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Toussesdésirs-vol.1

Moi,c'estCléoDelille,journalistechezStarglam,unmagazinepeopleparisien.Montravail?

Couvrirlessoiréeslesplusenvuedumoment,deMonacoàParis.Monproblème?Impossibledemettreunnomsurtouteslesstarsquejecroise.Moi,mapassion,c'estl'art.

Pourtant,entredeuxcocktails,j'airencontréunhomme.Ilm'atoutdesuiteeueavecsesyeuxbleusmagnétiques,irrésistibles...Ilm'atenduunpiège,etjem'ysuisengouffréesansréfléchirplusd'uneseconde.Etaujourd'hui,jesuissaprisonnière.Prisonnièredesesyeux,desonnom–NathanChesterfield,milliardaireetprédateuràsesheures–,demondésirpourluidepuislapremièrefoisqu'ilaposéseslèvressurlesmiennes.

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Monmilliardaire,monmariageetmoi

Sil’onm’avaitditqu’avecLUI,laviedeviendraitsiintense…L’avoirrencontré,c’étaitpluspalpitantqu’unvoyagedansunpaysexotique,plusexcitantqu’unejournéedeshoppinglepremierjourdessoldes,plusfouqued’avoirgagnélegroslotauLoto,plusexquisquetousleséclairsauchocolat,lesmille-feuillesetlesmacaronsréunisenuneseulepâtisserie.Mieuxquetoutcequej’avaisvécujusqu'àmaintenant.

Maisàl’heureoùjevousparle,j’aipeut-êtretoutperdu…

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Lebébé,monmilliardaireetmoi

Aumomentoùelleserendàl’entretiend’embauchequipeutchangersavie,KateMarlowemanquedesefairepiquersontaxiparleplusirrésistibledesinconnus.Aveclebébédesadéfuntesœuràcharge,sesfacturesenretardetsesloyersimpayés,ellenepeutpaslaisserfilercettevoiture.Cetravail,c’estsachance!Niunenideux,elledécidedeprendreenotagelebelétranger...mêmes'ilyadel'électricitédansl'air.

Entreeux,l’attiranceestimmédiate,foudroyante.Mêmes’ilsignorentencorequecetterencontrevachangerleurvie.Àjamais.

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Jesuisàtoi

Jem'appelleCharlotte.Jerêveduprincecharmantmaissanstropycroire…Jusqu'aujouroùjelerencontrevraiment.Etriennesepassecommeprévu…

Imaginez,unchâteaudecontedefées,uneatmosphèreromantiqueàsouhait,lesoleilquibaigneleslieuxd'unedoucelumière.Etlui.LUI.Ilapparaîtcommeparmagie,aussibeauquesensuel.Nosregardssecroisent,monpoulss'emballeetmoncœursemetàcognerdansmapoitrine…

Bon,jevousarrête.Enguisedechâteau,c'étaituneruineperdueaumilieuderien,quiasûrementconnudesjoursdegloiremaisilyalongtemps.Trèslongtemps.Etl'atmosphèreévoquaitplutôtcelled'unemaisonhantée.Enplus,ilpleuvait…Quandmonprinceestapparu,j'étaisentraindesautillercommeuneidioteetj'aieulapeurdemavie.Lapreuve,j'aipousséuncridefrayeur.

N'empêche,toutleresteestvrai.Jeneconnaisquesonprénom,Milton,maisdésormais,jenerêvequedelerevoiretdesentirànouveausonregardbleusombresurmoi.

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Donne-moitonâme

GloriaRobin,jeunemusiciennerockpleinedetalent,estcontactéeparBenjaminMarlow,unmythiqueproducteurnew-yorkais.Benjaminl'introduitdansungroupeafinqu'elleensoitlachanteuse.Toutsepassebien,legroupeestsympathique,Gloriasesentbienaccueillie,etBenjaminauncharmefou.Toutestparfait?Tropparfait!CarBenjaminestunvampireâgéde239ans,toutcommeJoan,Kim,AlexetWilliam,lesmembresdugroupe.

EtGlorial'ignore...Est-elletombéedansunpiège?Pourra-t-elles'ensortir?Etlevoudra-t-elleseulement?CarBenjaminMarlown'estpasseulementunproducteurdegénie,c'estavanttoutunvampireàl'apparenced'unhommede29ans,àlabeautéépoustouflanteetaumagnétismeirrésistible

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KateB.Jacobson

RÉVÈLE-MOI!

Vol.11

1.Lamorsuredudoute

–Tuasprisunedécision?

Enentendantmaquestion,Percival,assissurlepetitfauteuilprèsdelafenêtre,seretourneversmoi.Àvoirsesyeuxfiévreuxetcernés,jecomprendsqu’iln’apasdormidelanuit.Moi,j’aifiniparm’endormird’unsommeilagitédontjesorsbienpeurevigorée.Àmonréveilcematin,j’airéaliséquePercyavaitquitténotrelit,oùnousnousétionsforttardblottisl’uncontrel’autredansl’espoirdetrouverunpeudereposaprèscenouveaucoupdusort.

LesConnellyneveulentpasnousrendreJulian.IlsmettentendoutelapaternitédePercy.Nousavonsapprisd’Osmond,notreavocat,qu’ilsavaientdemandéautribunall’exécutiond’untestADN.

Seloneux,larévélationd’uneliaisonentreleurfilleetDouglasleurdonneledroitdes’interrogersurlafiliationdeJulian.D’aprèsOsmond,siPercyveutéviterunebataillejuridiquelongueetdouloureuse,ildoits’inclineretfairecetest.CequePercyredoute:etsiJuliann’étaitpassonfilsbiologique?

Percivalrestemuet.Jeréitèremaquestion:

–Percy,tuasprisunedécision?

Ilmelanceunregardfurtifetbaissedenouveaulesyeuxversl’objetqu’iltientàlamain.Jemelèvedulit,m’approchedeluietréalisequ’iltientunportraitdeJulian.Untrèsbeauportrait,trèsémouvant,carlevisagesouventgravedel’enfantesticiilluminéd’unsourireradieux.Ilestsurlesgenouxdesonpère,sespetitsbrasserrésautourdesoncou.

Émueparcettephototouchante,j’enlacePercy,pressantsatêtecontremapoitrine.

Savoixs’élèvealors:

–Jeneferaipascetest.Jen’enaipasbesoinpoursavoirqueJulianestmonfils.Etpersonnenepourramel’enlever,personne.Jem’enassurerai.

Brusquement,ilsedégagedemonétreinteetselève.Jeresteprèsdufauteuil,soudaininquiète.

–Qu’est-ce…Qu’est-cequetuveuxdire?

–Jemefousdel’ADN,dit-ilens’emportant.C’estmoiquil’aiélevé,quil’aiveilléquandilétaitmalade,quiluiaiapprisànager;jel’aibaigné,jel’ainourri…Cesdernièresannées,j’aiéténonseulementsonpèremaisaussisamère!ajoute-t-ilavecunrictusamer.Etilscroientquec’estunlaboratoireetunjugequivontdécidersimonfilsestàmoi?Quejevaissupporterqu’ilgrandisseloindemoi?Jenevivraipassanslui,etluinepourrapasvivresansmoi.Jesuistoutpourlui,commeilesttoutpourmoi,medit-ilavecdanslesyeuxunéclatquimefaitpeur.

Jeleregarde,atterrée.

–Tuveuxfairequoialors?dis-je,lagorgenouée.

–Connellyneveutpasmelerendre?Ehbien,jeleprendrai,déclare-t-il,catégorique.Etjem’enfuiraiavecluiquelquepartoùilsnepourrontjamaisnousretrouver.Jeneseraipaslepremiertusais;d’autresl’ontfaitavantmoi,etontréussi.J’aicequ’ilfautpourça:avecunbateau,onpasselesfrontièreset…

Ils’interromptbrusquement,commes’ilcraignaitd’enavoirtropdit.Jeleregarde,lesyeuxécarquillésd’effroi.

–Tuveuxl’enlever?dis-je,encoreincrédule.

Percymetourneledossansmerépondreetvaseposterdevantlafenêtre.Jecoursverslui.

–Tunepeuxpasfaireça,dis-jed’unevoixsuppliante.TunepeuxpasimposeràJulianuneviedefugitifs.LesConnellyvoustraquerontpartout;ilsontlesmoyensetunehainetenace;ilsl’ontdéjàdémontré.Ilsnevouslaisserontjamaisenpaix.

Percivalrestemuet,lesyeuxperdusdanslevague.

–Etmoialors?reprends-je.Qu’est-cequejedeviensdanscettehistoire?Tum’abandonnes?

Percysetourneversmoietm’envelopped’unlongregarddouloureux.

–Jepensaisquetuviendraisavecnous,ouquetunousrejoindrais…

Ilmedévisaged’unairinterrogateur.Jesuisdéchirée,jenesaisquedire.J’aipeurdel’encouragerdansceprojetfou,maisjesaisques’ildevaits’accomplir,jelesuivrai.

–Évidemmentquejeviendraiavecvous,Percy;jenepourraipasvivresansvous.Maisc’estdelafolie.Quellevieaurons-nous?Etsurtout,quellevieauraJulian?Ondevravivrecachés,déménager;iln’aurajamaisd’amisdesonâge.Ilgrandiraloindetamère,detagrand-mère,durestedesafamille.Etnous,nousneverronsplusceuxquel’onaime.Cen’estpaspossible,cen’estpasunesolution,sangloté-je.

Percyfermesesyeuxetpasseunemainfébriledanssesmèchesblondesemmêlées.J’ail’impressionquemesargumentsontportéuncoupàsadétermination.

–MaisMatilda,c’estMONfils.Tucroisquej’accepteraiqu’onmel’enlèvesansrienfaire?

–Onn’enestpaslà,Percy,dis-jed’untonpondéré,enespérantlecalmer.Onenestmêmeloin.

Accepteletest.Onverrabienaumomentdesrésultats.Tun’asjamaisdoutédetapaternitéavantcela.

Aprèstout,tuastoutesleschancesd’êtresonpèrebiologique.

–Etsijenelesuispas?lancePercy,avecunrictus.

–Tudisaistoi-mêmequetul’asélevéjusqu’ici.Tuasremplitonrôledepèrependantplusdecinqans.Çadoitbienavoirunevaleurdevantlajustice?L’adoptionenabien.Aprèstout,siJuliann’estpastonfils,Charlottetel’afaitcroire.TupeuxsansdouteteretournercontrelafamilleConnellypourcemotif.

Percymefixe,etjelisdanssonregardunecertaineindécisionquimefaitreprendreespoir.

–Maissil’affaireestportéedevantlestribunaux,dit-ild’unevoixhésitante,çavaprendredesmois,peut-êtredesannées.QuedeviendraJulianpendantcetemps?

–Chaquechoseensontemps.Faiscetest,etnousaviseronssilesrésultatsnesontpasceuxquel’onespère.

Percysetait.Sesyeuxsontposéssurmoi,maisj’ail’impressionquesatêteestailleurs.

–O.K.,jevaisfaireletest,finit-ilpardéclarer.

Jeleserrecontremoi,etilposedistraitementsamainsurmonépaule.Jelèvelatête,inquiètedesonsilence,etjelesuisplusencorequandjevoisl’expressionsursonvisage.Maiscelle-cis’évanouitaussitôt;sentantquejel’observe,Percysereprendetmesourittendrement.

–Tuaseupeur?Jetedemandepardon,jenevoulaispast’inquiéterdavantage.Tuasraison,jevaisallerfairecetest;c’estplusraisonnable,reconnaît-il.

Ilcaressemondosdansungestequiseveutréconfortant,maisjenesuisqu’àmoitiérassuréeparcebrusquerevirement.JeconnaisPercyetjesaisqu’iln’estpasdugenreàcéderaussivite.Ilvafairecetest,maissilesrésultatsnesontpasceuxespérés…Dieusaitcequ’ilvaentreprendre.Jedécidecependantdegardermesdoutespourmoietdefairecommesijecroyaistotalementàsonretouràlaraison.

–Jevaisprendreunedouche,ditPercy.Ensuite,j’iraichezOsmond.Ilal’habitudedes’occuperdecegenredechoses,etilestenrelationavecl’avocatdesConnelly.Pourl’instant,letribunaln’apasordonnél’exécutiondutest.Jevaisvoiravecluioùçaenest,etlesdifférentesétapesdelaprocédurepours’assurerdelaconformitédesprélèvements,surmoicommesurJulian.Ilfautquenosdeuxavocatstombentégalementd’accordsurlechoixdulaboratoire.Celaneseferadoncpasaujourd’hui,maisd’icideuxoutroisjoursjepense.Ensuite,ilfaudraattendrelesrésultatsencoreunpeu…

Onseregarde,etjesuissûrequel’onpenselamêmechose:cesprochainsjoursvontêtreinterminables.

–TuveuxquejevienneavectoichezOsmond?

Percymeregarded’unairinterrogateur:

–Mamèrenedevaitpast’emmenervoirsonamicouturierpourtarobedemariée?

–Oui…mais,c’étaitjustepourunrepérage;onn’estpaspressés.Peut-êtrequ’ilvautmieuxattendre,dis-je,embarrasséedeparlerdetellesfutilitésauvudelasituation.

Percymeprendparlataille.

