Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73...

60
Portrait Pierre de Givenchy Créateur de fraternité Actualités Un lycée de la diversification des parcours Initiatives Renouveler la catéchèse avec le Mej Reportage Voir Auschwitz, de ses yeux voir Culture Édition d’art/ Exposition/Livres/ Multimédia Enseignement catholique www.enseignement-catholique.fr Numéro 325, juin-juillet 2008, 4,50 ACTUALITÉS DOSSIER Donner du sens à l’orientation Donner du sens à l’orientation

Transcript of Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73...

Page 1: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

PortraitPierre de GivenchyCréateur de fraternité

ActualitésUn lycée de la diversification

des parcours

InitiativesRenouveler

la catéchèseavec le Mej

ReportageVoir Auschwitz,

de ses yeux voir

CultureÉdition d’art/Exposition/Livres/Multimédia

Enseignement catholiquewww.enseignement-catholique.fr

Numéro 325, juin-juillet 2008, 4,50 €ACTUALITÉS

DOSSIER

Donner du sens à l’orientationDonner du sens à l’orientation

325 pI-IV couvs OK 16/06/08 15:08 Page 1

Page 2: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

BON DE COMMANDE

« CHOISIR LA RENCONTRE » (SANS LE DVD) 4 €« CHOISIR LA RENCONTRE » + DVD* « Sœur Emmanuelle - Le cœur et l’esprit » 20 €*Le DVD ne peut être vendu séparément.

Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . exemplaire(s) sans le DVD - Prix unitaire : 4 €. 3,50 € l’ex. à partir de 10 ex., 2,00 € l’ex. à partir de 50 ex., 1,80 € l’ex. à partir de 100 ex.Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . exemplaire(s) avec le DVD - Prix unitaire : 20 € (pas de possibilité de tarif dégressif).Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . €, par chèque bancaire à l’ordre de AGICEC :

277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 - Fax : 01 46 34 72 79.

la parole,

le regard,

les regards,

la rencontre

28 pages et un DVD pour accompagner

la démarche éducative 2008/2009

325 pI-IV couvs OK 12/06/08 12:13 Page 2

Page 3: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 3

som

mair

e

Photos couverture : M.-F. Comte, E. du Closel, M.-C. Jeanniot, Kunst-museum Solothurn. Sommaire : Ugsel, V. Leray, S. Horguelin, J.-S. France/Fantasia Numeris

11

40

34

42

DOSSIER / DONNER DU SENS À L’ORIENTATION 22

L e dernier congrès des Apel a réuni 1 800 participants à Lille autour du thème, ô combienbrûlant, de l’orientation. Sujet d’angoisse pour les parents, l’orientation interroge toute

la communauté éducative qui sent bien que l’on ne peut rester les bras croisés. Que faire ?Ouvrir davantage l’école sur le monde du travail certes, mais surtout valoriser les talents dechaque élève pour l’aider à se projeter dans l’avenir. Car plus encore que de trouver unmétier, il s’agit de lui permettre de donner un sens à sa vie.

ÉÉDDIITTOORRIIAALLPromettre l’avenir de l’homme 5

AACCTTUUAALLIITTÉÉSSEnseignement catholique 6Éducation 13Religion 18Revues express/Agenda/BO 20

PPOORRTTRRAAIITTPierre de Givenchy Créateur de fraternité 32Homme de terrain, Pierre de Givenchy est un prêtreatypique. Aumônier de lycée, il a lancé les premiers ate-liers d’écriture dans les établissements scolaires, créé l’as-sociation Vivre et l’Écrire à Orléans, et fait de sa maisonun centre interreligieux.

IINNIITTIIAATTIIVVEESSCollège / décrocheursOrdonnance pédagogique pour chagrin d’école 34Réconcilier les garçons avec l’école, c’est la vocation ducollège Saint-Louis, à Paris.

Collège Renouveler la catéchèse au collège avec le Mej 36Le projet du Mouvement eucharistique des jeunes (Mej)est au cœur d’une proposition de catéchèse bâtie aucollège Edmond-Michelet de Brive-la-Gaillarde.

FFOORRMMAATTIIOONNDevenir attaché de gestion 38La Fnogec entend professionnaliser les personnels ayanten charge la comptabilité des établissements scolaires.

PPAARROOLLEESS DD’’ÉÉLLÈÈVVEESSDes éco-citoyens brevetés 40Des collégiens de Sainte-Jeanne-Élisabeth, à Paris, onttravaillé autour du développement durable. Les mul-tiples actions menées en ont fait de jeunes citadins trèsattentifs à leur environnement.

RREEPPOORRTTAAGGEE

Voir Auschwitz, de ses yeux voir 42Aucun cours d’histoire, aucun livre, aucun film sur lescamps ne pourra remplacer un séjour à Auschwitz. C’est pourquoi l’Association fonds mémoire d’Auschwitzinvite les enseignants à y conduire leurs élèves.

RRÉÉFFLLEEXXIIOONN

La guerre faite aux enfants 44Une anthologie magistrale sur le génocide des enfantspendant la Shoah, rassemble les écrits de 200 auteurscélèbres ou inconnus, de l’Europe entière.

Éducation sexuelle : à revoir ! 45Longtemps infirmière scolaire, puis éducatrice à la sexua-lité, Colette Bros a expérimenté la complexité de cetenseignement en lycée.

Le goût des autres 46Claire-Anne Baudin, théologienne, qui a été quinze ansinstitutrice en maternelle, vient de publier Le soin du mon-de. Elle s’appuie sur son expérience pour revisiter leconcept de charité.

L’école favoriserait-elle la délinquance ? 48Dans deux quartiers populaires, l’un en France, l’autreau Brésil, Benjamin Moignard a interrogé le lien entreles difficultés socioéconomiques et la violence scolaire.

EEUURROOPPEEL’école catholique en Irlande 49En 2005/2006, la République d’Irlande (Eire), qui estindépendante, comptait 3 322 établissements catho-liques d’enseignement ; et l’Irlande du Nord, qui faitpartie du Royaume-Uni, 583.

CCUULLTTUURREELivres d’art L’enfance de l’art 52Le livre d’art jeunesse est en pleine ébullition. Un prixvient d’être créé pour attirer l’attention des lecteurs enherbe. Les éditions Palette l’ont remporté avec L’échelle del’art. À lire dès le CE2…

ExpositionStrasbourg au temps de l’art courtois 53Au XVe siècle, Strasbourg est un foyer artistiqueimportant dans l’Europe gothique. Une exposition,organisée par le musée de l’Œuvre Notre-Dame, nousfait découvrir ce rayonnement.

Livres /Multimédia 54Pratique 58

325 Somédito p3-5 OK 12/06/08 12:06 Page 3

Page 4: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

LES TEXTES DE RÉFÉRENCE DE L’ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE L’exemplaire : 2,00 €Nom / Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . . . . ex. de « Être professeur dans l’enseignement catholique » . . . . . . . . . . . ex. de « L’adjoint en pastorale scolaire »

. . . . . . . . . . . . . ex. de « Orientations pour l’enseignement primaire » . . . . . . . . . . . ex. de « Les instances de participation... »

Ci-joint la somme de : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . € à l’ordre de AGICEC, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 71.

Texted’orientationapprouvé par le Comiténational del’enseignementcatholique, le 6 juillet 2007.

« Un message de reconnaissance et de confiance aux professeurs, premiers acteurs de la missiond’enseignement et d’éducation de l’école. »

Réflexions etpropositions del’enseignementcatholique,23 janvier 2008.

La contribution de l’enseignement catholique au projet de réforme de l’école primaire.

« Après avoir réfléchi sur la place des parents, des gestionnaires, puis des enseignants, il n’est que légitime

de vouloir reconnaître le rôle essentiel tenu par les adjoints enpastorale scolaire. »

Un texte approuvépar le Comité nationalde l’enseignementcatholique, le 9 novembre2007.

« Le fonctionnement d’un conseild’établissement, celui d’un conseil

de classe, d’un conseil de disciplineou des instances représentatives

des personnelstémoignent du

regard portésur chaquepersonne. »

Un textepromulgué par la Commissionpermanente, le 11 mai 2007.

(frais de port compris)

325 Somédito p3-5 OK 12/06/08 12:06 Page 4

Page 5: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Éditorial

« Je te rendraiextrêmement fécond,

de toi je ferai desnations, et des roissortiront de toi. »

(Gn 17,6)

L’avenir n’est plus ce qu’il était. Alors qu’il y a une vingtained’années, le futur était encore porteur d’espoir parce qu’ilsemblait ouvrir la porte d’un progrès illimité, notre temps estdésormais celui de la désillusion sur l’avenir : la science se

heurte à des limites qu’illustre l’apparente incapacité de la médecineà traiter certaines maladies, les excès du développement économiqueplacent l’homme face au risque de sa propre disparition, l’écolen’offre plus à tous ceux qui y réussissent la garantie d’un emploi etd’une promotion sociale.

Pour qu’un jeune puisse élaborer un projet professionnel et personneldans un tel contexte, il est indispensable d’autoriser l’élève à penserl’avenir.

Cela exige des adultes qui résistent résolument à la peur, à la nostalgie et àla démission, trois formes de renoncement qui placent les jeunes en situationde dépression, et parfois même de désespérance.

Le fait que nous vivions dans une culture baroque faite d’incohérenceset d’incertitudes n’excuse pas l’abdication des adultes. Sauf à considérerque l’histoire s’arrêterait avec notre génération – ce qui serait un crimecontre l’esprit et contre la vie –, nous avons le devoir, malgré les difficul-tés du temps, de rendre compte de l’héritage que nous avons reçu.

Les jeunes n’ont pas besoin et ne veulent pas d’adultes qui les bercent d’illusions, d’adultes aux convictions molles ou qui s’absentent. Ils exigentdes adultes qui soient des témoins, c'est-à-dire des adultes qui adhèrent àce qu’ils disent et qui transforment leurs passions en actes.

Ce qui manque le plus à la jeunesse, c’est une véritable « promesse », la promesse d’une « alliance » par laquelle, dès aujourd’hui, les adultesacceptent de partager avec leurs enfants la charge de l’avenir de l’homme. Pour que les jeunes aiment apprendre à l’école, il faut qu’ils y trouvent dusens ; pour qu’ils y trouvent du sens, il faut que notre vie le manifeste. Entémoignant de la grandeur de l’Homme, nous aidons les jeunes que nouséduquons à découvrir leur propre grandeur.

Éric de LabarreSecrétaire général

de l’enseignement catholique

© G

. Bro

uille

t-W

ane

Promettre l’avenir de l’homme

Publication officielle du Secrétariat général de l'enseignement catholique / AGICECn Directeur de la publication > Éric Mirieu de Labarre n Rédacteur en chef > Gilles du Retail n Rédacteur en chef adjoint > Sylvie Horguelin n Ont participé à larédaction de ce numéro > Jean-Louis Barbon, Claude Berruer, Philippe Brault, Élisabeth du Closel, Véronique Glineur, José Guillemain, Marie-Christine Jeanniot, Marie Laumont-Schlosser, Virginie Leray,Irène de Palaminy, Mathilde Raive, Françoise Récamier, Étienne Verhack nÉdition > Dominique Wasmer, Marie-Françoise Comte (rédacteurs-graphistes), René Troin (secrétaire de rédaction)n Diffusionet publicité > Dominique Wasmer, avec Géraldine Brouillet-Wane, Jean-Noël Ravolet et Marianne Sarkissian (commandes) n Rédaction, administration et abonnements > 277 rue Saint-Jacques,75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46 34 72 79 n E-mail > [email protected] n Abonnement > 45 €/an n Numéro CPPAP > 0712 G 79858 / Numéro ISSN >1241-4301 n Imprimeur > Vincent, 26 avenue Charles-Bedaux, BP 4229 - 37042 Tours Cedex 1.

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 5

325 Somédito p3-5 OK 12/06/08 12:06 Page 5

Page 6: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

actus/enseignement catholique

6 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

ressortir l’importance de travailler en collé-gialité et de développer des mutualisationspour mieux faire face aux disparités entre di-rections diocésaines. Mais aussi de répondreaux exigences d’interventions d’urgence, deplus en plus courantes dans les domaines édu-catif, pédagogique, administratif, économique,politique et pastoral. Enfin, il s’agit égalementd’instaurer des relations de confiance, un dia-logue permanent et une écoute véritable entreles différentes tutelles diocésaines, congréga-nistes et nationale. Avant de synthétiser les rapports des groupesde travail, Frédéric Gautier a souligné qu’il nefallait pas être dans l’illusion – en ayant des finsmais pas de moyens – ni dans la confusion –en ayant des moyens mais pas de fins. Puis ila identifié six niveaux pour poursuivre les tra-vaux : distinguer les champs sémantiques detutelle, d’autorité et de pouvoir ; examiner la

diversité des situations diocésaines ; avancerdans la régionalisation avec les autres parte-naires ; relier exigences régionales et de proxi-mité ; préciser la responsabilité et l’autorité desCaec1 ; étudier les liens avec le Sgec en privi-légiant une réelle liberté de parole. L’ambiance particulièrement conviviale, grâcenotamment à une organisation sans faille et àun site propice à la quiétude, a montré que lecorps des directeurs diocésains est déjà uneréalité qui reste, toutefois, à fortifier. GDR

1. Comités académiques de l’enseignement catholique.

Les directeurs diocésains font corps

C’est au cœur des Alpes, àAutrans, que s’est tenu, les19, 20 et 21 mai dernier, lecongrès des directeurs

diocésains de l’enseignement ca-tholique. Devant les évolutions denotre société et plus particulière-ment du contexte éducatif et sco-laire, ceux-ci ont entrepris une ré-flexion sur le thème « Mission etmétier du directeur diocésain ».Frédéric Gautier, président de l’as-semblée des directeurs diocésains,a ouvert cette session en préve-nant qu’il est nécessaire d’entrerdans une démarche d’avenir pourmieux répondre aux préoccupa-tions locales et nationales. Et de citer la maxi-me prêtée à Léonard de Vinci : « Ne pas antici-per, c’est déjà gémir. » Deux grands axes de réflexion ont été propo-sés : la pertinence des territoires, du diocèse àl’académie, ainsi que l’organisation et les mo-dalités de travail de cette assemblée, notam-ment dans ses articulations avec le Secrétariatgénéral de l’enseignement catholique (Sgec).Éric de Labarre a confirmé la complexité dela fonction de directeur diocésain. Elle exiged’être un homme-orchestre possédant une sé-rie de compétences qui peuvent paraître jux-taposées. Cependant, « le secrétaire général del’enseignement catholique et son adjoint, commetous les directeurs diocésains, participent d’uneseule et même mission d’Église qui n’est pas frac-tionnable ».Les premières réflexions de cette étude quidoit se prolonger dans les mois à venir, ont fait

Frédéric Gautier, président de l’assemblée des directeurs diocésains, et Marie-France Terpend-Ordassière, directrice diocésaine de Grenoble.

Le collège employeur des établissementsadhérents à la Fnogec1 a souhaité va-loriser le paritarisme et ne plus êtredépendant de négociations salariales

qui se déroulent dans la fonction publique. Ila donc proposé aux organisations syndicalesde quitter la référence à la valeur du point dela fonction publique au profit d’un point spé-cifique à la convention collective des person-nels des services administratifs et économiques,des personnels d’éducation et des documen-talistes des établissements d’enseignement pri-vé. En conséquence, à compter du 1er sep-tembre 2008, la valeur du nouveau point seraitfixée à 56,30 €, soit près de 3 % d’augmenta-tion. Le collège employeur convient de la né-cessité d’examiner, dans le cadre des négo-ciations annuelles sur les salaires, la revalorisationde ceux-ci en tenant compte notamment del’évolution des indicateurs socio-économiques.Les grilles indiciaires actuelles resteraient in-changées. En cas de réponse négative des or-ganisations syndicales, pour l’année 2008/2009il n’y aurait aucune augmentation, à part celle résultant d’une revalorisation de la valeur du point de la fonction publique. Le 30 mai 2008, la FEP-CFDT, le SPELC et leSYNEP-CFE-CGC ont répondu positivementà la proposition du collège employeur. Pourleur part, le SNPEFP-CGT, la FNEC-FP-FOet le SNEC-CFTC n’avaient pas, au jour dubouclage de ce numéro, donné de suite favo-rable, préférant garder la valeur du point dela fonction publique. GDR

1. Fédération nationale des organismes de gestion de l’en-seignement catholique. Internet : www.fnogec.org

Le réajustementdes salaires changede référence

L’Institut catholique de Toulouse pro-pose dès la rentrée prochaine un mas-ter « histoire culturelle et religieuse »,en collaboration avec le Centre Histoi-

re et Théologie, dirigé par le père Stéphane-Marie Morgain. À une époque où il devient es-sentiel de se réapproprier une culture religieuse,cette formation possède la double spécificitéd’une compétence universitaire et d’une ap-proche théologique qui rend raison au dé-ploiement de l’Amour Trinitaire au sein del’histoire des hommes. « Ce master, précise lepère Philippe Molac, doyen de la faculté dethéologie de Toulouse, s’adresse prioritairementaux étudiants ayant déjà suivi un parcours debaccalauréat canonique et voulant se spécialiser

dans l’histoire religieuse. Cependant, il est ouvertaussi à ceux qui viennent d’autres filières uni-versitaires après la licence. Cette offre veut ré-pondre à un besoin réel de connaissances et decompétences dans un champ d’études qui doit per-mettre à nos contemporains de regarder l’histoirereligieuse avec un souci d’objectivité et de vérité.De plus, ce master peut préparer à l’enseignementde l’histoire de l’Église. »Le cycle de ce master est composé de cinq coursfondamentaux de 20 heures, et de deux coursplus spécialisés de 15 heures. La méthodolo-gie historique (24 heures) est également un as-pect important de cette formation. GDR

u Pour en savoir plus : www.ict-toulouse.asso.fr/theologie

Un master d’histoire religieuse à Toulouse

© G

.du

Reta

il

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 6

Page 7: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 7

femmes de son pays. « Et comment formez-vousles enseignants à la pédagogie de l’alternance ? » demande à son tour Gabriel Kuitche Fonkou.Aux côtés de la délégation camerounaise, Florian Hayibor, directeur de l’association «Ste-phenson International3 », et Danièle Dupuyinterviennent comme partenaires techniquesdepuis 2001. « Quand le Cameroun se lance dansun projet, il va jusqu’au bout ! constate DanièleDupuy, qui sait ce qu’innover veut dire. Avecses plates-formes informatiques, ce pays peut main-tenant aller très vite ! » La délégation de la République du Camerouna aussi rencontré Xavier Darcos pour envisa-ger des conventions tripartites entre le gou-vernement français, le gouvernement came-rounais et l’enseignement catholique français.Un entretien avec le recteur de Paris a pro-longé ce dialogue et permis d’envisager la créa-tion de passerelles entre les formations uni-versitaires.

Des initiatives multiplesAprès une autre visite, au lycée Albert-De-Mun4, à Paris, pour découvrir la formationhôtelière, la délégation s’est rendue à l’écolede production Boisard5, près de Lyon, où desjeunes en difficulté reprennent confiance. Au travers des différentes interventions deLouis Bapes Bapes, la République du Ca-meroun a exprimé tout son intérêt pour cesinitiatives qui peuvent l’aider à parvenir àl’« éducation pour tous en 2015 », définie dans lecadre mondial de Jomtien puis de Dakar.« Malgré les progrès considérables accomplis par

Louis Bapes Bapes, ministre des Enseignements secondairesde la République du Cameroun, reçu par le Sgec

les gouvernements africains pour facili-ter l’accès à l’éducation, il reste encoredes défis importants. Seule une politiquevolontariste des États, une redéfinitionclaire des priorités en matière d’éduca-tion, une action concertée avec les insti-tutions nationales et les bailleurs defonds, une rationalisation des pratiqueséducatives et de la gestion des systèmeséducatifs permettront de les relever », asouligné le ministre. Dans les semaines à venir, un relevéde conclusions sera établi entre le mi-nistère des Enseignements secondairesde la République du Cameroun, leministère français de l’Éducation na-tionale et le département internatio-nal de l’enseignement catholique di-rigé par Fernand Girard.

MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Secrétariat général de l’enseignement catholique.2. L’institut de Genech est né en 1894, comme école pratiqued’agriculture. Il propose aujourd’hui des sections agricole, hor-ticole, hippique, aménagement du territoire, mécanique, ser-vice aux personnes (cf. ECA 284, pp. 26 à 29). Il coopère dé-jà avec le Sénégal. Internet : www.institutdegenech.fr 3. Née du centre de formation d’apprentis Stephenson, à Paris,cette association travaille au Cameroun depuis 2001. Forte del’expérience du CFA Stephenson en matière d’enseignement àdistance, elle a contribué à doter 17 lycées camerounais et deuxplates-formes ressources d’une culture informatique. Cela per-met à la fois de remédier au manque de manuels et de dyna-miser la communication entre enseignants et entre élèves.Contact : Stephenson International, 18 rue Stephenson, 75018Paris. Tél. : 01 42 57 34 58.4. Adresse : 2 rue d’Olivet, 75007 Paris. Tél. : 01 43 06 33 09.Internet : www.albertdemun.net5. Adresse : 148 avenue Franklin-Roosevelt, 69120 Vaulx-en-Velin. Tél. : 04 78 49 03 78.

Du 1er au 6 juin 2008, le Sgec1 a reçu Louis Bapes Bapes,accompagné par FrançoiseAngouing, représentante duPremier ministre, et GabrielKuitche Fonku, inspecteurgénéral des Enseignementssecondaires. Ce voyage d’étude, piloté par Fernand Girard, leur a permisd’observer l’enseignementprofessionnel français, en vue de futures coopérations.

Cérémonial. Lever du drapeau camerounais parJean-Luc Tiberghien, directeur-adjoint de l’Institut de Genech.

© M

.-C

. Jea

nnio

t

© M

.-C

. Jea

nnio

t

L’enseignement catholique a unevéritable expertise technique etjouit d’une autonomie qui facilite la miseen place de partenariats », a expliqué

Louis Bapes Bapes le 2 juin dernier, à l’issuede la réunion avec le pôle international del’enseignement catholique et l’équipe de di-rection du Sgec. Le ministre des Enseigne-ments secondaires de la République du Ca-meroun était à la tête d’une délégation quis’est rendue à l’institut de Genech2. Situé àquelque vingt kilomètres de Lille, l’établisse-ment regroupe 3 000 élèves en formation,jeunes et adultes, en filières agricole et géné-rale, du CAP au diplôme d’ingénieur. À 90 % agricole, la République du Camerounne possède pas véritablement d’enseignementagricole. Or, dans le cadre de la rénovation deses enseignements techniques, stimulé aussipar la crise alimentaire, le pays voudrait in-troduire rapidement des formations pour dé-velopper ce secteur économique. « Nous vou-lons créer des filières qui cadrent avec notreenvironnement, explique le ministre. Nous avonsdéjà dessiné les régions écologiques d’implanta-tion des futurs établissements. »Passer à une agriculture moderne et empêcherque des jeunes, parfois diplômés mais sans em-ploi, ne s’entassent, inactifs, dans les villes : ledéfi à relever n’est pas mince ! Autour de latable de travail où l’équipe éducative de l’Ins-titut de Genech a pris place, les questions fu-sent : « Que deviennent vos anciens élèves ? Com-ment sont bâtis les programmes ? De quelle manièreétablissez-vous des partenariats avec le monde pro-fessionnel ? » interroge le ministre. « Et les filles,sont-elles partie prenante de ces sections ? » lanceFrançoise Angouing, soucieuse de l’avenir des

Sur le terrain. Louis Bapes Bapes, ministre des Enseignements secondaires de la République du Cameroun, avec deux élèves de l’Institut de Genech.

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 7

Page 8: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

actus/enseignement catholique

8 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

§

RÉFLEXIONS ET PRÉCONISATIONS L’exemplaire : 2 €POUR UNE RÉFORME DU LYCÉENom/Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Souhaite recevoir : . . . . . . . . . exemplaires. Bon à renvoyer accompagné de votre règlement, à l’ordre de AGICEC : 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris cedex 05.

Tél. : 01 53 73 73 75 - Fax : 01 46 34 72 79.

Le 2 juin dernier, Nicolas Sarkozy,a annoncé la réforme du lycée. Le président de la Républiquesouhaite « un lycée beaucoup plussouple, qui dépasse les impassesd'un cloisonnement trop rigide enfilières », donne une « liberté plusgrande » à chaque lycéen etfavorise « l'équilibre entre coursmagistraux et travail personnel ».Au mois de mai, Éric de Labarreavait transmis sa contribution àcette réflexion. Voici quelquespassages essentiels de son texte1.

Le lycée en questionsLe lycée connaît aujourd’hui une crised’identité et d’efficacité qui appelle une ré-flexion d’ensemble permettant de lui redon-ner la cohérence et la lisibilité qu’attendent àla fois les jeunes, les familles et l’ensembledes personnels qui y exercent leur activitéprofessionnelle. […]Le passage au bac professionnel en trois anstrouve des justifications sérieuses, parmi les-quelles : […] une égalité de traitement avec leslycéens des autres voies ; le souci de réduire lessorties d’études entre la seconde profession-nelle et le baccalauréat ; la volonté de releverle niveau de qualification des jeunes sortantdu système éducatif. [Le] lycée technologique[pourrait devenir après transformation] une sorted’option du lycée général. [Et la révision néces-saire de l’articulation actuelle entre les trois séries dulycée d’enseignement général s’avère indispensable.]

Le lycée en quête d’identitéLe lycée est un lieu d’éducation […] qui n’estpas un prestataire de services, mais un lieu

Un lycée de la diversification des parcoursfilières ou séries, destinée à faire émergerdes parcours typés, […] et la crainte de né-gliger le socle commun et d’imposer auxélèves des choix trop précoces […].

Le lycée en quête d’une organisation efficace Le système scolaire doit permettred’accueillir les différences pour per-mettre à chacun de grandir à son ryth-me et de déployer tous ses talents. […]L’organisation du lycée doit permettreaux jeunes de choisir, en toute connais-sance de cause, en fonction de leurs

goûts, sans que le choix fait à un momentne puisse être considéré comme un sensunique. […] [Cela exige d’]assurer une plus grande lisi-bilité des voies en lycée. […] La voie pro-fessionnelle accueille les élèves qui envisa-gent et souhaitent une insertion profes-sionnelle à une échéance rapprochée. Elleest organisée, quoi qu’il arrive, sur leprincipe de l’alternance. Elle débouchesur des diplômes qualifiants [et doit êtreajustée au] marché de l’emploi. La voie technologique s’adresse à desélèves envisageant prioritairement desétudes supérieures courtes. […] Les for-mations qui y sont proposées reposent surdes approches de type expérimental etdes démarches pédagogiques inductivesqu’il serait probablement préjudiciabled’affaiblir en les transformant en simplessections d’un lycée général. […] L’enseignement catholique préconise unrapprochement des lycées professionnel ettechnologique pour constituer un pôle deformation professionnelle d’excellence. Lavoie générale est destinée aux lycéens quienvisagent des études supérieures longuesà caractère général. […]

de vie qui doit être organisé pour aider lejeune à développer harmonieusement toutesles dimensions de sa personne […] afin qu’ilpuisse acquérir progressivement un sens ai-gu de sa responsabilité. […] Il paraît ainsinécessaire de favoriser l’accès des lycéens,quel que soit le lycée choisi, à une culturegénérale, notamment en développant desactivités interdisciplinaires susceptibles d’ai-der les jeunes : à accéder à la complexitédu réel ; à progresser dans l’exercice de lavie sociale ; à se poser les questions exis-tentielles et à élaborer leurs projets de vie[en les inscrivant] dans une démarche de pro-jet favorisant l’estime de soi […]. […] Si toute la scolarité doit permettre aujeune de s’orienter, l’âge du lycée est l’âgecrucial au cours duquel un certain nombrede choix décisifs pour l’avenir doivent êtrefaits. [Cela suppose] des évaluations régulières[et des ] instances de dialogue par lesquellesle jeune et ses parents pourront valider ouinfirmer les pistes d’orientation que l’élèveenvisage ou qui lui sont proposées… […] Toute reconstruction de la maquette dulycée est soumise à deux exigences : le ren-forcement de la spécialisation des voies en

D.R

.

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 8

Page 9: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Renasup en bref

PREMIÈRES RENCONTRES DE BRUXELLES 2009Renasup ouvre d’ores et déjà les préinscriptions pour la manifestation qu’il organise les 22 et 23 janvier 2009à Bruxelles, le nombre de places étant limité. Cetterencontre a pour objet de favoriser les partenariatsfranco-belges ainsi que la mutualisation des partenairesque Belges et Français ont dans le reste de l’Europe.

L’ATTRIBUTION DES ECTS DÈS CETTE ANNÉEConcernant les modalités de mise en œuvre des ECTSet de l’attestation descriptive du parcours deformation en BTS, la Direction générale del’enseignement supérieur (DGES) confirme que pourjuin 2008, il n'y aura pas de découpage spécifique enECTS et qu'il faudra donc simplement appliquer lesprincipes du décret, à savoir : celui qui est reçu au BTSobtient directement les 120 crédits, mais en cas d'échec les crédits sont attribués pour les disciplines où la noteest supérieure ou égale à 10 sur la base des coefficientsà l'examen. L’attestation descriptive du parcours de formation devra être délivrée par l'établissement.On peut s’inspirer des modèles produits pour les classesprépa, que l’on trouvera sur :www.education.gouv.fr/bo/2008/11/ESRS0800077C.htm

LES ATELIERS ÉLECTRONIQUES RENASUPLieux privilégiés d’échanges, les Ateliers électroniquespour l’avenir de l’enseignement supérieur professionnelportent sur la mise en place des ECTS et l’attestationdescriptive ; les licences professionnelles et lespartenariats nationaux ; les partenariats européens ;les chartes Erasmus et les programmes européens ; les réseaux régionaux d’établissements supérieursprofessionnels ; les certifications spécifiques : Toefl,Toiec, Bulats, Pcie, C2i… Il sont sur internet, à l’adresse :http://renasup.enseignement-catholique.fr/ateliers

LA MISE EN ŒUVRE DE LA PROCÉDURE DE GESTION DES ADMISSIONS POST-BACLe ministère de l’Enseignement supérieur insiste sur la nécessité d’aller au bout de la procédure en veillant à transmettre les classements dans les temps. Il en va de l’intérêt des élèves qui doivent être informés du sort de leur candidature et bénéficier du systèmed’itérations permettant de faire coïncider les différentsrangs de leurs vœux et les classements effectués par les établissements sollicités.

DES DISPOSITIFS POUR LA RÉORIENTATION EN FIN DE PREMIER SEMESTRE UNIVERSITAIRELe plan licence voulu par Valérie Pécresse prévoit lapossibilité de proposer une réorientation aux étudiantsà l’issue du premier semestre. Il y a donc là uneopportunité pour nos établissements d’imaginer desdispositifs d’accueil offrant à ces jeunes une voie deréussite dans une structure plus cadrée menant au BTSsans allongement du cursus. Il convient sans attendre de prendre contact avec les SUAIO et les universités afin d’envisager des partenariats dès l’année prochaine.

ANNUAIRE DES LICENCES PROFESSIONNELLESPRÉPARÉES DANS DES ÉTABLISSEMENTSCATHOLIQUES D’ENSEIGNEMENT Cf. site internet du Réseau national d’enseignementsupérieur privé : www.renasup.enseignement-catholique.fr

(D’après la Lettre électronique de Renasup du 26 mai 2008)

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 9

Dans les trois voies, il est nécessaire demettre en œuvre des réponses adaptéespour l’accueil d’adolescents et de jeunesadultes handicapés. […]En outre, la seconde indifférenciée pré-sente l’inconvénient majeur de creuser lefossé entre le lycée professionnel, dans le-quel on exige une spécialisation précoce,et les lycées général et technologique danslesquels les élèves se voient accorder untemps supplémentaire pour forger leur iti-néraire de formation. Nous préconisonsen conséquence trois types de classes de seconde correspondant aux trois voiesprofessionnelle, technologique et généraleet offrant des méthodes pédagogiquesadaptées aux différents profils d’élèves.Cette proposition […] suppose un renou-vellement de l’offre de formation en collè-ge faite à tous les élèves, visant à intégrer laculture professionnelle comme un élé-ment de la culture générale et permettantd’assurer une première connaissance desmétiers et du monde du travail […] ainsique la mise en place d’un véritable disposi-tif d’éducation au choix […].

[…] La proposition de classes de secondetypées n’est en outre envisageable qu’auxdeux conditions suivantes : la spécialisa-tion des voies du lycée doit être assurée,mais progressive, de telle sorte qu’en se-conde, la part des enseignements com-muns aux voies générale et technologiquepar rapport aux enseignements spéci-fiques reste importante (environ 50 %).[…] Les élèves doivent disposer de la pos-sibilité de changer de voie en fin de secon-de ou de première. [À cette fin,] des mo-dules seront mis en place en début depremière pour faciliter l ’accueil desélèves qui auront fait le choix de changerde spécialité.Une autre possibilité pour atteindre le mê-me objectif pourrait être une semestriali-sation des études en lycée dès la seconde. [Dans ce contexte,] il paraît très souhaitabled’assurer une « articulation horizontale »des voies du lycée soit par la polyvalencedes établissements ou cités scolaires, soitpar la création de réseaux d’établissementsregroupant également des centres de for-mation d’apprentis et des centres de for-mation de jeunes adultes (insertion et pro-fessionnalisation des 16-25 ans). Il est éga-lement nécessaire de veiller à une « articu-

lation verticale » des voies de formation enmettant en place des passerelles : entreCAP2 et bacs professionnels, entre bacsprofessionnels et STS3, entre classes tech-nologiques et CPGE4, entre formationsous statut scolaire et apprentissage, etc. Le brassage des lycéens pourrait être éga-lement assuré avec profit par la mise enplace d’une formation de la personne etd’une éducation du citoyen […].[De même, il est nécessaire de] resituer le bac-calauréat et le lycée dans un trajet de for-mation. […] Le baccalauréat est moins unpalier qu’une charnière. Il doit s’inscrirecomme un élément essentiel de structura-tion d’un projet professionnel et person-nel qui est mûri progressivement […]. On aspire à un baccalauréat qui serait moinsune attestation de niveau de fin d’étudessecondaires […] qu’une certification descapacités nécessaires pour accéder à unemploi ou à des études supérieurescourtes ou longues, générales ou profes-sionnelles. […] Cela nous conduit à préco-niser une formation en lycée et un bacca-lauréat découpé en unités capitalisables[comportant des unités fondamentales et desunités de spécialisation].Le résultat de cette formule serait : de « casser » les séries d’enseignement géné-ral ou technologique, sans pour autant re-mettre en cause l’impératif d’une spéciali-sation renforcée […] ; de gommer le senti-ment des lycéens de seconde ou de pre-mière qu’ils entrent dans des tunnels deformation, et d’accroître ainsi la person-nalisation des parcours […] ; de per-mettre de vrais parcours mixtes […], desortir, dans l’enseignement général, dutout « S ». […][Enfin nous avons besoin de] repenser l’en-seignement des humanités en lycée. […]Le lycée doit assurer une véritable culturedes humanités, c'est-à-dire un apprentis-sage de la littérature, de l’histoire, de laphilosophie et, de façon plus large, dessciences humaines et sociales, qui ouvre leslycéens à une réflexion personnelle et col-lective sur l’homme, son environnementet sa destinée, y compris dans les voiestechnologique et professionnelle. En dé-passant ainsi l’approche disciplinaire, ils’avérerait possible de développer la curiosité intellectuelle, l’esprit critique etl’ouverture à l’universalité de la culture. k

1. On trouvera ce texte dans son intégralité sur le site www.enseignement-catholique.fr (cliquer sur « Textes » puissur « Textes Enseignement catholique »). Il est également pu-blié sous la forme d’un hors-série d’Enseignement catholique actualités (cf. bon de commande ci-contre).2. Certificat d’aptitude professionnelle.3. Section de technicien supérieur.4. Classes préparatoires aux grandes écoles.

Le baccalauréat est moins un palier qu’une charnière.

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 9

Page 10: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

actus/enseignement catholique

10 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

L’Unetp à l’heure du Maroc

Regards européens sur la guerre de 14 Demain, quel monde pour nos enfants ?

avec les pères Boucrot2 et Cristobal3, a permisde mieux appréhender les attentes et les actionsmenées par les établissements catholiques ins-tallés depuis longtemps au Maroc et qui for-ment de jeunes électriciens, des aides familialeset des aides-soignantes.D’autre part, cette rencontre a permis une étu-de des besoins de formation au Maroc, plus par-

ticulièrement dans les domaines suivants :comptabilité-gestion, informatique, touris-me, hôtellerie, commerce, vente, électricité,arts appliqués et filières paramédicales. Ellesa aussi mis en relief l’importance d’une culture spécifique à l’heure de la franco-phonie, de la construction de l’Union pourla Méditerranée et de l’ouverture interna-tionale des stratégies de formation. En conclu-sion de cette rencontre qui fait suite à l’ac-cord-cadre de développement de l’enseigne-ment technique, établi en mai 2007 entre leroi Mohammed VI et les représentants desétablissements d’enseignement et de for-mation privés, Patrice Hauchard, président

de l’Unetp, a relevé la nécessité de bien com-prendre les motivations et les besoins des jeunesMarocains pour mieux entreprendre, proposeret agir. GDR

1. Union nationale de l’enseignement technique privé. Inter-net : www.unetp.org2. Secrétaire général de l’enseignement catholique du Maroc.3. Directeur général de l’école Don-Bosco, à Kénitra.

Dans le cadre des partenariats dé-veloppés depuis dix ans entre leMaroc et la France, le ministère del’Emploi et de la Formation pro-

fessionnelle du Maroc, les associations ma-rocaines de formation professionnelle ainsique l’Unetp1 ont organisé la « Premièrerencontre maroco-française de la forma-tion professionnelle privée » les 8 et 9 mai2008 à Rabat. Ces deux journées de travail ont associé unedélégation de 15 chefs d’établissement duréseau de l’Unetp et de 150 chefs d’établis-sement privé de formation professionnelledu Maroc. Elles furent l’occasion d’appro-fondir les relations interculturelles et intercul-tuelles ; de développer les possibilités d’échangesd’étudiants, d’apprentis ou de stagiaires ainsique de formateurs ; de présenter de futures ac-tions de formation de formateurs au Maroc. Etaussi de proposer des échanges de programmesde formation, en vue de l’obtention de diplômesbinationaux. Ce temps d’échange, notamment

En 2006, paraissait le premier ma-nuel d’histoire franco-allemanddestiné aux classes de terminale.

En 2007, ce fut le tour d’un manuelpour les premières. Deux gouverne-ments, deux nations, un tandem d’édi-teurs, des rédacteurs travaillant en bi-nôme, tout cela a été nécessaire pourdonner naissance à ces ouvrages1. Unenouveauté qui allait permettre d’envi-sager d’une manière autre l’histoire del’Europe. Un autre projet européend’envergure, initié par l’Institut de for-mation pédagogique (IFP) de Lille, ré-unit actuellement non plus deux pays,mais neuf partenaires – enseignants,centres de formation, inspections aca-démiques, universitaires… – pouraborder la guerre de 14-18. Il était engestation au niveau des associations eu-ropéennes d’enseignants (AEDE) de-puis trois ans. À mi-parcours, Emma-nuel Thévenin, directeur de l’IFP, nousfait part de ce qui se joue : « Le conflit14-18 apparaît aujourd’hui comme unélément fondateur, une rupture décisivedans l’histoire de l’Europe du XXe siècle.Pour dépasser l’étroitesse des visions na-tionalistes, nous avons choisi d’appliquerà l’événement la méthodologie des “re-gards croisés”. Notre objectif est de propo-

ser un module de formation pour les ensei-gnants, avec un site internet et un DVDainsi qu’un certain nombre d’outils péda-gogiques. » Le module s’articulera au-tour de quatre axes. Tout d’abord, laPremière Guerre mondiale dans lesprogrammes, puis les manuels et la pla-ce accordée au conflit dans les coursd’histoire – « Cinq cours d’enseignants parpays seront mis en ligne2, dans lesquels ils fe-ront part des documents utilisés, de la façondont ils construisent leurs cours… ». Maisaussi un forum de rencontres et un ré-pertoire des musées et des sites consa-crés à cette période de l’Histoire. Uneenquête sera aussi menée auprès desjeunes pour identifier leurs connais-sances factuelles et celles concernant les« traces » du conflit – monuments,plaques, films… « Nous sommes en traind’écrire autrement l’histoire. Nous espéronsque ces visions seront intégrées dans les pro-grammes, ce qui risque de bousculer les ma-nuels dans leur totalité. » Cela pourrait sefaire en Roumanie, le partenairen’étant autre que l’inspection acadé-mique elle-même ! EDC

1. Cf. ECA 314, p.32-33 et ECA 324, p. 12.2. Internet : www.europe14-18.eu - Dès septembre2008, une grande partie du module pour enseignantsdevrait être mise en ligne.

