RAPPORT RSNA 2014 - sfrnet.org · remplacement de la valve aortique par voie percutanée (TAVI ou...
Transcript of RAPPORT RSNA 2014 - sfrnet.org · remplacement de la valve aortique par voie percutanée (TAVI ou...
RAPPORT RSNA 2014
IMAGERIE CARDIOVASCULAIRE (Sébastien BROS, Aissam LABANI)
Les maladies de la valve aortique entrainent rapidement une dysfonction diastolique ou systolique
nécessitant un traitement rapide avant l’apparition d’une insuffisance cardiaque irréversible. Leur
prise en charge devient un enjeu de santé publique compte tenu de l’évolution de la courbe des
âges. Chez la personne âgée, le traitement chirurgical est souvent récusé et, depuis plus
d’une décennie, remplacé par des techniques percutanées moins invasives. La tomodensitométrie
(TDM) joue un rôle primordial pour la sélection des patients candidats à l'implantation ou au
remplacement de la valve aortique par voie percutanée (TAVI ou TAVR). La qualité du bilan pré
thérapeutique est essentielle dans ce contexte. Le scanner injecté fournit des informations sur
l’accessibilité des vaisseaux périphériques, la possibilité de cathétériser ces vaisseaux par des
cathéters de gros calibre nécessaires à l’introduction de la prothèse (Bernt J. Wintersperger). Cette
modalité d’imagerie permet également, grâce à une acquisition rétrospective synchronisée au
rythme cardiaque et à des reconstructions perpendiculaires à l’axe du flux, des mensurations
précises de l'aorte ascendante, racine de l'aorte, et de l'anneau aortique. Ces mesures sont
indispensables pour le choix de la taille des prothèses. Le scanner a déjà prouvé sa supériorité sur
les données échographiques dans ce bilan pré thérapeutique (session « transcatheter aortic valve
replacement »). Ce bilan pré thérapeutique est l’objet de deux enjeux principaux : optimiser la
précision des mensurations de l’anneau aortique et limiter les risques liés à l’injection de produit
de contraste iodé chez ces personnes âgées souvent à risque d’insuffisance rénale et notamment
prévenir la survenue d’une insuffisance cardiaque gauche au décours immédiat de l’injection.
Une première étude a permis de lever le verrou de la problématique de la mensuration de la valve
(Jonathan A Leipsic). En effet, le risque est de sous-estimer ou surestimer sa taille et d’entrainer
un RA ou IA post procédure La méthode de mesure est standardisée, l’anneau aortique est mesuré
en télé-systole passant par le plan déterminé par la base d’insertion des 3 valvules. Trois mesures
sont alors faites : plus petit et plus grand diamètre et la moyenne de ces deux valeurs (D). Puis la
mesure de la circonférence est réalisée manuellement. Enfin le calcul de la surface (A) est donné
par la formule suivante [D = 2*√ (A/ π)].
La seconde problématique a été explorée par une étude présentée au RSNA 2014. Cette étude
(M. Ohana) prospective sur 50 patients inclus pour pose de prothèse valvulaire percutanée, a été
réalisée sur un scanner 320 barrettes offrant une couverture de 16 cm et une résolution temporelle
de 0,275 s par une acquisition rétrospective sur un cycle cardiaque du massif cardiaque suivie d’une
hélice thoraco-abdomino-pelvienne non synchronisée suivant la même injection. La réduction de
la quantité de produit de contraste iodé obtenue est d’environ 50 % par rapport au protocole
standard actuel (23,1g vs 43,2 g et un volume inférieur à 60 ml).
IMAGERIE DE LA FEMME (Marine BRICOUT, Guillaume SSI-YAN-KAI)
Les dernières années ont vu l’émergence de nouveaux traitements ciblés en fonction de l’identité
génétique des patients et des caractéristiques génomiques des lésions. Une session entière intitulée
« Molecular Imaging Symposium: Radiogenomics: Linking Imaging to the Future - How to
Prepare for the Radiogenomic Revolution » était consacrée aux rapports entre le cancer du sein et
la génétique et à leurs implications cliniques actuelles et futures. Cette session comprenait 4
parties : « Integrating Histology and Genomics: Spatial and Molecular Heterogeneity of Immune
Infiltration in Triple-negative Breast Tumours (Yinyin Yuan) , « An Introduction to the Technical
Framework for Quantitative Biomarker Imaging Analysis for Radiogenomic Analysis » (Jong Hyo
Kim) ; « Radiogenomics-multiscale Molecular Imagaing : Applications in Clinical Practice »
(Michael D. Kuo), « Correlating Imaging with Human Genomics (Hands-on)
Refresher/Informatics » (Daniel L. Rubin). Le développement de bases de données radiologiques
couplées aux bases de données moléculaires a permis le développement de corrélations radio-
génétiques permettant d’envisager d’éventuelles thérapies ciblées. Ces corrélations radio-
génétiques sont à la base d’une discipline émergente intégrant les données génomiques aux
données médicales dans le but d’améliorer la prise en charge des patientes et les décisions
thérapeutiques. En cancérologie, il existe désormais des bases de données radiologiques et
génomiques qui sont accessibles publiquement via les « Archives d’Image de Cancer » (TCIA
Tumor Cancerology Imaging Atlas) et l’« Atlas Génomique du Cancer » (TCGA Tumor
Cancerology Genomic Atlas). Ces bases de données constituent donc un outil précieux pour
effectuer des travaux de recherche et de corrélations.
Ces archives TCIA/TCGA fournissent des exemples de correspondance moléculaire qui intéressent
cinq types de cancer, à savoir le sein, le poumon, le cerveau, la prostate et le rein.
Les données du TCGA incluent plusieurs types de données telles que l'expression de gène,
l'expression du micro A.R.N., l'ADN méthylation et les sous- types de mutation.
Les données du TCIA permettent d’extraire des caractéristiques radiologiques telles que le volume
des tumeurs, leur forme, leur densité à partir des différents examens d’imagerie : IRM, scanner et
PET /TDM. Par ailleurs les radiologues annotent ces images avec des descripteurs sémantiques
utilisant des terminologies contrôlées pour enregistrer les caractéristiques visuelles des différentes
pathologies. L’utilisation de termes validés par la communauté médicale comme le propose le
lexique BI-RADS (Breast Imaging Reporting and Data System) permet une homogénéisation des
comptes-rendus. La disponibilité de ces données génomiques corrélées aux phénotypes
radiologiques permettrait dans un avenir proche de reconnaître en imagerie certains types de cancer
comme par exemple le cancer triple négatif ou le cancer basal like. Il y a également un intérêt
potentiel à pouvoir distinguer les différents types radio-moléculaires dans l’évaluation de la
réponse thérapeutique. L’analyse de l’ensemble de ces données requiert cependant d’utiliser des
outils informatiques pour d’une part analyser les données moléculaires et d’autre part les corréler
aux images radiologiques.
