Peut-on aider les élèves du collège à devenir des lecteurs...

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Académie de Strasbourg Année universitaire IUFM d’Alsace 2005/2006 PLC2 documentation Mémoire professionnel de documentation Présenté par Delaunoy Laetitia Mémoire suivi par Burckel Marie-Odile Professeur agrégé en lettres classiques Peut-on aider les élèves du collège à devenir des lecteurs en les motivant grâce à des animations lectures ?

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Académie de Strasbourg Année universitaire IUFM d’Alsace 2005/2006 PLC2 documentation

Mémoire professionnel de documentation Présenté par Delaunoy Laetitia Mémoire suivi par Burckel Marie-Odile Professeur agrégé en lettres classiques

Peut-on aider les élèves du collège à devenir des lecteurs en

les motivant grâce à des animations lectures ?

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Daniel Pennac, « Le verbe lire ne supporte pas

l’impératif »

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SOMMAIRE Introduction I Apprendre à lire : un peu de technique, beaucoup de

motivation.

1. Vers le désir d’apprendre.

1.1. L’apprentissage de la parole naît du désir de communiquer. 1.2. Les étapes menant au désir d’apprendre à lire. 1.3. Favoriser l’accès au désir d’apprendre.

2. La motivation comme stimulateur du cerveau. 2.1.Que se passe t-il dans le cerveau quand on lit ? 2.2. Lire pour acquérir les aptitudes et connaissances indispensables pour une lecture efficace.

3. Vers le plaisir de lire. 3.1. Les collégiens, des lecteurs fragiles. 3.2. Lire : un droit, pas un devoir.

II Des animations lecture comme facteur de

motivation:

1. Pourquoi des animations lecture ? 1.1. La situation au collège de Mutzig. 1.2. Animer plutôt qu’enseigner. 1.3. Le rôle du CDI pour déscolariser la lecture.

2. Des animations ponctuelles. 2.1. Des animations d’information. 2.2. Une animation pour partager la lecture. 2.3. Une animation ludique.

3. Une animation- projet. 3.1. Sélection des élèves. 3.2. Un projet responsabilisant. 3.3. Raconter des histoires aux plus petits.

p.5 p.9 P.9 P.9 P.10 P.12 P.14 P.14 P.17 P.18 P.18 P.19 P.21 P.21 P.21 P.22 P.22 P.23 P.23 P.24 P.25 P.26 P.26 P.27 P.28

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III Un bilan provisoire

1. Evaluer l’impact des animations lecture sur le lectorat.

1.1. Evaluer l’appétence des élèves pour la lecture. 1.2. Evaluer les progrès des élèves en difficulté. 1.3. Un problème de temps. 2. Les clés de l’animation lecture. 2.1. L’information. 2.2. Créer des habitudes. 2.3. Créer la surprise. 3. Un nécessaire travail d’équipe. 3.1. Le rôle de l’équipe pédagogique. 3.2. Le rôle des partenaires extérieurs.

Conclusion Bibliographie Annexes

P. 34 P.34 P.34 p. 36 p.38 P.39 P.39 P.40 P.41 P.41 P.42 P.43 P.44 P. 46 P. 50

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Je suis arrivée au collège de Mutzig à la rentrée

2005/2006 avec la ferme intention de faire de la le cture mon

cheval de bataille. Le discours alarmiste des média s et des

enseignants: « les jeunes ne lisent plus et ne save nt plus

lire » , m’avait fait réfléchir bien des fois penda nt ma

préparation au capes et je souhaitais comprendre le s raisons

de ce discours et trouver des solutions pour aider les élèves.

En fait dès 1905, Alfred Binet, le premier psychol ogue à

s’intéresser à l’apprentissage de la lecture, const atait qu’à

la fin de l’école élémentaire trois écoliers parisi ens sur dix

avaient un niveau « nul » en lecture et deux écolie rs sur

trois n’avaient atteint que le niveau de la lecture

syllabique, c’est à dire qu’ils savaient ânonner un texte

court 1.Aujourd’hui c’est un adolescent sur cinq qui aurai t des

problèmes de lecture lors de son entrée en sixième 2.A en croire

ces chiffres la situation n’aurait pas beaucoup évo lué.

Mais que veut dire ne pas savoir lire à l’entrée e n

sixième ? Quel est le niveau demandé aux élèves et ce niveau

minimum a-t-il toujours été le même ? D’après les p rogrammes

officiels de 1887, apprendre à lire c’est d’abord é peler,

déchiffrer, syllabiser puis dire sans ânonner et en fin dire

« avec expression ». En 1985 les instructions offic ielles pour

l’école annoncent que lire c’est comprendre. Le niv eau demandé

1 Dans Comment l’enfant de vient lecteur. Pour une psychologie cognitive et culturelle de la lecture / Chauveau Gérard – éd. Retz, 1997. 2 Propos de Geneviève Brisac, directrice de collections à l’Ecole des Loisirs dans Qui a lu petit, lira grand / Causse Rolande – éd. Plon, 2000.

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en lecture à l’entrée en sixième a donc évolué. On est plus

exigeant aujourd’hui qu’il y a cent ans et même qu’ il y a

vingt ans parce que ne pas savoir lire aujourd’hui a des

conséquences plus graves que par le passé.

L’évolution du marché de l’emploi, la complexité

croissante du système administratif, des procédures

d’information et de communication font qu’une perso nne

illettrée ou mauvais lecteur aura un lourd handicap dans sa

vie d’adulte. Dès l’âge de douze ans ne pas savoir lire

couramment constitue un handicap important dans la réussite

scolaire. Or l’école a un rôle à jouer dans la prév ention de

l’illettrisme, rôle réaffirmé par le plan national de

prévention et de lutte contre l’illettrisme 3. Au niveau

régional, un plan d’action (« ensemble contre l’il lettrisme

en Alsace 2005-2007 ») a été mis en place sur trois ans pour

structurer les politiques de prévention et de lutte contre

l’illettrisme, informer sur l’illettrisme, dresser un état de

la situation , innover et développer des réponses a daptées 4.

Actuellement la question des méthodes d’acquisition de la

lecture à l’école primaire soulève de nombreux déba ts entre

les partisans de la méthode globale, ceux de la mét hode

syllabique et ceux de la méthode mixte. Plusieurs d ispositifs

d’aide aux élèves en grande difficulté dans l’appre ntissage de

la lecture, tels que les MACLE 5 et les RASED 6, ont déjà été mis

en place.

Le collège, par la place qu’il occupe dans le systè me

éducatif, a une responsabilité particulière dans le domaine de

la lecture :

3 Programme national d’incitation à la lecture et à l’écriture dans le cadre du plan de prévention et de lutte contre l’illetrisme dans B.O. n°1 du 02-01-2003. 4 Plaquette d’information « Agir ensemble contre l’illetrisme en Alsace 2005-2007 » réalisée par le CARRLI , Centre d’Appui et de Ressources Régional sur l’Illetrisme. 5 Module d’Approfondissement des Compétences en Lecture – Ecriture. Il s’agit de cerner les besoins de chaque élève pour les répartir en groupes de besoin à effectif très réduit. Les MACLE fonctionne de façon intensive sur une période très courte. 6 Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté.

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- terme de la scolarité obligatoire pour une partie

des adolescents qui lui sont confiés, il doit perme ttre à

tous d’accéder à la communication écrite. L’exercic e de la

citoyenneté exige qu’un adulte sache lire la multip licité

des textes qui organisent la vie quotidienne mais a ussi

qu’il ait accès aux pratiques culturelles, qui perm ettent à

chacun de donner sens à sa vie.

- Le collège doit permettre à chaque élève d’accéder

à l’autonomie nécessaire à toute activité. Or savoi r

travailler de façon indépendante, c’est savoir se s ervir des

écrits disponibles, les comprendre et les utiliser à bon

escient.

- Le collège est enfin une étape essentielle dans

l’accès à une réflexion sur les réalités culturelle s

présentes et passées, nationales et étrangères 7.

Il faut donc que le collège entre dans le débat, tr availle

sur le suivi de ces lecteurs - débutants qui arrive nt et

trouve les dispositifs pédagogiques adaptés qui per mettraient

de faire de tous les élèves des lecteurs confirmés.

Le collège est un moment crucial pour faire, des un s ou

des autres, des lecteurs ou des non-lecteurs. Pour les élèves

qui ne maîtrisent pas parfaitement l’apprentissage de la

lecture, lire est un acte difficile, contraignant e t fatigant.

Un accompagnement est nécessaire pour que l’enfant ne se

décourage pas. L’entrée au collège c’est aussi pour les

enfants s’adapter à une nouvelle organisation du tr avail, à un

nouvel univers dans lequel ils sont moins protégés qu’à

l’école primaire, et acquérir une autonomie plus gr ande. Ce

travail d’adaptation peut engendrer de la fatigue q ue les

enfants compensent par des moments de détente. Or m ême les

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bons lecteurs vont avoir tendance à se tourner vers la

télévision ou les jeux vidéo car lire est une activ ité plus

fatigante et perçue comme une activité scolaire. Le collège

est donc un moment où les élèves peuvent se détourn er, voire

rejeter le livre.

Alors comment aider les élèves du collège à devenir des

lecteurs? Peut-être en les motivant à lire grâce à des

animations lecture au CDI.

Pour vérifier cette hypothèse il me semble importan t, dans

un premier temps, de comprendre le rôle de la motiv ation dans

les processus d’apprentissage. Je décrirai ensuite les

animations lecture que j’ai expérimentées au collèg e. Enfin il

faut observer les résultats obtenus et les difficul tés

rencontrées pour en tirer des perspectives et faire évoluer

mes pratiques professionnelles.

7 D’après une extrait du rapport de la commission verticale de réflexion sur l’enseignement du Français, dans « L’apprentissage continué de la lecture au collège » , dans « on n’a jamais fini d’apprendre a lire ». Trois journées pour la lecture / collectif d’enseignants, psychologues, chercheurs – éd. Hatier Enseignement, 1990.

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I Apprendre à lire : un peu de technique, beaucoup de

motivation.

