Prix du riz au Sénégal

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« CGER- Vallée - Analyse Économique Riz » Janvier 2012 C GERV Avec plus de 175 milliards de FCFA d’importa- tions de riz pour la seule année 2011, le Sénégal est for- tement dépendant des échanges mondiaux pour résor- ber son déficit en riz qui ne cesse de se creuser. Le riz constituant la céréale, base de l’alimentation des sénégalais, le prix du riz est dés lors influencé par le cours mondial du riz et par les échanges internationaux surtout des pays exportateurs nets de riz, à l’image de la Thaïlande et du Vietnam. La hausse des prix internationaux de riz de 2008 (CV riz=14%) a clairement montré la vulnérabilité de l’agri- culture vivrière sénégalaise face à la crise et l’absence de mécanisme publique d’alerte, de prévention et de ges- tion du risque lié aux prix. Les pouvoirs publics pour stabiliser les prix (C- instruments, Franc Galtier CIRAD), ont réagit tant bien que mal, en suspendant les droits de douane de 10% (mesures fiscales) sur les importations de riz, en soute- nant les prix à la consommation par la subvention des importations de riz à hauteur de 35-41 Fcfa/kg et en assurant le contrôle et la fixation des prix. Dans le même sens, pour augmenter le pouvoir d’achat des ménages ruraux (D-instruments) et soutenir la pro- duction locale d’ambitieux programmes de développe- ment (REVA, GOANA, PNAR, etc.) ont été envisagée. Néanmoins, la hausse des prix internationaux du riz s’est transmis partiellement aux marchés domestiques, atténuée par la dépréciation du dollar, les mesures de politiques stabilisatrices de l’Etat et le cloisonnement du marché national du riz (substitution faible entre le riz local et importé). La transmission en terme nominal du riz importé a été de 34-38%, sur le prix à la consommation du prix im- porté, elle a été de 37,4% (le prix à la consommation du riz 100% brisures a augmenté de 32% entre mars 2006 et mars 2008). Actuellement les cours mondiaux sont revenus à la normale par rapport à ceux qui prévalaient durant la crise. Cependant la tendance va vers des cours mon- diaux plus bas mais qui se maintiennent au dessus du niveau des prix historiques (Note de synthèse d’agritra- de). Avec la politique de réduction du prix des denrées de première nécessité du nouveau régime en place au Sé- négal, les prix du riz ont été revus à la baisse. A qui cela profite t-il? Il est bien vrai que la formation des prix a toujours été empreint d’une dimension politique et so- ciale, mais ‘‘ l’efficacité de la politique des prix du riz dépend pour beaucoup de la capacité qu’on les Etats à contrôler une part significative du mar- ché’’ (P. Phelinas). Qui est dès lors le grand gagnant ? Le PRIX du RIZ : au Sénégal, qui est le grand gagnant? Centre de Gestion et dÉconomie Rurale de la Vallée du Fleuve

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Le prix du riz: au Sénégal, qui est le grand gagnant ?

« CGER- Vallée - Analyse Économique Riz » Janvier 2012

C GERV

Avec plus de 175 milliards de FCFA d’importa-

tions de riz pour la seule année 2011, le Sénégal est for-

tement dépendant des échanges mondiaux pour résor-

ber son déficit en riz qui ne cesse de se creuser.

Le riz constituant la céréale, base de l’alimentation des

sénégalais, le prix du riz est dés lors influencé par le

cours mondial du riz et par les échanges internationaux

surtout des pays exportateurs nets de riz, à l’image de la

Thaïlande et du Vietnam.

La hausse des prix internationaux de riz de 2008 (CV

riz=14%) a clairement montré la vulnérabilité de l’agri-

culture vivrière sénégalaise face à la crise et l’absence de

mécanisme publique d’alerte, de prévention et de ges-

tion du risque lié aux prix.

Les pouvoirs publics pour stabiliser les prix (C-

instruments, Franc Galtier CIRAD), ont réagit tant bien

que mal, en suspendant les droits de douane de 10%

(mesures fiscales) sur les importations de riz, en soute-

nant les prix à la consommation par la subvention des

importations de riz à hauteur de 35-41 Fcfa/kg et en

assurant le contrôle et la fixation des prix.

Dans le même sens, pour augmenter le pouvoir d’achat

des ménages ruraux (D-instruments) et soutenir la pro-

duction locale d’ambitieux programmes de développe-

ment (REVA, GOANA, PNAR, etc.) ont été envisagée.

