Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration...

12
Regard critique sur l’intégration Africaine • page Paper 40 • Juin 2007 Introduction. Il y a plusieurs signes qui démontrent la volonté de nombreux leaders africains de transformer leurs pays et le continent dans son ensemble d’une région chroniquement dépendante à une région prospère et respectueuse, jouant le rôle qui lui revient sur la scène internationale. Conscients de leur handicap relatif, les pays africains semblent avoir favorisé l’« intégration régionale » comme la meilleure stratégie pour réussir leur transformation économique. Mais l’analyse critique de l’état de l’intégration économique sur le continent indique que malgré les efforts considérables consentis à cet égard, l’intégration régionale ne semble pas avoir produit les résultats escomptés. Dans cet article, nous nous proposons de faire une lecture critique des multiples défis auxquels les programmes d’intégration régionale sur le continent font face en ce moment précis, et les obstacles que l’Afrique doit surmonter pour atteindre ses objectifs dans ce domaine. Parmi les multiples obstacles, nous nous focaliserons sur quatre principaux facteurs : a) les appartenances multiples de plusieurs États africains à des différentes Communautés économiques régionales (CERs) et aux différents « partenaires bilatéraux spéciaux » en dehors de l’Afrique et l’impact de cette situation sur la véritable intégration sur le continent ; b) les questions de paix et de sécurité ; c) la gouvernance ; et d) les questions de financement. En conclusion, l’article tentera d’avancer quelques suggestions pratiques en vue de surmonter les obstacles. Qu’est-ce que l’intégration régionale ? L’« intégration régionale » s’avère jusqu’ici la stratégie la plus à la mode que les différents pays du monde semblent avoir choisie pour consolider leur statut traditionnel de pays dominants dans le système capitaliste mondial ou s’immuniser contre les effets négatifs de la mondialisation (Gilpin, 987:394-40, 200:23). Pour les pays africains, ayant nouvellement regagné leur souveraineté après environ un siècle d’une colonisation européenne caractérisée par le pillage systématique de leurs ressources, et donc héritant d’États affaiblis, tant économiquement que politiquement, l’intégration régionale était presque une nécessité et non pas une option pour eux (Asante, 2004:5). Mais avant d’aller plus loin, il sied de s’arrêter tout d’abord sur le concept d’intégration régionale et de le définir afin de faciliter la compréhension des différentes notions que nous aborderons dans la présente étude. On n’a pas la moindre prétention ici de faire une revue exhaustive de la littérature théorique sur l’intégration régionale. Il s’agit simplement de fournir quelques définitions pouvant guider notre compréhension du sujet de l’étude. On notera d’abord la définition suggérée par Daniel Bach, l’un des auteurs africains les plus renommés en la matière. Bach (2004 :70) voit dans le « régionalisme » l’application d’un programme et la définition par les acteurs du projet d’intégration d’une stratégie, l’associant ainsi avec la « construction institutionnelle » (institutional building). Quant à Jean-Marc Siroën (2004 :3), lui voit dans l’intégration régionale un moyen pour des pays géographiquement proches entre lesquels les relations économiques tendent à s’affranchir des frontières politiques pour favoriser la formation des marchés intégrés. Pour Bourenane (996 : 65), l’intégration est un « processus résultant d’une démarche volontaire de deux ou de plusieurs ensembles de partenaires, appartenant à des États différents, en vue d’une mise en commun d’une partie de leurs ressources ». Selon l’auteur, « ce processus a pour finalité l’émergence et le renforcement de relations techniques et économiques d’interdépendance structurelle, à effets d’entraînement positifs sur les revenus ». La conception économique de l’intégration est claire dans toutes ces définitions, ce qui n’est pas surprenant L’analyse critique de l’état de l’intégration économique sur le continent indique qu’elle ne semble pas avoir produit les résultats escomptés. Regard critique sur l’intégration Africaine Comment relever les défis Issaka K. Souaré ISS Paper 140 Juin 2007 Prix: R15.00

Transcript of Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration...

Page 1: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page� Paper�40•Juin2007

Introduction.

Il y a plusieurs signes qui démontrent la volontéde nombreux leaders africains de transformer leurspayset lecontinentdanssonensembled’unerégionchroniquement dépendante à une région prospèreet respectueuse, jouant le rôle qui lui revient sur lascène internationale. Conscients de leur handicaprelatif, les pays africains semblent avoir favorisél’«intégrationrégionale»commelameilleurestratégiepour réussir leur transformation économique. Maisl’analysecritiquedel’étatdel’intégrationéconomiquesur le continent indique que malgréles efforts considérables consentis àcet égard, l’intégration régionale nesemble pas avoir produit les résultatsescomptés. Dans cet article, nousnous proposons de faire une lecturecritiquedesmultiplesdéfisauxquelslesprogrammes d’intégration régionale surle continent font face en ce momentprécis,etlesobstaclesquel’Afriquedoitsurmonter pour atteindre ses objectifsdans ce domaine. Parmi les multiplesobstacles, nous nous focaliserons surquatre principaux facteurs: a) lesappartenancesmultiplesdeplusieursÉtatsafricainsàdesdifférentesCommunautéséconomiques régionales (CERs) et aux différents«partenaires bilatéraux spéciaux» en dehors del’Afriqueet l’impactdecettesituationsur lavéritableintégrationsurlecontinent;b)lesquestionsdepaixetdesécurité;c)lagouvernance;etd)lesquestionsdefinancement.Enconclusion,l’articletenterad’avancerquelques suggestions pratiques en vue de surmonterlesobstacles.

Qu’est-ce que l’intégration régionale ?

L’«intégration régionale» s’avère jusqu’ici la stratégiela plus à lamodeque les différents pays dumondesemblent avoir choisie pour consolider leur statuttraditionnel de pays dominants dans le systèmecapitaliste mondial ou s’immuniser contre les effetsnégatifs de la mondialisation (Gilpin, �987:394-40�,

200�:23).Pourlespaysafricains,ayantnouvellementregagné leur souveraineté après environ un siècled’une colonisation européenne caractérisée par lepillage systématique de leurs ressources, et donchéritant d’États affaiblis, tant économiquement quepolitiquement, l’intégration régionale était presqueunenécessitéetnonpasuneoptionpoureux(Asante,2004:5�).Maisavantd’allerplusloin,ilsieddes’arrêtertout d’abord sur le concept d’intégration régionaleet de le définir afin de faciliter la compréhensiondes différentes notions quenous aborderonsdans laprésenteétude.

On n’a pas la moindre prétention icide faire une revue exhaustive de lalittérature théorique sur l’intégrationrégionale.Ils’agitsimplementdefournirquelques définitions pouvant guidernotre compréhension du sujet del’étude.Onnoterad’abord ladéfinitionsuggérée par Daniel Bach,l’un desauteurs africains les plus renommés enla matière. Bach (2004:70) voit dansle «régionalisme» l’application d’unprogrammeetladéfinitionparlesacteursdu projet d’intégration d’une stratégie,l’associant ainsi avec la «constructioninstitutionnelle» (institutional building).

Quant à Jean-Marc Siroën (2004:3), lui voit dansl’intégration régionale un moyen pourdes paysgéographiquementprochesentrelesquelslesrelationséconomiques tendent à s’affranchir des frontièrespolitiques pour favoriser la formation des marchésintégrés.PourBourenane(�996:65),l’intégrationestun «processus résultant d’une démarche volontairede deux ou de plusieurs ensembles de partenaires,appartenantàdesÉtatsdifférents,envued’unemiseencommund’unepartiedeleursressources».Selonl’auteur,«ceprocessusapourfinalitél’émergenceetlerenforcementderelationstechniquesetéconomiquesd’interdépendancestructurelle,àeffetsd’entraînementpositifssurlesrevenus».

Laconceptionéconomiquede l’intégrationest clairedanstoutescesdéfinitions,cequin’estpassurprenant

L’analysecritiquedel’étatdel’intégrationéconomique

surlecontinentindiquequ’ellenesemblepasavoir

produitlesrésultatsescomptés.