On peut espérer dans un futur proche pouvoir multiplier les applications thérapeutiques et améliorer
la prise en charge diagnostique grâce à ces corrélations radio-génétiques et à l’implication des
radiologues, des généticiens, des anatomopathologistes mais également des oncologues qui, en
travaillant ensemble, pourront faire progresser ces connaissances passionnantes situées à
l’intersection du génome et de l’image.
La pathologie pelvi-périnéale a été abordée sous la forme de présentations pédagogiques plus que
sur le versant "innovations technologiques". Parmi les présentations scientifiques, une étude nous
a semblé particulièrement intéressante : l'injection de produit de contraste iodé chez la femme
enceinte est-elle sans risque pour le bébé ? Les recommandations américaines indiquent que les
produits de contraste iodés doivent être évités pendant la grossesse sur la base des études in vitro
et animales mais quelques rapports ont évalué son utilisation clinique. Une étude rétrospective par
une équipe de Cleveland (Richard S. Dargan) a été menée pour évaluer le risque de complications
de la grossesse associées à l'utilisation de produit de contraste iodé par voie intraveineuse en
scanner chez les femmes enceintes. Deux groupes de patientes ont été suivis, l'un ayant bénéficié
d'une TDM avec injection de produit de contraste et l'autre (groupe contrôle) qui a bénéficié d'une
TDM sans contraste. Les patientes ont été incluses uniquement si leur TDM était négative et ont
été suivies jusqu'à l'accouchement. Les données démographiques et cliniques ont été enregistrées
et comparées entre les deux groupes en utilisant un test t bilatéral. Au total, 336 femmes enceintes
explorées en TDM pendant leur grossesse ont été recrutées. Parmi les examens négatifs, 128
patientes ont reçu du produit de contraste (TDM abdomino-pelvienne ou thoracique) et 91 ont
bénéficié d'un examen sans contraste (TDM cérébrale). Le poids à la naissance était
significativement inférieur dans le groupe de produit contraste administrée (2,679 g) par rapport au
groupe témoin (3,055 g) (p < 0,01). Il n'y avait pas de différences statistiquement significatives
entre les groupes concernant l'âge moyen de la mère au moment de l'accouchement, l'âge
gestationnel lors de l'accouchement ou l'indice d'Apgar à 1 et 5 minutes (p > 0,05).
Sur la base de cette étude rétrospective préliminaire, il apparaît que l'administration de contraste
iodé en scanner pendant la grossesse peut être associée à un faible poids de naissance. Afin de
comprendre et valider cette association, d'autres études devront être menées.
IMAGERIE NEURO TETE ET COU Idris DIALLO, Baptiste MOREL)
Deux posters étaient consacrés à l’utilisation du scanner double énergie en neuro-imagerie et en
ORL ("dual energy CT" - a boon to clinical advances in neuroimaging par Bachhav et al;
“Neuroradiology applications of dual energy CT” par Campeau et al.). Il existe 3 types de scanner
double énergie (DECT) : bi-sources, mono-source avec changement rapide des kV et mono-source
avec deux couches de détecteurs. Une fois l’acquisition réalisée, trois séries sont créées à partir des
données brutes. Une série sans contraste virtuel (0 % iode), une série mixte correspondant au
scanner injecté classique (50 % iode) et une série présentant uniquement l’image de l’iode (100 %
iode) sont alors disponibles. Par exemple, ces trois séries permettent une évaluation précise des
hémorragies intracrâniennes. Elles permettent de différencier une hémorragie d’un rehaussement
dans une métastase en mettant en évidence l’absence d’hyperdensité sur l’image 100 % iode. La
série 100% iode permet aussi une meilleure visualisation des anévrysmes rompus en supprimant
l’hyperdensité du sang. En imagerie post-interventionnelle, le DECT permet de différencier un re-
saignement d’une extravasation de produit de contraste. On peut également différencier une prise
de contraste méningée d’une hémorragie sous-arachnoïdienne. En neuro-vasculaire, la suppression
automatique de l’os et des calcifications est améliorée. Au niveau du rachis, l’élimination des
artéfacts métalliques améliore la visualisation du cordon médullaire et permet ainsi une réduction
de la dose délivrée. En ORL, le DECT permettrait de différencier les récidives tumorales des
lésions bénignes post-thérapeutiques. Le chevauchement des courbes spectrales d’UH à kV bas à
la partie inférieure du spectre de kV est en faveur de remaniements post-thérapeutiques. Alors
qu’une séparation significative des courbes spectrales d’UH à la partie inférieure du spectre des kV
est en faveur d’une récidive tumorale. Le DECT est donc un outil précieux pour l’imagerie
neurologique et en particulier oncologique en période post-thérapeutique, pour adapter encore plus
précocement le traitement du patient.
La pratique du football américain n’est pas sans conséquence. Une matinée entière s’est consacrée
à analyser les possibles effets des traumatismes crâniens sur le parenchyme cérébral, en particulier
la substance blanche. N. Bahrami a étudié la substance blanche par des séquences de tenseurs de
diffusion chez 24 joueurs de football américains, suivis pendant toute une saison. Dans leur casque
était fixé 6 capteurs en permanence reliés au scalp, relevant en continu l’énergie des impacts et
permettant de classer les joueurs en ‘faible’ traumatisé ou ‘traumatisé sévère’. L’analyse de la
fraction d’anisotropie de ces joueurs a montré une corrélation linéaire entre les perturbations de la
FA et l’intensité des impacts. Il existe également une corrélation entre les zones cérébrales atteintes
(diminution de la FA dans le faisceau longitudinal supérieur et le bras antérieur de la capsule
interne) et les symptômes neuropsychiatriques décrits par les joueurs (essentiellement dépression
et anxiété). E.Whipple objective des résultats similaires chez les anciens militaires ayant souffert
d’un traumatisme crânien sévère, avec une perturbation de la fraction d’anisotropie dans les régions
frontales corrélée aux perturbations neuropsychologiques.
Dans une session consacrée à l’imagerie de la substance blanche et des lésions démyélinisantes une
présentation a été consacrée à l’intérêt de nouvelles séquences à TE ultracourt à 3T, permettant de
mieux visualiser la myéline au sein de la substance blanche et de dépister encore plus précocement
des lésions (VR Shet). Cette même séquence permet de mettre en évidence des dépôts de fer à de
très faibles concentrations chez les patients atteints de SEP (QH Meng). Ces dépôts de Fer
pourraient jouer un rôle pro-inflammatoire dans l’initiation de la maladie et dans son évolution.