Néanmoins, la hausse des prix internationaux du riz

s’est transmis partiellement aux marchés domestiques,

atténuée par la dépréciation du dollar, les mesures de

politiques stabilisatrices de l’Etat et le cloisonnement

du marché national du riz (substitution faible entre le

riz local et importé).

La transmission en terme nominal du riz importé a été

de 34-38%, sur le prix à la consommation du prix im-

porté, elle a été de 37,4% (le prix à la consommation du

riz 100% brisures a augmenté de 32% entre mars 2006

et mars 2008).

Actuellement les cours mondiaux sont revenus à la

normale par rapport à ceux qui prévalaient durant la

crise. Cependant la tendance va vers des cours mon-

diaux plus bas mais qui se maintiennent au dessus du

niveau des prix historiques (Note de synthèse d’agritra-

de).

Avec la politique de réduction du prix des denrées de

première nécessité du nouveau régime en place au Sé-

négal, les prix du riz ont été revus à la baisse. A qui cela

profite t-il? Il est bien vrai que la formation des prix a

toujours été empreint d’une dimension politique et so-

ciale, mais ‘‘ l’efficacité de la politique des prix du

riz dépend pour beaucoup de la capacité qu’on les

Etats à contrôler une part significative du mar-

ché’’ (P. Phelinas). Qui est dès lors le grand gagnant ?

Le PRIX du RIZ : au Sénégal, qui est le grand gagnant?

Centre de Gestion et d’Économie Rurale de la Vallée du Fleuve

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Le prix du riz: au Sénégal, qui est le grand gagnant ?

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La hausse des prix a profité aux opérateurs économiques de riz qui entretiennent une opacité telle sur marché du riz, que la spéculation est de mise, aidé en cela par le laxisme des pouvoirs publics. Prétextant une politique de subvention désastreuse loin s’en faut, l’asy-métrie d’information a permis aux importateurs et autres commerçants véreux d’améliorer leurs marges bénéficiai-res en passant outre les mesures régulatrices prises par l’Etat, et ce au détriment du consommateur.

Les grands entrepreneurs agricoles ont eux aussi profiter de l’augmentation des prix, tout le contraire des petites exploitations familiales qui éprouvent beau-coup de difficultés à se refinancer auprès des structures

de crédit. Entre coût d’intrants élevés, baisse de la fer-tilité des sols, aménagements dégradés, et difficultés lors de la commercialisation, que dire la marge supplé-mentaire à dégager, sinon qu’elle est vite consommée. La plus grande menace planant sur l’agriculture vivriè-re sénégalaise est le surendettement des exploitations agricoles familiales.

1. Qui a profité de la hausse des prix lors de la crise ?

Extrait de la Loi N° 94-63 du 22 Août 1994

sur les prix, la concurrence et le contentieux économique Le projet de loi sur la concurrence, les prix et le contentieux économique abroge la loi n° 65-25 du 4 mars 1965 sur les prix et les infrac-tions à la législation économique.

Il institue la Commission nationale de la Concurrence chargée d’arbitrer le libre jeu de la concurrence qui est un pendant du libéralisme.

En marge de l’organisation de la concurrence dont le destinataire final est le consommateur, des règles de protection de celui-ci sont po-sées pour permettre à l’autorité administrative de faire face aux insuffisances du marché et aux fraudes.

Article premier : - La présente loi vise à définir les dispositions régissant la libre concurrence, la liberté des prix et les obligations mises à la charge des producteurs, commerçants prestataires de services et tous autres intermédiaires et tend à prévenir toutes pratiques anti-concurrentielles, à assurer la loyauté et la régularité des transactions et notamment la transparence des prix, la lutte contre les pratiques restrictives et la hausse des prix.

Art : 2 – Les prix des biens, produits et services sont librement déterminés par le jeu de la concurrence.

Art. 24 – Sont prohibées, sous réserve des dispositions législatives et réglementaires particulières, toute action, convention, coalition, en-tente expresse ou tacite sous quelque forme et pour quelque motif que ce soit, ayant pour objet ou pouvant avoir pour effet d ’empêcher, de restreindre ou de fausser le libre jeu de la concurrence, notamment celles :

- faisant obstacle à l’abaissement des prix de revient, de vente ou de revente ; - favorisant la hausse ou la baisse artificielle des prix ;

- entravant le progrès technique ;

- limitant l’exercice de la libre concurrence.

