Quel Sens Au DD Dans l'Urbanisation Du Tiers Monde

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Jean-Claude Bolay, Yves Pedrazzini, Adriana Rabinovich QUEL SENS AU « DÉVELOPPEMENT DURABLE» DANS L’URBANISATION DU TIERS MONDE ? L e « développement durable » est devenu une réfé- rence incontournable dans la coopération interna- tionale, l’aide au développement, la gestion des affaires publiques, la promotion économique, la for- mation académique… La réflexion sur la ville en général et sur l’intervention urbaine dans les pays en développement n’échappent pas à cette reconfigura- tion conceptuelle. Face aux risques environnementaux que l’essor des villes du Tiers-monde engendre, la question de l’uti- lité d’un tel concept doit être posée. Les instruments traditionnels de la planification urbaine et de l’amé- nagement sont en situation d’échec en regard de l’am- pleur des problèmes posés par l’extension du proces- sus d’urbanisation, notamment l’augmentation de la ségrégation territoriale et la montée des inégalités socio-économiques. Le but de nombreux programmes de coopération scientifique de l’IREC 1 est de définir, à partir d’un diagnostic interdisciplinaire, les principes d’un amé- nagement urbain favorisant l’amélioration des condi- tions de vie des couches les plus démunies de la popu- lation urbaine, par exemple des nouvelles politiques de l’habitat en Bolivie (Bolay, 1998), en opérant la liaison entre politiques urbaines, dynamiques sociales et préservation de l’environnement, à l’instar des tra- vaux menés à Ho Chi Minh Ville (Bolay et Du, 1999 ; Bolay, 1998), au moyen de méthodologies cen- trées sur la participation des acteurs urbains et la concertation (Bolay et al., 1996 ; Bolay et al., dirs., 1999). Une recherche comparative, initiée il y a quelques mois dans trois agglomérations d’Argentine, de Boli- vie et de Cuba, a analysé trois formes d’innovations technologiques et institutionnelles en faveur de l’en- vironnement urbain, pour examiner quelles sont les tensions existant entre l’environnemental, le social et l’économique. Cette recherche s’interroge tout particulièrement sur les éventuelles disparités sociales pouvant naître du report sur les usagers du coût engendré par les inno- vations opérées 2 . L’urbain en développement dans le monde Parler de la ville latino-américaine dans le cadre conceptuel du développement durable, c’est évoquer un phénomène urbain singulier, résultat d’une longue histoire de cultures autochtones, de colonisation, d’in- dépendances et de métissage (Gilbert, 1994). Au fil du temps les établissements humains jouent un rôle tou- jours plus déterminant dans la distribution spatiale des hommes et des biens. D’anciens pôles d’échanges, de savoirs, de prises de décision, se renforcent ; de nou- veaux se créent. Conflits et violences, souvent, sub- mergent par leur immédiateté l’organisation du terri- toire et des réseaux sociaux et techniques propices à la vie en collectivité (Pedrazzini, 1995). Densification DÉVELOPPEMENTS ET COOPÉRATIONS 77 Ho Chi Minh Ville, les outils de la mobilité. Les Annales de la Recherche Urbaine n° 86, 0180-930-VI-00/86/p. 77-84 © METL. 1. Institut de recherche sur l’environnement construit, Département d’Archi- tecture, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Suisse ; CP 555, 1001 Lau- sanne. 2. La recherche « Environnement urbain et disparités sociales en Amérique Latine » est cofinancée par la Direction du Développement et de la Coopéra- tion suisse et l’EPFL, exécutée en partenariat avec la FADU-UBA, Buenos Aires, Habitat-Cuba, La Havane, et Pro-Habitat, La Paz.

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développement durable et l-urbanisation

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Jean-Claude Bolay, Yves Pedrazzini, Adriana Rabinovich

QUEL SENS AU «DÉVELOPPEMENTDURABLE» DANS L’URBANISATIONDU TIERS MONDE?

Le « développement durable » est devenu une réfé-rence incontournable dans la coopération interna-

tionale, l’aide au développement, la gestion desaffaires publiques, la promotion économique, la for-mation académique… La réflexion sur la ville engénéral et sur l’intervention urbaine dans les pays endéveloppement n’échappent pas à cette reconfigura-tion conceptuelle.