IMAGERIE ONCOLOGIQUE MUSCULOSQUELETTIQUE (Olivier ANDREANI,
Mariem BEN HAJ AMOR)
La session de mise au point sur les outils de caractérisation en IRM des tumeurs des parties molles
était animée par M.D. Murphy. L’outil principal d’évaluation d’une masse des parties molles est
l’IRM même si le bilan standard est utile et complémentaire pour la détection des calcifications et
l’étude de la minéralisation osseuse difficilement caractérisable en IRM. Ces 2 techniques
permettent d’orienter le diagnostic dans plus de 50 % des cas. Il est primordial d’avoir un plan axial
en pondération T1 et T2 puis en fonction de la localisation de la masse en antéropostérieur ou en
médiolatéral respectivement un plan sagittal ou coronal. Les séquences sans suppression du signal
de la graisse doivent être privilégiées car elles sont très utiles dans la délimitation de la masse et
l’étude de ses rapports avec les structures avoisinantes (vasculaire, nerveuse). L’approche proposé
par Murphy répond à 4 questions principales « 4 W’s Approach » : Where ? What ? When ? Why ?
D’abord, essayer de localiser la lésion (Where) : sous cutanée, intra ou intermusculaire, multifocale
ou diffuse. Si le lipome sous cutané est la tumeur bénigne la plus fréquente, on retiendra que la
tumeur maligne sous cutanée la plus fréquente chez l’adulte est le dermatofibrosarcome malin (ou
tumeur de Darier et Ferrand). Cette dernière présente une caractéristique importante à connaître
qui est une extension sous cutanée non palpable. Il est important de la spécifier au chirurgien afin
d’optimiser la prise en charge et d’obtenir une exérèse R0. Le « split fat sign », décrit comme un
liseré graisseux en périphérie de la tumeur est un signe intéressant qui oriente vers une tumeur à
développement inter musculaire et en première hypothèse une tumeur d’origine nerveuse. Certaines
localisations spécifiques typiques doivent être connues car elles ne nécessitent pas d’examen
complémentaire : ce sont l’élastofibrome de la pointe de la scapula et la fibromatose palmaire ou
plantaire. Ensuite, on caractérisera la lésion (What ?), en se basant sur le signal de la composante
tissulaire spécifique de la tumeur (graisse, nécrose, myxoide) et sur ses contours. Enfin, l’âge du
patient (When) oriente vers certaines pathologies en se basant sur l’épidémiologie. Cette démarche
systématique permet d’approcher la nature de la tumeur et d’optimiser sa prise en charge en
proposant soit une simple surveillance soit une biopsie en fonction des éléments péjoratifs ou non
retrouvés (Why).
La session « Radiologic imaging features and clinicopathology correlation of hemosiderotic
fibrolipomatous tumour » par Meagle et al. a été l’occasion d’une mise au point sur cette tumeur
des parties molles décrite pour la 1ère fois en 2000, peu référencée dans la littérature, et
correspondant à une association de fibroblastes, adipocytes et macrophages chargés
d’hémosidérine. Cette tumeur bénigne a un potentiel de récidive locale ainsi que de transformation
maligne en myxofibrosarcome inflammatoire. Son apparence en IRM est celle d’une masse
graisseuse sous cutanée, infiltrative, avec des septas réticulo-nodulaires, en hypersignal T2 et T2
STIR. Son rehaussement est variable mais concerne plus du tiers de la lésion. Les dépôts
d’hémosidérine peuvent être détectés par des « blooming artifacts » sur les séquences en écho de
gradient. Les diagnostics différentiels à évoquer sont le lipome hémorragique ou nécrotique ; le
liposarcome bien différencié hémorragique ou avec nécrose graisseuse ; et le liposarcome myxoïde.
Dans « Angiomatoïd fibrous histiocytoma (AFH) : novel MR observation, pathologic and clinical
features », Moreno a actualisé les connaissances sur cette tumeur de bas grade des parties molles,
à partir d’une série rétrospective de 6 cas. Toutes les lésions ont une composante kystique
prédominante, avec des limites bien définies du fait de la présence d’une pseudocapsule en
hyposignal. Deux signes évocateurs ont été mis en avant : le signe de la tête de méduse et le signe
du double anneau. Le signe de la tête de méduse correspond à la présence de « travées » cellulaires
tumorales infiltratives linéaires ; le signe du double anneau est formé de l’hyposignal capsulaire
périphérique fibreux (pouvant être incomplet) cerné par l’hypersignal T2 en rapport avec un œdème
réactionnel des parties molles. En conclusion une masse kystique majoritairement bien circonscrite
par un hyposignal T2 pseudocapsulaire associé à des infiltrations tumorales linéaires suggère le
diagnostic d’AFH, surtout chez un enfant ou un adulte jeune présentant une masse sous cutanée
d’un membre.
Une communication était consacrée aux métastases musculaires, entités rares compliquant dans 2/3
des cas des carcinomes et dans l’autre tiers un lymphome ou une leucémie. La présentation typique
est celle d’une masse intra musculaire bien limitée, iso intense au muscle en T1, hyper intense en
T2, rehaussée de façon importante, avec des zones de nécrose et un œdème réactionnel. Ces
métastases peuvent mimer une myosite d’où le titre de la présentation « Carcinomatosis of muscle :
a potential mimic of myositis » par Soliman et al., mais le diagnostic doit être évoqué chez des
patients ayant une maladie métastatique évoluée, surtout dans le cadre des carcinomes gastriques
ou de l’oesophage.
Une matinée consacrée au poignet a retenu notre attention. Les ligaments intrinsèques du poignet
sont aux nombres de 3 : le ligament scapholunaire (LSL) (stabilisateur principal), le lunotriquétral
(LLT) et le complexe triangulaire fibrocartilagineux du carpe. L’atteinte du LSL est responsable
principal des tableaux d’instabilité du poignet. La sensibilité de la détection des lésions est
supérieure en IRM 3T (89 %) vs 1.5 T (41 à 86 %). Elle est équivalente après injection intra
articulaire de produit de contraste, avec cependant une meilleur puissance diagnostique. L’atteinte
du LLT est 6 fois moins fréquente que celle du LSL et ne s’accompagne pas d’un diastasis
lunotriquétral. Ces lésions sont nettement mieux visualisées en IRM 3T (82 %) vs 1.5 T (0 à 56 %).