–Pasquestiondechangerquoiquecesoitànotreprogramme,dit-iltendrement.Commetul’asdit,onaviseraaprèslesrésultatsdutest.Onnepeutpass’arrêterdevivreenattendant.Tuasaussidroitàunpeudelégèreté.Tuenasassezbavécesdernierstempsparmafaute.

–Cen’étaitpasdetafaute,lecoupé-je.

Ilmeregardeavecunsourireamer.

–Disonsquej’aijurédeterendreheureuseetque,pourl’instant,cen’estpastrèsréussi,constate-t-il.

–Monbonheur,c’estd’êtreaiméedetoi.

–Ça,tul’esMatilda,n’aiesaucundoutelà-dessus!déclare-t-ilenmeserrantcontrelui.

Puis,relâchantsonétreinte:

–Vaàcerendez-vousavecmamère,monamour.Jet’enprie…

–D’accord,dis-jeenmeforçantàsourire,j’irai.

Percyposeunbaisersurmajoueetmequittepourallerdanslasalledebains.Jeleregardes’éloigneravecunpincementaucœur:jesaisqu’ilessaiedemeprotéger,maisquesonâmeestdenouveautourmentéeetqu’ilnetrouveradereposquequandilauraJulianàsescôtés.

***

–Tuvasvoir,cequ’ilfaitestextraordinaire,s’enthousiasmeLavinia.

NoussommeschezChristopher,unjeunecréateurderobesdemariéedontelleadmireletravail.

DansceboudoirduquartierdeSoho,aprèsnousavoirreçuesavecmoulteffusions,ilnousaconfortablementinstalléesdansunmoelleuxcanapémauve.Laviniasiroteunthénoir,tandisquej’airéussiàobteniruncaféserréquim’aideàoublierquemanuitaétécourteetpeureposante.

–J’airepérécegarçonilyadeuxansàsasortiedeSaintMartin’sSchool,m’expliqueLavinia,etjepeuxt’assurerqu’ilvadevenirunestar.D’autantqu’iltravailleencemomentsurlarobedemariéedePippaMiddleton,ajoute-t-elleenbaissantlavoix.

–Voussavez,Lavinia,dis-jeenparlantbasaussipourquelesemployéesquis’affairentautourdenousn’entendentpasnotreconversation,onaencoreunpeudetemps;jenevaispasmedécidertoutdesuite…

–Maisbiensûr,dit-elleenmeregardantavecunsourire,soussagigantesquecoiffepiquéed’une

plumedepaon.Jevoulaisquetupuissesappréciersontravailavantceluidesautres,maisj’aiprévuunelonguelistedevisiteschezdifférentscouturiers.Dieumerci,nousavonsquelquesmoisdevantnous!Etpuisjesupposequetuaimeraisquetamèresoitàtescôtésaumomentduchoix,n’est-cepas?

–Oui,soufflé-je,unpeuembarrassée.

–Maisnesoispasgênée,darling,jecomprendsparfaitement,s’exclameLaviniaensouriantamicalement.NousallonsattendrePaolapourlasuitedesvisites.Enfin,sereprend-ellesoudainsoucieuse,situveuxbienquejevousaccompagne?

–Maisbiensûr!m’empressé-jedeluirépondre.

–Ah,tantmieux!dit-elleensedétendant,çamefaittellementplaisir.Jesuissiheureusequetuépousesmonfils.Jen’auraispaspurêverd’unemeilleurebelle-fille.

–MerciLavinia,dis-jeconfuse.

–Maisc’estlavérité,Tilda,poursuit-elleenposantsamainsurlamienne.Bien!Alors,voyonscesrobes.Siaucuneneteplaît,peut-êtrequej’entrouveraiunepourmoi.

Jelaregardeuninstantsanscomprendre,lessourcilsfroncésetmuettedesurprise.Lavinia,ravied’avoirréussisoneffet,éclatederire.

–VousallezvousremarierLavinia?Mais…avecqui?

–Jeterassure,Tilda,personnepourl’instantnem’afaitdedemandeenmariage.Enfaitsi,lecheikhAbdullahduKoweït,maisjen’envisageabsolumentpasdel’épouser.C’estlaquatrièmefoisquececheramifaitsademande,maisilvabienfinirparselasser.Non,enfait…Osmondetmoiavonsunerelation.

–Osmond?m’écrié-je.

Jelaconsidèreuninstant.Finalement,jedoisadmettrequejenesuispastantsurprisequecela.J’aibienvuaufildessemainesquecesdeux-làserapprochaient,etj’enauraissansdoutetirédesconclusionsbienavantsijen’avaispaseutantdesoucisentête.

–Oui,celaduredepuisquelquessemaines,avoueLavinia,lamineréjouie.C’estunhommedélicieux,absolumentdélicieux,netrouves-tupas?

–Ohoui,ouibiensûr!acquiescé-je,enmeremettantdemasurprise.Jel’appréciebeaucoup;c’estunhommefantastiqueetunavocatd’uneloyautéirréprochable.

–Oui,n’est-cepas?ditLaviniaravie.Maisjet’assurequecequej’éprouvepourluin’estpasseulementdelareconnaissancepourcequ’ilafaitpourmonfils.

–Ohça,j’ensuissûre!Osmondasuffisammentdequalitésetdecharmepourvousséduire.

–Exactement.Ilestadorableetsicultivé.C’estbiensimple,jel’adore…Oh!Nousn’ensommespasàparlermariage,maisquelquechosemeditqu’ilestdésireuxd’officialiser.Jepensequ’ilattendlebonmomentpourfairesademande.Cen’estpasprésomptueuxdemapart,dit-elleensouriant,voyantquejesuissidéréeparsonaplomb,maistusais,j’aiétémariéetroisfois.Nonpardon,quatre!

J’enoublietoujoursun,ajoute-t-elle,hilare.Sionpeutm’accorderunechose,c’estquejeconnaisunpeuleshommes;jesaisreconnaîtrequandl’und’entreeuxenvisagedepasserlerestedesavieavecmoi.

JeregardeLaviniaattentivement.Elleatoujoursfaitplusjeunequesonâge,grâceàplusoumoinsd’artifices,mais,cettefois,elleal’airsiépanouieparsesamoursnaissantsavecOsmond,qu’ellesemblerajeunie.

–Lavinia,jesuistellementcontentepourvous.

–C’estvrai?répond-elle,auxanges.

–Ohoui!J’aimebeaucoupOsmond.JesuissûrequePercyseraravidel’accueillirdanslafamille.

–Oui,jelepense,etçameréjouit.Jusqu’ici,jedoisl’admettre,jen’aipasréussiàluidonnerunbeau-pèredignedecenom.Heureusement,jenelesaijamaisgardéssuffisammentlongtempspourqu’ilssoientunproblèmepourmonfils,maisjesaisquecettefois,cen’estpaspareil.CequejeressenspourOsmond…c’estdifférent,meconfie-t-elleenrosissant,cequiluivatrèsbien.

Elleal’airvraimenttrèsamoureuse.

–Resteàespérerqu’ilfassebiensademande,reprend-elle.Jeseraisfortdéçuesiçan’étaitpaslecas,ajoute-t-elleenprenantuntondésinvolte,maisjevoisbienquecetteéventualitél’affecte.

Laviniasoupireavantdereprendre:

–Jesupposequ’ilattendquel’affairequinousopposeauxConnellysoitclose.Ilpréfèredetoutefaçonquel’onrestediscretssurnotrerelationpourl’instant,surtoutvis-à-visdePercy.Jen’aipasrésistéàl’enviedet’enparler,maisc’estcompliquépourlui;Percivalestsonclient.Onavaitprévudel’annonceraumomentdesalibération,maisaveccequ’ilsepasseautourdelagardedeJulian…

Jemefaisunsangd’encre,tusais,dit-elle,levisagesoudaingrave.Heureusementqu’Osmondestenchargedudossier;çamesoulageunpeu.J’aientièrementconfianceenlui.Jesaisqu’ilferatoutcequ’ilpourrapourqu’onretrouvevitecepetitange.

Soudain,jerepenseàPercyetàl’enlèvementqu’ilaenvisagé.J’écartevitecetteidéedematête;jeneveuxpasqueLaviniaremarqueunchangementdansmonhumeur,qu’elles’inquiète,etilesthorsdequestiondeluienparler.

–Moiaussi,j’aiconfiance,Lavinia,dis-jeavecuneassurancequejesuisloinderessentir.Alors,oublionsçauninstantetrevenonsàlaraisonpourlaquellenoussommesici!proposé-jeendésignantlesmannequinsquiviennentdefaireleurentréedanslapièceetattendentnotrepermission

pourdéfilerdevantnous.

–Tuasraison,mapetiteTilda.Nelesfaisonspasattendredavantage,ditmafuturebelle-mère(etfuturejeunemariée?)enélevantlavoixaprèsnotreconciliabuleàvoixbasse.Regardecesmerveilles!Çamedonneenviedemeremariersurlechamp,dit-elledansunéclatderire.

2.L'amour,peut-être

Jesuischezmoi,danslapiècequimesertdebureauenattendantquenoslocaux,àEmilyetmoi,soientfonctionnels.Jesuisentraindeconsulterlesfacturesconcernantlestravauxencours,quandmonfrèrevientmerejoindre.

–Ah,tuesrentré!dis-je.Alors,commentças’estpassé?

PaulestarrivéhierdeFlorence.Ilavaitrendez-vouscematinavecl’agentdeReginald.Cedernierl’aconvaincudeserendreenToscanepourvoirletravaildePaul.Aprèssavisiteetquelquesjoursderéflexion,l’agentdeReggieaproposéunentretienàmonfrère,àLondres.

–Parfaitementbien.Figure-toiqu’ilmeprendsouscontratetmeproposedéjàuneexposition,ditPaul,quiexultevisiblement.

Ils’assiedsurunpetitfauteuil,faceàmoi.

–C’estvrai,génial,m’exclamé-jeenbondissantdemonsiège.ÀLondres?

–Ehoui!Évidemment,pasàlaTateouàlaNationalGallery,maisdansunepetitegalerieassezconnuepourexposerdestalentsconsidéréscomme«prometteurs».Tuterendscompte,moi,parmiles«talentsprometteurs»?seréjouit-il.

–C’estsuper,Paul!

–Çavaprendreunpeudetemps;lagalerieaunagendachargépourl’instant,maisFrancis,l’agentdeReginald…

–Etdoncmaintenantletien,non?lecoupé-je.

–Ah,maistuasraison!ditPaulensefrappantlefront.J’aiunagent;cequiestdéjàénormeet,quiplusest,c’estceluideJulius…

Ilresteuninstantlesyeuxdanslevide,unsourirebéatsurleslèvres.

–Ilm’atrouvéunatelierpourtravaillerencoresurquelquestoilesavantl’expo.JevaisdevoirresteràLondresquelquetemps.Vousvoulezbienm’héberger?

–Évidemment,tueslebienvenuici,luiréponds-je.

–TupensesquePercyn’yverrapasd’inconvénient?s’inquiètemonfrère.

–J’ensuissûre.Ilseraravidet’accueillirici.Lamaisonestsuffisammentgrandepourquel’onpuisseyvivresanssemarcherdessus.

–Ceserajustepourquelquesjours.Francism’aditqu’ilavaitunpetitappartementoùilmettaitdesartistesenrésidence,maisqu’iln’étaitpaslibrepourl’instant,expliquePaul.

–Tupeuxresterautantquetuveux,lerassuré-je.EtjesaisquePercytediralamêmechose.Leseulsouci…poursuis-je,avantdem’interrompre.

–Oui?ditPaul,intrigué.

–C’estqueturisquesdecroiserEmily.EllerésidesouventiciquandellevientàLondres.

–Maisçan’estpasunproblèmedutout,ditPaul,sansmontrerdetrouble.D’ailleurs,j’aiprévud’allerlavoir.

–Ah,tantmieux,parcequ’ellemedisaitilyaquelquesjoursqu’ellen’avaitplusdenouvellesdetoi.

–Ahbon?Ellet’aditça?lâche-t-ild’unairdétachéquejenetrouveguèrenaturel.

–Oui.

Paulmedévisage.

–Etelleavaitl’airdes’enplaindreouelleétaitsoulagée?s’enquiert-il.

–Ellem’avaitl’airchagrinée,figure-toi.

Jevoisunsourires’épanouirsurlevisagedemonfrère.

–Tantmieux,medit-il,parcequesijeviensm’installeràLondres,c’estaussipourelle.

Jeleregarde,sansposerdequestionpournepaslebraquer,maisjesuiscurieused’ensavoirplus.

–J’aieuletempsderéfléchir,Matilda,reprend-ilsoudainsérieux.Jesaisquejel’aimeetquejeveuxpassermavieavecelle.

–Ohlà!Tunecroispasquetut’emballesunpeu?

Jereconnaisbienlàlafouguedemonfrère,maissesélansm’inquiètenttoujoursunpeu!

–Pasdutout,merépond-ilfermement.Çafaitunmomentquejesaisqu’Emilyestlafemmedemavie,maisjen’avaisrienàluioffrir.Jevivaiscommeunado:pasdevraitravail,quelquestoilespar-ci,par-làetlafêtepresquetouslessoirs.Maisaujourd’hui,jesaisoùjevais.J’aicomprisquejedevaismeconsacreràlapeinture.Tusais,çachangelesperspectivesquanddesgensqueturespectescroiententontalent.Aujourd’hui,j’aiconfianceenmoi,jeveuxmeconsacreràmapassionet,enplus,j’ail’espoird’envivreetdefairevivreunefamille.C’estpourçaquejevaisdemanderEmilyenmariage.