Face aux risques environnementaux que l’essor desvilles du Tiers-monde engendre, la question de l’uti-lité d’un tel concept doit être posée. Les instrumentstraditionnels de la planification urbaine et de l’amé-nagement sont en situation d’échec en regard de l’am-pleur des problèmes posés par l’extension du proces-sus d’urbanisation, notamment l’augmentation de laségrégation territoriale et la montée des inégalitéssocio-économiques.

Le but de nombreux programmes de coopérationscientifique de l’IREC1 est de définir, à partir d’undiagnostic interdisciplinaire, les principes d’un amé-nagement urbain favorisant l’amélioration des condi-tions de vie des couches les plus démunies de la popu-lation urbaine, par exemple des nouvelles politiquesde l’habitat en Bolivie (Bolay, 1998), en opérant laliaison entre politiques urbaines, dynamiques socialeset préservation de l’environnement, à l’instar des tra-vaux menés à Ho Chi Minh Ville (Bolay et Du,1999 ; Bolay, 1998), au moyen de méthodologies cen-trées sur la participation des acteurs urbains et laconcertation (Bolay et al., 1996 ; Bolay et al., dirs.,1999).

Une recherche comparative, initiée il y a quelquesmois dans trois agglomérations d’Argentine, de Boli-vie et de Cuba, a analysé trois formes d’innovationstechnologiques et institutionnelles en faveur de l’en-vironnement urbain, pour examiner quelles sont lestensions existant entre l’environnemental, le social etl’économique.

Cette recherche s’interroge tout particulièrementsur les éventuelles disparités sociales pouvant naître dureport sur les usagers du coût engendré par les inno-vations opérées2.

L’urbain en développementdans le monde

Parler de la ville latino-américaine dans le cadreconceptuel du développement durable, c’est évoquerun phénomène urbain singulier, résultat d’une longuehistoire de cultures autochtones, de colonisation, d’in-dépendances et de métissage (Gilbert, 1994). Au fil dutemps les établissements humains jouent un rôle tou-jours plus déterminant dans la distribution spatiale deshommes et des biens. D’anciens pôles d’échanges, desavoirs, de prises de décision, se renforcent ; de nou-veaux se créent. Conflits et violences, souvent, sub-mergent par leur immédiateté l’organisation du terri-toire et des réseaux sociaux et techniques propices à lavie en collectivité (Pedrazzini, 1995). Densification

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Ho Chi Minh Ville, les outils de la mobilité.

Les Annales de la Recherche Urbaine n° 86, 0180-930-VI-00/86/p. 77-84 © METL.

1. Institut de recherche sur l’environnement construit, Département d’Archi-tecture, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Suisse ; CP 555, 1001 Lau-sanne.

2. La recherche «Environnement urbain et disparités sociales en AmériqueLatine» est cofinancée par la Direction du Développement et de la Coopéra-tion suisse et l’EPFL, exécutée en partenariat avec la FADU-UBA, Buenos Aires,Habitat-Cuba, La Havane, et Pro-Habitat, La Paz.

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durable ». Mais l’histoire en est plus ancienne. Et sansrevenir sur l’éclosion, dès les années soixante, desmouvements écologistes dans de nombreux pays occi-dentaux, force est de reconnaître que, durant lesannées soixante-dix et quatre-vingt, de nombreusesinitiatives ont amené à une prise en compte politiquedes questions environnementales : créations d’asso-ciations, de partis, de ministères, se succèdent dansde nombreux pays. L’écologie est un véritable phéno-mène de société mais le lien avec la globalité, tantconceptuelle que géographique, reste à faire. Ce serale cas lors de la publication de ce qui est connucomme le rapport Brundtland (Our common future,Nations unies, 1987). Présidée par une ancienneministre de l’environnement norvégienne, la Com-mission sur l’environnement et le développement fixece qui est devenu le credo de la durabilité en posi-tionnant le développement sur deux axes :

– le développement n’est durable « que s’il garantitque les besoins de la génération actuelle sont satisfaitssans porter préjudice aux facultés des générationsfutures de satisfaire leurs propres besoins ».

– « la compatibilité à trouver entre les dimensionsécologiques, sociales et économiques du développe-ment », exige une diminution des risques et desdégradations environnementales, une transformationdans les valeurs et les comportements sociaux, unchangement d’orientation dans la production écono-mique de biens et de services (CIRio, 1995).

