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Rencontres le long du chemin de croix de Jésus: la passion selon l’Evangile de Luc Module créé pour des enfants de 6 à 10 ans Auteur: Rosemarie Chopard, Service cantonal enfance, 079 658 91 22 Le serviteur du grand-prêtre: Jésus a guéri mon oreille Notes bibliques sur Luc 22: (39-46) 47-53 v.39 Jésus sort de la ville de Jérusalem et se rend au Mont des Oliviers: plus qu’une description c’est aussi une attitude intérieure qu’on peut lire entre les lignes: s’abandonner à Dieu pour la direction de sa destinée. Pas d’insistance chez Luc sur le jardin de Gethsémané mais sur le Mont des Oliviers. On ne peut s’empêcher de penser aux olives qui une fois mûres doivent être pressées pour donner leur précieuse substance. Dans les versets 40 à 46, on trouve cinq fois le terme prière ou prier, ainsi que deux mises en garde contre la tentation d’abandonner. Le combat pour la victoire de la vie sur les forces de mort demande une prière persévérante sinon tenace. v.44 Luc décrit l’angoisse et le désarroi de Jésus soulignant ainsi combien il partage la fragilité de notre condition humaine. Mais à travers tout, il prie et reçoit la force de rester frère jusqu’au bout : il n’abandonnera ni Judas, ni Pierre…personne. v.50 Jésus interdit la violence. Jésus reste celui qui restaure l’homme. v.52 Il connaît la dureté de nos histoires broyées, il est mis au rang des hors-la-loi. Arrêté comme un homme de violence. v.53 Jusqu’ici ils n’avaient pas de pouvoir sur sa personne ; à pré sent leur heure est arrivée. Dieu se laisse saisir par le «pouvoir des ténèbres». Celui-ci ne pourra conduire qu’à tuer le corps. Jésus s’enfonce dans la ténèbre, et déjà il va ramener Pierre, le renégat (voir la suite du récit). Narration en cercle animée au moyen d’objets symboliques du point de vue du serviteur du grand-prêtre Matériel Tissu noir, bâtonnets pour styliser maison, bougie, pierres, cymbales, bâtons, épées, couteaux, lampes de poche, lanterne, bûche avec yeux et oreilles bien visibles, porte monnaie. Poser devant les enfants une lampe de poche, une lanterne ou une cymbale. Leur dire d’utiliser ce qui se trouve devant eux quand vous leur ferez signe au cours de l’histoire.

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Rencontres le long du chemin de croix de Jésus: la

passion selon l’Evangile de Luc

Module créé pour des enfants de 6 à 10 ans

Auteur: Rosemarie Chopard, Service cantonal enfance, 079 658 91 22

Le serviteur du grand-prêtre: Jésus a guéri mon oreille

Notes bibliques sur Luc 22: (39-46) 47-53 v.39 Jésus sort de la ville de Jérusalem et se rend au Mont des Oliviers: plus qu’une description c’est

aussi une attitude intérieure qu’on peut lire entre les lignes: s’abandonner à Dieu pour la direction

de sa destinée.

Pas d’insistance chez Luc sur le jardin de Gethsémané mais sur le Mont des Oliviers. On ne peut

s’empêcher de penser aux olives qui une fois mûres doivent être pressées pour donner leur

précieuse substance.

Dans les versets 40 à 46, on trouve cinq fois le terme prière ou prier, ainsi que deux mises en

garde contre la tentation d’abandonner.

Le combat pour la victoire de la vie sur les forces de mort demande une prière persévérante sinon

tenace.

v.44 Luc décrit l’angoisse et le désarroi de Jésus soulignant ainsi combien il partage la fragilité de

notre condition humaine. Mais à travers tout, il prie et reçoit la force de rester frère jusqu’au bout :

il n’abandonnera ni Judas, ni Pierre…personne.

v.50 Jésus interdit la violence. Jésus reste celui qui restaure l’homme.

v.52 Il connaît la dureté de nos histoires broyées, il est mis au rang des hors-la-loi. Arrêté comme un

homme de violence.

v.53 Jusqu’ici ils n’avaient pas de pouvoir sur sa personne ; à pré

sent leur heure est arrivée. Dieu se laisse saisir par le «pouvoir des ténèbres». Celui-ci ne pourra

conduire qu’à tuer le corps. Jésus s’enfonce dans la ténèbre, et déjà il va ramener Pierre, le

renégat (voir la suite du récit).

Narration en cercle animée au moyen d’objets symboliques du point de vue du serviteur du grand-prêtre Matériel

Tissu noir, bâtonnets pour styliser maison, bougie, pierres, cymbales, bâtons, épées, couteaux,

lampes de poche, lanterne, bûche avec yeux et oreilles bien visibles, porte monnaie.

Poser devant les enfants une lampe de poche, une lanterne ou une cymbale. Leur dire d’utiliser ce qui

se trouve devant eux quand vous leur ferez signe au cours de l’histoire.

Narration

Je suis l’aide du grand-prêtre de Jérusalem. Poser la bûche sur le

tissu noir au centre.

D’habitude il y a toujours beaucoup à faire à la veille de la grande fête de la

Pâque car beaucoup de pèlerins veulent venir fêter au grand Temple de

Jérusalem. Cette année, mon chef, le grand-prêtre est tendu car on parle

partout d’un certain Jésus. Cet homme est devenu une vraie star: on dit qu’il

est extraordinaire, qu’il fait des miracles, qu’il parle de Dieu comme s’il le

connaissait personnellement et qu’il n’hésite pas à dénoncer les injustices et à

critiquer les autorités religieuses quand il estime qu’elles ne font pas bien leur

travail.

