Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC – Lettre d’information n° 4 Octobre 2007

RESEAU BECASSINES LETTRE D’INFORMATION N° 4 – OCTOBRE 2007

EDITORIAL

Cette première année de vie du Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC fut, à de nombreux points de vue, riche et diversifiée. Tout d’abord, l’objectif fixé :1 000 bécassines baguées par an, est déjà atteint ! Au total, 1103 bécassines des marais, 88 bécassines sourdes et une bécassine double ont été capturées et marquées. Bravo à tous pour ce formidable résultat. Les réunions régionales initiées l’an passé ont connu un succès prometteur. Compte tenu de vos demandes, les prochaines seront organisées dès le mois de février afin de les coupler avec une séance de capture. Notre partenariat avec le CICB s’est concrétisé par deux journées d’analyse d’ailes en commun, au mois de mars, au siège de la Fédération départementale des chasseurs de Gironde. Michel Devort nous a fait le plaisir d’y assister (et de nous épauler). Le succès de ces deux journées, reconnu par tous les partenaires (CICB, FNC, FDC et ONCFS), nous conduit naturellement à poursuivre dans cette voie et à réitérer l’opération chaque printemps. Vu l’importance du matériel disponible (plus de 4 500 ailes !), ces séances constituent un entraînement intensif à la reconnaissance du sexe et de l’âge des bécassines. Pour cette raison, la participation de quelques bagueurs (3 en mars dernier), renouvelés chaque année, nous paraît judicieuse. Les résultats de ce travail ont été publiés dans un rapport technique CICB/ONCFS/FNC que nous joignons à cette lettre. Grâce à Michel Devort et au CICB, la reconnaissance des âges chez la bécassine sourde a énormément progressé. La technique est au point, reste à la valider par un article scientifique. Ce devrait être fait dans les mois qui viennent suite à une expérimentation conduite avec le concours de l’Ecole nationale vétérinaire de Nantes. De leur côté, des chercheurs polonais se sont intéressés à la reconnaissance des sexes chez cette espèce. Des applications pratiques pour les bagueurs devraient pouvoir en être dégagées. Ainsi, en une seule année, des outils importants pour l’analyse des tableaux de chasse de bécassines sourdes sont apparus. Enfin, vous aurez certainement remarqué le (nouveau) logo du Réseau. Nous avons désormais une « identité graphique » ! Merci à Jean-Sébastien Guitton, pour son aide artistique déterminante. La saison 2007/08 s’annonce sous des auspices divers. Un printemps plutôt sec dans le Nord et l’Est de l’Europe n’a sans doute pas favorisé le succès de reproduction des limicoles. Malgré tout, quelques uns d’entre vous ont mis à profit le début de la migration post-nuptiale pour capturer plusieurs dizaines d’oiseaux à l’aide de la repasse. Dans cette année dédiée au rugby, disons que le pack (= Réseau) est bien soudé, que nous avons marqué un essai (= objectif atteint), qu’il nous faut maintenant transformer (= ne relâchons pas nos efforts) ! Bonne saison à tous !

Gilles Leray & Yves Ferrand

Direction des études et de la recherche - CNERA Avifaune migratrice Réseau « Bécassines » - 53, rue Russeil – 44000 Nantes

tél : 02.51.25.07.88 - fax : 02.40.48.14.01 - e.mail : g.leray@oncfs.gouv.fr

Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC – Lettre d’information n° 4 Octobre 2007

RESEAU BECASSINES ONCFS/FNC/FDC : ETAT DES LIEUX BILAN DU BAGUAGE

Au total, 1 192 bécassines ont été baguées par le réseau en 2006 : 1103 bécassines des marais, 88 bécassines sourdes et 1 bécassine double. L’objectif fixé au réseau est donc atteint. C’est un succès indéniable dû à la progression constante des captures de bécassines des marais. Cet effectif annuel de bécassines baguées doit maintenant être stabilisé, voire dépassé.

0

200

400

600

800

1000

1200

n

1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

Bécassine des marais

Bécassine sourde

Bécassine double

A l’heure actuelle, le Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC compte 97 bagueurs répartis dans 40 départements. Fin 2007, ce sont 115 bagueurs, répartis dans 44 départements, qui devraient être opérationnels. Ainsi, quelques départements non encore pourvus de bagueurs, seront prioritaires pour les prochains stages. Parmi ceux-ci, l’Aude, la Drome, le Gard, l’Isère, le Maine-et-Loire, la Haute-Marne, la Meuse, les Pyrénées-Orientales et le Rhône nous paraissent prioritaires. De plus, il nous paraît souhaitable que les départements où un seul bagueur est présent cherchent à compléter leur équipe.

