PChroniques futur L.indb 2 13-04-03 10:26 · — Programme de régulation planétaire ligéia....

PChroniques_futur_L.indb 2 13-04-03 10:26

Petites chroniques du futur


ConCours littéraire Mordus des Mots

Déjà parus

petites chroniques du crime Nouvelles policières, 2010.

petites chroniques de notre histoire récits historiques, 2011.

petites chroniques identitaires récits et parcours, 2012.



nouvelles de science-fiction

collectif d’élèves

C O N C O U R S 2 0 1 2 - 2 0 1 3


Les Éditions David remercient la Fondation Trillium de l’Ontario, le ministère de l’Éducation de l’Ontario et l’Université d’Ottawa pour leur contribution à cette publication.

Les Éditions David Téléphone : 613-830-3336 335-B, rue Cumberland Télécopieur : 613-830-2819 Ottawa (Ontario) K1N 7J3 [email protected] www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 2e trimestre 2013

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Petites chroniques du futur [ressource électronique] : nouvelles de science-fiction / collectif d’élèves.

Monographie électronique. Publ. aussi en format imprimé.

ISBN 978-2-89597-401-7 (PDF). — ISBN 978-2-89597-402-4 (EPUB)

1. Science-fiction canadienne-française — Ontario. 2. Écrits d’élèves du secondaire canadiens-français — Ontario. 3. Nouvelles canadiennes-françaises — Ontario.

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Préface

d’emblée, je salue l’effort de tous les élèves qui ont envoyé un texte de science-fiction (sf) au concours Mordus des mots. Pour beaucoup, ce fut un « premier contact » avec un genre littéraire méconnu. cet abordage s’est aussi fait en français, un autre défi en milieu minoritaire. Mais la rencontre de l’inconnu n’est-elle pas un thème courant en sf ?

en lisant les premières lignes d’une nouvelle de sf, on devine qu’on est ailleurs ; un ailleurs étrange, différent, rem-pli de technologies avancées et de paysages exotiques. toute-fois, l’auteur ne néglige pas pour autant la réflexion sociale : les personnages font face à des obstacles qui les forcent à changer, à évoluer, à faire des choix déchirants.

les lecteurs aguerris reconnaîtront sans doute certains thèmes de la sf. un écrivain en herbe qui aborde pour la première fois ces rives inconnues s’appuiera sur des souve-nirs, des films, des jeux ou des événements familiers avant de faire le grand saut vers l’altérité.

les nouvelles soumises reflètent des préoccupations actuelles des jeunes, projetées dans des futurs inquiétants. Manipulations génétiques sur des humains, catastrophe écologique, guerre civile, révolte contre une dictature, robo-tisation des cerveaux, tout y passe. du drame à l’humour, la


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rébellion prend parfois la forme d’une recette de sucre à la crème ! Poésie et musique ne sont pas en reste : soutenues par une langue de haut niveau, elles enrichissent l’expé-rience de lecture.

les auteurs de sf décrivent les conséquences de nos choix de vie. et ce futur se rapproche à grands pas : qu’on pense aux récentes avancées de l’impression en 3d * ! les textes qui suivent témoignent de la lucidité de la nouvelle génération face aux défis qui l’attendent.

et, en passant, ils nous font voyager vers d’autres mondes…

Michèle LaframboiseAuteure-conseil

Concours de création littéraire « Mordus des mots » 2012-2013

* et si vous relisez cette préface dans vingt ans, en sera-t-on rendu au téléporteur ?


PlAnÈte À vendre


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une berceuse pour sigrun

Au commencement, notre monde n’était que feu, noir-ceur, et cendres. Puis, la sirène apparut. nul ne sait

comment, ni pourquoi ; elle prit simplement racine au cœur de ce monde hostile. Alors, elle se mit à chanter. lente-ment, son aria transcenda le rugissement des flammes et les grondements de la pierre ; si belle et pure était-elle que le monde lui-même en fut calmé. des cendres refroidies, la vie surgit. nourrie par le chant de la sirène, la nature prit ses droits, et, au terme de milliers d’années, nous finîmes par naître à notre tour. depuis, cette mélodie nous permet de prospérer. cependant, il est dit que lorsque les humains auront abusé de leur temps, la sirène altérera son chant pour le rendre perçant et destructeur. l’aria deviendra requiem, et le monde sombrera une nouvelle fois dans les ténèbres et les flammes. »

Ainsi parle la légende. Bien des gens écarteraient ces fadaises du revers de la main, les reléguant au rang d’inep-ties. Malheureusement, il devient évident que le mythe n’en est pas un. Au siècle dernier, le sang versé lors des guerres incessantes et la cendre des villes brûlées pénétrèrent jusqu’aux entrailles du monde et le rendirent malade. les

«


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cataclysmes ravageant la surface de la terre se multiplièrent démesurément, causant des pertes humaines considérables. et toujours, le chaos prit de l’ampleur.

Avant qu’un déluge ne nous emporte ou qu’une lame ne nous transperce, mon frère, sedgar, et moi décidâmes de partir en quête de la sirène, pour essayer de renverser la situation… longtemps, nous la cherchâmes. Assaillis par des vents violents et des pluies diluviennes, au faîte de hautes montagnes et au creux d’obscures cavernes, sous un soleil de plomb ou à la lumière de deux lunes, nous poursuivîmes nos recherches. notre ardeur porta ses fruits puisque, dans une salle profondément enfouie sous terre, nous la trouvâmes.

* * *

un silence profond, dense, presque tangible règne dans la pièce. entièrement recouverts de plaques d’acier, ses murs sont tapissés d’aiguilles, de cloches vitrées et de leviers en tous genres. Partout où se pose le regard, la rouille a fait son œuvre et ronge les appareils, telle une gangrène. sedgar traverse le cadre déformé de la porte, scrutant la pénombre, guettant un possible danger. fascinée, j’effleure le levier le plus proche et je sens les flocons d’acier s’effriter et tomber au sol.

— depuis combien de temps ces appareils sont-ils ici, à ton avis ?

— d’après leur état, je dirais des centaines d’années. qu’ils aient survécu si longtemps… c’est incroyable.

laissant mon frère à ses explorations, je me détourne du levier et me dirige vers le fond de la salle, d’où sourd une lumière diffuse. Plus je m’en approche, mieux je distingue une silhouette sombre, vaguement effrayante, dans laquelle se découpe le contour d’une main, d’une tête, d’un torse.