Depuis quelques jours il y a réunions sur réunions à la Maison du grand-prêtre

(Caïphe): les chefs du peuple cherchent comment arrêter l’influence de ce

Jésus.

Cet après-midi j’ai vu un des disciples de Jésus entrer chez le grand-prêtre.

J’ai cru comprendre qu’il s’appelait Judas. Il était plutôt nerveux. Quand il est

ressorti il tenait plein d’argent dans ses mains et avait l’air satisfait.

Poser bâtonnets en

forme de maison.

Quand il m’a vu, il a vite mis l’argent dans son porte-monnaie et il est parti en

coup de vent.

Poser porte monnaie

sur la nappe.

Un peu plus tard, le grand-prêtre m’a fait appeler. Il y avait là déjà un grand

groupe de soldats, de prêtres et de chefs du peuple. Il nous a dit qu’on était en

mission secrète pour arrêter un homme dangereux et nous a donné rendez-

vous à la nuit tombée devant le jardin public de Gethsemané. Il a précisé qu’on

devait tous venir armés.

Quand je suis arrivé au jardin public, tous étaient là silencieux, armés à

attendre.

C’est alors que j’ai vu Judas arriver. Il nous a fait signe de le suivre et il est

parti devant. On a allumé nos lampes, car il faisait nuit noire et on l’a tous suivi

Enfants: lampes de

poche, lanternes

en silence. s’allument.

A l’intérieur du jardin, j’ai d’abord cru qu’il n’y avait personne, puis j’ai entendu

une voix «Père si tu veux, empêche-moi de souffrir, mais ne fais pas ce que je

veux. Je veux faire ce qui est juste!».

Et puis, là dans la lumières de nos lampes, Enfants: lampes de

poche, lanternes.

j’ai reconnu Jésus: il était en train de prier. Poser bougie allumée.

Judas s’est approché de lui et lui a fait la bise. Alors j’ai entendu un ordre: «on

attaque, saisissez-le!»

C’est alors que j’ai vu qu’il y avait encore les disciples de Jésus qui étaient

aussi là. Ils se sont redressés tout endormis.

Et alors c’est devenu une vraie pagaille: Enfants: coups de

cymbale.

les disciples de Jésus essaient de le défendre et ceux de notre groupe qui se

mettent à frapper: coups de bâtons, coups d’épée, jets de pierres, couteaux…

Poser ces différentes

armes en cercle autour

de la bougie pendant

que les enfants

frappent des coups de

cymbale.

Et tout à coup, je me trouve face à un des disciples une épée levée à la main.

Il frappe.

Coup de cymbale.

J’essaie d’esquiver le coup, mais n’y arrive pas tout à fait et je suis blessé à

l’oreille droite.

Poser ruban rouge

vers la bûche aux

oreilles.

C’est alors qu’on entend la voix de Jésus retentir fermement: «ça suffit!

Laissez faire!»

Toutes les armes se baissent. Poser cymbales.

Jésus s’approche de moi et me touche l’oreille. La douleur disparaît et je suis

guéri.

A nouveau j’entends la voix de Jésus:

«Vous êtes venus avec des épées et des bâtons comme pour prendre un

bandit! pourtant, j’étais au milieu de vous, dans le Temple, en ville. Vous aviez

tant d’occasions pour m’arrêter mais vous ne l’avez pas fait. Vous avez choisi

votre moment, la nuit».

Et Jésus est fait prisonnier et emmené chez le grand-prêtre (Caïphe).

Placer des menottes

autour de la bougie.

Pierre: Jésus m’a regardé

Notes bibliques sur Luc 22: 54-62 (63-71) v.54 La troupe qui vient arrêter Jésus agit sur les ordres des autorités du Temple ; ils sont de la police

du Temple.

On arrête Jésus comme un homme de violence. Il est emmené à « la maison du grand-prêtre »

sans doute le palais de Hanne, l’ancien grand-prêtre dont l’influence s’exerce à travers son

gendre Caïphe, actuellement en fonction (cf. Jn 18:12).

v.55 Luc concentre l’attention sur Pierre, assis au milieu des soldats et des gens de service, dans la

cour du palais.

v.59 Pierre se trouve progressivement démasqué. Il y a un crescendo dans les soupçons à son égard

qui culmine avec l’accusation qu’il est galiléen.

Pierre prétend ne pas connaître Jésus. Il nie faire partie du groupe des disciples (v.58) refusant

finalement de poursuivre le débat.

v.60 A ce moment le coq chante: le reniement annoncé par Jésus à Pierre pour «aujourd’hui» (v.34)

vient d’avoir lieu. Mais le lever du jour marque aussi l’aujourd’hui du salut.

v.61 Enveloppé par la puissance de la ténèbre, Jésus n’en continue pas moins à aimer Judas, à guérir

un blessé (l’assistant du grand-prêtre), à secourir Pierre. Le regard de Jésus l’encouragera à

sortir du cercle infernal de la trahison et du reniement.

Narration en cercle animée au moyen d’objets symboliques du point de vue de Pierre. Matériel

Nappe couleur grise (cour) sur nappe noire (nuit), bûches (feu), bougie entourée d’une chaîne et/ou

de menottes, un gros caillou drapé d’une cape, une bûche drapée d’un voile, bûches-personnages

impersonnels, un coq en pâte à sel (ou le son du coq), paquet de mouchoirs en papier.

Au centre: nappe noire, superposée de la nappe grise en son centre.

Poser caillou drapé d’une cape sur la partie noire de la nappe.