Départements impliqués

dans le Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC

Situation Octobre 2007 Prévisions fin 2007

Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC – Lettre d’information n° 4 Octobre 2007

En effet, le calcul des taux de survie qui est notre objectif principal nécessite beaucoup de contrôles et de reprises …et donc beaucoup d’oiseaux bagués. C’est également le cas des études concernant la phénologie des migrations. Enfin, plus les estimations annuelles d’âge-ratio s’appuieront sur un grand nombre d’individus, plus elles s’approcheront des valeurs réelles dans la population. Chaque bague retrouvée a son importance, même si la reprise a lieu peu de temps après le baguage et près du site de capture. Le nombre de bécassines sourdes baguées s’avère en retrait par rapport à l’an passé. L’hiver excessivement doux en 2006/07, un moindre succès de reproduction ou encore un moindre intérêt des bagueurs pour cette espèce font partie des explications possibles.

DETERMINATION DE L’AGE CHEZ LA BECASSINE SOURDE Dans la lettre d’information n°3 du Réseau, nous vous avons informé de travaux réalisés avec Michel Devort sur la reconnaissance de l’âge des bécassines sourdes à partir de critères externes. Un échantillon supplémentaire conséquent (240 oiseaux !) a été analysé au printemps dernier à l’Ecole vétérinaire de Nantes, avec l’appui d’Emmanuel Risi. Le principe reste le même : pour le même oiseau, détermination de l’âge par la bourse de Fabricius et par le critère externe situé sur les rectrices. Les résultats sont excellents puisque sur 185 "paires disponibles" (âge déterminé à la fois par la bourse de Fabricius et par le critère externe) 168 ont abouti au même résultat, c'est à dire 90,8% de bons classements. Dans le détail, un sous-échantillon (n=36) traité uniquement par Michel Devort obtient un score un peu plus élevé : 94,4 % de bons classements, tandis que le sous-échantillon "autres observateurs" atteint 89,9% de bons classements. A une seule exception près, les différences sont toujours dans le même sens : classé jeune par le critère externe et adulte par l'autre observateur. Deux explications possibles viennent à l’esprit : la difficulté de repérer la bourse de Fabricius ou une involution récente de celle-ci. La méthode ne sera définitivement validée (et totalement dévoilée) qu’après publication d’un article scientifique qui devrait être rédigé et proposé à une revue avant la fin de l’année. NOUVELLES DE L’ETE Les étés pluvieux font fuir les touristes, mais attirent les bécassines ! Les premières ont été observées dans la Somme le 22 juin 2007 à Ponthoile, lieu-dit Mont Gréval (resp. 2 et 11, com.pers. Laurent Wieckiewicz). Il s’agit sans doute plus d’erratisme post-nuptial (dû à des nicheurs locaux ?) qu’un réel début de migration. Une bécassine double a été baguée dans le Doubs l’été 2006, à Houtaud et une autre au printemps 2007 dans le Cantal. Rappelons que le baguage des bécassines doubles est autorisé… mais qu’il est bien sûr préférable de porter ses efforts sur les bécassines des marais ! EN PROJET La population de bécassines des marais qui niche en France est mal connue. Le dernier Atlas des oiseaux nicheurs concerne la période 1985-1989 !!! Récemment, quelques études locales, en particulier dans le Doubs, ont apporté des informations sur les effectifs. Mais la nécessité de disposer d’une évaluation la plus précise possible à l’échelle du pays est patente. Nous pensons que le Réseau est désormais en mesure de tenter l’expérience. Aussi, nous projetons de réaliser un inventaire national au printemps 2009, en ciblant plus particulièrement les régions connues pour être ou avoir été récemment des zones de nidification : Bretagne, Vendée, Massif Central, Doubs, Picardie. Ces recensements seront fondés sur l’écoute des mâles chanteurs.

Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC – Lettre d’information n° 4 Octobre 2007

CONSEILS POUR LES CAPTURES Comme le relate un article scientifique (cf. page suivante), l’utilisation de la repasse augmente beaucoup le succès de capture aux filets verticaux. En cette fin d’été, des essais sur la Grand-mare et en baie de Somme ont à nouveau démontré son efficacité. Chaque bagueur du réseau recevra bientôt une CD audio prêt à l’emploi (issu des enregistrements de Jean-Claude Roché et avec son autorisation). Pensez-y !