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une Berceuse Pour sigrun

Animée par une curiosité insatiable, je m’avance toujours plus près. soudain, un éclair aveuglant m’éblouit avant de disparaître, remplacé par une douce lumière verdâtre à la pulsation languissante. désorientée, je mets un peu de temps à me réapproprier le contrôle de mes sens. lorsque je recouvre enfin la vue et l’ouïe, je remarque immédiate-ment que quelque chose a changé. d’habitude si noncha-lant, sedgar se tient à mes côtés, raide comme une statue. Je tourne la tête en direction de son regard, et je fige à mon tour. devant nous se tient l’objet de notre quête : la sirène.

Même au cœur de mes rêves les plus débridés, je n’aurais pu imaginer un être à l’apparence aussi singulière. À l’instar de la salle, son corps semblable à celui d’une femme est entièrement composé d’une substance métallique rappelant le platine. il pend, démembré, suspendu au plafond par des filins d’acier. des tubes dans lesquels s’écoule un liquide clair relient le corps au reste des appareils de la pièce, s’enchevê-trent dans un épais tapis de cheveux argentés fins comme des fils d’araignée. enfin, une large bande métallique, rem-plaçant les yeux, semble isoler du réel cet assemblage fasci-nant, morbide, et pourtant étrangement élégant.

— elle existe vraiment, dis-je. sedgar, la sirène n’est pas seulement une légende !

Ma voix se veut assurée, mais seul un murmure s’échappe de mes lèvres, tant l’ivresse de la réussite est poignante. Je me ressaisis vivement, cependant. le temps presse, et notre tâche est loin d’être accomplie.

— sirène, vous qui avez le pouvoir de guérir notre monde, écoutez-nous ! les peuples s’entretuent et la planète est rava-gée par des cataclysmes sans précédent. Pourquoi ?

la sirène reste muette. encore et encore, j’interpelle notre créatrice, mais toujours elle reste murée dans son silence. Malgré tout, je refuse de m’avouer vaincue. Pendant


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que je m’évertue à percer le mutisme de la créature de platine, sedgar examine les composantes nous entourant. un étrange globe enchâssé dans une plaque d’acier retient vite son attention.

— sigrun, dit-il, tes supplications ne servent à rien. viens plutôt observer ceci.

J’abandonne mon discours avec réticence, pour poser mon regard sur l’étrange petite sphère. lorsque je l’effleure de mes doigts, l’éclat verdâtre devient momentanément plus perçant et des centaines de symboles virevoltent autour de nous avant de s’immobiliser. À ma grande surprise, les caractères lumineux sont analogues à ceux de notre langue, à tel point que je n’éprouve aucune difficulté à les déchiffrer. Je me mets à lire et un titre attire mon attention. Je le frôle, et de nouveaux glyphes apparaissent.

— Programme de régulation planétaire ligéia. l’ordi-nateur biologique ligéia allie circuits électroniques évolués et neurones humains pour former le complexe intelligent le plus puissant depuis l’échec du complexe leucosie…, lis-je lentement, bien des mots m’étant inconnus. qu’est-ce que c’est que ce charabia ?

— hum… je crois en avoir compris assez pour connaître la raison du silence de « ligéia ». elle n’est pas vivante, du moins, pas au sens conventionnel ; elle pense, mais sans en être consciente…

— Mais alors, comment communiquer ?— regarde, me dit sedgar, indiquant du doigt un carré

flottant nous représentant, figés au seuil de la pièce. la sirène a pu nous voir entrer… Alors, ce globe doit permettre la communication. continuons de chercher.

nous poursuivons notre lecture, les curieux glyphes défilant sous nos yeux. une chose est claire néanmoins ; la sirène de la légende n’est pas mythique, mais fut créée par


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un peuple à la technologie incomparablement plus avancée que la nôtre. Au sein de l’enchevêtrement de figures en orbite autour de moi, je remarque deux ensembles de symboles contigus, l’un d’eux en perpétuel réagencement. curieuse, je les effleure et me mets à décortiquer les passages intelligi-bles. Je peine à réprimer un hoquet de stupeur.

— sedgar, la sirène agonise.— quoi ?— les cellules de son « cerveau » meurent. Avant, elle

était en mesure de réguler notre environnement au grand complet. Mais maintenant… la guerre a trop chamboulé ses paramètres. À cause de cela, elle ne peut plus les rééquilibrer et ses capacités se détériorent. Plus elles régressent, moins elle peut effectuer les réajustements. c’est un cercle vicieux, fatal, et les cataclysmes sont les stigmates de son mal !

Mon frère reste silencieux quelques moments, puis, avec une expression d’extrême détermination, se retourne vers les glyphes et se met à chercher la plus petite parcelle d’infor-mation susceptible d’aider la situation. Pendant des heures, nous épluchons toutes les lignes de symboles nous passant sous les yeux. enfin, un titre, le dernier, apparaît devant nous. Aussitôt sélectionné, il fait disparaître toutes les autres icônes, ne laissant qu’un petit paragraphe.

— Tabula Rasa, lis-je, la table rase. Programme de com-plémentation d’urgence. Établi comme mesure préventive en réponse à l’échec de leucosie. Après activation…, je m’ar-rête net.

— quoi ? qu’y a-t-il ? Je déglutis et, péniblement, reprends ma lecture.— Après activation, tout organisme vivant ayant déclen-

ché Tabula Rasa deviendra le nouveau processeur biotique de ligéia, assurant sa pérennité.


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Je laisse passer quelques instants, essayant d’assimiler toutes les implications de ce que je viens de lire.

— donc, quiconque lance ce programme se sacrifie et permet à la sirène de continuer à fonctionner.

ce constat tombe avec le poids d’une dalle de pierre. sedgar et moi échangeons un regard ; toute notre vie repasse en quelques secondes. nous sommes inséparables, nous ne faisons qu’un.

— Avec ce programme, le monde redeviendra comme avant. la guerre s’éteindra…

Jamais je n’ai entendu autant d’émotions dans la voix de mon frère. nous savons ce qu’il nous reste à faire. Mains jointes, nous approchons nos paumes du petit rectangle sus-pendu sous les glyphes. dès le contact, une voix désincarnée s’élève.

— Programme de complémentation d’urgence Tabula Rasa, protocole de sauvegarde 3021 enclenché. veuillez vous placer devant le cœur informatique.

lentement, nous prenons place devant la sirène. son aura de légende l’entoure toujours. Alors qu’elle n’était qu’une idée dans notre imaginaire, dans quelques instants, nos consciences et la sienne ne feront plus qu’une.

— Préparation des implants. Activation. Arrimage dans dix secondes… neuf secondes… huit secondes…

deux tubes émergent du corps métallique et se position-nent à la base de nos cous.

— … cinq secondes… un dernier regard. une larme.— … trois secondes… deux secondes… une seconde…

arrimage.une légère douleur. Puis, le néant.


