Reprendre une entreprise familiale : cadeau ou fardeau · 2016-03-08 · Nouvelles Publications n°...

1
Nouvelles Publications n° 9885 vendredi 4 mars 2016 18 Florence Valentin, présidente de la commis- sion Cefim « Cafés de la reprise », a organisé, fin février, la 19e édition des Cafés de la reprise, sur le thème de la reprise des entreprises familiales. C omme à chacun de ses rendez-vous, les Cafés de la reprise a fait salle comble au Palais de la Bourse de Marseille. Le thème de cette manifestation, qui s’est tenue fin février, avait, il faut le dire, le mérite d’être à la fois stratégique et d’actualité. La reprise des entre- prises familiales, le thème de la réu- nion, est aujourd’hui plus que jamais au cœur du sujet de notre économie. « Le nombre d’entre- prises familiales destinées à être reprises est de plus en plus impor- tant », annonce d’emblée Florence Valentin, présidente de la commis- sion Cefim « Cafés de la reprise ». Plusieurs facteurs expliquent cela. A commencer par le fait que la génération papy-boom est en train de partir à la retraite. D’autres expli- cations sont également à soulever. « La jeune génération est moins attachée aux valeurs patrimoniales de ces entreprises. Elle est également moins prête à des sacrifices. » A noter aussi que les nouveaux modèles familiaux (par exemple famille recomposée) ne facilitent pas une telle reprise. Conséquence inéluctable : « La transmission des entreprises familiales passe de plus en plus par la recherche d’action- naires externes à la famille. » Quelques conseils s’imposent alors aux dirigeants de ces entreprises : « La transmission doit être pensée très en amont. Il faut se méfier des aspects culturels très forts avec ce type de structure. Penser à la sau- vegarde des emplois dans la région. Il y a ici des entrepreneurs attirés par les entreprises familiales », pré- cise Florence Valentin. Place aux points positifs et négatifs de ces entreprises. Bon père de famille Une entreprise familiale est géné- ralement gérée en bon père de famille avec des niveaux de tréso- rerie assez confortable. Elle affiche une forte résilience. Pendant la crise, les entreprises familiales ont effectivement mieux résisté que d’autres. Enfin, elles sont assez matures et bénéficient d’un envi- ronnement humain souvent idéal. La confiance et le respect du mana- gement sont palpables aussi bien du côté des salariés que des clients et fournisseurs. Mais quelques zones d’ombre exis- tent également. C’est ainsi que le virage stratégique est parfois oublié par les entrepreneurs familiaux qui affichent une certaine résistance au changement. Attention aussi au volet psychologique : modèle pater- naliste, conflits familiaux latents, valorisation de l’entreprise (atten- tion à l’affect). Pour bien faire les choses, Florence Valentin recommande ainsi « de préparer la cession 5 à 10 ans avant qu’elle n’intervienne contre 2-3 ans pour les entreprises traditionnelles. Un accompagnement du dirigeant est également nécessaire avant, pendant et après la cession. Il est aussi important d’impliquer le mid- dle management dans cette déci- sion. » En cas de reprise, force est de constater que la problématique n’est pas la même si l’enfant est le repreneur ou s’il s’agit d’une per- sonne externe. « Pour l’enfant, l’en- jeu est d’être dans la continuité tout en permettant un changement », résume Florence Valentin. Le repre- neur externe devra s’adapter très vite à l’ecosystème particulier de l’entreprise dans laquelle beaucoup de choses se font par la confiance, à l’oral. Attention aussi aux salariés et autres acteurs qui ne manque- ront pas de mettre à l’épreuve le nouveau dirigeant. « Dans tous les cas, il convient de prendre le pou- voir et de pratiquer une due dili- gence financière très poussée. » L’organigramme de la société sera ainsi analysé avec la plus grande attention pour bien comprendre l’influence de chacun, les conflits existants etc. Attention aussi à l’im- mobilier et aux salaires. « Généra- lement, il y a autant de finance que de psychologie dans ce type de mis- sion. » Il suffit d’écouter les différents témoignages des invités présents lors de cette commission Cefim pour comprendre comme il est pas- sionnant mais douloureux de reprendre une entreprise familiale. Caroline Dupuy Reprendre une entreprise familiale : cadeau ou fardeau ? LES P Siège social et contacts : Palais de la Bourse 13001 Marseille - Téléphone : M. Rémy Vialettes 04 91 39 33 71 Rubrique réalisée avec la participation de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille-Provence 4 « La transmission des entreprises familiales passe de plus en plus par la recherche d’actionnaires externes à la famille », souligne Florence Valentin, présidente de la commission Cefim « Cafés de la reprise ». La problématique n’est pas la même si l’enfant est le repreneur ou s’il s’agit d’une personne externe. Debout : Florence Tillie, Florence Valentin, Frédéric Moschetti. Assis : Laurence Freche, Thibaut Lasserre, Geneviève Melkonian. Georges Majolet © NP-REDAC-04-03-16.qxp_NP_Maquette REDAC_2011 03/03/2016 12:26 Page18

Transcript of Reprendre une entreprise familiale : cadeau ou fardeau · 2016-03-08 · Nouvelles Publications n°...