Regard critique sur l’intégration AfricaineComment relever les défisIssaka K. Souaré

ISS Paper 140 • Juin 2007 Prix: R15.00

Page 2: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page2 Paper�40•Juin2007

vu qu’il y a peu d’exemples d’unité ou d’intégrationpolitiquequipuissentsusciterl’intérêtdesthéoriciens.Mais comme le soutient Samir Amin (�99?)�, «larégionalisationestunconceptambigudontlestatutnepeutêtrepréciséquesionlareplacedanslaperspectivedes objectifs stratégiques des pays concernés et desdéfis qu’ils estiment ne pouvoir relever que par leuractioncollective».

Il faut noter ici qu’il y avait, et il y a encore, dansune largemesure,deuxconceptions idéologiquesdel’intégrationafricaine,notammententreleschefsd’Étatqui présidaient aux destinés des peuples africains àl’aubedesindépendancesdanslesannées�960.D’unepart,ilyavaitceuxditsdugroupedeCasablancaquiprônaient laconsolidationd’uneunitépolitique,sousune forme d’États-Unis d’Afrique. Kwame Nkrumah,l’und’eux,abienexprimécettevisiondurégionalismeetdel’unitéafricainequandilécrit:«Noussommesdes Africains et rien que des Africains, et nous nepouvonspoursuivrenotre intérêtqu’ennousunissantdanslecadred’uneCommunautéafricaine»(Nkrumah,�994:249)2. D’autre part, il y avait ceux, dits dugroupedeMonrovia,dontlaconceptionde l’unité africaine aurait abouti à lacréationde l’OUAcommeorganisationd’États souverains et qui s’engage àrespecter cette «souveraineté», àl’instar de l’ONU (Wallerstein, �967;Francis, 2006:�5-�6).Onpeut direquele projet de l’Union Africaine (UA), dumoins théoriquement, est une tentativede retourner à la première conceptionet peut-être un aveu de l’échec del’autre.Lapreuveenestque,depuis ledébutde2006,lediaporamaquiparaitsur la page d’accueil du site Internetde l’UAmontredesÉtatséparpillésquise rassemblent pour créer la carte del’Afrique accompagnée d’un texte quilit: «Africa Must Unite», exactement le titre de celivredeNkrumah!

Danscequisuit,quandonparleradu«désirsoutenu»d’intégrationafricaine,onnedistinguerapasentrelesprojets inspirés entre l’une ou l’autre de ces deuxconceptions, estimant que le lecteur ou la lectricesaurafairecetteclassificationdanslaplupartdescas.

Le désir soutenu de l’unité et d’intégration en Afrique.

En Afrique, la capacité économique des différentspays,prisindividuellement,esttrèsfaibleetloind’êtrecompétitivesurlemarchémondial.ComparésauxÉtatsmembresdel’UnionEuropéenne(UE),del’AssociationdesNationsdel’AsieduSud-Est(ANASE)ouencoredel’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA),les États africains sont très pauvres. Heureusement,certains leaders et intellectuels africains se sont très

tôt renduscomptedecette réalitéetontconcluquelastratégielaplusefficaceétaitl’intégrationetl’unitéafricaine.

Commeonl’adit,dès�963,KwameNkrumahpubliaitsontrèsinfluentouvragedevenuclassiquedanstoutela littérature sur le panafricanisme et l’intégrationrégionale en Afrique. L’intitulé du livre, L’Afrique doit s’unir,ditpresquetoutdelavisionduleaderdupremierpaysafricainsubsaharienquiaitregagnésonindépendance.Onavu lespremièresmanifestationspratiquesdecesvisionsdèsledébutdesannées�960,avecl’accordcommercialGhana-HauteVolta(BurkinaFasodepuis�983);leMarchécommunafricainunissantl’Algérie,l’Égypte(alorsfusionnéeaveclaSyriecommela République arabe unie), le Ghana, la Guinée, leMali et le Maroc; l’Union douanière équatoriale,regroupant le Cameroun, le Congo-Brazzaville, leGabon,laRépubliquecentrafricaineetleTchad,etquidevraitdevenirplus tard l’UniondouanièredesÉtatsd’Afriquecentrale(CEA,2004:29).

Ces unions mettaient généralement l’emphase surles projets économiques. Mais il yavait d’autres à visées plus ou moinspolitiques, parmi lesquelles on peutciterl’unionGhana-Guinée-Malifondéeen �96�, la Fédération du Mali entrele Mali d’aujourd’hui et le Sénégal,la Confédération de la Sénégambie,et la tentative de création d’uneConfédération d’Afrique de l’Est entrele Kenya, l’Ouganda et la Tanzanie en�96� (Francis, 2006: 22-23; Decraene,�964). Si les groupements issus deces expériences ont pour la plupartété démantelés ou modifiés pour desdiverses raisons, notamment ceuxqui avaient des visées politiques, denouveaux groupements se sont formés,

témoignant ainsi du désir soutenu des pays africainspourunecoopérationetintégrationplusaccrueentreeux (CEA, 2004:29). La création, en mai �963, del’Organisationdel’UnitéAfricaine(OUA),regroupanttous les États indépendants du continent, et faisantde la libération de ceux qui demeuraient jusqu’alorssouslejougcolonialeuropéenl’undesesprincipauxobjectifs,estuneillustrationparfaitedecedontnousparlons.

Toujoursdanslaquêtepourl’unitéetledéveloppementéconomiqueet socialdans lecadredesmécanismescommuns, le Plan d’action de Lagos (PAL) et l’Actefinal de Lagos furent adoptés en �980, définissantles programmes et les stratégies visant àpromouvoirle développement et la coopération économiqueentre les pays africains. Une décennie plus tard, aulendemaindelachuteduMurdeBerlinetl’apparitiondenouveauxdéfissurlascèneinternationale,leTraitéinstituantlaCommunautééconomiqueafricaine(AEC,

Ilyadeuxconceptions

idéologiquesdel’intégrationafricaine,

uneprônantlaconsolidationd’unitépolitique,etl’autreunecoopération

entreÉtatssouverains.

Page 3: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page3 Paper�40•Juin2007

de son sigle anglais), communément connu commele Traité d’Abuja, fut adopté en �99�. Ce traité étaitjusqu’alors le plus audacieux et ambitieux projetd’intégrationéconomiquesurlecontinent,carilvisaitàmettreenplacel’AECensixétapesdevantaboutiràunMarchécommunafricainavecpourpiliersdebaselesCERs(CEA,2004;Souaré,2006a).

Le point culminant de toutes ces initiatives fut peut-être la transformationde l’OUAen l’UnionAfricaine(UA)avecdeschangements radicauxdevisionetdestratégie(voirl’Acteconstitutifdel’UA,200�).

Ainsi, malgré les obstacles et l’échec de certainesinitiativesquiontcontribuéàlacréationd’unsentimentdefrustrationetdescepticismedanscertainsmilieuxvis-à-vis de toute initiative d’intégration et d’unitéafricaine (à propos de l’UA, voir Parker et Rukare,200�), les pays africains ont persévéré dans leurquêtepourl’unité.Parailleurs,ilyatoujourseudesleadersquiontjouéunrôleprimordialpourréaliserces rêves. Un nombre de leaders, motivés par unevisionpourl’unitéafricaineetconscientsdelaplacede leurs pays sur le continent, n’ontmélangé aucun effort pour soutenirle projet de l’UA. Cela expliqueraitd’ailleurs la rapidité de sa création en200�,soitdeuxannéesseulementaprèsle lancement de l’idée à Syrte (Libye)en�999(Tieku,2004).Maisàpartcesstructuresinstitutionnellesetl’expressiondecettevolontéd’unitéetd’intégration,quel est l’état réel de cette intégrationsur le continent? Quelle est la réalité,le rôle ou l’impact de cet état actueldesinitiativesd’intégrationsurlevieuxrêvede«véritable»unitéafricaine,quisemble être encore élusive malgré cesinitiatives? C’est à ces questions quenousallons tenterde répondredans lasectionsuivante.

L’état de l’intégration et de coopération régionales en Afrique.

