Prise en charge d’un patient amputé trans-tibial gauche centrée … · 2012. 10. 9. ·...

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INSTITUT de FORMATION RÉGIONAL aux MÉTIERS de la RÉÉDUCATION et RÉÉADAPTATION. 54, rue de la Baugerie - 44230 SAINT- SEBASTIEN SUR LOIRE Jordan CHEYROU-HERAUD Année scolaire 2011-2012 REGION DES PAYS DE LA LOIRE Prise en charge d’un patient amputé trans-tibial gauche centrée sur la rééducation de l’équilibre en phase prothétique provisoire.

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  • INSTITUT de FORMATION RÉGIONAL aux MÉTIERS de la

    RÉÉDUCATION et RÉÉADAPTATION.

    54, rue de la Baugerie - 44230 SAINT- SEBASTIEN SUR

    LOIRE

    Jordan CHEYROU-HERAUD

    Année scolaire 2011-2012

    REGION DES PAYS DE LA LOIRE

    Prise en charge d’un patient amputé

    trans-tibial gauche centrée sur la

    rééducation de l’équilibre en phase

    prothétique provisoire.

  • Résumé :

    Ce mémoire a été réalisé à la suite d’un stage d’une durée de six semaines du 12

    septembre 2011 au 21 octobre 2011 au sein du centre de soins de suite et réadaptation de

    Sancellemoz en Haute-Savoie. Ce travail écrit s’intéresse à la prise en charge d’un patient

    amputé trans-tibial gauche d’origine artéritique diabétique. La rééducation a débuté à J+16

    post-opératoire dans le centre, et cette prise en charge s’est effectué de J+45 à J+80. Lors de

    cette période, la phase prothétique est débutée avec une prothèse provisoire, ayant pour

    objectif final un retour à domicile. L’apprentissage du nouveau schéma corporel est réalisée

    dans un contexte de troubles majeurs de l’équilibre, et donc de la marche, ceci en rapport avec

    le vieillissement des différentes entrées sensorielles jouant dans la régulation de l’équilibre,

    amplifié par les conséquences de la pathologie diabétique (troubles visuels, pied diabétique où

    enraidissement des orteils modifiant la bonne répartition des appuis plantaires et donc

    l’équilibration), et principalement due aux différentes modifications structurelles et du schéma

    postural conséquences de l’amputation.

    Mots clés :

    Français :

    Kinésithérapie

    Artériopathie Oblitérante de membres inférieurs

    Amputation trans-tibiale

    Prothèse provisoire

    Equilibre

    Anglais :

    Physiotherapy

    Occlusive arterial of lower limbs

    Trans-tibial amputation

    Temporary prosthesis

    Balance

  • Sommaire 1 Introduction ........................................................................................................................ 1

    2 Présentation du patient ....................................................................................................... 2

    2.1 Le patient ........................................................................................................................ 2

    2.2 Anamnèse ....................................................................................................................... 2

    2.3 Antécédents .................................................................................................................... 2

    2.4 Médication de Mr R. ...................................................................................................... 3

    3 Anatomophysiopathologie .................................................................................................. 3

    3.1 L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs......................................................... 3

    3.2 Le diabète ........................................................................................................................ 4

    3.3 L’amputation .................................................................................................................. 5

    4 Elaboration des examens initiaux ....................................................................................... 5

    4.1 Analyse des déficits ........................................................................................................ 5

    4.2 Limitations d’activités : ................................................................................................. 13

    4.3 Restriction de participation : ......................................................................................... 14

    5 Elaboration du Bilan-Diagnostic-Kinésithérapique .......................................................... 14

    5.1 Diagnostic masso-kinésithérapique : ............................................................................. 14

    5.2 Objectifs thérapeutiques : .............................................................................................. 16

    5.3 Moyens et mode prise en charge rééducative :.............................................................. 17

    6 Traitements masso-kinésithérapiques .............................................................................. 18

    6.1 Principes de prise en charge ......................................................................................... 18

    6.2 Descriptif de la prothèse de Mr R. ................................................................................ 18

    6.3 Education du patient à la prothèse ................................................................................ 19

    6.4 Un bon équilibre est nécessaire à la marche sécuritaire et fonctionnelle ..................... 21

    6.5 Rééducation à la marche ............................................................................................... 24

    7 Evaluation finale de cette prise en charge ........................................................................ 25

    8 Discussion ........................................................................................................................ 27

  • 9 Conclusion ........................................................................................................................ 30

    Références

    Annexes

  • 1

    1 Introduction :

    Il y a actuellement en France environ 8000 nouveaux cas d’amputations des membres

    inférieurs par an [1], dont 75 à 90% ont pour origine une atteinte vasculaire [2]. L’incidence

    des amputations est 25 fois plus élevée chez les diabétiques que dans la population générale

    [3]. L’artériopathie diabétique est une pathologie évolutive fragilisant l’état vasculaire, et dans

    certains cas, pouvant aller jusqu’à des troubles trophiques et gangrène mettant en jeu le

    pronostic vital de la personne. L’amputation est envisagée et faite après échec de

    revascularisation tout en créant par la suite une nouvelle pathologie. Elle induit un handicap

    entrainant une incapacité principalement fonctionnelle [4].

    Les amputations des membres inférieurs au cours de l’évolution des artériopathies

    chroniques oblitérantes ont des spécificités liées au terrain [un âge avancé, une pathologie

    sus-jacente (artérite, diabète,..) polysystémique sensible à des facteurs de risques (sédentarité,

    obésité, tabac, hypercholestérolémie, …)] qui les différencient considérablement des

    amputations pour traumatisme, pour tumeur ou autres. L’agression chirurgicale minimale, le

    souci de la cicatrisation du moignon d’amputation, les soins paramédicaux de nursing, de

    nutrition, l’équilibration médicale du diabète et de tous les facteurs de risque, sont dans cette

    pathologie au premier plan [3]. D’après la Haute Autorité de Santé (HAS) [5], la prise en

    charge doit être multidisciplinaire, en hospitalisation complète dans une structure de

    réadaptation spécialisée. De plus, la qualité du résultat fonctionnel est liée à la précocité de la

    prise en charge en rééducation.

    Le travail écrit relate la prise en charge de Mr R. amputé de son membre inférieur

    gauche dans sa partie tibiale au tiers supérieur conséquence des complications de

    l’artériopathie diabétique. L’amputation va entrainer la perte d’un segment au niveau de son

    membre inférieur qui se répercute au niveau fonctionnel sur son autonomie par perturbation

    de l’équilibre et de la marche. Ceci s’explique par la modification du schéma corporel et du

    système postural induit par la diminution de certaines afférences sensitives et sensorielles

    présentes au niveau cutané, articulaire et musculaire, nécessaire à un contrôle postural

    efficient [6]. De plus, son artériopathie diabétique a des répercussions sur son organisme par

    son aspect polysystémique, engendrant, en plus des conséquences cardio-vasculaires, des

    troubles de la vision, des troubles de la sensibilité ainsi que des modifications structurelles

    comme le pied diabétique modifiant le contrôle postural et engendrant des troubles de

    l’équilibration. Ceci est renforcé par le fait que Mr R. est une personne âgée, d’où un

    vieillissement des systèmes sensoriels (vue, vestibulaire, somesthésie), effecteurs

    (articulations et muscles) et cognitifs participant au contrôle postural; parallèlement au

    vieillissement des autres systèmes et organes dont le système cardiovasculaire entrainant un

    déconditionnement à l’effort, une diminution de force musculaire (majoré par différents

    facteurs comme par exemple la sédentarité, diminution des activités,…).

    Ces éléments conduisent à s’interroger, à partir d’une prise en charge clinique, sur les

    conséquences de l’amputation au niveau structurel ayant des conséquences fonctionnelles

    dont la perturbant de l’équilibration, de la marche et donc de l’autonomie de Mr R., ceci en

    plus de la pathologie initiale de ce dernier. Que mettre en place pour limiter au mieux les

  • 2

    conséquences structurelles et fonctionnelles ? Comment adapter au mieux l’appareillage et la

    prise en charge rééducative dans ce type de contexte pour tendre à atteindre un équilibre

    fonctionnel ?

    Dans un premier temps, le patient et son histoire seront présentés. Puis, dans un

    second temps, des données anatomo-physiopathologiques concernant la pathologie seront

    décrites.

    Ensuite, le bilan diagnostic masso-kinésithérapique sera exposé, suivi de la prise en

    charge spécifique du patient, ainsi qu’une évaluation finale de prise en charge. Pour terminer,

    une discussion sera proposée ainsi qu’une conclusion.

    2 Présentation du patient :

    2.1 Le patient :

    Mr R., âgé de 72 ans, est retraité ayant travaillé dans les travaux publics puis comme veilleur

    de nuit. Il est célibataire et vit seul dans un appartement au 3ème

    étage avec ascenseur. C’est

    une personne qui aime beaucoup marcher et passe beaucoup de temps à lire. Ses sorties se

    limitent à faire les courses et à voir ses amis de temps en temps. Il est sevré du tabac depuis

    plus de 15ans. Il mesure 1,70 m et pèse 64 Kg (IMC =22,1= normal).

    2.2 Anamnèse :

    Le patient se plaint depuis deux mois de douleurs au niveau du pied gauche. Il est

    hospitalisé le 29/07/2011 pour nécrose du 4ème

    orteil gauche sur terrain de diabète de type 2 et

    artériopathie. Dans un premier temps, une amputation trans-métatarsienne et une angioplastie

    fémorale gauche sont réalisées. Une résection secondaire est effectuée sur nécrose du

    moignon. Suite à une évolution défavorable, une amputation trans-tibiale gauche est effectuée

    le 02/08/2011.

    Par la suite, il est transféré à la clinique de soins de suite et réadaptation de

    Sancellemoz le 18/08/2011 (en Haute-Savoie) pour une rééducation à l’appareillage suite à

    une amputation de jambe gauche à J16 post-opératoire dans le but d’un retour à domicile

    après appareillage.