L’adjonction intra articulaire de PDC améliore la sensibilité dans les deux cas. Les lésions du
complexe fibrocartilagineux triangulaire du carpe sont d’origine post traumatique ou dégénérative
(classification de Palmer). La détection de ces lésions est nettement meilleure en IRM 3 T vs 1.5
T, sans amélioration après injection intra articulaire de PDC. En conclusion, l’IRM 3T améliore la
détection des lésions ligamentaires intrinsèques du carpe. L’injection de produit de contraste intra-
articulaire augmente la puissance diagnostique et la détection des lésions du LLT (« IRM vs Arthro
IRM » par Mark. D Murphy). L’IRM dynamique constitue une nouvelle approche dans le
diagnostic des dissociations scapholunaires (Behrndt). Le poignet est positionné en pronation ; des
séquences statiques sont réalisées (sagittale /coronale T1, axiale 2) suivies de séquences
dynamiques coronales ciné true FISP en inclinaison ulnaire et radiale avec une résolution
temporelle de 10 images/s. La sensibilité et la spécificité de la détection des lésions du LSL est de
83 % et 94 %. Il n’y pas de différence significative en comparaison aux radiographies dynamiques
après injection intra articulaire de PDC. Cette technique pourrait représenter une alternative au
bilan standard invasif.
Le but de l’étude « Evaluating MRI-detected tenosynovitis of the hand and wrist in early arthritis »
présentée par Nieuwenhuis était de décrire la prévalence des ténosynovites de la main et du poignet
chez des patients souffrant d’arthrite débutante et d’évaluer la performance discriminative de
localisations spécifiques chez des patients souffrant d’arthrite rhumatoïde. Les IRM de 178
patients ont été étudiées à l’aide de séquences T1, après injection et annulation du signal de la
graisse. Deux lecteurs cherchaient à mettre en évidence un épanchement péritendineux ou une
prolifération synoviale des articulations du poignet et des 2ème à 5ème métacarpo-phalangiennes et
concluaient à la présence ou non d’une ténosynovite. 39 % de leurs patients satisfaisaient les
critères diagnostiques 2010 de polyarthrite rhumatoïde. Une ténosynovite était présente chez 65 %
de tous les patients : chez 75 % des patients souffrant d’arthrite rhumatoïde et 59 % des autres.
L’analyse des localisations concluait qu’une ténosynovite du fléchisseur du 5 et des extenseurs du
2 et du 4 au niveau des MCP et qu’une atteinte des tendons extenseurs des 1er, 2ème et 4ème
compartiments au niveau du poignet étaient spécifiques de polyarthrite rhumatoïde.
Dans « Opposed-phase gradient echo MR imaging improves image quality and visualization of
erosions in arthritis » par Stomp et al., les auteurs ont cherché à montrer que la visualisation
d’érosions osseuses pouvait être améliorée par la réalisation de séquences en opposition de phase
grâce à une meilleure délimitation de l’interface os-tissu et à un temps d’acquisition réduit (moins
d’artefacts de mouvement, diminution de l’inconfort du patient). Les IRMs de 14 patients souffrant
d’arthrite rhumatoïde évoluant depuis moins de 2 ans ont été analysées, comparant des séquences
standards T1 sans et avec injection à des séquences écho de gradient en opposition de phase. Les
érosions ont été gradées selon le score OMERACT RAMRIS par 2 radiologues. La sensibilité ainsi
que les valeurs prédictives positives et négatives étaient plus élevées pour les séquences en
opposition de phase. Ainsi les auteurs concluent que ces séquences sont utilisables pour scorer les
érosions d’arthrite débutante, augmentent la qualité des images et la visualisation des érosions tout
en diminuant le temps d’examen.
Les lésions spécifiques du golfeur et du gymnaste ont été passées en revue par Wilfred dans « Sports
related injuries of the wrist ». Chez le golfeur, la fracture du crochet de l’hamatum, le syndrome
d’impaction ulnaire (lésion du TFCC par impaction de la tête ulnaire sur le versant ulnaire du
carpe), la ténosynovite de l’extenseur ulnaire du carpe sont des lésions classiques. Chez le
gymnaste, les lésions de la plaque de croissance du radius sont visibles sur les radiographies
standard sous la forme d’érosions métaphysaires mal définies associées à une sclérose sous
chondrale. L’IRM retrouvera une ligne fracturaire hypointense ou un œdème osseux réactionnel au
stress mécanique, sans fracture forcément associée.
En imagerie oncologique l’objectif principal est la caractérisation de la maladie locale ainsi que
l'identification des métastases. Certaines entités en oncologie affectent d’emblée le corps entier de
manière diffuse comme les maladies hématologiques et l’IRM corps entier est une modalité de
choix pour faire le bilan de ces affections (Tobias Heye). Ainsi le développement continu de la
technologie IRM a permis d'améliorer le temps d'acquisition et la couverture de volume permettant
une imagerie du corps entier dans un intervalle de temps réalisable en pratique courante. Un
protocole standardisé permet d’obtenir un équilibre entre la multitude de séquences IRM
disponibles avec la quantité d'informations nécessaire pour répondre à la question clinique. Les
séquences coronales T1, STIR, diffusion et sagittale STIR +/- injection de produit de contraste
permettent de répondre à la question posée. Par rapport au TEP scanner, l’IRM permet la détection
des petites lésions hépatiques, pelviennes, osseuses ainsi que les lésions cérébrales. La diffusion
avec le calcul de l’ADC est un bon indice de suivi des lésions sous traitement. Le TEP scanner
reste supérieur dans le bilan primaire et la détection des adénomégalies métastatiques. Ces deux
techniques sont équivalentes dans le myélome multiple et les maladies lymphoprolifératives.
L’IRM-TEP apparaît donc comme la modalité d’avenir la plus complète.
RADIOPEDIATRIE (Baptiste MOREL, Marine BRICOUT)
Appareil par appareil, les présentations scientifiques en radiopédiatrie étaient riches d’informations
et en voici une sélection.
La première session portait sur le système nerveux central, et en particulier sur les anomalies
médullaires. E. Schwartz a illustré les différents types de dysraphismes, des plus fréquents telle la
myéloméningocèle, au plus rare tel le « limited dorsal myeloschisis » (LMD). Comme l’a ensuite
exposé H. Cho, le LMD est caractérisé par une tige fibreuse reliant une anomalie cutanée lombaire
au cordon médullaire sous-jacent. Dans 75 % des cas étudiés de LDM, le cône médullaire est bas
situé, inférieur à L2 et, à la différence des sinus dermiques congénitaux, il n’était pas retrouvé
d’infection ou de lésion épidermoïde ou dermoïde associée.
D. Middleton a présenté un nouvel algorithme de post-traitement de tenseur de diffusion
médullaire, cherchant à limiter les artefacts de mouvements physiologiques (à l’origine de
mouvements oscillants et pulsatiles du cordon médullaire) et améliorant ainsi la visualisation de la
différenciation substance blanche/substance grise en DTI à 3T.
