Quel type d’aliment utiliser - ITAB · La conduite alimentaire en poulet de chair est...

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Acheter ou fabriquer son aliment ? Produire une partie de son aliment permet de réduire le coût alimentaire, qui représente en agriculture biologique plus de 60% du coût de production des volailles ou des œufs. Pour cela, plusieurs stratégies peuvent exister : Acheter un aliment complet du commerce pour chaque stade physiologique des volailles (démarrage, croissance, finition) sur la durée complète d’élevage ou sur une période en particulier (démarrage par exemple). Acheter un aliment complémentaire du commerce (comprenant vitamines, minéraux et éventuellement protéines…) qui sera ajouté à des matières premières achetées ou produites sur l’exploitation. Fabriquer la totalité des aliments avec des matières premières achetées ou produites sur l’exploitation et complétées par des minéraux et vitamines du commerce. Cette solution pourra permettre de véritables économies à partir d’un certain seuil de production. Mais il faut bien prendre en compte toutes les contraintes de cette stratégie (matériels, analyses, surface de cultures, temps…). Voir le chapitre 8 consacré à la fabrication de l’aliment à la ferme QUEL TYPE D’ALIMENT UTILISER ? Qu’est-ce qu’un aliment ? Un aliment est une substance qui doit fournir à l’animal l’énergie et les éléments nécessaires à son maintien en vie et donc couvrir les besoins d’entretien. Pour les animaux d’élevage, l’aliment devra en plus apporter assez de nutriments pour répondre aux besoins de production (œufs ou viande). L’aliment peut se présenter sous différentes formes : matières premières, aliment composé (mélange d’au moins deux matières premières), aliment complet (aliment composé qui, en raison de sa composition, suffit à couvrir les besoins journaliers) ou aliment complémentaire (conçu pour compléter des matières premières distribuées à l’animal, par exemple des céréales). Les dispositions qui régissent la mise en marché des aliments à destination des animaux se trouvent dans le règlement (CE) N° 767/2009. Fabrice Morinière (CA 85) Généralités sur la conduite de l’alimentation 04 Chapitre 19 ALiMentAtion des voLAiLLes en AgricULtUre bioLogiqUe

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Acheter ou fabriquer son aliment ? Produire une partie de son aliment permet de réduire le coût alimentaire, qui représente en agriculture biologique plus de 60% du coût de production des volailles ou des œufs. Pour cela, plusieurs stratégies peuvent exister :› Acheter un aliment complet du commerce pour chaque stade physiologique des volailles (démarrage, croissance,finition)surladuréecomplèted’élevageou surunepériodeenparticulier(démarrageparexemple).› Acheter un aliment complémentaire du commerce (comprenant vitamines, minéraux et éventuellement protéines…)quiseraajoutéàdesmatièrespremières achetéesouproduitessurl’exploitation.› Fabriquer la totalité des alimentsavecdesmatières premièresachetéesouproduitessurl’exploitationet complétées par des minéraux et vitamines du commerce. Cette solution pourra permettre de véritables économies àpartird’uncertainseuildeproduction.Maisilfautbien prendre en compte toutes les contraintes de cette stratégie(matériels,analyses,surfacedecultures,temps…). Voir le chapitre 8 consacré à la fabrication de l’aliment à la ferme

Quel type d’aliment utiliser ?

Qu’est-ce qu’un aliment ? Unalimentestunesubstancequidoitfourniràl’animall’énergieetlesélémentsnécessairesàsonmaintienenvieetdonccouvrirlesbesoinsd’entretien.Pourlesanimauxd’élevage, l’alimentdevraenplusapporter assezdenutriments pour répondre aux besoins de production (œufs ouviande).L’alimentpeutseprésenter sousdifférentes formes :matièrespremières, aliment composé (mélanged’aumoinsdeuxmatièrespremières),alimentcomplet(alimentcomposéqui,enraisondesacomposition,suffitàcouvrirlesbesoinsjournaliers)oualimentcomplémentaire(conçupourcompléterdesmatièrespremièresdistribuéesàl’animal,parexempledescéréales).Les dispositions qui régissent la mise en marché des aliments à destination des animaux se trouvent dans le règlement (CE) N° 767/2009.