Dans sa division géographique, l’Afrique est diviséeen cinq régions naturelles: ouest, est, sud, nordet centre. Toutefois, en avril 2007, il y avait septCommunautés économiques régionales (CER) et septautres organisations intergouvernementales (OIG) demoindre envergure. En Afrique de l’Ouest, on a laCommunauté Economique des États de l’Afrique del’Ouest (CEDEOA), comprenant tous les �6 paysde la région sauf la Mauritanie (depuis décembre2000), et l’Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine(UEMOA),regroupanthuitÉtatsmembresdelaCEDEAOditsfrancophonesavecdesliensfortsaveclaFrance(Bundu,�996).Etbienquepastrèsactive,àcausenotammentdeproblèmespolitiques,ontrouveune troisième OIG dans cette sous-région ouest-

africiane, en l’occurrence l’Union du Fleuve Mano(MRU),composéedelaGuinée,delaSierraLeoneetduLibéria,troismembresdelaCEDEAO.

En Afrique de l’Est, nous avons l’Autoritéintergouvernementalepourledéveloppement(IGAD),dont les sept membres proviennent de la Cornede l’Afrique et la partie nord de la sous-région.Il y a également la Communauté de l’Afrique del’Est (CAE), constituée du Kenya et de l’Ouganda(membresduCOMESA), et de la Tanzanie (membredelaSADC).Danscettemêmerégion,nousavonslaCommunautééconomiquedespaysdesGrandsLacs(CEPGL),composéedetroismembresdelaCEEAC.LaCEEACsignifielaCommunautééconomiquedesÉtatsd’Afrique centrale, dont les onze membres couvrenttoute l’Afrique centrale, à l’instar de la CEDEAO enAfrique occidentale. Toujours en Afrique centrale,nousavonslaCommunautééconomiqueetmonétairedes États d’Afrique centrale (CEMAC), l’équivalentede l’UEMOA ouest-africaine, c’est-à-dire composéeexclusivementdepaysdits francophones,aunombredesixetquifonttouspartiedelaCEEAC.

L’Afrique australe a la Communauté dedéveloppement de l’Afrique australe(SADC),avectousles�4Étatsdelasous-région comme membres. Nous avonségalement deux autres communautéséconomiques dans cette même sous-région. Il s’agit làde l’Uniondouanièred’Afriqueaustrale(SACU),dontlescinqmembresappartiennentàlaSADC,etlaCommissiondel’océanindien(COI),quicomprendquatremembresduCOMESAet laRéunion (quidemeure, jusqu’àcejour,undépartementfrançais).COMESAest le sigle du Marché commun del’Afrique orientale et australe. Son nomrévèle la transcendancede ses20États

membres, car composé de tous les pays d’Afriquede l’Est, à l’exception de la Tanzanie, et sept paysd’Afriqueaustrale,doncmembresdelaSADC.

Au nord du continent, on trouve tous les six Étatsde cette région, à l’exception de l’Égypte, regroupésau sein de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) avecdes liens étroits avec la Ligue arabe. Mais cetteorganisation est stagnante depuis �995 à cause desmalentenduspolitiquesentre sesdifférentsmembres,notamment entre l’Algérie et le Maroc sur le Saharaoccidental (Amazirh, 2005). Et pour terminer, il fautmentionnerl’organisationintergouvernementalelaplustranscendanteaprèsl’UA,àsavoirlaCommunautédesEtatssahélo-sahariens(CEN-SAD).Les�8membresdecette organisation transcendent toutes les régions ducontinent.Atitred’exemple,enavril2007,oncomptaitparmi ses membres la Libye (du nord), le Mali (del’ouest),leTchad(ducentre),leDjibouti(del’est)etleSwaziland(dusud).

Lepointculminantdetoutesles

initiativesd’intégration

africainefutlatransformationde

l’OUAenl’UAavecdeschangementsradicauxdevision

etdestratégie.

Page 4: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page4 Paper�40•Juin2007

Voici l’état de l’intégration régionale en Afrique aumoment où est rédigé cet article. La plupart de cesCERs ou OIGs disposent de secrétariats fonctionnelset tiennent régulièrement des réunions au sommet,c’est-à-dire au niveau ministériel et technique, voireau niveau des chefs d’État et de gouvernements. Etchacuned’ellesadesobjectifsàlongetàcourttermes,allant de la création d’unions douanières (e.g. CEN-SADetSACU),àunmarchécommun(e.g.CEDEAO,SADC, CEEAC, UMA, CPGL, UEMOA), en passantpar celles dont les ambitions semblent limitées àla coopération diplomatique sur certaines questionsd’intérêt commun, à l’image de l’OCI (CEA, 2004;Souaré,2006a;2007a).

Si cet état témoigne, une fois de plus, de la volontésoutenue des Africains à harmoniser leurs politiquesdans les différents domaines d’activités politiques etéconomiques, il révèle tout de même un problèmede vision et de stratégie. D’autant plus que malgréce grandnombredegroupements régionaux, censésaboutir à un marché commun couvrant l’ensembledu continent, peut-être à cause de cela, force estde remarquer qu’il y a encore peu derésultatsconcrets.Quelssontlesfacteursquientraventlecontinentd’atteindresesobjectifs d’intégration réelle?Pourquoi,au reboursde l’intégrationéconomiqueen Europe (UE), en Asie (ASEAN), enAmériqueduNord (ALENA)ouencoreenAmériqueduSud(leMarchécommunduSud),l’intégrationrégionaleenAfriquenesemblepasaccélérerlacroissancenimême le commerce régional? Quelssont les défis à relever pour aboutir àcesrésultats?

Obstacles à surmonter et défis à relever.

Dans son étude des projets d’unité et d’intégrationafricaine, David Francis identifie un nombre deproblèmescommeayantété lesprincipauxobstaclesàcesprojetsdansl’immédiatepost-indépendanceenAfrique,maissoutientquebeaucoupdecesproblèmespersistent encore aujourd’hui. Parmi ces problèmesfigurent l’impact du colonialisme, la politique de laguerrefroideet lesingérencesétrangères, ladiversitéde l’Afrique, l’instabilité politique, les problèmes degouvernance et la rivalité entre deux conceptionsidéologiquesdifférentesduprojetdel’unitépanafricaine(Francis, 2006:20). Pour notre part, tout en étantd’accord avec la plupart des problèmes que Francisidentifie et tant d’autres problèmes identifiés pard’autres auteurs, nous nous focaliserons sur quatreprincipaux facteurs qui sont: a) la diversité despôlesd’allégeanceou lesappartenancesmultiples;b)l’instabilité politique et l’insécurité; c) le problèmesdegouvernance;etd) lesquestionsdefinancement.Bien entendu, ce listing n’a aucune prétention à

l’ordonnancedecesproblèmesniparconsidérationdeprioriténidepréférence.

Diversité des pôles d’allégeance (appartenances multiples).

Par la «diversité des pôles d’allégeance» nousentendons l’appartenance et l’adhésion de plusieursÉtats africains à des différentes CERs, aux différentsgroupements ou alliances en dehors de l’Afrique,ainsiqueleurattachementauxdifférents«partenairesbilatérauxspéciaux»,etl’impactdecettesituationsurlesprojetsd’intégrationetd’unitéafricaine.PourcequiestdesappartenancesmultiplesauxdifférentesCERs,il sied de rappeler que tous les États d’Afrique sontdiviséssurcinqrégionsgéographiques.Or,d’aprèsletableauqu’onadresséplushaut, ilya septCREsetsept autres OIGs sur le continent dont les membresne sont autres que les différents pays africains. Dece fait déjà, il est clair que certaines CREs et OIGstranscendent des régions géographiques en ce quiconcerne la composition de leurs membres. A titred’exemple, on constate qu’une organisation comme

la CEN-SAD puise ses membres desrangs de la CEDEAO (e.g. Nigeria), del’UEMOA(e.g.BurkinaFaso),del’UMA(e.g.Libye),del’IGAD(e.g.Djibouti),duCOMESA(e.g.Soudan),etdelaCEMAC(e.g. Tchad), et que la Commission del’Océan Indien (COI) comprend quatremembres du COMESA et la Réunion.C’estlechevauchementdesgroupementsrégionaux.

Par ailleurs, on trouve que sur les 54pays africains (53 membres de l’UAplus le Maroc), 26 appartiennent àdeux groupements régionaux et 20appartiennent à trois. La RépubliqueDémocratique du Congo, quant à

elle, appartient à quatre. Seuls six pays (l’Algérieet la Mauritanie (UMA seulement), le Malawi et leMozambique (SADC seulement), l’Égypte (CEN-SADseulement) et le membre de CEEAC, Sao Tomé etPrincipe)n’appartiennentqu’àuneseuleCERouOIG(CEA,2004:42;Souaré,2006a;2007).

