilles. Mais si vous

voulez les assécher, vous leur dites : “Personne ici n’obtiendra de crédits sans m’avoir prouvé qu’il sait déjà ce qu’il va finir par trouver.” Or, c’est ce qui se passe.

Le marketing et les relations publiques finissent par engloutir la vie universitaire. »

« Regardez les générations précédentes. Régulièrement, il y avait une importante avancée technique ou scientifique qui transformait notre conception du monde :

l’ADN, etc. Cela n’arrive plus.

J’irai même plus loin : si vous regardez ce que les gens, autrefois, s’attendaient à voir dans le futur, leurs prédictions se vérifiaient au moins à moitié. Certes, nous

n’avons pas eu la machine à voyager dans le temps, mais nous avons eu le sous-­marin. Or, si vous prenez ce que nous avions listé dans les années 50, 60, 70,

80, la voiture volante, la téléportation, etc., eh bien rien de tout cela ne s’est réalisé. OK, nous avons des ordinateurs. Mais à l’époque, nous nous attendions à

des ordinateurs qui pourraient vraiment penser !

Je pense même que l’on peut voir le postmodernisme comme une méditation prolongée sur les changements techniques qui n’ont jamais eu lieu.

Cela m’a frappé alors que je regardais un des récents “Star Wars”. Je me suis dit : “Wow ! Les effets spéciaux sont géniaux. Si les premiers fans de ‘Star Wars’

voyaient cela, ils seraient soufflés !” Et puis soudain, il m’est apparu que non : pour eux, ce que je voyais à l’écran devait finir par vraiment exister. Ils auraient été

déçus de savoir que nous ne savions que mieux le simuler ! Nous attendions ces changements techniques. Ils ne sont pas advenus, nous nous sentons déçus,

mais si vous formulez ce malaise, on vous répond : “Tu ne croyais quand même pas que tout cela allait se réaliser ?” »

« Dans les années 60 et 70, les élites ont commencé à s’inquiéter. Et si les turbulences politiques étaient liées aux effets perturbateurs du progrès technique ? La

recherche s’est donc réorientée vers les technologies de surveillance et de contrôle, les technologies militaires, informationnelles et médicales.

Les élites s’inquiétaient surtout de la question du travail, des retombées économiques de la mécanisation. Qu’allait-­il se passer quand le prolétariat serait

remplacé par des robots ? »

« Je ne pense pas qu’Internet soit, par essence, vicié. C’est un terrain de luttes. Je suis fasciné par l’analogie avec le service postal, en Allemagne, à la fin du

XIX siècle. Berlin était connecté avec un système de tubes pneumatiques. C’était l’Internet de l’époque. On entendait des discours semblables à ceux tenus

aujourd’hui : “On a cette nouvelle forme de société, née à l’intérieur du capitalisme, mais qui n’est pas basée sur les principes du capitalisme, qui nous montre le

chemin.” Lénine était très impressionné. Kropotkine voyait dans l’Union postale universelle un modèle de l’anarchisme. Mais le service postale est aussi devenu

un moyen de surveillance.

Il y a une différence entre le service postal et Internet. Internet émerge de la recherche militaire, mais son organisation est plus “communiste” que ne l’était La

Poste. Internet offre des possibilités de collaboration et de dissémination qui pourraient nous aider à trouver la brèche. L’imprimante 3D est un bon exemple. On

en revient au stade atteint à la fin des années 60, quand la fin du travail semblait une hypothèse plausible. En Angleterre, certains parlent de communisme de

luxe, entièrement automatique. Il y a de nouveau une bataille politique qui s’engage. La dernière fois, nous avons perdu. Mais cela ne veut pas dire que ce sera le

cas ce coup-­ci. »

« En 2000, aux Etats-­Unis, nous avons eu un débat sur les machines à voter. On a découvert à cette occasion que ces machines avaient un pourcentage d’erreur

de 1,5% à 2,8%. Un pourcentage décrit comme incompressible.

Mais quelqu’un a dit : “Attendez. Comment pouvons-­nous accepter cela, dans un pays qui se dit la plus grande démocratie du monde, alors que chaque jour, des

dizaines de millions de personnes utilisent des distributeurs de billets sans que l’on entende jamais parler d’erreurs ?”

