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Bonheur d’occasion et Two Solitudesen traduction

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L’ÉCHO DE NOS CLASSIQUES

Bonheur d’occasion et Two Solitudesen traduction

Sous la direction de

Agnès Whitfield

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Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada, le Secteur franco-ontarien du Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa. En outre, nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada L'écho de nos classiques : Bonheur d'occasion et Two solitudes en traduction / sous la direction de Agnès Whitfield.(Collection Voix savantes) Comprend des références bibliographiques. ISBN 978-2-89597-115-3 1. Roy, Gabrielle, 1909-1983. Bonheur d'occasion. 2. MacLennan, Hugh, 1907-1990. Two solitudes. 3. Roy, Gabrielle, 1909-1983 — Traductions. 4. MacLennan, Hugh, 1907-1990 — Traductions. I. Whitfield, Agnès, 1951- II. Collection: Collection Voix savantesPS8535.O95B63 2009 C843'.54 C2009-905679-8

Maquette de la couverture, typographie et montage  : Anne-Marie Berthiaume graphiste

Les Éditions David Téléphone : 613-830-3336 335-B, rue Cumberland Télécopieur : 613-830-2819 Ottawa (Ontario) K1N 7J3 [email protected] www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 4 e trimestre 2009

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À mes trois chères filles, Olga, Sophia et Alexandra

À mon mari, Daniel, pour son fidèle soutien

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Introduction

Agnès Whitfield

Université York

C ’est il y a quatre ans, en 2005, comme chercheure en France, que j’ai eu l’idée de demander un ouvrage sur Gabrielle Roy dans la

librairie même où il avait été publié à Paris, c’est-à-dire chez l’éditeur L’Harmattan, rue des Écoles. La libraire chercha longuement et avec énergie ce prix Femina 1947, mais n’obtint aucune réponse du logiciel de son ordinateur. Ce n’est que lorsque j’ai pu regarder l’écran par-dessus son épaule que le mystère s’éclaircit : dans son instrument de recherche, elle avait écrit Gabriel au lieu de Gabrielle, croyant que c’était un auteur masculin. Comment expliquer qu’une auteure aussi aimée chez nous, par surcroît lauréate du Femina, ait pu disparaître des écrans radars littéraires de la métropole française ?

Cette méconnaissance de notre patrimoine culturel par nos cousins français m’a incitée à réfléchir sur l’écho que peuvent avoir nos œuvres classiques à l’étranger et a fait naître en moi le désir de combattre l’oubli de nos classiques. Pour retrouver la mémoire de nos œuvres, j’ai eu l’idée d’organiser en septembre 2008, à la Fondation Maison des sciences de l’homme (boulevard Raspail à Paris), le col-loque « Deux grands romans canadiens, Bonheur d’occasion et Two Solitudes, à l’aune des cultures étrangères », dont je publie ici les actes. Il s’agissait de sortir ces livres de chez nous du piège des métropoles. Que sont devenus ces classiques qui ont passé la rampe avec éclat dans les années quarante ? En organisant ce colloque, j’ai voulu connaître la

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source de leur développement extraordinaire dans la foulée des feux d’artifice de l’après-guerre, les contours et les méandres du chemin de leur traduction en toutes langues. En mettant en place un outil de connaissance juste et efficace, je souhaitais favoriser le retour en grâce de nos classiques, un retour à leur lecture en leur garantissant un lectorat fidèle et constant, ainsi qu’une renommée qui continue à résister aux modes passagères.

Il suffit de voir les textes éblouissants des traducteurs. La réussite de ces traductions est une bonne nouvelle pour au moins trois raisons. Premièrement, si nous croyons que notre littérature a pu s’élever dans le passé à ce niveau de di� usion dans autant de pays, nous avons rai-à ce niveau de di�usion dans autant de pays, nous avons rai-autant de pays, nous avons rai-son encore d’écrire et de lire, et aussi d’investir dans le rayonnement de nos œuvres. Deuxièmement, face à un tel phénomène, le milieu littéraire peut, s’il prend la mesure de l’événement, croire encore à une cure de jouvence, se libérer de ses principes rigides, et s’ouvrir  : pas question de rater le rendez-vous. Enfin, c’est une dernière bonne raison de croire à un modèle de di�usion, à un modus operandi au-delà des frontières : le parcours de ces œuvres dévoile une nouvelle façon de se faire connaître.

Aujourd’hui, la di�usion internationale de nos œuvres contem-poraines semble parfois un défi insurmontable, même pour nos plus grands best-sellers. À l’époque de l’après-guerre, il y avait un courant de sympathie, les pays étaient prêts à nous recevoir et, à distance, cela semble avoir été un jeu d’enfant. Parus tous les deux en 1945, dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale, répondant à la soif des lecteurs et lectrices d’alors pour de nouvelles perspectives dans un monde en pleine mutation, Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy et Two Solitudes de Hugh MacLennan ont non seulement cheminé vers les pays francophones ou anglophones, mais vite franchi la barrière de la traduction, se faisant traduire vers une dizaine d’autres langues : allemand, danois, espagnol, estonien, japonais, hollandais, lituanien, norvégien, roumain, russe, suédois, slovaque et tchèque.

L’objectif du colloque était d’explorer l’aventure vers d’autres lan-gues de ces deux romans phares, de remonter la piste des traductions et de voir comment ces œuvres, qui ont été si marquantes pour les littératures francophone et anglophone du Canada, ont été reçues par

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des lecteurs et lectrices à l’aune des cultures étrangères. C’est une histoire passionnelle de plus de soixante ans, et il n’y avait pas de raison que cela cesse. Entre les œuvres classiques de Roy et de MacLennan et la lignée des pays, pour la plupart européens, qui les ont traduites, la dépendance est réciproque. Les Européens ont été fascinés par la suc-cession des tableaux sociaux de ces romans fondés sur une observation sensible, sur l’indépendance des personnages, sur leur idylle, sur leurs fâcheuses et malheureuses aventures sentimentales dans la foulée de la Seconde Guerre mondiale. On peut trouver curieux qu’autant de pays se soient entichés ainsi de ces aventures familiales et sociales canadiennes. Mais ainsi va l’époque  : après les débarquements des troupes canadiennes et américaines sur les plages de Normandie pour libérer l’Europe du joug nazi, les romans trouvent facilement des fidèles et une humanité commune.

Car ces romans avaient une capacité à inventer une atmosphère tis-sée de rêves, évoquant par moments des espoirs nouveaux que pouvait faire naître la période de paix retrouvée dans la foulée de la Libération. Les magnifiques éclairages sur la vie sociale, le décor, le quartier pauvre aux éléments indigents, aux personnages déshérités, avec ses maisons dans le froid de l’hiver québécois évoquant les a�res de l’enfer, cette grande misère qui faisait tourner jour après jour le soleil noir comme une infernale roue du temps, tout cela s’insérait très bien dans l’espace de l’après-guerre.

La traduction de Bonheur d’occasion aux États-Unis en 1947 marque le début d’une première vague de traductions vers des pays comme l’Argentine (1948), le Chili et la Slovaquie (1949), la Suède et le Danemark (1949) et la Norvège (1950). Et ce n’est pas tout. Après une stagnation de près d’une vingtaine d’années, la Roumanie, fille aînée de la France (1968), la Russie (1972), la République tchèque (1979), la Lituanie (1994) et l’Allemagne (un chapitre seulement en 2000) font partie d’une deuxième vague qui élargit le roman de Gabrielle Roy à de nouveaux publics. Two Solitudes connaîtra aussi un premier rayon-nement, parfois vers les même pays : la Suède et l’Espagne (1947), la Hollande et la Tchécoslovaquie, en langue tchèque (1948), avant d’être

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relancé vers la diaspora estonienne (1962), la France (1963) et, plus tard, vers la Slovaquie (1984) et la Russie (1990) 1.