Comme l’a bien souligné le Commissaire de l’UAaux affaires économiques, la duplication des RECset OIGs visant les mêmes objectifs ainsi que leurchevauchement en ce qui concerne la compositionde leurs membres constituent un véritable problèmesinon obstacle au projet de l’unité et d’intégrationafricaine (AUC News, déc. 2005). La problématiquedecetétatdeschosespeutêtreconstatéeàaumoinsdeux niveaux. D’abord, étant donné que l’ambitionultime de chacun des blocs sous-régionaux est oudevrait être de se fusionner éventuellement pourcréer la Communauté économique africaine, puisl’Unionafricaine (entenduedans son senspolitique),

Ladiversitédespôles

d’allégeancedesÉtatsafricainsconstitueunobstacleà

l’intégrationsurlecontinent.

Page 5: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page5 Paper�40•Juin2007

cet état des choses jette le flou sur les objectifsde ce projet et rend le processus plus compliqué,d’autant plus que les différentes CERs s’affichent desobjectifsdecourtetdelongtermes.Ensuite,ilyaleproblèmedefinancementdel’UAetdesautresprojetscontinentaux. Personne ne peut disputer qu’avec lesappartenances multiples viennent les responsabilitésmultiples envers les différents groupements auxquelson appartient. Cela alourdit indiscutablement lescharges des États concernés, dans la mesure où ilsdoivent non seulement faire face à des obligationsfinancières multiples, mais doivent aussi gérer unemultiplicité de réunions, de décisions, d’instruments,dedossiers,deprocéduresetd’échéances.Ceciétantetcompte tenudes ressources limitéesdesdifférentspaysafricains,onarriveforcémentàunesituationoùbeaucoupnepeuventplushonorercesobligationsdesdifférentsblocssous-régionauxdontilssontmembres,etfaillent,desurcroît,auxcellesdel’UnionAfricaine,notammentencequiconcerne lepaiementde leurscotisationsannuelles, cequi aun impactnéfaste surbeaucoup de projets de cette dernière (CEA, 2004;Souaré,2007a,AUC News,déc.2005).

Le phénomène de la multiplicité despôles d’allégeance des différents Étatsafricainspeutêtreconstatéaussiauniveaude leur appartenance à des différentsgroupements ou alliances en dehorsde l’Afrique,ainsique leurattachementaux différents «partenaires bilatérauxspéciaux». Deux problématiques sedégagent de ce constat. D’abord, lesrelations «spéciales» qu’entretiennentcertainsblocsrégionauxavecdesÉtatsouinstitutionsnonafricainesetl’orientationque veulent donner ces «partenaires»étrangersàcesorganisationsafricaines.Adirevrai,ceconstatviseparticulièrementl’UEMOAet laCEMAC, lesdeuxCERsexclusivement «francophones» avec des liensparticuliers avec la France. Ce n’est que récemmentque deux pays non francophones (la Guinée-Bissaupour l’UEOMA et la Guinée équatoriale pour laCEMAC) y ont adhéré. Ces deux CERs sont crééesavecunsoutienparticulierde laFrance,sinonàsoninstigation. Plusieurs études (Bach, �982; Adedeji,2004)ontmontréquelaCommunautéEconomiquedel’Afriquedel’Ouest(CEAO),l’ancêtredel’UEMOA,estcrééeen�973avecunsoutienfrançaismotivéparledésirdelaFrancedemaintenir«sesliensprivilégiés»avecsesanciennescolonies,cequed’autresqualifientd’intérêtsnéo-coloniaux.

Dansuneanalyseintéressantedel’étatdel’intégrationrégionale en Afrique de l’Ouest, Abass Bundu, unancien Secrétaire exécutif de la CEDEAO, identifieun nombre de problèmes qui constitueraient, selonlui, lesprincipauxobstacles à la véritable intégrationrégionaledanscettesous-région.Parmilesproblèmes

qu’ilidentifiecommeobstaclesfigurecequ’ilappelle«la peur [des autres pays] d’être dominé par leNigeria» (Bundu, �996). En réalité, ce constat estle résultat d’une propagande pour diviser la familleouest-africaine (Souaré, 2005a). S’il est vrai qu’il yavait des leaders ouest-africains dits francophonesderrièrelapropagationdecefauxsentiment,onpeutbiensaisirsaprincipalesourcedansladéclarationqueGeorgePompidou,leprésidentfrançais,afaiteaprèsl’inaugurationdelaCEAOen�973.Danssonallocution,le président français, qui exprimait la position et lapolitiquefrançaiseenversl’Afriquedel’OuestetfaisantallusionauprojetdelaCEDEAOqueleNigeriaetleTogo, avec un soutien inconditionnel de la Guinéede Sékou Touré, avaient proposé à l’«ensemble»des pays de la sous-région et qui devait naître deuxansplustard,considèreque«s’ilestdanslalogiquedes choses que l’Afrique francophone et l’Afriqueanglophonecoopèrentplusétroitement...ilconvientquelespaysfrancophonesadoptent,vis-à-visdespaysanglophonesetplusparticulièrementduNigeria,uneattitude commune harmonisée, et que tout se passesurun pland’égalitéetd’harmonieréciproques»(Cité

dansBach,�982:6�).D’oùledangersurlesprojetsd’intégrationafricaine.

Par exemple, on sait que le Franc CFAest le facteur le plus rassembleur desÉtats de l’UEMOA et de la CEMAC.Orcettemonnaieesttraditionnellementsous la tutelle du Trésor français et dela Banque de France qui décide de savaleur, peut la dévaluer comme bonlui semble, comme il a fait en �994sans consultation aucune avec les paysafricains concernés (Glaser et Smith,2005),etlaFrances’ensert,selontoutevraisemblance,pourcomblersesdéficitsbudgétaires(Koulibaly,�994).Autrementdit, la zone franc, officiellement créée

en�945entrelaFrance,sescoloniesetprotectorats3,est passée d’une intégration monétaire contrainteà une coopération monétaire entre la France et lespays de l’UEMOA et de la CEMAC (Hugon, �994).Pourtant, il n’est pas exagéré de soutenir que cettemonnaie constitue l’un des obstacles à la créationd’unemonnaieuniqueenAfriquedel’Ouest.Bienplus,depuis�998,quandlaFranceapassélaresponsabilitéde la gestion de la monnaie à l’Union Européenne,aucun changement affectant la nature, l’étendue oula composition des membres de la zone CFA n’estpossible sans l’approbation préalable du Conseileuropéen, approbation qui se fait uniquement sur larecommandationdelaBanquecentraleeuropéenneetlaCommissioneuropéenneàBruxelles(Bach,2004:79;ClaeysetSindzingre,200�:�36-�37).

La deuxième problématique qui se dégage duphénomène de la multiplicité des pôles d’allégeancea lien avec l’appartenance des États africains à des

LaprésentationduNigeriacommeunemenaceàlasouveraineté

desautresÉtatsd’Afriqueoccidentaleestlerésultatd’une

propagandefrançaise.

Page 6: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page6 Paper�40•Juin2007

différents groupements ou alliances en dehors ducontinent. Bien entendu, on vit dans un mondeinterdépendantet lamondialisationnécessiteque lesdifférentspaysdesdifférentes régionsdece«villageglobal» entretiennent des liens variés entre eux.L’appartenance des États africains à des différentesorganisations internationales, notamment celles àcaractère universel comme l’ONU et ses institutionsspécialisées,n’estpascequiestremiseenquestionici.Loins’enfaut.Maisdesquestionsquenousestimonspertinentes méritent d’être posées par rapport à leur«allégeance», parfois disproportionnée, à d’autresorganisations qu’on peut identifier à travers cesquestions:sansporterunjugementaucun,commentmesurer l’impact sur les relations intra-africaines,et donc de l’intégration africaine de la position duCommonwealth, influencée sans nul doute par lapolitique britannique, et celle de l’UA vis-à-vis d’unÉtatafricaincommeleZimbabwedeRobertMugabe,vuqu’il y adespays africainsqui sontmembresduCommonwealth? Entre un projet de la Ligue arabeetunautrede l’UA, lequel laTunisiedeBenAliestsusceptible d’accorder plus d’importance vu qu’il neratequasimentaucunsommetdelaLiguearabe tandis qu’il est rarement présentauxsommetsdel’UA?Bienqu’ilaitétérejetéparl’AngolaetleMozambique,ilest vrai que la Communauté des Paysde Langue Portugaise (CPLP) a, à unmoment, eu le courage de proposerunprojetdenationalitécommunepourles citoyensde ses huit Étatsmembres,dont quatre sont africains. Quel auraitété l’impact de cette politique sur laperception des ressortissants, et mêmedesfaiseursdedécisiondecespaysvis-à-visd’unprojetsimilairedel’UA?