Jemanquem’étouffer.

–Quoi?MaisPaul,tulaconnaisàpeine.

–Tupeuxparlertoi.AuboutdecombiendetempstuasréaliséquetuvoulaisfairetavieavecPercy?ironise-t-il.

1-0,laballeaucentre.

–Maisquandmême,vousnevousêtespasvusbeaucouptouslesdeux.Etpuis,tusaiscequ’EmilyavécuavecDouglas;jenesuispassûrequ’ellesoitprêteàfairedenouveauconfianceàquelqu’un,etencoremoinsàs’engager.

–C’estcequ’ellet’adit?s’inquiètemonfrère.

–Nooon…pasvraiment,maisc’estcequej’éprouveraisàsaplace.Etpuistunesaispascequ’Emilyressentpourtoi.

–C’estpourçaquejevaisluidemander,s’entêtePaul.

–Tuessûrquec’estunebonneidée?insisté-je.

–Absolument.

–Alorstuvaspouvoirlefairetrèsviteparcequej’aiinvitéEmilyàdéjeuner.

–Aujourd’hui?s’écriePaul,quisembleunbrindéstabilisé.

–Oui.Ellenevapastarder;elleavaitdesrendez-vouscematinenvillepourleharas,maisellerepartcesoirpourAmberdel.

–Ehbien,jesupposequec’estledestin,medit-ilavecunsourireespiègle,aprèsunpetittempsderéflexion.Jeseraifixésurmonsortplusvitequeprévu.Çan’estpasplusmal.Percyseralà?

–Non,ildéjeuneavecOsmond.Ilssontenréuniondetravail,etpuisildoitfairecetestdontjet’aiparléhiersoir.

Paulvientversmoietmeprenddanssesbras.

–Pauvrepetitesœur,jet’embêteavecmeshistoiresdecœur,alorsquevousaveztouscessoucis.

–Tunem’embêtespasdutout.Jet’aimeetj’aimeEmily.Jevoussouhaiteleplusgrandbonheuràtouslesdeux.

–Sipossibleensemble!plaisantePaul,enmerelâchant.

Lasonneriedelaported’entréevientinterromprenotreconversation.

–Cedoitêtreelle.Vas-y,descends,dis-jeensouriantàmonfrère.J’aiencoreunpeudepaperasseàfinir.Çavouslaisseraletempsdeparler…

–J’yvais,ditPaul,quejesenssoudainfébrile.Souhaite-moibonnechance!

***

PaulestenbasavecEmilydepuisplusd’uneheure.Jen’arrivepasàmettremesfacturesenordre.

J’avouequejesuispréoccupée;jen’aipaslatêteàça.Paulal’airvraimentamoureuxd’Emilyetdéterminéàenfairesafemme.Jesuishabituéeàsescoupsdecœur,maisj’avouequecettefois,jecroisqu’ilestvraimentsérieux.Jamaisavantiln’avaitparlédemariage.Etiln’yapasdedoute,cesontsessentimentspourEmilyquil’ontpousséàmettredel’ordredanssavieetàprendresacarrièreenmain.S’ilm’aconvaincuedesonamourpourEmily,jedoisbienavouerquejenesaispasdutoutcequ’elleressentpourlui.Elleestrestéetrèsdiscrètesurlesujet,etçasecomprend;jen’étaissansdoutepastrèsdisponiblecesdernierstempspourdesconfidences,sielleavaiteuenviedem’enfaire.J’aibienvuàquelpointelleaétéébranléequandOrlandomenaçaitd’envoyerPaulenprison.Ilyaquelquesjours,elles’estinquiétéedesonsilence,maisjen’aipasoséluiposerdequestions.Etmaintenantqu’ilssonttouslesdeuxréunisenbas–deuxdespersonnesquej’aimeleplusaumonde–,j’aipeurdurésultatdeleurentretien.Pourvuqu’aucund’entreeuxn’ensorteblessé!Maisj’envisagelepire.Etsi,enfait,Emilydisaitoui?Monamied’enfance,lacousinedemonfiancé,deviendraitalorsmabelle-sœur!Jesourisàcetteperspective.

–Toc,toc,jedérange?

Perduedansmespensées,jen’aipasentendulespasd’Emily,quisetientdevantmaporteentrebâillée.

–Maispasdutout,entre,entre!dis-jeenmelevantdemonsiègepourallerl’embrasser.ToutlemondevabienàAmberdel?ajouté-jetrèsvite,del’airleplusnaturelpossible.

–Netefatiguepas,Paulm’aditqu’ilt’avaitprévenue.

–Euh…dequoi?balbutié-je.

–Desademandeenmariage,répondEmilyensouriant,avantdes’asseoirdanslefauteuilqu’occupaitPaul.

–Ah…ahoui.

Quellecruche.C’esttoutcequej’aitrouvéàrépondre!

Jesuishorriblementgênée.Jemerassiedsderrièrelebureau.

–Ettuluiasréponduquoi?avancé-jetimidement.

–Qu’onenreparleraitquandilseraexposéauMoMA.

Jelaregarde,stupéfaite,etelleéclatederire.

–Jeplaisante,enfin,Matilda!

Jepousseunsoupir.

–Arrêtedemetorturercommeça.C’estvraimentpassympa.D’abord…ilestoùPaul?

–Parti.

–Tuluiasditnon?dis-je,soudaincatastrophéeenpensantauchagrindemonfrère.Ohlàlà…jeluiavaisditd’attendre,quec’étaittroptôt.OhmonDieu,ildoitêtredésespérételquejeleconnais…

Ilvafalloirsavoiroùils’estenfui.

–Ilestalléacheterduchampagne,ditplacidementEmily.

–Duchampagne?dis-je,interloquée.

-Oui,jesais,jeluiaiditquec’étaitidiot…

Idiot?Pourquoi?Jen’ycomprendsplusrien!

–Oui,reprendEmily,parcequePercyenad’excellentsdanssacave.

Jeresteuninstantabasourdie.

–Emily,jet’adoreetjetesuisreconnaissantedetoutcequetuasfaitpourPercy,maissitucontinuesàjoueravecmesnerfs,jevaist’étrangler.

Hilare,Emilyselèvedesonfauteuiletvients’asseoirsurmonbureau,prèsdemoi.

–Jen’aiditnioui,ninon,Matilda,avoue-t-elleensouriant.Jesuisamoureusedetonfrère,indéniablement.J’aieuletempsdepuisquejesuisrentréed’Italiedem’enrendrecompte:ilm’aterriblementmanqué.Ons’estparlétouslesjours,desheuressurSkypeouautéléphone,jusqu’àcettehistoireavecOrlando.Après,Paulamisunecertainedistanceentrenous.Jesupposequ’ilavaithontedecequis’étaitpassé.Sesappelssesontespacés;ilnerépondaitplusàmesmessages…J’avouequej’aieupeurdeleperdre.AvectoutcequevousavezenduréPercyettoi,jenevoulaispasterajouterdessoucis,maisj’étaisàdeuxdoigtsdevenirpleurersurtonépaule.Silesilenceavaitduré,jecroisquej’auraisprisunbilletpourFlorence.Maistuvois,ilestvenuàmoi!seréjouitEmily.

–Avecunedemandeenmariageenplus!

Emilyéclatederire.

–Jet’avouequejen’enespéraispastant.Çamesembleunpeuprématuré,maisçametouche.Çafaitpartiedecequej’aimechezPaul:safougue,sonimprévisibilité.

Siellefaitsavieaveclui,ellevaêtreservie!

–Jecroisvraimentqu’onaunavenirensemble,maisjemesuisdéjàplantéeunefois,etc’étaitiln’yapassilongtemps…JemesuislaisséeséduireparDouglas,aupointd’accepterdel’épouser.Jeneveuxpasmetromperunenouvellefois.

–Jevoistrèsbiencequetuveuxdire.Çam’estarrivéavecOrlando,dis-jeavecunegrimace.

–Pasexactement.Toi,tuavaisrompuavecluiavantderevoirPercival;tut’étaisaperçuedetoi-mêmequ’iln’étaitpasfaitpourtoi.Moi,j’aidûapprendresatromperie,affrontersatrahison,lescandale…Jel’aiaimésincèrement.Peut-êtrepasautantquejelecroyaisàl’époque,maisjel’aiaimé.

–EtPaul?Turessensquoipourlui?

–CequejeressenspourPaulaujourd’huiesttotalementdifférent,maispasmoinsfort.Sansdouteplusd’ailleurs,etc’estperturbant,ajoute-t-elleaveclesourire.AvecDouglas,onaprisladécisiondesemariertrèsvite.C’estpourquoi,jeveuxquePauletmoiprenionsletempsdenousconnaître,avantdenousengagerpourlavie.Tusais,jevousadmire,Percyettoi;jevousenviemême.Entrevous,c’étaitsi…évidentdèsledébut.C’estcommesivousétieznéspourvousrencontrer,commesivousétiezfaitsl’unpourl’autre;çacrevaitlesyeux.MaispourPauletmoi,çan’estpassisimple.Entoutcas,paspourmoi.JecroisquejesuisréellementamoureusedePaul,mais…j’aibesoind’êtresûrequejenemetrompepas.

–Ettuastotalementraison,dis-jeenposantmamainsurlasienne.Qu’aditmoncherfrère?

–Iladitqu’ilm’attendraitletempsqu’ilfaudra.

J’éclatederire.

–Ilt’aimevraimentalors!Tusais,lapatiencen’estpassonfort!plaisanté-je.

–J’airemarquéoui,ditEmilyensouriant.Jeluiaidemandédemerefairesapropositiondansunan,etpasavant.

–Etilaaccepté?Unan!Tuesdureaveclui!Commentl’a-t-ilpris?

–Aveclesourireetleplusgrandcalme.

–Vousn’êtespasencoremariés,ettul’asdéjàtransformé,dis-jepourplaisanter.

–Ahnon,surtoutpas!serécrieEmily.Jel’aimecommeilestetjeneveuxpaslechanger.Jecroisqu’ilnes’attendaitpasàcequejediseouitoutdesuite.Ilvoulaitsimplementquejecomprennequ’ilneprenaitpasnotrehistoireàlalégèreetqu’ilétaitprêtàs’engager.Messagereçu.

–Jecomprendsmieuxlechampagnealors.J’espèrequ’onlesableradenouveaudansunan!

Emilymeregardeavecunsourireénigmatique.

–Quisait,peut-êtreavant?

Jelaregarde,unsourcillevé.

–Jeluiaifaitpromettredenepasmefairedepropositiondemariageavantunan,maisriennem’interditdeluifaireuneproposition,dit-elleavecunrireespiègle.

3.Laconfusiondessentiments

–OhmonDieu,Reggie,c’estmagnifique!

Ébahie,jeregardel’immensetoilesignéeJuliusqueReggieafaitlivrerdansleslocauxdanslesquelsnousnousinstallonsMimietmoi,àNottingHill.Leslivreurssontrepartisdepuiscinqbonnesminutes,maisjesuistoujoursenadmiration.

–Jen’ensuispasmécontenteffectivement,reconnaîtReginaldensouriant.

–Maisilnefallaitpas,c’esttropbeau…Etçavautunefortune.Tonagentvatetuer!

–C’estmapetitecontributionàvotrebeauprojet,etcetableaunepouvaitêtremieuxmisenvaleurquedanscetendroit,ditReggieenfaisanttournersonfauteuilroulantpourmieuxadmirerl’espace.

C’estvraiquel’ancienentrepôtdecequartierbohêmedeLondres,rachetéparPercy,avecsesverrières,sespasserellesmétalliques,sespoutresenboisetsesgrandsmursblancs,faitunécrinrêvépourcettetoileéclabousséedegrandséclatsdecouleurs.

–Alors,vousenêtesoùdanslacréationdevotremarque?medemandeReggie,enm’arrachantàmacontemplation.

–Onemménagedansquelquesjours.J’attendsMimicarnousdevonsallerchoisirlesderniersmeubles,maisc’estpresqueprêt.Onafaitrajouterdescloisonsauxniveauxsupérieurspourdélimiterdesespacesdetravail;onacommandélesportants,réaménageretéquiperlagrandecuisine…EtmaintenantqueMimiestàLondres,onvapouvoirrecruternotreéquipe.

–Quelleteamvousallezfaire!J’aihâtedevoirvotrepremierdéfilé.

–Sachequetuaurasuneplacesurlefrontrow…

–Maisj’ycomptebien!Pourquoicrois-tuquejesorsaveclastyliste?ditReggieavecsonhumourpince-sans-rire.

Dansunéclatderire,jem’installesurl’undesgrandsdivansdecuirnoirquenousavonsfaitinstallerdansl’entrée.Jefaisfaceaugrandmurdeverreàl’arrièredubâtiment,quidébouchesurlepetitjardinqui,depuismapremièrevisite,arevêtucescouleursautomnales.

–Alors,commentçasepasseavecMimi?l’interrogé-je.