Fabrice Morinière (CA 85)

Généralités sur la conduite de l’alimentation

04Chapitre

19ALiMentAtiondesvoLAiLLesenAgricULtUrebioLogiqUe

Qu’est-ce Qu’une conduite alimentaire ?Laconduitealimentaireest l’adéquationdeplusieurséléments :› le programme alimentaire(régimealimentaire):

combiend’alimentsdifférentspourlesvolailles?quelâgedetransitionalimentaire?quelsbesoinsnutritionnels? quelle présentationpour chaquealiment ?quellequantitépourchaquealiment?

› le système de distributiondel’aliment(ausoloudans desmangeoires)› le mode de distribution (àvolonté,rationnement, repas…)

La conduite alimentaire sera définie en fonction des objectifsdeproductionchoisisparl’éleveurquidéterminentnotammentlepoidsetl'âgerecherchésàl'abattage,oul'intensité de ponte.

indicateurs de l’efficacité d’une conduite alimentaire L’efficacitédelaconduitealimentairevaêtreappréciéeenfonctiondurésultatobtenuparrapportauxobjectifsvisés.Lepremiercritèreestl’obtentiondupoidscibleàl’âgeattendu.ensuite,laperformancepeutêtrerecherchéeenatteignantlesobjectifspoidsetâgetoutenoptimisantlaconsommation des animaux.

Plusieursindicateurstechniquesserventàévaluerl’efficacitéde la conduite alimentaire :› Quantité d’aliment consommée :quel’alimentsoit acheté ou fabriqué, il est primordial de noter la quantité d’alimentdistribuépourunlotdonné.sil’alimentest acheté,ilfautrépertorierchaquelivraisonetenfinde lotestimerlesstocksd’alimentrestant.Pourleséleveurs FAFeurs (terme utilisé pour les éleveurs qui Fabriquent leurAlimentàlaFerme),iln’estpastoujoursfacilede procéder de la sorte, mais chacune des distributions peut être notée sur une fiche de lot.connaître la quantitéd’alimentconsomméparunpouletouune poule pondeuse permet de déterminer son coût de revient,etparconséquentlejusteprixdeventedes produits(viandeouœufs)quivapermettrededégager une marge.› Poids des animaux :ilestconseilléd’effectuerune peséehebdomadairede10%desanimaux(àadapter selon la taillede l’élevage),quipermettedesuivre l’évolutiondupoids(surunecourbedecroissancepour lespouletsetpoulettesfuturespondeuses)etd’adapter la conduite alimentaire. Par ailleurs, la pesée au moment delaventeouàl’abattageestindispensableenvolaille de chair.

› l’Indice de Consommation (IC) en volaille de chair correspondàlaquantitéd’alimentconsommée(kg) par un animal pour produire un kg de viande en vif. Pourpointderepère,enfilièreorganisée,l’icmoyen d'un poulet biologique est de 3,063 pour un âge d’abattage moyen de 89 jours (enquête Avicole chambresAgriculture2014).bienentendu,avecun schémadeproductiondifférent, l’icpeutêtrebien plusélevé(l’icaugmentantavecl’âgedesanimaux). en filière courte, avec fabrication d’aliment à la ferme, systèmed’alimentationautomatiséounon, matériel plus ou moins adapté pour limiter le gaspillage, l’ic est très hétérogène et compris généralement entre 3 et 6. Le but est de déterminer l’ic qui correspondàl’élevageetdel’améliorerenoptimisant laconduitealimentaire (formule,présentation…)ou laconduited’élevage(matérieletréglage,démarrage, ambiance…).Laréductiondelahauteurdel’aliment danslesassiettesaprèslapériodededémarragepermet delimiterlegaspillage,etd’optimiserl’ic. enproduction d’œufs,l’iccorrespondraàlaquantité d’alimentconsommée(kg)pourproduireunkilod’œuf. Laconsommationpourraêtreaussiramenéeàl’œuf produitpoursecompareràdesréférencesattendues.

aliments et conduites alimentaires en poulet de cHairNombre et type d’aliments La conduite alimentaire en poulet de chair est généralement baséesurtroistypesd’aliments(démarrage,croissanceetfinition)afinquelesapportsennutrimentsrépondentaumieuxauxbesoinsdel’animal.