Une nouvelle technique d’IRM moléculaire, l’« Amide Proton Transfer » (APT) détecte les
protéines cytosoliques mobiles et peut aider à différencier les différentes portions d’une lésion
infectieuse cérébrale.
Des éléments nouveaux émergent également dans l’exploration des encéphalopathies. Dans
l’encéphalopathie chronique liée à la bilirubine, les anomalies de signal et la perte de volume des
noyaux gris centraux (globi pallidi et noyaux sous thalamiques) sont bien connues mais A. James
a démontré qu’il existait également une perte de volume significative des hippocampes qui devait
être recherchée dans le cadre d’un bilan cognitif.
Par ailleurs, la spectroscopie par résonance magnétique nucléaire objective chez les nouveau-nés
souffrant d’encéphalopathie anoxo-ischémique modérée ou sévère une diminution de plusieurs
métabolites (Glutamate, aspartate et GABA) dans les noyaux gris centraux associée à une élévation
de la Glutamine. Ces éléments diagnostics permettraient d’adapter plus précocement la prise en
charge de ces enfants.
Une autre session était dédiée à l’imagerie ostéo-articulaire pédiatrique. L’étude des courbes de
rehaussement dynamique en IRM permet de différencier plus aisément le caractère actif ou non
des arthrites juvéniles idiopathiques, en suivant les modèles définis pour les caractérisations
tumorales. Dans les ostéochondrites primitives de hanche, l’étude de la perfusion après injection
de produit de contraste (Dotarem) permet de détecter rapidement une hypoperfusion de l’épiphyse
fémorale de mauvais pronostic, ou une perfusion hétérogène également de mauvais pronostic si la
vascularisation métaphysaire est centrale. La séquence de diffusion est utile pour quantifier le
caractère inflammatoire d’une sacro-iliite survenant chez les enfants atteints de spondylarthrite
ankylosante (SPA). La restriction de l’ADC est bien corrélée aux intensités d’anomalie de signal
STIR, validée pour les adultes souffrant de SPA.
Concernant l’exploration cardio-thoracique, Y Wang et al ont montré que chez des enfants atteints
de retour veineux pulmonaire anormal total, l’utilisation d’une technique de scanner double énergie
avec un bas voltage de 70 kV associée à une méthode de reconstruction itérative (SAFIRE)
permettait de diminuer significativement les doses tout en étant suffisamment informative pour
permettre à terme d’éviter le recours à une imagerie plus invasive de type cathéterisme cardiaque.
Plusieurs présentations du RSNA ont porté sur les imprimantes 3D et leurs nombreuses
applications. Dans le cadre de l’exploration des malformations cardiaques, l’utilisation
d’imprimantes 3D permet de créer un cœur en plastique flexible à partir d’images DICOM de
scanner ou d’IRM cardiaque. Ces modèles facilitent l’analyse et la compréhension de ces
malformations complexes et peuvent être utilisées à des fins pédagogiques, ou pour aider les
chirurgiens à planifier leur traitement.
L’échographie de contraste est une technique qui peut être utilisée en pédiatrie. Le produit de
contraste utilisé consiste en une suspension de microbulles ou microsphères biocompatibles
remplies de gaz inertes, que l’on peut injecter en intraveineux ou par infusion via un cathéter. Un
logiciel élaboré d’imagerie harmonique est conseillé pour visualiser au mieux le rehaussement. Le
produit Sonovue vient récemment d’être autorisé aux USA. Dans la littérature, 948 utilisations
intraveineuses et 4131 remplissages vésicaux ont été rapportés, avec une tolérance excellente.
Seuls 5 effets mineurs ont été rapportés. La demi-vie étant de 1.3 minutes, le produit est éliminé de
l’organisme en 10 minutes. A noter que le foie et la rate retiennent les microbulles. Les indications
pédiatriques des produits de contraste sont identiques à celles des adultes, caractérisation de masses
hépatiques. La recherche de reflux vésico-urétral est visualisable par le rehaussement des cavités
rénales et constitue une alternative non invasive à la cystographie rétrograde. L’intérêt des produits
de contraste ultrasonore en pédiatrie est la possibilité d’effectuer rapidement l’examen, sans
nécessité de sédation lourde pour l’enfant, avec des résultats immédiatement disponibles. Une autre
application est la recherche de signes échographiques de synovite, en particulier pour les arthrites
juvéniles inflammatoires.
RADIOLOGIE DIGESTIVE ET INTERVENTIONNELLE (Guillaume SSI-YAN-KAI,
Sébastien BROS, Guillaume VESSELLE)
La prise en charge thérapeutique des lésions hépatiques primitives et secondaires par le radiologue
était un thème largement abordé lors de ce congrès, traduisant d’une part le rôle croissant du
radiologue en tant qu’acteur thérapeutique mais également l’apparition de nouveaux outils
thérapeutiques, la volonté de repousser les limites techniques actuelles et d’améliorer la
surveillance post thérapeutique. Différentes techniques ont été mises au point pour détruire les
tumeurs en utilisant la chaleur, le froid … plusieurs communications ont permis de faire le point
sur ces différentes techniques avec leurs indications et leurs limites.
L’ablathermie par radiofréquence est la technique la plus ancienne et la plus répandue à travers
le monde depuis les années 90. Elle est utilisée en chirurgie ouverte, par voie endoscopique,
endovasculaire et percutanée. Elle repose sur l’administration d’un courant alternatif de haute
fréquence agitant les ions et générant ainsi de la chaleur. L’objectif est d’atteindre 60 à 100°C,
température générant une thermo-coagulation des protéines. Les applications les plus courantes
sont les lésions néoplasiques thoraciques, les CHC et les tumeurs rénales à cellules claires. Plus
rarement son champ d’action s’étend au domaine ostéo-articulaire (ostéome ostéoide) et splénique
(métastases). Ses avantages reconnus sont la large expérience acquise chez l’homme, les nombreux
types de sondes proposés par les différentes constructeurs et les bénéfices par rapport à la chirurgie
ouverte (diminution du risque de saignement, procédures plus rapides, moins de complications et
de temps de récupération le tout pour un coût moins important). Ses inconvénients sont
principalement la taille restreinte des lésions traitables (< 3 cm), la résistance à la conduction liée
aux gaz générés réduisant parfois ainsi le volume traité. On notera également que cette technique
est réservée aux tumeurs périphériques éloignées des principaux vaisseaux (« heat sink effect ») et
des principaux troncs biliaires. L’efficacité primaire rapportée est de plus de 90 % et 97 % en
intention secondaire. Plusieurs auteurs ont développé des techniques pour pallier aux limitations
anatomiques notamment hépatiques. Parmi celles-ci on peut noter la création d’une ascite
artificielle pour protéger les structures à risque (estomac, vésicule biliaire) ou le refroidissement
des voies biliaires par voie endoscopique (en administrant un liquide froid).
