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Quartier libre automne-hiver 2020-2021 123 JOURNAL DE LA MAISON DE QUARTIER DE SAINT-JEAN www.mqsj.ch édito L e confinement, par l’arrêt brutal des activités, a été certes drama- tique pour toute une frange de la population. Mais il a également ouvert un espace d’utopies que seul un ralentissement de notre activité effrénée était en mesure de réaliser. Oui, mais après ? Force est de constater que, pour l’instant, le déconfinement a généré plus d’actions visant à très vite retrouver de temps ou la peur de ne pas être à la hauteur d’un engagement associatif, sont fréquentes. D’autres peuvent naître d’une perte de la motivation, lorsque les appels à participer sont de toute évidence un alibi pour discuter de projets déjà ficelés. À ce sujet, la contribution de Nicolas Künzler, du Forum1203, est éloquente. La crise provoquée par le Covid-19 est éga- lement susceptible de démotiver l’enga- gement. Comme toute crise majeure, la pandémie a entraîné un accroissement du pouvoir de l’État. Nous ne contestons pas le bénéfice de cette intervention dans certains domaines ou situations d’urgence. Par contre, nous doutons que dans d’autres domaines, à l’image de l’anima- tion socioculturelle, l’État puisse se sub- stituer à l’expertise des habitants et se passer du formidable potentiel d’enga- gement bénévole, qu’il s’agit au contraire de valoriser. Alors, au sortir de cette étrange période de confinement, un seul conseil : engagez-vous ! La rédaction le monde d’avant que de réelles initiatives proposant de faire autrement. Et si le cheminement vers plus d’humanité passait par davantage d’engagement citoyen ? L’engagement dans le quartier est juste- ment le thème du dossier de ce Quartier libre. Notre ambition est, d’une part, d’abor- der des exemples concrets de réalisations présentes et futures issues d’engagements citoyens dans le quartier. D’autre part, ce dossier amorce une réflexion sur les rai- sons qui nous font passer, nous citoyens, de la fréquentation d’activités – consom- mateur, dirions-nous – à l’engagement, soit une position d’acteur dans son propre quartier. Des sociologues se sont penchés sur la question, des animateurs sociocultu- rels également, à l’image de Xavier Gilloz, responsable de l’équipe de la Maison de quartier de Carouge, que nous avons interviewé. Au final, si l’on constate que des impulsions peuvent être données pour provoquer davantage d’engagement, on remarque également que des barrières dé- couragent. Certaines, comme le manque dossier pages 2-8 la vie du quartier pages 9-11 activités de la MQSJ pages 12-16 L’engagement dans le quartier Durant le confinement, qui parmi nous n’a pas imaginé des lendemains fondamentalement différents ? Ces rêves d’un monde plus juste, d’une société plus consciente des inégalités qui la lézardent, d’une humanité plus sensibilisée aux enjeux du changement climatique ont provoqué des dizaines de milliers d’articles et de prises de position dans les médias et ont agité les conversations entre amis. Dessin Zep

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Quartier libre automne-hiver 2020-2021

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JOURNAL DE LA MAISON DE QUARTIER DE SAINT-JEAN www.mqsj.ch

é d i t o

Le confinement, par l’arrêt brutaldes activités, a été certes drama-tique pour toute une frange de lapopulation. Mais il a égalementouvert un espace d’utopies que

seul un ralentissement de notre activitéeffrénée était en mesure de réaliser. Oui,mais après? Force est de constater que,pour l’instant, le déconfinement a généréplus d’actions visant à très vite retrouver

de temps ou la peur de ne pas être à lahauteur d’un engagement associatif, sontfréquentes. D’autres peuvent naître d’uneperte de la motivation, lorsque les appelsà participer sont de toute évidence unalibi pour discuter de projets déjà ficelés.À ce sujet, la contribution de NicolasKünzler, du Forum1203, est éloquente. Lacrise provoquée par le Covid-19 est éga-lement susceptible de démotiver l’enga-gement. Comme toute crise majeure, lapandémie a entraîné un accroissement dupouvoir de l’État. Nous ne contestonspas le bénéfice de cette intervention danscertains domaines ou situations d’urgence.Par contre, nous doutons que dansd’autres domaines, à l’image de l’anima-tion socioculturelle, l’État puisse se sub-stituer à l’expertise des habitants et sepasser du formidable potentiel d’enga-gement bénévole, qu’il s’agit au contrairede valoriser.

Alors, au sortir de cette étrangepériode de confinement, un seul conseil :engagez-vous !

La rédaction

le monde d’avant que de réelles initiativesproposant de faire autrement. Et si lecheminement vers plus d’humanité passaitpar davantage d’engagement citoyen?L’engagement dans le quartier est juste-ment le thème du dossier de ce Quartierlibre.

Notre ambition est, d’une part, d’abor-der des exemples concrets de réalisationsprésentes et futures issues d’engagementscitoyens dans le quartier. D’autre part, cedossier amorce une réflexion sur les rai-sons qui nous font passer, nous citoyens,de la fréquentation d’activités – consom-mateur, dirions-nous – à l’engagement,soit une position d’acteur dans son proprequartier. Des sociologues se sont penchéssur la question, des animateurs sociocultu-rels également, à l’image de Xavier Gilloz,responsable de l’équipe de la Maison dequartier de Carouge, que nous avonsinterviewé.

Au final, si l’on constate que desimpulsions peuvent être données pourprovoquer davantage d’engagement, onremarque également que des barrières dé -couragent. Certaines, comme le manque

dossierpages 2-8

la vie du quartier

pages 9-11activités de

la MQSJpages 12-16

L’engagement dans le quartierDurant le confinement, qui parmi nous n’a pas imaginé des lendemains fondamentalement différents? Ces rêves d’un monde plus juste, d’une société plus consciente des inégalités qui la lézardent, d’une humanité plus sensibilisée aux enjeux du changement climatique ont provoqué des dizaines de milliersd’articles et de prises de position dans les médias et ont agité les conversations entre amis.

Dessin Zep

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L’engagement

L’idée d’engagement est plus que jamais d’actualité S’engager pour donner un coup de main, un jour, pour l’organisation d’une fête ou d’une distribution de nourriture aux plus démunis? S’engager pendant toute l’année dans une association sportive, culturelle, sociale?«C’est devenu trop difficile !, entendons-nous souvent. Avant, c’était possible, mais le contexte a changé, les gens n’ont plus le temps… C’est du reste pour cela qu’on ne trouve plus grand monde dans les associations.» Ce constat, souvent répété, est-il aussi pertinent qu’il en a l’air? Ne mérite-t-il pas d’être nuancé?

Certes, le temps nous file deplus en plus entre les doigts.Lorsqu’on a la tête sous l’eauavec les obligations familialeset professionnelles ou qu’il

faut juxtaposer plusieurs emplois pourrécolter un salaire minimal, il est évidentqu’il n’y a guère de place pour un enga-gement ailleurs, pour les autres, pour lebien public. Mais, c’est aussi lorsqu’on estacculé qu’on prend conscience que c’estun contexte, un ordre social qui nous metla tête sous l’eau et que la nécessité dechanger cet ordre social prend, pour cer-tains, toute sa signification. Le temps àdisposition est certes un élément impor-tant pour permettre un engagement, maispas décisif. Ce qui importe alors, c’est unétat d’esprit qui nous rend disponiblepour aller défendre une cause ou rendrepossible une activité. On glisse alors du«pouvoir» au «vouloir» s’engager.

Qu’est-ce qui nous pousse à «vouloir»nous engager? Les sociologues et anthro -po logues relèvent le fait d’en retirer du plai-sir, d’y ressentir une meilleure reconnais-sance de soi, de se sentir utile… C’est leretour sur soi de l’engagement. Mais pourse lancer, il est nécessaire surtout de se sentir disponible pour une ou des actionsqui font sens. Xavier Gilloz montre bien,dans sa recherche pour son travail demaster, l’importance de ces différentsfacteurs (voir son interview ci-contre).

Dès lors, il est trop simple d’expliquerla soi-disant crise actuelle de l’engagementpar le manque de temps. Et s’il s’agissaitbien davantage d’une absence de sens

dans le contexte social et politique actuel?En effet, pourquoi s’engagerait-on alorsque les pouvoirs en place nous y encou-ragent de moins en moins, l’idéologie du«qui paie commande» laissant peu demarge de manœuvre pour les initiativesassociatives? Pourquoi s’engagerait-onalors que les exigences administrativesdeviennent de plus en plus tatillonnes etchronophages, tant sur le respect des

normes que sur les exigences pour obtenirun appui (contrat de prestations, objec-tifs annuels, évaluation…)? Pourquoi s’en-gagerait-on dans un contexte général quifait la promotion d’un consumérisme indi-viduel exacerbé et d’une délégation depouvoir à des leaders charismatiques donton espère qu’ils résoudront tous les pro-blèmes? Pourquoi s’engagerait-on dansdes institutions ou associations tradition-

nelles qui ont pu s’encroûter et tournerun peu à vide?

Difficile de dire si, dans un tel contexte,il y a moins de gens concernés par lesautres et par l’idée de « faire société» ous’il est moins évident de trouver où etcomment s’engager. Jean-Claude Gillet faitremarquer que ce qui a changé en toutcas, c’est le mode d’engagement : on estpassé, dit-il, d’un engagement à la carte – fini le temps où l’on prenait la carte d’unparti ou d’un club qui était du reste sou-vent celui de la famille – pour passer à unengagement «timbre poste»: on s’engagedorénavant pour une cause, sur un tempsdéfini par la cause elle-même. N’est-il pasencourageant de voir tous ces jeunes en -gagés pour le climat ou de voir émergerces nouveaux modes d’action, flashmobspar exemple? Cela permet même d’en-courager des comportements d’engage-ments provisoires, ce que les sociologues nomment engagement exploratoire, mo-tivés par la curiosité, la nouveauté, l’exci-tation et qui offrent, en même temps, unvéritable vivier de futurs engagés.

Dès lors, au lieu de se crisper sur desconceptions de l’engagement qui ne re -tiennent que la modalité du «pouvoir»s’engager, réfléchissons plutôt aux condi-tions qui permettraient de faciliter l’en-gagement en travaillant sur le sens desactions et la disponibilité des acteurs.Considérons alors, comme le philosopheJohn Dewey, que l’espace public se compose et se recompose d’une part enfonction des «problèmes» qui y sont sou-levés, formulés, et parfois élucidés, et,

Dans le quartier, quelques réalisations dues à l’engagement citoyen. Ici, le petit parc vers la crèche, à la rue de Saint-Jean.

Le terrain de sport, sur les voies couvertes. Le Pavillon Cayla et son atelier de réparation de vélos.

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dans le quartier

d’autre part en fonction des publicsconcernés par les conséquences deces problèmes. Dès lors, le premierdéfi pour toute association qui prônel’engagement des habitants, commecelle de la Maison de quartier deSaint-Jean, est de favoriser les liens,les échanges, l’information pour per-mettre, chez le plus grand nombre, lacompréhension de ce qui se joue et lesentiment de se sentir concerné. C’estdu reste le but principal de ce journal.

Il convient ensuite de donner lapossibilité à toute personne concer-née de sentir qu’il y a une préoccupa-tion ou un désir collectif autour duproblème évoqué. Former donc unpublic de «rassemblés» avec la possibi-lité pour celles et ceux qui se sententdisponibles de s’emparer activementdu problème, d’en débattre, d’ima -giner des solutions, de devenir alorsdes «contributeurs», comme le ditFederico Tarragoni.

Favoriser l’engagement, c’est ad -mettre que chacun ne peut pas s’en-gager sur toutes les causes et à toutmoment de la même manière et avecla même intensité. C’est donc accueillirchacun avec ses disponibi lités et sesenvies. Il y a plusieurs années que laMaison de quartier de Saint-Jean s’estpenchée sur cette question : commele fait de s’engager dans le comitépeut paraître une tâche trop lourdepour certain·e·s, d’autres espaces sontalors ouverts : des commissions, sortesde mini-comités consacrés à un seulchamp de préoccupations et de pro-jets, l’accueil des enfants ou l’organisa-tion des Anti brouillards ou la commu-nication, par exemple. Mais on peutaussi s’engager plus ponctuellementpour donner un coup de main ici ou là.Et on peut aussi dire qu’on se sentsimplement «concerné», mais sansavoir forcément de disponibilité dansl’immédiat : on s’engage alors à deve-nir «membre» de l’association, à sou-tenir l’idée même de son existence etses buts.

Plus que jamais, l’idée d’engage-ment dans son quartier, pour sa villeou pour le monde à partir de sonquartier, est d’actualité. Durant cescinquante dernières années, la sociétéa grandement évolué: creusement desinégalités, augmentation démogra-phique, montée des individualismes,avec des effets comme les change-ments climatiques et les atteintes à la biodiversité… Les forces en œuvreconduisent à un émiettement de la so -ciété exposée à des risques d’isolementdes populations les plus vulnérables,de ségrégation, de ghettoïsation.«Faire société» reste indispensable etça ne tombe pas du ciel. Or, une desmeilleures manières de faire démo-cratie et de faire du lien, c’est de per-mettre aux habitant·e·s de s’engageractivement dans des projets collectifsqui font sens pour eux. C’est pour favo-riser de tels engagements qu’existent,entre autres, les maisons de quartier.