La phase de démarrage Laphasedémarragecorrespondaux28premiersjoursdupoulet,pendantlesquelsilconsommeraenviron30à35gd’alimentparjoursoit1kgsurlapériodededémarrage.enpratique,cettephaseesttrèsdélicate,notammentparcequ’ilestdifficiled’apporterlesacidesaminéssoufrés(méthionineetcystine)ensuffisancedanslaration.ilfaudraveiller,enparticulierchezlepoulet«démarrage»,àapportercesnutriments limitants toutenévitantd’apporterenexcèsdesprotéinesafinderespecterrigoureusementlesexigencesnutritionnellesetleséquilibresentrelesdifférentsacides aminés.

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Les phases croissance et finitionLaphasecroissancecorrespondà lapériode28–63joursd’âgedupouletenfilièrecourtependantlaquelleilconsommeraenviron75à85gd’alimentparjoursoitenmoyenne2,9kgsurcettepériode(28-56joursenfilièrelongueavecabattageplusprécoce).Laphasedefinitionestladernièrepérioded’élevage,dontladuréedépendessentiellementdel’âgeàl’abattagequipeutallerde81à140joursd’âgesenfonctiondesélevageset des circuits de commercialisation. A ces stades, les exigences nutritionnelles des poulets varient fortementetvontdifférerselon lesobjectifsdeproduction(âgeetpoidsàl’abattage),l’environnement(climat,conditionsd’exploitationduparcours)etlechoixde la souche.

Avecdessouchesàcroissancelenteetabattuesau-delàde90jourslesbesoinsennutrimentsetenparticulierenacidesaminésessentielsvontdiminuer.danslecadred’unabattagetardif(àpartirde126jours),ilpeutêtreintéressantsur les plans technique, économique et environnemental, d’apporterdeuxalimentsfinitiondistinctspour«coller»auplusprèsdesbesoinsnutritionnelsetéviterunapportdeprotéinesnonvaloriséenfindelot.Al’inverse,danslecadred’unabattageplusprécoce(<98jours)etdansuncontextedefabricationd’alimentàlafermeetdeventedirecte,unalimentuniquecroissance-finitionpeutêtreenvisagé.sicettesolutionn’estpasoptimale techniquementetéconomiquement,ellerésultegénéralementd’unsouhaitdesimplificationentermesdelogistiquedefabricationetdestockagedel’alimentetderéductiondutempspasséàlafabrication.

Parailleurs,àcesstades,ilfauttenircompteducaractèrealéatoire des apports nutritionnels liés au parcours (herbe,petits animaux...), bienqu’ils dépendent à lafoisdesconditionsdeproductiondecelui-ciainsiquedu comportement exploratoire du poulet (qui varie en fonctiondessaisons,dessouches,del’individu,etc.).

enconséquence,enconditionsdifficiles(hiverrigoureux,sécheresseprolongée)etavecdespouletspeuexplorateurs,il faudra prévoir des compléments, notamment en vitamines Aetd3.

Distribution de grit en complémentdugrit(gravierdesilex)doitêtreapportédèsleplusjeuneâgeetauplustardà5joursàraisonde5à10grammesparanimaletparsemaine,defaçonàfavoriserlebroyagedesalimentsdanslegésieretainsid’augmenterladigestibilitédesmatièrespremières.

Des compléments en vitaminesd’uncomplexeA,d,esont conseillés dans les périodes critiques (stade poussin, hiver,périodeprolongéedesécheresse…).Lesapportsdevitaminesdugroupebserontassurésparl’ajoutdelevuredebièredansl’aliment(2%delaration).