Ces postulats, débattus en parallèle par les Étatscomme par les organisations de la société civile, ont euun impact notoire tant sur le plan politique qu’institu-tionnel. Au niveau international, cette recherche d’unéquilibre durable entre dimensions à première vueantagoniques devient la clé de voûte de nombreusesinitiatives (que l’on penses aux différents sommets quise succèdent : le social à Copenhague, la femme à Bei-jing, la ville à Istanbul). Au niveau national et local, denombreux États édifient normes, indicateurs, règle-ments et programmes d’action censés donner corps àces principes (à partir de l’agenda 21).

La Commission du développement durable desNations unies (CDD) a ainsi établi une liste d’indi-cateurs fixant pour quatre secteurs (social, environ-nemental, économique, institutionnel) des facteursde causalité conçus pour permettre une évaluationcoordonnée du développement durable, à l’échelonglobal ou par pays (OFES, OFEFP, 1999). Beaucoupde discussions portent sur la faisabilité de cette ana-lyse au niveau national, certains critères paraissantdifficilement maîtrisables (souvent par manque de

résidentielle, fragmentation sociale des espaces habi-tés, marginalisation et sous-équipement, dégradationde l’environnement sont des signes de dysfonctionne-ment et de « sous-développement » (Rist, 1996). Cessymptômes du mal-être urbain en Amérique Latine serencontrent bien au-delà de ce continent.

Les nouvelles tendances à la globalisation écono-mique et les politiques de libéralisation de l’industrie etdu commerce confrontent chacun d’entre nous, y com-pris dans les villes du nord à cette même réalité urbaine :une société hautement technologisée et communica-tionnelle, mais en même temps chaotique et disparate ;une société dont la modernité ne vise pas une distribu-tion équilibrée entre citadins et groupes sociaux mais sedistingue par une dualisation accélérée entre des vain-queurs, toujours plus arrogants et omniprésents, et desmasses d’individus aux destins incertains, abandonnésdans les interstices de la mondialisation conquérante(Partant, 1976 ; Forrester, 1996). Si cette complexitéurbaine est débattue depuis des décennies dans les paysdu Sud, notamment en Amérique Latine où elle estdepuis longtemps un objet de luttes et de déchirementssociaux et politiques, il nous faut reconnaître qu’ellereprésente aujourd’hui, avec les caractéristiques propresà chaque contexte, un défi urgent à résoudre égalementdans les métropoles occidentales. Observer un slum deDelhi, une banlieue du Nord de Marseille ou une inner-city de Chicago nous renvoie aux mêmes probléma-tiques, toutes les villes étant, malgré leurs spécificitésculturelles, historiques et géographiques, dirigées pardes logiques socio-économiques, politiques et urbanis-tiques semblables (Harris et Fabricius, 1996).

Synonyme de progrès technique et sociétal dans lesannées cinquante, l’urbanisation ne peut plus actuelle-ment être considérée comme un phénomène univoque.Au contraire, son analyse nous entraîne dans un champde contradictions dont les principaux éléments sont :augmentation des richesses et concentration des pou-voirs bien que la population croisse et que s’étende ladémocratie locale ; extension spatiale du tissu urbainmais déficit dans l’aménagement pour l’accueil des nou-veaux résidents (approvisionnement en réseaux tech-niques de base : eau, assainissement ; services collectifs :transports, écoles, centres de santé). La métropolisations’accompagne d’une ségrégation territoriale et socialeet d’une détérioration de l’environnement bâti et natu-rel et des conditions d’existence de la majorité des cita-dins-citoyens (Bassand, 1998 ; Rossel et Bolay, 1993).

Vers une approchemultidimensionnelle de la réalité urbaine

Le fameux sommet de la Terre organisé par lesNations unies à Rio en 1992 marque l’entrée sur lascène médiatique du concept de « développement

3. Les pays de l’Union européenne et la Suisse concordent pour estimer queles domaines suivants sont insuffisamment couverts par le systèmes de l’ONU :Transports, rôle de l’économie privée, développement économique, biotech-nologies, tourisme, biodiversité.

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données adéquates), d’autres peu adaptés aux condi-tions spécifiques d’un pays, d’autres encore de lanomenclature effectuée par les Nations unies malgréleur pertinence aux yeux des chercheurs3.

