Pharmacien de France presidentielle 2007

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Les interviews des candidats à la présidentielle en 2007

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Le Pharmacien de France : Quels chan-gements comptez-vous apporter au finan-cement de l’Assurance maladie pourapprocher l’équilibre des comptes tout enpréservant le système de santé ?

Nicolas Sarkozy : Le premier des change-ments à apporter, c’est de cesser deréduire la politique de santé à une poli-tique de financement de l’Assurancemaladie car cela nous a toujours amenésà rationner les soins, les médicaments oule nombre des professionnels de santésans jamais ou rarement maitriser lesdéficits. Les dépenses de santé vontcroître dans les décennies qui viennentpour répondre à l’allongement de ladurée de la vie et rendre accessible àtous le progrès thérapeutique. C’est unebonne chose pour les Français, pour lesprofessions de santé, mais aussi pourl’emploi, la croissance et l’innovation. Jen’élude pas pour autant la question desdéficits. Je crois qu’on y répondra, d’une

part, en luttant contre les abus, lesfraudes et les gaspillages qui représen-tent entre 7 et 15 milliards d’eurosannuels, d’autre part, en instituant unefranchise raisonnable et juste, permet-tant de responsabiliser les patients, enfinet surtout, disons le car c’est au cœur demon projet, en revenant au plein emploipar la revalorisation du travail.

Face aux nombreuses mesures qui ont frappél’économie officinale, les pharmaciens récla-ment aujourd’hui unerevalorisation de leurrémunération. Comp-tez-vous répondre àcette demande ?

Les pharmaciens ontcontribué personnel-lement à l’effort de redressement descomptes en se faisant les moteurs de lasubstitution en faveur du générique. Ungrand nombre d’officines ont dépassé leurs

objectifs individuels de substitution.Pourtant, nombreux sont ceux qui, dans laprofession, ressentent aujourd’hui des dif-ficultés. Pour trouver des marges demanœuvre supplémentaires, il faut ouvrirde nouveaux champs d’activité aux phar-maciens. Et à nouvelles activités, nouvel-les rémunérations. La médication familiale,avec un avis du pharmacien, est une piste.Inclure le pharmacien dans le parcours desoins en est une autre. Prenons l’exemplede certaines maladies chroniques. Ne

peut-on pas imagi-ner que le pharma-cien puisse assurerune partie du suivide ces maladies, encollaboration avec lemédecin ? Ne peut-on pas aussi inclure

le pharmacien dans le suivi à domiciledes patients âgés dépendants ? Person-nellement, je crois à ces possibilités d’ac-tivités nouvelles données au pharmacien.

LES CANDIDATS N

PRÉSIDENTIELLEACTUALITÉ

Tout le monde aura constaté combien la santé était absente du débat présidentiel. Lesmédicale, du rétablissement des comptes sociaux... sont étrangement relégués dans lescompris, et c’est pourquoi la FSPF a décidé de monter au front, en organisant à Parsont invités à venir présenter leurs projets. D’ores et déjà, nous sommes allés demander aux quatre « poids-lourds » de cette éleJean-Marie Le Pen – de répondre aux questions qui vous taraudent, et de réagir aux

NICOLAS SARKOZY

Leader incontesté du parti majoritaire, Nicolas Sarkozy est donné comme l’un des grands favoris decette élection. Il a fait de Xavier Bertrand, ministre de la Santé, l’un de ses porte-paroles.

Les pharmaciens ont accompli un formidable

travail de pédagogie

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NICOLAS SARKOZY

« Le pharmacien doit être reconnu »

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S NOUS RÉPONDENT

ACTUALITÉPRÉSIDENTIELLE

iel. Les enjeux colossaux du vieillissement de la population, de la désertificationans les coulisses de la lutte élyséenne. Les pharmaciens l’ont bien t à Paris, le 27 mars, un grand rassemblement national où les principaux candidats

tte élection – Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal, François Bayrou et gir aux très nombreux courriers que vous nous avez adressés.

J’ajoute que je veux faire du médica-ment et de l’innovation pharmaceutiqueune priorité de la recherche et de lapolitique de santé en France. C’est ainsique le pharmacien se sentira moinsmarginalisé et que son activité pourra sedévelopper.

Sur fond de désertification médicale enmilieu rural, quelles mesures comptez-vous mettre en œuvre pour permettre auxofficines de s’y maintenir ?

Il y a trois principes avec lesquels il nefaut pas jouer : le monopole des phar-maciens, la répartition géographique etl’exercice personnel. Parce que la phar-macie d’officine est, dans une périodede grande fragilité démographique médi-cale, un élément structurant et stabilisa-teur qui doit être protégé. Par exemple,les pharmaciens ont un rôle essentieldans la permanence des soins. En revan-che, lorsque des officines rencontrentdes difficultés dans des zones en déser-tification, elles doivent pouvoir se réuniret bénéficier d’une protection sur leurzone géographique. De même, il fautréfléchir à la manière de faciliter uneorganisation du travail qui permette aupharmacien de quitter son officine pourse rendre à domicile. Toutes les pistessont ouvertes pour consolider les offici-nes dont nous avons besoin.

L’essor des médicaments génériques reposetrès largement sur le pharmacien. Conti-nuerez-vous à vous appuyer sur cet acteur ?