Comment se résigner ? Commentbaisser les bras face aux millionsd’enfants dans le monde dont lesdroits les plus fondamentaux sont

bafoués ? » s’est interrogé Yves Marie-Lanoë, président du Bureau interna-tional catholique de l’enfance1 (Bice),en ouvrant la journée du 60e anniver-saire de cette ONG2, le 4 juin dernier àParis. Une journée qui a permis à destémoins et acteurs du Bice de faire unétat des lieux de l’enfance dans le monde depuis la signaturede la Convention relative aux droits de l’enfant3 (CDE) le20 novembre 1989. De belles évolutions ont été constatéespar tous, mais personne ne nie les trop nombreuses violationsdont sont toujours victimes des millions d’enfants et d’adoles-cents. Il existe donc un gigantesque écart entre les normes ju-ridiques et les réalités vécues. Cette démarche du Bice aurason point d’aboutissement l’an prochain à Genève, pour les20 ans de la CDE avec un appel général pour se remobiliser etinscrire ce combat dans le contexte plus général de celui desdroits de l’homme. Alors que les gouvernements ont intégréla convention à leur législation, le grand défi reste effective-ment de la faire entièrement appliquer. EDC

1. Sur internet : www.bice.org2. Organisation non gouvernementale.3. Tous les pays l’ont ratifiée à l’exception de la Somalie et des États-Unis. Internet : http://droitsenfant.com/cide.htm

Des Français à l’écoute des motivations et des besoins des jeunes Marocains.

D. R

.

© E

. du

Clo

sel

Une école au Cambodge.

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 10

Page 11: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

actus/enseignement catholique / éducation

« Terre d’enjeux » : un projet à la hauteur de nos espérances

Lorraine et se sontsentis solidaires de sapréservation. Ils ontdécouvert l’archéo-logie, l’écologie so-nore et ont participéà de multiples ate-liers sportifs avec leconcours de diverscomités départemen-taux (volley, rugby,handball, softball,VTT, athlétisme…) . Dernier exempleavec l’Ouest et les

Côtes-d’Armor où 20 réseaux d’établissementsse sont lancés dans l’aventure du dévelop-pement durable : 86 écoles, 6 collèges et unlycée ont rassemblé 7 500 jeunes autour destrois thématiques « sol », « air » et « eau ». Auprogramme : des ateliers sportifs, culturelset scientifiques. Mais ce temps fort de « Terre d’Enjeux », encette année 2008, n’est que le point de dé-part d’un autre défi : poursuivre, dans la du-rée, cette prise de conscience nécessaire au-tour du développement durable dans tousles établissements de l’enseignement catho-lique. Comment ? Avec des engagements, du-rables eux aussi, pour permettre à la Terrede mieux respirer et surtout de continuer ànous offrir toutes ses richesses. Merci à tous les responsables des sites, desunions départementales ou des directionsdiocésaines qui ont contribué à la réussite dece magnifique projet !

PHILIPPE BRAULT

1. Union générale sportive de l’enseignement libre. Internet :www.ugsel.org (rubrique « Terre d’enjeux »).

Une idée, une action

Road-movie polaireen handbike

Parcourir 4 600 kilomètres en 90 jours et enpédalant à la force des bras… C’est le défi

que s’est lancé Yves Néron-Bancel, 27 ans, para-plégique depuis dix ans, à la suite d’un accidentde ski. Calé dans son drôle de vélo, un handbi-ke, il avalera les kilomètres en juin, juillet, août,depuis Oslo jusqu’au Cap-Nord d’où il redescen-dra par Stockholm et Helsinki. Le coup d’envoide l’aventure, baptisée Projet HandiKapp-Nord,a eu lieu à Paris le 1er juin, même si le périple dé-butera véritablement en Norvège.Yves a presque bouclé son financement, grâce àla générosité de ses sponsors et à l’aide logis-tique du réseau européen d’écoles de commer-ce Cems1. Néanmoins, il lui faut encore trouver15 000 euros, pour réussir pleinement son ex-ploit. C’est en effet la somme minimale qu’ilcompte reverser à l’Institut du cerveau et de lamoelle épinière2 (ICM). Ce pôle de pointe qui devrait ouvrir ses portes en 2009 sur le site de laPitié-Salpêtrière, à Paris, réunira 600 des meilleurschercheurs et techniciens en neurologie. Il consti-tue un grand espoir pour nombre de personneshandicapées.Pour le jeune homme, à la double nationalitéfranco-néerlandaise, le choix des pays nordiques,où il a effectué une partie de ses études, n’estpas un hasard. Ces contrées, très en avance surles questions d’accessibilité, vont lui permettrede pointer le retard de la France en la matière.Et pour mieux marquer les esprits et faire évo-luer les mentalités, Yves a placé la barre très haut :une remorque attelée à son vélo contient tenteet duvet car, après ses 60 kilomètres quotidiens,il compte faire du camping sauvage.Enfin, ce formidable défi physique et moral viseaussi à rendre confiance et audace aux personnesqui vivent leur handicap dans la désespérance :les performances sportives spectaculaires ne sontpas réservées aux valides ! Le blog d’Yves per-mettra de suivre l’aventure quasiment en directet d’y participer, en ajoutant sa pierre à la col-lecte de dons et en encourageant le cycliste danssa course solitaire autour du cercle polaire. VL

1. HEC en France et la Business School de Copenhague (an-cienne école d’Yves) font partie de la Community of Euro-pean Management Schools (Cems) qui regroupe 17 Busi-ness Schools européennes. Internet : www.cems.org2. Sur internet : www.icm-institute.org

uPour suivre l’aventure et faire un don : www.handikapp-nord.orgPour contacter Yves Néron-Bancel - par téléphone :

06 33 40 62 52 - par e-mail : [email protected]

D.R

.

L’Ugsel1 a réus-si son défi derassemblerde nombreux

établissements au-tour du développe-ment durable. « Par-ce que c’est l’affaire de tous », près de 250 000 élèves (soit5 500 classes à tra-vers la France) sesont mobilisés pourleur planète. Et cen’est pas fini : lesmanifestations se poursuivent durant cemois de juin pour finaliser les activités me-nées depuis le début de l’année scolaire. Etles cahiers de l’environnement, explicitantdémarches et productions, affluent au siè-ge de l’Ugsel.Du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, le pro-jet « Terre d’Enjeux » a surtout mis en valeurles qualités éducatives et l’ingéniosité des en-seignants pour exploiter le dossier pédago-gique et les outils proposés. Activités cultu-relles, sportives et artistiques se sont imbriquéesnaturellement, en partenariat avec le mon-de de l’environnement. Tous ont pris du plai-sir à se retrouver pour fêter la nature et larendre plus agréable.Ainsi, le 26 mars dernier, sur les plages de Mar-seille, des collégiens et lycéens ont retrousséleurs manches pour nettoyer le sable et la mer,avant de jouer au volley ou faire du kayak,puis de terminer la journée par un temps deparole et d’engagement. Toujours en Pro-vence, à Cavaillon (Vaucluse), 4 000 élèves de29 écoles ont partagé une journée inoubliabled’activités variées, re-prenant tous en chœurDe passage, le chant de« Terre d’enjeux » de Daniel Facérias.À Saint-André, près deLille, un rallye pédestrea mobilisé 330 jeunesautour d’un forum d’ex-positions et d’animationssportives. En Meurthe-et-Moselle, le 29 mai, lacolline de Sion-Vaudé-mont a accueilli plus de1 000 enfants venus de17 établissements. Ils ontparcouru ce haut lieu de

Meurthe-et-Moselle. Dans la colline de Sion-Vaudémont.

Côtes-d'Armor. Célébration de la Terre.

© U

gsel

© U

gsel

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 11

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 11

Page 12: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

L’éducation physique : discipline à haut risqueLa Fnepsec1 a mené une enquêtesur l’état de santé des professeursd’EPS. Ses résultats, alarmants,plaident pour un aménagement deleurs fins de carrière. Une urgencealors que plus d’un tiers des effectifsa dépassé la cinquantaine.

Problème au genou, rupture du tendond’Achille, hernies, sciatiques et autresdouleurs chroniques… 45 % des pro-fesseurs d’éducation physique et spor-

tive (EPS) de moins de 35 ans souffrent deproblèmes ostéo-articulaires. À cet âge, ilssont déjà plus d’un quart à avoir subi une in-tervention chirurgicale. Et, à plus de 46 ans,près de 80 % de ces enseignants sont atteintsde pathologies invalidantes. Soit la moitié deseffectifs des professeurs d’EPS de l’enseigne-ment catholique ! En cause : les activités deparade2, la manipulation du matériel et lemanque de prévention. C’est le constat alarmant tiré, il y a trois ans,d’une enquête médicale sans précédent me-née par la Fédération nationale des ensei-gnants d’EPS de l’enseignement catholique(Fnepsec). Le dépouillement de 646 ques-tionnaires anonymes a surpris le docteurJean-Pierre Calvi, chef du service de réédu-cation du centre hospitalier de Vannes et ex-pert médico-légal en matière de séquelles fonc-tionnelles, qui a accompagné l’étude de laFnepsec : « Nous ne connaissons aucune pro-fession qui présente un tel état de dégradation mé-dico-chirurgicale. […] Elle est très exposée, pourne pas dire sinistrée. »Bien que seuls 8 % des arrêts de travail soientimputés à une maladie professionnelle selonl’étude, le constat de l’expert est sans appel.Et la situation des professeurs d’EPS de 50 anset plus – 38 % de la profession dans l’ensei-gnement catholique –, souvent critique. Plusparticulièrement pour les femmes (cf. enca-

tés de soutien, de prévention santé, d’aide à l’orien-tation, d’animation des vies de classe, d’encadre-ment des IDD et TPE5 ou d’accueil d’élèves han-dicapés… »

Ouvrir des passerellesMieux encore, Marc Lebreton veut croire aux« secondes carrières » évoquées dans le rapportPochard : « Il faut encore développer la formationcontinue et surtout ouvrir des passerelles vers lafonction territoriale ou hospitalière. En effet, ac-tuellement, la reconversion nécessite de démission-ner de son poste, et le nombre de ceux qui s’y ris-quent reste en EPS extrêmement limité. Pourtant,une demande existe qui n’est peut-être pas recenséecar tous savent que l’institution n’a rien à leur pro-poser pour les accompagner dans cette démarche. »Dans l’attente du livre blanc qui devrait enté-riner ces orientations, Marc Lebreton, commeses collègues du public, ne peut que constaterla pénurie de médecins scolaires et de cam-pagnes de prévention à destination des ensei-gnants d’EPS. Résultat, les risques encourusrestent méconnus.

VIRGINIE LERAY

1. Fédération nationale des enseignants d’EPS de l’enseigne-ment catholique. Adresse : 3 ruelle des Ajoncs, 56250 Trefflean.Tél. / fax : 02 97 42 70 53. Internet : www.fnepsec.com2. Elles consistent, par exemple, à assurer la sécurité des élèvespendant les exercices de gymnastique.3. Décret n° 2007-632 du 27 avril 2007 relatif à l'adaptationdu poste de travail de certains personnels enseignants, d'édu-cation et d'orientation (JO n° 101 du 29 avril 2007). Les mo-dalités d’application de ce décret ont été précisées par la cir-culaire n° 2007-106 du 9 mai 2007, intitulée « Dispositifd’accompagnement des personnels d’enseignement, d’édu-cation et d’orientation confrontés à des difficultés de santé »(BO n° 20 du 17 mai 2007). 4. Organisme de gestion de l’enseignement catholique.5. Itinéraires de découverte et Travaux personnels encadrés.

Paroles d’enseignantes d’EPS«Je n’ai jamais eu connaissance, depuis 1975, d’un médecin-référent professionnel, tant au

niveau de la direction diocésaine que du rectorat. Or il me semble qu’en avoir un qui soit aucourant de la vie des profs d’EPS éviterait de se sentir si seule en cas de problème. »« Étant donné mes difficultés d’ordre psychologique et relationnel, j’ai dû réduire encore montemps de travail, malgré l’incidence sur ma retraite. Je n’enseigne plus que 12 heures au lieu de20 heures pour un temps plein. Pour les presque cinq ans qui me restent, je veux tout tenter poursortir de l’enseignement, trouver un autre travail, car je me sens souvent à la limite de l’incapacité.Je suis prête à tous les sacrifices financiers pour cela. Je souhaiterais me reconvertir dans le domai-ne de l’assistance aux personnes âgées, mais j’ai besoin de votre aide. »

dré). « Beaucoup de professeurs s’inquiètent de voirleur fin de carrière compromise par des problèmesde santé. Et souvent la fragilité physique génèreune détresse psychologique fort douloureuse », sou-ligne Marc Lebreton, président de la Fnepsec,qui déplore la lenteur des avancées dans ce do-maine. En 2007, un décret3 a créé un disposi-tif d’accompagnement au reclassement pourraison de santé et des postes dits adaptés, avecallégements horaires.Mais, pour parer à ces fins de carrière diffi-ciles, la meilleure option, selon la Fnepsec, se-rait d’anticiper en prévoyant une reconver-sion. Cela dit, s’orienter vers une autre disciplinereste compliqué, et devenir un personnel Ogec4

implique une perte salariale et statutaire consé-quente. Enfin, la reconversion comme chefd’établissement, assez fréquente en Bretagne,n’est pas envisageable pour tous les enseignants.Marc Lebreton voudrait donc tirer parti desnouvelles fonctions qui apparaissent dans lesétablissements pour élargir l’offre de reclasse-ment : « Les professeur d’EPS pourraient mettreleurs compétences techniques et pédagogiques pourservir autrement l’établissement, dans des activi-

www.fnepsec.com - Un site pour s’informer et se sentir moins isolé.

actus/enseignement catholique

12 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 12

Page 13: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

La laïcité de la différence

énormément évolué :l’appartenance reli-gieuse n’est en effet plusaussi évidente qu’au-trefois et le rapport au« croire » n’a plus tout àfait le même sens. Le su-jet s’est donc révélé êtred’une grande complexi-té. Beaucoup de para-doxes ont été soulevés etbeaucoup d’idées reçues,bousculées.

Fécondité croiséeQuant à la laïcité, elle aus-

si a fait débat. Plusieurs conceptions ont étémises à jour. Pour le philosophe Henri Peña-Ruiz, elle doit être une neutralité exi-geante ; le sociologue Jean-Louis Schlegella verrait, pour sa part, évoluer vers quelquechose de plus ouvert, rejoignant ainsi la vi-sée de Paul Malartre, l’ancien secrétaire gé-néral de l’enseignement catholique, qui aconclu ainsi cette journée : « À partir desforces politiques et religieuses, nous sommespassés de l’affrontement ou de la peur à la pa-cification. […] Je suis de ceux qui pensent quela loi Debré de 1959 est l’un des excellentsexemples de la pacification. […] Si la diffé-rence n’est pas vue comme une menace maiscomme une richesse, nous arriverons à une laï-cité pacifiée. Mais cette pacification n’est pasun objectif suffisant. Il m’a semblé que l’on aévoqué entre forces politiques et attitudes reli-gieuses, ce que j’appellerai une fécondité croi-sée. Il n’y a pas d’antagonisme […]. Les reli-

gions doivent veiller à s’inscriredans une mission culturelle etinstitutionnelle. Elles ne peu-vent rester étrangères et silen-cieuses devant l’atteinte aux droitsde la personne. Sans prosélytis-me. Mais il est possible de fé-conder les religions avec les règlesde la démocratie. »

ÉLISABETH DU CLOSEL

1. Institut de formation pour l’étude et l’en-seignement des religions du Centre univer-sitaire catholique de Bourgogne (CUCDB).Internet : www.cucdb.fr - Contact A3 Ifer :Claude et Étienne Blocquaux – E-mail : [email protected] gauche à droite : Jean-Louis Schlegel, Jean-Jacques Vidal, Henri Peña-Ruiz.

En brefUN « LABEL INTERNET » POUR LES ÉCOLESL’association « Villes Internet » – un réseau d’éluslocaux, d’agents administratifs et d’acteursassociatifs – a reçu le soutien du ministre del’Éducation nationale pour lancer un label « ÉcolesInternet ». Objectif : promouvoir les usagesd’internet dans le cadre d’une égalité d’accès etd’appropriation pour tous les élèves des écolesprimaires. Les écoles maternelles et élémentairessouhaitant obtenir ce label sont invitées à s’inscrire, jusqu’au 15 juillet 2008, sur le site de l’opération. www.ecoles-internet.net

LA 27e RÉGION« Laboratoire des nouvelles politiques publiques à l’âge numérique », la « 27e Région » est le nouveauprogramme de recherche et développement del’Association des Régions de France. Ses objectifs sont de favoriser la production et l’échange d’idéesinnovantes entre les Régions et de donner auxdécideurs publics et aux citoyens des éléments decompréhension sur l’avenir des territoires à l’âgenumérique et technologique. www.la27eregion.fr

CLÉOPÂTRE NUMÉRIQUEOù trouver sur internet des documents textuels et iconographiques sur la plus connue des reines d’Égypte pour aborder les nouveaux programmesde « langues et cultures de l’Antiquité » ?Réponse : dans le numéro 61 de la revue Les Dossiers de l’ingénierie éducative,tout entier consacré aux « outils pour le français et les langues anciennes ». On en trouvera le sommaire détaillé sur le site du Centre nationalde documentation pédagogique.www.sceren.fr/dossiersIE

PHOSPHORE.COMUne base de 36 000 diplômes, 8 000 contacts et 6 000 établissements. Quand vient le moment des’orienter, de choisir un diplôme, un établissement,ou même un métier, comment s’y retrouver ? Par où commencer ? Qu’il ait ou non une idéeprécise de ce qu’il veut faire, le jeune internauteest orienté en fonction de ses goûts, de sescompétences et même de sa localisationgéographique. Phosphore.com propose aussi des tests d’orientation. www.phosphore.com

La Commission natio-nale informatique etlibertés (CNIL), qui fêteson trentième anni-

versaire cette année, organisera du 15 au 17 octobre 2008avec la Commission allemande, également trentenaire, la30e Conférence mondiale de la protection des données etde la vie privée à Strasbourg, au Conseil de l’Europe. Elleportera sur le thème « Protéger la vie privée dans un mon-de sans frontières ». Les « histoires vécues » rapportéesdans son rapport d’activités pour l’année 2007 en confir-ment l’urgence. www.cnil.fr

LE CHIFFRE DU MOIS

30 ans

La question soulève toujours les passions, même si depuis 1905 la situation a bien changé. Les participants au colloque qui s’est tenu le 17 mai à Parisont pu en juger : en 2008, « laïcité » rime avec « complexité ».

Le 17 mai dernier, l’A3Ifer, l’Association desamis et anciens sta-giaires de l’Ifer1, orga-

nisait son deuxième colloquedans les locaux de Sciences Po,à Paris. Sur un thème, « Atti-tudes religieuses et forces po-litiques en France : les che-mins de la laïcité », qui nepouvait tomber mieux aprèsl’affaire du voile à l’école et la loi du 15 mars 2004, etsurtout après le discours deNicolas Sarkozy au Latran,le 20 décembre 2007. En fai-sant de multiples références à la religion,en insistant sur les « racines chrétiennes » denotre pays et en affirmant que « dans latransmission et dans l’apprentissage de la diffé-rence entre le bien et le mal, l’instituteur nepourra jamais remplacer le curé ou le pasteur »,le chef de l’État aurait-il relancé la polé-mique sur la laïcité ? La laïcité, c’est bien de cela dont il était ques-tion à Science Po. Mais avant d’aborder cesujet qui suscite toujours autant de passions,il a été demandé aux intervenants de faireun état des lieux du poids des religions –catholicisme, protestantisme, judaïsme, islam – dans le vote et la vie politique enFrance. Peut-on, en effet, affirmer qu’il y aun vote spécifique suivant la religion à la-quelle on appartient ? Fini le temps où le catholique se situait plusprobablement à droite et le protestant àgauche – le judaïsme et l’islam étant alorstrès minoritaires. La situation aujourd’hui a

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 13

actus/éducation

© E

. du

Clo

sel

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 13

Page 14: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Le troisième Salon international des initiativesde paix1 s’est tenu à la Cité des sciences et del’industrie, à Paris, du 30 mai au 1er juin 2008.Il y avait beaucoup d’informations à glaner

pour les éducateurs… Ainsi, sur le stand de l’association Initiatives et Changement2, on pouvaitdécouvrir comment l’intervention d’une équipe formée par « Génération Médiateurs » peuttransformer l’atmosphère d’un établissement. Un exemple : à Montargis (Loiret), un principal decollège, désireux d’en finir avec un climat tendu, a réussi à décrocher (auprès des collectivités lo-cales et de l’Éducation nationale) un budget suffisant pour former une équipe. À la rentrée 2007,sept groupes de pilotage composés d’adultes et sept groupes de jeunes médiateurs pour les col-lèges de l’agglomération, ont suivi un stage. Bilan provisoire : la diffusion progressive d’une culture de respect, grâce à la collaboration du MAN3, situé à 800 mètres de l’établissement, décou-vert grâce un parent d’élève… Ce salon, riche en contacts, rassemble 300 organisations, sous lehaut patronage de l’ONU et de l’Unesco. Les unes agissent au plan international (tel Caritas In-ternational avec son action « Un mur à Jérusalem »), d’autres au plan social (tel le Mir4 avec sa« formation des adultes à la non-violence »), d’autres encore au plan familial, (tel le MAN3 avec son« accompagnement des auteurs de violences conjugales »). Sans oublier l’école ! MCJ

1. Internet : www.salon-initiativesdepaix.org - Ce Salon s’inscrit dans le cadre de la Décennie internationale de la promotion d'une culturede la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde, votée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 10 novembre 1998. 2. Cette association non confessionnelle et apolitique, présente dans 40 pays, s’implique dans la prévention et la résolution desconflits. En France, elle organise des cycles d’animation pour prévenir, gérer et transformer la violence en milieu scolaire. Contact :Initiatives et Changement, 7 bis rue des Acacias, 92130 Issy-les-Moulineaux. Internet : www.fr.iofc.org3. Mouvement pour une alternative non-violente. Internet : http://nonviolence.fr4. Mouvement international de la réconciliation. Internet : www.mirfrance.org

14 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

actus/éducation

développement. « Un autre monde est possible, ilest entre nos mains », s’est enthousiasmée Marie-Alice Sarrazin, représentante de l’enseigne-ment catholique au sein des instances du CCFD1. Lors de son envoi en mission, Mgr Housset,président du conseil de la solidarité, a mis l’ac-cent sur l’importance d’une éducation au dé-veloppement, entendue comme un « art de

vivre » et a rappelé la dimension spirituellede la solidarité. Devant les attentes, toujoursplus nombreuses, d’actes de charité, « l’ex-pertise acquise par le CCFD est appelée à se dé-ployer dans les années qui viennent et à don-ner toute sa mesure, avec les autres organismesde solidarité nationale et internationale », a-t-il affirmé. L’évêque a ensuite invité l’as-semblée à continuer d’avancer sur « l’éduca-tion au développement, un de vos objectifs dèsvotre fondation. Il s’agit non seulement de sen-sibiliser notre opinion publique mais de formerà un développement humain authentique, c’est-à-dire durable ou soutenable et solidaire ». Et

de conclure que ce développement humainnous appelle « à remettre en cause notre propremodèle occidental. Ici nous ne pourrons plus conti-nuer comme avant si nous voulons que là-bas ily ait un vrai développement. »

JEAN-LOUIS BARBON

1. Comité catholique contre la faim et pour le développement.Internet : www.ccfd.asso.fr

Ici et là-bas, avec le CCFD

Cultivons la paix

Les 10, 11 et 12 mai 2008, à Grenoble,s’est tenue la 5e Rencontre nationaledu CCFD1 sur le thème « Pour une ter-re solidaire ». L’engagement des parti-

cipants était perceptible dans la grande salled’Alpexpo, qui accueillait près de 2 000 délé-gués, représentant les groupes locaux, et denombreux invités. Tables rondes et ateliersont abordé de très nombreux thèmes (le rôledu CCFD dans l’Église, la promotion d’uneéconomie solidaire, la nécessité du partagedes richesses, etc.), en réfléchissant aux stra-tégies d’action à mettre en œuvre. Puisquatre forums, le dimanche matin, ont per-mis d’interroger le rapport au politique, àl’autre, à la nature et à la foi. La fête solidaireet la célébration étaient aussi de la partie. Une soixantaine de professeurs de l’enseigne-ment catholique ont participé à ce rassemble-ment, au titre de leurs groupes locaux. Unerencontre informelle leur a permis d’aborderles enjeux et la pédagogie de l’éducation au

« Nous sommes engagés pour être les acteurs d’une Terre solidaire », a déclaré Joël Thomas, président du CCFD.

En France, sur 300 000 élèves de 3 à 18 ans en situation de handicap, 152 000 suivent leur scolarité avec lesautres. Le DVD Accueillir et accompa-

gner la différence - scolarisation et handicap nousfait découvrir leur vie à travers trois histoiresd’intégration réussie. On suit, en images et en musique, une matinée de classe de Noelyne Guarin, en CM1 à l’école Rosa-Bon-heur dans la banlieue de Bordeaux, de Tarik Messoussi, en cinquième dans un collè-ge bordelais, et de Dimitri Lenfant, en secon-de au lycée Léon-Blum de Créteil. À chaquefois, on est frappé par l’épanouissement du jeu-

ne, la sérénité de ses parents. Tarik,autiste, calcule sa moyenne

en maths (18,9) et espè-re encore progresser

« pour ressembler à BillGates ». Dimitri, quise déplace en fau-teuil roulant, consti-tue, nous dit son

professeur de mathé-matiques, un pôle

d’apaisement dans laclasse. Noelyne, qui est sour-

de, ne s’arrête pas à quelques remarques bles-santes sur son appareillage et participe joyeu-sement au cours d’anglais. Édité par le Centrenational d’enseignement à distance (Cned),avec le soutien de la Fondation Caissesd’épargne pour la solidarité, ce DVD infor-me et sensibilise sur l’application de la loi du11 février 2005. Qui ? les enseignants et l’en-semble des personnels des établissements sco-laires, les familles d’enfants et d’adolescentshandicapés et les membres des équipes mé-

dicales et paramédicales intervenant en mi-lieu scolaire. Dans le livret qui l’accompagne,on trouve le détail des dispositifs prévus parla loi. À recommander à tous les yeux et toutesles oreilles, pour une information et une for-mation... en douceur. MCJ

uLe DVD Accueillir et accompagner la différence - scolarisation et handicap est vendu au prix de 25 €

à la Librairie de l’éducation, 13 rue du Four, 75006 Paris. Bonde commande sur : www.cned.fr/ FormationsEnseignants(Rubrique « Nos DVD vidéo »).

Un DVD pour sensibiliser

au handicap

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 14

Page 15: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Le principe organisateur de l’enseignement,dans les établissements publics reste celui de lamixité », a rappelé le ministère de l’Éduca-tion nationale. Cette mise au point sur-

vient après l’adoption par le Parlement d’untexte1, Il transpose en droit français des direc-

tives communautaires relatives à la lutte contre les discriminations etdont une disposition constitue, selon certains, une remise en cause de lamixité scolaire : « Toute discrimination directe ou indirecte fondée sur le sexeest interdite en matière d’accès aux biens et services et de fourniture de bienset services. Ce principe ne fait pas obstacle […] à l’organisation d’enseigne-ments par regroupement des élèves en fonction de leur sexe2. » Il s’agissaitpour le gouvernement de prendre en compte la possibilité de déroga-tion au principe d’égalité de traitement entre les hommes et lesfemmes, ouverte par une directive du Conseil de l’Union européenne3

et qui concerne d’ailleurs, de manière plus large, non pas l’enseigne-ment mais l’éducation4. « Limité dans sa portée, cet article ne fait que rappeler un état du droit antérieur.La formulation juridique retenue exclut toute incitation à développer des ensei-gnements séparés. Les exceptions sont limitées aux stricts besoins de certains en-seignements intervenant dans des contextes spécifiques. C’est ainsi le cas de cer-tains enseignements d’éducation physique et sportive (piscine par exemple) et del’enseignement de la sexualité […] au collège », a indiqué le ministère dansune note transmise à l’AFP5. Quant aux « établissements comme celui dela Légion d’honneur à Saint-Denis, établissement privé sous contrat, [ils]sont par leur objet non mixtes » et « cette exception pourra perdurer ». VG

1. Loi n° 2008-496 du 27 mai 2008 portant diverses dispositions d’adaptation au droit com-munautaire dans le domaine de la lutte contre les discriminations.2. Article 2, alinéa 4.3. Directive 2004/113/CE du Conseil du 13 décembre 2004 mettant en œuvre le principe del’égalité de traitement entre les femmes et les hommes dans l’accès à des biens et services et lafourniture de biens et services.4. Cf. l’article 3 de la directive ci-dessus : « La présente directive ne s’applique ni au contenu desmédias et de la publicité ni à l’éducation. »5. Citée par le site internet VousNousIls, dépêche du 22 mai 2008.

Personnels : enquête au collège

ce dans le collège à raison de27 heures 30 en moyenne par se-maine, programmes trop ambi-

Quels sont les moyens mis àvotre disposition pour tra-vailler ? », « Quels recrute-ments sont nécessaires au bon

fonctionnement d’un établissement ? »,« Quelle est votre charge de travailréelle ? », « Quelle vision les ensei-gnants ont-ils de leur métier ? »…,telles sont quelques-unes desquestions posées par le SGEN-CFDT1 dans une enquête condui-te entre janvier et mai 2008 au-près des personnels des collèges,tous statuts confondus. Les pre-miers résultats – 20 000 question-naires ont été retournés et prèsd’un quart a déjà été traité – ontété présentés le 20 mai dernier2.« Nous avons choisi d’enquêter dansles collèges en nous appuyant sur uneintuition largement partagée par tousles observateurs que c’est dans ces éta-blissements que se retrouve le conden-sé des contradictions de notre systè-me éducatif », explique ThierryCadart, secrétaire général du syn-dicat.Les personnels s’impliquent forte-ment dans leur activité profes-sionnelle – « Plus de quatre agentssur cinq participent régulièrement àla vie de leur collège », et pour 39 % il s’agit d’une « attitude nor-male ». Reste que « pour une forteminorité (48 %), cet investissementn’est pas reconnu ».Autre enseignement livré par l’en-quête : le travail est passionnant ouintéressant pour plus de 80 % despersonnels ayant répondu. Tousâges confondus, ils sont toutefois40 % à envisager de changer demétier, et plus ils sont jeunes, plusils y pensent. Quant aux profes-seurs, ils considèrent que leur mé-tier choisi « pour le plaisir d’ensei-gner » et « pour le travail avec lesjeunes » consiste avant tout à « édu-quer et socialiser » (70 % des ré-ponses). Ils en font même un préa-lable à la transmission des savoirs. Ils estiment aussi que c’est « un mé-tier difficile dans la durée » : « Ensei-gnant, c’est un métier passionnant maisdur au début, usant à 40 ans et épui-sant à partir de 50. » Et les intéres-sés de dénoncer des conditions detravail trop lourdes : durée heb-domadaire de 40 heures, présen-

En brefREMPLAÇANTSXavier Darcos entend créer une agencede remplacement des enseignants pour la rentrée 2009. Rattachée directement à l’État et pilotée par le ministère de l’Éducation nationale, elle permettrade pallier les absences de professeurs etd’assurer la continuité du service public. « Il ne s’agit pas d’une agence d’intérim,ce sera une structure de planification etd’organisation nationale, dédiée à cetteseule fonction : planifier les absencesprévisibles et gérer au plus vite les absences. Lorsque nous manqueronsponctuellement de tel ou tel professeur,l’agence pourra solliciter des jeunesprofesseurs en fin de préparation, des stagiaires ou des étudiants en fin de master », a expliqué le ministre.

INTERNET ET LES ENFANTSAfin d’« instaurer une vraie sécurité sur internet à destination des enfants »,Nadine Morano, secrétaire d’État chargéede la Famille, entend, à la rentrée 2008,sensibiliser les parents et les enfants via un document d’information édité en partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale. Autre pisteenvisagée : « la mise en place [dans les IUFM] d’un module de formation des enseignants […] ».

LA VOIX DES JEUNES« Parole aux jeunes », c’est le nom de la consultation nationale organisée,via internet, par Dominique Versini, la défenseure des enfants, à l’occasion du 20e anniversaire de la Conventioninternationale des droits de l’enfant.Éducation, famille, justice, vie privée etinternet, santé, discriminations, violence,expression : sur tous ces sujets, les moinsde 18 ans sont invités à formuler leurspropositions. Elles seront inscrites dans le « Livre d’or de la parole des jeunes »qui, en novembre 2009, sera remis au président de la République et aux présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale. www.defenseurdesenfants.fr

RÉFORME DU LYCÉEJean-Paul de Gaudemar a été désigné parXavier Darcos pour conduire la réformedu lycée, applicable à la rentrée 2009.Dans une lettre adressée le 19 mai dernieraux syndicats, Le ministre a indiqué quecette réforme « sera le fruit de la pluslarge concertation avec le corps social,familles et élèves, et les personnels ».Jean-Paul de Gaudemar, recteur del’académie d’Aix-Marseille, a été directeurde l’enseignement scolaire au ministèrede l’Éducation nationale de 2000 à 2004.

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 15

tieux qu’on ne peut approfondir(50 %) ou objectifs qu’on ne peutatteindre (23 %). Fort heureuse-ment, l’image qu’ils ont de leursélèves est « largement positive » et« leurs relations avec les parents sontmajoritairement qualifiées de bonnes ». En fait, l’enquête a mis en évidencela rupture entre les missions dé-volues au collège et à ses person-nels et la réalité vécue sur le ter-rain. La transformation du métierest en cours et l’institution doit lereconnaître. VG

1. Syndicat général de l’Éducation nationale -Confédération française démocratique du tra-vail.2. La synthèse des premiers résultats est dis-ponible sur internet, à l’adresse suivante :www.sgen-cfdt.org/actu/article1667.html

La mixité remise en cause ?

D.R

.

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 15

Page 16: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

actus/éducation

16 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

permis de vérifier que l’excellence des ensei-gnements se conjugue ici avec une grandecréativité et liberté de ton. Comme l’INJS, il existe en France une cen-taine d’établissements (publics et privés) quiaccueillent des enfants sourds et malenten-dants. Des structures « vers lesquelles les parentsse tournent à nouveau après avoir vérifié que l’in-tégration d’un enfant sourd en classe ordinaire

était très compliquée », constate Louis-Xavier Bouchard, secrétaire général de l’INJS. Cetétablissement accueille 200 élèves de la ma-ternelle à la terminale, en internat et exter-nat. Les primaires sont intégrés dans lesécoles environnantes avec un vrai soutien dela part de l’INJS (orthophoniste, professeurde LSF, codeur LPC…). À l’INJS, l’ensei-gnement est dispensé en langue des signesfrançaise (LSF) et en français oral avec re-cours au langage parlé complété (LPC). Parailleurs, depuis la mise en application de laloi de février 2005, les élèves entendants desétablissements partenaires peuvent choisir

l’option LSF au bac. Voilà qui ouvre des pers-pectives nouvelles dans l’apprentissage de cette langue. À l’occasion du défilé, une in-terprète était d’ailleurs présente pour tradui-re les présentations en LSF aux élèves qui ap-plaudissaient à tout rompre. SH

uContact : INJS Paris, 254 rue Saint-Jacques, 75005Paris. Tél. : 01 53 73 14 00. Internet : www.injs-paris.fr

Quel est, à votre avis, le principal défaut du baccalauréat ?Catherine Pauchet (notre photo) : C’est dene plus garantir un certain niveau deconnaissances indispensables pour réus-sir dans l’enseignement supérieur : or,c’est lui qui en ouvre les portes. Lesjeunes y arrivent sans méthodes de tra-vail suffisantes, sans autonomie, parfoisincapables de prendre des notes de fa-çon efficace. Et 40 % d’entre euxéchouent lors des premières années.

« L’institution scolaire fait du chiffre », écrivez-vous, mais la qualité n’y est plus... C. P. : Le baccalauréat est un aboutissement. C’esttout le processus de l’enseignement secondairequi y conduit, et sur lequel repose entièrementla sélection des élites, qui dysfonctionne. Un rap-port sur l’enseignement primaire, récemment pa-ru, montrait que 15 à 17 % des élèves qui en sor-tent ânonnent. S’ils sont arrivés au collège sans avoir acquis lesfondamentaux, ils se rattrapent peu par la suite.

Vous dénoncez une « espèce en voie d’expansion » avec des « bacs à la pelle » qui ont tous la même appellation mais ne recouvrent pas les mêmes contenus…C. P. : En effet, le baccalauréat professionnel, créé en 1985, aurait dûs’appeler autrement. En nommant « baccalauréat » un diplôme de find’études secondaires destiné, dans l’esprit de ses concepteurs, à une en-trée immédiate sur le marché du travail, l’Éducation nationale a crééun hiatus. Le bac pro ouvre les portes de l’université, comme un bacgénéral, au lieu de s’être vu conférer une identité propre, gratifiante,valorisée dans le monde du travail. De plus, il ne peut pas se prolonger

par un enseignement supérieur adap-té qui lui soit propre car les IUT, IUPet STS2 sont investis par les bons élèvesde l’enseignement général qui tententd’échapper au premier cycle universi-taire. Nombreux sont les candidats quiattendent du baccalauréat la garantied’une « vie clémente », laquelle se ré-sume souvent à un emploi durable. Pouréviter d’être ouvriers, employés, pouréchapper aux métiers d’exécution, les

jeunes se réfugient à l’université. Et y échouent.

« Chez nous le diplôme fonde le recrutement »,écrivez-vous aussi. À commencer par le bac. Un statut figé une fois pour toutes…C. P. : Ailleurs, comme en Allemagne, priorité estdonnée au potentiel que l’employeur voit dans lejeune, le diplôme vient en second. En France, notrebachelier est embauché à vingt ou vingt-deux anscomme ouvrier qualifié ou technicien d’atelier, et il

stagne, sauf à assurer lui-même sa formation, même si la validation desacquis de l’expérience se développe. Tradition léguée par la monar-chie : il n’existe de perspective d’avenir en France que si on appartientà l’élite ! Le niveau de savoir est métamorphosé en niveau de dignité,et la délivrance d’un diplôme renforce la hiérarchie. Passer l’épreuvedu bac, c’est devenir « quelqu’un ». Et c’est pourquoi il est tellementdifficile de le réformer. Néanmoins, si mon livre peut sortir mainte-nant, c’est que les mentalités commencent à évoluer.

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

1. Catherine Pauchet, Faut-il supprimer le bac ?, Larousse, coll. « à dire vrai », 2008, 125 p., 11 €.2. Respectivement : Institut universitaire de technologie, Institut universitaire professionnalisé,Sections de technicien supérieur.

Le 12 juin, la commission présidée par le sénateur Jacques Legendre a rendu son rapport sur le baccalauréat,un diplôme bicentenaire auquel les Français sont attachésmais qui ne joue plus vraiment son rôle. Le point de vue

de la sociologue Catherine Pauchet, auteur chez Laroussed’une excellente analyse sur la question1.

Dans les jardins, un chapiteau quetraverseront bientôt de jeunesmannequins. La foule se pressepour assister au défilé sur le thè-

me « Rococo et Mangas ». Nous sommes enplein cœur de Paris, à l’Institut national dejeunes sourds (INJS). Réalisées par la sec-tion couture du lycée professionnel, les toi-lettes baroques vont se succéder au rythmed’une musique endiablée. Les élèves desautres filières ont collaboré à ce spectacletrès ambitieux. Il évoque l’action de l’abbéde l’Épée qui fonda au XVIIIe siècle la pre-mière école gratuite pour les sourds. Ce22 mai 2008, l’INJS a décidé, par ailleurs,d’ouvrir largement les portes de ses atelierspour faire découvrir ses filières aux entre-prises : métiers de la communication et desindustries graphiques, prothèse dentaire,serrurerie/métallerie, coiffure mixte et ma-quillage, menuiserie, horticulture, installa-tion sanitaire, et bien sûr, couture ! Le défilé(notre photo), point d’orgue de la journée, a

Les petits protégés de l’abbé de l’Épée

© M

.-C

. Jea

nnio

t

Faut-il supprimer le bac ?©

S. H

orgu

elin

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 16

Page 17: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

actus/éducation / Tice

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 17

e-Education : plus qu’un rapport, une stratégieLe 21 mai 2008, Xavier Darcos recevaitle rapport « Pour le développement du numérique à l’école ». Cinq despropositions avancées seront mises en œuvre dès la rentrée. La France,placée au 24e rang européen pour son recours aux TIC en classe, doitrattraper son retard !

Le 23 janvier dernier, Xavier Darcos ins-tallait la mission e-Educ et lui deman-dait de réfléchir aux moyens de déve-lopper les Tice au sein du monde

éducatif. Le 21 mai, Jean Mounet, présidentde Syntec Informatique, remettaitun rapport1 sur les moyensde développerles Tice au seindu monde édu-catif. Le ministrede l’Éducationnationale, aprèsavoir salué « la ri-gueur et la qualité dutravail accompli »,annonçait qu’il re-tenait sans at-tendre cinq despropositions avan-cées (cf. encadré) etdemandait leur miseen œuvre dès la rentréeprochaine.Rappelant qu’« avec plus de douze millionsd’élèves et leurs familles, près d’un million d’en-seignants et personnels de direction, d’éducationet de services, c’est une population cible de prèsde 30 millions d’utilisateurs qui est visée par unprogramme d’e-Education dans notre pays », lesauteurs du rapport fixent d’entrée la hauteurdu défi : un chantier colossal dont « les enjeuxsociaux et économiques [sont] fondamentaux pourl’avenir de la nation ». Mais, depuis le Conseil européen de Lisbon-ne en mars 2000, c’est l’ensemble de l’Unioneuropéenne qui a décidé de relever ce défi.Un cadre de référence communautaire a étéadopté2. La « compétence numérique » qui « im-plique l’usage sûr et critique des technologies dela société de l’information(TSI) » en fait partie.Depuis 2001, la progression des pays de l’Unionest régulièrement mesurée3. Les résultats pourla France sont malheureusement très contras-tés. Si l’effort des entreprises pour leurs propresbesoins et celui des collectivités territoriales,pour les leurs et ceux des établissements sco-laires, situe notre pays dans la moyenne

établir pour qu’un plus grand nombre de jeuness’orientent vers le secteur des TIC où les en-treprises, sur un marché dynamique (4,9 % decroissance ces trois dernières années), connais-sent des difficultés de recrutement.Au final, beaucoup mieux qu’un rapport, c’estune véritable stratégie qui est proposée. Lespartenaires sont identifiés, les étapes sont dé-finies et les tableaux de bord permettant le sui-vi de cette mise à niveau en cinq ans n’atten-dent que leur mise en service. Au-delà des cinqmesures partielles décidées sur-le-champ, laparole est maintenant au ministre.