L’urbain n’est pas absent de ce montage. Se réfé-rant au chapitre de l’Agenda 21 consacré aux établis-sements humains, deux types d’indicateurs sont pro-posés, les premiers afin de caractériser la force dumouvement en présence (avec principalement le tauxde croissance démographique urbaine) et l’état duphénomène (en précisant le pourcentage des popula-tions vivant dans des régions urbaines, la divisionentre établissements formels et informels, la superficiehabitable par tête d’habitant, le coût du logementrelatif au revenu) 4. A ces informations basiques sur laville peuvent être combinées d’autres données quipermettront de différencier les populations selon leurmilieu de vie : migrations ; revenus et taux de chô-mage ; systèmes d’assainissement et impact sanitaire,usages de l’eau ; gestion foncière ; gestion des déchetssolides et industriels ; tissu légal et réglementaire enfaveur de l’environnement.

Ces recommandations pratiques d’évaluation dudéveloppement durable sont aujourd’hui à l’œuvredans de nombreux pays et de nombreuses villes duTiers monde (Agenda local). Représentent-elles pourautant de véritables instruments de guidance urbaine,des outils d’aide à la décision tels que le voudraientleurs promoteurs internationaux ? La question resteouverte, dès lors que l’application de ces recomman-dations dépend de ressources humaines et financièresque peu de collectivités territoriales possèdent dansles pays du Sud. De plus, sorties de leur contexte,elles restent difficilement exploitables en termes degestion urbaine, car insistant peu sur les conditionsd’applicabilité des résultats. Comment mettre dès lorsen pratique les solutions envisagées afin de résoudreles inadéquations d’un développement durable ?

La dernière solution proposée par les maîtres àpenser la question environnementale n’est ni plus nimoins le « développement durable » lui-même,comme projet urbain global, situé au-delà des cli-vages idéologiques entre archaïsme et progrès, ouconstruit et naturel.

Cependant, la pertinence de cet usage urbain etglobal du concept de développement durable dépen-dra de son application concrète, non seulement auniveau global et urbain comme on peut s’y attendre,mais aussi au niveau de ce que Henri Lefebvre nom-mait « l’infime détail des jours », ce quotidien que l’onsouhaite également durable.

Pour évaluer la pertinence de cette extension« métropolitaine » du concept, autant que pour l’ins-crire dans la continuité des théories de l’urbain quil’ont précédé, un coup d’œil dans le rétroviseur del’urbanisme moderne n’est pas inutile…

Les tendances récentesde l’action urbaine

Face aux échecs des instruments traditionnels de pla-nification urbaine et d’aménagement du territoire, unepart importante de ceux qui «pensent et font la ville »estime qu’il est possible de contrecarrer les effets néga-tifs bien connus du processus accéléré d’urbanisation,

grâce à de nouvelles approches conceptuelles et de nou-veaux modes d’intervention. Actuellement, les termesde « projet urbain », « projet de ville », « planificationstratégique » ou « gestion environnementale urbaine »signalent quelques-unes unes des tentatives pour définirde nouvelles pratiques urbaines des professionnels, dansune certaine confusion. Il est réellement difficile dedonner un nom à une évolution urbaine que l’on qua-lifie de complexe mais qui reste en fait innommable, cequi ne doit pas être pris dans un sens négatif et stigma-tisant, mais comme un défi pour la pensée. Le projet

4. UNO Sustainable Development Indicators : http://www.un.org/esa/sust-dev/indisd/english/worklist.htm

Ho Chi Minh Ville, restes d’architecture coloniale.

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tie jusque dans les milieux les plus pauvres. L’innovationtechnologique doit être appréhendée dans une perspec-tive qui permette d’exploiter au mieux le potentiel destechniques et des matériaux appropriés aux particulari-tés de chaque contexte physique et social.

De multiples acteursLa nécessité d’intégrer de multiples acteurs aux

actions urbaines – pouvoir politique, société civile,organismes de financement, industries, techniciens,universitaires, chercheurs, habitants… – est générale-ment prônée. De fait, cette concertation entre acteursest indispensable à une gestion environnementaleurbaine qui doit participer de manière explicite à lalutte contre les discriminations économiques et sociales.Pourtant ce processus de négociation est rarement misen œuvre suffisamment, même en Europe, car leslogiques des acteurs ont tendance à franchement diver-ger au fil de l’action, en fonction des transformationsdu contexte et des relations de pouvoir qui s’y inscri-vent. L’actuel débat sur la mise en pratique du conceptde «gouvernance» 5 fait référence à la notion de parti-cipation citoyenne de tous les acteurs de la ville lors dela formulation et de l’adoption de tout «projet de ville».Mais la réalité est loin de répondre à l’ambition affichée.En matière de services publics, face au report des res-ponsabilités de l’État sur le secteur privé, le recherche denouveaux mécanismes de décision est la seule garantiedu maintien des droits des citoyens.