Arnaud Lafon (FDC 15 ; fdc15@chasseurdefrance.com) nous communique l’adresse d’un marchand de filets (pour la pêche, bien sûr) qui pourrait fournir du filet pour fabriquer des filets-traineaux destinés à capturer les bécassines sourdes. Cette société s’appelle Auterie Devaud SAS et est basée à Payzac 24270. Contact : auterie@wanadoo.fr. Une caisse de baguage est indispensable ! Les caisses à outils en plastique font parfaitement l’affaire. Dans cette caisse, prévoir :

- les bagues de bécassines, bien sûr ! - une règle à butée, - un réglet arrêté au zéro pour mesurer le bec ou un pied à coulisse, - un peson gradué jusqu’à 300g ou mieux, une balance électronique graduée par gramme (à poser

sur un endroit parfaitement plat et de niveau !), - une pince à fermer les bagues, - quelques sacs de contention,

- les documents de reconnaissance des sexes et ages des bécassines, - enfin, Jean Pierre Baudet (SD 33) a imaginé une caisse de contention pour les bécassines,

qu’il utilise largement avec toute satisfaction et que nous vous conseillons.

- dimensions 50 cm x 33 cm x 17 cm (il s'agit d'une caisse bois de transport de 12 bouteilles de vin !) - enlever le fond et poser deux charnières - clouer deux liteaux dessous sur toute la largeur, ce qui facilite l'empilage des caisses et les isolent d'un sol humide - à l'intérieur, sur le fond, disposer plusieurs feuilles de journal coupées à dimension ; après utilisation, il suffit d'ouvrir le fond, enlever la feuille souillée par les fientes et les poussières de plumes - le dessus est en toile de jute (par ex.) avec un manchon pour déposer et sortir les bécassines - pour l'aération, faire des trous sur les 3 côtés qui ne sont pas en contact avec la hanche du bagueur lors du transport de la caisse ; pour plus de sécurité, il est impératif de fixer à l'intérieur du petit grillage (type grillage garde-manger) sur les parois trouées ; en effet, la bécassine a la fâcheuse habitude de passer son bec par les trous.

15 OISEAUX PAR CAISSE AU MAXIMUM

Pour plus d’informations, contacter J.P. Baudet : sd33@oncfs.gouv.fr

Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC – Lettre d’information n° 4 Octobre 2007

A signaler……………. Quatre articles scientifiques [disponibles sur demande auprès d’ Y. Ferrand (yves.ferrand@oncfs.gouv.fr)] Pinchuk P. & N. Karlionova. 2006. Use of playback calls for catching migrating Common Snipe Gallinago gallinago in autumn. Wader Study Group Bulletin, 110 : 64-65. La repasse améliore grandement le succès de capture des bécassines des marais aux filets verticaux. Dans cette étude, des collègues biélorusses ont presque x 4 le nombre moyen de captures/jour en automne en utilisant tout le répertoire « vocal » de l’espèce (chevrottement, cris au sol au printemps, cris d’alarme à l’envol). L’émission de ces « cris » attirent aussi bien des oiseaux isolés que des groupes de 10-15 individus qui se posent non loin du magnétophone. Reste à les lever pour les « projeter » vers les filets ! Le système fonctionne particulièrement bien entre 5h00 et 9h00 et entre 20h00 et 23h00. Un seul conseil : à vos CD ! Svazas S. & A. Paulauskas. 2006. Identification of Common Snipe Gallinago gallinago flyways in the Western Palearctic by analysis of ringing recoveries and genetic studies. In Boere G.C., Galbraith C.A. & D.A. Stroud (Eds). Waterbirds around the world. The Stationery Office, Edinburgh, UK. 522-523. Fondé sur les résultats du baguage et sur une étude génétique, ce travail identifie quatre flux migratoires de bécassines des marais dans le Paléarticque occidental. Deux concernent notre pays : un flux « Europe occidentale » et un flux « Europe continentale ». Schmitz M. 2007. Die Schirmfedern als wichtiges Alterskennzeichen der Bekassine Gallinago gallinago – Besschreibung zusätzlicher Merkmale. Die Vogelwelt 128 : 39-42. Comme vous le savez, déterminer l’âge des bécassines des marais n’est pas très simple. Cette étude de collègues allemands s’appuie sur la coloration des tertiaires. Les plumes juvéniles présentent des barres pales et étroites, tirant sur le roux, et des barres brun-noir larges. Des barres pales de couleur gris brun et larges caractérisent les plumes adultes. De plus, les adultes renouvellent leurs tertiaires plus tôt que les juvéniles. Mais comme l’indique l’auteur, « ces caractéristiques sont sujettes à des variations individuelles considérables ». A prendre donc comme une indication complémentaire mais certainement pas comme la clé de détermination. Sikora A. & A. Dubiec. 2007. Sex identification of Jack Snipe Lymnocryptes minimus by discriminant analysis of morphometric measurements. Ardea 95 (1) : 125-133. Les résultats de cette étude montrent que quatre mesures permettent de séparer mâles et femelles dans 99% des cas : la longueur de l’aile, la longueur de la tête, la longueur du bec de la pointe à la base des plumes de la mandibule supérieure et la hauteur du bec à la base des plumes de la mandibule supérieure. Parmi ces quatre mesures, la longueur de l’aile et la hauteur du bec ont le plus fort pouvoir discriminant. Malheureusement, pour le bagueur, ces résultats ne sont pas directement opérationnels. Une série de mesures faites sur un échantillon de bécassines sourdes prélevées en France devrait nous conduire prochainement à proposer des fourchettes à l’intérieur desquelles la détermination rapide du sexe est quasi-assurée. ……Une monographie