À quelle réalité historique, politique ou territoriale a correspondu ce déverrouillage de la traduction des romans de Gabrielle Roy et de Hugh MacLennan de la deuxième vague ? Cet accueil dans les pays de l’Est encore sous la gouverne de l’Union soviétique, sous la main de fer de Léonid Brejnev en outre, surprend, mais l’on découvre qu’à Moscou, le verdict de la censure ne contredit pas le credo social com-muniste et sa propagande. Ces classiques n’o�rent-ils pas, chacun à sa façon, le portrait d’une société capitaliste, divisée, en déclin ? Sous ses nouveaux habits, la petite Florentine de Bonheur d’occasion devient une héroïne bolchévique. On prête quelque attention au roman et les pays du Bloc soviétique peuvent, à la suite de la Roumanie francophile, emboîter le pas. La peur de la dépolitisation des enjeux communistes, d’un ramollissement de la conscience de classe du lectorat n’étant plus, le roman passe les mailles du Rideau de fer sans encombre. Et, à mesure que les régimes s’essoufflent, on dirait que le goût du voyage littéraire s’empare des lecteurs enfermés pendant des décennies dans la littérature soviétique. Ils ressentent le besoin de rattraper le temps perdu et de lire enfin les livres interdits.

Décidément, ce long voyage au bout d’une vie de roman qu’est cette aventure des traductions internationales de Bonheur d’occasion et de Two Solitudes, remplies de métamorphoses, de philtres magiques ou de transcriptions culturelles, et dont les auteurs eux-mêmes souhaitaient qu’elles soient comme une adaptation ouverte, reste finalement assez exemplaire.

La naissance de deux grands classiques

Pour en savoir plus long sur l’écho de ces deux romans classiques à l’étranger, il faut remonter la piste jusqu’à leur première publication en 1945, dans les derniers mois de la Seconde Guerre mondiale. Si

1. Selon la biographe de MacLennan, Elspeth Cameron, le roman est paru en suédois, tchèque, estonien, japonais, coréen, allemand et norvégien, mais nous n’avons pas pu confirmer les références pour les traductions japonaise, coréenne et allemande du livre (Elspeth Cameron, Hugh MacLennan. A Writer’s Life, Toronto, Bu�alo, London, University of Toronto Press, 1981, p. 193).

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Bonheur d’occasion et Two Solitudes sont traversés par les grands thèmes de l’époque — la guerre, la pauvreté, les relations entre les peuples —, l’art de Roy et de MacLennan consiste à les situer dans un espace-temps particulier. Two Solitudes s’ouvre sur un moment clé dans l’histoire : Athanase Tallard, député québécois au Parlement canadien en 1917, rompt avec ses concitoyens francophones et vote en faveur de la loi de la conscription, loi qui met à dos francophones et anglophones et donne lieu à une grave crise politique. À travers les ten-À travers les ten-avers les ten-tatives de Tallard d’apporter un nouvel élan économique et social à son village, en opposition avec le clergé catholique, le roman met en scène la déréliction de ces années de la grande crise. Le roman se termine à l’automne 1939. Bonheur d’occasion observe la société francophone de Montréal dans les « trois mois de la fin février à la fin mai 1940 » 2. Avec compassion, mais aussi avec minutie, Roy met en relief la pauvreté des ouvriers du quartier pauvre de Saint-Henri à Montréal.

À ces fresques sociales et historiques, Roy et MacLennan ajou-es fresques sociales et historiques, Roy et MacLennan ajou-tent une dimension humaine, individuelle. Bonheur d’occasion et Two Solitudes racontent l’histoire des deux familles  : les Lacasse de Saint-Henri dans Bonheur d’occasion, et les Tallard, père et fils, de la seigneurie de Saint-Marc-des-Érables près de Trois-Rivières sur le Saint-Laurent dans Two Solitudes. Symptôme d’une société en rapide transformation, enfants et parents s’a�rontent sur des questions de religion et de mœurs, d’ambition personnelle et de loyauté filiale. Les jeunes personnages, la petite Florentine Lacasse, Paul et Marius Tal-lard, vivent de poignantes aventures sentimentales. Florentine jette son dévolu sur un jeune ouvrier ambitieux, Jean Lévesque, dans l’espoir de sortir de sa misère. Lorsqu’il la laisse tomber, enceinte, elle épousera Emmanuel Létourneau. Signe de la réconciliation entre francophones et anglophones souhaitée par MacLennan, Paul Tallard et Heather Methuen finiront par vaincre l’opposition de leurs familles pour se marier. Sur ce plan amoureux, le dénouement des deux romans a sans doute touché une corde sensible chez les lecteurs de l’époque. Comme beaucoup de jeunes gens, aussitôt mariés, Paul et Emmanuel, délaissant

2. Antoine Sirois, « Bonheur d’occasion, roman de Gabrielle Roy », dans Maurice Lemire (dir.), Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec, t. III, Mon-tréal, Fides, 1982, p. 128.

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leurs nouvelles épouses, partent à la guerre en Europe. Reviendront-ils ? Ni MacLennan ni Roy n’ont écrit de suite.

Or, le sort attendrissant et émouvant de ces jeunes protagonistes a clairement trouvé des échos chez des lecteurs au Canada et aux États-Unis. Comme le souligne la biographe de MacLennan, Elspeth Came-ron, « tout le premier tirage de 4 500 exemplaires » de Two Solitudes « fut épuisé à midi le jour du lancement », le 17 janvier 1945 à New York 3. Tout au long de l’année, le livre figurait sur les listes de best-sellers aux États-Unis et au Canada, où il côtoyait des œuvres, entre autres, d’auteurs américains et anglais mondialement connus comme John Steinbeck, Aldous Huxley et Somerset Maughan. Repris en mars 1945 par le Book of the Month Club, il est publié le même mois, en une version abrégée, dans le magazine Omnibus 4. Le roman restera un solide vendeur. « Jusqu’en 1967, quelque 700 000 exemplaires avaient été vendus dans le monde entier », et au début des années 1990, il conti-nue à se vendre « à environ 5 000 exemplaires par année au Canada » 5.

Dès sa parution en juin 1945 aux Éditions Pascal à Montréal, Bon-heur d’occasion « connaît un succès rapide et sans précédent dans la littérature québécoise » 6, à tel point que la maison d’édition a de la difficulté à répondre aux commandes. C’est en 1947 que le livre pren- C’est en 1947 que le livre pren-dra véritablement son essor international. Réédité par Beauchemin à Montréal et par Flammarion à Paris, où il remporte le prix Femina, le livre paraîtra aussi à New York où, choisi comme livre du mois par la Literary Guild of America, il sera tiré à 750 000 exemplaires. En 1982, le tirage cumulatif de la version originale au Québec dépassait les 130 000 exemplaires 7. Les ventes de l’édition de poche dans la collec-tion « New Canadian Library » chez McClelland and Stewart à Toronto

3. « By noon of that day […] the entire first printing of 4,500 copies was sold out. » C’est moi qui traduis. Elspeth Cameron, Hugh MacLennan. A Writer’s Life, Toronto, Bu�alo, London, University of Toronto Press, 1981, p. 183.