    2.3 Antécédents :

    Mr R. présente un diabète de type 2 depuis 1989. Par la suite, une artériopathie

    diabétique se met en place entrainant un pontage fémoro-tibial droit en 1991 ainsi qu’une

    amputation du 4ème

    orteil droit la même année. En 2009, un stent actif est mis en place au

    niveau de l’artère interventriculaire antérieure (composant l’artère coronaire gauche) suite à

    un infarctus du myocarde.

  • 3

    Figure 2 : Coupe d’artère

    avec plaque d’athérome.

    Figure 1 : vascularisation

    artérielle

    de membre inférieur.

    2.4 Médication de Mr R. :

    TAHOR : prévention des événements coronaires et cérébrovasculaires chez les patients

    diabétiques de type 2.

    CARDENSIEL : Traitement de l’Insuffisance cardiaque chronique stable.

    CLOPIDOGREL WINTHROP : prévention des événements liés à l’arthérothromobose

    dont l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs.

    GLUCOPHAGE : traitement du diabète de type 2.

    PERINDROPRIL : réduction du risque d’événement cardiaque chez des patients ayant des

    antécédents d’infarctus du myocarde et/ou de revascularisation.

    JANUVIA : indiqué pour patient diabétique de type 2 pour améliorer le contrôle de la

    glycémie.

    DAFALGAN (selon besoin) : paracétamol pour le traitement symptomatique de douleur

    d’intensité légère à modérée et /ou états fébriles.

    ACTISKENAN (selon besoin) : pour douleurs intenses ou rebelles aux antalgiques de

    niveau plus faible.

    FRAGMINE : héparine de bas poids moléculaire( anticoagulant).

    3 Anatomophysiopathologie

    3.1 L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs

    L’artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI)

    est une maladie dégénérative des artères des membres inférieurs

    (figure 1) consécutive à l’athérosclérose. L’association

    d’athérome, correspondant à un dépôt lipidique dans l’intima des

    artères de gros et moyen calibre, et la sclérose sont responsables

    d’une rigidification de la paroi artérielle.

    Ces lésions provoquent une diminution de la lumière artérielle

    et favorisent la formation d'une thrombose (figure 2). Il se crée

    alors une zone d’ischémie provoquant une réduction globale

    d’apport sanguin et donc d’oxygène au niveau des tissus et des

    muscles irrigués par l’artère concernée.

    Lorsque l’obstruction de l’artère est totale, des troubles

    trophiques à type de nécrose ou d’ulcères peuvent apparaître et

    conduire dans certains cas, quand tout geste de

    revascularisation est impossible, à l’amputation [7]. Les stades

    de gravité de l’artérite sont au nombre de quatre et comme le

    décrit la classification de Leriche et Fontaine (cf. annexe 1).

    L’AOMI touche environ 1% de la population. Elle concerne

    plus les hommes que les femmes, et s’exprime entre 50 et 70

    ans.

  • 4

    Les facteurs de risques sont : l’âge, le tabac (80%), l’hypertension artérielle,

    l’hypercholestérolémie, le diabète, l’obésité, l’hyper uricémie, l’hyperviscosité sanguine, la

    sédentarité, le stress, … [8].

    Le risque augmente avec l'ancienneté de la maladie.

    L'athérosclérose développe le plus souvent une atteinte polyvasculaire associant donc des

    lésions coronaires, des troncs supra-aortiques, des artères viscérales et des membres

    inférieurs.

    3.2 Le diabète

    Le diabète est un dysfonctionnement du système de régulation de la glycémie ayant

    des causes et des formes diverses. Mr R. présente le diabète de type 2 aussi appelé diabète

    non-insulinodépendant. Ce diabète touche près de 2 millions de personnes en France.

    L’évolution de la maladie diabétique est marquée par la possibilité de complications

    spécifiques, affectant plus particulièrement certains organes cibles : les reins, les yeux, les

    pieds, le système nerveux périphérique et l’appareil cardio-vasculaire [9]. Les troubles de

    régulation de la glycémie engendrent différentes lésions dont des microangiopathies

    (entrainant rétinopathie diabétique, la néphropathie diabétique, la neuropathie diabétique) et

    macroangiopathies (entrainant athérosclérose et médiacalcose) [10].

    L’artériopathie est une complication fréquente chez le diabétique. Elle est quatre fois plus

    fréquente chez ce dernier, surtout chez le diabète non-insulino-dépendant. Le risque

    d’amputation majeure est 15 fois plus élevé chez le diabétique, et 5 à 10% des diabétiques

    seront victimes d’une amputation. L’atteinte est plurisegmentaire, bilatérale et surtout distale.

    Elle a pour particularités : une médiacalcose [sclérose calcifiante de la tunique

    moyenne des artères (média). C'est une calcification progressive des fibres musculaires de la

    média des artères de moyen calibre], une neuropathie sensitive et motrice, une moindre

    résistance à l’infection, des troubles trophiques qui s’installent plus rapidement. De plus, elle

    a la particularité d’être responsable de formes cliniques d’emblée plus évoluée due au fait de

    l’atteinte neurologique qui diminue la symptomatologie douloureuse [11],[12].

    Une des conséquences majeure du diabète est le pied diabétique. Il a pour origine trois

    facteurs pathologiques : la neuropathie, l’ischémie et l’infection favorisée par les deux autres

    facteurs précédents. La neuropathie entraine des troubles de la perception et de la sensibilité

    douloureuse. L’atteinte sensorielle et plus sévère que l’atteinte motrice. Le pied diabétique

    présente une amyotrophie des interosseux et de la voûte plantaire, une rétraction des

    aponévroses, une déminéralisation osseuse, ainsi que des déformations ostéo-articulaires à

    l’origine de troubles de la statique majoré par les troubles sensitifs. De plus, la déformation du

    pied et les troubles sensitifs vont créer des nouveaux points d’appui et de pression pouvant

    entrainer des ulcérations, infections et gangrène pouvant conduire à une amputation. Ceci est

    renforcé par l’artériopathie oblitérante ayant pour conséquences possible gangrène, infection

    et amputation [13],[10].

  • 5

    3.3 L’amputation :

    Les données épidémiologiques concernant l’amputation de membres inférieurs sont

    peu nombreuses au jour d’aujourd’hui en France. L’incidence est de 23/100000 habitants par

    an. Les principales causes de l’amputation sont les insuffisances artérielles des membres

    inférieurs, certaines infections osseuses ou des tissus, certaines tumeurs ou pathologies

    congénitales, les accidents de la route, du travail, domestiques, … En France, les amputations

    d’origine vasculaires représentent 90% des amputations dont le diabète représente 52%. [14].

    Concernant l’AOMI, l’amputation est indiquée en cas de lésions tissulaires irréversibles, et

    d’ischémie permanente chronique sans revascularisation possible, qui ne réagit pas

    favorablement au traitement médical ou dont les répercussions générales font courir un risque

    vital au patient [5].

    Le niveau d’amputation (figure 3) va dépendre de plusieurs

    éléments :

    - de la qualité des artères et du développement des voies collatérale

    de suppléance (si le sang n’arrive pas correctement jusqu’au niveau

    d’amputation décidé, la cicatrisation ne se fera pas).

    - de la sévérité de l’atteinte des vaisseaux et des tissus.

    - des besoins et capacités ultérieures à utiliser une prothèse.

    Il a été montré par plusieurs études qu’une meilleure habilité à

    marcher, concernant périmètre, vitesse de marche et dépense

    énergétique, est obtenue lors d’amputation plus distale.

    De plus, le niveau d’amputation aurait un impact sur le port de la

    prothèse, plus l’amputation est distale, plus la prothèse est utilisée

    [15].

    4 Elaboration des examens initiaux (le 16/09/2011)

    Mr R. arrive en salle de rééducation, lors de la première rencontre, en fauteuil roulant,

    réglé auparavant par les ergothérapeutes. Il apparaît décontracté, souriant, les premiers

    échanges verbaux semblent indiquer une bonne compréhension de sa part, élément favorable

    pour la suite de sa prise en charge notamment pour son éducation thérapeutique. Son membre

    inférieur amputé est installé, à l’aide d’un repose « moignon », de façon à être en extension de

    genou, ceci en prévention d’une possible attitude vicieuse en flexion de genou, et pour limiter

    toutes stagnations sanguines au niveau du membre amputé, et donc améliorer la circulation

    sanguine.

    4.1 Analyse des déficits :

    Figure 3 : Niveaux

    d’amputation du

    membre inférieur.

  • 6

    Examen morphostatique :

    - en décubitus dorsal : un léger flessum de genou gauche est observé. De

    plus, au niveau du membre inférieur droit, l’examen montre un pied

    droit (figure 4) présentant des déformations : un hallux-valgus,

    l’amputation du 4ème

    orteil, un 5ème

    orteil en « marteau » (cf. figure

    4).

    - En position assise : un léger déport du poids du corps sur le membre

    inférieur droit est observé.

    - en position debout avec la prothèse : mise en évidence d’un déplacement du centre de

    gravité au dessus du membre inférieur droit, d’un léger flessum de genou gauche, d’une

    attitude compensatrice de la hanche gauche en flexion et en rotation externe et de l’hémi-

    bassin gauche en avant (par rapport à l’hémi-bassin droit et le plan frontal).