JOSÉ GUILLEMAIN

1. Rapport disponible sur : http://media.education.gouv.fr/file/2008/24/5/Pour_le_developpement_du_numerique_a_l_ecole_27245.pdf2. Journal officiel de l’Union européenne du 30 décembre 2006.3. Cf. Service des études et des statistiques industrielles (SESSI)du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, Tableau de bord des TIC et du commerce électronique (décembre2007) ; Commission européenne, Benchmarking Access andUse of ICT in European Schools (août 2006).4. Service d'information et d'analyse des logiciels libres édu-catifs : www.sialle.education.fr

Cinq propositions retenues par Xavier Darcos

@ Chaque lycée, chaque collège et chaque école, devral’année prochaine inclure un volet « numérique » dans sonprojet d’école ou son projet d’établissement. Dans les annéesà venir, un « projet d’école ou d’établissement numérique » àpart entière devra être conçu, négocié avec la collectivité locale de référence et les autorités académiques.@ La généralisation des espaces numériques de travail(ENT) doit s’accompagner d’innovations très concrètes. Le mi-nistre en propose deux d’ici à 2010 : l’obligation pour les établis-sements d’utiliser le cahier de texte électronique qui permettrade mieux informer les familles, tout en introduisant une sou-plesse nouvelle dans la personnalisation des travaux demandésaux élèves ; l’objectif « zéro papier » pour les échanges internesà l’établissement scolaire. Cette dématérialisation des échangesadministratifs ou pédagogiques entre les personnels de l’éta-blissement scolaire est facile à réaliser à travers un ENT, et celade façon sécurisée. C’est donc à une véritable révolution despratiques que les établissements sont invités.@ Une plate-forme d’identification et de présentation des res-sources, des usages et bonnes pratiques sera créée dans le cou-rant de l’année 2008 afin de mieux informer les enseignants surles ressources disponibles pour l’enseignement de leur discipline.@ Création très rapidement d’un observatoire national desTice. Il sera chargé de recenser les expériences nationales etinternationales, de produire des analyses et de faire des pro-positions pour alimenter le fonds commun de compétencesqui permettra le développement de l’École numérique du futur.@ Un programme de formation de l’encadrement aux Tice etaux projets numériques sera mis en place dès l’année prochaine.

européenne en matière d’équipement TIC, iln’en est pas de même pour les usages en édu-cation. La France se place au 24e rang, selonl’indicateur mesurant les usages en classe, etau 19e pour le pourcentage d’enseignants ayantutilisé des ordinateurs en classe au cours desdouze derniers mois.Pour faire face à cette situation, le rapportprésenté par Jean Mounet propose à l’État uncadre d’action lui permettant d’apporter « unsoutien fort et continu des politiques publiques »et d’assurer « une mobilisation cohérente des ac-teurs [...] impliqués ». Dans ce contexte, le « dé-veloppement du numérique à l’école » est déclinéen cinq chantiers « pour impulser et organiserl’action autour du “centre de gravité” que consti-

tue l’école, l’établissement scolaire : collègeou lycée ». Il s’agit d’abord de

« bâtir l’école numé-rique », c’est-à-dire de met-tre en place

un espace d’in-teractivité en

réseau offrantun niveau de

service profes-sionnel. Pour yparvenir, certainesconditions sont re-quises. Elles « con-

cernent en premier lieul’accompagnement et la for-

mation des enseignants, des cadreset des équipes chargés de la mise en

œuvre et du suivi ». Un deuxième chantier viseà définir les finalités et les modalités de « la mi-se en place d’un cadre partenarial national pourle développement continu et équilibré du numé-rique dans les espaces éducatifs » entre l’État etles collectivités territoriales.

Chèque ressourceCette implication de l’ensemble des acteurspermettra de « conduire et accompagner les chan-gements nécessaires » (troisième chantier). Le quatrième chantier est consacré à la « dy-namisation d’un marché national des ressourcesnumériques » qui, selon le rapport, passe parune « réorientation délibérée vers une politiquede soutien à la demande ». À cette fin, le rap-port préconise, d’une part, de doter les éta-blissements d’un « chèque ressource » pouramorcer cette demande, et, d’autre part, destimuler l’effort d’identification et de présen-tation des productions libres par le soutien aulabel Sialle4. Le cinquième chantier traite du partenariat à

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 17

Page 18: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

18 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

actus / religion / outils

Notre Église tout entière doitse mettre davantage en étatd’initiation, en percevant eten accueillant plus résolu-

ment la nouveauté de l’Évangilepour pouvoir elle-même l’annoncer »,écrit le père Reichert1. C’est cettedémarche qui a été suivie dans lescinq documents Chemins de foi.Coéditée par Le Cerf, Lumen Vitae et Averbode, cette série a re-çu l’imprimatur à usage catéché-tique par Mgr Grua, évêque deSaint-Flour. Elle est aussi chaude-ment recommandée par le cardi-nal Danneels, archevêque de Malines-Bruxelles, qui écrit :« Chemins de foi est un outil par-faitement adapté à notre époque,fruit d’une collaboration entre dif-férentes compétences théologiques,réalisé avec autant d’amour que descience, dans un grand respect de laliberté de chacun. » Il aura fallu trois ans de travail àtreize auteurs français et belgespour préparer ces dossiers desti-nés à des publics différents : les 10-13 ans ; leurs accompagnateurs ;les animateurs d’une catéchèsecommunautaire et intergénéra-tionnelle ; les adultes ; et ceux quiveulent vivre le Carême et le tempspascal avec des activités liturgiques,spirituelles et intergénérationnelles.C’est Henri Derroitte, directeurdes éditions et de la revue LumenVitae, qui a coordonné cet ensembletrès complet. Il précise : « Ces sixcahiers ne sont pas isolés les uns desautres. Ensemble, ils ont été penséspour donner matière au déploiementd’un nouveau projet pastoral au planparoissial. » De la même façon, onpourra les utiliser dans un éta-

blissement scolaire. D’autant queles livrets répondent assez bienaux demandes formulées dans leTexte national pour l’orientation de lacatéchèse en France, publié en 2006par la Conférence des évêques.Cette dernière invitait, en effet, àsuivre quatre voies : une catéchè-se ordonnée aux étapes de la vie(Chemins de foi propose des pistespour les 10-13 ans et les adultes) ;une catéchèse par lieux et re-groupements de vie (la collectionoffre des outils pour l’école, la fa-mille…) ; une catéchèse articuléeà l’année liturgique (la série a étépensée selon cette logique, et toutparticulièrement le cahier spécial« Temps pascal ») ; une catéchèseen réponse aux demandes sacra-mentelles (la série n’a pas été bâ-tie dans cet objectif mais est toutindiquée pour préparer la pro-fession de foi).Les animateurs en pastoralescolaire apprécieront tout par-ticulièrement le livret pour les10-13 ans, utilisé depuis un andéjà en Belgique, dans le cadrede l’enseignement religieux.On y trouve 40 fiches illustréessur dix thèmes : « Je, tu, nous », « Planète pile, planète face »,« Pas facile de choisir »… Leuroriginalité ? Elles reflètent unepluralité d’opinions de per-sonnes ayant ou n’ayant pas lafoi, et permettent de ce fait de re-joindre les jeunes là où ils sont.Ces fiches se structurent autourde paroles de jeunes qui s’expri-ment sur le sujet traité, d’un ex-trait de l’Évangile, de citationsd’auteurs et de nombreusesquestions. La mise en page ra-

Chemins de foi pour tous

fraîchissante et le ton libre adop-té servent la pédagogie choisiequi est celle du questionnement.L’épais livret pour les accompa-gnateurs (240 pages !) donne,par ailleurs, toutes les clefs pouranimer des séquences bien ryth-mées et riches de sens. Un outildonc à découvrir pour aborderpeut-être autrement une tranched’âge qui n’est pas des plus facilespour les catéchistes ! SH

1. Secrétaire du Secrétariat national pour lacatéchèse et le catéchuménat en France. LaCommission épiscopale de la catéchèse et ducatéchuménat (CECC) a apposé son logo surtous les documents de Chemins de foi.

uPour les 10-13 ans : Anne-DominiqueDerroitte, Chemins de foi – 40 fiches…

témoignages, récits bibliques, activités, Cerf/LumenVitae/Averbode, 104 p., 19,95 €.

uPour les accompagnateurs qui préparentles 10-13 ans à la profession de foi :

Marie-Élisabeth Henneau, Marie-Thérèse Perriaux, Catherine Henry, Chemins de foi –accompagner des groupes de jeunes, 240 p.,24,90 €.

uPour organiser des rencontres en parois-se, centre scolaire, mouvement :

Isabelle Quiblier, Marie-Josèphe Olivier, Chantal Evans, Charles Reul, Chemins de foi –catéchèse communautaire et intergénéra-tionnelle, 88 p., 19,90 €.

uPour des adultes qui souhaitent appro-fondir la foi chrétienne (parents d’élèves,

membres de la communauté éducative…) :Isabelle Foucault, Sophie de Cordes, AnnickBonnefond, Chemins de foi – catéchèse pourles adultes, 56 p., 11,50 €.

uPour préparer le Carême (de l’éveil àla foi à l’âge adulte) : Françoise Prost,

Christine Merckaert, Chemins de foi – démarchecommunautaire pour le temps pascal, 64 p.,14,50 €.

Handicap mentalUne catéchèse

adaptée

La diversité, c’est l’allégresse dumonde » : jolie formule del’association Gli Amici (LesAmis) qui regroupe des

personnes souffrant d’un handi-cap mental, proches de la com-munauté de Sant’Egidio1. Depuis les années 1987, à Rome,Sant’Egidio a élaboré avec elles unparcours de catéchèse. Aujour-d’hui formalisé dans un livre2, « ceparcours évangélique » va de Noël àla Pentecôte. À chaque chapitre,on trouve uneintroduction, untexte d’Évangileexpliqué, despoints forts sou-lignés, et une ré-flexion commu-ne partagée. « Iln’est pas fait pourmais avec », a sou-ligné Claire Sil-bermann qui a participé à l’adap-tation française du texte. « Les des-tinataires interagissent, ce qui a influésur le langage et la structure finale »,précise-t-elle. « Ce livre peut êtrepour nous tous car il trouve des motssimples qui touchent le cœur. Aufond, tous nous cherchons un amiqui nous aime ! » a expliqué JeanVanier, lors de la conférence deprésentation du 29 avril dernierdans les murs du collège Stanis-las, à Paris. Le fondateur descommunautés de l’Arche (plus de130 dans 35 pays) en a écrit lapréface. Enfin, très simplement,une jeune femme handicapée, apris la parole à la tribune : « Mavie a changé depuis que j’ai rencon-tré Jésus et sa parole. Jésus m’a gué-rie de la solitude… » MCJ

1. Association catholique née dans la banlieuede Rome en 1968, impliquée dans la résolutionpacifique des conflits. Elle compte 50 000 mem-bres dans 70 pays, dont 20 000 en Italie.2. Communauté de Sant’Egidio (traduit de l’ita-lien par Sylvie Garoche, révisé par Claire Silber-mann et Jean-Dominique Durand), Jésus notreami - un parcours évangélique avec les personnesayant un handicap mental, Parole et Silence,2008, 192 p. (+ 16 planches d’illustrations pho-tocopiables).

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 18

Page 19: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 19

Le pardon en question

Avec la collection « Unequestion à la foi », lesÉditions de l’Atelierprésentent une nou-

velle démarche catéchétique.Elle a pour ambition, à partird’une question, de rejoindredes publics d’âges différents etd’annoncer le message chré-tien dans sa singularité. Cetteapproche comprend aussi l’or-ganisation de temps forts oude rencontres. Des pistesconcrètes pour l’animationd’ateliers de partage et d’une célébration sontproposées. Il revient à chaque équipe, biensûr, de se les approprier, en ajoutant unetouche personnelle. Le livret « Pardonner,est-ce possible ? » aborde ainsi la question du

pardon, à la lumière de l’Évangi-le et de la tradition chrétienne.Conçu pour les animateurs enpastorale, il est accompagnéd’un recueil de textes sur ce mê-me thème pour nourrir la ré-flexion. On y découvre ces motstouchants de Paul Ricœur : « Lepardon consiste à dire : “Tu vauxmieux que tes actes.” […] Je croisqu’il y a un fond de bonté qu’il fautaller chercher. La religion, c’est ai-der les hommes à retrouver leurfond de bonté. » SH

uMireille Prévost, Roland Lacroix (préface de Denis Villepelet), Pardonner, est-ce possible ?, Éditions de

l’Atelier, coll. « Une question à la foi », 94 p., 15 € (avec encadeau, Pardonner – recueil de textes, 63 p.).

L’Encyclo Catho a pour ambition d’expli-quer à tous (dès la 5e) « l’essentiel duchristianisme ». Exégètes, théologiens,philosophes et catéchistes ont réuni

leurs forces pour dire la foi avec des motssimples. Toutefois, précise Laurent Villemin,professeur à l’Institut catholique de Paris :« Les dialogues exigeants que nous avons eusn’ont jamais mené vers le simplisme mais vers ladécouverte de ce qui était fondamental et de ceque nous voulions transmettre. » Preuve en est,ce beau livre richement illustré qui abordetout en finesse quatre thèmes : Exister, LaBible, L’Église et Agir. Prenons, par exemple,les quatre pages qui traitent de l’épineusequestion du péché originel. On y apprendque la Bible n’utilise jamais cette expres-sion et que c’est saint Augustin qui l’a in-ventée au Ve siècle pour traduire la déso-béissance d’Adam et Ève. À la question :« Quel est donc le péché d’un enfant qui vientde naître ? », ilest répondu :« Aucun… si-non celui d’ap-partenir à lafamille humai-ne ! Il y a en-core cette idéefausse qui traî-ne dans les es-prits qu’unefaute impar-donnable au-rait été commi-

se par des ancêtres irresponsables et pour la-quelle toutes les générations devraient payer.Ce n’est pas tout à fait juste : ce que dit la Bible[…], c’est que nous n’héritons pas d’une hu-manité parfaite […]. » Voilà qui peut amor-cer un débat en classe après une lecture duchapitre 3 de la Genèse !

Plus classiquedans sa présen-tation et soncontenu, Théo junior s’adresseégalement auxplus de 12 ans.Cette nouvelleédition a été en-tièrement re-fondue. « Nousavons fait ce livrele plus honnête-ment possible

pour ceux et celles qui sont curieux de savoirqui sont vraiment les chrétiens, ce qu’ils croient,ce qu’ils espèrent, ce qui est important dans leurvie », expliquent les auteurs, Mgr Michel Dubost, évêque d’Évry-Corbeil-Essonnes, etChristine Pedotti. On y découvre ainsi, à tra-vers trois entrées – La parole de Dieu, Le tempsde l’Église, La foi des chrétiens – « tout l’uni-vers des catholiques et la culture chrétienne ».Chaque sujet traité (« Premiers chrétiens »,« Constantin et Clovis », « Saint Augus-tin »… ») est exposé très clairement surdeux pages et richement illustré. À signa-ler, à la fin de l’ouvrage, un dictionnaire des

Des encyclopédies catholiques pour les jeunes

Le Service natio-nal de la caté-chèse et du ca-t é c h u m é n a t

(SNCC) complète ici unecollection d’ouvrages des-tinée à accompagner lamise en œuvre du Textenational pour l’orientationde la catéchèse en France. Ce livre, le troisième1,répond à une demande formulée par lesévêques : « Trouver des formes de première an-nonce. » Il trace aussi les contours du proces-sus qui peut conduire à de réelles initiatives depremière annonce dans les lieux de vie et deregroupement : les établissements catholiques,les mouvements, les aumôneries. Il est le fruitd’un groupe de travail qui a réuni des per-sonnes diverses par leur mission ecclésiale :des responsables de l’enseignement catholiqueet de mouvements de jeunes, des représen-tants de communautés nouvelles... Les débatsinternes au groupe ont permis de détailler endix rubriques simples et courtes une « petitegrammaire de la première annonce ». Une pu-blication bien utile pour faire le point parcequ’elle mêle des aides à la réflexion (des contri-butions de François Bousquet et Jean-ClaudeReichert) et des récits de pratiques (de MichèleLanglais, sœur Isabelle Le Bourgeois et sœurIsabelle Roux). SH

1. Le SNCC a déjà publié Des temps de catéchèse commu-nautaires pour l’année liturgique (Bayard, 2006) et Des iti-néraires de type catéchuménal vers les sacrements (Bayard,2007).

uJean-Claude Reichert (dir.), Un appel - « premièreannonce » - lieux de vie, Crer/Service national de

la catéchèse et du catéchuménat, 96 p., 9,80 €.

noms de saints, puis un index bien utilepour effectuer des recherches. Un cadeauidéal pour les professions de foi et les confir-mations ! SH

uChristelle Javary, Katia Mrowiec, Monique Scherrer, Véro-nique Westerloppe, L’Encyclo Catho, Bayard,

544 p., 35 €. Christine Pedotti, Michel Dubost, Théo junior - l’encyclopédiecatholique pour les jeunes, Mame, 320 p., 30 €.

Petite grammairede la premièreannonce

325 Actus p6-19 OK 12/06/08 12:16 Page 19

Page 20: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

20 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

actus/revues express/agenda/BO

« Images et questionnementséthiques »Dijon (21)Du 6 au 10 juillet 2008Maison diocésaine

Objectif de ce séminaire de recherche orga-nisé par l’Association catéchétique nationa-le pour l’audio-visuel (Acnav) : « Se donnerdes repères éthiques, des outils d’analyse, desclefs pédagogiques pour travailler au quoti-dien avec des images. » Trois groupes de tra-vail se consacreront respectivement à « inter-net » (diaporamas, sites de partage vidéo,blogs…), au duo « ciné-télé » (fiction et ciné-ma documentaire, séries et feuilletons…) etau « photojournalisme » (reportage, rap-

L’état de l’orientation

Contribuer à éclairer le champ multiréférentielde l’orientation (psychologie, sociologie, éco-nomie, pédagogie), contribuer à montrer les

enjeux pour les personnes et pour la société (en-trer ou non de plain-pied dans la société de laconnaissance et de l’apprenance), pointer les ten-tatives institutionnelles ou individuelles qui vontdans ce sens, de façon à permettre à chaque lec-teur-acteur de mieux percevoir le rôle qu’il joue,d’y réfléchir et éventuellement de le faire évoluer. »Tels sont, précisent dans leur éditorial Jean-Marie Quiesse et Danielle Ferré1, les objec-tifs visés par le dossier que Les Cahiers péda-gogiques dédient à l’orientation2.Les contributions rassemblées dans la pre-mière partie doivent permettre de « se faireune idée de l’état de l’orientation en rapport avecses environnements ». Ainsi, Anne-FrançoiseDequire3, qui explore « les biais de l’orienta-tion », souligne que les décisions en la ma-tière ne dépendent pas des seuls résultatsscolaires mais aussi de l’origine sociale desélèves, du sexe ou encore du contexte descolarisation. La deuxième partie du dossier montrecomment « les acteurs de l’orientation se mobili-sent pour maintenir une cohérence de sens essen-tielle à leur propre motivation, mais aussi à celledes personnes dont ils ont la charge ». GinetteFrancequin et Bertrand Bergier4 s’intéres-sent aux « complices » et aux « passeurs », ceux« qui connaissant le système, ses impasses, ses passe-droits, ses voies d’ascension, ses offres de bourse,ses règles formelles et informelles, vont faire bé-néficier [des jeunes en difficulté ou en situa-tion de décrochage scolaire] de leurs res-sources, à commencer par le “sens du placement”qui sied à un initié […] et qui fait défaut [àceux] qui “ne savent pas” le système scolaire ».Une dernière partie interroge les éducateurs :de la place qui est la leur (chef d’établisse-ment, enseignant, conseiller principal d’édu-

port photo-légende...). Parmi les anima-teurs : Philippe Harrouard (ancien direc-teur adjoint de l’information de France 2),Bernard Ricard (professeur de culture del’image à l’École de journalisme de Toulou-se) et Magali Van Reith (critique de cinéma,collaboratrice de Signis-Association catho-lique mondiale pour la communication).Cette dernière animera notamment la soi-rée inaugurale du dimanche avec la projec-tion (suivie d’un débat) de Paranoid Park,de Gus Van Sant.

Programme détaillé sur : http://acnav.net - Ren-seignements (prix, possibilité de prise en char-ge…) : Acnav, 8 rue Saint-Martin, 75004 Paris.Tél. : 01 45 87 26 11. E-mail : [email protected]

cation, conseiller d’orientation-psychologue),développent-ils, au contact de chaque élève,une approche orientante ? Approche qui, explique Danielle Ferré, « amène chacun desacteurs du système éducatif, et aussi les partenaires,à adopter une posture proactive : à se demandercomment construire des environnements, facili-tant dans toutes ses dimensions le développementdes enfants et des adolescents ».

VÉRONIQUE GLINEURLes Cahiers pédagogiques, 10 rue Chevreul, 75011 Paris.

Prix au numéro : 7,50 €.

1. Jean-Marie Quiesse, association « Apprendre et s’orienter ».Danielle Ferré, conseillère d’orientation-psychologue, présidentede l’association « Apprendre et s’orienter ».2. N° 463 (mai 2008).3. Docteur en sciences de l’éducation, Institut social Lille-Vau-ban, Université catholique de Lille.4. Respectivement maître de conférences en psychologie cli-nique au sein du laboratoire de psychologie du travail du Cnam,et professeur de sociologie à l’Université catholique de l’Ouest.Coauteurs de La revanche scolaire (Érès, 2005).

Idées de la réussite

Quelles sont les conditions de la réussite sco-laire ? Quels en sont les moteurs ? Et dequelle réussite parle-t-on, tant il en existe de

fort différentes ? De la réussite de qui également ?

celle des élèves des quartiers dont on dit qu’ils cumulent les difficultés ? celle des filles ou cellegarçons ? Comment faire avec la diversité des talents et des conditions de vie ? » interroge Marie Raynal1 dans son éditorial du numé-ro que Ville-École-Intégration - Diversité2consacreà « la notion de réussite ». Au nombre des intéressantes contributions,celle que Thierry Troncin3 consacre au re-doublement dont la France est championne.Et pourtant, toutes les études ont montré quecette mesure « inscrite dans les fondements de notresystème d’enseignement » n’est pas un remède efficace aux difficultés d’apprentissage desélèves. Elle est, par ailleurs, coûteuse et por-teuse de conséquences psychologiques réellestant pour l’élève (baisse de l’estime de soi etde la persévérance dans l’effort) que pour sonentourage (attente moins stimulante). Et l’au-teur de conclure : « Le redoublement est une solution peu vertueuse, non neutre, à un réel pro-blème, celui des élèves qui ne tirent pas grand pro-fit des apprentissages construits dans des condi-tions “ordinaires” d’enseignement qui n’intègrentpas toujours des aides appropriées du point de vuedes démarches, des outils et des supports. » VG

La revue Ville-École-Intégration - Diversité est disponible dansles centres départementaux et régionaux de documentation

pédagogique (adresses sur www.sceren.fr) ainsi qu’à la Librairiede l’éducation, 13 rue du Four, 75006 Paris.

Achat par correspondance : Centre de ressources Ville-École-Intégration, 91 rue Gabriel-Péri, 92120 Montrouge.

Prix au numéro : 10,80 €.

1. Rédactrice en chef de Ville-École-Intégration - Diversité.2. N° 152 (mars 2008).3. Docteur en sciences de l’éducation, conseiller pédagogiqueASH (adaptation et scolarisation des enfants handicapés) del’académie de Dijon.

00000000000000

325 RP-Ag p20-21 OK 12/06/08 12:29 Page 20

Page 21: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 21

Un nouveau plan pour l’éducation artistique et culturelle« L’éducation artistique et culturelle doit être dé-veloppée dans un objectif de généralisation à tousles élèves et à l’ensemble des cycles de forma-tion, dans le domaine des connaissances et de lapratique artistiques », dispose une circulaire publiée au BOEN1.Conformément aux attentes du président de la République, un nouvel enseignement d’histoire desarts fera son apparition dès la rentrée 2008 à l’éco-le et à partir de la rentrée 2009 dans les collègeset lycées2. Cet enseignement, précise le texte,« portera sur l’ensemble du champ artistique etculturel, y compris dans sa dimension scientifiqueet technologique. Il aura pour objectif l’acquisitionpar les élèves de repères historiques et méthodo-logiques indispensables à la compréhension desœuvres, et prendra appui sur le contact directavec celles-ci ». Pas question pour autant d’at-tribuer un horaire spécifique à ce nouvel en-seignement qui fera l’objet d’une épreuve obli-gatoire au diplôme national du brevet, à compterde la session 2009. Ainsi au collège, il sera in-tégré aux programmes d’histoire et d’éducationartistique3.Côté pratiques artistiques, si la circulaire précisequ’elles seront développées « à l’école et hors del’école », force est de constater que le ministèreprivilégie les dispositifs périscolaires, le recoursaux intervenants extérieurs, les partenariats avecles collectivités territoriales et avec les institutionsculturelles ou encore l’offre extrascolaire.Restent des interrogations de taille. Alors mêmeque le ministère pointe les efforts que requiert lamise en œuvre des mesures annoncées – forma-tion initiale et continue des enseignants, mobili-sation des ressources pédagogiques –, sera-t-il enmesure de tenir le calendrier prévu ? Quant auxcollectivités territoriales, sont-elles disposées às’engager massivement pour l’éducation artistiqueet culturelle ? VG

1. Circulaire n° 2008-059 du 29 avril 2008, BOEN n° 19 du8 mai 2008. La circulaire est accessible à l’adresse suivan-te : www.education.gouv.fr/bo/2008/19/MENE0800388C.htm2. La mise en place de cet enseignement avait été annon-cée en janvier dernier par la ministre de la Culture et de laCommunication, Christine Albanel, et le ministre de l’Édu-cation nationale, Xavier Darcos.3. L’enseignement de l’histoire des arts « représentera unquart du programme d’histoire et la moitié des programmesd’éducation musicale et d’arts plastiques ».

Dans

Stage d’été AirapTournus (71)Du 7 au 11 juillet 2008École Saint-Valérien

Comme chaque été, l’équipe de l’Associa-tion internationale de recherche et d’ani-mation pédagogique (Airap) propose unesession aux enseignants des cycles I, II, IIIet ASH. Cette année, les participants tra-vailleront autour du thème « Quelle identi-té professionnelle pour un enseignant enpédagogie personnalisée et communautai-re ? - organiser, accompagner, relire sa pra-tique ». Entre autres points inscrits au pro-gramme : « Acquisition de “techniques”pour vivre une attitude d’accompagne-ment afin que l’élève définisse et conduiseson projet de travail » ; « Recherche des mo-ments où l’élève est incité à acquérir desdémarches d’auto-évaluation ».

Programme détaillé sur : www.airap.org - Ren-seignements (prix, possibilité de prise en char-ge…) et inscriptions : AIRAP : 78A rue deSèvres, 75007 Paris. Tél : 01 44 49 36 77. E-mail : [email protected]

Camp-chantier pour les 15-18 ansIzeaux (38)Du 1er au 13 août 2008Centre spirituel de Parménie

Tous les jeunes, qu’ils appartiennent ou nonau réseau lasallien, sont les bienvenus. Etpour ceux qui craindraient de trouver letemps long, qu’ils se rassurent : « Entre le tra-vail le matin, la détente, les temps de réflexion etles balades l’après-midi, les journées sont viteremplies. »

Renseignements et inscriptions : Véronique Sardaau 01 44 49 36 06. E-mail : [email protected]

Forum « Chercheurs de sens » et session artistique FondacioPyrénées et BretagneDu 4 au 10 août 2008Le Mourtis (31) et Quimperlé (29)

Ces deux sessions organisées par Fondacio,mouvement international qui rassemble deschrétiens dans un esprit œcuménique,s’adressent aux 18-30 ans. Le forum « Cher-cheurs de sens » se déroulera au Mourtis, sta-tion des Pyrénées. Les journées se partage-ront entre des temps de réflexion le matin,de multiples ateliers (sports, arts plastiques,

théâtre, connaissance de soi) l’après-midi, etdes soirées jeux, veillée ou louange. La session artistique, cette année sur le thè-me « Ça tourne ! », déploiera ses ateliers mu-sique, théâtre, arts plastiques, danse, photoet chant dans les locaux et les 8 hectares duparc du collège Notre-Dame-de-Kerber-trand, à Quimperlé.

Programmes détaillés et modalités d’inscrip-tion : www.fondaciojeunes.fr

« Pardon et réconciliation à l’écolede Jean-Paul II et de frère Roger »Trosly-Breuil (60)Du 22 au 28 août 2008La Ferme de Trosly

Le père Philippe Kearney, prêtre accompa-gnateur de l’Arche à Beauvais et curé de pa-roisse, et Ruth Patterson, ministre presbyté-rienne, directrice de Restoration Ministries,centre de guérison et de réconciliation dansle contexte de l’Irlande du Nord, animerontcette retraite. Ces deux grands artisansd’unité révéleront leurs sources intimesd’inspiration à travers le récit de leurs vies.En complément, seront proposés des confé-rences et des ateliers autour des chants deTaizé et des poésies et pièces de théâtre deJean-Paul II.

Renseignements et inscriptions : La Ferme deTrosly, Service Accueil, BP 21 – 23 rue d’Orléans,60350 Trosly-Breuil. Tél. : 03 44 85 34 70. E-mail : [email protected]

11e Salon Studyrama de la rentrée étudianteParis (75)4 et 5 septembre 2008Espace Champerret (Hall A)

Objectif de ce Salon dont le succès ne se dé-ment pas : favoriser la rencontre des bache-liers et étudiants (de bac + 1 à bac + 3) quin’ont pas encore trouvé leur formation supé-rieure et les établissements de l’enseigne-ments supérieur qui n’ont pas encore clôturéleurs inscriptions en septembre. Cette année,ces derniers seront plus de 80, cumulantquelque 200 propositions dans des domainesaussi divers que les ressources humaines, lacommunication, l’informatique, la santé,l’art… Et toujours, les bonus propres à cesjournées : offres de jobs et de stages, confé-rences (sur l’alternance, la réorientation…).

Invitation gratuite sur www.studyrama.com(rubrique « Salons »).

325 RP-Ag p20-21 OK 12/06/08 12:29 Page 21

Page 22: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

22 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Lemercier qui rencontre « trop de jeunes sansprojet, sans envie… mais que le récit d’un inter-venant suffit parfois à persuader que demain seconstruit aujourd’hui ». Le secret de cette réus-site ? Des témoignages de chefs d’entreprisetrès concrets et un échange qui font prendreconscience aux jeunes de l’utilité future desapprentissages scolaires. À l’opposé d’une dé-marche qui consisterait à former à un métierou à un poste précis dans telle ou telle entre-prise, il s’agit d’ouvrir les possibles, d’ap-prendre à tenir debout, d’accompagner dansune quête de sens. Un cheminement émi-nemment personnel, bien loin d’une logiquede filières, trop souvent régie par les préjugés.

Dans la duréeDans un second débat, Jean-Marc Huart,conseiller du ministre de l’Éducation nationa-le, a résumé les pistes à l’étude : généraliserl’option « Découverte professionnelle » à toutle collège et des stages à tous les niveaux declasse ainsi qu’à l’IUFM5. Il a aussi plaidépour la signature de conventions avec lesbranches professionnelles, comme celleconclue, le 29 mai dernier, entre les JeunesAgriculteurs et les ministères de l’Agricultureet de l’Éducation nationale, ou encore la cam-pagne de revalorisation des métiers du BTP :« Pour s’inscrire dans la durée, le processusd’orientation doit être davantage internalisé dans

Comment redonnerdu sens à l’orien-tation ? C’est la ques-tion posée par leXVe congrès des As-

sociations de parents d’élèves del’enseignement libre1 (Apel), quis’est tenu du 30 mai au 1er juindernier, au Grand Palais de Lille.Question qui préoccupe 97 %des parents, selon un sondage2

commandé par l’Apel. Un tiersd’entre eux déclarent souffrird’un déficit d’information. Etdeux tiers estiment que l’écolen’est pas assez impliquée à ce ni-veau. Les familles les moins ai-sées jugent l’orientation tropcomplexe, tandis que les plus favorisées lasubissent quand elle déçoit leurs attentes. Prenant acte de ce malaise, Véronique Dintroz-Gass, la présidente de l’Apel nationale,a énuméré, en ouverture du congrès, les ou-tils que propose l’association pour aider lesparents à retrouver leur place « d’éducateurspremiers et ultimes » : les bureaux de documen-tation et d’information (BDI), « fers de lancedu mouvement », les soirées-débats sur desthèmes éducatifs, ainsi que les liens tissés avecles collectivités territoriales et les entreprises.Touchée par « ces lycéens tristes qui se réfugientdans des mondes parallèles, par peur de se proje-ter dans l’avenir ou parce qu’ils sont mal orien-tés », elle a encouragé les parents « à fairenaître le désir chez les jeunes, en commençant parun travail de visibilité sur [leur] propre métier eten prenant garde de ne pas diaboliser le mondedu travail ».Toujours le 30 mai, la journaliste Nathalie LeBreton a animé un débat entre AlexandreLhotellier3, docteur en psychologie, et Jean-François Lemercier, délégué général de l’as-sociation 100 000 entrepreneurs4, qui inter-vient dans les classes. Dans un climat écono-mique tendu où la moitié des bac + 4 mettentplus d’un an à trouver du travail, les débou-chés possibles priment sur les aspirations.Pourtant, Alexandre Lhotellier invite à « refaire confiance à l’imaginaire, car le rêve estle point de départ nécessaire d’un scénario profes-sionnel ». Un avis partagé par Jean-François

Le dernier congrès des Apel a réuni 1 800 participants à Lille

autour du thème, ô combienbrûlant, de l’orientation. Sujet

d’angoisse pour les parents,l’orientation interroge toute

la communauté éducative qui sentbien que l’on ne peut pas rester

les bras croisés. Que faire ? Ouvrir davantage l’école

sur le monde du travail certes, mais surtout valoriser les talents

de chaque élève pour l’aider à se projeter dans l’avenir.

Car plus encore que de trouver un métier, il s’agit de lui permettre

de donner un sens à sa vie.

le cursus scolaire et permettre ainsi de visualiser lesperspectives futures. » Enfin, l’enseignement supérieur doit, lui aussi,se remettre en question. C’est ce qu’a affirméJean-Robert Pitte, président sortant de la Sor-bonne où le taux d’échec en première annéeatteint les 72 %. Il considère que l’examen desdossiers de préinscription, instauré par la loiPécresse, est « un premier pas vers une nécessairesélection, salutaire en ce qu’elle évite la sélectionpar l’échec ». Il a aussi suggéré de faire interve-nir de jeunes retraités des ressources hu-maines dans les établissements, d’instaurer desnumerus clausus dans les filières saturées n’of-frant pas assez de débouchés et de suivre le de-venir des étudiants. Pour lui, les préventionsdes universitaires contre le monde de l’entre-prise, illustrées par l’accueil frileux qu’ils ré-servent aux licences professionnelles, restentun obstacle majeur à la révolution de l’orienta-tion. Une révolution pourtant ardemmentsouhaitée par tous les participants du congrès.

VIRGINIE LERAY

1. Adresse : 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 5. Tél. : 01 53 73 73 90. Internet : www.apel.asso.fr - Blog ducongrès : http://parlons-orientation.blogspot.com2. Sondage CSA/Apel/La Croix mené auprès de 641 parentsd’élèves.3. Auteur de Tenir conseil - délibérer pour agir, Seli Arslan, 2001,254 p., 26,50 €.4. Adresse : 2 rue de Monceau, 75008 Paris. Internet :http://blog.100000entrepreneurs.com 5. Institut universitaire de formation des maîtres.

Dossier

Donner du sens à l’orientation

© G

. du

Reta

il

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 22

Page 23: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

« Faire cause commune »

Le 30 mai dernier, à Lille, Xavier Darcos s’est félicité de la collaborationfructueuse avec l’enseignement catholique. Le ministre de l’Éducationnationale, dans un long discours prononcé lors de l’ouverture du congrès des Apel, a garanti aux parents d’élèves qu’il protégerait la liberté des familles.

La question de l’orienta-tion sera au cœur de laréforme du lycée », adéclaré le ministrede l’Éducation natio-

nale, Xavier Darcos, saluantle choix du thème du XVe

congrès national des Associa-tions de parents d’élèves del’enseignement libre (Apel).En se penchant sur la ques-tion de son sens, sur la placeque l’orientation accorde à lapersonne et sur les moyensd’y associer davantage les fa-milles, l’Apel a en effet appor-té sa pierre à un débat éduca-tif très actuel, alors que plu-sieurs milliers de décrocheurs désertentchaque année l’école. Interlocutrice despouvoirs publics, Véronique Dintroz-Gass,la présidente, a donc tenu un discours ras-sembleur : « Au-delà des divergences idéolo-giques, public et privé doivent se réunir pour nepas laisser se développer un système éducatif pa-rallèle. » Une inquiétude devant l’essor desofficines privées de soutien scolaire, dontXavier Darcos s’est fait l’écho : « Quelle plusgrande injustice qu’une école livrée à la loi del’argent et du commerce ! »Saluant la participation de l’enseignementcatholique à la mission éducative comme « souvent exemplaire et pionnière », il a aussi ap-pelé à « faire cause commune » sur les chan-tiers en cours et à venir. Parmi lesquels, « leservice d’accompagnement éducatif mis en placedans les établissements “ambition réussite” pourles “orphelins de 16 heures”, une innovation quenous vous devons ». Autres chevaux de ba-taille, la réforme de la filière professionnel-le et celle du primaire. Selon le ministre, lasemaine de quatre jours, un suivi plus per-sonnalisé et des programmes réécrits « dansun langage et avec des objectifs clairs, recentréssur les fondamentaux et accessibles aux parents »,

consolideront le consensusfamille-école. Xavier Darcos aaussi remercié l’assistancepour sa contribution à la dy-namique « Espoir banlieues »,se félicitant de pouvoir « s’ap-puyer sur une expérience déjà an-cienne et sur vos valeurs de par-tage et d’humanisme pour que lesétablissements privés volontairesouvrent des classes dans des quar-tiers difficiles ».Bien que sur la même lon-gueur d’onde que l’enseigne-ment catholique, Xavier Dar-cos n’a pas répondu directe-ment à la préoccupation deVéronique Dintroz-Gass,

soucieuse que « les établissements disposentd’enseignants en nombre suffisant pour assurerune bonne capacité d’accueil ». Des ensei-gnants qui, après la reconnaissance statu-taire ébauchée par la loi Censi, attendentd’autres avancées en matière de retraite, deprévoyance et de représentation syndicale.S’il n’a pas évoqué ces questions, le ministrea en revanche assuré vouloir « protéger la li-berté des familles », voyant dans l’Apel unevraie valeur ajoutée : « des parents impliquésdans une réflexion et une réforme de l’enseignement »et à l’origine de la reconnaissance légale duconcept de « communauté éducative ».Une déclaration en forme de porte ouverteau dialogue qui sera poursuivi sans nuldoute par le nouveau tandem qui a été élupour succéder à Véronique Dintroz-Gasset Yves George. Béatrice Barraud et Dominique Dhooge, qui présideront dès le1er août prochain aux destinées de l’Apelnationale, voient en effet « dans l’applicationdu forfait communal, la création d’un forfaitd’internat et dans la participation aux frais derestauration, des garanties essentielles de cette liberté des familles ».

