Profil Oif Asep Vlegere

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CAPITAL(E) CULTURE Un aperçu de quatre pays d’Asie du Sud-Est et du Pacifique Profil culturel des pays du Sud membres de la Francophonie Cambodge, Laos, Vietnam, Vanuatu

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  • CAPITAL(E) CULTURE

    Un aperu de quatre paysdAsie du Sud-Est et du Pacifique

    Profil culturel des pays du Sudmembres de la Francophonie

    Cambodge, Laos, Vietnam, Vanuatu

  • Les opinions prsentes dans ce profil nengagent que leurs auteurs.

    Retrouvez la version complte du Profil culturel des pays du Sud membres de la Francophonie un aperu de quatre pays dAsie du Sud-Est et du Pacifique avec le rpertoire dtaill des structures

    et entreprises culturelles sur le site Internet de lOrganisation Internationalede la Francophonie (www.francophonie.org).

    tabli pour le compte de lOrganisation Internationale de la Francophonie

    Coordination lOrganisation Internationale de la Francophonie :Frdric Bouilleux, Directeur de la langue franaise

    et de la diversit culturelle et linguistiqueRmi Sagna, Chef de la Division de la diversit culturelle

    Toussaint Tiendrbogo, Responsable de projet

    Coordination Culture et dveloppement :Francisco dAlmeida, Dlgu Gnral

    Marie-Lise Alleman, charge dtudes, conomisteNicolas Lesur, charg dtudes

    Rdaction et ralisation des enqutes

    Au Cambodge :Florence Chatt, Consultante en sciences sociales

    Marie-Lise Alleman, Culture et dveloppement

    Au Laos :Ingrid Daniel, Consultante

    Nicolas Lesur, Culture et dveloppement

    Au Vietnam :Pham Hoai Anh, Institut vietnamien dtude sur lart et la culture (VICAS)

    Vicky Bernigaud, Culture et dveloppement

    Au Vanuatu :Georges Cumbo, Alliance Franaise de Port-Vila, Vanuatu

    Vicky Bernigaud, Culture et dveloppementMyriam Carine Oko Mvondo, Culture et dveloppement

    Graphisme: J. Parreau

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  • 2 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    Avant-propos....................................................................................................................................................................................... 3

    Introduction........................................................................................................................................................................................... 4

    Traditions, industries culturelles et identits

    Le poids du tourisme et la priorit donne la valorisation du patrimoine culturel

    Lessor dune offre prive de produits culturels

    Des dfis encore nombreux

    Mthodologie de lenqute ......................................................................................................................................................... 8

    LE CAMBODGE 10

    Prsentation gnrale du pays...................................................................................................................................... 11

    Environnement institutionnel de la culture .............................................................................................................. 13

    conomie des industries culturelles........................................................................................................................... 16

    LA RPUBLIQUE DMOCRATIQUE POPULAIRE LAO 20

    Prsentation gnrale du pays...................................................................................................................................... 21

    Environnement institutionnel de la culture .............................................................................................................. 23

    conomie des industries culturelles........................................................................................................................... 28

    LE VIETNAM 32

    Prsentation gnrale du pays...................................................................................................................................... 33

    Environnement institutionnel de la culture .............................................................................................................. 36

    conomie des industries culturelles........................................................................................................................... 44

    LE VANUATU 48

    Prsentation gnrale du pays...................................................................................................................................... 49

    Environnement institutionnel de la culture .............................................................................................................. 51

    conomie des industries culturelles........................................................................................................................... 54

    Annexe .................................................................................................................................................................................................... 57

    Glossaire................................................................................................................................................................................................. 58

    Bibliographie ........................................................................................................................................................................................ 63

    SOMMAIRE

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  • LOrganisation internationale de la Francophonie (OIF) sest fixe comme objectif daccompagner les tats du Sud membres de laFrancophonie dans la mise en place dun systme dinformation sur le secteur culturel afin de mieux en connatre les ralits co-nomiques, institutionnelles et structurelles.

    La dfinition et la mise en uvre de politiques publiques aptes optimiser le dveloppement des industries culturelles impliquenten effet que les autorits nationales et les organisations professionnelles des filires de la culture disposent dune valuation claireet documente analyses et donnes statistiques du secteur de lconomie culturelle : niveau dactivit, comptitivit, volumedes changes, freins la performance, etc.

    Or, il apparat que de nombreux pays dans le Sud de lespace francophone ne disposent que de peu dinformations sur ces sujets.En 2004, ltude intitule Les industries culturelles des pays du sud : enjeux de ladoption de la Convention internationale sur ladiversit culturelle avait mis en lumire cette carence et point lurgence de mettre en place un programme de travail pour unemeilleure connaissance de lconomie culturelle dans ces pays.

    cet effet, lOIF a lanc un programme didentification du champ des entreprises et industries culturelles dans le Sud de lespacefrancophone qui couvre quatre (4) zones gographiques : Afrique de lOuest, Asie du Sud-Est et Pacifique, Carabe, Afrique Centrale.

    Cette troisime publication, consacre quatre (4) pays de la rgion Asie du Sud Est - Pacifique, est le rsultat dun travail dtape.Ce travail devrait tre repris par les gouvernements des pays concerns pour complter et approfondir ce premier niveaudinformation en llargissant progressivement lensemble des filires culturelles et aux diffrents aspects de lconomie culturellenationale. Ce faisant, il permettra damorcer une dynamique de travail conduire par les gouvernements concerns pour aboutir la cration ventuelle dobservatoires de lconomie de la culture dans ces pays.

    Frdric BOUILLEUXDirecteur de la Langue franaise et de la Diversit culturelle et linguistique

    Introduction 3

    AVANT PROPOS

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  • Par Francisco dAlmeida, Marie-Lise Allemanet Nicolas Lesur

    En cette priode de globalisation marque par la multipli-cit des contacts entre les cultures et les risques dhomo -g nisation culturelle, la prservation et la promotion delidentit culturelle dun pays constituent un enjeu crucial.De ce fait, la capacit des pays en dveloppement assu-mer une production locale ayant une prsence quantitativeet qualitative significative sur leurs propres marchs et surles marchs internationaux est une condition imprativepour la vitalit de leurs expressions culturelles et la promo-tion de leur diversit.

    Or, le niveau de dveloppement de cette capacit nationaledpend de lenvironnement dans lequel oprent les cra-teurs et les entreprises culturelles : lois et mesuresdencadrement, dispositifs de formation, dinformation et desoutien technique, matriel et financier. Au-del de la cra-tivit des artistes, la vitalit du secteur culturel est condi-tionne par la qualit de lenvironnement dans lequeloprent les diffrents mtiers et entreprises connexes.

    En raison du dsquilibre du commerce international desbiens et services culturels, la diversit culturelle pourrait tremenace dans les pays o les tats ne mettent pas enuvre des stratgies adquates pour dynamiser leursindustries culturelles et soutenir la vie culturelle. Or, pourlaborer ces politiques publiques, il est indispensable de dis-poser de donnes analyses et statistiques relatives la structuration du secteur, aux oprateurs en prsence, auniveau dactivit, limpact en termes demplois et derevenus, ainsi qu la capacit satisfaire la demandeculturelle dans la diversit de ses formes.

    Pour soutenir les efforts des pays du Sud membres de laFrancophonie, lOIF a initi un programme didentification duchamps des industries culturelles (ICIC). Inaugur en 2007,ce programme couvre lAsie du Sud-Est et le Pacifique(Vanuatu, Laos, Vietnam, Cambodge), la Carabe franco-phone (La Dominique, Hati, Sainte Lucie), lAfrique de lOuest(Burkina Faso, Cte dIvoire, Sngal) et lAfrique centrale(Cameroun, Congo Brazzaville, Gabon). Il a pour but decontribuer la prennisation dans ces pays dun outildinformation sur leur conomie culturelle.

    La mthodologie du profil culturel se rvle particulirementindique pour la mise en place de ce type doutil. Celle-ciconsiste, grce la collecte de donnes quantitatives etqualitatives, conduire dans un pays donn une valuationde la situation des secteurs culturels en particulier desindustries culturelles dans le prsent ouvrage et de leurenvironnement institutionnel, notamment pour ce qui est delaccs linformation, la formation et aux financements.Elle ncessite un travail de terrain et la collaboration activedes acteurs concerns. Elle suppose une habitude deconcertation entre pouvoirs publics et organisations profes-sionnelles et une culture dobservation et danalyse delconomie de la culture.

    Traditions, industries culturelles et identits

    Dans chacun des pays abords, lobservation des filiresretenues rvle des ralits variant dun pays lautre etdune filire lautre en fonction de lhistoire culturelle dupays, de lexistence ou non dune rgulation publique dusecteur, du dynamisme des associations et du secteurpriv. Au-del de leur commune appartenance lespacefrancophone, le Cambodge, le Laos, le Vietnam, et dans unemoindre mesure, le Vanuatu prsentent des caractris-tiques communes qui justifient leur rassemblement danscette tude. Pays pluriethniques dots de cultures riches etvaries, ils ont en partage un mme attachement au patri-moine culturel et aux traditions que leur a lgues lhistoire.Cet attachement se rvle dautant plus fort dans les troispays sud-est asiatiques que leur histoire rcente a tmarque par la guerre. Essentiellement intratatiques, cesconflits ont mis mal la cohsion nationale et ont profon-dment affaibli certaines pratiques traditionnelles, parfoisdans le cadre dun projet dacculturation sciemment orches-tr comme ce fut le cas au Cambodge sous le rgime desKhmers rouges. Derrire le bilan humain et les cons-quences conomiques dsastreuses de ces guerres, ladimension culturelle du traumatisme subi par les popula-tions est donc indniable.

    Dans ce contexte, la culture et les industries culturelles sontenvisages par ces tats comme des facteurs essentiels la reconstruction dune identit nationale sur laquelle doitncessairement se fonder toute politique de dveloppement.La richesse du patrimoine culturel dont peuvent senor -

    4 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    INTRODUCTIONCULTURE ET DVELOPPEMENT EN ASIE DU SUD-EST ETDANS LE PACIFIQUE: APERU DUN SECTEUR EN DEVENIR

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  • gueillir les quatre pays abords constitue de ce point de vuelatout majeur sur lequel se fonde cette dynamique. Au Laos,les nombreux festivals qui rythment lanne permettentaux populations locales de se retrouver autour des traditionsqui sont la base de leur identit. Au Cambodge, cest lesite dAngkor Vat qui incarne la renaissance et le prestigeretrouv du pays. Au Vanuatu, pays marqu par le clivageentre francophones et anglophones, les musiques tradition-nelles sont une passerelle essentielle entre communautset participent de faon dterminante la cohsion nationale.Au Vietnam, les arts du spectacle traditionnels (thtre,danse, thtre de marionnette) cimentent les relationssociales et rythment le quotidien de la population lors dediverses clbrations.