Les pharmaciens ont accompli un formida-ble travail de pédagogie auprès des assuréssociaux pour le développement du généri-que et sont pleinement mobilisés. Je croisque les médecins doivent prendre à leurtour toute leur part dans cette action ens’efforçant de rédiger leurs ordonnances endénomination commune internationale.

Quels moyens comptez-vous mettre en œuvrepour permettre aux pharmaciens de déve-lopper le marché dit d’ « automédication »?

Je n’aime pas le terme d’automédicationcar je considère qu’il ne faut pas laisser lespatients seuls face au médicament. Jepréfère donc le terme de médication assis-tée, qui suppose de continuer à recourir auspécialiste du médicament qu’est le phar-macien. C’est l’une des raisons pour les-quelles je suis favorable au monopole despharmaciens. De la même manière, je sou-haiterais que la piste de la prescriptiond’urgence puisse être creusée, avec leconcours de la Haute autorité de santé etdes médecins. En toute hypothèse, je necrois pas qu’il faille envisager le déve-loppement de la médication assistée dansune optique d’économies pour l’Assurancemaladie, mais dans l’optique d’améliorernotre dispositif de santé et d’aider nosconcitoyens à prendre en main leur santé.

Si le principe d’instauration d’une franchisesur les remboursements de soins estacquis, ses modalités font débat. Lemontant de 100 euros par famille et paran est régulièrement évoqué. Qu’en est-il ?

La franchise que je propose n’est pas unefranchise à l’acte qui présente l’inconvé-nient de peser davantage sur ceux qui

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PRÉSIDENTIELLEACTUALITÉ

sont les plus malades. Un tel systèmen’est pas juste. Elle est une franchiseannuelle décomposée en quatre caté-gories : les consultations, l’hospitalisa-tion, les médicaments et les examensbiologiques. La santé est l’un des biensles plus précieux que nous avons. Il ne me paraîtpas anormal quechacun y contri-bue de manièremodeste, maisréelle. Je suisen outre persua-dé que la fran-chise réduira leconsumérisme qui se développe actuel-lement dans la relation entre lespatients et les professionnels de santé.La santé n’est pas un bien comme unautre. Sa gratuité la banalise.

S’agissant des modalités de cettefranchise, elles seront soumises à laconcertation. En aucun cas, la fran-chise ne devra dissuader certains denos compatriotes de se soigner. Lespersonnes titulaires du minimumvieillesse et les enfants en seront

donc certaine-ment exonérés.Quant au mon-tant, la logiquede ce que je pro-pose, c’est qu’ildépende de l’étatdu déf ic i t de

l’Assurance Maladie.

Les pharmaciens prennent une partcroissante dans des actions de pré-vention, d’éducation sanitaire et desanté publique. Comptez-vous encou-rager ces missions, et selon quellesmodalités ?

Je veux tout d’abord rendre hom-mage aux pharmaciens qui ont suparfaitement accompagner cetteévolution de notre système de santé.Les pharmaciens sont en prisedirecte avec les patients et font,dans leur exercice quotidien, beau-coup de prévention. Il est probableque de nouvelles actions requerrontà nouveau leur participation. Danstous les cas, des formations leurseront proposées comme cela a étéfait pour la grippe aviaire.

Certains États de l’Union européenneont récemment ouvert de largesbrèches dans le monopole pharma-ceutique. Doit-on craindre le mêmetype de décisions en France ?

Je suis fermement opposé à touteremise en cause du monopole despharmaciens. Au Royaume-Uni etaux États-Unis, le surdosage involon-taire du paracétamol est par exemplel’une des premières causes de défail-lance hépatique. Casser ce monopoleconduirait en outre à fragiliser unréseau d’officines vital pour le tissumédical du pays. Je le défendrai doncsans hésitation.

En France, le pharmacien est un pro-fessionnel libéral indépendant, pro-priétaire de son officine. Comptez-vousfaire en sorte que l’accès au capital del’officine continue d’être réservé auxseuls pharmaciens ?

Le caractère patrimonial de l’officineest un des piliers du système. Je veuxdonner le choix aux pharmaciens depouvoir administrer leur entreprisecomme ils le souhaitent. Le capital enfait partie. Mais je souhaite que lepharmacien reste maître de sonmétier. C’est pour cela que je suisopposé à la libéralisation totale ducapital prôné par certains pays voisins.En particulier, dans le domaine dessociétés d’exercice libéral, il nous fautempêcher l’installation de SEL encascade, qui risquent de conduire àune déresponsabilisation des acteurs.L’exercice personnel est un principeauquel je crois.

Nous vous avons fait part des ques-tions et préoccupations de nos lec-teurs. Que vous inspirent-elles ?

J’ai été très frappé, à la lecture descourriers que vous m’avez transmis, parle mépris dont un grand nombre depharmaciens se sentaient victimes. J’aibeaucoup apprécié la qualité de certai-nes contributions qui cherchaient àdépasser les problématiques des phar-maciens ou même les questions sanitai-res, pour présenter une vision globalepour notre pays. Pour ma part, je croisque le pessimisme que vous relevez esten total décalage avec les ambitions quepeut légitimement avoir cette profes-sion. Avec les génériques, elle a démon-tré sa capacité d’entraînement. Demain,avec le dossier pharmaceutique dupatient en coordination avec le dossiermédical partagé, avec le développementde la médication assistée, le pharmacienjouera un rôle toujours plus essentieldans notre système de soins. J’entendsbien le préserver et faire en sorte qu’ilsoit reconnu à sa juste mesure.

