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Benjamin Faucon

l’art du vol

tome 1

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Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont soit le produit de l’imagination de l’auteur, soit utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, à des établissements d’affaires, à des événements ou à des lieux spécifiques n’est que pure coïncidence.

Copyright © 2015 Benjamin FauconCopyright © 2015 Éditions AdA Inc.Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite sous quelque forme que ce soit sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans le cas d’une critique littéraire.

Éditeur : François DoucetRévision linguistique : Isabelle VeilletteCorrection d’épreuves : Nancy Coulombe, Catherine Vallée-DumasConception de la couverture : Mathieu C. DandurandPhoto de la couverture : © ThinkstockMise en pages : Sébastien MichaudISBN papier 978-2-89752-344-2ISBN PDF numérique 978-2-89752-345-9ISBN ePub 978-2-89752-346-6Première impression : 2015Dépôt légal : 2015Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque Nationale du Canada

Éditions AdA Inc.1385, boul. Lionel-BouletVarennes, Québec, Canada, J3X 1P7Téléphone : 450-929-0296Télécopieur : [email protected]

DiffusionCanada : Éditions AdA Inc.France : D.G. Diffusion Z.I. des Bogues 31750 Escalquens — France Téléphone : 05.61.00.09.99Suisse : Transat — 23.42.77.40Belgique : D.G. Diffusion — 05.61.00.09.99

Imprimé au Canada

Participation de la SODEC.Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada (FLC) pour nos activités d’édition.Gouvernement du Québec — Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres — Gestion SODEC.

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À Mutsumi Wilhelmy, Mathis Elwin Faucon

et Zachary Elliott Faucon.

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Venise, Italie

Le moteur de la Ferrari 458 Italia résonnait dans la cam-

pagne vénitienne en un vrombissement très bruyant.

Le bolide filait à toute allure sur l’Autostrada A4 en direction

de la Cité des Doges, doublant tantôt à droite, tantôt à

gauche, les quelques véhicules circulant à cette heure

matinale.

Les deux mains fermement posées sur le volant au style

sportif, le conducteur n’avait qu’une idée en tête : retrouver

son lit pour terminer une nuit qui avait été beaucoup trop

courte. Certes, l’adrénaline que lui avait procurée sa sortie

lui faisait dévorer la vie à pleines dents, savourer chaque

moment de son existence de rêve, mais le manque de

sommeil commençait à affecter son corps.

Il jeta un coup d’œil dans son rétroviseur, puis sourit.

Tel qu’il l’avait prévu, sa petite course sur l’autoroute ita-

lienne n’avait été qu’une simple promenade. À son grand

soulagement, la police était demeurée cloîtrée dans ses

bureaux, lui ouvrant une véritable piste de course pour

essayer son nouveau jouet. L’aiguille du compte-tours s’em-

balla, et le paysage défila de chaque côté de l’automobile à

une vitesse folle.

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d’art et de sang

Les voitures de luxe comptaient parmi ses plaisirs, qui

étaient d’ailleurs tous plus coûteux les uns que les autres.

Habitué des palaces et des chambres luxueuses, Lorenzo

Erizzo aimait le faste et tout ce qui s’y rapportait. Véritable

esthète, le jeune homme s’enthousiasmait devant les élé-

ments portant en leur sein une quelconque notion artis-

tique. Dès son plus jeune âge, cet intérêt grandissant pour

les belles choses de la vie avait conditionné son développe-

ment. Vingt ans plus tard, rien n’avait changé si ce n’était

qu’à présent, plus rien ne pouvait l’empêcher d’y goûter

et qu’il ne ratait aucune occasion de profiter de cette exis-

tence sans limites qui s’offrait à lui.

Il relâcha la pression sur la pédale d’accélérateur à l’ap-

proche de la rue Liberta et apprécia le paysage qui se dessi-

nait devant ses yeux. La Sérénissime, cette cité réputée

autant pour ses canaux et ses balades romantiques que pour

son passé historique, resplendissait sous les premiers rayons

du soleil.

Le V8 de la Ferrari ronronna en passant devant les trois

véhicules des Carabinieri qui entamaient leur journée à sur-

veiller l’arrivée des premiers autocars de touristes.

Quelques minutes plus tard, le bolide pénétra dans un

garage souterrain et s’immobilisa dans le silence de l’aire de

stationnement.

Lorenzo laissa échapper un bâillement, puis motivé par

la perspective de bientôt retrouver son lit, attrapa son sac à

dos noir et descendit de son automobile de luxe.