Lire est une activité complexe qui demande au cerve au de

nombreuses opérations. Apprendre à lire c’est appr endre à

déchiffrer et apprendre à donner du sens. Lire ne r elève donc

pas seulement d’un savoir instrumental (le déchiffr age) qui

serait acquis une fois pour toutes. Lire c’est auss i produire

du sens. Or on produit du sens grâce à la mobilisat ion de ses

acquis culturels (les connaissances)et grâce à la m obilisation

de son imaginaire et de son raisonnement. Nous ne c essons pas

tout au long de la vie d’acquérir de nouvelles conn aissances

et de développer notre raisonnement. C’est dire que nous

n’avons jamais fini d’apprendre à lire. La lecture est donc

un apprentissage continu tout au long de la vie ave c néanmoins

des moments charnières à ne pas manquer :

- l’apprentissage du désir de savoir lire.

- L’apprentissage des techniques de lecture.

- L’apprentissage du plaisir de lire.

A chacune de ces étapes cruciales, on se rend compt e que

la motivation joue un rôle capital.

1. Vers le désir d’apprendre .

1.1.L’apprentissage de la parole naît du désir de

communiquer.

Marie-Joëlle Bouchard, une institutrice de maternel le qui

a enseigné dans des quartiers difficiles de la banl ieue

lyonnaise a analysé le processus d’apprentissage de la parole

chez les enfants dans l’idée d’en tirer des leçons pour

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l’enseignement de la lecture 8. En effet la plupart des enfants

apprennent à parler sans problème alors qu’il s’agi t d’une

activité aussi complexe que la lecture. L’apprentis sage du

langage se passe en plusieurs étapes. L’enfant comm ence par

prendre des indices en écoutant. A force d’entendre répéter le

mot, « maman » par exemple, il fait une hypothèse s ur le sens

du mot en l’associant à la personne. Puis il vérifi e son

hypothèse en prononçant le mot par imitation. L’enf ant

mémorise ainsi, et sans difficulté, les mots qu’il entend

régulièrement. Il y a une part importante d’affecti f dans

l’apprentissage puisque l’on se rend compte que l’e nfant

mémorise en premier les mots désignant les objets e t les

personnes qu’il aime. Autrement dit, l’enfant appre nd les mots

quand les mots l’intéressent. De même, l’enfant app rend à

parler parce qu’il entend ses parents parler et qu’ il découvre

la nécessité et le plaisir de ces échanges.

Le moteur de l’apprentissage est donc la recherche d’un

plaisir ou d’un savoir faire perçu par l’enfant com me

indispensable. Il est de même utile de s’interroger sur les

moyens de créer un authentique désir de savoir lire . Quelle

motivation inciterait un enfant de six ans à produi re l’effort

nécessaire pour s’approprier tous les codes de la l angue

écrite ? Comment faire prendre conscience à l’enfan t des

fonctions de l’écrit ? Et enfin, comment lui rendre désirable

le statut de lecteur ?

1.2. Les étapes menant au désir d’apprendre à lire.

Jean-Paul Sartre raconte comment est né son appéten ce pour

les livres et la lecture lorsqu’un jour on lui offr it les

contes de Maurice Bouchor :

8 Dans Apprendre à lire comme on apprend à parler / Bouchard Marie-Joëlle – éd. Hachette Education, 1991.

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« Je voulus commencer sur l’heure les cérémonie s

d’appropriation. Je pris les deux petits volumes, j e les

flairai, je les palpai, les ouvris négligemment « à la bonne

page » en les faisant craquer. En vain : Je n’avais pas le

sentiment de les posséder. J’essayai sans plus de s uccès de

les traiter en poupées, de les bercer, de les embra sser, de

les battre. Au bord des larmes, je finis par les po ser sur les

genoux de ma mère. Elle leva les yeux de son ouvrag e : « Que

veux-tu que je te lise, mon chéri ? Les Fées ? » Je demandais,

incrédule : « Les Fées, c’est là-dedans ? ». Cette histoire

m’était familière : ma mère me la racontait souvent , quand

elle me débarbouillait [. . .].

Anne-Marie me fit asseoir en face d’elle, sur m a

petite chaise ; elle se pencha, baissa les paupière s,

s’endormit. De ce visage de statue sortit une voix de plâtre.

Je perdis la tête : qui racontait ? quoi ? et à qui ? Ma mère

s’était absentée : pas un sourire, pas un signe de connivence,

j’étais en exil. Et puis je ne reconnaissais pas so n langage.

Où prenait-elle cette assurance ? Au bout d’un inst ant j’avais

compris : c’était le livre qui parlait.

[. . . ]A la longue je pris plaisir à ce déclic qui

m’arrachait de moi-même. [. . . ]aux récits improvi sés, je

vins à préférer les récits préfabriqués ; je devins sensible à

la succession rigoureuse des mots : à chaque lectur e ils

revenaient, toujours les mêmes et dans le même ordr e, je les

attendais. Dans les contes d’Anne-Marie, les person nages

vivaient au petit bonheur, comme elle faisait elle- même : ils

acquirent des destins. J’étais à la messe ; j’assis tais à

l’éternel retour des noms et des événements.

Je fus alors jaloux de ma mère et je résolus de lui

prendre son rôle. Je m’emparai d’un ouvrage intitul é

Tribulations d’un Chinois en Chine et je l’emportai dans un

cabinet de débarras; là, perché sur un lit-cage, je fis

semblant de lire : je suivais des yeux les lignes n oires sans

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en sauter une seule et je me racontais une histoire à voix

haute, en prenant soin de prononcer toutes les syll abes. On me

surprit – ou je me fis surprendre – on se récria, o n décida

qu’il était temps de m’enseigner l’alphabet. Je fus zélé comme

un catéchumène ; j’allais jusqu’à me donner des leç ons

particulières : je grimpais sur mon lit-cage avec Sans-Famille

d’Hector Malot, que je connaissais par cœur et , mo itié

récitant, moitié déchiffrant, j’en parcourus toutes les pages

l’une après l’autre : quand la dernière fut tournée , je savais

lire. » 9

Ce témoignage d’un apprentissage réussi est riche

d’enseignement. Les différentes étapes menant au dé sir

d’apprendre à lire y sont décrites :

- appropriation sensuelle de l’objet-livre, mais

aussi sentiment de frustration et désir d’aller plu s loin.

- Découverte du pouvoir presque magique de l’adulte-

lecteur.

- Naissance du désir de savoir lire et premiers

essais de l’enfant qui joue à lire.

- Apparition du vouloir apprendre à lire.

1.3. Favoriser l’accès au désir d’apprendre.

Les parents et les instituteurs de maternelle peuve nt

favoriser l’accès au désir d’apprendre par le jeu, par la

lecture et par les illustrations.

Jouer avec les livres, les manipuler permet à l’enf ant de

s’approprier le livre en temps qu’objet, de rendre le livre

familier. D’où l’intérêt des livres tactiles que l’ on peut

donner aux enfants dès le plus jeune âge. Pour les enfants un

peu plus âgés, on pourra éveiller leur intérêt pour le livre

par des jeux comme l’intrus : les enfants doivent d écouvrir,

9 Dans Les Mots / Jean-Paul Sartre – éd. Gallimard – coll. Folio , p. 41-43.

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dans une pile de livres, le point commun qui unit t ous les

livres et trouver le livre intrus. Cette activité l eur fait

découvrir le livre en tant qu’objet, qu’on manipule , qu’on

feuillette dont on regarde les illustrations pour g agner à un

jeu et leur donne en même temps envie de connaître l’histoire.

Il est d’ailleurs fréquent qu’à la suite d’un tel j eu les

enfants demandent à ce qu’on leur lise les histoire s des

livres manipulés.

Les lectures faites à haute voix par les parents

permettent de donner une image positive au statut d e lecteur

et provoque ainsi le désir de vouloir apprendre à l ire. Elles

développent aussi chez l’enfant sa capacité à imagi ner, à

raisonner et à énoncer du sens à partir de quelque chose

d’abstrait, les mots. Or la lecture demande cette c apacité de

savoir donner du sens à un code abstrait, l’écritur e, à l’aide

de la reconnaissance de mots inscrits dans la mémoi re et grâce

à des déductions logiques. Il a été prouvé, par des études

réalisées à l’école maternelle et au CP, que l’appr entissage

de la lecture se fait mieux quand les enfants ont e ntendu de

nombreuses histoires avant l’âge de six ans.

Les livres illustrés permettent également d’éveille r le

désir de vouloir apprendre à lire. L’enfant découvr e d’abord

le livre à travers les images et invente l’histoire grâce au

support des images. Puis il demande qu’on lui lise le livre et

il découvre que le texte, auquel il n’a pas accès, apporte un

plus à l’histoire. Cette frustration ressentie par l’enfant va

donner naissance à la volonté de savoir lire.

Le jeu, les illustrations, les lectures à voix haut e sont

donc quelques moyens de donner aux enfants l’envie de savoir

lire. Cette étape est essentielle dans le processus

d’apprentissage de la lecture car il n’y a pas d’ap prentissage

possible sans la volonté d’apprendre de l’individu.

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2. La motivation comme stimulateur du cerveau.

2.1. Que se passe t-il dans le cerveau quand on lit ?

Pour pouvoir aider les jeunes élèves dans l’apprent issage

de la lecture, il faut savoir comment se passe la l ecture

au niveau du cerveau. Quelles sont les étapes qui, en une

demi-seconde, permettent de passer d’un mot écrit s ur le

papier à la prononciation et à la compréhension de ce mot ?

Ces étapes sont décrites ci-dessous et sur le schém a de

l’annexe A:

1. La rétine capte des traits et des courbes imprimés

sur le papier (étape appelée niveau sensoriel).

2. Le cerveau « transcrit » ces traits en lettres

(niveau phonologique intermédiaire).

3. Le cerveau associe les lettres pour former des mots

(niveau lexical), pour former des syllabes et des s ons

(niveau phonologique).