Pierre Varcher

De la fréquentation à l’engagementComment passe-t-on de la fréquentation des animations proposées par les maisons de quartier ou les centres de loisirs à l’engagement au sein d’une association dequartier? Et quel est le rôle de l’animateur socioculturel dans ce cheminement?Le point avec Xavier Gilloz, 35 ans, animateur socioculturel depuis 2012,responsable de l’équipe de la Maison de quartier de Carouge (MQC) et qui a consacré son mémoire de master en Travail social à la question de l’engagement*.

Où situes-tu l’engagement par rapportà la fréquentation?

– Je dirais que l’engagement est unrésultat possible de la fréquentation desactivités ou actions d’animation sociocultu -relle. C’est pour essayer de cerner ce mé -canisme que j’ai dédié mon mémoire demaster à ce sujet. Le point de départ dema recherche sur l’engagement est uneexpérience de terrain menée à Carouge,dans le quartier de la Fontenette, en facede la piscine. Il y a quelques années, lorsd’une assemblée générale de la MQC, unehabitante de ce quartier s’était plainte dumanque d’action de l’association dans sonsecteur. Ainsi, un événement y avait étéorganisé lors du 50e anniversaire de laMQC. Puis, lorsque nous avons appris quetoute une série de petits bâtiments vé-tustes des années 1960 allaient être rem-placés par de grands immeubles, le comitéa souhaité proposer un projet d’animationde proximité pour accueillir les nouveauxhabitants. Une des finalités visées était lamobilisation d’habitants, soutenue par lecomité et les professionnels en vue d’ob-tenir des lieux de rencontres, par exemple.Nous sommes allés dans le quartier aveccette intention, en partant de zéro. Noussouhaitions faire de l’animation totale,c’est-à-dire que tout devait être partici-patif dès le début. Notre outil, c’était untriporteur, et nous savions d’expérienceque les personnes qui participent le plusspontanément, ce sont les enfants. Quel -ques jeux et ils sont déjà là, pleins d’idéesdès qu’il s’agit de décider quoi faire en -semble. Souvent des adultes gravitent au -tour, des parents principalement. Il suffit desortir du café, du thé et les gens viennentà la rencontre, pour savoir qui nous sommes.Dans l’intention, en allant à la rencontre deshabitants, nous voulions leur donner la pa -role, estimant que ce sont eux les expertsde leur quartier afin de mieux orienter lesactions proposées. Mais l’élan associatif aété très dur à concrétiser. Après quatre oucinq ans, nous disposions de suffisammentde coups de mains dans les fêtes de quar-tier – les gens aident facilement à disposeret ranger les tables, font facilement àmanger par exemple – mais nous n’arri-vions pas à concrétiser la formation for-melle d’une association, ou d’un collectif.J’ai alors proposé au comité de la MQC defaire mon travail de master sur ce projet.Je souhaitais profiter de ma formationpour essayer de répondre à cette énigmede terrain, le passage de la participation àl’engagement, grâce à la posture critiqueque permet la recherche.

On perçoit derrière la démarche dansce quartier une visée plus large quejuste la fréquentation. N’y a-t-il pas lavolonté de rendre les habitants acteurs

de leur propre quartier sur des pointsqui les intéressent? Et quels sont les habitants qui vont s’engager?

– Oui. Les habitants sont d’abord «usa-gers», même si je n’aime pas ce terme, audébut parce qu’ils viennent boire un caféet profiter de la convivialité offerte par laprésence des professionnel·le·s. À partirde là, c’est à la fois une pratique et un défide rendre les habitants acteurs de leurpropre activité. Alors, vous imaginez bienque le chemin vers l’engagement associa-tif est tout sauf simple. En effet, ma re -cherche m’a montré que bien des genséprouvent des craintes de s’engager ausein d’un comité ou d’un groupe actif dansune association : crainte de ne pas être àla hauteur, de la lourdeur des séances, etbien d’autres préjugés qui freinent l’enga-gement formel. Mais en observant monpropre comité, je constate qu’il peut yavoir des éléments facilitateurs aussi : desgens viennent parce qu’une connaissanceles a invités, par exemple.

Cela ne plaide-t-il pas pour dire qu’il y a dans la vie des occasionsd’accrochage à l’engagement?

C’est ça. Et j’ai pu le constater de ma -nière inductive, à travers les personnes ren-contrées pour mener à bien ma recherche.La socialisation de l’engagement est lepremier élément d’accroche. C’est en quel -que sorte l’éducation, le milieu familial oules activités annexes. Si on vient d’unefamille engagée, on aura davantage desensibilité à l’engagement. Mais ça ne ga -rantit rien. Le deuxième élément vient dela résonance personnelle de l’action pourlaquelle on se propose de s’engager. À unmoment de sa vie, une action peut prendreun sens particulier et là, c’est comme sion cassait une barrière entre le non-enga-gement et l’engagement. Le troisièmeélément est la disponibilité. On peut êtrehyper-sensibilisé à une action, comprendreson sens, mais si on n’est pas disponibledans sa tête et dans son temps, on n’y vapas. Le dernier élément est l’expérience :on a tous donné un petit coup de maindans une fête de quartier ou d’école et, àun moment donné, ces petits bouts d’ex-périence positive d’engagement – par lavalorisation de l’acte d’aider – mis bout à bout, forment un terreau fertile pour unengagement plus formel.

N’y a-t-il pas différents registresd’engagement? Ne peut-on pas faire une différence entre s’engagersimplement pour donner un coup de main et s’engager pourvéritablement créer du lien dans le quartier, ce que le sociologue Laurent Thévenot appelle« l’engagement justifiable»?

– C’est une question que nous noussommes posée dans ce quartier. Si les re -gistres d’engagement sont multiples etdifférenciés, il faut prendre en compte éga-lement que l’évolution de la société laissede moins en moins de temps à la plupartdes gens pour s’engager. Dans le cadreprécis de ma recherche, nous sommes dansun quartier où les gens ont des revenusfaibles, des situations professionnelles quipeuvent changer très vite. Je ne m’engagepas dans un comité de quartier, si je n’enperçois pas totalement le sens. La forma-lisation de l’engagement en associationde quartier – ce qui m’intéressait particu-lièrement – génère des a priori. Certainespersonnes n’estiment tout simplement pasavoir les compétences pour s’imaginermembre d’un comité qui se veut représen-tatif d’un quartier. L’associatif génère éga-lement des a priori qui sont assez valables:ça prend du temps ; ça demande unegrande rigueur ; ça demande toute uneorganisation, une compréhension des ar -ticles de loi, des réunions de comité. Bref,ça prend un temps fou. Dès lors, les pra-tiques d’animation socioculturelle visantl’engagement consistent à débuter pardes petites choses qui peuvent intéresser– organiser des sorties ou des fêtes dequartier par exemple – dans lesquelles leshabitants sont invités à s’investir à partir deleurs compétences ou de leurs intérêts.

Mais comment faire pour aller plus loin,pour que la sortie ne suffise pas à elle-même et que certains se disent : «Cette sortie, ça a créé du lien et là-dessus on va pouvoir fonder uneassociation pour le maintenir»?

– C’est là toute la complexité lorsqu’onest téléporté dans un quartier et qu’on doitcommencer le travail avec comme idéal,ou comme finalité, de mobiliser des habi-tants associativement. Nous avons nos a priori d’animateurs en nous disant que lechemin associatif est presque obligatoirepour aboutir à quelque chose. Mais nousdevons rester humbles : il y a des gens quine veulent s’engager que pour la fête desvoisins ou pour un festival. Nous devonsaccepter cela. Être acteur de dé mocratied’un quartier, ça signifie réfléchir sur lesespaces et les formes d’engagementspossibles et laisser ensuite les personnesfaire ce qu’elles ont envie de faire. L’ani -mation socioculturelle, c’est d’abord res-pecter la libre adhésion des individus.

C’est paradoxal. D’un côté tu dis : « Il faut laisser les personnes dans leur registre d’engagement», maisd’un autre côté : «J’ai tout de mêmeune finalité en qualité d’animateur,c’est de permettre à un maximum degens de passer au niveau du registre

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de l’engagement justifiable».Comment faire en sorte que les gens puissent passer dans un registre plus large, sans les décourager?

– Je mets la libre adhésion au centre.Ma croyance est qu’ensuite, il y a natu-rellement des gens qui vont vouloiragir de manière plus conséquente etque le reste se fait de façon asseznaturelle. L’autre élément consiste àexpliquer qu’un comité, une association,ce n’est pas forcément si compliqué.On peut créer une forme d’associationqui nous ressemble, c’est nous qui nousdonnons nos règles. La formalisationde l’engagement peut finalementprendre diverses formes. Il existe descollectifs, des groupements, des com-missions, comme à la Maison de quar-tier de Saint-Jean par exemple. Lacommission est un modèle qui fonc-tionne parce que les personnes quis’engagent n’ont pas à prendre encharge le travail administratif, de ges-tion des comptes propres aux asso-ciations. La commission a une formede perméabilité : je peux y venir et enpartir. Si j’ai signé les statuts d’uneassociation, ou en suis le trésorier, jene peux pas disparaître du jour au lendemain. Un des moteurs de l’enga-gement est justement le plaisir queprocure, par exemple, la participationaux commissions : tu veux monter unefête, un festival, tu le proposes. Lescommissions fonctionnent car il y a unrôle de soutien de l’animateur qui sou-lage les individus de tout un travailtrès formel qu’ils n’ont pas forcémentenvie de faire.

Pour permettre l’engagement, il fautégalement vivre des expériences po -sitives. L’animation, par l’accueil librenotamment, permet la création d’unespace participatif, propre à générerces expériences. Clairement, les mai-sons de quartier peuvent permettre auxpersonnes de devenir de véritables ac -teurs dans les projets qui leur tiennentà cœur et ainsi monter en généralitédans leur engagement. Ma recherchemontre qu’en ce sens l’accueil librepeut être assimilé à un espace desocialisation secondaire à l’engage-ment. Faire vivre des espaces partici-patifs, donner la possibilité aux gensde choisir quel repas on fait, quellesortie on fait, tout ce travail, qui est lechamp de l’animation socioculturelle,construit des expériences positiveslorsque l’implication des personnesdans les actions qui les concernentaboutit à un bon souvenir. Noussommes comme des jardiniers : noustravaillons à préparer la terre en yinsufflant un terreau fertile, et après,ce qui pousse, nous verrons bien. Maisce dont je me suis rendu compte enmenant ma recherche dans ce quartierde Carouge, c’est que le processusmenant à la création d’une associationou d’un collectif prend énormémentde temps et dépend d’un facteuressentiel : le lien de confiance entreles habitants et les professionnels.

Propos recueil l is par Gérard Duc

*Xavier Gilloz, S’engager pour un quartier.Regards d’habitants sur différentes formesd’engagement et sur les pratiques mobilisatricesd’animation socioculturelle, master of artsHES-SO en Travail social, août 2019.

L’engagement

La Fraîche: ouverture prochained’un bistrot associatifCela fait quelque temps que le café-restaurant en face de la bibliothèque sur lacouverture des voies a arrêté de fonctionner. Sa terrasse était pourtant devenue un lieu de rendez-vous prisé des habitants. Bonne nouvelle : comme la Coopérative Renouveau de Saint-Jean/Les Voies Couvertes a trouvé de nouveaux partenaires, ça va redémarrer ! Et pas n’importe comment : un bistrot associatif où toutepersonne intéressée pourra s’impliquer. Un nouvel exemple d’engagement dans le quartier ! Interview avec les porteurs du projet, Coline, Sabrina et Oskar.

En deux mots, La Fraîche, c’est quoi?– La Fraîche est un bistrot associatif de

quartier. Nous avons trois grandes priori-tés : la bouffe, les gens et les idées. Nousallons bénéficier d’une belle arcade quenous loue la Coopérative Renouveau deSaint-Jean et nous souhaitons mettre àdisposition un espace sympa, réfléchi etsurtout collectif.

Concrètement, ça va se passer comment?– Concrètement, on sera un bistrot !

(Rires) On aura un plat du jour à midi, desapéros, à manger le soir et des brunchs leweekend, le tout suivant les saisons. Onproposera une cuisine simple, locale et

savoureuse, de la bonne bière et du bonvin d’ici. On a envie de s’émanciper autantque possible de la production animale.Sans être végane, disons que, quand onpourra s’en passer, on s’en passera. Unecuisine de bon sens, flexitarienne, qui necrache pas sur une tomme ou sur un sau-cisson à l’apéro, mais qui regarde versl’avenir.

D’autre part, on est une association. Leshabitant·e·s de Saint-Jean ont la possibilitéde proposer des projets qui concordentavec nos buts. On espère voir naître uneprogrammation musicale par exemple, desateliers, des activités qui incluent les voisin·e·s et les enfants de tous âges…

On va démarrer et voir ce qu’insufflentles membres, on veut que les habitant·e·saient une place dans la vie de ce stamm.Et puis on ne peut pas tout faire nous-mêmes ! (Rires)

Comment se traduit l’engagementdans votre projet ?

– Il a toujours été évident que la Fraîchedevait être associative. Cela veut dire qu’onne peut pas s’enrichir sur le projet. Ce quinous pousse à travailler bénévolement de -puis plus de deux ans, c’est l’idée d’unecuisine de quartier permettant aux gens dese rassembler et de s’amuser dans un es -pace mixte où l’on peut imaginer plein dechoses. Ensuite, il faudra faire tourner labaraque, payer les gens qui bossent etfaire face à la demande du public, ontrouvera une manière de faire convergertous ces éléments.

