Rare ouvrage de biblio-thérapeuthique

Collection du « BIBLIOPHILE PARISIEN »

PETIT ESSAIde

Biblio-

ThérapeutiqueOU

l'.firt de soigner et restaurer les °L'ivresvieux ou malades

PAR

R. YVE-PLESSISAuteur de la Bibliographie Française,

de la Sorcellerie, etc.

0000

PARISH. DARAGON, LIBRAIRE

I o, Rue Notre-Darne de Lorette, Io

1900

exvibris.com exvibris.com

@in@y

© Les Passerelles du Temps - 324 234 426 RCS Lyon - Website: www.exvibris.com - Renseignements : [email protected] -


@in@y


Avertissement

meme qu'il y a fagot et fagot,de meme la famille des amateurs

de livres comprend deux sous-genresbien distincts : les Bibliomanes et lesBibliophiles.

Le Bibliomane est celui pour' quiquantite passe qualite. Pourvu qu'ilaligne derriere les vitres de sa Biblio-theque, plus on moins somptueuse,des ouvrages nombreux et tresdorés, peu lui importe ce ydedans. Il possede des livres pargenre, parce que cela le pose dans


@in@y


2 AVERTISSEMENT

son entourage ; il estime que plusil en aura, plus il passera pourerudit et protecteur des lettres.C'est pour lui qu'ont été créés lesVoltaire en quatre-vingts volumes,et les Jean-Jacques Rousseau-Tou-quet dont s'indignait a bon droitJules Janin ; « ces misérablesin-octavo, l'execration du genrehumain lettré, que cinquante im-beciles, cinquante ignorants, au-tant d'usuriers, plusieurs idiots,vingt repris de justice et de gravesfilles de joie, sans compter unedouzaine de marquises de nouvelleedition, enferment avec soin dansune bibliotheque richement sculp-tée. » D'ailleurs, le Bibliomanene lit jamais. Il entasse. Que si,parfois, on le rencontre dans unevente, disputant 'c't prix d'or auxvrais amateurs navres, quelqueexemplaire rare en soi ou deprovenance celebre, c'est toujoursle meme mobile qui le pousse, c'est


@in@y


AVERTISSEMENT

3

pour pouvoir exhiber a ses amis etconnaissances un livre cher donts'enorgueillira sa vanite...

Le Bibliophile est plus discret,plus modeste, plus désintéressé dansson affection. Il aime les livres poureux-memes. Ce sont les compagnonsdes longues soirées d'hiver, lesconsolateurs des journees grises. Illes traite en amis véritables. S'il lesveut beaux et cossus, bien habillésde reliures simples et nobles, c'estqu'a son amitié se mele une pointede respect ; c'est qu'ils sont a sesyeux, sous une forme concrete, unpeu de la pensée humaine enmarche ; c'est que beaucoup d'entreeux sont ses aines et que tousdoivent lui survivre, destinéscharmer plus tard quelque Bibliophilecomme lui. On a voulu voir je nesais quel orgueil intempestif dans letestament d'Edmond de Goncourt,réclamant pour ses chers bouquinsla dispersion aux encheres, plutôt


@in@y


4

AVERTISSEMENT

que le don a telle bibliothèquepublique ou le premier goujat venuaurait eu le droit de les feuilleterd'un doigt crasseux. Goncourtsentait bien que les enchèresmettraient ses livres en meilleuresmains et tous les Bibliophilescomprendront ce sentiment.

Mais il ne suffit pas d'avoir desamis, il faut savoir les conserver.Or, en dépit de l'adage inscrit parPixerécourt sur son ex-libris : « Unlivre est un ami qui ne changejamais », les livres sont des amischangeants, quoique fidees. Ils sontentourés d'ennemis invisibles quiles guettent pour en faire leur proie,le temps aidant.

Les insectes, l'humidité, la pous-sière, sont les principaux ennemisdes livres, sans parler des accidents,chutes, taches, déchirures.

Il faut donc que le Bibliophilesoit un brin médecin, a sa manière;il faut sache soigner sa


@in@y


AVERTISSEMENT

5.........

bibliotheque pour la preserver dumal, pour reparer au besoin, autantque faire se peut, les ravages decla-res de ce mal.

D'oU la division rationnelle de cepetit Essai en deux parties :l'hygiLie des livres en general ;2° la therapeutique des livres vieuxou malades.


@in@y


Hygiène

TO HYGIhNE d'une bibliothèque a,11.-," de tout temps, préoccupé les

écrivains bibliophiles. Gabriel Nau-dé, Peignot, Charles Nodier, Te-nant de Latour, Paul Lacroix etbien d'autres ont insisté sur lasituation, l'exposition, l'aménage-ment a donner a une bibliothéque,so.it qu'on rayonne les murs d'unechambre spécialement affectee a cetusage, soit qu'on emploie des meu-bles vitrés ou des armoires.

A vrai dire, la question de


@in@y


HYGIENE 7

l'exposition au soleil levant, alaquelle certains de ces amateursattachaient tant d'importance,cause de l'humidité, a cause desinsectes, est devenue plutôt secon-daire depuis l'invention des po6lesmobiles et la dkouverte des antisep-tiques.

Il suffit présentement qu'unepièce soit claire et vaste pour êtreapte a devenir une bibliotheque.Elle aura une cheminée.

LE LOCAL. - Les murs, dont onbouchera soigneusement les trousau mastic, seront peints a l'huiledans les nuances tendres, afind'augmenter la clarté. On peut, sil'on veut, commencer ce badigeon-nage par une couched'huile de lin bien chaude, sur leplâtre.

Le parquet, après avoir été lave ala potasse, puis rincé avec unesolution au 2 /I000e de sublime,


@in@y


8 HYGIENE

sera recouvert d'un tapis cloue delinoleum, facile a tenir propre avecune éponge humide. A-t-on ramourdes tapis, on n'emploiera que descarpettes mobiles qu'on fera battre,dehors, au moins une fois parsemaine. La moquette clouée est unnid poussiére. Ni grands rideaux,ni portiéres, pour le même motif.

Si l'on adopte le système desrayons, r essence du bois importe peuToutefois le chêne aura la préférence.Mais le bois blanc, le vulgaire sapin,pourvu qu'il soit très sec et ne sueplus la résine, peut fort bien fairel'affaire.

Quand le menuisier dressera lesrayons, on veillera a ce qu'unespace d'un centimètre environ soitménagé entre le mur et les tablettesafin que Fair circule librementderrière les livres.

Ces tablettes ne seront pas troplongues: soixante-dix a quatre-vingtscentimètres au plus, pour qu'elles


@in@y


HYGIENE 9

ne fléchissent pas sous le poids desvolumes. Elles auront deux centime-tres d'épaisseur et vingt-deux delargeur. Les montants seront demême force.

Si les casiers ainsi formés sontfixes, c'est-h-dire si les montants nesont pas munis de tasseaux et decrémailleres, comme dans lesmeubles, on aura soin que lestablettes inferieures soient moinsrapprochées que les autres. Il estd'usage, en effet, pour la bonneharmonie, de réserver les rayons dubas- aux livres de grand format et deplacer les in-8, les in- 12 et lesin-1 8 sur les rayons supérieurs

Cependant si l'on ne possédaitqu'un nombre restreint de grandsvolumes, on pourrait ne donner auxcasiers inferieurs que la hauteur del'in-8, et poser les in-folio et lesin-4 a plat, a l'allemande.

Pour qu'on ne risque point de don-ner du pied contre les volumes, une


@in@y


I0 HYGIENE

plinthe de quinze centimetres dehauteur courra a terre tout le longdes casiers, surélevant d'autant lapremiere tablette.

Cet agencement est peu coiiteux.Il ne dispense pas, naturellement,de posséder quelques bibliothequesfermees pour les livres précieux etrares, pour les reliures de maroquinou d'étoffe qui craignent le plus lapoussiere.

Voilà donc nos murs,nos casiers,notre parquet prepares. II s'agit,avant d'introduire nos livres dans lesanctuaire, de mettre celui-ci, pourlongtemps, a l'abri de la vermine.

DESINFECTION. - M. EdouardRouveyre, dans son excellent traite :Connaissances nicessaires a un Biblio-phile, a trop longuement décrit lesmoyens de preserver les livres contreles mites, les larves et les insectesvenus du dehors, pour qu'il soitutile de rééditer les recettes variees


@in@y


HYGIENE I I

qu'il examine. Toutes ont du bon etla meilleure est le conseil donne auxrelieurs de melanger a leur collequelques gouttes de sublime (bichlo-rure de mercure). Mais il y a mieuxencore : la desinfection radicale.

C'est a M. P. Miguel et a ses re-cherches de laboratoire ( i 895) qu'ondoit l'idée de la desinfection desbibliotheques par l'aldehyde formi-que (formol, formaline, formalde-hyde), corps dont le pouvoir anti-septique avait été reconnu en 1888par M. Loew, et dont la fabricationcommerciale en solutions concen-trees fut enseignee a l'industrie parles travaux de M. Trillat.

Voici comment, d'apres M. Mi-quel, il convient de proceder :

Dam une dissolution commercialeconcentree d'aldehyde formique, marquant1,07 a ,o8 au densimetre, on dissout duchlorure de calcium cristallisé de faconamener la liqueur a posséder une densitévoisine a 1,20; soit environ une partie dechlorure de calcium dans deux parties de


@in@y


12 HYGIENE

solution commerciale d'aldéhyde formique.Cctte solution sert a humecter des lingesqu'on &end dans les locaux a désinfecter.On prendra, de préférence, des rouleauxde toile d'unc dimension appropriée é lacapacité des pièces a purger de microbes ;on les déroulera et on les laissera exposespendant vingt-quatre heures au moins ;l'air se charge trs rapidement de vapeursformald6hydiques, la substance active mi-crobicide quitte rapidement la toile qui necesse pas de rester humide. On ignoreencore quel r6le joue le chlorure de calc ium :s'il entretient simplement un degre d'hu-midite favorable a la volatilisation del'aldehyde formique condensée ou s'ilfavorise une sorte de d6polym6risation ;toujours est-il que le substratum perdrapidement son principe actif, tandis que,sur la toile sêche, la volatilisation de ceprincipe est infiniment plus lente.

La bande de toile sera clouée surdeux mandrins, munis a chaquebout d'un piton pour l'accrochage.La bande étant enroulée sur un seulmandrin, et immergee dans un bacplat contenant la solution, on l'en-roule lentement sur le second man-


@in@y


HYGIENE I 3

drin libre, de facon a l'humecter danstoutes ses parties ; puis on la laisseun instant s'egoutter, on la déroulerapidement et on l'accroche, deploy&et horizontale, par les pitons desmandrins, a des clous disposes a ceteffet.