    Conscientes de ces bnfices, les autorits ont galement lesprit les risques dacculturation quimpliquent les poli-tiques douverture commerciale conduites depuis unevingtaine dannes. Au Laos et au Vietnam en particulier, latransition progressive vers une conomie de marchsaccompagne dune pntration croissante des produitsculturels trangers imports des autres pays de la sous-rgion et bien souvent dOccident. De profondes mutationssocioculturelles sont nes de cette ouverture, avecnotamment un processus docciden talisation des expres-sions culturelles parfois peru comme une menace par lespouvoirs publics dans la mesure o il mettrait en prillintgrit des valeurs culturelles nationales. Tout en renfor-ant la dtermination des tats dfendre et soutenir lestraditions culturelles nationales, ces craintes expliquent lesoin avec lequel les autorits encadrent louverture de leurpays aux contenus culturels trangers, avec linstaurationde quotas sur la diffusion des films en salle (cas du Vietnam)ou le maintien dun monopole dtat sur les chanes de tl-vision nationales (cas du Laos et du Vietnam).

    Le poids du tourisme et la priorit donne la valorisationdu patrimoine culturel

    Au-del de ces enjeux identitaires, la volont de prserveret promouvoir le patrimoine culturel et les cultures localessest considrablement accrue ces dernires annes en rai-son du rle croissant jou par le tourisme culturel pour ledveloppement conomique des quatre pays. En 2006,1,5 million de touristes trangers ont visit le Laos, gn-

    rant 173,2 millions USD de revenus, soit la deuximesource de revenus du pays1. Au Vietnam, le nombre de tou-ristes trangers a t multipli par 14 entre 1990 et 2005,passant de 250 000 visiteurs 3,5 millions. Lindustrie dutourisme y employait 700 000 personnes en 20052.

    Limportance prise par ce secteur a motiv le dploiementdefforts supplmentaires pour la prservation et la sauve-garde du patrimoine culturel, mais aussi pour le dvelop-pement de lartisanat dart. Lexemple le plus loquent estcelui du site dAngkor Vat qui, aprs avoir t class aupatrimoine mondial de lUnesco en 1992, a bnfici deplusieurs programmes de restauration financs tant par legouvernement cambodgien que par la coopration interna-tionale. Au Laos, lenjeu du tourisme a accru lintrt despouvoirs publics pour les festivals qui se tiennent traversle pays et attirent un nombre croissant de touristes. Lesdpartements provinciaux de linformation et de la culturejouent dsormais un rle prpondrant dans leur organisa-tion. En 1995, le Vanuatu sest dot dun Muse nationaldestin prserver le patrimoine artistique local mais aussi soutenir le dveloppement du tourisme dans larchipel.

    Dans ces pays, le tourisme culturel reprsente aujourdhuiune opportunit de premier ordre pour lessor des indus-tries culturelles, dans la mesure o il permet daccrotre lavisibilit des productions locales ainsi que la demandetrangre. ce jour, cet enjeu nest que trs marginalementpris en compte par les autorits comptentes, les politiquesde dveloppement touristique se focalisant sur la mise envaleur du patrimoine culturel au dtriment des filires de lamusique, de laudiovisuel et du livre juges moins profita-bles. De manire gnrale, ces industries restent souventcantonnes un rle de promotion de lidentit nationaleet des valeurs culturelles, sans que leurs retombes co-nomiques en termes demplois et de revenus ne soient plei-nement prises en compte.

    Lessor dune offre prive de produits culturels

    Cette situation est cependant en train dvoluer, comme entmoigne la libralisation progressive des industries de lamusique et du cinma mise en uvre par les gouverne-ments laotien et vietnamien. Dans ces deux pays o ltatdtenait auparavant un monopole total sur les productions

    Introduction 5

    1 - Organisation internationale de la Francophonie, Enjeux des biens et services culturels dans les ngociations commerciales internationales pour les pays dAsie, 2007 l 2 - Ibid

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  • culturelles, des entreprises prives font progressivementleur apparition et cherchent se dvelopper en sappuyantsur les transformations des modes de vie et lapparitiondune socit des loisirs influence par les standards occi-dentaux.

    Concernant la filire de laudiovisuel, lmergence pro-gressive de chanes de tlvision prives se conjugue d -sor mais avec le dveloppement dun march sous-rgionalde distribution par cble, aliment en grande partie par desprogrammes audiovisuels et musicaux thalandais dontlessor a t favoris par les mesures de libralisationprises par le gouvernement. Pour disposer dune offrenationale rpondant aux aspirations culturelles de leurspopulations, le Cambodge, le Laos et le Vietnam tentent leur tour daugmenter les capacits nationales de produc-tion qui demeurent insuffisantes, sans que le secteur privne soit pour autant systmatiquement sollicit.

    Dans les quatre pays abords dans la prsente tude, cesindustries culturelles prives naissantes sont porteusesdun important potentiel en termes de retombes cono-miques. Malgr leurs limites, les chiffres issus des enqutesdonnent une ide de lampleur de ce secteur. Au Cambodge,3272 emplois ont t recenss dans les diffrentes filires.Ce chiffre ne concerne que les entits ayant accept decommuniquer le nombre de leurs employs, soit 33 % decelles prsentes dans le profil complet. Au Laos, ondnombre 2 592 emplois pour un taux de rponse de61 %. Au Vietnam, avec un taux de rponse de seulement11 %, ce chiffre atteint 6 215 emplois, dont lessentielrelve du secteur public. En revanche, pour un mme tauxde rponse au Vanuatu, on recense peine 255 emploispour lensemble des filires concernes.

    Ces chiffres ne permettent pas destimer la vritable tailledu secteur culturel, tant celui-ci reste largement opaque etdomin par linformel. En ralit, ces retombes cono-miques sont bien plus importantes, notamment en jugerpar les chiffres du Bureau des statistiques du Vietnamselon lequel le secteur de la culture, des divertissements etdes sports gnrerait 338 millions USD3 de revenus etemploierait 133700 personnes dont 48200 fonctionnaires.

    Des dfis encore nombreux

    Malgr cet indniable dynamisme, les pays tudis pour-raient davantage bnficier du potentiel conomique deleurs industries culturelles si celles-ci ntaient pas entra-ves par de nombreux obstacles. En premier lieu, elles doi-vent composer avec des marchs domestiques relativementtroits du fait de la faiblesse du pouvoir dachat desconsommateurs et du nombre rduit dhabitants dans lescas du Laos et surtout du Vanuatu. Qui plus est, lencla -vement qui touche de nombreuses zones rurales, du fait dumanque dinfrastructures de transport, vient aggraver ceproblme en rduisant le march aux villes desservies parles circuits de distribution. Concernant la filire du livre, ceproblme est accentu par ltroitesse du lectorat due autaux encore lev danalphabtisme mais aussi aux limitesdes politiques de promotion de la lecture.

    Pour pallier ces problmes, la conqute de dbouchsextrieurs, en particulier dans la sous-rgion, simposecomme une ncessit. Cette stratgie est notamment miseen uvre par les maisons de production laotiennes qui ten-tent de pntrer le march thalandais o une demande demusique laotienne est en train dmerger. Cependant, danstous ces pays, lintgration au march international restecompromise par la qualit des productions, encore en dedes standards internationaux.

    ltroitesse des marchs domestiques vient sajouterlomniprsent problme de la piraterie, un flau dsormaisorganis lchelle rgionale et en plein essor, en raison dudveloppement des nouvelles technologies. Dans ce contexte,le dveloppement des industries culturelles se voit limit parun trs dissuasif manque de retour sur investissement.

    Prenant peu peu conscience des opportunits cono-miques induites par le dveloppement des industriesculturelles et des handicaps qui les freinent, les pouvoirspublics commencent mettre en place des politiques favo-rables lessor de ces entreprises prives. Ceci com-mence souvent par un assainissement de lenvironnementjuridique visant offrir des garanties aux oprateurs cultu-rels et aux artistes, grce notamment la rglementationdu droit dauteur et des droits voisins. Si des textes allantdans ce sens ont effectivement t adopts au Cambodge,

    6 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    3 - Chiffre obtenu en multipliant le nombre demploi par la productivit

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  • au Laos, au Vietnam et au Vanuatu, leur application se rvlesouvent trs lacunaire du fait du manque de moyens et nepermet pas de juguler le phnomne du piratage qui nces-site une action coordonne au niveau rgional.

    Malgr les mesures prises par les tats pour conforter lacapacit locale produire et diffuser des produits cultu-rels, le potentiel de ces pays reste frein par des contraintesstructurelles importantes. Le manque de ressources hu -maines qualifies, en particulier dans les domaines de lagestion et de ladministration des entreprises culturelles, delaudiovisuel et de linformatique, constitue un dfi de pre-mier ordre pour permettre aux productions culturelleslocales de se hisser au niveau des standards internationaux.De mme, le manque dinfrastructures techniques de pro-duction, de distribution et de diffusion ainsi que la fai-

    blesse voire parfois labsence de soutien aux artistes conti-nuent dentraver le dveloppement du secteur.

    Toutefois, une meilleure prise en compte de ces dfis parles pouvoirs publics devrait permettre ces pays de tirer unmeilleur avantage du potentiel de leurs industries culturelleset de leur contribution au commerce international dans uncontinent asiatique o ce secteur est en pleine expansion.Dj en 2005 ce dernier assurait 35,7 % des exportationsmondiales de biens cratifs alors que dans le mme temps,les dix pays de lASEAN y contribuaient hauteur de seu-lement 4,28 %. Il existe donc une importante marge de pro-gression pour ces pays. Sa ralisation implique ladoptionde stratgies dappui au dveloppement des industriesculturelles pour quelles soient en mesure de rpondre auxaspirations des populations et de soutenir leur crativit.

    Introduction 7

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  • AVERTISSEMENTLe prsent ouvrage couvre 4 pays de lAsie du Sud Est etdu Pacifique : le Cambodge, le Laos, le Vietnam et leVanuatu.