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stéphane AubinCollège catholique Samuel-Genest, Ottawa

…Initialisation du protocole de présentation 1001-07……Initialisation réussie.…Identification : Stéphane Aubin.…Âge : 17 ans.…Personnalité : rassembleur, enjoué, sérieux, engagé, organisé, pro-fessionnel.…Intérêts : lecture, musique, dessin, théâtre, écriture, photographie, sciences.…Objectifs : devenir vétérinaire spécialisé en gestion des zoonoses.…Fermeture du protocole de présentation 1001-07……Fermeture réussie.


ModificAtions gÉnÉtiques et Autres surPrises !


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s.e.c.o.n.d. s.o.u.f.f.L.e.

J e détale en direction d’une allée, haletante. Je trébuche sur ma queue, m’affale et pousse un gémissement en me

cognant la tête sur le béton. Péniblement, je me relève en lançant un regard effrayé par-dessus mon épaule. À envi-ron quinze mètres derrière moi, une vingtaine de personnes cherchent à me rattraper. un nuage de vapeur s’échappe de ma bouche et se dissipe dans l’air frais de novembre alors que je me retourne en fuyant. cul-de-sac. foutu dédale du nord !

« sssssaloperie ! »ce n’est pas à une humaine que ça arriverait !il y a quarante ans de cela, le gouvernement arriva à la

conclusion que les êtres humains faisaient de piètres forces armées. Étant relativement faibles (peu d’entre eux réussis-saient à soulever le double de leur poids), vulnérables aux maladies (pensons au simple rhume) et dotés d’une espé-rance de vie d’à peine une centaine d’années malgré la méde-cine de pointe (alors qu’il en fallait presque vingt pour qu’ils atteignent la maturité), les résultats des batailles n’étaient jamais assurés. le projet s.e.c.o.n.d. s.o.u.f.f.l.e. fut donc lancé. en théorie, le plan était simple : créer des humains génétiquement modifiés ayant des capacités de


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loin supérieures à celles des humains naturels. en pratique, c’était plus compliqué. le seul moyen que les généticiens trouvèrent pour créer ces êtres fut de croiser l’Adn humain avec celui d’un animal.

vingt ans plus tard, le premier être humain modifié naquit : le premier Mod. l’expérience fut un tel succès que le projet prit de l’ampleur. les Mods remplaceraient non seu-lement les forces armées, mais aussi les répondants en cas d’urgence ! les policiers, les paramédicaux et les pompiers furent ainsi remplacés par ces êtres tous entraînés spéciale-ment pour ces emplois.

l’animal avec lequel j’ai été croisé est le cobra égyptien, le naja haje. de ce reptile, j’ai hérité non seulement d’une queue d’un mètre dans le bas du dos agissant comme un cinquième membre, mais aussi de deux crochets pouvant injecter un venin neurotoxique mortel à la place des canines, d’une langue de serpent (et d’un fichu défaut de pronon-ciation), d’une peau doublée d’écaille et, pour terminer, du nom. les Mods étaient devenus tellement nombreux qu’on ne savait plus leur trouver de prénoms originaux à leur nais-sance. on nous nommait donc simplement par la première partie du nom de l’espèce de notre animal croisé. on m’a donc appelée naja toute ma vie.

quand j’y repense, j’ai eu de la chance. J’avais une amie qui se faisait appeler carcharodon…

les Mods vivent dans des centres spécialement conçus pour répondre à leurs besoins. sauf moi. Parce que j’ai déserté mon centre.

Parce que je suis la criminelle la plus recherchée au pays.Parce que je travaillais pour les forces policières et que,

durant le service, j’ai mordu un collègue qui menaçait un innocent de son arme avec l’intention de le tuer pour se divertir. Parce que mon partenaire ne put être sauvé, mon


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s.e.c.o.n.d. s.o.u.f.f.l.e.

venin étant trop rapide. Parce que je fus accusée de haute trahison et condamnée à l’extermination.

depuis deux ans, je suis en cavale.nous sommes en l’an 3005 et les forces armées viennent

de me retrouver. coincée entre des murs de Mods et de bri-ques, je jette un regard à l’individu en face de moi, masquant ma peur par l’agressivité.

— spécimen 99, vous êtes en état d’arrestation pour désertion et haute trahison.

— ne m’appelle pas « spécimen », Allactaga. J’ai un nom.le jeune homme me jauge d’un air dédaigneux. Pour lui,

les coupables ne méritent qu’un numéro. lorsque j’étais poli-cière, il était un collègue particulièrement détestable. J’ouvre la bouche et émets un sifflement de colère. Mon interlocu-teur sursaute et j’ai un ricanement mesquin. son instinct de proie joue en ma faveur. un cobra contre une gerboise…

Je fais un pas dans la direction d’Allactaga. hésitant, il m’ordonne de rester à ma place. les membres de l’équipe de support derrière lui lèvent leurs armes dans ma direction. rapidement, j’évalue mes chances de réussite. elles sont minces, mais je préfère tenter le tout pour le tout, plutôt que de gentiment me laisser amener au centre et être exécutée sans plus de cérémonie. Je fléchis les genoux et me mets à courir vers le mur vivant en face de moi. Je heurte de plein fouet quelques individus et réussis à m’emparer de l’arme d’un rat. glissant le fusil dans ma ceinture, je me rue hors de l’allée et tourne le coin de la rue. J’entends déjà une forte commotion derrière moi. Je n’ai que très peu de temps pour me cacher.

continuant ma course, je jette autour de moi des regards désespérés. rien. Puis, une large lézarde dans un mur attire mon attention. Mes poursuivants sont proches et je n’ai pas d’autre choix. J’introduis mes doigts dans la fissure et


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entreprends donc de grimper. Je me hisse sur le toit juste à temps : le premier individu de la horde arrive. remplie de crainte, je me dissimule derrière le bord du toit. invisible, je le vois poursuivre sa course dans la rue voisine, bientôt imité par le reste du détachement qui me poursuit. Allactaga reste en retrait et parle dans son transmetteur. intriguée, je tends l’oreille : « les renforts aériens sont déjà ici, nous la retrouverons. oui, le colonel en personne. »

la gerboise s’en va en babillant toujours. Je me lève et jette un coup d’œil inquiet vers le ciel. les renforts aériens… Ma cachette n’en est plus une, finalement. Puis, mes yeux se dilatent sous l’effet de la panique lorsque je réalise qui sont les renforts en question. on envoie à ma recherche le plus redoutable des membres des forces de l’air : le colonel Polemeatus.

terrifiée, je me retourne pour quitter ma position. Alors que je me prépare à enjamber la bordure du toit, une voix grave et autoritaire se fait entendre :