Les fenêtres et la porte de la pieceayant et& fermees, celle-ci s'emplitde vapeurs microbicides a odeur tresvive. Au bout de vingt-quatre heu-res environ, tous les germes, patho-genes ou vulgaires, sont anéantis.On ouvre la piece, qu'on aere forte-ment pour chasser les relents 136116-trants du formol.

La meme technique de désinfec-tion peut être employee en petit,s'il s'agit de steriliser de vieux livres,récemment acquis, de provenancesuspecte ou seulement douteuse,ayant pu appartenir a des malades,a des convalescents, et susceptiblespar consequent de servir de véhicu-les a des germes contagieux, sans

2


@in@y


HYGIENE

parler des larves d'insectes qu'ilspeuvent contenir.

II suffit de disposer dans une ar-moire ou une caisse fermée, d6pour-vue d'etageres, un cadre en fer ouen bois grillage.

Sur ce cadre, place horizontalementau milieu de l'armoire, on poseles livres de champ, les bords libresdes feuillets tournés en bas, et, au-dessous du cadre, on accroche unebande de toile de quinze a vingtcentimetres de large sur une lon-gueur a peu pres egale a celle del'armoire, bande que l'on a preala-blement immergee dans une solutiond'aldehyde formique, ainsi qu'il estdit ci-dessus. On ferme les portesde "armoire et on laisse les vapeursse degager. Les livres ne sont nulle-ment endommages.

Le procédé est infaillible. Cepen-dant j e ne dois point celer que lamise en place des toiles, dans la dé-sinfection en grand, est une opera-


@in@y


HYGIÈNE I 5

tion assez pénible, a cause de l'odeuracre, qui prend a la gorge. Les per-sonnes qui redouteraient cet incon-venient, auront la ressource des'adresser a la Societe francaise deDésinfection, dont le siege est ruedes Pyramides, 14, a Paris, et quise charge de tout.

Quant a la désinfection partielle,celle des vieux livres, comme onla pratique dans une caisse ou dansune armoire facile a déplacer, rienns s'oppose a ce que cette operations'effectue en plein air.

L'HUMIDITk ET LA POUSSIERE . —

Notre bibliotheque est désinfectée.Les livres sont disposes sur lesrayons, a la convenance personnelledu p ropriétaire. II faut songerles garer de l'humidité de l'air quipénètre toujours peu ou prou dansun appartement.

J'ai dit que la piece devait avoirune cheminée. Mais je n'ai pas donne


@in@y


6 HYGIENE

le conseil d'y faire du feu. D'abordparceque tout foyer ouvert consti-tue un risque d'incendie perma-nent; ensuite, et surtout, parcequele nettoyage quotidien de la che-minee, malgré les precautions lesplus minutieuses imposées aux do-mestiques , souleve de véritablesnuages de poussiere qui se deposesur la tranche supérieure des livres.

Le mieux est donc de faire usaged'un poele mobile, ou de toute autrecheminée roulante, dont la chaleurdouce suffit chasser l'humidité etque l'on peut garnir et dégarnir horsde la bibliotheque. J'ai personnel-lement remarqué qu'en évitant defaire du feu dans ma bibliotheque,j'économisais un nettoyage sur deux ;c'est-a-dire qu'autrefois je devaisepousseter et battre mes livres enrayons tous les trois mois au moins,tandis que, présentement, un net-toyage semestriel de mes casiers estamplement suffisant.


@in@y


HYGItNE 17

Or, c'est un gros travail que detrimballer, du premier au dernier,tous les volumes d'une collectionnombreuse.

Il ne saurait are question eneffet d'un époussetage sommaire,au plumeau, qui deplace simple-ment la poussière et decouvre Pierrepour couvrir Paul.

Il faut d'abord vider les casiers encommencant par ceux du haut ; enessuyer les tablettes avec un chiffon;puis prendre les volumes deux pardeux et les battre a la fenêtre (sin onhors de la piece), en les frappantplat contre plat; essuyer la tranchesupérieure avec un vieux linge ;brosser cette tranche avec une brossedouce — une vieille brosse a cha-peau, par exemple — pour chassertoute la poussière qui s'accumuleentre la tranchefile et la coiffe; enfindonner le dernier « coup de fion »avec une peau de daim ad hoc et re-placer les volumes sur les rayons.

2.


@in@y


18 HYGIÈNE

Toutes ces manipulations, qu'unbibliophile digne de ce nom ne con-fiera jamais A des mains mercenaires,sont a la longue quelque peu fasti-dieuses et ne doivent pas revenir A

échéances trop rapprochées.On profitera également de cette

revision semestrielle pour ouvrirquelques volumes par-ci, par-là, etvérifier leur etat intérieur. Les pa-piers d'impression modernes sont leplus souvent si mauvais, se piquentet se gatent si facilement, qu'unetelle vérification n'est jamais super-flue.

COMMENT ON DOIT LIRE. - Il mereste a dire un mot de la manièrede lire. Bien que les prescriptionsqui suivent puissent paraitre puériles

quelques-uns, je n'hésite pas a lesreproduire ici et je les copie sur unetutélaire pancarte affichée, bien enévidence, dans certaine bibliothèquemilitaire de Rennes.


@in@y


HYGIENE I 9

On lit toujours avec peu de plaisir unvolume sali, décousu, feuillets froissés oudechires. dais, comme les livres dont ona soin demeurent, apres de tres nombreu-ses lectures, entiers, nets et comme neufs,il depend des lecteurs de les maintenir ence bon état de conservation. Les precau-tions suivantes sont A cet effet recomman-dées :

Tenir les livres, lorsqu'on les lira,revetus d'une couverture en papier, parexemple d'un morceau de journal.

Lire en ayant, autant que possible, lelivre place devant soi, sur une tabledébarrassée de tout ce qui pourrait lesalir.

Ne pas appuyer le bras sur le livreouvert, comme le font souvent les enfants.A defaut de table, tenir le livre ouvert dansla main, en évitant de laisser trainer surles pages un doigt qui ne manquerait pasd'y laisser sa trace, en évitant aussi de lereplier sur lui-meme, les plats renversésl'un sur l'autre, ce qui le briserait ou feraitsortir les feuillets.

Ne point marquer d'un pli ou d'unecorne la page oil l'on s'arrete ; une marqueest inutile au lecteur attentif. Celui quicroira devoir en faire usage placera dans levolume une petite bande de carton ou depapier,


@in@y


20

Ne pas tourner les feuillets en lesfroissant avec un doigt mouille.

Prendre garde qu'il ne soit fait niecritures, ni taches, soit sur la couverture,soit à l'intérieur du livre.

Puissent les amateurs de livresavoir toujours présent a l'esprit cepetit code et ne jamais négliger des'y conformer.

Du PRÊT. — Un dernier conseil.De tous les soins hygiéniques pro-diguer aux livres, le plus urgentpeut-are est de les garer des em-prunteurs malévoles. Notez et mé-ditez ces petits vers de Condorcet,parlant a ses bouquins:

Cheres délices de mon Arne,Gardez-vous bien de me quitterQuoiqu'on vienne vous emprunter.Chacun de vous m'est une femmeQui peut se laisser voir sans blameEt ne se doit jamais preter.


@in@y


Therapeutique

N ous voici parvenus A. la par-tie importante de ce petit

traite : la therapeutique des livresmalades ou blesses.

Ces deux mots sembleraient nousdevoir fournir la subdivision toutetracée de cette seconde partie. Et,pour soutenir la comparaison, nouspourrions montrer qu'il en est de lamedecine des livres comme de l'au-tre, qui comprend la medecine pro-prement dite et la chirurgie.decine, lorsqu'au moyen de certains


@in@y


22 THERAPEUTIQUE

remHes appropriés : pommades,vernis, emplâtres, lavages et fric-tions, on peut rendre a un vieuxbouquin, sinon la splendeur de saj eunesse, tout au moins un aspectdecent. Chirurgie, lorsqu'il faut tail-ler, rogner, recoller des déchiruresou boucher des plaies, soit al'extérieur, soit a l'intérieur duvolume.

Mais, en matière de biblioth6ra-peutique, la médecine et la chirur-gie chevauchent trop souvent etempiètent l'une sur l'autre ; unetelle subdivision n'aurait rien d'ab-solu. Nous verrons qu'on est par-fois oblige, pour un lavage, parexemple, de sacrifier la reliure poursauver le texte ; d'autres fois la re-liure peut être rafraichie aisément,mais il faut raccommoder des déchi-rures int6rieures, combler des trousde ver.

Je renoncerai donc a un excès deméthode qui ne ferait qu'embrouil-


@in@y


THkRAPEUTIQUE 23

ler la question et prendrai les chosesplus simplement.

Voici un vieux livre que nousvenons d'acquerir a l'etalage d'unbouquiniste, sa reliure, bien qu'unpeu meurtrie, pourrait se rafistolersans trop de mal ; mais l'extérieurne doit pas nous arreter. Si le livreest de quelque prix ou si nous y at-tachons quelque valeur particuliere,c'est l'intérieur qu'il faut examinertout d'abord, afin de savoir si celui-ci peut demeurer tel quel ou biendoit etre restaure.

COLLATIONNEMENT.— Avant tout,

par consequent, le volume doit-etre collationne, c'est-A-dire verifiequant au nombre des pages, desfeuillets liminaires, des gravuress'il y en a. La premiere conditiond'un livre est en effet d'etre com-plet. Au cas contraire, il n'y auraitqu'a le releguer dans. un coin, enattendant que la chance fasse tom-


@in@y


TIARAPEUTIQUE

ber en nos mains un autre exem-plaire d'occasion permettant de com-pléter celui-ci.

Cette vérification est utile a plusd'un titre. Elle permet de se rendrecompte, page a page, de l'état sani-taire du bouquin. On en profiterapour redresser avec l'ongle les coinscornés ou froisses ; on notera, enprenant leur numero, les pages sa-lies par la poussière ou par quelquetache plus importante, etc.

C'est alors qu'on décidera si levolume vaut ou non la peine qu'onprocède a une restauration en règle.

LES TACHES. - Le nettoyage in-térieur des volumes salis se fait soitpartiellement et le plus souventsec, soit en bloc par la méthode deslavages. Cela depend de la naturedes taches et de leurgravité.

Commençons par les nettoyagespartiels.

Un coup de gomme a effacer


@in@y


THERAPEUTIQUE 25

vient aisément a bout des marqueset inscriptions au crayon faites dansles marges.

Pour les taches produites par lapoussiere, par la suie ou par l'attou-chement de doigts malpropres, onemploiera de preference des boulet-tes de mie de pain frais, pétrie ; onrenouvellera la boulette sitôt qu'ellesera sale ou seulement douteuse.