4. Le cerveau identifie les mots, préalablement

formés, dans son lexique mental. Un lecteur adulte connaît

en moyenne trente mille mots. Ce lexique mental est enrichi

tout au long de la vie. Il est constitué des mots q ue l’on

rencontre et mémorise.

L’identification est influencée positivement par la

fréquence du mot dans la langue. On remarque, en ef fet, que

les mots rares sont traités plus lentement que les mots

fréquents. Les résultats d’une étude de Bell et Per fetti sont

présentés dans le graphique suivant (graphique de l ’annexe B).

Des adultes bons lecteurs doivent lire une série de mots. On

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mesure la vitesse de lecture des mots. Les mots fré quents sont

lus bien plus rapidement que les mots rares ou les non-mot.

Mais l’identification peut également être influencé e

négativement. Les mots voisins du mot lu peuvent in terférer

dans le processus de reconnaissance si ce sont des mots

fréquents dans la langue. Par exemple, la reconnais sance du

mot « école » ne sera pas gênée par ses voisins

orthographiques : « étole » et « écale » car ils so nt plus

rares. Mais la reconnaissance du mot « voilure » se ra plus

longue à cause de son voisin orthographique fréquen t :

« voiture ».

Lorsqu’un mot est reconnu dans le lexique, un certa in

nombre d’informations sont activées :

- des informations sur le sens du mot et sur son

réseau sémantique (informations sémantiques). Par e xemple,

l’identification du mot « tigre » va activer son ré seau

sémantique qui permettra de savoir qu’il est un mam mifère,

plus précisément un félin, carnivore et que sa four rure est

rayée.

- Des informations syntaxiques, c’est à dire sur la

catégorie grammaticale du mot, son genre, etc …

- Des informations morphologiques. Par exemple,

l’identification du mot « relire » permettra de sav oir qu’il

est composé du verbe « lire » et du préfixe « re ».

- Des informations phonologiques qui permettent à

l’individu de prononcer le mot.

Le cerveau peut également identifier le mot dans so n

lexique phonologique à partir de la reconnaissance du phonème

ou de la syllabe. Il le traduit en son.

Les deux voies d’identification des mots : orthogra phiques

et phonologiques, sont utilisées de façon parallèle dans le

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cerveau pour décoder. La voie orthographique sera p lus rapide

que la voie phonologique pour un mot connu et fréqu ent mais la

voie phonologique est indispensable pour pouvoir li re des mots

inconnus.

On se rend compte de l’importance des connaissances

préalables du lecteur dans le processus de lecture. Le cerveau

cherche les mots qu’il rencontre dans son dictionna ire interne

pour trouver leur signification. Donc plus le lecte ur a

mémorisé de mots, plus il sera efficace dans sa lec ture.

Les connaissances antérieures du lecteur lui permet tent

également de deviner les mots grâce au contexte. De s

expériences ont montré que les jeunes lecteurs ou l es lecteurs

déficients, pour pallier le fait que leur accès au lexique est

lent, utilisent le contexte pour deviner la signifi cation d’un

mot ou d’un texte. On a ainsi des enfants qui au li eu de lire

« le chat mange un saumon » liront « le chat mange une

souris » parce que c’est le mot « une souris » qu’i ls

attendent dans ce contexte. Par contre, chez le bon lecteur,

le décodage des signes graphiques est utilisé de ma nière

préférentielle pour identifier les mots. Le context e ne sera

utilisé que pour comprendre les mots nouveaux.

Enfin, le niveau de lecture est également lié à la

maîtrise de la structure phonologique de la langue (la

division en syllabe des mots, les rimes, …) Il est étonnant de

constater que les habiletés phonologiques prédisent mieux la

réussite dans l’apprentissage de la lecture que le quotient

intellectuel. Les comptines enseignées à la materne lle, puis

les exercices de division des mots en syllabes, per mettent de

développer la sensibilité des enfants à la structur e

phonologique du langage.

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2.2. Lire pour acquérir les aptitudes et connaissan ces

nécessaire pour être un lecteur efficace.

Le schéma de l’annexe C résume quelles sont les apt itudes

et connaissances nécessaires pour être un lecteur e fficace:

- Avoir un vocabulaire diversifié

- Maîtriser la phonologie de la langue

- Avoir un e culture générale qui permette au lecteur

de contextualiser et ainsi d’acquérir du vocabulair e

- Avoir une vitesse d’accès au lexique suffisante

pour ne pas être gêné pendant la lecture par une

compréhension insuffisante.

Si l’une de ces compétences fait défaut alors le pr ocessus

d'apprentissage de la lecture est compromis. Un fai ble niveau

de compétence phonologique, par exemple, entraîne d es

difficultés de décodage, donc de reconnaissance et de

mémorisation. C'est pourquoi les écarts entre bons et mauvais

lecteurs s’accroissent au cours de la scolarité (vo ir

graphique de l’annexe D).

Le schéma de l’annexe C montre également que toutes ces

aptitudes et connaissances sont des apprentissages qui se font

de soi pendant la lecture. Donc plus on lit, plus o n lit bien.

Les expériences menées sur le cerveau pour comprend re son

fonctionnement permettent , enfin, de savoir que le s

conditions de réception de l’information ont une in fluence

décisive sur la réussite de l’apprentissage. Selon le

sentiment éprouvé par l’individu, le système limbiq ue bloque

l’apprentissage ou le favorise. Lors d’un apprentis sage le

système limbique compare les sensations éprouvées a vec celles

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qu’il a stockées dans sa mémoire. Si la comparaison lui

rappelle un souvenir agréable, il transmet l’inform ation au

cortex ou cerveau supérieur qui se prépare à agir d ans de

bonnes conditions. Mais si la comparaison ravive de s souvenirs

difficiles, le système limbique se met en position de défense

et peut aller jusqu’à empêcher le passage de l’info rmation. La

motivation joue, encore une fois, un rôle capital d ans

l’apprentissage puisqu’elle va jusqu’à influer sur le bon

fonctionnement du cerveau.

3. Vers le plaisir de lire.

3.1. Les collégiens, des lecteurs fragiles.

A la sortie de l’école primaire, les élèves sont en core

des apprentis-lecteurs : ils maîtrisent le déchiffr age mais

manquent encore de vocabulaire, de connaissances qu i

permettent de contextualiser pour apprendre des ter mes

nouveaux, de stratégie de lecture. La lecture est e ncore

fragile, difficile et donc fatigante. Or pour aimer lire, il

faut savoir bien lire. En effet, mieux on lit, plus c’est

facile. On peut alors oublier les aspects méthodolo giques de

la lectures pour entrer dans le plaisir du contenu et du sens.

Pour que l’apprenti-lecteur au collège trouve la vo ie du

plaisir de lire, il faut éviter le découragement de vant la

difficulté de la tâche et le rejet, qui n’est en fa it qu’une

méthode pour se protéger des échecs. Jacques Vilnat , un

professeur de français, a mené une enquête auprès d e ses

classes de cinquième, quatrième et troisième 10. Il constate que

nombre d’élèves relativisent leur rejet de la lectu re : « ça

dépend du sujet » disent-ils . Certains expliquent le

déplaisir qu’ils éprouvent à lire par leur insuffis ance

10 « Moi, j’aime pas lire ! » dans Où sont les problèmes de lecture ? / collectif de formateurs et enseignants – éd. Education Permanente – p. 17-23.

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technique : « Je ne lis pas assez vite », « des foi s, je ne

comprends pas ce que je lis ». Lorsqu’un texte leur échappe,

certains élèves éprouvent un sentiment d’incapacité , parfois

même d’infériorité. Ils préfèrent alors se tenir él oignés du

livre pour ne pas ressentir ces sentiments difficil es.

Certains élèves, qui par ailleurs disent aimer lire à voix

basse, ont le souvenir d’expériences négatives de l ectures à

voix haute. Ces élèves pratiquent parfois une strat égie

d’autodéfense : ils disent ne pas aimer lire pour n e pas être

interrogés. Le retrait conscient et voulu organise une défense

et vise à préserver du jugement des autres. La form ule

« j’aime pas lire » couvre donc une réalité complex e. Elle

exprime l’angoisse de certains, la fuite des autres , leurs

difficultés techniques, leur désintérêt et surtout leur refus

de s’exposer.

3.2.Lire : un droit, pas un devoir.

Encore une fois, la motivation de l’apprenti-lecteu r,

peut, seule, permettre de dépasser tous ces obstacl es. Martine

Lorimier, bibliothécaire, dit très joliment : « pou r donner le

goût de la lecture il ne doit pas y avoir d’obligat ion. Il

faut ouvrir des livres devant les adolescents, ne r ien forcer.

Dans la lecture il y a une part clandestine. La cul ture est

quelque chose que l’on s’approprie, qui est là à

disposition » 11. Tant que l’adolescent n’a pas atteint le stade

du plaisir de lire, il faut continuer à lui lire o u à lui

raconter des histoires, il faut l’encourager à lire , il faut

le guider dans ses choix de livres et dans la compr éhension

des livres, il faut, enfin, créer des conditions de lecture

sécurisantes et déscolarisées. La lecture doit être ressentie

11 « Pourquoi inciter les adolescent à lire de la littérature ? » / Lorimier Martine – dans http:// eprofsdocs.crdp-aix-marseille.fr/pourquoi-inciter-les-adolescents-a.html , 2004.

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par le lecteur comme la réponse aux questions qu’il se pose,

comme un moment de détente et non comme un exercice .

Il faut faire le pari qu’ils trouveront le goût de lire

même si, on le sait, l’accès au plaisir de lire n’e st pas

assuré.

Le rôle primordial de la motivation dans l’apprenti ssage

maintenant démontré, il reste à savoir comment les parents,

les enseignants et les éducateurs peuvent créer les conditions

nécessaires à faire naître la motivation, puis à l’ entretenir.