■ Propos recueillis par Fanny Rey

Les points - clés

● Pas de remise en question dumonopole, de la loi de répartition nide l’exercice personnel.

● Donner la possibilité aux pharmaciensd’exercer de nouvelles activitésrémunérées (médication familiale ouinsertion du pharmacien dans leparcours de soins, par exemple) pourleur permettre de surmonter leursdifficultés économiques.

● Creuser la piste de la prescriptiond’urgence, avec le concours de laHaute autorité de santé et desmédecins.

● En cas de difficulté en zone rurale,permettre aux pharmaciens de seréunir et de bénéficier d’uneprotection dans leur zonegéographique.

● Empêcher l’installation de SEL encascade.

● Instaurer une franchise annuelle etdécomposée en quatre catégories(consultations, hospitalisation,médicaments et examensbiologiques), dont les modalitésrestent à définir.

Je suis fermementopposé à

toute remise en cause

du monopole

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Le Pharmacien de France : Les pharma-ciens ont payé un lourd tribut au redres-sement des comptes de l’Assurancemaladie, avec près de 160 millions depertes de marge pour la seule année2006. Quel message leur adressez-vous ?

Ségolène Royal : Je sais que les pharma-ciens ont été fortement mis à contribu-tion, comme tous les Français. Plusgénéralement, la gestion des financessociales a été catastrophique depuis2002. Le retour à l’équilibre avait étépromis pour 2007. Des mesures d’écono-mies ont dû être mises en place à la hâte

et sans la concertation indispensableavec tous les acteurs. La santé des fran-çais mérite mieux que ce bricolage. Jetiens à préserver la protection sociale desFrançais et à leur garantir un système desanté de qualité. Cela passe par une largeconcertation avec les partenaires sociaux,les professionnels de santé et les usagers,ainsi que les régimes complémentaires etun respect du rôle du Parlement. Nousdevrons rétablir l’équilibre des comptesde la Sécurité sociale pour assurer sapérennité.

Face aux difficultés économiques quetraverse la pharmacie, à la chute desprescriptions, aux déremboursementsmassifs, aux conditionnements trimes-triels, les pharmaciens réclament unerevalorisation de leur rémunération.Entendez-vous cette demande ?

Les officines sont un maillon indispensa-ble de la chaîne de soins, auquel je suisattachée. Les mesures prises précédem-ment ont eu des effetsnégatifs. D’autres évo-lutions peuvent entraî-ner des effets positifs,comme l’intensifica-tion de la lutte contrele tabagisme, le déve-loppement de l’hospi-talisation à domicileet le passage en villede nombreux médicaments souventcoûteux. Les délégations de tâches méri-tent aussi discussion. Je propose doncaux pharmaciens d’engager rapidement ledialogue.

L’essor des médicaments génériques apermis à l’Assurance maladie d’engranger

750 millions d’euros d’économies en2006. Comptez-vous permettre au phar-macien de demeurer le principal acteurde ces économies, notamment en main-tenant un dispositif incitatif pour lui per-mettre de poursuivre la substitutiongénérique ?

La poursuite de la politique en faveur desgénériques est indispensable et doit sedévelopper, y compris sur des bases inci-tatives. Les enjeux de ce développementdoivent mobiliser tous les acteurs, aupremier rang desquels les pharmaciensqui ont un rôle fondamental à jouer.

Le marché des spécialités dites d’« auto-médication » représente un potentield’économies insuffisamment exploité enFrance. Quels moyens comptez-vousmettre en œuvre pour permettre aux phar-maciens de développer ce marché ?

L’automédication est une pratique déjàrépandue, même si les Français y sont

moins enclins qued’autres. Il me semblenécessaire d’y mettreun peu d’ordre dansun souci de santépublique : que ceuxqui sont à même detraiter seuls un pro-blème bénin, qu’ilsconnaissent bien,

aient à leur disposition des médicamentssûrs et efficaces me paraît être une bonnechose, et je pense que les pharmaciensd’officine ont là un rôle de conseil etd’orientation indispensable, qui fait partiede leur mission de professionnels de santé.Cependant, je ne peux accepter que desmédicaments déremboursés en automédi-

PRÉSIDENTIELLEACTUALITÉ

Triomphalement adoubée par les militants du PS, Ségolène Royal s’est fait une spécialité du débatparticipatif. Elle se présente pour la première fois à l’élection présidentielle.

SÉGOLÈNE ROYAL SÉGOLÈNE ROYAL

je ne suis pasfavorable à unedélivrance en

self-service dansla pharmacie de

produits enautomédication

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« Je vous propose le dialogue »

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cation voient leur prix doublerou tripler. Enfin, je ne suis pasfavorable à une délivrance enself-service dans la pharmaciede produits en automédication hors duconseil des praticiens de l’officine.