4. Voir ibid., p. 192-193.5. « It had already sold some 700,000 copies world-wide by 1967… and today

it continues to sell […] some 5,000 copies annually in Canada. » C’est moi qui traduis. Linda Leith, Introducing Hugh MacLennan’s Two Solitudes, Toronto, ECW Press, 1990, p. 18.

6. Antoine Sirois, « Bonheur d’occasion, roman de Gabrielle Roy », p. 127.7. Ibid.

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témoignent de la popularité constante de la traduction au Canada anglais : de 1958 à 1979, un total de 146 309 exemplaires 8 sont vendus.

Dès leur parution, Bonheur d’occasion et Two Solitudes s’impo-sent ainsi comme des best-sellers, mais des best-sellers qui ont aussi une valeur littéraire et documentaire certaine. La critique souligne la vigueur de l’écriture de MacLennan, sa capacité de brosser, avec cha-leur et doigté, un tableau réaliste des deux communautés anglophone et francophone du Canada. Première tentative littéraire de mettre en scène la dimension biculturelle du Canada, le livre s’impose par le sérieux et l’ambition de son sujet. Pour la critique américaine, il constitue un précieux outil pour mieux connaître un « pays voisin resté plutôt dans l’ombre » 9. L’historien canadien Mason Wade considère le roman comme « une lecture obligatoire pour tout Canadien préoccupé par le problème fondamental de la vie de son pays » 10. Pour les lecteurs canadiens, le roman ouvre un débat et permet l’expression des tensions et des espoirs qui animent deux communautés qui cohabitent dans le même espace sans toujours se reconnaître. Si les lecteurs francophones de l’époque sont en général reconnaissants à MacLennan de son por-trait de la société francophone, fruit d’un « profond respect et d’une réelle a�ection pour le Canada français » 11, les lecteurs anglophones

8. Pour mettre ce chi�re en perspective, les ventes totales moyennes pour les huit titres lancés la même année que Bonheur d’occasion dans cette collection étaient de 76 565 exemplaires. De l’histoire de toute la série pour cette période, un seul autre roman canadien se sera vendu à plus d’exemplaires, The Stone Angel de Margaret Laurence, pour un total de 254 516. Le succès continue de Bon-heur d’occasion dépasse même celui du livre très populaire de Stephen Leacock, Sunshine Sketches of a Little Town, inclus dans la collection en 1960, qui s’est vendu à 142 325 exemplaires. Voir Janet Friskney, New Canadian Library. The Ross-McClelland Years 1952-1978, Toronto, University of Toronto Press, 2007, p. 197.

9. « It is a book holding great value for the American reader, because it makes Canada real and significant, instead of merely that pleasant shadowy neigh-bor to the north. » E.W.G. Christian Science Monitor, 6 juin 1945, p. 14.

10. « Required reading for every Canadian who is concerned with the fun-damental problem of his national life. » C’est moi qui traduis. Cité par Elspeth Cameron, Hugh MacLennan. A Writer’s Life, p. 185

11. « A deep respect and a�ection for French Canada. » C’est moi qui traduis. Elspeth Cameron, Hugh MacLennan. A Writer’s Life, p. 186. Dix-huit ans plus tard, lorsque la traduction française du livre sortira, la réception sera beaucoup plus nuancée. Voir Agnès Whitfield, « Between Translation and Traduction : The

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sont souvent plus critiques, ne trouvant peut-être pas plaisant de se voir dans des personnages à l’esprit fermé du monde de l’élite anglophone de Montréal 12.

Ni Bonheur d’occasion ni Two Solitudes ne frappent par leur inno-vation technique. Par-dessus tout, ce sont des romans qui se lisent bien et qui visent un large public. Two Solitudes est « votre passeport à deux soirs de rares délices littéraires » 13, écrit L. L. Marchland dans le Boston Globe. Tout en notant le manque d’humour dans Bonheur d’occasion, le critique anonyme du New Yorker compare le livre à l’un des romans américains les plus aimés de tous les temps, A Tree Grows in Brooklyn 14. Ce sont néanmoins des romans canadiens d’une énergie nouvelle. Gabrielle Roy est perçue comme ouvrant la voie, par son réalisme et son portrait de l’espace urbain, à une nouvelle période dans l’évolution du roman canadien-français 15. Comme le souligne René Garneau dans le Canada, « ce roman marque un temps nouveau et original dans notre littérature » 16. En prenant de front la dualité du Canada, MacLennan aussi est reconnu comme faisant œuvre de pionnier.

Intuitivement, les critiques canadiens, tant anglophones que francophones, ont vu en Roy et en MacLennan des auteurs capables de mettre sur la carte du monde la littérature canadienne dans les deux langues, de traduire, par les mots et les images littéraires, les réalités d’un pays encore jeune, un pays qui cherche encore ses tra-ditions littéraires en même temps qu’il se cherche une identité. C’est

Many Paradoxes of Deux Solitudes », in A. Pym, M. Shlesinger & Z. Jettmarova (eds), Sociocultural Aspects of Translating and Interpreting, Amsterdam, John Benjamins, 2006, p. 106-120.

12. Pour une analyse plus détaillée de la réception de Two Solitudes, voir Elspeth Cameron, Hugh MacLennan. A Writer’s Life, p. 182-193, Linda Leith, Introducing Hugh MacLennan’s Two Solitudes, p. 13-26, et Agnès Whitfield, « Between Translation and Traduction : The Many Paradoxes of Deux Solitudes », loc. cit., p. 106-120. Pour une analyse plus détaillée de la réception de Bonheur d’occasion, voir Antoine Sirois, « Bonheur d’occasion, roman de Gabrielle Roy ».

13. « This volume is definitely your passport to two evenings of rare literary delight. » C’est moi qui traduis. Boston Globe, 17 janvier 1945, p. 13.

14. Anonyme, New Yorker, 26 avril 1947, p. 93.15. Voir Antoine Sirois, « Bonheur d’occasion, roman de Gabrielle Roy »,

p. 133.16. Cité par Antoine Sirois, ibid.

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peut-être pour cette raison que chaque roman met en scène les aspira-tions de jeunes personnages, la bouleversante Florentine, l’ambitieux Jean Lévesque, le conciliant Emmanuel Létourneau, le sympathique Paul Tallard.

Il n’est pas étonnant que la critique américaine ait rapidement compris qu’il s’agissait de romans qui osaient parler d’une région par-ticulière sans être régionalistes, de romans qui, tout en encourageant un débat régional, s’ouvraient sur l’universel. Dans les mots du critique du New York Times, Orville Prescott, qui pourraient décrire aussi Bon-heur d’occasion, MacLennan raconte une histoire bien de son siècle : « un siècle de guerre et de confrontation sociale, de chômage, et de marche aveugle vers le progrès scientifique et l’industrialisation » 17. Le directeur littéraire de Flammarion, Pierre d’Uckermann, saisit une dimension semblable dans Bonheur d’occasion, cette même capacité de relier les conditions particulières aux grands thèmes de l’époque, quand il écrit à Gabrielle Roy : « Ce n’est pas seulement l’intrigue de Florentine avec Jean et Emmanuel qui m’ont attaché à cet ouvrage ; c’est aussi le tableau social que vous avez retracé de la famille Lacasse et des milieux populaires de Montréal. C’est encore une certaine physiono-mie du Canada pendant la guerre 18. »

Les droits de traduction pour Bonheur d’occasion : la première vague

Comment Bonheur d’occasion et Two Solitudes ont-ils transité vers les cultures étrangères ? De toute évidence, c’est d’abord la puissance de New York qui a joué, matérialisée par Reynal and Hitchcock pour Bonheur d’occasion, par Duell, Sloan and Pearce pour Two Solitu-des, et par les agents littéraires new-yorkais Maximilien Becker et Blanche Gregory.