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II Des animations lecture comme motivation

1. Pourquoi des animations lecture ?

1.1. La situation au collège de Mutzig.

Le collège de Mutzig a été restructuré il y a deux ans. Il

possède un CDI très agréable :spacieux, lumineux et bien

organisé par la documentaliste qui s’est entretenue avec

l’architecte avant le début des travaux. Le coin le cture est

assez large pour pouvoir accueillir quinze élèves s ur des

fauteuils et on autorise les élèves à s’installer é galement

sur le tapis central à condition qu’ils retirent le urs

chaussures. De plus, deux fauteuils isolés et une c haise au

bout de chaque rayonnage de livres permettent aux l ecteurs qui

le désirent de s’isoler pour lire. L’espace du CDI a donc été

pensé en terme de confort pour les lecteurs et en r espectant

chaque type de lecteur.

Le CDI propose une sélection très variée de lecture s :

documentaires, périodiques, romans, contes, poésie, nouvelles,

albums, théâtre et bandes dessinées. La bande dessi née est

bien représentée et les rayonnages de romans porten t autant de

littérature de jeunesse que de littérature classiqu e. Dans ces

conditions très favorables à la lecture, on pourrai t espérer

la fréquentation très assidue du CDI par un grand n ombre de

lecteurs. Or sur huit cent cinquante élèves au coll ège on ne

compte qu’une vingtaine de lecteurs assidus. Alors, comment

faire venir les autres et les motiver à lire ?

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1.2. Animer plutôt qu’enseigner.

Motiver : qu’est-ce que cela veut dire, sinon faire en

sorte que les élèves découvrent leurs propres motiv ations à

lire. Cela signifie qu’ils doivent faire une rencon tre avec un

livre, un genre littéraire, un thème, un personnage ou un

auteur. Cette rencontre va déclencher leur curiosit é pour les

livres ou leur procurer un moment de plaisir. L’ani mation

lecture est donc un moyen pédagogique de créer des

possibilités de rencontre entre l’enfant et le livr e et de

donner à l’enfant une image nouvelle, plus positive du livre

que celle qu’il en a. Des recherches conduites à l’ Institut

National de Recherche Pédagogique ont montré que le s

animations lecture sont efficaces pour faire lire l es jeunes,

y compris ceux qui disent ne pas aimer lire. Ces re cherches

ont également mis en évidence le fait que la contra inte à lire

exercée sur les enfants les détourne de la lecture. Il faut

donc proposer et non imposer la lecture et la désco lariser

pour la rendre plus attrayante.

1.3. Le rôle du CDI pour déscolariser la lecture.

Déscolariser la lecture, c’est ce que permettent d e faire

les animations lecture en faisant sortir les activi tés lecture

de l’espace classe. Le C.D.I. est le lieu privilégi é dans

l’établissement scolaire pour organiser les animati ons

lecture. C’est le lieu où se trouvent les livres, q uels qu’ils

soient, et où les livres ne sont pas hiérarchisés s elon leur

contenu. On trouve au CDI, côte à côte, par exemple , des

bandes dessinées, des romans de littérature jeuness e et de la

littérature classique. Cette précision est importan te car je

pense qu’il n’y a pas en soi de mauvaises lectures, mais des

lectures différentes à chaque stade du parcours du lecteur et

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qui peuvent varier en fonction des passions, de la sensibilité

et du vécu de chacun.

Le rôle du documentaliste est tout aussi important que le

lieu CDI. Le documentaliste parce qu’il n’est pas l e

professeur de la classe qui juge et qui note va pou voir

obtenir les confidences des lecteurs sur leurs goût s en

lecture et sur leurs plaisirs ou difficultés. Le

documentaliste doit connaître les élèves et être lu i-même

passionné de lecture pour mettre les élèves en conf iance et

les accompagner dans leur parcours de lecteur. Les aider s’ils

le souhaitent à choisir un livre permet de sécurise r les

élèves : ils savent qu’ils ont entre les mains un l ivre à leur

niveau et sur un sujet qui les intéresse. Leur dema nder

d’exprimer leurs impressions après la lecture d’un livre peut

les aider à lever certains blocages, à réfléchir su r leurs

rapports à la lecture et à ne pas rester sur une im pression

d’échec.

2. Des animations ponctuelles.

J’ai décidé de multiplier les animations ponctuelle s qui

s’adressent à un public très large pour créer une d ynamique

autour de la lecture dans l’établissement et touche r le plus

grand nombre d’élèves.

2.1.Des animations d’information.

Les animations d’information ont pour but de faire

découvrir les livres avec l’espoir que les élèves f assent une

rencontre décisive. Pour faire découvrir les livres , il suffit

parfois de les sortir des rayons. Les lecteurs qui vont dans

les rayonnages du CDI cherchent quelque chose de pr écis : un

roman policier pour l’un , un livre de la collectio n « chair

de poule » pour l’autre. Les non lecteurs ne saven t pas quoi

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chercher et ne s’ouvrent pas d’entrée devant cet al ignement de

livres. Je me suis rendu compte qu’il suffit que je sorte un

livre des rayons et que je le manipule pour le répa rer, par

exemple, pour que les élèves demandent à l’emprunte r. C’est en

partant de cette observation que j’ai décidé de met tre en

place régulièrement des expositions thématiques de livres. Il

s’agit de choisir un thème et de sortir des rayons les livres

s’y rapportant (voir annexe E). Je choisi les thème s en

fonction de l’actualité culturelle (semaine du goût , semaine

de la science, …) ou en rapport avec une activité d ans

l’établissement (les contes lors de la venue des co nteurs des

Contes Calumets au CDI, la nouvelle pour mettre en valeur un

recueil réalisé par une classe de quatrième). J’ess aye de

trouver un ensemble d’ouvrages variés , aussi bien des

documentaires que de la fiction , et des ouvrages p our tous

les niveaux. Il me semble également important de so igner la

présentation des livres sélectionnés. Il faut que l ’exposition

attire le regard, éveille la curiosité, surprenne l es élèves.

Je n’hésite donc pas à mettre des éléments de décor (potirons

et autres cucurbitacés, piments rouges et racines d e gingembre

pour la semaine du goût) autour des livres exposés.

2.2.Une animation pour partager la lecture.

A mon arrivée dans l’établissement, ma tutrice m’a

présenté un projet, organisé quelques années plus t ôt par un

professeur de français, qui a retenu mon attention. Il

s’agissait d’un « marathon de la lecture » organisé dans le

cadre des journées « lire en fête ». Les élèves d’u ne classe,

leurs parents et le personnel de l’établissement ét aient

invités à venir lire le maximum de lignes de livres pendant

une soirée au CDI.

Nous avons donc sollicité deux professeurs de franç ais et

leurs classes de sixième pour reconduire le projet. La soirée

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s’est déroulée au CDI de 17h à 21h. Les tables et l es chaises

ont été remplacées pour l’occasion par des fauteuil s, des

nouveautés ont été achetées et des présentations de livres

animaient l’espace. Des marque pages, en guise de c adeaux de

bienvenue, ont été offerts à chaque participant. Ch acun s’est

mis à fureter dans les étalages de livres et les ra yonnages, à

faire son choix et très vite tous étaient installés à lire

dans un silence absolu. Certains ont lu seuls, d’au tres à

plusieurs, certains ont lu plusieurs livres, d’autr es n’en ont

lu qu’un. Après deux heures et demi de lecture et u ne pause

repas au restaurant scolaire, la fin de la soirée a été

consacrée à un échange autour de nos lectures. La s oirée a

remporté un grand succès auprès des élèves comme de s parents.

De nombreux participants sont repartis avec un livr e.

2.3.une animation ludique.

Les animations ludiques ont comme intérêt premier l e

plaisir immédiat du jeu ou de la compétition. Mais à la faveur

du jeu, les enfants peuvent faire une rencontre ave c un livre

qui va faire évoluer leur vision du livre.

Dans cette optique, j’ai décidé d’organiser un conc ours de

« création de couverture de livre » ouvert à tous l es élèves.

Les élèves qui souhaitent participer doivent se met tre dans la

peau d’un éditeur qui doit rééditer un roman et réa liser une

nouvelle couverture pour le livre. Ils doivent donc réécrire

le résumé ou commentaire de la quatrième de couvert ure et

faire une nouvelle illustration. Le but affiché du concours

est la création artistique alors que la lecture du livre n’est

que le moyen d’y parvenir. En proposant ainsi une a ctivité

artistique et non un concours de lecture, j’espère attirer des

non lecteurs. Le fait de lire un livre non pas parc e qu’on

leur a demandé de le faire mais parce qu’ils ont en vie de

participer au concours leur donnera, je l’espère, l ’occasion

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d’avoir un nouveau rapport à la lecture. Le choix d u livre est

libre mais néanmoins limité au fonds du CDI. Le con cours sera

en effet prolongé par une exposition des travaux de s élèves au

CDI de manière à, encore une fois, inciter les élèv es à la

lecture. Il est donc important que les livres corre spondant

aux couvertures des élèves soient disponibles au CD I et

empruntables.

3. Une animation – projet.

Outre ces animations ponctuelles qui visent un publ ic très

large mais non ciblé, il m’a semblé important égale ment de

travailler avec des élèves remarqués pour leurs dif ficultés en

lecture.

3.1. Sélection des élèves.

J’ai demandé aux professeurs de français des classe s de

sixième de faire un premier repérage des élèves pré sentant des

difficultés en lecture. Les symptômes qui alertent en priorité

les enseignants concernent la lecture à haute voix :

déchiffrement incertain, lent ou hésitant, confusio ns

récurrentes, ânonnement syllabique qui rompent la f luidité

indispensable à la compréhension. Mais les déchiffr eurs

laborieux ne sont pas les seuls à avoir des difficu ltés en

lecture. De nombreux enfants restent en fait complè tement

extérieurs à tout écrit, même si, en apparence, ils semblent

mieux armés parce qu’ils sont capables d’une lectur e à haute

voix fluide. Pour ces enfants c’est souvent la diff iculté de

compréhension de consignes qui sert de révélateur. Les cahiers

d’évaluation de sixième permettent de repérer ce ty pe de

difficultés en lecture. A partir des évaluations e t de leurs

observations pendant tout le mois de septembre, les

professeurs m’ont donné une liste d’élèves. Pour de s raisons

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de compatibilité d’emploi du temps, j’ai décidé de travailler

avec des élèves de sixième D en difficulté.