    Examen cutané-trophique-circulatoire :

    Aucun signe de phlébite et de syndrome douloureux régional complexe sont à noter.

    o Au niveau du membre controlatéral : des éléments signant l’atteinte artéritique sont

    observés : voie d’abord de pontage fémoro-tibial droit, amputation du 4ème

    orteil, une

    petite plaie superficielle au niveau du dos du pied en regard du 1er rayon et au niveau du

    5ème

    orteil, le pied droit est chaud mais absence de perception clinique de pouls distaux

    [stade 1 de la classification de Leriche et Fontaine (cf annexe 1)].

    o Au niveau du moignon (figure 5) : La section chirurgicale se situe au 1/3 supérieur de

    jambe. La voie d’abord mesure 16 cm. Elle est propre, fermée

    ne présentant plus de fils, avec une légère coloration violacée

    et est légèrement invaginée et adhérente, sans douleur

    spontanée ou à la mobilisation. Une légère chaleur locale et

    une coloration normale par rapport au reste du membre

    inférieur gauche et au membre inférieur controlatéral sont

    observés. L’observation et la palpation montre une peau fine,

    sèche. De plus, elles montrent un tibia non saillant en face

    antérieure, indication en faveur de la présence d’un angle de

    Farabeuf, ainsi qu’une fibula sectionnée 2 à 3 cm plus haut

    que l’extrémité du tibia. Ces deux derniers points sont

    confirmés par l’analyse radiographique (annexe 2). Ces

    éléments sont favorables pour l’appareillage car des reliefs

    osseux non saillants sont synonymes d’une diminution des

    surfaces d’hyper-appui [16], donc d’un nombre potentiel

    d’agressions cutanées en baisse.

    Figure 5 : Aspect du

    moignon et de la voie

    d’abord.

    Figure 4 : pied

    droit

  • 7

    Concernant la trophicité et le volume du moignon, ils dépendent de plusieurs

    éléments : du tissu adipeux, du sang, de l’œdème, du liquide lymphatique et interstitiel.

    Concernant l’œdème, sa résorption dure entre 100 et 150 jours [17] (influencé par les

    techniques de rééducation : ici, port d’un bonnet élasto-compressif hors séances de

    rééducation et en diurne, port d’une contention plâtrée à mettre 3 fois par jour, avec jersey

    uniquement, pendant 10 minutes hors séances de rééducation). Il faut savoir que l’amputation

    et l’acte chirurgical vont entrainer des modifications au niveau musculaire (transformation de

    certains muscles en tissu adipeux, réorganisation du rôle de certains muscles, …) qui vont

    influer sur les variations du volume du moignon (cf examen musculaire). De ce fait, la

    périmètrie (cf tableau 1, annexe 2) représente l’évolution de l’œdème mais aussi la

    réorganisation musculaire et l’infiltration graisseuse.

    Examen de la douleur :

    Au repos : pas de douleur à la palpation, à la pression, …, ou à la mobilisation (que ce soit

    de type inflammatoire ou mécanique). Il existe cependant des fluctuations de douleur de

    membre fantôme (paresthésie : algohallucinogéne) coté de 0 à 30 sur 100 à l’échelle

    visuelle analogique (EVA) et plus présentes en nocturne. Ces douleurs du membre

    fantôme se manifestent sous la forme de compression au niveau de son membre amputé,

    ceci en parallèle de la sensation de présence de ce membre absent qui fluctue aussi.

    A l’activité : Lors de la station debout ou lors de la marche, Mr R. décrit, par moment, la

    sensation de présence de son membre amputé. Il décrit une douleur à l’appui de son pied

    gauche (amputé) signe de douleur de membre fantôme coté à 30/100 à l’EVA. Concernant

    le moignon proprement dit, il n’y a pas de douleur décrite par excès de points d’appui

    dans l’emboiture de la prothèse ou autres type de douleurs que ce soit mécanique (lors

    contraction musculaire par exemple) ou inflammatoire. Quant aux membres supérieurs,

    une légère douleur de type arthrosique est perçue au niveau des épaules et des poignets

    (principalement du coté droit), coté à 20/100 à l’EVA lors de la déambulation dans les

    barres parallèles.

    Examen articulaire :

    L’examen est passif et comparatif au coté non amputé.

    Concernant les mesures des mobilités (cf tablaeau 2 annexe 2 et annex 3), il montre que

    certaines sont limitées :

    -flessum de genou gauche de 10°,

    -flessum de hanche gauche de 10°,

    mais ces limitations de mobilités sont dues à des hypo-extensibilités musculaires ceci justifié

    par arrêt mou et élastique, par l’augmentation des amplitudes lors de l’étirement de certains

    muscles, ainsi qu’ en mettant les muscles hypo-extensibles bi-articulaires en position de

    détente au niveau de l’articulation testé en diminuant sa tension au niveau de son autre

    insertion articulaire, ce qui est le cas ici pour les muscles ischio-jambiers [(ceci ne pouvant

  • 8

    être fait avec des muscles mono-articulaire comme par exemple le muscle psoas, qui ici étant

    hypo-extensible limite l’extension de hanche gauche où sensation de tiraillement de Mr R. en

    fin d’amplitude, de plus des mouvements d’antéversion du bassin et de lordose lombaire

    accompagnent les derniers degrés d’extension de hanche (ceci réductible à l’étirement)].

    De plus, ces limitations de mobilités d’origine musculaire ont certainement entrainé un

    enraidissement de la hanche et du genou gauches par rétractions capsulo-ligamentaires.

    Certaines déformations et limitations sont observées au niveau du pied droit :

    -hallux-valgus droit mesuré à 35°,

    - 5ème

    orteil droit en « marteau » : hyper-extension de la méta-tarso-

    phalangienne, hyper-flexion des inter-phalangiennes.

    D’ où une mauvaise adaptation de la plante du pied droit au sol, ce qui aura des conséquences

    dans le maintien postural en charge.

    Examen musculaire :

    Qualitatif :

    Il existe une amyotrophie des membres inférieurs chez Mr R. mais les mesures de la

    circonférence ou du volume du moignon ne permettent pas d’évaluer correctement

    l’amyotrophie. Lors de la chirurgie, certains muscles sont sectionnés et parfois réinsérés dans

    une position non anatomique. Concernant les muscles du moignon, ils sont dépourvus de

    toute action sur une quelconque articulation, ne possédant plus qu’une seule insertion et sont

    partiellement privés de leur innervation, entrainant à leur atrophie, ainsi que d’une infiltration

    graisseuse. Tous les muscles du moignon diminuent pendant les six premières semaines entre

    10% et 15%. Ensuite, l’évolution diffère selon les muscles : certains dégénère moins

    rapidement, voire augmente de volume, que d’autres, ceci serait liée à une modification de

    leur schéma d’activation, du changement d’activité et donc de rôle de certains muscles dans le

    maintien postural et lors de la marche. Par exemple, le compartiment latéral jambier subit une

    augmentation de volume contrairement aux muscles du compartiment interne qui s’atrophie.

    Ceci s’explique par une différence d’activité des muscles lors du maintien de l’emboiture de

    la prothèse, où le rôle des muscles du compartiment latéral est plus important. De plus au

    niveau des muscles de la cuisse, l’atrophie n’est pas homogène : elle est plus présente sur la

    loge antérieure que la loge postérieure. Les ischio-jambiers seraient protégés par leurs

    nouvelles fonctions : compensation des gastrocnémiens pour la flexion (augmentation de la

    flexion de genou au moment du passage du pas, rendu plus difficile par l’absence de releveurs

    du pied) et le contrôle du genou et aide à la propulsion.

    Il faut savoir que la réduction de la masse musculaire s’accompagne d’une infiltration

    graisseuse prédominant sur les muscles les plus atrophiés, ceci influencé par une insuffisance

    artérielle, la section de l’insertion distale du muscle, l’immobilisation, l’âge et l’activité

    physique [17].

    Par ces modifications d’activités et l’amyotrophie plus marqué pour certains muscles,

    ceci modifiant le ratio muscles agonistes/antagonistes, des hypo-extensibilités vont être

    retrouvé engendrant des attitudes vicieuses : hypo-extensiblités des ischio-jambiers gauche

  • 9

    entrainant un flessum de genou à 10°, ceci renforcé par la position assise au fauteuil roulant,

    d’où la mise place d’un repose-moignon.

    De plus, une hypo-extensibilité est retrouvée au niveau du psoas gauche entrainant un flessum

    de hanche gauche, ainsi qu’au niveau du muscle droit fémoral limitant la flexion de genou

    gauche. Ceci expliqué par une position assise adopté au fauteuil roulant et maintenu tout au

    long de la journée, sauf lors de la rééducation (2 h /jour), et en conséquence de compensations

    misent en place au niveau de la hanche gauche pour compenser le flessum de genou gauche.

    Quantitatif :

    L’amyotrophie est directement responsable d’une diminution de la force musculaire.

    De plus, il y a des changements d’activation des muscles restant après l’amputation, ils

    doivent compenser l’absence de certains muscles ; et en plus de leur fonction première dans la

    marche (propulsion et absorption d’énergie), les muscles assurent un rôle de maintient de

    l’emboiture [17].

    L’évaluation de la force musculaire du membre inférieur amputé est faite par une

    échelle inspirée du Testing de Daniels, par fonction et non en analytique (cf. tableau 4). Le

    testing par groupe musculaire montre des déficits de force, néanmoins la musculature est

    fonctionnelle. La faiblesse musculaire est plus marquée sur le quadriceps que les ischio-

    jambiers du coté amputé. Les muscles abducteurs, adducteurs et rotateurs de hanche gauche

    présentent un léger déficit de force.

    De plus, concernant le membre inférieur droit, il est aussi testé de façon plus fonctionnelle :

    en décharge, il est testé la triple flexion, la triple extension qui sont fonctionnelles. En charge,

    on observe le soutien postural par les chaines antigravitaires sur le membre inférieur gauche

    (en unipodal) entre les barres parallèles avec léger appui des membres supérieurs sur les

    barres pour pallier au déficit d’équilibre.

    Au niveau des membres supérieurs, la force musculaire semble satisfaisante pour le

    béquillage et les transferts. En effet, un test sous forme de « push up » est réalisé et validé (le

    patient décolle le bassin de la table), signe que les groupes musculaires nécessaires pour le

    béquillage, tels les triceps brachiaux, les grands dorsaux, etc., sont fonctionnels.

    Examen de la sensibilité :

    L’examen est réalisé dans un environnement calme, avec la suppression de toute

    possibilité de contrôle visuel.

