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ECOLE NATIONALE D’ARCHITECTURE ET D’URBANISME DE TUNIS Département d’Architecture
Recueil cours Histoire de l’architecture Introduction à la Grèce antique
Première année
Par Hind KAROUI Assistante
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P.2/ L’Architecture des civilisations antiques
PARTIE 2, COURS 3, L’ARCHITECTURE PALATIALE EGEENNE
(INTRODUCTION A L’ARCHITECTURE GRECQUE)
PLAN
INTRODUCTION
I. Caractéristiques architecturales du style égéen
A. Le palais de Cnossos
B. Le palais de Tirynthe
C. Le palais de Pylos
II. Influences sur l’architecture grecque
A. Le temple primitif grec
******************
INTRODUCTION
Mer Egée
3
L’objet du présent cours porte sur l’architecture développée dans la région égéenne et plus spécifiquement
dans le bassin oriental de la méditerranée et dans l’île de Crète.
Nous parlons d’architecture égéenne, dominée dans un premier temps par les Minoens (Crète, Bronze
moyen : 2000 - 1500 av J.-C), et dans un deuxième temps par les Mycéniens (Sud-Ouest de la Grèce,
Bronze ancien : 1500 - 1100 av J.-C).
Les Minoens se sont basés en Crète depuis le deuxième millénaire sous le règne du roi Minos. Leurs villes
étaient bâties autour de vastes centres palatiaux de dimensions différentes, dont ceux de Cnossos, Phaistos
et Malia. Le palais était la résidence du roi mais aussi le centre du pouvoir et du commerce avec des
magasins et des ateliers de travail. Les maisons ordinaires pouvaient avoir deux étages. Le tissu urbain des
villes n’était pas élaboré sur un plan régulateur préétablit. Les rues étaient sinueuses, de largeurs différentes
et se croisaient et épousaient la forme du terrain, généralement en pente.
Vers l’an 1500 av J.-C, l’éruption du Volcan Ida (Sud - Ouest de Cnossos) a provoqué la destruction des
palais et la chute du pouvoir local. C’est à cette période que l’île fut envahie et occupée par un peuple de
guerriers venu de la Grèce : les Mycéniens. Ils établiront leur capitale et leur centre de pouvoir politique et
économique à Mycènes (voir carte). Cette civilisation connaîtra son moment le plus glorieux de 1600 à
1200 av J.C. Les villes étaient de véritables citadelles fortifiées, construites sur des collines et entourées de
solides murailles. Le palais royal occupait l’endroit le plus stratégique. Le mur d’enceinte qui l’entourait a
inclut dans son périmètre une vaste zone de refuge en cas de danger. Tout autour se développaient les
habitations des hauts personnages de la cour et les tombes1. Les maisons du peuple se trouvaient en
dehors des murailles de la ville (ségrégation urbaine).
Le XIIes correspondait à la période de déclin de la civilisation mycénienne, survenue suite à une période de
troubles et de destructions très longue, dont les causes étaient diverses (invasion étrangère, chute
économique). A la même époque, Athènes a connu une évolution architecturale importante qui s’est
traduit dans l’édification de grands sanctuaires, de temples, de tombes royales, de théâtre, de place
publique (agora), de fontaines… Il s’agit du « classicisme athénien » qui s’est développé durant plusieurs
siècles, non seulement dans les îles et péninsules de l’Ionie (Sud de l’Italie) et de l’Egée (Samos, Melos)
mais aussi dans la partie méridionale de l’aire balkanique, le long des côtes de l’Asie Mineure et du bassin
méditerranée jusqu’aux rives de la mer Noire (Delphes, Olympie, Milet, Ephèse, Pergame, Paestum,
Agrigente…).
1 Les tombes étaient soit complètement souterraines soit taillées dans le roc. Le plan était composé de trois éléments principaux : Le couloir d’accès (le dromos), Un lieu étroit de transition (le stomion) et la chambre mortuaire (ou funéraire) voûtée, de forme circulaire (la tholos) . Exp. Le trésor d’Atrée à Mycènes.
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I. Caractéristiques architecturales du style égéen
Dans ce tableau, nous mettrons en confrontation les deux styles palatiaux qui ont caractérisé le monde
Egéen à l’époque protohistorique (Bronze moyen et récent).
Style minoen Style mycénien
Localisation Crète Grèce
Monuments remarquables
Palais de Cnossos Palais de Tirynthe
Date de construction
2000 av J.-C 1200 av J.-C
Caractéristiques générales
Plan labyrinthique, sans une direction privilégiée. Palais sans défense.
Plan centré, axial. Palais fortifié, une citadelle.
Principes de composition
Juxtaposition de pièces, cours et couloirs sans plan régulateur.
Suite ordonnée de pavillons précédés de cours à portiques
Principe planimétrique
Légende
A. Mégaron B. Escaliers C.D.E. Entrées F. Magasins G. Salle d’audience et de réception H. Lieux de culte I. Grand escalier
Zone de refuge
Détail sur le mégaron
Entrée au palais
Organisation spatiale
Le palais possède trois entrées principales : Nord, Ouest et Est.
Une cour centrale rectangulaire, orientée nord-sud forme le centre vital (noyau) du palais. Tout autour s’articulent les appartements royaux, les salles d’audience et de réception, les lieux de culte, les ateliers et les magasins
L’espace extérieur forme une sorte d’esplanade dallée destinée à accueillir le peuple lors des fêtes et des rites religieux.