SiReginaldn’avaitpasévoquéleurrelation,jen’auraispeut-êtrepasposélaquestion,maispuisqu’ilsembleavoirenvied’enparler…

–Queveux-tuquejetedise,Matilda?Mimiestencréaturedélicieuse.Elleaunesensibilitéartistiquerare,semblesortied’untableaudeBotticelli.Jepourraisresterdesheuresàadmirersasilhouettemenue,sondélicatvisage,sapeaudiaphanequirougitàlamoindreémotion…Elleadéjàtoutpourmeplaire,maisenplus,ellemesupporte,moietmeslubiesetmessautesd’humeur;çalafaitrire

même.Commentnepasêtreamoureuxd’elle?Ellemerendheureux,ettoutcequejeveux,c’estluidonnerlebonheurqu’ellemérite,mêmesijenesuispasconvaincudutoutd’êtreàlahauteur…

–Biensûrquetul’es.C’estgénial!Jesuistellementcontentepourvousdeux.

–J’ail’impressionqu’ellecomprendlesmoindresfrémissementsdemonâme,reprendReggie.

Mêmemasœur,quimeconnaîtdepuisl’enfance,n’apasvuaussiprofondenmoi.MaisonsaittousquelasensibilitédePennylaisseàdésirer.Mimimecomprendcommepersonneavantelle,àpartpeut-être…

Ils’interromptbrusquement.

–Qui?Percy?dis-jeensouriant.

–Non.PasPercy.Toi.

Jenem’attendaispasàcetteréponse,etsi,dansunpremiertemps,jesuisflattée,l’expressionquisedessinesurlevisagedeReggiememetmalàl’aise.

–Oui,toi,Matilda.Tuasceje-ne-sais-quoiquifaitqu’avectoi,j’ailaissétombertouteslesbarrièresetj’aipumemontrertelquej’étais.Jesaisquetumecomprends,quetum’acceptestelquejesuis.

–Mais…oui,biensûr,tuesmonami.Maistoutelafamillet’adoretelquetues,tusais.LadyMargaret,parexemple,estfolledetoi.

–Etjel’adore,commej’adoreLaviniaouPercy,maismalgrétout,aveceux,j’ail’impressionquejejoueenpermanenceunrôle.Jesuisdevenuunpersonnage.Cepersonnagequejemesuisconstruitdepuisl’accident,celuiquipeutêtrele«grandpeintre»Julius,maisaussil’hommedumondesursonfauteuilroulantclinquantdedesigner,avecsestenuesd’ungoûtexquisetson«humourdévastateur»,commej’aipulelirerécemmentdansunechroniquemondaine.

Ilfaitunepause.J’aipeurd’entendrelasuite…

–Maisavectoi,Matilda,jesuisjustemoi,etjeneconnaisriendeplusprécieux,deplusdouxetdeplusuniquecommesensation.

Jesuispétrifiée.LeregardardentdeReginaldposésurmoipendantsaconfessionmetroubletoutautantquesespropos.

C’étaitquoiça?

Jen’osepasbouger.Jenesaispasquoirépondre.Jecherchequelquechoseàdirepourdétendrel’atmosphère,devenuepesantetoutàcoup.

–Je…ehbien,merciReginald!Taconfiancem’honoretusais.

–Maconfiance?ditReginaldavecunepetitegrimace.Tucroisvraimentquec’estcedontils’agit,

Matilda?

Unedéclarationd’amour?

–EnfinReggie,dequoiparles-tu?dis-jedoucement.

–Jevaistedirequelquechosequejenet’aijamaisdit,commenceReggieenfaisantroulersonfauteuilplusprèsdemoi.CefameuxpremierétéàAmberdel,j’étaisamoureuxdetoi.

J’éclatederire.

–Maisqu’est-cequetudis?Tuétaisodieuxavecmoi!m’esclaffé-je.

Jecomprendsinstantanémentquejen’auraispasdûprendreladéclarationdeReggiesurletondelaplaisanterie,carilsemblemeurtriparmaréaction.

–Cen’estpastrèscharitablederiredel’adotimidequej’étais,Matilda,dit-ild’unairpincé.À

l’époque,jenesavaispascommentexprimermessentimentsautrementquepardesmoqueries.Etjeterappellequej’étaiscomplètementsouslacoupedePenny,quitedétestait.Maisalorsquej’étaistransid’amourpourtoi,toi,tun’avaisd’yeuxquepourPercy;sinon,tuteseraisaperçuequejepassaismontempsàteregarderouàtesuivre.Penelope,elle,s’enestrenducompte.Jepensed’ailleursqueçaalargementaggravésonallergieàtoi.

Jeleregardebouchebée.

–Soit,finis-jepararticuler,tuaseuuneamouretted’enfantpourmoi…maisnousn’ensommespluslàaujourd’hui.

–Tuesmalplacéepourdirequelesamourettesd’enfantnedurentpas,ditReggied’untoncinglant.

Jeleregarde,confuse.

–Jesuisdésolée,Reggie,sijet’aiblessé…Jenevoulaispas.

LevisagedeReginaldseradoucit.

–Tuasraison,c’étaitilyalongtemps,etjenesuispassûrqu’ilyaitquelqu’unaumondequisoitplusheureuxquemoidetonhistoired’amouravecPercy.Vousêtesfaitsl’unpourl’autre,maisturestespourmoiquelqu’undespécialet…

J’entendssoudainunbruitàlaported’entrée,quiétaitrestéeouverte.JemeretourneetjedécouvreMimidevantlaporte.Ellenousregarde,blême,levisagebaignédelarmes.Jemeredresseaussitôt:

–Mimi!

Maisignorantmoncri,àmongranddésarroi,elles’enfuit.

–Mimi!Reviens!crié-je.

Jefaisunpaspourcouriràsasuite,maisReginaldm’attrapeparlebras.Jemetourneverslui.

–Jedoislaretrouver!m’exclamé-je.Jenesaispasdepuiscombiendetempselleestlà…Tuasvucommeellepleurait?Elleadûmalcomprendre;ilfautluiexpliquer…

–Luiexpliquerquoi?ditReggieavecunrictusamer.Quecrois-tuqu’elleaitmalcompris?Jet’aiditqueMimiavaitunesensibilitéhorsducommun.

–Maisvusaréaction,ellen’asansdoutepasentenduquandtuparlaisd’elle.C’estnormalqu’ellesoitbouleverséesiellen’aentenduquelafindenotreconversation!

Reginaldmeregardeavecunsouriretriste.

–Mêmesicequ’elleaentendun’étaitquepartiel,çan’endemeurepasmoinsvrai.J’étaisamoureuxdetoiilyadixans,etj’éprouvetoujoursdessentimentspourtoi.Tutesouvienscestableauxquejenevoulaispasquetuvoiesdansmonatelier?Ilstereprésentent.J’aicommencéàlespeindreauprintemps,aprèstavenueàAmberdel.C’estcommeça,tuoccupesuneplaceàpartpourmoi.EtsiMiminepeutpasvivreaveccetétatdefait,nousn’avonspasd’avenirensemble…

Cettefois,jem’emportepourdebon.

–Désolée,maistudisn’importequoiReggie.Tuconfondstout,l’amour,l’amitié…C’esttontempérament:tuembellisleschosespoursatisfairetonâmed’artiste,tulestransformespourenfairedessourcesd’inspiration.Peut-êtrequejet’aiservidemuseàuncertainmoment,maisletableauquej’aivusurtonchevalet,c’étaitbienMimiquejesache?Jevoisbiencommenttularegardes;tunem’asjamaisregardécommeça.Tutecomplaisdanscette«rêverie»autourdemoiquetusaisimpossible,parcequetuaspeurd’affronterunehistoired’amourbienréelle.Parcequec’estçaquereprésenteMimi:laréalité!

Reggiemeregardeensilence,uneexpressionindéchiffrablesurlevisage.

–Tupeuxresterlààruminer,moijevaisàlarecherchedeMimi.Peut-êtrequejepeuxréparerlesdégâtsquetuasfaits,lancé-jefurieuse.

J’attrapemavesteetmonsacetjemeruehorsdubâtiment.L’appartementquePercyprêteàMimin’estqu’àdeuxruesd’ici.J’espèrequec’estbienlàqu’elles’estrendue.JefoncecommeunedératéeetjerejoinsMimiaumomentoùelles’apprêteàentrerdanssonimmeuble.Elleseretourneenentendantmespasderrièreelle,etjepeuxvoirqu’elleestencoreenlarmes;cequimetranspercelecœur.Jelaprendsdansmesbraset,àmongrandsoulagement,elleselaissefaire,mêmesijelasenstendue.

–Ilfautquejeteparle,luimurmuré-jeàl’oreille.Jepeuxmonteravectoi?

Sansunmot,ellehochelatêteetjelasuisàl’intérieur.Elleouvrelaporteduspacieuxetlumineuxduplexmeublé,danslequelellerésidedepuisquelquesjours.Àpeinearrivéesàl’intérieur,àl’abri

desregardsindiscrets,sessanglotsreprennentdeplusbelle.Jel’entraîneverslecanapéfleuri,surlequeljem’installeauprèsd’elle.Jecaresseseslongscheveuxblondsenattendantquelacrisedelarmessecalme.

–Machérie…Mimi…Netemetspasdansdesétatspareils.Jet’assurequ’iln’yapasdequoi.

Monamierelèvesonvisageetmeregardeavecdesyeuxd’enfantperdu.

–Ilnem’aimepas.

–Jet’assurequecen’estpasvrai.Tun’aspasentendu,quandiladitqu’ilétaitamoureuxdetoi,quetuavaisunesensibilitéhorsducommun,qu’ilpouvaitresterdesheuresàteregarderetqu’ilvoulaitterendreheureuxetavaitpeurdenepasêtreàlahauteur.Tul’asentendu,ça?

Mimimeregarded’unairincrédule.

–Jetejurequec’estvrai!dis-je,véhémente.C’estcequ’iladit,quasimentmotpourmot.Etilaaussiajoutéquepersonnenelecomprenaitcommetoi…

–…àparttoi.

Ah,ça,ellel’aentendu!

Jesoupire.

–Jecroisquesesmotsontdépassésapensée.Etquandbienmême?NoussommesamisavecReginald,tulesais.C’estvraiquenousnousentendonsàmerveille,maisçan’enlèverienàcequ’ilressentpourtoi.

–C’estcequ’ilt’aditdemedire?

–Euh…non.

–Ilnet’apasdonnédemessagepourmoi?hasarde-t-elle.

–Je…non,iln’ariendit,dois-jeconfesser,gênée.

–Tuvois.Iladûêtresoulagéquej’apprennelavéritécommeçaetquejeparte.

Reggieavaitraison,elleleconnaîtvraimentbien…

–Maispasdutout!Tunousasprisparsurprise;iln’apaseuletempsderéagir,dis-jeenessayantd’êtreconvaincante,mêmesijesaisquelavéritéestunpeudifférente.Etmoi,jesuispartieencourantàtestrousses.Quevoulais-tuqu’ilfassesursonfauteuilroulant?

Mimimeregarde,perplexe.Jesensbienqu’elleaenviedemecroire,alorsj’insiste.

–Mimi,nelaissepasquelquesmotssaisisauvol,horscontexte,troublerlabellerelationquevous

aveztouslesdeux.Donne-luiaumoinsunechancedes’expliquer.Ilestrestéauloft,tupeuxallerlerejoindreet…

Mimim’arrêted’ungestedelamain.

–Non,Matilda,jen’iraipas,merétorque-t-elleenessuyantsesjoueshumides.Reggiearaisonquandilditquejelecomprends.Jesaisqu’ilpensaitchaquemotdecequ’iladitteconcernant.Jesaisqu’ilaaussidessentimentspourmoi,jen’endoutepasuninstant,maismanifestement,ilnem’aimepascommejel’aime.Matilda,situsavaiscommejel’aime!dit-elleenportantsesmainsàsoncœur.

Jel’aimetellementquej’étaisprêteàl’aimerensachantqu’ilm’aimaitmoins.Jepensaisqu’avecletemps,ilenviendraitàressentirlamêmechosequemoi.Maisc’estimpossible,s’ilt’aime…

–Maisiln’estpasamoureuxdemoi!C’estuneillusion,unechimèred’artiste…

–Ehbien,ditMimid’unevoixtrèsdouce,enselevantducanapé,jenemebattraipascontreunechimère.S’ilteplaît,n’enparlonsplus.Jenet’enveuxpas,jenesuispasjalousedetoi,crois-moi!

Çaneremetpasenquestionnotreamitié,ninotrerelationdetravail,maisjet’enprie,nemeparleplusjamaisdeReggie,ajoute-t-elleenmeregardantdanslesyeux.

–Maisnesoispassicatégorique,il…

–Jet’enprie,m’implore-t-elled’unepetitevoixsuppliante.

Delavoirsimalheureusemefaitmal.Jeretienslesmotsquej’allaisprononcer.

–TrèsbienMimi,commetuvoudras.

–J’aimeraisresterseulemaintenant,s’ilteplaît,medemande-t-elle.

–Biensûr,oui.Jem’envais.

Jel’embrassesurlajoueetsorsdel’appartement.Jereprendslentementlechemindel’entrepôt.