17. « A century of war and social strife, of unemployment and the blind onward march of science and industrialization. » C’est moi qui traduis. Cité par Elspeth Cameron, Hugh MacLennan. A Writer’s Life, p. 183.

18. Lettre de P. d’Uckermann à Gabrielle Roy du 20 décembre 1946, Fonds Gabielle Roy, Bibliothèque et Archives Canada (désormais BAC), boîte 12, chemise 11.

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Dans le cas de Bonheur d’occasion, les premières demandes d’in-formation sont adressées à l’éditeur initial du livre. Par exemple, le Canadian-American Women’s Committee écrit ainsi aux Éditions Pas-cal, le 31 août 1946, pour obtenir un exemplaire de la traduction anglaise « aussitôt que possible » en vue d’inclure le livre dans sa nouvelle liste de « Livres pour lectures entre amis » 19. Par la suite, les demandes passent surtout par l’éditeur américain, Reynal and Hitchcock, et par l’agent littéraire que ce dernier recommande à l’auteure, Maximilien Becker à New York. Enfin, à partir de la signature du contrat pour l’édition française du livre, c’est l’éditeur français, Flammarion, qui prend progressivement le dessus.

D’après la correspondance entre l’éditeur américain et Gabrielle Roy (et son agent, l’avocat Paul-Marie Nadeau), c’est du Royaume de la Suède que vient la première demande des droits pour une traduction, et ce, avant même le lancement de la traduction américaine, le 21 avril 1947 à New York. C’est Peggy Hitchcock, la veuve de l’éditeur Curtice Hitchcock, qui transmet la bonne nouvelle à l’auteure dans le post-scriptum d’une lettre du 30 janvier 1947 20. Il s’agit sans doute de la maison Margit 21, qui malheureusement se désistera par la suite.

La question des droits étrangers est néanmoins posée. Dès le 30 janvier 1947, Peggy Hitchcock évoque la possibilité de donner cette tache à l’agent littéraire new-yorkais, Maximilien Becker 22, et l’agent sera retenu par Gabrielle Roy en avril 1947. C’est par lui que passe-par Gabrielle Roy en avril 1947. C’est par lui que passe-’est par lui que passe-ront les premiers contrats, notamment pour les traductions suédoise, danoise, norvégienne et argentine, contrats prêts à signer dès avril 1948. Il est question d’une traduction pour le Pérou et Becker essaie aussi de

19. « As soon as possible » pour « an up-to-date version of their ‘Books for Friendly Reading’. » C’est moi qui traduis. Lettre de Rita Halle �leeman aux Édi-C’est moi qui traduis. Lettre de Rita Halle �leeman aux Édi-tions Pascal du 31 août 1946, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 13, chemise 9.

20. Lettre de Peggy Hitchcock à Gabrielle Roy du 30 janvier 1947, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 13.

21. Voir la lettre de Paul-Marie Nadeau à Peggy Hitchcock du 1er février 1947, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 13.

22. Lettre de Peggy Hitchcock à Jean-Marie Nadeau du 30 janvier 1947, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 13. Au moins un autre agent, flairant le best-seller, o�re ses services, mais Hitchcock ne le recommande pas auprès de l’avocat de Roy. Voir la lettre de Peggy Hitchcock à Jean-Marie Nadeau du 3 février 1947, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 13.

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vendre les droits pour des traductions en tchèque et en allemand 23. Toutefois, même après signature, des imprévus peuvent intervenir. Le 2 novembre 1948, Becker confirme que les droits pour la traduction en allemand et en slovaque ont été vendus, mais que l’argent n’a pas encore été déposé pour les droits espagnols  : « notre ami M. Franco fait des difficultés » 24, écrit-il à Jean-Marie Nadeau. Cette contrainte politique expliquera-t-elle que la traduction ne verra jamais le jour sous la dictature franquiste ?

Entretemps, Gabrielle Roy signe un contrat avec la grande maison d’édition française, Flammarion, pour la di�usion d’une édition fran-çaise de son livre partout dans le monde, à l’exception du Canada et des États-Unis 25, marché réservé à l’éditeur montréalais Beauchemin. Flammarion s’intéresse aussi à la vente des droits de traduction et aux commissions qu’il peut en retirer. La correspondance accessible dans le Fonds Gabrielle Roy fait état d’une petite passe d’armes entre l’agent américain Becker, qui défend sa place 26, et l’éditeur parisien, qui insiste. L’avocat de Roy essaie de ménager la chèvre et le chou. En mai 1947, il déclare au directeur littéraire de Flammarion, P. d’Uckermann, chez

23. « I am enclosing the contracts for the Swedish, Danish, and Norwegian rights of THE TIN FLUTE, and also the contract for the Argentinian BOO� Club right with Editorial Jackson. I have not yet received copy of the Argentinian contract with Editorial Bell. […] As far as I know the Peruvian rights have not been sold. […] At the moment we are negotiating for the Czech and German rights. » Voir la lettre de Maximilien Becker à Jean-Marie Nadeau du 29 avril 1948, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12.

24. « There isn’t much new on Gabrielle’s book except that we sold the Ger-man and Slovak rights…. I am sorry to say that the $ 800 which was due for the Spanish rights have not been released yet. Our friend, Mr. Franco, is being very difficult. » Lettre de Maximilien Becker à Jean-Marie Nadeau du 2 novembre 1948, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12. Il est possible que Nadeau ait servi d’intermédiaire pour la traduction slovaque.

25. « Mlle Roy est libre de disposer de l’édition française pour la France et les pays européens ou autres, en dehors du continent américain. » Voir la lettre de Jean-Marie Nadeau à P. d’Uckermann du 3 janvier 1947, Fonds Gabrielle Roy, boîte 12, chemise 11.

26. « In the first place I honestly do not think that we need him, as I can do much better from here, and in the second place, he certainly would not be interested in less than 25 %. Under the circumstances I think it would perhaps be best to forget about him. » Lettre de Maximilien Becker à Jean-Marie Nadeau du 19 mai 1947, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 1.

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Flammarion : « ma cliente avait contracté des engagements avec Mon-sieur Maximilian Becker, 545 Fifth Avenue, New York 17, N.Y., depuis déjà assez longtemps et il m’apparaît impossible de vous constituer les agents de Mlle Roy pour la vente des droits étrangers. Cependant, M. Becker a convenu que si vous aviez des o�res d’éditeurs étrangers, il passerait avec vous une entente à définir 27. » Parallèlement, il répond à l’agent new-yorkais Becker : « Vous pourriez peut-être o� rir à ces der-« Vous pourriez peut-être o� rir à ces der-Vous pourriez peut-être o�rir à ces der-niers (Flammarion) les conditions que vous jugerez à propos. Je crois qu’il y aurait lieu de ne pas rejeter complètement l’o�re de Flammarion car l’édition française amènera peut-être quelques éditeurs étrangers à faire des demandes de publication 28. »

En novembre 1950, P. d’Uckermann annonce e�ectivement de nouvelles demandes de droits : « Nous avons eu, ces jours-ci, une pro-« Nous avons eu, ces jours-ci, une pro-Nous avons eu, ces jours-ci, une pro-position pour l’édition japonaise de l’ouvrage de Mme Gabrielle Roy : Bonheur d’occasion […]. Seriez-vous assez aimable pour nous faire savoir si M. Becker s’occupe toujours des intérêts de Mme G. Roy, ou si l’auteur peut nous donner directement son accord pour que nous trai-tions en son nom pour cette édition en langue japonaise 29 ? » Nadeau confirme que Becker s’occupe toujours des intérêts de Madame Roy. Il faudrait donc communiquer avec lui 30. Pourtant, il ne semble pas y avoir eu de suites et la traduction japonaise ne paraîtra pas.