La technique d’ablathermie utilisant les micro-ondes est disponible aux USA depuis les années
2000. Son principe repose sur la création d’ondes électromagnétiques. Les mouvements
moléculaires de l’eau génèrent une augmentation de température. Cette technique est utilisée pour
les tumeurs hépatiques primitives et secondaires jusqu'à un volume de 5 cm de diamètre. Les
avantages sont l’efficacité plus importante que la radio-fréquence au contact des gros vaisseaux, le
plus grand volume tumoral traitable, les températures plus importantes atteintes, le tout pour un
temps de traitement plus court. Elle génère une augmentation active de la température de la tumeur
contrairement à la RF qui fonctionne par une augmentation passive au contact de la sonde. Les
points négatifs sont liés à son caractère plus récent que la RF avec un faible recul clinique et une
moins grande expérience acquise. Les taux de récurrence sont identiques à la résection chirurgicale
pour des lésions < 5 cm.
La cryoablation, connue depuis le 19ème siècle, engendre, par chute de la température
à -185 degrés, une rupture membranaire, une déshydratation cellulaire et une ischémie locale des
tissus. L'utilisation de l'argon a permis d'optimiser la zone de traitement. La circulation à l'extrémité
des cryoablateurs d'argon haute pression crée une chute locale de température, une bille de glace
et un traitement complet grâce à deux cycles de gel-dégel. Parmi ses nombreux avantages, une
sédation légère est suffisante en raison de son caractère moins douloureux que d'autres méthodes ;
par ailleurs la zone d'ablation est visible sur le scanner sans injection. Son principal inconvénient
est le faible volume d'ablation qui nécessite l'utilisation de multiples sondes avec un risque non
négligeable de complications hémorragiques surtout en cas de thrombopénie ou de cirrhose.
L'électrolocation irréversible ou électroporation est une technique récente décrite chez l'homme
depuis 2009. Elle entraîne l'apoptose des cellules tumorales, au moyen d’un champ électrique élevé
appliqué localement grâce à des microsondes à haut voltage. Cette mort cellulaire est obtenue par
modification des potentiels membranaires. Si un faible voltage est utilisé, le phénomène est alors
réversible. Elle n'entraine pas d'effet thermique et peut donc être utilisée à proximité des vaisseaux,
canaux biliaires ou des nerfs. Les sondes de 19G utilisées sont fines et offrent une très bonne
réponse thérapeutique. En revanche, le recul clinique de cette technique récente est faible et elle
n’est pas encore remboursée en France. De plus cette technique exige une préparation plus longue,
une organisation spécifique avec synchronisation cardiaque en raison du risque d'arythmie et une
anesthésie générale avec curarisation pour éviter tout mouvement gênant les pulses de haut voltage.
En conclusion, les microsondes permettent de traiter un volume plus important que la RF, plus
rapidement et avec une moindre sensibilité au « heat sink effect ». La RF est la technique la mieux
maitrisée et aucune technique n’a montré de meilleur résultat jusque-là. La cryoablation est
principalement utilisée pour le rein mais très peu pour le foie. Le temps de traitement est beaucoup
plus long que les deux techniques précédentes. L’électroporation est la plus récente des techniques
sans « heat sink effect », épargnant l’architecture tissulaire mais très peu de données sont
disponibles.
L’imagerie des complications de la chirurgie bariatrique était au centre de plusieurs sessions, les
auteurs rappelant les différentes techniques chirurgicales, leurs intérêts, l’imagerie normale et les
complications. Parallèlement à ces techniques chirurgicales, plusieurs études sont actuellement
menées sur une nouvelle technique de radiologie interventionnelle pour la prise en charge de
l’obésité, l’embolisation bariatrique. L’embolisation des artères gastriques a été pour la première
fois rapportée en 1970 pour le contrôle d’un saignement sur ulcère tumoral. En 2007, le Dr.
Arepally proposa une nouvelle application à l’embolisation gastrique, la diminution de la sécrétion
de ghréline, une hormone dont le rôle est de stimuler l’appétit. Une étude réalisée en 2007 sur des
cochons montra un bénéfice de l’embolisation gastrique en termes de perte de poids par rapport au
placebo. Bawudun et al. ont par la suite montré que la perte de poids était proportionnelle au
pourcentage de vascularisation du fundus par l’artère gastrique gauche lorsqu’elle était embolisée
par lipiodol ou PVA, concluant que la compréhension de l’anatomie artérielle gastrique et
principalement du fundus avec les variations anatomiques était nécessaire. Une étude menée par
Paxton a montré que lorsque l’ensemble des artères vascularisant le fundus étaient embolisées, une
diminution de la sécrétion de ghréline allant jusque 55 % était objectivée, soit l’équivalent obtenu
après chirurgie bariatrique mais au prix d’effets indésirables à type de gastrites et ulcères. En 2013,
Kipshidze et al. ont rapporté une baisse de 13 % du poids à un mois après embolisation d’artères
gastriques gauches par des particules de 300 μm chez 5 patients. Une étude est actuellement en
cours aux USA. Avec les améliorations techniques portant sur les microcathéters et les agents
emboliques, l’embolisation bariatrique pourrait s’avérer être une option intéressante pour les
patients ne pouvant pas bénéficier d’un By-Pass chirurgical. Des recherches complémentaires sont
nécessaires afin d’évaluer l’efficacité en terme de perte pondérale ainsi que la sécurité de ces
techniques nouvelles qui nécessitent de la part du radiologue une parfaite connaissance de la
vascularisation artérielle de l’estomac et notamment de la vascularisation fundique.
THORAX (Aissam LABANI, Guillaume CHASSAGNON)
Le dépistage du cancer broncho-pulmonaire a à nouveau été la principale thématique en imagerie
thoracique. Les présentations se sont articulées autour des expériences des programmes de
dépistage aux Etats Unis, de la réduction de dose et des recommandations LungRADS éditées en
2014 par l’ACR. Le principe de dépistage impose l’utilisation de dose la plus faible possible.