VIRGINIE LERAY

Une nouvelle équipe à la tête de l’Apel nationale

uBéatrice Barraud, présidente

« Tout a commencé dansla petite école de Bouville,à Bourg-sur-Gironde, oùj’ai appris à lire », déclareBéatrice Barraud, 54 ans,la nouvelle présidente del’Apel, à qui le devenir despetites structures ruralestient beaucoup à cœur. Engagée depuis 20 ansdans le mouvement, d’abord au sein de l’éta-blissement bordelais de Saint-Seurin, puis com-me administratrice des Apel de l’académie, cet-te mère de quatre enfants est entrée au bureaunational en 2002. Béatrice Barraud déclare « s’ins-crire dans la continuité en mettant l’accent surle sentiment d’appartenance pour améliorer nosactions à tous les échelons et faciliter l’adhésiondes parents ». Ses outils privilégiés : la forma-tion des cadres et permanents, la valorisationdes bénévoles (par le biais de la validation desacquis de l’expérience) et davantage de proxi-mité dans le suivi des Apel des établissements.

uDominique Dhooge, vice-présidente

À 55 ans, cette sage-fem-me, mère de trois enfants,est désormais vice-prési-dente de l’Apel. Elle s’estmise en disponibilité pourmieux jongler entre sesmultiples engagements.Entrée à l’Apel de l’écoleSaint-Victor, à Paris, voilà20 ans, et présidente de l’Urapel Paris de 2002à 2006, Dominique Dhooge anime un BDI (bu-reau de documentation et d’information) et s’estbeaucoup investie dans le Service d’informationet conseil aux familles. Membre du Conseil éco-nomique et social d’Ile-de-France, elle a aussi re-présenté l’Apel nationale au sein des déléga-tions interministérielles aux Personnes handicapéeset à la Famille. Convaincue, comme le père Moreau, que « l’union est un puissant levier aveclequel on peut soulever le monde », elle entendtravailler sur le lien et l’entraide, en contact avecla base. Parmi ses priorités : multiplier les ren-contres parents-école et créer un réseau relaispour accueillir les jeunes des Dom-Tom venusétudier en métropole.

uLes nouveaux conseillers administrateurs,élus au bureau national de l’Apel

Frédéric Dejouany (Apel Rennes), Bernard Martin(Apel Montpellier), Patrick Chazal (Apel Grenoble),Laurent Secchioni (Apel Aix-Marseille), PhilippeM’Roimana (Apel Réunion).

© S

. Hor

guel

in

© G

. du

reta

il

© S

. Hor

guel

in

Xavier Darcos

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 23

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 23

Page 24: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

24 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Dossier/Donner du sens à l’orientation

À l’écoute des forums

Pour aborder le sujet de l’avenir des mé-tiers : Philippe Frémeaux, directeur de la

rédaction du mensuel Alternatives écono-

miques, et Hervé de Monts de Savasse, direc-teur de l’Onisep. Dans une société enconstante mutation, toute orientation est-elle

« périssable » ? Réaction agacée d’une adhé-rente de Seine-Saint-Denis : « Il n’est déjà pasfacile de choisir, alors si, en plus, on dit à un jeune : “Attention, tu ne feras pas cela toute tavie !”… » Les métiers ont plus changé entre1945 et 1970, du fait de la croissance, qu’entre1970 et 2008, rassure Philippe Frémeaux. Untiers de la population active d’après-guerretravaillait dans l’agriculture contre seulement8 % maintenant. Demain, la structure des em-plois devrait rester la même qu’aujourd’hui.Ce qui changera, c’est la manière de les exer-cer dans un contexte de mondialisation… Mais croire, par exemple, que l’industrie vadisparaître au profit des services serait uneerreur : l’industrie ne fait qu’externaliserune partie de ses fonctions à l’échelle de laplanète, tandis que le cœur et la tête des mé-tiers restent en France. Quelles compétences seront demain, ouplutôt le sont aujourd’hui, requises en plusdu métier de base, quel qu’il soit ? La pra-tique d’au moins trois langues, qui fait la dif-férence recherchée (chez les ingénieurs, parexemple), la connaissance de la gestion, dudroit, de l’informatique aussi, deuxièmelangue « maternelle » indispensable partout,pour tout. Ainsi qu’une bonne dose de sou-plesse… Même si, dans les années à venir,« les entrepreneurs ne vont plus pouvoir aller àla cueillette des emplois, en exigeant cinq annéesd’expérience pour un CDD mal payé », a affir-mé Philippe Frémeaux. Stigmatisés par la salle : le poids trop lourd,en France, du diplôme d’origine, et le faitque la formation continue autant que la VAE(validation des acquis de l’expérience) de-meurent des « parcours du combattant ».Alors, « doit-on encore parler d’un métier pourtoute la vie ? » s’est interrogé Michel Robert,du bureau national de l’Apel, père de troisgarçons. Il conclut avec optimisme : « Noussommes nombreux ici à avoir exercé plusieursmétiers dans la même entreprise. Il faut savoirs’adapter à des métiers qui nous ont parfoischoisis plus que nous ne les avons choisis au cours d’une orientation proposée dans sonunivers professionnel d’“origine”. Avec descompétences de base, racines nécessaires pourse faire embaucher, on devient et on révèle ceque l’on est dans l’entreprise ! Que les jeunes serassurent ! » MCJ

De gauche à droite :

FrédéricDejouany,Hervé deMonts de

Savasse,Philippe

Frémeaux.

Quatre de nos journalistes se sont glissés dans quelques-uns des nombreux forums qui ont ponctué la journée du 31 mai. Voici ce qu’ils ont entendu sur l’orientation…

« Apprendre à choisir, c’est possible »R ien de tel, pour ressentir la com-

plexité d’un sujet comme l’orienta-tion, que de l’expérimenter sur soi-mê-me. À tout âge, n’a-t-on pas des rêves,des projets et des choix à effectuer ? Ladémarche adoptée par les interve-nantes de l’association « Trouver-Créer » consistait à demander aux par-ticipants de ce forum de lister les dix ex-périences qu’ils pensaient être amenésà vivre dans les dix prochaines années… puisde les organiser selon deux axes : « Proba-bles ? », « Souhaitables ? ». Il s’agissait ensuitede présenter l’expérience la plus souhaitableet/ou la plus probable à son voisin, transformépour la circonstance en conseiller. Une « miseen condition » qui a permis aux congressistesde vivre en raccourci une prise de décision. Decelles qu’on demande aux jeunes d’opérer,parfois très brutalement, sans forcément me-surer la complexité du travail intérieur alorsen jeu. Ce processus se décompose en quatretemps, comme l’ont ensuite analysé les deuxintervenantes, Béatrice Déau et JacquelineFrançois : découvrir, mettre de l’ordre, éva-luer, s’impliquer !

« J’ai eu tendance à ne pas réfléchir au “désirable” età me cantonner au “probable”, par pragmatisme ! »reconnaît l’un des participants. Mais commentconstruire en censurant ses rêves et ses envies ?souligne Béatrice Déau. La motivation est unélément si important. « C’est elle qui permet defranchir les obstacles… Tenir les deux bouts de lachaîne, désir et principe de réalité, c’est une exi-gence pour tous, explique encore l’animatrice.Il faut savoir laisser libre cours à ses envies et à lapensée créative. Pour, ensuite, être capable dechoisir, c’est-à-dire de donner des priorités, et par-fois, d’accepter de perdre ! » MCJ

IPour continuer ce travail, l’association « Trouver-Créer » propo-se une université d’été les 9, 10 et 11 juillet 2008 au Centre d’ac-

cueil de Valpré, près de Lyon. Renseignements : www.trouver-creer.org

« Peut-on prévoir les métiers à venir ? Et doit-on encore parler d’un métier pour la vie ? »

© J.

-S. F

ranc

e / F

anta

sia N

umer

is

© J.

-S. F

ranc

e / F

anta

sia N

umer

is

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 24

Page 25: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Quatre-vingt-dix-sept pour cent des pa-rents sont inquiets sur l’orientation et

l’avenir professionnel de leurs enfants, a mon-tré le récent sondage de La Croix réalisé enamont du congrès des Apel. Certes, noussommes dans un monde où tout évolue très vite. Et nos enfants exerceront des métiers

dont on n’a même pas idée, ce qui introduit unparamètre d’incertitude chez les parents. Lanature même de l’être humain cependant nechange pas ; et les enfants ont toujours besoinde rêver. « Quand je serai grand, dit le petit gar-çon de 5 ans, je serai aviateur… » « Il ne faut sur-tout pas casser cette part de rêve, car il y a risque devoir le jeune s’installer dans la résistance passive àl’adolescence », a déclaré le professeur de psy-chiatrie Daniel Marcelli, l’un des intervenantsde ce forum. Pour lui, l’orientation ne com-mence pas en 3e. Les parents doivent accompa-gner leurs enfants très tôt, leur donner des oc-casions de rencontres et d’ouverture au mon-de. Une des grosses défaillances des adultes, es-time-t-il, est de ne pas pouvoir évoquer en fa-mille ce qui remplit leurs journées, à savoir leurtravail et le plaisir qu’ils en tirent. Ne pas casser la part de rêve, certes, mais com-ment éviter le piège de l’illusion et comment

« Changeons de regard sur les métiers »

« L’ambition des parents : frein ou levier ? »

Seule une volonté forte et un effort à longterme peuvent faire tomber les a priori entre

monde professionnel et monde éducatif.Quelques exemples… À Espalion (Aveyron),l’ensemble scolaire de l’Immaculée-Concep-tion a eu l’idée de sensibiliser les élèves de 6e aumatériau et à l’univers du bois. On y a créé,avec la participation financière et pédagogiquedes professionnels, une filière d’excellence dite« meba » : « métier études bois ameublement1 »,à la manière des sections sports-études. On ydécouvre qu’un bon charpentier connaît lagéométrie, que le cours de français peut per-mettre d’apprendre à rédiger un compte ren-du de réunion… Sur les 68 élèves de 6e volon-taires à la rentrée 2007 pour tenter l’expérien-ce, 28 ont choisi de la poursuivre en 5e et80 nouveaux collégiens sont partants pour laprochaine rentrée. L’idée de se rapprocher desmétiers se répand : à Toulouse, ce sera une fi-lière aéronautique. Autre exemple : les métiersdu bâtiment sont parmi les plus méprisés et lesplus mal connus ? Non seulement des chefsd’entreprise ont pris leur bâton de pèlerinpour venir dans les collèges parler de leur pro-fession mais deux opérations phares, organi-sées par la Fédération française du bâtiment2,portent leurs fruits. « Les coulisses dubâtiment » ont permis, depuis leur lancementen 2003, à 310 000 élèves de 450 collèges de larégion Nord - Pas-de-Calais de suivre des ani-mations consacrées à la sécurité, tout en faisantdes visites de chantier. Et, depuis 2005, desjeunes volontaires et des membres de l’équipepédagogique passent une journée avec un en-

trepreneur et se font ensuite les ambassadeursdu métier au collège. Les meilleurs diplomatessont, paraît-il, les collégiens ! Bilan : + 6 % dunombre des jeunes candidats aux métiers dubâtiment depuis le lancement de l’opération.Autre expérience, enfin : les Artimobiles3. Ils’agit de deux flottilles de six petites voituresmulticolores équipées d’ordinateurs. Elles segarent au collège. Les jeunes y pénètrent et ydécouvrent, par logiciel interposé, dans la ver-te les métiers sport et nature, et dans la roseceux de la mode et de la beauté, etc. 250 nou-veaux univers sont présentés de cette façon,avec la voie qui y conduit : l’apprentissage ! Leconcept séduit : depuis 2006, 49 500 collégiensde 49 départements ont ainsi apprivoisé ununivers qui les attire par la perspective de deve-nir leur propre patron. MCJ

1. Pour tous renseignements, contacter Christine Boudes au 05 65 51 11 70. Internet : http://meba-espalion.net2. Internet : www.lebatiment.fr3. Lancées par le Fonds national de promotion et de commu-nication de l’artisanat. Internet : www.artisanat.info

© J.

-S. F

ranc

e / F

anta

sia N

umer

is

© J.

-S. F

ranc

e / F

anta

sia N

umer

is

Au micro : Jean-François Gorre, de la Fédération française du bâtiment.

De gauche à droite : Daniel Marcelli, Régine Florin, Robert Solazzi.

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 25

Ils l’ont dit« Mon fils ne connaît pas mon métier »

u« Je sors du carrefour“Enseignement pro-

fessionnel et réussite” :deux chefs d’établissementnous ont parlé d’un mé-lange réussi monde pro-fessionnel et monde édu-catif. Il faut venir dans descongrès comme celui-cipour apprendre qu’onavance dans ce domaine !Mon fils va s’orienter en BEP TMI (techniquesde mécanique industrielle) et je m’aperçois qu’ilne connaît pas mon métier ! Cela me fait ré-fléchir : il faudrait parler aux jeunes du mon-de du travail autrement qu’en rapportant desconflits, des licenciements… Alors, ici, je trou-ve des idées et j’ai maintenant envie de mon-ter un projet avec le directeur du collège : cene sera pas pour mon enfant, mais pour lesautres ! ».

Jean Bontan, chef d’entreprise, Apel Pays basque

« Ce que j’entends me conforte »

u« Ça bouge dans les associations de pa-rents. Il y a du dynamisme. Je suis membre

d’Apel, mais aussi enseignante en lycée pro-fessionnel, et je travaille dans un centre de for-mation. Nous sommes au cœur des débats surl’orientation. Ce que j’entends me conforte.On croit toujours que c’est en 3e qu’il faut par-ler orientation. Mais les tables rondes mon-trent que même dans le supérieur, on peut pas-ser à côté de sa voie. Le taux d’échec en premièreannée de Sorbonne est affolant. Je pensais quedans ces sphères, les problèmes d’orientationétaient réglés. »

Ilic Svetlana, enseignante, Apel Strasbourg

« Nous sommes trop souvent dans la performance »

u« Nous demandonssans arrêt aux jeu-

nes de “produire” debons résultats ! Toujourssitués dans l’avant oudans l’après d’une échéan-ce scolaire. Mais que fai-sons-nous du présent ?Au lieu de former la per-sonnalité d’un jeune, nousle poussons trop souventdans un univers de consommation et de ren-tabilité scolaire. Alors qu’il faudrait l’aider àcréer à l’intérieur de lui un espace, une dis-tance, qui lui permette de choisir. Pour le res-te, nous avons aujourd’hui de magnifiques outils ! »

Laurence Fontès-Lépine, formatrice en français langue étrangère, Apel de Perpignan

© M

.-C

.Jea

nnio

M.-

C.J

eann

iot

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 25

Page 26: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

26 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Dossier/Donner du sens à l’orientation

La dernière enquête PISA1, en 2006, s’in-terrogeait notamment sur les questions

d’orientation dans les pays de l’OCDE2 et ten-tait de voir comment se positionne la France.Éric Charbonnier, expert à la direction de l’édu-cation à l’OCDE, en a tiré quelques conclusionssignificatives. Partout, semble-t-il, revient la pro-blématique de l’orientation, et ce pour plusieursraisons : tous les systèmes ont développé leurpourcentage de diplômés, du fait du dévelop-pement de l’éducation ; dans tous les pays, nepas avoir de diplôme augmente le risque de se

retrouver au chômage ; un diplôme universi-taire est le sésame d’une meilleure rémunéra-tion. Mais si tous les pays ne fonctionnent pasde la même manière, le système de notation vapermettre de s’orienter. Reste que cette orien-tation ne se fera pas au même moment dans lascolarité. Dans des pays comme l’Allemagne ou l’Au-triche, la sélection est très précoce dès l’âge de10 ans. Orientés si jeunes, les élèves ne sontpas prêts à un véritable choix, ce qui entraîneune aggravation des inégalités sociales. En

l’adapter à la réalité ? « Quand on dit qu’il fautêtre réaliste en orientation, on croit que la réalité estfixe et connue, a fait remarquer le deuxième in-tervenant, Robert Solazzi, conseiller d’orienta-tion, président de l’association « Trouver-Créer1 ». Or tout change sans cesse. Et le monde dutravail n’est pas linéaire, balisé. » Accepter la réalité du présent, tout en imagi-nant par quel détour on va pouvoir retrou-ver son rêve de départ ou le remplacer ; anti-ciper la situation d’échec pour ne pas être

désarmé ; dire que l’échec est réparable ;proposer des rencontres avec d’autresadultes, avec l’espace associatif, le quartier ;faire connaître des métiers…, autant depistes pour les parents-accompagnateursdans le travail de construction de l’orienta-tion. Car, a poursuivi Robert Solazzi, « l’orien-tation a quelque chose à voir avec la vie, il nes’agit pas seulement de fiches à remplir ! » EDC

1. Sur internet : www.trouver-creer.org

Ils l’ont dit« On a tous reçu des talents ! »

u« Les Apel ontchoisi un thème

pertinent car l’orienta-tion est une difficultépermanente pour les pa-rents et les chefs d’éta-blissement. Je regrettetoutefois que l’entréechoisie pour le traiter nesoit pas davantage cen-trée sur l’élève. Si la ques-tion de l’orientation estsi difficile, ce n’est pasparce qu’on n’est pas assez proche de l’entre-prise. Le vrai problème, c’est que les élèves seconnaissent mal ! On a tous reçu des talents.C’est en les développant qu’on saura donner dusens à sa vie. Or on n’est pas encore très outillépour permettre aux jeunes de faire les bons choix.Les tests psychotechniques et QCM d’il y a 25 ansne sont plus adaptés. Que penser de la démarchequi conduit à dire : “Tu aimes le plein air ? Tu se-ras bien dans les Eaux et Forêts” ; ou encore : “Tupréfères rester au calme ? Tu feras un bon comp-table”. C’est absurde ! Prenons mon exemple :j’ai suivi des études de philosophie, alors que monpère voulait que je fasse une école de commer-ce. Or, aujourd’hui, je n’enseigne pas la philoso-phie et je me réalise pleinement. Dans mon dio-cèse, je veux encourager les initiatives quipermettent aux jeunes de révéler leurs potentia-lités. Quand j’étais étudiant, le baron Bic nousavait dit que dans toutes les professions, il y avait3 % de chefs d’entreprise. Il faut le savoir, et peuimporte le métier que l’on a choisi au départ ! »

Gilles de Bailliencourt, directeur diocésain de Lyon

« L’orientation est affaire de collaboration »

u« Les jeunes ont plus de mal à se posi-tionner que nous autrefois parce qu’ils ont

davantage de possibilités. J’attache beaucoupd’importance à la collaboration entre enseignantset parents en matière d’orientation, c’est pour-quoi je suis venue à ce congrès. Je vais de ce pasà l’atelier consacré aux BDI car j’aimerais travaillersur ce point dans l’établissement où je viens juste d’arriver… »

Brigitte Lhéritier, directrice adjointe du collège Notre-Dame, à Mâcon

« C’est bon pour les enfants »

u« Il y a beaucoup de discussions, d’inter-ventions de qualité. On s’enrichit de ces

discours, de la confrontation. L’intention est noble,c’est bon pour les enfants. Il serait intéressant,cependant, que l’on crée des outils pour réaliserconcrètement ces intentions. J’aurais souhaitéentendre des engagements. »

Frédéric Rivière, président Apel Clermont-Ferrand

L ’orientation est un difficile compromisentre besoin individuel et besoin collectif.

Elle est à la fois un enjeu social, le résultatd’une histoire et le vécu de ceux qui y sont im-pliqués. Dans ce forum, Francis Andreani1, di-rigeant d’une société de conseil en formationet recrutement, plaide pour réformer le dispo-sitif national d’orientation, notamment par unaménagement des structures existantes, uneperméabilité des filières et une simplificationde l’offre d’éducation. Mais aussi pour la re-connaissance du droit à l’erreur, une véritableformation à l’orientation (celle-ci étant réduiteà la portion congrue dans les IUFM) et uneresponsabilisation plus grande des conseillersd’orientation. Cela permettrait de dédramati-ser l’orientation – « Si l’on aboutit à des choix hié-rarchisés avec un repli nécessaire, on aura une dédramatisation. » Cela permettra aussi de rap-procher la France des autres pays européens,car « il n’y a qu’en France qu’on observe une telle pré-gnance scolaire sur l’orientation ». François Frieh,directeur général de la chambre régionale decommerce et d’industrie d’Alsace, va, lui, droitau but : « S’il y a nécessité d’informer sur les mé-tiers et les fonctions, il n’est pas nécessaire d’ajus-ter la formation aux emplois à pourvoir. Cetteadéquation est impossible car les métiers et les be-soins en terme d’emploi évoluent très vite. Mieuxvaut tenir compte de la capacité à progresser danssa vie professionnelle et dans la formation conti-

nue. Il y a, d’autre part, un réel problème d’adap-tation, y compris dans nos écoles, à la compétitionet à la mondialisation. Quant au diplôme, s’il aun rôle de repère, il n’est plus le sésame pour l’em-ploi. Les compétences extrascolaires ont leur placeet on observe une montée en puissance de la VAE[validation des acquis de l’expérience]. » Il luisemble cependant indispensable que tous lesacteurs concernés se rencontrent : ensei-gnants, centre d’information et d’orientation(CIO), parents, enfants, entreprises… Sans oc-culter la présence des parents comme pilotesauprès de leurs enfants dans les phases déli-cates. EDC

1. Francis Andreani, Pierre Lartigue, L’orientation des élèves –comment concilier son caractère individuel et sa dimension sociale, Armand Colin, 2006, 222 p., 20,99 €.

« L’orientation, acte individuel ou nécessité collective ? »

« L’orientation, ça se passe comment hors de France ? »

© J

.-S.

Fra

nce

/ Fan

tasi

a N

umer

is

© S

.Hor

guel

in

De gauche à droite : Danièle Grilli, Francis Andreani, François Frieh.

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 26

Page 27: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

« Que changent nos mentalités ! »

u« J’ai assisté à la table ronde “Ensei-gnement professionnel et filière de réus-

site”. La problématique a été bien posée enabordant l’enseignement professionnel danssa globalité et la manière dont on s’y prépare.Il est temps que changent nos mentalités, queces filières ne soient plus considérées commele rebut, qu’elles soient revalorisées. Il est tempsd’entendre qu’elles donnent également accèsà l’enseignement supérieur. En tant que pa-rent, savoir que la voie de l’enseignement pro-fessionnel peut aussi apporter une ouvertureme rassure. »

Marie-Noëlle Guitard, Apel Toulouse

« On est encore très démuni »

u« L’orienta-tion implique

la “responsabilité” :celle des parents,des enseignants, dela société. Avons-nous le droit depousser nos enfantsdans un secteur quiest saturé ? Je vou-drais que l’orienta-tion soit une pré-occupation et unemission. Comment, en fonction de ses com-pétences, un jeune va-t-il être orienté et rem-plir sa mission de professionnel ? J’ai l’im-pression qu’on est encore très démuni, ycompris chez les chefs d’entreprise. Il y a dela lucidité dans ce qui est dit dans les débats.“Le diplôme protège mais ne garantit pasl’emploi.” Nous, parents, avons tendance àorienter vers un diplôme. Or, on nous ditqu’aujourd’hui, une bonne part de la popu-lation active est sans diplôme. Nous sommesdans une problématique, elle est nommée.Trouvons maintenant des solutions tripar-tites engageant parents, enseignants et en-treprises. »

Marie Guyon, vice-présidente Udapel Lyon

« On ressort interpellés »

u« Beaucoup de questions sont soule-vées, mais on n’apporte pas vraiment

de réponses. Cela suscite plutôt d’autres ques-tions. Dès lors, on ressort interpellés. Certainesconférences permettent aux parents d’ap-préhender un peu mieux leur rôle, leur pla-ce. Nous aurions peut-être souhaité avoir despistes, des ouvertures un peu plus concrètes.On a vraiment l’impression qu’il y a encoretrop souvent l’école d’un côté et les parentsde l’autre. Dès lors, comment cela va-t-il s’im-briquer ? Comment des routes et des passe-relles vont-elles pouvoir se créer entre nous ?Cela nous apparaît fondamental dans ce ques-tionnement sur l’orientation. »

Christine Fassy et Charléric Gensollen, Apel Aix-Marseille

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 27

« L’orientation dansl’enseignement catholique :

une question de sens »

Corée du Sud ou au Japon, où la compétitioncommence très tôt, chaque élève bénéficie decours privés dont le coût pèse sur le budget fa-milial. Le système finlandais fait aujourd’huiun peu référence pour de multiples raisons :une orientation tardive ; un partenariat effi-cace et une confiance entre parents, ensei-

gnants et chefs d’éta-blissement ; une flexi-bilité de la part des en-seignants ; du travailen petits groupes, unenseignement adaptéà chacun… Modèlequ’on ne peut pas for-cément reproduiremais dont on peut s’ins-pirer. Autre pays en tê-te, le Québec avec sonenseignement adaptéet sa pédagogie duprojet dès le plus jeu-ne âge. Il sembleraitqu’il n’y ait aucun lien

entre les moyens financiers et les résultats.Reste que partout, l’orientation pourrait êtreaméliorée. EDC

1. Programme international pour le suivi des acquis des élèves.2. L’Organisation de coopération et de développement écono-miques regroupe les gouvernements de 30 pays attachés auxprincipes de la démocratie et de l’économie de marché.

On a filé la métaphore botanique dans ce fo-rum qui visait à exposer comment l’ensei-

gnement catholique aborde l’orientation. « Ondéveloppe chez nous les tuteurs de résilience », aexpliqué Françoise Maine du Secrétariat gé-néral de l’enseignement catholique (Sgec), enprécisant que « les tuteurs ne servent pas à pous-ser droit mais sont des points d’appui pour des iti-néraires de croissance ». « Le tuteur aide la jeuneplante à prendre racine, a poursuivi FrançoisProuteau, directeur du Cirfa d’Angers. De lamême façon, nous donnons des repères aux jeunespour éclairer leur parcours. » Une des difficultésrencontrées pour aider les jeunes à faire deschoix « est le rapport au temps », a soulignéClaude Berruer du Sgec. « Comment s’inscriredans la durée quand on valorise l’instant ? »s’est-il interrogé. Les jeunes ont en effet dumal à se poser et à réfléchir sur eux-mêmes, arenchéri François Prouteau. Pour les y inciter, un lycée général a conduitses terminales pendant deux jours dans uneabbaye afin de réfléchir à leur orientation. En-tretiens avec un psychologue scolaire, échangeavec des parents, temps de silence se sont suc-cédé. Chaque jeune était invité à écrire sonprojet de vie et à le remettre, s’il le souhaitait,au chef d’établissement qui le lui rendrait18 mois plus tard. « Une belle initiative » saluéepar Claude Berruer. Lors des échanges avec la

salle, un parent de Senlis s’est exclamé : « De-puis le début du congrès, je n’ai pas entendu lemot bonheur, or on est fait pour le bonheur ! Ilfaut le dire et expliquer aux jeunes que le secret dubonheur, c’est de donner. » Effectivement, nousdevons faire prendre conscience aux élèvesque « le bonheur ne peut être solitaire. On ne peutêtre épanoui qu’en relation », a confirmé ClaudeBerruer. Cette question est fondamentale etelle rejoint celle du témoignage : « Nous devonsêtre des témoins, signes d’un bonheur possible, sansgommer les difficultés de la vie », a ajouté FrançoisProuteau. Pour un parent de l’Apel de Paris, il s’agit bien d’être « des éveilleurs de conscience »afin d’aider chaque jeune à « faire fructifier

De gauche à droite : François Prouteau, Marie Drouin,Claude Berruer, Françoise Maine.

© J

.-S.

Fra

nce

/ Fan

tasi

a N

umer

is

© J

.-S.

Fra

nce

/ Fan

tasi

a N

umer

is

© E

.du

Clo

sel

Un public nombreux et attentif.

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 27

Page 28: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

28 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Dossier/Donner du sens à l’orientation

ses talents en les mettant au service du bien com-mun ». De fait, dans de nombreux établisse-ments catholiques, des journées des talentssont programmées, a noté Françoise Maine.Mais de gros efforts restent à faire, a constatéJean-Pierre Demoy, directeur diocésain deBordeaux. En premier lieu lors des conseilsde classe qui servent parfois à déterminer uneorientation de façon un peu rapide. Mais aussi

en rendant les élèves davantage acteurs :« Nos jeunes sont des consommateurs de cours, a-t-ilconstaté, on ne prend pas assez en compte les chosesfortes qu’ils peuvent vivre par ailleurs. » Au-delà duconseil de classe, « c’est le problème de l’évalua-tion qui se pose, selon Claude Berruer, dans lesens de donner de la valeur ». Et d’inviter lesparticipants à « continuer à labourer la démarched’assises, à changer de regard ». SH

Ils l’ont dit« Il faut travailler sur le sens »

u« L’orientationest devenue

anxiogène pour lesélèves. Ainsi, ils sur-valorisent les di-plômes qui les rassu-rent. Il faut désormaisaller le plus loin pos-sible dans ses études,alors qu’on manquecruellement d’arti-sans… Que faire ?Une des solutions, selon moi, c’est la polyva-lence des établissements : pour favoriser lamixité sociale et faire découvrir aux élèves toutesles filières. Et puis, si les lycées avaient tous unevoie générale, technologique et profession-nelle, cela mettrait fin à cette course effrénéeau meilleur taux de réussite au bac ! Je plaidepour cette formule qui permet aussi à un ly-cée, si une filière est menacée, de ne pas êtretrop fragilisé. Pour le reste, je milite pour re-donner ses lettres de noblesse à la culture gé-nérale. Je veux dire par là qu’il faut privilégierune aptitude à réfléchir permettant d’aborderla vie autrement que de façon disciplinaire. Sicela ne tenait qu’à moi, on commencerait laphilo en 6e. Pour faire un choix de vie, il fauttravailler sur le sens. Pas uniquement sur lechoix d’une filière. Je crois aux humanités etaussi à l’apprentissage professionnel ! »

Frédéric Gautier, directeur diocésain de Paris

« L’école et l’entreprise ne cohabitent pas assez »

u« Je suis pa-rent, certes,

mais également ré-férent régional éco-le et monde profes-sionnel. Travaillantdans le privé, je voisbien l’attente des so-ciétés au niveau descompétences desjeunes et ce que s’ef-force de délivrer l’école, à savoir un diplômequi n’est qu’un atout supplémentaire dansune embauche à compétences équivalentes.Il y a donc un grand écart entre ces deuxmondes de l’école et de l’entreprise qui necohabitent pas assez. Il serait bon de dialo-guer davantage entre les communautés édu-catives et les entreprises. Bon aussi qu’il y aitdes échanges entre l’école et l’entreprise,comme cela se fait dorénavant dans les uni-versités. L’autre chose évidente : les parentsne discutent pas assez de leur boulot avecleurs enfants. »

François Tazzioli, Apel Clermont-Ferrand

Tout a commencé par unfilm présenté par Ronan

Legouil, enseignant spécia-lisé : une succession de por-traits magnifiques dejeunes de son Institut mé-dico-éducatif (IME). L’équi-pe de l’IME s’est inspirée desphotos que Yann Arthus-Bertrand avait réalisées surles Français. Chaque « mo-dèle » pose devant un fondorangé, en bleu de travail,avec un outil sur l’épauleou à la main. Tous les mé-tiers préparés par les ado-lescents sont ainsi présen-tés : jardinier, menuisier, électricien, cuisi-nier… Un travail de six mois « qui leur a per-mis d’avoir une image positive d’eux-mêmes », aprécisé Ronan Legouil. De fait, dans les ex-pressions des élèves, on ne peut déceler ni ladéficience intellectuelle ni la souffrance.Seules transparaissent la fierté et la grâce.Émotion. Mais les congressistes présents dans la salle,pour la plupart parents d’un enfant handica-pé, n’ont pas tous bien réagi face à ce film jugé« idyllique ». « J’ai un fils dans un IME, or onne va pas plus loin que le CFG [certificat deformation générale] ! » a attaqué une ma-man, bille en tête. Et Ronan Legouil de pré-ciser qu’une orientation en centre de forma-tion d’apprentis (CFA) était proposée à cer-tains élèves mais que d’autres demeuraienten milieu protégé. « Je suis saisie de voir desimages d’un IME et non d’un établissement ca-tholique ! » a poursuivi une autre participante. Véronique Poutoux, directrice de l’Institutsupérieur de pédagogie (ISP) à Paris et ani-matrice du forum, a précisé qu’effectivement,« depuis la loi de 2005, la scolarisation devait sefaire en milieu ordinaire, avec un dispositif adaptési nécessaire ». C’était mettre le doigt là où celafait mal : « J’ai dû me battre pour que mon fils quia une maladie proche de l’autisme, ne soit pas dé-scolarisé. Beaucoup d’enfants se retrouvent sanssolution et sont placés en foyers occupationnels »,a explosé une maman. « Je suis président de

© J.

-S. F

ranc

e / F

anta

sia N

umer

is

© S

.Hor

guel

in©

E.d

u C

lose

l« Orientation et handicap : des éducateurs témoignent »

l’association des dyslexiques de l’Oise. Je suisconfronté tous les jours à des parents qu’on en-voie promener », a poursuivi un père. « Les pa-rents, rejoignez une association de parents parceque cela ne changera pas ! » s’est-il écrié. « Dansl’enseignement catholique, les réponses ne sontpas assez nombreuses et les écoles pas toutes ou-vertes à tous », a admis Véronique Poutoux. Etd’ajouter : « Mais nous travaillons pour faireavancer les choses. Par exemple, dans 15 jours,nous organisons une session à l’ISP pour que lesenseignants référents soient formés à l’accompa-gnement des familles. » Pour expliquer la vive tension de la salle, unemère a témoigné : « Je me suis battue moi aussipour que mon fils ne soit pas en IME. Nous sommessur la défensive parce qu’on souffre. C’est difficiled’accepter le handicap de son enfant. » Quelquesresponsables de l’enseignement catholiqueprésents ont pu évoquer des expériencesd’intégration réussie pour réconforter unpeu l’auditoire : « Je suis directrice d’une crècheet je reçois des enfants polyhandicapés. Cela se pas-se très bien » ; « Dans les Alpes-Maritimes, on aouvert trois UPI (2 en collège et une en lycée) à larentrée 2007 » ; « En juillet dernier, nous avonsdécidé d’accueillir dans mon établissement des en-fants autistes et trisomiques, cela a pu se faire dèsla rentrée »… Et pour conclure, le cri du cœurd’un parent : « Laissez-nous choisir l’enseigne-ment catholique pour nos enfants ! Ils ont les mêmesrêves que les autres. » SH

Des échanges nourris d’émotion, de colère et d’espérance...

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 28

Page 29: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Pour nombre de jeunes qui arriventau lycée, la question est : “Qu’est

ce que je vais faire demain ?” », alancé d’entrée de jeu PatriceHauchard, président de l’Unionnationale de l’enseignementtechnique privé (Unetp). En effet« aujourd’hui, a-t-il poursuivi, lesjeunes ne découvrent plus naturelle-ment le métier de papa. Aujourd’hui,on leur dit “Tu peux tout”, maison ne leur donne pas les clefs duchoix ». Il convient dès lors d’ac-centuer le travail sur l’accompa-gnement de l’orientation et de l’insertion. Lemonde économique doit rejoindre celui de laformation, et inversement. La présence d’ac-teurs économiques et professionnels au seindes établissements, dès le collège, doit êtreconsidérée comme un atout, et les portes quicloisonnent le collège, le lycée d’enseignementgénéral et le lycée professionnel doivent êtrepoussées. Yves Ruellan, président du Synadic1

et directeur d’un ensemble scolaire, a fait partde sa surprise en constatant que « ses profes-seurs de collège n’avaient jamais franchi les fron-tières du lycée professionnel ». De même, indi-quait Patrice Hauchard, « nos établissements pro-fessionnels doivent devenir, dans le cadre du lycée, desmétiers des plates-formes où se croisent les jeunes et lesadultes. Il faut créer des synergies. » Il est devenu

indispensable « de permettre aux jeunes de dire “Jem’oriente” », a souligné Fernand Girard, pré-sident de Renasup2. Et d’ajouter : « L’enseigne-ment professionnel permet à de nombreux jeunes de serévéler. » Mais encore faut-il leur présenter devraies filières bâties sur de véritables qualitéstechniques requises à présent dans tous lesmétiers. « C’est parce que l’on forme bien qu’alorsnous ouvrirons à des métiers et à de l’emploi. » Lesformations en BTS et en licence professionnel-le en font déjà la démonstration. Il reste ce-pendant encore à lever de nombreux tabousvis-à-vis des voies professionnelles. L’enseigne-ment catholique est prêt à relever ce défi. GDR

1. Syndicat national des directeurs d'établissements catholiquesd'enseignement du second degré sous contrat.2. Réseau national d’enseignement supérieur privé.

« On risque de confondre aisance matérielle et bonheur »

u« Le thème de l’orientation m’intéres-se, à condition qu’on le replace dans le

projet de vie car le métier n’est qu’une par-tie de la vie. C’est pourquoi j’ai apprécié l’ate-lier sur “l’orientation dans l’enseignementcatholique” où l’on a enfin parlé de la re-cherche du bonheur ! Tout parent rêve d’avoirdes enfants plus heureux que lui, or aujour-d’hui, on risque de confondre aisance maté-rielle et bonheur. Moi, je constate que cer-tains jeunes en situation de handicap sontplus heureux que d’autres qui ont bien réus-si socialement. Les premiers, que je fréquentedepuis de longues années, s’émerveillent depeu, tandis que les autres recherchent l’im-possible. Tous les êtres ont besoin d’aimer etd’être aimés, d’avoir une estime de soi quipermette de se supporter et de supporter lavie : la pression sur la performance pure n’estpas le meilleur chemin ! L’enseignement ca-tholique devrait aller plus loin qu’un parcoursréussi avec un métier à la clef. Nous devonsnous référer aux orientations des assises etaffirmer avec force que l’orientation doit res-ter un outil au service de l’homme. »

Raymond Duittoz, responsable des formations de l’ASH à Formiris

« L’enseignement catholique a une carte à jouer »

u« Depuis unan, je m’occu-

pe de l’Informationet conseil aux famil-les (ICF) pour l’Apelde Haute-Savoie. Laquestion numéro unposée par les parentsest celle de l’orienta-tion : si leur enfantest en difficulté, ilsont peur de ne rien pouvoir décider ; et s’il réus-sit bien, de faire le mauvais choix ! Beaucoupd’officines privées exploitent ces craintes enétablissant des bilans à prix d’or. C’est le cas àAnnecy où un bilan peut facilement coûter350 euros. Seules les familles les plus aisées yont recours, ce qui crée une inégalité de plus.L’enseignement catholique a une carte à jouerpour éviter cela. Je me suis investie aux Apelpour cette raison. Parents, enseignants, docu-mentalistes… doivent s’unir pour créer une dy-namique de l’orientation. Je crois au conceptde communauté éducative. C’est par l’échan-ge, le partage, qu’on peut avancer. J’ai envie,quant à moi, de transmettre ce que j’ai vécuavec mes cinq enfants (dont deux sont déjà étu-diants), et personnellement, j’achève un mas-ter de sociologie alors que j’étais au départ profd’anglais. L’orientation, c’est toute la vie ! »

Véronique Armaingaud, Apel Haute-Savoie

« Enseignement professionnel et filière de réussite : un défi relevé par l’enseignement catholique »

L ’ouverture decet atelier s’est

faite en référence àMarshall McLuhan1

pour lequel toutetechnologie entraî-ne un changementde société. Télé-chargements demusique, tchats,

jeux vidéo, recherches documentaires…, lesjeunes butinent sans cesse sur la Toile. Maisquels sont leurs repères pour hiérarchiser lesinformations qu’ils cherchent ? « C’est toujoursquelqu’un qui s’informe à partir de ce qu’il est », pré-venait Danielle Ferré, conseillère d’orientation.Dès lors, comment créer de la cohérence ?Comment aider les jeunes à passer du rêve flouou imprécis à l’intention qui exprime une vo-lonté d’agir, puis au projet qui ancre cette vo-lonté dans la réalité ? Comment aider les jeunesà maîtriser cette réalité virtuelle devant laquelleils se trouvent et les accompagner pour trouver

© G

.du

Reta

il

© S

.Hor

guel

in

« L’utilisation de nouveaux médias dans une démarche d’orientation »les informations utiles dont ils ont besoin ? a demandé en substance Jean-Marie Quiesse,formateur en orientation et information. « Nousavons à créer des sources qui créent des ponts, quiéclaircissent l’horizon, des sources qui créent du parta-ge, de la coopération et de l’interrogation », a-t-ilpoursuivi. Même s’il existe, en France, dans le domaine de l’orientation, plusieurs sites(Onisep, mon.orientation, Cidj, l’Étudiant, Stu-dyrama, Anpe…), peu sont « orientants » ausens québécois du terme, c’est-à-dire suscep-tibles d’accompagner dans la durée les élèvesen leur donnant, par exemple au travers deWebFolio2, l’occasion de s’ouvrir à leur environ-nement (principe d’infusion) et de favoriserleurs relations avec les adultes (principe de co-opération). La conclusion est revenue à DanielleFerré qui a synthétisé ainsi le problème del’orientation : « “Qu’est ce que je veux faire dema vie” est la question de fond. » GDR

1. Auteur de Pour comprendre les média : Les prolongementstechnologiques de l'homme (Seuil).2. Solution de gestion documentaire sur intranet.

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 29

Danielle Ferré

De gauche à droite : Nathalie Le Breton, Patrice Hauchard, Fernand Girard, Yves Ruellan.

D.R

.

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 29

Page 30: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

30 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Dossier/Donner du sens à l’orientation

« Il faut donner aux jeunes des raisons d’aimer la vie »

L’élève doit être « acteur de sa propreorientation ». Les parents, parcequ’ils sont les premiers et ultimeséducateurs de leurs enfants, « doi-vent y être effectivement associés ».