Les taches de boue doivent etreecroUtees délicatement avec un grat-toir, pour enlever la terre, puisfrottees a la gomme d'abord, ensuitea la mie de pain. Si ces moyens nereussissent pas, on recourra au lava-ge partiel de la page tachée. Voicila recette que donne M. Rouveyre,d'apres Achard : on enduit les en-droits crasseux d'une couche de sa-von blanc en gelee et on laisse enl'état pendant quelques heures; en-suite, avec une petite éponge tresdouce, humectée d'eau chaude, on

3


@in@y


26 THERAPEUTIQUE

enleve a la fois le savon et la crassequi fait corps avec lui. Cette recetteest excellente pour les vieux papiersde chiffon ; je ne l'ai jamais expe-riment& sur des papiers modernes.La gelée de savon se prepare en fai-sant bouillir quelques morceaux desavon dans une petite quantitéd'eau.

Les taches de graisse, de bougieou de suif se traitent de la manieresuivante : on commence par enle-ver le plus gros en plaçant sous lapage a détacher deux ou trois feuil-les de papier buvard blanc, unefeuille par dessus, et en repassantavec un fer de blanchisseuse bienchaud ; les feuilles de buvard sous-jacentes pour empecher la page sui-vante d'être tachée A son tour. Onrepasse en renouvelant le buvardtant que celui-ci presente des tracesde graisse. Apres le recto de la pa-ge on réitère pour le verso. La page


@in@y


THkRAPEUTIQUE 27

étant encore chaude, on passe sur latache, recto-verso, avec un blaireau,une couche d'essence de térébenthi-ne chauffée au bain-marie. Enfin,pour rendre sa blancheur au papier,on &end, avec un autre pinceau,de l'alcool, également chauffé aubain-marie, sur toute la region ta-chee, principalement vers les bordsqui sont le plus tenaces.

Parenthese. Toutes ces opera-tions, quoique fort simples, exigentun certain tour de main. On ne sehasardera jamais A. les pratiquer toutde go, sur l'exemplaire meme. Maison s'exercera au préalable, in animdvili, sur de vieux bouquins sans va-leur auxquels on fera facticement latache requise. Cette observationessentielle s'applique a tous les pro-cedes que je décrirai par la suite.

Il existe encore contre les tachesde graisse « un moyen trop negligea present », dit Musseau, lequelconsiste a faire briller des os de


@in@y


28 THERAPEUTIQUE

mouton et a les réduire en poudretres fine. On frotte doucement decette poudre chaque cote de la ta-che, on place entre deux feuilles depapier et on serre sous presse pen-dant quelques heures.

On ne connaissait jadis pour en-lever les taches d'encre que l'oxalatede potasse en poudre melange avecl'alun. On mouillait la tache, onrepandait dessus une pincee de lapoudre composée susdite, et, quel-ques minutes apres, on lavait avecune eponge, a l'eau pure. La recet-te n'est pas negligeable ; mais j'aimieux réussi avec un produit ima-gine par M. Gouthard qui indiqueles deux solutions suivantes :

A. Hypochlorite de potasse.Chlorure de potassium.Essence de menthe.

B. Acide chlorhydrique.Sel marin.Eau pure de citron.

On enduit la tache avec A, on


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 29

fait sécher une douce chaleur,puis on passe A. l'aide du pinceauune petite quantité de B sur latache qui ne tarde pas A disparaitre.

Si l'on trouvait trop compliqueela formule de M. Gouthard, onpourrait : laver la tache avec du laitfrais jusqu'à ce que celui-ci ne secolore plus, passer sur la tache unmelange d'acide oxalique et dechlorure d'étain ; quand toute traced'encre a disparu, rincer a l'eaufroide avec une éponge et sécheraussitôt en plagant une feuille debuvard sur la page et un fer chaudpar dessus.

Il est bien entendu que ces deta-chages partiels ne seront mis - enoeuvre que si l'on n'a pas l'inten-tion de laver complètement le vo-lume.

Les taches d'huile ont fait detout temps le désespoir des biblio-philes et je confesse que, pour ma

3-


@in@y


30 THÉRAPEUTIQUE

part, je n'ai jamais réussi a vaincrecoMpletement ce genre de macules.Les différentes recettes que j'ai es-sayées sur des taches factices medonnaient d'appréciables résultats.Mais lorsque je les appliquais pourtout de bon, l'evénement trompaitle plus souvent mon attente. Celaprovient certainement de ce que lestaches anciennes sont entrees plusprofondément dans le corps du pa-pier et en ont modifié A la longuela composition. Je ne donne doncque sous reserve les formules ci-dessous.

D'abord, comme pour la graisse,enlever le plus gros avec un ferchaud et un papier buvard. Puisétendre sur la tache une pommadecomposée de :

Savon blanc 125 grammes.Argile fine en poudre 75 —Chaux vive 15 —Eau, quantité suffisante pour amalgamer le

tout en une bouillie plutôt épaisse.


@in@y


THkRAPEUTIQUE 3 I

On laisse une demi-heure envi-ron sur la tache, puis on lave avecune éponge imbibée d'eau bouillanteet on fait sécher. Notons, une foispour toutes, que, lorsqu'on faitsécher une page de livre adhérenteau volume, ce sechage doit arerapide et fait entre deux feuilles debuvard, au fer chaud. On met en-suite le volume en presse. Faute decette precaution, la page friserait etgondolerait.

On peut encore attaquer les tachesd'huile avec une solution faible depotasse caustique qui les saponifie.Laver l'êponge avec de l'eauchaude lég6rement acidulée pourneutraliser l'effet ultérieur de lapotasse.

Il convient de ne pas dissimulerque la plupart des recettes sus- enu-mérées ne sont que des palliatifs,bons quand on tient essentiellement

conserver au livre sa reliure


@in@y


3 2 THkRAPEUTIQUE

d'origine. Tout cela ne vaut pasun nettoyage complet, j'entendsun lavage. Il est rare, d'ailleurs,qu'un volume taché ou crasseuxn'offre pas en même temps desmouillures, des piqU' res ou quelqueautre tare corollaire. Autant doncprocéder 6nergiquement.

DkRELIURE. — On ne doit ja-mais tenter de laver un livre sansle d6relier ou débrocher entire-ment.

Quelquefois, pourtant, une seulepage ou deux sont défectueuses, et,bien qu'elles réclament un lavageon hésite A derelier le volume quiles contient. On peut, en ce cas,sortir les pages intéressées en lescoupant, a l'extr6me bord de lamarge du fond, avec un filmouillé. On prend un fil blanc,long d'environ quatre fois la hauteurdu volume, et mouillé sur toute salongueur; on l'introduit, bien ten-


@in@y


TH kRAPELfTIQUE 33

du, a l'endroit voulu, aussi pro-fondément qu'on peut, le livreouvert étant pose a plat sur unetable. On promene le fil par unmouvement de va et vient ef onferme le livre, laissant l'humiditéagir, quelques minutes durant. Lapage s enlevera toute seule en tirantlegerement. Quand celle-ci a étélavee et nettoyee, on la fixe denouveau a sa place par un tresmince filet de colle d'amidon.

Lorsqu'on débroche un livremoderne, comme la mode exigequ'on conserve intacts sa couvertureet le dos de celle-ci, afin de lesfaire relier plus tard avec l'ouvrage,on doit décoller prealablement cevetement provisoire. On découpeune bande de papier buvard blanc,de la hauteur et de l'epaisseur duvolume, on la mouille largement eton l'applique sur le dos oii elleadherera naturellement si on l'hu-mecte de temps en temps pour


@in@y


34

THÉRAPEUTIQUE

qu'elle ne sèche pas. Au bout d'uneheure environ, en tirant avec pré-caution, couverture et dos se déta-cheront presque d'eux-mêmes.

Pour dérelier un livre, plusieursauteurs conseillent d'arracher le cuirdu dos, de couper les cartons, d'in-ciser les nervures si le volume estcousu sur nerfs, de trancher enfinles ficelles de chaque cahier. Aprèsquoi, le dos ayant été mouillé pourdissoudre l'excédent de colle qu'ungrattage n'aurait pas suffisammentenlevée, les cahiers doivent se sépa-rer sans peine.

Les mécomptes que j'ai éprouvésen me conformant à cette méthodem'ont engagé à en chercher uneautre, et je la donne parce que jela crois meilleure. Avant de riencouper ni trancher, je casse levolume au commencement dechaque cahier (aisément reconnais-sable à la lettre ou au chiffre de lasignature), en l'ouvrant brusque-


@in@y


TIARAPEUTIQUE

3S

ment et exagérément. Cette cassuredoit are opérée en tenant a pleinesmains les deux parties du livre,cartons compris ; c'est meme larésistance offerte par les cartons dela reliure, faisant levier sur lesmors, qui facilite ce travail. Alorsseulement j'arrache le cuir du doset je coupe interieurement lesficelles, les nervures et les tranche-files en glissant entre chaque ca-hier un canif bien affilé. Cettesection terminee, le premier et ledernier cahier adherent respective-

-ment aux cartons des deux plats. Ilfaut en trancher les ficelles avec soinet les separer tres prudemment en

• coupant au coupe-papier, ou mieuxavec un couteau de table, la ou lesfeuilles de garde en meme tempsque le cahier. II ne reste plus qu'ànettoyer le milieu des cahiers qu'ond6barrasse de leurs ficelles intérieu-res ; les debris des nerfs tombentseuls quand les ficelles sont enle-


@in@y


36 THÉRAPEUTIQUE

vées. L'avantage de ce procédé,outre qu'il est plus expéditif qiiel'autre, est qu'il évite d'avoir àmouiller le dos pour séparer lescahiers ; ce mouillage occasionnaitpresque toujours des déchirures etc'est pourquoi j'y ai renoncé.

LAVAGE. - Les anciens relieurspréconisaient, pour le lavage deslivres, une lessive faite de cendresde bois de chêne. Pourquoi dechêne plutôt que de peuplier yu detremble ? C'était sans doute leursecret. Mais, sans parler de la com-plication de la méthode, je doutequ'elle ait jamais donné de mirifi-ques résultats. La chimie nous estheureusement venue en aide, de-puis lors, et nous a enseigné desmoyens moins primitifs.