Art. 28 – Il est interdit à tout producteur, commerçant industriel isolé ou en groupe, de pratiquer des conditions discriminatoires de vente qui ne sont pas justifiées par des différences de prix de revient de la fourniture ou du service. Le caractère non discriminatoire des réduc-tions commerciales ou des prestations de services est réputé acquis lorsqu’elles figurent dans les conditions générales de vente.

Tout producteur, grossiste ou importateur est tenu de communiquer, à tout revendeur qui en fait la demande, son barème de prix et des conditions générales de vente. Celle-ci comprennent les conditions de règlement et le cas échéant, les rabais et ristournes accordés.

Art. 32 - Pour garantir le pouvoir des consommateurs et leur liberté de choix entre les produits et services offerts, il est fait d’obligation aux opérateurs économiques d’avoir une attitude loyale vis-à-vis d’eux, notamment par une communication correcte des conditions de vente mais aussi et surtout par une bonne information sur les prix pratiqués.

Art. 42 – Lorsque les circonstances l’exigent pour des raisons économiques et sociales certains biens, produits et services peuvent faire l’objet de fixation de prix par voie législative ou réglementaire.

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Le prix du riz: au Sénégal, qui est le grand gagnant ?

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2. Evolution des prix mensuels à la production

100

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2008 2009 2010 2011

Riz local décortiqué

St-Louis Dakar Thiès

100

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500

2008 2009 2010 2011

Riz importé brisé ordinaire

St-Louis Dakar Thiès100

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2008 2009 2010 2011

Riz importé brisé parfumé

St-Louis Dakar Thiès

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500 Marché de Thiès

Riz local décortiqué

Riz importé brisé ordinaire

Riz importé brisé parfumé

0

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jan

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Marché de Dakar

Riz local décortiqué

Riz importé brisé ordinaire

Riz importé brisé parfumé

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1

jan

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2

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2

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-12

sep

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2

Marché de St Louis

Riz local décortiqué

Riz importé brisé ordinaire

Riz importé brisé parfumé

L’analyse évolutive des prix à la production (Figure 1) révèle que le riz local décortiqué s’est vendu en moyenne à 292 Fcfa/Kg durant les 4 dernières années (2008 à 2010), avec un pic observé en 2008 avec 310 Fcfa/Kg. On relève aussi une faible variabilité des prix avec une tendance à la hausse sur le marché de Saint-Louis (CV 1%), en comparaison aux marchés de Da-kar (CV 5%) et Thiès (CV 3%). Pour le riz importé brisé ordinaire, il s’est vendu en moyenne à 300 Fcfa/kg entre 2009 et 2011. Souli-gnons qu’à Dakar durant l’année 2008, le riz importé brisé ordinaire s’est vendu à 407 Fcfa/kg contre 318 Fcfa/kg en 2009 et 304 Fcfa/kg en 2011. Le riz importé brisé parfumé s’est échangé en moyen-ne à 353 Fcfa/kg (entre 2008 et 2011). On constate une moyenne des prix plus élevés en 2009 (376 Fcfa/kg) et 2010 (371 Fcfa/kg) par rapport à l’année 2008, où les prix moyens avoisinaient les 344 Fcfa/kg. La

tendance est à la baisse pour le riz importé brisé parfu-mé, avec une grande variabilité des prix observé sur le marché de Saint-Louis (CV 12%) par rapport aux mar-ché de Dakar et de Thiès (CV 5%). Des pics de prix à 404 Fcfa/kg en moyenne ont été observé en 2009 à Saint-Louis et à 396 Fcfa/kg en moyenne à Dakar en 2010. Pour l’année 2012 (Figure 2), constate une tendance à hausse pour les prix relevés entre janvier et septembre 2012 : en moyenne on a 455 Fcfa/kg pour le riz importé brisé parfumé, 303 Fcfa pour le riz importé brisé ordi-naire et 301 Fcfa/kg pour le riz local décortiqué.