— Mademoiselle a un rendez-vous urgent, peut-être ?Mon sang se glace. du coin de l’œil, je vois l’ombre

menaçante de l’individu à ma gauche. excessivement lente-ment, je tourne la tête, tremblante. la silhouette imposante de l’homme se découpe à contre-jour. ses membres supé-rieurs ont été remplacés par des ailes, grâce au croisement génétique. J’ai envie de hurler, mais la peur me rend muette. la bouche entrouverte, incapable de bouger, je vois l’officier avancer vers moi. un sourire cruel se dessine sur son visage. la peur me tord le ventre et je suis parfaitement hypnotisée par ses yeux. son regard perçant reste planté dans le mien. un regard d’oiseau de proie. un regard de prédateur. l’Aigle martial et le serpent. cette fois-ci, je suis devenue la proie.

soudain, il commet la seule erreur que je lui connaisse dans sa carrière : il marche sur ma queue. la douleur me


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ramène à la réalité. l’instinct de survie du cobra égyptien remplace ma logique humaine. Je dévoile mes crochets en sifflant rageusement.

le colonel s’éloigne de ma périphérie. la réputation de mon venin est connue à travers le continent : une seule injec-tion suffit pour tuer. les généticiens en étaient particulière-ment fiers avant ma fuite… Ma queue battant violemment le sol, je soutiens le regard de l’Aigle. il tente d’ouvrir la bouche pour appeler de l’aide, mais j’empoigne l’arme à feu à ma ceinture et la pointe sur lui.

— non !Ma langue sort de ma bouche dans un sifflement et y

retourne tout aussi vite. Je n’adopte des comportements aussi reptiliens que lorsque je suis en danger mortel. J’ai absolu-ment besoin de m’échapper. Je dois avant tout descendre du toit. le colonel est à ma merci, mais le tuer activera sa balise de localisation d’urgence et on me retrouvera tout de suite. J’enroule ma queue autour de ma jambe droite, nerveuse. Je n’ai qu’une option.

Je pointe le fusil sur le colonel. J’appuie sur la détente et la balle l’atteint à l’aile gauche. Je tire trois autres coups dans la même aile avant de jeter l’arme à terre et de sauter du toit. J’entends l’homme crier dans son transmetteur : « elle s’est sauvée ! Je suis immobilisé sur un toit du quartier nord et elle court vers l’ouest. si elle réussit à atteindre la forêt, on ne pourra pas la retrouver ! Magnez-vous, bande d’empotés ! »

Je sais maintenant que, si je me dirige vers la forêt, le détachement entier m’y accueillera. Je décide donc de m’enfuir dans une autre direction. essoufflée, j’entame mon chemin vers la gare de l’est. un petit renard me dépasse en trottinant vers la forêt. Je lui souhaite un bon voyage en souriant et la bête me lance un regard curieux avant de


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continuer son chemin. Je découvre mes crochets en souriant, amusée.

Puis, je disparais dans l’ombre des ruelles.

Kim Letendre École secondaire Étienne-Brûlé, Toronto

Kim est en 11e année. Enfant, elle était encouragée à lire, ce qui déve-loppa son goût pour les mots. Rarement vêtue de couleur, on la trouve souvent écoutant de la musique, un livre à la main. Elle a toujours sur elle un cahier d’écriture, au cas où l’inspiration lui viendrait.


un nouveAu dÉPArt


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La dernière erreur

Nous avions quitté la planète terre exactement cinq ans auparavant. cinq longues années, jour pour jour,

passées à rechercher une planète qui n’existait peut-être pas. cinq interminables années à nous ennuyer de nos enfants, de notre famille, de nos amis. déjà cinq longues années à côtoyer le même petit groupe de douze personnes.

en fait, le groupe était constitué d’un club sélect d’ex-perts dans plusieurs domaines, choisis par les pays membres du g7. nous avions été envoyés de toute urgence par ces pays pendant la 3e guerre mondiale, dans un effort ultime pour sauver l’humanité. cette guerre s’annonçait dévas-tatrice, puisque l’Allemagne et la corée du nord s’étaient alliées pour éliminer les pays qui tentaient de copier leur nouvelle technologie militaire plus destructrice que toutes les armes nucléaires réunies.

il s’était passé tellement de choses pendant ces cinq années. deux ans plus tôt, en raison de l’inattention du tech-nicien chargé du radar, nous nous étions retrouvés au milieu d’une ceinture d’astéroïdes. quelques-uns avaient effleuré le vaisseau et certains de nos systèmes avaient été gravement endommagés. une fois réparé avec succès par les ingénieurs, le système de gravité artificielle qui nous permettait de tenir


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debout dans le vaisseau ne fonctionnait plus que huit heures par jour. l’appareil d’expulsion des déchets dans l’espace ne marchait plus très bien et nous soupçonnions d’autres systèmes de ne plus être très fiables, incluant celui de locali-sation de la terre, nous assurant d’y retourner une fois notre mission remplie.

de plus, les membres de l’équipage commençaient à souffrir gravement d’un manque d’affection, puisque leurs partenaires de vie étaient restés sur terre. cet état de manque en poussa plusieurs à se trouver un partenaire sur le vaisseau. Puisqu’il y avait plus d’hommes que de femmes à bord, certains durent se partager Astrid, la belle suédoise blonde, qui était avant tout sur le vaisseau pour ses qualités de psychologue et de médecin. cela créa une distraction significative et fut une source de conflit importante parmi les hommes de l’équipage.

* * *

Jusqu’à maintenant, j’ai résisté. Je me dois de montrer l’exemple aux membres de l’équipe, puisque après tout, ils sont tous sous mon commandement. Je ne dois pas laisser paraître mes faiblesses pour ainsi garder leur confiance dans cette aventure qui semble ne pas avoir de fin.

— capitaine, capitaine ! s’écrie le technicien du radar.cela interrompt abruptement mes réflexions, surtout que

l’exclamation vient de Marcus, qui est devenu très réservé et qui ne parle plus beaucoup depuis l’accident des astéroïdes, en grande partie de sa faute.

— nous détectons une exoplanète et d’après l’analyse, elle est habitable ! un peu plus grosse que la terre, elle contient de l’eau et elle a une atmosphère composée princi-palement d’oxygène, d’azote et de gaz carbonique ! en plus,


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lA derniÈre erreur

sa température actuelle est de 30 degrés celsius, à son équa-teur. sa variation de température d’un pôle à l’autre est donc pratiquement identique à celle de la terre !