Il marcha d’un pas rapide en direction du quai le plus

proche pour y retrouver son Aquariva Super. La vue de son

bateau au ponton d’acajou et d’érable suffit à le faire sourire.

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En construisant un tel engin, la firme italienne Riva avait

une fois de plus offert à sa clientèle bien nantie un engin

parfait pour naviguer sur les eaux vénitiennes. Le hors-

bord présentait ce style on ne peut plus antique qui donnait

l’impression aux badauds d’assister au passage d’un bateau

tout droit issu d’un vieux film d’espionnage.

Les 380 chevaux agitèrent la surface de l’eau, mais en

bon habitant de cette cité historique, Lorenzo se garda de

conduire impunément et de nuire au travail des gondoliers

qui pullulaient malgré l’heure matinale.

Le hors-bord se dirigea tranquillement vers l’est de la

ville et disparut dans le dédale de canaux.

Malgré la fatigue qui le harassait, tiraillant le moindre

de ses membres, le jeune homme ne put s’empêcher de s’of-

frir une promenade dans les méandres maritimes de Venise.

Ses yeux balayèrent chaque façade des palais, étalant leur

faste en se reflétant sur la surface des eaux, à la recherche

d’un quelconque détail architectural qui lui aurait jusque-là

échappé.

Chaque matin, sa vie suivait ce même rituel alors qu’il

s’évertuait à profiter de ce paysage de rêve tandis que les

gens s’affairaient à leurs activités quotidiennes, certains sor-

tant de la ville pour se rendre au travail tandis que les autres

s’apprêtaient à veiller aux moindres désirs et caprices des

milliers de visiteurs prenant d’assaut la cité flottante.

Lorenzo n’avait jamais connu ce genre de problème. Il

pouvait effectivement se permettre de ne pas travailler, du

moins pas dans le sens exact que les gens donnaient à ce

terme. Certaines de ses activités le tenaient longuement

en haleine, lui insufflant cette dose d’adrénaline qui lui

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était si chère, et gonflaient son portefeuille de sommes

vertigineuses.

La coque du navire frôla le quai de pierre, puis s’immo-

bilisa sans le moindre frottement. Il sauta sur le parvis et

amarra son hors-bord pour finalement s’engouffrer dans le

palace qui lui servait de maison.

Il gravit les marches menant à l’étage supérieur du

bâtiment et déverrouilla la porte ouvrant sur ses appar-

tements privés. Un luxe inouï s’étala aussitôt devant ses

yeux. Tableaux de grands maîtres, meubles datant de la

Renaissance et sculptures antiques agrémentaient un inté-

rieur aménagé avec goût, parfaitement restauré dans le plus

pur style vénitien.

Il se rendit jusque dans sa chambre et déposa son sac à

dos sur son lit avant d’en sortir un épais tube de plastique.

Avec des doigts de fée, il dévissa le couvercle, s’assurant

d’éviter le moindre frottement avec l’objet qui se trouvait à

l’intérieur de son écrin de voyage.

Un large sourire égaya son visage à la vue du rebord

effilé de la toile roulée.

Il déroula la peinture exécutée par Jean-Baptiste Oudry1

et admira la maîtrise de l’artiste. Le léopard peint par le

Français était de toute beauté, et il se laissa envoûter par la

perfection de l’œuvre.

Quelques secondes plus tard, Lorenzo ne put s’empê-

cher de pousser un soupir.

— Dommage qu’il s’agisse d’un contrat, déclara-t-il

avant de rouler soigneusement la toile et de la ranger dans

l’étui.

1. Peintre français (1686-1755) se distinguant notamment par la qualité de ses représentations d’animaux.

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Il déposa le tube près de son lit, puis se glissa entre les

draps pour se laisser finalement emporter dans les bras de

Morphée.

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Genève, Suisse

Trois ans plus tôt

Un cri d’homme des cavernes retentit entre les

quatre murs défraîchis du petit appartement de la

rue Jean-Violette.

Situé au numéro 30 Bis, dans un bâtiment de béton fré-

quemment attaqué par les canettes de peinture de jeunes

cherchant à faire passer un message qu’eux seuls pouvaient

comprendre, le logement de Noah Duhamel n’avait absolu-

ment rien de luxueux. En réalité, à l’instar de son logement,

sa vie tout entière se situait aux antipodes des images que se

faisaient les touristes en visitant Genève, s’imaginant que

chaque habitant de cette ville vivait dans un luxe inouï.