On sent, au fur et mesure que le temps passe, que New York se désintéresse de l’œuvre, dont les thèmes s’éloignent de plus en plus, culturellement, des goûts du public américain. L’intérêt de l’éditeur canadien, McClelland and Stewart, vient pallier le retrait de Reynal and Hitchcock (repris par Harcourt, Brace and World) pour les traductions en anglais des œuvres subséquentes de Roy. Le jeune éditeur torontois, entreprenant, est pourtant trop occupé par le besoin de faire sa place au soleil dans le milieu éditorial canadien pour négocier le transfert des

27. Lettre de Jean-Marie Nadeau à P. d’Uckermann du 1er mai 1947, Fonds Gabrielle Roy, BA, boîte 12, chemise 12.

28. Lettre de Jean-Marie Nadeau à Maximilien Becker du 21 mai 1947, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 1.

29. Lettre de P. d’Uckermann à Jean-Marie Nadeau du 28 novembre 1950, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 12.

30. Lettre de Jean-Marie Nadeau à P. d’Uckermann du 4 décembre 1950, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 12, chemise 12.

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droits étrangers de New York à Toronto. L’éditeur montréalais, Beau-chemin, ne peut pas non plus s’occuper des droits étrangers, accordés, comme on l’a vu, à Flammarion. C’est ainsi que c’est finalement Paris qui prendra le pas sur New York. Il faudra attendre le milieu des années 1970 pour que McClelland and Stewart à Toronto et Beauchemin à Montréal prennent en main une partie du marché étranger 31. En 1976, McClelland décidera de s’occuper des droits internationaux du Jardin au bout du monde 32. En 1978, la vente des droits pour la traduction tchèque de La Route d’Altamont, par exemple, passera par Beauche-min 33. En fait, les deux éditeurs canadiens n’entrent réellement en scène qu’une fois que Gabrielle Roy se sera fait rétrocéder ses droits new-yorkais et parisiens.

Dans cette période de transition où Paris et New York se disputent encore les droits, il arrive une histoire assez cocasse qui en dit long sur les rivalités et les déboires dans le domaine des droits de traduction. En novembre 1962, Flammarion reçoit une demande pour le moins surprenante :

Nous avons été très surpris [écrit Henri Flammarion lui-même à Gabrielle Roy] de recevoir de Madame Arnaud, agent littéraire à Paris, un exemplaire de The hidden mountain avec proposition et option de sa part pour la traduction et l’édition en langue française de cet ouvrage. Nous ignorions entièrement cette traduction et nous nous permettons de vous rappeler que, conformément à notre contrat,

31. Jean Jerman, responsable des contrats chez McClelland and Stewart, écrit ainsi à Roy en 1976 au sujet du Jardin au bout du monde : « I have discussed your contact with Mr. McClelland and he has decided that we should o�er to act as your agent and deal with this and the other books internationally at Montreal, Frankfurt, etc. » Lettre de Jean Jerman à Gabrielle Roy du 27 avril 1976, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 24, chemise 12.

32. Ibid.33. Voir Lettre de Jacques L. Frenette à Gabrielle Roy du 4 mai 1978, Fonds

Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 8. Déjà en 1973, Paul-Marie Paquin, des Éditions Beauchemin, avait pris contact avec l’Ambassade de Russie à Ottawa au sujet d’une traduction russe de Bonheur d’occasion publiée sans autorisation de l’auteure. Voir Lettre de Paul-Marie Paquin à son Excellence Monsieur B. Miroshnichenko du 25 avril 1973, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 22, chemise 4.

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nous disposons des droits de traduction en toutes langues que nous pouvons céder dans les conditions prévues au contrat 34.

Comble de malentendu, de son côté, Flammarion avait cherché à vendre les droits pour le même livre en anglais, ne sachant pas que la traduction anglaise était déjà parue ! « Nous avons déjà fait plusieurs propositions, précise Flammarion dans la même lettre, et nous avons même envoyé l’ouvrage à un éditeur anglais et un éditeur américain, que nous informons par câble de cet incident 35. »

Grâce à la tolérance et au tact de Flammarion, on réussit à réparer les méfaits d’une certaine confusion chez l’auteure. Entre éditeurs pari-sien et new-yorkais, on s’arrange. Et le 11 décembre 1962, Henri Flam-marion en conclut, dans une lettre à M. M. McQuillan de Harcourt Brace & World (qui ont repris les contrats de Reynal and Hitchcock) :

Il s’agit e�ectivement là d’un regrettable malentendu. Mme Gabrielle Roy est sans aucun doute de bonne foi mais a, d’après ce que nous constatons, omis de nous informer de la cession des droits de traduc-tion qu’elle a faite à votre égard et a omis également de vous informer du traité qu’elle a passé avec nous. Il est certain que votre contrat avec l’auteur est strictement limité aux droits en langue anglaise, mais il semble que Madame Gabrielle Roy, d’après ce que vous nous dites, vous aurait autorisé à négocier certains droits de traduction, ce qui explique le malentendu 36.

Une deuxième vague à l’Est

Qui aurait cru que, du vivant de Gabrielle Roy, ce roman petit- bourgeois aurait pu franchir aussi allégrement la lourde barrière des pays de l’Est ? Le lectorat des pays communistes avait une connaissance plus qu’approximative de l’Amérique et des débats internes qui travaillaient celle-ci. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, sous Staline, ou même sous le libéral Nikita �hrouchtchev, Bonheur d’occasion n’avait pas été perçu comme correspondant à la réalité historique bolchévique.

34. Lettre de Henri Flammarion à Gabrielle Roy du 13 novembre 1962, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 6.

35. Ibid.36. Lettre de Henri Flammarion à M. M. McQuillan de Harcourt Brace and

World du 11 décembre 1962, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 6.

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23IntroductIon

Mais sous Brejnev, les forces politiques qui avaient depuis l’après-guerre essayé de transformer les pays communistes étaient essoufflées. L’a� rontement était de rigueur avec le reste du monde et il fallait mon-’a�rontement était de rigueur avec le reste du monde et il fallait mon-trer à quel point la philosophie bourgeoise était cotonneuse et source de sou�rance, que les déshérités et les miséreux étaient nombreux dans ce grand marché capitaliste à ne pas trouver leur place au soleil. La petite Florentine correspondait enfin à une réalité historique aux yeux du Parti communiste et du régime de Brejnev, ce qui valut au roman de déboucher sur une nouvelle vague et d’être, pour un certain temps, associé artificiellement à une identité bolchévique qui relève, on le voit aujourd’hui, de la pure pensée magique.

C’est par Flammarion que passe la vente des droits pour la traduc-’est par Flammarion que passe la vente des droits pour la traduc-its pour la traduc-tion roumaine. La nouvelle est annoncée à Gabrielle Roy le 22 décembre 1966. �ditions pour la Littérature �niverselle ��ditura Pentru Litera-�ditions pour la Littérature �niverselle ��ditura Pentru Litera-tura �niversala) à Bucarest lui o�re « la somme forfaitaire de 1 500 Fr pour un tirage de 20 000 exemplaires » 37.