Olivier G.N. 2007. La Bécassine sourde. Lymnocryptes minimus. Ed. OMPO/CICB, Paris, France. 208 p. Première monographie disponible sur la Bécassine sourde, cet ouvrage fait le point des connaissances sur une espèce parmi les plus difficiles à étudier. Un livre à mettre en bonne place dans sa bibliothèque « bécassinière ».

Disponible en librairie.

Réseau Bécassines ONCFS/FNC/FDC – Lettre d’information n° 4 Octobre 2007

RAPPELS….RAPPELS….RAPPELS……………………………………… ……… Informatique A la fin de l’année dernière, vous avez reçu un fichier Excel pour la saisie de vos données. Ce fichier contient un masque qui doit vous faciliter ce travail. Quelques rappels nous paraissent indispensables. Tout d’abord, vous devez conserver les colonnes telles qu’elles vous sont proposées. Dans le détail :

- en colonne « bague », ne pas mettre d’espace entre la lettre et les chiffres, - en colonne « date», rentrez vos données sous la forme 00/00/0000, - en colonne « heure », rentrez vos données sous la forme 00:00. - pour « l’espèce », indiquez GALAGO, LYMMIN ou GALMED, sans espaces entre les lettres - pour les « sexes », indiquez F, M, F ?, M ? ou ?, - pour les « âges », reportez vous au tableau suivant (complété par rapport à l’an passé) :

Date de capture Juvénile adulte Indéterminé

1° juillet/31 décembre 1A +1A VOL*

1° janvier /31 mars 2A +2A VOL

31 mars/1° juillet +1A +1A VOL

* VOL= Volant

- en colonne « département », indiquez seulement le numéro du département et non le code postal de la commune,

- la commune doit figurer en toutes lettres sous la forme suivante (cas extrême) : CHAPELLE-SAINT-ANDRE-(LA), pour La Chapelle-St André.

- indiquez un seul code bagueur, même si vous baguez à plusieurs. (Pour les « gros » bagueurs, c’est facile, il suffit de les partager ! Pour les « petits » bagueurs, une seule solution…,en poser plus ! )

- notez l’adiposité de 1 à 4. - les mensurations doivent être faites au maximum au dixième de millimètre.

Qualité des données

L’objectif des 1000 bécassines baguées dépassé dès la première année du Réseau est bien sûr un excellent résultat. La « quantité » y est et nous permettra sans doute d’avoir des résultats fiables plus rapidement que prévu. Mais n’oublions pas la « qualité » : sexe et âge déterminés de façon certaine, mesures (bec, ailes, poids) réalisées avec soin, et surtout manipulation des oiseaux tout en douceur pour que leur survie ne soit pas compromise.

Pages suivantes : l’intégralité du rapport technique CICB/ONCFS/FNC sur l’analyse des plumages de bécassines des marais et de bécassines sourdes récoltés au cours de la saison 2006/2007………

Une bécassine bien tenue !