Dans son cas, il demeurait l’unique personne à blâmer,

ayant choisi une vie de bohème à celle de travailleur.

Enchaînant les petits emplois sans prétention, rythmant

sa carrière professionnelle de renvois successifs et d’embau-

ches temporaires, l’artiste canado-suisse n’avait pas un seul

moment tenté de faire la différence, concentrant toute son

énergie sur son art.

Depuis son plus jeune âge, la photographie artis-

tique avait agi comme un phare perdu au beau milieu de

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l’immensité de son imagination. Néanmoins, son talent

avait tardé à se dévoiler à ses yeux comme à ceux de son

public, le reléguant dans les tréfonds des galeries.

Les deux expositions qu’il était parvenu à organiser

pouvaient servir de parfaits exemples pour démontrer la vie

précaire des artistes. N’ayant vendu que quelques tirages,

ces deux contrats avec ces galeries lui avaient valu un

coupon pour l’aide sociale.

Trop fier pour l’admettre, et probablement trop fainéant

pour se trouver un travail, Noah persistait dans son mode

de vie, se cloîtrant chez lui pour travailler sur sa « grande »

exposition, celle qui ferait de lui la vedette qu’il avait tou-

jours aspiré être. Toutefois, l’inspiration peinait à venir et

l’espoir de prendre un cliché incroyable occupait chacune

de ses journées.

j j j

Il s’étira, puis déambula jusqu’à la porte d’entrée pour

enfiler une vieille paire de chaussures. Il attacha ses cheveux

blonds en une queue de cheval et sortit de son appartement

en pyjama.

Quelque peu embrumé par sa courte nuit de sommeil, il

préféra attendre de longues minutes l’arrivée de l’ascenseur

plutôt que d’emprunter l’escalier au risque d’en descendre

les marches sur le postérieur.

Après une longue attente, les portes en acier inoxydable

s’ouvrirent sur une sonnerie monotone, et l’artiste pénétra à

l’intérieur de la cabine vétuste.

Le trajet le menant au rez-de-chaussée fut ponctué par

l’apparition de voisins qui lui jetèrent un regard dédaigneux

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à la vue de son pyjama taché et troué. Ce genre de jugement

ne l’atteignait aucunement, son estime étant tout simple-

ment disproportionnée. Il les regarda quitter l’ascenseur

en marchant d’un pas nerveux vers la porte de sortie et

laissa échapper un bref rire. S’il détestait bien une chose,

c’était de se lever pour se rendre quotidiennement sur le

même lieu de travail alors que, selon lui, la vie avait beau-

coup plus à offrir qu’une simple existence routinière.

D’un geste nonchalant, il déverrouilla sa boîte postale et

s’extasia aussitôt en découvrant que le propriétaire de la

galerie avait tenu promesse. Une enveloppe adressée à son

nom avait été postée quelques jours auparavant.

Réalisant un véritable tour de main, Noah était parvenu

à persuader le marchand d’art de lui faire une avance sur sa

prochaine exposition. Rivalisant de basses flatteries et d’in-

sistance, il avait réussi son pari. Son patron avait consenti à

lui faire un chèque en échange d’une promesse de voir

apparaître sur son bureau un nouveau projet dans le pur

style des photographes à succès.

Délaissant l’aridité des intérieurs de maisons pour se

plonger dans de sombres réflexions sur la nature humaine,

Noah avait consenti à travailler sur un nouveau projet visant

à plaire à un plus large public en échange d’une avance,

mais les idées peinaient à sortir de son imagination. Le seul

problème était qu’à ce jour, il n’avait pris aucune photogra-

phie et il allait probablement en être de même pour le reste

de la semaine.

Il chassa ses problèmes de sa tête pour concentrer toute

son attention sur le chèque aux quatre zéros qu’il tenait

entre ses mains. À quoi pourrait-il servir ?

Soudain, un large sourire se dessina sur son visage.

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j j j

À quelques mètres seulement de l’entrée, Noah ajusta le col

défraîchi de sa chemise et descendit de quelques centi-

mètres son pantalon, qui avait rétréci au lavage. Son seul

complet avait aussi bien servi dans ses entrevues dans les

agences de placement que lors des vernissages auxquels

les différentes galeries de la ville avaient daigné le convier.

L’effet du temps pouvait clairement se voir sur la surface du

tissu, lui donnant un air vieillot collant parfaitement à son

allure physique.