Je ne réagis même pas à cette annonce. Je n’arrive tout simplement pas à croire que nous avons enfin trouvé une planète qui pourrait accueillir les huit milliards d’habitants de la terre, ou plutôt, ce qu’il reste de ces huit milliards. notre mission arrive bientôt à terme ; il ne restera plus qu’à retourner sur la terre et à annoncer que nous avons rem-pli notre mandat. Je vais enfin retrouver ma femme, mes enfants, ma famille. dans peu de temps, je n’aurai plus à supporter mon équipage et à en garder le contrôle. Je pourrai enfin relaxer et élever mes enfants… à moins que la guerre ne les ait atteints, eux qui s’étaient réfugiés au canada. Je reviens aux choses plus pressantes et demande à Marcus s’il semble y avoir des traces de vie animale sur cette planète.

il me répond qu’en raison d’un épais brouillard, il est difficile d’en être sûr à cent pour cent, mais que tous les éléments pour favoriser le développement de la vie sont présents. il ne comprendrait pas pourquoi une vie animale n’existerait pas sur cette planète. elle abrite peut-être même des êtres d’un niveau d’intelligence semblable au nôtre ou même plus élevé.

sur le moment, je prends la décision de réunir tout l’équipage et de nous approcher de cette planète, encore à 100 millions de kilomètres. nous nous avançons lentement vers la planète. À mesure que nous nous en approchons, je me demande comment entrer en contact avec les habitants de cette planète, s’il y en a. quel système de communication allons-nous utiliser pour interagir avec eux ? Probablement le bon vieux système radio, mais pour cela, nous devrons aller un peu plus près. nous nous arrêtons à une distance jugée sécuritaire de 25 millions de kilomètres. Aucun de nos


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systèmes de communication ne fonctionne. nous devons donc réduire encore la distance pour permettre le fonction-nement de notre système radio.

Je donne l’ordre de lancer le message radio préenregistré dans les 25 langues les plus répandues sur terre. Je crains cependant que l’épais nuage de smog ne brouille les ondes et déforme nos messages. il ne reste plus qu’à attendre une réponse, si jamais il y en a une. si nous ne recevons rien dans les trois prochains jours, nous devrons nous poser sur la planète.

environ quatre heures plus tard, un signal très brouillé nous parvient dans une langue qui ressemble étrangement à l’allemand. Je demande donc à Alfred, un Allemand fai-sant partie de notre groupe d’ingénieurs, de traduire mon communiqué. Après l’envoi de notre message, nous captons une alarme annonçant que nous sommes sur le point de subir une attaque. J’ordonne alors au conducteur de nous éloigner rapidement de ce lieu hostile. Malheureusement, nous ne nous écartons pas assez rapidement. Je dois donc prendre la décision d’attaquer comme on nous l’a enseigné dans notre formation intensive, mais écourtée en raison de la guerre. La meilleure défense, c’est l’attaque. de plus, éli-miner toute source de vie intelligente sur la planète facilitera notre adaptation, car on n’aura pas besoin de côtoyer des races étrangères.

J’ordonne à mes troupes de mettre en marche le laser désintégrateur et de faire feu aussitôt qu’il sera prêt. quel-ques secondes plus tard, on tire. Le laser perce un énorme trou dans l’épais nuage de smog. en moins de cinq minutes, toute trace de vie est détruite sur la planète.

une semaine plus tard, je décide enfin qu’il est temps d’atterrir sur cette planète hostile pour y prélever des

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LA dernière erreur

échantillons et rassembler le plus de données possible pour les rapporter sur la terre.

Au moment où l’on traverse le nuage de smog, je réalise mon erreur… nous sommes revenus sur la planète terre.

Sylvain DillonÉcole secondaire catholique de Hearst

Âgé de 17 ans, Sylvain a grandi dans un petit village francophone situé au sud de Hearst. Il est amateur de sports et aime le plein-air. Il se passionne pour les sciences et désire devenir ingénieur chimiste.

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MetteZ du roBot dAns votre citoYen !


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enfer robotisé

I l fait noir ici. Je ne sais pas par où commencer. tout a changé. tout est sombre. Peut-être vous situer d’abord

dans le temps. nous sommes en l’an 2103. le gouffre. les édifices sont en ruine. l’humanité tire à sa fin. ne subsistent que les demibots. comment les expliquer ? comment est-ce que tout est devenu lugubre, morose et froid ? Peut-être devrais-je commencer par le début de mon histoire…

* * *

Paul est né en 2000. il n’était pas un mauvais homme, mais pas un saint non plus. son enfance a été comme toutes les autres. il a été éduqué. c’est à l’âge adulte que les pro-blèmes ont commencé. Je ne suis plus Paul. en 2025, l’hu-manité a fait un pas vers un rêve scientifique : la création du surhumain. ce ne fut pas si compliqué. rien de nouveau si on parle des prothèses de bras, de mains et de jambes. certaines autres choses sont plus difficiles à comprendre.

Je regardais la télé un soir, attendant que la 19e saison de La théorie du Big Bang commence, lorsqu’un reportage attira mon attention. « voilà, un homme qui changera tout », me dis-je. christophe Asimov prenait la parole, un descendant


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d’isaac, le romancier qui avait imaginé le concept des robots en 1942.

— J’ai trouvé une solution pour préserver les corps de la détérioration.

il enleva un tissu qui recouvrait son prototype, un homme apparemment normal. un modèle comme un autre, mince, musclé et grand… jusqu’à ce qu’il se retourne. l’homme enleva son chandail et au milieu de son dos se trouvait une série de cordes et de sources.

— l’homme que vous voyez ici est vraiment un humain ! c’est mon frère, Andrew Asimov, qui, pendant des années, a souffert de la sclérose en plaques. en m’inspirant de mon ancêtre et de son idée révolutionnaire, j’ai élaboré une solu-tion : remplacer son corps malade en utilisant des parties robotisées. ses organes et son système reproducteur font partie de son corps transformé. comme vous pouvez le constater, il est difficile de percevoir la différence entre un humain ordinaire et celui qui a un corps artificiel.

À ce moment, j’ai échappé ma boisson. J’ai regardé le reportage presque trente fois. Asimov savait ce qu’il avait créé, un surhumain, l’option de devenir Superman et de vivre pendant 300 ans ou plus.

Au début, cette nouvelle technologie n’entraîna pas trop de changements. Après trois mois, on vit plusieurs per sonnes, surtout des athlètes, faire remplacer leurs jambes. Je n’ai pas rencontré mon premier demibot — mi-robot, mi-humain — avant l’an 2029. elle était belle. elle jouait aux quilles. elle semblait tellement normale… jusqu’à ce que je la voie lancer sa boule de quille. elle avait la force d’une tornade ! depuis ce temps, je ne joue plus aux quilles. ce n’est que vers 2035 que mes amis, comme le reste du monde, commencèrent à se transformer en demibots. et c’est ici que mon histoire commence.