    Les sensibilités superficielles (tactile déplacé et non déplacé, discriminative tactile,…)

    et profonde (proprioception, kinesthésie, …) sont testées. Le tact non déplacé est testé à

    l’aide d’un coton-tige, un repère sur le moignon permet de mesurer l’écart entre la

    sollicitation initiale et la localisation donnée par le patient les yeux fermés. Ce dernier est de 1

    cm au maximum après trois essais, et celui-ci est similaire au membre controlatéral. Le tact

    déplacé est testé en utilisant le coton-tige également, le patient décrit précisément la

    trajectoire ressentie avec son index les yeux fermés, aucune erreur n’est commise.

    La sensibilité discriminative est testée en plaçant deux appuis dans le but de rechercher la plus

    petite distance séparant deux stimulations simultanées localisées et perçus séparément. Le

    patient décrit deux points distincts à partir de 4 cm contre 3,5 cm du côté gauche. Le test du «

  • 10

    pique touche » est réalisé en utilisant une pointe de stylo et le coton-tige, sur dix stimulations

    le patient n’a commis aucune erreur. L’examen de la sensibilité cutanée ne révèle donc

    aucune anomalie.

    Le sens de la position des articulations de son membre est évalué par le test en miroir.

    Les résultats ne révèlent aucun trouble, le patient positionne son genou et sa hanche dans la

    même angulation que le membre controlatéral. Le sens du mouvement est ensuite testé en

    mobilisant passivement le membre, les yeux fermés, le patient doit décrire dans quel secteur

    articulaire est son membre et dans quel sens il bouge. Cinq répétitions sur chaque articulation

    sont réalisées sans que le patient ne fasse de fautes. La sensibilité proprioceptive n’est donc

    pas déficitaire.

    Examen de l’équilibre :

    On sait que les muscles, les articulations et l’espace cutanée sont riches en récepteurs

    sensoriels proprioceptifs importants pour le contrôle de la posture. L’équilibre fait intervenir

    les systèmes visuel, proprioceptif et vestibulaire principalement. L’amputation privant la

    personne amputée d’une partie de son squelette et des tissus mous, va entrainer des

    modifications biomécaniques et neurosensorielle qui vont perturber le mécanisme de contrôle

    postural [12]. Pour assurer un meilleur contrôle de l’équilibre, le patient amputé accroit la

    part du contrôle visuel [17] pour tendre à compenser la perte des muscles, articulations et

    espace cutanée donc de leurs récepteurs suite à l’amputation.

    De plus, dans le cas de Mr R. les troubles de l’équilibre sont dut aussi à la présence

    d’un pied diabétique présentant des déformations par enraidissement des orteils entrainant une

    mauvaise adaptation plantaire au sol. Ceci est renforcé par un mauvais chaussage, Mr R. n’a

    qu’une paire de chaussure présentant des usures au niveau des semelles d’où un renforcement

    des mauvais appuis au sol.

    Concernant l’équilibre assis :

    Il est testé à l’aide de l’échelle EPA (équilibre postural assis), Ce test permet

    d’observer les réactions d’équilibrations qui sont : réaction de freinage, réaction balancier et

    réaction parachute. Ces tests sont réalisés avec yeux ouverts puis yeux fermés. Mr R. présente

    un équilibre assis de niveau 4 sur une échelle allant du niveau 0 au niveau 4, où le niveau 4 est

    défini en ayant un « équilibre assis maintenu sans appui postérieur lors des poussées

    déséquilibrantes et lors des mouvements du tronc, des membres supérieurs et de la tête » (cf

    annexe 4). Lors des tests yeux fermés, une légère oscillation autour du centre gravité et un

    temps d’équilibration légèrement augmenté sont observés.

    L’équilibre en charge avec la prothèse :

    Lors de la station statique en charge, Mr R. présente des oscillations autour du centre

    de gravité amplifiées par la fermeture des yeux avec mise en charge plus importante sur le

    membre inférieur droit ( répartition des appuis : 62,5% sur le membre inférieur droit et 37,5%

    sur le membre protèsé, évalué à l’aide de deux balances) et un polygone de sustentation de

  • 11

    largeur d’épaules pour tendre à s’équilibrer, avec un EPD (Equilibre postural debout) de

    niveau 2 (cf annexe 4).

    Concernant les tests des réactions d’équilibrations, elles ont réalisés, yeux ouverts,

    devant un plan de Bobath en prévention de chute. Les tests sont réalisés en laissant Mr R.

    dans sa position naturelle en station debout. Pour commencer, il est testé les réactions de

    freinage (déstabilisations extrinsèques) : on provoque un déséquilibre par petites poussées soit

    dans une direction antéro-postérieure (poussée au niveau sternal), soit dans une direction

    postéro-antérieur (poussée au niveau inter-scapulaire), soit dans une direction latérale

    (poussée au niveau du moignon d’épaule). Mr R. réagit à ces perturbations en mettant en

    place des stratégies de hanche avec balancement des membres supérieurs (élévation antérieure

    dans le plan de la scapula principalement), avec une légère oscillation du centre de gravité

    avant de s’équilibrer, toujours en ayant une mise en charge plus importante sur le membre

    inférieur droit.

    Ensuite, les réactions balanciers (déstabilisations intrinsèques) sont testées : Mr R. est

    placé devant et dos à la table de Bobath. Par exemple, il est demandé à Mr R. de venir attraper

    ou toucher un objet placé a droite de lui à différentes distances, à une hauteur comprise entre

    son bassin et le haut de son crâne, placé dans un plan frontal, avec son membre supérieur

    droit. Lors d’une réaction balancier dite normale, la stratégie adoptée, où plus l’objet est

    éloigné de la personne, est d’augmenter la charge sur le membre inférieur homolatéral(en

    appui unipodal statique) avec un balancement des membres inférieur et supérieur

    controlatéraux pour tendre à s’équilibrer tout en plaçant le centre de gravité sur le membre

    inférieur en appui au sol, puis un retour à l’équilibre de départ bipodal. Lorsqu’ il est demandé

    à Mr R. de venir chercher ou toucher l’objet placé à droite, l’appui unipodal sur le membre

    inférieur droit et les mouvements balanciers des membres controlatéraux se passent

    correctement et n’engendrent pas de troubles d’équilibration. Au contraire, le test n’est pas

    réalisable du côté gauche où l’appui unipodal sur la prothèse n’est pas faisable du fait que dès

    l’augmentation de la mise en charge sur la prothèse une chute sur le plan de Bobath a lieu.

    Ceci expliqué par un déficit musculaire, une diminution de la proprioception et de la

    somesthésie cutanée à gauche.

    Lors du test des réactions parachutes (déstabilisations extrinsèques), Mr R. est placé

    face à une table de Bobath, le thérapeute est placé en arrière de Mr R.. Lors de poussées au

    niveau postérieur du tronc, il montre une ébauche de stratégie de pas mais est obligé de se

    rattraper avec ses membres supérieurs à la table de bobath mis face à lui pour éviter la chute,

    dut au fait que lors de la mise en place de la stratégie de pas Mr R. avance son membre

    inférieur prothèsé ce qui tend à le faire chuter par une non incorporation de la prothèse dans le

    schéma corporel d’où une mauvaise répartition des appuis sur les deux membres inférieurs, et

    par manque de stabilisation postural lorsque le centre de gravité est augmenté sur le membre

    prothèsé.

    Après avoir testé ces réactions d’équilibration, des tests plus globaux et fonctionnels

    sont effectués dans l’évaluation des risques de chute. L’équilibre est évalué dans un premier

    temps avec l’échelle d’équilibre de Berg où un score de 26 sur 56 [19]. Cette échelle évalue la

    performance d’un sujet à travers une série de quatorze épreuves qui simulent les activités de la

    vie quotidienne. La performance du sujet consiste à maintenir la position, ou l’équilibre,

    pendant une série de mouvements. Les épreuves ont une difficulté croissante qui est obtenue

  • 12

    via : la diminution de la base de support et les déplacements du corps à la limite de la base de

    support. À travers ce test, on évalue donc l’équilibre « fonctionnel » ou semi-dynamique.

    L’épreuve se déroule selon 14 items Puis le test de Tinetti (partie équilibre) [20] est effectué,

    le score est de 7 sur 16. Il en ressort de réels troubles d’équilibration avec une importante

    visio-dépendance avec des déficits des autres entrées sensorielles, de plus les troubles sont

    majorés lors de l’équilibration dynamique.

    Examen cardio-respiratoire et cardio-vasculaire :

    Mr R. ne présente pas plaintes cardio-respiratoire à type de dyspnée ou de douleurs

    angineuses, il n’a pas de signe d’insuffisance cardiaque.

    Il présente une fréquence cardiaque de repos à 56 battements par minute (bpm) et une

    tension artérielle à 13/6. Les pouls fémoraux droit et gauche sont perçus, ainsi qu’au niveau

    poplités, cependant le pouls pédieux droit n’est pas perçu signe d’un stade 1 sur la

    classification de Leriche et Fontaine.

    Au niveau respiratoire, sa ventilation au repos est normale, plus de type thoracique, et

    sa fréquence respiratoire est de 17 cycles par minutes.

    Aucune épreuve d’effort n’a été réalisée, le seuil ventilatoire et la fréquence cardiaque

    maximale ne sont pas connus. Un test de marche de 6 minutes a été réalisé. Ce test a pour but

    d’évaluer la tolérance et la capacité fonctionnelle à l’effort, ce dernier proche de la vie

    quotidienne [21],[22]. Il est décidé avec la masseur-kinésithérapeute référente que le test

    serait réalisé à l’aide d’un déambulateur pour compenser les troubles d’équilibration de Mr R..