La Francophonie propose de plus enplus une harmonisation des positionsdesesÉtatsmembresnotammentàl’ONU,ycomprislors des votes. Il est très aisément saisissable quecette position «commune» serait presque toujourscelle que la France aura suggérée. Et alors, il fautse demander si c’est à cette position que les paysafricains membres de la Francophonie vont souteniroucellequiauraétéproposéeparlegroupeafricainàl’ONU,suivantlesrecommandationsdelaCommissionde l’UA. Et tant d’autres questions qu’on pouvaitcontinuer à poser et qu’on a eu l’occasion de poserailleurs (Souaré, 2005b). Déjà en 2005, lors dudernier tour de l’élection du président de la Banqueafricaine de développement (BAD) qui opposait unNigérianetunRwandais,laFrancophonieademandéà ses membres africains de soutenir le candidat«francophone»(Jeune Afrique,�7-23juillet2005).Onnedevraitpasdoncs’étonnerd’entendreuneconsignesimilaireen faveurd’uncandidatquébécoisoubelgefrancophone qui aura comme opposant un candidatafricainditanglophoneoulusophoneencompétition

pour un poste international. Voici quelques impactsde l’allégeance des États africains à des alliancesextérieuresfondéespourdesraisonsquisontrarementcompatiblesaveclesobjectifsdel’intégrationetl’unitéafricaine. Bien entendu, les multiples responsabilitésqu’on a identifiées avec les appartenances multiplesaux différentes CERs s’appliquent également à cettesituation.

L’instabilité politique (questions de paix et de sécurité).

L’impact de l’instabilité sur tous les programmesqu’unpayspeutentreprendren’apeut-êtrepasbesoinde démonstration. Mais quand un membre d’uneorganisation régionale fait face à des problèmes desécurité, c’est souvent l’ensemble de la sous-régionquiestplusoumoinstouché.L’impactdel’instabilitépolitique sur les projets d’intégration en Afrique,tant au niveau des CERs qu’au niveau continental,peut être constatédans aumoins troisdomaines. Enpremier lieu, la principale source du financementdes projets d’intégration est ou devrait être les pays

membresdechaqueCERoudeleL’UA,etlaresponsabilitédelamiseenœuvrede leurs différents projets incombe aupremier chef aux États membres. Or,avec lesdifférentspayspréoccupésparleur propre survie et existence, il estinconcevable de leur part et insensépourleurspartenairesdelarégionoudel’UA de parler d’intégration régionale.End’autresmots, ni l’IGADni laCEN-SAD,etmoinsencorel’UA,nepeuventespérer de la Somalie de payer sescotisationsàleursbudgetsrespectifsouparticiper à la mise en œuvre de leursdifférentsprojetsconcernant l’ensemblede leurs Étatsmembres vuque le paysest même dépourvu de gouvernement

central depuis janvier �99� à cause d’une guerrecivile fratricide. Pourtant, la participation de ce paysauxdifférentsprojetsdecesdifférentesorganisationsauraitfaitsacontribution.LasituationestencorepirequandplusieursÉtatsd’unemêmerégionsontengagésdansdesguerrescivilesaumêmemoment(e.g.RDC,Ouganda,Soudan,Burundi,Tchad...)oumêmedesguerresinterétatique(e.g.l’Ethiopiecontrel’Erythrée).

Ledeuxièmedomaineoùonpeutconstater l’impactde l’instabilité politique sur les projets d’intégrationen Afrique est le détournement du peu de fondsqu’ont les différents États de la région ou mêmeles CERs et qu’ils auraient dû consacrer aux projetsde développement. Ces fonds sont donc détournésvers le financement des guerres ou aux efforts deleur résolution. Par exemple, on sait qu’au coursdes dernières années, principalement à cause delagrandissanteinterdépendanceentrelesdifférentspays,lespays voisins sontdeplus enplus affectéspar les

L’instabilitépolitiqueestl’undesprincipaux

obstaclesauxprojets

d’intégrationenAfrique.

Page 7: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page7 Paper�40•Juin2007

conflitsarmésquisedéroulentdansleurrégion,carleplussouventilspartagentleschargesdelarésolutiondes crises et les dommages qui en ressortent. Ainsi,on estime que le Nigeria dépensait à l’orée de 500000 dollars par jour pour entretenir son contingentmilitairedel’ECOMOGauLibériaetledoubledecemontantenSierraLeone,pendantlaguerreciviledansces deux pays. Étant donc resté dans les deux payspourdesannéesdurant,onnepeutestimerlemontanttotaldépenséparAbujaqu’àdesmilliardsdedollars(Adebajo,2002:��3;Souaré,2007b:�70).Certes,cesfondsauraientgrandementbénéficiéaupaysdonateurlui-même ou à la CEDEAO au nom de laquelle leNigeriaaassumécesdépenses.

Et finalement, on constate l’impacte de l’instabilitépolitique sur l’intégration et la coopération régionaleenAfriquedans le faitqu’ellenepermetpas la librecirculation des biens ou des commerçants entre lesdifférents pays d’une région en proie aux conflitsarmés. Bien plus, il y a le problème du désistementdes investisseurs potentiels, qu’ils soient locaux ouétrangers, car personne n’est encouragée d’investirson capital dans un climat d’insécuritéet de chaos. Ainsi, l’instabilité retardenon seulement la croissance et ledéveloppement économique dansles différents pays et des différentesrégions du continent, mais consommeaussiunebonnepartiedesbudgetsdesorganisationsrégionales.C’estdoncàlafois un manque à gagner et une pertedes fonds qui pourraient être utilisésautrement.

Gouvernance.

EnAfrique,commeailleurs,leproblèmedegouvernance,destabilitépolitique,etde la croissance ou le développementéconomiquesontquasimentindissociables.Ettouscesfacteursjouentpouroucontrelesprojetsd’intégrationet de coopération en Afrique, comme on vient devoir l’impact de l’instabilité politique. La mauvaisegouvernance est la cause première de presquetoutes les guerres civiles et mouvements rebelles ousécessionnistes sur le continent. Le fait que certainsseigneursdelaguerresoientplusmotivésparl’aviditéouambitionspersonnellesquepardes frustrationsetmécontentementsnésdelamauvaisegouvernancenepeutpasêtrenié,mais il fautadmettrequemêmesidesmouvementsrebellesétaientfondéssurdesmotifspersonnelsetégocentriquesdeleursleaders,ilyaurapresquetoujoursdessignesdemécontentementdansla société qu’ils visent à manipuler à leurs propresfins. Ces mécontentements sont souvent issus de lamauvaisegouvernanceoud’unfacteurconnexe.

Derriennic (200�:36) abiencompris cepointquandil affirme que «la recherche de la justice est une

des motivations principales des humains en conflit,et même ceux qui poursuivent d’autres buts finissent par invoquer la justice pour s’attirer des alliés ou déconsidérer leurs adversaires» (c’est nous quisoulignons). Cet argument fait presque l’unanimitéentrechercheurset faiseursdedécisions.KofiAnnan(�998), l’ancienSecrétairegénéraldesNationsunies,areconnudansunrapportque:«C’est lanaturedupouvoir politique dans bien des pays d’Afrique, demême que les conséquences —réelles ou perçuescommetelles—delaprisedupouvoiretdumaintiendecelui-ci,quiestunesourcemajeuredeconflitdanslecontinent»(voiraussiFrancis,2006:20).