Il est plusieurs sortes de lavages,selon la nature des salissures à fairedisparaître. Ces macules peuvent sediviser en : I° mouillures simples,


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

37

formant sur le papier des plaquesjaunâtres, à bords dentelés plusfoncés, ce qu'on nomme vulgaire-ment des « cartes de géographie » ;2° mouillures et piqûres, ces derniè-res présentant de petites tachesrousses, produites par l'humidité ;3 0 taches causées par la rouille oupar la chlorophylle des plantes quecertains biblioclastees ont la maniede mettre à sécher entre les feuil-lets des livres ; 4 larges tachesd'enee, intéressant plusieurs feuil-lets et sollicitant une médication vi-goureuse.

Quel que soit le genre des tachesqu'il s'agit d'enlever, le mode d'opé-rer est à peu près identique. Lacomposition du bain de lavage seulediffère.

Tout d'abord on se procureraune cuvette photographique rectan-gulaire (dont les dimensions varientselon le format des feuillets à laver)

4


@in@y


3 8

THÉRAPEUTIQUE

et munie à l'un de ses angles infé-rieurs d'un goulot se fermant àl'aide d'un bouchon. Cette cuvesera de gutta-percha ou de porce-laine ; pas de métal. On fera couperensuite, par un vitrier, un certainnombre de morceaux de glace sanstain assez épaisse, dont l'un, desti-né à servir de double-fond à lacuvette, aura les mêmes dimensionsà peu près que l'intérieur de celle-ci. Les autres glaces, appelées à cou-vrir les feuillets mis dans le bain,seront de tailles variées et appa-reillées à la dimension des feuillets.

On place la grande glace au fondde la cuve et, dessus, bien à plat,les feuillets à laver, symétriquementsuperposés. Lorsque la hauteur vou-lue est atteinte, sans dépasser lalimite où les feuillets cesseraientd'être baignés par le liquide, on lescouvre d'un morceau de glace afinqu'ils ne bougent plus. Cette glacene sera pas trop lourde ; elle est là


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

3 9

pour maintenir, non pour presser.On verse alors le bain dans la cuve,doucement, et de manière que rienne se dérange.

Après que les feuillets ont trempéle temps nécessaire (j'indique plusloin ce temps avec les formules dechaque bain), on vide la cuve endébouchant le goulot inférieur et,pour faire écouler tout le liquidedont les feuillets sont imprégnés, onplace un poids de vingt kilos sur laglace supérieure.

Quand le pressage a produit soneffet et qu'il reste le moins possibledu bain, on ôte le poids et on rinceles feuillets en placant la cuve sousun robinet d'eau courante. Lors-qu'on juge le rinçage suffisant, onremet le poids sur la glace et onpresse à nouveau . Les feuilletss'étant bien dégorgés, on ôte la glacesupérieure et on les sépare par pe-tits paquets, très précautionneuse-ment, en glissant, sous chaque pa-


@in@y


40

THÉRAPEUTIQUE

guet, pour le soulever, la lame d'uncoupe-papier d'ivoire. C'est le mo-ment délicat de l'opération; le moin-dre faux mouvement déchirerait cepapier encore imbibé d'eau ; aussidoit-on pratiquer la séparation ducôté des marges de fond, pour êtresûr de soulever à la fois les deuxpages composant chaque feuillet.On les met alors à sécher ainsiqu'il sera exposé tout-à-l'heure.

Venons aux formules des bains :Les mouillures ordinaires dispa-

raissent le plus souvent dans unbain d'eau bouillante pure ; lors-qu'elles résistent, on additionne lebain d'un vingtième de son volumed'acide chlorhydrique du commer-ce. Laisser tremper environ une de-mi-heure. Rincer à l'eau froide.

Les mouillures compliquées depiqûres ne cèdent guère que de-vant le bain chloruré, froid, compo-sé d'une partie d'eau de Javel et de


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

41

deux parties d'eau. Il faut passerdans un linge l'eau de Javel avantde s'en servir, pour éviter qu'il yflotte des grumeaux de chlorure depotasse non dissous. Le même bainfera disparaître les taches de rouilleet celles de chlorophylle. Même du-rée' de trempage que dans le casprécédent. Rinçage à l'eau froide.Encore doit-on être averti que cer-taines piqûres demeurent rebelles àtout lavage.

Pour les grandes taches d'encre,il faut employer une solution con-centrée d'oxalate de potasse (seld'oseille). On laisse dans le bainjusqu'à ce que les taches aient prisune teinte brune. Puis on vide lacuve et on remplace ce bain par unautre d'acide chlorhydrique étendude cinq fois son volume d'eau.Cette seconde immersion doit êtrebrève, quelques minutes seulement.Rinçage à l'eau froide.

4.


@in@y


42

THÉRAPEUTIQUE

L' ACTION DU CHLORE. - Il est enoutre une précaution essentielle àprendre chaque fois que l'on use debains chlorurés.

Dans une conférence faite enoctobre 1897, devant l'Associationdes Libraires de Londres, M. Mac-Alister insistait sur la mauvaisequalité du papier d'impression mo-derne. Le conférencier affirmait que,d'ici à quelques lustres, la plupartdes livres contemporains auront ces-sé d'exister, leur papier se transfor-mant peu à peu en poussière.

La critique est malheureusementjuste. Le vice général des papiersmodernes gît dans l'incomplète éli-mination du chlore employé pourle blanchiment de la pâte. Tant quepersistent des traces de chlore dansle papier, ce produit continue à exer-cer une action lente mais sûre, uneaction oxydante et finalement des-tructive.

Cette digression fera comprendre


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

43

la nécessité d'une élimination par-faite du chlore lorsqu'on aura lavédes estampes ou des feuillets delivres avec des composés chlorurés.L'élimination par de simples rinça-ges à l'eau pure est à peu prèsimpossible. Ces composés contrac-tent avec les fibres une adhérencesingulière : de sorte qu'il faudraitmultiplier les rinçages tellementque le papier, désorganisé, finiraitpar ne plus former au fond de lacuvette qu'une bouillie véritablequi noierait les caractères ou lagravure. On dit d'un livre ainsisurlavé que l'impression a « coulé »et le terme est exact.

Mais si l'on opère les rinçagesavec une dissolution concentréed'hyposulfite de soude, ce réactifélimine aisément des fibres dupapier tout l'excès de chlore qu'ellescontiennent et, par suite, le papierest garanti, désormais, contre toutealtération.


@in@y


44

THÉRAPEUTIQUE

Voici donc comment on procé-dera : i o lavage à l'eau chloruréeainsi qu'il est dit plus haut ; 2°rinçage à l'eau courante pouremporter la plus grosse part duchlore ; 3° second lavage à l'hypo-sulfite de soude (bain à saturation);4° second et dernier rinçage à l'eaucourante pour éliminer l'hyposulfitequi, à la longue, pourrait fairejaunir le papier, surtout s'il s'agitd'un de ces papiers « azurés » dela fin du dix-huitième siècle.

La dernière opération est leséchage des feuillets lavés. Le sécha-ge le plus rapide est celui que l'onhâte en plaçant les feuillets lavés etégouttés, chacun entre deux feuillesde papier buvard blanc. On empiletoutes ces feuilles entre deux cartonset on met sous presse pour empê-cher les feuillets lavés de se racor-nir en séchant. Lorsqu'ils sontpresque secs et peuvent être maniés


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

45

sans danger de déchirure, on lesexpose à l'air libre, chaque • doublepage à cheval sur une ficelle tendue.La ficelle sera une ligne de crin,préférable au chanvre qui pourraittacher le papier.

RÉENCOLLAGE. — Un papier quivient de subir toutes ces manipula-tions a perdu son encollage ; il estmou, il boit et se déchirerait assezfacilement. On lui rendra sa forceen le réencollant. Mais cette opéra-tion ne doit être entreprise que lors-que les feuillets lavés sont biensecs.

Le réencollage se fait à froid ouà chaud. Pour les petits travaux onse contente souvent de l'encollageà froid, à la gélatine. On fait fon-dre Io grammes de gélatine dansun demi-litre d'eau bouillante. Onlaisse refroidir ; et cette encolle,conservée dans un flacon, peut servirpresque indéfiniment.

L'encollage à froid s'exécute en


@in@y


46 THÉRAPEUTIQUE

passant une couche de l'encolle surle papier, soit avec une éponge fine,soit avec une de ces brosses platesdites « queue de morue ».

Une autre formule d'encolle àfroid est ainsi décrite par M. Rou-veyre. On jette 4o grammes degomme laque en poudre dans unlitre d'eau bouillante. Dès que lemélange gonfle, on remue avec unespatule en bois et on ajoute Iogrammes de borate de soude. Unefois refroidie et passée au tamis,cette encolle se conserve mieuxencore que la première. Si le mé-lange paraissait trop épais, on ajou-terait peu à peu de l'eau chaude enremuant constamment.

J'ai lu naguère dans les NenesteErfindungen, une recette assez ori-ginale pour l'encollage et mêmel'imperméabilisation du papier. Elleest fondée sur la propriété quepossède la gélatine de devenir inso-luble au contact de l'aldéhyde for-


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

47

mique, tout en conservant sa trans-parence. On prépare au bain-marieune dissolution de I 0 grammes degélatine dans un litre d'eau addi-tionnée de Io grammes de glycé-rine, On prend ensuite 3o centi-mètres cubes de formol du commercequ'on étend avec de l'eau distilléede manière à former un demi-litre de liquide. On trempe le papiersuccessivement dans l'une et l'autresolution, et on laisse sécher. Lagélatine est transformée et devientinsoluble, même à la vapeur d'eau.Le côté faible de ce procédé est qu'ildoit rendre le papier cassant. Il estvrai que le journal allemand ne ledonne pas comme une recette deréencollage des livres.

Pour l'encollage à chaud on faitbouillir au bain-marie :

Eau distillée i litre.Colle de poisson 8 grammes.Alun cristallisé 6Savon blanc i —


@in@y


48 THÉRAPEUTIQUE

Même, de l'avis de Bonnardot, lesavon blanc n'est pas indispensable.

On peut encore prendre :Eau bouillante 600 grammes.Arrow-root IoAlun cristallisé 5

On verse l'encolle dans une cu-vette photographique munie d'undouble-fond en glace. On y superposeles feuillets, l'un après l'autre, maisen nombre restreint : jamais plusde vingt-cinq ou trente. Quand ilsont baigné quelques minutes dansl'encolle, on retire du bain la glaceet ce qu'elle supporte ; on pressesous une autre glace qu'on charged'un poids lourd et, sitôt que lesfeuillets se sont dégorgés, on lesétend sur des ficelles. On recommen-ce ce traitement pour un autre pa-quet de vingt-cinq, et ainsi de suite.

Quand tous les feuillets sont secs,on les met sous presse pendant qua-rante-huit heures pour abattre lesfaux plis.


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

49

RESTAURATION INTÉRIEURE.