    Au départ, la dyspnée est à 0/100 sur l’EVA la fréquence cardiaque est de 56 bpm et la

    saturation en oxygène est à 96%. Les mesures de la saturation en oxygène et la fréquence

    cardiaque sont prises à chaque minute lors du test, et trois fois pendant trois minutes après le

    test pour observer la récupération après l’effort, ceci grâce à un oxymètre pulsatile avec

    capteur digital placé au niveau de la pulpe de l’index. Lors du test, la fréquence cardiaque

    varie entre 56 et 73 bpm, et la saturation en oxygène varie entre 91 et 98%. La dyspnée à

    l’arrivée est de 20/100 à l’EVA. Mr R. ne présente aucunes douleurs thoraciques, de dyspnée

    d’effort importante, de crampes musculaires, de sueurs, …. La distance parcourue est de 208

    mètres lors de ce test pour une valeur théorique attendue de 359 mètres pour un homme de 72

    ans, de 64KG et de 1,70 mètre. Ceci due aux troubles de l’équilibre et la non incorporation de

    la prothèse jouant sur la vitesse de réalisation de la marche.

    Cependant, Mr R. présente des facteurs de risques et des antécédents cardio-

    vasculaires dut principalement à l’artériopathie diabétique et au vieillissement de l’organisme

    de ce dernier, donc il faudra être vigilant aux moindres signes de troubles cardio-vasculaire et

    cardio-respiratoire.

  • 13

    Examen psychologique et cognitif :

    Aucun trouble cognitif n’est retrouvé. Il ne ressent pas le besoin d’un soutien

    psychologique. Il présente juste quelques appréhensions concernant l’évolution avec

    l’appareillage comme par exemple le fait de monter ou descendre des escaliers ou une pente,

    influencé par l’observation de ses troubles d’équilibration. De plus, il semble être un peu

    déstabilisé par la sensation d’avoir, de ressentir son membre amputé par moment.

    Cependant, le moral est bon, il semble avoir accepté l’amputation et est très

    enthousiaste vis-à-vis de sa prothèse. Il exprime une motivation importante concernant la

    récupération d’une certaine autonomie afin de pouvoir rentrer chez lui au plus vite d’où une

    bonne implication lors des séances de rééducation.

    4.2 Limitations d’activités :

    L’autonomie est acquise dans les activités de la vie quotidienne : toilette, habillage,

    alimentation. Concernant les transferts que ce soit en chambre ou en salle de rééducation, il

    n’a aucune difficulté à les effectuer seul, tout en étant sécuritaire. Lors des transferts, la mise

    en charge se fait sur le membre inférieur non amputé. Un test d’appui uni-podal sur le

    membre inférieur droit est effectué, et est supérieur à 15 secondes et sans troubles

    d’équilibration, ce qui signe une bonne tenue de la position lors des transferts.

    Les déplacements se font en fauteuil roulant hors séances de masso-kinésithérapie, il

    vient seul en salle de rééducation. Il est appareillé pour le moment que lors des séances de

    rééducation.

    Toutes les notions concernant le chaussage et l’hygiène de la prothèse sont en cours

    d’acquisition. L’éducation sur le fonctionnement, le chaussage de la prothèse ainsi que sur

    l’hygiène du moignon et des composants de la prothèse sont faites au près du patient (en salle

    de rééducation et en chambre) mais aussi au près des aides-soignantes et infirmières ayant une

    relation thérapeutique avec Mr R..

    L’analyse de la marche est effectuée dans un premier temps entre les barres parallèles.

    Lors de la phase d’appui sur le membre inférieur gauche, des déséquilibrations sont observés

    justifiant un maintient par les membres supérieurs au niveau des barres parallèles pour éviter

    une possible chute. Ceci entrainant une esquive d’appui sur le membre inférieur gauche étant

    à l’origine d’une boiterie dont résulte une altération de la longueur et de la hauteur du pas

    droit. De plus, un balancement de la cuisse gauche est observé lors du demi-pas antérieur lors

    de la phase oscillante, ainsi qu’une augmentation de la flexion de hanche et de genou gauches

    pour palier au manque de flexion dorsale du pied prothètique non-articulé, ayant pour

    conséquences des altérations du déroulement du pas. De plus, la présence du flessum de

    genou gauche ne permet pas un verrouillage actif du genou lors de l’attaque du talon au sol et

    de la fin du demi-pas postérieur (lors de la phase d’appui), entrainant une compensation en

    antéposition du tronc augmentant la flexion de hanche, correspondant à une boiterie en

    salutation. Ceci décrit une appréhension à mettre tout son poids sur la prothèse, ce manque de

    confiance dût à une altération de la perception des appuis liée à un manque de sensibilité

    cutanée du moignon et une non-incorporation de la prothèse dans le schéma corporel. Ces

  • 14

    défauts de marche sont aussi observés lors du test de Tinetti [20] dans sa partie spécifique à la

    marche effectué à l’aide d’un déambulateur. Le score obtenu est de 6/12 justifiant une

    marche déficitaire avec des troubles de l’équilibration. Il est donc décidé par la suite, que Mr

    R. ne pourra être appareillé que lors des séances de rééducation, de plus la marche sera

    rééduqué soit entre les barres parallèles soit à l’aide d’un déambulateur pour le moment.

    De plus, le test de marche de 6 minutes montre une déambulation lente mais sans

    fatigue décrite.

    4.3 Restriction de participation :

    Mr R. étant en hospitalisation complète pour un temps encore indéterminé, il est donc éloigné

    de son domicile ainsi que son environnement social et de ses loisirs. De plus, vivant seul,

    l’entretien de son logement et de son jardin ne peut être fait.

    5 Elaboration du Bilan-Diagnostic-Kinésithérapique

    5.1 Diagnostic masso-kinésithérapique :

    Mr R., 72 ans, actuellement à la retraite, a été amputé le 02/08/2011 au niveau du 1/3

    supérieur tibial de son membre inférieur gauche, conséquence de l’évolution de son

    artériopathie diabétique. Suite à cette amputation, il est en hospitalisation complète, à partir de

    J+10 post-opératoire, au centre de rééducation et de réadaptation de Sancellemoz. Etant à

    J+45 post-opératoire, il est pris en charge pour la phase d’appareillage provisoire.

    Etant hospitalisé, le patient ne peut rentrer à son domicile et donc effectuer ses loisirs,

    ainsi que de s’occuper de l’entretien de sa maison, vivant seul. Ceci est dut aux conséquences

    de l’amputation engendrant des troubles majeures de l’équilibre que ce soit en statique et en

    dynamique. Il est observé des troubles du schéma corporel avec une mise en appui spontanée

    plus importante sur le membre inférieur droit. De plus, il est noté que l’équilibre est visio-

    dépendant, les troubles d’équilibration augmentant lorsque l’entrée visuelle ou vestibulaire

    sont shuntées. D’autre part, la mise en charge sur le membre inférieur prothèsé, jusqu’à

    l’unipodal, n’est pas réalisable sans appui au niveau des membres supérieurs. De plus, lors de

    la marche, ne pouvant être effectué que soit entre les parallèles soit avec un déambulateur

    avec une surveillance, pour éviter perte d’équilibre et chute, des modifications des différents

    paramètres sont observés dont la diminution de la phase d’appui sur le membre prothèsé, un

    déroulement du pas non physiologique du fait de la présence d’un pied prothètique gauche

    non-articulé. Ceci caractérisé par une esquive d’appui à gauche ainsi qu’une augmentation de

    flexion de genou gauche et une boiterie en salutation pour compenser le manque de releveurs

    du pied à gauche.

  • 15

    Ces différents troubles observés résultent de l’amputation et des répercussions de la

    pathologie diabète. Dans un premier temps, la section tibiale a entrainé la suppression de

    nombreuses afférences sensitives et sensorielles (articulations, muscles, espace cutanée, sole

    plantaire,..) riche en récepteurs importants dans le contrôle postural. D’autre part, le geste

    chirurgical a entrainé des modifications anatomiques dont la perte de l’insertion distale ou la

    réimplantation non anatomique de certains muscles au niveau du moignon, ceci engendrant

    une amyotrophie et donc une faiblesse musculaire de certains muscles, aussi responsable

    d’une diminution du soutien postural par les chaines musculaires antigravitaires. Ceci est

    principalement retrouvé au niveau des muscles abducteurs de hanche gauche ainsi que les

    extenseurs de genou gauche. Cette amyotrophie et cette faiblesse musculaire sont aussi dues à

    une diminution des activités post-opératoire. Ces différentes perturbations sont renforcées par

    les conséquences de la pathologie diabétique dont une rétinopathie ainsi que la présence d’un

    pied diabétique ayant des déformations articulaires et musculaires ne permettant pas une

    répartition des appuis plantaires au sol. Les troubles de l’équilibre sont aussi influencés par le

    vieillissement physiologique des différentes structures et organes dont le vieillissement des

    différentes entrées sensorielles régulant l’équilibre ainsi que le vieillissement des structures

    musculaires. D’autre part, l’état des chaussures de ne permet pas la meilleure adaptation au

    sol induit par les déformations au niveau des semelles plantaires, ayant donc un rôle dans

    l’instabilité posturale. Cependant, il est autonome dans les activités de la vie quotidienne, et

    réalise ses transferts seul et en sécurité.

    Il est retrouvé la présence de flessums de hanche et genou gauches, de 10° chacun,

    résultant d’hypoextensibilités des muscles poas et ischio-jambiers gauche principalement.

    Ceci en conséquences d’une position maintenue au fauteuil-roulant au cours des journées

    depuis l’amputation. De plus, l’acte chirurgical a engendré des modifications du schéma

    d’activation de certains muscles, dont les ischio-jambiers qui assument, en plus de leur rôle

    physiologique, la propulsion, lors de la marche, en l’absence du triceps sural ainsi qu’en

    suppléant l’action des releveurs du pied gauche en augmentant la flexion de genou gauche.

    Cette augmentation d’activité des ischio-jambiers et la faiblesse musculaire observé au niveau

    du quadriceps gauche majore le flessum de genou gauche.

    Suite à l’amputation il est décrit une sensation de membre inférieur fantôme fluctuant

    provoquant par moment quelques douleurs de faible intensité non préjudiciables pour le port

    de la prothèse.