Narration

Chut! (parler à voix basse) il ne faut surtout pas que je me fasses remarquer!

On n’y voit pas grand-chose. Mais heureusement les pas des grosses bottes des soldats

et le cliquetis des armes que j’entends quelque part là devant dans la nuit me permettent

de ne pas perdre la trace de Jésus!

Je pense que vous n’arrivez pas à me reconnaître car il fait si sombre?

Je suis Pierre, vous savez le disciple et ami de Jésus. Parmi les douze disciples de Jésus

je suis connu comme le plus courageux, le plus audacieux et le plus têtu. D’ailleurs même

Jésus l’a reconnu car c’est lui qui m’a surnommé: Pierre.

Je suis un solide, quelqu’un sur qui on peut compter. D’ailleurs la preuve: je suis là. J’ai

juré à Jésus que j’étais prêt à aller jusqu’au bout pour le défendre, à aller en prison ou

même à la mort. Car Jésus est extraordinaire. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme

lui. Le monde ne sera plus le même si son influence grandit et que les gens se mettent à

vivre comme il l’enseigne. Bon, en tout cas moi, je le soutiens et il faut à tout prix le sortir

de ce mauvais pas…

Ah, quelle nuit! Un vrai cauchemar!

Je n’arrive pas à y croire: j’étais endormi dans le jardin de Gethsémané, où on a déjà

souvent été passer la nuit avec Jésus, quand on ne trouvait nulle part où loger. Jésus

avait l’air tendu: il nous a demandé de prier avec lui. Mais j’étais si fatigué que pour finir je

me suis endormi, comme les autres.

Et voilà que tout à coup des soldats et des gardes du Temple ont surgi pour se saisir de

Jésus. J’ai bien essayé de m’interposer, et avec les autres du groupe des disciples, on

s’est battus, mais Jésus nous a dit d’arrêter et il s’est constitué prisonnier volontaire. C’est

bien lui ça, mais il va falloir l’aider à s’en sortir maintenant…

Bon, voyons, je vois que Jésus a été emmené dans la maison là-bas…, je la reconnais,

c’est la maison du grand-prêtre. Allons voir…

Poser

bûches

(feu) au

centre de la

nappe

grise.

Installer

autour un

cercle de

bûches

debout

autour du

feu.

Je vais rester là dans la cour de la maison du grand-prêtre et m’asseoir avec les autres

autour du feu. Je ne vais pas me faire remarquer, juste écouter pour essayer de savoir ce

qui se passe avec Jésus… je trouverai bien un moyen , une occasion pour le sortir de

là…

Placer

Pierre dans

le cercle

autour du

feu, un peu

en retrait.

D’après ce qui se dit ici, Jésus est interrogé par le grand-prêtre. D’après ce qui se dit, les

chefs religieux sont décidés à se débarasser de Jésus cette nuit. Ils ont peur de la foule,

qui va être contre. Evidemment: il n’a rie

n fait de mal, au contraire, il guérit, il console, il redresse les injustices…

Faire entrer

en scène la

bûche

voilée.

Qu’est-ce qu’elle a à me regarder sans arrêt celle-là? J’espère qu’elle ne m’a pas déjà

vue avec Jésus… je vais me faire discret…

Reculer un

peu Pierre

en arrière.

Tout à coup la femme pointe son doigt sur moi et s’écrie:

- «Hé, il me semble que celui-ci était avec ce Jésus!»

Zut alors, voilà que tout le monde me regarde à présent…! ai-je pensé.

- «Toi, de qui tu parles? qu’est-ce que tu racontes?» ai-je dit.

- «Mais oui, il me semble bien que tu es des leurs…» dit une personne du cercle

- «Tu te trompes, je n’en suis pas!» ai-je dit.

Un autre reprend:

- «Sûr que tu es l’un d’eux; en plus avec ton accent, tu viens de Galilée et les amis de

Jésus étaient de Galilée» dit un autre.

Toutes les conversations cessent et tout le cercle me fixe maintenant!

Ça se gâche, que je me suis dit, il ne faut pas qu’ils me reconnaissent sinon je vais être

pris aussi et je ne pourrai plus aider Jésus…

- «Je ne sais pas ce que tu vous avez tous… vous avez tout faux!» ai-je répondu.

A ce moment là, un coq s’est mis à chanter, Poser coq

ou faire

retentir le

son du coq.

la porte de la maison du grand-prêtre s’est ouverte et Jésus est sorti dans la cour. Poser

bougie avec

chaînes et

menottes

autour.

Il m’a regardé droit dans les yeux.

Là. Tout à coup, je me suis rappelé qu’il y a quelques jours, Jésus nous avait avertis du

danger et qu’on allait vivre des temps difficiles. J’avais alors dit haut et fort, que moi j’étais

fort et que rien ne me faisait peur. Jésus m’avait alors regardé et prévenu que même moi

je pourrais être tenté de renier, mais qu’il allait prier pour moi pour que j’arrive à me

relever et à poursuivre son œuvre.

Là, à ce moment précis, cette conversation m’est revenue comme un flash et je me suis

senti mal, honteux, misérable… je venais de trois fois mentir et faire comme si je ne

connaissais pas Jésus…

Et moi, qui voulais tant le sauver, je croyais être fort, courageux et voilà que je me suis

comporté comme un lâché, un pauvre trouillard. Je suis vraiment nul! En plus voilà que

Jésus est condamné par les chefs religieux et emmené chez le gouverneur romain, Pilate.

Il n’y a rien que j’aie pu faire pour lui…

Je suis si triste, triste à mourir…

Je rentre chez moi, et pleures amèrement des jours entiers… poser paquet de mouchoirs.