    Lenqute a t ralise par plusieurs experts locaux et parCulture et dveloppement entre 2007 et 2010. Leur rle aconsist identifier les entreprises agissant dans les sec-teurs couverts par le programme et collecter des rensei-gnements qualitatifs et quantitatifs sur leurs activits.

    Au total, plus de 1 000 structures ont t identifies. Parmielles, environ 500 organisations ont rpondu unquestionnaire sur leur domaine dinter vention, leur fonction-nement et les difficults quelles rencontrent dans lexercicede leur activit.

    Les informations collectes ont ensuite t traites et ana-lyses afin de faire ressortir les caractristiques saillantesdu secteur des industries culturelles de chaque pays.

    Dautres informations relatives lconomie, au dveloppe-ment humain, lenvironnement juridique ainsi qu lapolitique culturelle des tats ont galement t collectespour complter le profil de chaque pays.

    Comme il a t dit prcdemment, cet ouvrage offre unaperu de la situation des industries culturelles dans cespays un instant donn et ne saurait garantir lactualit desdonnes prsentes. En effet, les investigations menesdans lensemble de la rgion rvlent le caractre trsmouvant et irrgulier de ce secteur. De nombreuses enti-ts sont relativement jeunes et les entretiens avec les pro-fessionnels des diffrentes filires montrent le caractrephmre des entreprises qui voluent dans le secteur desindustries culturelles ; leur dure de vie est courte et leurscoordonnes changent frquemment (notamment les coor-donnes lectroniques).

    Ce document est accompagn dune version compltetlchargeable sur le site de lOIF (www.francophonie.org)o sont prsentes les diffrentes organisations et entre-prises du secteur des industries culturelles.

    SECTEURS COUVERTSPAR LENQUTE

    Lenqute est base sur la conception des industries de laculture considres comme tant caractrises principale-ment par la reproductibilit de luvre originale produite,traite et transmise au moyen de technologies.

    Elles se composent de filires son, image, crits et impri-ms structures en fonctions et en mtiers distincts dontlarticulation et la succession permettent de produire, trai-ter et mettre la disposition du public le produit culturel.

    Plus prcisment, les entreprises suivantes ont t tudies:

    Pour la filire de ldition

    Les maisons ddition : entits principales faisantlintermdiaire entre lauteur et le lecteur, elles ont la res-ponsabilit du choix de loffre ditoriale, de la publicationmais aussi du cot induit par la reproduction industrielle desexemplaires. Les maisons ddition laborent galement lesstratgies relatives la promotion et la diffusion des livresde leur catalogue.

    Les maisons de distribution : entits intermdiaires entreles maisons ddition et les points de vente au dtail, ellesassurent lacheminement des ouvrages jusquaux dtail-lants.

    Les librairies : elles sont le point de vente de livres le pluscourant ; elles peuvent tre gnralistes ou spcialises.

    Les agences de presse.

    Les supports priodiques crits dinformations : journauxet magazines.

    Les bibliothques : elles constituent le pilier essentiel dela politique de promotion du livre et de la lecture. Elles sedfinissent comme la collection de documents ainsi que lelocal qui la contient destins tous les citoyens sansexception. Elles assurent la conservation de la productionditoriale et facilitent laccs aux livres afin de rpondre auxbesoins en informations et en formation du lecteur. Il existeune distinction entre bibliothque publique et bibliothquescolaire, cette dernire tant un service propos par les

    8 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    MTHODOLOGIE DE LENQUTE

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  • coles, collges et lyces lusage exclusif des lves etdes enseignants. Lenqute prsente essentiellement lesbibliothques publiques dont la vocation plus large est desadresser tous les types de lecteurs.

    Pour la filire de laudiovisuel (cinma, tlvision et radio)

    Les studios de montage : il sagit des structures tech-niques qui permettent dassembler les plans qui formerontles squences dun film.

    Les socits de production : elles jouent un rle cl dansla filire en tant que personne morale qui prend linitiativeet la responsabilit de la ralisation de luvre. Le produc-teur est responsable du montage financier du film ou de laproduction audiovisuelle et participe galement la concep-tion du projet, sa ralisation, la postproduction ainsi qula diffusion du produit.

    Les socits de distribution : entits intermdiaires entrele producteur et lexploitant ou le diffuseur, elles assurentla mise sur le march et la promotion du produit. Plus pr-cisment, elles en vendent ou louent des exemplaires auxexploitants.

    Les stations de radio.

    Les chanes de tlvision.

    Pour la filire de la musique

    Les studios denregistrement : il sagit des structures tech-niques dont dispose un artiste pour lenregistrement de sonuvre.

    Les socits de production : ce sont les personnesmorales responsables de lenregistrement de lartiste et delaccessibilit de son uvre sur le march. Sous un angleplus technique, la production est le processus qui trans-forme luvre de lartiste en bande matresse destine tre reproduite en de nombreux exemplaires sur des sup-ports physiques tels que la cassette ou le CD. Le produc-teur supporte ainsi les cots de lancement dune uvre(cachets, enregistrement, frais de reproduction) mais aussidexploitation de luvre (droits dauteur).

    Les units de duplication : leur rle est de fabriquer plu-sieurs exemplaires du produit fini (albums) partir de labande matresse.

    Les maisons de distribution : entits intermdiaires entreles maisons de production et les points de vente au dtail,elles assurent lacheminement des produits finis du pointde fabrication jusquaux diffrents dtaillants.

    Les vendeurs au dtail.

    QUALIT DES RSULTATSLes enqutes ralises ne permettent pas de brosser ledynamisme conomique du secteur des industriesculturelles dans toute son ampleur. Trs peu dorganisationsont accept de communiquer les chiffres relatifs leur acti-vit (nombre demploys, chiffre daffaires). Ainsi, surlensemble des pays couverts par le profil, seules 25 % desstructures recenses (soit 50 % des celles qui ont rponduau questionnaire) ont accept de transmettre le nombre deleurs employs. Quant au chiffre daffaires, les donnes sontquasi inexistantes puisque seulement 2 % des structuresrecenses ont communiqu cette information.

    Qui plus est, la prdominance de linformel et la faiblestructuration des units culturelles ou de communicationrencontres limitent la fiabilit de ces donnes. En effet, denombreuses structures tudies demeurent dans des sys-tmes de gestion informelle en dcalage avec les rglemen-tations ou lgislations en vigueur ; une partie du personnelnest pas dclare et les chiffres daffaires sont rarementcommuniqus. Les diffrentes donnes collectes provien-nent des dclarations de structures tudies et ne sontgnralement pas accompagnes de documentations offi-cielles. Elles sont donc prendre avec prudence.

    Mthodologie de lenqute 9

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  • 10 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    LE CAMBODGE

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  • Le Cambodge 11

    4 - World Urbanization Prospects : the 2007 Revision, United Nations, 2008 l 5. Ethnologue, Langues du Monde

    Population (2009) : 15000000 Superficie : 131 035 km2

    Capitale : Phnom Penh Rgime politique : monarchie constitutionnelle Langue officielle : khmer Monnaie : riel PIB par habitant en PPA (2009) : 1870 USD

    POPULATION ET LANGUESSelon le Bureau de Rfrence de la Population, le Cambodge comptait 15 millions dhabitants en 2009. La population vivanten zone urbaine reprsente 20 % de la population totale et crot un taux annuel moyen 4,6 % (entre 2005 et 20 104), notam-ment du fait des vagues dexode rural provoques par les dcennies de guerre.

    Le Cambodge compte 21 langues vivantes. Parl par 89,6 % de la population, le khmer central est la langue officielle du pays5.

    REPRES HISTORIQUESProtectorat franais partir de 1863, occup par le Japon durant la Seconde Guerre Mondiale, le Cambodge obtient son ind-pendance en 1953 lissue des ngociations menes avec la France par le Roi Norodom Sihanouk. Pour prserver sa stabilit,le pays adopte une politique de neutralit par rapport la guerre du Vietnam. En 1970, Norodom Sihanouk est finalement ren-vers par le gnral proamricain Lon Nol qui proclame la Rpublique khmre. Grce laide amricaine, le nouveau rgime par-vient rsister quelques annes la gurilla des Khmers rouges, mais est finalement renvers en 1975 suite au retrait des tatsUnis de la rgion. Conduit par Pol Pot, le nouveau pouvoir dinspiration communiste se livre alors une campagne de terreur grande chelle, solde par le massacre de 1,7 million de Cambodgiens environ. Linvasion du pays par larme vietnamienne en1978 provoque la chute du rgime des Khmers rouges mais ouvre la voie une longue et violente guerre civile conclue en 1991par la signature des accords de Paris. Une force de lONU est alors envoye pour pacifier le pays et la monarchie est rtablie.

    RPARTITIONDE LA POPULATIONPAR GE

    Moins de 15 ans 15 45 ans Plus de 45 ans

    Plus de 45 ans16 %

    Moins de 15 ans33 %

    Entre 15 et 45 ans51 %

    PRSENTATION GNRALE DU PAYS

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  • Depuis lors, le Cambodge connat une stabilit constitutionnelle et tente de renouer avec une dynamique de dveloppement,notamment en intgrant lASEAN en 1999.

    CONOMIE ET DVELOPPEMENT HUMAINLconomie cambodgienne a t considrablement affecte par deux dcennies de guerre et dinstabilit politique. Dans unpays confront une insuffisance dinfrastructures et un niveau de dveloppement humain handicap par les preuves endu-res par la population, un processus de reconstruction et de renouveau conomique a pu tre enclench partir des annes1990. Jusquen 2008, le Cambodge a ainsi connu une dcennie de forte croissance, avec un PIB croissant un taux annuelmoyen de 8,5 %6. Ce redressement conomique est pass, entre autres, par la remise en tat et lexploitation de limmensepatrimoine culturel que constitue le site dAngkor Vat, principal vecteur du tourisme culturel national. Toutefois, lconomie dupays demeure peu diversifie et repose essentiellement sur lagriculture, le textile, le tourisme et la construction.