Présentation de l’aliment Les aliments du commerce peuvent se présenter sous 3 formesdifférentes:farine,granulésdedifférentestailles(envolaille:entre2et4mm)oumiettesdedifférentestailles (granulés concassés dans un émietteur et triés dansuntamiseur).L’alimentdémarrageducommerceestgénéralement fourni sous forme de miettes ou de farine. Lemélangedematièreslesplusetlesmoinsappétenteset de minéraux permet de limiter le tri par les animaux. Les aliments croissance et finition sont généralement présentés en miettes ou granulés. La granulation augmentelaconsommation.Al’inverselesalimentstroppulvérulent(farinefine)collentaubec,limitantl’ingéréetlesperformances de croissance.

enfabricationd’alimentàlaferme(FAF),laprésentationdel’alimentnepeutêtreréaliséesousformedefarineoude granulés. Il faudra rechercher, pour les céréales, une granulométriegrossièreafind’optimiser ladigestibilitédesprotéinesetdeprévenir lesulcèresetproblèmesrespiratoires(sollicitationdugésier).Pourlesprotéagineuxet les oléagineux, il est préférable de pratiquer un broyage fin.Lemélangedoitêtrehomogène.

La mouture dans son ensemble doit trouver un compromis entre deux facteurs antagonistes : L’augmentationdes particules fines (<1mm) dans l’aliment entraineune dégradation des performances zootechniques.L’augmentationde la tailledesparticulesstimule le triparticulaire.enchoisissantlesparticulesgrossièresmieuxadaptéesàsonbec, lepouletdéséquilibre la formule.Il est donc nécessaire de trouver une taille de grille de broyeuroptimale.Lagranulométriedelamouturedoitêtreanalysée pour répondre au mieux aux besoins des volailles :

a savoir› une carence en lysine, chez les animaux jeunes, ne pourra pas être compensée par la suite.

› les besoins du poulet « démarrage » (0-28 jours) diffèrent peu selon la souche et le contexte de l’élevage.

Pour ces raisons d’équilibres nutritionnels délicats à respecter, l’alimentation des poussins avec un produit du commerce est généralement incontournable.

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s’approcherde4%departiculessupérieuresà3,15mmetéviterdedépasser40%departiculesfines.L’incorporationd’huilesvégétalesaméliorelaprésentationenlimitantlesparticulesfines(humidificationdelarationetfixationdesfinesparticules),letriparticulaire,etaméliorelapalatabilitédel’alimentainsiquelaqualitédescarcasses.

Mode de distributionenvolailledechair,l’alimentestgénéralementdistribuéàvolonté.danslecadred’unealimentationautomatisée,unvidedeschainesparjourpeutêtreconseilléafind’obligerlesanimauxàconsommerlesminérauxsousformedefines.encasderationnementpourmaîtriserlaconsommationd’alimentetl’engraissement,ladistributiondoitêtreréaliséeàheuresfixes.

aliments et conduites alimentaires en pondeusesNombre et type d’aliments enpoulespondeuses, les typesd’alimentvontvariersuivantdeuxparamètres:› Le potentiel de la souche› Le stade de ponte : entrée en ponte ou ponte

L’aliment « entrée en ponte » :sonobjectifestdesatisfairelesbesoinsd’unepondeuseayantuneconsommationplusréduitependantlaphased’entréeenponte(besoinsdecroissanceetdeproduction).Lesconcentrationsenénergie et acides aminés tels que la lysine et la méthionine serontainsimajorées.

Lepassageà l’aliment « ponte »correspondàl’atteintedupoidsvifobjectifetd’unniveaudeconsommationacceptable.Ladifférencedeniveaudeconsommationentreletransfertdespoulettesetl’âgeoùl’optimumdel’ingéréestatteintpeutavoisiner40%.