Figure 2 : Evolution des prix mensuels à la production en Fcfa/kg du riz à Dakar, St-Louis et Thiès (ANSD)

Figure 1 : Evolution annuelle des prix à la production du riz en Fcfa/kg (source : ANSD)

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4. Analyse bilan riz mondial

439,6 460,3 455,6 466,6 467,3486,8

31,3 30,2 30,1 31,5 35,237,3

103,6 109,2 120,1 130 140,6159,3

0

100

200

300

400

500

600

2007 2008 2009 2010 2011 2012

En

mil

lio

ns d

e T

on

ne

s

Bilan riz mondial

Production (équiv. Riz blanc) Exportations Stocks

20,5 21 21,2 21,320,4

23,8

9,5 10 9,5 910,6

6,5

5,3 5,3 4,7 5,9 5,2

17

0

5

10

15

20

25

2007 2008 2009 2010 2011 2012

En

mil

lio

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on

ne

s

Bilan Riz Thailandais

Production (équiv. Riz blanc) Exportations Stocks

23,925,8 26,4 25,9 26,4

28,9

4,5 4,7 5,76,9 7,1 7,5

4,1 4,1 4,8 3,12,8

30

5

10

15

20

25

30

35

2007 2008 2009 2010 2011 2012

En

mil

lio

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on

ne

s

Bilan Riz Vietnamien

Production (équiv. Riz blanc) Exportations Stocks

Les plus grands pays exportateurs mondiaux de riz sont l’Inde, le Vietnam et la Thaïlande, ce dernier assure environ 75% des approvisionnements du Sénégal. Ainsi l’analyse du marché mondial du riz ainsi que celui des principaux pays exportateurs nets parait important car c’est ‘‘ les fluctuations à court terme du commerce d’un petit groupe qui causent les mouvements du prix mondial au lieu d’en résulter ’’ (Falcon (W.P), Monke (E.A), 1979-1980) La crise de 2008 a aussi révélé que ‘‘peu de marchés sont autant influencés par les politiques gouverne-mentales sur le marché international du riz ’’( Ibid., p 279): les pics de prix observés en 2008 sont essentiel-lement dus aux déclarations d’intention et aux tentatives de protection des marchés domestiques des pouvoirs publics des pays exportateurs. Selon la FAO, les mesu-res prises en Thaïlande et en Inde sont très décisives dans la formation des prix mondiaux.

Figure 3 : Evolution du bilan riz mondial et celui de la Thaïlande et du Vietnam (source: Osiriz)

L’analyse du bilan du riz mondial (Figure 3) montre une production mondiale en équivalent riz blanc en nette progression qui s’élève à 486,8 millions de tonnes contre 439,6 en 2007 et 460,3 en 2008. De même les exportations sont passées de 30,2 mil-lions de tonnes en 2008 à 35,2 en 2011 et 37,3 en 2012, soit une assez nette progression. Selon le rapport mensuel du riz mondial (Osiriz), les stocks de riz mondiaux devraient se hisser à leur plus haut niveau historique à 159,3 Mt en 2012, soit une hausse de 10,9% par rapport à fin 2011.

Cette situation s’explique par une amélioration de la production dans les pays asiatiques et aussi dans les pays subsahariens impulsée par les politiques d’autosuf-fisance en riz engagées dans ces derniers.

3. Evolution des prix annuels à la consommation Entre 2009 et 2011, le riz brisé ordinaire s’est vendu en moyenne à 13 494 Fcfa le sac de 50 Kg dans l’agglomération de Dakar. Par contre, entre le mois de janvier et de septembre 2012, il s’est vendu à 14 277 Fcfa le sac. Au détail, il s’est vendu en moyenne à 299 Fcfa/kg avec une tendance à la hausse durant l’année 2012 (311 Fcfa/kg, les 9 mois). Pour le riz parfumé brisé, il s’est vendu au détail en moyenne à 369 Fcfa/kg entre 2009 et 2011 et à 448 Fcfa entre janvier et septembre 2012.

200

250

300

350

400

450

500

2009 2010 2011 2012 (9 mois)

Pri

x e

n F

cfa

par

Kilo

Moyennes annuelles des prix à la consommation dans l'agglomération de Dakar (source : ANSD)

Riz parfumé brisé vendu au détailRiz brisé ordinaire au détail

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Le prix du riz: au Sénégal, qui est le grand gagnant ?