    Malgr cette dynamique incontestable, le Cambodge se situe, en 2010, au 124e rang mondial (sur 169) de lIndice de Dvelop-pement Humain (IDH)7. En 2008, le PIB par habitant (en parit du pouvoir dachat) slevait 1870 USD8.Trs contraste, la socit cambodgienne est marque par une grande prcarit. 30 % de la population vivent en dessous duseuil national de pauvret et 52 % des revenus sont dtenus par les 20 % des mnages les plus riches9. La pauvret frappedavantage les populations rurales. Un fort contraste existe en effet entre le dveloppement rapide de Phnom Penh et des capi-tales des grandes provinces, o se concentre lessentiel des changes montaires, et les zones rurales faiblement dotes eninfrastructures et isoles des moteurs conomiques du pays.

    Sagissant du capital humain, le Cambodge doit rattraper un retard considrable du fait de la fuite des forces vives provoquepar la guerre civile. Bien quen progression, le niveau dducation de la population reste relativement faible compar aux autrespays de la rgion. En 2008, le taux dalphabtisation slevait 78 % pour la population adulte et 87 % pour la populationjeune10. En 2007, le taux brut de scolarisation atteignait 40 % dans le secondaire et seulement 5 % sagissant du cycle ter-tiaire. Ce faible niveau de qualification se retrouve dans la composition de la population active, compose 54 % d emploislis lagriculture et la pche, avec seulement 2 % de diplms de luniversit11.

    POLITIQUE DE DVELOPPEMENTDans ce contexte, le Cambodge poursuit sa Stratgie de Rduction de la Pauvret (SRP) entame depuis 2000, travers ladfinition dun Plan national stratgique de dveloppement (NSDP) pour la priode 2006-2010. Le gouvernement cambodgieny intgre une mention spciale pour le secteur de la culture. Ainsi, le DSRP II 2006 (Document Stratgique de Rduction de laPauvret) souligne limportance de la culture, des valeurs familiales et de la religion en tant que fondements de la nation. Laprservation du patrimoine culturel y est inscrite comme une priorit, en vue de renforcer la cohsion sociale et de dvelop-per le tourisme, source de croissance conomique dsormais trs importante pour le pays. Le gouvernement souhaite ainsifonder sa stratgie de dveloppement touristique sur le patrimoine culturel et historique du pays. Le plan quinquennal prvoitdallouer un budget de 30 millions USD aux projets lis au tourisme et 30 millions USD supplmentaires au secteur de la cul-ture et des arts (soit 0,86 % du budget total pour chacun des deux secteurs).

    12 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    6 - Calcul ralis partir des donnes de la Banque Mondiale l 7 - PNUD l 8 - Banque Mondiale l 9 - Banque Mondiale, 2007 l 10 - Ibid l 11 - Labour Force 2007, Institut National de Statistiques, Ministre duPlan du Cambodge, janvier 2010

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  • Le Cambodge 13

    ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNELDE LA CULTURE

    LES STRUCTURES INSTITUTIONNELLES

    Ministre de la Culture et des Beaux-ArtsLe Ministre de la Culture et des Beaux-arts a pour mission de dvelopper le secteur culturel au Cambodge, de favoriser lacrativit et linnovation et de promouvoir la pluralit du patrimoine cambodgien. Dans cette perspective, il mne des actionsde protection, de prservation et de conservation du patrimoine culturel national et est responsable de la gestion des sites tou-ristiques, archologiques et historiques du Royaume ( lexception de celui dAngkor). En collaboration avec le Ministre delEducation, de la Jeunesse et des Sports, il assure galement le financement de lUniversit Royale des Beaux-Arts (RUFA)charge de former les artistes, musiciens, architectes, archologues et autres professionnels des arts et de la culture. Enfin,il est charg de dvelopper les lgislations appliquer au secteur des arts et de la culture et de superviser laction de plusieursorganisations culturelles nationales.

    Le Ministre de la Culture et des Beaux-Arts est divis en plusieurs dpartements :

    Le Dpartement du Cinma et de la Diffusion Culturelle, charg du dveloppement du secteur du film et de la vido au Cam-bodge ;

    Le Dpartement du Livre et de la Lecture, charg de soutenir et promouvoir la lecture, galement responsable de la publi-cation d'ouvrages culturels et de l'administration de la Bibliothque Nationale ;

    Le Dpartement des Arts du Spectacle, charg du dveloppement des arts du spectacle, de l'administration du Thtre Natio-nal et de l'organisation de plusieurs festivals nationaux ;

    Le Dpartement du Dveloppement Culturel, charg de la diffusion culturelle, de lducation la culture, de ladministrationdu Centre Culturel National et de la valorisation de la culture traditionnelle khmre ;

    Le Dpartement des Beaux-Arts et de lArtisanat ;

    Le Dpartement des Muses, charg de la coordination des actions des muses municipaux et provinciaux et deladministration du Muse National et du Muse Tuol Sleng ;

    Le Dpartement du Patrimoine, charg de la prservation et de la conservation des sites patrimoniaux nationaux ( lexceptionde celui dAngkor) ;

    Le Dpartement du Droit dauteur, charg de la gestion du droit dauteur et des droits voisins pour les phonogrammes, lesCD et les autres supports enregistrs.

    Commission du Film du Cambodge (CFC)La Commission du Film du Cambodge a t cre dans le but de faciliter les procdures de tournage de productions audiovi-suelles dans le pays en vue de dvelopper cette activit gnratrice de devises extrieures. Dans cette perspective, la CFC apporteson soutien aux professionnels trangers, en les accompagnant pour le choix des dcors, en mettant leur disposition un bureaudinformation pour les procdures et formalits suivre, en les mettant en contact avec les professionnels locaux, ou encoreen les soutenant sur le plan de la logistique.

    Autorit ApsaraJoyau du patrimoine culturel khmer, le site dAngkor Vat participe la renomme internationale du Cambodge. Son inscriptionen 1992 sur la liste du Patrimoine Mondial de lUNESCO a permis la cration doutils visant grer efficacement les effortsnationaux et internationaux concentrs sur le site. LAutorit APSARA a ainsi t cre en 1995 dans le but de superviser les

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  • 14 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    actions relatives au site dAngkor Vat. Place sous la tutelle de la Prsidence du Conseil des ministres et du Ministre delconomie et des Finances, elle a en charge :

    La protection, lentretien et la conservation du site ;

    La mise en place dun plan de dveloppement touristique ;

    La gestion et lapplication des mesures relatives la protection du parc vis--vis des activits de dforestation, de pillageet doccupation du terrain ;

    La participation aux actions de rduction de la pauvret dans la rgion de Siam Reap ;

    La recherche de sources de financement et dinvestissement.

    LENVIRONNEMENT JURIDIQUE DE LA CULTURE

    Principaux textes de rfrence rgissant le secteur de la culture

    La Constitution du Royaume du Cambodge de 1999 dfinit ainsi le rle de ltat en matire culturelle larticle 69 : Ltat se doit de prserver et de promouvoir la culture nationale. Ltat se doit de protger et de promouvoir la langue khmre.Ltat se doit de prserver les monuments anciens ainsi que les objets dart et de restaurer les sites historiques.

    La Loi du 25 janvier 1996 sur la protection du patrimoine culturel.Cette loi tablit les rgles et les obligations relatives la gestion du patrimoine culturel dans le but de le protger de la des-truction, des altrations, des exhumations non rglementes et du commerce illgal.

    La Loi sur le droit dauteur et les droits connexes de 2003.Cette loi garantit lapplication des mcanismes de protection des droits de la proprit intellectuelle suivant les principes delaccord sur les ADPIC.

    Principaux accords, conventions et traits internationaux ratifis dans le domaine de la culture

    Convention de Rome pour la protection des artistes interprtes ou excutants, des producteurs de phonogrammes et desorganismes de radiodiffusion ;

    Convention instituant l'Organisation Mondiale de la Proprit Intellectuelle (25 juillet 1995) ; Convention sur la protection et la promotion de la diversit des expressions culturelles de 2005 (19 dcembre 2007) ; Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatriel (13 septembre 2006) ; Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (28 fvrier 1992).

    Engagements commerciaux du Cambodge

    Le Cambodge est membre de lOrganisation Mondiale du Commerce (OMC) depuis 2004 ainsi que de la Zone de Libre Echangede lAssociation des Nations dAsie du Sud-Est (AFTA) depuis 1999. Linstauration du tarif effectif prfrentiel commun de lAFTAimplique que les tarifs douaniers appliqus une large part des produits changs entre les pays membres soient rduits entre0 et 5 %, mais galement que les restrictions quantitatives ainsi que les barrires non tarifaires soient limines. Le Cambodgea jusqu 2015 pour rduire les tarifs appliqus aux produits de sa liste dinclusion.Le pays a galement sign des accords bilatraux avec plusieurs pays, dont les tats-Unis et le Canada, mais aussi avec lUnionEuropenne.

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  • Le Cambodge 15

    12 - Discours de clture du Premier Ministre du Cambodge lors du Jour de la Culture, 3 mars 2010

    Concernant les services, la participation trangre nest gnralement pas restreinte par le GATS (Accord gnral sur le com-merce des services). Plus prcisment, sagissant des services audiovisuels, le Cambodge ninterdit pas aux entreprises tran-gres de distribuer des films et des vidos imports. Cependant, en raison du faible respect des droits de proprit intellectuelle,les produits trangers lgaux sont fortement concurrencs par les produits pirats.

    LA POLITIQUE CULTURELLELa politique culturelle du Cambodge est sous la responsabilit du Ministre de la Culture et des Beaux-Arts. Depuis 1979, legouvernement a entrepris dimportants efforts pour redynamiser les cultures traditionnelles mises mal pendant la priodedes Khmers rouges. La plupart des financements internationaux et nationaux sont consacrs au site dAngkor Vat, mais desaides sont galement accordes la danse classique et la musique traditionnelle, ainsi qu la mise en place dateliers defabrication dinstruments traditionnels.

    Aujourdhui, la politique culturelle conduite par le gouvernement se veut plus ambitieuse et cherche :

    Valoriser le patrimoine culturel du pays ;

    Encourager les arts de la scne ;

    Amliorer le statut de lartiste ;

    Favoriser lutilisation de la langue et des traditions khmres dans les pratiques cratives ;

    Collecter les informations et la documentation sur la culture nationale ;

    Dvelopper les infrastructures culturelles ;

    Renforcer les capacits humaines dans le secteur ;

    Travailler avec les autorits responsables la formulation doutils rglementaires utiles la protection et au renforcementdes diffrentes filires culturelles.