Comptez-vous vous attaquer au problèmede la démographie médicale, et à la dis-parition des cabinets médicaux dans lescampagnes, qui ont un impact direct surla rentabilité des officines ?

Je tiens à permettre l’accès aux profes-sionnels de santé sur tout le territoire,médecins, professions paramédicales etpharmaciens. Créer une maison de santés’il n’y a pas de pharmacien à proximitén’aurait aucun sens. Les pharmaciensont à mon sens un vrai rôle à jouer auprèsdes patients, dans l’éducation à la santéet l’éducation thérapeutique, l’accompa-gnement des personnes âgées, le conseilen automédication. Je suis très inquiètedevant les inégalités territoriales entermes d’offre de soins. Face à la dispa-rition des cabinets médicaux dans lescampagnes, je propose des solutionscontractuelles comportant des finance-ments de bourses d’études, d’aides àl’installation et de services aux profes-sionnels en partenariat avec les collecti-vités territoriales et, en contrepartie, desengagements pour exercer sur les territoi-res ruraux ou urbains.

Les pharmaciens prennent une partcroissante dans des actions de santépublique. Comptez-vous encourager cesmissions, et selon quelles modalités ?

Il est vrai que les pharmaciens pren-nent une part croissante dans les

actions de prévention, d’éducationsanitaire et de santé publique et jem’en félicite. Une réflexion sur de nou-velles actions de santé publique pour-rait être engagée, sur la base demodalités négociées.

Envisagez-vous d’intensifier le maintienà domicile des personnes âgées et/

ou malades, et quelrôle souhaitez-vousy voir jouer les phar-maciens ?

Le maintien à domi-cile des personnes

âgées est clairement une priorité. Lepharmacien a naturellement un rôle àjouer, auprès d’une population biensouvent polymédiquée, au niveau de ladispensation comme de l’éducation àla santé et même de la pharmacovigi-lance. Il faut développer les modalitésde portage des médicaments à domi-cile dans le cadre de réseaux de santépour maintenir les personnes qui lesouhaitent le plus longtemps possiblechez elles.

Les pharmaciens s’inquiètent des initia-tives prises dans certains Etats euro-péens visant à « sortir des officines » lesmédicaments de prescription facultative.Comptez-vous défendre le maintien dumédicament à l’officine ?

La délivrance du médicament doit resterdu monopole du pharmacien d’officine.

Contrairement à d’autres pays européens,le pharmacien français est un profession-nel libéral indépendant, propriétaire deson officine. Comptez-vous défendre cemodèle ?

Il n’est pas dans mon intention de modi-fier ce dispositif. Le principe du pharma-cien propriétaire de sa pharmacie estutile pour la proximité de l’offre et pouréviter les dérives capitalistiques.

Nous vous avons communiqué les ques-tions et préoccupations de nos lecteurs.La plupart d’entre elles traduisent un fortpessimisme et une absence de perspec-

tives d’avenir pour la profession. Quesouhaitez-vous leur dire ?

Je comprends tout à fait que les pharma-ciens soient inquiets, comme le sont d’au-tres professionnels maltraités par lesréformes du quinquennat qui s’achève, etje pense en particulier aux personnels hos-pitaliers. Je veux les rassurer sur mavolonté de préserver la Sécurité sociale etde garantir à tous l’accès à la santé. Jeserai attentive à la situation des officines.Mais j’attends en contrepartie une forteimplication des pharmaciens dans leur rôlede professionnels de santé. La santé pourtous, qui est l’un des axes forts du Pacteprésidentiel que j’ai proposé au pays,signifie aussi l’accès pour tous à la phar-macie. Les tâches ne manquent pas. Or, ilrevient à la profession de définir le métierdu pharmacien du 21e siècle, qui doits’adapter à un monde en mouvement : laprévention, la médecine, les médicaments,les technologies, les attentes des patients,les risques et les besoins de santé publi-que évoluent. L’officine de demain seranécessairement différente de celle dusiècle dernier. Je vous encourage donctoutes et tous à participer à cette évolutionet à demeurer des acteurs indispensableset incontournables de la chaîne de soin.

■ Propos recueillis par Laurent Gainza

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ACTUALITÉPRÉSIDENTIELLE

Les points - clés

● Pas de remise en question dumonopole, de la loi de répartition nide l’exercice personnel.

● Poursuite de la politique incitative dedéveloppement du médicamentgénérique.

● Pas de mise à disposition devant lecomptoir en « self service » desmédicaments d’automédication.

● Pour lutter contre la désertificationmédicale, mise en place de boursesd’études, d’aides à l’installation departenariat avec les collectivitésterritoriales.

Je serai attentive à lasituation des

officines

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Le Pharmacien de France : La consulta-tion que nous avons lancée auprès de noslecteurs révèle un fort sentiment demalaise dans la profession. L’avez-vouségalement constaté ?