« CGER- Vallée - Analyse Économique Riz » Janvier 2012

Les données du CILSS (Comité Inter-états de Lutte contre la Sécheresse au Sahel) et du FAS (Foreign Agriculture Service) Dakar estiment la consommation de riz au Sénégal à 1, 076 millions de tonnes en 2012 contre 1,049 en 2011, le modèle de consommation de riz étant le « subtropical » dont la consommation moyenne tourne entre 40 et 60 kg/hab. Avec une demande en riz qui ne cesse de croître et un taux d’autosuffisance en riz inférieure à 30%, le re-cours aux importations est inévitable. Selon les données de l’ANSD (Figure 4), les importa-tions de riz en 2011 ont augmenté de 23,69% en poids net et de 34,25% en valeur CAF par rapport à l’année 2010. Les habitudes de consommation de riz des sénégalais montrent une nette préférence pour le riz 100% brisé. ‘‘ Le commerce international du riz décortiqué et blanchi se caractérisent par sont taux de brisures. Toutefois, à un taux de brisures donné la variété spécifique ou l’origine géographique ont un effet de surcote ou décote sur le prix.’’ (Jo Cadilhon, 2011). Le tableau 1 présente une moyenne annuelle des prix à l’exportation en US/T FOB de différentes catégories de riz.

5. Evolution des importations

0

50000

100000

150000

200000

250000

300000

0

200000

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1400000

2009 2010 2011

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Riz (Poids net) Céréales (Poids net)Riz (Valeur CAF) Céréales (Valeur CAF)

2007 2008 2009 2010 2011 2012*

Thai100B 337 678 564 506 556 570

Thai5 328 660 540 481 540 557

Inde5 298 700 435

Thai25 307 600 456 439 500 542

Viet25 294 519 368 387 460 396

Pak25 284 516 352 370 429 395

A1Super 270 541 327 380 453 517

-60%

-40%

-20%

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

Taux de croissance des indicateurs pour le Riz PaddySource: ANSD

Production de paddy Surfaces cultivées en paddy Rendement de paddy

Figure 4: Importations annuelles de riz et de céréales en

quantité et en valeur (source: ANSD)

Tableau 1 : Prix à l’exportation en US/T FOB (source: Osiriz)

7. Evolution des indicateurs pour le riz paddy

La diminution de la facture commerciale des im-portations et l’atteinte de l’autosuffisance en riz passe par une certaine constance et une faible variabilité des principaux indicateurs pour le riz paddy. Pour l’année 2011, les taux de croissance annuels sont de –33% pour la production de paddy, de –26% pour les superficies emblavée et de –10% pour les rende-ments. L’augmentation des investissements structurants et l’accompagnement des producteurs pourraient permet-tre une réduction des coûts de production du riz local, ce qui le rendrait plus compétitif. La production d’une tonne de paddy coûte 210 dollars US au Sénégal, 220 dollars US au Nigéria, 190 dollars US en Thaïlande et 130 dollars US au Vietnam (CSAO/OCDE, 2011).

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Comment peut-on parler de compétitivité du riz local, alors qu’il peine à se vendre sur le marché des grandes agglomérations, que les importateurs ne veulent pas encore intégrer le riz local dans leurs réseaux de distribution, que les producteurs peinent à approvision-ner de manière régulière et en quantité suffisante le mar-ché local et que la qualité du riz est parfois décriée par le consommateur. Au regard de l’étroitesse du marché international du riz étroit (les quantités échangées représentent environ 6% de la production mondiale) et avec la dimension sociale et politique que revêt la fixation du prix du riz, il sera très difficile pour le riz local d’atteindre la compétitivité par le prix. Tant qu’il n’y aura pas de mécanismes de protection tarifaire pour réguler les importations rizico-les, le prix du riz local sera toujours indexé sur le prix du riz importé. Pour relancer la production rizicole, l’Etat essaie tant bien que mal de garantir un prix rémunérateur aux producteurs de paddy. ‘‘ Le relèvement des prix offi-ciels à la production n’a de chances de provoquer

une expansion de la production que sous certai-nes conditions : le prix de soutien doit être com-pétitif par rapport au prix du marché et réellement garanti aux producteurs ’’ (Pascale Phelinas, 1987) La redynamisation de l’interprofession pour la filière riz est alors plus qu’importante, pour un meilleure ré-équilibrage des forces en négociation, mais pour cela une spécialisation des acteurs de la chaine de valeur est nécessaire. Il s’en suivra un meilleur partage des profits le long de la chaine de valeur riz qui sera effi-ciente. Pour une concertation sur les prix plus équilibrée, il est plus qu’important que l’ensemble des acteurs de la fi-lière (importateurs, riziers, commerçants etc.) puissent être transparents sur les marges dégagées en acceptant de dévoiler leurs comptes d’exploitation comme le font les producteurs.