    Il nexiste pas de texte officiel prsentant la politique culturelle du Cambodge. Cependant, une stratgie nationale de dvelop-pement culturel et artistique est mise en uvre pour promouvoir le Cambodge en tant que royaume de culture . Le patrimoinecultu rel y tient une place privilgie en tant que pivot du dveloppement touristique et conomique du pays, sans que soientpour autant ignors dautres enjeux clefs, tels que le soutien aux artistes (en particulier ceux du spectacle) et aux regroupe-ments professionnels, la structuration des filires culturelles en de vritables industries, la diffusion de la culture cambodgienne travers le monde et le renforcement de la proprit intellectuelle12.

    Paralllement, de nombreuses initiatives multilatrales de soutien au secteur culturel sont menes en partenariat avec le Minis-tre de la Culture et des Beaux-Arts. En effet, de nombreux pays occidentaux privilgient laxe culturel dans leur politique decoopration avec le Cambodge, linstar de la France qui, travers ses centres culturels, mne des actions de soutien lacration, organise divers vnements culturels, encourage la diffusion audiovisuelle, organise des programmes de formationet soutient laccs la lecture et linformation.

    Domaine plbiscit par les grandes institutions internationales, le soutien aux industries cratives est galement pris en compteavec le Programme de soutien aux industries cratives 2008-2011 , bas sur un partenariat entre lUnesco, lOIT, la FAO,le PNUD et diverses autorits nationales parmi lesquelles le Ministre de la Culture et des Beaux-Arts. Ce programmesappuie sur lexpertise conjointe de ces partenaires pour renforcer les capacits humaines (et surtout entrepreneuriales) tra-vers un appui vari la conception et la promotion des produits culturels ou encore la mise en place de dispositions lgis-latives favorables au commerce de ces produits.

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  • La culture cambodgienne a construit sa notorit sur la richesse de son patrimoine culturel et sur la qualit de ses arts tradition-nels musique, danse, thtre, artisanat caractriss par un savoir-faire ancestral et un ancrage profond dans la socit. En par-ticulier, la musique et la danse classique, originellement lies la cour du Roi, disposent dun grand prestige. Ces pratiques artistiquesrestent cependant souvent cantonnes certains vnements populaires (mariages et clbrations diverses) ou quelques festi-vals prsentant une programmation relativement pointue, comme le festival international de musique de Phnom Penh.

    Ce riche hritage constitue un atout de taille pour le pays, principalement pour son industrie touristique. Touristes nationauxet trangers viennent en grand nombre apprcier la beaut des temples dAngkor Vat et la qualit des produits artisanaux tra-ditionnels. Le gouvernement a concentr sa stratgie de dveloppement touristique autour du tourisme culturel et de lco-tourisme, de manire conforter la contribution conomique de ce secteur au dveloppement du pays. Ainsi, on estime queprs de 2,5 millions de touristes ont visit le Cambodge en 2010, gnrant 1,7 milliard USD et crant 30 000 emplois13.Lintgration de la dimension cologique dans cette stratgie semble invitable tant donn les nuisances engendres par letourisme intensif, que lon peut observer dans les consquences du dveloppement non matris de la ville de Siem Reap :pollutions et dgradations de lenvironnement.

    Sagissant des industries du livre, du disque et de laudiovisuel, le Cambodge dispose dun vivier de crateurs importants telsque le cinaste Rithy Panh dont la renomme stend au-del des frontires. Toutefois, ltroitesse du march limite le dve-loppement conomique de ces filires.

    Le dveloppement des industries culturelles cambodgiennes est entrav par divers obstacles. Tout dabord, lenvironnementinstitutionnel et juridique demeure lacunaire et peu incitatif pour les acteurs du march, pour les petites et micro-entreprisesen particulier. Il existe galement un problme manifeste au niveau du capital humain, principalement en ce qui concerne lemaillon de la commercialisation et la proprit intellectuelle. Par ailleurs, le difficile accs aux nouvelles technologies et auxservices commerciaux limite la comptitivit des entreprises. Ceci est encore plus manifeste dans les zones rurales qui ne par-viennent pas sintgrer au march national. Les infrastructures connaissent dimportants dysfonctionnements qui fragilisentla production, lapprovisionnement et la distribution. Llectricit reste chre et peu fiable, ce qui isole les rgions loignes dePhnom Penh.

    La circulation des produits culturels cambodgiens ltranger est relativement faible. En 2008, les exportations de biensculturels atteignaient seulement 14 millions USD, une performance limite compare au voisin vietnamien dont les exporta-tions slevaient 3,1 milliards USD14. Cette situation sexplique par le manque de comptitivit des produits exports par leCambodge, d lalourdissement des cots de fabrication induit par la dpendance aux matires premires et consomma-tions intermdiaires importes et fortement taxes.

    Malgr ces contraintes, le pays dispose dun vritable potentiel en matire de production culturelle et pourrait profiter davan-tage de la rapide croissance mondiale de ce secteur. Cest sur ce constat que se fonde notamment le Programme de sou-tien aux industries cratives men conjointement par lUNESCO, le PNUD, lOIT et la FAO. Le gouvernement sattache lui aussi accorder davantage de fonds publics au secteur de la culture et prvoit de lui allouer 223 millions USD en 2011.

    LA FILIRE DE LDITIONIl existe au Cambodge une longue tradition de lcrit, notamment avec la rdaction dimportants textes religieux, de chroniquesroyales et de posie pique. La littrature moderne est en revanche peu dveloppe. Les traditions orales sont fortes : les his-toires racontes en chansons accompagnes dun instrument jouent un rle important dans la vie culturelle cambodgienne.

    16 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    CONOMIE DES INDUSTRIESCULTURELLESAPERU GNRAL

    13 - Agence Kampuchea Presse l 14 - Creative Economy report 2010, CNUCED, 2010

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  • Dans les annes 1950 et 1960, ldition cambodgienne tait assez indpendante et prospre, avant que les guerres civilesne viennent anantir une part importante des infrastructures et ne provoquent la perte dun nombre important dcrivains.

    Aujourdhui, suite ladoption dune nouvelle loi sur le droit dauteur et les droits voisins, le pays a commenc dvelopperactivement le secteur de ldition, avec entre autres la modernisation de la Bibliothque nationale et la cration de la Fdra-tion pour le dveloppement du livre au Cambodge qui rassemble les professionnels du secteur.

    La filire du livre reste malgr tout fragile. Au niveau de la cration, les crivains parviennent difficilement vivre de leur mtier. Nom-bre dentre eux se consacrent la recherche et lcriture, mais leurs uvres ne sont que rarement publies en raison dun manquede fonds. Beaucoup ditent, publient et distribuent leurs uvres leur compte, en photocopiant leurs textes et en les vendant direc-tement dans les magasins. En dehors de lAssociation des crivains khmers, il existe peu de soutien la cration littraire.

    En ce qui concerne la presse crite, le pays dispose dun nombre considrable de journaux et de magazines. Cependant, aucunde ces journaux nest publi en dehors de la rgion de Phnom Penh et la distribution est presque entirement limite aux capi-tales des provinces.

    Par ailleurs, il existe peu de vritables diteurs au Cambodge. La qualit des publications souffre du manque de comptencestechniques dans ce domaine. Bien que la qualit des impressions samliore, de profondes ingalits demeurent entre la capi-tale et la province o les magasins de photocopie comblent difficilement le manque dimprimeurs. Le cot des impressionsreste lev en raison de la petite taille du march national et de la forte taxation des biens intermdiaires imports.

    Le maillon de la distribution est galement fragile. Aux problmes lis au faible dveloppement des infrastructures du pays (trans-ports, tlcommunication) sajoute le fait que les distributeurs agissent souvent comme des grossistes sans mettre en placeune vritable politique de diffusion et de promotion des ouvrages.

    Un lectorat existe cependant bel et bien au Cambodge, comme latteste le succs de plusieurs journaux et magazines. Les poli-tiques en faveur de la sensibilisation et de la promotion de la lecture se montrent donc relativement efficaces, notamment pource qui est de dvelopper les dbouchs et de constituer un march capable de rentabiliser lensemble de la filire ditoriale.

    LA FILIRE DE LAUDIOVISUELLindustrie du cinma est encore embryonnaire au Cambodge. Bien que le secteur du divertissement soit relativement dve-lopp, la plupart des productions restent des vido-clips servant au karaok ou des feuilletons tlviss.

    Pourtant le pays a connu des priodes plus fastes. N dans les annes 1950, le cinma cambodgien sest dvelopp rapidementgrce au succs populaire rencontr par les uvres du Roi Norodom Sihanouk lui-mme. cette poque, de nombreuses mai-sons de production et salles de cinma ont ouvert leurs portes. La victoire des Khmers rouges en 1975 mit fin cette expansion,la plupart des acteurs et ralisateurs du pays ayant t limins. La quasi-totalit des pellicules existantes a t dtruite ou per-

    Des informations complmentaires sur la filire de ldition ainsi que les coordonnes des structures recenses sont disponibles dans la ver-sion complte du profil culturel publie sur le site internet de l'OIF.

    Le Cambodge 17

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  • due. lexception de films de propagande, les Khmers rouges nont pas ralis de films. Suite au renversement du rgime en 1979,les salles de cinma et les maisons de production ont progressivement rouvert et le pays sest remis importer des films, princi-palement dUnion Sovitique, des pays dEurope de lEst et du Vietnam. cette poque, labsence de tlvision a favoris la fortefrquentation des salles, avant un net recul constat partir du dbut des annes 90 avec le dveloppement de la tlvision. Cettesituation sest par la suite aggrave en raison du cot lev des entres (environ un dollar) par rapport au niveau de vie, du dve-loppement du march du DVD et du boom immobilier qui a provoqu la vente ou la location des salles de cinma au profit descasinos et restaurants. Au milieu des annes 60, Phnom Penh disposait de plus de 30 salles de cinma. Aujourdhui, il nen existeplus que trois15. Quelques autres salles de cinma existent en province, Battambang et Siem Reap notamment.

    Il est difficile aujourdhui de connatre le nombre exact de maisons de production mais les observateurs de lindustriesaccordent dire que seulement une petite part de celles qui opraient dans les annes 90 existe encore. Beaucoup dentreelles produisent des sries de films dhorreur de mauvaise qualit ou des comdies burlesques, raliss sur de petits budgetset doubls aprs le tournage du film en raison du cot moins lev et de la rapidit de ralisation. Le manque de qualificationdes ressources humaines et dquipements adquats entretient le dfaut de professionnalisme constat.