Cette orientation doit permettre à chaqueélève de construire un projet éclairé de for-mation. Telles sont les convictions réaffir-mées par Éric de Labarre, secrétaire géné-ral de l’enseignement catholique, aucongrès des parents d’élèves, le 1er juin 2008,à Lille. Des convictions dont la mise enœuvre implique de repenser l’organisationdu système éducatif.Le collège, a exposé Éric de Labarre, doitpermettre « l’élaboration d’un projet personneldont les conditions d’élaboration et les critères se-ront conservés dans un portfolio ». Pour ce faire,une véritable éducation au choix, incorpo-rée au parcours scolaire et articulantconnaissance des métiers et découverte desvoies de formation, doit être effectivementmise en œuvre de telle sorte que l’élève soiten mesure de faire le choix fondé d’un typede seconde1. Côté collège encore, le secré-taire général a plaidé pour un élargisse-ment de l’offre de formation : « La cultureprofessionnelle doit être intégrée comme élément dusocle commun pour tous les élèves. Ainsi elle ne seraitplus une alternative à la culture générale mais unélément à part entière de [cette dernière]. » Autrepréconisation : la mise en place, à l’issue ducycle central du collège, d’un « lieu de délibéra-tion [autre que le conseil de classe] pour se pro-noncer sur les orientations de fin de troisième ».

Besoin d’adultesCôté lycée, l’existence de classes de secondetypées, au cours desquelles l’élève « vérifieraitla pertinence et la faisabilité de ses choix avecl’aide d’un accompagnateur-adulte référent »,implique la possibilité de changements de

souvent dans le système éducatif français où« le lycée technologique [est] dans les esprits un succédané du lycée général et le lycéeprofessionnel la voie réservée à ceux que l’on a re-foulés dans les voies générale ou technologique ». Remédier aux limites et aux défauts actuelsde l’orientation impose aussi « un change-ment de comportement, voire une véritableconversion des adultes, parents, enseignants etautres personnes qui participent à la relationéducative », a indiqué Éric de Labarre. Etd’appeler les éducateurs à « résister résolu-ment à la peur, à la nostalgie et à la démission,trois tentations bien fréquentes qui constituentautant de crimes contre la transmission et quiplacent le jeune en situation de dépression, etparfois même de désespérance [et l’empêchentde penser l’avenir] ». Dans la construction de leur projet person-nel, les jeunes ont besoin d’adultes dont « l’exemple doit leur donner des raisons d’aimerla vie », d’adultes qui « sont des témoins ».D’adultes qui pratiquent « les trois “vertusthéologales” que sont la foi, c'est-à-dire laconfiance accordée à chacun par le regard et laparole et qui conforte l’estime de soi, la charité,c'est-à-dire le don de l’énergie mobilisée pour

accompagner chaque élève dans ses choix et laconstruction de sa personnalité, et enfin l’espé-rance, c'est-à-dire la certitude de toujours pou-voir compter sur quelqu’un, la certitude qu’il esttoujours une solution possible ». Rejoignant Éric de Labarre sur la nécessaireréversibilité des parcours scolaires, l’indispen-sable amélioration de la lisibilité de l’offre deformation et la responsabilité collective del’école et de la famille en matière d’orienta-tion, Véronique Dintroz-Gass, la présidentede l’Apel3, a invité les établissements catho-liques à « donner aux parents [et particulière-ment à ceux qui ne font pas partie des “ini-tiés”] les moyens4 d’exercer pleinement leur rôleéducatif en matière d’orientation ». L’existence

Remédier aux défauts de l’orientation impose une

véritable conversion des adultes.

parcours en fin de seconde ou de première.Possibilité, dont Éric de Labarre soulignequ’elle serait facilitée par la mise en place dulycée modulaire préconisée par l’enseigne-ment catholique2. « Le lycée, a-t-il poursuivi,doit être présenté aux élèves comme offrant troisvoies d’égale dignité [qu’il convient d’identifieren fonction de leurs finalités]. » On éviteraainsi l’orientation par défaut vers des filièresde formation hiérarchisées, qui prévaut trop

Éric de Labarre, secrétaire général de l’enseignement catholique.

En clôture du congrès, Éric de Labarre a invité les participants à pratiquer les trois vertus théologales : la foi, c'est-à-dire la confiance accordée à chacun, la charité,

c'est-à-dire l’énergie mobilisée pour accompagner chaque élève dans ses choix, et enfin l’espérance, c'est-à-dire la certitude qu’il est toujours une solution possible.

© J

.-S.

Fran

ce/F

anta

sia

Num

eris

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 30

Page 31: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

du Bureau de documentation et d’informa-tion (BDI) dont on rappellera qu’il est pris encharge par les parents, pourrait figurer dansle projet d’établissement, a souhaité Véro-nique Dintroz-Gass. Elle a également rappeléla nécessaire présence des parents correspon-dants à tous les conseils de classe.

Nouveau logoCôté Éducation nationale, l’Apel, a-t-elle indi-qué, sera vigilante sur les réformes qui se met-tent en place – tel le socle commun de connais-sances et de compétences à l’école et au collè-ge – ou qui sont annoncées – telle la réformedu lycée engagée par Xavier Darcos et qui de-vrait mettre un terme à « la prédominance de lafilière scientifique, [….] filière d’excellence où ilest possible de tout faire, de tout atteindre [maisdont] le maintien ne peut être qu’un frein à unvéritable remodelage de l’orientation des élèves ».

Véronique Dintroz-Gass a également dévoi-lé le nouveau logo du mouvement (cf. ci-dessous) : « On y trouve trois couleurs qui symbo-lisent trois acteurs de la communauté éducativeque sont les élèves, les parents et les enseignants.On y trouve une fleur de pissenlit dont les akènesvolent au vent pour figurer l'unicité des enfantset dire la nécessité d'un accompagnement person-nalisé. »

VÉRONIQUE GLINEUR

1. Le Secrétariat général de l’enseignement catholique est fa-vorable à une diversification des parcours de formation dès laseconde : « Si, comme nous le pensons, le socle commun deconnaissances et de compétences doit être acquis au cours dela scolarité obligatoire précédant le lycée, alors tout le lycéedoit être le temps de la diversification et de la différenciationdes apprentissages. Le processus doit évidemment être pro-gressif, mais il ne paraît pas judicieux d’en reporter les pre-miers effets en classe de première. » Cf. pp. 8-9.2. Idem.3. Pour plus de visibilité et davantage de cohérence dans la com-munication, l’Association des parents d’élèves de l’enseigne-ment libre a adopté un nom unique. Les appellations Unapel(échelon national), Urapel (régional) et Udapel (départemental)sont remplacées par Apel nationale, régionale, départementale.4. Il convient de rappeler que le texte promulgué par la Com-mission permanente en avril 2004, « La participation des parentsà la mission éducative des établissements catholiques d’ensei-gnement » (publié sous la forme d’un hors-série d’ECA), dispo-se que « la participation [des parents correspondants]aux conseils de classe est une voie privilégiée devérification et de participation à la miseen œuvre du projet d’établissementen même temps qu’une occasionunique de faciliter les liens entreparents et enseignants et entreparents ».

Véronique Dintroz-Gass, présidente de l’Apel.

Mgr Laurent Ulrich etBéatrice Barraud.

Dans son homélie, au cours de la

célébration qui aréuni les

congressistes,l’évêque de Lille

a invité l’assembléeà « proposer des

orientations pour la vie qui dépassent

les intérêtsparticuliers ».

Tu seras un homme,mon fils

sDernier éclairage du congrès, celui ap-porté le dimanche 1er juin par le neuro-

biologiste Jean-Didier Vincent*. Pour grandir,l’enfant a besoin des autres, a-t-il expliqué. « L’homme naît deux fois : une première fois na-turellement, la deuxième fois par l’éducation quelui apportent ses parents. » Un enfant élevé en-tièrement seul depuis sa naissance sans que sonregard ne croise celui d’un autre humain, ne deviendra jamais un homme. « Pour grandir,souligne le scientifique, il a besoin de confronterson visage à celui de l’autre. Pour grandir, il a be-soin que sa mère lui parle, qu’elle le touche,qu’elle lui fasse sentir, d’une manière ou d’uneautre, qu’elle l’aime, qu’elle est là. » C’est ce be-soin de l’autre qui fait l’homme : c’est ce qu’onappelle l’éducation. Pour devenir une personne,le jeune enfant doit se plonger dans ce que Jean-Didier Vincent appelle « un bain d’humanité ». Le propre de l’homme, c’est sa relation à l’autre :une relation fondée d’abord sur « l’imita-tion » – c’est le processus primaire – puis sur « lacompassion, c’est-à-dire la possibilité de se mettreà la place de l’autre », et enfin sur « la conscien-ce de soi ». « La grande mission du cerveau estd’aller à la rencontre de l’autre. À travers l’autre,se construit un individu qui est un reflet de l’autre.Cet individu ne prend possession de lui-mêmeque quand il découvre que le corps qu’il voitdans le miroir est le sien. »Pour Jean-Didier Vincent, notre société est une« société de l’“adulescence” ». « L’homme res-te toute sa vie dans un état d’inachèvement.C’est la société qui rend l’homme adulte. Orbeaucoup d’adolescents d’aujourd’hui ne de-viendront jamais vraiment des adultes ». Parailleurs, quand nous regardons les adultes au-tour de nous, force est de constater qu’avec leurgoût de la récompense immédiate, avec leur ten-dresse non aboutie, ils sont proches des adoles-cents. Et Jean-Didier Vincent de souligner : « Legoût pour l’âge adulte – un âge adulte qui estfinalement très bref – n’est plus dans l’air. » Face à cette difficulté d’accepter de grandir, lescientifique s’est réjoui d’avoir face à lui une as-semblée de parents responsables. D’autant queles maîtres se sentent souvent bien seuls, a ajou-té celui qui a présidé le Conseil national des pro-grammes. Et de conclure : « J’espère que la conta-gion imitative fera tache d’huile pour d’autrescommunautés telle que la vôtre. » VG

1. Jean-Didier Vincent est membre de l’Académie des sciences.Il est l’auteur de : Biologie des passions (Odile Jacob, 1999), La chair et le diable (Odile Jacob, 2000), Le cœur des autres :biologie de la compassion (J’ai lu, 2005).

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 31

© J

.-S.

Fran

ce/F

anta

sia

Num

eris

© G

.du

Reta

il

325 DOSS p22-31 OK 12/06/08 12:30 Page 31

Page 32: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

32 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Pierre de GivenchyCréateur de fraternité

Homme de terrain, Pierre de Givenchy est un prêtre atypique. Aumônier de lycée, il a toujours eu le contactavec les jeunes. Il a lancé les premiers ateliers d’écriture dans les établissements scolaires, dans les années

1975, a créé l’association Vivre et l’Écrire, à Orléans, et a fait de sa maison un centre interreligieux.ÉLISABETH DU CLOSEL

La parole libre, sans tabou ; un petitcôté comédien dont il aime jouer ;des phrases se perdant souvent dansun rire en saccades ; un sentimentde ne s’être pas trahi en empruntant

des chemins de traverse, tant dans l’Église quedans sa vie personnelle : tel nous est apparuPierre de Givenchy, prêtre atypique, épris deliberté, rebelle à tout stéréotype et à toute ins-titution, fût-elle celle qu’il a choisie. L’hommen’écrase pas, il a de l’aisance, semble s’étonneret s’enthousiasmer de tout.Quand il parle, quoi qu’il dise, il raconte deshistoires. Il a toujours fait ça. Aligner les idéesou énoncer de grandes et belles théories n’ajamais été son fort. Il fonde son action et sesengagements sur l’expérience. « J’ai découvertvers l’âge de 14-15 ans que la vie était supérieureaux idées. Elle est première. Et n’est-ce pas de celaque parle Jésus ! » Les approches de l’existencequ’il a toujours privilégiées ont été celles quiémettaient un son discordant, ouvrant àd’autres dimensions. « Un prêtre qui nous faisaitles cours de religion nous a dit un jour : “Quandvous dites quelque chose de faux à quelqu’unqui n’a pas droit à la vérité, ce n’est pas unmensonge.” J’étais ado, j’ai trouvé çaincroyable ! Ce prêtre avait fait de la résistance.Il voulait sauver ses amis chrétiens qui proté-geaient des Juifs. Il pouvait mentir aux Alle-mands sans honte. » De là, naît un sentiment degrande liberté intérieure. « J’ai vite comprisque j’aurais à inventer ma vie. » Et les hommeslibres sont souvent insaisissables, audacieux,jamais figés dans une attitude, toujours sé-duits par la nouveauté. Mais pourquoi avoir choisi la prêtrise ? Pierren’est pas homme à se perdre dans un abîmede réflexion. Ni à évoquer un appel de Dieuou une quelconque vocation. La réponse dé-route un peu. « Dans les familles aristo, c’étaitpresque automatique. Le premier garçon entraitdans l’armée, le deuxième était prêtre ! J’étais letroisième d’une famille de huit enfants, maisle deuxième garçon. Certes, pendant la guerre, © E

.du

Clo

sel

portrait

325 portrait p32-33 OK 12/06/08 12:33 Page 30

Page 33: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 33

j’allais en colonie de vacances avec notre aumô-nier. Il m’a poussé, engagé à être responsable deplus jeunes… » Un premier modèle, peut-être,pour le jeune homme.Bac en poche, Pierre entre au séminaire,pour deux années. Il ose avouer qu’il s’en-nuie, sauf pendant les cours de philo. Il quittealors Orléans, direction la Sorbonne, en phi-lo. En même temps, il est président de la JEC,la Jeunesse étudiante chrétienne, lieu de ren-contres et d’expériences déterminant. Puis cesera le séminaire universitaire de Lyon où saroute croise celle des jésuites François Varillon et Henri de Lubac, alors tombé endisgrâce et interdit d’enseignement, etd’autres « éveilleurs spirituels » qui lui ensei-gnent une « théologie ouverte ». « J’ai eu le sen-timent alors que ce que j’entendais légitimait ceque je vivais à la JEC. »

Ordonné prêtre à Orléans, il sera nommépendant un an préfet de discipline dans uncollège privé. Une pilule difficile à avaler. Unvêtement trop étroit pour lui. On l’en sort vi-te. Mgr Riobé arrive dans le diocèse. L’évêques’est rendu célèbre en 1969 en témoignant autribunal correctionnel d’Orléans en faveurdes objecteurs de conscience qui avaient ren-du leur livret militaire. Position qui n’a pas ététrès bien perçue. Il suggère à Pierre deprendre la responsabilité des quinze aumô-neries du département du Loiret. Pierre yreste quinze ans. Il rencontre énormémentde jeunes. Et comme il n’est pas un hommed’institution, il comprend vite qu’il passeraità côté de leurs préoccupations en se focalisantsur la seule catéchèse. « Il fallait leur laisser letemps de parler d’eux-mêmes. Ils cherchaient desadultes avec qui causer. Ils avaient et ont toujoursun énorme besoin qu’on leur donne la parole etqu’on la reconnaisse. » Certains commencent àlui écrire. L’été 1974, Pierre se retrouve avecdes animateurs de groupes d’adolescents àPithiviers. Il leur apporte des poèmes, deslettres, toute une littérature de jeunes de4e et de 3e. Ils sont époustouflés par le conte-nu. Ils décident de tenter l’aventure d’unlivre et publieront Le bourdon et le cafard auxéditions Desclée de Brouwer. Premier ouvra-ge d’une longue série, mais ça, Pierre ne lesait pas encore.Début d’un tournant dans la vie de Pierre.Mgr Riobé – « grâce à qui j’ai pu sauver ma viede prêtre » – le laisse alors libre de choisir unenouvelle orientation. Pierre lui demande demettre une maison à sa disposition pour orga-niser des discussions libres avec des chrétiens

en rupture avec l’Église classique, décrochantde la pratique et de la religion. Au chevet del’église Notre-Dame-de-Recouvrance, à Orléans, dans une petite rue du même nomdéboulant sur le tumultueux fleuve Loire,une habitation de quatre étages, datant duXVIe siècle, est inoccupée. L’évêque la lui

« La plupart de ces jeunes qui m’ontécrit et continuent de m’écrire, je ne les ai jamais rencontrés. »

Vivre et l’ÉcrireTout est parti du livre Lebourdon et le cafard*,un recueil de textesd’ados de 4e et de 3e. Semet alors en place unecorrespondance entrePierre de Givenchy (lirenotre article) et cesjeunes. Elle est souventsi riche qu’une collectionverra le jour aux éditionsde l’Harmattan ; et si im-portante qu’elle s’ap-

puiera, au fil des ans, sur un réseau d’adultes.Réclamé dès lors dans les collèges et lycées,Pierre lancera l’écriture spontanée dans lesétablissements scolaires. Dans le même temps,il commencera à recevoir des journaux in-times. Avec l’accord de leurs jeunes auteurs,certains seront publiés. Quant aux autres, ilsseront archivés et précieusement gardés. Ilssont aujourd’hui plusieurs centaines, et lamaison de Pierre est devenue une sorte deconservatoire de ces journaux. En 1983, leprêtre crée l’association Vivre et l’Écrire quiessaime un peu partout en France, notam-ment depuis la création, en 1996, de Vivreet l’Écrire Formation-Animation (VEFA) quiforme à l’animation d’ateliers d’écriture**auprès de toutes sortes de publics : jeunesen milieu scolaire, personnes en grande dif-ficulté sociale, personnes âgées…, l’objectifétant avant tout de libérer l’écriture, de dé-velopper l’estime de soi et d’être valorisé.C’est alors que Vivre et l’Écrire se constitueen fédération. Aujourd’hui, tout ce qu’a lan-cé Pierre, intuitivement, se poursuit et se struc-ture avec une équipe élargie. Il y a trois ans,était lancé le premier Salon du livre écrit parles jeunes. Une nouvelle forme de corres-pondance est également en train de se mettreen place, par le biais des blogs, très prisésdes jeunes. Quant à VEFA, elle lance un ré-seau d’animateurs de différentes structuresdu Loiret. Le but étant d’échanger des pra-tiques. EDC

* Desclée de Brouwer, 1976.** Cf. sur ce thème, le dossier « Écrire, c’est vivre un peuplus », ECA 305 juin, pp. 21 à 29.

u Contact : Vivre et l’Écrire, 12 rue Notre-Dame-de-Recouvrance, 45000 Orléans.

Tél./fax : 02 38 62 32 38 – E-mail : [email protected] : www.vivreetlecrire.com

confie en lui disant qu’il peut inventer ce qu’ilveut. Mgr Riobé n’a qu’une seule exigence :Pierre doit le tenir au courant de ses inven-tions. Une aubaine !

Longue et merveilleuse aventureC’est ainsi que Pierre s’installe dans cettemaison sans savoir vers quoi elle va le mener.Dans un premier temps, elle est un lieu derencontre pour les chrétiens en marge etune ruche dans laquelle le prêtre va s’attelerà répondre à la correspondance des jeunes,chaque jour plus abondante. Celle-ci mar-quera le début de la longue et merveilleuseaventure de l’écriture avec des ados : à tra-vers des ateliers d’écriture spontanée qu’illancera en visitant les collèges et lycées deFrance ; à travers aussi la création de l’asso-ciation Vivre et l’Écrire, la publication dejournaux intimes d’adolescents – « Je découvretout un monde incroyable ! » –, leur archivage –toute une pièce de sa maison déborde de cesjournaux – et mille et une choses qui se pour-suivent aujourd’hui (cf. encadré). « La plupartde ces jeunes qui m’ont écrit et continuent dem’écrire, je ne les ai jamais rencontrés. C’est uneexpérience de relations humaines extraordinaire.Une expérience “au-delà” de la psychologie. C’estde l’ordre du vivant, de l’authentique. Ils écriventsouvent quand ils ne vont pas bien. On ressentbeaucoup de pessimisme de leur part, sur la vie.Tout doucement, progressivement, par le dia-logue écrit, on les amène à aller vers le bien, lebon, à marcher vers le bénéfique. Quand cela arepris le dessus, ils n’ont plus besoin d’écrire. »Pendant des années, la Maison fonctionnerasur ces deux axes. « Je n’avais jamais pensé àautre chose », reconnaît Pierre. Rencontres ethasards donneront au lieu un autre statut. Unjeune couple vient le voir pour lui demanderune salle pour faire zazen. À l’époque, Pierreignore tout de cette tradition. Puis un musul-man lui demande un hébergement. Lesbouddhistes tibétains viennent ensuite frap-per à sa porte. Le MAN, Mouvement pourune alternative non-violente, se réunit dansles locaux. C’est ainsi que la Maison devient leDojo d’Orléans, le lieu de prières et de ren-contres des musulmans, des chrétiens et desbouddhistes. Un autre prêtre, délégué parl’évêque pour le dialogue interreligieux, assis-te à ces réunions et crée l’association Cultureset Spiritualités. « Chacun vient pour vivre sa foi,souligne Pierre. À force de nous rencontrer, nousavons dialogué, entre frères. C’est une démarchepar l’expérience et la vie, non par le dogme. Jen’avais aucune idée de cela, il y a trente ans. Mais jele redis. Mgr Riobé a sauvé ma vie de prêtre. Grâce àlui, j’ai trouvé une fonction qui n’est pas liée aux sa-crements, aux messes, mais qui est de créer la frater-nité. C’est sans doute cela qu’il serait bon de fairepour créer une autre Église. » k

D.R

.

325 portrait p32-33 OK 12/06/08 12:33 Page 31

Page 34: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

prennent leur métier d’élève, jusqu’à retrou-ver l’espoir, le goût de la réussite et l’envie depoursuivre des études. Le tout en intégrant lescontraintes de socialisation : respect de soi, desautres, des règles, organisation personnelle.

Associations originalesCette « revanche sur le scolaire » a un prix : l’im-plication sans faille d’une équipe pédagogiquetrès soudée et recrutée sur « postes à profil ».En 2003, à l’occasion d’un renouvellement im-portant de ses huit professeurs, l’établissementa mené une analyse de ses pratiques avec l’INS-HEA3 (cf. encadré). Ces échanges ont per-mis de « formaliser des pratiques que nous élabo-rons de manière empirique. Nous qui sommes prin-cipalement concentrés sur la relation avec les élèves,nous avons pu adopter une posture réflexive surles champs académique et disciplinaire. La cultu-re commune déjà très forte de Saint-Louis a ain-si gagné une dimension supplémentaire », détailleGrégoire de Préval. De leur côté, les forma-teurs spécialistes de l’enseignement adapté ontaussi beaucoup appris de cette découverte del’intérieur d’une pédagogie « centrée sur la per-sonne dans l’élève » selon Jacqueline Puyalet. Le travail de réconciliation avec le scolaire s’ef-fectue d’abord par le changement de regardque l’institution porte sur ces garçons, l’utilisa-

34 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Réconcilier avec l’école, c’est la vocation du collège Saint-Louis1, à Paris. Cette petite structure de 80 élèves – uniquement des garçons – aborde l’échec scolaire avec l’éclairage « pédo-psy ».

VIRGINIE LERAY

Enrichir la pédagogie par les apportsdu secteur médico-psychologique.Ce postulat original est né, en 1965,de la rencontre du directeur du collège Saint-Louis (Paris XVe),

Pierre Grandsire2, et du pédopsychiatre Claude Sallou. Avec des enseignants, tel Jean-Yves Le Bourhis, psychologue, l’établissementn’a cessé d’approfondir cette voie. Son projet :réconcilier avec les apprentissages des enfants,normalement intelligents mais mal adaptés ausystème scolaire pour des raisons diverses (ryth-me, histoire personnelle, familiale ou scolaire).Dès qu’un élève est recruté, les deux psycho-logues du collège jouent un rôle clef puisqu’ilsreconstituent l’histoire de l’enfant, avec ses pa-rents. Une journée d’observation avec les en-seignants leur permet ensuite d’évaluer son ni-veau intellectuel et scolaire, et son comportementen groupe.Le collège Saint-Louis, comme une parenthèsepour réintégrer, si possible, un établissementplus classique, cherche à rendre confiance etestime d’eux-mêmes à ces élèves (des garçons,uniquement) en difficulté, au terme d’un tra-vail axé sur le relationnel. À leur rythme, cesjeunes retrouvent un cadre, des habitudes detravail, des projets et des objectifs. Ainsi, ils ap-

Initiatives / collège / décrocheurs

tion de méthodes de travail et d’outils particu-liers. Pour déconditionner la relation avec l’en-seignant, souvent vécue comme persécutrice,aucune note n’est distribuée au premier tri-mestre. Le temps d’apprendre à gérer le stressde l’évaluation et, surtout, d’en retrouver lesens. « Pour autant, nos exigences sont toujours trèsfortes puisque chaque rendu de devoir s’accompagned’une liste des compétences à travailler », préciseGrégoire de Préval. Dans le souci de faire aus-si retomber la pression familiale et de permettreaux élèves de développer une vie personnelleextrascolaire, les devoirs à la maison ne réap-paraissent qu’après les vacances de Noël et seu-lement pour les niveaux de 4e et de 3e. Sinon,le travail personnel s’apprend dans le cadred’études dirigées. « Parfois décriées comme dessolutions de facilité, ces options sont en réalité despostures pédagogiques pleinement assumées et exploitées à Saint-Louis, commente admiratifJean-Luc Guyot, de l’INS-HEA. Elles deman-dent un gros travail de la part des enseignants quiont d’ailleurs élaboré l’outil du plan de travailpour leur donner toute leur cohérence. Innovant,ce document joue à la fois le rôle de carnet de liai-son avec les parents, d’agenda et d’organisateurdu travail personnel de l’élève. »Autre particularité du collège : la polyvalencedisciplinaire des professeurs qui y enseignent.Maths-physique-musique, anglais-français-

Ordonnance pédagogique po ur chagrin d’école

Projets et objectifs. Soutenus par leurs professeurs et leurs familles, les élèves « à problèmes » trouvent une solution.

© V

.Le

ray

325 init decrocheurs p34-35 OK 12/06/08 12:34 Page 34

Page 35: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 35

histoire-géographie… Des associations origi-nales, en fonction des aspirations et compé-tences de chacun. Résultat, un temps de pré-sence accru face aux élèves facilite l’entrée dansune relation de confiance. « Loin des débatsidéologiques sur cette question, les professeurs deSaint-Louis appliquent cette polyvalence natu-rellement, sans qu’elle soit imposée d’en haut, parcequ’elle répond aux besoins de leurs élèves », constateJacqueline Puyalet. Le pôle éducatif constitue un autre point fortde l'établissement, avec, pour 80 élèves, quatresurveillants et deux conseillers principaux d’édu-cation. L’un d’eux, Philippe Grassiot, expliquecombien il est important de créer une relationde confiance avec ces jeunes : « Nous veillons àorganiser des conditions de vie leur permettant d’êtreplus sereins et disponibles pour les apprentissages.Avec bienveillance, on les accompagne dans leursdifficultés, on les encourage à prendre soin d’eux-mêmes, à verbaliser et à mettre un terme aux conflitsqui les envahissent, à maîtriser leur émotivité débordante. On les aide à respecter le cadre mis enplace pour leur sécurité. Cela se transmet aussi parl’exemple des adultes pour qui le respect de la personne est au cœur de la pratique. »Enfin, à Saint-Louis, les équipes enseignanteet médico-psychologique – deux psychologues,deux pédopsychiatres et deux orthopho-nistes – se concertent très fréquemment. Chaquetrimestre, des réunions générales, souvent ani-mées par les médecins de l’équipe, approfon-dissent des thèmes comme, récemment, le fonc-tionnement de la mémoire ou l’hyperactivité.Dans la logique d’un suivi individualisé, l’équi-pe pédagogique élargie dresse aussi le bilan deprogression d’un élève, au cours d’une « ré-union de synthèse » hebdomadaire. Pour Lydie Zolotovsky, professeur de mathématiques,« l’éclairage “pédopsy” nous apporte des élémentssur le vécu et le fonctionnement de l’élève. J’ai,par exemple, découvert qu’un jeune que je croyaispeu investi, était en fait sujet à des crises d’an-goisse avant les contrôles ».

Les psychologues peuvent encore apporter leurmédiation dans un conflit, expliquer une situation familiale difficile ou pourquoi un en-fant adopté peut ne pas supporter l’autono-mie, vivant le « débrouille-toi » comme un nou-vel abandon… Enfin, ils interviennent, à la

demande, auprès des élèves et des parents quile souhaitent, conseillant au besoin un suivi approprié à l’extérieur.Partenaires indispensables de cette remédia-tion, les familles réinvestissent ainsi peu à peuleur rôle d’éducateur au fil d’une année ja-lonnée de rencontres avec les professeurs, aumoment de l’inscription, de la réunion de ren-trée, puis de l’entretien avec le professeur prin-cipal. En décembre, ils font part de leur res-senti au cours d’un échange collectif. Enfin,au second semestre, l’équipe reçoit un à unles parents d’élèves d’une même classe. Sansoublier, pour les 3es, la réunion d’orientation,autour de laquelle un gros travail est mis enœuvre.Au final, l’inventivité et la cohérence du projetd’établissement de Saint-Louis ont forcé l’ad-

miration des intervenants de l’INS-HEA. PourGrégoire de Préval, « cette reconnaissance est d’au-tant plus précieuse qu’on avait parfois le sentimentd’être mal compris, de bricoler dans notre coin, d’êtresuspecté de ghettoïser les élèves à problèmes ». Teln’est plus le cas. La tutelle académique a prisla mesure de l’utilité du travail effectué : Saint-Louis a finalement pu conserver la dérogationd’effectif4 qu’il était menacé de perdre. k

1. Adresse : 82 rue de l’Abbé-Groult, 75015 Paris. Tél. : 01 48 28 38 57.2. Pédagogue reconnu, auteur notamment, avec Raymond Afchain,de La pratique du français (Les Éditions de l’École).3. Institut national supérieur de formation et de recherche pourl'éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés,58 avenue des Landes, 92150 Suresnes. Tél. : 01 41 44 31 00.Internet : www.inshea.fr4. Chaque classe compte de 18 à 22 élèves, contre 12 en sectiond’enseignement général et professionnel adapté (Segpa) ou endispositif-relais, à titre de comparaison.

e po ur chagrin d’école

Entre autres particularités du collège :la polyvalence disciplinaire

des professeurs qui y enseignent.

Phot

os :

V.Le

ray

Travaux divers. Montage d’une fusée...

... Libre expression...

... Modèles réduits de voitures.

... Maquette d’une maison...

Outils pour élèves en difficulté

sLes formateurs de l’INS-HEA* ont étudiéce qui, dans le dispositif Saint-Louis (lire

notre article), serait transposable dans d’autresétablissements. Ils ont également partagé leurexpérience de l’enseignement adapté. Aveceux, les enseignants de ce collège parisien ont,par exemple, analysé collectivement leurs pra-tiques à partir d'observations et/ou de mises ensituation pédagogique. Une démarche qui senourrit des échanges interdisciplinaires : « C’estdans des discussions pédagogiques entre pro-fesseurs de différentes matières que naissentdes applications didactiques différentes »,explique Jean-Luc Guyot. Les enseignants ontaussi bénéficié de formation aux outils**, utili-sés notamment dans les dispositifs-relais : enfrançais, le dossier Lire et écrire, un plaisir retrouvé, ou en mathématiques, des dossierstels que Aire et périmètre où l’on apprend àaborder conjointement les deux notions quis’éclairent l’une l’autre. Ils ont aussi été initiésaux Langagiciels ***.Enfin, ils ont amorcé ensemble un travail sur lepassage à l’écrit, lieu de transversalité par excellence. Principal écueil à éviter, pointé parles formateurs : ne pas se focaliser sur l’ortho-graphe des productions écrites. Il est préférablede mettre en place une double évaluation oude ne revenir à l’orthographe que dans un second temps pour d’abord privilégier lesidées. En effet, se focaliser sur l’orthographeprovoque des comportements d’autocensurechez les élèves. Autre idée : mettre à leur dispo-sition des panneaux d’expression pour libérerleur parole. VL

* Cf. note 3 de l’article.** Ces dossiers sont téléchargeables sur internet :http://www.eduscol.education.fr (cliquer sur « Sommaire »/« Collège » / « Dispositifs relais » / « Outils pédagogiques »).*** Outils informatiques élaboréé par l'association EcLire etdiffusés par l'INS-HEA. Internet: www.langagiciels.com

325 init decrocheurs p34-35 OK 12/06/08 12:34 Page 35

Page 36: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

sans toujours pouvoir le nommer. Ilssont en demande d’un idéal de vie etd’une spiritualité qui repose sur Dieu.Ils sont aussi demandeurs d’un retourà l’intériorité. Il y avait là un vrai défipour notre communauté chrétiennequi se devait de répondre à ces at-tentes. » Cette volonté de re-joindre les jeunes dans leurs aspi-rations, là où ils en sont, a amenél’établissement à se tourner versle Mej : « un mouvement d’Églisedont le but est d’aider chaque jeune àfaire le lien entre sa vie et sa foi et àtrouver son propre chemin, à partir detout ce qu’il découvre », expliqueFrançois David.« Mais attention, poursuit-il, il nes’agissait pas de sous-traiter au Mej laquestion de la pastorale dans l’établis-sement. L’enjeu était de croiser le pro-jet éducatif du Mej et le volet pastoral

36 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Trop scolaire la catéchèse en 5e/4e ? Au collège Edmont-Michelet de Brive-la-Gaillarde, tout a été repensé avec leMouvement eucharistique des jeunes (Mej). Le succès est tel que l’expérience va s’étendre à la 3e et même au lycée !VÉRONIQUE GLINEUR

Cette année, 87 col-légiens de l’en-semble scolaireEdmond-Miche-let1 de Brive-la-

Gaillarde (Corrèze) ont été in-vités à suivre un chemin decatéchèse fondé sur le projetdu Mouvement eucharistiquedes jeunes (Mej, cf. encadré).Parmi eux, 63 élèves de 5e fontpartie des équipes « JeunesTémoins » ; les autres, en 4e,ont intégré les équipes « Té-moins Aujourd’hui ». En-semble, ils cherchent à allerplus loin dans leur désir d’ap-profondir leur foi et de réus-sir leur vie. « Le Mej, explique François David, le chef d’établisse-ment, est proposé, pour le mo-ment, à tous les élèves du cycle cen-tral du collège dans le cadre de lacatéchèse. À la prochaine rentrée,le projet sera mis en place à l’inten-tion des élèves de 3e. » Ce projet,l’équipe de direction, élargie àl’équipe d’animation pastorale,l’a construit après avoir fait leconstat que la catéchèse tellequ’elle était proposée dans l’éta-blissement ne répondait pas auxattentes des élèves de 5e et au-delà. Elle empruntait sans doutetrop à la forme scolaire – le termede catéchèse renvoyant aux no-tions de programme, de conte-nus transmis, de cours, d’ensei-gnement… – et il convenait de lafaire évoluer.« En effet, explique frère Nicolas2,les jeunes sont en quête d’espérance,en quête de quelque chose de profond

Initiatives /collège

du projet éducatif de l’établissementde telle sorte qu’ils se fécondent mu-tuellement. »

Écouter, s’exprimer, agirÀ Edmond-Michelet, les équi-pes de collégiens se retrouvent àraison d’une heure tous lesquinze jours, une heure inscritedans le temps scolaire, ce qui,

aux dires des « JeunesTémoins » rencontrés,est trop peu. Ces heuressont encadrées par unadulte, un « aîné dans lafoi » selon l’expressiondes évêques de France3.« L’adulte est à la fois ani-mateur et éducateur, préci-se Corinne Magne4. Ilaccompagne les jeunes surleur chemin de croissance, ilest témoin de ce qui les faitvivre et révélateur de leurstalents. » Et l’animatricedu projet de rappelerque « la pédagogie dumouvement repose d’abordsur la connaissance du jeu-ne avant d’évoquer avec luile Christ. C ’est le point

de départ de toutedémarche. Elle doitpermettre à cha-cun de “chercher ettrouver Dieu entoute chose”, pourreprendre la for-mule de saint Igna-ce, c’est-à-dire dereconnaître quetoutes nos occupa-tions sont une occa-sion de rencontrerDieu ».

Conséquence, l’animateur s’at-tache d’abord à écouter lesjeunes, à connaître ce qui faitleur vie. « Les jeunes ont des at-tentes, à nous de les rejoindre »,souligne Corinne Magne.Chaque rencontre d’équipecomprend des activités pourapprendre aux jeunes à écou-ter, s’exprimer, choisir et agirensemble.

Renouveler la catéchèseau collège avec le Mej

Équipe. Corinne Magne et quelques-uns des « JeunesTémoins », élèves en classe de cinquième.

D. R

.

D. R

.

325 init Mej p36-37 OK 12/06/08 12:35 Page 36

Page 37: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 37

« Cette année, explique Pierre-François, un des « Jeunes Té-moins », l’équipe construit une ca-méra en carton pour réaliser un filmsur la beauté du monde qui nous en-toure, en utilisant des supports divers(images, BD, fresques...) . La camérareprésente toute l’équipe. La nôtres’appelle “Étoile”. À la fin de l’année,nous pourrons regarder le cheminparcouru. » Le « chemin parcouru », c’est le ras-semblement avec les équipesMej de Saint-Junien5, auquel ontparticipé les “méjistes” de 5e. Cesont aussi quelques momentsdifficiles. « Les réunions se terminent par untemps de prière que nous préparonschacun à notre tour », poursuitLouis. « On allume une bougie,ajoute Claire. Elle montre que Dieuest avec nous. » Autre moment essentiel desréunions – spiritualité igna-tienne oblige –, le temps de re-lecture en équipe du carnetpersonnel. « On a chacun unmémento avec quatre thèmes :Dieu, la famille, l’école, les va-cances. Chacun y écrit ce qui estimportant pour lui, explique Pau-

line. On peut noter les momentsqu’on a vécus en famille, l’effortqu’on va essayer de faire à l’école, laplace qu’a eue Dieu pendant la se-maine… Chacun peut lire ce qui aété important pour lui, ce qui l’a

« À la fin de l’année,nous pourrons

regarder le cheminparcouru. »

Le Mej* en brefsLe Mouvement eucharistique des jeunes (Mej) est un mouvement éducatif, s’inspirant

de la spiritualité ignatienne. Il accompagne les jeunes de 7 à 21 ans dans leur croissancehumaine et spirituelle. Le Mej leur propose de prendre le temps de regarder leur vie pour ytrouver des signes de Dieu et les invite à enraciner leur vie dans l’Eucharistie vécue et célébrée.

L’HISTOIREEn 1844, de jeunes jésuites sont appelés à faire l’offrande quotidienne de leurs activitéspar la prière, rejoignant ainsi l’attitude du Christ dans son Eucharistie. Dans la même démarche, les Jésuites créent la Croisade eucharistique des enfants en 1914. En 1960, àRome, lors d’un pèlerinage de la Croisade eucharistique de France, le Pape Jean XXIII don-ne sa bénédiction « aux Cadettes, Messagères et Chevaliers du Christ qui représentent leMouvement eucharistique français... ». En 1962, la Croisade prend le nom de « Mouve-

ment eucharistique des jeunes ». Dénomination qui est approuvée la même année par l’Assemblée des cardinaux et archevêques de France.

LES POINTS D’ATTENTIONl L’expression : le Mej encourage l’expression de tous les jeunes. Il les aide à mieux entrer en relation avec les autres et avec Dieu et à prendre desresponsabilités.l L’ouverture : le Mej permet aux jeunes de s’ouvrir aux personnes proches ou lointaines. Il les invite à être solidaires et à s’engager.l L’approfondissement de la foi : le Mej permet une approche personnelle et communautaire de Jésus-Christ.

LA VIE EN ÉQUIPESelon leur âge, les jeunes sont accueillis dans des équipes encadrées par un adulte : « Feu Nouveau » (7-10 ans), « Jeunes Témoins » (10-13 ans), « Témoins Aujourd’hui » (12-15 ans), « Équipes Espérance » (15-18 ans) et « Équipes Apostoliques » (18-21 ans). Les jeunes y apprennent à accueillir ladifférence comme une richesse, à donner le meilleur d’eux-mêmes au service des autres, au nom de l’Évangile, à prier et célébrer ensemble.

* Mouvement eucharistique des jeunes, 26 rue Molitor, 75016 Paris. Tél. : 01 40 71 70 00. Internet : www.mej.fr

marqué. Ensuite on prend le tempsd’échanger entre nous et avec Corin-ne. En fin d’année, on pourra voircomment on a grandi. »Pour Corinne Magne, les défisne manquent pas. « L’urgence au-jourd’hui est de trouver des anima-teurs – et pourquoi pas parmi les en-seignants ou les éducateurs de l’éta-blissement – pour encadrer leséquipes. Nous ne sommes que quatrepour les 14 équipes Mej de l’établisse-ment, un nombre qui va augmenterdès la rentrée 2008. Ces animateurs,il faudra ensuite les former. »

Moments privilégiésAutre défi à relever, la participa-tion des équipes de collégiensd’Edmond-Michelet aux tempsforts que constituent les rassem-blements organisés par le Mej.Ces rassemblements sont l’occa-sion de souder et de dynamiserles équipes. Ils constituent aussipour les jeunes – et leurs anima-teurs – des moments privilégiéspour échanger sur la vie deséquipes, vivre ensemble destemps spirituels. Ils doivent aus-si leur permettre de réaliser que

d’autres vivent la même foiqu’eux et leur donner envied’en témoigner autour d’eux.« Ils sont particulièrement appréciéspar les jeunes, souligne CorinneMagne. En avril dernier, nos élèvesont beaucoup apprécié le week-endpassé avec les équipes Mej de Saint-Junien. Ils souhaitent qu’une telleinitiative se renouvelle. Peut-être cet-te fois en dépassant le cadre de la ré-gion. »« À plus long terme, précise Fran-çois David, l’objectif est que le projetpoursuive sa montée en charge, quedes équipes se mettent en place au lycée et que toute la communauté édu-cative se sente partie prenante du pro-jet Mej. » k

1. Adresse : 3 rue Bernard-Denoix, 19100 Brive-la-Gaillarde. Tél. : 05 55 17 61 70. Internet :www.edmichelet-brive.fr2. Prêtre accompagnateur de l’école, membrede la communauté franciscaine de Brive.3. Conférence des évêques de France, Textenational pour l’orientation de la catéchèse en France et principes d’organisation,Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, 2006.4. Animatrice en pastorale scolaire et coordi-natrice du projet Mej.5. Il n’y a, en effet, sur la région Limousin quedeux lieux d’implantation du Mej : Saint-Junien (Haute-Vienne, diocèse de Limoges) etBrive (Corrèze, diocèse de Tulle).