Histoire un peu moins sympathique, en mars 1973 : c’est un pro-fesseur canadien qui, grâce à un mot d’un collègue russophone, alerte l’auteure qu’une traduction russe de Bonheur d’occasion circule à Mos-cou et même dans toutes les librairies russes à travers le monde entier ! La nouvelle vient aux oreilles de Gabrielle Roy par trois personnes interposées. �n e�et, c’est le professeur Paul Austin, du Département de russe à l’�niversité McGill, qui, en ayant eu vent par un ami, trans-met la nouvelle à son collègue, Jean �thier-Blais, qui, lui, en informe l’auteure 38. Roy correspondra alors avec le consulat russe à Montréal dans le but de toucher des droits pour cette traduction non autorisée. Cela lui vaudra, après plusieurs démarches, une lettre très officielle du

37. Lettre du Département étranger de Flammarion à Gabrielle Roy du 22 décembre 1966, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 6.

38. « I thought you might be interested to know the Russians have just published a translation of Bonheur d’occasion �Moscow, 1972). I wonder whether they consulted with the author before doing the translation or whether she in fact knows that the Russian translation now exists. A friend in Moscow has sent me a copy, which I am now reading ; he tells me that it has been a best seller and is now very hard to obtain. The book is also available in the Russian-language book stores in the West. » Le passage est de Paul Austin, cité par Jean-�thier Blais dans une lettre à Gabrielle Roy du 7 mars 1973, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 22, chemise 4.

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Premier secrétaire du Consulat, qui lui annoncera la nouvelle adhésion de l’Union soviétique à la Convention de Berne sur les droits d’auteur. Malheureusement pour elle, cette adhésion était survenue à peine quelques semaines après la publication de la traduction russe de Bon-heur d’occasion et, comme le lui signale le Premier secrétaire, elle n’est pas rétroactive 39.

Par contre, ironie du sort, c’est une demande des pays tchèques qui permet à l’auteure de relancer son éditeur français, devenu un peu indi�érent à ses œuvres. Le 7 octobre 1977, �oukla Bonnier, de Flammarion, avise l’auteure qu’un « éditeur tchèque s’intéresse à [se]s ouvrages : “Bonheur d’occasion” et “La Petite Poule d’Eau” » 40. Roy y voit une belle occasion de relancer la maison parisienne. Le 12 octobre 1977, sans se prononcer sur cette bonne nouvelle, elle en profite pour souligner à Bonnier qu’elle reste toujours sans réponse à sa lettre du 24 janvier 1977, lettre dans laquelle elle avait demandé la rétroces-sion de ses droits pour Bonheur d’occasion ainsi qu’un relevé de ses droits d’auteur 41. Elle ne peut examiner la question des droits pour la traduction tchèque, lui affirme-t-elle catégoriquement, qu’après avoir obtenu une réponse satisfaisante de l’éditeur français à ses demandes. Heureusement pour les lecteurs tchèques, cette démarche au ton impé-rieux lui vaut une réponse empressée de Henri Flammarion lui-même et, le 2 novembre 1977, il lui confirme que le solde créditeur de son compte lui a été versé 42. À son tour, Roy autorise la démarche auprès de l’éditeur tchèque 43.

39. Voir Lettre de B. �owalski, Premier Secrétaire, Ambassade de l’URSS à Paul-Marie Paquin, directeur des éditions littéraires, Libraire Beauchemin, du 7 août 1973, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 22, chemise 4.

40. Lettre de �oukla Bonnier à Gabrielle Roy du 7 octobre 1977, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 8.

41. Voir Lettre de Gabrielle Roy à Henri Flammarion du 24 janvier 1977 et Lettre de Gabrielle Roy à �oukla Bonnier du 12 octobre 1977, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 8.

42. Lettres de Henri Flammarion à Gabrielle Roy du 25 octobre 1977 et du 2 novembre 1977, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 8.

43. Lettre de Gabrielle Roy à Henri Flammarion du 4 novembre 1977, Fonds Gabrielle Roy, BAC, boîte 23, chemise 8.

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Les enjeux profonds de la lecture

Comme en témoignent les études réunies dans ce volume, les chemins de la traduction nous montrent que les interprétations peuvent être nombreuses et qu’elles peuvent, même détournées, susciter intérêt et passion. Les enjeux profonds d’un roman peuvent être reconduits indéfiniment à l’aune des politiques des di�érents gouvernements. L’important est que le roman puisse vivre et que l’impression qu’il a voulu communiquer reste dans l’esprit des lecteurs étrangers, impres-sion que les traductions de Bonheur d’occasion et de Two Solitudes n’ont pas démentie. Le roman a occupé une partie de la scène et passé la rampe, a accru son lectorat, puis est retourné dans l’oubli, une fois que cet attelage politique inespéré se fut détaché de lui.

En dépit d’une conscience aiguë de son rôle d’accompagnatrice de l’œuvre, la traduction peut parfois se faire politique ou être portée par un courant puissant de politisation d’un gouvernement. Elle se défend de faire de l’édification ou de l’endoctrinement, mais elle ne peut empêcher de contribuer, parfois malgré elle, à alimenter chez le lecteur le sentiment oppressant d’un certain étou�ement idéologique. La traduction à l’Est aura tout de même su s’insinuer dans les thèmes du roman et provoquer, peu importe les campagnes de propagande du Parti, des lectures compassionnelles, bouleversées, par l’expression vivante d’un personnage comme la petite Florentine. La traduction peut traverser les communautés politiques ; les traités constitutionnels ne peuvent pas contredire sa force, et le lecteur s’y retrouve toujours une fois qu’il a le livre en main. Sa lecture débouche forcément sur les parallèles de sentiments et d’identité existant avec les autres peuples. Ce qui, pour les personnalités politiques, relève nécessairement de la pensée féérique est pour les lecteurs, à l’Est ou à l’Ouest, un constant jeu de la liberté individuelle, une occasion de laisser errer leur imagi-nation, d’aimer, de compatir, de rêver.

Chez les traducteurs et traductrices, il fallait aussi faire preuve de hardiesse et d’audace. Dans le cas de Bonheur d’occasion, la tâche semble attirer surtout des femmes, pour la plupart journalistes ou écrivaines de profession. Comme Roy, les traductrices américaine et norvégienne, Hannah Josephson et Caro Olden, ont une formation de journaliste. Elles sont toutes deux associées aux mouvements de

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gauche. En Roumanie, c’est une écrivaine connue surtout pour ses œuvres de littérature pour la jeunesse, Elvira Bogdan, qui traduit le livre. La traductrice lituanienne, Aldona Adomavičiūtė, enseigne le français à l’école secondaire tout en travaillant pour des maisons d’édi-’école secondaire tout en travaillant pour des maisons d’édi- tout en travaillant pour des maisons d’édi-tion. Curieusement, la traductrice tchèque, Eva Strebingerová, a traduit surtout des romans roumains de l’après-guerre : son incursion dans le domaine du français est plutôt exceptionnelle. Roy se fait traduire aussi par des hommes, l’écrivain suédois Einar Malm, l’éditeur et homme de lettres slovaque Fedor Jesenský, l’hispanophone Carlos Juan Vega. Dans le cas de la traduction russe, nous disposons de si peu d’infor-mations que, faute de prénom, il n’est pas encore possible d’affirmer si I. Grouchetskaïa est une femme ou un homme. Est-ce significatif ? Pour sa part, le livre de MacLennan se fait traduire surtout par des hommes : le Slovaque Michal Breznický, l’Estonien Ilmar �ülvet, le Suédois Nils Holmberg, le Hollandais H.W.J. Schaap. Seules les traductrices tchèque et canadienne-française, Maria Polenská et Louise Gareau-Desbois, font exception.