    La non-application de la loi sur le droit dauteur dcourage les possibles investissements dans le secteur. Les ralisateurs seplaignent du fait quune fois ralis, un film se retrouve deux jours plus tard sur les marchs sous forme de copies pirates.Un autre problme constat par les professionnels est le manque de sensibilisation des populations la valeur des films. Untravail dducation artistique doit tre entrepris auprs des jeunes afin de les inciter apprcier le cinma de bonne qualit.Lamlioration de la qualit des films cambodgiens et de lindustrie de la tlvision est devenue une priorit du ministre dela Culture et des Beaux-Arts.

    Les nombreux dfis auxquels fait face la filire de l'audiovisuel et du cinma ont stimul une mobilisation croissante des pro-fessionnels du secteur, incarne notamment par le cinaste Rithy Panh qui effectue un important travail de promotion de lindustriecinmatographique et de la mmoire audiovisuelle au Cambodge travers le Centre de ressources audiovisuelles Bophana.

    LA FILIRE DE LA MUSIQUELa musique est une tradition ancestrale qui remonte lpoque de lempire khmer. Essentiellement instrumentale, lamusique traditionnelle accompagne encore aujourdhui les rites et crmonies religieuses. En ce qui concerne les musiquesac tuelles, les dcennies de conflits ont ralenti le dveloppement de lindustrie locale et pnalis la qualit des productions.De nombreux musiciens reprennent des chansons datant davant les annes 60 ou se produisent dans les karaoks pouravoir accs une certaine reconnaissance populaire. Le karaok, pratique largement rpandue dans le pays, gnre ainsides revenus importants tant dans le secteur de laudio que dans celui de la vido. Cette dynamique est cependant contra-rie par la piraterie qui dtourne une part importante du march local mais aussi, de plus en plus, du march internationalpar lintermdiaire des Cambodgiens installs ltranger. Il sagit l dun problme majeur pour les maisons de productioncambodgiennes. Selon certaines dentre elles, chaque nouveau CD ou DVD est systmatiquement copi quelques heures aprssa sortie et revendu entre 1 et 2 USD sur le march.

    Pour enrayer ce phnomne, le gouvernement a cr une commission interministrielle charge de juguler la vente des CD etVCD pirats. Les principales modalits daction sont la saisie et la destruction des marchandises. Cest ainsi quen 2009 lesautorits ont souhait marquer les esprits en procdant la destruction au bulldozer de 400 000 CD et DVD16.

    Des informations complmentaires sur la filire de la musique ainsi que les coordonnes des structures recenses sont disponibles dans laversion complte du profil culturel publie sur le site internet de l'OIF.

    Des informations complmentaires sur la filire de laudiovisuel ainsi que les coordonnes des structures recenses sont disponibles dans laversion complte du profil culturel publie sur le site internet de l'OIF.

    18 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    15 - Estimation l 16 - Topnews.in, 2010

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  • LES FESTIVALSMis part les festivits traditionnelles, les festivals sont une pratique relativement rcente au Cambodge. Ils se sont dvelop-ps sous limpulsion du Ministre de la Culture et des Beaux-Arts au milieu des annes 1990 pour promouvoir et valoriser laculture khmre au Cambodge et travers le monde. Divers festivals ont ainsi t organiss dans les diffrentes disciplines artis-tiques, prenant parfois pour dcor le site dAngkor Vat.

    Si certains dentre eux nont connu quune dition, dautres, comme le Festival cambodgien des arts vivants ou le Festival natio-nal de musique traditionnelle, sancrent progressivement dans les habitudes de la population et prennent une ampleur trans-frontalire.

    Des informations complmentaires sur les festivals ainsi que les coordonnes des structures recenses sont disponibles dans la version com-plte du profil culturel publie sur le site internet de l'OIF.

    Le Cambodge 19

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  • 20 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    LA RPUBLIQUE DMOCRATIQUEPOPULAIRE LAO

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  • Population (2009) : 6320000 Superficie : 236 800 km2

    Capitale : Vientiane Rgime politique : Rpublique dmocratique populaire Langue officielle : lao Monnaie : kip PIB (2009) : 5939451000 USD IDH (2010) : 0,497 (124e sur 169)

    POPULATION ET LANGUESLa population du Laos a t estime 6 320 000 habitants17 en 2009, ce qui en fait le pays le moins peupl de la pninsuleSud-Est asiatique. Cette population est majoritairement rurale (67 %18) et se concentre dans les plaines qui bordent le Mkong,en aval des montagnes qui dominent le reste du pays.

    Le Laos est une vritable mosaque ethnique : 49 groupes ethnolinguistiques distincts sont actuellement reconnus par le gou-vernement. Parmi eux, le groupe Lao est de loin le plus important et reprsente 55 % de la population totale19. Appartenant la grande famille linguistique thae et le plus souvent de confession bouddhiste, les Lao se concentrent dans les plaines fron-talires de la Thalande. Les autres groupes, qualifis de Lao des versants et de Lao des sommets , sont le plus souventanimistes et vivent majoritairement dans les rgions montagneuses du Nord et de lOuest.

    De cette mosaque ethnique dcoule une grande diversit linguistique de laquelle se dtache le lao, langue trs proche du thae,rig au rang de langue officielle du pays. Le franais, ancienne langue coloniale, est parl par 1 % de la population seule-ment20 et est aujourdhui srieusement concurrence par la pratique de langlais.

    REPRES HISTORIQUESLe Laos a t unifi dans ses frontires actuelles durant les premires annes du XXe sicle par le colonisateur franais. Ausortir de loccupation japonaise durant la Seconde Guerre Mondiale, le Royaume du Laos devient un tat autonome au seinde lUnion franaise avant de voir son indpendance dfinitivement reconnue par les accords de Genve de 1954. Les deuxdcennies suivantes sont marques par une succession daffrontements internes, alimente en grande partie par la guerre duVietnam voisin. Finalement, les communistes du Pathet Lao russissent renverser la monarchie en 1975 et instaurent la Rpu-

    RPARTITIONDE LA POPULATIONPAR GE

    Moins de 15 ans 15 65 ans Plus de 65 ans

    Plus de 65 ans4 %

    Moins de 15 ans37 %

    Entre 15 et 65 ans59 %

    Le Laos 21

    17 - Banque mondiale l 18 - Organisation des Nations Unies l 19 - CIA, The World Factbook l 20 - OIF

    PRSENTATION GNRALE DU PAYS

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  • blique populaire dmocratique lao (RPDL). partir des annes 80, dimportantes rformes sont entreprises par le pouvoir com-muniste afin de libraliser lconomie laotienne et daccrotre son ouverture sur lextrieur. Le Laos intgre lASEAN (Associa-tion des Nations dAsie du Sud-Est) en 1997.

    CONOMIE ET DVELOPPEMENT HUMAINLconomie du Laos demeure encore largement domine par lagriculture qui occupe 75,1%21 de la population active mais necontribue au PIB qu hauteur de 29,8 %22. La riziculture, principale activit agricole des Laotiens, a vu sa productivit crotre for-tement durant ces dernires dcennies, mais demeure essentiellement oriente vers le march interne. Peu dveloppes, les expor-tations du pays sont de surcrot souvent ralises dans lillgalit, notamment dans le secteur de la sylviculture. De manire gnrale,lconomie laotienne est handicape par un important dficit en infrastructures (routes, transports, lectricit), particulirement sen-sible dans les zones rurales enclaves. Les nombreuses relations de coopration quentretient le pays avec lextrieur, notammentavec la Chine et le Vietnam, sont frquemment mises profit pour pallier ce manque. titre dexemple, on peut mentionnerlambitieux projet de voie ferre qui doit tre lanc en 2011 dans le cadre de la coopration sino-laotienne. En dpit de ces han-dicaps, lconomie laotienne est actuellement en pleine expansion, la croissance du PIB pour lanne 2010 tant estime 7,7 %23.

    Avec un indice de dveloppement humain (IDH) de 0,497, le Laos se situait la 124e place du classement mondial tabli parle PNUD pour lanne 2010, devant le Cambodge et le Myanmar mais derrire le Vietnam et la Thalande24. 24,6 % desLaotiens vivent avec moins de 2 USD par jour (calcul en PPA, parit de pouvoir dachat)25 et 19 % sont victimes de sous-ali-mentation. Lesprance de vie la naissance tait estime 65,9 ans en 201026 et le taux de mortalit des enfants de moinsde 5 ans a t plus que divis par deux durant ces 20 dernires annes pour se fixer 66 pour mille naissances.

    valu 72,7 % pour lanne 201027, le taux dalphabtisation des adultes se rvle relativement faible compar aux autrespays de la rgion et masque de surcrot de profondes ingalits entre genres (il tombe 63 % chez les femmes) et entre groupesethnolinguistiques.

    Laccs aux services et infrastructures de base fait dfaut une grande partie des Laotiens, surtout dans les zones rurales encla-ves ou exposes aux munitions non exploses hrites des dcennies de guerre. titre dexemple, seulement 72 % de lapopulation urbaine a accs une source deau amliore, un chiffre qui tombe 51 % en zone rurale28.

    POLITIQUE DE DVELOPPEMENTDepuis 1986 et la mise en place dun Nouveau mcanisme conomique (NEM), le Parti rvolutionnaire populaire lao (PPRL) aupouvoir sest engag dans une importante srie de rformes visant libraliser lconomie laotienne. En mettant fin certains mono-poles dtat et en diversifiant les changes du pays avec le reste du monde, ces rformes ont permis daccrotre de manire signi-ficative la production nationale et de faire reculer la pauvret.

    Pour rpondre aux nombreux dfis du dveloppement, le gouvernement a adopt en 2003 une Stratgie nationale pour la crois-sance et la rduction de la pauvret (NGPES) qui se focalise sur quatre secteurs prioritaires agriculture, infrastructures, santet ducation auxquels sajoutent des thmatiques transversales (lutte contre le Sida, gestion des munitions non exploses, priseen compte des questions de genre et protection de lenvironnement). Aux cts des Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement(OMD), ces priorits ont guid la mise en place du sixime Plan national de dveloppement socio-conomique qui sert de base la politique gouvernementale pour la priode 2006-2010. Ce plan prvoit notamment une augmentation significative des budgetsallous lducation et la sant, et prvoit dintensifier les efforts dj entrepris pour soutenir le dveloppement du secteur priv.