François Bayrou : Le groupe Santé del’UDF a établi un questionnaire destiné àl’ensemble des pharmaciens d’officine,

abordant tous les volets de la pratiqueofficinale.Ces derniers ont été très heureux d’êtreconsultés car ils ont beaucoup à dire surl’organisation, la formation, la rémunéra-tion, et ils ont l’impression de ne pas êtreécoutés, encore moins associés à desdécisions qui les concernent. Ils seveulent acteurs de notre système desanté. Les pharmaciens ont l’impressionque la profession est aujourd’hui dévalo-risée et qu’ils sont insuffisamment recon-nus. A 87 %, ils considèrent que leurprofession s’est dégradée.Pour eux, la réforme de l’Assurancemaladie n’est qu’un plan de plus. Sonvolet médicament et génériques est, pour76 % d’entre eux, sans commune mesureavec les enjeux du déficit de l’Assurancemaladie.

Vous n’avez pas voté le dernier Projet deloi de financement de la Sécurité sociale.Allez-vous réformer la réforme Douste-Blazy ?

Nous nous sommes opposés à la réformede l’Assurance maladie. En effet, ellecomportait un premier défaut majeur,celui de reporter les déficits considéra-bles sur nos enfants en prolongeant ladurée de vie de la CADES [Sorte debanque de la Sécu, cet organisme gère ladette accumulée au fil des années,NDLR]. Pour nous, chaque générationdoit financer ses propres dépenses. Le deuxième défaut majeur est qu’elle nerésolvait aucun des problèmes majeurs denotre système de santé : l’absurde sépa-ration entre prévention et soins, ville ethôpital, sanitaire et médicosocial. Enfin, elle conduisait, avec la mise en

place d’une convention complexe, à unparcours de soin incompréhensible et àune médecine à plusieurs vitesses. Lerésultat est une étatisation quasi com-plète de notre système de santé dérespon-sabilisant.Nous préconisons une régionalisation dela santé permettant une politique desanté de proximité et une meilleure priseen compte des besoins. C’est pour nousla seule manière d’aboutir à une réellemaîtrise médicalisée des dépenses desanté en associant les acteurs en amontaux décisions et en aval à la gestion. Deplus, il conviendrait de revoir le finance-ment pour qu’il dépende moins de l’em-ploi et pèse moins sur le coût du travailgrâce à un financement mixte mêlantCSG et TVA sociale.

Plus précisément, comment comptez-vous mettre fin aux déficits à répétition ?

Les dépenses vont continuer à augmen-ter en raison du vieillissement de lapopulation et de l’amélioration techno-logique. Il convient de veiller à l’effi-cience en responsabilisant tous lesacteurs pour que chaque euro dépenséle soit à bon escient. Les recettesdoivent être adaptées. 92 % de nosconcitoyens disposent d’une complé-mentaire, or reporter la charge sur lescomplémentaires conduit à augmenterles cotisations. Accroître le reste àcharge n’est pas non plus la solution,c’est toujours le même qui paye pour laCSG, pour la cotisation, pour le reste àcharge. La solution, c’est la meilleureutilisation des dépenses, l’évaluationdes bonnes pratiques, la responsabili-sation de tous.

PRÉSIDENTIELLEACTUALITÉ

Déjà candidat en 2002 (il avait obtenu 6,24 % de voix), le président de l’UDF réalise cette fois-ci uneétonnante percée dans les sondages, et vient faire jeu égal avec les candidats de l’UMP et du PS.

FRANÇOIS BAYROU FRANÇOIS BAYROU

« Il faut renforcer votre rôle »

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La réforme a conduit à une médecine àplusieurs vitesses et a déjà institué unforfait d’un euro par acte, le forfait de 18euros... Le principe de la franchiseSarkozy ne fait qu’aggraver cette situa-tion. Modeste au début et ensuite ? Nous préconisons :– le contrat passé entre le médecin et sonpatient sur les bonnes pratiques ;– le remplacement de la CMU par uneaide personnalisée à la santé inversementproportionnelle au revenu, pour financerla complémentaire de son choix ;– la caution remboursable pour la com-plémentaire, déjà mise en œuvre avecsuccès depuis plusieurs années parFrance Mutuelle, qui responsabilisel’adhérent, ne comporte pas de malus eta permis de baisser la cotisation de tous.

Pour réaliser des économies – 750 mil-lions d’euros en 2006 – le génériquereste-t-il la bonne solution ?

Le médicament n’est pas un produitcomme un autre. Il a pour vocation desoigner, si possible de guérir, et mieuxencore de prévenirdes pathologies plusou moins invalidantes.Des progrès considé-rables ont été réalisésdans le traitement denombreuses maladies,certaines ont quasi-ment disparu si bien que des économiesnon quantifiées en terme de mortalitémais aussi de durée d’hospitalisation etd’arrêt de travail ont pu être réalisées.Lorsque l’on parle du médicament, onoublie à tort ce volet important.Mais nous attendons encore des progrèsindispensables, des découvertes de nou-velles molécules pour certaines maladiesfréquentes et invalidantes dans nos paysdéveloppés pour des maladies orphelinesmais aussi et surtout, nous sommes enattente pour les maladies dites tropicalesqui touchent des millions de personneschaque année.Ce ne sont pas les génériqueurs qui décou-vriront les nouvelles molécules. Le seulintérêt du générique, mais il n’est pasnégligeable, est d’être moins cher que leprinceps. Il aurait été possible de baisser

le prix du princeps lorsque la protectiondu brevet vient à son terme. C’est pourquoiil est indispensable d’établir des relationsde confiance entre l’État et les industriels.Il est également indispensable de mettreen œuvre le bon usage du médicamentet la notion d’efficience. Le bon usagedu médicament doit conduire à utiliserle médicament adapté à chaque patho-logie et à hiérarchiser la prescription enfonction de la gravité de la pathologie etde l’état du patient.