Cette infaillibilité est une façon de rendre “réelles” des abstractions financières. Vous sortez de chez vous, passez devant des escalators ou des ascenseurs en

panne, mais le distributeur vous donne le bon montant. Tout se casse la figure, sauf la monnaie qui, elle, “fonctionne”. Rien de tout cela n’est simplement “arrivé”.

C’est le résultat de décisions politiques. »

e

Page 22: Revue de presse de Bureaucratie de David Graeber, Les Liens qui libèrent

12/10/2015 David Graeber : « Tous les recoins de nos vies sont envahis par des formulaires » - Rue89 - L'Obs

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10Nous aimons (au fond) la bureaucratie

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« La bureaucratie doit bien avoir des attraits, sinon, comment expliquer qu’elle s’alourdisse alors que tout le monde dit la détester ? Quel est son secret ? Jepropose une théorie de la peur du jeu (“play”) et du plaisir des jeux (“games”).

La liberté exercée pour elle-­même est le le jeu. C’est dans la nature de l’homme, dans la nature de l’univers, comme semble le suggérer la théorie quantique.Même les fourmis jouent : elles simulent des batailles entre colonies !

Mais d’un autre côté, il y a quelque chose d’effrayant dans le jeu. Les gens aiment avoir un certain de degré de prévisibilité. C’est pour cela qu’on crée des jeux,avec des règles. C’est la clarté que procurent ces règles qui vous donne du plaisir. La bureaucratie transpose ce plaisir dans la société.

La fantasy et les jeux vidéo sont aussi une illustration de cela. La fantasy imagine ce que serait une société anti-­bureaucratique. Il est agréable de lire “LeSeigneur des anneaux”, mais, à la fin des fins, le lecteur n’a pas vraiment envie de vivre en Terre du Milieu. C’est un moyen subtil d’indiquer que la sociétébureaucratique n’est pas si mauvaise. »

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Page 23: Revue de presse de Bureaucratie de David Graeber, Les Liens qui libèrent

12/10/2015 David Graeber, l'indigné qui s'attaque à la bureaucratie libérale - Politis

http://www.politis.fr/David-Graeber-l-indigne-qui-s,32579.html 1/3

Tweeter 83 17Par Sasha Mitchell - Suivre sur twitter - 8 octobre 2015IDÉES

David Graeber, l’indignéqui s’attaque à labureaucratie libérale

À la veille de son arrivée en France pour promouvoir

son dernier livre Bureaucratie, l’utopie des règles,

l’ancien leader du mouvement Occupy Wall Street,

aujourd’hui professeur à la London School of

Economics, a accordé un entretien à Politis.

Quatre ans après la publication du best-seller Dette : 5000 ans d’histoire,l’ancien leader du mouvement Occupy Wall Street et anthropologue américain David

Graeber s’attaque à la question de la bureaucratie. Il démontre, dans un livre

parsemé d’anecdotes aussi divertissantes que révélatrices, pourquoi les entreprises

privées sont toutes aussi, voire davantage, bureaucratiques que le service public.

Les simplifications administratives annoncées régulièrement par les responsables

politiques s’accompagnent de déréglementations ou de réformes libérales : « Nous

assistons à la fusion progressive de la puissance publique et privée en une entité

unique, saturée de règles et de règlements dont l’objectif ultime est d’extraire de la

richesse sous forme de profits », écrit-il.

Pourquoi associe-t-on toujours la bureaucratie avec le secteur public ?

Parce que c’est ce que l’on nous a appris. Dans les années 1960, les révolutionnaires

ont commencé à expliquer que les bureaucrates et les capitalistes, c’était peu ou

prou la même chose : des hommes enveloppés, en costume trois pièces qui

contrôlaient tous les aspects de notre vie. Des ennemis de la liberté, en somme. Puis

la droite s’est appropriée l’argumentaire, en omettant la partie sur le capitalisme.

Résultat, l’état omniprésent dont les révolutionnaires des années 1960 se plaignaient

a en grande partie disparu. Pourtant tout le monde emploie encore la rhétorique des

années 1960 alors qu’elle n’a plus grand chose à voir avec le fonctionnement actuel

de la société.

Vous dites donc que la bureaucratie peut aussi être l’apanage du secteur privé.Cette affirmation n’est-elle pas paradoxale, surtout dans un pays comme laFrance où la bureaucratie du service public fait partie du quotidien ?