Plusieurs présentations ont montré les réductions de dose permises par l’utilisation des nouveaux
algorithmes de reconstructions itératives et par un système de filtration des photons X de basse
énergie. Ainsi plusieurs études ont attesté de la possibilité de réaliser des protocoles ultra-low dose
(< 0,2 mSv). La détection des nodules de verre dépoli par ces mêmes protocoles reste sujette à
discussion. Le dépistage du cancer pulmonaire selon les critères NLST (National Lung Screening
Trial) a déjà commencé à être appliqué dans plusieurs centres d’excellence aux Etats Unis mais
celui-ci reste surtout le fait d’une démarche personnelle et non d’un dépistage organisé et le nombre
de patients est relativement faible. Début 2014, une étude des pratiques de ces centres a montré que
les critères décisionnels utilisés étaient uniquement basés sur les mesures 2D (critères NLST,
Fleischner) et non sur les mesures 3D qui sont plutôt utilisées en Europe. Or, une étude a rapporté
la faible corrélation entre ces mesures 2D et 3D (Marjolein A et al, séance SSA04). Au début de
l’année 2014, un nouvel arbre décisionnel a été introduit par l’ACR pour la prise en charge des
nodules solides et non solides découverts au cours du dépistage : les critères LungRADS. Ces
critères qui reposent sur les mesures 2D ont été validés rétrospectivement sur les données de l’étude
NLST et permettent de diminuer le nombre de faux positifs.
Une séance a été consacrée à l’IRM pulmonaire. Les avancées permettent désormais une meilleure
exploration de l’étage thoracique et notamment l’étude du parenchyme grâce aux prometteuses
séquences UTE à temps d’écho ultra court (Hiroto Hatabu, séance VSCH31).
Plusieurs séances ont également abordé la quantification des pathologies parenchymateuses et
notamment de la BPCO (Séances SSK05, RC525 et SSQ04)
APPAREIL URO-GENITAL (Mikael FONTARESKI)
Cette année, de nombreuses sessions étaient dédiées à l’imagerie prostatique, les orateurs sont
largement revenus sur l’intérêt du score Pi-RADS dans la caractérisation des nodules prostatiques
d’une part (Hamoen E, Thompson L, Witjes F, Rovers M, Barentsz J, « Evaluation of PI-RADS for
Multi-parametric Prostate MRI: How to Improve the Overall Score? »), mais également sur
l’amélioration de l’efficacité des biopsies prostatiques échographiques guidées par l’IRM
(Margolis D, « MR and MR-US Guided Biopsy »). On retiendra également l’arrivée de la
surveillance active par IRM multiparamétrique et des thérapies focales : laser, high intensity
focused US, electroporation and cryotherapy (Verma S, « Active Surveillance with MRI » ; Oto A,
« Focal Therapies ») chez les patients présentant un risque faible.
Une séance portait sur les méthodes de caractérisation des masses rénales, notamment grâce au
scanner double énergie (Mileto A, Nelson R, Samei,E, Jaffe T, Paulson E, Marin D, « Dual Energy
MDCT in Renal Cysts : Effect of Virtual Monochromatic Imaging on Pseudoenhancement in an
In-Vitro and In-Vivo Study. »), la caractérisation des masses rénales kystiques ou non, en utilisant
les images post contraste après acquisition bi-énergie apparaît fiable. Une autre communication
s’est intéressée à la caractérisation des carcinomes papillaires (Pol C, McInnes M, Moosavi B,
Flood T, Schieda N, « MR Imaging of Papillary Renal Cell Carcinoma: Does Intracellular Lipid
Content Correlate with T2 Weighted (T2W) Imaging Characteristics? »), on retiendra
essentiellement que la présence de graisse intra lésionnelle n’exclut pas le diagnostic de carcinome
papillaire, mais contrairement à l’angiomyolipome qui présente un hyposignal T2 homogène, la
lésion papillaire présente elle un signal T2 variable hétérogène.
Au cours de la session consacrée à l’imagerie des urolithiases, l’attention a été focalisée d’une
part sur la bi-énergie pour la détection et la caractérisation des calculs : uriques, oxalates et apatites
(Duan X, Qu M, Zhang G, Li Z, Yu L, Leng S, Halaweish A, Fletcher J, McCollough C, « Urinary
Stone Composition Analysis: Impact of Increased Spectral Separation in Dual-energy CT on
Urinary Stone Material Classification ») et d’autre part sur les progrès des reconstructions
itératives de dernière génération permettant une nette réduction de la dose délivrée dans les
pathologies abdomino-pelviennes. Les acquisitions abdomino-pelviennes peuvent désormais
passer sous la barre des 1mSv en moyenne tout en gardant une qualité diagnostic équivalente (Park
S, Choi S, Lee J, Park H, « Knowledge-based Iterative Model Reconstruction Algorithm (IMR) for
Evaluation of Urolithiasis: With Respect to Radiation Dose Reduction, Image Quality and
Diagnostic Performance » ; Fontarensky M « Model-based Iterative Reconstruction (MB-IR
VEOTM) with Ultra Low-dose Abdominal CT versus Adaptative Statistical Iterative
Reconstruction (ASIR) in the Diagnosis of Acute Renal Colic »)
Concernant l’imagerie des voies excrétrices, une étude a attiré notre attention, (Hwang I, Cho J,
Lee M, Kim S, Kim S, « Low Iodine Content Contrast Media with Low Tube Voltage Technique in
MDCT Urography : Initial Experience in Single Center »), elle met en avant l’utilisation de produit
de contraste faiblement dosé (240 mg/ml) associé à un protocole à basse énergie (80 kV) couplé à
une reconstruction itérative. Ce protocole donne des résultats équivalents en terme de diagnostic et
d’évaluation qualitative que le protocole classique (pdc : 350 mg/ml et 120 kV) tout en permettant
une réduction significative de la quantité d’iode injecté et de la dose d’irradiation. Pour finir, un
des orateurs a communiqué sur l’intérêt dosimétrique d’une acquisition unique bi-énergie au temps
néphrographique et urographaphique mixte, remplaçant un protocole triphasique pour la détection
des tumeurs urothéliales dans les bilans d’hématuries, avec comme inconvénient une moins bonne
détection des micro-lithiases (< 3 mm) (Park B, Park J, Choi E, « Can Nephrographic Dual-energy
CTU Replace Three-phase CTU ? »).
LES « EXPERTS » … EN RADIOLOGIE (Idris DIALLO)
L’identification des victimes est un point clé de la médecine légale et de la prise en charge des
catastrophes de masse. La compréhension par le radiologue des images post-mortem normales,
anormales et des variantes anatomiques peut apporter des preuves cruciales pour la confirmation
ou la réfutation d’une identité comme le montre le poster électronique “CSI radiology : a precis of
radiologic identification (RADid) for the practicing radiologist” par GM Hatch et al.
La réalisation du scanner post-mortem (PMCT) fournit au radiologue de précieuses informations.