    22 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    21 - Ibid l 22 - CIA, The World Factbook l 23 - Ibid l 24 - PNUD l 25 - Banque Mondiale l 26 - PNUD l 27 - Ibid l 28 - Banque Mondiale

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  • Le Laos 23

    29 - Visiting Arts

    LES STRUCTURES INSTITUTIONNELLES

    Ministre de lInformation et de la Culture

    A. Missions

    Le Ministre de lInformation et de la Culture est de loin le principal acteur de la vie culturelle laotienne, compte tenu de sestrs larges missions et des nombreuses organisations qui lui sont directement rattaches. Cr en 1975 aprs la victoire duPathet Lao, il ne cesse depuis dagir pour la valorisation de la culture laotienne dans sa grande diversit et pour le dvelop-pement dune culture de masse en accord avec les directives du Parti.

    Les missions du Ministre de lInformation et de la Culture ont t redfinies et clarifies en 1999 par le dcret 25/PM duPremier Ministre. En vertu de ce dcret, le Ministre doit :

    tudier et mettre en uvre les directives, plans et politiques du Parti ; identifier les mesures et mthodes permettant de sui-vre, guider, grer, faciliter, valuer, rsumer et tirer les leons des activits visant au dveloppement de linformation et dela culture travers le pays ;

    tudier et amender les projets de lois, lgislations, dcrets, rglements et rgulations relatifs au secteur de linformation etde la culture en vue de les soumettre au gouvernement pour approfondissement ;

    tudier et proposer des stratgies, plans de long terme et projets visant renforcer lefficacit des mdias de masse dansleur mission de diffusion et de protection des politiques et directives du Parti et du gouvernement ;

    tudier et proposer au gouvernement des stratgies, plans de long terme et projets visant dvelopper, prserver etpromouvoir lexcellence du patrimoine national et ethnique en y intgrant la culture contemporaine, afin de dynamiser laculture du Laos et de construire une culture nationale progressiste et oriente vers les masses ;

    Stimuler la culture vivante ; promouvoir les activits culturelles, les villages culturels et la culture populaire ; construire pro-gressivement les bases dune information et dune culture moderne ; promouvoir les ides cratives et mettre profit lesproduits culturels, travers notamment limpression et la diffusion, afin dalimenter la socit en ressources et en idologiede manire faire de linformation et de la culture des projets tangibles pour les masses ;

    Coordonner et collaborer avec les organisations comptentes pour la mise en place de mesures destines prserver le patri-moine mobilier comme immobilier ; prserver les paysages pittoresques, les lgendes des minorits ethniques et les valeursculturelles rvolutionnaires ;

    Mettre en place des plans pour la mise niveau et la formation des fonctionnaires du secteur de linformation et de la cul-ture, et transmettre de solides principes politiques ainsi que des savoirs et comptences professionnelles suffisantes aux fonc-tionnaires de manire ce quils puissent remplir leurs devoirs et fonctions au sein de leurs secteurs professionnels pourchaque priode planifie ;

    Coordonner avec le Ministre des Finances la mise en place de plans et de budgets destins au secteur de linformation etde la culture avant leur soumission au gouvernement ; mobiliser, rechercher et grer les fonds domestiques et trangers des-tins tre investis pour le dveloppement dune information et dune culture hautement efficace ;

    Conduire les relations et expriences de coopration avec des pays tiers et les organisations internationales dans ledomaine de linformation et de la culture29.

    ENVIRONNEMENT INSTITUTIONNELDE LA CULTURE

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  • 24 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    B. Organisation et fonctionnement

    En interne, les nombreuses missions du Ministre de lInformation et de la Culture sont coordonnes par des Dpartementsspcialiss dont laction est supervise par le Ministre et par un Secrtariat permanent :

    Le Dpartement des Beaux-ArtsIl a pour mission dencadrer et de soutenir les arts plastiques, la musique et les arts de la scne au Laos. Son action estrelaye auprs des artistes par lAssociation des artistes des Beaux-Arts lao et lAssociation des artistes du spectacle lao.La Facult nationale des Beaux-Arts et lEcole nationale de musique et de danse lui sont galement rattaches.

    Le Dpartement du CinmaDissout en 1991 puis redynamis en 2008, le Dpartement du Cinma mne une action protiforme destine dynamiserlindustrie cinmatographique laotienne : coproduction de long-mtrages, soutien aux festivals de cinma, organisation desminaires de formation, etc. Ce nouvel activisme reflte le regain dintrt port par le Parti pour le dveloppement duneindustrie qui sort peu peu dune longue priode de lthargie.

    Le Dpartement de la Culture de masseIl a pour mission dorganiser des activits culturelles populaires en accord avec les orientations du gouvernement et du Partirvolutionnaire populaire lao.

    Le Dpartement des Mdias de masseIl a pour mission dencadrer et de soutenir le dveloppement de la presse crite, de la radio et de la tlvision. Son actionse dploie au travers des nombreux organismes qui lui sont directement rattachs : LAssociation des journalistes lao ; Le Centre national des archives de films et vidos ; Les journaux Pasaxon, Van Athit Weekly, Vientiane Times et Le Renovateur ; Le Centre national de formation des mdias de masse.

    Le Dpartement de la Publication, de lImpression, de la Distribution et des BibliothquesCe dpartement a pour mission dencadrer et de soutenir la filire du livre au Laos. ce titre, il est notamment en chargede la gestion de la Bibliothque nationale. La Socit dtat ddition et de distribution de livres ainsi que lImprimerie dtatsont places sous sa responsabilit.

    Le Dpartement des Muses et de lArchologie

    Le Dpartement de lInspection

    Le Dpartement de lOrganisation et du Personnel

    Le Dpartement de la Planification et du Budget

    En plus des institutions et entreprises dj cites, le Ministre de lInformation et de la Culture a galement sous sa tutelle lesstructures suivantes :

    Lagence de presse Khaosan Pathet Lao (KPL) ; La Tlvision nationale lao (TNL) ;

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  • Le Laos 25

    La Radio nationale lao (RNL) ; LInstitut de recherche culturelle (IRC) ; LInstitut de recherche linguistique (IRL).

    Centre National des Archives de Films et VidosSuite la fermeture provisoire du Dpartement du Cinma du Ministre de lInformation et de la Culture, le Centre Nationaldes Archives de Films et Vidos a t cr en 1991 dans le but de collecter et conserver le patrimoine cinmatographiquelaotien. Rattach au Dpartement des Mdias de masse du Ministre, il dispose dsormais dun catalogue de 20 000 films surbobines et 1 500 vidocassettes.

    Dpartement de la Proprit Intellectuelle, de la Standardisation et de la Mtrologie (DPISM)Rattach aux services du Premier Ministre par le biais de lAutorit nationale pour la science et la technologie, le DPISM a pourmission de proposer et de mettre en uvre des plans, lois, rgles et rglementations concernant la proprit intellectuelle.Il sagit donc de lautorit comptente pour toutes les questions de droits dauteur et de droits voisins.

    LENVIRONNEMENT JURIDIQUE DE LA CULTUREPrincipaux textes de rfrence rgissant le secteur de la culture

    Constitution de la Rpublique dmocratique populaire laoMme sil tait dj voqu dans la premire version de la constitution de 1991, le rle endoss par ltat en matire dedveloppement culturel a t renforc larticle 23 par la rvision de 2003 :

    Ltat promeut la prservation de la culture nationale reprsentative des nobles traditions du pays et de son ethnicit, touten admettant certaines cultures progressistes venant du reste du monde.

    Ltat promeut les activits culturelles, les Beaux-Arts et linvention, gre et protge le patrimoine culturel, historique et natu-rel et prserve les sites anciens et historiques.

    L'tat veille l'amlioration et l'expansion des activits des mdias aux fins de la protection et du dveloppement national.

    Toutes les activits culturelles et des mdias qui sont prjudiciables aux intrts nationaux ou la prcieuse culture tradi-tionnelle et la dignit du peuple lao sont interdites.

    Loi 08/NA du 9 novembre 2005 sur le patrimoine nationalCette loi raffirme le rle moteur jou par ltat pour la protection, la conservation, la restauration et la rhabilitation du patri-moine matriel et immatriel du pays. Elle prvoit la mise en place dun Fonds national pour le patrimoine et charge le Minis-tre de lInformation et de la Culture dorganiser la mise en valeur du patrimoine national lao, afin de contribuer au renforcementde la cohsion nationale, dduquer les citoyens, mais aussi de stimuler lindustrie du tourisme.

    Lois du 14 janvier 2008 sur la proprit intellectuelleCes lois viennent combler le vide juridique qui prvalait auparavant au Laos en matire de droit dauteur et de droits voi-sins. Elles se calquent en grande partie sur les principes dicts par lOrganisation Mondiale de la Proprit Intellectuelle(OMPI) que le pays a rejointe en 1995 et offrent de nombreuses garanties aux auteurs duvres artistiques et littraires.

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  • Loi du 25 juillet 2008 sur les mdiasCette loi prcise les droits et devoirs dvolus tous les mdias diffuss sur le territoire national, quils soient laotien ou impor-ts depuis ltranger. Elle dtaille galement les prrogatives de ltat en matire de contrle des mdias.

    Loi du 9 dcembre 2008 sur lditionCette loi vient encadrer le secteur de ldition, jusque-l soumis un grand flou juridique. Elle instaure notamment une pro-cdure dattribution par la Bibliothque Nationale de codes ISBN pour les nouvelles publications. Ces dernires doivent parailleurs tre systmatiquement soumises lapprobation du Ministre de lInformation et de la Culture avant toute diffusion.

    Principaux accords, conventions et traits internationaux ratifis dans le domaine de la culture

    Accord pour limportation dobjets caractre ducatif, scientifique ou culturel (Unesco, ratifi le 21 mai 1952) ;

    Convention universelle sur le droit dauteur (UNESCO, ratifie le 16 septembre 1955) ;

    Convention concernant la protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (Unesco, ratifie le 20 juin 1987) ;

    Accord-cadre sur la Coopration de la Proprit intellectuelle (ASEAN, ratifi le 15 dcembre 1995) ;

    Convention instituant lOrganisation Mondiale de la Proprit Intellectuelle (OMPI, ratifie le 17 janvier 1995) ;

    Pacte relatif aux droits Economiques, Sociaux et Culturels (ONU, ratifie le 13 mai 2007) ;

    Convention sur la protection et la promotion de la diversit des expressions culturelles (Unesco, ratifie le 5 fvrier 2008).