Le palais a l’aspect d’une forteresse à laquelle on accède latéralement par une rampe (1) longeant le mur de l’enceinte.
L’accès à la cour à ciel ouvert (4) entourée de colonnes, se fait par l’intermédiaire de cours secondaires et de deux porches (2 et 3).
Sur la cour principale donne le grand espace tripartite (5) abritant les salles de réception, d’audience et de réunions. Celle-ci est soutenue par 4 colonnes (c’est le mégaron). Cet ensemble pavillonnaire est flanqué d’un autre de moindre dimension (6), réservé à la famille.
Qualité spatiale
Les appartements privés se composent de plusieurs pièces et couloirs. Les parois intérieures sont peintes. Une des pièces, rectangulaire et soutenue par des colonnes en bois est le mégaron. De grandes fenêtres et des puits de lumière illuminent les pièces. « Un goût de la lumière et de la fraîcheur. »
Les dimensions sont moins importantes que celles des palais crétois. Les parois sont chargées d’un décor peint.
Autre exemple de palais mycénien : palais de Pylos dans le Péloponnèse (voir carte), XIIIes av J.-C
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Simplicité et netteté du plan. L’étage réservé à des appartements spacieux et aérés. (Cf. C.W. Blegen et M.
Rawson, « The Palace of Nestor », Princeton, 1966)
II. Influences sur l’architecture grecque
« L’architecture grecque n’est pas ce soudain miracle né de rien »
Les siècles obscurs qui ont succédé la destruction et la disparition de la civilisation mycénienne a fait
replongée la région dans un état primitif et régressif sans précédent. Cette période est nommée la « période
géométrique » (1000 – 700) connue pour sa production de céramique et pour ses maisons-cabanes à
double pente, aux murs de briques et de formes ovales. Ce sont les maisons absidiales1 d’inspiration
mycénienne.
Ce n’est qu’aux VIIes et VIIIes que commença la Renaissance de l’architecture. Celle-ci se manifestera
essentiellement dans la figure du temple (la demeure du dieu) conçu comme un espace architectural à part
entière et non plus, comme c’était le cas dans les époques précédentes, intégré aux palais et maisons
1 Absidiale, issu de abside : espace de plan semi-circulaire situé à l’extrémité d’un édifice (tombe, temple, église).
Mégaron qui abritait la salle du trône avec au centre le foyer encadré par 4 colonnes (150m²)
Cour entourée de porches
Salle de la reine (appartements privés)
Magasins (entrepôt de jarres de vin et d’huile. Conservation de la vaisselle)
Plan et axonométrie d’une maison absidiale du VIIIes à Smyrne (Anatolie)
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particulières. Seuls les hommes religieux et quelques personnes privilégiées avaient accès à l’intérieur du
temple. Les fidèles s’y rassemblaient devant et autour, jamais à l’intérieur.
Les premiers temples édifiés étaient soit de petites dimensions soit des constructions monumentales :
- Temple réduit à une salle soit rectangulaire (cella) soit absidiale (extrémité arrondie), généralement
précédée d’un portique soutenu par deux colonnes en bois. Le temple était donc une sorte de
« chapelle isolée » peu différente de la maison. Les matériaux étaient à base de bois et de briques
crues sur socle de pierre. Le toit est en double pente, légèrement bombé afin de protéger les murs
des eaux de pluie. (Exp. Temple d’Héra Acraia à Pérachora, Temple d’Héraion à Délos, Temple
de Daphnéphorion à Erétrie).
- Temple à caractère plus monumental formé d’une salle oblongue d’une trentaine de mètres
(32.86) avec colonnade axiale. La longueur du temple fait exactement 100 pieds (1pieds = 32cm)
ce qui a donné l’appellation de « Hécatompédon ». Les murs en briques crues. La cella est
partagée de l’intérieur de deux nefs (couloirs). La statue de culte est dressée au fond.
Il s’agit donc d’une composition géométrique pure qui trouve ses origines dans les vestibules des
palais crétois (minoens). Le toit est toujours en charpente à double pente recouverte de tuiles.
(Exp. Temple d’Héra à Samos (-800), Temple de Thermos en Etolie).
Restitution du premier temple absidial d’Héra Acraia (avant -750) avec ses deux colonnes jumelées et les petites fenêtres carrées au dessus de la porte.
Etat premier de l’Hécatompédon d’Héra à Samos (Ile égéenne)
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- Vers le VIIes, une profonde transformation affecte le temple. Afin de mieux protéger les murs de
briques crues contre les pluies, une colonnade extérieure formée de colonnes en bois1 a été
ajoutée et entourait l’ensemble. La galerie extérieure forme ce qu’on appelle le péristyle.
- Moins d’un demi siècle plus tard, la colonnade extérieure s’élargit par l’ajout d’une rangée
intermédiaire entre le mur et la bordure extérieure. la colonnade axiale disparaît dégageant ainsi
l’espace intérieur de la cella. Des piliers sont alignés le long des murs. Cette monumentalité
caractérisera l’architecture des temples diptères (entourés d’une colonnade extérieure) des
périodes successives.
1 Ce n’est que vers le début du VIes que les grecs vont commencer à remplacer le bois, ce matériau léger et facilement inflammable, par le marbre, la pierre et le calcaire. Voir cours suivant.
Le temple d’Héra au courant du VIIes
Le temple d’Héra à la fin du VIIes