Professeur Albert Tévoédjéré

Colloque de la Coalition des ONG pour les OMD

Palais des Nations, le 15 juin 2015, Salle XII

NOUVELLES RESPONSABILITES A L’AUNE DE L’AGENDA POST 2015

Mesdames, Messieurs,

La complexité des grands enjeux du 21e siècle est un défi lancé au temps et à l’intelligence.

L’incertitude s’est paradoxalement immiscée au sein des sociétés qui, précisément, ont fait le

choix du progrès technique dans l’espoir de maîtriser la nature et de réduire les aléas et

l’indétermination. Il est urgent d’ouvrir un nouvel imaginaire de la vulnérabilité, de retrouver

notre faculté d’imagination.

Si nous sommes, comme le pensait Anders, depuis 1945, une espèce en sursis, la question est

donc de savoir comment repousser indéfiniment l’échéance de la fin. Le développement

durable ouvre des espaces de discussion pour construire un projet collectif de transformation. Il

pourrait y avoir là une mutation historique dans nos fonctionnements institutionnels. Issu du

rapport Brundtland et validé par les chefs d'Etat lors du sommet de la Terre de Rio en 1992,

“le développement durable” trouve des ancrages de plus en plus nombreux dans les sphères

politico-administratives et sur les agendas des institutions publiques. Alors qu’en 1972, il

assumait un rôle de vigie, très déclaratif et dans la dénonciation principielle des maux

environnementaux, il est en 2014 un pourvoyeur de solutions et d’alternatives très concrètes.

L’ONU a lancé un large débat sur le futur cadre de développement : le débat du +2015.

L’objectif est pour nous de réviser les objectifs des politiques de développement et en

particulier de réviser les Objectifs du Millénaire pour le Développement qui expirent en 2015

et de promouvoir un nouveau cadre de développement qui devrait fixer des objectifs de

développements durable pour la prochaine génération.

La déclaration du Millénaire avait défini huit objectifs : éradiquer l’extrême pauvreté et la faim,

assurer l’éducation primaire pour tous et promouvoir l’équité du genre et l’autonomisation des

femmes, réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans, améliorer la santé maternelle,

combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies, assurer un environnement durable, et

mettre en place un partenariat mondial pour le développement.

L’agenda du développement après 2015 prévoit de fusionner les Objectifs du millénaire pour

le développement (OMD) avec les Objectifs de développement durable (ODD) dans un cadre

universel, ne parvient pas à remettre en cause radicalement les logiques politico-économiques

qui sont à l’origine de la production des menaces qui pèsent sur les hommes. En décembre

2014, le secrétaire général des Nations Unies a rendu public son rapport synthétique

sur l’agenda post - 2015 intitulé « La voie vers la dignité d’ici 2030. Il s’agit d’une feuille de

route qui tend à clarifier les axes essentiels à l’égard des objectifs du développement

durable, identifier les principes d’action et structurer les négociations intergouvernementales

sur les orientations de l’agenda post – 2015.

Nous avons encore beaucoup à apprendre des cultures dans la construction du monde que

nous voulons. Plusieurs organisations, avec en tête l'UNESCO, militent pour que la culture soit

reconnue comme le quatrième pilier du développement. Le débat thématique de l’Assemblée

générale des Nations Unies tenu en mai 2014 et intitulé « Culture et développement durable

dans l’agenda post - 2015 » s’inscrit dans cette dynamique de même que le manifeste de

Cotonou que nous avons adopté dans le cadre de l’Initiative Africaine d’Education à la paix

et au Développement par le dialogue interreligieux et interculturel .

L’année 2015 est l’année du bilan et c’est la raison pour laquelle votre Colloque sur les

Objectifs de Développement Durable " Aller Vers le Post 2015... nouveau paradigme pour une

sobriété heureuse, contribuera à ce grand débat et à l’agenda post-2015. Le thème du

colloque se veut résolument tourné vers le monde et vers l’avenir. A plus d’un titre, ce colloque

s’imposait. En permettant la juxtaposition des regards et des pratiques, il s’assigne le rôle de

vigies qui exhortent le monde à devenir responsable de son destin. Une intégration explicite et

dynamique de la culture dans l’agenda serait un succès unique ou tout au moins une

consolation pour les acteurs qui ont jusqu’ici défendu avec beaucoup de ferveur cette cause.

Je vous remercie