L'art des restaurations intérieuresest certainement celui où devraitexceller tout amateur. Aucune con-naissance technique n'est ici obli-gatoire. Il' ne faut que du temps, dusoin, du goût. Ce n'est pas le goûtqui manque aux spécialistes pari-siens, restaurateurs professionnels ;mais, leur temps valant de l'argent,ils n'apportent pas toujours à ce tra-vail minutieux, faute de pouvoir lefaire payer assez cher, autant desoin que la matière en comporte.C'est sans doute pour cela que lesfemmes y sont généralement répu-tées plus habiles que les hommes ;leur temps a une moindre valeurmarchande.

Quiconque entreprendra des res-taurations se munira à l'avance d'unstock de papiers anciens et moder-nes de toute nature. Il collection-nera les feuilles de garde des vieuxbouquins, les pages blanches, voire

5


@in@y


5 0 THÉRAPEUTIQUE

les couvertures de brochures, de ca-talogues et de volumes sacrifiés.C'est dans ce fonds qu'il puisera lesmatériaux de ses raccommodages.

Il se procurera en outre du papierserpent et du papier Joseph de diffé-rentes nuances, depuis le blanc écla-tant jusqu'au blanc bulle.

DÉCHIRURES. - Le raccommo-dage sur lequel il convient de s'exer-cer d'abord est la déchirure dans lamarge, n'attaquant pas le texte.Une déchirure laisse toujours subsis-ter des bavures. Avec un blaireautrès fin, on humectera de colle —colle d'amidon, ni trop claire, nitrop épaisse — les deux lèvres de laplaie, sur une largeur de quelquesmillimètres et seulement sur chacundes côtés où ces lèvres sont desti-nées à se rejoindre. A la rigueur cetrait de colle suffirait. Mais le volu-me doit être mis sous presse et lacolle pourrait cracher et cracherait


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 5

même sûrement. On couvrira doncla déchirure de part et d'autre d'unfragment de papier pelure — papierserpent si le volume est de papiermoderne, papier Joseph si le volumeest ancien. On ferme le volume eton met sous presse. Quand la colleest sèche, on arrache doucement lesparties non collées de papier serpentou Joseph, puis, avec un morceaude papier de verre très fin (numérozéro) on polit et on égalise. Pendantce polissage, on glissera sous la pageintéressée une plaque dure, zinc ouglace photographique.

La déchirure s'étend-elle jusquedans le texte, la difficulté s'accroîtde la nécessité de respecter les li-gnes imprimées qui se trouvent surle trajet de la plaie. Il est impossibleparfois d'y parvenir, surtout si lelivre est imprimé en petits caractè-res; quoi qu'on tente et si peu quel'on fasse mordre l'un sur l'autreles bords à rapprocher, le texte se


@in@y


52 THÉRAPEUTIQUE

trouve mangé par le collage. Il estassez rare pourtant que la déchirurese présente tout à fait longitudinaleet suivant une ligne d'impression ;plus souvent elle court en biais,coupant plusieurs lignes, il est vrai,mais seulement un mot dans cha-cune de ces lignes : le raccommo-dage peut en ce cas se tenter avecchances de succès. On réduit austrict minimum la largeur du traitde colle et, quant aux lettres attein-tes, on les répare ; soit à la plumeavec de l'encre de Chine, soit mieuxencore avec des caractères d'impri-merie, de même sorte, de mêmecorps et de même oeil, qu'on appli-que un à un, encrés d'encre grasse,comme on ferait d'un cachet, surchacune des lettres à restaurer. Cescaractères, on les trouvera chezn'importe quel imprimeur puisqueles lettres modernes, sont, à peude choses près, les mêmes que lesanciennes, sauf les s qu'on ob-


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

S3

tiendra en cassant la barre des f.S'il s'agissait d'un livre de réelle

valeur et que la déchirure fût irré-parable, on pourrait remplacer lapage en la faisant photographier etclicher, recto-verso, et en impri-mant ces clichés sur papier identi-que à l'original. Mais c'est là uneréparation assez coûteuse et mêmecertains bibliophiles préféreront lapage déchirée à ce qu'ils considére-raient comme un « truquage » dé-loyal.

Examinons maintenant le cas oùun morceau déchiré manque : uncoin de page à remplacer, par exem-ple. Ayant fait choix d'un morceaude papier aussi semblable que pos-sible à celui du volume, mêmeteinte, mêmes vergeures si le papierest vergé, on appliquera la déchi-rure sur le papier choisi et, aumoyen d'une plume neuve, assezdure, trempée dans de l'eau, onsuivra toutes les sinuosités du con-

5.


@in@y


5 4 THÉRAPEUTIQUE

tour déchiré en appuyant un peu.Ce trait d'humidité permettra deséparer du papier une pièce épou-sant exactement la forme de la dé-chirure et possédant des bavuresqué ne donnerait pas le découpageaux ciseaux. On élimera par sur-croit, avec du papier de verre, lesbords destinés de part et d'autre àse recouvrir mutuellement, pourque leur double épaisseur, aprèscollage, ne soit guère plus forte quel'épaisseur normale. Il ne reste plusqu'à coller la pièce ainsi qu'il estdit plus haut et à ébarber avec desciseaux ce qui dépasse du côté desmarges en se réglant sur ces margeselles-mêmes.

TROUS DE VER. - Les trous dever se bouchent soit en collant auverso des rondelles de papier aussimenues que le veut la lacune, soiten comblant celle-ci avec de la pâtede papier qu'on fabrique pour la


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

5 5

circonstance. On râpe avec unelime à bois les marges d'un bou-quin sacrifié qu'on tient fortementpressé sur le bord d'une table. Onrecuei le cette limaille qu'on faitcuire avec un peu d'eau jusqu'àconsistance de bouillie claire, danslaquelle on jette, pendant la coction,un petit morceau de colle de pois-son. La page trouée étant étaléesur une surface plane, marbre ouverre, on emplit un compte-gouttespharmaceutique de la pâte en ques-tion et on dépose dans chaque troula quantité de pâte nécessaire pourboucher le vide. On égalise avecune allumette taillée en spatule et,quand tout est sec, on polit ce quidépasse par une délicate friction aupapier de verre fin.

Je n'en dirai pas plus sur lesréparations intérieures. Aussi bienc'est affaire à chacun d'appliquer,selon son adresse personnelle, lesquelques principes que je viens


@in@y


56 THÉRAPEUTIQUE

d'énumérer. Je crois qu'on naît unpeu restaurateur, comme on naîtrôtisseur : la vocation entre pourmoitié dans la réussite, mais untantinet de pratique ne sauraitnuire.

Un mot pourtant encore, decertaines colles et du collage des ex-libris.

J'ai dit plus haut que tous lesraccommodages du papier devaientse faire à la colle d'amidon. Cettecolle ne doit pas être cuite au feu,comme la colle de pâte vulgaire. Ondissout dans l'eau froide l'amidonjusqu'à consistance d'une fortebouillie ; on ajoute peu à peu l'eaubouillante, en remuant constam-ment pour empêcher l'amidon de segrumeler ; on y jette enfin, pendantque la bouillie est encore chaude, unvingtième environ de colle de Flan-dre en gelée. La colle d'amidon ain-si préparée ne s'emploie qu'à froid.


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

57

En thèse générale, et surtout pourles grands collages, on ne doitpoint se servir de colle trop liquide,parce que, sèche, elle fait gondolerle papier qui frise en étoile. A-t-onbesoin de doubler un titre, de fixerun ex-libris, de monter sur feuilletune gravure ou une coupure dej ournal qu'on veut ajouter au volu-me ? Qu'on emploie la colle fortechaude : on étalera celle-ci sur unesurface plane, marbre ou verre ; onposera un instant sur ce fond encolléla coupure ou la gravure en ques-tion, qu'on relèvera aussitôt, ;afinqu'elle n'ait pas le temps d'adhéreret on la transportera sur le papieroù elle doit être collée définitive-ment. Elle emportera ainsi assez decolle pour se fixer, assez peu poursécher instantanément.

Si les bibliophiles tiennent àdébarrasser les couvertures de vélinou les marges de leurs volumes, desannotations ou taches d'encre qui


@in@y


58

THÉRAPEUTIQUE

les défigurent, il n'en est pas demême de certaines inscriptions :souvent la signature d'un ancienpropriétaire célèbre, équivaut auplus rare des ex-libris. Bien . loind'effacer ces vieilles écritures, ondoit s'efforcer de les raviver. Onpassera légèrement sur le vélin oule papier, un pinceau trempé dansune solution de :

Tanin 6 grammes.Alcool 35Eau distillée Ioo

Il est bon de passer un peud'eau claire sur la partie imbibéepar la solution. Sécher aussitôt aubuvard.

RESTAURATION EXTÉRIEURE.

Quand un vieux livre, relié de ma-roquin ou de veau, n'a subi d'au-tres dommages que ceux du temps,quand son vêtement est seulementdéfraîchi, il n'est point malaisé delui rendre un éclat emprunté,


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

5 9

lui permettant de faire encore bon-ne figure, auprès de ses cadets, surles rayons d'une bibliothèque.

Il importe avant tout de ledécrasser ; et nous n'avons icique l'embarras du choix entre lesformules.

Pour le veau, les bouquinistes seservent généralement de colle depâte assez claire, dont ils barbouil-lent, au pinceau, le dos et les plats.Ils essuient vivement, en frottantavec un tampon d'ouate, jusqu'à ceque la peau soit redevenue parfai-tement sèche. Ils n'ont plus qu'àpolir avec un chiffon de flanelle pourdonner du brillant.

Pour le maroquin et le chagrin,certains emploient la benzine oul'essence légère de pétrole. Mais cesdeux produits ont le tort de laisserune odeur désagréable et persis-tante. D'autres recommandent delaver avec une mixture composéed'une pincée de carbonate de


@in@y


6o THÉRAPEUTIQUE

soude dans un verre de lait.Tout cela n'est pas mauvais. Per-

sonnellement, j'ai obtenu de bonsrésultats en frottant la peau avecune flanelle imprégnée de saponinequi se prépare comme suit :

Savon en poudre 5o grammes.Eau filtrée 30Eau de Javel 30Ammoniaque saturée 2

On trouve enfin dans le com-merce, sous le nom d'Anti-tache,une sorte de gelée de savon végétalen boîte, qui peut servir indiffé-remment pour le maroquin ou leveau et dont je n'ai eu qu'à melouer. L'Anti-tache, qui se fabriqueà Buenos-Ayres, se vend à Paris,chez Mme Meystre, 7o, rue d'An-goulême. Il a pour qualité maî-tresse de donner un nettoyagequasi-instantané. Le prospectusindique la manière de s'en servir.