L’apport en calcium :Lesbesoinssontparticulièrementélevéspourlaformationdelacoquille.celle-ciseformantenfindejournée,laconsommationdecalciumseraplusimportantelesoir.c’estpourquoi,ilestconseillédepratiquerl’alimentationcalciqueséparée:l’alimentcontiendra1%decalcium,complétéparunapportàvolontédecoquillesd’huîtresoudegranulésdecarbonatedecalcium(2/3semoulette+1/3farine).

cettepratiqueprésenteuntripleavantage:(1)L’alimentationcalciqueséparéeaméliorelasoliditédelacoquille;(2)Lapouleprélèveexactementcedontelleabesoin;(3)Lefaiblepourcentageencalciumdel’alimentpermetd’augmenterlaconcentrationde l’alimentenénergieetenacidesaminésessentiels,avecunmeilleuréquilibredeceux-ci.enrevanche,l’ingérédel’alimentdiminueraunpeu,dufaitdelaconsommationparailleurs,del’alimentationcalcique.

Présentation de l’aliment Leniveauénergétiquedel’alimentetsaprésentationsontles2principauxfacteursquiinfluencentlaconsommationet en conséquence la production. La consommation d’alimentesttrèsdépendantedelagranulométrie.Lapouleaunepréférencemarquéepourlesparticulesgrossières.ellessont facilementpréhensiblesetn’entrainentpasd’empâtementdubec.Unepouleatendanceinversementàdélaisserlesfinesparticules.

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enfilièrelongueavecalimentducommerce,l’alimentseragénéralementsousformedefarine(objectif:limitationdutri particulaire, limitation du picage de par le temps passé supérieuràs’alimenter).

enfabricationd’alimentàlaferme,unemoutureassezgrossièreethomogèneserarecherchéesurlesmêmesbasesquel’alimentpourvolailledechaircitéesprécédemment.

L’incorporationd’huilesvégétalesaméliorelaprésentationenlimitantlesparticulesfines,(humidificationdelarationetfixationdesfinesparticules),letriparticulaire,etaméliorelapalatabilitédel’alimentetlecalibredel’œuf(lesacidesgrasinsaturéstelsquel’acidelinoléiqueprésentnotammentdansl’huiledesojaetdetournesoll’influencepositivement).

Mode de distributionen alimentation automatisée (chaine plate ou avecassiettes),généralementenfilièrelongue,l’alimentationestrationnée(120g/poule/jour)surlabasede3à5distributionsjournalièresàheuresfixesselonunplanningbiendéterminé.L’objectifestdemaîtriserl’engraissementdespoulesetlepoids des œufs, limiter le gaspillage et adapter les apports delajournéeenfonctionnotammentducycledeponteetdes besoins en calcium pour la formation de la coquille (part importantedelaconsommationjournalièresurl’aprèsmidietjusqu’aucoucher).deplus,uneconsommation importante lematin lorsdelapériodedeponteengendreraitunnombred’œufssales plus important. Les chaines plates au sol ou par assiettesdoiventêtrevidéesquotidiennementetàheurefixe(arrêtdeconsommationenfindematinée),évitantainsil’accumulationdefines.sil’alimentationestmanuelle,unrationnementseraitàprivilégierviaunrepaslematinetunlesoir.Lahauteurd’alimentdanslecasd’assiettesdoitêtrerégléecorrectementpourcontribueràlimiterlegaspillageet le tri particulaire.

aliments et conduites alimentaires en poulettesNombre et type d’aliments deuxpériodesdoiventêtredistinguées:

1. Une phase de « démarrage »(0-6semaines)pendant laquelle,lesbesoinssontsensiblementlesmêmesque ceux du poulet de chair.2. Une phase de « croissance »quis’achèveàl’entrée enponte(entre20et23semaines).L’objectifestde développer lacapacitéd’ingestionparunaliment moins riche (avec plus de fibres) à partir de 10 semaines.c’estdanscettepériodequelapoulette vadevoirs’adapterauparcours:soncomportement exploratoire seraun indicateurde sacapacitéà trouverelle-mêmedescomplémentsalimentaires (herbe,lombrics,petitsinsectes,...)àsaration.

Présentation de l’aliment enalimentducommerce,laformedeprésentationseragénéralementenmiettesoufarine.Pourunefabricationàlaferme,lesmêmescaractéristiquesquepourlavolailledechair seront recherchées.