3.2. Un projet responsabilisant.

Mon idée était de redonner confiance à ces élèves e n leur

confiant une mission de responsabilité : lire des a lbums à des

élèves plus jeunes. J’ai rencontré Mme Marie-Claire Troestler,

dynamique professeur des écoles en CM1-CM2 à Gressw iller, qui

a adhéré à mon projet. Le projet a ensuite été prés enté aux

élèves de sixième par Mme Catherine Werner, leur pr ofesseur de

français. Un groupe de huit élèves s’est engagé dan s le

projet. Cet engagement volontaire des élèves est, i l me

semble, une donnée importante. Les élèves n’ont pas inventé

l’animation eux-mêmes mais ils ont choisi de s’y en gager ou

non. A partir du moment où il y a eu un engagement volontaire

de la part de l’enfant, il y a responsabilité et pr ise de

risque. L’enfant se sent responsable vis-à- vis du

destinataire. L’évaluation ne viendra pas du profes seur mais

de l’image de lui-même renvoyée par le destinataire du projet,

en l’occurence les élèves de l’école primaire.

Etant donné l’enthousiasme des mes partenaires et l e

souhait émis par Mme Troestler d’une part de famili ariser ses

élèves avec le collège pour éviter l’angoisse de la rentrée au

collège, et d’autre part d’avoir un rôle actif dans l’échange,

nous avons décidé de développer le projet. Il se dé roulera en

trois périodes avec pour chaque période un moment f ort

correspondant à une rencontre entre les collégiens et les

élèves du primaire.

• Première période : Les huit élèves volontaires

de sixième préparent leur travail de conteurs autou r

des albums du CDI en vue de raconter des histoires

aux élèves du primaire le 07 février lors de la

première rencontre. Pendant ce temps, les élèves du

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primaire sélectionnent dans leur BCD une dizaine

d’albums. Lors de la rencontre les albums seront

échangés entre les élèves des deux écoles.

• Deuxième période : Les élèves des deux écoles

découvrent, lisent et notent les albums de l’autre

école. Ils préparent une argumentation en vue du pr ix

du meilleur album qu’ils décerneront lors de la 2 e

rencontre le 04 avril.

• Troisième période : Les autres élèves de la

classe de sixième se joignent au projet pour faire un

travail de création autour de l’album. Les classes

des deux établissements travaillent ensemble à la

réalisation d'un album géant (illustrations et text e)

à partir d’une trame fixée par les trois enseignant es

(Mme Troestler, professeur des écoles, Mme Werner,

professeur de français et moi même).

1.2. Raconter des histoires aux plus petits.

Je ne développerai dans ce mémoire que la première période

du projet étant donné le calendrier. Pour préparer le travail

de « conteur » avec le groupe des volontaires de si xième, je

dispose d’une heure par semaine d’octobre aux vacan ces de

février. C’est à dire treize séances pour développe r les

objectifs suivants :

- Découvrir le livre en tant qu’objet.

- Travailler la prise de parole.

- Travailler la lecture à voix haute (lecture

expressive, articulation, poser sa voix).

- Apprendre à raconter (tirer les informations

essentielles du texte, présenter les personnages, p résenter

le contexte, entretenir l'intérêt de l'auditoire).

- Apprendre à lire les images.

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Les séances se sont déroulées comme suit :

Séance 1 : Prise de contact et découverte du livre.

- Prise de contact : chacun essaye de définir ses

difficultés par rapport à la lecture.

- Présentation du projet et du programme des séances,

écoute des réactions.

- Présentation de l’album en tant qu’objet. Chaque

élève choisit un album(documentaire ou fiction) dan s le CDI.

On cherche ensemble les caractéristiques physiques des

livres (1 ère et 4 e de couverture, auteur, éditeur, année

d’édition, collection, illustrateur, traducteur, …. ).

Séance 2 : Apprentissage de la prise de parole

- Les élèves choisissent, dans les documents du

CDI(documentaires, albums, livres illustrés, périod iques),

une illustration de l’endroit où ils souhaiteraient se

trouver. Assis en rond, chacun explique où il aimer ait se

trouver et présente l’illustration et le livre.

- Le jeu des dominos.

Règle : poser son livre à côté d’un livre qui a un

point commun. Le 1 er joueur décrit son livre (description du

contenu + description physique) jusqu’à ce qu’un au tre joueur

trouve un point commun avec le sien. L’autre joueur lève le

doigt, explique le point commun et décrit à son tou r son

livre, etc.

Séance 3 : Apprentissage de la prise de parole et lecture

à voix haute.

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Les élèves choisissent un numéro de « Je bouquine ».

- lecture à voix basse du 1 er chapitre.

- Chacun prend la parole pour présenter son numéro :

- énoncé du titre

- présenter brièvement les personnages

- lire le début du 1 er chapitre à voix haute.

Les autres élèves écoutent attentivement pour racon ter

après chaque intervention ce qu’ils ont compris ou retenu.

Les élèves prennent les « Je Bouquine » pour finir la

lecture à la maison.

Séance 4 : lecture d’images ou découverte d’un alb um à

partir des illustrations.

Tomi Ungerer, Otto. Autobiographie d’un ours en peluche.

- A partir de la 1ére et 4 e de couverture (image et

titre), les élèves imaginent le sujet du livre(trav ail

oral).

- Les élèves observent les illustrations de l’album

(je leur ai donné les prénoms des personnages, mais le texte

est caché). Ensemble on essaye de deviner l’histoir e

(travail oral).

- Lecture à voix haute de l’histoire par les élèves.

Séance 5 : Exprimer ses opinions sur une lecture e t choix

d’un album .

- Les élèves remplissent une fiche intitulée

« passeur d’histoire » pour exprimer leur avis sur le numéro

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de « Je bouquine » qu’ils ont terminé à la maison ( Fiche

élève à l’annexe F).

- Je mets sur une table les albums dont j’ai caché le

titre et je mets sur un tableau les titres de ces a lbums. Je

demande aux élèves d’observer les couvertures des a lbums

pour leur associer un titre.

- Corrigé du jeu sur les titres.

- Chacun choisit un des albums et le lit à la maison

pour la semaine suivante.

Séance 6 : Consignes pour le jour de la rencontre, choix

d’un extrait à lire, écriture de questions pertinen tes sur le

livre.

- Lecture commune de la fiche élève « raconter un

album : comment faire ? » (Fiche élève à l’annexe G ).

- Chacun choisit et note l’extrait qu’il pense lire

pour faire apprécier le livre.

- Préparation de questions à poser aux auditeurs pour

vérifier leur compréhension du texte.

Séance 7 : Mise en voix

Chacun lit à voix haute le passage de son album qu’ il a

choisi.

Les autres élèves écoutent pour conseiller leur cam arade

sur deux points :

- est-ce que l’extrait est bien choisi ? Est-ce qu’il

donne envie de lire le livre ?

- est-ce que l’extrait est lu de façon expressive ?

Comment améliorer l’expressivité ?

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Séance 8 : Contes Calumet

Le CDI a invité les conteurs des Contes Calumet pen dant

deux jours. C’est l’occasion pour les élèves de déc ouvrir

toutes les facettes du verbe « conter ». « Conter » c’est en

effet raconter, jouer, chanter, danser, etc.

Séance 9 : Test de lecture et exercices pour améli orer

son efficacité en lecture 12

- La séance commence par un test de lecture qui per met de

donner à chacun son score d’efficacité en lecture, c’est à

dire le rapport entre sa vitesse de lecture et son taux de

compréhension. Cet exercice servira aux élèves à év aluer leurs

progrès au courant de l’année et me sert à mieux co mprendre

les difficultés de chacun.

- La séance est ensuite consacrée à des exercices p our

améliorer la lecture. Je donne à chaque élève un ex ercice en

fonction de ses difficultés : un exercice pour amél iorer la

vitesse de lecture pour certain, un exercice pour c oncentrer

son attention sur la compréhension du texte pour d’ autres,

enfin un exercice pour capter rapidement un mot san s le

prendre pour un autre.

Séances 10-11-12 : Répétitions

Les élèves s’entraînent les uns après les autres à

raconter leur album devant leurs camarades. Chaque

présentation est suivie d’un moment de discussion p endant

lequel on conseille et on cherche les moyens d’amél iorer la

présentation.

12 Le test et les exercices utilisés viennent du livre : Maurice Chevalier…….

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Séance 13 : Dernière répétition

- Jeu de l’intrus : Avant l’arrivée des élèves au

CDI, j’ai préparé des piles de livres en fonction d ’un

critère. Exemple : une pile de romans historiques, une pile

de livres portant un ours sur la couverture, une pi le de

livre à la couverture dure, .... Dans chaque pile j 'ai placé

un livre intrus. Chaque élève doit prendre connaiss ance de

sa pile, trouver le point commun et trouver l'intru s. Ce jeu

sera utilisé lors de la rencontre avec les élèves d e CM1-CM2

pour créer un lien entre les élèves.

- Rappel des consignes et du déroulement de la

rencontre.

- Dernière répétition : par binômes, chaque élève

présente son album à un camarade.

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III Un bilan provisoire

Il est temps maintenant de s’arrêter un moment sur mon

analyse des expériences pédagogiques que j’ai pu me ner dans

mon établissement pour évaluer la validité de mon h ypothèse de

départ et réfléchir aux changements à apporter à me s pratiques

professionnelles dans le domaine de l’incitation à la lecture.

1. Evaluer l’impact des animations lecture sur le

lectorat

Peut-on aider les élèves du collège à devenir des l ecteurs

en les motivant grâce à des animations lecture ? En posant

cette question, mes objectifs étaient de renforcer la lecture

pour tous les lecteurs, conduire les non-lecteurs v ers la

lecture et aider les lecteurs en difficulté à surmo nter les

obstacles pour acquérir plus d’aisance en lecture. Quel type

d’évaluation faut-il réaliser pour vérifier si mes objectifs

ont été atteints ? Comment mesurer l’appétence nouv elle ou

renforcée des élèves pour la lecture ? et comment évaluer

les progrès des élèves en difficulté au niveau de l a lecture ?