Il regarda son appareil, un vieux Leica argentique, qui

pendait à son cou, son seul et unique compagnon de vie,

qui avait jusque-là été en mesure de magnifier les quelques

clichés pris pour ses expositions antérieures, et se demanda

si la boîte grise et noire serait encore capable de prendre la

photographie qui changerait tout.

Il leva les yeux en direction de la boutique Vacheron

Constantin, dont la façade de pierre finement sculptée de

bas-reliefs étalait sur l’extérieur du bâtiment tout le luxe qui

pouvait se trouver derrière les baies vitrées.

D’un pas décidé, il pénétra dans le magasin pour

dépenser l’argent qu’il avait obtenu de son marchand d’art

de la façon la plus inutile qui soit dans un cas comme le

sien. Son réfrigérateur était vide, tout comme sa garde-robe,

mais son goût pour les montres le poussait à dépenser cette

somme, si colossale pour lui, dans l’achat d’une pièce

intemporelle.

Dès son arrivée, tous les regards des employés conver-

gèrent dans sa direction pour aussitôt se diriger vers les

autres clients fortement dépareillés avec l’allure vétuste qu’il

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dégageait. Bien qu’il ait fait un réel effort pour soigner sa

toilette en fonction de ses maigres moyens, ses cheveux

longs et sa barbe de trois jours accentuaient l’allure

défraîchie de son complet.

Il ignora l’attitude dédaigneuse des vendeurs et effectua

une visite des lieux, son regard s’attardant sur les différentes

montres au prix exorbitant. Quelques minutes seulement

lui furent nécessaires pour qu’il comprenne que les quelques

deniers dont il disposait seraient tout bonnement insuffi-

sants pour s’acheter l’objet tant désiré.

Envieux, il dévisagea les autres clients en s’attardant

dans le magasin jusqu’à ce que le gérant s’avance dans sa

direction, bien décidé à lui indiquer la porte de sortie.

Au même instant, un cri strident retentit.

Noah se retourna et vit une employée les deux mains

posées sur ses joues, le visage aussi blême qu’un cadavre, en

proie à une violente crise de panique. Le patron accourut

dans sa direction et manqua également de s’évanouir en

atteignant la vitrine.

— La Tour de l’Île2 a disparu ! s’écria-t-il, en proie aux

larmes.

En entendant le nom du modèle, Noah comprit qu’un

objet d’une valeur dépassant l’entendement venait d’être

subtilisé. Il dégaina son réflex argentique et enchaîna une

série de photographies prises sur le vif.

Soudainement, son instinct le poussa vers la sortie.

Avant même que les employés se remettent de leurs émo-

tions et lui barrent la sortie, il s’extirpa du magasin et s’ar-

rêta sur le perron.

2. La Vacheron Constantin Tour de l’Île est une montre créée à seulement sept exemplaires vendus à 1,5 million de dollars chacun.

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Au même instant, une berline de luxe aux vitres légère-

ment teintées démarra en trombe, passant devant lui à toute

allure sur la rue Kapellplatz. Il eut juste le temps d’appuyer

sur le déclencheur de son appareil sans même cadrer la

photographie, puis suivit la BMW du regard. Quelques

secondes plus tard, ses yeux s’illuminèrent. Le sujet tant

espéré pour sa nouvelle exposition venait de lui apparaître

subitement. Tout son espoir se basait sur une seule prise de

vue, mais ô combien importante ! La seule chose qu’il espé-

rait se résumait à un cliché non cadré d’un conducteur quit-

tant le lieu d’un crime.

Il poussa un soupir de soulagement et retourna dans la

boutique en étant persuadé que sa vie s’en trouverait irré-

médiablement changée.

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ISBN 978-2-89752-344-2

TOME 2

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Depuis des siècles, les grandes œuvres d ’art disparaissent. Un seul indice est retrouvé après le passage de ces mystérieux voleurs : de vagues témoignages mentionnant un homme masqué. Voilà le peu d’informations dont dispose Agnès Watson, agente d’Interpol. Pourtant, la jeune femme cherche par-dessus tout à mettre la main sur ce mystérieux criminel qui empoisonne sa vie depuis tant d’années au point de la rendre folle. Est-ce la raison qui la pousse à faire appel au consultant le plus inutile qui soit ?

L’arrivée de cet artiste aussi énervant que fainéant l’amènera pourtant plus proche qu’elle ne l’a été auparavant de ce mystérieux voleur, mais s’agit-il d’un simple hasard ?

www.benjaminfaucon.comD

’ART

ET

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SAN

GL’

ART

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VO

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FAUCON

ROMAN

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