Mode de distributionAvec une alimentation automatisée (filière longue), ilconvientd’habituerlespoulettesàlanotionderepasàpartirdumomentoùl’alimentcroissanceestdistribué,ce qui permettra de stimuler la consommation. Il est recommandéd’alimenteràheuresfixes,ainsiquedeviderquotidiennementlesmangeoirespouréviterl’accumulationdeparticulesfines.

facteurs de variation de la consommation des alimentsLes besoins énergétiques et la concentration en énergie métabolisable de l'alimenttout facteur qui diminue ou augmente la dépenseénergétiqueaunimpactsurl’appétitdel’animal(poidsdel’animal,niveaudeproduction,températureambiante…).L’animalchercheenprioritéàingérerlaquantitéd’alimentluipermettantdecouvrirsesbesoinsénergétiques.enthéorie, un aliment pauvre en énergie augmente l'ingéré alorsqu’unalimentricheval’abaisser.cependant,cetterégulation homéostatique fonctionne bien pour les poules pondeuses mais moins pour les poulets de chair.

Température ambiante et apport en eauUne température trop élevée aura pour conséquence une baisse de la consommation alimentaire. Au contraire, une température trop basse entrainera une augmentation de l’ingéréetdel’indicedeconsommation(besoind’énergiepourseréchauffer). ilestdoncimportantdesuivreles

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températuresdeconsignescorrespondantàl’espèceetl’âgedesanimaux,d’avoirunsystèmedechauffageadéquat,et de maitriser les coups de chaleur en veillant notamment enpériodechaudeàunapportsuffisantetréguliereneau(sarestrictionentraînantunebaissedel'ingestiond'aliment).

La forme de distribution et granulométrie des alimentsPourl’alimentenfarine,laconsommationbaisselorsquelatailledesparticulesbaisse(-4%deconsommationpouruneréductionde100microns).Laprésentationengranulésaugmentel’ingérésurtoutsileniveauénergétiqueestfaible.

Les transitions alimentairesLors des transitions entre deux aliments, une baisse de consommation est généralement constatée. Il faudra éviter des changements brutaux notamment en termes de taux de protéines, de forme, de granulométrie et de couleur d’alimentauxquelslesanimauxsontsensibles. Les carences ou déséquilibres en acides aminés Une carence en acides aminés et surtout en tryptophane ouunexcèsdeprotéinesavecdéséquilibre(excèsdeleucineencasd’apportimportantenmaïsouglutendemaïs)diminueral'appétitdesvolailles.UndéséquilibredurapportLysine/méthionineentrainerauneaugmentationdel’icetdoncducoûtdeproduction.entermesd’appétence,lesvolaillespréfèrentlesalimentspauvresenprotéines.

Les déséquilibres en vitamines et minérauxLescarencesenvitaminesentraînentunebaissedel'appétitchezlesanimauxencroissance.enrevanche,ellesontpeud'effetschezlesadultes.Lesexcèscommelescarencesensodium,chlore,etcalciumentraînentunebaissedel'appétit.ilenestdemêmepourlescarencesenoligo-élémentssiellessontprolongées.Unappétitspécifiquedelapoulepourle calcium ou les aliments riches en calcium est observé en find'après-midi,pendantlaformationdelacoquilledel’œuf.

Les facteurs antinutritionnelscertainesmatièrespremièrespossèdentdes facteursantinutritionnelsayantuneffetdélétèresurlaconsommationdes poules. Par exemple, du fait de l'amertume des saponinesprésentesdanslaluzerne,l'appétitbaisse.ilestainsinécessairederespecterlesmaximumsd’incorporationconseilléspourchaquematièrepremièreenfonctiondel’espèceetdel’âgedel’animal.Parailleurs,lesmycotoxinesqui proviennent de champignons (développement sur des céréales humides conservées dans de mauvaises conditions)aurontaussiuneforteincidencesurl’appétencedel’alimentetlaconsommation.