L’échelle des actionsCe changement de regard repose sur deux observa-

tions principales. La discussion «Plan contre projet » apermis d’arriver à un certain consensus en ce quiconcerne la nécessité de privilégier les « échelles inter-médiaires ». Face aux carences de l’urbanisme « global »et aux limites de l’architecture « de projet » en tantqu’instruments capables de définir des actions perti-nentes en milieu urbain, on s’est acheminé vers un trai-tement de « morceaux » de ville. En termes de plansstratégiques, ces morceaux ne sont abordés que commedes éléments de « compétitivité régionale », au détri-ment d’une vision d’ensemble.

Les instruments de l’actionLes projets ou instruments de régulation fixes ten-

dent à imposer des normes élaborées en fonction decontingences présentes (même en tenant compte des

urbain comme le projet de ville, et la planification stra-tégique des villes, sont au centre de nombreux débats,impliquant tous types d’acteurs. Quelle est dans cha-cune des approches la part novatrice, du point de vuedu développement durable, qu’est-ce qu’on peut consi-dérer comme un projet pour l’urbain ? Quatre grandesquestions nous paraissent incontournables dans l’ap-proche de la ville et de son devenir.

Les dimensions considéréesLa nécessité de prendre en compte, dans tout pro-

cessus urbain, ses multiples dimensions, semble êtreaujourd’hui établie. L’intérêt pour « l’urbain» et le choixde « l’intervention», qui en découle, ne dépendent pasde manière unilatérale de la volonté et de la pratiquedes architectes et des urbanistes, pas plus que des géo-graphes ou autres professionnels de la question spatiale.Chaque discipline doit participer à l’effort commun enpuisant au meilleur d’elle-même, à ce qu’elle a de plusspécifique dans la théorie comme dans la méthodologie,tout en comprenant la logique de « l’autre» discipline eten allant au-devant d’elle. Tout projet d’intervention en

milieu construit doit se prévaloir d’une ample visiondu champ qu’il va transformer, car c’est aussi un projetpolitique, social, économique, culturel, dont les mul-tiples facettes doivent trouver à se traduire en une stra-tégie globale. Pour cela, l’innovation environnementalene doit pas être réduite à ses seules dimensions phy-siques. Si l’urgence de la lutte contre la dégradation desressources naturelles implique forcément la recherche desolutions techniques immédiatement applicables, ilconvient d’être suffisamment ouvert pour intégrer leplus tôt possible une réflexion sur les enjeux socio-éco-nomiques, en évaluant quel sera le coût du «déborde-ment social» de ces opérations, une fois la facture répar-

Ho Chi Minh Ville, développement urbain récent.

5. Ce terme fait son apartion aux Etats-Unis dans les années quatre-vingt et apris plusieurs sens. Ici, nous l’utilisons au sens que lui donnent les analyses depolitiques urbaines (Ascher, 1995).

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projections possibles), et courent le risque de freiner lesévolutions potentielles, de les oublier ou de les dénatu-rer, ou, pire encore, de les vider de leur vrai contenunovateur. Il s’agit donc de produire les éléments derégularisation des forces en présence en instituant entreelles des relations procédurales sans réglementer etlimiter a priori leur action.

Les coûts de la gestionenvironnementaleet leur répartition

L’amélioration de l’environnement est cruciale pourle devenir des villes du Tiers-monde. Qualité de viecitadine signifie à la fois préservation des ressourcesnaturelles et du patrimoine bâti, mais également santédes individus, cohésion sociale et urbanité. A cetteaffirmation de principe – sur laquelle se rejoignent lesexperts (Hardoy, Mitlin, Satterthwaite, 1993 ; Atkin-son, 1999) – viennent se juxtaposer toute une séried’interrogations : quels sont les principes directeursqui vont guider cette action environnementale ? Quelssont les secteurs techniques à privilégier ? Quelles sontles populations devant bénéficier en priorité de cesaméliorations ? Quels en sont les coûts et commentceux-ci vont-ils être pris en charge par la collectivité ?