    LA POLITIQUE CULTURELLELes bases de la politique culturelle du Laos ont t poses ds 1975, suite la victoire du Pathet Lao. Depuis cette poque,la culture et les mdias sont considrs comme des instruments cls la disposition du Parti rvolutionnaire populaire lao pourduquer le peuple, diffuser les principes rvolutionnaires dfendus par le gouvernement et renforcer la cohsion nationale dansun pays marqu par une grande pluralit ethnique. Ces ambitions se sont pendant longtemps traduites par un monopole totalde ltat sur tous les aspects de la vie culturelle et mdiatique du pays.

    Si ces ambitions demeurent aujourdhui les mmes, la transition progressive du Laos vers une conomie de march et sonouverture croissante au commerce international des biens et services culturels a amen le Parti rflchir aux moyens de lesrendre compatibles avec le dveloppement dune offre culturelle prive en expansion.

    Les rponses apportes diffrent dune filire lautre. Pour ce qui est des mdias, ltat garde pour le moment un monopolepresque absolu sur la production nationale, mme si une tolrance croissante peut tre constate lendroit des mdias tran-gers thalandais notamment qui investissent le pays. En ce qui concerne les industries de la musique et du cinma, le dve-loppement dune offre prive est en revanche perue comme une opportunit de premier ordre compte tenu des bnficespouvant en rsulter en termes de prestige international, de fiert nationale et de dveloppement conomique. De ce point devue, lassainissement de lenvironnement juridique de ces secteurs est considr par le Ministre de lInformation et de la Cul-ture comme une priorit, la promulgation en 2008 de la lgislation sur le droit dauteur constituant une tape dcisive de ceprocessus.

    Paralllement ces mutations, le dveloppement acclr du tourisme joue galement un rle incitatif dans la politiqueculturelle du Laos. Entre 1991 et 2009, le nombre de touristes trangers a t multipli par plus de 400, faisant de ce sec-

    26 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

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  • Le Laos 27

    teur lun des principaux moteurs de la croissance conomique. Cette opportunit majeure a conduit le gouvernement et lesautorits locales renforcer leur politique de valorisation du patrimoine culturel, avec notamment ladoption en 2005 de la loisur le patrimoine national et lappel la coopration internationale pour la rhabilitation des sites prestigieux tels que ceux deLuang Prabang. Lenjeu du tourisme vient galement renforcer les efforts dploys par les autorits pour la prservation et lavalorisation de la diversit ethnoculturelle du pays, travers la co-organisation de festivals destins maintenir vivaces les tra-ditions locales et attirer les touristes trangers.

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  • Trs peu de donnes chiffres sont disponibles sur les industries culturelles laotiennes. Le Bureau laotien des statistiques dis-pose cependant de quelques chiffres relatifs au secteur des arts et du divertissement. En 2006, celui-ci comptait 1 013 struc-tures et employait 3 695 personnes30.

    Si depuis la fin des annes 80 le Laos sest engag dans un processus de libralisation de son conomie, ce dernier na encoreque trs partiellement affect le secteur de la culture, considr comme particulirement sensible par le Parti rvolutionnairepopulaire lao. Ceci explique que parmi toutes les structures que lenqute a permis didentifier, la plupart sont dtenues parltat et sont directement rattaches au Ministre de lInformation et de la Culture ou au Parti.

    Quasi absent de la sphre des mdias, le secteur priv commence, en revanche, investir progressivement les industriesde la musique et du cinma, dynamisant des secteurs dactivits autrefois inexistants. Rigoureusement contrle par le Minis-tre de lInformation et de la Culture, cette dynamique est accueillie avec bienveillance par les autorits, dans la mesure oelle sert le rayonnement du pays ltranger de mme que la cohsion sociale. Compte tenu de ces opportunits, mais sur-tout en raison de lessor du tourisme, linvestissement public dans le secteur de la culture na cess de crotre ces derniresannes, passant de 2 milliards de kips (0,25 millions USD) en 1994-1995 25,9 milliards de kips (3,23 millions USD) en2009-201031.

    Malgr ces efforts, le secteur de la culture demeure largement dpendant de laide publique internationale, qui sest lev prs de 13 millions USD pour la priode 2009-201032. En attendant quune politique volontariste soit effectivement mise enuvre en la matire, la filire du livre est particulirement concerne par cet appui extrieur.

    LA FILIRE DE LDITIONLa filire du livre et de ldition est extrmement peu dveloppe au Laos. Aux cts de la Socit dtat ddition et de dis-tribution de livres, lenqute na permis didentifier quune seule maison ddition prive, laquelle il convient cependant dajouterles ONG internationales qui semploient publier des livres pour enfants en lao.

    Cette situation sexplique en partie par ltroitesse du march : le Laos est peu peupl et connat un taux dalphabtisation rela-tivement bas (72,7 % de la population adulte en 201033), sans compter la faiblesse du pouvoir dachat et lenclavement denombreuses zones rurales exclues des circuits de distribution. ces contraintes sajoute labsence de politique nationale dulivre, malgr ladoption de la loi du 9 dcembre 2008 sur ldition. Cette dernire se rvle en effet trs contraignante dansla mesure o elle raffirme le contrle rigoureux exerc par ltat sur la ligne ditoriale des diteurs.

    Labsence de politique du livre explique aussi la faiblesse du rseau de lecture publique. la tte de ce dernier, la BibliothqueNationale souffre dun manque cruel de moyens et doit compter sur laide internationale (environ 7,3 millions USD entre 1990et 200434) pour se dvelopper. En labsence de procdure de dpt lgal, ce sont notamment les dons trangers qui alimen-tent lessentiel de son fonds documentaire, avec pour consquence une sous-reprsentation inquitante des ouvrages en lao.En dehors de la Bibliothque Nationale, dautres bibliothques et centres de lecture publique ont t ouverts, le plus souventdans le cadre de programme de solidarit internationale, sans que puisse tre comble limportante fracture ville / campagneconstate en matire daccs la lecture.

    La presse crite est quant elle presque entirement contrle par ltat. Sur les 37 journaux et magazines que lenqute apermis didentifier, seuls trois ne sont pas directement rattachs ladministration ou au Parti. Se gardant daborder tout sujet

    28 Profil culturel des pays du sud membres de la Francophonie

    30 - Bureau laotien des statistiques l 31 - Ibid l 32 - Ibid l 33 - PNUD l 34 - National Library of Sweden, Development of public library performance in Laos and Vietnam

    CONOMIE DES INDUSTRIESCULTURELLESAPERU GNRAL

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  • Le Laos 29

    35 - PNUD, Imported mass-media & communication services and products in Lao PDR l 36 - Ibid

    politique, ces quelques journaux indpendants sont soumis au contrle a posteriori du Ministre de lInformation et de la Cul-ture. La quasi-totalit de la presse crite laotienne est approvisionne en information par lagence de presse gouvernemen-tale KPL, directement rattache au Ministre.

    LA FILIRE DE LAUDIOVISUELLa filire de laudiovisuel connat depuis quelques annes une certaine effervescence marque par lmergence dune pro-duction prive, jusque-l bride par le monopole dtat impos toute lindustrie du cinma. Le coup denvoi de ce renouveaua t donn en 2008 par la sortie du film vnement Sabaidee Luang Prabang, financ par des fonds privs laotiens et tha-landais et accueilli avec bienveillance par le Ministre de lInformation et de la Culture. Cest cette mme anne que cedernier a justement rouvert son Dpartement du Cinma, pour accompagner le dveloppement et la structuration durable duneindustrie cinmatographique appele promouvoir lidentit et les valeurs du pays.

    De ce point de vue, les dfis ne manquent pas. Jeunes et donc relativement inexprimentes, les quelques structures deproduction recenses manquent de moyens financiers, de matriels et de personnels qualifis. Pour toutes ces raisons, laplupart dentre elles restent spcialises dans la production de films publicitaires ou de clips musicaux.

    Le dveloppement de la filire cinmatographique laotienne est galement frein par ltroitesse du march domestique quillustrelabsence de salle de cinma commerciale dans tout le pays, lexception notable du Cinemax du Centre Lao-ITECC.

    Ltroitesse des dbouchs pour les productions laotiennes sexplique galement par la rude concurrence impose par les filmstrangers, thalandais en particulier, qui investissent le pays par le biais de la tlvision. Si le taux dquipement des foyers lao-tiens en tlviseur va croissant, passant de 31 41 % entre 1997 et 200335, cette volution profite essentiellement aux chanesthalandaises aisment accessibles proximit de la frontire ou grce aux satellites. Ainsi, une enqute ralise par le PNUDen 2006 rvle que 64 % des Laotiens interrogs regardent essentiellement les chanes thalandaises36 au dtriment de la tl-vision dtat laotienne dont la grille des programmes se compose essentiellement de programme dinformation, lorsquelle nediffuse pas elle-mme des fictions importes de la Thalande voisine.

    Enfin, le manque de dbouchs est imputable dans une large mesure limportance du piratage. Alimente par les copies frau-duleuses importes bas cot de Thalande, la quasi-totalit du commerce de VCD et DVD se fait dans lillgalit. La lutte contrece phnomne, encore peu dveloppe, apparat donc comme un pralable ncessaire la rentabilisation du secteur du cinmaet de laudiovisuel.

    Dans ce contexte, le Ministre de lInformation et de la Culture cherche avant tout professionnaliser le secteur, en mettanten place des sminaires de formation ou en apportant son soutien aux festivals de cinma tel la Vientianale et le Festival dufilm de Luang Prabang qui commencent se dvelopper et contribuent la structuration de la filire.

    Des informations complmentaires sur la filire de laudiovisuel ainsi que les coordonnes des structures recenses sont disponibles dans laversion complte du profil culturel publie sur le site internet de l'OIF.

    Des informations complmentaires sur la filire de ldition ainsi que les coordonnes des structures recenses sont disponibles dans la ver-sion complte du profil culturel publie sur le site internet de l'OIF.

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  • LA FILIRE DE LA MUSIQUE linstar de lindustrie cinmatographique, la filire de la musique a connu ces dernires annes dimportants bouleversements.Jusquau dbut des annes 2000, la progressive ouverture du pays aux contenus trangers stait traduite par une relativ