1.1. Evaluer l’appétence des élèves pour la lecture.

Comment vérifier si les actions ponctuelles que j’a i

menées dans l’établissement ont eu un impact positi f sur les

comportements de lecteur des élèves ?

L’indicateur le plus objectif de cet impact positif serait

de voir la fréquentation du CDI et le nombre de prê ts

augmenter. Le tableau de l’annexe H montre une augm entation

assez conséquente des prêts réalisés au CDI entre s eptembre et

janvier, avec néanmoins une baisse importante pour tous les

niveaux de classe en novembre et décembre. Ces chif fres ne

donnent qu’une idée partielle de la réalité. Ils n’ indiquent

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pas quels emprunts sont liés au désir de lire d’un élève et

quels emprunts sont liés à un travail scolaire. Ces chiffres

n’indiquent pas non plus si des élèves non lecteurs sont

devenus lecteurs. Pour répondre à ces questions je ne dispose

pas de chiffres mais seulement de mes observations sur le

terrain.

Les réactions des élèves lors de ces manifestations ont

été très positives. Nous avons vu le rayon des cont es se vider

après l’intervention au CDI des conteurs des « Cont es

Calumet » en décembre et les livres présentés lors des

présentations thématiques partent très rapidement. La soirée

« Marathon de la lecture » a également porté ses fr uits

puisque les élèves invités se sont, pour la plupart , inscrits

soit dans le club « lecture » de Mme Soucaze (profe sseur de

français), soit dans le projet lecture, soit dans l e club

« contes » animé par moi-même. Ils manifestent ains i leur

intérêt pour la lecture. Les élèves de sixième et d e cinquième

ont répondu positivement au concours de création de

couvertures de livre en rendant des travaux d’une g rande

créativité, très soignés, voire pour certains minut ieux (voir

annexe I). Par contre une seule élève de quatrième a participé

au concours et aucun élève de troisième.

Il est important de se pencher sur cette observatio n pour

essayer de comprendre pourquoi ce concours n’a pas retenu

l’intérêt des adolescents. Je pense que les adolesc ents ont

immédiatement pensé la création artistique demandée en terme

de dessin, or le dessin « c’est fait pour les enfan ts ». Il

aurait peut-être fallu attirer leur attention en pa rlant de

tag par exemple, forme de création artistique plus

contemporaine donc plus parlante pour les jeunes.

Mis à part la non participation des élèves de trois ième et

de quatrième au concours, les activités menées ont remporté un

certain succès auprès des élèves et ont contribué à renforcer

la lecture au collège. Ce sont principalement les é lèves qui

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fréquentaient déjà le CDI qui en profitent. Néanmoi ns,

quelques élèves que nous ne voyions pas au CDI en d ébut

d’année scolaire se sont mis à le fréquenter réguli èrement à

la suite d’une animation. Ce sont des élèves qui ne viennent

pas pour faire un travail scolaire mais qui propose nt leur

aide pour réaliser des panneaux pour une exposition , qui

demandent à faire un travail d’écriture à afficher au CDI,

…D’autres arrivent au CDI et me demandent : « Qu’es t-ce que

vous proposez, Madame, aujourd’hui ? ». Pour ces él èves,

l’image du CDI a changé. Le « sanctuaire » des livr es est

devenu un lieu de vie où l’on trouve toujours quelq ue chose

d’intéressant à faire. Ces quelques élèves symbolis ent le

succès de mes expérimentations, même si je regrette de ne pas

avoir pu toucher davantage d’individus.

1.2. Evaluer les progrès des élèves en difficulté.

Qu’en est-il du projet lecture réalisé avec les hui t

élèves de sixième ? Qu’est-ce que ce projet a appor té aux

élèves et ont-ils progressé ?

Le premier point positif de ce projet a été l’impli cation

des élèves. Malgré les difficultés rencontrées par certains

pour s’exprimer ou lire à voix haute devant les aut res, malgré

la timidité et l’angoisse à une semaine de la renco ntre avec

les élèves du primaire, les élèves sont allés jusqu ’au bout

parce qu’ils s’étaient engagés vis à vis des élèves du

primaire. La rencontre, moment fort de ce projet, l eur a

procuré le plaisir du professeur qui communique ses

connaissances (Anaïs, en particulier, a pris son rô le

d’institutrice très au sérieux demandant à son audi toire

d’écouter attentivement) et leur a permis de prendr e de

l’assurance (Théo et Laetitia, deux élèves travaill eurs mais

timides et manquant de confiance en eux, en avaient

particulièrement besoin). Ils ont tous pris conscie nce de

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l’importance d’avoir un auditoire attentif (voir an nexe K).

Cela va permettre de travailler sur leur propre com portement,

le groupe étant un peu dissipé.

Le travail préparatif pour la rencontre les a fait

progresser au niveau de la prise de parole et de la cohérence

du discours. Ils parviennent à présent à exprimer l eur goût ou

une idée sur un livre de façon claire et argumentée et à

rapporter une histoire courte de façon cohérente. C ette

dernière observation induit que les élèves ont fait des

progrès au niveau de la compréhension de texte.

Les progrès en lecture peuvent être mesurés de faço n plus

concrète grâce à des tests de lecture. Il est admis

aujourd’hui qu’il faut éviter d’évaluer le savoir l ire en

faisant lire les élèves à voix haute. Cette façon d ’évaluer

est trop subjective puisque l’on juge la compréhens ion du

texte en étant simplement attentif à l’intonation. De plus,

l’oralisation se déroulant à neuf mille mots à l’he ure

environ, tous les lecteurs capables de lire plus vi te voient

leurs performances réduites à cette limite. L’évalu ation du

savoir lire doit donc se faire à partir de la lectu re

silencieuse d’un texte, en mesurant la vitesse de l ecture,

puis en évaluant la compréhension de ce qui a été l u grâce à

un questionnaire. L’efficacité de lecture sera calc ulée en

multipliant la vitesse de lecture par la compréhens ion. J’ai

utilisé, début janvier, le premier test de lecture extrait du

livre de M. Chevalier 13. Les résultats montrent de forts écarts

de score autant en vitesse de lecture, qu‘en compré hension. Je

tiens à ce que l’évaluation soit formative pour les élèves.

L’élève, grâce au test, prend conscience de ses dif ficultés et

va essayer de les dépasser étape par étape, en amél iorant

progressivement son score. Mais pour que l’évaluati on soit

motivante et formative, il faut que l’élève voit ef fectivement

13 Bien lire au collège – Textes et exercices d’entraînement progressifs- Niveau 1 / Chevalier, Brigitte – [Paris] : Nathan, 1985

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son score s’améliorer. C’est pourquoi j’ai décidé d e ne pas

faire de deuxième test avant le mois d’avril. Grâce à la

rencontre avec les élèves de l’école primaire, les élèves de

sixième ont pu rompre avec l’image de mauvais lecte urs qu’ils

avaient d’eux-mêmes. Sur la base de cette confiance en soi

retrouvée il me semble important de commencer par r enforcer

leur progression en lecture en multipliant les exer cices et

les occasions de lire. Ce n’est qu’après cette étap e et sûre

des progrès accomplis que je leur proposerai une no uvelle

évaluation.

1.3. Un problème de temps.

Que je veuille évaluer l’impact des animations lect ure sur

l’appétence des élèves pour la lecture ou sur leurs progrès

pour devenir des lecteurs efficaces, je me heurte a u problème

du temps. J’expérimente ces animations lecture depu is le mois

d’octobre et j’ai le sentiment qu’après cinq mois l es choses

commencent à changer. Le CDI devient progressivemen t la plaque

tournante de la lecture dans l’établissement. Les p rofesseurs

viennent maintenant au CDI évoquer les problèmes de lecture

qu’ils rencontrent avec les élèves de leurs classes et trouver

des conseils ou des outils pour y remédier auprès d es

documentalistes. Les élèves viennent s’informer du calendrier

des animations du CDI. Une dynamique se met progres sivement en

place autour de la lecture. Donner le goût de lire, comme

apprendre à utiliser les outils pour devenir un lec teur

efficace est un travail qu’il faut programmer sur l e long

terme si l’on veut parvenir à des résultats conséqu ents.

Lorsque l’on mène une politique d’animation, les pr emières

séances servent à créer l’habitude. Puis le bouche à oreille

aidant on voit de plus en plus d’élèves volontaires pour

participer.

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2. Les clés de l’animation lecture

Ces expérimentations m’ont permit de me rendre comp te d’un

certain nombre d’éléments essentiels pour bien mene r ces

animations lecture.

2.1.L’information

Il est essentiel de porter un soin tout particulier à

l’information. Lorsque j’ai organisé le concours de couverture

de livre, j’ai utilisé deux voies de communication. J’ai,

premièrement, réalisé des affiches d’information qu e j’ai

accrochées au CDI, dans les couloirs, à la vie scol aire et en

salle des professeurs (voir annexe J). J’ai, ensuit e, préparé

une feuille d’information comprenant le principe du concours,

le calendrier et le règlement que j’ai donnée à tou s les

professeurs de français et d’arts plastiques en leu r demandant

d’informer leurs classes. C’est d’ailleurs, dans le s classes

où le professeur a pris le temps de faire passer l’ information

qu’il y a eu le plus de participants. Après cette p hase

d’information, de nombreux élèves sont venus prendr e le

règlement du concours et un livre au CDI. Par contr e peu

d’élèves sont venus rendre leur couverture de livre . Que

s’est-il passé en un mois ?

Certains élèves sont venus me voir le jour de la re mise

des prix aux gagnants pour me dire qu’ils avaient c ommencé une

réalisation mais qu’ils avaient oublié de la finir ou de la

rendre. Je pense qu’il aurait été important de refa ire de la

communication au courant du mois, rappeler par exem ple à

quinze jours de la fin du concours, la date limite de retour

des travaux, grâce à un affichage. Un autre moyen s erait de

demander aux élèves qui veulent participer de s’ins crire de

manière à pouvoir les relancer régulièrement en leu r demandant

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où ils en sont ou en leur rappelant la date limite de retour

des travaux.