Les taches de graisse cèdentgénéralement à une dissolution fai-


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 61

ble d'ammoniaque. Après l'alcali,passer toujours un peu d'eau acidu-lée pour neutraliser l'effet noircis-sant. La benzine également sapo-nifie bien les corps gras, mais il fautl'essuyer immédiatement, sans quoion ne fait que mieux entrer lagraisse dans la peau.

Les taches d'encre résistent rare-ment à une goutte d'acide oxaliqueou d'oxalate de potasse dissous,appliqué au compte-goutte. Si l'onemploie l'acide, neutraliser ensuitepar une goutte d'ammoniaqueétendue d'eau.

Pour donner plus d'éclat auvolume, on peut étaler rapidementsur la surface nettoyée un vernisformé de blanc d'oeuf dissous dansle tiers de son volume d'alcool à90°, ou, même, un peu de vernisblanc, tel qu'en vendent les mar-chands de couleurs, en ayant soind'y ajouter un tiers d'alcool pour lerendre moins sirupeux.

6


@in@y


62 THÉRAPEUTIQUE

Ce vernis, si l'on tient à leconfectionner soi-même, se compo-sera de :

Alcool à. 400 zoo grammes.Sandaraque 8Mastic en larmes 2Gomme laque 8Térébenthine 2

On concasse les gommes et ondissout dans les liquides, au bain-marie, en remuant de temps entemps.

Toutefois, le vernis, à mon sens,doit être réservé pour rafraîchircertaines parties seulement de lareliure : les nervures du dos, lapièce du titre. Son défaut est eneffet de rendre au bouquin unaspect plus neuf que nature et quipar conséquent jure avec l'âge quedénoncent ses rides, tel l'abus dumaquillage chez une vieille coquette.C'est pourquoi je préfère au vernisun encaustiquage discret, avec de


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 63

bonne encaustique à meubles; groscomme un pois sur un tampond'ouate et de « l'huile de coude »ad libitum, afin de bien étendre etfaire reluire.

Les reliures et emboîtages envélin blanc se nettoyent avec unepetite éponge à toilette, humide, etsur laquelle on répand un peu desavon minéral pulvérisé. (On m'adit merveilles d'un décrassage danslequel le saindoux remplacerait lacolle de pâte, ci-dessus indiquéepour le veau. J'avoue que je n'aijamais osé en essayer, par craintede tacher les feuillets du livre). Levélin blanchi au savon minéraldevient mat et trop blanc. On luiredonnera son poli de vieil ivoire,en usant, en guise de brunissoir,d'un coupe-papier de bois ou d'osaux arêtes arrondies ; on terminepar un léger frottis à l'encaustiquejaune, qui rend à la reliure sa teintevénérable.


@in@y


64 THÉRAPEUTIQUE

DEMI-RELIURES. — Tout ce quiprécède s'applique aussi bien auxdemi-reliures, sous la réserve, natu-rellement, de ménager les platsrecouverts de papier. Ceux-ci serestaurent, s'ils ne sont que frustes,en retouchant les marbrures avecdes couleurs à l'aquarelle. On laissesécher pour vérifier l'exactitude deton des raccords, puis on polit cesparties, qui resteraient mates, enfrottant doucement avec l'ongle dupouce.

Si* le papier est par trop avarié,on changera les plats. Cette opéra-tion n'offre aucune difficulté, maiselle réclame des soins méticuleux etpas mal de patience.

On commencera par décoller lagarde intérieure adhérente au carton,en la mouillant à diverses reprisesavec une éponge, jusqu'à ce que lepapier se détache presque de lui-même. Pour ce, on posera le livre àplat sur une table, le côté volume


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 65

immobilisé sous un poids, le côtéreliure retombant incliné et formantune pente qui empêchera l'eau des'épancher sur les feuillets. Il n'estpas besoin, du reste, de décoller lagarde jusqu'à la charnière, maisseulement jusqu'à la partie exté-rieurement recouverte de peau. Lagarde soulevée, on profitera de ceque le carton est encore humidepour décoller tout le papier du platrabattu à l'intérieur. On laisserasécher vingt-quatre heures, en in-terposant, entre le carton et la gardedécollée, un morceau de buvarddestiné à absorber l'humidité et àempêcher la garde de se recoller parplaces. Puis on procédera de mêmepour l'autre garde. J'ai dit plus hautqu'il fallait de la patience.

Quand les deux gardes serontlibres, on dépouillera le plat de sonpapier, toujours en mouillant avecune éponge. Mais, ici, on peutaller plus vite. Ce papier étant

6.


@in@y


66 THÉRAPEUTIQUE

sacrifié, on aidera le mouillage àcoups de grattoir et on arracherapar plaques jusqu'à ce que le cartonapparaisse. On veillera à ne pointbrutaliser les coins de parchemin,pour n'avoir pas à les recoller parla suite. On mettra le volume àsécher sous presse entre deux feuil-les de buvard ; il ne faut pas que lecarton gondole.

Le volume étant ainsi préparé, onvérifiera la solidité des coins deparchemin on polira la surface ducarton avec le brunissoir ; on s'as-surera que le plat est coupé biendroit, à arêtes vives, on avivera aubesoin ces arêtes en passant le bru-nissoir sur la tranche du carton. Ilpourrait se faire que la peau se fûtun peu soulevée à l'humidité. Onla recollera soigneusement.

Enfin on délimitera exactementsur chaque plat, au moyen d'uneligne tracée à l'équerre sur la peau,la quantité de mors qui doit rester


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 67

visible de manière que les deuxplats soient identiques.

Il n'est plus qu'à coller les platsnouveaux, qu'on coupera, danstrois sens, plus larges que le cartond'un tiers de doigt environ, afind'avoir de quoi rabattre à l'inté-rieur. Le collage doit être mené ra-pidement, sans boursouflures. Onencollera d'abord les cartons, puisl'envers du papier; on posera celui-ci, on coupera ses deux coins en bi-seau et on rabattra à l'intérieur entendant le papier pour qu'il s'appliqueexactement sur les arêtes vives ducarton : rien de laid comme un volu-me où le papier fait poche aux châsses.

Ce collage se fait à la colle forte.Voici une excellente formule desphotographes anglais pour fixer lesépreuves sur carton :

Colle forte i6 parties.GlycérineEau 32Alcool méthylique 12


@in@y


68 THÉRAPEUTIQUE

Il faut chauffer cette colle avantde s'en servir.

On terminera en recollant lesgardes à la colle de pâte. Cette collejouit de la propriété de faire cam-brer légèrement le carton à l'inté-rieur. La recette suivante donneune colle parfaite :

On prend 5oo grammes d'eau et dansune partie de cette eau on fait gonfler5 grammes de gélatine molle ; puis dansune casserole on fait une pâte avec 5ogrammes d'arrow-root. On mélange avecce qui reste d'eau la pâte et la gélatine eton cuit jusqu'à ébullition en remuantconstamment. On laisse refroidir dans unecuvette et on ajoute 5o centimètres cubesde sublimé à r o/oo. Mise en pot, cettecolle se conserve indéfiniment.

LÉSIONS ORGANIQUES. - Reve-nons aux reliures pleines. Les lé-sions organiques qui peuvent affec-ter la couverture d'un bouquinvarient énormément de gravité.

Les écorchures simples produitesdans le cuir par le frottement ou


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 69

Même par le contact d'un clou, seraccommodent très facilement si lelambeau effiloqué n'est pas arraché.On rabat et on fixe avec un peu decolle-glu.

(Un mot en passant sur cettecolle dont je me sers presque exclu-sivement pour les petites répara-tions. C'est celle que les Anglaisappellent lignid glue, glu liquide.Elle se vend en tubes de plomb,semblables aux tubes à couleurs, etelle est surtout commode parce-qu'elle sèche autant dire instanta-nément. Elle est trop épaisse pourêtre appliquée au pinceau ; il fautla manipuler avec une allumette debois taillée en spatule ; on pressele tube et on cueille à son orifice lagouttelette de colle nécessaire àl'opération. Le tube s'obstrue fré-quemment ; on le débouche avecune épingle.)

Autre hypothèse : l'écorchureest importante et le lambeau man-


@in@y


70 THÉRAPEUTIQUE

que. Il faut mettre une pièce. Tra-vail ingrat : une pièce rapportée sevoit toujours et je ne sache guèredans tout Paris qu'un seul restau-rateur capable de poser des pièces àpeu près invisibles; encore a-t-il sesbons et ses mauvais jours. Quoi qu'ilen soit, voici comment on s'yprend. On découpe en biseau, avecun tranchet, les bords de la déchi-rure de façon à la transformer enune espèce de cuvette. On appliquedessus un morceau de papier et onfrotte légèrement, avec un crayonmou, comme s'il s'agissait de pren-dre le décalque d'une armoiriefrappée sur le plat. On obtientainsi un dessin aussi adéquat quepossible de la déchirure, dessin quiva servir de patron pour découperaux ciseaux, dans un fragment depeau de même couleur que lareliure blessée, une pièce s'adaptantà la cuvette en question. Mais cettepièce est à arêtes vives et par con-


@in@y


THÉRAPEUTIQUE 71

séquent trop épaisse sur les bords.Avec le tranchet on les amincira,du côté chair, pour que la pièces'encastre, biseau contre biseau, àla place réservée. On fixera à lacolle-glu.

Si l'écorchure, quoique profonde,n'est pas fort étendue, on rempla-cera la pièce par un mastic de peau.On lime avec une râpe des débrisde couverture en veau hors d'usage.On barbouille l'écorchure de colleet on bourre dedans cette limaillede peau, en pressant, de manièreque la colle imprègne toute lamasse. On recommence jusqu'à ceque le mastic affleure la surface duplat. On égalise au brunissoir et onlaisse sécher.

Ce procédé est recommandablepour les petits trous de ver ; avantde boucher ces trous, on y enfon-cera une aiguille fine pour tuer lemonstre si d'aventure il y nichaitencore.


@in@y


72 THÉRAPEUTIQUE

Les coins sont les parties sensiblesdes bouquins. Un veau ancien avecses coins intacts est presque uneexception.

Quand le coin est simplement« feuilleté » et la peau éclatée avecles lambeaux encore adhérents, lacolle-glu rend de merveilleux ser-vices ; on en glisse dans les inters-tices du carton qu'on pince ensuitefortement et on rabat les lambeauxde peau à leur place primitive, enpolissant avec l'ongle du pouce,légèrement humecté de salive. Lacolle durcit en séchant et rend aucoin une rigidité absolue.