L’identification du sexe de la victime peut être réalisée par l’étude du squelette (bassin, crâne). Le
point clé réside dans la comparaison du PMCT avec les examens d’imagerie ante-mortem du
patient. Avec le développement des systèmes d’archivage numérique (PACS), l’accès aux examens
antérieurs d’imagerie du patient est facilité. Il existe de nombreux moyens de confirmer l’identité
du patient en utilisant des points de comparaison précis et fiables. L’anatomie normale et ses
variantes est une première piste : la visualisation d’une variante anatomique rare, la comparaison
des sinus de la face (sinus frontaux et sphénoïdaux notamment) ou des contours osseux peut
permettre une identification formelle. La mise en évidence d’un processus pathologique est une
deuxième possibilité : les tumeurs bénignes (kystes rénaux, enchondrome, etc…) ou maligne, les
pathologies dégénératives (forme particulière d’un ostéophyte rachidien) ou les séquelles
fracturaires sont utiles. Le PMCT permet également de visualiser les stigmates d’intervention
chirurgicale ou le matériel implanté afin de le comparer au dossier médical de la victime potentielle.
En cas d’absence d’imagerie en coupe pré-mortem, le PMCT permet de créer des images pseudo-
radiographiques à l’aide de MPR épais. Ces images pourront être comparées à une radiographie
pulmonaire ou du rachis cervical. Enfin l’utilisation du VRT permet de réaliser des mesures
anthropométriques précises et fiables sur le squelette. En raison du développement des PMCT en
complément des méthodes classiques d’identifications (ADN, empreintes digitales, etc…), la place
du radiologue dans la stratégie d’identification devient essentielle.
Les lésions consécutives aux explosions (dites lésion de blast) sont des évènements rares, en dehors
des zones de guerre, résultant d’accidents industriels ou rarement d’attaques terroristes. J.F
Brunner et al. en font une revue radiologique détaillée dans “Explosive blast injuries: a review of
radiologic findings”. Quatre schémas lésionnels ont été décrits en fonction du mécanisme :
primaire, secondaire, tertiaire et quaternaire. Une explosion comporte deux phases et s’étend à
partir d’un point source avec des dégâts diminuant exponentiellement avec la distance. L’onde de
choc correspond à la première phase puis elle est suivie par le souffle. Les blessures primaires sont
en rapport avec l’onde de choc. Les ruptures de la membrane tympanique sont les lésions les plus
fréquentes suivies par les ruptures d’organe creux, les lésions pulmonaires (contusions, lacérations)
et les embolies gazeuses qui sont plus rares. Les lésions secondaires sont liées aux projectiles
touchant la victime qui vont entraîner des traumatismes balistiques pénétrant et contondant. Ces
projectiles peuvent être des fragments primaires provenant du dispositif explosif comme des
morceaux métalliques de l’enveloppe ou des objets vulnérants ajoutés intentionnellement en cas
d’attaque terroriste (clou, roulements à bille, vis). Les fragments secondaires proviennent de
l’environnement (morceaux de bois, de plastiques, etc..). Les causes principales de décès et de
blessure grave sont les traumatismes pénétrant au niveau de la tête et du thorax. Les atteintes
tertiaires sont causées par le souffle déplaçant la victime ou entrainant l’effondrement des
structures avoisinantes. Il en résulte surtout des lésions contondantes comme des fractures ou des
écrasements. Les lésions pénétrantes sont également possibles. Les affections quaternaires sont
d’origine thermique ou gazeuse (gaz brûlant, monoxyde de carbone). Elles entrainent des brûlures,
des lésions pulmonaires (SDRA) ou des atteintes toxiques. Elles sont le plus souvent rencontrées
dans les accidents industriels. La stratégie d’imagerie est fonction de la stabilité clinique de la
victime : si elle est instable une FAST écho est réalisée au bloc opératoire associée à des
radiographies (thorax, bassin) ; si la victime est stable, le couple FAST écho/radiographies est
complété par un scanner corps entier injecté et éventuellement une angiographie. Lors de son
interprétation, le radiologue doit tenir compte des quatre mécanismes lésionnels afin d’évaluer au
mieux la gravité de l’atteinte de la victime.
INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES EN SCANNER ET EN IRM (Guillaume
CHASSAGNON et Mikael FONTARESKI)
CT (Guillaume CHASSAGNON)
Un an après les nombreuses nouveautés du RSNA 2013, l’édition 2014 a été moins riche en
annonces de la part des principaux constructeurs. Général Electric, Philips et Siemens présentaient
leur gammes récemment renouvelées, notamment dans le domaine du haut de gamme où les
scanners proposés offrent une large couverture (jusqu’à 16 cm) associée à des temps de rotation
réduits permettant des acquisitions encore plus rapides.
Chez Philips, on annonce la prochaine labellisation CE du nouveau détecteur iQON (RSNA 2013)
permettant de réaliser l’ensemble des acquisitions en double énergie grâce à la technologie double
couche. Siemens a dévoilé au RSNA 2014 un nouveau système permettant de réaliser des
acquisitions en double énergie sur des scanners simple source par division du faisceau de rayons X
en faisceaux de haute et de basse énergie grâce à un filtre appliqué à la sortie du tube. Tandis que
Toshiba présentait un nouveau détecteur miniaturisé avec un bruit quantique diminué, Hitachi s’est
surtout concentré sur des évolutions logicielles.
IRM (Mikael FONTARESKI)
Les principaux fabricants présents au RSNA, tels que Philips, Siemens, Toshiba ou GE, proposent
tous une gamme complète d'appareils permettant de répondre à la plupart des attentes du marché
en IRM 1,5T ou 3T, avec des appareils 3T qui tendent à se « miniaturiser » pour pouvoir être
déployés en remplacement dans des locaux d’IRM 1.5T
On évoquera une nouvelle séquence proposée sur les appareils premium de GE 3T, la séquence
« MAGIC », qui en une acquisition de 5 min permet d’obtenir des coupes de 4 mm avec des valeurs
dynamiques de TR TE et TI permettant alors de reconstruire 6 séquences différentes : T1, T2,
STIR, T1Flair, T2Flair, DP. Le principal avantage avancé par le constructeur est une augmentation
d’un patient par heure, il reste maintenant à réaliser des études cliniques afin de s’assurer de la
qualité du signal
Les autres innovations proposées vont vers l’amélioration du confort du patient avec notamment
l’extension des séquences silencieuses avec une réduction du bruit de 95dB à 60dB en moyenne
pour les séquences de diffusion EPI. Sans oublier l’amélioration du confort pour les manipulateurs
avec l’extension des antennes souples et légères, et le confort d’interprétation avec l’optimisation
des correction d’artefact de mouvement aussi bien sur les acquisitions 2D que volumiques.