D. R

.

325 init Mej p36-37 OK 12/06/08 12:35 Page 37

Page 38: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

38 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

La Fnogec poursuit donc la professionnali-sation de ses 10 % de salariés aides-comp-tables, comptables, chefs comptables, atta-chés de gestion, responsables financiers (5 000 à 6 000 salariés renforcés par 1 000 à2 000 bénévoles). Comment ? En accompa-gnant la création d’un réseau territorial depersonnes-ressources (observateurs écono-miques, centres de gestion…) pour les aiderdans l’élaboration des bilans annuels et dif-fuser des outils logiciels ou des guides comp-tables ad hoc. Mais elle joue aussi désormaisla carte de la formation. Une pratique pourlaquelle les salariés de ce secteur sont préci-sément en forte demande.

De concert avec la commission paritaire natio-nale des PSAEE1 et l’organisme paritaire OPCA-EFP2 (cf. encadré), un parcours quali-

Devenir attaché de gestionfiant d’attaché de gestion (catégorie 4) a ainsiété élaboré. Statut qui ne disposait jusqu’alorsd’aucune offre de formation.

VeilleurPublic concerné : les comptables et gestion-naires d’un tiers environ des 5 500 Ogec. Soitceux qui œuvrent dans les établissementsscolaires de taille moyenne – de 500 à

1 500 élèves. L’objectif ? Élargir leur rôle quine se cantonnera alors plus à l’enregistre-ment des opérations financières, le suivi de latrésorerie et les règlements des familles. « Au-delà, le gestionnaire élabore, en lien avec le chefd’établissement et le président d’Ogec, des budgetsannuels et des plans pluriannuels. Il travailleavec des experts extérieurs, notamment dans le do-maine de l’immobilier, se charge de demander etd’analyser des devis et de comparer les proposi-tions des fournisseurs en matière de restaurationou de prestation de nettoyage, par exemple », explique Claude Bauquis. À la fois polyvalentet force de proposition, il affine également sonrôle de veilleur de la comptabilité, ce qui lerend à même de rédiger lui-même des projetsde bilan. La Fnogec espère ainsi développerde solides compétences de gestionnaires ausein des établissements. Cela éviterait de re-courir à des prestations d’experts-comptablesextérieurs, qui sont coûteuses et trop ponc-tuelles pour mettre à l’abri des mauvaises sur-prises de fin d’année. Enfin, cette formation offre une véritable pers-pective de carrière aux comptables des établis-sements : l’attaché de gestion peut ensuite évo-luer vers l’échelon 5 de responsable adminis-tratif, financier et technique, véritable brasdroit du chef d’établissement. Pour cette fonc-tion, comme pour la catégorie 3 des comp-tables, des dispositifs de formation adaptésfont défaut… en attendant que les acteurs dela branche ne concoctent des parcours de for-mation internes à l’enseignement catholique.Des chantiers à suivre. k

1. Personnels des services administratifs, économiques et édu-catifs.2. Organisme paritaire collecteur agréé – Enseignement et formation privés.

Formation

VIRGINIE LERAY

Les bons comptes font les bons éta-blissements. Un adage trop maté-rialiste pour le monde de l’ensei-gnement ? Et pourtant, ClaudeBauquis, de la Fédération nationa-

le des organismes de gestion de l’enseigne-ment catholique (Fnogec), rappelle combiendes finances saines participent à améliorer lamission d’accueil des établissements : « Ils’agit bien sûr d’abord de pouvoir présenter unbudget équilibré et irréprochable, puisque noussommes sous contrôle de l’État. Mais pas seule-ment. Il faut aussi dégager une capacité d’inves-tissement au service du projet pédagogique, pourl’acquisition de matériel, par exemple, ainsi quela constitution de réserves de trésorerie permet-tant le gros entretien, la remise aux normes, la rénovation ou l’extension des infrastructures immobilières », détaille-t-il. Problème : seuls des gestionnaires aguerrispeuvent se sentir à l’aise dans l’analyse finan-cière des associations réglementées de type loi1901 et s’aventurer sur le terrain délicat desinvestissements prévisionnels.

Cette formation offre une véritableperspective de carrière aux

comptables des établissements.

La Fnogec entend professionnaliser les personnels ayant en charge la comptabilité des établissements scolaires. Comment ? En leur proposant une formation

d’attaché de gestion qui leur permettra de devenir de véritables experts financiers.

L’ingénierie de la formationsAprès les surveillants-éducateurs, les attachés de gestion, l’OPCA-EFP* continue d’éla-

borer de nouvelles formations pour accompagner la refonte de la convention collecti-ve des personnels Ogec de juillet 2004. « Au-delà de notre rôle d’organisme collecteur, nousentrons là dans l’ingénierie de formation qui permet d’analyser une fonction et ses évolu-tions pour redéfinir son référentiel d’activité puis de compétence. Un travail de longue haleine effectué pour et avec les acteurs de la branche », explique Sylvie Truchot, directricede l’OPCA-EFP. Tout a commencé par une demande émanant de la Commission paritaire na-tionale des personnels des services administratifs, économiques et éducatifs (CPN-PSAEE),soucieuse de pallier le déficit de formation des gestionnaires de l’échelon 4. L’OPCA a tra-vaillé ensuite pour cerner le nouveau métier de ces économes. À partir de dizaines d’entre-tiens menés dans trois régions, l’OPCA-EFP a ainsi bâti un cahier des charges de formationsur mesure, validé, étape par étape, par un comité de pilotage réunissant tous les acteurs dela branche. Au final, deux parcours très consistants vers ce statut ont été homologués : l’unpour entrer dans la profession (échelon 1), l’autre pour accéder à l’échelon 4.2. Après appeld’offres, la Fnogec a été habilitée à délivrer cette formation qualifiante. Et une trentaine deces superintendants seront opérationnels au début de 2009. VL

* Cf. note 2 de l’article.

325 Form p38-39 OK 12/06/08 12:36 Page 38

Page 39: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Nathalie Ferré, une comptable attirée par les ressources humaines

Depuis six ans, Nathalie Ferré assure,seule en poste, la comptabilité du col-lège Richelieu1 de La Roche-sur-Yon(Vendée), 620 élèves. Suivi de la tré-

sorerie, établissement des paies du personnelnon enseignant, bilan prévisionnel élaboréavec le chef d’établissement et clôture descomptes avec le renfort d’un cabinet comp-table extérieur… « Mes semaines sont bien rem-plies, mais, avec le temps, une certaine routine s’ins-talle. Lorsqu’une collègue m’a parlé de la formationd’attaché de gestion de la Fnogec, j’ai saisi cette op-portunité de me remotiver et d’acquérir de nouvellescompétences », explique-t-elle.Le feu vert de son directeur obtenu, elle a dé-buté sa formation en février. Sa session compteune quinzaine de personnes, parfois venuesd’horizons très différents, comme cette ensei-gnante d’allemand en reconversion ou cecomptable au passé de biologiste. NathalieFerré a beau avoir un DESS2 de gestion à sonactif, elle doit s’accrocher pour suivre l’ambi-tieux programme de formation : « Les semainessont très denses… Presque trop, car il est vraimentdifficile d’assimiler tant de connaissances ! » Néanmoins, c’est avec enthousiasme que Nathalie Ferré a découvert l’univers du mana-gement : « Les ressources humaines m’ont toujoursattirée mais, en baignant dans les chiffres, j’avais deslacunes dans ce domaine. Je pourrai désormais m’in-vestir davantage, en déchargeant par exemple le di-

recteur de certains entretiens annuels. Il m’arrive dé-jà de m’occuper de certains personnels, mais là, monintervention sera plus légitime. » Nathalie Ferréaura, en effet, acquis des connaissances en ma-tière de législation sociale : « Même si la loi Tepa[travail, emploi, pouvoir d’achat], sur la défisca-lisation des heures supplémentaires reste obscure, àcause des ambiguïtés de ce texte, les intervenants ontsu nous exposer les principes du droit social de maniè-re claire et très vivante. » Du fonctionnement d’un comité d’entreprisejusqu’aux subtilités de la Documentation so-ciale de l’enseignement libre (DSEL), en pas-sant par le rôle des syndicats, le contenu estéclectique. Autre découverte utile, celle desrouages de l’institution, car « connaître le fonc-tionnement des tutelles, les rapports hiérarchiques aide à mieux se positionner ».L’an prochain, Nathalie Ferré effectuera sesdeux fois une semaine de stage au lycéeNotre-Dame-du-Roc3, le plus grand établisse-ment de Vendée, « histoire de découvrir le fonc-tionnement d’une structure de 1 700 élèves, dotéed’un service comptable de quatre personnes ». Uneexpérience qui lui permettra d’endosser sanouvelle fonction d’intendante… et de clôtu-rer ses comptes sans aide extérieure. VL

1. Adresse : 10, rue François-Truffaut, BP 349 - 85009 La Roche-sur-Yon Cedex. 2. Diplôme d’études supérieures spécialisées.3. Adresse : rue Charlemagne, 85000 La Roche-sur-Yon Cedex.

D.R

.

Le point

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 39

Parcours de formation Qui ?La formation s’adresse aux personnels exerçant unefonction de comptable dans les établissements. Ilsdoivent être titulaires d’un bac + 2 (Deug ou IUT) oubien attester de solides compétences professionnelles.Dernier critère : l’élargissement des compétences du comptable doit correspondre à un besoin réel del’établissement. Le directeur et le président d’Ogec de l’établissement doivent donc appuyer sa candidatureet projeter de créer un poste d’attaché de gestion.

La formation de la FnogecSur un an, la Fédération nationale des organismes degestion de l’enseignement catholique (Fnogec) propose200 heures de formation, réparties en 8 séquences.Parmi les formateurs, interviennent des gestionnairesde l’enseignement catholique, des experts-comptables,des juristes, des spécialistes des ressources humaineset de la gestion immobilière.Deux fois une semaine de stage dans un établissementautre que celui de rattachement permettentd’approfondir sur le terrain les deux cœurs de métierde la fonction : au premier trimestre, il s’agit des’exercer au volet comptabilité ; au deuxième trimestre,à l’heure de la mise en place des budgetsprévisionnels, le stagiaire appréhende la dimension de gestionnaire.

Prochaine étape : une formation à l’échelon 4.2Pour confirmer les compétences des attachés de gestion déjà en poste, un second référentielformation a été mis au point. Sa mise en œuvre n’est pas encore engagée.

Adressesl Fnogec, 277 rue Saint-Jacques, 75240 Paris Cedex 05.Tél. : 01 53 73 74 40. Internet : www.fnogec.org E-mail : [email protected] CPN des PSAEE (Commission paritaire nationaledes personnels des services administratifs,économiques et éducatifs), 277 rue Saint-Jacques,75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 74 40. E-mail : [email protected] OPCA-EFP (Organisme paritaire collecteur agréé-Enseignement et formations privés), 20-22 rue Saint-Amand, 75 015 Paris. Tél. : 01 45 31 01 02.Internet : www.opcaefp.fr - E-mail : [email protected]

325 Form p38-39 OK 12/06/08 12:36 Page 39

Page 40: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

parooles d’d’élèvves

Sixtine (6e) : La première opération aconsisté à informer tout l’établissementque les piles contenaient des produitstoxiques et qu’il ne fallait donc pas lesjeter dans la nature.Julien (6e) : En effet, deux tiers des Fran-çais continuent à les jeter n’importe oùalors qu’elles peuvent contaminer jus-qu’à 50 000 litres d’eau !Marin (6e) : Les éco-délégués ont remisune lettre à la directrice pour lui pré-senter notre projet de faire de l’établis-sement une plate-forme de recyclage depiles. Elle nous a reçus en entretien etnous a donné son accord.Julien : Avec mon grand-père, j’ai confec-tionné un collecteur de piles entière-ment recyclable avec des bouts de boisramassés en forêt et de la peinture bio.Nous l’avons installé et nous avons misdes affiches partout dans l’établissementpour le signaler à tout le monde.Sixtine : On est même passés le présen-ter dans toutes les classes, aux élèves duprimaire aussi, et même aux grands dulycée ! Violette (6e) : Sur le même principe, ona affiché des pancartes contre le gas-pillage de l’eau dans tous les sanitaires.Adrien (4e) : Dans notre classe, on a étu-dié les factures d’eau de l’école et, avecle professeur de mathématiques, nousavons calculé le débit d’un de nos robi-

nets à bouton poussoir comparé à celuid’un robinet laser. La différence est énor-me !Mélanie (4e) : On a présenté ces résul-tats dans les classes et, depuis cette sen-sibilisation, on économise 620 litres d’eaupar jour. On n’imaginait pas parvenir àun tel résultat.Clara (6e) : Pareil pour l’électricité, ona calculé l’économie qu’on réaliserait ens’équipant d’ampoules basse consom-mation.Adrien : Toujours pour informer, au CDI,on a créé un espace spécifique pour ran-ger les revues et la documentation trai-tant d’écologie. Pour cela, on a récupé-ré, nettoyé et réparé un vieux meubledestiné aux encombrants.Jeanne (6e) : On a aussi essayé d’intro-duire le tri sélectif à la cantine. Avec lechef cuisinier, on a réfléchi à l’installa-tion d’une poubelle spéciale où les élèvespourraient jeter leurs pots de laitage etles autres emballages comme ceux ayantcontenu du fromage, par exemple. Mal-heureusement, on a appris que les centresde tri n’acceptaient pas ce type de dé-chets.Adrien : Nous avons aussi été au jardindu Trocadéro pour l’exposition « Ex-plorateurs des mers », qui expliquait lephénomène de la montée des eaux etcomment les scientifiques l’observaient.

40 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Des éco-citoy ens brevetés

Cette année, Caroline Sageot, profes-seur de sciences de la vie et de la Ter-re (SVT) au collège Sainte Jeanne-Élisabeth1, à Paris, s’est emparée dudéveloppement durable comme thè-

me convergent de travail et de découverte pourtrois de ses classes de 6e et de 4e. « L’enjeu était deleur faire prendre conscience qu’il peuvent agir, à leurniveau, et de les amener vers des comportements plus solidaires, plus concernés, des modes de pensée plus responsables », raconte-t-elle. En itinéraire de découverte (IDD), en cours, du-rant l’heure de vie de classe, à l’occasion de nom-breuses sorties et d’un atelier spécialement crééle vendredi à midi, Caroline Sageot a organisé devéritables parcours de formation d’éco-citoyens.Celui des 6es est axé sur la consommation et sonimpact environnemental, tandis que les 4es ontaussi abordé les dimensions socio-économiquesdu développement durable. Une formation suivie à l’Institut supérieur de pé-dagogie2 et le site lancé par l’Éducation nationalepour relayer le Grenelle dans les établissementsscolaires3 ont aidé l’enseignante à transmettre cesconnaissances sur un mode ludique et participa-tif qui a achevé de conquérir les élèves. Leur en-thousiasme à décrire les actions menées et lesépais classeurs qui les recensent, copieuse docu-mentation à l’appui, l’attestent : expériences,

Pourquoi ne pas faire figurer, surle bulletin de 3e, une attestationd’éco-citoyen ? C’est l’idée deCaroline Sageot, professeur deSVT à Sainte-Jeanne-Élisabeth, à Paris. Dans son collège, elle a lancé une vraie dynamiqueautour du développement durable.

Marin, Julien et Sixtine Claire et Melvina

Caroline Sageot (à gauche) et Marie-Thérèse Martins, documentaliste.

participation à des concours, mini-débats…, autant de travaux qui leur ont« parlé », les ont incités à changer leurs ha-bitudes et à sensibiliser leur entourage à lasauvegarde de la planète.

« Pour aborder le chapitre “L’homme dans son en-vironnement”, au programme, j’ai aussi choisil’angle du développement durable. Toujours pourrendre ces notions plus vivantes, je suis partie del’actualité : la campagne de reforestation menée

Phot

os :

V. L

eray

© V

. Ler

ay

325 Paroles p40-41 OK 12/06/08 12:37 Page 40

Page 41: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 41

Mélanie : On aussi vu comment ils po-saient des balises pour surveiller les ani-maux des espèces en voie de disparition. Julien : Au cinéma, nous avons été voirNausicaä de la vallée du vent*, qui racon-te la révolte de la nature contre la pol-lutionAdrien : Et nous, Le jour d’après**, suivid’un débat sur le documentaire d’Al Gore. Mélanie : En arts plastiques chacun a réa-lisé un logo « développement durable ».Jeanne : Dans notre classe, un membrede l’association Artisans du monde***est venu expliquer le fonctionnementd’une coopérative de Panama : desfemmes de pêcheurs se sont mises en-semble pour faire de la vannerie, ce quipermet d’augmenter les revenus de leursfamilles. Ensuite nous avons débattu ducommerce équitable en cours d’histoire-géographie.Claire (6e) : J’ai été très intéressée par letravail qu’on a fait autour des bouteillesde jus d’orange : on a comparé lesmarques et dressé pour chacune le bi-lan écologique : d’où elles venaient, com-bien de kilomètres parcourus en avionou en bateau, sous forme de fruits oudéjà conditionnées. Amélie (6e) : J’ai réalisé deux expériencespour mesurer l’impact de la pollution.En mettant du colorant dans l’eau d’un

vase rempli de fleurs blanches, on re-marque bien que les fleurs absorbent leproduit et changent de couleur. On endéduit que l’animal qui la mange puisl’homme qui mange l’animal l’absorbentaussi. C’est toute la chaîne alimentairequi est contaminée. J’ai aussi mesuré lapollution de l’air qui rend une feuilleblanche toute grise.Melvina (6e) : Très souvent, en cours, onprend cinq minutes pour organiser unmini-débat. Au début de l’année, on par-tait le plus souvent d’articles de journauxamenés par Mme Sageot. Mais, mainte-nant, c’est nous qui les apportons !Margot (6e) : On a ainsi parlé des causesde la déforestation et découvert le ForestStewardship Council****, qui protège lesforêts. On a discuté des bio carburants,de leurs avantages mais aussi du risquede famine… Et de plein d’autres chosesencore !

PROPOS RECUEILLIS PAR VIRGINIE LERAY

* Ce film d’animation japonais (1984) d’Hayao Miyazaki(également auteur du manga original), était proposé auxscolaires dans le cadre d’un cycle programmé par le ci-néma Le Latina (Paris 4e), lors de la Semaine du déve-loppement durable.** The Day After Tomorrow (2004), film catastrophe deRoland Emmerich. *** Adresse : 53 bd de Strasbourg, 75010 Paris. Internet : www.artisansdumonde.org**** Conseil de surveillance des forêts, ONG interna-tionale. Internet : www.fsc.org

regard bienveillant cette belle initiative », elle veut in-tervenir à ce niveau : « J’entends légitimer le projet etle relayer le plus largement possible dans l’établissement,auprès des autres enseignants, mais aussi de l’adminis-tration. En effet, cette démarche s’inscrit pleinementdans l’esprit du socle commun et dans le type d’innova-

tions pédagogiques que le ministèreappelle de ses vœux. » Un conseilpédagogique, réuni pour ré-fléchir à la notion de compé-tences, a d’ores et déjà inscrit ledéveloppement durable parmiles choix des sujets d’IDD, de la6e à la 4e. Et à la rentrée 2008, lerèglement intérieur fera étatdu nouvel engagement de l’éta-blissement.De quoi favoriser la transversali-té déjà expérimentée par Caroli-ne Sageot et quelques collègues :en mathématiques pour calculer

les consommations, en anglais pour traduire de ladocumentation, en technologie pour réaliser ex-périences et maquettes, en histoire-géographiepour les questions liées au climat et à la mondiali-sation, et en français pour l’étude de textes. « Dans cette entreprise, le CDI6 a servi de véritable espacede convergence, les documentalistes guidant les élèvesdans leurs recherches, abonnant l’établissement à des re-vues spécialisées, informant sur les concours organiséssur ce thème7. Elles ont aussi encouragé des élèvesd’autres niveaux de classe à participer à la confection desaffiches pour nos campagnes de sensibilisation », sou-ligne Caroline Sageot.Quant aux parents, ils sont aussi partie prenante.L’Apel8 a ainsi organisé, le 23 mai dernier, une soi-rée développement durable avec projection dufilm Un Jour sur Terre9, conférences et dîner biodans de la vaisselle 100 % recyclable ! C’est dire sil’initiative de Caroline Sageot séduit et a de beauxjours devant elle. Pour la rentrée prochaine, lesidées fusent déjà : instaurer un système de troc,s’atteler au recyclage du papier, monter un ciné-club spécialisé et un atelier art et développementdurable. Et pourquoi pas s’associer avec d’autresétablissements ? À plus long terme, Isabelle Blan-din réfléchit même à la création d’une filière pro-fessionnelle autour des nouveaux métiers liés àl’environnement. Affaire à suivre, donc ! k

1. Adresse : 8 rue Maurice-de-La-Sizeranne 75007 Paris. Tél. : 01 53 58 59 00. Internet : www.sainte-jeanne-elisabeth.com 2. Centre de formation de l’Institut catholique de Paris. Adresse :ISP-Formation, 3 rue de l'Abbaye 75006 Paris. Internet :www.icp.fr/isp_formation 3. Adresse: www.lecoleagit.fr4. Adresse : www.1parisien1arbre.com5. Questionnaire à choix multiples.6. Centre de documentation et d’information.7. Les premières S envisagent de participer aux Olympiades aca-démiques des géosciences, créées pour compléter le concours général ouvert aux terminales S. Sur internet : www.education.gouv.fr/bo/2007/39/MENE0701723N.htm8. Association des parents d'élèves de l'enseignement libre. 9. Un film d’Alastair Fothergill.

Des éco-citoy ens brevetés

Louise et Nicolas, élèves de 4eClara et Violette

par la ville de Paris4. » Caroline Sageot a aussiconçu deux QCM5 d’évaluation. Car au-delà de l’expérimentation de cette année,elle souhaiterait pérenniser un « brevet dé-veloppement durable ». Comme les attesta-

tions de secourisme et de sécurité routière,le « passeport éco-citoyen » imaginé parl’enseignante figurerait sur le bulletin detroisième. Si Isabelle Blandin, la directrice,lui a laissé « carte blanche, observant avec un

Héléna

325 Paroles p40-41 OK 12/06/08 12:37 Page 41

Page 42: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

42 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

torze mois. Depuis quatre ans, tous deux ontpermis à quarante-neuf établissements sco-laires de faire ce voyage singulier, avec unepréparation en amont et une exploitation enaval dans lesquelles ils s’investissent personnel-lement (cf. encadré). Au fil de la visite d’uncamp puis de l’autre, notre groupe croise descollègues de l’Europe entière, accompagnésde grands adolescents visiblement très émus.

L’an dernier, Auschwitz a accueilli 1,2 millionde visiteurs. À ceux qui se demandent pour-quoi conduire des élèves dans ce cercle, bienterrestre, de l’Enfer, l’AFMA répond simple-ment : pour « développer une culture humanisteet civique » et encore pour « lutter contre l’anti-sémitisme ». Serge Frydman, lui, constate que « les élèves les plus durs en classe reviennent apai-sés. Eux qui sont dans la souffrance, se retrouventface à une souffrance tellement plus grande ! C’est

une leçon de vie ». Et d’évoquer avec émotionun adolescent qui se droguait et s’est arrêté netaprès le voyage en se mettant au travail. Dansles comptes rendus envoyés par les jeunes àl’AFMA, on lit, répété sur tous les tons : « Il fautse respecter, même si on n’est pas pareils », et aussi« Il faut toujours protéger celui qui est attaqué ». De telles initiatives montrent, si besoin est, queles établissements scolaires n’ont pas attendules injonctions de Nicolas Sarkozy pour parlerde l’Holocauste aux jeunes. Son souhait que « chaque élève de CM2 se voit confier la mémoired’un enfant français victime de la Shoah » ad’ailleurs dû être tempéré. Un rapport, remisà Xavier Darcos, à la fin d’avril, a conclu qu’ilfallait privilégier un « travail collectif » plutôtqu’un parrainage individuel et pas seulementsur « les enfants disparus mais tous les enfants, lesenfants cachés pendant la guerre par exemple »(cf. p. 47). Plusieurs pistes ont été retenues parle groupe de travail, piloté par Hélène Waysbord-Loing, inspectrice générale :« construire un vrai projet pédagogique », autour« d’un travail historique » et de « références

SYLVIE HORGUELIN

Sa présence n’a pas de prix.Claude Bloch, 79 ans, estlà parmi nous, debout. Cevieux monsieur, au regard

empreint de douceur, parcourtles allées quadrillées d’Auschwitzet raconte son histoire à ceux

qui osent lui poser des questions. Le 29 juin1944, « le premier jour des vacances d’été », sesouvient-il, il est arrêté avec sa mère et songrand-père. Au centre de la Gestapo de Lyonoù ils sont conduits, son grand-père meurt.Claude a 15 ans. Il est transféré au camp deDrancy, avant un départ pour la Pologne dansun wagon à bestiaux. Trois jours sans nourri-ture et sans eau, avec les morts que l’on entas-se dans le fond du wagon. Le 3 août 1944, lesportes s’ouvrent enfin sur un quai : c’est la « Judenrampe » où l’on opère la sélection. De samère, il ne saura plus rien. Lui sera dirigé versle camp d’Auschwitz, trois kilomètres à pieddans la nuit, à travers marécages et forêts. Aublock n° 2 où les hommes de son convoi sontentassés. Les anciens le renseignent : « Tu voisla cheminée, là-bas… » Au fil des heures, le rescapé complète les com-mentaires de la guide polonaise dont le ton dé-taché pour détailler l’horreur glace. Ausch-witz, c’est 1,1 million de morts. 69 000 Juifs deFrance y ont été déportés. 2 500 en sont reve-nus, dont Claude Bloch qui répète : « J’ai eu dela chance. » Chance, par exemple, de ne pasavoir été envoyé à Birkenau, le camp voisin, oùles conditions de vie étaient bien pires et l’espé-rance de vie infime. L’Association fonds mémoire d’Auschwitz (AFMA) a organisé ce voyage pour des profes-seurs qui reviendront avec leurs classes. L’AFMArassemble nombre d’enfants de déportés, telleClaudine Frydman qui arpente chaque année,avec son mari Serge, le terrain boueux de Birkenau où sa mère a séjourné pendant qua-

ReportagePologne

Debout. Claude Bloch, déporté à Auschwitz à l’âge de 15 ans, parle contre l’oubli.

Aucun cours d’histoire, aucunlivre, aucun film sur les camps ne pourra remplacer un séjour à Auschwitz. Cette plongée au cœur du Mal marque de façonindélébile les consciences. C’est pourquoi l’AFMA1 inviteles enseignants à y conduire leurs élèves. Récit de voyage…

Voir Auschwitz, de ses yeux voir

« Je ne sais pas comment tu as faitpour supporter tout ça ! »

© S

. Hor

guel

in

© S

. Hor

guel

in

325 report p42-43 OK 12/06/08 12:44 Page 42

Page 43: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 43

civiques ». Des pistes déjà mises en œuvre dansles voyages pédagogiques de l’AFMA…

SurvivantsMais revenons à Birkenau. La nature est belleen ce début de printemps, dans les bois oùtant d’horreurs se sont produites. Dans les fu-taies inondées de lumière, une photo floue,prise clandestinement par un détenu, estplantée dans la terre – comme un poignard :on y voit, en ce même endroit, des femmesnues se dirigeant vers la chambre à gaz. Plusloin, au bord d’un étang bucolique, quelquesstèles rappellent que son fond est rempli decendres et que nous nous trouvons dans leplus grand cimetière du monde. « Je ne mesuis jamais imaginé une minute que j’allais mou-rir », confie pourtant Claude Bloch. De fait, ilsera évacué par – 30° dans un train à charbon,à ciel ouvert. Il traversera ainsi la Polognepour être conduit dans une usine de sous-marins, puis transféré sur un cargo bourré

d’explosifs qui devait sauter avec ses prison-niers dans le port de Flensburg. Mais « ça n’apas marché », explique-t-il, placide. Le 10 mai1945, La Croix-Rouge suédoise le découvre,toujours vivant. « Vous avez vu le nombre de cars ! » s’exclame-t-ilalors que nous nous dirigeons vers le parking.Il s’étonne et se réjouit de voir que « les généra-tions suivantes se sentent concernées ». Commebien des survivants, il a eu à souffrir du faitqu’après la Libération, « on ne voulait pas savoir ». Pendant 55 ans, il a vécu avec ce lourdsecret. Une vie d’homme, de mari et de pèresans un mot jusqu’en 2000, date à laquelle ils’est décidé à témoigner pour l’AFMA. « Je nesais pas comment tu as fait pour supporter tout ça ! »lui a confié son fils aîné en l’accompagnant surles lieux pour la première fois en 2004. « Lescoutisme m’a beaucoup aidé », répond ingénu-ment Claude Bloch. k

1. Association fonds mémoire d’Auschwitz. Sur internet :http://www.afma.fr

Un film pour ouvrir le débat sLe réalisateur allemand Robert Thalheim, 34 ans, a effectué son service civil au Centre international de jeunes

d’Oswiecim (Auschwitz en polonais). Cette expérience qui l’a marqué, est le sujet de son deuxième long-métrage, Et puis les touristes. Un titre qui renvoie au dilemme du film : « D’un côté, il y a quelque chose d’incongru àvoir tous ces bus de touristes s’arrêter sur le lieu des crimes nazis et les gens se faire photographier devant le portail“Arbeit macht frei” (“Le travail rend libre”). D’un autre côté, il me semble important que ce lieu ne tombe pas dans

l’oubli », explique Robert Thalheim. Son héros, Sven, a pour première mission de s’occuper d’un ancien détenu, Stanislaw Krzeminski, qui n’a jamais quitté le camp depuis la libération. Une tâche difficile pour ce jeune Allemand confronté à la rudesse du survivant auquel il finira pars’attacher… Un film profond et sensible qui peut servir de support pédagogique pour réfléchir en histoire, en français ou en allemand, aux enjeux de la mémoireet de la commémoration. SH

uEt puis les touristes (1 h 25). Scénario et réalisation : Robert Thalheim. Prix du jury du Festival du film d’histoire de Pessac 2007, sélection officielle Festival de Cannes 2007, « Un certainregard ». En salles depuis le 14 mai 2008. Site : www.etpuislestouristes-lefilm.com – Dossier d’accompagnement pédagogique sur le site : www.zerodeconduite.net/etpuislestouristes -

Informations pour organiser des projections : Agence Cinéma Éducation : 01 40 34 92 08 ou Sébastien Monceau (distributeur) : 06 16 25 47 54.

Partir avec sa classe… sPour réaliser un voyage éducatif à Auschwitz-Birkenau

avec l’Association fonds mémoire d’Auschwitz (AFMA), voici la marche à suivre :1) Écrire une lettre à l’AFMA* en exposant son projet.2) L’AFMA peut envoyer l’un de ses membres dans les classes pour témoigner. Une visite de la très riche exposition permanente de photos de Drancy**, du Mémorial de la Shoah***, ou encore du Musée d’art et d’histoire du Judaïsme****, est conseillée. Une préparation sérieuse du voyage est exigée.3) Constitution d’un dossier de demandes de subventions (dernierdélai le 15 octobre) avec l’aide de l’AFMA. S’adresser à : la Fondationpour la Mémoire de la Shoah, la Fédération Maginot, la Direction dela mémoire, du patrimoine et des archives (DPMA), le conseil généralet régional, la mairie, des entreprises locales, la caisse des écoles…4) Réunion avec les parents pour présenter le projet.5) Voyage en Pologne avec un accompagnateur de l’AFMA, de préférence entre janvier et mars. 6) Les élèves écrivent un compte rendu du voyage et l’envoient àl’AFMA. Tous les élèves reçoivent un « certificat de participation » qui atteste qu’ils peuvent désormais témoigner. Il peut être remis par le maire lors de la Journée de la déportation qui a lieu le dernierdimanche d’avril. À cette occasion, un élève ayant participé auvoyage peut aussi faire un discours. 7) Création dans certains établissements d’« ateliers mémoire »(quelques élèves se réunissent pour effectuer des recherches,préparer des expositions…).Durée du séjour : 3 jours ; voyage Paris-Cracovie en avion ;hébergement à Cracovie dans un hôtel de jeunes. Programme : visite des camps d’Auschwitz et Birkenau (avec un guide-conférencier spécialisé) et visite de la très belle ville de Cracovie (quartier juif, cathédrale, mine de sel…).Groupe constitué : de 15 à 60 élèves, à partir de la 3e, avec au minimum un adulte accompagnateur pour 15 jeunes.Coût du voyage : environ 480 euros tout compris pour 3 jours, enfonction de la taxe d’aéroport (de 30 euros à … pour les parents,suivants les subventions obtenues).

* Contact : AFMA 92, Serge et Claudine Frydman, 266 rue d’Estienne-d’Orves, 92700 Colombes. Tél. : 06 60 40 31 88.** Contact : AFMA 93, Lucien et Micheline Tinader, 4 rue Arthur-Fontaine, Cité de la Muette, 93700 Drancy. Tél. : 01 48 32 07 42. E-mail : [email protected]*** Pour le visiter : 17 rue Geoffroy-l'Asnier, 75004 Paris. Tél. : 01 42 77 44 72 - Internet : www.memorialdelashoah.fr**** Du 25 juin au 26 octobre 2008, on peut y voir l’exposition : « À qui appartenaient ces tableaux ? » sur la spoliation des œuvres d’art subie par les Juifs de France durant la Seconde Guerre mondiale. Adresse : Hôtel de Saint-Aignan, 71 rue du Temple, 75003 Paris. Tél. : 01 53 01 86 53. Site : www.mahj.org

L’étang de Birkenau. Les stèles rappellent que le fond de ces eaux est un tapis de cendres.

© S

. Hor

guel

in

D. R

.

325 report p42-43 OK 12/06/08 12:44 Page 43

Page 44: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

44 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

réflexion

écriture de l'histoire du génocide passant parle témoignage interne de la Catastrophe.

Les textes sont d’une grande diversité, dans le fondcomme dans la forme. Qu’est-ce qui en émerge ?

C. C. et A. K. : Ce livre met au jour ce qu'ontvécu les plus jeunes, et s’interroge sur la te-neur de leur expérience à travers leurs re-gards, leurs gestes, leurs paroles, rapportéspar les adultes et par eux-mêmes dans leursjournaux, ou dans leurs récits rétrospectifspour l’infime minorité qui parvint à survivre.Ces textes font apparaître une énergie et uneprofondeur particulières. Les témoignagesnous font voir non pas tant l’enfant victimeque l’enfant sujet, qui devient même un ac-teur décisif dans la lutte pour la survie de sesproches. Dans les ghettos, on voit fréquem-ment les orphelins faire alliance pour men-dier, survivre et jouer, donnant lieu àd’étranges communautés d’enfants.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉLISABETH DU CLOSEL

Qu’est-ce qui vous a conduites à publier une anthologie sur le génocide des enfants pendant la Shoah ?

Catherine Coquio et Aurélia Kalisky : Ce livre quin’est pas un livre d’histoire et ne vise en rienl’exhaustivité, fait pourtant « masse » en ré-unissant des témoignages de près de 200 au-teurs de l’ensemble du territoire européen.Nous avons dès lors une idée plus précise de cequ'a été le génocide nazi, avec son effet de sérieimplacable : un crime fondamental et d’échelleplanétaire, où le meurtre des enfants joue unrôle décisif. Chez les exécuteurs, nous retrou-vons l’effrayante surenchère dans la cruauté.Bien que parfois, l’extermination des enfantsleur ait posé problème, celle des hommes enâge de porter les armes étant déjà perçue com-me éprouvante psychologiquement. La multi-plicité des témoignages vaut aussi pour la di-versité qu’elle permet de se figurer. Chaquetexte porte la marque de la manière dont leschoses se déroulent dans la région où vit le té-moin, de sa culture d’origine, de son éduca-tion. Nous avons également fait une place auxenfants tsiganes, soumis aux expériences médicales et aux stérilisations.

Que voulez-vous transmettre en vous attachant plus particulièrement au génocide des enfants et des adolescents ?

C. C. et A. K. : Dans l’idéologie nazie, il fallaitfaire disparaître une « race » fantasmée aussià travers ceux qui représentaient son avenir.D’après les historiens, un million et demid’enfants – juifs, handicapés et tsiganes – ontété assassinés pendant la guerre. Cibleconstitutive du génocide, l’enfant en a subide plein fouet la violence. Or, l’histoire de cetaspect du génocide n’a pas encore été écrite.Les historiens – hormis les travaux pionniersde Serge Klarsfeld pour la France, qui res-tent une exception – commencent à affron-ter cette question. Ce livre tente d’écrire cette histoire et d’éclairer la singularité decette forme de violence, mais d’une manière volontairement éclatée et subjective, inté-rieure : il fait réfléchir à ce que peut être une

La guerre faite aux enfantsUne anthologie magistrale1,

rassemble les écrits de 200 auteurs célèbres ou inconnus,

de l’Europe entière. Des textes qui font apparaître une énergie

et une profondeur particulières...

Découvre-t-on quelque chose de spécifique sur l’enfance, sa manière de réagir face à l’horreur,de se protéger peut-être ?

C. C. et A. K. : Les comportements des en-fants ont été différents de ceux des adultes.L’étude et le jeu, ces deux activités par les-quelles les enfants déchiffrent la réalité, de-venaient des actes de résistance dans unmonde où le savoir des adultes s’effondraitet les réduisait à l’impuissance. Malgré les ef-forts des organismes d’aide à l’enfance et ledévouement des éducateurs en écoles clan-destines, c’est souvent dans la solitude com-plète que les plus jeunes s’affrontaient auréel. Ils le firent avec une capacité d’adapta-tion et une inventivité que notèrent de nom-breux adultes, souvent ébahis. Dans les ghettos de Pologne et de Lituanie,dans le « camp-vitrine » de Theresienstadt, on a vu se produire de véritables « miracles cultu-rels » – comme le dit dans son journal le bi-bliothécaire Hermann Kruk à propos desenfants du ghetto de Vilnius. Les jeunes,souvent, ont lu avec fièvre, se sont mis à écri-re, composant des pièces, inventant despoèmes, des chansons et des jeux frappantsde compréhension et d’humour. Dans desjournaux méconnus et extraordinaires, onvoit de jeunes adolescents résister chaquejour à la faillite morale, l’observer souventchez les adultes, et tenter néanmoins d’ima-giner un avenir... Tandis que les adolescentsoscillent entre un désespoir violent et unenouvelle espérance messianique, mais axéesur la vie terrestre, le tout jeune enfant vit savie présente à travers ses jeux, qui lui font as-similer la réalité en la mimant jusque dans cequ’elle a de terrible. « Ils jouent à la Fouille, àla Déportation », écrivait Odette Daltroff àDrancy, frappée par la gravité des enfantspromis à la déportation : « Ils ont tout compris,comme des grands. » Si la mort d’un million etdemi d’enfants reste un scandale désespé-rant, les efforts de ces enfants pour donnerforme à leur existence nous parlent un lan-gage de vie intense, jusque dans l’énigmequ’il dessine à nos yeux. k

1. L’enfant et le génocide – témoignages sur l’enfance pen-dant la Shoah, textes choisis et présentés par Catherine Coquio et Aurélia Kalisky, Robert Laffont, coll. « Bouquins »,2007, 1 264 pages, 32 €.

uCatherine Coquio et Aurélia Kalisky sont respectivement présidente et vice-présidente de l’Association internationale de recherche sur les crimes contre l’humanité et les génocides(AIRCRIGE). Cette association est créée en 1997 alors que le monde ambiant est plein du « devoir de mémoire » et que viennent de se dérouler les génocides au Rwanda (1994)

et de Srebrenica (1995). Sur internet : http://aircrigeweb.free.fr

325 réflex p44-45 OK 12/06/08 13:39 Page 44

Page 45: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 45

questions telles que « Comment est-ce que je mesens, fille ou garçon ? », « Comment me suis-jeconstruit(e) ? », « Comment les choses se passent-elles ailleurs, en d’autres lieux de la planète, end’autres temps ? ». Nous expliquons des don-nées scientifiques, sans plaquer notre visiondes choses, pour ensuite travailler sur desthèmes précis : la rencontre, par exemple,ou la séduction, ou la vie de couple.

Comment intervenez-vous ? C. B. : Trois conditions sont requises : l’ano-nymat des jeunes, la confidentialité deséchanges et l’implication de deux interve-nants. En effet, être à deux – dans l’idéal, unhomme et une femme – permet un regardvigilant sur des réactions qui peuvent néces-siter des reprises, des arrêts, dont celui oucelle qui parle ne se rend pas forcémentcompte s’il est seul. Nous travaillons par pe-tits groupes mixtes, à raison de cinq séancesau moins par thème (le langage du corps, ladécouverte, la séduction, la première fois,les erreurs, le couple…). Ces séances s’arti-culent autour de temps d’information et departage en groupe. Voilà la garantie d’unminimum de sérieux dans le travail !