Nouvelles Publications n° 9885 vendredi 4 mars 201618

Florence Valentin, présidente de la commis-

sion Cefim « Cafés de lareprise », a organisé, fin

février, la 19e édition desCafés de la reprise, sur le

thème de la reprise desentreprises familiales.

Comme à chacun de sesrendez-vous, les Cafés dela reprise a fait sallecomble au Palais de la

Bourse de Marseille. Le thème decette manifestation, qui s’est tenuefin février, avait, il faut le dire, lemérite d’être à la fois stratégiqueet d’actualité. La reprise des entre-prises familiales, le thème de la réu-nion, est aujourd’hui plus quejamais au cœur du sujet de notreéconomie. « Le nombre d’entre-prises familiales destinées à êtrereprises est de plus en plus impor-tant », annonce d’emblée FlorenceValentin, présidente de la commis-sion Cefim « Cafés de la reprise ». Plusieurs facteurs expliquent cela.A commencer par le fait que lagénération papy-boom est en trainde partir à la retraite. D’autres expli-cations sont également à soulever.« La jeune génération est moinsattachée aux valeurs patrimonialesde ces entreprises. Elle est égalementmoins prête à des sacrifices. »A noter aussi que les nouveauxmodèles familiaux (par exemplefamille recomposée) ne facilitentpas une telle reprise. Conséquenceinéluctable : « La transmission desentreprises familiales passe de plusen plus par la recherche d’action-naires externes à la famille. » Quelques conseils s’imposent alorsaux dirigeants de ces entreprises :« La transmission doit être penséetrès en amont. Il faut se méfier desaspects culturels très forts avec cetype de structure. Penser à la sau-

vegarde des emplois dans la région.Il y a ici des entrepreneurs attiréspar les entreprises familiales », pré-cise Florence Valentin. Place auxpoints positifs et négatifs de cesentreprises.

Bon père de familleUne entreprise familiale est géné-ralement gérée en bon père defamille avec des niveaux de tréso-rerie assez confortable. Elle afficheune forte résilience. Pendant lacrise, les entreprises familiales onteffectivement mieux résisté qued’autres. Enfin, elles sont assezmatures et bénéficient d’un envi-ronnement humain souvent idéal.La confiance et le respect du mana-gement sont palpables aussi biendu côté des salariés que des clientset fournisseurs.Mais quelques zones d’ombre exis-tent également. C’est ainsi que levirage stratégique est parfois oubliépar les entrepreneurs familiaux quiaffichent une certaine résistanceau changement. Attention aussi au

volet psychologique : modèle pater-naliste, conflits familiaux latents,valorisation de l’entreprise (atten-tion à l’affect). Pour bien faire les choses, FlorenceValentin recommande ainsi « depréparer la cession 5 à 10 ans avantqu’elle n’intervienne contre 2-3 anspour les entreprises traditionnelles.Un accompagnement du dirigeantest également nécessaire avant,pendant et après la cession. Il estaussi important d’impliquer le mid-dle management dans cette déci-sion. »En cas de reprise, force est deconstater que la problématiquen’est pas la même si l’enfant est lerepreneur ou s’il s’agit d’une per-sonne externe. « Pour l’enfant, l’en-jeu est d’être dans la continuité touten permettant un changement »,résume Florence Valentin. Le repre-neur externe devra s’adapter trèsvite à l’ecosystème particulier del’entreprise dans laquelle beaucoupde choses se font par la confiance,à l’oral. Attention aussi aux salariés

et autres acteurs qui ne manque-ront pas de mettre à l’épreuve lenouveau dirigeant. « Dans tous lescas, il convient de prendre le pou-voir et de pratiquer une due dili-gence financière très poussée. »L’organigramme de la société seraainsi analysé avec la plus grandeattention pour bien comprendrel’influence de chacun, les conflitsexistants etc. Attention aussi à l’im-mobilier et aux salaires. « Généra-lement, il y a autant de finance quede psychologie dans ce type de mis-sion. »Il suffit d’écouter les différentstémoignages des invités présentslors de cette commission Cefimpour comprendre comme il est pas-sionnant mais douloureux dereprendre une entreprise familiale.

Caroline Dupuy

Reprendre une entreprise familiale :cadeau ou fardeau ?

LES

P

Siège social et contacts : Palais de la Bourse 13001 Marseille - Téléphone : M. Rémy Vialettes 04 91 39 33 71

Rubrique réalisée avec la participationde la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille-Provence

4

« La transmission des entreprises familiales passe de plus en plus par la recherche d’actionnaires externes

à la famille », souligne Florence Valentin, présidente de la commission Cefim « Cafés de la reprise ».

La problématique n’estpas la même si l’enfantest le repreneur ou s’ils’agit d’une personne

externe.

Debout : Florence Tillie, Florence Valentin,

Frédéric Moschetti. Assis : Laurence Freche,

Thibaut Lasserre, Geneviève Melkonian.

Geo

rges

Maj

olet

©

NP-REDAC-04-03-16.qxp_NP_Maquette REDAC_2011 03/03/2016 12:26 Page18