La tendance en Europe marque la fin dumonopole des officines sur la vente demédicaments à prescription médicalefacultative. Êtes-vous pour la vente de cesspécialités en grandes surfaces ?

Je le répète, le médicament n’est pas unproduit comme un autre. Il existe desinteractions avec d’autres médica-ments, y compris l’aspirine. Le rôle deconseil du pharmacien est essentiel.Dès lors, comment accepter de s’enpriver ? Il arrive même au pharmaciende corriger des erreurs de prescription.

C’est pourquoi la miseà disposition en grandesurface ou le dévelop-pement de l’e-pharma-cie doit inquiéter. Nousdevons au contraire ren-forcer le rôle de conseildu pharmacien et favo-

riser la mise en place prochaine dudossier pharmaceutique en lien avecle DMP.

Dans le même ordre d’idée, comptez-vous ouvrir la possibilité à des agentsextérieurs d’entrer dans le capital desofficines ?

Aujourd’hui, Doc Morris propose enAllemagne des franchises à des pharma-cies d’officine « physiques ». Il vend desmédicaments par correspondance enAllemagne à partir des Pays-Bas etpropose à des officines de devenir desrelais de vente par correspondance. Leproblème posé ici est celui de la ventepar correspondance de médicaments. Cetype de relation commerciale n’est passouhaitable. Seul le pharmacien, grâce

aux vérifications qu’il effectue et auxconseils qu’il prodigue au moment de ladélivrance, est le garant de la bonnequalité du traitement.

Croyez-vous à la prévention pour allégerles dépenses d’Assurance maladie ?

Bien entendu, il est nécessaire de déve-lopper la prévention et l’éducation à lasanté. Si notre système de santé est per-formant pour le curatif, il est très médio-cre dans la prévention. La loi de santépublique n’a rien amélioré, aggravant laséparation absurde entre soin et préven-tion en créant les GRSP [Groupementsrégionaux de santé publique, ndlr] pré-sidés par les préfets, et en méconnais-sant le rôle pourtant essentiel deshommes, des femmes, des associationsde terrain. C’est pourquoi, nous pré-voyons la désignation d’un responsableunique de la santé au niveau régionalpour la prévention, le soin en villecomme à l’hôpital, et la formation desprofessionnels. Le pharmacien aura unrôle à jouer dans le conseil régional desanté mais surtout dans son officine :rôle de prévention et d’éducation,notamment pour les maladies chroni-ques. Bien entendu, ce rôle doit êtrereconnu et rémunéré.

Plus précisemment, quelle placeauraient les pharmaciens dans cesfutures agences régionales ?

La région est le niveau pertinent pourles complémentarités. Beaucoup depays ont régionalisé leur système desanté et s’en portent bien. Le but est derevenir sur les séparations absurdessoin-prévention, ville-hôpital, sanitaire-médico-social, de permettre une politi-que de santé de proximité prenant encompte les besoins, de responsabilisertous les acteurs en les associant enamont aux décisions et en aval à lagestion. Mais, à la différence des autrespartis PS et UMP, nous ne voulons pasde préfets sanitaires. Les deux partisproposent une agence nationale prési-dée par le Ministre coiffant les agencesrégionales : bonjour la centralisation etla déresponsabilisation !

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ACTUALITÉPRÉSIDENTIELLE

Ce ne sont pas les génériqueurs qui découvriront

les nouvelles molécules

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Dans notre proposition, au contraire, leConseil régional de la santé est l’organeessentiel : tous ceux qui s’intéressent àla santé, professionnels et associationsde patients notamment, y seraient repré-sentés. Elus, pour la légitimité, par col-lèges pour qu’aucune profession nepuisse être en position d’imposer sesvues. C’est ce conseil qui définira lesbesoins, contrôlera l’exécutif et gèreral’Ondam régionalisé. Les pharmaciens yauront toute leur place.

Au moment où les médecins désertentcertaines zones, allez-vous « obliger » lespraticiens à s’installer dans les zonessous-médicalisées, quitte à s’inspirer del’exemple des pharmacies ?

La démographie médicale est un des pro-blèmes majeurs auquel nous sommesconfrontés – nombre de médecins, répar-tition selon les spécialités, installationsur le territoire. Ce problème est lié à lanon prise en compte des réalités et à des

mesures contre-productives comme labaisse du numerus clausus. Pour avoirdemain des médecins en nombre suffi-sant, le premier devoir est de ne pasdémotiver les futurs candidats et doncd’éviter tout discours misérabiliste et deredonner confiance aux professionnels encommençant par les écouter. Nous necroyons pas aux mesures coercitives quià terme aggraveraient lasituation.Ils ne veulent plus tra-vailler seuls, être de per-manence tous les jours...Il convient donc de pro-poser des maisons desanté, une par canton parexemple, rassemblant médecins, dentis-tes, infirmières, kinésithérapeutes, avecun secrétariat commun. Les rémunéra-tions doivent tenir compte de la démo-graphie prévoyant de mieux rémunérerceux qui s’installent dans des zones dif-ficiles. La régionalisation proposée parl’UDF permettra d’évaluer dans chaquerégion les besoins, de mettre en place unnumerus clausus régional par spécialitépour répondre à ces besoins. D’autresmesures sont également intéressantes,notamment les bourses pour les étudesavec un engagement à s’installer dansune zone déficitaire.