Les questions d’argent occupent dans le champ del’environnement une place essentielle. De philoso-phique, le débat écologique tend très nettement à deve-nir économique, puis, imperceptiblement, à devenirune affaire éminemment politique, puisque, on le sait,la question «qui paie, combien et pour quoi ?» n’est pasune question d’argent mais de pouvoir…

Dans la plupart des villes du Tiers-monde, lesréponses offertes à ces questions varient entre deuxpositions : l’une, minimaliste, considère les faibles res-sources financières des collectivités publiques, aveccomme conséquences les plus usuelles, de ponctuellesaméliorations des infrastructures existantes et le reportdes principales nuisances urbaines sur le plan régio-nal6 ; l’alternative tend à privilégier une approcheexclusivement technologique, réplication de solutionsvalables pour des villes occidentales et reproduites tellesquelles dans des contextes socio-économiques totale-ment distincts7. Souvent mises en place dans le cadrede projets de coopération internationale, ces innova-tions technologiques posent mal la question de leurdurabilité. La priorité des champs d’intervention, lagestion des matériels tout comme la formation des per-sonnels apparaissent secondaires, lorsqu’ils ne sont pastout simplement évacués, implicitement dépendantsde la pérennité des relations aux bailleurs de fondsinternationaux8.

Inscrites dans de tels liens de dépendance financière,ces transformations en faveur de l’environnementurbain font peu de cas du report de charge sur les usa-

gers ou des modalités de récupération des coûts. L’am-pleur des problèmes n’apparaît que lorsque ces équipe-ments et services sont remis aux collectivités publiques,en fin de projet. Se posent alors les véritables ques-tions de gestion urbaine. En effet, les solutions propo-sées, ainsi détachées de leur contexte, auront, à terme,des incidences directes sur l’organisation spatiale etsociale du territoire et des équipements urbains. Lesbudgets publics ne pouvant que très rarement intégrerde telles dépenses, les autorités reportent sans péréqua-tion sociale leur coût sur les bénéficiaires. Ce qui signi-fie très directement une augmentation des dépensesinhérentes au « vivre en ville », qui se traduit la plupartdu temps par de grandes disparités entre des citadinsayant accès à des services rémunérés (connexion domi-ciliaire aux réseaux d’eau potable, électricité, téléphone,transports collectifs, ramassage des ordures ména-gères, etc.) et d’autres qui vont « se débrouiller » pourles obtenir, sans garantie ni de qualité ni de conti-nuité9. Ce «partage du monde» se reproduit inélucta-blement au plan spatial, entre zones privilégiées(centres urbains et zones résidentielles de haut stan-ding) et quartiers d’habitat précaire sous-équipés etlivrés au «bon vouloir » de leurs populations, devenantbon gré, mal gré, les véritables constructeurs de la villecontemporaine, en Amérique Latine comme ailleurs(Pedrazzini, Bolay, Bassand, 1996).

Les pouvoirs publics se sont résignés à faire entrer enscène un nouvel acteur pour y occuper un rôle central,l’opérateur privé (UNCHS, 1993), acteur avec lequelles autorités locales établissent des partenariats dans desdomaines toujours plus nombreux. Cette présence, sielle est déjà ancienne dans certains pays européens (quel’on pense à la France et à l’administration des réseauxd’eau), se manifeste avec force désormais également enAmérique Latine. Les programmes d’ajustement struc-turel, entamés dès le début des années 80 sous l’injonc-tion du FMI et de la Banque mondiale, ont eu pourconséquence une réévaluation du secteur public en

6. Le traitement des matières contaminées et des déchets demeure l’exceptionplutôt que la règle. C’est ainsi qu’il apparaît que seuls 2 % des eaux uséessont épurées en Amérique Latine (World Bank, 1992).

7. Deux secteurs sont propices à ces transferts technologiques : le traitementdes ordures ménagères, réalisé par le biais d’équipements achetés (ou reçus)en Occident et peu adaptés aux voies de circulation, ni aux matières récoltées(pourcentage plus élevé de déchets compostables) ; le traitement des eauxusées par l’implantation de stations d’épuration extrêmement onéreuses enentretien et en frais énergétiques de fonctionnement.