    Mr R. ne présente pas de désadaptation cardiorespiratoire à l’effort notable, ce qui est

    généralement retrouvé chez ce type de patient dut à la pathologie sous-jacente ainsi qu’au

    vieillissement physiologique de l’organisme et à un manque d’activités pré-opératoire.

    Concernant le volume du moignon, dépendant de l’œdème, de l’amyotrophie et de

    l’infiltration graisseuse post-opératoires, une mesure circonférentielle spécifique de

    l’amyotrophie ou de l’œdème n’est pas réellement précise. Ce dernier est en constante

    variation, il varie avec le temps et les activités physiques. Cependant, il est important de

    surveiller les variations de volume du moignon : hausse ou baisse importante du volume

    peuvent générer des lésions cutanées et des mauvaises adaptations de la prothèse par

    modification des zones de contact, donc pouvant entrainer blessures, douleur et des

    retentissements sur la marche. Dans certains cas, au delà du port de deux bonnets (mis par-

  • 16

    dessus le gel en copolymère qui, sans bonnet, est entre moignon et emboiture de la prothèse),

    l’emboiture doit être refaite [17].

    Concernant la prothèse, il a été décidé avec le médecin et la prothésiste, pour le début

    de la rééducation à l’appareillage, qu’elle ne soit utilisée et porté que lors des séances de

    rééducation. Ceci expliqué par des troubles évidents de l’équilibre en lien avec un manque de

    stabilité posturale suite à l’amputation, et donc un non-apprentissage pour le moment du

    nouveau schéma corporel induit par cette dernière, ainsi que des conséquences du diabète

    (troubles visuels principalement).

    5.2 Objectifs thérapeutiques :

    Mr R. souhaite une bonne acquisition de sa prothèse lui permettant de marcher sans

    cannes dans le but de rentrer chez lui, et donc pouvoir entretenir sa maison, se promener ainsi

    que de retrouver ses amis.

    Le but final de la rééducation va donc être de retrouver une marche appareillée la plus

    fonctionnelle possible pour un retour à domicile le plus autonome possible. Mais cet objectif

    va dépendre de différentes phases à acquérir et à valider lors de la prise en charge rééducative.

    Dans un premier temps, il va falloir stabiliser au mieux le volume du moignon tout en

    luttant contre l’œdème dans le but de modeler le moignon pour permettre une bonne

    adaptation moignon/emboiture. En parallèle, le syndrome de membre fantôme sera pris en

    charge pour supprimer sensations et douleurs fluctuantes induit par ce syndrome. D’autre part,

    il faudra lutter contres les attitudes vicieuses en réduisant les flessums de hanche et genou

    gauches, tout en entretenant les amplitudes articulaires restantes. De plus, un travail de

    renforcement musculaire sera effectué sur tous les groupes musculaires des membres

    inférieurs pour améliorer le soutien postural, tout en privilégiant le travail du muscle

    quadriceps, ainsi que les extenseurs et abducteurs de hanche gauche dans le but de

    rééquilibrer les chaines antérieure/postérieure et latérale/médiale gauches que ce soit en

    extensibilité et en force, tonicité et endurance musculaires.

    Un réentrainement à l’effort (aérobie et intermittent) sera mis en place ayant plusieurs

    objectifs. Il aura pour but de lutter et prévenir les différents troubles de l’artériopathie

    diabétique en améliorant la circulation artérielle en développant la circulation collatérale, en

    diminuant la viscosité sanguine et plasmatique et en diminuant l’agrégation des globules

    rouges, en améliorant la capacité d’utilisation de l’oxygène, ayant donc ces conséquences

    positives au niveau du moignon, du membre inférieur controlatéral ainsi que du système

    cardio-vasculaire. De plus, il permettra un meilleur équilibre entre les capacités énergétiques

    de Mr R. et les dépenses énergétiques de la marche appareillée qui est plus couteuse chez ce

    type de patient amputé de membre inférieur du fait du remaniement anatomique dut à la

    chirurgie ainsi que des fragilités cardiaques présentes.

    Par ailleurs, il sera entrepris un apprentissage du chaussage et déchaussage de l’unité

    prothétique dans son ensemble. De plus, une éducation concernant l’hygiène, dont le

    nettoyage et la surveillance de la prothèse ainsi que du moignon, sera effectuée dans le but

  • 17

    d’une bonne incorporation de la prothèse, ainsi que pour éviter toutes usures au niveau de la

    prothèse et lésions cutanées et trophiques au niveau du moignon.

    Un apprentissage de l’équilibre appareillé, que ce soit en statique ou en dynamique,

    sera débuté dans le but de retrouver un équilibre le plus sure possible sans risque de chute, et

    lui permettant de ne pas être dépendant d’une quelconque aide technique, tout en ayant une

    incorporation totale de sa prothèse dans son schéma corporel. En parallèle, retrouver une

    marche appareillé la plus efficiente et physiologique possible, sans risque de chute, sécurisée,

    s’adaptant à différentes perturbations du monde extérieur, sans boiterie, …, sera un objectif

    prépondérant. Cet apprentissage débutera avec aides techniques, sur terrain plat pour finir

    sans aides techniques et sur terrain varié, et dont les différents paramètres du déroulement de

    la marche seront corrigés. Une marche efficiente dépend aussi d’une bonne adaptation et des

    réglages corrects des différents constituants de la prothèse, d’où une prise en charge en lien

    étroit avec l’orthoprothésiste.

    5.3 Moyens et mode prise en charge rééducative :

    Lors de ce stage au Centre de Rééducation et de réadaptation de Sancellmoz, la

    rééducation des patients se faisait quotidiennement, et chaque patient suivit par un stagiaire

    était pris en charge deux fois par jour, une fois par le masso-kinésithérapeute référent et une

    fois par le stagiaire.

    Concernant la prise en charge de Mr R., la prise en charge masso-kinésithérapique se

    fera en lien étroit avec l’orthoprothésiste. De plus, il a été décidé avec la masseur-

    kinésithérapeute référente, du fait de l’intérêt et des interrogations vis-à-vis de l’équilibre et

    des troubles engendrés par l’amputation suite à l’artériopathie diabétique, qu’elle s’occuperait

    de la rééducation attachée à l’œdème, au syndrome de membre fantôme, aux attitudes

    vicieuses, aux déficits musculaires et entretien articulaire, ainsi que la marche qui sera un

    versant appliqué au deux prises en charge quotidienne. Quant à la prise en charge rééducative

    décrite, elle sera centrée plus spécifiquement sur la rééducation des différents troubles de

    l’équilibre (troubles sensitifs et sensoriels, troubles posturaux, …) et de la marche, ainsi que

    toute l’apprentissage concernant le chaussage de la prothèse et l’hygiène à adopter vis-à-vis

    de la prothèse et du moignon.

    En parallèle, Mr R. vient avant chaque séance quotidienne pour effectuer un

    réentrainement à l’effort à partir d’un cycloergométre, où travail musculaire des membres

    supérieurs ainsi que la réadaptation cardio-vasculaire à l’effort, ainsi qu’un travail sur le

    membre fantôme à l’aide d’un miroir quadrillé vertical (miroirthérapie). Ces deux exercices

    ayant fait, au préalable, l’objet d’un apprentissage et d’une autonomisation, effectué par la

    masseur-kinésithérapeute référente avant mon arrivée, que ce soit dans leurs réalisations mais

    aussi dans leurs intérêts.

  • 18

    6 Traitements masso-kinésithérapiques :

    6.1 Principes de prise en charge :

    Respect de l’état général du patient et de sa fatigabilité compte tenu de son âge et de sa

    pathologie.

    Vérifier l’état cutané avant et après la pose des prothèses à la recherche de rougeurs

    éventuelles montrant une zone d’appui trop importante au niveau du moignon

    Prendre garde aux variations de volume des moignons qui pourraient provoquer des

    conflits dans l’emboîture.

    Surveiller l’apprentissage du chaussage et entretien de la prothèse dans le but d’une

    autonomie.

    Vérifier la présence des pouls distaux en début et fin de séance (d’autant plus que le

    patient est artéritique)

    Privilégier le travail dynamique intermittent au travail statique prolongé qui a tendance à

    comprimer le réseau vasculaire artériel et aggraver l’ischémie provoquée par l’artérite.

    Pas de mise en posture qui a tendance à mettre en tension l’aponévrose ce qui écrase le

    muscle et gêne la circulation artérielle.

    Etre vigilant aux troubles de l’équilibre de Mr R, et lui faire prendre conscience de son

    nouveau schéma postural et moteur.

    Etre progressif dans la rééducation et coordonner cette dernière avec l’équipe

    pluridisciplinaire.

    Redonner confiance au patient et éviter de le mettre en échec, tout en étant à son écoute.

    6.2 Descriptif de la prothèse de Mr R. : [23], [24], [25]

    Le but d’une prothèse pour un amputé de membre inférieur est de

    restituer l’intégrité anatomique en substituant au segment manquant

    tout en corrigeant certaines déviations anatomiques secondaire au

    déséquilibre musculaire post-chirurgical. De plus, elle tend à rétablir

    les fonctions de l’appareil locomoteur en position érigée au niveau

    des équilibres statiques et dynamiques.

    Mr R. possède un appareillage provisoire tibial (figure 6). La

    prothèse provisoire sert d’étude et d’approche dans le but de préparer

    à l’appareillage définitif. Il peut y avoir plusieurs emboitures en

    attendant la stabilisation du moignon en période post-chirurgicale.

    La prothèse est composée d’une emboiture (E sur figure 6),

    une tige métallique intermédiaire appelée tubulure (T sur figure

    6) reliant l’emboiture et le pied prothétique.

    Figure 6 : Prothèse

    provisoire de Mr R.

  • 19

    L’emboiture est de type contact qui permet une répartition optimale des pressions sur toute la

    surface du moignon. Elle respecte donc les volumes du moignon avec un contact total. Il y a

    une interface entre le moignon et l’emboiture qui est manchon en gel

    de copolymère (figure 7) qui s’adapte à la morphologie du moignon.