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enfer roBotisÉ

voyez-vous, je ne voulais rien savoir de ces demibots. Je ne voulais pas faire le changement. Je voyais les demibots marcher dans la rue, se croire supérieurs aux autres. des années passèrent. une nouvelle politique d’embauche fut adoptée par les compagnies : être demibot sauvait de l’ar-gent aux industries ! n’ayant pas besoin d’assurances, un demibot faisait épargner des milliers de dollars ! c’est ainsi que les autres humains et moi avons perdu nos emplois. sans travail, je n’avais plus aucun moyen de vivre. Mes amis me pensaient irresponsable.

— Peut-être que tu n’avais pas la personnalité voulue ?— la personnalité de demibot ? — non ! Paul, si tu penses que tes problèmes viennent des

demibots, peut-être devrais-tu avoir recours à la chirurgie. il n’y a que des bénéfices ! Écoute, Paul, pour le reste de ma vie, je ressemblerai à un homme de 35 ans. Je serai fort, mes enfants seront forts. Je n’aurais aucune maladie, aucun virus, ni cancer. Je vivrai 300 ans ! et mon emploi sera toujours garanti.

— Mais ton humanité ? tu n’es plus humain, mon ami ! tu es fait de métal ! si je touche ton bras, il est froid et dur. Ça, c’est ce que tes enfants vont sentir quand tu les caresseras. ton cœur est dans une prison métallique. tu pourrais me détruire maintenant, si tu le voulais. Je ne veux pas de cet avenir.

Je peux dire que mon désir de vie humaine m’a fait perdre plusieurs amis. oui, il y a beaucoup d’avantages à être une machine. Mais, en fait, c’était étrange pour moi. toute bonne chose doit avoir une fin. il n’est pas possible que chaque humain puisse vivre jusqu’à 300 ans. statistiquement, la terre ne peut pas supporter sept milliards de personnes qui vivront 300 ans et qui se reproduiront. voilà un autre défi ; les enfants. Pour échanger leur corps, ils devaient atteindre


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leur maturité physique. dès l’âge de 16 ans, des adolescents signaient les feuilles de permission pour devenir demibots.

en 2045, plus des deux tiers de la population des pays occidentaux étaient demibots. trois cinquièmes de la popu-lation crevaient de faim dans les pays en développement qui n’avaient pas accès à la robotique. le reste de la société était demeurée 100 % humaine. influencé par christophe Asimov, le gouvernement voyait quelques problèmes avec les humains : ils coûtaient plus d’argent et ils étaient tous pauvres. oui, j’étais pauvre. Aucune compagnie ne m’enga-geait. Alors, je pris une décision, une décision qui changerait ma vie…

Azimov avait encore une fois fait la une du réseau de l’information.

— garder les humains en santé coûte trop cher à l’État. le gouvernement, avec mon appui, passe une nouvelle loi ; chaque membre de la civilisation d’Amérique du nord doit accepter la chirurgie demibot, pour son bien-être et celui de la société.

Après quelques semaines, plusieurs gens avaient subi la chirurgie. Pas moi. Je résistais. et j’ai résisté jusqu’au bout de mes forces.

* * *

Aujourd’hui, je ne suis plus le même. c’est vrai. Je suis devenu un demibot. J’ai été poursuivi par le gouvernement. il m’a transformé en automate, de force. J’ai essayé de me tuer. Je ne voulais pas vivre comme ça. Mais je ne suis pas parvenu à m’enlever la vie. Alors je suis devenu un ermite, demeurant seul, retiré du monde. et tout ce que j’ai prédit est devenu réalité.


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enfer roBotisÉ

en 2080, il y avait neuf milliards d’individus qui formaient la civilisation demibot. l’humanité était presque éteinte. les hommes vivaient en secret, dans les jungles des pays en développement. les ressources terrestres diminuaient. les demibots se battaient entre eux pour la nourriture et l’eau fraîche. Aujourd’hui, en 2103, il en reste moins de 30 mil-liards. Pourquoi je raconte cette histoire ? il faut que ce soit fait. J’écris ceci pour la petite population d’humains qui vit dans les jungles. quand les demibots mourront et disparaî-tront enfin, l’humanité survivante connaîtra l’histoire de mon ère. les hommes et les femmes la raconteront à leurs enfants, pendant des générations. et j’espère qu’on ne refera pas les mêmes erreurs.

il fait noir et froid. J’ai faim. les machines ne fonction-nent plus. les édifices sont détruits. Je mourrai éventuelle-ment dans cet enfer robotisé.

noëlle Meunier École secondaire catholique l’Essor, Tecumseh

Noëlle est une élève de 11e année. Elle aime faire du sport, lire des romans et écrire des histoires courtes. Elle aime écrire ses propres idéaux et ses expériences personnelles. Ainsi, elle aime partager ses histoires pour amuser les autres.


fAire nAÎtre un Avenir Meilleur… non sAns difficultÉ !


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Pétrole ou decatriol ?

Un reportage passe à la télévision au sujet d’une nouvelle source de carburant. l’émission raconte l’invention, par

le milliardaire Mathias log, du decatriol, une substance ayant la propriété d’alimenter les moteurs des véhicules sans produire de co2, le gaz carbonique, celui qui menace sérieu-sement la planète. le précieux liquide bleuté a été dévoilé la semaine passée et déjà, on ne parle que de lui.

« c’est trop beau pour être vrai », pense leonard, étendu sur son canapé. selon lui, les miracles de ce genre n’arrivent que dans les bandes dessinées. d’ailleurs, au commissariat, depuis qu’il se plaint de conduire les voitures de patrouilles choisies pour expérimenter le produit, on ne cesse de le traiter de cynique ou de l’appeler leo, le parano. « un mil-liardaire qui invente un nouveau carburant, jamais entendu quelque chose d’aussi stupide, pourquoi est-ce qu’il doit tes-ter son essence magique dans notre ville ? », se dit leonard en se levant pour entamer sa routine matinale avant d’aller travailler. il quitte le salon pour aller vers sa chambre. le téléviseur, qui ne détecte plus sa présence, s’éteint automa-tiquement. Pas mal pour un vieux modèle sony® de 2023 !

dix minutes plus tard, le détective est au volant de sa voiture.


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— destination : commissariat, au coin de la troisième Avenue et de st Paul, à Megalocity, dit leonard, en s’adres-sant au pilote automatique de son véhicule.

— commande approuvée, répond la machine d’une voix robotisée, en entamant son trajet.

il profite de la conduite automatique pour lire les nou-velles.