Les pharmaciens réclament d’être plusimpliqués dans la coordination dusystème de soins. Le renouvellement desordonnances des malades chroniques est

un premier pas, allez-vous continuer danscette voie ?

Nous devons évoluer vers une meilleurecoordination des soins en faisant évoluer lerôle des divers professionnels avec unedélégation des tâches.Les pharmaciens doivent être reconnus danscette coordination dans le cadre du maintien

à domicile notamment,ainsi que dans le cadrede réseaux soit géographi-ques, soit par pathologies.Bien entendu, ils doiventpouvoir avoir accès audossier médical personnelpour ce qui les concerne.

Etes-vous favorable à une évolution de larémunération des pharmaciens ?

Oui, nous y sommes favorables. Il n’estpas logique que cette rémunération soitbasée sur une marge dégressive. Ilconvient de prendre en compte le rôle deconseil du pharmacien, et donc d’allervers une rémunération mixte « marge +forfait », soit par acte soit plutôt parpatient, à discuter avec l’ensemble de laprofession, mais prenant en compte l’acteintellectuel et la responsabilité. Mais le plus important est de renouer desrelations de confiance basées surl’écoute, le dialogue, la concertation. Lespharmaciens jouent un rôle importantdans le système de santé au service despatients. Sachons en tenir compte.

■ Propos recueillis par Laurent Simon

PRÉSIDENTIELLEACTUALITÉ

Les points - clés

● Pas de remise en question dumonopole, de la loi de répartition nide l’exercice personnel.

● Possibilité d’une rémunération mixte « marge + forfait » pour les actes deprévention et de conseil.

● Régionalisation plus poussée dusystème de santé par la création deConseils régionaux.

● Mécanisme incitatif à destination desmédecins pour l’installation en zonesdéficitaires et mise en placeéventuelle d’un numerus claususrégional.

● Création de maisons de santérassemblant tous les professionnelsde santé dans les zones rurales oudéficitaires.

● Accès limité à certaines données despharmaciens au DMP.

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Le Pharmacien de France : A travers lesnombreux témoignages que Le Pharmaciende France vous a transmis, les pharma-ciens font preuve d’une grande inquié-tude. À quoi l’attribuez-vous?

Jean-Marie Le Pen : La dégradation deces dernières années était prévisible etcorrespond à la mise en place d’unnouveau système de santé que le Frontnational dénonce depuis de nombreusesannées : il s’agit, au nom d’un libéralismesympathique, de museler les profession-nels de santé dans la grande « marchan-disation » mondialiste. Sans changementde cap, le pronostic n’est pas réjouissant.

Vous vous êtes opposé sur de nombreuxpoints au gouvernement sortant. Enmatière de protection sociale, quel bilandressez-vous?

La réforme Douste-Blazy est dans le droitfil des ordonnances Juppé. Comme sesaînées, cette réforme n’est pas faite pourfaire des économies ni rétablir lescomptes de la Sécurité sociale, elle estun outil majeur dans le plan de la mon-dialisation de la santé. Le Front nationalen propose une réforme complète.

Faut-il refondre le financement de laSécurité sociale et de l’Assurancemaladie, pour mettre fin aux déficits àrépétition ?

La grande réforme de la Sécurité sociale,prévue par le Front national, de son finan-cement à sa gestion – impossible à faireactuellement sans centralisation descomptes – devra équilibrer les comptesmécaniquement. La « franchise Sarkozy »est une gestion de plus de la pénurie et

à ce titre, elle est insupportable. Lespatients eux aussi devront être responsa-bilisés.

Pour réaliser des économies – 750 mil-lions d’euros en 2006 – le génériquereste-t-il la bonne solution ?

Le générique est une fausse bonne idée :alors qu’il maintient pour cinq ans à peine(biotechnologiesnon généricables)la tête hors del’eau aux phar-maciens dont lescharges augmen-tent par ailleurs,ils sont un outilde guerre entre les laboratoires. Hier lespetits laboratoires en ont été victimes etaujourd’hui les gros laboratoires en pâtis-sent, avec un risque de perte d’emploisidérant. Il ne faut pas demander auxpharmaciens de promouvoir la corde pourles pendre.

Les pharmaciens sont inquiets : la ten-dance en Europe marque la fin du mono-pole des officines sur la vente demédicaments, en particulier ceux à pres-cription médicale facultative. Êtes-vouspour la vente de ces médicaments engrandes surfaces ?