Je revois encore le regard de Jésus… ce regard me fait réfléchir… c’est curieux, son

regard ne m’a fait aucun reproche, son regard &

eacute;tait doux, compréhensif, encourageant… comme s’il essayait de me dire quelque

chose… qu’est-ce que vous croyez qu’il a voulu me dire?

Pilate: Jésus était innocent mais je n’ai pas eu le courage de le sauver

Notes bibliques sur Luc 23: 1-5 (6-12) 13-25 v.1 Avec la comparution devant Pilate, c’est à la face du monde, devant un tribunal romain,

représentant la puissance de César, que Jésus doit se manifester.

L’instance qui le juge, compétente en matière civile et politique, s’avérera dépassée par ce qui

est en cause : il n’y aura pas de verdict. Au-delà des accusations dont on le charge, il y a le

mystère de sa personne et de son Royaume, qui échappe à toute prise.

v.2 Les sanhédrites (autorités religieuses juives) ont retenu trois chefs d’accusation, qu’ils

présentent au gouverneur romain :

- c’est un révolté, ne reconnaissant que sa propre autorité et donc fauteur de troubles;

- il se dit Messie-Roi, accusation plutôt ambiguë pour le Romain qui l’entend. Pour des oreilles

juives, le titre de Messie fait référence à la lignée de David, porteuse d’une promesse de

restauration d’un royaume divin. Mais pour Pilate, le passage opéré par les sanhédrites de

«Messie» à «Roi» signale une prétention politique inquiétante.

Le récit de Luc du jugement de Jésus comprend trois unités :

a) l’accusation par les sanhédrites et le premier interrogatoire de Pilate (1-5)

b) la comparution devant Hérode (6-12)

c) la discussion de Pilate avec les chefs et la multitude aboutissant dans l’abandon de Jésus à

leur volonté (13-25).

Au niveau des faits, l’évangéliste met en relief le déroulement des discussions, montrant

comment chacune des instances se décharge sur d’autres de la responsabilité de la

condamnation de Jésus.

v. 3 La réponse indirecte de Jésus à Pilate lui laisse , à lui comme à chacun de nous, le soin de se

faire un jugement sur ce qu’il est.

v.6 Jésus sujet galiléen sera envoyé devant Hérode Antipas, demi-roi juif, qui gouverne la Galilée et

la région de Pérée de 4 av. J-C à 39 ap.J-C. Il a une triste réputation ayant fait décapiter Jean le

prophète. Il d&eac

ute;sirait voir Jésus depuis un bout de temps déjà (Luc 9:9) et nourrissait contre lui des

intentions meurtrières (Luc 13:31).

v.12 Hérode, voit clair dans la «politesse» qui lui est faite par Pilate. Ce dernier ne veut pas endosser

la responsabilité de cet homme. Lui non plus ne veut pas garder à nouveau un prophète en

forteresse (Jean Baptiste lui ayant valu la désapprobation générale). Il renvoie donc au palais

des Hasmonéens (prétoire) l’encombrant prisonnier signifiant par là qu’il s’en remet au jugement

de César. Grâce à ce condamné, les deux adversaires politiques, à savoir la nation juive et

l’empire romain, se réconcilient!

v.13 Pilate embarrassé tente un autre échappatoire : essayer de faire jouer le peuple dont il a

entendu dire qu’il était favorable à Jésus, contre les sanhédrites. Il reprend donc l’affaire par le

premier chef d’accusation: Jésus détournerait le peuple. Son enquête dit-il, comme celle

d’Hérode font conclure à l’innocence du prévenu (v.14-15).

Soucieux de mettre le «peuple» de son côté, Pilate propose une amnistie en faveur de Jésus,

espérant ainsi l’arracher des mains de ses accusateurs.

v.18 C’est là que Pilate commet une erreur technique qui sera exploitée par ses adversaires.

Amnistier Jésus, c’est le supposer condamné! Pilate sera pris de court car il s’aperçoit que le

peuple a changé de camp. Ils ne sont plus qu’une multitude qui met Jésus en balance avec un

autre détenu, un meurtrier et un séditieux: Barabbas.

v.19 Si Barabbas est amnistié, Jésus demeure condamné et il ne reste plus à Pilate qu’à le faire

exécuter. Son astuce politique échoue et se retourne contre Jésus.

v.20-

22

Pilate essaie par trois fois de traiter avec la multitude, de les raisonner. Sans succès. Il cède

alors face à leur déchaînement. Il est débordé; les choses dégénèrent.

v.24 Finalement, il ne prononcera pas de sentence précise. «Il leur accorde ce qu’il demandent…» dit

le texte. Les rouages des forces de pression ont fonctionné: la violence l’emporte et l’innocent

est mis à mort.

v.25 A travers son récit de l’événement, Luc fait passer un message plus large:

chacun est mis en question par la mort de Jésus. Cette condamnation dévoile des

fonctionnements pervers, l’inhumanité, les rejets répétés de nos histoires humaines. Chacun de

nous, par les actes qu’il pose ou ne pose pas, jour après jour, condamne ou laisse condamner.

Narration en cercle animée au moyen d’objets symboliques du point de vue de Pilate. Matériel

Nappe beige ou damée comme un échiquier, siège pour enfants r

ecouvert d’un tissu rouge (coiffe de juge ou de soldat romain posé dessus), grands clous,morceau de

sagex, bougie, menottes, chaîne, bûche pointue (Barabbas), montre en carton avec aiguilles qu’on

peut faire tourner, lettre dans enveloppe.