Tous les traducteurs et traductrices dont les chercheures ont pu aborder l’œuvre ont une solide formation et une grande expérience dans le domaine de la littérature populaire ou classique. Adomavičiūtė a traduit des œuvres de Jules Verne et d’Alexandre Dumas, Malm celles de Mark Twain, d’Eugene O’Neill et d’Herman Melville. Olden a traduit des auteurs de littérature populaire comme Louis Bromfield, Gwen Bristow et Lillian Smith. Outre ses traductions du roumain, Strebingerová a traduit les œuvres de quelques auteurs français, dont Georges-Emmanuel Clancier, Bernard Clavel et Robert Merle. Jesenský avait traduit Marie Chapdelaine. Bogdan a traduit vers le roumain plu-sieurs auteurs français pour la jeunesse : Francis Carsac, Anna Lang-fus, Louis-Henri Boussenard. Les traducteurs tchèque et slovaque se sont fait épauler par des réviseures, Marie Janů et Zora Jesenská, elles aussi traductrices chevronnées.

Les études qui suivent nous rappellent que la traduction, elle aussi, est une a�aire humaine. Résistante, Olden passe un an dans un camp de concentration près d’Oslo. Elle n’en sortira qu’en mai 1944, une année avant la libération du pays. Le traducteur slovaque, Jesenský, meurt à l’âge de quarante-cinq ans, l’année même de la publication de sa traduction. Josephson multiplie les démarches tout au long de

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la guerre pour venir en aide à ses amis résistants ; son fils aîné sera soldat en Europe. Leurs activités dans le milieu d’édition causeront à quelques-uns de graves ennuis de la part des pouvoirs en place. Zora Jesenská, auteure de la postface de la traduction slovaque de Bonheur d’occasion, est frappée d’interdiction d’exercer ses activités de traduc-trice pendant toute sa vie à cause de ses opinions politiques. Strebin-gerová, aussi, sera en difficulté : la traduction de Bonheur d’occasion lui aurait permis de joindre les deux bouts. Ilmar �ülvet, le traducteur estonien de Two Solitudes, exilé politique, finit ses jours à Toronto sans pouvoir retourner dans sa mère patrie.

Partout, les traducteurs et traductrices accomplissent leur travail dans un contexte éditorial particulier. Les enquêtes réunies ici per-mettent d’éclairer le vaste éventail de traditions de la traduction. En République tchèque, en Slovaquie, en Estonie, en Lituanie, la traduc-tion s’inscrit dans une tradition de revalorisation et de modernisation de la littérature nationale. Il y a parfois même, comme en lituanien, des conventions explicites pour la transcription des noms propres, ou en slovaque, des règles d’usage et des codes de bienséance. Chaque pays a sa façon de faire voyager les œuvres classiques de l’étranger. Grâce à la traduction de Bonheur d’occasion ou de Two Solitudes, la littérature canadienne commence à prendre sa place dans les circuits littéraires d’autres pays, à côté des grands noms de la littérature américaine ou française.

Un véritable esprit de détective

Paradoxalement, il m’a fallu trois bonnes années pour réunir cette ving-taine de chercheurs et quelques-uns, en acceptant en dernière heure, m’ont valu quelques pays de plus. Car trouver des experts qui pouvaient examiner les di�érentes traductions en langues étrangères de Bonheur d’occasion et de Two Solitudes a été un défi. Si les programmes d’études canadiennes et d’études québécoises se sont multipliés à travers le monde depuis le milieu des années 1980, ils se sont développés au sein de départements de langue et de culture anglophone et francophone, et les romans de nos écrivains et écrivaines y sont enseignés dans leur langue originale. Les spécialistes étrangers ne sont pas nécessairement sollicités par la traduction de ces œuvres vers leur langue maternelle.

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La traductologie, elle aussi, a connu un nouvel essor à la même époque. Les questions d’échange culturel et d’évaluation des traductions y sont chaudement débattues, mais la littérature canadienne, qu’elle soit en anglais ou en français, à l’exception peut-être des défis que pose la traduction des dimensions sociopolitiques du parler québécois, ne s’est pas encore imposée comme corpus d’étude. Il faut dire que, même au Canada, l’étude des échanges littéraires entre l’anglais et le français est un champ relativement nouveau, où il manque encore d’études de base. Or, pour savoir se pencher sur les traductions de Bonheur d’occasion et Two Solitudes, il fallait trouver des chercheurs capables de comprendre ainsi que d’analyser l’œuvre originale et munis aussi de solides acquis dans leur propre langue, en mesure de situer la traduction de l’œuvre canadienne par rapport aux traditions littéraires de leur pays.

Souvent aussi, il a fallu un véritable esprit de détective. Dans le cas surtout des traductions réalisées dans l’immédiat après-guerre, le premier défi consistait à trouver un exemplaire de la traduction. Dans plusieurs cas, il s’agissait d’emprunter à la bibliothèque nationale de leur pays l’unique exemplaire trouvable. Souvent, la maison d’édition qui a publié la traduction est disparue, les archives sont introuvables. Selon le destin et les conditions et coutumes de chaque pays, les cher-cheurs disposaient, ou ne disposaient pas, de repères sûrs. Pour les tra-ductions plus récentes, les enquêtes ont pu permettre de recueillir des témoignages assez précieux, sinon du traducteur ou de la traductrice, du moins de personnes associées à la maison d’édition.

Les collaboratrices et les collaborateurs de cet ouvrage, à qui nous avons fait appel comme experts pour restaurer toutes ces traductions et en expliquer le parcours sinueux, mystérieux parfois, ont retrouvé parfois par hasard les morceaux d’un casse-tête au revers de vieux documents, et à force de patience, grâce à un vrai travail de limier, dans des bibliothèques privées. Je salue leur ferveur et je les remercie ici de tout cœur. Tous ces documents consultés et exhumés par leurs enquêtes ont permis de relier les fils épars de la filière des traductions dans leurs pays, plus d’un demi-siècle plus tard, et les dossiers, les cartons des archives, les manuscrits existaient encore, attendant dans le silence des bibliothèques et des fonds, le moment de venir témoi-gner de cette aventure passionnante. La situation dans les pays de l’ancien bloc communiste a été particulièrement ardue, car, en raison

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du fonctionnement éditorial dans ces pays sous une censure très serrée, les comptes rendus de traductions de livres, sur lesquels on se base pour voir comment un livre a été reçu, n’ont pas été encouragés. Cela dit, les résultats des recherches ont été souvent remarquables.

Au Canada, en revanche, la gestion du Fonds Gabrielle Roy sem-ble perpétuer un monde de silence et d’interdit. Au lendemain de manifestations nombreuses à l’occasion du centenaire de naissance de l’écrivaine, et plus de soixante ans après la publication de Bonheur d’occasion, professeurs, chercheurs et simples lecteurs restent sur leur appétit. On est frappé par l’insistance muette avec laquelle le biographe héritier souligne la vocation et salue la mémoire de l’œuvre royenne. Pourquoi n’a-t-il pas osé aborder les sujets un peu plus épineux autour de Roy, dans un livre audacieux et honnête ? Ces façons impénétrables de restreindre la recherche ne rendent justice ni à l’écrivaine ni à notre littérature. La sensibilité littéraire de Gabrielle, la force de travail dont elle a fait preuve, le regard subjectif et compatissant qu’elle a posé sur le monde, son engagement dans l’écriture au détriment souvent de la vie, tout cela contredit les gestes mémorialistes calculés de son biographe héritier. Ne serait-il pas temps de passer la main et de laisser la succession de Roy s’ouvrir aux chercheurs ?