Qui est à l’initiative de ce projet? – Nous sommes trois habitant·e·s du

quartier, à un tournant de nos vies, qui ai -mons manger, boire, rigoler et passer dutemps avec nos ami·e·s et notre famille.On avait envie de professionnaliser tout çaet on a proposé un projet à la Coopéra -tive, qui a créé un groupe de travail pourpermettre à un tel bistrot de voir le jour.On travaille en collaboration avec eux etelles depuis le début.

Et maintenant?On est en train de planifier les travaux

et finaliser l’administratif. Depuis la soiréede soutien du 27 juin dernier, on est sou-vent sollicité·e·s par les habitant·e·s quiveulent s’engager dans le projet, c’est trèsencourageant. Il y a deux façons de s’en-gager : chacun·e peut devenir membre de l’association et participer à affiner leprojet. Et on peut aussi nous soutenirfinancièrement : on va en effet lancer unerecherche de fonds participative dès le 7 novembre sur la plateforme Impact desSIG (www.sig-impact.ch). Concrètement,on espère ouvrir courant février.

Le mot de la fin?– On se réjouit de pouvoir vous accueil -

lir dans notre arcade et allumer la machineà café ! (Rires)

Celles et ceux de La Fraîche :Coline, Sabrina et Oskar

La soirée de soutien du 27 juin 2020.Photographie La Fraîche

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dans le quartier

En 1998, lorsque quelques mamans fondèrent la ludothèque 1-2-3…Planète!La ludothèque installée dans le quartier de l’Europe est exemplaire. Elle est issue de l’engagement persévérant de quelques mamans du quartier. Au-delà, sa trajectoire démontre aussi bien les possibilités non négligeablesoffertes aux habitants qui veulent s’engager, que la capacité de ceux-ci à apporter du lien social, grâce à la connaissance intime de leur quartier.

En 1997, le quartier de l’Europeest à peu près terminé. Ne man-quent que les bâtiments adminis-tratifs prévus le long de la rue deLyon et au sujet desquels une

polémique couve au sein du Conseil muni-cipal. Certains élus y voient une bonne solu-tion pour isoler les immeubles du bruitintense provoqué par le trafic de la grosseartère ; d’autres n’y voient qu’un pis-aller,consistant à ne pas s’attaquer au vrai pro-blème, soit celui de la transformation, au fildes ans, d’une rue en véritable autorouteurbaine. Car l’image offerte alors par lenouveau quartier est celle d’immeublesdensément bâtis et enserrés entre la rue deLyon et l’avenue d’Aïre et où, hormis lecentre commercial et son animation touterelative, rien n’est offert aux 2500 habitantsdont 900 enfants. Une fois la promenadede l’Europe quittée, on tombe imman-quablement sur la friche industrielle lais-sée par la faillite de Tavaro ou sur une desdeux grosses artères inhospitalières.

Or, dans cette grise morosité urbanis-tique, surgit un peu d’espoir coloré. Là, toutau bout du groupe scolaire de l’Europe,face au petit square qui borde l’entrée trèsfréquentée du centre commercial, unesimple mention: ludothèque. Oui mais voilà,l’alléchante promesse demeure mirage.

Suzanne Marchi en a parlé à quatrede ses amies, Yvette Bruhin,Janine Waelthi, Claire Pantelliniet Maria Künzli, et elles ont éla-boré un projet. La ludothèque a

été inaugurée au printemps 1981, avec350 jouets, grâce aux pionnières et auxnouvelles membres enthousiastes qui ontapporté chacune leurs compétences etleur énergie, en allant toutes dans le mêmesens et avec les mêmes valeurs.

C’était dans l’air du temps, les habi-tants se mobilisaient pour que Saint-Jeanne soit plus dénudé socialement et cultu-rellement. Le quartier à cette époque nebénéficiait que d’une petite bibliothèquepour les jeunes, d’un bibliobus qui passaitune fois par semaine pour les adultes etd’une association, les Intérêts de Saint-Jean.

Après l’ouverture de la ludothèque sesont créées d’autres associations, entreautres les associations des parents d’élèves,et notre Maison de quartier en 1985. Entretoutes ces associations se sont tissés desliens et des collaborations pour le béné-fice de tous.

Maria Künzli et Sylvie Jüstrich m’ontexpliqué autour d’un café pourquoi etcomment elles se sont engagées :

«Participer à un nouveau projet, où toutest à construire, c’est valorisant. Nousn’étions pas obligées de travailler. Nousavions du temps libre et pouvions fairequelque chose pour le quartier et les en -fants. Assumer cette responsabilité étaitune source de satisfaction suffisante pourse lancer à corps perdu de manière béné-vole. Nous avions une telle liberté d’action!

Toute la famille était impliquée, c’estcomme cela que notre engagement a putenir sur le long terme. Au début, nousavons ouvert deux demi-journées par se -maine. Nous avons suivi régulièrement desformations qui nous ont enrichies.

Bien des années d’abnégation se sontécoulées, puis nous nous sommes essouf-flées à force de devoir faire plus, d’ouvrirplus longtemps, plus souvent, avec le mêmenombre de bénévoles. En 2004, nous avonscommencé les démarches pour la profes-sionnalisation de notre ludothèque. Dansle comité, certaines personnes avaientl’impression qu’on leur volait leur bébé,et les autres pensaient que c’était la seulemanière de pérenniser la ludothèque pourne pas avoir fait tout cela pour rien.»

Bluette Staeger

www.ludo-stjean.ch

Ludothèque de Saint-JeanEn 1979, une habitante désirait créer un endroit où les enfants et les adultes pourraient jouer en toute sécurité,parce que sur les rues roulaient de plus en plus de voitures. Un bel exemple d’engagement.

C’est ce que constatent quelques mamansdu quartier qui passent régulièrementdevant le bâtiment et dont les enfants fré-quentent l’école. Ces mamans ont par ail -leurs comme point commun de travaillerdéjà en qualité de bénévoles dans des

ludothèques. Il n’en faut guère plus pourqu’elles se constituent en association ethâtent les choses afin que cette vaste etlumineuse salle se transforme en espaceaccueillant, aux étagères grimpant jusqu’auplafond, emplies de jouets et de jeux. En

1999, la ludothèque 1-2-3…Planète! ouvreses portes au public. Depuis vingt ans, ellene désemplit guère, attirant des usagersbien au-delà du quartier.

Monique Lehmann, l’une de ces mamans,bien connue dans le quartier puisqu’à côtéde son engagement associatif elle estcheffe de secteur à la Ville et s’occupe dece que l’on appelait encore, il y a quelquetemps, la conciergerie de l’école, témoigneaujourd’hui : «Sans notre engagement, il n’yaurait peut-être jamais eu de ludothèqueà l’Europe. Au début, on était toutes desbénévoles à endosser la charge de ludo-thécaire à temps partiel». Pendant cinq ans,ce formidable engagement va perdurer. En2004, la ludothèque est une des premièresen ville de Genève à professionnaliser sonpersonnel d’animation: Isabelle Laydernier,une autre de ces mamans engagées de la première heure, en devient la respon-sable. Monique Lehmann, présidente ducomité depuis la professionnalisation,rigole d’une situation qui ne manqua pasde piquant : «On était les deux au comitéet, du jour au lendemain, elle a dû quitterle comité et est devenue notre employée,à l’image d’autres membres du comité.»

Gérard Duc

Photographies Bluette Staeger

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6 QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

L’engagement

Touche pas à ma poste!Un engagement pour le quartier, une occasion de « faire société».

Nous reviendrons dans un pro-chain numéro sur l’histoire etl’importance de la mobilisa-tion du quartier de Saint-Jeanentre 1999 et 2001 pour le

maintien d’un bureau de poste à la rue duBeulet. Mais ce mouvement a été tellementemblématique d’un engagement citoyenqu’il est impensable de ne pas l’évoquerdans ce dossier.

Tout a commencé en août 1999, sansorganisation, par une simple démarchein dividuelle d’une habitante, JacquelineMeng, partie récolter des signatures, enfaisant du porte à porte. «Vous savez, c’estparti comme ça, a-t-elle raconté. J’ai com-mencé parce que j’étais concernée par maposte, mon quartier. Je me suis dit d’abord:il faut sauver ce quartier et il faut sauverles commerçants.»

Pour évoquer cet engagement deshabitants, laissons la plume à Luc Matile,en citant quelques extraits de son ouvragePoste de Saint-Jean. Une vérité, paru en2002. Comme le rappellent Michel Sandozet Jean-François Poulin en quatrième decouverture, «ce livre raconte l’histoire d’unenouvelle solidarité de quartier découverteà l’occasion de ce combat. Saint-Jean uni,sa solidarité gagne le cœur de la popula-tion. Elle peut être fière d’avoir affrontéun géant de la mondialisation ».

Extraits :Sous la présidence aussi souriante

qu’infatigable de Jacqueline Meng et aussigrâce à la présence du député AlbertoVelasco, également président du groupeAttac-Genève, venu mettre à dispositionson savoir-faire technique sur la manièred’animer un mouvement composé, au dé -part, de novices exclusivement, les plusdéterminés se retrouvèrent dans un comitécitoyen [Comité citoyen pour la sauvegardede la Poste de Saint-Jean, CCSJ] aux ré-unions hebdomadaires à la Maison dequartier. Les autres manifestaient leur at -tachement en participant régulièrementaux assemblées publiques, qui grim pèrentallègrement jusqu’à 300 personnes et plus,lors des prises de décisions cruciales.

Mais l’un des phénomènes les plus re -marquables de ce mouvement citoyen estl’absence quasi complète de toute formede structures organisées, figées dans letemps et l’espace. Le secrétariat est leplus souvent «volant», assumé par les unsou les autres, selon un tournus relevantde leurs seules disponibilités personnelles.Collages d’affiches, distributions de tracts,appels à manifester sont répartis au grédes bonnes volontés. Qui ne seront jamaisprises en défaut. (pages 37-38)

*

Le tout pimenté des notes humoris-tiques égrenées par un [groupe très actifbaptisé ironiquement] Front de Libérationde Saint-Jean (FLSJ)-Canal Postal, qui en -tend traiter dérisoirement de problèmessérieux, pour mieux capter l’attention del’opinion publique. [Ce sont, par exemple,des membres cagoulés du FLSJ qui, unsoir de novembre, ont rebaptisé les ruesdu quartier en posant des plaques dontcertaines sont encore visibles.] Quoiquecertains esprits bornés en aient pensé à

l’époque, le FLSJ Canal Postal n’a pas peucontribué à la prise de conscience de l’opi-nion publique sur l’importance de l’enjeu.Et parvient de cette manière, quoiqu’enpuissent penser les culs-pincés, à faire ré -fléchir certaines personnes qui n’y auraientjamais songé autrement. (pages 44-45)

*

Très nettement et dès le départ, le CCSJa affiché un très clair «apolitisme politi-cien». Lorsque certains stratèges se sontavisés de tenter de se l’approprier, ils onttrès vite été remis à leur place. Mais, enmême temps, et avec un parallélisme éton-nant, l’idée que la « politique» signifiaitplus «participation aux décisions qui m’in-téressent» que « haute voltige réservée àdes amateurs éclairés» a fait son chemi-nement dans les têtes des membres duCCSJ. Qui n’en finissent plus de découvrir,à l’instar de M. Jourdan faisant de la prosesans le savoir, qu’ils pratiquent quotidien-nement la politique, heureusement rebap-tisée « citoyenneté». (pages 51-52).

*

[Les habitants] découvrent avec plaisirque cette revendication, somme toute trèsterre-à-terre – quoi de plus dérisoire aufond que de s’accrocher à un petit bureaude poste? – débouche sur un contexte depolitique plus générale et plus fondamen-tale également : la lutte de partisans d’unservice public fort contre adeptes d’unlibéralisme débridé. Et aussi sur une per-turbation remarquée d’une économie locale

(les commerçants du voisinage se plaignentdéjà d’une chute de leur chiffre d’affairesde 20 à 30%) en voie de lente extinctionsi l’on n’y prend garde. Et là encore, ondéboule sur un autre problème gênantpour les tenants du «tout-économie»: est-il vraiment sain de laisser des quartiersentiers d’une métropole se muer en sec-teurs-dortoirs, sans autre animation quele rythme de la lassante migration dodo-boulot-dodo? (page 44)

*

Le minuscule (à l’échelon du pays)mais considérable (à l’échelle du quartiergenevois de Saint-Jean) Comité pour lasauvegarde de la poste de Saint-Jean à larue du Beulet a réussi ce tour de force defaire reculer le Géant Jaune (autrement ditLa Poste) et de contraindre la directionhelvétique de la poste à rouvrir ce petitoffice local, ne fût-ce que partiellement.

C’est une grande «première» dans cepays. (…) C’est en effet la première fois ànotre connaissance qu’une décision prisepar des technocrates fédéraux, n’ayant pasla moindre connaissance du terrain, a étéaussi ouvertement contestée. Et combat-tue avec succès.