Au centre: nappe avec siège du gouverneur. Montre indique première heure du matin.

Narration

Qu’est-ce qui se passe aujourd’hui? La grande fête de la Pâques commence

dans quelques heures et voilà que les chefs religieux juifs me convoquent, moi,

Pilate, le gouverneur romain de la région, parce qu’ils ont un problème avec un

certain juif prénommé Jésus, dont je n’ai jamais entendu dire de mal…

Poser la coiffe du

gouverneur sur le

siège.

Bon, écoutons ce qu’ils ont à dire…

«Faites rentrer les accusateurs et qu’il parlent» ai-je commandé.

Poser en arc de

cercle devant le siège

du gouverneur, des

clous sur rectangle de

sagex.

- «Cet homme met le trouble dans notre peuple: tout le monde est sens dessus

dessous avec son message»

- «Il met en doute nos traditions»

- «Il empêche de payer ses impôts à l’empereur romain César»

- «Il se dit l’envoyé de Dieu, le Messie»

- «Il se dit roi»

En posant les clous

donner les arguments

des accusateurs:

«J’en ai assez entendu» ai-je fini par dire. «Je vais interroger l’accusé moi-

même. Faites entrer l’accusé»

Poser la bougie

entourée de chaînes

et de menottes,

allumée, devant

Pilate.

Là, je suis sûr qu’il y a erreur… que je me dis, regardez cet homme, son

rayonnement, sa chaleur humaine, sa fragilité mais aussi son calme et son

assurance.

- «Es-tu le roi des Juifs?» que je lui demande

- «C’est toi qui le dis» me répond-il

Il ne se défend pas; il ne s’énerve pas; il ne se débat pas; en fait il ne dit rien: il

est juste là debout au milieu des cris et de l’agitation de ses accusateurs.

Je lui pose plein de questions pour en savoir plus sur lui; il n’essaie même pas

de se justifier, de prouver son innocence. Il se tait.

C’est assez évident que ces accusateurs disent n’importe quoi pour le faire

condamner; ce qu’ils disent n’a aucun fondement. Je crois que tout simplement

cet homme les dérange, les remet en question et que les chefs religieux ont

peur de perdre leur autorité sur les gens. Lui est vrai, juste, connaît parfaite

ment la loi de Dieu –au fait comme s’il était le fils de Dieu. Il fait passer

l’humain, l’amour avant les règlements… tout le contraire de certains…

- «Désolé, je ne trouve rien chez cet homme qui mérite condamnation» ai-je

alors dit.

Ils se sont alors énervés, ont crié:

- «Partout où il va, cet homme enseigne sur Dieu, depuis la Galilée où il a

commencé jusqu’ici dans la capitale de Jérusalem. Il soulève le peuple. Les

gens ne savent plus où ils en sont!»

Moi, pour finir je n’ai aucune envie de faire condamner un innocent. Je suis

enchanté de découvrir qu’il est de la région du nord du pays, de la Galilée.

C’est Hérode qui dirige cette partie du pays. Bon, c’est un homme que je

n’apprécie pas vraiment, mais ouf, j’ai trouvé comment me débarrasser de ce

cas embêtant!

- «Désolé, ce cas concerne Hérode, je ne peux rien faire pour vous» ai-je dit à

ses accusateurs.

Rassembler

rageusement les

clous. Marquer sur la

montre la fin de la

matinée.

Ouf, bon débarras! Ils sont repartis. Ils étaient furieux, mais j’ai la conscience

tranquille au moins!

Faire tourner l’heure

sur le milieu de

l’après-midi.

Poser une enveloppe

devant Pilate. Pilate

sort une lettre:

Mince alors, ils vont revenir! Hérode me propose de devenir son ami et me

renvoie de condamner Jésus pour que j’aie l’honneur de le juger!

Remettre tous les

clous face au siège de

Pilate en disant avec

force:

- «On veut que tu condamnes cet homme. Il doit mourir!»

- «Ecoutez! vous m’avez amené cet homme en l’accusant de détourner le

peuple du droit chemin. Je l’ai interrogé devant vous ce matin et je n’ai rien

trouvé en cet homme qui mérite condamnation. Il n’a rien fait de mal! On ne

peut pas le condamner, encore moins à la peine capitale, la mort. Je vous

propose de le faire battre à coups de fouet pour l’exemple, puis de le relâcher»,

ai-je dit.

Ils ont alors commencé à hurler, à menacer de tout casser, à me dénoncer à

l’empereur comme un gouverneur incompétent et voilà que tout à coup ils me

suggèrent de relâcher un autre prisonnier, un condamné à mort, en échange de

Jésus.

J’ai fait amener Barabbas:

il a été emprisonné car il a provoqué une manif dans la ville et qu’il a tué des

gens. J’étais sûr que là, les accusateurs de Jésus allaient refuser un tel

échange. Un innocent contre un meurtrier: pas de comparaison!

Je n’en reviens pas; ils sont au bord de la crise et crient:

Po

ser la bûche pointue à

côté de la bougie.

- «à mort Jésus, crucifie-le!» Planter clous dans

sagex pour qu’ils

soient dressés.

Ils vont tout casser… j’ai peur… et après tout qu’est-ce que j’en ai à faire avec

leurs histoires de religion… qu’ils me fichent paix à la fin!

Je leur ai alors dit que c’est eux qui avaient choisi et que leur demande serait

satisfaite. J’ai relâché Barabbas, la terreur, et j’ai donné ordre de faire

condamner à la mort par crucifixion Jésus.