L'âge de la pondeuseendébutdeponte,l'appétitestlimité(80à100gparjourcontre120genponte).

infrastructure et contrôles pour une conduite alimentaire « optimisée »

Quelles infrastructures pour quelles stratégies alimentaires ? outrelefaitquelebâtimentsoitmobileoufixe,c’estlesystèmededistributiondel’alimentetdel’eauainsiqueleurréglagequivontêtredéterminantspouroptimiserla conduite alimentaire. Une multitude de combinaisons existent.› Bâtiments : en production avicole, deux types de bâtimentsecôtoient : lesbâtimentsmobileset les bâtimentsfixes.

Les bâtiments mobilessontdesstructuresde10à150m²,achetéesouauto-construites,quipourrontêtredéplacéesdansunparcours,soitsurdegrandesdistances,soitautourd’unpointfixeenfonctiondesarrivéespossibleseneau,enélectricitéetdusystèmededistributiondel’aliment.cesystèmeserencontreencircuitcourtouenfilièreorganisée.Ladistributiondel’alimentestsouventmanuellepourdessurfacesinférieuresà100m².Les bâtiments fixes sont soit de surface réduite concernant des élevages en circuit court, soit de taille plusimportante(150à480m²)correspondantàdesexploitationsenfilièreorganiséeoupourdesateliersenvente directe qui ont un fort débit de commercialisation. d’anciensbâtimentsdegrandesurfaceontpuêtrereconvertisenunitésséparéesenplusieurs«salles»pourproduireplusieurslotsd’âgedifférentenventedirecte.La distribution est alors le plus souvent automatisée.

› Système d’approvisionnement en aliment :l’aliment est lesplussouventstockédansunsiloàcôtédu bâtiment,maisdansdepluspetitesstructures,ilpeutêtre acheminé par brouette (é lectr ique ou non) jusqu’aubâtiment.Pour lesFAFeurs,dessystèmes d’approvisionnementdel’alimentparsystèmepulsé peuventêtreenvisagés.

› Système de distribution de l’aliment : la distribution ausoldoitêtreàbannirpourdesquestionssanitaires, degaspillageetdebien-êtredesanimaux.descéréales peuventéventuellementêtredistribuéesdanslalitière pourquelesvolailleslagratteetl’aère,maisdansde faiblesproportions.Ladistributionpeutêtremanuelle, auquelcasl’alimentseraplacédansdesmangeoires àtrémiesadaptéesàlatailledesanimaux.Pourungain detempsetunediminutiondelapénibilité,dessystèmes automatiséspeuventêtremisenplace:unechaine d’alimentationconstituéedeplusieursassiettestraverse lebâtimentetestreliéeausilo.dufaitdelaréglementation liéeà l’influenzaaviaire, lesmangeoiresnepeuvent

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plusêtredisposéessurleparcours(afind’éviter les fientesdesoiseauxsauvages).Leréglagedesassiettes ou des mangeoires est important car il permettra de limiter le gaspillage. Le bas des assiettes ou des mangeoires doit se situer au niveau du dos des animaux ou des 10% plus petits. Pour le démarrage, des plateaux oudesalvéolespeuventêtreajoutéspourmultiplierles pointsd’alimentationetfavoriserlaprisealimentairedu poussin.

› Système de distribution de l’eau : la distribution de l’eaupeutêtreréaliséeaumoyend’abreuvoirsencloche (typePlasson)oudelignesdepipettes.Lespipettes permettent de réduire le gaspillage en eau et de tenir lalitièresèche.Leréglagedelahauteurdespipettes pour optimiser la consommation et éviter le gaspillage doitêtreréalisédemanièreàcequelesvolaillespuissent boire en allongeant leur cou et le bas des abreuvoirs doit êtreauniveaudeleurdos.