C’est également la première fois que desimples citoyens ont réussi à rallier à leurcause des élus, des magistrats politiques[rappelons qu’un conseiller fédéral s’estmême déplacé sur place à la rue du Beu -let…] (…) alors que, généralement, c’estl’inverse qui se produit, échéances élec-torales obligent…

Les contestataires de Saint-Jean avaient-ils réellement conscience, alors qu’ils s’in-surgeaient contre la disparition de « leur»bureau de poste, qu’ils allaient déclencherun mouvement d’ampleur nationale? Sa-vaient-ils que tous les échelons politiquesdu pays allaient se mobiliser? Avaient-ilsidée que les syndicats d’employés ou desimples agents postaux – alors apparem-ment résignés à une inéluctable privatisa-tion d’un service essentiel à la population,allaient se réveiller? [et obtenir que LaPoste retire son projet «Optima» de fer-meture de nombreux bureaux de poste.]Probablement pas. Même si certains d’entreeux avaient misé là-dessus. Non, le mou-vement a été tout simplement spontané.(pages 93-95)

*

Enfin, en guise de conclusion à cet élé-ment de synthèse, relevons ce cri du cœurd’une Saintjeannoise «pur fruit» : «c’estfabuleux, maintenant tous les passantssourient en se reconnaissant, tout le mondeparle à tout le monde ». (…) Le geste irré-fléchi des autocrates bernois a acquis unrésultat aussi réjouissant qu’inattendud’eux : l’émergence d’une solidarité réel-lement vivante entre voisins qui ignoraientjusqu’alors qu’ils en étaient si magnifi-quement capables. (pages 52-53)

Extraits de : Luc Matile Poste de Saint-Jean. Une véritéÉditions Neige, 2002

1999-2001Saint-Jean, situé entre les falaises et le chemin de fer, S’est réveillé un beau matin d’août l’esprit solidaire. Les vieux et les jeunes, outrés, se sont mis en colère, La petite poste du Beulet devait manu militari se taire.

Qui était donc cette vieille dame qui mobilisait les gens? Ainsi les politiques sont venus rencontrer les habitantsTout à coup ils réalisaient ce qu’était la démocratie, Il ne fallait pas que se lève un vent fou d’anarchie.

Sens dessus dessous et en émoi était mon quartier, Oh, les maisons n’ont pas brûlé, le sang n’a pas coulé ;Les sages rebelles ont eu tout à coup de la notoriété, Le géant jaune acculé a bien dû se mettre à dialoguer.

Pour donner davantage d’importance au mouvementIls inventèrent le Front de Libération de Saint-Jean.Le bureau de poste fut occupé par les contestataires,Et en nocturne les rues rebaptisées par les téméraires.

Les gardiens de la paix ont pu dormir sans s’inquiéter, Les espions sont restés chez eux, sans devoir s’infiltrer. Il n’y a pas eu d’incendie, ni de casse, ni de désordre,Les villageois ont créé un forum ouvert, en bon ordre.

Les citoyens ont déchaîné un raz de marée dans le paysFace à la doctrine néolibérale, plus aucun compromis !À force de parlementer, la poste du Beulet fut épargnée,Les insoumis joyeux firent la fête, leur hargne envolée.

Bluette

Photographie Hélène Voigt

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7QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

dans le quartier

Il n’y a pas de petits contratsNotes sur l’engagement de proximité

Mon engagement dans le quartierest une façon d’éprouver desconvictions dans la proximité,d’être civil, d’être en accord avecmes idées. Je crois que la pre-

mière chose est de vivre en accointance avecses espoirs, ses attentes.

Le cadre de vie, le logement, est le pre-mier stade politique.

Sa relation aux autres, son comportementavec les êtres et même les objets (par le re -cyclage, par le boycott de produits) sont lesdomaines que chacun peut pratiquer et ainsimettre à l’épreuve ses convictions les plusprogressistes. C’est en faisant ce qu’on penseque les choses changeront.

Il n’y a pas de petits contrats. Chaqueparole sensée est un contrat. Même la plusanodine. Ce que je dis m’engage.

Appliquer ses préceptes à l’échelle locale,même familiale, et même individuelle, estune évidence, une nécessité d’intégrité.

Le mode de vie, le partage d’expériences,l’ancrage dans un paysage immédiat et un tissusocial sont la base pour emmener plus loin debelles idées ; pour qu’elles ne soient pas vel-léitaires. Passer à l’acte dans le giron du quartierpermet aussi de se rendre compte de l’état deconscience de notre environnement et, le caséchéant, d’apprendre à mes dépens que le mo -ment n’était pas venu, que la naïveté m’avaitfourvoyé, ou que mes vecteurs manquaientde nuances.

Les intuitions et la raison, l’éducation, laculture, les besoins fondamentaux et moinsfondamentaux animent chacun d’entre nous.Reste à faire le tri. Et au pifomètre, chacuncherche à donner des priorités à ces équationsà plusieurs in connues, et même des inconnuesplus variables que notre réflexion. Chacun sedébat dans le marasme pour se constituer unevertu. Pour en connaître le bien-fondé, resteà mettre cette esquisse de vertu à l’épreuve.Et c’est bien dans le quotidien et dans lesrapports de proximité que cela est possible.

Le deuxième stade du cadre politique, c’estle quartier et nos relations de visu avec lesautres.

On ne peut pas se contenter de voter, et dese décharger de notre responsabilité sur un·eélu·e. Oui, il ou elle nous représente. Mais nousnous devons d’être nous-mêmes politiques, ànotre dimension, par nos actes, nos paroles,nos engagements. C’est cela qu’il ou elle re -présentera, portera plus loin, rendra présentplus loin et peut-être fera de nos engagementsun combat caduc car nous aurons gagné. Lequartier est donc une merveilleuse échellequand il permet comme à Saint-Jean de par-ticiper à des forums participatifs, de tenterde s’exprimer dans un groupe presque ano-nyme, de s’engager dans l’associatif.

Il faut arriver à dépasser des frustrations,des désaccords, des maladresses et connaîtredes compromis, et là, on se trouve dans le«politique». Alors on devient CIVIL. C’est untitre, une distinction, un grade dans l’apprentis-sage humain : ap partenir à la société CIVILE.

Et si l’initiation est sans méthode, cela de -vrait être un but : être entier, retrouver ainsil’étymologie de SOLIDARITÉ: être entier (dansses paroles comme dans ses actes, pour soiet pour les autres), responsable de soi, de sesparoles et de ses actes, et respecter lecontrat qui forcément nous lie toutes et tous :être solidement CIVIL.

Frank Na

On s’engage parfois après une frustration, une indignation, un inconfort, on s’encourage pour du mieux, pour la collectivité, pour dénoncer des faits,

et aussi par amour D

es personnes dans le quar-tier s’engagent pour desbuts tels que : poésie dansla rue ; écriture collective;défense de la nature ; tran-

sition écologique; épicerie participative;l’équité et le respect pour tous.

Des affiches sont collées ou punaiséesde façon originale et créative contre unbout de façade ou contre un arbre afinde faire connaître leurs activités.

Notamment, le comédien ClaudeThébert qui faisait, avant le confinement,des lectures municipales de poésie dedivers auteurs tous les lundis soir sur lacouverture des voies ;

et l’association «Rhônature» désirantlimiter les incivilités et prévenir les actesillégaux le long des berges du Rhône,en particulier dans la région de la ré -serve Sous-Cayla réaménagée par lesSIG dans le cadre de la conventiond’exploitation du barrage de Verbois.Cette association ne veut pas empêcherles gens de faire la fête. Elle souhaite

dénoncer la passivité et l’absence devolonté à agir afin d’arrêter ces dépré-dations en agissant ;

et encore, un groupe s’est constituéet propose une alternative à la grandedistribution, c’est-à-dire la création d’uneépicerie participative locale (bio oufaible impact écologique) et chercheencore un lieu où s’installer.

Si vous aimez écouter : www.theatredusentier.ch

Si vous êtes consternés par lesdéchets et le non-respect de la réservenaturelle : [email protected]

Si vous voulez décider de ce quevous consommez, contactez «Le local» :

[email protected] Staeger

Werner BooteL’illusion verte (film documentaire)L’Atelier distribution, 2019Ce documentaire nous parle du greenwashing. Il s’agit de faire croire aux consommateurs que les produits des multinationaleslabellisés «ecofriendly» ou «greenable»sont respectueux de l’environnement,bonne blague ! Derrière ces labels se cacheune stratégie de marketing qui permet auxmultinationales de s’enrichir, alors qu’elledétruit la faune, la flore et ses habitants en toute bonne conscience. Un documentaire indispensable.

Sonia

Raphaële Frier (texte)Aurélia Fronty (illustration)Malala : pour le droit des filles à l’éducationÉditions Rue du Monde, 2016Un magnifique album, accessible dès 10 anspour découvrir la vie de Malala Yousafzai.Depuis l’âge de 11 ans, elle dénoncel’obscurantisme taliban dont les femmessont victimes au Pakistan. Son engagementen faveur de l’éducation des filles dans son pays lui a valu le Prix Nobel de la paix en 2014. «Les extrémistes ont peur des livres et des stylos.»

Rébecca

Michaël Mention, PowerÉditions Stéphane Marsan, 2018Les années 60 sont caractérisées par destroubles mondiaux ayant pour but le désir d’une société plus juste. En 1966, aux États-Unis, naquit le Black Panther Party, mouvementrévolutionnaire qui deviendra l’ennemi numéro1 du gouvernement. Roman cru et cruel, plus que jamais d’actualité avec le mouvement«black lives matter». Vous n’en sortirez pasindemne, et c’est tant mieux.

Alessandro

Laurent GaudéNous, l’Europe. Banquet des peuplesActes Sud, 2019Laurent Gaudé signe un longpoème, en vers libres, quiretrace l’histoire de l’Europe. De la naissance des nations,jusqu’à aujourd’hui, en passantpar la société industrielle, la colonisation, les guerres, la Shoah, Mai 68 ou la guerrefroide. Un livre puissant et nécessaire qui démontre que la poésie engagée peut servir les idées.

Phil ippe

Une banderole déployée dans le quartier ce printemps.

P o u r a l l e r p l u s l o i nCes documents sontà votre disposition à la Bibliothèquemunicipale de Saint-Jean. Ils ontété sélectionnés parles bibliothécaires.

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8 QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

S’engager dans une maison de quartier: vers une participation alibi? S’engager dans le comité d’une maison de quartier comme celle de Saint-Jean, c’est œuvrer pour qu’au cœur duquartier les habitants puissent se réunir, tisser des liens et surtout réaliser ensemble des projets qui leur tiennentà cœur. Les animateurs et animatrices travaillant pour l’association sont là pour soutenir ces projets et cela n’estpossible que si une entente forte lie les professionnels et le comité. Or, la période de pandémie du Covid-19 quenous venons de vivre a été l’occasion de déposséder les comités des maisons de quartier de certaines de leursprérogatives. Une question, dès lors, se pose : vaut-il encore le coup de s’engager pour une maison de quartier?Un tel engagement ne va-t-il pas devenir juste un alibi pour que les instances étatiques puissent dire qu’ellesfavorisent la participation?

C’est dans les années 1960-1970 que s’est mise enplace cette idée originalede créer un partenariatentre le canton, la commune

et des habitants regroupés en associationspour favoriser l’accès de la population desquartiers aux loisirs et à la culture et pourpermettre une meilleure intégration desenfants et des adolescents dans la société.Les maisons de quartier sont donc géréespar des associations qui sont autonomeset décident des actions qu’elles veulentmener avec le soutien financier de la com-mune et du canton. «Les comités sontconstitués de bénévoles qui fournissentdes milliers d’heures de travail au serviced’une politique sociale de proximité. Sou -vent, des commissions, des groupes detravail ou d’organisation de telle ou tellemanifestation viennent grossir le rang deces bénévoles. C’est une ressource pour lacommune et le canton à la fois en termesfinanciers et en termes de développementde la vie démocratique dans la cité. De plus,ces «experts du quotidien» sont à mêmede dresser un inventaire des réalités deleur quartier sans engager des processusd’études coûteux. Mais pour assurer unecontinuité, pour étayer l’engagement deces habitants, une intervention continue desprofessionnels de l’animation est indispen-sable. Sans les animateurs et animatrices,la mise en œuvre de projets – pensons parexemple à tous ces projets destinés aux en -fants – ne serait pas forcément possible»1.

Dans un tel système, les professionnelsde l’animation sont donc au service desassociations qui sont leur employeur. Mais,afin de soulager le travail des habitants en -gagés dans les comités, le canton a créé en1998 une Fondation (la FASe) pour exercerun mandat au service de ces associationsconsistant à prendre en charge les ques-tions de salaires, d’assurances sociales etcertaines tâches de ressources humaines.Dès lors est née une tension entre les asso-ciations et cet organe qui paie et qui veutpouvoir contrôler «ses» employés. De plus,les pouvoirs publics qui assurent le paie-ment des salaires et des subventions sontde plus en plus influencés par les nouvellesconceptions des gouvernances publiquesqui défendent l’idée d’un rôle plus direc-tif des financeurs selon l’adage «qui paiecommande».

L’hiver 2019-2020 et la crise sanitaire quia suivi lors du printemps auront permis à laFASe de déposséder les associations d’uncertain nombre de leurs prérogatives :

Ce fut tout d’abord l’adoption d’unenouvelle CCT (convention collective de tra-vail). Malgré des prises de position quasiunanimes des associations pour refuser la

mise en œuvre d’un rôle hiérarchique de laFASe par rapport aux animateurs et ani-matrices des maisons de quartier, cetteCCT attribue à la FASe des fonctions decontrôle qui empiètent sur les préroga-tives traditionnelles des comités.