Je crois que je vais faire des cauchemars de cette histoire jusqu’à la fin de ma

vie! Jésus était innocent et je n’ai pas eu le courage de le sauver!

Simon de Cyrène: Jésus a partagé son fardeau avec moi

Notes bibliques sur Luc 23: 26 (27-31) v.26 Pilate ayant livré Jésus à la volonté de ses accusateurs, le cortège se met en route. Luc le décrit

comme une procession dont les participants accompagnent le prophète de son peuple.

La procession est composée de:

- ceux qui «emmènent Jésus»; Luc ne parle pas directement des soldats romains, pourtant

chargés de l’exécution.

- Simon de Cyrène, qui se trouve entraîné dans une histoire qui le dépasse, suivant malgré lui. Il

porte la croix derrière Jésus.

- Des femmes de Jérusalem, qui font retentir des lamentations rituelles, comme à l’occasion d’un

deuil. Elles attestent de la reconnaissance du prophète qui va à la mort.

- Des malfaiteurs (v.33) emmenés également au supplice. Ils mettent en relief la solidarité de

Jésus avec aussi les humains condamnés par la société cf. «il est compté parmi les sans-loi»,

Matthieu 15: 28)

v.28 Jésus entre en résonance avec les paroles des femmes. Elles pleurent plus largement le refus

opposé à l’Envoyé de Dieu. Par leurs larmes, elles rejoignent sa propre lamentation sur ceux qui

ont refusé les conditions de la paix offertes (cf. Luc 19: 41-42).

Narration en cercle animée au moyen d’objets symboliques du point de vue de Simon de Cyrène. Matériel

Tissu rectangulaire allongé, couleur route, bougie, ballot de foin ou bûche (Simon), deux «poutres»,

ronds en papier avec expressions de visage ( haine, moquerie, fâchés…), croix

Au centre, une route.

Narration

Je m’appelle Simon de Cyrène, car c’est de là que je viens. Je suis paysan.

Prendre le ballot de

foin et poser sur une

extrémité du chemin.

Je suis discret et n’aime pas les histoires. La politique ne m’intéresse pas.

Je me souviendrai toujours de cette veille de la fête de la Pâques. C’était peu

avant midi. Je rentrais de mon travail aux champs plus tôt que d’habitude, pour

me préparer à la fête.

Sur la route qui sort de la ville de Jérusalem et qui va à la colline qu’on appelle

du Crâne à cause de sa forme, aussi connue sous le nom de Golgotha, il y a

une de ces foules! C’est complètement inhabituel…

Je dois prendre cette route pour rentrer en ville. J’ai de la peine à avancer à

contre-courant.

En plus il y a une de ces ambiances: des gens à l’air mauvais, Poser visages

correspondants.

des gens qui crient leur colère, leur haine. Poser visages

correspondants.

J’essaye de me faire discret, de me coincer sur un bord. J’ai peur: il y a des

soldats romains partout! Je cherche un chemin de traverse pour m’éclipser,

mais voilà que tout à coup les soldats me remarquent et m’interpellent. Je fais

la sourde oreille, et avances en faisant la sourde oreille.

Mais il y a un bouchon: ça jure, ça crie, ça pousse… je n’arrive pas à

m’éclipser.

Puis je vois qu’il y a un homme au sol, avec les poutres tombées à côté de lui. Poser bougie

couchée, poser

poutres de bois par-

dessus.

J’aperçois là encore deux autres prisonniers qui portent aussi des poutres sur le

dos. Ça se voit qu’ils ont fait les cents coups, leur tête fait peur à voir.

Les soldats ne me lâchent pas: ils m’ordonnent de ramasser les poutres et de

les porter.

Pourquoi moi, c’est injuste? Dans toute cette foule, ils n’ont qu’à chercher

quelqu’un d’autre… Je proteste et refuses. Je suis fâché. Je leur dis que j’ai

travaillé dur toute la journée aux champs, que je suis fatigué, que ma famille

m’attend à la maison. Rien à faire, les soldats m’agrippent et me traînent de

force vers le condamné, qui est à terre.

On le tire, pour qu’il se relève . Relever bougie.

Il me regarde: un regard qui me touche, plein de douceur, de compréhension et

d’amour. Je reste planté là: comment ça se fait qu’on maltraite cet homme? qu’il

est condamné à mort? A côté des deux autres, il n’y a pas de comparaison…

Je décide de ne plus protester: je veux aider cet homme. Je ramasse les

poutres sans un mot et les porte pour lui.

Il me regarde avec reconnaissance et marche derrière moi. Placer les objets en

conséquence.

Le cortège avance lentement: il y a une multitude de gens.

J’entends des femmes qui pleurent et qui se lamentent: «quel malheur, c’est

une grosse erreur, il ne faut pas tuer Jésus, il est un juste, qui a fait tant de bien

à tous». C’est bien ce que je me disais, il doit y avoir erreur sur cet homme!

Placer visages qui

pleurent.

Jésus se retourne et je l’entends leur dire:

«Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi, de me voir souffrir, mais pleurez

plutôt sur les souffrances injustes que vous et vos enfants vivrez. Il y aura des

jours bien pires encore à l’avenir.

Je pense qu’il est incroyable, cet homme. Fatigué, épuisé, souffrant, il se soucie

encore des autres!

Nous voilà arrivés en haut de la colline. Les soldats me déchargent des poutres

et me poussent de côté sans ménagement.

Ils plantent les poutres et clouent les prisonniers dessus: Jésus et les deux

malfaiteurs, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche.

Poser deux croix et

planter clous dans

bougie au centre.