La blessure est-elle plus grave ?on changera le coin. On décolle lefeuillet de garde, puis on repousseà une certaine distance la peauendommagée et on l'amincit trèsfin sur les bords, côté chair. Onpare fine, de même, la portion depeau dont on • veut faire le coinneuf ; on façonne ce coin, bien


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

73

enduit de colle forte et on rabat àl'intérieur en faisant le moinsd'épaisseur possible. Je conseilleraipour les veaux anciens des coins debasane ; cette peau très souple estplus maniable que le veau, toujoursun peu cassant. Le coin posé, onramène et on colle la peau qu'on arepoussée ; il est clair que les deuxépaisseurs, amincies en sens inverse,ne donneront par leur superpositionqu'une épaisseur normale. Pourfinir, on recolle la garde à la collede pâte

Si le coin, sans être complètementarraché, présente pourtant des lacu-nes importantes, on peut essayerde combler ces vides avec de la peauartificielle. Ce produit, breveté parM. Pollock, consiste en un enduitélastique, analogue à du collodionépais et destiné surtout à rendreimperméables les objets sur lesquelson l'applique. En en déposant, aupinceau, plusieurs couches aux en-

7


@in@y


74

THÉRAPEUTIQUE

droits voulus, on arrive à masquertant bien que mal — plutôt mal quebien — les éclaircies de peau natu-relle.

La peau artificielle, d'après la for-mule que nous en donne le Mooni-teur de Quesneville, est composéed'une solution dans l'acétone, l'étheracétique, l'éther sulfurique, de cam-phre, gomme laque, mastic, papieret matière colorante. Pour la pré-parer, on prend les proportions sui-vantes :

Acétone 3o grammes.Ether acétique IoEther sulfurique 5Camphre IoGomme laque 5Papier buvard ioMastic en larmes Io —Colorant quant. suffi.

On dissout le papier dans l'éthersulfurique et le colorant dans l'acé-tone et on mélange les autres subs-tances dissoutes. En l'espèce, le co-


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

75

lorant sera, pour tous les veauxbruns, un peu de brou de noix, enquantité variable selon la nuance àobtenir.

C'est également de brou de noixqu'on fera usage pour teinter les di-vers raccords énoncés plus haut etdonner aux pièces, aux coins, etc.,la nuance approximative de l'en-semble.

Il advient parfois que le coin estnon-seulement écorné, mais tout àfait cassé. On refait les coins échar-pés en remplaçant le carton lui-même par un coin de carton neufde même force. Pour le coller soli-dement, on entaille le carton duvolume et celui du coin nouveau àmoitié de leur épaisseur et on scellecette sorte de mortaise à la colle-glu.On recouvre comme il est dit plushaut.

Une autre lésion organique fré-quente est celle des coiffes ; surtout


@in@y


76 THÉRAPEUTIQUE

de la coiffe de tête. Le livre a étéserré entre d'autres volumes dans labibliothèque ; pour le sortir on afait effort sur la coiffe ; à la longuecelle-ci a cédé.

Est-elle déchirée ? On la recolle-ra à la colle-glu, en se servant com-me point d'appui de la tranchefile.Mais si la coiffe est complètementarrachée, il n'est d'autre remèdeque d'en refaire une autre. On sec-tionnera carrément la partie avariée;avec un morceau de peau qu'on au-ra enduite, côté chair, de colle depâte, on façonnera sur place unecoiffe nouvelle en doublant paravance le rabattement destiné àcoiffer, avant de coller sur le volu-me. On enduit ensuite le dos decolle-glu et on fixe la pièce, lerabattement collé sur la tranchefile.

Il importe que les parties de droiteet de gauche, qui feront charnièreet raccorderont la coiffe neuve auxdeux plats, soient parées très minces


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

77

et le raccord aussi invisible quefaire se pourra. Si la tranchefile man-quait, on y pourvoirait par un mor-ceau de comète, que vendent tousles passementiers qui fournissent lesrelieurs. Je ne dissimulerai pas quela pose d'une coiffe demande unapprentissage spécial et qu'on n'yparvient pas du premier coup... nimême du second.

De même, la restauration descharnières fendues est une besognedifficile et qui ne donne jamais derésultats bien merveilleux. Il existeà la salle de travail de la Bibliothè-que nationale, parmi les volumesdits « à la disposition », quantité debouquins qu'on a dotés de charniè-res neuves. Ce n'est pas beau.Quand un livre est dans cet état dedégradation, autant vaut, s'il est deprix, le faire relier à neuf. En touscas, voici comme je m 'y prendrais,si j'avais à doubler des charnières,

7-


@in@y


78

THÉRAPEUTIQUE

chose que je n'ai jamais tentée. Jedécouperais des lanières de peaud'un centimètre de large et de lahauteur de la fente ; je les pareraistrès minces et je les collerais partiesur le dos, partie sur les plats enme servant des filets, s'il y en a,pour dissimuler le raccord... Mais,je le répète, le jeu n'en vaut pas lachandelle. Les restaurateurs de pro-fession peuvent seuls s'offrir le luxede poser des charnières, parce qu'ilsont à leur disposition ce qui man-que à l'amateur : la dorure au ferpour masquer les raccords.

En fait de dorure, l'amateur n'a,pour compléter sa réparation, quel'or en coquille et le pinceau. Il enusera sobrement et passera ensuiteun peu de vernis sur ce décorfragile mais qui aide à l'illusion...

J'ai fini. Puissent mes confrèresen bibliolâtrie prendre autant deplaisir que j'en ai pris moi-même,


@in@y


THÉRAPEUTIQUE

79

à rapetasser et cajoler « ces bou-quins vermoulus chers aux bons-hommes chauves » pour lesquelsnotre plus grand poète professaitun si étrange et si injuste mépris.


@in@y


Bibliographie

d 'Ai pensé qu'il ne serait pas,indifférent aux lecteurs de cet

opuscule de connaître les sourcesauxquelles il a été puisé — en partietout au moins. Il y avait, d'unautre côté, une question de probitéà n'en point faire mystère. Pourqu'on puisse rendre à César ce quilui appartient, voici une petiteBibliographie de la matière :

Advis pour dresser une Biblio-thèque présenté à Monseigneur le


@in@y


BIBLIOGRAPHIE 8

Président de Mesme par GabrielNaudé, parisien. Réimprimé sur ladeuxième édition (Paris, 1644).Paris, Isidore Liseux, éditeur, rueBonaparte, n° 2; 1876, r vol. in-16 de XI-1 13 pp.

La première édition est de 1627.

Dictionnaire raisonné de Biblio-logie, contenant : L'Explication desprincipaux termes relatifs à la Biblio-graphie, à l'Art typographique, àla Diplomatique, aux Langues, auxArchives, aux Manuscrits, aux Mé-dailles, aux Antiquités, etc. 2° DesNotices historiques détaillées sur lesprincipales Bibliothèques ancienneset modernes ; sur les différentesSectes philosophiques ; sur les pluscélèbres Imprimeurs, avec une indi-cation des meilleures éditions sortiesde leurs presses et sur les Biblio-graphes, avec la liste de leurs ou-vrages. 3° Enfin l'exposition desdifférens Systèmes bibliographiques,


@in@y


82 BIBLIOGRAPHIE

etc. Ouvrage utile aux Bibliothé-caires, Archivistes, Imprimeurs,Libraires, etc., par. G. Peignot,bibliothécaire de la Haute-Saône,membre-correspondant de la Sociétélibre d'émulation du Haut-Rhin.A Paris, ch« Villier, Libraire, ruedes Mathurins, n° 396; An X-1802.— An XII-1804 ; 3 vol. in-8.

Voir Tome I, pp. t, l'article « Bi-bliuguiancie ».

Magasin Encyclopédique, ou Jour-nal des Sciences, des Lettres et desArts, rédigé par A.-L. Millin, con-servateur des Antiques, etc., etc.,etc. IXe année, tome deuxième(cinquantième de la collection). ATaris, chez Fuchs, Libraire, rue desMathurins, maison de Cluny, n° 334 ;An XI-18o3, in-8.

On y trouve (p. 53o et suiv.), une ré-clame sous forme de lettre, signée J.Vialard, lequel offre ses services aux ama-teurs pour la restauration des livres.


@in@y


BIBLIOGRAPHIE 83

Notice sur la Lithographie, deu-xième édition suivie d'un Essai surla reliure et le blanchiment des livreset gravures; par F. Mairet, Relieuret Imprimeur-lithographe. Chatil-lon-sur-Seine, C. Cornillac, impri-meur-libraire, 1814; I vol. pet. in-8de 228 pp., orné de 5 lithographieshors texte.

Manuel des Amateurs d'Estam-pes ; contenant : I° Notice sur laGravure, et Conseils aux Amateurspour former une bonne collectiond'Estampes. 2° Notice sur les prin-cipaux Graveurs et Amateurs mortset vivans. 3° Notice sur les diffé-rentes manières de graver, usitéesjusqu'à ce jour. 4° Catalogue abrégédes meilleures pièces des bons gra-veurs, avec leurs prix dans les ventespubliques. 5° Procédés pour net-toyer les estampes. Par J. C. L. M.(Musseau). A Paris, chef J. L. F.Foucault, libraire, rue des Noyers,


@in@y


84

BIBLIOGRAPHIE

n° 37; 1821, I v01.11-1—I2 de 243 pp.

Manuels- Roret. Bibliothécono-mie ou nouveau manuel complet del'arrangement, la conservation etl'administration des bibliothèques,par L.-A. Constantin (Hesse). Nou-velle édition, revue, augmentée etornée de figures. Paris, A la librairieencyclopédique de Roret, rue Haute-feuille, no ro bis, 1841 ; I vol. in-i8de 266 pp., avec 2 planches pliantes.

Voir notamment pp. 63-68.

Essai sur la restauration des an-ciennes Estampes et des livres raresou Traité sur les meilleurs procédésà suivre pour réparer, détacher, dé-colorier et conserver les gravures,dessins et livres, ouvrage spéciale-ment utile aux artistes, aux collec-tionneurs, aux marchands d'estam-pes, aux bibliophiles, etc., par A.Bonnardot, Parisien. (Paris) Se vendchez Deflorenne neveu, libraire, Quai


@in@y


BIBLIOGRAPHIE 85

de l'Ecole, 46, et chef Vignéres, mar-chand d'estampes, rue du Carrousel,4 ; 1846, r vol. in-8 de 8o pp.

Supplément à l'Essai sur la res-tauration des vieilles Estampes, etc.,par A. Bonnardot ; contenant descorrections, notes, éclaircissements,et addition d'un chapitre sur la re-liure des livres rares. S. 1. n. d.,(1846); r vol. in- 8 de 31 pp.

Le titre de départ sert de titre.