La communication est un point essentiel dans la mis e en

place d’une animation qui demande la participation de

volontaires. Le documentaliste doit véritablement v endre son

animation.

2.2. Créer des habitudes

La plupart des élèves semblent ne pas s’inscrire

facilement dans une activité nouvelle dont ils ente ndent

parler pour la première fois. Par contre dès qu’ils reçoivent

des échos positifs les inscriptions se font plus ab ondantes.

Cette année au collège de Mutzig, huit clubs ont ét é proposés

aux élèves en début d’année. Deux de ces clubs étai ent

nouveaux, le club lecture proposé par Mme Soucaze e t le club

conte proposé par moi même, les autres clubs exista nt depuis

déjà plusieurs années au collège. Les élèves se son t inscrits

massivement dans les clubs qu’ils connaissaient déj à par oui

dire ou pour y avoir déjà participé. Mme Soucaze n’ a eu que

quatre inscrits et moi trois. Finalement le bouche à oreille a

bien fonctionné et à partir du début du mois de nov embre nous

avions une dizaine d’inscrits chacune. Il ne s’agit pas du cas

particulier des élèves de Mutzig qui seraient plus frileux

qu’ailleurs. J’ai observé le même phénomène au coll ège de

Dambach-La-Ville où j’ai exercé en tant qu’emploi j eune

pendant trois ans. J’avais proposé une activité int itulée

« pot de lecture ». En fait un rendez vous mensuel avec les

élèves pour échanger autour de nos lectures. Il a é galement

fallu plusieurs mois pour voir la fréquentation du « pot de

lecture » augmenter.

Ces exemples prouvent qu’il faut de la persévérance

lorsque l’on met en place des animations autour de la lecture.

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Que ce soit un concours, un club, un café littérair e, il faut

réitérer l’expérience pour voir la fréquentation au gmenter.

2.3. Créer la surprise

Créer des habitudes en proposant des ateliers lectu re ou

des expositions thématiques de livres de façon régu lière, ne

veut pas dire répéter toujours la même formule. Au contraire

il faut surprendre les élèves pour maintenir leur c uriosité et

leur motivation en éveil. Surprendre en transforman t les

espaces d’exposition au CDI par exemple. Le documen taliste

dispose en général de matériel d’exposition mobile : grilles

et présentoirs de diverses formes. Il peut ajouter à ces

supports toutes sortes d’accessoires et tissus de r écupération

qui seront utilisés pour créer un décor. Surprendre c’est

aussi varier les thématiques, varier les activités en

utilisant le jeu, l’informatique, le livre, l’écrit , l’oral,

le dessin, la musique, …. Varier, d’une façon génér ale, sera

le meilleur moyen d’intéresser le plus grand nombre d’élèves.

3. Un nécessaire travail d’équipe.

Les élèves qui présentent des difficultés en lectur e n’ont

pas seulement besoin d’apprendre ou de réapprendre les codes

de la lecture. Les causes profondes de leurs diffic ultés

seraient l’absence totale de l’écrit et de sa cultu re dans

leurs foyers. C’est alors à l‘école que revient ent ièrement la

mission de faire découvrir et comprendre l’enjeu so cial de

l’écrit. Sans cette prise de conscience, l’apprenti ssage de la

lecture ne peut prendre sens. De plus, l’enfant non -lecteur

est souvent un enfant blessé, installé dans l’échec scolaire.

L’image de mauvais lecteur, qui peut se constituer très tôt

sur la base de mauvaises performances en lecture à voix haute,

est un obstacle fort aux apprentissages. Enfin, en amont des

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apprentissages, il faut parfois travailler sur les

représentations de la lecture et du livre, travaill er sur le

respect de l’objet-livre et du lecteur.

Faire découvrir l’enjeu social de l’écrit, travaill er sur

les représentations du livre et du lecteur, redonne r confiance

en soi à l’élève, enseigner les codes de l’écrit : les tâches

sont nombreuses et ne peuvent incomber à un seul pr ofesseur.

Seul un travail d’équipe peut permettre d’aboutir à de

véritables progrès.

3.1.Le rôle de l’équipe pédagogique

Au sein des collèges et des lycées, c’est l’équipe des

professeurs de toutes les disciplines qui devrait p rendre en

charge l’apprentissage de la lecture. La lecture ét ant

nécessaire autant dans les matières scientifiques, pour

comprendre un énoncé de mathématiques par exemple, que dans

les matières littéraires, chaque professeur peut fa ire

travailler les élèves sur la lecture. C’est en inté grant

l’entraînement à la lecture à tous types d’activité s, par les

moyens les plus diversifiés et le plus souvent poss ible, que

les élèves vont arriver à maîtriser le code. L’appr entissage

du code nécessite en effet de développer des intera ctions

nombreuses et diversifiées entre la lecture, l’écri ture et la

parole.

C’est également en montrant l’utilité de l’écrit da ns

toutes les matières enseignées dans l’établissement , ainsi que

dans les tâches administratives qui incombent à tou t élève

comme à tout citoyen (CV, lettre de motivation, do ssier

d’inscription) que les élèves vont se rendre compte du

caractère indispensable de la maîtrise de l’écrit d ans notre

société.

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3.2.Le rôle des partenaires extérieurs

Si l’école est, pour certains enfants, le lieu uniq ue où

l’écrit ait une place, une contradiction risque de s’installer

entre l’environnement social de l’enfant et l’école , vécue

alors comme un monde à part. Il est donc important d’associer

les parents d’élèves et les structures fréquentées par les

élèves (la bibliothèque municipale et les centres d e loisirs,

par exemple) dans les activités lecture mise en pla ce par

l’établissement.

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CONCLUSION

Avant de commencer ce mémoire, je ne mesurais pas

l’ampleur de la tâche à laquelle j’avais décidé de m’attaquer.

Les animations lecture décrites dans les revues et sites

professionnels donnent souvent l’impression de prod uire de

véritables miracles. Des élèves complètement étrang ers aux

livres deviennent en quelques colonnes d’articles d e grands

lecteurs.

La réalité est bien différente. Il faut du temps, b eaucoup

de temps et une continuité des apprentissages autou r de la

lecture d’une discipline à l’autre pour aider les é lèves à

devenir lecteur.

Une autre condition est essentielle pour que les él èves

puissent acquérir des compétences durables de lecte urs et le

goût de lire : la motivation. Or, pour être motivé à lire,

l’élève doit , d’une part avoir vécu des moments de

convivialité autour du livre, et d’autre part, être parvenu,

par ses propres expériences, à être convaincu de la fonction

sociale de l’écrit. L’animation lecture permet de c réer des

situations propices pour échanger autour des livres . Elle

permet, parce qu’elle utilise des moyens détournés, plus

familiers des élèves (: l’image, le jeu, …,) de les amener

vers l’écrit. Enfin les animations lecture sont en général

basées sur le volontariat ce qui permet un véritabl e

engagement des élèves participants.

Néanmoins avec les lecteurs en difficulté il faut

régulièrement revoir ses exigences à la baisse pour ne pas

décourager les élèves. Il me semble très important de définir

des objectifs accessibles aux élèves pour éveiller leur

curiosité et leur envie d’aller plus loin dans les

possibilités qu’offre l’écrit. Pour cela il faut av oir une

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véritable connaissance des processus mis en œuvre d ans la

lecture, et observer assidûment les élèves. La part ie

théorique de mon travail de réflexion m’a permis de

comprendre, dans la plupart des cas, les problèmes

particuliers que j’observais chez chacun des élèves dans le

domaine de la lecture.

L’écoute et l’observation attentive des pratiques d es

élèves m’a permis de mettre en évidence leurs diffi cultés mais

également leurs goûts. J’ai eu confirmation du goût des élèves

pour la bande dessinée et j’ai découvert leur goût pour les

livres documentaires. Donc deux pistes que je compt e exploiter

dans les prochaines années pour inventer de nouvell es

animations lecture.

Enfin je voudrais souligner un point qui me paraît très

important même si je ne l’ai pas développé dans mon mémoire.

La littérature jeunesse est aujourd’hui d’une grand e richesse

et d’une grande qualité. Elle propose aux jeunes de s livres

sur des sujets qui les touchent (le divorce, l’anor exie, la

mort, l’amour, …) et sur un monde qu’il connaissent . Le

professeur documentaliste doit se montrer un lecteu r

enthousiaste et curieux de cette littérature. Il do it

connaître les livres pour pouvoir les conseiller au x usagers

de façon pertinente. Et quand je parle d’usagers, j e pense aux

élèves, mais également, à tous les membres de la co mmunauté

éducative, et en particulier, aux professeurs de le ttres. Je

pense qu’il serait intéressant, de proposer des séa nces de

découverte de la littérature jeunesse aux professeu rs de

lettres qui sont amenés à faire lire de la littérat ure

jeunesse à leurs élèves mais se trouvent démunis pa rce qu’ils

connaissent mal cette littérature.

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Bibliographie

Documents cités dans le mémoire : Apprendre à aimer lire [ texte imprimé] / Peltier M ichel – [Paris] : éd. Hachette Education, 1995 Apprendre à lire comme on apprend à parler [texte i mprimé] / Bouchard Marie Joëlle – éd. Hachette Education, 199 1. Aimer lire[texte imprimé] : Guide pour aider les en fants à devenir lecteurs / sous la dir. De Hugo Caroline– [ Rennes] : éd. Bayard Jeunesse et éd. SCEREN-CNDP, 2004 Bien lire au collège [texte imprimé] : Textes et ex ercices d’entraînement progressifs niveau 1/ Chevalier, Bri gitte – [Paris] : ed. Nathan, 1985 Comment l’enfant devient lecteur [texte imprimé] : Pour une psychologie cognitive et culturelle de la lecture / Chauveau Gérard – éd. Retz, 1997 Donner le goût de lire [texte imprimé] / Poslaniec Christian – [nouv. Edition] – [Paris] : éd. Du Sorbier, 2001 «difficultés de lecture et jeux de cadres de référe nce » / Hubat-Blanc Anne-Marie - dans Argos n°35 , septembr e 2004 Enseigner autrement la lecture avec un album [texte imprimé]/ De Noëll Isabelle, Laurichesse Jean-Yves – [Perpign an] : éd. C.D.D.P. Pyrénées – Orientales, 1995 « Il a l’air bien, ton livre » [texte imprimé] / Ga utheron Monique – dans Argos n°34, mars 2004 Lecture et réussite scolaire [texte imprimé] / Jame t Eric – éd. Dunod, 1997 . Les chemins de la lecture [texte imprimé] / Chauvea u G. , Rogovas-Chauveau E. – éd. Magnard, 1994 – coll. Les guides Magnard Les mots [texte imprimé] / Sartre Jean-Paul – éd. G allimard, - coll. Folio.