Je frisonne: je n’arrive pas à détacher mes yeux de ce Jésus. Quel homme,

quel rayonnement! J’essaierai d’en savoir plus sur lui!

Le malfaiteur crucifié: Jésus me prend avec lui au paradis

Notes bibliques sur Luc 23 : 32-43 (44-49) A l’heure décisive, le récit lucanien reprend comme en écho les trois tentations de Jésus au désert, au

début de sa vie publique (cf. Luc 4: 1-13) portant sur le don de la Vie, le pouvoir et l’autorité religieuse

du Fils de Dieu. La croix est le moment ultime de mise à l’épreuve.

Trois catégories de spectateurs jouent le rôle du tentateur. Ils interpellent Jésus, non plus sur son

identité, mais sur sa mission de salut. Il s’agit:

- des chefs du peuple qui ricanent et se moquent (v.35) de ce Chris

t de Dieu, que ce dernier semble avoir abandonné.

- des soldats qui se jouent du «Roi des juifs» impuissant (v.36)

D’un des deux malfaiteurs crucifié, qui blasphème contre ce Messie-Christ, qui ne peut même pas

sauver sa propre vie et les entraîner avec lui dans son Royaume.

Trois interventions, trois tentations, qui correspondent aussi aux trois chefs d’accusation retenus

contre lui par le sanhédrin: l’autorité religieuse qu’il assume indûment, la révolte politique, la puissance

messianique qu’il revendique et qu’on retrouve dans la polémique du Temple (Luc 20: 2ss.22ss.27ss).

Intéressant aussi de constater que le récit lucanien relève trois paroles prononcées par Jésus en

croix:

- v.34 une parole de grâce, de pardon (voir aussi le lien avec Luc 6: 36 et Luc 15) qui retentit sur les

moments où nous pouvons nous sentir dépassés par nos culpabilités, par le poids d’une histoire

chargée

- v.42 la deuxième parole de Jésus est provoquée par l’interpellation du malfaiteur qui s’adresse à lui

en l’appelant «Jésus», du nom qui lui a été attribué lors de sa conception en Luc 1: 72.

La réponse de Jésus en «je-tu», «toi-moi» annonce à ce condamné à mort son entrée dans l’Alliance,

qui commence aujourd’hui. Le mot «paradis» désigne la demeure des justes, des acquittés. Jésus

promet à ce condamné une vie de communion avec lui, et ceci dans l’immédiat.

- v.46 Le dernier mot de Jésus est une prière d’abandon à Dieu, reprise du psaume 31: 6. «Si mourir,

c’est remettre son esprit entre les mains du Père, entrer dans l’intimité de Dieu, alors vivre, c’est venir

de Lui, recevoir de Lui et faire route vers lui» écriront P.Bossuyt et J-Radermakers dans leur

commentaire de Luc.

Jésus a remis son esprit à son Père, et sans attendre, préparant la manifestation visible de la

Pentecôte, l’Esprit Saint pénètre les cœurs:

- de l’un des malfaiteurs, qui , en contre pied avec son compagnon de supplice, s’ouvre au salut;

- du centurion, rompant avec les moqueries de ses soldats et qui reconnaît l’innocence du «Juste»;

- de Joseph d’Arimathée, notable, membre du conseil des anciens du peuple (v.50), qui réclamera à

Pilate le corps du Crucifié. Il choisit entre rester pur et célébrer la Pâque ou se souiller en

ensevelissant le corps de Jésus. Il préfère être «impur» avec Jésus que de manger la Pâque en toute

pureté rituelle avec ceux qui ont sur les mains le sang du prophète assassiné.

Ainsi par son silence et son effacement, Jésus est sorti victorieux de la triple épreuve du Calvaire, qui

se manifeste d’ores et déjà par un malfaiteur qui découvre la vie, un centurion qui reconnaît le vrai

Juste et un chef du peuple qui lie son destin à celui de Jésus.

v.48 A ce retournement assistent les «foules», comme nous concernés par la mort du Juste. Elle s’en

retourne en se frappant la poitrine.

v.49 Luc y ajoute la mention des disciples de Jésus et des femmes qui le suivent depuis la Galilée (cf.

Luc 8: 1-12): ils sont témoins silencieux encore de l’exode du Christ.

Ces notes bibliques sont tirées en grande partie de l’ouvrage de P.Bossuyt et J.Radermakers: Jésus,

parole de grâce, selon Luc, Institut d’Etudes Théologiques, Bruxelles, 1984, pp.483-504

Narration en cercle animée au moyen d’objets symboliques du point de vue du malfaiteur crucifié. Matériel

Grand tissu rectangulaire ou carré beige, six morceaux de tissu noir rectangulaires, trois bougies

réchaud, dés, formes en bois (peuvent être faites en carton aussi): couronne, étoile, colombe, pain,

jarre, forme maison, deux formes de vagues bleues (les pièces en bois sont disponibles au CIDOC).

Narration

S’il avait pu nous raconter son histoire, voici comme je m’imagine ce qu’aurait raconté l’homme

crucifié à côté de Jésus:

On est trois à avoir été condamnés à mort par crucifixion aujourd’hui sur la colline de

Golgotha, la colline qui fait face à la ville de Jérusalem.

Il y a moi, qui suis condamné à cause des crimes que j’ai commis. Je me suis mal

comporté dans la vie. J’ai été violent, j’ai tué, j’ai volé… il y a longtemps que j’ai mis ma

conscience de côté, je n’ai pas de sentiments, pas de pitié pour les gens… j’ai échappé

bien des fois à la police mais cette fois-ci c’est la fin pour moi…condamné à mort, je n’y

réchapperai pas…

Poser croix

en tissu noir

de manière

décentrée

(gauche)

avec bougie

réchaud

éteinte

dessus.