Contrôle du système d’abreuvement et de la qualité de l’eauL’eauestlepremieralimentdesvolailles:ellesboiventpresquedeuxfoisplusqu’ellesnemangentetlaqualitédel’eauestlepremierfacteurderéussitedelagestionsanitaired’unélevage.quecesoitdesabreuvoirsoudespipettes,lematérieldoitresterpropreafindenepascontaminerl’eaudeboisson(moisissures,micro-organismespathogènes).L’eaudoitresterpotableetàtempérature«consommable» en été comme en hiver.

voiciquelquesopérationspourcontrôlerlaqualitédel’eau:› lecontrôlequotidiendufonctionnementetdelapropreté desabreuvoirsoudespipettes,ainsiquelecontrôledes débits.› lecontrôledelaqualitédel’eauàl’arrivéeaubâtiment et en bout de ligne : une analyse annuelle des qualités physico-chimiqueetbactériologiquedoitêtreréalisée et envoyée au laboratoire des services vétérinaires. Il est recommandéderéalisercesprélèvementsd’eauenété, quand les températures sont favorables au développement des germes, en respectant les conditionsdeprélèvementpréconiséesparlelaboratoire d’analyses(flaconstérile,hygièneduprélèvement,délai d’acheminementaulaboratoire...)

Tableau 1 : Critères physico-chimiques d’une eau potable pour les volailles.

Paramètres physico-chimiques Préconisations

pH 5,5 < pH < 6,5

Dureté (TH) 10 à 15 °F

Fer ≤ 0,2 mg/l

Manganèse ≤ 0,05 mg/l

Nitrates ≤ 50 mg/l

Nitrites ≤ 0,1 mg/l

Matières organiques ≤ 2 mg/l

Tableau 2 : Critères bactériologiques d’une eau potable pour les volailles

Paramètres bactériologiques Préconisations(germes par volume

d'eau prélevé)

Germes totaux à 22 °C à 37 °C

≤ 100 (dans 1 ml)≤ 10 (dans 1 ml)

Coliformes totaux 0 (dans 100 ml)

E. Coli fécaux 0 (dans 100 ml)

Entérocoques intestinaux 0 (dans 100 ml)

Bactéries sulfito-reductrices 0 (dans 20 ml)

L’applicationd’unprotocoledenettoyageetdedésinfectionefficace des canalisations lors du vide sanitaire et en cours de lot permet de limiter les pathologies digestives. Le protocole le plus fréquemment utilisé en volailles est le suivant:nettoyageavecunebase(dégraissage),rinçagesi possible sous pression, nettoyage avec un acide (détartrage),rinçageetdésinfection(chlore).ilnefautpasoublier de nettoyer et désinfecter le bac et les abreuvoirs. Leperoxyded’hydrogèneest autorisé.Pourplusderenseignementssurlesproduitsautorisés,seréféreràl’AnnexeiiouviiducahierdeschargesAb.

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Contrôle et nettoyage/désinfection des systèmes de distributions et de stockage des aliments danslecasd’unedistributionautomatiséedel’aliment,ilestimportantd’ajusterrégulièrement(idéalementàchaquelivraisond’aliment) le calibragede l’aliment (grammed’alimentdistribuéenuneminuteparexemple).enfonctiondelagranulationetdeladensitédel’aliment,lesquantitésdistribuées sur un temps donné peuvent changer. Le calibrage évite ces dérives. debonnesconditionsdestockagedel’alimentetdesmatièrespremièressontessentiellespourprévenir lescontaminations extérieures ou la mauvaise conservation de l’aliment.Lestockageetlescircuitsdoiventêtrepréservésdel’humidité,desrongeurs, insectesetoiseaux. ilestrecommandé de vidanger et nettoyer le stockage et les circuits une fois par an.

Contrôles des paramètres d’ambiance en élevageLe respect des températures de consignes en fonction del’âgedesanimaux,lamaîtrisedel’hygrométrieetdesvitessesd’air,laqualitédelalitière,lepréchauffagedesbâtimentsavantmiseenplace, laqualitéduprotocoledenettoyage-désinfectiondubâtimentsontégalementdesparamètres importantsàprendreencompteavecl’alimentationetlaqualitédel’eaudeboissonpourunemaîtrisedesperformancestechnico-économiques.

SourCeS BIBLIogrAPhIQueS

CrAPL et ITAVI, 2007.eaudeboissonenélevageavicole,unleviermajeurderéussite.

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Filières avicoles, hors-série 2015.L’éleveurde poules pondeuses.

ITAB, 2009. Cahier technique : Produire du pouletdechairenAb,itAb.

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