Mimiestd’unesensibilitéextrême.C’estsansdoutecequifaitd’elleunecréatriceexceptionnelle,maisçaenfaitaussiunepetitebouled’émotions.JecomprendsquelesparolesdeReggieaientétéunchocpourelle.Pourl’instant,elleestincapablederaisonner,detempérer;elleestàvif.J’espèrequeletempsluipermettradecomprendrequ’ellenedoitpasrayerenuninstantReggiedesavie.Jecroisvraimentqu’ilsontunavenirencommunpossible.

Ensoupirant,jerejoinsl’entrepôt.J’aideuxmotsàdireàReggie.Jenecroispasàsonamourpourmoi.Jen’écartepasl’idéeparcequ’ellemedéplaît,maisparcequejecroisleconnaîtresuffisammentpourvoirqu’ilfaitfausse-route.Jenepensepasquetoutsoitfoutu,contrairementàMimiquis’estmontréeradicale.J’aivusonvisagequandellem’ademandésiReggieavaitunmessagepourelle;elleespéraitqu’ils’excuse,qu’illaconvainquedesonamour.SiseulementReggiepouvaitallerlatrouver;jesuissûrequetoutpourraitrecommencer,maisilfautqu’ilréagissevite.

JehâtelepaspourrejoindreReggie,maispeineperdue;jenepeuxqueconstaterenarrivantauloftqueReginaldnem’apasattendue.

4.Unerancunetenace

–Monsieur,MlleMancroft-Tennantdésirevousvoir,annonceEugene,lemajordome.

Penelope?Maisqu’est-cequ’elleveut?

Percyetmoisommesentraindeterminerdedéjeuner.Quelbonheurdereprendre,neserait-cequepourunrepas,lecoursdenotrevie.Notrevie,quecesmotssonnentdouxàmonoreille!

Pourlapremièrefoisdepuisdesjours,nousavonsmangédeboncœur,carc’estunjourspécialpournous.Percys’étantsoumisautestADN,OsmondafaitvaloirauprèsdesConnellysabonnevolontéetlesapersuadésdenouslaisserJulianpourleweek-end.Nousdevonspasserleprendredansdeuxheures.AmbroseConnellyalaisséentendrequ’iln’acceptaitqueparcequ’ilenallaitdelasantédeJulian,quiréclamebeaucoupsonpèreetselanguitaupointd’enperdrel’appétit.Commentpourrait-ilenêtreautrement?Peut-êtrequelesConnellycommencentenfinàprendrelamesuredel’amourquiunitlepèreetlefils.

Laperspectivedepasserdeuxjoursaveclepetit,quenousemmenonsàAmberdel,nousarenduunebonnehumeurquinousfaisaitdéfautcesdernierstemps.Percyestenfindétendu,apaisé,etencoreplustendreetfougueuxqued’habitude.Jedoisavouerquelanuitaétéaussicourtequetorride,etnousémergeonsàpeined’unevoluptueusegrassematinée.Nosébatsm’ontaffamée,etj’aidévorélesdélicieuxpetitsplatsquelacuisinièrenousaconcoctés.Pendanttoutlerepas,Percyn’acessédemeprendrelamain,deplaisanter;nousétionssigais…EtvoilàquePenelopesurgitcommeundiabledesaboîte.Jemedemandebiencequ’elleveutàPercy.Douglas,sonpetitami,aquandmêmeessayéd’envoyerPercivalenprison!

–Faites-laentrerdanslegrandsalon,Eugene.Nousarrivons.Etfaites-yservirlecafé,ditPercy,impassible.

Jemeretiensjusqu’àcequ’Eugenesortedelapièce,maisjenepeuxcontenirmastupéfactionpluslongtemps:

–Tuvaslarecevoir?Aprèscequ’elleafait?

–Qu’est-cequ’elleafait?ditPercyd’unairinnocent.

–Maistulesaistrèsbien!ElleacachéDouglasalorsquenousétionstousàsarecherche.Chosequ’ellen’ignoraitpas.Enl’hébergeant,elleaprissonparticontretoi.

–Jenevoispasleschosescommeça,merépondtranquillementPercy.Jenecroispasqu’elleaitagiCONTREmoi,maisplutôtPOURlui.JeconnaislepouvoirdeséductiondeDouglas;jesupposequ’illuiatournélatête.

–Maiselleestdetafamille,elleauraitdûtesoutenir…Etenplus,elleadisparu!Ellen’estmêmepasalléevoirLadyMargaret.Tagrand-mèreluienveutbeaucoup.

–Commetul’asdit,Matilda,Pennyestdemafamille.Jeneveuxpaslarejetersansluidonnerunechancedes’expliquer.Jelaconnaisdepuisl’enfance;ellen’estpascommode,maisellen’estpassimauvaisequ’elleveutbienlefairecroire.Etc’estlasœurdeReggie;ilesttrèsattachéàelle.Jedoisaccepterdeluiparler,neserait-cequepourlui.Jenepeuxpasnepaslarecevoir.

–Oui,biensûr,tuasraison,reconnais-jeunpeupiteusement.

Ilaraison.Jel’admiredemontrerautantdenoblessedesentiment,demagnanimité,etjem’enveuxcarjem’ensensincapableàcetinstant.Sansdouteparcequ’aprèstoutcequel’onatraversé,jeredoutecequ’ilpeutencorearriver.J’enviesaforceetsonflegme,sonélégance…

Percyembrasselapaumedemamain.

–Tuviensavecmoi?mequestionne-t-il.

Ilfaitsademandeavecunsourireauqueljepeuxdifficilementrésister,mêmesij’essaie!

–Moi?Maispourquoi?Jen’aipasspécialementenviedelavoir,réponds-jeavecmoinsdefermetéquejen’auraisvoulu,carPercymeregardedesonairleplusattendrissant.

–Dieusaitpourquoiellevientici,quelledemandeellevabienfaireouquelleélucubrationellevadire.J’aimeautantqu’ilyaituntémoin,expliquePercyenriant.

–Commentpeux-tuenrire?Tusaispourtantàquelpointellepeutêtrevenimeuse.Çam’étonneraitquecesoitjusteunevisitedecourtoisie.

–Etpourquoipas?ditPercyd’untonléger.Ellevientpeut-êtredemanderpardon,demanderàréintégrerlegironfamilial…

Ilselèveetmetiregentimentparlamainpourquejefassedemême,enm’encourageantd’unsourire.Jelesuis,àmoitiéconvaincue.LaperspectivederetrouverJuliancetaprès-midiarenduPercyétonnammentoptimiste.Pourmoi,lavenuedePenelopen’augureriendebon.

Noustraversonslecouloir.Percivalseretourneet,enunregard,comprendmonétatd’esprit.Ilrevientversmoietmesourit.

–Allez,viens,m’encourage-t-ildoucement.Fais-moiconfiance.

Ildéposeunlégerbaisersurmeslèvres,puism’entourelesépaulesdesonbrasetm’entraînedanslesalon.

Penelopeestinstallée,commeàsonhabitude,nonpasdansunfauteuil,maissurl’accoudoir.Elleesttoujourstrèsbelle,enslimetchemisenoirs,lescheveuxencorepluscourtsqu’avant,mêmesielleaconservésamèchesurl’œil.Salonguesilhouettemesembleencoreamaigrie;cequejenecroyaispaspossible.Lorsquenousentronsdanslapièce,elleestentraindefumerunecigarette,lesyeuxperdusdanslevague.Unecafetièreestdéjàposéedevantelle,ainsiquetroisfinestasses.

Ellelèvelatêteànotreentrée.

–BonjourPenelope,ditPercyd’untonaimable,maissansallerl’embrassercommeillefaisaitautrefois.

–SalutPercy.Matilda,ajoute-t-elleenmefaisantunbrefsignedelatête.

Ellen’apasbougédesonposte;elleajustedéposésacendredansuncendrierqu’Eugeneaobligeammentplacésurlatablebasse.Percyvas’asseoirenfaced’elle.Jeleregardeagir,impressionnéeparsoncalmeetsadétermination.

Jem’éloignedansuncoindelapièceaprèsm’êtreserviunetassedecafé.

–Alorsquemevauttavisite?ditPercy.Tuvoulaisprendredemesnouvelles?demande-t-il,sanslaisserparaîtrelemoindresoupçond’ironie.

–Pasexactement,non.Maisjesuisraviedevoirquetuasl’airdeteportermagnifiquement.Non,jesuisvenuetedemanderdenepasporterplaintecontreDouglas,lâche-t-ellesansménagement.

Évidemment,pourquoid’autreserait-ellevenue,cettegarce?

J’observelaréactiondePercy.S’ilnem’enariendit,ilétaitmanifestementpréparéàcettedemande.Ilnecillemêmepas.IlsepencheversPenelope.

–Etpourquoiferais-jeça,Penny?prononce-t-illentementdesabellevoixgrave,avecundemi-sourire.Pourquoiserais-jeclémentavecunhommequiatoutfaitpourm’envoyerenprison,pourmefairepasserpourunmeurtrier?

–Parcequejeteledemande,répondPenelopeenécrasantsacigarettedanslecendrier,avantd’enallumeraussitôtuneautre.

Avecunpetitriresec,Percyserejetteenarrièredanssonfauteuil.

–J’aidel’affectionpourtoi,Penny,maisçanesuffitpas.

–Tusaisbienqu’ilvaêtrecondamnépourcequ’ilafaitdetoutefaçon,pourfauxtémoignageetautres,insistePenelopeensemettantdebout.Çan’estpassuffisantpourtoi?Tudoislepoursuivredetahaineparcequ’ilacouchéavectafemme?

Percys’estraidisursonfauteuil.Sonsouriren’estplusqu’unrictusdecolère.Lentement,ilseredresseetfaitfaceàPenelope.

–C’esttoutcequetuavaisàmedirePenny?demande-t-ild’unevoixblanche.Jet’aientendue.Jetedemandemaintenantdenouslaisser.

–Noncen’estpastout!explosePenelope.Tulerendscoupabledetoutcequit’estarrivé,maistuastapartderesponsabilité.Pourmoi,çaressembleàunchâtimentdivinpourtoutcequetuasfaitàCharlotte.Tuasrendusavieimpossible!Ellesedéfonçait,ettoi,tunefaisriend’autrequ’aller

câlinerteschevauxetjoueràtonmauditpolo!Tul’asdétruite!Ettut’étonnesqu’ellesoitalléesefaireconsolerailleurs?Maisaumoins,Douglasl’aimait,lui.JesuisbiencontentequelesConnellyveuillentt’enleverlagardedeJulian.Etd’ailleurs,pourquoivoudrais-tugarderlesouvenirdequelqu’unquetuasdétesté?TuhaïssaisCharlotte.EtJulianestlachairdesachair,mais,encequiteconcerne,c’estloind’êtresûr…J’espèredetoutmoncœurqu’ilestdeDouglas!Juliannepeutpasêtredetoi!ajoute-t-elled’unevoixstridente.

JevoisPercivalvacillersousl’insulte,lespoingsserrés.Jemeprécipiteverslui;l’espaced’uninstant,j’aicruqu’ilallaitlafrapper.Maisavantquejen’arriveàlui,jelevoisserasseoirlentement.

–AurevoirPenny,dit-ilenlaregardantdanslesyeux.

ExaspéréeparlecalmedePercival,qu’elleespéraitsansdoutevoirs’emporter,Penelopemelanceunregardpleinderageettapedupied.Puisellequittelapièceàgrandesenjambées.

Jem’agenouilleauprèsdePercival.S’ilatenubondevantPenelope,jelevoissetassersursonsiègeaprèssondépart.Lescoudessurlesgenoux,ilprendsatêteentresesmains.

–Nel’écoutepas.Elleditn’importequoi.LetestconfirmeraqueJulianestbientonfils.

Percyresteuninstantsansmerépondre,puisilrelèvedoucementlatêteetditavecuncalmeapparentquimeglacelesang:

–Tuviens?OnvachercherJulian.

Àsonregard,jecomprendsqu’ilrefusedecommenterlascènequivientdesedéroulerdanscettepièce.Obéissantàsonsouhaittacite,jeprendssurmoietchangedesujet:

–Eugeneamislesvalisesdanslecoffre.Onpeutpartirtoutdesuite.

5.Unpère,unfils

–Commejesuiscontentdetevoirmonchéri,ditPercyenserrantsonfilscontrelui.

Julianestsortidelamaisondesesgrands-parentsencourantpoursejeterdanslesbrasdesonpère.MadameConnellysetientsurlepasdelaporte–sonmarines’estpasmontré–,lesyeuxembuésdelarmesdevantcettescènetouchante.

Julianvientm’embrasseràmontour;jeletiensuninstantcontremoncœur,caressantsesbouclesbrunes,émuedeleretrouver.PuisnousrentronsdanslavoitureoùJulianvas’installersurlesgenouxdesonpère.NouspartonspourAmberdel.D’habitude,Percyaimebienprendrelevolantlorsqu’ons’yrend,maiscettefois,ilasollicitésonchauffeur,William.Ilvoulaitpouvoirprofiterdesonfilspendanttoutletrajet.

–Tuneveuxpast’asseoiràcôtédemoimonchéri?luiproposePercy.

Juliannerépondpas,ilfaitjusteunouidelatête.IlseserreunpeuplusfortcontrePercival,comme

s’ilavaitpeurd’êtredenouveauséparédelui.

NoussortonsdeLondres.LepetitvisagedeJulianrestegrave,commes’iln’arrivaitpasencoreàseréjouirdenosretrouvailles,commes’ilredoutaitqu’ellesprennentfin.