Mis à part son impact sur la stabilité politique desdifférentspaysducontinent, la (bonne)gouvernancea un rôle important à jouer dans l’application etla réussite des différents projets d’intégration. Oninvoquesouvent,etàjustetitre,lemanquedevolontépolitique comme l’un des principaux obstacles àl’application,parlesÉtats,desaccordsdesdifférentesinstitutionsafricaines,carsitôtqueleschefsd’Étatetdegouvernementrentrentchezeuxdesdifférentssommets

decesorganisations,ilsoublienttoutdece qu’ils ont adopté comme accordou approuvé comme projet. C’est ceproblèmequi expliquerait également lemanquedesuividesprojetsd’intégration,surtoutquepeudepaysafricainsontdesdépartements consacrés à l’intégrationrégionale au sein de leurs ministèresappropriés.4 Or la source principalede cet état des choses se trouve dansles systèmes de gouvernance dans lesdifférentspaysafricains.

Pour leprofesseurAdewoye (�996:37�-384), le constitutionnalisme, sur lequelreposelasociétédedroit,estessentielàl’intégrationrégionale.L’auteurconsidère

quelesuccèsduprojetd’intégrationeuropéenneestdûenpartieaufaitquecetteconditionsoitsatisfaite.Ilnotejustement que les États constitutionnalistes, habituésà la séparation des pouvoirs dans leurs politiquesinternes, acceptent plus facilement de transférer unepartiedeleursouverainetéàdesinstitutionsrégionaleset continentales avec des pouvoirs supranationaux.Pluséloquemmentencore,ilécrit:

LemanquedeconstitutionnalismeenAfriqueaminéleprocessusd’intégration régionaledeplusieurs façons.Autant l’habitude du partage du pouvoir a servid’appuiàl’intégrationrégionaleenEuropeenfacilitantlatransitionàdesmodesdedirectionsupranationaux,autantsonabsencea,enAfrique,minéleprocessus.Laconcentrationdupouvoirdanslesmainsdesseulschefs d’État a particulièrement compliqué le partagedu pouvoir étant donné la jalousie avec laquellechaquedirigeantavouluprotéger la souverainetédesonpropreterritoire(Adewoye,�996:379).

Labonnegouvernancejoueunrôleimportantdansl’applicationetlaréussitedesdifférentsprojets

d’intégration.

Page 8: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page8 Paper�40•Juin2007

Enfin,lagouvernance,entendueiciparsonexercicedanslasphèreéconomique,joueégalementsurlacapacitédesdifférentspaysdecontribuer financièrementà lamise en œuvre des différents projets d’intégration.Pourtant, lacorruptionqui sembleenracinéedans laplupartdesadministrationspubliquesenAfriquenuitgrandementàcettecapacité,etce,malgrélaratificationparpresquetouslespaysafricainsdelaConventiondel’UnionAfricainesurlapréventionetlaluttecontrelacorruption,adoptéeàMaputoenjuillet2003.

Questions de financement.

Un autre défi majeur à relever est le problème definancementpourassurer la réalisationdesdifférentsprogrammes d’intégration sur le continent. Que cesoit dans le domaine de création d’infrastructurespanafricaines(réseauxdetransport,lignestéléphoniques,télévision panafricaine, barrages hydrauliques etélectriques,etc.),desopérationsdepaix,oumêmedufonctionnement quotidien des différentes institutionsafricaines, le problème de financement fait toujoursdéfaut et cela entrave beaucoup de projets. Unexempledefigureetd’actualitéencetteannée 2007 est l’apparent échec de lamission de l’Union Africaine dans larégion soudanaise de Darfour (AMIS)principalement à cause de manque demoyens. Pourtant, cette mission est latoute première mission de maintien depaix de l’organisation panafricaine etdont dépend, dans une large mesure,sacrédibilitédanscedomaine (Souaré,2007c). La principale cause de ceproblème est sans doute le refus oul’incapacité de certains pays membresde payer leurs cotisations au completet/ou à temps, ce qui nécessite parfoisla suspension de certains d’entre euxcommemesuredepunition.

Il a été publié récemment sur le site Internent del’UA,5 un programme de consultation pour réaliserdesétudesd’évaluationsurlessourcesalternativesdefinancementdel’institutionpanafricaine.Laraisondecetteconsultationétaitque«desressourcesfinancièressupplémentaires sont requises non seulement pourfaire fonctionner les divers organes de l’Union, maiségalement pour mettre en œuvre ses programmescontinentauxetsesprojetssectoriels telquecontenudans sonPlan stratégiquepour2004-2007».Depuis2006, 75% du budget annuel de l’UA est assurépar cinq pays seulement (l’Afrique du Sud, l’Algérie,l’Egypte, la Libye et le Nigeria), qui se chargent,chacun,de�5%dubudgettotal,tandisquelesautresmembrespayentles25%restantsautitredelaformuledelacapacitéréelleàpayer.Cequiestparfoisfrustrantdans cette situation est que pendant qu’ils faillissentà payer leurs dû aux institutions africaines, ils sontsouventà jourdans lepayementde leurscotisations

auxinstitutionsinternationalesquipeuventfonctionnerparfaitementsansleurscotisations«symboliques».

Laconséquenceinévitabledecetétatdeschosesestd’êtreàlamercides«partenairesétrangers»,quinesontautresquedesinstituionssymbolisantl’intégrationd’autresrégions,tellequel’Unioneuropéenne.Orlesdons ou prêts reçus par ces «partenaires» ne sontpasdesgestesneutres,quiseraientdépourvusdetoutcalcul stratégiqueoupolitique.Unexemple frappantest un «don»que l’Union Européenne a accordé àlaCEDEAOen2000pouraideràl’établissementdesquatre zones d’observation et de suivi des signes deconflitsarméscommeprévudansleProtocoleRelatifauMécanismedePrévention,deGestion,deRèglementdesConflits,deMaintiendelaPaixetdelaSécuritéque la CEDEAO avait adopté en décembre �999.Fautedemoyens financierspar l’institutionafricaine,l’UE avait donc proposé de financer l’établissementdubureauprincipaldeceszonesauSecrétariatdelaCEDEAOàAbuja,etdeprendreenchargelessalairesdes fonctionnaires qui devaient gérer le projet. Les«donateurs»européensonttoutefoisinsistésurlefait

que le recrutement de ces personnelssoit en fonction des critères définis pareuxetnonpasparlaCEDEAO(Adebajo,2002:�50).

Conclusion.

En guise de conclusion, il sied derappeler que les projets d’intégrationafricaine, quelle que soit la conceptionparticulière (parmi deux conceptionsqu’on a identifiées) qu’ils représentent,répondentàunedoubleambition:d’unepart, ils sont l’expression d’une volontédesurmonterlesdémarcationscolonialesartificiellesentre lesdifférents territoiresafricains qui constituaient naguère des

entitésunitairesavantl’èrecoloniale.Etd’autrepart,ilssontconsidéréscommeunestratégienécessairepournon seulement se protéger contre les effets perversde la mondialisation, mais aussi comme les moyenspour que le continent soit agent actif participant aufaçonnement du système mondial – dans lequel ilest toutà fait intégrémaisoù iln’occupe jusqu’alorsque les positions les plus subalternes (Amin, �99?).Ainsi,danssonActeconstitutif, l’UnionAfricaine faitde l’accélération de l’intégration politique et socio-économique du continent l’un de ses principauxobjectifs.

Commeonl’adit,cedésirsoutenupourl’intégrationde l’unité africaine est en contraste avec les défis àrelever et les obstacles à surmonter. Ceux-ci étantnombreux, on s’est focalisé sur quatre principauxobstaclescommeentravesmajeuresàlaréalisationdurêvedel’intégrationafricaine,cequineveutnullementpasdirequ’onsous-estimelesautresfacteurs.Etparmi

Laprincipalecausedesproblèmesfinanciersdes

institutionsafricainesémanedel’incapacitéoulerefusdecertains

paysdepayerleurscotisations.