    Le maintien de la prothèse est réalisé par la création d’un vide relatif

    obtenu entre le moignon et l’emboîture par une genouillère en silicone

    (G sur figure 6) empêchant toute entrée d’air à la partie supérieure de

    l’emboîture. L’air existant à l’interface est évacué par une valve

    unidirectionnelle située au fond de l’emboîture. Le contact total

    permet également de procurer une extéroception et une proprioception

    optimale [26] en procurant aux patients la sensation de continuité

    entre le moignon et la prothèse et une grande surface d’appui facilite

    le contrôle de la prothèse.

    Le pied prothétique est un pied SACH (figure

    8) non articulé. Ce type de pied prothétique

    est léger et solide, mais ne permet pas une

    marche dite physiologique (absence du déroulement du pas) d’où une

    absence d’adaptation à différents sols (réguliers ou non, en déclive ou

    non,..), de plus, il entraine un surcout énergétique par rapport aux

    pieds propulsifs ainsi qu’une absence d’amortissement.

    Un jersey est placé sur le pied prothétique pour éviter toutes

    usures de ce dernier dans la chaussure.

    Concernant le réglage, il dépend de la présence ou non d’un flessum de genou ainsi que de

    l’état de la chaussure et de son adaptation au sol. Les réglages (translation, angulation,…) se

    font au niveau de la jonction emboiture/tige métallique et au niveau de la jonction tige

    métallique/pied prothétique. Les réglages se font en charge avec la chaussure mise sur le pied

    prothétique pour être dans les conditions de vie de tous les jours. L’axe de la prothèse doit

    être perpendiculaire au pied prothétique et la chaussure doit avoir une répartition optimale de

    ses appuis au sol en fonction de la présence d’usure ou pas des semelles interne et externe. Un

    mauvais alignement de la prothèse serait à l’origine d’une distribution anormale de la pression

    à l’intérieur du manchon et donc un facteur contributif d’atteintes cutanée et des tissus mous

    [28] ainsi qu’à la favorisation des troubles de l’équilibre par modification du schéma postural

    par une répartition anormale des appuis.

    Lors des rendez-vous avec l’orthoprothèsiste (une fois toutes les trois semaines), des

    réglages sont faits pour corriger les nouvelles modifications corporelles résultant de la

    rééducation (diminution des flessums, modification schéma postural, …) et influant sur

    l’efficacité de l’appareillage.

    6.3 Education du patient à la prothèse : [29]

    L’éducation à la prothèse, concernant l’hygiène du moignon et de la prothèse ainsi que

    le chaussage de la prothèse, a pour but de rendre autonome Mr R. sur la surveillance et

    Figure 7 :

    Gel de copolymère

    Figure 8 : Pied SACH

  • 20

    intégration de l’ensemble moignon/prothèse lors de son retour à domicile pour éviter tous

    troubles cutanés et majoration des troubles de l’équilibre. De plus, la répétition de ces

    apprentissages et l’observation de leurs réalisations sont nécessaires du fait de la présence de

    troubles visuelles et sensitives résultant de la pathologie diabétique.

    L’enjeu est important puisque la qualité de la mise en place de la prothèse est

    déterminante pour le résultat fonctionnel : sécurité lors de la marche, tolérance pour le

    moignon. Il faut « laisser faire » le patient ou « faire faire » au patient, en veillant à apporter

    les encouragements, les conseils et l’aide nécessaire pour éviter les situations de mise en

    échec.

    Dans un premier temps, des affiches explicatives (cf annexe 5) de l’hygiène du

    complexe moignon/prothèse et du bon chaussage de la prothèse sont mises en place dans la

    chambre de Mr R.. Ceci à l’attention de Mr R., bien évidemment, mais aussi pour les aides-

    soignantes et les infirmières pour avoir une surveillance pluriquotidienne.

    Dans un second temps, lors du début de chaque séance de rééducation, l’apprentissage

    de l’hygiène du moignon et des éléments constitutifs de la prothèse ainsi que le bon chaussage

    de la prothèse sont effectués dans le but d’une mémorisation et d’une automatisation.

    Hygiène du moignon et des éléments de la prothèse :

    L’état cutané doit être vérifié tous les jours, sur tout le pourtour du moignon à l’aide

    d’un miroir si cela est nécessaire. Si des irritations apparaissent le patient doit les surveiller et

    consulter son médecin si celles-ci persistent.

    Le moignon doit être nettoyé quotidiennement à l’eau et au savon. Puis il faut bien le

    sécher en tamponnant avec une serviette afin de ne pas l’irriter.

    Le manchon doit être lavé après chaque utilisation, le savonnage s’effectue à la main

    à l’aide d’un savon non irritant (savon de Marseille), puis le manchon doit être rincé à l’eau et

    mis à sécher sur son support, loin d’une source de chaleur qui pourrait le déformer.

    Avant de chausser la prothèse ; il faut vérifier qu’aucun objet ne soit présent dans

    l’emboîture.

    Chaussage de la prothèse et de ses éléments :

    Un bon chaussage a pour but une meilleure adaptation/positionnement prothèse-

    moignon pour avoir le meilleur équilibre possible et éviter toutes blessures cutanées.

    Dans un premier temps, le manchon (gel de copolymère) doit être retourné, puis le

    placer en bout de moignon avec l’inscription dirigée vers le haut. Eviter les poches d’air en

    début de déroulement, le dérouler puis bien lisser le manchon.

    Ensuite, il faut placer le moignon dans l’emboiture en cherchant le bon appui. Puis

    dérouler la genouillère tout en évitant les plis pour ne pas coincer la genouillère dans la

    prothèse derrière le genou, ce qui générer l’efficacité du chaussage. Le déroulement de la

    genouillère ne doit jamais s’arrêter en dessous du manchon en copolymère. La genouillère

    doit dépasser le copolymère.

  • 21

    Au final, la partie supérieure de la genouillère doit se retrouver largement au-dessus du

    bord supérieur du copolymère qu’elle recouvre totalement.

    6.4 Un bon équilibre est nécessaire à la marche sécuritaire et fonctionnelle :

    Mr R. présente des troubles de l’équilibration résultant de l’amputation et de la

    pathologie diabétique sous-jacente, représenté au niveau des différentes entrées sensorielles

    dont principalement l’entrées visuelle, somesthésiques cutanée et proprioceptive. A cela se

    rajoute le vieillissement du système de régulation de l’équilibre dont les afférences

    (presbyvestibulie, vieillissement de la proprioception avec baisse de la sensibilité vibratoire,

    kinésthésique et somesthésique des pieds, …), et les effecteurs (vieillissement musculaire

    avec réduction de la force musculaire, altération des voies motrices centrales et périphériques

    conduisant à un allongement des latences des réponses motrices, …).

    Stimulation de la somesthésie cutanée :

    On sait que les récepteurs situés sous la plante du pied codent le point d’application et

    l’intensité des forces de pression, d’où un travail de stimulation au niveau du moignon et de la

    sole plantaire du pied diabétique pour solliciter au mieux les récepteurs pour l’adaptation

    posturale.

    Ces exercices sont effectués dans un environnement calme et sur un temps court car

    nécessite beaucoup de concentration.

    Mr R. est assis ou en décubitus dorsal sur plan de Bobath ne regardant pas ce que fais

    le rééducateur. La séance commence par un massage préparatoire.

    Ensuite, Le thérapeute place une pression avec soit un doigt soit un crayon soit un

    coton, …, sur le moignon (puis la même chose au niveau plantaire du pied droit) et le patient

    doit percevoir et localiser une pression constante. Ceci est fait à différents niveau du moignon.

    De plus, la sensibilité discriminative est stimulée. Le thérapeute effectue deux appuis

    au niveau cutané en jouant sur leur écartement, et le patient doit différencier ces deux appuis.

    Le but étant d’avoir le plus petit écartement entre les deux points ressentis et différenciés.

    Enfin, on demande au patient de reconnaitre différents textures placées au niveau du

    moignon et de la sole plantaire du pied droit. Il est utilisé différentes de textures dont de la

    moquette, de la pâte à modeler, du plastique, du bois, …

    Stimulation de la somesthésie proprioceptive des deux membres inférieurs :

    Cet exercice rééducatif est effectué dans le but de stimuler les afférences

    proprioceptives d’origine musculo-articulaire permettant de renseigner sur la position relative

    de segments corporels. Il est réalisé, dans un premier temps, dans un environnement calme et

    sur un temps court car demande beaucoup de concentration, puis en progression dans un

    environnement plus bruyant.

  • 22

    Mr R. est assis sur une chaise avec les yeux fermés. Le thérapeute place un segment

    (jambier, crural ou les deux) soit du membre inférieur amputé soit de l’autre membre

    inférieur. Au début, une vitesse lente sera utilisée puis l’exercice sera effectué avec une

    vitesse plus rapide. Le patient doit dans un premier temps décrire verbalement le

    positionnement du segment mobilisé par rapport à la position initiale, puis dans un second

    temps placé le même segment de membre controlatéral dans la même position que le segment

    mobilisé par le thérapeute.

    Prise de conscience du nouveau schéma corporel :

    Il a été observé lors des examens initiaux que Mr R. présentait une inégalité d’appuis

    sur ses membres inférieurs lors de la mise en charge, avec un appui préférentiel sur le membre

    inférieur droit. Le but est d’obtenir d’un côté une répartition homogène des appuis afin de

    réduire l’esquive d’appui lors de la marche, et d’un autre côté d’adopter une gestuelle plus

    fine de la prothèse dans le but d’améliorer le schéma de marche. Cette prise de conscience va

    passer par l’utilisation de deux pèse-personnes dont un placé sous le pied prothétique gauche

    et l’autre sous le pied droit.

    Mr R. est placé dans les barres parallèles en station debout. Il s’agrippe à ces dernières

    pour éviter tout déséquilibre et pallier à son appréhension.