— Affichage : journal hebdomadaire, ordonne leonard.la commande fait apparaître un hologramme du journal

qui flotte devant lui. la première page montre Mathias log, un tube contenant un liquide bleu dans les mains. « il est partout celui-là », se dit leonard, irrité. tout à coup, une puissante déflagration retentit, plus loin sur la route.

— qu’est-ce qui se passe encore ? s’écrie-t-il, en activant ses gyrophares et en fonçant vers la scène.

À son arrivée, il constate les dégâts : une voiture com-plètement carbonisée et le cadavre calciné du chauffeur, à côté de la portière. leonard tente de garder son calme, mais la gravité de la situation et la chaleur du brasier qui entoure maintenant la voiture rendent inévitables les gouttes de sueur qui perlent sur son front. des morceaux du véhicule et des éclats de verre jonchent la chaussée. leonard sonde les alentours à la recherche d’indices sur ce qui aurait pu se passer. une portière intacte attire son attention. elle est couverte de suie, mais l’inscription est clairement lisible : Véhicule alimenté au Decatriol. Bienvenue dans l’avenir.

une fois les forces d’urgence arrivées, leonard continue son chemin. cependant, l’image de la portière reste gravée dans son esprit. « est-ce que ce fichu decatriol, dont on n’ar-rête pas de parler, a quelque chose à avoir dans tout ça ? », se demande le détective en arrivant au commissariat. il entre dans le bureau où règne une panique générale.


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PÉtrole ou decAtriol ?

— vingt-trois accidents en moins d’une heure ! lance un des policiers.

— une nouvelle explosion vient de survenir sur la route 30, annonce un autre.

leonard vérifie les écrans de surveillance routière. des coques de voitures parsèment la route 30.

— c’est assez, il faut que je découvre ce qui se passe ! clame-t-il en se dirigeant vers une autre policière.

— où est le patron ? demande leonard à Julie, occupée devant son ordinateur.

— il est en vacances, leo, tes théories paranoïaques devront attendre. on a reçu un appel d’un émetteur près de la route 30. des problèmes de signaux, apparemment, répond la jeune femme en riant.

Agacé, leonard ne lui adresse aucun commentaire et se dirige directement vers sa voiture. « encore cette sata-née route 30 », pense-t-il, y aurait-il un lien entre l’émetteur défectueux et les explosions ?

— Pilote, mode avion, destination : route 30, ordonne leonard.

la voiture se transforme, des fusées jaillissent du capot, des ailes sortent de la carrosserie et la voiture décolle comme une flèche. Bien qu’il soit pessimiste, il ne peut nier l’utilité du nouveau carburant. sans lui, la technologie qui permet de se déplacer aussi rapidement serait bien trop polluante. en arrivant, leonard confirme que l’émetteur est tout près de la route où les accidents se sont produits. il se pose près de la base de l’émetteur et y monte pour y jeter un coup d’œil. cet appareil sert à envoyer des messages sur les conditions météorologiques et sur le flux de la circulation de la région. l’information est transmise à chaque véhicule sur l’ordi-nateur de bord et les chauffeurs y accèdent en donnant la commande d’information.


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— informations régionales ! s’écrie leonard pour tester la commande et voir si le détecteur vocal de son véhicule capte sa voix.

soudainement, des étincelles s’échappent du capot. leo-nard s’en aperçoit du haut de l’émetteur en sursautant et, d’un coup, la voiture du détective explose en une boule de feu. l’onde de choc est tellement puissante qu’elle projette leonard en arrière. il atterrit près de la boîte du panneau de contrôle de l’émetteur. il est sonné, mais il arrive à dis-tinguer le panneau et constate qu’il est ouvert. quelqu’un a changé le signal de l’émetteur !

l’inspecteur examine la carte-mère de l’émetteur. une puce électronique y a été insérée. il déduit que cette puce émet le signal déclencheur d’explosions. il décide de revoir les enregistrements de la caméra qui surveille l’émetteur. Ça y est ! il voit qu’un homme vêtu d’une combinaison de camouflage s’est infiltré ici hier soir. Mais un détail sur le malfaiteur capte son attention : il porte un chapeau marqué du logo de Petroduc, une compagnie de pétrole. une piste ! il appelle le commissariat et quelques instants plus tard, une seconde voiture vient le rejoindre par la voie des airs. Julie est au volant. leonard monte du côté passager, la puce en poche, et lui rapporte ses découvertes. Julie lui suggère de s’informer sur Petroduc. leonard s’y met sur le champ, en utilisant son portable. il découvre que le patron de Petro-duc, Phileas hudson, vient d’acheter 500 nouveaux puits de pétrole, avant de venir en vacances à Megalocity. c’est très louche, puisque la plupart des compagnies pétrolières se sont mises à vendre leurs puits à la suite de l’invention du decatriol. il faut aller à l’hôtel, illico, pour rendre visite à M. hudson.

Arrivé à l’hôtel, leonard demande accès à la salle de données et obtient l’autorisation. il découvre très vite que


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PÉtrole ou decAtriol ?

Phileas a quitté sa suite la nuit dernière, une demi-heure avant le sabotage de l’émetteur. Pendant ce temps, Julie a avisé l’escouade routière et la route 30 a été fermée par mesure de sécurité.

« Avec tout le désordre qu’on est en train de provoquer, j’espère que leo n’est pas en train de faire son paranoïaque, sinon ça va être notre fête », s’inquiète-t-elle.

leonard décide maintenant de pénétrer dans la suite de hudson. il cogne à plusieurs reprises, mais ne reçoit pas de réponse. il utilise son scanneur à rayons x pour voir à travers la porte et constate qu’il n’y a personne. d’un puis-sant coup de pied, il défonce la porte. À l’intérieur, il trouve des centaines de puces identiques à celle qu’il a trouvée sur l’émetteur de la route 30 ! il ouvre la penderie et y découvre la combinaison de camouflage vue sur les vidéos de sur-veillance. il retourne à toute vitesse vers le hall d’entrée pour expliquer la situation à sa partenaire d’enquête et au propriétaire de l’hôtel.

— il projetait d’en installer partout ! il y en a assez pour la ville entière ! ces explosions viendraient nuire à la réputa-tion du decatriol et obligeraient tout le monde à revenir au pétrole ! s’écria leonard, hors de lui.

— ce n’est pas tout, avec les puits de pétrole qui sont sous son joug, hudson deviendrait incroyablement riche ! répond Julie, elle aussi dans tous ses états.

ils ont toutes les preuves nécessaires pour accuser Phileas hudson. ce dernier vient tout juste d’entrer dans l’hôtel et se retrouve aussitôt menotté par les agents de sécurité.