Non, tout au contraire. La perte d’indé-pendances des pharmaciens d’officinedans la dispensation ne pourra quediluer un petit peu plus non seulementles responsabilités de chacun maissurtout la qualité du soin donné in fineà l’usager. Tout cela s’inscrit dans lesdifférents dispositifs dont s’est doté lemouvement global de la globalisation

marchande. A nos yeux, la santé et sesdifférents acteurs ne peuvent exister etse développer selon des critères de seulerentabilité. Cela est déjà sensible dansla disparition de nombreux médicamentsretirés du marché sans raison valable. Le service à rendre ne doit en aucun casêtre assimilé à un pur service marchandqui pourrait se faire sans professionnelsde santé qui personnalisent le service,

comme cela se passe dans leschaînes ou dans les grandes sur-faces. Le monopole des officinesreste toujours une bonne barrièreà la dérèglementation.

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ACTUALITÉPRÉSIDENTIELLE

Cinquième candidature pour le leader du Front national qui, à 79 ans, compte bien franchir unenouvelle fois le barrage du premier tour.

JEAN-MARIE LE PEN JEAN-MARIE LE PEN

Il ne faut pasdemander aux

pharmaciens depromouvoir lacorde pourles pendre

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« Toute profession doit évoluer »

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16 ■ N°1189 - 2007

Autre motif d’inquiétude dans la pro-fession : la propriété des officines.Doit-elle rester au nom des pharma-ciens qui l’exploitent ou comptez-vousouvrir la possibilité à des agents exté-rieurs d’entrer dans leur capital ?

Les regroupements professionnelsmutualisant les moyens existentdéjà très largement et fonctionnentbien. Pour autant, dans le cadrelibéral cher au Front national, touteforme commer-ciale peut exister,mais les chaînesavec leur gestionet surtout leursactionnaires uni-quement motivéspar les dividen-des, sont inadap-tées à l’échelle et à l’objectif duservice pharmaceutique d’officine.C’est pourquoi le Front national

n’est pas favorable à des structuresdont le capital puisse être ouvert àdes non-professionnels. Le pharma-cien doit pouvoir rester propriétairede son officine.

L’allègement des dépenses d’Assurancemaladie passera-t-il par un effort deprévention plus important ? Quellepart de cet effort de prévention doitêtre spécifiquement assurée par lespharmaciens ?

Le pharmacien a denouvelles missions dansla prévention et l’édu-cation thérapeutiquedes patients : dans sondomaine, son rôle estprépondérant et doits’intégrer dans une juste

répartition des tâches ordinaires dusystème de distribution des soins.

La démographie des professionnels desanté fait débat. Comptez-vous inciterles médecins à s’installer dans leszones sous-médicalisées ?

Naturellement, le Front national estpour la liberté d’installation de toutlibéral et opposé à la notion de plani-fication. Le cas de l’installation despharmaciens est un petit peu particu-lier dans la mesure où la santé doitêtre traitée également en campagnecomme en ville, au titre de la solida-rité nationale. Mais comme pour lesgrands plateaux techniques, il estnécessaire d’avoir l’assurance demaintenir, où que ce soit, une activitéà un taux satisfaisant. Ce fut et celaest toujours la justification duquorum. Pour autant s’il doit persis-ter pour l’équilibre de la profession,le quorum doit être impérativementfluctuant et révisé très régulièrement,si on en juge la difficulté pour lesusagers de trouver une pharmacie degarde. Pourtant, à ce jour, l’expé-rience montre que la seule densitémédicale ne suffit plus à maintenir lechiffre d’affaires si les marges sonttrop faibles.

Quant aux médecins, il suffirait, commeil y a quelques années, qu’ils aient deshonoraires décents et le maintien desservices publics ruraux pour compren-dre qu’il est meilleur de vivre à la cam-pagne que dans les villes : le quorumne doit pas leur être imposé.

Dans ce contexte, la suppression detous les numerus clausus (médecine,pharmacie) que vous proposez voussemble-t-elle une mesure viable ?

Le numerus clausus est un frein à labonne répartition de la démographiedes professionnels de santé et un outilde planification implacable qui estimposée. Le résultat en est la pénuriedangereuse de médecins et d’infirmiè-res, sans aucun bénéfice pour lescomptes de la Sécurité sociale.

A plus de 90 %, les pharmaciens récla-ment d’être plus impliqués dans la coordination du système de soins. Lerenouvellement des ordonnances desmalades chroniques est un premier pas,allez-vous continuer dans cette voie ?

Tout métier doit évoluer, celui de phar-macien aussi, et de nouvelles mis-sions dans la prévention et l’éducationthérapeutique semblent tout à faitindiquées. Une rémunération consé-quente doit être prévue. Par contre, ilne faudrait qu’en aucun cas ces nou-velles missions puissent amputer lesprofessions médicales et paramédica-les d’une partie de leurs prérogatives,aboutissant ainsi à une balkanisationde la profession médicale.

■ Propos recueillis par Laurent Simon

PRÉSIDENTIELLEACTUALITÉ

Les points - clés

● Pas de remise en question dumonopole, de la loi de répartition nide l’exercice personnel.

● Abandon de la politique de soutien au médicament générique.

● Refonte complète de la réformeDouste-Blazy de l’Assurance maladie.

● Suppression de tous les numerusclausus durant les études demédecine ou de pharmacie.

● Liberté totale d’installation pour lesmédecins, pas de mise en place dequorum.

● Evolution de la rémunération despharmaciens pour la prise en charge de nouvelles missions, comme les actes de prévention.

● Empêcher l’installation de SEL encascade.

Le pharmaciendoit pouvoir

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