8. Pour un état actualisé des investissements et secteurs d’intervention de lacoopération urbaine, lire : Milbert et Peat (2000)

9. L’exemple le plus visible est celui des connexions électriques «parachu-tées» (pour reprendre l’expression mexicaine) à partir des réseaux formels etqui, avec la connivence de fonctionnaires techniques, approvisionnent lapresque totalité des bidonvilles du Tiers-monde. Le même principe est appli-qué à Ho Chi Minh Ville, au Vietnam, où les possesseurs de compteurs d’eau,revendent par tuyaux plastiques l’eau à leurs voisins, moyennant une sub-stantielle augmentation du prix métrique de ce liquide.

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Le risque est immense que de telles règles du jeu,imposées à la gestion des agglomérations latino-améri-caines, ne se traduisent par une aggravation des dispa-rités sociales si des mécanismes correctifs ne viennentnuancer une interaction directe entre coût technolo-gique en faveur de l’environnement – récupération descoûts auprès des bénéficiaires – et capacités écono-miques des usagers les plus démunis. En l’absenced’une telle péréquation des coûts, il est fort probableque les fondements du développement durable nesoient plus assurés, et que le débat de société se trans-forme en simple querelle de mots, sans donner sens àl’équité affirmée entre les dimensions écologiques, éco-nomiques et sociales du développement.

Chaque innovation apportée à la gestion de l’envi-ronnement urbain, qu’elle soit technologique ou insti-tutionnelle, implique des investissements mais aussiune réorganisation des processus d’application. Ellepeut servir d’exercice pour l’analyse de ce qu’est aujour-d’hui le développement urbain durable. C’est l’enjeuapporté à la recherche menée par l’IREC en Argen-tine, Bolivie et Cuba sur « l’environnement urbain etles disparités sociales » : comprendre en quoi de tellesinnovations participent réellement à un développe-ment durable réel, c’est-à-dire au centre duquel serejoindraient des préoccupations sociales et uneconscience écologique, et évaluer à quel point cetterecherche d’équilibre peut permettre de supporter lesdynamiques économiques contemporaines, toujoursplus déterritorialisées, mobiles, ignorantes des contin-gences politiques et sociales.

Gestion urbaine en AmériqueLatine et développement social

Avec près de 80 % de la population vivant dans descentres urbains, l’Amérique Latine est directementconcernée par la dégradation des conditions de vieréservées aux couches citadines les plus pauvres (Che-valier, 1990 ; Pedrazzini, 1995). Culture métisse, la villecrée désormais une nouvelle organisation sociale de sonterritoire, née de l’urgence et de la nécessité (Pedrazziniet Sanchez, 1998). Les répercussions environnemen-tales de cet accroissement démographique et de l’ex-tension spatiale des territoires urbanisés sont connues :précarisation de l’habitat, insuffisance des réseaux tech-niques de base, pollution des eaux de surface et souter-raines, des sols et de l’air, avec des conséquences évi-dentes sur la santé des individus, l’organisation socialeet le développement économique (Bolay, 1995).

milieu urbain (Osmont, 1995), non seulement en termede réorganisation de l’administration générale mais éga-lement de restructuration des services techniques. Parsouci de rationalité et d’efficacité, de nombreuses com-pétences ont été déléguées à des entrepreneurs privés ou,plus brutalement, vendues à des grands groupes indus-triels nationaux ou étrangers en mesure d’assurer un ser-vice à la collectivité moyennant finances. Ces change-ments visent une optimisation dans le fonctionnementet la maintenance de secteurs clés du développementurbain (adduction d’eau potable, électricité, déchetssolides, transports) et, d’autre part et de façon plus impli-cite, une rentabilisation économique de certains secteursà haut potentiel de plus-value financière (à l’exemple dela téléphonie, de l’électricité ou de l’eau potable).

Si une telle évolution peut avoir des effets très positifssur la qualité de certaines prestations, mieux précisées,mieux réglementées et mieux conditionnées, elle doit

néanmoins être considérée comme un changementidéologique majeur, la gestion des infrastructures passantdu « service public» à une «offre marchande» dans unmarché le plus souvent monopolistique10, face auquel lesindividus passent du statut de citadins jouissant de droitd’usage citoyen à celui de consommateurs captifs.

L’aide humanitaire après un conflit local, Monrovia.