Puis ce fut la gestion de la crise sani-taire : de manière autoritaire, en patron deses «employés» et sans concertation avecles associations, la FASe a ordonné la fer-meture des maisons de quartier et l’inter-diction de se rendre sur les lieux de travail.Puis, arguant du fait que les animateurs et animatrices se trouvaient désœuvrés,elle les a encouragés à aller renforcer leséquipes d’éducateurs dans les foyers d’ac-cueil d’adolescents. C’était la crise, nousdira-t-on. Oui, mais était-ce le moment designifier que l’animation socioculturelle neservait à rien? N’aurait-il pas été plus adé-quat d’inciter les comités d’associationset les équipes à redoubler d’efforts pourassurer le maintien du lien social dans lesquartiers tout en respectant bien sûr lesordonnances fédérales? La crise sanitaireimpliquait en effet de faire respecter desdistances physiques entre individus avecle risque que cette mise à distance ren-force l’isolement des plus fragiles et unrenfermement sur soi des habitants.N’était-ce pas le moment de faire desmaisons de quartier des centres d’où au -raient pu se déployer des actions de soli-

darité et de maintien des liens sociaux?Heureusement que les initiatives indivi-duelles et de quel ques associations ontémergé alors…

En attendant, une gestion centraliséedes animateurs et animatrices par plate-forme informatique s’est mise en place,court-circuitant les comités des associa-tions. Cette prise de pouvoir par la FASea fait éclater au grand jour que cette ins-titution ne considère pas les associationscomme des partenaires sur un pland’égalité, mais qu’elle cherche à en faireses «outils» ; de plus, elle n’a pas pourvisée principale de favoriser l’engagementdes habitants dans les quartiers, mais elleprivilégie clairement d’autres objectifs,dont celui d’assurer en priorité la prise encharge des enfants et adolescents horsdu temps scolaire.

Mais, surtout, au fond, la gestion de lacrise sanitaire par la FASe témoigne d’uneposture d’infantilisation des associations.Pourtant, en Suisse, le Conseil fédéral,lors de ses conférences de presse a tou-jours laissé entendre que s’il fixait lecadre nécessaire pour contenir l’épidémie,il appartenait aux citoyens de s’appro-prier les visées des ordonnances pour quecelles-ci s’appliquent dans les meilleuresconditions possibles. La FASe a agi, elle,sur un modèle centralisateur, à la fran-çaise, imposant «du haut» ses directives.

Du coup, c’est l’essentiel de ce qui fondel’engagement des habitants dans les asso-ciations gérant les maisons de quartier quia été remis en cause : l’idée qu’en se met-tant en projet collectivement, avec l’appuis’il le faut de professionnels, les habitantspeuvent devenir de véritables acteurs deleur lieu de vie.

Dans quelle mesure cette mainmise dela FASe sur les équipes d’animateurs desmaisons de quartier va-t-elle perdureraprès la crise? Est-il encore possible d’ima-giner un retour vers un véritable partena-riat dans lequel les financeurs respectentl’autonomie des acteurs associatifs? Telssont les enjeux, fondamentaux, des se -maines et mois qui viennent. Suivant lesréponses qui seront données à ces ques-tions, c’est le sens même de l’engage-ment dans ce type d’association qui seraremis en cause.

Alain Dubois, Gérard Duc,Marinette Dürr, Jean-Marc Goy,

Jean-Pierre Keller, Nina La Macchia,Bluette Staeger, Pierre Varcher,

membres du comitéde la Maison de quartier

de Saint-Jean

1 Extrait d’un document produit par la Coordi nationdes Centres de la Ville de Genève dans le cadredes échanges avec chacun·e des candidat·e·s auConseil administratif (février 2020).

L’engagement dans le quartier

En 1999, un des deux bâtiments de la Maison de quartier a été emballé dans du carton pour illustrer son prochain déménagement vers son emplacement actuel. Archives MQSJ

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9QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

la vie du quartierAdresses

utiles

MAISON DE QUARTIERDE SAINT-JEANCh. François-Furet 8 · 1203 Genèvetél. 022 338 13 60 [email protected]

LE 99 – ESPACE DE QUARTIERRue de Lyon 99 · 1203 Genèvetél. 022 418 95 99 [email protected]

LUDOTHÈQUE 1-2-3… PLANÈTE!Av. d’Aïre 42 · 1203 Genèvetél. 022 344 06 [email protected]

LUDOTHÈQUE DE SAINT-JEANRue de Saint-Jean 12 · 1203 Genèvetél. 022 344 07 [email protected]

COOPÉRATIVE RENOUVEAU DE SAINT-JEANAv. des Tilleuls 7 · 1203 Genèvetél. 022 344 08 [email protected]

ASSOCIATION SAINT-JEAN EN FÊTES (SJF)Sylvia Obersontél. 079 175 03 [email protected]

ASSOCIATION DES SENIORS «AU FIL DU RHÔNE»Quai du Seujet 32 · 1201 Genèvetél. 022 731 46 75

CENTRE D’ACTION SOCIALE (CAS)Hospice Général de Saint-Jean/CharmillesRue de Lyon 93-95 · 1203 Genèvetél. 022 420 68 40

FORUM1203ASSOCIATION «FORUM DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE»[email protected]

ANTENNE SOCIALE DE PROXIMITÉ SERVETTE PETIT-SACONNEX/SAINT-JEANRue Hoffmann 8 · 1202 Genèvetél. 022 418 97 [email protected]

BIBLIOTHÈQUE DE SAINT-JEANAv. des Tilleuls 19 · 1203 Genèvetél. 022 418 92 01www.ville-ge.ch/bm

POLICE MUNICIPALE DES CHARMILLESRue de Lyon 97 · 1203 Genèvetél. 022 418 82 [email protected]

Pour cette rentrée scolaire 2020, la Maisonde quartier de Saint-Jean souhaite revigorerson secteur tout public. Créer, rejoindre ouétendre un réseau de quartier – et même au-delà –, pour pouvoir vivre toujours mieux en -semble ! Et pour que citoyenneté rime aussiavec engagement !

Urbanisation, mobilisation, événementiel,collectif, local, consommation, interrogation,information, respect, sexisme, idée, préjugé,

interaction, minorité, partage, innovation,comité, membre, spectacle, découverte, sen-sibilisation, éducation, pollution, population,racisme, écologie, association, exposition,mondialisation, réflexion, action, culture, ac -tivité, social, décision, démographie, démo-cratie, participation…

Discutons-en! Je me réjouis de vous rencontrer.

Marco Nachira

C’est fou comme les gestes quo-tidiens les plus banals changentde sens aujourd’hui, et c’estfou comme une constatation sibanale peut se matérialiser par

des bouffées de je-ne-sais-quoi ou de quelqueslarmes qui montent aux yeux inopinément.Mais la vue dans un parc d’un toboggan cen-suré par une croix en bande de chantierrouge et blanche est-elle si banale?

Parmi les gestes quotidiens, ou disons en -viron une fois par mois pour être plus honnête,le petit achat à la pharmacie. Enfin, ce fut quo-tidien, un temps, le temps du lait en poudre,des dosettes pour nettoyer les yeux ou de lavitamine K, ce temps où une promenade jus-qu’à la pharmacie avec une poussette – voireune poussette plus une écharpe de portage –équivalait à la montée de l’Everest sans oxy-gène par la face nord. En ce temps-là, lespharmaciennes étaient le repère, le phare ducoin de la rue.

Depuis, elles sont là, dans le paysage, aufil des années les bonjours et les sourires sesont appuyés, des paroles autres que justenécessaires se sont échangées, puis desbouts d’histoire. Du vrai lien social pour tousles clients, les pharmaciennes de Saint-Jean,stables dans le temps, spontanées dans unaccueil avenant jamais affaibli, ancrées dans lavie du quartier (c’est là qu’a lieu année aprèsannée le désormais célèbre concours de dé -guisements de l’Escalade pour les enfants).

Un paysage qui n’était pas censé se modi-fier, un paysage paisible entre boucherie,boulangerie, école, poste et pharmacie, aubout la Coop, entre deux les rencontres surle trottoir. Et là, au dixième jour de confine-ment, je n’avais pas besoin de masque ni dedésinfectant, non, je savais bien que c’était la

pénurie, je voulais juste acheter un produitnormal comme en temps normal. Sauf que.Dans cette pharmacie aussi familière que leclocher de l’école, de voir les flèches dessinéespar terre pour indiquer le sens de la visite, lesrayons barrés par cette fameuse bande dechantier rouge et blanche pour ne pas se dis-perser, mes pharmaciennes heureusementprotégées mais éloignées derrière une vitreen plexi qui avait poussé là, un calme inhabi-tuel à l’intérieur, j’ai flippé.

Je ne sais toujours pas vraiment pour-quoi, tout était pourtant calme, pas d’agres-sivité dans la petite file d’attente dehors, pasd’émeute. J’ai flippé, parce que je ne leuravais jamais dit, aux pharmaciennes, que jeles aimais, ni à la boulangère ou à la postièred’ailleurs, je ne le leur dirai jamais, ça ne sefait pas, mais on devrait, j’ai flippé parce quemême si l’on sait que la normalité peut nousêtre retirée d’un instant à l’autre, je ne l’avaisjamais vraiment vécu, j’ai flippé parce que jene leur avais jamais dit merci d’être là, auxpharmaciennes, aux boulangères, à la postière,au boucher, j’ai flippé il faut bien l’avouer parceque justement je venais acheter un truc banalet pas du paracétamol d’urgence, j’ai flippéparce que dans la reconnaissance des mo-ments de grâce quotidiens, je n’avais jamaispensé à la visite à la pharmacie, j’ai flippéparce qu’un simple achat à la pharmaciedevenait un moment essentiel de la journée.

Je pensais, avant tout cela, devenir genti-ment ceinture verte de l’observation du quo-tidien, et voilà qu’un lieu commun me sauteau visage. Leçon de modestie. Regarder autre-ment la pharmacie au coin de la rue.

Anouk Dunant Gonzenbach

Confinement, jour 21 (3 avril 2020)

La pharmacieau coin de la rue

Le tout publicà la MQSJ

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10 QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

La participation: derrière le même mot, des réalités bien différentes…Le mot participation est aujourd’hui à la mode. Canton, communes, associations, et même organismes privés, toutle monde aime dire qu’il met en œuvre des méthodes participatives. Si bien qu’au vu des affiches, des annonces etdes programmes, un observateur non prévenu pourrait croire que nous sommes actuellement dans un véritablerègne d’or de la participation. La réalité toutefois est moins chatoyante. Car derrière le mot se trouvent toutes sortesde démarches, allant des processus les plus réellement participatifs aux consultations alibi. Il ne suffit que de faireparticiper des gens à un événement ou à une rencontre publique pour dire qu’on a « fait de la participation».Alors comment s’y retrouver? Au Forum, un outil nous est utile : l’échelle de la participation de Sherry Arnstein.

Sherry Arnstein, consultante amé -ricaine, a proposé en 1969 dedistinguer 8 niveaux sur l’échellede la participation citoyenne. Les8 niveaux sont différenciés par

le degré de pouvoir réel qu’ont les habi-tant·e·s pour influencer et décider deschoix dans les projets qui les concernent.

Tout en bas se trouvent deux niveauxexcluant toute participation : la manipula-tion, et un niveau appelé en français«thérapie», où les questions que rencon-trent les habitant·e·s sont abordées, maispour leur appliquer un emplâtre sur unejambe de bois. Autrement dit sans traiterles véritables enjeux, et en apportant des«solutions» qui ne font que masquer leproblème.

En haut figurent trois niveaux de parti-cipation véritable : le partenariat, où laprise de décision se fait au travers d’unenégociation entre les pouvoirs publics etles citoyens, la délégation de pouvoir,dans lequel l’instance centrale délègue à la communauté locale le pouvoir deprendre certaines décisions au cours d’unprocessus, et tout en haut le contrôlecitoyen, lorsque tous les aspects essen-tiels sont entre les mains des habitant·e·s,par exemple pour la réalisation d’un pro-jet ou la gestion d’un équipement.

Verre à moitié plein, ou verre à moitié vide?

Le milieu de l’échelle d’Arnstein estconstitué par trois niveaux: l’information,lorsque les citoyens reçoivent une vraieinformation sur les projets en cours, maisne peuvent donner leur avis ; la consulta-tion, au cours de laquelle des enquêtesou des réunions publiques permettentaux habitants d’exprimer leur opinion surles changements prévus ; et la concilia-tion, où quelques habitants sont admisdans les organes de décision et peuventdonner leur avis sur la réalisation des pro-jets, mais où la décision reste aux mainsdes détenteurs du pouvoir.

Que penser de ces trois niveaux inter-médiaires? Dans la version française del’échelle d’Arnstein (par ex. sur Wikipédia),ils sont regroupés dans la catégorie«coopération symbolique». Mais dansla version d’origine, ils sont rassembléssous le mot « tokenism». Or ce terme detokenism désigne les pratiques consistantà intégrer quelques représentants (token)d’un groupe particulier (minorité ethnique,femmes, etc.) pour ne pas être accusé dediscrimination. Il désigne donc une me-sure de pure forme, destinée à donner unalibi aux organisateurs d’un processus. Lacatégorie de «coopération symbolique»désigne donc une participation au niveau

des apparences, mais sans véritable par-tage de pouvoir.