–TusaisqueGrand-Ma,LaviniaetEmilyt’attendentavecimpatience,luidis-jepourdétendrel’atmosphère.AufaitPercy,Reggieseralàaussi?

–Non,jel’aieutoutàl’heureautéléphone,ilnepeutpasceweek-end.

Tum’étonnes!

DepuishieretlascèneavecMimi,iln’apasréponduàmesappels,niàmesSMS.Ildoitredouterdesetrouverenmaprésenceaprèscequ’ils’estpassé.Jen’airienditàPercy;j’avouequecelamegêneunpeu.J’ail’espoirquetouts’arrangeentreMimietReggieavantquePercyserendecomptedeleurbrouille.Celadit,ilsaitàpeinequ’ilsétaientensemble;ilavaitbiend’autrespréoccupationscesdernierstemps.

–Ettonfrère?Tunel’aspasinvité?m’interrogePercy.

–Paulnepouvaitpasvenir,ilarendez-vousàlagaleriedemain.

Enfait,Paulm’aditqu’Emilyl’avaitinvité,maisjecroisqu’ilétaitunpeumalàl’aisedeseretrouverenpleineréuniondefamilleàAmberdel.EtpuisilnevoulaitpasofficialisersarelationavecEmilyalorsqu’onfêtaitleretourdeJulianparminous.

Soudain,lavoixdeJulian,quiétaitrestémuetjusqu’ici,s’élève:

–TuparsplusDaddy,hein?

Visiblementbouleversé,sonpèreleserrecontrelui.

–Nonmonchéri.Jeresteavectoi.

–Promis?insistelepetitgarçon.

–Promis,monamour.

MesyeuxcroisentceuxdePercy:jecomprendsqu’iltiendralapromessefaiteàsonfilsquoiqu’ilarrive,etçameglacelesang.

RassuréeparlesmotsdePercival,Julianl’embrasse,puiss’échappedesesbraspourvenirseblottircontremoi.Pouvoirserrersonpetitcorpscontremoietsentirsondouxparfumd’enfantmefontmonterleslarmesauxyeux.J’embrassesesbouclesbrunestandisqu’ilposesatêtecontremapoitrine.

–C’estquandquevousvousmariez?

J’éclatederire.

–Bientôtmonchéri.Tusais,ceseraunegrandefête.Ilyaurabeaucoupd’invités,etilyadespréparatifsàfaireavant.Ilfauttoutorganiser.

–Commequoi?m’interrogeJulian.

–Ehbien…ladécoration,lerepas,lamusique…Ilfautquejetrouveunetrèsbellerobe.Etpuisilfautégalementqu’onchoisissetoncostume…

–EtceluideScoopaussi?ditJulianenrelevantsatête.

–JesuissûrequeGrand-Maluitrouveraunebelletenuedecérémonie!dis-jeenriant.

NousarrivonsbientôtàAmberdel.C’estunScooptrèsexcitéetlaqueuefrétillantequinousaccueilleàlasortiedelalimousine.LepetitchienetJuliansontravisdeserevoir,etPercyestobligédelessépareraumomentoùilsseroulentdanslegravieretdeprendresonfilsdanslesbraspourquenouspuissionsentrerdanslechâteau.LaviniaestdéjàarrivéedeLondres.ElleetLadyMargaretseprécipitentpourcouvrirl’enfantdebaisers.LamaindanscelledePercy,jelesregardeavecbonheur:ilmesemblequecelafaituneéternitéquenousn’avonspastousétéréunisetaussiheureux.

–Alorsilestlàmonpetitcavalier?

JemeretourneetmeretrouvefaceàEmilyquiarrivemanifestementduharasentenuedecavalière.EllevaembrasserJulian.

–Tusaisquetuasmanquéauxchevaux?Pivoinem’ademandédetesnouvelles,luiditEmily.

L’enfantlaregardelesyeuxécarquillés,nesachantpastropsic’estuneplaisanterie.

–Tuviensavecmoi?Jevoudraistemontrerquelquechose.

Julianregardesonpèrequil’encouraged’unsignedetête.L’enfantprendlamainqu’Emilyluitendetluiemboîtelepas.

–Vouspouvezveniraussi,ditEmilyàlacantonade.

–Ilfaitunpeufroidpourmoi,jevousattendsausalon.Jevaisfairepréparerlethé,ditLadyMargaret.

–Jeviensavecvous,Mère,ditLavinia.

Percyetmoi,intrigués,choisissonsdesuivreEmilyetJulian.C’estainsiquenousarrivonsauxécuries.Emilynousconduitjusqu’àunboxoùunjeunepoulainpommeléestcouchésurlapaille.

–Tuvois,ilestnécettenuit,explique-t-elleàJulianquiouvredegrandsyeux.Iln’apasencoredenom.Tuveuxluiendonnerun?

Julianregardelepoulaind’unairsongeur,puisilsourit:

–Pirate!lance-t-ilgaiment.

–D’accord,onval’appelerPirate,acquiesceEmily.Tuvois,saMaman,c’estmajumentpréférée,cellequej’airamenéed’AfriqueduSud.Elles’appelleFleurd’été.Etcejolipoulain,jetel’offre;ceseratonpoulain.

Julianlaregarded’unairémerveillé.JemetourneversPercy,m’attendantàlevoirravi,etj’ailasurprisedeconstaterqu’ils’estrembruni.

–Qu’est-cequ’ilya?luimurmuré-je.Tuescontrarié?

–Non,c’estrien,répond-ilàvoixbasse.

Jen’insistepas,maisjevoisbienqu’iln’appréciepaslecadeauqu’EmilyafaitàJulian.Etàvraidire,jenecomprendspaspourquoi.

***

Lasoiréeaétédélicieuse,trèsgaie.C’estnonsansmalquenousavonsréussiàcoucherJulian,quiétaittrèsexcité.Noussommesréunisentreadultesdansle«Salondestapisseries»,oùl’ondevisetranquillementendégustantundigestif.Emilyestalléedormir.Scoop,privédesonjeuneami,boude,apathique,aupieddesamaîtresse.

–Oh,maisPercival,j’aioubliédetedire,lancesoudainLadyMargaret.J’aifaitfairedestravauxdanslepavillondechasse,etilssontterminés.

–C’estvrai?ditPercy,visiblementheureuxdelanouvelle.

–C’estquoicepavillondechasse?m’étonné-je.

–Ilyaunbâtimentdanslebosquetàquelquescentainesdemètresderrièrelechâteau,tunel’aspasremarqué?medemandePercy.

–Jenemesuispasencorepromenéedanscecoin,expliqué-je.

–Enfait,onl’appellele«pavillondechasse»,maisl’aïeulquil’afaitconstruires’enservaitpluspourabritersesamoursillégitimesquepoursereposerentredeuxchassesaurenard!continuePercy,unpetitsourireauxlèvres.Lepavillonestabandonnédepuislongtemps.Nimonpère,nisonpèreavantluines’ensontoccupés.Jenecomprendspaspourquoi,c’estunlieupleindecharme.J’yallaisparfoisyjouerquandj’étaispetit.

–Jusqu’àcequ’ont’interdised’enapprocher,intervientsagrand-mère.Çadevenaitdangereux.Ilyavaitmêmeuntroudanslatoiture;quin’estpluslàdésormais!J’aiaussifaitmettreuncoupdepeinture,enleverlestoilesd’araignéesetremettrel’électricitéauxnormes.Peudechosesontétéabîméesparl’humidité;laplupartdesmeublesétaientprotégéspardeshousses.Jelesaiquand

mêmefaitnettoyer,ouretaperquandças’estavérénécessaire.J’aiaussifaitchangerquelquestentures,nettoyerlestapis…Maisçavalaitlecoup,tuvasvoir.Jecroisqu’ilressemblevraimentàcequ’ilétaitaudépart.Jepeuxdirequetunel’asjamaisvucommeça.

–C’estunemerveilleuseidéequetuaseuelà,Grand-Ma!

LadyMargaretrougitdecontentement.

–Tuvasvoirtagrand-mèreafaituntravailmagnifique,renchéritLavinia.Elleatoutdirigétouteseulejusqu’às’épuiser,dit-elleenfaisantunepetitegrimacecontrariéeàsabelle-mère.Enfin,lerésultatestsuperbe!

–Jevaisallervoirtoutdesuite,ditPercyenselevant,avantdeposersonverresurlatablebasse.

TuviensMatilda?

Percyembrassesagrand-mère.

–Nevousattardezpastropquandmême,cen’estpasencorechauffé,nousrecommandeLadyMargaret.Etjen’aipasencorefaitdéposerduboispourlacheminée.Bon,moi,ajoute-t-elleenselevant,jevaismemettreaulit.Àdemainlesenfants!

–Moiaussi.Bonnenuit!ditLaviniaenluiemboîtantlepas,suiviedeScoop.N’oubliezpasdeprendreunetorchesurtout…

Nousrécupéronsnosmanteauxainsiqu’unetorchedansl’entrée.J’échangeaussimesescarpinscontredesbottesdecaoutchouc.Noussortonsdanslanuit,maindanslamain.

–Tuasvutoutescesétoiles?C’estmagique,dis-jeenpointantmondoigtversleciel.

–Ilvafairebeaudemain…ditPercyd’unairsongeur.

Étroitementenlacés,nouscontournonslechâteaupourtraverserlepréquis’étendderrière.Jemeretournepourregardersasilhouettehauteetmassivequisedécoupedansleclairdelune.

–Quelsilence…chuchoté-jeavecunpetitfrisson.

–Tuaspeur?demandePercy.

–Non…pasavectoi,maisnemedemandepasderentrerseule!

Percysouritetmeserreplusfortcontrelui.Leslumièresduchâteaun’éclairentplusguèreetnousdevonsallumerlatorchepourpénétrerdanslebosquet.Nousnesommesqu’àquelquescentainesdemètresduchâteau,maisl’obscuritébousculemesrepèresetj’ail’impressiondemeretrouveraufinfonddesboisdansunmondeàmillelieuesd’Amberdel,quelquepeuinquiétant.Jesuisunecitadine,etlesbruitsdelaforêt,quejenepeuxidentifier,mesemblentaussiétrangesquemenaçants.Jel’imaginefourmillantd’animauxfantastiques.

–Tuvenaisicienfant,toutseul?

–Tusaisdejour,c’estbeaucoupmoinsimpressionnant,ironisePercy.

Lecheminquenousavonsempruntéentrelesarbresdéboucherapidementdansunepetiteclairièreoù,grâceàlapuissantetorchedePercy,jedécouvreunravissantpetitbâtimentdebriques,avecdegrandesportes-fenêtresauxverrescolorés,sij’encroislalumièredelatorche.

Percyouvrelaportequin’estpasverrouillée.Samaintrouvefacilementl’interrupteuret,bienvite,lalumièrejaillissantdemultiplespetiteslampeséclaireundécorassezsurprenant.

Commelelaissaitprésagerlafaçade,lapremièrepièceestendemi-lune.Ellefaitquasimentl’intégralitédupetitpavillon.C’estunparfaitcroisemententreunboudoirdelibertinetlerepaired’unamateurdechasse.Lesmurssontrecouvertsd’armesanciennesetdetêtesd’animauxempaillées.

Aucentre,trôneunimmensecanapédeveloursviolet,quipeutlargementfaireofficedelit,surlequelestdéposé,bienrepliées,degrandesetépaissescouvertures,manifestementenvraiefourrure.

Ungrandmiroiraucadredoréestposéau-dessusd’unegigantesquecheminée.Depetitesalcôvesabritentdesbanquettesdeveloursgrenatagrémentéesdecoussinsrehaussésdefilsd’argent.Lesolestrecouvertderichestapisorientaux.

–Ehbien,ildevaitpass’embêtertonaïeul!nepuis-jem’empêcherderemarquer.

–Pourquoidis-tuça?

–Nonmais,regardecedécor?Iln’yapasdedoute,ilnevenaitpasychercherlaquiétude,maisplutôtlaluxure.

–Àsadécharge,sij’encroislesportraitsdefamille,safemmeétaitvraimenttrèslaide.

–Oh,labelleexcuse!memoqué-je.

–Maisoui,ditPercyenvenantm’enlacer.Iln’avaitpaslachanced’avoiruneépousecommecellequejevaisavoir.S’ilt’avaitépousée,crois-moi,ilneseraitpasallécherchersonbonheurailleurs,ajoute-t-ilenm’embrassant.

–Mouais…tuviensquandmêmedetrouverdesexcusesàl’adultère,poursuis-jed’unairfaussementfâché.Çaveutdireques’ilm’arrivequelquechose,quejesuisdéfiguréeouquandjedeviendraivieille,toutbonnement,cequiarriveraindubitablement,tuiraschercherlabeautéailleurspourleplaisirdessens?

–Maisnon,jeplaisantais,ditPercydevenantsoudaintrèssérieux,sesyeuxbleusprenantunéclatsombre.Monamour,commentpeux-tupenserçademoi?J’aimetonapparencephysique,jenepeuxpaslenier,maisjet’aimebienau-delàdeça.Quandj’aienviedetoi,c’estdetoitoutentière,pasjustedetonjolicorps.Etjen’envoudraijamaisd’unautre.

–Maisjesais,dis-jerapidement,voyantqu’ilestvraimenttouchéparmonallusion,jetetaquinais.