Page 9: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page9 Paper�40•Juin2007

les multiples obstacles, on s’est attardé, en premierlieu,surlesmultiplesappartenancesdesÉtatsafricainsauxdifférentesCommunautéséconomiquesrégionales(CERs)ouorganisationsintergouvernementales(OIGs),et la multiplicité de leurs pôles d’allégeance auxdifférents «partenaires», groupements ou alliancesen dehors de l’Afrique, des groupements dont lespolitiques ne sont pas toujours compatibles avecles idéaux de l’intégration et de l’unité africaine.Heureusement,onreconnaîtdeplusenplusleseffetsperversdecetétatdeschoses,etl’UA,danssonActeconstitutif, s’est assignée l’objectif de coordonner etharmoniser les politiques entre les différentes CERsen vue de réaliser les objectifs de l’Union. Mais ilfaudrait également que les différents États, ou plutôtleaders africains, sachent que leur développementdépend d’une coopération étroite avec leurs voisins,etdoncauseindesinstitutionsafricaines,etnonpasavec des soi-disant «partenaires» étrangers qui ontdes objectifs différents et, de toute façon, sont plusavancésqu’eux.

Leproblèmedegouvernanceestunproblèmemajeur,car de lui dépend presque tous les autres facteurs.C’estgrâceàlabonnegouvernancequ’onpeutéviterlesconflitsarmésquiontruinétantdepaysafricainsetdonccontribuéà l’échecdenombreuxprojetsdedéveloppementetd’intégrationsurlecontinent.C’estgrâceaussiàlabonnegouvernancedanslapolitiqueinterne des différents pays que les leaders africainsserontprêtsàdéléguerunepartiedeleursprérogativesnationalesàdesinstituionsrégionalesoucontinentales,telles que le Parlement panafricain et la Cour deJustice de l’Union Africaine. Car, sans les instituionssupranationalesdontlesdécisionssonttranscendantes,commesontbeaucoupd’organesdedécisionsdel’UEquiinspirenttantlesinstitutionsafricaines,lesprojetsd’intégrationseront toujours imparfaits. Ilne fautpasoubliernonplusquec’estseulelabonnegouvernance,reposantsurlerespectstrictdesdroitsfondamentauxdes citoyens, qui inspire la confiance de ceux-cien leurs gouvernants et les décisions prises par cesgouvernants.C’est,end’autresmots,laconditiondelalégitimitédesgouvernants.Orsanscettelégitimité,lesdifférentsaccordsauxquelsparviendrontcestypesdeleadersauniveaurégionaloucontinentalneserontpasaccueilliscommesicesaccordsavaientéténégociéspar des hommes et femmes qu’ils considèrent leursreprésentantslégitimes.

Pourcequiestduproblèmemajeurdefinancement,ils’agitderappelerauxdifférentsleadersafricainsques’ils sont sincèrement sérieux dans leurs déclarationspubliques en faveur de l’unité africaine et de sortirleurspaysdel’étatdedépendanceperpétuelle,leseulmoyen est de renforcer les instituions régionales etpanafricaines, ce qui signifie qu’ils doivent acquitterleurscotisationsauxdifférentsfondsdecesinstitutionscomplètement et ponctuellement. On ne peut pascontinueràrevendiquersasouverainetésansassumer

laresponsabilitédelaprotéger.Etcommecontributionindirecte à la consultationde l’UnionAfricainepourchercher des sources alternatives de financement,on peut préconiser le rachat, par l’Union Africaine,d’une partie des actions de la Banque Africaine deDéveloppement (BAD)détenuespar les24paysnonafricains,ditsles«non-régionaux».Cetteactionseraundoublejeu:d’unepart,onauraréduitlamainmise,ou du moins l’influence étrangère sur la Banque, etd’autrepart,onauraassuréunesourcedefinancementviable pour l’Union Africaine, d’autant plus que laBanque est une institution réputée très performantedepuisdesannées.Audemeurant,quandellefutcrééeen �964 et jusqu’en �979, elle était �00% africainedans tous ses aspects (Gharbi, 2005; Africa Week,SpecialPrintEdition,juin2005).

Notes

� Nousavonsmisunpointd’interrogationà laplaceduquatrièmechiffreiciparcequeledocumentn’apasdedate,maisonpeutdéduireducontenuqu’ilaétérédigéentre�999et200�, car l’auteurparlede l’OUAetdel’Unionafricainequiestencoursdepréparation.

2 Référenceestfaiteiciàl’éditionoriginaledecetouvragepubliéen�963sousletitre:Africa Must Unite,etéditéchezHeinemann,Londres,etlatraductionfrançaisequenousutilisonsiciparutpourlapremièrefoisen�964auxÉditionsPayot,àParis.

3 Audépart,CFA signifiaitColonies Françaised’Afrique.Ce n’est qu’après les indépendances qu’on a trouvéle nom de Communauté Financière Africaine pour lemêmesigle.

4 Entretiens personnels avec certains fonctionnaires à laCommission de l’Union Africaine, Addis-Abeba, 5-8décembre2005.

5 Voir <http://www.africa-union.org/root/UA/Emploi/2007/avr20/Consultant%20EA.htm>(23avril2007).

Bibliographie

Adebajo, Adekeye (2002), Building Peace in West Africa : Liberia, Sierra Leone and Guinea-Bissau. Boulder etLondres,LynneRienner.

Adedeji, Adebayo (2004), «ECOWAS: A RestrospectiveJourney» in Adekeye Adebajo et Ismail Rashid (dirs.),West Africa’s Security Challenges: Building Peace in a Troubled Region.BoulderetLondres:LynneRienner.

Adewoye, Omoniyi (�996), «Constitutionnalisme etl’intégration économique», in Réal Lavergne (dir.),Intégration et coopération régionales en Afrique de l’Ouest.Paris,Karthala:37�-384.

Amazirh,Abdelhafid(2005),«CequeleMaghrebgagneraità s’unir,» Jeune Afrique/L’Intelligent, no. 2338, du 30octobreau5novembre.

Amin, Samir (�99?), «Diversité des modèles derégionalisation» Forum du Tiers Monde, au: <http://www.forumtiersmonde.net/fren/samir_amin_writings/regionalisations/le_defi_des_regionalisations.htm>(25avril2007).

Page 10: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page�0 Paper�40•Juin2007

Annan,Kofi(�998),«Lescausesdesconflitsetlapromotiond’une paix et d’un développement durables enAfrique»,Rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation,A/52/87�–S/�998/3�8du�3avril.

Asante, S. K. B. (2004), «The Travails of Integration» inAdekeyeAdebajoet IsmailRashid(dirs.),West Africa’s Security Challenges: Building Peace in a Troubled Region.BoulderetLondres:LynneRienner.

Bach,DanielC.(2004),«TheDilemmasofRegionalization»,inAdekeyeAdebajoetIsmailRashid(dirs.),West Africa’s Security Challenges: Building Peace in a Troubled Region.BoulderetLondres:LynneRienner.

——(�982),«Dynamiqueetcontradictionsdanslapolitiqueafricaine de la France: Les rapports avec le Nigeria(�960–�98�),»Politique Africaine,no.5mars.

Bourenane,Naceur (�996),«Des fondements théoriquesetstratégiquesdelaconstructioncommunautaire»,inRéalLavergne(dir.),Intégration et coopération régionales en Afrique de l’Ouest.Paris,Karthala.

Bundu,Abass(�996),«LaCEDEAOetl’avenirdel’intégrationrégionale en Afrique de l’Ouest», in Réal Lavergne(dir.),Intégration et coopération régionales en Afrique de l’Ouest.Paris,Karthala.

Commissionéconomique[del’ONU]pourl’Afrique(2004),État de l’intégration régionale en Afrique.Addis-Abeba,PublicationsdelaCEA.

Decraene,Philippe (�964),Le panafricanisme.Paris,PressesuniversitairesdeFrance.

Derriennic, Jean-Pierre (200�), Les guerres civiles. Paris,Pressesdesciences-Po.

Francis, David J. (2006), Uniting Africa: Building Regional Peace and Security Systems. Aldershot et Burlington,Ashgate.

Gharbi,Samir(2005),«Banqueafricainededéveloppement,�964-2005: le bilan» Jeune Afrique/L’Intelligent, no.23�4,du�5au2�mai.

Gilpin,Robert(200�),Global Political Economy: Understanding the International Economic Order. Princeton,PrincetonUniversityPress.