Manuels-Roret. Nouveau manuelcomplet du blanchiment, du blan-chissage, nettoyage et dégraissagedes fils et étoffes de coton, chanvre,lin, laine, soie, abaca, agave, chi-nagrass, jute, etc., par M. Julia deFontenelle. Nouvelle édition, entiè-rement refondue, corrigée, augmen-tée et enrichie de planches, offrantl'exposé de toutes les inventions etpratiques nouvelles, publiées enFrance et à l'étranger par M. Roll-

8


@in@y


86 BIBLIOGRAPHIE

get de Lisle, ingénieur-manufactu-rier. Taris, A la librairie encyclopé-dique de Roret, rue Hautefeuille, 12 ;1855, 2 vol. in-18 de XII-291 et322 pp. avec 6 et 12 planches plian-tes.

Voir notamment le Tome I, pp. 265-272.

Essai sur l'art de restaurer lesEstampes et les livres ou Traité surles meilleurs procédés pour blanchir,détacher, décolorer, réparer et con-server les estampes, livres et dessinspar A. Bonnardot. Seconde édition,refondue et augmentée, suivie d'unExposé des divers systèmes de re-production des anciennes estampeset des livres rares. Paris,cheK.Castel,libraire-éditeur, Passage de l'Opéra,.alexie de l'horloge, 21 ; 1858, 1 vol.in-8 de VIII-35 2 pp.

De la réparation des vieilles re-liures, complément de l'Essai surl'art de restaurer les Estampes et les


@in@y


BIBLIOGRAPHIE 87

Livres, suivi d'une Dissertation surles moyens d'obtenir des duplicatade manuscrits, par A. Bonnardot.

chez Castel, libraire-éditeur,Passage de l'Opéra, Galerie de l'hor-loge, 2 I ; 1858, 1 vol. in-8 de 73 pp.

Miscellanées bibliographiques pu-bliées par Edouard Rouveyre et Oc-tave Uzanne, avec la collaborationde MM. Louis de Backer, Pros-per Blanchemain, Gustave Brunet,Champfleury, L. Derôme, FernandDrujon, René Kerviler, Léon deLabessade.... (etc.). Paris, Librai-rie ancienne et moderne, Edouard Rou-veyre, 1, Rue des Saints-Pères, z ;1778, in-8 de 208 pp.

On trouve dans ce premier fascicule(pp. 49-5 1), une méthode de H ecquet pourenlever les taches d'huile.

Connaissances nécessaires à unBibliophile, par Edouard Rouveyre,membre et libraire correspondantde plusieurs sociétés savantes, mem-


@in@y


88 BIBLIOGRAPHIE

bre d'honneur et éditeur de la So-ciété poétique de France. Troisièmeédition, revue, corrigée et augmen-tée; ouvrage accompagné de septplanches et de cinq spécimens depapier. Taris, Librairie ancienne etmoderne Edouard Rouveyre, 1, RuedesSaints-Pères, 1; 1879, I vol. pet.in-8 de XIV-200 pp.

Cette édition de 1879 est souvent indi-quée en 2 volumes. En réalité, ce sontdeux ouvrages indépendants, sans tomaison,et l'un d'eux seulement nous intéresse.M. Edouard Rouveyre a depuis complétéet perfectionné cet embryon de collectionqui comporte présentement Io excellentsvolumes réunis sous une même rubrique etdont voici le détail : Origine du Livre,les Amateurs, les Bibliophiles, les Biblio-manes,... — 2. Du format des Livres, lesLivres les plus petits, les Livres les plusgrands,... — 3. Du Choix des Livres, de laLecture, de la Connaissance et de l'Amourdes Livres,... — 4. De la Reliure ancienneet moderne,... — S. De la Gravure et deses Etats,... — 6. Les Reliures aux Armeset les Ex-libris,... — 7. Les Manuscrits etla Peinture des Livres. — 8. Les Ennemis


@in@y


BIBLIOGRAPHIE 89

des Livres... nettoyage et encollage, répa-ration, restauration... — 9 et Io. De laClassification systématique des Livres...Lexique des termes relatifs à la Bibliographie,à l'Art typographique, etc.

Les ennemis des Livres, par unBibliophile (E. Mulsant). Lyon, H.Georg, libraire, 65, rue de la Re'publi-que ; Aug. Brun, libraire, 13, rue du`Plat; MDCCLXXIX ; i vol. pet.in-8 de 64 pp.

Consacré surtout aux insectes mangeursde papier.

De l'organisation et de l'adminis-tration des Bibliothèques publiqueset privées. Manuel théorique et pra-tique du Bibliothécaire par JulesCousin, licencié en droit, biblio-thécaire de la Bibliothèque univer-sitaire de Douai, officier d'acadé-mie. Ouvrage suivi d'un appendicecontenant les arrêtés, règlements,circulaires et instructions ministé-riels relatifs aux bibliothèques uni-

8.


@in@y


90

BIBLIOGRAPHIE

versitaires, aux bibliothèques circu-lantes et aux bibliothèques popu-laires. Taris, G. Pedone-Lauriel, 13,rue Soufflot; 1882, r vol. in-8 deXI-374 pp.

Voir notamment pp. i34-170.

Les livres et leurs ennemis, parWilliams Blades, typographe, au-teur de The Life and typography ofWilliam Caxton, traduit de l'an-glais. Paris, A. Claudin, y, rueGuénégaud, 1883 ; r vol. in-i6, deVIII-128 pp., orné d'un portraiten médaillon de John Bagford, cor-donnier et « biblioclast ».

Les livres et leurs ennemis, parM. Alkan aîné, officier d'académie,membre de plusieurs sociétés sa-vantes et artistiques françaises etétrangères. Paris, Léon Téchener, li-braire de la Société des Bibliophilesfrançois, 52, rue de l'Arbre-Sec,prés de la colonnade du Louvre,


@in@y


BIBLIOGRAPHIE

91

MDCCCLXXXIII ; br., in-8 de16 pp.

Extrait du « Bulletin du Bibliophile »de mai 1883 ,• tiré à Doo exemplaires. —C'est une analyse, avec commentaires, del'ouvrage de William Blades.

De la construction et de l'instal-lation des bibliothèques universitai-res, par Jules Cousin, bibliothécairede la Bibliothèque universitaire deDouai. Paris, G. Pedone-Lauriel, r 3 ,rue Soufflot; 1886, br. in-8 de 24pp.

Dictionnaire universel de la Viepratique à la ville et à la campagne,contenant les notions d'une utilitégénérale et d'une application jour-nalière et tous les renseignementsen matière : r° de Religion... ; 2° deLégislation et d'Administration... ;3° de Finances... ; 4° d'Industrie etde Commerce... ; 5 0 d'Economiedomestique... ; 6° d'Economie ru-rale ; 7° d'Exercices de corps etde Jeux de Société... rédigé avec la


@in@y


BIBLIOGRAPHIE

collaboration d'auteurs spéciaux,par G. Belèze, ancien élève del'Ecole normale supérieure, etc.Septième édition, revue, corrigéeet augmentée d'un nouveau sup-plément. Paris, Librairie Hachetteet Cie, boulevard Saint-Germain,n° 79; 1888, i vol. gr. in-8 de 1872

et 67 pp.Voir les mots : Aglosse, Bibliothèque,

Eau chlorurée, Livres, etc.

Guide pratique du restaurateur-amateur de tableaux, gravures, des-sins, pastels, miniatures, etc., reliu-res et livres, suivi de la manière deles entretenir en parfait état de con-servation ; planches hors texte,fig,ures et monogrammes; par Ris-Paquot, artiste-peintre. Paris, Li-brairie Renouard, Henri Laurens,éditeur, 6, rue de Tournon, 6; 1890,r vol. gr. in-8 de 26o pages.

Voir surtout pp. 197 et 255.


@in@y


Table

Pages

Anti-tache 6oBains de lavage 40Bibliographie 8oCharnières (Réparation des) . . 77Chauffage d'une Bibliothèque . 16Chlore (Action du) 41Coiffes (Réparation des) . 76Collage des Ex-libris 57Collationnement 23Colle d'amidon 56

— forte 68— glu 69— de pâte 68

Coins (Réfection des) 72Construction d'une Bibliothèque. 8


@in@y


94 TABLE

Pages

Déchirures . 5 oDécrassage des reliures 59Demi-reliures 64Déreliure 32.Désinfection partielle 13

— totale IoDorure 78Ecorchures. . ..... 69Humidité 15

'Lavage des Livres 36Lire (Comment on doit) . i8Local d'une Bibliothèque. 7Mouillures 40Nettoyage semestriel i 7Peau artificielle 73Pièces à la reliure 69

— intérieures 53Poussière 15Plats (Changer les) 64Prêt des Livres 20Réencollage à chaud 47

— à froid 45Restauration extérieure 58

— intérieure 49Saponine 6oTaches de boue 25

— de bougie 26— de chlorophylle . .. 41— d'encre 28 et 41— de graisse 26


@in@y


TABLE

95

PagesTaches d'huile 29

— de poussière 25— de rouille 41— de suie 25— de suif 26

Trous de ver à la peau 71— — au papier 54

Vélin (Reliures de) 63Vernis 6rVieilles écritures 58


@in@y


Imfl

na

ult

thu

hil

liti


@in@y


A NOS SOUSCRIPTEURS

Notre Petit essai de Bibliothérapeutiqueouvre la série d'une Bibliothèque dite« COLLECTION DU BIBLIOPHILE PARISIEN »dont les volumes in-18 ou in-8, selon leurimportance, seront édités par la librairieH. Daragon.

Tirés à petit nombre et avec luxe, tousces volumes traiteront de Bibliographie, deBibliophilie, de Curiosités littéraires, etc.,ils paraîtront à des dates indéterminéesdont nos clients seront prévenus à l'avance.

Il va sans dire que chacun de cesouvrages se vendra à part, sans que nossouscripteurs soient forcés d'acquérir lacollection complète ; d'ailleurs les volumesne paraîtront point sous forme de sérienumérotée, de telle sorte qu'un ensemble,même partiel, ne ressemblera jamais à unecollection dépareillée.

En préparation : BIBLIOGRAPHIE FRAN-ÇAISE DE L 'ARGOT ET DE LA LANGUE VERTE,par R. Yve-Plessis, i vol. tiré à 250exemplaires numérotés. Les souscriptionssont reçues dès maintenant.


@in@y


ACHEVÉ D'IMPRIMER

A AUXERRE

le Samedi 6 Octobre 1900

SUR LES PRESSES

DE

ALBERT LANIER

ee'e


@in@y


Rare ouvrage de biblio-thérapeuthique

Documents

Transcript of Rare ouvrage de biblio-thérapeuthique