L’autre jour, je me suis rendu dans un Apple Store pour faire réparer l’écran de mon

ordinateur. J’ai dû faire la queue pour que quelqu’un examine mon ordinateur et me

dise « Oui, votre ordinateur est cassé ». J’ai demandé si je pouvais le déposer afin

qu’il soit réparé par le service après-vente. Là, la personne m’a répondu que non,

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12/10/2015 David Graeber, l'indigné qui s'attaque à la bureaucratie libérale - Politis

http://www.politis.fr/David-Graeber-l-indigne-qui-s,32579.html 2/3

bien sûr que non, et qu’il fallait d’abord faire remplir par un autre service un

formulaire attestant que l’écran était bel et bien cassé avant que l’ordinateur ne

puisse être envoyé à l’atelier. J’ai demandé si je pouvais me rendre dans ce service

sans plus attendre. On m’a rétorqué que non, qu’aucun rendez-vous ne pouvait être

pris avant la semaine suivante, à moins que je ne me lève à 8 heures chaque jour au

cas où des personnes se désisteraient. C’est une situation typique que seule la

bureaucratie peut nous réserver, et pourtant j’avais affaire à une entreprise privée.

David GraeberFlickr/Guido Van Nispen

Ou bien essayez d’ouvrir un compte en banque ici en Angleterre. La procédure est

tellement compliquée, les formulaires tellement nombreux que j’ai dû être payé en

liquide pour mes deux premiers mois de cours. Il fallait des factures avec l’adresse

de mon domicile, sauf que pour avoir accès au service dont j’avais besoin il fallait

verser un dépôt et donc avoir un compte en banque. Je pourrais multiplier les

exemples.

Ce que j’ai voulu montrer dans ce livre, c’est que la moitié du temps il est impossible

de distinguer le public du privé. Les deux formes de bureaucratie s’entremêlent.

Pourquoi est-ce que c’est si dur d’ouvrir un compte en banque ? Les employés vont

vous dire que c’est à cause des réglementations imposées par l’Etat. Mais qui est à

l’origine de ses réglementations ? Très souvent les avocats de ces banques, qui font

pression sur (c’est à dire corrompent) les politiques pour que leurs réglementations

soient transformées en texte de loi.

Comment expliquer que la bureaucratie croît à mesure que le libre marchés’étend ?

C’est le cas depuis un long moment. En Angleterre, par exemple, une grande partie

de l’appareil bureaucratique d’Etat, de la police au simple fonctionnaire, a été mise

en place après l’abolition des Corn Laws (série de textes encadrant le commerce de

céréales avec l’étranger et qui avait pour but de protéger les paysans anglais, NDLR)

et l’avènement du libre marché.

De l’autre côté de l’Atlantique, lorsque les Etats-Unis menaient des politiques

protectionnistes au XIXe siècle, la bureaucratie était réduite : le gouvernement fédéral

était composé presque uniquement de l’armée, qui était très petite, et de la poste.

Le secteur privé, quant à lui, était composé de petites entreprises et de coopératives.

La période de libre marché dite des barons voleurs a coïncidé avec l’émergence de

grandes firmes dotées d’une bureaucratie interne élaborée et d’un appareil d’Etat

toujours plus important. Et la tendance se poursuit. Même Thatcher, qui a fait de la

réduction du nombre de fonctionnaires un de ses chevaux de bataille, n’y est pas

parvenu.

Sous Reagan, la bureaucratie d’Etat s’est même étendue. En Russie, après la chute

du communisme, le nombre total de fonctionnaires a augmenté de 25% en 10 ans,

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Nota Bene :

Bureaucratie, l’utopie des règles,par David Graeber (Ed. Les Liens

qui Libèrent)

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sans compter bien sûr les bureaucrates du secteur privéémergent.

Si je devais m’avancer, je dirais que ce phénomène estdû au fait que l’économie de marché entraîne uneaugmentation extrême de relations qui ne sont pasbasées sur la confiance, mais sur la maximisation del’intérêt individuel. Cela signifie qu’elle nécessite desmoyens beaucoup plus élaborés de mise en œuvre, desurveillance et de coercition que d’autres formes derelations sociales.

Photo : SHANNON FAGAN / IMAGE SOURCE

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