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« On n’a jamais fini d’apprendre à lire » [texte im primé] / collectif – [Paris] : éd. Hatier enseignants, 1990 – coll. Ecoles et Colleges – 143 p. Où sont les problèmes de lecture ? [texte imprimé] / collectif – éd. Education Permanente – 93 p. Qui a lu petit, lira grand [texte imprimé] / Causse Rolande – éd. Plon, 2000 – coll. La Grande Ourse – 273 p. Documents non cités dans le mémoire : Comme un roman [texte imprimé] / Pennac, Daniel – [ Paris] : éd. Gallimard, 1992 Continue la lecture, on n’aime pas la récré [texte imprimé]/ Murail, Marie-Aude – [Paris] : éd. Calmann-Lévy, 19 93 Espace doc du CRDP de Grenoble [en ligne].Disponibl e sur : http://www.crdp.ac-Grenoble.fr/ - [consulté le 15/03/2006] Ricochet [en ligne]. Disponible sur : http://www.ricochet-

jeunes.org / - [consulté le 15/03/2006] Savoir CDI [en ligne]. Disponible sur : http:// www.savoircdi.cndp.fr/ - [consulté le 15/03/2006] Les chemins de la lecture [texte imprimé]/ Chauveau , Gérard – [Paris] :éd. Magnard, 1994 Marmitalire [en ligne]. Disponible sur : http://marmitalire.free.fr/ - [consulté le 15/03/2006] Télémaque [en ligne] :Centre ressources littérature de jeunesse du CRDP de l’académie de Créteil. Disponib le sur : http://www.crdp.ac-creteil.fr/telemaque/ - [consulté le 15/03/2006] « Texte et image : lecture d’un album : « Otto », d e Tomi Ungerer » [texte imprimé] / Czarny, Norbert dans L’ Ecole des Lettres des Collèges n°2, 2002-2003 Texte officiel : Men. Mission des personnels exerçant dans les centr es de documentation et d’information : circulaire n°86-12 3 du 13 mars 1986 [texte imprimé]/ dans BOEN n°12, 27 mars 1986

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Albums illustrés pour le collège : A l’orée de la forêt / Firth, Barbara et London, Jo nathan – [Paris] : éd. L’Ecole Des Loisirs, 1998 Drogoula, sorcière des montagnes / Ravella, Malou e t Vernet, Patricia – éd. Les Editions Du Ricochet, 1999 La corne de brume / Delessert, Etienne – [Paris] : éd. Gallimard, 1990 La fabuleuse histoire de Cristobal le brigand bienh eureux / Puebla, Teo et Sartori, Christiane – [Paris] : éd. Milan, 1991 L’anneau de jade / Conrad, Pam – [Paris] : éd. Mila n, 2002 Le déjeuner de la petite ogresse / Vaugelade, Anaïs – [Paris] : éd. L’Ecole Des Loisirs, 2002 Le petit pêcheur et la tortue / Nelson, Sandra et D if, Ourida – [Paris] : éd. Belin, 2005 Les deux îles / Müller, Jôrg et Jôrgsteiner – éd. D uculot, 1981 Le tout jeune prince, la mer et le château de sable / Gouichoux, René et Puebla, Teo – [Paris] : éd. Mila n, 1991 Le mystère des hiéroglyphes / Walsch, Jill Paton – [Paris] : éd. Flammarion, 1997 – (Père Castor) L’enfant qui dessinait des chats / Levine, Arthur A . – [Paris] : éd. L’Ecole Des Loisirs, 1999 Le voyage d’Oregon / Rascal et Joos – [Paris] : éd. L’Ecole Des Loisirs, 1993 - (Pastel) L’ogre, le loup, la petite fille et le gâteau / Cor entin – L’ombre de la princesse / Thiers, P. et Merlin, C.- [Paris] : éd. Syros jeunesse, 1998 Midi pile, l’Algérie / Vittori, Jean-Pierre et Ferr andez, Jacques – [Paris] : éd. Rue Du Monde, 2001 Ne m’appelez plus jamais « mon petit lapin » / Solo tareff – [Paris] : éd. L’Ecole Des Loisirs, 1987 Otto, autobiographie d’un ours en peluche / Ungerer , Tomi – [Paris] : éd. L’ Ecole Des Loisirs, 1999

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Pélagie la sorcière / Thomas, Valérie et Korky, Pau l – [Paris] :éd. Milan, 1989 Remue-ménage chez Madame K / Wolf, Erlbruch – [Pari s] : éd. Milan, 2002 Schmélele et l’Eugénie des larmes / Ponti, Claude – [Paris] : éd. L’Ecole Des Loisirs, 2002 Steff le squelette veut voler / Lemmens, Riske – [P aris] : éd. Autrement jeunesse, 2000 Zappe la guerre. 1914-1918 : la première des guerre s mondiales / Pef – [Paris] : éd. Rue Du Monde, 1999

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LES ANNEXES

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ANNEXE A

Les étapes de la lecture

1. Niveau sensoriel La rétine capte les traits et les courbes imprimés.

2. Niveau phonologique intermédiaire Le cerveau transcrit les traits en lettres

Le cerveau associe les lettres pour former :

3. Niveau lexical des mots

3. Niveau phonologique des syllabes et des sons

4. Le décodage Le cerveau cherche les mots identifiés dans son lexique mental

4. Le décodage Le cerveau cherche les mots identifiés dans son lexique phonologique

Informations phonologiques informations sémantiques,

syntaxiques, morphologiques et phonologiques.

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1 ANNEXE B

Graphique illustrant le rapport entre la vitesse de lecture et le niveau de connaissance des mots.

(d'après une étude de Bell et Perfetti, 1994).

Vitesse de lecture en fonction du niveau de connaissance des mots

500

600

800

mots fr

équ

ents

mots ra

resno

n-m

ots Temps delecture enmillisecondes

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2 ANNEXE C

Schéma des interactions entre la lecture et les compétences nécessaire à la lecture.

VITESSE D’ACCES AU LEXIQUE

VOCABULAIRE DIVERSIFIE

1.1 LECTURE

MAITRISE

PHONOLOGIQUE

CONNAISSANCES DU MONDE

Facilite

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3 ANNEXE D

Graphique illustrant les écarts croissant au cours de la scolarité entre les lecteurs performants et ceux qui le sont moins. (D’après une étude de Alain Lieury réalisée dans un collège de la région rennaise dans lecture et réussite scolaire [texte imprimé]/ Jamet, Eric – [Paris] : éd. Dunod, 1997)

Estimation du nombre de mots connus en fonction du niveau scolaire

0

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

30 000

6e 5e 4e 3e

Classe

Nom

bre

de m

ots

conn

us

Elève le plus performant

Elève moyen

Elève le moins performant

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4 ANNEXE E

Deux exemples d’expositions thématiques de livres au CDI 4.1

1.1.2 Des contes des quatre continents

1.1.1 Semaine du goût

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L’auteur : …………………………………………………………………………. Le titre : ……………………………………………………………………………

Le thème de l’histoire :

Amitié – amour- enfance- adolescence- problème de société- difficultés personnelles- vie de famille- voyage- relations avec les autres Autres : ……………………………………………………………………………….. Le genre de l’histoire : Aventure- fantastique- science fiction- histoire- policier – mystère- histoire vécue- humour Autres : ………………………………………………………………………………..

Mon avis : 2 Pourquoi j’ai aimé - ou pas aimé - ce livre ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

Nom du passeur : Date :

ANNEXE F

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5 ANNEXE G

5.1 Fiche élève

Raconter un album : Comment faire ?

Conseils : - A la maison, relire deux fois le livre. - Choisir un passage, le lire plusieurs fois à voix haute (il faut bien comprendre

les mots et mettre le ton). Devant les élèves du primaire , il faudra : 1. se présenter et demander son nom à l’élève-auditeur. 2. Raconter l’histoire jusqu’au passage choisi en s’aidant des illustrations. 3. Lire le passage avec le ton à voix haute. 4. Raconter la fin de l’histoire. 5. Poser quelques questions à l’élève-auditeur pour voir s’il a bien compris

l’histoire. 6. Demander à l’élève-auditeur comment il a trouvé l’histoire.

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6 ANNEXE H

Graphique montrant l’évolution des prêts au CDI de Mutzig sur les cinq premiers mois de l’année scolaire

Les prêts de livres au CDI à la rentrée 2005/2006

0

100

200

300

400

500

600

700

sept oct nov dec janv

rentrée 2005/2006

Nom

bre

de p

rêt

3e 4e 5e 6e Collège

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7 ANNEXE I

Concours de création de couvertures de livres : quelques réalisations d’élèves.

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UNE RUMEUR D’ELEPHANT Alain Gerber

Une rumeur d’éléphant

Alain Gerber

Robert Laffont Robert Laffont

Grand concours de création de couverture de livre organisé par le CDI du 03 janvier au 03 février 2006.

Venez rapidement chercher le règlement du concours au

CDI.

Des lots récompenseront les trois productions les plus réussies dans deux catégories : jeunes espoirs pour les élèves de sixième et cinquième et grands talents pour les

élèves de quatrième et troisième . 3 Toutes les productions seront exposées pendant une semaine au CDI

Alain Gerber UNE RUMEUR D’ELEPHANT

Robert Laffont

ANNEXE J

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ANNEXE K