    Dans un premier temps, il est demander à Mr R. de répartir équitablement le poids et

    maintenir la position, puis il lui est demandé de retrouver cette position sans le rétrocontrôle

    visuel afin qu’il intègre ce point d’équilibre. Dans un second temps, il fait osciller son centre

    de pression en mettant le plus de poids possible d’un côté puis de l’autre, ceci afin qu’il

    prenne conscience des variations de l’intensité et de la répartition des pressions s’exerçant sur

    son moignon.

    Rééducation de l’équilibre : du bipodal vers l’unipodal :

    Ces exercices rééducatifs auront pour but de passer d’un mode

    adaptatif avec un processus réactionnel où mise en jeu de réactions

    d’adaptation posturale à un mode anticipatif avec un processus cognitif

    où mise en jeu d’ajustements posturaux anticipés.

    Dans un premier temps, Mr R., étant entre les barres parallèles et

    yeux ouverts, doit maintenir son équilibration, tout en répartissant ses

    appuis de façon égale sur les deux membres inférieurs et ayant le moins

    possible d’appuis au niveau des membres supérieurs (figure 9). Par la

    suite, lorsque que les déséquilibres deviennent moins fréquents et

    requièrent moins l’aide des membres supérieurs pour se stabiliser, des

    déséquilibres intrinsèques dont des mouvements des membres supérieurs

    dont le fait de taper dans les mains en avant puis en arrière du tronc, de tourner le buste de

    gauche à droite, (ce qui travaille la dissociation des ceintures en même temps), par exemple

    seront introduits. Puis des déstabilisations extrinsèques seront effectuées dont des poussées

    (effectuées par le thérapeute) dans le plan frontal puis sagittal (au niveau sternal, ceinture

    scapulaire, moignons d’épaules , bassin, …) faisant travailler les réactions de freinage, ainsi

    Figure 9 :

  • 23

    que des réception et renvoie d’un ballon (figure 10) en éloignant

    progressivement le ballon de la ligne médiane ainsi qu’en variant la

    hauteur des lancés, la vitesse et le poids du ballon, ceci étant très utile

    pour préparer le patient à des environnements imprévisibles. Ces

    exercices rééducatifs tendent à mettre en place des stratégies de hanche,

    voir de pas, pour s’équilibrer. Du fait de la présence d’un pied

    prothétique non articulé, Mr R. ne présente pas de stratégies de cheville.

    En progression, la largeur du polygone de sustentation sera diminuée.

    Ensuite, les réactions parachutes seront travaillées dans le but

    d’automatiser des réactions répondantes lors de déstabilisations

    importantes et éviter une chute. Le patient est placé devant la table de

    Bobath et le thérapeute applique des poussées importantes au niveau postérieur du tronc et/ou

    du bassin pour déséquilibrer le sujet. Ceci est effectué aussi par des poussées antérieures du

    tronc et/ou du bassin et le sujet est dos à la table de Bobath. Ces déstabilisations vont stimuler,

    inciter la mise en place de stratégies de pas (stratégie de hanche pas

    assez efficace pour éviter une chute après ce type de déstabilisations)

    et/ou la mise en place de stratégies de membres supérieurs.

    Dans un second temps, l’équilibre bipodal statique sera

    travaillé en inhibant l’entrée visuelle (yeux fermés en progression),

    et sollicitant l’entrée somesthésique. La réalisation se fera entre les

    barres parallèles puis devant un espalier, sur un sol dur puis sur sol

    instable dont mousse (figure11) et plateau de Freeman. En

    progression, les exercices seront réalisés, sans, puis avec

    déstabilisations par le thérapeute, en augmentant instabilité de la

    surface d’appui et en diminuant la surface du polygone de

    sustentation.

    Dans un troisième temps, l’entrée vestibulaire sera sollicitée lors de

    l’équilibre bipodal statique. Mr R. devra faire des mouvements de tête de gauche à droite en

    suivant une cible mobile (déplacement d’un laser au mur) perturbant ses repères visuelles,

    tout en s’équilibrant.

    Par la suite, les exercices ont pour objectif d’augmenter les appuis sur la prothèse

    jusqu’à travail l’équilibration en unipodal.

    Ils peuvent être débuté debout entre les barres

    parallèles et effectuer des transferts du poids

    dynamiques sur la prothèse, dans un premier temps

    ayant les pieds parallèles puis en fente avant et arrière

    pour se rapprocher la physiologie de la marche.

    Ensuite, face à l’espalier et à l’aide d’un bloc de bois,

    servant de marchepied (figure 12), Mr R. doit poser

    pied sur le bloc de bois puis le redescendre en

    conservant l’équilibre. Ceci est fait dans premier temps

    avec le pied prothétique (membre inférieur non amputé

    Figure 10 :

    Figure 11 :

    Figure 12 :

  • 24

    fixe au sol dans le but de travailler la coordination du membre appareillé ainsi que travailler

    l’équilibration unipodal sur le membre inférieur droit. Dans un second temps, ceci est réalisé

    avec le pied droit et donc le membre appareillé en appui préférentiellement. En progression, le

    patient ne pose plus complètement le pied mais juste la pointe tout en diminuant la vitesse

    pour augmenter le temps d’appui unipodal sur le membre appareillé. Lorsque cet exercice est

    réalisé correctement, le bloc de bois est remplacé par un ballon, puis une balle de tennis pour

    diminuer la surface d’appui du pied sur l’objet utilisé.

    Des exercices dits de réactions balanciers (figure 13) sont

    entrepris pour augmenter la mise en charge sur le membre appareillé. Mr

    R. est debout, dos à une table de Bobath, il lui est demandé de venir

    attraper ou toucher un objet placé a droite de lui à certaine distance, à une

    hauteur comprise entre son bassin et le haut de son crâne, placé dans un

    plan frontal, avec son membre supérieur droit. Le but étant d’augmenter

    la charge sur le membre inférieur homolatéral(en appui unipodal statique)

    avec un balancement des membres inférieur et supérieur controlatéraux

    pour tendre à s’équilibrer tout en plaçant le centre de gravité sur le

    membre inférieur en appui au sol, puis un retour à l’équilibre de départ

    bipodal. En progression, la distance de l’objet sera augmentée.

    6.5 Rééducation à la marche :

    Cette étape a un rôle prépondérant dans la prise en charge car c’est l’apprentissage de

    la marche appareillée qui va déterminer son potentiel d’autonomie au domicile.

    La présence des troubles de l’équilibre, des troubles orthopédiques ainsi qu’une

    prothèse ayant un pied non-articulé engendre une marche non physiologique, non sécuritaire,

    ayant par conséquent des modifications des différents paramètres de la marche.

    La correction des différents paramètres (lors déroulement du pas, des

    compensations,…) de la marche de Mr R., a pour but de retrouver une marche la plus

    physiologique possible tout en incorporant au mieux la prothèse dans le schéma de marche.

    Lors de la réalisation de ces exercices rééducatifs et lors de toute la durée de la prise en

    charge bien entendu, il est important de surveiller et de s’adapter à tous les signes de troubles

    cardio-respiratoires (troubles respiratoires, fatigabilité, …) et de ceux signant une atteinte ou

    évolution de l’artériopathie diabétique (ischémie d’effort par exemple).

    Dans un premier temps, dans les barres parallèles, une

    décomposition du pas sera effectuée pour une prise de conscience du

    schéma de marche à acquérir : il sera demandé de faire un pas en avant

    puis un pas en arrière, d’abord avec le membre appareillée (phase

    d’oscillation) puis avec le membre inférieur droit (phase d’appui) à

    l’aide de marquages au sol (figure 14). Puis le même exercice sera

    effectué en marche dynamique entre les barres parallèles tout en

    respectant la fatigabilité du sujet. Ceci permettant un travail de symétrie

    Figure 13 :

    Figure 14 :

  • 25

    des pas dans le but de diminuer l’esquive d’appui, retrouver un pas postérieur du coté

    prothésé et un verrouillage du genou gauche lors de la l’attaque du pied au sol. Toutes

    compensations que ce soit au niveau hanche ou tronc sont corrigées par guidance verbale du

    thérapeute. De plus, les différents types de marche sont abordés (avant, arrière, latérale). De

    plus, il sera utilisé des obstacles pour travailler la hauteur des pas. En progression, les

    marquages au sol seront espacés en longueur et diminuer en largeur, puis ils seront enlevés et

    la marche se réalisera entre deux lignes que l’on rapprochera progressivement pour diminuer

    le polygone de sustentation jusqu’à effectuer une marche sur une ligne. De plus, les appuis par

    les membres supérieurs sont diminués et l’exercice réalisé en déambulateur puis cannes

    anglaises par la suite.

    Quand l’équilibration le permettra, les exercices de marche auront pour but

    d’augmenter le temps d’appui sur le membre prothésé comme par exemple marcher tout en

    poussant un ballon. Puis, on demande au sujet de marcher doucement, au ralentie en exagérant

    bien les mouvements pour augmenter le temps d’appui unipodal tout en augmentant les

    déstabilisations intrinsèques par le mouvement du membre oscillant. Ceci dans le but de

    travailler les réactions d’équilibrations lors de la marche, équilibration dynamique. De plus, il

    pourra être sollicité les différentes entrées sensorielles dans le but de préparer à une marche en

    extérieur. Ces exercices se réaliseront en fixant une cible qui sera mobile par la suite pour

    stimuler l’entrée visuelle, en variant la vitesse et les directions pour stimuler l’entrée

    vestibulaire, en variant la stabilité du sol pour stimuler l’entrée somesthésique proprioceptive

    (mousse, tapis, …), … tout en mettant en place, en progression, différents obstacles pour

    stimuler au mieux l’adaptation réactionnelle de Mr R. lors de la marche.

    L’acquisition de la marche suivra aussi une progression dans

    utilisation d’aides techniques : les différents exercices proposés seront

    effectués dans un premier temps entre les barres parallèles, puis