Une visée critiqueL’échelle d’Arnstein est un instrument

particulièrement critique. Elle nous encou-rage à ne pas nous contenter de discoursen trompe l’œil, mais d’examiner dans lesprocessus participatifs quel est le degré

effectif de partage du pouvoir. Elle joueégalement le rôle d’une boussole indi-quant la direction et le but que doit recher-cher la participation citoyenne. Car dansla pratique – et le Forum n’y échappe pasplus que les autres organisateurs de dé -marches participatives – il est peu fréquentqu’on parvienne aux niveaux de partici-pation réelle définis par Sherry Arnstein.

Ce qui ne doit pas nous décourager, maisnous inviter à examiner nos propres ac -tions. Et à contester l’appellation de parti-cipation citoyenne aux démarches, certeshonorables, mais tout à fait insuffisantesque constituent les processus de consul-tation ou de concertation qui fleurissentaujourd’hui.

Nicolas Künzler

MANIPULATION

THÉRAPIE

INFORMATION

CONSULTATION

CONCILIATION

PARTENARIAT

DÉLÉGATION DE POUVOIR

CONTRÔLE CITOYEN

Non

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Dans le cadre du plan de mobi-lité 2030 qui a été adopté en2013, le Canton prévoit la miseen place d’un bus à haut ni -veau de service (BHNS) entre

Cornavin et Vernier, via la rue de Lyon, lesCharmilles et Châtelaine, avec même unebranche allant jusqu’à l’Hôpital de La Tour.Cette ligne de bus remplacera sur ce trajetles lignes 6 et 19, mais aura son tracé ensite propre, séparé du trafic automobile.L’objectif est en effet d’augmenter la fré-quence et la rapidité des transports pu -blics sur l’axe Genève et Vernier, considérécomme structurant au niveau cantonal.

En lien avec ce projet, l’Office de l’ur-banisme et l’Office des transports duCanton ont lancé peu avant l’été un pro-cessus de consultation de la population.Le but de ce processus est de réfléchir auxaménagements que l’on pourrait mettre enplace pour améliorer le cadre et la qualitéde vie tout au long de la ligne du BHNS.Le Canton a sélectionné trois lieux pourfaire l’objet de cette réflexion: la place desCharmilles, le carrefour de Châtelaine à lahauteur du pont de l’Écu, et le site de laTour à Meyrin, à côté de l’hôpital du mêmenom. Véritables cas d’école, ces trois pôlesd’échange présentent en effet l’ensembledes problématiques que l’on sou-haite traiter pour améliorer l’es-pace public.

À hauteur d’œil, partir de la vie…

C’est l’agence danoise Gehl quia été choisie pour mener l’étudedes trois sites retenus. La mé -thode de cette agence internatio-nale est intéressante. Il s’agit toutd’abord d’établir un diagnostic deslieux, à la fois de manière quanti-tative (mesure des trafics motorisé,cycliste, piéton ; type d’activitéset nombre de personnes pré-sentes dans l’espace public), etqualitative. Pour ce second volet,Gehl utilise une grille de 12 cri-tères pour évaluer le degré de protection(contre la circulation et les accidents,contre la violence et la criminalité, contrela chaleur, le froid ou la pollution), leconfort (possibilité de marcher, d’obser-ver, de jouer et de faire de l’exercice, des’asseoir, de discuter, etc.), et le plaisir(espace à taille humaine, identité particu-lière du lieu, vue offerte, éléments esthé-tiques et agréables) offert par l’espaceanalysé. Et ce sont des habitant·e·s desCharmilles, de Châtelaine et de Meyrinqui en juin ont été invité·e·s à remplir cesgrilles, et à évaluer aussi l’espace offertou non par les trottoirs, la qualité visuelledes façades, etc., bref, les éléments quifont qu’un lieu est agréable ou pas.

Cet automne, des aménagements éphémères

À partir des éléments recueillis et deleur analyse, des installations provisoiresseront mises en place cet automne, afinde tester les types de réalisations à envi-sager pour améliorer l’espace public. Il estmême prévu d’organiser des activitésponctuelles permettant aux habitant·e·sde remettre de la vie dans des lieux ac -tuellement inhospitaliers. Et d’ici la fin del’année, une rencontre publique sera orga-

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Quand un nouveau bus peut améliorer l’espace public

Ala Concorde, les constructionsvont bon train : plusieurs im -meubles sont sortis de terreces derniers mois et d’autreschantiers sont déjà en prépa-

ration pour les prochaines années. Mais latransformation de ce quartier ne se réduitpas à y construire plus, plus grand et plushaut ! Le Plan directeur de quartier (PDQ)Concorde, élaboré dès 2007 avec la par-ticipation des habitant·e·s du quartier etadopté en 2013 par le Conseil d’État, pré-voit aussi d’importants changements pourles rues. À ce sujet, les enjeux touchant lamobilité et les espaces publics doiventêtre empoignés maintenant pour que lespoints de vue des habitant·e·s puissentêtre pris en compte dans les modificationsà réaliser d’ici quatre ou cinq ans.

Moins de circulation et plus d’espacesverts à l’intérieur de la Concorde

Actuellement, le quartier de la Concordeest traversé par une importante circulationde transit, entre le pont Butin, Châtelaine,les Charmilles et Le Lignon. En particulier,la circulation du pont Butin vers Le Lignonet celle entre l’avenue d’Aïre et l’avenuede l’Ain passent obligatoirement par le sudde la Concorde : le triangle limité par leviaduc de l’avenue d’Aïre, l’avenue de l’Ainet celle de la Concorde (le dénommé «sec -teur T» du PDQ Concorde) est ainsi un«giratoire habité» qui voit passer plusieursmilliers de véhicules par jour.

Pour supprimer ce transit par le quartier,la création d’un U-Turn sur l’avenue d’Aïreet d’une bretelle d’accès de l’avenue d’Aïrevers l’avenue de l’Ain sont prévus, afin depermettre tous les mouvements de circu-lation entre ces deux axes routiers sur lecarrefour même. Ainsi, le trafic routierpourra être supprimé sur le rond-point dela Concorde, ce qui permettra de trans-former cet espace en place, communiquantgrâce au passage sous-voie amélioré avecune autre place côté Libellules. Cette futureplace de la Concorde est une pièce im -

portante des nouveaux espaces publics etverts prévus pour ce quartier, qui en quel -ques années doit passer de 4000 à environ5500 habitant·e·s.

Sans reporter les nuisances decirculation sur les quartiers voisins!

De l’avis du Forum1203, le défi de cettecomplexe transformation de la circulationau niveau du viaduc de l’avenue d’Aïre doitaussi répondre à deux autres préoccupa-tions : ne pas reporter les nuisances de lacirculation routière – en premier lieu lebruit – sur les quartiers voisins, notammentle quartier Michée-Chauderon, qui se trouvejuste au sud du viaduc ; et assurer quepiétons et cyclistes aient des espacesconfortables le long de l’avenue d’Aïre,ainsi que des cheminements efficaces pourla traverser. Par exemple, les habitant·e·sdes quartiers au sud de l’avenue d’Aïre(Michée-Chauderon, Jardins du Rhône,Eidguenots) doivent pouvoir traverser faci-lement l’avenue pour se rendre dans lescommerces de la Concorde, ou à l’écoledes Ouches, par exemple.

Soirée Forum en vue?Le Forum1203 suit ces enjeux depuis

plusieurs années. Cet été, nous avons pupartager nos préoccupations lors d’uneséance avec Frédérique Perler, conseil -lère administrative de la Ville de Genèveen charge du Département de l’aménage-ment, des constructions et de la mobilité.La nouvelle magistrate s’est montrée àl’écoute et nous espérons vivement qu’unesoirée Forum sera possible dans les moisà venir pour débattre avec elle de cesenjeux de mobilité et des aménagementsprévus sur le haut de l’avenue d’Aïre.

Geneviève Herold-Sifuentes

Plus d’informations à venir sur le site du Forum: www.forum1203.ch

Le viaduc de l’avenued’Aïre sous la loupe

En haut de l’avenue d’Aïre : un carrefour complexe entre le viaduc, l’avenue de la Concordeet le chemin des Sports. Photographie Forum1203

nisée pour évaluer l’impact et l’intérêtdes aménagements mis en place et desévénements qui auront pu avoir lieu. Lesite du Forum (www.forum1203.ch) etses infos quartier mensuelles ne manque-ront pas de vous en annoncer la date et lelieu quand ils seront fixés.

On veut de la verdure, de la lumière et des lieux de rencontre…

Jeudi 3 septembre, une première soiréepublique a permis à des habitant·e·s desCharmilles et alentour, de Châtelaine etde Meyrin – ainsi qu’à des étudiant·e·sdes six hautes écoles genevoises engagésdans l’atelier Créagir – d’exprimer leursattentes et leurs propositions pour lestrois endroits étudiés. Arbres et végéta-tion, couleurs, réalisations artistiques, es -paces ombragés, calmes et favorables auxrencontres, place accordée aux vélos etaux piétons, food-truck, telles ont été lesprincipales demandes exprimées. Pourront-elles être satisfaites dans ces lieux actuel-lement sacrifiés au trafic motorisé? Peut-on imaginer que l’actuel rond-point routierde la place des Charmilles redevienne uneplace agréable à traverser à pied, où l’onpuisse se rencontrer, s’asseoir, bavarder,voire même se reposer…?

Rendre la ville à ceux et celles qui y vivent

Aux Charmilles comme à Châtelaine,ces projets de transformation des lieuxactuels peuvent bien sûr paraître totale-ment utopiques. Toutefois, ils s’inscriventdans le mouvement de fond qui à Genèvecomme ailleurs veut faire évoluer l’espaceurbain pour qu’il redevienne un lieu de vie,de rencontres et d’échanges. Le Forumreste critique sur certains aspects du pro-cessus de consultation lié au projet duBHNS: communication de type «publici-taire» ne donnant quasiment pas d’infor-mations, absence de véritable débat,participation citoyenne limitée à un pro-cessus de consultation (voir à ce sujet laprésentation des niveaux de la participa-tion sur la page voisine). Mais il en partagepleinement l’intention générale : rendrel’espace public aux habitant·e·s. C’estpourquoi nous vous encourageons à suivreles projets liés à la réalisation du bus àhaut niveau de service Cornavin-Vernier-Meyrin. Car cette infrastructure a pourobjectif d’être au service de la populationet d’améliorer la qualité de vie dans nosquartiers.

Nicolas Künzler

La place des Charmilles : un lieu sacrifié au trafic motorisé. Photographie Forum1203

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activités de la

Année particulière avec les me -sures sanitaires à respecter. Maismalgré le Covid-19, le traditionnelaccueil des habitants, ce rendez-vous annuel, aura bel et bien lieu

le 10 octobre 2020. Certes, il va falloir s’adap-ter : munissez-vous d’un masque pour lesmoments où la distanciation ne sera pas suf-fisante et pour pouvoir accéder aux locauxde la Maison de quartier. Mais, de fait, toutaura lieu à l’extérieur. Ainsi, le traditionnelcafé-tartines offert dès 9h30 se tiendra sousle marché couvert juste à côté de la Maisonde quartier et sera rendu Covid-compatible.

Puis ce sera la balade d’une heure et demie-deux heures, avec ses haltes commentées.Pour cette huitième édition, le parcours re -tenu nous conduira de la Maison de quartierjusqu’au chemin Galiffe en donnant aux parti-cipants l’occasion de voir le quartier sous desangles inhabituels, de comprendre l’évolu-tion et l’histoire des Charmilles et des Déliceset de s’interroger sur les enjeux actuels : legiratoire à voitures des Charmilles aura-t-il lapossibilité de redevenir une place accueillanteau cœur du quartier? N’a-t-on pas abusé dubéton et ne faudrait-il pas favoriser le main-

tien et le renforcement d’espaces végétali-sés et arborisés? Quels impacts sur le quar-tier aura la construction de la future garesouterraine de Cornavin qui implique de fairepasser quelque part les futures voies souter-raines et de les faire resurgir à l’air libre?

Mais surtout, ce rendez-vous annuel estl’occasion de retrouvailles et de rencontres,entre nouveaux arrivés et anciens habitants,enfants, adultes ou aînés. Tous sont les bien-venus et pas de souci : tout est gratuit. Et pourcelles et ceux qui ne maîtrisent pas bien lefrançais, des participants seront là pour destraductions et des contacts dans votre langue.Comme d’habitude, c’est un comité forméd’habitants qui a préparé cette nouvelle édition sous l’égide de l’Antenne sociale deproximité de la Ville de Genève, de la Maisonde quartier de Saint-Jean, du Forum1203, del’Espace de quartier Le 99 et de l’AssociationDélices en Fêtes.

Le comité d’organisation

Prenez-en bien note : cette année, l’Accueil des habitants, c’est le 10 octobre, contre vents, marées et pandémie!

samedi 10 octobre

Retrouvailles entre habitants et balade à la découverte des Charmilles et des Petits-Délices

Activités aîné·e·sEn lieu et place d’un PerpetuumMobile trimestriel couvrant la période d’octobre à décembre 2020, nous avonsfait le choix d’organiser des balades « historiques » et « en pantoufles », seules activités qui soientCovid-compatibles pour lesecteur aînés en cette périodede mesures sanitaires strictes.