10. Si certains services, comme les transports collectifs ou la téléphoniemobile, peuvent laisser le champ ouvert à la concurrence, d’autres, exigeantde très lourds investissements, restent entre les mains d’un seul concession-naire, comme c’est le cas généralement pour le secteur de l’eau ou celui desdéchets solides.

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Les effets des grands débats internationaux sur l’en-vironnement et sur l’urbanisation, en particulier dessommets de Rio et de Istanbul, en 1992 et 1996, sefont actuellement sentir, tant sur le plan institutionnelque technique, par la mise en place de politiques natio-nales, régionales et locales et de plans d’action préser-vant les ressources naturelles et guidant les pouvoirspublics dans les priorités d’investissements en infra-structures urbaines.

La question demeure de l’application de telles poli-tiques et de leur cohérence. L’objectif est donc d’exa-miner, pour chaque projet d’amélioration de l’envi-ronnement urbain, l’incidence de ces changementstechnologiques et institutionnels sur le coût des ser-vices à la collectivité et leur report sur les usagers, enémettant à titre d’hypothèse qu’une approche stricte-ment technique du processus de réhabilitation urbainese répercutera par un accroissement des inégalités ausein de la population et par une accentuation de ladivision spatiale entre aires protégées et zones dépré-ciées, sur les plans écologique et social.

Pour contrer cette tendance technocratique en faveurde l’environnement urbain, un renversement de logiquedoit s’imposer, aussi bien dans la conception des projetsque dans leur réalisation. Pour cela, il faut passer radica-lement d’une approche verticalisée (top down approach) àune appréhension sociale des problèmes centrée sur lademande sociale et une analyse de la capacité des habi-tants à faire face aux transformations (bottom-upapproach). Un aménagement spatial et social cohérentdes agglomérations urbaines ne peut être envisagé à tra-vers des mesures ponctuelles et disparates, mais à partirde priorités clairement définies. En ce sens, la lutte contrela discrimination sociale et économique, phénomènerécurrent dans les villes latino-américaines, doit êtreconsidérée comme un axe prioritaire de l’aménagementurbain. Pour cela, il faut favoriser la négociation entreacteurs urbains : autorités publiques et organisationsd’habitants, milieux privés et associatifs (Bolay, 1996).

Le développement durable du projet urbain

L’étude de l’impact social des innovations technolo-giques, débutée simultanément en Argentine, en Boli-vie et à Cuba dès janvier 1999, nous donne l’occasionde porter un regard critique sur des opérations encours, qu’elles traitent de l’habitat, de la gestion desdéchets solides ou de l’organisation du secteur eau dansdes contextes spécifiques de l’Amérique Latine : émer-gence des organisations non gouvernementales commeagents supplétifs aux institutions publiques et privéesdans la gestion du patrimoine urbain ; mise en place deréglementations visant une démocratisation de la viepublique et un renforcement des collectivités territo-riales locales et régionales ; partenariat public – privéau profit d’une plus grande efficacité dans l’organisa-tion des services urbains…

À chaque fois, la question demeure : comment cesinnovations technologiques et institutionnelles enfaveur d’une meilleure préservation de l’environne-ment se répercutent-elles sur les populations ditesbénéficiaires de ces changements ? En quoi ces proces-sus d’innovation nous apparaissent-ils comme desmoteurs de transformation globale des sociétésurbaines des pays du Sud, privilégiant un développe-ment équilibré entre dimensions sociale, écologique etéconomique de la dynamique urbaine ?

Peut-être peut-on considérer le « développementurbain durable » comme le « projet stratégique » – cequi bien évidemment a déjà été pensé par d’autres – etce à l’intérieur d’une vision ascendante du social, endonnant ainsi la priorité aux pauvres des grandes villespour être candidats aux privilèges à venir du dévelop-pement technologique et de son inscription urbaine.

Jean-Claude Bolay, Yves Pedrazzini,Adriana Rabinovich

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Jean-Claude Bolay, sociologue, docteur en sciences politiques, et Yves Pedrazzini, sociologue, docteur es sciences, sontchargés de cours à l’Institut de recherche sur l’environnement construit de l’École polytechnique fédérale de Lausanne.Adriana Rabinovich, architecte-urbaniste, docteur es sciences, est collaboratrice scientifique de l’IREC.< [email protected]>