Jel’embrassesurlaboucheetlepoussesurlecanapéoùjem’assiedsprèsdelui.

–Vilainefille!ditPercyensouriantdenouveau.Tuaimesmetorturer.Ehmoi,alors,jesuisbienplusvieuxquetoi…

–Pastantqueça!tempéré-je.

–Maisquandmême!J’aiquelquespetitesannéesdeplus.Danspassilongtemps,j’auraibienquelquescheveuxblancs,etturegarderasd’unautreœillesfringantsjardiniersduchâteau,oumême…legarde-chasse,tiens,hein,LadyChatterley!Tun’aurasqu’àveniricipourtespetitsrendez-vousclandestins.

J’éclatederireàcetteimage.

–Tuasungarde-chasse?Ils’appelaitcommentdéjàdansleroman?Ahoui,Oliver.

–Àvraidire…non,iln’yenapassurledomaine,avouePercy,maisonpeuttoujoursenembaucherun,siMmelaComtesseadesfantasmesàassouvir,dit-ilavecunegrimace.

Jemeredresseetleregardelonguement.Avecsonsouriremagnétique,sesdentsparfaites,sesyeuxcharmeurs,ilestirrésistible.Cenesontpasquelquespoilsblancsquivontchangerledésirquej’aipourlui.Etquandbienmêmeilauraitlescheveuxtoutgris,jesuissûrequej’auraitoujoursenviedelui.

–MmelaFUTUREComtesseapleindefantasmesàassouvir,réponds-je,maisavectoiseulement.

Etj’avouequececadrem’inspire…

–Qu’as-tudoncentête,chérie?

–Àvotreavis,monsieurlegarde-chasse?dis-je.

Jem’éloignedePercy,àdemi-allongésurlecanapé,pourallerrefermerlesgrandesetlourdestenturesvioletteetorsurlesportesvitrées.PuisjemeretourneversPercy.

–Ànousdeux,Oliver.

Jem’approcheducanapéoùPercym’observe,desétincellesdanslesyeux.Lechauffagen’apasétéallumédanslepetitpavillonetilyfaitfroid,maisjecomptebiensursonardeurpourmeréchauffer.Jeretiremesbottesetmeschaussettes,goûtantavecplaisir,sousmespieds,ladouceurdel’épaistapismoelleux.Jedénouelaceinturedemonlongmanteauet,sansl’enlever,lentement,jefaisglissermonpantalonetmaculotte.Mesjambessontsaisiesparl’airfraisquirègnedanslapièce.

–Maistuvasavoirfroid!s’inquiètePercy.

–Paslongtemps,dis-jed’unairprovocant.Situveuxbienm’aider.

JemetslesmainsdanslescheveuxdePercyquinemequittepasdesyeux,attentifàmesmoindresgestes.J’attiresatêteversmonsexe,etilplongeentremescuisses.Salanguefouillemafente,etjesenslefeuembrasermoncorps.Sesmainss’agrippentàmesfessespendantqu’ilmebaiseetmelècheàmefairetournerlatête.Sesmainsremontentsousmonpull,saisissentmesseinsqu’aucunsoutien-gorgen’emprisonne.Mestétonsseraidissentsoussesdoigtsetl’airfraisquis’estengouffrésouslevêtement.Jegémislentement,melaissantpénétrerparsalangue.Jesuisauborddelajouissance,mais,auprixd’ungrandeffortsurmoi-même,jeparviensàmereteniretàmedétacherdePercy.Ilmeregarde,désarçonné:

–Prends-moi,dis-jed’unevoixvibrantededésir.

Ilselèveaussitôt,leregardenfiévré.Ilporteencoresonpardessus.Illedéboutonneetvapourbaissersabraguettequandjeledevance.Delamain,jetâtelabossesoussonpantalon,quigrossitencoreàcecontact.Jelecaresseàtraversletissu,medélectantdel’effetdemesdoigtssursonmembre.Puisjedéfaissabraguetteetplongemamaindansl’ouverture,allantcueilliraucreuxdelasoiedesoncaleçonsonmembreenchanteur.Satisfaiteàlavuedupénisdressé,jeposemesgenouxsurlecanapéet,fessescambréesetnuessouslemanteau,j’indiqueàPercyd’unregardprovocantcequej’attendsdelui.

Ilnesefaitpasprier.Sanssesoucierdelatempérature,ilretirecomplètementsonpantalonetsonsous-vêtementet,soulevantmonmanteaucommeonleferaitd’unrideaudethéâtre,ildévoileàsesyeuxmonarrière-trainquifrissonnesoussonregardbrûlant.

–Quelculadorable,LadyChatterley!murmure-t-il.

Ildonnealorsunepetiteclaquesonoresurmacroupe.Jeris,surprise,etilrépètesongeste.Àmonpropreétonnement,cettegentillefesséem’exciteencoredavantage.JemeretourneetcroiseleregardcomplicedePercy,quimedonneunedernièretapeavantd’écraserseslèvreschaudessurmesfessesetdelescouvrirdebaisersquimecomblentd’extase.

Seredressant,Percymesaisitparlatailleetplaquesonbas-ventrecontremoi:j’ailavoluptueusesensationdesonsexechaudquipénètrelemien.Jemetiensdesdeuxmainsaudossierducanapéet,tandisqu’ilcommenceàremuerenmoi,jesenssesdoigtsquiviennentagrippermesseins.

Jenesaissic’estlefroidquifouettemessangs,maisjeveuxqu’ilmeprennedemanière

«sauvage».Jepressemesfessescontrelui,allantàlarencontredesonmembre,leprovoquantpourqu’ilaccélèrelacadence.Percivalacompris,etsesassautssefontdeplusenplusrapides,presquebrutaux.Sesdoigtsdurspincentmestétonssouslepullremonté,etj’adoreça.Puissesmainsglissentjusqu’àmataille,etc’estluiquidirigemonbassinpours’enfoncerplusprofondenmoi.Jenousaperçoisdansundesgrandsmiroirs,àmoitiénussousnosmanteaux,gémissantsetunisdansunesortedefièvre.Jedétacheunemaindudossierducanapépourcaressermonclitoris,cequiamplifieencoreleplaisirquemedonnesonvit.L’orgasmemonte,inexorable,etnousfoudroiedansunbelensemble.

Lesoufflecourt,entravésdansnosmanteaux,nousretombonsencoreimbriquéssurlecanapé.

Percyseretiredoucementetramasselesfourruresquisonttombéesàterre.Illesdéplieet,revenants’allongerprèsdemoi,nousenrecouvre,etnousnousblottissonsl’uncontrel’autredanscetteespècedenidimprovisé,unsourirebéatsurleslèvres.

***

Lefroidvifquirègnedanslapiècemeréveilledelacourtetorpeurquiasuccédéauplaisir.

J’ouvrelesyeuxetjevoisPercyquifixelemuravecsurlevisageunairmélancolique.

–Qu’as-tu?dis-jeenportantunemainàsonvisage.

Illasaisitetlabaise.

–Rienmonamour,rien.

–Tuasl’airtriste.

Ilsourit,mais,mesemble-t-il,sansgrandeconviction.

–«Postcoïtum,animaltriste»,dit-on.

–Tunel’espasd’habitudepourtant.Jenet’aijamaisvutristeaprèsl’amour.

Percysepencheversmoietm’embrassepourmefairetaire.Jemelaissefairedocilement,etsalanguedansmaboucheréveillemoncorpsàdemi-assoupi.Jesensentremesjambessonsexequiseréveilleetdurcit.LesmainsdePercycaressentmesseins,qu’ilembrasseavecunevigueurrenouvelée.

–Enfin,Oliver…

–Non,mecoupe-t-ild’unevoixtendre,s’ilteplaît.Jeneveuxplusjouer.Moi,Percival,jeveuxtefairel’amouràtoi,Matilda,lafemmedemavie,commesi…commesic’étaitladernièrefois.

–Maisqu’est-cequetudis?dis-je,alarméeparcetonsoudainsolennel.

Ilritetpassesondoigtsurmessourcilscommepoureneffacerlefroncement.

–Rien,rien,c’estuneexpression,commeça.J’aijusteenviequel’onrefassel’amourunefoisici,intensément,sansjouer.Tuavaisraison,cetendroitaunpassélicencieux,maisjeveuxqu’ildeviennelesanctuaired’unamourvéritable.Etqu’ilresteteldansnosmémoires.Tuveuxbien?

Jehochelatête,maisjesuisdécontenancéeetvaguementinquièteparcechangementdeton.Percys’aperçoitdel’émoiqu’ontprovoquésesparolessibyllines,etilcouvredoucementmonvisagedebaiserslégers,surlenez,surlefront,surlabouche.Jemedétendspeuàpeusoussestendrescaresses,rejetantauloinl’ombrequiestvenuobscurcircemomentdélicieux.

Detendres,sesbaiserssefontplusinsistants,etjenesensbientôtpluslefroid,laflammedudésir

s’étantralluméeenmoi.Jelerenverseetlecouchesousmoi.Jeplongematêtesouslepullqu’ilagardé,parcoursàmontourdemeslèvressonlongcorpsmerveilleusementmusclé.Jem’attardesursontorsebarréd’unefinecicatrice,jemordillesestétons;jesaisque,commelesmiens,ilssonttrèssensibles.D’ailleurs,mestaquineriesluifontpousserdepetitsgrognementsdeplaisir.Jelècheensuitesonventreplataunombrilparfait.Jedescendsjusqu’àsadouceetblondetoison,effleuresonsexedemabouche,tandisquemesmainscaressentsescuissesdures.Soudain,Percymerenversedenouveauets’allongesurmoi,m’étouffantdebaisers.Ilmordillemonoreille,moncou.Jel’enserredemesjambes,croisantmespiedsauxongleslaquésdenoirsurlebasdesesreins.Monsexeestprêtàaccueillirdenouveausaverge,maisPercyfaitdurerl’attente.Ilcaressemescheveuxencorecollésdesueursurmestempesetmecontempleaveccequiressembleàdeladévotion.Jevoisdanslebleudesesyeuxtoutel’étenduedel’amourqu’ilmeporte.Ilestmien,commejesuissienne,etmêmesijelesaisdepuisunmomentmaintenant,quandjelelisdanssesyeux,commeàcemomentprécis,jem’émerveilleencoredeconnaîtrepareillefélicité.

Sansmequitterdesyeux,Percivals’enfonceenfinenmoi.S’ilneditrien,toutsoncorpsmeparle.

Chaquemouvementdesonbassinestunmotd’amour.Jenepeuxm’empêcherdesourire,tandisqu’ilentreetsortdansunrythmeparfait.J’ail’impressionquemonsexes’ouvre,commeunefleurs’ouvriraitverslesoleil;moncorpstoutentierestirradiédebonheur.Jem’accrocheàsondos,etdansunéclairdeplaisirplusgrand,jemordssonépaule;cequiluiarracheunesortederugissementsatisfait.Montorsecolléausien,nousondulons,prisdansunemêmevague.Etquandvientl’orgasme,nousnefaisonsplusqu’un,corpsetâmesliésàjamais.

Nousrestonssoudésl’unàl’autrebienaprèsavoirjoui.Jesenscontremapoitrinesoncœurbattreàgrandscoups,avantdesecalmerdoucement,ouest-celemien?Pendantquelquesminutesencore,jenesaisplusoùcommencemoncorpsetoùfinitlesien.Jeneveuxpasquittercetétatdebéatitudesereineetjenebougepas,mêmesilefroidrecommenceàsefairesentir.Percyfaitungestepours’écarter,maisjeleretiensavecunpetitcri.

–Amour,ondoitrentrer,memurmure-t-il.

–Attendsencoreunpeu,dis-jed’unevoixsuppliante.

Nousrestonsuninstantencoreunisdanslalumièretamisée,maiscen’estbientôtplustenableetjenepeuxempêchermoncorpsdefrissonner.Percys’enaperçoitet,doucement,s’écartedemoietserelève.

–Viens,dit-ilenmeprenantparlamain.

Sanssesoucierdelui,ilcommenceàmerhabiller,commeuneenfant.Cen’estqu’unefoisquejesuisvêtuequ’ilenfileprestementsonpantalon,seschaussettesetseschaussures.Puisilvaprendreunedesgrossescouverturesenpeauetentreprenddem’emmitouflerdedans.J’éclatederiretoutenmelaissantfaire.

–Maisqu’est-cequetufais?Jenevaispaspouvoirmarcher!luifais-jeremarquer.

–Tun’enauraspasbesoin.Jeteporterai.Tonmanteaun’estpasassezépais,etj’aipeurquetu

prennesfroiddansl’humiditédelaforêt.

Sasollicitudem’amuseetm’émeut.

–Maisçairatrèsbien,lechâteaun’estpassiloinquandmême…Etonn’estpasaupôleNord.

–Tum’esbientropprécieusepourquejeprennelemoindrerisque,dit-ilenm’embrassantleboutdunez.

Ilvarécupérerlatorcheetl’allume.

–Tupeuxlatenir?medemande-t-il.

Iléteintleslumièresetouvrelaporte,puisilmeprenddanssesbrascommesijenepesaispasplusqu’unfétudepaille.Jemelaissefairesansprotesterdavantageet,àvraidire,avecuncertainplaisir.Percymedéposeuninstantsurleseuilpourrefermerlaporte,avantdemereprendredanssesbras.Blottiecontresapoitrine,jedirigelejetdelumièredefaçonàéclairersespas.