Voici ce que nous vous proposons jusqu’à la fin de l’année, les vendredis comme d’habitude :

16 octobre Balade historique «De la place Neuve aux rues Basses»30 octobre Balade historique «De l’horloge fleurie à la place du Molard»13 novembre Balade historique «De la place Dorcière à la Mission de Russie»27 novembre Balade historique «De la place du Bourg-de-Four

au Musée international de la Réforme»4 décembre Balade en pantoufles 11 décembre Balade historique «De la place du Molard à la place de la Madeleine»

Le départ de toutes les balades historiques se fait depuis la Maison de quartier et le rendez-vousest fixé à 10h. Vous pouvez prendre un pique-nique si vous le souhaitez.

Pour la balade en pantoufles, elle se fera à la Maison de quartier, rendez-vous à 11h avec un pique-nique.

Pour information, ces propositions de balades historiques sont tirées de l’ouvrage d’Ariel Pierre Haemmerlé, Genève et la tentative d’assassinat de la chancelière.

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quoi de neuf?

Malgré nos efforts, nous n’avonsmalheureusement pu réunir niune chorale audible ni un clubde danse digne de ce nom. C’estdonc via notre journal Quartier

libre, dont la popularité n’est plus à démon-trer, que nous tenons à remercier chaleureuse-ment nos fidèles collègues: Virginie, monitriceCap Loisirs; Selim, moniteur au secteur enfants;Margot, psychomotricienne, et Suzanne, pilierde la maison depuis 1997, secrétaire dévouéeet accompagnatrice au secteur aînés. Nousleur souhaitons un avenir professionnel grati-fiant, bienveillant et beaucoup de plaisir pourla suite.

Heureusement, des forces vives viennentcombler le vide. Aussi, nous sommes heureuxet heureuses d’accueillir dans nos murs :

Marco, animateur au secteur tout public ; Mateo, animateur remplaçant au secteur

ados ; Violetta, monitrice au secteur enfants ; Louise, animatrice au secteur enfants, rem-

plaçante de Julie durant son congé maternité.Ainsi, c’est au petit garçon de Julie, pré-

nommé Léon, tout neuf, tout beau, que nousréservons ces dernières lignes en lui souhaitantla bienvenue dans ce monde tumultueux, oùse succèdent, naturellement, les arrivées etles départs !

Bonjour et au revoir! Nous pensions qu’elle serait tou-jours là, à jamais à nos côtés, defaçon indéterminée à notre dispo-sition, tant elle fait partie de lamaison, d’une équipe, du secteur

aînés, d’un journal de quartier et de nos planset bouclements comptables avec son impec-cable professionnalisme.

Mais notre secrétaire sociale très appré-ciée nous quitte… Qu’allons-nous faire sans saponctualité, ses compétences, sa sympathie,sa droiture, son efficacité et son bon sens?Comment remplacer son amicale compagnielors de nos balades et ses délicieux dessertscuisinés avec amour pour nos aînés? Qui auraautant de rigueur tout en douceur et d’atten-tion, pour vous et pour nous?

Suzanne s’en va voir ailleurs pour un nou-veau défi galvanisant et enchanteur.

Ainsi les collègues, le comité, les commis-sions, les aînés et les habitants du quartier, avecun grand pincement au cœur, lui souhaitentle meilleur pour son avenir. Nous la remer-cions chaleureusement pour toutes ses qua-lités louées ci-dessus, son dévouement et sesloyaux services pendant 23 ans.

Bluette Staegerpour l’équipe, le comité et les aînés

de la Maison de quartier

Comme le disait si bien ce cher Claude François, « ça s’en va et ça revient ! » Phénomène qu’il nousconseillait d’accueillir avec joie : « ça se chante et ça se danse… »

memento

Louise

Marco

Violette

Mateo

La crise sanitaire actuelle nous impose de modifier certaines de nos activités.

Informez-vous à l’accueil, lors de nos heures d’ouverture, ou sur notre site internet www.mqsj.ch

Suzanne

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14 QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

une semaine avec nous

activités enfantsLE MARDI EN CUISINEPar thème et selon les saisons, les enfantsdécouvrent les plaisirs de la cuisine,encadrés par une cuisinière expérimentée.Horaire : mardi 16h30-18h30Âge: 5e-8e primaireAccueil : sur inscription, payant, 10 places par session. Lieu : cuisine du rez-de-chaussée

LE MERCREDI:ACCUEIL LIBRECet accueil permet aux enfants du quartierde se rencontrer, de jouer, de bricoler et de partager des expériences diverses.Horaire : mercredi 9h-17h30Âge: 3e-8e primaireAccueil : libre, gratuit et sans inscriptionEntretien préalable au premier accueil de l’enfant. Lieux : rez-de-chaussée de la Maison dequartier et marché couvert (selon activités)

LE REPAS DU MERCREDIDans le cadre de l’accueil libre du mercredi,un repas convivial est ouvert aux enfantsHoraire : mercredi 12h-13hÂge: dès la 3e primaireAccueil : inscription sur place à 11h30Prix : 5.–Lieu: rez-de-chaussée de la Maison de quartier

LE VENDREDI BRICOLECet accueil permet aux enfants du quartierde bricoler, réparer, construire ou démonterdes choses avec l’aide et sous l’œil vigilantd’une petite équipe d’encadrement.Horaire : vendredi 16h-18h30Âge: 5e-8e primaireAccueil : libre, gratuit et sans inscriptionLieu : atelier de la Maison de quartier

ET AUSSI : DES SORTIESTout au long de l’année, des sorties sontorganisées par notre équipe. Les informations peuvent être obtenues à l’accueil de la Maison de quartier.Ces activités ponctuelles nécessitent desinscriptions et sont payantes. Elles sontouvertes à des classes d’âge différentes en fonction du type de sortie.

ACCUEIL 1P-2PLe mercredi, un accueil sous forme de priseen charge complète à la journée permet aux plus jeunes de se familiariser avec la vie de la Maison de quartier.Au programme: jeux, bricolages, sorties et activités conjointes avec l’accueil libre.Horaire : mercredi 8h-17h30Âge: 1re-2e primaireAccueil : sur inscription, 20.– par enfantpar jour (18 places par année scolaire)Lieux : espace enfants et rez-de-chaussée de la Maison de quartier/marché couvert(selon activités)

ET TOUJOURS:UN ESPACE À DISPOSITIONPour fêter des anniversaires les mardis,jeudis, vendredis et samedis, durant les heures d’ouverture de la Maison de quartier.

activités pré-adosCet accueil libre permet aux jeunes entre 9 et 12 ans de venir à la Maison de quartieret de se retrouver dans un espace convivialoù se rencontrer, jouer, discuter ou faire unping-pong encadré par des professionnels.

LE JEUDI: ACCUEIL LIBREHoraire : jeudi 16h 30-18h30Prix : gratuitLieu : local ados au 1er étage

activités adosLa Maison de quartier dispose d’un «Espaceados» qui leur est dédié. Cet espace est un lieu d’accueil libre pour les adolescentsentre 12 et 18 ans, dont la finalité est d’êtreun point de repère, d’écoute et de conseil,mais aussi un lieu de loisirs, d’activitésdiverses à réaliser avec l’aide et le soutiendes animateurs.

LE MERCREDICet accueil permet aux ados de passer lemercredi après-midi à la maison de quartier,une petite restauration peut être proposée.Horaire : mercredi 14h-18hLieu : local ados au 1er étage

LE VENDREDICet accueil permet aux ados de passer le début de soirée à la Maison de quartierpour un moment de rencontre jeux,discussions et partager un repas.Horaire : vendredi 17h-22hRepas : inscriptions sur place jusqu’à 18hPrix : 5.– / Membres : 2.50

LE SAMEDIHoraire : samedi 14h-18h(du 31 octobre au 27 mars)

ET AUSSI :En dehors des accueils libres, l’équipe adosest aussi active dans différents lieux.Plus d’informations sur notre site internetwww.mqsj.ch, par téléphone au 022 338 13 60 ou en venant nousrencontrer pendant les horaires d’ouverturede la Maison de quartier.

L’équipe propose également de manièreponctuelle des «p’tits jobs» à des jeunes et organise régulièrement des sorties et diverses activités.

activités jeunes adultesLes animateurs sont disponibles pour celles et ceux qui souhaitent trouver desrenseignements ainsi qu’un appui dans leursdémarches personnelles, administratives et/ou professionnelles. Les animateurs présents mettent également à profit le lien de confiance dont ils bénéficient auprès des participants,pour faciliter le passage vers des structurescompétentes et reconnues pour répondreau mieux aux besoins identifiés (il s’agit ici d’assurer un rôle de « référent relais»auprès du réseau interprofessionnel).Contacter les animateurs.

activités aîné·e·sLES VENDREDIS AÎNÉ·E·SUne des spécificités de la Maison de quartier de Saint-Jean est d’avoir un secteur aîné·e·sdont le but est d’offrir des espaces derencontres et d’echanges pour les seniors, à l’échelle locale. L’équipe propose desactivités selon un programme trimestriel(voir dans le bulletin Perpetuum Mobile).Les activités régulières du secteur sedéroulent principalement les vendredis. Des brunchs, des lotos, des jeux de carteset des grillades vous attendent durant l’été.

Le bulletin Perpetuum Mobile est disponible à la Maison de quartier ; vous pouvezégalement l’obtenir en nous transmettant votre adresse par téléphone au 022 338 13 60, afin que nous puissions vous l’envoyer à votre domicile.

activités adultes& tout publicLa Maison de quartier proposeponctuellement diverses activités destinéesaux adultes et aux familles ; des concerts,des conférences, de belles expositions, de chouettes spectacles et des fêtes vous attendent tout au long de l’année.Nous avons aussi le souhait de vousaccueillir dans des espaces de démocratieparticipative, afin de vous offrir des activitésfédératrices ouvertes à tous au sein denotre Maison de quartier.Pour plus d’informations : n’hésitez pas à visiter régulièrement notre site internetwww.mqsj.ch ou à nous téléphoner au 022 338 13 60.

servicesChaque semaine, la Maison de quartier met ses locaux à disposition pour fêter des anniversaires, organiser des réunions de famille, associatives ou autres. Les prêtssont gratuits, nous vous demandons unecontrepartie durant l’année. Une caution de 200.– sera demandée lors du prêt.Elle dispose également d’un labo photopour les amoureux de la photo argentique.De plus, vous pourrez trouver chez nousune salle de danse dotée d’un miroir afin depouvoir suivre vos progrès et perfectionnervotre style. Les bricoleurs trouverontégalement leur bonheur au sein de l’atelierde la Maison de quartier regorgeantd’outils. La Maison met ponctuellement du matériel à disposition des habitants et des associations du quartier.

accueil et informations tout public et permanence téléphonique chaque semaine nouveaux horaires:mardi, jeudi, vendredi 16h-19h mercredi, samedi 14h-18hLa Maison de quartier est fermée au public pendant les vacances de février, de Pâques, d’été, d’octobre, de Noël ainsi que pendant les jours fériés.

Maison de quartier de Saint-JeanChemin François-Furet 8 · 1203 Genèvetél. 022 338 13 60 · [email protected] www.mqsj.ch

Dessins Mirjana Farkas

accessibilité

restreinte

en ce moment

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15QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

coup d’œil dans le rétroviseur

Retour sur le Covid…selon une aînée du quartier

Au début du confinement, j’aiapprécié la tranquillité. Plus debruit, plus de voitures, plus d’en-fants qui crient dans le préauet, miracle ! j’entendais à nou-

veau le chant des oiseaux, puis, moins per-ceptible, le bruissement du vent dans lesarbres.

J’ai perçu à travers les nuages une nou-velle habitude de respirer. De la terre au ciel,une nature resplendissante interloquée partant de calme dansait, se désintoxiquait.

Oh! que le silence était agréable dans unmonde qui avait ralenti tout à coup, deve-nant plus humain, plus gentil !

Une sérénité très vite dérangée par lesmessages des médias qui me culpabilisaientà cause de mon âge avancé et qui tentaientde me terroriser. Je faisais partie des per-sonnes à risque. Je me suis demandée à plu-sieurs reprises comment je devais traduirecet état de fait. Je n’osais pas sortir, ou alorsen cachette, je faisais le tour du quartier enrasant les murs, sans regarder ni à gauche, nià droite, sans saluer mon prochain. Heureu -se ment, le masque m’a aidée à rester inco-

gnito, ainsi j’ai pu faire mes courses dans lemagasin d’alimentation le moins proche.

Chaque toussement ou reniflement étaitconsidéré comme suspect et je craignaisd’être emmenée directement sous un respi-rateur artificiel pour que ma mort ne viennepas entacher les statistiques, qui se voulaientsouriantes.

Il y a eu beaucoup de jeunes gens et d’as-sociations pour me proposer de l’aide,c’était bien aimable, mais j’aime faire leschoses moi-même, pour me sentir vivante.Certaines de mes copines avaient peur quele virus les rattrape – elles aussi voulaientsurvivre – alors pour elles cela a été une aideprécieuse, elles se sont laissées guider etdorloter.

Serrer quelqu’un dans les bras, saluer mavoisine d’assez près pour entendre ses pa-roles et voir les frimousses des petits garne-ments m’ont manqué au bout d’un certaintemps.

De me croire pestiférée et si seule, j’enai eu marre !

J’ai senti une envie de désobéissancenaître dans mon corps, une envie de cha-

leur, une envie incommensurable d’amour,que je devais réfréner absolument, sinonqu’aurait-on fait de moi?