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE-CHRISTINE JEANNIOT

Votre expérience vous fait dire que l’Éducation nationale ne se donne pas les moyens de cetteéducation sexuelle qu’elle a mise au programme...Colette Bros : En effet, cela nemarche pas. Pourquoi, alors qu’uneadolescente est venue vous parlerdans votre bureau d’infirmière etque vous lui avez conseillé de se pro-téger, arrive-t-elle deux jours plustard sans l’avoir fait ? Pourquoi n’a-t-elle pas eu l’occasion d’intégrer lerespect qu’elle se doit et qu’elle doità l’autre ? Pourquoi n’a-t-elle pas suprendre soin d’elle, se dire « Je suislibre, c’est moi qui agis » ? Parce que aucune prévention digne de ce nomn’est actuellement pratiquée à long terme. Laraison est double : le manque de formationdes adultes, qui bien souvent ignorent la com-plexité du sujet, et le manque de moyens : ilen faudrait pour inciter les personnels à seformer et pour dégager des heures permet-tant de vraiment travailler avec les élèves.

C’est justement par une découverte de leurcorps que vous débutez le travail…C. B. : Souvent, en effet, il faut commencerpar la découverte de soi : parce que curieu-sement, les jeunes n’ont pas une véritableconnaissance de leur corps. Les adolescentsont un grand besoin d’être rassurés sur eux-mêmes. Ils ont vite tendance à se croireanormaux, à se sentir stigmatisés et à s’en-fermer dans un comportement qui aurait pun’être que passager, de l’ordre du test ou del’expérimentation, pour peu qu’il soit lour-dement condamné par des adultes angois-sés. Nous nous appuyons, dans nos inter-ventions, sur une grille de travail élaboréepar Réjean Tremblay2, qui prend en compteles différents aspects de la sexualité humai-ne : biologiques (corps), psychologiques(émotions), sociaux (relations) et moraux(décisions). En partant de la découverte del’éveil des sens, nous progressons douce-ment dans la réflexion. Nous partons de

Éducation sexuelle : à revoir !Longtemps infirmière scolaire, puis éducatrice à la sexualité, Colette Bros a expérimenté

la complexité de cet enseignement en lycée. Avec Yasmine Lekéal, une collègue, elle a fondél’association « Au cœur de l’éducation1 » qui intervient dans les classes. Rencontre à Brive, en Corrèze.

Colette BrosÉducatrice à la sexualité

Quelles sont les conditions d’une éducation sexuelle réussie ?C. B. : Il faudrait qu’elle trouvevraiment sa place à l’école dès le pri-maire, jusqu’au lycée, avec des en-seignants spécialement formés, ettravaillant à deux pour veiller aurespect des différences très pro-fondes de chacun dans ce domaine.Mais je pense, malheureusement,que c’est totalement utopique. Pourle moment, sauf dans certains casbien sûr, l’Éducation nationale réagit à l’angoisse provoquée pardes événements qu’elle vit commetraumatiques, au coup par coup :des filles qui se plaignent des attou-chements des garçons, parfois despetits qui s’observent dans les toi-lettes. On cherche à appliquer dumieux possible des circulaires avec

des objectifs d’efficacité immédiate en parlantdes risques, sans prendre en compte les néces-sités d’un travail en profondeur qui impliqueune remise en question des adultes et de leursavoir sur ce sujet complexe. Nous avons laconviction que tout passe par l’instaurationd’un climat de confiance avec le groupe desjeunes. Il faut que chacun puisse trouver desréponses et se rassurer sur ses propres diffi-cultés, ses questions profondes, non seule-ment sur le fonctionnement du corps mais au-delà, sur la question des enjeux de la vie decouple, de la liberté, bref, du sens et du plaisirde la vie. k

1. Adresse : Association « Au cœur de l’éducation », 11 ruePaul-Doumer, 19100 Brive. 2. Codirecteur d’enseignement de la formation diplômantesuivie par Colette Bros, Réjean Tremblay est sexologue, socio-logue, fondateur du Centre international de formation et derecherche en sexualité (Cifres), responsable du diplôme desexologie de l'université Paul-Sabatier de Toulouse. Auteur deParoles d’amour et de plaisir - l’adolescence, le passage d’undétroit (Érès, 1999, pour les adolescents), il a dirigé l’ouvragecollectif Guide d’éducation sexuelle à l’usage des profession-nels – t. 1 : l’adolescence (Érès, 1998, pour les adultes).

uL’éducation à la sexualité est reconnue par les textes(circulaire n° 2003-027 du 17 février 2003, BO n° 9 du

27 février 2003) comme « un élément essentiel d’une éducationglobale des jeunes ». Trois séances par an sont prévues pourchaque classe, et ce, du primaire au lycée.

©M

.-C

. Jea

nnio

t

325 réflex p44-45 OK 12/06/08 13:39 Page 45

Page 46: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

46 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

jeu dans le soin. Il désire montrer qu’il y alieu de s’arrêter pour voir ce qui se vit ennous et en l’autre. La vie chrétienne n’estpas une théorie, mais notre vie même, notreexpérience à la lumière de l’Évangile.

Vous écrivez en tant que croyante ?

C.-A. B. : Oui, ici, en écrivant au sujet de lavie et de la place de la confiance dans la vie.C’est un propos de foi d’affirmer que Dieuaccompagne le monde en proposant

Réflexion

PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE HORGUELIN

Comment est née l’idée d’écrire Le soin du monde ?

Claire-Anne Baudin : J’accompagne des per-sonnes depuis vingt ans, dans la traditionspirituelle ignatienne. J’ai aussi travaillé enmilieu hospitalier et en maternelle, avantd’enseigner à l’Institut catholique de Paris.Des collègues théologiens m’ont demandéd’écrire un livre sur les enjeux du soin. Ils’agissait de voir, en m’appuyant sur mesdifférentes expériences, ce qui se joue de laquête de Dieu dans la relation d’aide.

De quel soin s’agit-il ?

C.-A. B. : Je traite du soin des autres ou desoi-même de façon indifférenciée. Quandnous prenons soin d’un ami, ne prenons-nous pas en même temps soin de nous ? Etquand nous prenons soin de nous, ne per-mettons-nous pas à ceux qui nous entou-rent de vivre bien, auprès de nous ? Il n’y apas ici de séparation entre les divers registres du soin, parce qu’ils concourent à une attitude commune qui vise à la viebonne et à la qualité des relations.

Comment procédez-vous ?

C.-A. B. : Je décris une quarantaine d’épi-sodes mais surtout la réflexion intérieure quiadvient par ces situations. Ces expériencesordinaires permettent de réaliser que tousles lieux sont des lieux de soin – qu’il soit thé-rapeutique, pédagogique, éducatif ou spiri-tuel… Les personnes qui effectuent destâches administratives toute la journée sontaussi concernées ! Où que l’on soit, l’atten-tion à l’autre et à soi-même est requise.

Votre forme d’écriture, avec la présentation de ces situations ordinaires, peut surprendre...

C.-A. B. : Ce livre est une invitation à voirdans des moments délimités ce qui est en

Le goût des autresConsidérée comme « l’une des figures montantes d’une spiritualité incarnée1 », Claire-Anne Baudin vientde publier un bel essai intitulé Le soin du monde2. Cette théologienne, qui a été quinze ans institutrice

en maternelle, s’appuie sur son expérience pour revisiter le concept de charité. Son fil conducteur : l’attention à autrui et à soi conduit vers Dieu.

Claire-Anne Baudinthéologienne et enseignante

« On n’empêchera pas un enfantde sortir pour être sûr

qu’il ne se fera pas écraser ! »

l’amour et en le réalisant. Mais apprendreà le percevoir réellement, dans le quoti-dien, est différent. C’est tout l’objet demon livre.

Quels thèmes abordez-vous ?

C.-A. B. : Je commence par l’attention aucorps car la vie corporelle est le point com-mun à chacun dans la durée, de la naissanceà la vieillesse. En maternelle, le corps dugroupe, son mouvement incessant, donnedéjà de nombreuses informations. Il faut lesprendre en compte, sans quoi le langage nepeut que glisser. De la même façon, avec desétudiants, il est rare que le corps d’un grou-pe soit disposé à la réflexion. Il a besoin des’apaiser et d’être entretenu. Si le groupen’est pas en disposition de recevoir, il estvain de parler. La communication non ver-bale est primordiale.

Cela vaut-il aussi pour l’accompagnement spirituel ?

C.-A. B. : L’accueil corporel y est important :il se traduit, par exemple, par l’arrivéedans un lieu paisible. Suit l’exigence deparler qui est une exigence de vie. Dans lamise en mots, la personne accompagnée seretrouve parfois devant des impasses et semet à pleurer. Une fois passées les larmes,il faut l’aider à discerner les choix qui vontla mener à la vie. Voir ce que Dieu veutpour elle n’a pas de fin car on peut tou-jours être plus vivant. Des voies insolites seprésentent parfois, qu’on a tendance à évi-ter pour ne pas prendre de risque. Accom-pagner, c’est aller dans l’autre sens : ouvrirles grandes perspectives d’une vie sans limites.

Qu’est-ce qui est en jeu ?

C.-A. B. :Il faut choisir entre vivre pleine-ment, au risque de mourir, ou préserver savie sans vivre. Ainsi en est-il de l’accouche-ment et de la naissance qui sont un don desoi, sans aucune assurance de ce qui viendra

© S

.Hor

guel

in

325 réflex p46-47 OK 12/06/08 13:41 Page 48

Page 47: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 47

après. C’est le lieu de l’épreuve, face à touteforme d’engagement. Le désir de fuite estalors très présent. Un acte de foi reste à po-ser. Il consiste à faire confiance au Christ quinous dit : « Tu sais, la vie, je m’en charge. »

Ce discours est-il transposable pour l’accompagnement éducatif ?

C.-A. B. : La dynamique est bien sûr la mê-me : conduire à la vie. Mais il ne faut pas né-gliger de l’encadrer aussi car la vie peut êtreattaquée et détruite. Une part du travail del’humain consiste à viser quelque chose debon en s’en donnant les moyens. Ainsi unjeune qui prépare un examen devra-t-il réduire ses sorties. Cependant la canalisa-tion vers un but ne doit pas être confondueavec la fermeture. On n’empêchera pas unenfant de sortir pour être sûr qu’il ne se ferapas écraser !

La tentation de tout contrôler est grande…

C.-A. B. : La loi cadre pour permettre la vie,mais la vie est explosive, joyeuse, à prendrecomme elle vient. Or, on norme trop, ondogmatise, on « liturgise », et l’on veut quetout rentre dans ce qui est attendu. Ducoup, on n’a plus que des choses mortes. Cen’est pas la peine de vivre si c’est pour répé-ter ce que dit son voisin. Une tentation destructrice en nous est devouloir tout faire bien : avoir un visage par-fait, être bien habillé, n’avoir que de bonnesnotes... D’où la nécessité de prendre du recul. L’accompagnement invite à cela. Lesenseignants ont, eux aussi, à s’interrogersur leur posture : se demander s’ils sont plu-tôt dans le laxisme ou le perfectionnisme,en cherchant ensemble le bon équilibre. Cela nécessite une bonne collégialité.

Autre thème qui vous tient à cœur : la perceptiondu temps...

C.-A. B. : Comment habiter le temps tout eninvestissant dans la durée ? Voilà la questionla plus immédiate qui se pose à nous. La foiconsiste à croire que le temps sera donné.On ne rate pas de train. Les choses de la viese font. En théologie, on dit que Dieu parle àl’humanité au moment favorable. Il parle àun homme lorsque son désir en plénitudeest là. Mais que faire, en attendant, de la lon-gueur du temps, de la répétition, voire deces années dont a envie de dire : « Je ne les ai-me pas » ? Ce sont aussi des années pendantlesquelles Dieu nous donne la possibilitéd’aimer. Voir cela, c’est choyer la vie.

Vous insistez sur la réciprocité de l’échange entrecelui qui donne et celui qui reçoit...

C.-A. B. : Il est manifeste que le bien-portantapporte au malade sa force, que l’adulte faitbénéficier l’enfant de ses connaissances. Ilest moins évident de reconnaître ce que le malade ou l’enfant apportent au bien-portant ou à l’adulte. Mais cet échange s’ef-fectue pourtant bien dans les deux sens,alors que ce qui est donné n’est pas de mê-me nature. « Donne ton sang, reçois l’Esprit » :cette phrase de l’Église ancienne exprimeune recherche de fidélité évangélique. Ellereprésente bien l’échange du soin. Donnerson sang, jusqu’à soi-même et sans compter,celui qui soigne s’y engage. Même si ce donest protégé par des horaires ou par notre vi-gilance à ne pas nous épuiser. Ce que l’onespère en retour est d’une tout autre natu-re. L’Esprit est donné à qui donne son sang.Il apprend à considérer chacun comme un

autre dont la vie importe autant que la siennepropre. Même et surtout si cette autre per-sonne est pauvre, malade ou emprisonnée.Celui qui bénéficie des soins donne la joie, laforce et l’attention pour la vie à celui qui leslui prodigue.

Comment l’attention à l’autre conduit-elle vers Dieu ?

C.-A. B. : Par l’attention qu’il porte au réel etpar le choix constant de ce qui fait croîtrel’amour, le soin est proche de la contempla-tion du Dieu présent dans le monde qu’ilsuscite. Il s’est défait de l’intention de réali-ser par lui-même l’idéal qui l’habite. Le soinau monde est une action qui dit la gratitude.C’est un hommage, souvent ému, à la viedonnée. k

1. La Vie, n° 3260 (21 février 2008), p. 71.2. Le soin du monde – accompagner la vie des autres, Bayard,2007, 159 p., 19,80 €.

« Prendre soin, c’est faire attention »

Si l’amour du prochain et l’amour de Dieusont une seule et même chose, le soin prisdu prochain sera aussi le soin que nous pre-

nons du Dieu qui donne. Et il sera aussi le soinque nous prenons de nous-mêmes. Car prendresoin aide particulièrement à bien vivre et à bienvivre ensemble : il n’y a pas d’abnégation dansce projet, mais au contraire une avancée vers lavie pleine. Si nous faisons attention à nous-mêmes de façon intelligente, nous vivons mieux.Si nous faisons attention à l’autre, non seule-ment il vivra mieux, mais nous, par surcroît, vi-vrons mieux aussi. Et, puisque l’amour du pro-chain et l’amour de Dieu sont une seule etmême chose, le soin pris du prochain – cettepart de l’amour qu’on lui porte – et le soin pris de Dieusont semblables en tous points. Cela est vrai quelle que soit la conscience que nous enavons, quelle que soit la foi que nous confessons ou l’absence de foi confessée. Ce livre se veut une invitation à la contemplation et au discernement. Le soin est, en effet,une occasion favorable, un lieu privilégié pour cette contemplation du Dieu qui vit en sedonnant dans ce qu’il crée. La contemplation et le fait de prendre soin ont, en effet, unpoint commun : l’un et l’autre n’existent que par leur aptitude à faire attention. Nous ver-rons de bien des manières que prendre soin, c’est faire attention. Nous aurons à percevoirles conditions de cette attitude intérieure, son rythme, ses difficultés et ses risques de per-version. Ce qui s’acquiert dans cette condition du soin est acquis aussi comme conditionpour la contemplation de la présence de Dieu et le discernement de l’action de son Espriten l’homme. L’attention est l’engagement dans la voie spirituelle. »

CLAIRE-ANNE BAUDINLe soin du monde – accompagner la vie des autres (Bayard), pp. 10-11.

325 réflex p46-47 OK 12/06/08 13:41 Page 49

Page 48: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

48 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

font état d’une violence très réduite dans le collè-ge. » Ce que confirme l’observation de l’éta-blissement faite par l’auteur lui-même pen-dant plusieurs mois : « Pendant toute la duréede notre séjour, nous avons comptabilisé très peude bagarres, l’ambiance générale est résolumentbonne et l’agressivité entre élèves ou entre lesélèves et les professeurs est considérablement plusréduite que ce que nous avons pu observer enFrance. » Pour Benjamin Moignard, cette si-tuation tient au fait que le collège est perçucomme « un espace protecteur et à protéger face àla violence extérieure ». Le collège est « un lieuouvert sur la communauté » : il n’est pas seule-ment « un espace d’apprentissage du savoir sco-laire académique », il est aussi, pour les élèves etleurs familles, « un lieu incontournable pour lesloisirs et les pratiques socioculturelles au sens large ».

Reste que si « le collège évite la violence et dansune certaine mesure la délinquance, non seule-ment il n’est pas un moyen de la prévenir, mais ilrenforce les inégalités sociales dans lesquelles elleprend corps ». L’école dans la favela vise en effetmoins à « transmettre un savoir » qu’à « profiterde l’environnement pour pallier une socialisationdéfaillante », et l’objectif des enseignants estque les jeunes fréquentent l’école. Par craintede voir certains élèves décrocher, ils réduisentà un minimum leurs exigences scolaires.Conséquence, l’école devient un rouage de lareproduction sociale et ne permet pas auxélèves de profiter de leur scolarisation commed’un outil de mobilité.

Éléments décisifsSi le collège Paulo-Freire est tourné vers lacommunauté de vie du quartier, celui desPoètes est fermé à son environnement, lequelest pointé comme le principal responsable desdifficultés auxquelles l’école est confrontée.

Réflexion

VÉRONIQUE GLINEUR

L’idée selon laquelle les établissements situés dans des quartiers populaires enparticulier seraient d’abord victimes dela violence de leur environnement a faitflorès », rappelle Benjamin Moignard1

dans L’école et la rue : fabriques de délinquance2.Or, poursuit l’auteur, si la construction de laviolence est certes « une affaire de milieu social,elle est aussi et peut-être d’abord une question d’environnement scolaire ». L’école, démontre-t-il, a sa part de responsabilité dans l’émer-gence de conduites déviantes et de pratiquesdélinquantes chez les adolescents. Cette thèse, Benjamin Moignard l’appuie surun travail de terrain mené dans deux établis-sements : le collège des Poètes, quartier des Pivoines3, dans la périphérie parisienne, et lecollège Paulo-Freire, à Roca, une favela de Riode Janeiro, « deux terrains qui, souligne lechercheur, partagent la même place sur l’échi-quier social de leur pays respectif ». Aux Pivoines,le taux de chômage est ainsi particulièrementélevé – près de 34 % chez les moins de 25 ans –et le quartier bénéficie de toutes les classifica-tions et de toutes les mesures de discrimina-tion positive actuellement en vigueur. Et Rocafigure dans « le peloton de tête des zones les plustouchées par le chômage, l’analphabétisme, lamortalité infantile, la très forte précarité ».L’étude conduite par Benjamin Moignardmontre que le climat de violence, dans lecadre scolaire, est bien moindre au Brésilqu’en France. Et pourtant l’environnementextérieur du collège Paulo-Freire est particu-lièrement violent. « De manière générale, note-t-il, l’ambiance dans l’établissement est relative-ment sereine et les enseignants comme les élèves

En témoignent les grilles qui limitent l’accès àl’établissement, le contrôle des entrées et dessorties pour « limiter les “intrusions” ». Or, cettefermeture de l’établissement provoque chezles élèves et leurs familles des ressentiments, –voire des oppositions – à l’égard de l’école. Autre élément qui explique la dégradation duclimat scolaire aux Poètes : la mise en placed’une « politique de ségrégation interne ». L’éta-blissement regroupe les élèves les plus en dif-ficulté scolaire dans des classes périphériques,favorisant ainsi « la structuration de groupes depairs qui vont, à la mesure de l’expérience scolaire deses membres, se structurer en bande ». Cette poli-tique d’établissement, poursuit BenjaminMoignard, « contribue à pousser [les élèves]dans des formes de sociabilité qui favorisentl’adoption de conduites délinquantes sans quel’école ne puisse décidément proposer d’alterna-tives valables ».L’idée d’une « école assiégée de l’extérieur »est une idée fausse : « l’école ne fait pas que su-bir son environnement, elle participe aussi à lacréation des réalités sociales qu’elle redoute »,Benjamin Moignard le met en évidence. Ilmontre que les politiques d’établissement, lesstratégies des acteurs de la communauté édu-cative sont des éléments décisifs du climat quirègne dans les établissements scolaires. k

1. Benjamin Moignard est docteur en sciences de l’éducation,chercheur à l’Observatoire international et à l’Observatoire eu-ropéen de la violence scolaire. 2. Benjamin Moignard, L’école et la rue : fabriques de délin-quance, PUF/Le Monde, coll. « Partage du savoir », Paris, 213 p.,26 €.3. Les noms du collège et du quartier ont été changés par l’auteur.

L’école favoriserait-elle la délinquance ?Dans deux quartiers populaires, l’un en France, l’autre au Brésil,Benjamin Moignard a interrogé le lien entre les difficultéssocioéconomiques et la violencescolaire. Il a ainsi mis en évidence lapart de responsabilité de l’école dansl’émergence de conduites déviantes.

Si le collège Paulo-Freire est tourné vers le quartier, celui des Poètes est fermé

à son environnement.

325 réflex p48 OK 12/06/08 13:42 Page 48

Page 49: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 49

L’école catholique en Irlande

FAIRE L’ÉCOLE EN EUROPE

En République d’Irlande

L’Eire (libre depuis1922) a vécu, cesdeux dernièresdécennies, une

évolution très rapidedans les domaines éco-nomique, démogra-phique, religieux, cultu-rel et social. La société

est devenue pluraliste, sécularisée, multieth-nique et multinationale – le polonais est au-jourd’hui la deuxième langue la plus parléedans le pays ! Au plan religieux, si les catho-liques représentent toujours le groupe le pluslarge (ils sont 3 681 500 pour un total de4339000 habitants2), le fossé s’est agrandi entrela hiérarchie de l’Église et la population. Quantau paysage scolaire, il s’est élargi avec des pro-positions comme Educate Together (écoles mul-ticonfessionnelles, multiraciales et multicultu-relles) et Gaelscoileanna (enseignement engaélique).Les autorités de l’enseignement catholique ir-landais entretiennent des contacts réguliersavec le Department of Education and Science(ministère de l’Éducation et desSciences), le Department of Health andChildren (ministère de la Santé et del’Enfance) et le Department of Environ-ment (ministère de l’Environnement).

Évolution Il y a une quinzaine d’années, l’ensei-gnement catholique comptait 472 éta-blissements secondaires dont 90 % nonpayants. Tous étaient indépendants, etsous la tutelle d’une communauté oud’une congrégation. Les fonctions dedirection et de gestion ne se distin-guaient guère. Hormis une cinquantai-ne de laïcs, les chefs d’établissementétaient tous des religieux, adhérents à

une superstructure, appelée Trustee Represen-tative Board (TRB). Comme ailleurs en Euro-pe, les congrégations ne sont plus à même degérer leurs écoles. Après plus d’un siècle de co-existence, elles se rapprochent des évêques etd’une collaboration structurelle. Le dialoguesur l’avenir de l’enseignement catholique estengagé, les relations avec le ministère de l’Éducation et des Sciences sont repensées. Etmême si ces problèmes relatifs à l’identité, auxpersonnels, aux bâtiments, aux structures, aupouvoir ralentissent ce processus, l’année sco-laire 2008-2009 devrait voir l’école catholiqueirlandaise prendre un nouvel élan. On peut déduire de ce qui précède que la Ré-publique d’Irlande n’est pas différente desautres pays sécularisés. Cependant, une ques-tion lui est propre : l’éducation catholiquedoit-elle se limiter aux écoles ou doit-elleconcerner aussi les paroisses ? Quel type deservice l’Église peut-elle offrir aux familles quiconfient leurs enfants aux Community Schools,établissements pluralistes où l’État et les Trus-tees sont en partenariat depuis 1972 (une si-tuation comparable à celle de nos établisse-ments sous contrat) et aux Community Colleges,neutres par rapport à l’État et où officie un au-

mônier catholique ?

Formation initialeLes enseignants du primaire suiventune formation de trois ans menant àun baccalauréat en éducation. Cinquniversités et instituts catholiques3 of-frent un cursus de 18 mois pour deve-nir instituteur. D’autre part, l’HiberniaCollege of Education, université privéelaïque, propose de suivre, on line ettoujours en 18 mois, cette même for-mation. Tous les enseignants du pri-maire catholique doivent avoir soit undiplôme en enseignement religieux,soit le certificat d’enseignant catho-lique.

l’AMCSS (Association of Management of Catho-lic Secondary Schools) fondée en 1987.Aujourd’hui, la situation est sensiblement dif-férente. Évaluations nationales et inspectionspédagogiques ont « normalisé » le paysage sco-laire. À la suite de fermetures ou de fusions, lenombre d’établissements est descendu à 407.Les conseils de gestion réunissant administra-teurs, personnels et parents, jouent un rôledistinct de celui des chefs d’établissement. Etchez ces derniers, la situation s’est inversée :on ne trouve plus guère qu’une cinquantainede religieux.

RéorganisationDepuis 1998, l’Education Act permet à toutfondateur de définir « l’esprit caractéristique »de son école et de nommer un comité de ges-tion pour la diriger selon son charismepropre. Les congrégations, réunies au sein dela Conference of Religious of Ireland (CORI),sont donc en train de transmettre leurs établis-sements scolaires aux laïcs. Pour cela, bonnombre d’entre elles ont créé des structuresde gestion. Ces Trust Boards entrent tous dans

D.R

.

L’Irlande est constituée de deux entités politiques différentes : la République d’Irlande (Eire), un Étatindépendant ayant Dublin pour capitale, et l’Irlande du Nord qui fait partie du Royaume-Uni et dont la capitale

est Belfast. En 2005/2006, la première comptait 3 322 établissements catholiques, la deuxième 583.

Mount Saint Michael, Secondary School, Claremorris.

ÉTIENNE VERHACK1

324 Europe Irlandes p49-51 OK 12/06/08 13:45 Page 49

Page 50: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

50 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

FAIRE L’ÉCOLE EN EUROPE

Les enseignants du secondaire préparentle Higher Diploma in Education à l’univer-sité. Les professeurs de religion doiventobtenir le diplôme de l’Institut Mater Deiou celui de l’université de Maynooth.Les directeurs d’école sont formés par laCatholic Primary School Management Asso-ciation (Association des directeurs d’écoleprimaire catholique).

Formation continueLa formation continue des enseignantsdu primaire s’est accentuée en 2004-2005avec la mise en œuvre des nouveaux pro-grammes nationaux. Celle des profes-seurs de religion a été complétée durantles années 2005-2006 par le National Catecheti-cal Office (Bureau national de la catéchèse) etles Primary Diocesan Advisors (conseillers dio-césains pour le primaire).

Quelques chiffresPRIMAIREEn 2005-2006, 2 915 écoles, dont 100 pourenfants à besoins éducatifs spéciaux, accueillaient 430 307 élèves. Elles em-ployaient 22 648 enseignants dont 226 sœurset 36 frères.SECONDAIREToujours en 2005-2006, 407 établissementscomptaient 190 000 élèves, soit 30 % de la po-pulation scolaire âgée de 12 à 18 ans4.

Financement Toutes les écoles primaires et la plupart desécoles secondaires catholiques sont géréespar des groupes appartenant à l’Église. L’Étatleur accorde des subventions, paie 100 % dessalaires, y compris ceux des professeurs dereligion et des chefs d’établissement, et inter-vient dans les frais de fonctionnement et debâtiments (respectivement à 80 % et 90 %pour le secondaire). De plus, dans certainesécoles, un assistant ecclésiastique est payé parle ministère de l’Éducation et des Sciences.

Questions d’avenirEn République d’Irlande, les écoles d’État quioffrent un service adapté au nombre croissantde familles d’enfants non croyants ou d’autrescroyances, sont trop peu nombreuses. Et dansbeaucoup de régions, les parents n’ont pas d’autrechoix que d’envoyer leurs enfants à l’école pri-maire catholique. À cela s’ajoute le fait que beau-coup de parents croyants ne fréquentent plusl’église mais préfèrent toujours l’école catholiqueà l’école publique. Dès lors, faut-il ne conserverqu’un nombre restreint d’écoles au caractère ca-tholique affirmé (qui n’accepteraient que des élè-ves catholiques) et laisser les autres à l’État, ouest-il préférable d’élargir le témoignage du mes-sage évangélique à un milieu pluriel et sécula-

Au plan scolaire, la situation est plutôtinhabituelle : 43 % des écoles appartien-nent au gouvernement. Parmi les autrespropriétaires, les Catholic Trustees (tu-telles diocésaines et religieuses) sont deloin les plus importants, puisque leursétablissements accueillent 45 % de la po-pulation scolaire.

ÉvolutionAprès 1921, année de la création dupays, la minorité catholique nationalisted’Irlande du Nord était très attachée àses écoles paroissiales. Éléments clefs dumaintien de l’identité de la communau-té, elles dispensaient un enseignement

de qualité, malgré la pauvreté de leurs lo-caux et de leur équipement. De 1968 à 1997,années de conflit, les écoles catholiques ontcherché à offrir stabilité et identité, en pro-posant – entre autres choses – des classes dusoir pour adultes et des programmes d’étépour les enfants. Aujourd’hui, l’enseignement en Irlande duNord traverse une période de grands chan-gements. Les Trustees catholiques ont militédans un contexte difficile pour le droit desparents de choisir l’enseignement catho-lique. En effet, si le désir de voir l’écolecontribuer à la réconciliation de la société esttrès largement partagé, certains – l’IntegratedEducation Movement2, principalement – dé-noncent l’existence des écoles catholiquescomme un facteur de division. Une idée in-acceptable pour les Trustees catholiques quisoutiennent que la diversité devrait être vuecomme un atout et non comme une menacepour la société. Selon eux, leurs établisse-ments, ouverts à tous, sont prêts à collaboreravec les écoles de toutes sortes dans le cadrede programmes académiques et sociaux,pour autant que leur identité catholique nesoit pas mise en cause.

OrganisationLa Northern Ireland Commission for CatholicEducation (NICCE) est le principal organe dedirection de l’enseignement catholique. Cettecommission est composée de trois évêques etde trois religieux représentant les Trustees. Autre instance nationale, le Council for Catho-lic Maintained Schools (CCMS), équivalent denotre Secrétariat général, cessera d’exister en2009. Cependant, la NICCE travaille actuelle-ment à la mise sur pied d’une nouvelle instan-ce, un Service de soutien à l’enseignement catholique. Il poursuivra les missions duCCMS, en matière de cohésion sociale et decaractère propre, et sera financé en partie parle ministère de l’Enseignement.Les parents d’élèves ne sont pas organisés auplan national, mais le Board of Governors (or-

risé de parents, d’enseignants et d’enfants, viaun dialogue entre foi et culture ? Cette questionen appelle d’autres : l’école catholique est-elleune option pour une minorité ? Et si c’est le cas,continuera-t-elle à être financée par l’État ? D’au-tant que l’enseignement catholique de l’Eire ad’autres défis à relever : comment inciter da-vantage de personnes, compétentes et sérieuses,à faire partie des comités de gestion des établis-sements ? Comment diminuer la charge de tra-vail des chefs d’établissement et mieux les for-mer ? Et comment trouver assez de candidatspour assumer cette fonction ?

1. Secrétaire général du Comité européen pour l’enseignementcatholique (CEEC).2. La Church of Ireland compte 115 600 membres (y comprisprotestants), et les musulmans sont 32 500. En 2006, le gou-vernement a mis sur pied un forum de dialogue entre les di-vers groupes des confessions présentes en Irlande.3. St. Patrick’s College, Dublin ; Marino Institute of Education,Dublin ; Froebel College, Dublin ; St. Angela’s College of Edu-cation, Sligo ; Mary Immaculate College of Education, Limerick.4. En République d’Irlande, l’enseignement est obligatoire de6 à 16 ans.

CONTACTSpSecrétariat national primaire : Catholic Primary School Mana-gement Association (CPSMA), Veritas House, 7/8, Lower AbbeyStreet, IRL – Dublin 1. E-mail : [email protected] pSecrétariat national secondaire : Association of Management ofCatholic Secondary Schools (AMCSS), Emmet House, Milltown, IRL –Dublin 14. E-mail : [email protected] – Internet : www.jmb.iepRelations Europe et International : Mgr Dan O’Connor, CPSMA (adresse ci-dessus).

En Irlande du Nord

L’Irlande du Nordcompte 1,75 mil-lion d’habitantset fait partie du

Royaume-Uni1. Environ43 % de la population est catholique, et ce pour-centage continue de croître avec l’arrivée d’im-migrés de Pologne, du Portugal, des Philip-pines et du Kerala (État du sud de l’Inde).

Presentation Secondary School, Galway.

D.R

.

324 Europe Irlandes p49-51 OK 12/06/08 13:45 Page 50

Page 51: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 51

ganisme de gestion) de chaque établisse-ment catholique compte un parent élu.

Formation initialeC’est au St Mary University College de laQueen’s University de Belfast que sontformés les futurs enseignants des éta-blissements catholiques. Les candidatssont nombreux (St Mary manque deplace pour les accueillir tous), mais ils’agit surtout de… candidates. Et l’oncraint, dans un avenir proche, l’absenced’enseignants masculins.

Formation continueRéforme de l’enseignement oblige, laformation continue est primordiale. Ain-si, en 2006-2007, les Trustees des écoles catho-liques ont préconisé une journée sur le thème« Catholic Education – The Vision3 ». Il s’agis-sait pour les communautés éducatives demieux cerner l’originalité et les valeurspropres qui irriguent leur enseignement, etplus généralement la vie scolaire. Les réseaux congréganistes (Frères chrétiensirlandais, Lasalliens, Dominicains…) élabo-rent leurs propres outils et formations autourde l’identité de l’école catholique dans un paysde plus en plus sécularisé. Le gouvernement, lui-même, n’est pas en res-te, qui encourage les initiatives de l’enseigne-ment catholique, en matière de formationtout au long de la vie pour les membres deséquipes éducatives.

Quelques chiffresL’Irlande du Nord compte 583 établissementscatholiques d’enseignement : 67 écoles mater-nelles, 411 écoles primaires4, 105 écoles se-condaires5 (dont 30 Grammar schools ouvertesaux meilleurs élèves). La plupart sont diocé-sains (seuls une trentaine sont sous tutellecongréganiste). Ils accueillent 150 000 élèves,catholiques dans leur grande majorité6, etemploient 10 000 enseignants, parmi lesquelsun petit nombre de religieux.

Financement Les autorités publiques prennent en chargel’intégralité des salaires et des frais de fonc-tionnement des écoles catholiques (commedes autres établissements scolaires d’Irlandedu Nord). Les travaux de rénovation ou deconstruction peuvent également être financésaprès examen et approbation des projets pré-sentés par les Trustees.

Pastorale scolaireVia la pastorale scolaire, l’école catholiquetransmet sa vision de la dignité de la personnehumaine, de sa responsabilité et de son déve-loppement. Élément primordial de la vie sco-

laire, elle constitue un chapitre essentiel de laformation initiale et continue des enseignants.

Questions d’avenir L’enseignement catholique est confronté auxdéfis d’une société qui cherche à dépasser lesconflits qui ont marqué plusieurs générations.L’Irlande du Nord est en voie de sécularisa-tion accélérée, et un nombre croissant de seshabitants souhaitent un bon enseignementlaïc. Sans parler de disparition (souhaitée parcertains, comme on l’a vu plus haut), les écolescatholiques peuvent craindre une dilution deleur identité. Elle pourrait résulter de la ré-gionalisation du budget de l’éducation, maisaussi du manque de prise en compte du ca-ractère essentiel de la dimension religieuse dela part des familles et de certains enseignants.Un phénomène accentué par l’absence deprêtres ou de religieux dans les rangs des per-sonnels, bien qu’il ne faille pas dévaluer le rôledes enseignants catholiques, qui sont des laïcsengagés. Quant aux prêtres de paroisse, ils es-pacent leurs venues dans les établissements, etla majeure partie de la préparation aux sacre-ments se déroule dans le cadre du program-me d’éducation religieuse de l’école primaire.Aussi, le risque est grand, particulièrementpour ceux qui ne fréquentent guère l’église,de perdre de vue que première communion,communion solennelle et confirmation s’ins-crivent dans la vie de la communau-té paroissiale et non pas dans le seulcadre scolaire. Autre défi de plus en plus prégnant :la formation des nouveaux chefsd’établissement. Si la première gé-nération de laïcs, qui a marché dansles pas des religieux, témoigne de safoi et de son engagement, il n’en irapas de même pour la suivante pourlaquelle un nouveau modèle est àinventer. Les signes d’espoir ne manquentpas. La position commune des

Trustees, unis face aux autorités, a eu pourconséquence bénéfique qu’ils sont désor-mais soutenus financièrement par legouvernement dans leur action de coor-dination de l’enseignement catholique etde développement de son identité. Cettedémarche concertée est favorisée par uncontexte sociopolitique apaisé. Sanscompter les résultats aux examens « im-pressionnants » affichés par les établisse-ments catholiques d’enseignement... Les Trustees catholiques ont aussi enga-gé le dialogue avec les représentants desÉglises protestantes. Ces dernières, quiont transféré leurs écoles à l’État il y aenviron 80 ans, sont à la fois conscienteset inquiètes du fait que leurs anciens éta-

blissements tendent à devenir de plus en pluslaïques. Ce qui pourrait les amener à soutenirla campagne pour préserver un enseigne-ment confessionnel subventionné. L’enseignement catholique d’Irlande duNord regarde l’avenir avec confiance et avecl’espoir que, grâce à Dieu, ses écoles pourrontcontinuer d’être accessibles à tous les parentset à apporter leur contribution à l’ensembledu système éducatif. k

1. Nous ne reviendrons pas ici, faute de place, sur les périodesde graves tensions qu’a vécues le pays.2. Le Mouvement pour l’enseignement intégré a pour objec-tif de réunir des enfants, parents et enseignants catholiqueset protestants au sein d’une même communauté éducative. Ila ouvert son premier établissement en 1981, à Belfast. Au-jourd’hui, on en compte une soixantaine. 3. Cette initiative s’appuie sur plusieurs outils (brochures, DVD).Pour en savoir plus : www.catholiceducation-ni.com (rubrique« The Vision »).4. Pour les élèves de 4 ans (début de la scolarité obligatoire enIrlande du Nord) à 11 ans. 5. Pour les élèves de 11 à 16 ans (fin de la scolarité obligatoi-re) ou 18 ans.6. 9 % des jeunes catholiques d’Irlande du Nord fréquententun établissement scolaire non catholique.

CONTACTSpNorthern Ireland Commission for Catholic Education (NICCE),73 Somerton Road, Belfast BT15 4DE. E-mail : [email protected] - Internet : www.catholiceducation-ni.compCouncil for Catholic Maintened School (CCMS), Bishop’s Hou-se, 44 Armagh Road, Newry, BT35 6PN.E-mail : [email protected]

Our Lady and St Patrick’s College, Belfast.

D.R

.

D.R

.

Christian Brothers' School, Belfast.

324 Europe Irlandes p49-51 OK 12/06/08 13:45 Page 51

Page 52: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

culture / édition d’art

52 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

Le livre d’art a fêté cette année son 20e Mai1, un mois d’anima-tion visant à faire connaître ses beaux ouvrages à un publicélargi. Et rajeuni. Dédicaces, débats en librairies ou biblio-thèques, et même Salon des éditeurs au centre Georges-

Pompidou, à Paris, se sont succédé. Sur les 2 000 nouveautésannuelles, les opus destinés aux enfants restentcertes ultraminoritaires. Mais ce manque de visi-bilité n’a d’égal que le dynamisme et la créativitéde petites maisons d’édition spécialistes de l’artpour la jeunesse. En lançant cette année un nouveau prix, spéci-fique à cette catégorie pleine de promesses, la pro-fession a voulu lui donner ses lettres de noblesse : « Le livre d’art rapproche plaisir et connaissance. Aucontraire de l’élitisme, c’est un objet nomade qui peutaussi bien accompagner la visite d’un musée que sefeuilleter en famille ou se découvrir à l’école », plaideMijo Thomas, présidente du groupe Art au Syndi-cat national de l’édition. Et le jury du Mai a récompensé une maison indépen-dante, cinq ans d’existence au compteur et une acti-vité exclusivement tournée vers l’art jeunesse : leséditions Palette, pour L’échelle de l’art2. Écrit par unjeune auteur issu du monde du graphisme, l’ouvra-ge affiche un concept original : depuis les sculpturesen dents de mammouth, hautes de quelques centi-mètres, jusqu’aux Noces de Cana de Véronèse etleurs 10 mètres de long, ce livre, dépliable à l’envi,classe les statues de Rodin, La Joconde ou Guernicapar ordre de taille. Les parcours d’initiation artis-tique proposés par Palette se déclinent aussi en en-cyclopédies, ouvrages thématiques sur un auteur,un courant ou un tableau, pour les plus grands,jusqu’aux livres d’éveil tout-carton et avec activitésludiques… dès 18 mois. Les albums de la collec-tion « L’Art en formes » et leurs autocollants repo-sitionnables permettent ainsi aux tout-petits d’imiter ou d’inventerleurs propres chefs-d’œuvre, inspirés de grands peintres, classiquesou modernes. Car les imagiers ont vécu ! Ainsi, Gallimard3 proposeaux bouts de choux des visites guidées par un petit koala bleu dansdes œuvres et des musées qui s’animent grâce à des tirettes ma-giques.Vers toujours plus d’interactivité, Mango, l’un des pionniers du sec-teur, édite une revue mensuelle qui suit l’actualité muséographique.Véritable préparation à la visite de l’exposition Vlaminck4, son nu-méro sur « Les Fauves5 » explique l’agressivité des couleurs, l’aban-don de la perspective et la simplification des formes adoptées par

Matisse et ses comparses. Quantaux publications du Centre natio-nal de documentation pédago-gique (CNDP), elles s’adressentde plus en plus directement auxenfants, tandis qu’un manuel sé-paré aide le professeur à appro-fondir et à relier au programmecette découverte artistique. AuMai, c’est une comptine aux ma-gnifiques illustrations inspiréesde l’univers de Miro6, qui l’a re-présenté.