——(�987),The Political Economy of International Relations.Princeton,PrincetonUniversityPress.

Glaser,AntoineetStephenSmith(2005),Pourquoi la France a perdu l’Afrique.Paris,Calmann-lévy.

Hugon, Philippe (�994), «Intégration régionale, zone francetzoneécu»inL’intégration régionale dans le monde :

innovations et ruptures.Paris,Karthala/GEMDEV.Koulibaly, Mamadou (�994), «A propos de la dévaluation

du francCFA:Aquand la fin de cette zone franc enAfrique?» in L’intégration régionale dans le monde : innovations et ruptures.Paris,Karthala/GEMDEV.

Nkrumah,Kwame(�994[�964]),L’Afrique doit s’unir[traduitdel’anglaisparL.Jospin].Paris,PrésenceAfricaine.

Parker, Corinne A. et Donald Rukare (2002), “The NewAfrican Union and its Constitutive Act”, American Journal of International Law,Vol.96,no.2:365-379.

Siroën, Jean-Marc (2004), La régionalisation de l’économie mondiale.Paris,LaDécouverte.

Souaré, IssakaK. (2005a), “IsNigeria aRegionalHegemonToBeFeared?”African Renaissance,Vol.2,no.2,Mars/avril:58–67.

—— (2005b), “African Membership in the Arab League,Commonwealth,laFrancophonieandCPLP:ImplicationsofDividedAllegianceforRegionalIntegrationinAfrica”,African Renaissance, Vol. 2, no. �, Janvier/février: 65–73.

—— (2006), “African Union and Regional EconomicCommunitiesinAfrica—MinimizingMultipleAllegiancesandRationalizingPartnership”,African Renaissance,Vol.3,no.�,Janvier/février:�7-24.

—— (2007a), «Regional Integration in Africa: The Case ofECOWAS»inBhekinkosiMoyo(dir.),Africa in Global Power Play: Debates, Challenges and Potential Reforms.Londres:Adonis&Abbey.

——(2007b),Guerre Civiles et Coups d’État en Afrique de l’Ouest: Une tentative d’en comprendre les causes et d’identifier des solutions possibles.Paris,L’Harmattan.

——(2007c),«RemplacerlaforceafricaineparunemissiononusienneauSoudan?Entresolutionslocalesetsolutionsinternationalesdanslessituationsdeconflitsarmés»inLes Opérations de paix : Du Suez à Kandahar, Notesde Recherches no. 33, février 2007. Montréal, Centred’études des politiques étrangères et de sécurité: 8�-�09.

Tieku, Thomas Kwasi. (2004), “Explaining the clash andaccommodation of interests of major actors in thecreationoftheAfricanUnion”,African Affairs,Vol.�03,no.4��:249-267.

Wallerstein,ImmanuelMaurice(�967),Africa: The Politics of Unity, an analysis of a contemporary social movement.NewYork,RandomHouse.

Page 11: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Subscription to ISS PapersIfyouwouldliketosubscribetoISSPaperseries,pleasecompletetheformbelowandreturnitto

theISSwithacheque,orapostal/moneyorderforthecorrectamount,madepayabletotheInstitute for Security Studies(markednottransferable).

Pleasenotethatcreditcardpaymentsarealsowelcome.Youcanalsodeposityourpaymentintothefollowingbankaccount,quotingtheinvoicenumberandthefollowingreference:PUBSPAY.

ISS bank details:ABSA,BrooklynCourt,BranchCode:634�56,Accountnumber:405749892�

Please mail or fax:ISSPublicationSubscriptions,POBox�787,BrooklynSquare,0075,Pretoria,SouthAfrica.

ISScontactdetails:(Tel)+27�23469500,(Fax)+27�24600998,Email:[email protected]:www.issafrica.org

Title Surname Initials

Organisation

Position

Postaladdress

PostalCode

Country

Tel Fax E-mail

ISS PAPERS SUBSCRIPTION 2007 – MIN 8 PER YEAR

South Africa African countries* International

R�50.00 US$30.00 US$40.00

* Angola, Botswana, Burundi, Comores, Congo-Brazzaville, Democratic Republic of the Congo, Gabon, Kenya, Lesotho,

Madagascar, Malawi, Mauritius, Mozambique, Namibia, Reunion, Rwanda, Seychelles, Swaziland, Tanzania, Uganda,

Zambia,Zimbabwe(formerlyAfricanPostalUnioncountries)

DetailsofsubscriptionratesfortheAfricanSecurityReview,ISSMonographs,SACrimeQuarterlyorotherISSpublicationsareavailablefrom:

ISSPublicationSubscriptions,POBox�787,BrooklynSquare,0075,Pretoria,SouthAfricaTel: +27-�2-346-9500/2 • Fax: +27-�2-460-0998 • Email: [email protected] • www.issafrica.org

Page 12: Regard critique sur l’intégration Africaine: Comment ... · Regard critique sur l’intégration Africaine • page 2 Paper 40 • Juin 2007 vu qu’il y a peu d’exemples d’unité

Regardcritiquesurl’intégrationAfricaine•page�2 Paper�40•Juin2007

A propos de cet articleCetarticleafaituneanalysecritiquedel’étatdel’intégrationéconomiquesurlecontinent,quiaindiquéquemalgréles efforts considérables consentis à cet égard, l’intégration régionale ne semble pas avoir produit les résultatsescomptés. Il a donccommencépar identifier les défis auxquels les programmesd’intégration régionale sur lecontinentfontfaceencemomentprécis,etlesobstaclesquel’Afriquedoitsurmonterpouratteindresesobjectifsdanscedomaine.Parmilesmultiplesobstacles,ils’estfocalisésurquatreprincipauxfacteurs:a)lesappartenancesmultiples de plusieurs États africains à des différentes Communautés économiques régionales (CERs) et auxdifférents«partenairesbilatérauxspéciaux»endehorsdel’Afrique;b)lesquestionsdepaixetdesécurité;c)lagouvernance;etd)lesquestionsdefinancement.Enconclusion,l’articleaavancéquelquessuggestionspratiquesenvuedesurmonterlesobstacles.

A propos de l’auteurISSAKAK.SOUARÉestdoctorantetchargédecoursauDépartementdesciencepolitiqueàl’UniversitéduQuébecàMontréal.MembreduComitéderédactiondelarevuebimestrielle,African Renaissance,ilestl’auteurdeplusieurspublicationsdontAfrica in the United Nations System,�945-2005(Londres,2006),Guerres civiles et coups d’État en Afrique de l’Ouest(Paris,2007),leromanSamassi(Londres,2004),etco-directeurdeSomalia at the Crossroads: Challenges and Perspectives in Reconstituting a Failed State (Londres,2007).L’auteurs’intéresseparticulièrementàl’analysedesconflitsarmés,audéveloppementéconomiqueetàl’intégrationrégionaleenAfrique,ainsiqu’àlaplaceetl’avenirdel’Afriquedanslesystèmemondial.

DonateursLarecherchesurlaquellecetarticleestbaséaétérenduepossibleparl’appuigénéreuxdel’ambassadedeSwisseenEthiopie,l’AmbassadedeDanemarkenEthiopieetleDeutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit(GTZ).

©2007,l’Institutd’EtudesdeSécurité•ISSN:�026-0404

Lesopinionsexpriméesdanscetarticlenereflètentpasforcémentcellesdel’Institut,sesAdministrateurs,membresdu

Conseiloudonateurs.Lesauteurscontribuentauxpublicationsdel’ISSenleurcapacitéindividuelle.

Publiéparl’Institutd’EtudesdeSécuritéSiegeprincipal•BoîtePostale•BrooklynSquare•0075•

Tshwane(Pretoria)•AfriqueduSudTél:+27-�2-346-9500/2•Fax:+27-�2-460-0998Mail:[email protected]•http://www.issafrica.org

La Mission de ISSLavisiondel’Institutd’EtudesdeSécuritéestcelled’uneAfriquestableetenpaixcaractériséeparlerespectdesdroitshumains,l’étatdedroit,ladémocratieetlasécuritépourtous.Parlarecherchedepolitiqueappliquée,l’Institutaunemissiondeconceptualiser,informeretsusciterladiscussionsurlesquestionsdesécuritéenAfrique.