Alors je suis sortie un peu plus chaquejour, je suis retournée dans les parcs voirjouer les enfants et les abeilles butiner mesfleurs préférées, tout en restant à l’écartassise sur un banc, retenant l’envie dem’approcher pour échanger de la sympa-thie affective.

Déconfinement il y a eu, pas pour tout lemonde. Vieille, je dois encore garder mesdistances, avec précaution éviter les quidams,pour ma santé paraît-il !

Pourtant j’ai envie aujourd’hui de tou-cher, d’exister avec les autres en les enla-çant tendrement, à tel point que même lesadolescents qui traînent en bas de chez moiet qui font tout pour qu’on les craigne etqu’on les remarque, qui m’exaspèrent d’or-dinaire, je vais aller, à la tombée de la nuit,les embrasser.

Propos recueil l is parBluette Staeger

La vie reprendra-t-elle son courscomme avant?

Durant cette crise sanitaire inédite,un grand nombre de questionsse sont posées. L’une d’elles auraété très vaste : la vie reprendra-t-elle son cours comme avant?

Le bilan du confinement est mitigé. Si cer-taines personnes, malheureusement, en gar-deront un très mauvais souvenir, il n’y aurapourtant pas eu que des effets négatifs. Aucontraire, si l’on pense à l’environnement,par exemple, on se souviendra à quel point lanature y a repris ses droits. Et puis, quel plai-sir d’avoir pu laisser ses fenêtres ouvertes,même en pleine ville, sans entendre le bruitincessant des véhicules à moteur thermique,ainsi que leurs émissions toxiques. Cette pan-démie aura même réussi à mettre en stand byl’idée d’une croissance économique à tout prix!

Un changement est dont concevable…peut-être que ce coup de frein inattendu, dansune frénésie consumériste, nous laisseraenvisager un nouveau départ? En tous cas,une chose est sûre, c’est que cela dépendraavant tout de la volonté individuelle, ainsique d’une responsabilisation citoyenne. Bref,cette pause imposée nous aura au moinsdonné à réfléchir.

Marco Nachira

Photographie Bluette Staeger

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16 QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

coup d’œil dans le rétroviseur

On dit que les voyagesforment la jeunesse…Cet été, quelques aînées se sont rendues avec moi à Berne,une moyenne d’âge dépassant 80 ans.

Nous avons longé l’Aar en aval eten amont, monté des marchespour faire signe aux ours qui n’enavaient rien à faire et bu aux mul-tiples fontaines d’eau potable de

la ville qui transmettent par les figures allé-goriques aux visiteurs le souvenir des événe-ments historiques et des héros bernois.

Nous nous sommes assises, en silencepour certaines, sur les nombreux bancs oùEinstein méditait, puis grâce au funiculaire

nous sommes montées en haut de la collinedu Gurten et avons admiré du haut d’une touren bois, le souffle coupé, le Jura, les Alpes etla ville de Berne.

Une villégiature des plus agréables, avecune météo favorable, et un sommeil paisiblesous l’ombre austère et protectrice du Palaisfédéral dans une Auberge de jeunesse au pieddu parlement et au bord de la rivière – un héber-gement réjouissant même s’il était surprenant.

Le secret de la bonne humeur : le papo-tage incessant ponctué de rigolades et par-fois de bouderies, la marche amenant la sueuret la fatigue, la baignade pour se rafraîchir, la victuaille pour ne pas dépérir et un bonmatelas pour bien dormir.

Trop court, le séjour !Bluette Staeger

Journal de bord d’une enfantdu centre aéréAujourd’hui c’est mon troisièmejour de centre aéré. Cetteannée, je suis venue avec mameilleure copine de l’école.

Au début on ne connaissait pasgrand monde ici, mais avec toutesles activités qu’on a faites cettesemaine, je me suis fait plein de nouveaux copains. Depuis le

début de la semaine, dès qu’on a un peu detemps libre, on en profite pour continuer àconstruire notre super cabane. J’ai dit cabane?!je devrais plutôt dire palais ! On a déjà trouvéde quoi se fabriquer une porte et une tablede fortune hier avec du matériel trouvé sur leterrain. Il suffit de quelques branches solideset de quelques feuilles pour fabriquer uneentrée magnifique. On n’est pas les seules, lesautres enfants construisent aussi leur cabane,mais à mon avis, elles n’ont rien à voir avec lanôtre. Ici c’est le royaume des enfants, c’estnous qui l’avons construit, alors c’est nousqui choisissons les règles, on mange quandon veut, on fait la sieste, on discute, mais fautpas se laisser aller, y a du pain sur la planche,et cette maison ne va pas se construire touteseule. Tout le monde nous demande s’ilspeuvent venir la visiter. Évidemment on ditoui, on est trop fières de notre travail ! On aenvie de le montrer à tout le monde, et toutescelles et ceux qui souhaitent rejoindre notrecahute sont les bienvenu·e·s, sauf les adultesévidemment.

Mais qu’est-ce qu’on entend au loin? Oh,c’est la crécelle ! C’est l’heure du repas, on vapouvoir reprendre des forces avant de conti-nuer notre journée de construction! Les repasc’est les moments que je préfère. Les petitsplats ici sont succulents; buffet méditerranéen,

La course d’école à Berne.

grillades, tagliatelles carbonara et salades encascade, on attend chaque jour impatiem-ment de découvrir le menu que notre chefDonovan nous a concocté. On mange deschoses qu’on n’avait jamais mangées avant.Hier par exemple, il nous a préparé unesalade avec du «halloumi». On dirait une sortede fromage grillé, c’est bizarre au début, maisen fait c’est trop bon ! On peut dire qu’il sedonne de la peine pour nous préparer tousces bons repas.

Cet après-midi, on partira en excursionavec un adulte dans la forêt pour y récupérerde quoi continuer à améliorer notre cabane.

Demain les adultes nous ont dit qu’onirait au zoo de la Garenne. Apparemment onpourra voir le plus grand oiseau de Suisse, legypaète barbu. J’ai trop hâte !

Propos recueil l is parMateo Bonvin

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17QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

petites annonces

La Maison de quartier de Saint-Jean est une association sans butlucratif ouverte à toutes les personnes intéressées. Elle est rattachéeà la Fondation genevoise pour l’animation socioculturelle (FASe).Les activités développées s’inscrivent dans le cadre des orientationsde la Charte cantonale des centres. Son action est rendue possiblegrâce aux subventions cantonales et à celles du Département muni-cipal des affaires sociales de la Ville de Genève, par l’intermédiairedu Service de la jeunesse.

Accueils : accueils et informations tout pu blic, accueils libres enfantset ados, atelier bricolage, accueils 1P-2P sur inscription, ateliers decuisine sur inscription, accueils jeunes adultes, accueils aîné·e·s /centres aérés : février, été, octobre / concerts / conférences / expo-sitions / festivals tout public : Cappuccini, Antibrouillards / fêtes /prêts de salles : anniversaires, fêtes de fa mille, réunions, labo photo/ prêts de matériel / repas / sorties / spectacles

Détails sur www.mqsj.ch

Je souhaite faire partie de l’Association de la Maison de quartier de Saint-Jean

nom

prénom

adresse

téléphone

courriel

remarques

Quartier libreJournal de la Maison de quartier de Saint-JeanChemin François-Furet 8 · 1203 Genèvetél. 022 338 13 [email protected] www.mqsj.ch

RédactionSuzanne Ding, Gérard Duc, Marco Nachira, Bluette Staeger, Pierre Varcher

Ont collaboré à ce numéroMateo Bonvin, Anouk Dunant Gonzenbach, Mirjana Farkas, Louise Goffin, Geneviève Herold-Sifuentes, Nicolas Künzler, Frank Na, Zep, Bibliothèque de Saint-Jean

GraphismePierre Lipschutz, promenade.ch

ImpressionCIL Centre d’impression Lausanne SATirage : 13000 exemplairesParaît 2x l’an

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une autre manière de peindre au Jeu des couleurs Arno Stern.

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L’Atelier de céramiqueAvenue des Tilleuls 3 · 1203 Genève

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tirelires, vases et luminaires… en s’inspirantdu thème du yéti et des animaux d’hiver

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18 QUARTIER LIBRE 123 · automne-hiver 2020-2021

saint-jean-charmilles autrefois

Louis Favre (1862-1954): un engagement dans le quartier et pour le mondeDresde, Land de Saxe, Allemagne. Le Musée de la guerre domine la ville qui a été en grande partie anéantie en1945 par les bombardements alliés. Il invite à la réflexion sur les déchaînementsde violence pendant les conflits armés qui n’ont épargné aucune population, hieret aujourd’hui. Puis un étage fait souffler un vent d’espoir en rendant hommage à toutes celles et ceux qui s’engagent et se sont engagés en faveur de la paix,partout dans le monde, à toutes lesépoques. Une immense affiche de 1918 au liseré rouge et jaune attire l’attention :«Appel de la Société genevoise de la Paixaux citoyens de Genève». Et, en bas,chapeautant une liste de personnalitésgenevoises, dont William Rappard, le nom du président de l’association : Louis Favre, professeur. Et son adresse : rue de Saint-Jean 37.

Le no 37 était une des petites mai-sons du triangle compris entre larue de Saint-Jean, la voie de che-min de fer et l’actuelle rue deMiléant. C’est là qu’en 1901 Louis

Favre, un instituteur – à ne pas confondreavec son homonyme, l’ingénieur qui aconduit les travaux du percement duGothard – fit construire sa villa au toitpointu d’un étage sur rez, juste au-dessusdes voies, à l’emplacement actuel du petitparc à côté de la crèche, et s’y installaavec sa famille.

Louis Favre, c’était un militant : toute savie, il a fait preuve d’un engagement fort,inscrit dans la perspective des idéaux desradicaux d’alors et des francs-maçons.Avant de venir s’installer à Saint-Jean, ilavait déjà innové en œuvrant pour lacréation des premières associations quiservaient des repas aux écoliers des fa -milles pauvres, à Malagnou et aux Pâquis.Louis Favre fut donc le créateur des cuisinesscolaires. De fait, avec cette «création phi-

lanthropique d’origine maçonnique, offrirun repas de midi aux enfants les pluspauvres, c’était autant les nourrir que lessurveiller pendant des heures qu’ils ris-quaient de mal utiliser»*.

À peine installé à Saint-Jean, Louis Favrey initia le premier mouvement collectifd’habitants en créant en 1908 l’Asso cia-tion des intérêts de Saint-Jean et desCharmilles, dont il fut le premier président.L’assemblée constitutive eut lieu dans un établissement aujourd’hui disparu, laBrasserie Beau-Site, chez Niesler. Situéestout au bout de la rue du Belvédère, saterrasse et sa salle vitrée disposée surdes pilotis dominaient toute la ville.

Si les premières revendications de lanouvelle association étaient très locales – par exemple, la demande insistante derouvrir un chemin descendant de Saint-Jeanà Sous-Terre ou la lutte contre l’érosiondes falaises – très vite, Favre propulsa lesIntérêts de Saint-Jean-Charmilles sur ledevant de la scène politique genevoise :

dès 1912, il défendit l’idée de supprimerle passage des trains dans la tranchée deSaint-Jean et sur le remblai de Saint-Gervais en prônant le déplacement de lagare à Beaulieu. S’il avait réussi, le quartieraurait aujourd’hui une toute autre allureavec, peut-être, une grande artère commela rue de Lyon à la place des voies et au -cun viaduc ne franchissant le Rhône au-dessus de la Jonction… Quasiment tousles acteurs politiques genevois avaient étéconvaincus, quand éclata la guerre de 1914.Le projet fut mis alors au frigo et, après laguerre, en pleine période de difficultéséconomiques, les CFF ont sifflé la fin de lapartie: la gare sera reconstruite à Cornavin,les trains continueront de passer entreSaint-Jean et les Charmilles et franchirontun jour le Rhône au-dessus de la Jonction,entraînant la disparition du nant Cayla.

Malgré ce revers, Louis Favre continuases engagements : conjointement à sesactions pour le quartier, pour le développe-ment urbain de Genève et pour l’enfance,

il militait en faveur de la paix dans le mondeet présida de nombreuses associations,dont celle des «Lieux de Genève» qui pré-conisait de constituer, en cas de conflit, deszones neutralisées destinées à l’accueildes populations civiles.

Dans ce numéro de Quartier libre, dontle dossier est consacré à l’engagement, ilnous a semblé opportun de rappeler lesouvenir de cet habitant du quartier, mili-tant infatigable, qui, tant dans le cadre desa profession que celui de son quartier,de sa ville, de son pays et du monde, s’estengagé pour ses idéaux. Resté finalementméconnu – Louis Favre est décédé nonagé-naire en 1954 –, il fait partie de ces acteursqui ont marqué leur temps, mais restentignorés de l’histoire officielle.

Pierre Varcher

*Charles Magnin et Marco Marcacci, Le passé com-posé. Images de l’école dans la Genève d’il y a centans, Tribune éditions, Genève, 1987, p.104.

Le triangle des villas construites au début du XXe siècle entre la voie et la rue de Saint-Jean. Photo Oertli /SITG

La Brasserie-restaurant Beau-Site, rue du Belvèdère 2, lieu de la création en 1908 de l’Association des Intérêts de Saint-Jean-Charmilles. Bibliothèque de Genève