Là sur l’autre croix, il y a mon copain. Poser croix

en tissu noir

de manière

décentrée

(droite) avec

bougie

réchaud

éteinte

dessus.

On a fait la plupart de nos coups ensemble. Pas de chance, il va aussi mourir comme

moi. J’espère que ce supplice ne va pas trop durer!

Et là au milieu, les soldats en ont crucifié un autre.

Je ne le connais pas et je ne l’ai pas rencontré en prison non plus.

Poser croix

en tissu noir,

au centre,

entre les

deux autres

croix avec

bougie

réchaud.

Allumer

bougie

réchaud sur

croix de

Jésus.

Bizarre! Il n’est pas des nôtres ça c’est sûr! Et vous savez quoi, quand on l’a crucifié et

dressé sa croix, il a prié «Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font!» Et là il

est calme, rayonnant même qu’il doit souffrir terriblement, je vous parle d’expérience, ça

fait hyper mal, la douleur est intenable.

Je me demande bien ce qu’il a pu faire pour qu’on lui donne la peine capitale!

Ah! oui, on a mis une inscription sur le bois au-dessus de la tête qui doit donner le motif

de sa condamnation… v

oyons, je vais essayer voir ce qui est mis…

Placer une

couronne sur

le haut de la

croix.

Bon, vous savez quoi? c’est écrit «c’est le roi des Juifs».

Je ne savais pas que les juifs avaient un roi! Je n’en ai jamais entendu parler… ni ne l’ai

rencontré…

Quelle peuple partout: qu’est-ce qu’ils viennent voir? ça leur plaît les exécutions? Ils sont

contents de nous voir morts, ainsi ils pourront vivre leur petite vie en paix!

En tout cas, ce Jésus ne laisse pas indifférent! Car c’est de lui que ça parle…

Il y a là même les chefs du Temple. Ils ricanent:

«il a aidé et sauvé les autres. Il n’a qu’à se sauver lui-même, s’il est vraiment le Messie,

celui que Dieu a choisi!»

Les soldats romains, eux s’en fichent. Ils sont assis à jouer aux dés pour tirer au sort qui

aura ses vêtements. Eux aussi se moquent de ce roi des juifs.

Poser dés

au pied de la

croix de

Jésus.

Moi, je regarde à nouveau le crucifié à côté de moi. Je suis un bien mauvais homme,

Dieu je m’en suis moqué toute ma vie, mais je me rappelle l’enseignement de la Torah

reçu quand j’étais jeune. Il y était écrit qu’il viendrait un jour un nouveau David, quelqu’un

de mis à part par Dieu pour ramener la paix, la justice, et la connaissance de Dieu en

Israël.

C’est notre espoir national, à nous les juifs… Poser étoile

sur la croix

de Jésus.

Et si cet homme-là était vraiment le Messie attendu, envoyé et inspiré par Dieu? Poser

colombe sur

croix en

centre.

Rien que sa présence à mon côté, là sur la croix m’apaise… et il émane de lui une telle

présence bienfaisante, je suis tout remué….

C’est alors que j’entends mon copain, cloué de l’autre côté de Jésus insulter Jésus:

«Alors Messie, sauve-toi et sauve-nous aussi!»

Là je me fâche! Il ne sent pas, lui que ce Jésus est net, qu’il a un lien spécial avec Dieu?

Je tourne alors mon visage vers mon copain et je lui dis:

«Hé, tu es condamné à mort comme cet homme, et tu ne respectes pas Dieu? Pour toi et

moi, la punition est juste. Oui, nous l’avons bien méritée. Mais lui…, il n’a rien fait de

mal!»

Je le sens, cet homme est d’un autre monde. Je regrette vraiment de l’avoir rencontré si

tard… cela aurait pu changer ma vie…

«Jésus» que je lui dis «souviens-toi de moi, quand tu seras roi».

Pourquoi je dis ça? Je ne sais pas trop, c’est juste que je sens que la vie, Dieu tout ça,

ça ne peut pas finir…

Jésus tourne son

visage vers moi, et me dit:

«Je te le dis, c’est la vérité: aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis».

Je me sens apaisé et heureux pour la première fois de ma vie. Allumer

bougie

réchaud de

la croix de

gauche.

Le paradis, l’endroit où est Dieu: c’est comme retourner à la maison! Poser forme

maison.

J’aurais encore tant envie de parler avec cet homme extraordinaire, mais il est épuisé et

moi aussi je n’ai plus la force de parler.

Je vois les amis de Jésus là aussi. Ils sont tristes et souffrent de le voir ainsi.

Ils se souviennent des moments partagés. Poser pain –

jarre sur

croix au

centre.

Il y a des femmes, qui pleurent. Poser bande

bleue sur

croix au

centre.

Puis le ciel devient sombre d’un coup. Bizarre, on est pourtant presque midi…

Le silence s’abat sur la colline et ça dure trois heures… les gens sont effrayés.

Il fait froid, puis tout à coup j’entends Jésus qui crie d’une voix forte:

«Père, je remets mon esprit entre tes mains». Puis plus rien.

Il est mort.

Souffler la

bougie sur

croix Jésus.

Les gens sont là paralysés: ils fixent la croix de Jésus…

Puis on entend un officier romain dire:

«Sûrement cet homme était innocent et juste!»

Je prie: «Jésus je remets ma vie entre tes mains».

Souffler

bougie, croix

de gauche.

Création de Rosemarie Chopard, octobre 2007