–Aumoinsquandtonaïeulrentraitaprèstoutessesfrasques,iln’avaitpasàsedonnertoutcemal…dis-jepourletaquiner.

–Maispourtantjeleplains!Iln’avaitpaslachancedepartagersavieaveclafemmequicomblaitsesdésirs.Moi,jepeuxlaramenerauchâteauetluifairel’amourdansmonlit.Etcrois-moi,c’estcequejevaisfaire.

Jeris,puisl’attireàmoipourl’embrasser.

–Prête?medemandePercy.

–Prête.

Alors,resserrantsonétreinte,Percys’enfoncedanslaforêt.

6.Quelquesmotsdetoi…

Lespaupièresencorecloses,jechercheàtâtonslecorpsdePercydanslelit,maismamainnerencontrequelevide.J’ouvreunœiletjeconstatequ’iln’estplusprèsdemoi,nidanslachambre.Jenel’aimêmepasentenduquitterlelit,nimêmelapièce.Jedevaisêtrevraimentfatiguée…

Ensouriant,jerepenseànosébatsdecettenuit,danslepavillondechasse,etànotreretourdanslanuitnoire,Percymeportantdanssesbrasenveloppéedansunechaudefourrure.Jelavoisd’ailleursquigîtaubasdulit.C’étaitassezeffrayantetexcitantàlafois,d’êtreainsitransportéeàtraversleboisdanslaquasi-obscurité,àlaseulelueurdelatorche.EtPercyquiétaitsifort,siimperturbablealorsquejesursautaisaumoindrehululement,aumoindrecraquement…J’avaisl’impressiond’êtrel’héroïne(etlui,lehérosmagnifique)d’uncontedefées.Maispasvraimentpourenfants,lecontedefées…Jerougispresqueenrepensantànosétreintes.

Jeplongemonnezdanslesdraps,puisdansl’oreillerdePercypoursentirsonodeur.Leseffluvesde

sonparfummusquém’échauffentlessens.

Dommagequ’ilsoitdéjàlevé…

Jem’étirevoluptueusement.J’aienviedetraînerunpeuaulit,maisj’aidéjàhâtederetrouverlesdeuxhommesdemavie.JesuissûrequeJulianestavecsonpèreetqu’ill’aentraînéàl’écuriepourvoirsonpoulain.

Jeremetsladoucheàplustardetjem’habilleenvitesse.JefiledanslachambredeJulianoù,commeprévu,jenetrouvepersonne;lesourireauxlèvres,jedescendsaurez-de-chausséeoùjenetrouvenilepère,nilefils;cequinefaitqueconfirmermathéorie.

Tranquillement,jeprendslecheminduharas,Scoopsurlestalons.Çam’étonneunpeuqu’ilnesoitpasavecsoncopainJulian.

Ilfaitfroid,maisaumoins,ilfaitbeauaujourd’hui.Jerespireàpleinspoumonsl’airpurdelacampagneanglaise.Prèsdugarage,jevoisqueWilliametsonconfrère,lechauffeurdeLadyMargaret,sontdéjàautravail.IlsprofitentdubeautempspourbichonnerlesvoituresquePercygardeauchâteau.Alorsquejem’approchedesécuries,jevoisEmilyquibouchonneuncheval.Ellemefaitsigne.

–Hello!Ilssontlàmesdeuxhommes?luidemandé-je.

–PercyetJulian?ditEmily,étonnée.Maisnon,ilssontpartisenvoitureilyaunedemi-heure,ouunpeuplus.

Unesirèned’alarmesemetimmédiatementàhurlerdansmatête.

–Ilsallaientoù?

–Jenesaispas,jelesaivusdeloin.Pourquoi?Percynet’ariendit?s’étonneEmily.

–Ahsi…dis-jeenmefrappantlefrontdelamain,c’estvrai,Percyvoulaitl’emmener…chezlecoiffeur.

–Auvillage?

–Euh…nonàBrighton.

–Ilssontpartisbientôt…

–Oui,c’estvrai…Bonjetelaisse,jevais…prendremonpetit-déjeuner.Àplustard.

Jem’éloignerapidementpournepasaffronterpluslongtempsleregardintriguéd’Emily.J’aiunterriblesoupçon,etjecoursauchâteaupourtrouverconfirmation.Jegrimpequatreàquatrelesescaliersetmeruedansnotrechambre.Jen’yavaispasprêtéattention,maiscommejem’yattendais,ilestbienlà,posésurmatabledechevet:unmessagedePercy.Jedéchiffresesmots,manifestementgriffonnésdanslenoir:

«Jenepeuxpascourirlerisquedeleperdre.Jetediraiquandtupourrasnousrejoindre.Jecomprendraisquetunelefassespasetjenet’envoudraisjamais.Pardon.Jet’aime.»

Ill’afait!IlafuiavecJulian!

Assommée,lesjambesflageolantes,jem’affaissesurlelit.

SiPercynem’ariendit,c’estqu’ilsavaitquej’allaistoutfairepourleretenir.Etc’estcequej’auraisfait!Enpartant,ilachoisiuneviedehors-la-loi.Cequil’attendaumieux,c’estdevivreavecJuliancommeunfugitif,aveclapoliceauxtrousses.Etaupire,d’êtrejetéenprisonsionleretrouve.CarlesConnellyferonttoutcequiestenleurpouvoirpouryarriver.Quantàmoi,mêmesiPercyparvientàmedonnerdesinformationspourquejelesretrouve,commentserai-jesûrequ’enlesrejoignantdansleurexil,jen’emmèneraipasderrièremoilesenquêteursquelesConnellynemanquerontpasdepayerpourmesuivre?Jevaismeretrouverconstammentsoussurveillance,chacundemescoupsdetéléphone,demescourriers,demesmailsseraespionné,décortiqué…

Jesuisdévastée.CommentPercya-t-ilpufaireça?Etnotrecouple,lesenfantsquenousvoulionsavoir…C’enestfinidetousnosprojets,commentpourrons-nouslesréaliseralorsquenousseronssoitséparés,soitencavale?Enprenantcettedécision,c’estnotreavenirqu’ilasacrifié…

JerevoisalorsPenelope,hier,hurlant,lemaudissant…CesimprécationsontdûébranlerPercival.

J’avaiseudumaldéjààobtenirqu’ilaccepteletestADN,ilavaitsansdouteencoreentêtesonprojetdefuite,etlefielqu’arépanduPenelopeafiniparlefairebasculer.JecomprendsmieuxmaintenantsacontrariétéquandEmilyaoffertlepoulainàJulian:ilsavaitquel’enfantréclameraitsonanimallorsdeleurfuite.Hier,ilaeubeaucoupdemalàs’endormir;ilétaittoutexcitéetpresséd’allerretrouverPirate.Etmoiquiluiaipromisqu’ilpasseraitlajournéeauprèsdelui…Ce«voyage»

soudainavecsonpèrevacertainementleperturber.Ilvas’apercevoirquelasituationn’estpasnormale.

JecomprendsaussilagravitésubitedePercypendantl’amourhier,quandilm’aditqu’ilvoulaitqu’onlefasse«commesic’étaitladernièrefois».Ilavaitdéjàprissadécision…Cetteexpressionmélancoliquesursonvisage,cetteinquiétudequim’aétreinte,jenelesaipasrêvées…

JeprendsmontéléphonepourappelerPercival,mais,commejem’yattendais,lasonnerierésonnedanslevide.Ellenes’enclenchemêmepassurunrépondeur.Peut-êtrel’a-t-iljetépournepasêtrepisté…

IlfautABSOLUMENTquejelesretrouve,etvite.Maiscomment?

Jeprendsmatêteentremesmainsettentedemeconcentrer.JedoismerappelerlesparolesprécisesquePercyaprononcéeslorsqu’ilaévoquésonprojet.

Qu’est-cequ’iladitdéjà?Qu’ilne«seraitpaslepremier»,«d’autresl’ontfait»…qu’onpouvaitpasserlesfrontières…avecunbateau!

Unbateau.

PercyaunbateauàSouthampton.Ilm’enavaitparlélorsqu’ilaachetélevoilieraveclequelnoussommesalléssurl’îled’Elbe,etilmel’amêmemontrélorsquejesuisvenuem’installerenAngleterre.C’estunsuperbe15-mètresquePercyabaptisédunomdesonfils,PrinceJulian.

Percivalpratiquelavoiledepuissonplusjeuneâgeetc’estunnavigateurémérite.Ilasansdouteprévuderejoindrelescôtesfrançaisesetaprès…Aprèsjenesaispasdutout,maisPercyestpleinderessources,ilabeaucoupd’influence,deconnaissances,degensquiluisontredevables.Jesuissûrequ’unefoisqu’ilauraquittéleterritoirebritannique,ildisparaîtracommeuneaiguilledansunebottedefoin.

Jemeressaisis.Ilfautàtoutprixquejel’empêched’allerauboutdesonprojetfou.Jemeredressed’unbond,meruehorsdelachambreetdévalelesescaliers.Heureusement,niLavinia,niLadyMargaretnesemblentlevées.Jecoursjusqu’augarageoùlechauffeurdePercyestencoreenpleinlavage.

–BonjourWilliam.Jeviensemprunterunevoiture,dis-jerapidement.

–Voulez-vousquejevousconduise,mademoiselle?meproposelechauffeur.

–Nonmerci,William.Jevaismedébrouiller.Laquellejepeuxprendre?

WilliamestentraindenettoyerlaMercedesaveclaquellenoussommesvenus,maisilyaaussiunevieilleMGrouge,uneMorganbleumarinedécapotable,quimesemblepeuappropriéeencettesaisonmêmes’ilyadusoleilaujourd’hui,ungros4x4RangeRoverblancetunepetiteMiniCooperderniercrirougeavecdesbandesblanches.

–VouspouvezprendrelaMini,leréservoirestplein.Laclefestsurletableaudebord,m’indiqueWilliam.

–MerciWilliam.

Jevaispourentrerdanslavoiturequanduneidéemevient.

–VousavezunGPS?

–Biensûr,mademoiselle.

Jeneconnaispasencorevraimentlarégion;jen’aipaseul’occasiondeconduireparici.MêmesijesuisdéjàalléevoirunefoislebateauàSouthampton,jen’aipasvraimentl’itinérairepourm’yrendreentête.

Jemontedanslavoiture,installerapidementleGPS,queWilliamestallémechercher,etjedémarreaussitôt.

Tandisquejem’éloigneduchâteau,jevoisEmilyquimefaitsignedeloin.Jenepeuxpasm’arrêter,

jevaisperdredutemps;etpuis,jenevaispasraconteràEmilyquesoncousinaprislafuiteavecsonfils.Aulieuderalentir,jefaiscommesijen’avaispasvuEmilyetj’appuiesurl’accélérateur.

PardonEmily,maisjen’aipaslechoix.

Lundi,nousdevrionsavoirlesrésultatsdutest.Si,parmalheur,Juliann’estpaslefilsbiologiquedePercy…lesjugesrisquentdeluiretirerl’enfant,etilsserontencoreplussévèresdansleurjugements’ill’aenlevé.Commentpourra-t-ilfairevaloirsesdroitss’ilsemethorslaloi?JedoisrattraperPercyetlerameneràlaraison,avantquelasituationsoitirrémédiable.J’appuiesurl’accélérateursanstenircomptedeslimitesdevitesse.Mesmainsmoitescollentauvolant.D’aprèscequ’aditEmily,Percyaenvironuneheured’avancesurmoi.Ilfautquejerejoignetrèsviteleport.

Unefoisqu’ilsaurontprislamer,ceseratroptard…

Àsuivre,

nemanquezpasleprochainépisode.

Egalementdisponible:

Révèle-moi!–vol.12

Toutacommencéparuneprédiction.Etpuisilyaeucefameuxbal…Ilasuffid’unedansepourquelatoutejeuneMatildacomprennequePercival,comted’Amberdel,seraitl’hommedesavie.Etd’unedeuxièmedanse,biendesannéesplustard,pourquelebelaristocrateanglaistombeamoureuxfoud’elle.Maisledestincapricieux,aprèsavoirtoutfaitpourlesréunir,sembledéterminéàlesséparer.

Lebonheurestàportéedemain,Matildaleverra-t-elles’échapper?

Egalementdisponible:

Toutcontrelui

ClaraWilsonnevitquepourl'amourdel'art.Jeunegaleristenew-yorkaise,farouchementindépendante,ellesebatpourfairesaplaceentreunpatrontyranniqueetunefamilleétouffante,quin'acceptepasseschoix.Maisunjour,sonchemincroiseceluidumystérieuxetmagnifiqueThéodoreHenderson,ettoutvachanger…Souslecharmedujeuneamateurd'artricheàmilliards,Claradoitnéanmoinsgarderlatêtefroide…QuiestréellementlebeauThéo?

Unetrilogiehaletanteaucharmeenvoûtant,nepassezpasàcôtédunouveauPhoebeCampbell!

Tapotezpourvoirunextraitgratuit.

DocumentOutline

Couverture1.Lamorsuredudoute2.L'amour,peut-être3.Laconfusiondessentiments4.Unerancunetenace5.Unpère,unfils6.Quelquesmotsdetoi…