Petit format plébiscitéEt comme l’art concerne aussi la photogra-

phie, la mode ou l’architecture, en deux ans d’existen-ce et une vingtaine d’ouvrages, les Éditions courtes etlongues ont abordé tous ces domaines, en plus descourants picturaux, de l’art des cavernes à l’art nou-veau. Dernier opus en date : Les pionniers du cinéma7.Atouts de cette collection : une chronologie et unglossaire de définitions pour assimiler, et des activitésmanuelles pour s’approprier les techniques. Conçusen collaboration avec l’Association nationale des

conseillers pédagogiques, ces livres se prêtent parfaite-ment à une exploitation en cours. D’ailleurs, JeanPoderos, fondateur de cette maison, ne demandequ’à venir présenter ses collections aux professeursdes écoles et collèges qui le souhaiteraient.Les éditions À propos8, elles, se destinent aux lycéens. Dans un petit format plébiscité par les bibliothécaires, artistes et universitaires donnent àpenser l’art en contextualisant et problématisantles grands courants. Encore une toute jeune mai-son qui démontre combien le secteur attend avecimpatience l’application du rapport Gross9 qui pré-conise non plus « une éducation artistique donnée àl’école et par l’école » mais « une éducation à la culturedonnée par la culture ».

VIRGINIE LERAY

1. Sur internet : www.mai-livredart.com2. Loïc Le Gall, L’échelle de l’art - quelle taille ont les chefs-d’œuvre ?,

Palette, 56 p., 18 €. À partir de 8 ans.3. Anne Gutman, Pénélope au Louvre, Gallimard Jeunesse, coll. « Pénélope », 10 p., 14 €.À partir de 3 ans.4. Vlaminck, un instinct fauve, au musée du Luxembourg, Paris. Jusqu’au 20 juillet 2008.Internet : www.museeduluxembourg.fr5. Revue Dada n° 136, « Les Fauves », Mango, 52 p., 7,50 €. À partir de 10 ans. 6. Vanessa Hié, Hélène Kérillis, Marie-José Moussu, La Magissorcière et le Tamafumoir,CRDP d’Aix-Marseille/L’Élan Vert, coll. « Le Pont des Arts », 2008, 28 p., 14 € ; 19 € avecson livret pédagogique. 7. Isabelle Cahn et Olivier Morel, Les pionniers du cinéma, Éditions courtes et longues, coll.« Toutes mes histoires de l’art », 2008, 52 p., 10,95 €. À partir de 8 ans.8. Jacques Bouzerand, Yves Klein, au-delà du bleu, À propos/Michalon, 2008, 64 p., 10 €.À partir de 14 ans.9. Remis en décembre 2007 (cf. ECA 321, p. 16). Disponible sur internet à l’adresse :http://media.education.gouv.fr/file/2007/63/7/rapport-Gross-arts-et-culture_21637.pdf

Le livre d’art jeunesse est en pleine ébullition. Un prix vient d’être créé pour attirer l’attentiondes lecteurs en herbe. Ce sont les éditions Palettequi l’ont remporté avec L’échelle de l’art, un livredépliable, beau et rigolo. À lire dès le CE2…

De haut en bas : L’échelle de l’art, prix du Mai du livre d’art 2008 - sélection jeunesse ; le noir et blanc des premierscinéastes ; les formes riches en couleursde Niki de Saint Phalle.

L’enfance de l’art

325 Culture p52-53 OK 12/06/08 13:46 Page 52

Page 53: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

culture / exposition

ganise autour de la Vier-ge, de l’Enfant Jésusjouant du psaltérion, desaint Michel et de l’ar-change Gabriel. Entrescène champêtre et réunion de cour, la symbolique religieuseévoque un paradis per-du que la passion duChrist ramènera sur ter-re. Plus expressionnis-te et âpre, la Crucifixion,ses bourreaux, ses dia-blotins et la douleur desMarie et de saint Jean,a essaimé dans l’Euro-pe gothique.

Plans et esquissesLes « Belles Madones »,les premières de l’his-toire de l’art à cumulerbeauté parfaite, jubila-tion d’un Enfant Jésusque l’on croirait en mou-vement et gestes de ten-dresse maternelle, sontconfondantes de réalis-me. Les deux spécimensalsaciens présentés vien-nent de Marienthal etd’Huttenheim qui de-

meurent deux lieux de pèlerinage majeurs parmi lesquelque 200 sites de dévotion mariale que comptaitla région au XVe siècle.Autre volet de l’exposition, celui qui raconte la genè-se de la cathédrale de Strasbourg, plans et esquissesd’époque à l’appui. Et comment, en soixante-quinzeans seulement, Michel de Fribourg, Ulrich d’Ensingenet Jean Hültz se sont relayés pour bâtir l’octogone etla flèche la plus haute de la chrétienté : 142 mètres.Avis aux amateurs, certains parchemins et statuesd’époque, à la conservation délicate, sont exposés aumusée de l’Œuvre Notre-Dame pour la première fois.

VIRGINIE LERAY

1. Adresse : 3 place du Château, 67076 Strasbourg Cedex. Renseignements :03 88 52 50 00. Site dédié à l’exposition : www.strasbourg1400.com2. Philippe Lorentz (dir.), Strasbourg 1400, un foyer d’art dans l’Europegothique, Éditions des Musées de la Ville de Strasbourg (diffusion/dis-tribution : Le Seuil/Volumen), 2007, 272 p., 40 €.

PARCOURSGOTHIQUESUn ouvrage, conçu par le service del’inventaire du patrimoine cultureld’Alsace, propose quatre parcours àtravers cette région, à la rencontredes œuvres et des édifices hérités del’histoire et de l’élan créatif de la findu Moyen Âge : dans la ville de Stras-bourg ; en Alsace du Nord, à la dé-couverte des formes de pouvoir en1400 ; en Alsace centrale, autour desfameuses maisons à pans de bois ; etenfin, dans le Rhin supérieur, sur lestraces des grands chantiers del’époque. VL

uService de l’inventaire du patrimoineculturel/Région Alsace, 1400, l’Alsace

dans l’Europe gothique, Lieux-Dits Éditions, 2008,192 p., 42 €.

PÈLERINAGEÀ trente-cinq kilomètres au sud-ouestde Strasbourg, le Mont-Sainte-Odile,monastère où se retira la sainte au VIIIe

siècle, accueille pèlerins et visiteurstoute l’année. Après la période mé-rovingienne, un jardin des délices yfut créé par les sœurs au XVIe siècle,avant les destructions et pillages suc-cessifs. L’évêché de Strasbourg qui aacquis le Mont en 1853, y a mené descampagnes de restauration très réus-sies qui ont rendu à ce vaisseau degrès rose perché sur les contrefortsvosgiens sa vocation de haut lieu deculture et de prière. VL

uAdresse : 67530 Ottrott. Tél. : 03 88 95 80 53.

Internet : www.mont-sainte-odile.com

Strasbourg au temps de l’art courtois

En l’an 1400, l’Euro-pe médiévale se pré-pare à glisser vers laRenaissance. L’art

courtois a atteint une gran-de maîtrise. Avant de semettre à flamboyer, le go-thique affiche encore deslignes pures et des couleurséthérées, pour des repré-sentations naïves teintées deféeries. De 1365 à 1440, un style dit« velouté » s’est ainsi imposédans les grands foyers cultu-rels de l’époque que sontParis, Avignon, Prague etMilan. Au carrefour, maisaussi au cœur de ces in-fluences, Strasbourg édifiesa cathédrale. Cette muni-cipalité, sans prince maisconduite par une élite fi-nancière et marchande dy-namique, devient un descentres de cet art gothiqueinternational. C’est cerayonnement artistique mé-connu que le musée del’Œuvre Notre-Dame deStrasbourg1 met à l’hon-neur jusqu’au 6 juillet 2008.Pour l’occasion, une gran-de variété de pièces, res-capées des crises iconoclastes qui frappèrent dure-ment l’Alsace, ont été réunies dans ce musée voisinde l’élégante cathédrale de grès rose : vitraux, gra-vures, tapisseries, sculptures, vaisselle ou encore ma-nuscrits enluminés, conçus à Strasbourg et imitésoutre-Rhin, à Prague et jusqu’en Italie. Les univer-sitaires médiévistes ayant participé à l’exposition,Denise Borlée, Dany Sandron et Philippe Lorentz,ont rédigé le catalogue2 qui analyse dans le détail lasymbolique de ces œuvres et leur diffusion euro-péenne.Du côté des peintures, l’exposition présente notam-ment deux joyaux strasbourgeois, dont la paternitéreviendrait à des moines dominicains : le Jardin deParadis – propriété du Städelsches Kunstinstitut deFrancfort – et La Crucifixion au dominicain – exposéau musée Unterlinden de Colmar. Le premier re-présente un jardin clos à la mode courtoise qui s’or-

À gauche : l’élévation de la partie centrale de la cathédrale de Strasbourg.En haut : La Vierge au fraisier. En bas : Le doute de Joseph.

D.

R.

© M

usée

s de

la v

ille

de S

tras

bour

g

© M

usée

s de

la v

ille

de S

tras

bour

Kun

stm

useu

m S

olot

hurn

D.

R.

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 53

Au XVe siècle, Strasbourg est un foyer artistique important dans l’Europe gothique. Une exposition,organisée par le musée de l’Œuvre Notre-Dame, nous fait découvrir ce rayonnement. Panneauxpeints, manuscrits enluminés et « Belles Madones » traduisent le raffinement de l’art courtois.

325 Culture p52-53 OK 12/06/08 13:46 Page 53

Page 54: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

54 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

SUR LES CHEMINSDE LA BIBLEdExégète enseignant à

Bruxelles, Paris et Rome, Jean-Pierre Sonnet est aussi un grand marcheur.À la suite des prophètes, ce finconnaisseur de la terre d’Israël nous propose de partir en pèlerinage sur les routes de la Bible. Pas à pas, il nous entraîne dans ses lectures, parcourant les crêtes, les plaines ou les sentiers escarpésdes wadis pour nous guider dans les textes et les psaumes. Consignées dans ce petit livre au format idéal pour le glisser dans une poche, ses penséesapparaissent comme une invitation au départ. Nos compagnons d’aventure ? Paul Ricœur, Erri de Luca, Rainer Maria Rilke ou Antonio Machado. MR

Jean-Pierre SonnetLe chant des montées - marcher à Bible ouverteDesclée de Brouwer85p, 10€

d« La Bible n’est pas ésotérique. Sa lecture demandeseulement un peu de patience », répétait, à la fin des

années soixante, l’exégète Paul Beauchamp à ses étudiantsde la faculté de théologie de Fourvière, parmi lesquels Michel Farin. Pour ce dernier, commençait alors une mé-ditation biblique partagée qui s’est poursuivie pendantplus de trente ans. Michel Farin livre dans ces pages le fruitde cette réflexion sur les Écritures envisagées comme unpont jeté entre l’histoire intime des hommes et la Parolecréatrice de Dieu. Ancien réalisateur de télévision pour LeJour du Seigneur, Michel Farin a notamment signé la série documentaire C’est écrit. Source d’inspiration pour

sa vie mais aussi pour son métier de cinéaste, la Promessemessianique offre l’occasion à chacun d’entre nous des’identifier. Mais comment accueillir le « secret » de Jésussans verser dans l’idolâtrie ? En restant vrai et proche ducœur de l’homme. Voilà ce que Michel Farin nous donneà comprendre.

MATHILDE RAIVE

Michel FarinLe secret messianique

CLD 311p., 22€

UN HOMMEDE BIENdAprès une série de succès

littéraires co-écrits avec Larry Collins (Paris brûle-t-il ?, 1964 ;… ou tu porteras mon deuil, 1968 ;Ô Jérusalem !, 1971 ; Cette nuit laliberté, 1975 ; Le cinquième cavalier,1980…), c’est la rencontre en 1981avec Mère Térésa et le missionnaireanglais James Stevens qui donne toutson sens à la vie de Dominique Lapierre. En 1982, il fonde avec son épousel’association « Action pour les enfantsdes lépreux de Calcutta ». La cité de la joie, publié en 1985, raconte cetteexpérience et permet à DominiqueLapierre de concrétiser son engagementchrétien en partageant ses droitsd’auteur avec les plus pauvres. Les entretiens et témoignages assembléspar Renzo Agasso comme autant de pièces d’un puzzle, dessinent le portrait d’un homme de bien. MR

Renzo AgassoDominique Lapierre - nous pouvonstous changer le mondeParole et Silence188p., 18€

INITIATIONCONGARIENNEdFervent partisan du dialogue

entre l’Église catholique et les autres Églises chrétiennes du monde, le père Yves Congar s’est consacré, à partir de 1930, à une « inlassable investigation de la tradition ecclésiale depuis sesorigines scripturaires ». Confrontés à une « œuvre immense et multiple »,les auteurs ont choisi de la traiter en cinq parties. La première a pour titre « Biographie intellectuelle ».La deuxième, qui constitue le cœur de l’ouvrage, est organisée autour des grands thèmes de la réflexionthéologique de l’un des artisans deVatican II (« La réforme de l’Église », « La Tradition et les traditions... »). Elle éclaire la pensée d’Yves Congar pour le lecteur qui s’apprête à aborder,avec les pages qui suivent, une sélection de textes de celui qui contribua au renouveau de l’Église. MR

Joseph Famerée, Gilles RouthierYves CongarCerf312p., 8€

HABITERLA PAROLEdLire l’Écriture, rappelle

Enzo Bianchi en introduction de cet essai, « c’est trouver unesynthèse entre Bible, théologie,spiritualité et vie chrétienne ».Cette complémentarité est opérée dans l’interprétation juive de la Bible (le midrash) et les œuvresdes Pères de l’Église. Ces deux démarches différentes sont unies par quatre postures :l’humilité devant la Parole, la conversion pour libérer le lecteur de ses opacités, la prière pour que l’Esprit ranime la lettre du texte, l’amour qui porte à mieux connaître l’autre. C’est ainsi qu’une exégèse existentielle permet d’être plus qu’un enseignant de la Parole pour se faire « prophète ». CB

Mauro Maria MorfinoVivre la Parole pour la comprendre -l’enseignement des Sages juifs et des Pères de l’ÉgliseLethielleux220p., 25€

UN SECRET EN PARTAGE

culture /livres

325 Livres p54-57 OK 12/06/08 13:48 Page 54

Page 55: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

À MOTSOUVERTSdPrêtre de la Mission de France

et écrivain, Jean Debruynneavait les yeux qui pétillent et le sourire communicatif. Quelque trois cents de ses amis,rassemblés depuis l’an 2000 au sein de l’association « En blancdans le texte », se consacrent à la diffusion des écrits de ce poètequi aimait tant aller à la rencontredes autres. Destinées aux seniors, les chroniques d’une « actualitésurprenante », publiées dans la revue Vermeil ou dans NouvelEssor, reflètent son ouverturesur le monde. Mais Jean Debruynneavait auparavant longtemps travaillé avec les Scouts et les Guides de France. De nombreuxpoèmes réunis ici témoignent de sa façon si naturelled’accompagner leurs prières. MR

Jean DebruynneJ’ai rêvé d’un GaliléenDesclée de Brouwer234p., 17€

L’HUMOURAU CŒURdSelon le cardinal Jean-Pierre Ricard,

archevêque de Bordeaux et auteur de la préface de ce recueil, les homélies de Bruno Chenu, prêtre assomptionniste et journalistedisparu en 2003, n’étaient « ni uneleçon de théologie, ni un décryptagescrupuleux de l’Écriture, ni une simpleévocation d’événements récents, mais le lieu de la rencontre savoureuse entrela force évocatrice de la Parole et la viede ceux qui se savent toujours appelés à la conversion évangélique ». Un brefextrait en guise de preuve et d’invitationà progresser avec Bruno Chenu au rythme de l’année liturgique : « Jésus est un Messie déroutant.Jean-Baptiste y perdait son araméen.Il ne s’y prend pas comme on s’yattendait. Il ne chasse pas le Romain.Il sera un Dieu souffrant et crucifié, roseaufragile qui ne résistera pas au grand ventdes puissants et des chefs religieux. » MR

Bruno ChenuCroire sur ParoleBayard212p., 15€

L’ÉTATDE L’INDEdPlus d’un milliard d’habitants

répartis dans un État grandcomme six fois la France : l’Unionindienne est au cœur d’un nouveausystème mondial d’économieémergente. Il est temps de s’intéresseraux incroyables mutations d’une sociétédont près d’un tiers des membres vit selon les critères d’un niveau socialmoyen. Ce qui conduit à de profondschangements dans l’organisationterritoriale. Particulièrement d’actualitéau moment où les investissementsétrangers convergent vers l’Inde, cetatlas permet de comprendre les enjeuxqui s’y nouent grâce à une successionde cartes thématiques. Révolution verte,production industrielle, secteur financieren pleine mutation, émergence desmétropoles secondaires sont autant de domaines abordés. MR

Philippe Cadène (texte), Guillaume Balavoine (cartographie)Atlas de l’Inde - une fulguranteascensionAutrement80p., 15€

FANTASTIQUEAFRIQUEdLaurent Gaudé, remarqué

pour La Mort du roi Tsongor(Goncourt des lycéens 2002) et Le soleil des Scorta (Goncourt 2004),écrit aussi des nouvelles. En voici deux, réunies par les éditions Magnardpour être étudiées au collège et au lycée. « Sang négrier » et « Dans la nuit Mozambique » ont encommun un sujet, l’Afrique, et ungenre, le fantastique. Cinq esclavess’échappent d’un bateau négrier…« Vous me dévisagez. Vous avez peur.J’ai quelque chose de fiévreux dans le teint qui vous inquiète. Je souris.Je tremble. [...] » Le lecteur est pris dès les premières lignes et s’il bute surun mot difficile, il trouve sa définitionen bas de page. Suit un dossierd’étude complet ainsi qu’une interview de Laurent Gaudé. SH

Laurent GaudéVoyages en terres inconnues – deuxrécits sidérantsMagnardColl. « Classiques & contemporains » -Collège/Lycée, 108p., 5€

dDes joies, des peurs, des moments de honte, les souve-nirs d’enfance se ressemblent pour chacun d’entre nous.

Ceux du réalisateur de Sonatine, d’Hana-Bi et de L’été de Kiku-jiro, se déroulent au Japon. Takeshi Kitano raconte les engueu-lades de sa mère pour le forcer à étudier, la frayeur au coursd’une promenade en barque, le premier émoi devant un corpsde fille, les bonbons triangulaires, un gobelet rouge... Son inven-taire est souvent cruel et déroulé sans pitié pour la mémoire deson père, un peintre en bâtiment illettré et alcoolique dont lemanque de savoir-faire embarrasse l’enfant (« Un jour, le pater-nel a glissé d’un toit et il est resté suspendu à la fenêtre du pre-mier étage. Ça nous a fait marrer, ça ! »). Pourtant, il ne parle

que de lui, pauvre homme misérable qui lui a donné la vie. Assor-ti de petits dessins de l’auteur, cet hommage sans affect dévoi-le toute la nostalgie du cinéaste pour un temps disparu oùl’imagination tenait souvent lieu de richesse. De quoi est faitenotre mémoire sinon d’une succession de petits riens ?

MATHILDE RAIVE

Takeshi Kitano (traduit du japonais par Karine Chesneau)La vie en gris et rose

Picquier Poche128p., 7,50€

NOSTALGIE D’UN CINÉASTE

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 55

325 Livres p54-57 OK 12/06/08 13:48 Page 55

Page 56: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

JEAN-BAPTISTECONTRE LE CHAOSdAprès que le très controversé

professeur Frost a entrepris la fouille d’une nécropole inconnuedans le désert égyptien, Jean-Baptisteest confronté à une mystérieusedécouverte. Du haut de ses seize ans, il doit faire disparaître un document qui remet en cause l’Apocalypse de saint Jean au risque de plongerl’humanité dans le chaos. Parviendra-t-ilà détruire ce manuscrit ? Nous avionsdéjà dit tout le bien que nous pensionsdu premier tome de cette quadrilogiefantastique, sorte de Harry Potterd’inspiration chrétienne (cf. ECA 307, p. 56), conçue à partir d’unquestionnement biblique entrepris parun prêtre messin à l’imagination fertile.Voici le troisième épisode, tout aussipalpitant et désormais enrichi d’un siteinternet*. À partir de 12 ans. MR

Michael DorLa porte des anges (t. 3) – lescavaliers du chaos Médiaspaul412p., 17,30€

* www.laportedesanges.fr

dPour distraire une petite fille alors que les bombestombent sur son quartier, monsieur Eluard lui raconte

une histoire. « Quel animal voudrais-tu être ? » lui demandele poète. « Si on était des oiseaux, on serait libres », déci-de Marie en rêvant de s’échapper de la cave où elle a étéobligée de se réfugier avec sa mère et ses frères. Le bom-bardement terminé, le poète écrit quelques lignes à la craiesur le mur de suie de la cave avant de remonter chez lui :« Sur mes cahiers d’écolier / Sur mon pupitre et les arbres/ Sur le sable sur la neige / […] » Le poème parle de liber-té. Nous pensons connaître ces vers par cœur. Mais, dansce bel album, la strophe inachevée est complétée par un

troubadour de passage. Il s’adresse à sa mie. N’est-ce pasle rôle des faiseurs de rimes de permettre à chacun d’enfaire à sa guise ? Inspiré par l’œuvre d’un des plus beauxauteurs du XXe siècle, cet album assorti de superbes illus-trations – personnages à têtes d’oiseaux – est un magni-fique hommage à l’imaginaire surréaliste de l’époque.

MATHILDE RAIVE

Joe Hoestlandt (texte), Bruno Gibert (ill.)La cave aux oiseaux

Syros32p., 13,50€

UNE CHAÎNEALIMENTAIREdNon, les tigres ne mangent

ni herbes, ni grenouilles, nisauterelles. Pas de cigogne, non plus à leur menu. Et pourtant… Comme letigre mange des renards qui eux-mêmesse sont régalés de cigognes croqueusesde grenouilles friandes de sauterelles,tout ce beau monde se retrouveforcément dans l’estomac du… tigre.Lui, personne ne le dévore à l’exceptiondes micro-organismes qui surgissent aumoment de sa mort. Dès lors, sa chair se décompose dans la terre où poussentde petites plantes happées par lessauterelles qui sont mangées par les grenouilles, etc. Le cycle de la natureest ainsi fait que rien ne se perd dans lachaîne alimentaire régulant la planète.Les enfants qui « naissent chercheurs »trouveront dans ce documentaire desréponses à leurs nombreuses questions.À partir de 5 ans. MR

An Hyeon-Jeong, Jeong Se-Yeon,Marguerite Tiberti (adaptation française)Le Tigre mange-t-il de l’herbe ?RicochetColl. « Ohé la Science ! », 38p., 12€

PLUS DE CULTURELITTÉRAIREdLe dossier « œuvre classique »

évolue dans la nouvelleformule de Je Bouquine. Il s’ouvresur des pages consacrées à l’auteur(Daniel Defoe, en juin). Suitl’adaptation en BD d’une œuvredans son intégralité (RobinsonCrusoé, pour ce même numéro). Les plus jeunes lecteurs, à partir de10 ans, pourront ainsi découvrir lesplus grands romans de la littérature.Pour ces pages BD, Je Bouquineest en partenariat avec les éditionsAdonis (distribuées par Glénat). Etles abonnés au magazine trouverontsur le site web le texte intégral dulivre en version audio (ce qui pourrapermettre des utilisations en classe).Et toujours : un roman inéditd’environ 50 pages, écrit par unauteur d’aujourd’hui. En juin, c’estJean-Philippe Arrou-Vignod qui signeDes vacances en chocolat. FR

Je Bouquine, n° 292 (juin 2008), Bayard JeunesseEn kiosque, 6,50€

http://blog.okapi-jebouquine.com

LA PÉNICHEDE NOÉdL’histoire de Noé, petit garçon

de dix ans, se déroule au fil de l’eau. Un voyage en péniche avec ses grands-parents paternels lui permetde renouer les fils de sa vie, d’enretrouver le cours. Il ne voyait presquejamais Grand-Pa et Mamina : un divorceétait passé par là, brouillant les cartesfamiliales. Mais une fois sa mèredisparue, Noé se retrouve à la dérive. Et c’est en apprenant à manier la barre,avec Grand-Pa et le canard Homère à ses côtés, qu’il s’affirme et redécouvrela joie de vivre. Évidemment, l’écolepasse après, mais la vie de marinierapprend beaucoup. Et pendant lespauses, on peut faire ses devoirs par correspondance. L’auteur connaîtbien les péniches : elle en habite une,sur la Marne ! Tonique et joyeux malgré le drame de départ. Un romansur l’importance des grands-parents. À partir de 9 ans. MCJ

Claire ClémentNoé Bayard Jeunesse168p., 9,90€

LIBERTÉ, J’ÉCRIS TON NOM

culture /livres jeunesse

56 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

325 Livres p54-57 OK 12/06/08 13:48 Page 56

Page 57: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

FUTAIEFUTÉEdDu Petit Chaperon rouge à Hansel

et Gretel en passant par Le PetitPoucet ou La Belle au bois dormant, laforêt n’a cessé d’inspirer les conteurs.Cependant, Charles Perrault ou lesfrères Grimm ne furent pas les seuls à peupler les sous-bois. Au rayon dessorcières, des nains et des princesses, la concurrence est rude. Les histoires detrolls naissent dans les contrées du nordde l’Europe. Plus à l’ouest, ce sont leskorrigans. L’Afrique et l’Inde ne sont pasen reste. Dans la brousse ou la jungle, le mystère est tout aussi épais. Portéspar une bande-son reproduisant lesdifférentes atmosphères, nous voicipartis à la découverte de ces mondesenchantés, guidés par un livret illustréreproduisant la « Charte du promeneuren forêt » publiée par l’ONF. Astucieux.À partir de 4 ans. MR

Collectif (voix, guitare, violon,trompette, percussions…)Promenons-nous dans les bois - contes,comptines, éco-citoyennetéArB Music/Office national des forêts1 CD + 1 livret (8 p.), 17,90€

L’AMILITTÉRAIREdLa Maison des écrivains et de la

littérature (Mel) est une associationqui compte plus de 400 auteurs(romans, nouvelles, poésie, jeunesse…),tous présentés individuellement sur son site internet. Entre autres actionsculturelles, elle a mis en œuvre « L’Ami littéraire ». Ce programmenational de rencontres d’écrivains enmilieu scolaire (du CP à la terminale)repose sur un principe (« Un auteur se rend dans une classe pour y mener un dialogue avec les jeunes à propos de ses ouvrages, de ses sources, de la littérature et de l’art d’écrire »)et sur un projet élaboré par les enseignants. Il est soutenu par le ministère de la Culture et de la Communication et par l’Éducationnationale. Pour bénéficier d’un cofinancement, les établissementsintéressés doivent déposer un dossier à partir du 2 mai pour l’année scolairesuivante. Il est temps. MR

www.maison-des-ecrivains.asso.fr (cliquer sur « Actions culturelles » puis sur« L’Ami littéraire »)

LES JMJEN DIRECTdÀ manifestation exceptionnelle,

dispositif exceptionnel : pourcouvrir les XXIes Journées mondiales dela jeunesse, qui se dérouleront à Sydney,l’équipe du Jour du Seigneur se mobilisesur deux fronts. – Sur France 2 avec 3 h 30 d’émissionsen direct les dimanches 13 et 20 juillet.Citons, entre autres temps forts, lamesse célébrée, le premier dimanche à 11 heures, par le cardinal André Vingt-Trois, en la cathédrale Saint-Christophe de Canberra, en présence de 600 jeunes Français des diocèses aux armées et de Paris et de la Communauté de l’Emmanuel.– Sur internet, avec un site interactifdédié aux JMJ. Ouvert depuis le 27 maidernier, il met à la disposition deswebmasters de sites et de blogsassociatifs ou ecclésiaux, des reportagesqui pourront aussi être diffusés sur écrangéant lors des rassemblements organisésen France. MLS

www.lejourduseigneur.comAdresse du site dédié :http://jmj.lejourduseigneur.com

LA PROMESSEAU SOMMETdLe 1er août 1907,

Lord Baden-Powell emmenait les premiers scouts sur l’île anglaise de Brownsea. Le 1er août 2007,partout dans le monde, chaque scout ou ancien scout était invité à renouveler sa promesse là où il se trouvait au matin de ce jour anniversaire. D’où le nom de baptême de l’opération :Lever de soleil sur le scoutisme.En France, en Pays de Savoie, les jeunes se sont donné pour défi de porter leur promesse sur le plus haut sommet des Alpes et de l’Europe occidentale : le mont Blanc. Un cinéaste, BrunoPeyronnet, les a accompagnés danscette ascension exceptionnelle. Rompu à la réalisation de « filmsd’altitude », il en a ramené undocumentaire de 26 minutes, intituléLever de soleil sur le mont Blanc. Cesimages « au plus près des émotions »,vous pourrez les voir sur KTO le jeudi 31 juillet 2008, à 20 h 50. IDP

www.ktotv.com

dSeul mélodrame – voix parlée et piano – jamais composépar Francis Poulenc (1899-1963), L’histoire de Babar s’ins-

crit dans la lignée de Pierre et le Loup de Prokoviev. La composi-tion est pourtant beaucoup moins connue. Débutée en 1940, àla demande d’une petite cousine qui souhaitait que son onclemette son album favori en musique, cette pièce fut achevée en1945. Comme un écho à la période sombre de sa réalisation, elle traverse toutes les gammes musicales. Tour à tour grave, dra-matique ou joyeux, le piano répond aux phrases sobres dont lavivacité et la tendresse s’accordent aux épisodes de la vie du pe-tit éléphant. Sa naissance, la mort de sa mère tuée par un chas-seur, la rencontre avec la vieille dame, le retour dans la forêt, son

mariage avec Céleste, le couronnement. L’interprétation sensibledu pianiste Christophe Buren soutient la voix cristalline de Mathilde Hennekinne (pour la version originale en français ) etcelle du comédien franco-irlandais Oisin Stack (pour l’adaptationanglaise). Une découverte. À partir de 4 ans.

MATHILDE RAIVE

Jean de Brunhoff (récit), Francis Poulenc (musique), MathildeHennekinne, Oisin Stack (récitants), Christophe Buren (piano),

L’histoire de Babar, le petit éléphantNaïve

1 CD + 1 livret bilingue (16p.), 18€

BABAR BILINGUE

culture /multimédia

N° 325, JUIN-JUILLET 2008 Enseignement catholique actualités 57

©Le

Jour

duSe

igne

ur

D.R

.

325 Livres p54-57 OK 12/06/08 13:48 Page 57

Page 58: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

pratique

58 Enseignement catholique actualités N° 325, JUIN-JUILLET 2008

OFFRES D’EMPLOI

dLa Fondation d’Auteuil recherche :un(e) directeur(trice) et un(e) adjoint(e)de direction pour un collège situé à Pri-ziac (Morbihan). Pour plus de détails et pour postuler :www.fondation-auteuil.org (rubrique« Travailler à la Fondation d’Auteuil »)

SÉJOUR

dDu 26 au 31 octobre 2008, Class Openorganise une « Escapade culturelle àRome, pour apprendre en vacances eten voyageant ». Au programme, spé-cialement adapté aux collégiens (de la6e à la 3e) : « La Rome antique » (le Coli-sée, le Palatin, les marchés de Trajan, lesmusées du Capitole...) ; « La Rome chré-tienne » (basilique Saint-Clément, cata-combes de Saint-Callixte...) ; «Une journéeau Vatican » (audience pontificale et visi-te de la basilique Saint-Pierre).Renseignements et inscriptions (sou-haitées avant le 14 juillet 2008) : ClassOpen, 6 rue du Dr-Ténine, Résidence « Le Village B3 », 91320 Wissous. E-mail :[email protected] - Pour les au-tres séjours proposés par Class Open :www.classopen.fr

DOCUMENTATION

dEt si, pour changer, « tout commençaitpar des chansons » ? En matière de pré-vention des accidents domestiques parexemple ? On pourrait inventer une comp-tine qui ferait « Une casserole verte, / Surla cuisinière, / Je l’attrape par la queue /Elle me brûle des pieds aux cheveux, / […]» ou un proverbe qui dirait « Pour éviterl’accident, il suffit d’être prudent. » Maisaussi des jeux, des animations clefs enmain, des mallettes pédagogiques… C’estl’idée de Krystell De Mouette et Stépha-ne Latruffe. Ces deux éducateurs spé-cialisés, travaillant dans un centre de réédu-cation pour enfants handicapés, sontconfrontés quotidiennement aux consé-quences des accidents domestiques. Ilsfondent l’association « Les Experts de laprudence », proposent des animations,des expositions… sur le thème de la pré-vention. Puis, pour mieux répondre auxattentes des parents, des municipalités,mais aussi des enseignants, ils créent unemaison d’édition. Baptisée Almakane, ellepoursuit le même objectif : « Donner auxenfants les moyens de ne plus être les vic-times de notre monde d’adultes. » Ceconcept citoyen, désormais élargi aux cha-

pitres « Environnement », « Sécurité rou-tière », « Santé » et « Premiers secours »,a reçu, entre autres soutiens, ceux de laSécurité civile et du ministère de la Jeu-nesse et des Sports. Le site internet coloré, sonore et ludique,s’adresse aux enfants à partir de 2 ans, àleurs familles et aux professionnels de l’en-fance : www.lesexpertsdelaprudence.fr

dPascale Dubosq est une passionnée :professeur de technologies de l’informa-tion et de la communication dans un éta-blissement spécialisé pour handicapésvisuels, elle a voulu transmettre sa connais-sance du braille à tous les curieux et ama-teurs de communication. Résultat : Braillonsensemble, un petit livre coloré et simple,accessible aux adultes comme aux enfants.Ses pages sont peuplées de points de cou-leur qui s’amusent ensemble. Ils se rejoi-gnent, s’allient, se séparent... Et en lessuivant dans tous leurs mouvements, lelecteur apprend le braille. L’auteur a ouvert un blog à l’adresse :www.braillonsensemble.over-blog.com Pascale Dubosq, Braillons ensemble -une petite histoire des points braille,Publibook, 2007, 62 p., 20€. Commandes :en librairies, sur certains sites de venteen ligne ou chez l’auteur par e-mail :[email protected]

dPierre Valade, professeur-formateurTICE à l’IUFM de Midi-Pyrénées et huitauteurs de tous les horizons pédago-giques (professeur des écoles, inspec-teur de lettres...) se sont associés pourrépondre en 50 fiches « activités » et14 fiches «ressources » au souci des ensei-gnants d’école et de collège de mieuxintégrer l’usage d’internet dans leurspratiques pédagogiques. Pierre Valade (dir.), 50 activités pour uti-liser l’internet à l’école et au collège,Scérén-CRDP de Midi-Pyrénées, 189 p.(+ CD-Rom), 23 €.

SOLIDARITÉ

dLes Frères des écoles chrétiennes pro-posent à des jeunes volontaires de 18 à30 ans de consacrer dix mois de leur vie– le temps d’une année scolaire – à desjeunes en rupture avec le système sco-laire, accueillis dans trois établissementslasalliens : enfants de primaire et collè-ge à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise) ;16-25 ans en apprentissage à Reims (Mar-ne) ; enfants et jeunes tziganes à Tou-louse (Haute-Garonne). Les jeunes

volontaires feront partie de l’équipeéducative. Ils seront intégralement prisen charge. Ils vivront dans une commu-nauté de Frères dont ils partageront lavie quotidienne, et spirituelle s’ils le sou-haitent. Renseignements : Sylvain Couëdel. Tél. : 01 44 49 36 07.E-mail : [email protected] Internet : www.lasalle-fec.org

dCouvrir 10 livres ou 10 cahiers sansruban adhésif ni ciseaux, c’est possiblegrâce au Kit Plio. Ce produit phare dela rentrée scolaire, inventé et diffusépar Handicap International, est pra-tique, bien sûr, mais il est aussi – et sur-tout ! – solidaire. En effet, sur les 5euros de son prix de vente (conseillé),1 euro est reversé à l’ONG internatio-nale dont la lutte contre les bombes àsous-munitions (BASM) commence àporter ses fruits puisque le 28 mai decette année, 111 pays sont tombés d’ac-cord sur un projet de traité en inter-disant l’usage.Le Kit Plio sera vendu, à partir du 15 juillet2008, dans les grandes surfaces alimen-taires, les grands magasins, les librairieset papeteries ; et en ligne à l’adresse :www.boutiquehi.com

GESTION

d1998-2008. En dix ans, le CEDRE agrandi. Aujourd’hui, ce club d’achatfédère 1 500 établissements d’inspira-tion chrétienne : écoles, communautésreligieuses, diocèses, maisons d’accueil...Pour eux, il négocie des conditions tari-faires et commerciales avantageusesdans sept domaines : restauration (four-nitures, produits alimentaires, choix deprestataires...) ; hygiène et entretien(produits divers, systèmes sécurité incen-die, ascenseurs, diagnostic amiante...) ;énergie (électricité, fuel, gaz) ; admi-nistration (fournitures scolaires, télé-phonie, bureautique...) ; mobilier(bureau, scolaire...) ; événements ponc-tuels (traiteurs, chapiteaux, sonorisa-tion, voyages...) ; services d’experts (auditdes taxes foncières, scénographie, res-sources humaines...).En permettant à ses adhérents d’éco-nomiser de l’argent et de gagner dutemps, le CEDRE favorise la mission del’Église sous toutes ses formes (éduca-tion, œuvres sociales...).Pour connaître votre délégué régionalCEDRE : www.lecedre.fr (cliquer sur« Nous contacter »).

325 pratique p58 OK 12/06/08 14:29 Page 58

Page 59: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

Nom/ Établissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Livret de compétences :1 €

Guide de l’enseignant :1,50 €

Livret de connaissances :

0,50 €

cycle 1 : maternellePS / MS / GS

cycle 2 : GS / CP / CE1

cycle 2

cycle 3 : CE2 / CM1 / CM2

cycle 3

PACK POUR UNE CLASSE : 28 €comprenant : — 28 Livrets de compétences — 1 Guide de l’enseignant

PACK POUR UNE CLASSE : 40 €comprenant : — 28 Livrets de compétences — 28 Livrets de connaissances — 1 Guide de l’enseignant

Guide d’accompagnement

à l’usage des équipes

d’enseignants

........ ex.

......... €

cycle 1

........ ex.

......... €

cycle 2

........ ex.

......... €

cycle 3

........ ex.

......... €

cycle 2

........ ex.

......... €

cycle 3

........ ex.

......... €

cycle 1

........ pck

......... €

cycle 2

........ pck

......... €

cycle 3

........ pck

......... €

cycle 2

........ pck

......... €

cycle 3

........ pck

......... €

Livrets de Livrets de Pack Pack compétences connaissances

à 28 € à 40 €à 1 € à 0,50 €

Commandes à l’unité Commandes en pack

Nbre d’ex.ou de pack

Prix (x nbre ex./pack)

Nbre total d’ex. /pack

Prix total : ................................... € en chèque bancaire à l’ordre de AGICEC

...................................................... exemplaire(s) ........................... pack(s) .............. pack(s)

Guide de l’enseignant

à 1,50 €

Bon à renvoyer accompagné de votre règlement à : AGICEC - Service publications de l’enseignement catholique 277, rue Saint-Jacques - 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 - Fax : 01 46 34 72 79

Frais de port sur facture (accompagnant votre commande)

BON DE COMMANDE

Pour accompagner les défis des élèves du 1er degré

une série de documents conçus par l’AIRIP**Association Interdiocésaine / Recherche & innovation pédagogique

325 pI-IV couvs OK 12/06/08 12:13 Page 3

Page 60: Pierre de Givenchy Créateur Un lycée de la … · ... 75240 Paris Cedex 05. Tél. : 01 53 73 73 75 ... Strasbourg au temps de l’art courtois 53 ... 01 53 73 73 75. Fax. : 01 46

MONTANTS L’abonnement : 45 € — De 3 à 9 abonnements : 38 € par abonnementDES ABONNEMENTS : 10 numéros par an — De 10 à 24 abonnements : 33 € par abonnement

— À partir de 25 abonnements : 28 € par abonnementJe souhaite m’abonner à Enseignement catholique actualités

x 45 € = …..... x 38 € = …..... x 33 € = ….. x 28 € = ….....

Ci-joint la somme de ................ € en chèque bancaire à l’ordre de : AGICEC

Nom : ........................................................................................... Adresse : ...................................................................................................

................................................................................... Code postal : .......................... Ville : ........................................................................

Bon à renvoyer accompagné de votre règlement, à : ECA, 277 rue Saint-Jacques - 75240 Paris CEDEX 05 - Tél. : 01 53 73 73 75 - Fax : 01 46 34 72 79.

L’informationindispensable à tous les membres des communautés éducatives

Abonnez-vous !Attention, à partir de cette année scolaire, les abonnements se font de date à date pour un an

325 pI-IV couvs OK 12/06/08 12:13 Page 4