* * *

les émetteurs de la ville ont tous été vérifiés et réparés. le signal qui causait l’explosion du decatriol était en fait une


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fréquence sonore qui faisait vibrer les molécules de decatriol à une telle vitesse que la température du liquide atteignait le point de détonation. les réservoirs des véhicules furent doublés d’une couche insonorisée en guise de précaution et M. hudson écopa d’une peine de prison à vie, disant d’office adieu à ses milliards. leonard fut célébré par la ville entière et reçut un cadeau de remerciement de la part de Mathias log, patron de la compagnie decatriol inc. « Pas si mauvais que ça ce log, finalement », se dit leonard en riant pendant la fête donnée en son honneur.

— leonard, je crois qu’il te faut un nouveau surnom : leo, le héros ! lança Julie, en proposant un toast.

Walid rutagariÉcole secondaire Jeunes sans frontières, Brampton

Walid a 17 ans. Sa nouvelle de science-fiction lui a été inspirée par la pénurie de pétrole dans le monde et l’importance de trouver une source alternative de carburant. Son histoire traduit bien son intérêt pour la technologie et les films d’action.


table des matières

Préface ................................................................................7Michèle Laframboise, Auteure-conseil

PLAnÈte À Vendre

une berceuse pour sigrun ............................................11stéphane AubinCollège catholique Samuel-Genest, Ottawa

le bien ou le meurtre ? .................................................18Whitney WalpoleÉcole secondaire catholique l’Essor, Tecumseh

intervention .....................................................................23Ganise clermontÉcole secondaire publique De La Salle, Ottawa

la lune époustouflante ................................................32Karine charleboisÉcole secondaire catholique de Casselman

Perdre sa réalité ..............................................................38sarah ZankarÉcole secondaire Roméo-Dallaire, Barrie

la section interdite ........................................................44isabelle AmyotÉcole secondaire publique Louis-Riel, Gloucester


ModificAtions GÉnÉtiques et Autres surPrises !

s.e.c.o.n.d. s.o.u.f.f.l.e. .......................................51Kim Letendre École secondaire Étienne-Brûlé, Toronto

À qui la faute ? ................................................................57Anne-carolyne Binette École secondaire publique Louis-Riel, Gloucester

l’anti-onco femme .........................................................61Mélanie Laurin École secondaire catholique Nouvelle-Alliance, Barrie

la beauté de l’erreur ......................................................70Adrienne Brassard École secondaire catholique l’Escale, Rockland

réussir, mais à quel prix ?............................................. 77Jessica turgeon École secondaire catholique Béatrice-Desloges, Orléans

le mur biologique ..........................................................83Antoine cholette École secondaire catholique régionale de Hawkesbury

un nouVeAu dÉPArt

la dernière erreur ..........................................................91sylvain dillonÉcole secondaire catholique de Hearst

voir double ......................................................................96Marika robillardÉcole secondaire du Sacré-Cœur, Sudbury

Apollo .............................................................................102danika LavoieÉcole secondaire catholique Macdonald-Cartier, Sudbury


recommencement ....................................................... 108Valérie BeaulneÉcole secondaire catholique régionale de Hawkesbury

MetteZ du roBot dAns Votre citoYen !

enfer robotisé ................................................................ 117noëlle Meunier École secondaire catholique l’Essor, Tecumseh

conscience collective ..................................................122Mélanie Boldt École secondaire catholique Renaissance, Aurora

et puis après… ..............................................................126Émy Lafortune École secondaire catholique Béatrice-Desloges, Orléans

la dictature du silence ................................................131Vanita fernandes École secondaire Père-René-de-Galinée, Cambridge

la paix engourdissante ...............................................137sofia imas Collège français de Toronto

la puce rfid ............................................................... 142Jacynthe Lortie École secondaire Saint-Dominique-Savio, Owen Sound

liberté .............................................................................148Mélanie ricard École secondaire catholique Franco-Cité, Sturgeon Falls

victime du destin......................................................... 154Véronique roy École secondaire catholique l’Escale, Rockland


fAire nAÎtre un AVenir MeiLLeur… non sAns difficuLtÉ !

Pétrole ou decatriol ? ..................................................163Walid rutagariÉcole secondaire Jeunes sans frontières, Brampton

le sac à dos à remonter le temps ............................. 169Ariane MilletteÉcole secondaire catholique Béatrice-Desloges, Orléans

gestion des connaissances personnelles ................. 175siri GauthierÉcole secondaire catholique E.J. Lajeunesse, Windsor

Êtes-vous prêt, M. gauthier ? .................................... 179Annalysa PilonÉcole secondaire catholique de Casselman

désagrégation psychique ............................................185Amélie duguayÉcole secondaire catholique de Casselman

les martyrs de la paix..................................................191Jenna fayadÉcole secondaire Père-René-de-Galinée, Cambridge


Photographie de la couverture : (shutterstock® images)

coordination : véronique lavoie-MarcusMaquette et mise en pages : Anne-Marie Berthiaume

Achevé d’imprimer en avril 2013 sur les presses de Marquis Imprimeur

Montmagny (Québec) Canada

Imprimé sur papier 100 % fibres postconsommation certifiées FSC

Certifié ÉcoLogo, Procédé sans chlore et FSC RecycléFabriqué à partir d’énergie biogaz.


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Un gouvernement assoiffé de pouvoir qui contrôle son peuple par le biais de la neurotechnologie, une planète Terre malmenée, polluée et surpeuplée, qu’on ne peut plus sauver, des compagnies pharmaceutiques et des chercheurs prêts à tout pour tester de nouveaux remèdes, l’espèce humaine, en voie de disparition, remplacée par de nouvelles races d’androïdes, de robots et de clones… autant de courtes histoires projetées dans des futurs souvent inquiétants, parfois rassurants.

Les progrès scientifiques et technologiques servent-ils l’humain ou se développent-ils plutôt au détriment de sa santé, de son environnement et de sa liberté ? Reflétant les préoccupations des jeunes auteurs qui les ont créées, les nouvelles de science-fiction réunies dans ce recueil invitent au questionnement et à la réflexion, non sans une bonne dose d’humour et, parfois même, de poésie.

Le concours de création littéraire Mordus des mots a été mis sur pied par les Éditions David dans le but d’encourager l’imagination et

la créativité des jeunes et de stimuler leur intérêt pour l’écriture et la lecture en français. Tous les élèves de 11e et 12e années des écoles secondaires franco-ontariennes ont été invités à participer à cette quatrième édition du concours, consacrée à la science-fiction. Parmi les textes soumis, une trentaine ont été retenus et vous sont présentés dans ce recueil.

PChroniques futur L.indb 2 13-04-03 10:26 · — Programme de régulation planétaire ligéia....

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