6. Fixation du prix du riz paddy

Désignation Prix en Fcfa/kg

Prix du paddy 127,5

Transport du paddy, manutention et impureté

6

Coefficient de transformation moyennement accepté

66 %

Cout de la prestation à façon 16

Prix du riz blanc carreau usine avec sacherie

235

Cout du transport rendu Dakar 8 Prix de revient rendu Dakar 243 Marge du Grossiste Maximum tolérée

5

Prix de Cession du riz blanc en gros

248

Structuration du riz de la Vallée pour la campagne hivernale 2012-2013 (source SAED)

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Le prix du riz: au Sénégal, qui est le grand gagnant ?

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Enfin pour une meilleure mise en marché du riz local,

les importateurs ont un rôle central à jouer dans la fixa-

tion du prix qui permettra une promotion du riz local et

donc sa pénétration au niveau des réseaux de distribu-

tion du riz importé qui sont les leurs. ‘‘ C’est la capaci-

té de coordination des organisations (réseaux) en-

tre elles qui permet un certain type de régulation

des marchés, donc un certain mode de formation

des prix. ’’ (Lambert Agnès; EEG Johny, 1994)

7. Conclusion L’agriculture sénégalaise est actuellement sur

les feux de la rampe, avec un budget 2013 qui s'élève à

132 milliards 580 millions de francs, contre 91 milliards

284 millions de francs en 2012, soit une hausse de

45,24 % en valeur relative.

L’objectif d’atteindre l’autosuffisance en riz, non plus

en 2015, mais en 2018, a été réaffirmé par les pouvoirs

publics et ceci doit se faire disent-ils à travers la maîtri-

se de l’eau et l’augmentation des investissements en

équipements agricoles.

Le défi sera aussi celui de l’appui-accompagnement des

producteurs par des techniciens spécialisés, dans la ges-

tion des outils de production qui seront mis à leur dis-

position.

Néanmoins pour un secteur rizicole productif, il faut

des producteurs professionnels dans des exploitations

agricoles modernes. Pour cela, l’Etat doit veiller à stabi-

liser les prix au producteur, au quel cas il serait très dif-

ficile pour le producteur de rentabiliser ses investisse-

ments.

Pour le moment, on doit aller vers une redynamisation

de l’interprofession pour le riz, où l’ensemble des ac-

teurs privilégieraient la transparence lors des négocia-

tions sur le prix, ce qui permettrait un partage des pro-

fits et des risques.

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Le prix du riz: au Sénégal, qui est le grand gagnant ?

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Sénégal

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ques les plus performants

Connaître précisément la situation écono-

mique des producteurs de la Vallée du

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développement de l’information agricole. Ils apportent aux Pouvoirs Publics et aux acteurs du dévelop-

pement des outils complémentaires d’aide à la décision pour les politiques, stratégies et incitations.

L es CGER c’est aussi la production d’une in-

formation économique sur l’agriculture dans la

Vallée du Fleuve. A partir des données comptables

et financières de leurs adhérents, les CGER appor-

tent des éléments fiables et issus de situations réel-

les sur le terrain sur :

- la typologie et le degré de structuration des OP,

-les indicateurs de rentabilité économique des

activités des OP de la Vallée du Fleuve,

- les déterminants économiques par zones, filiè-

res, type d’exploitation, …

- les leviers financiers et économiques du déve-

loppement agricole de la Vallée du Fleuve.

Aujourd’hui les acteurs et décideurs du développe-

ment rural sont à la fois submergés et en panne d’in-

formations parce qu’il y en a trop et qu’elles ne sont

souvent pas fiables ou pertinentes. les CGER ap-

portent de l’information économique fiable sur :

- Les leviers d’action qui ont donné des résultats sur

le plan économique pour tels producteurs ou telle

filière,

- Les potentiels à appuyer, les zones, les filières, …

Tout ceci destiné aux :

- Pouvoirs Publics pour leur pilotage sectoriel

- bailleurs de fonds pour leurs stratégies d’inter-

vention

- acteurs du développement rural régional SAED,

ANCAR, CNCAS, …,

- ONG, collectivités locales et opérateurs privés