Si la f lamboyante réussite littéraire de Roy l’a hissée au rang d’écrivaine la plus lue au pays et peut-être la plus traduite à l’extérieur, elle doit rester une écrivaine accessible et la décision de ne pas ouvrir l’ensemble du Fonds à tous les chercheurs est injustifiée. Si, selon le Fonds, l’image de l’écrivaine est en jeu, la vérité est toujours la vraie chose à dire et à écrire, la vérité est le vrai choix à faire, celui, le seul, qui respecterait le mieux la mémoire de Roy et de notre littérature. L’heure est à la levée des tabous, au moment où les consciences des lecteurs ont besoin de vérité : n’ayons crainte, on ne les intimidera pas avec des révélations, au contraire, ne les sous-estimons pas, un monde qui leur est familier leur sera de plus grand secours que les cachotteries et les arrangements artificiels d’un directeur de Fonds qui cherche à protéger des secrets ou de malheureuses décisions d’une écrivaine qui avait bien droit par moments à l’égarement, pourquoi pas, c’est là aussi qu’elle nous sera plus proche et plus humaine, nous ressemblant dans nos difficultés. Rien ne sert de perpétuer une image angélique de nos

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écrivains si elle est fausse ; c’est un mauvais calcul : personne ne sera séduit par un portrait incomplet.

Ne pourrait-on pas marquer la célébration du centième anniver-saire de naissance en appelant le Fonds Gabrielle Roy à regarder en face son obscure gestion des dernières décennies ? Comment autrement penser tisser un avenir à cette œuvre et à nos lettres ? Seuls les cyniques pourraient donner raison à une telle attitude fermée : des décennies après la publication de Bonheur d’occasion, il est toujours impossible de consulter certains documents et lettres du Fonds Gabrielle Roy. La passion de l’écrivaine pour la phrase française, pour sa langue mater-nelle, sa détresse et son enchantement chuchotés en une confidence maîtrisée et virtuose, la rendaient attachante, séduisante et déjà si subjective et parfois même subversive. Alors, pourquoi s’opposer à une ouverture du Fonds, alors que l’écrivaine elle-même, à l’écriture intime et compassionnelle, ne s’y serait pas objectée ?

Le pari de notre rayonnement international

Dans leurs romans, Roy et MacLennan se sont attaqués aux représen-tations caricaturales du pays ; ils ont invalidé les stéréotypes véhiculés sur notre culture. Il s’agissait de briser le cercle de méfiance de notre propre lectorat et de fonder un nouvel essor de notre littérature, sur le respect mutuel et sur cette idée que notre destin n’excluait pas celui des autres nations. Cela passait par la littérature, par des mots, par des tra-ductions internationales qui permettaient de sortir de la stigmatisation et des perceptions erronées et réciproques, ce regard porté sur nous comme celui que nous portions sur les autres. Car ce nouveau bond de notre littérature sur la scène internationale avait mis en œuvre, sous la plume de Roy et de MacLennan, une littérature moderne et ouverte sur le monde qui avait su trouver les mots pour nous émouvoir et nous faire entrer tout doucement dans la modernité.

Après Louis Hémon avec Maria Chapdelaine, et Mazo de la Roche avec la série Jalna, Gabrielle Roy, avec Bonheur d’occasion, trace la voie vers les plus prestigieuses capitales du monde et devient, en se faisant traduire, ambassadrice de notre culture, dépassant les propos de bonne volonté et les habituelles platitudes diplomatiques par la force de l’art, la puissance de l’écriture. Elle développe, avec Hugh MacLennan et

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Two Solitudes, un axe fondamental de notre traduction vers l’étranger : créer de nouveaux rapports entre le Québec et le Canada d’une part, et l’Amérique et l’Europe à l’Est comme à l’Ouest d’autre part. En ce sens, Bonheur d’occasion et Two Solitudes, que Roy et MacLennan ont fait traduire dans tous ces pays, est un acte d’ouverture majeur de notre culture. À chaque fois, un même souci, une même envie : o�rir un autre visage du Canada. L’enjeu était important, car il s’agissait de l’entrée d’un peuple dans l’histoire moderne. Ces écrivains estimaient qu’une des clés de cet accueil dans le monde contemporain et actuel résidait dans une double image : celle que les citoyens du monde avaient du Canada et celle que Canadiens-français et Canadiens-anglais avaient du monde moderne.

Les écrivains ont eu fort à faire. On avait souvent donné l’impres-sion au monde que nous réagissions encore aux grandes épopées de la découverte de l’Amérique et que nous vivions encore à l’heure du Far-West. Par le passage des deux funestes guerres mondiales, cette attitude changea et nos écrivains, Roy et MacLennan, ont, par esprit de modernité et de solidarité, rompu avec cette représentation d’un pays renfermé sur lui-même. Ils n’ont aimé rien tant que l’idée d’un choc de civilisation, d’un a�rontement de leurs personnages avec les nouvelles misères de l’ère industrielle, incarnée au premier chef par le capitalisme.

Le pari de notre rayonnement international est d’autant plus diffi-cile à tenir que notre milieu littéraire rencontre les pires difficultés. En temps de crise, les gouvernements sont tentés de réduire les subventions et à laisser lâchement le marché gouverner la qualité des œuvres. Quand j’ai demandé l’aide du ministère des A�aires extérieures pour le colloque, on m’a fait remarquer que les priorités du gouvernement Harper étaient la guerre en Afghanistan et les échanges commerciaux. Un colloque sur le rayonnement international de nos classiques ne méritait, selon ces critères, aucune aide. Il est frappant de constater que c’est de l’extérieur même qu’est venu l’enthousiasme. C’est dire quelle valeur nous attribuons à nos propres classiques, à notre propre littérature. Or, on sait bien que la littérature sou�re toujours de cette inculture et de cet esprit mercantile. Si, au final, le peu de subventions accordées devait réduire la pauvreté des œuvres jusqu’à l’étou�ement, le pari serait perdu.

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Que faire ? Cette excursion dans la di�usion et la traduction de ces deux œuvres classiques peut sans doute aider à restaurer la confiance des écrivains qui marquent le pas, des traducteurs essoufflés et des éditeurs qui ont perdu le sens de leur identité. On aimerait inciter les gouvernements à leur accorder, dans la mesure du possible, les crédits demandés. Lorsque la demande de nos œuvres classiques repartira à la hausse à l’intérieur du pays, la connaissance de notre littérature ces-sera de glisser vers les ténèbres et les trous noirs de la mémoire. Mais pour que cette connaissance revienne, encore faudra-il que les agents culturels n’aient pas l’impression que l’État ne leur coupera pas demain les fonds. Or, malgré les discours rassurants, le découragement des auteurs est aujourd’hui tel que les hommes politiques ne sont pas crus lorsqu’ils affirment qu’ils n’accroîtront pas notre isolement ou quand ils jurent que notre rayonnement international passe par l’affirmation concrète de notre culture.

Aujourd’hui, c’est le désenchantement (pour reprendre un mot clé du titre d’une œuvre de Gabrielle Roy) qui menace. C’est peut-être ce qu’il faut redouter le plus. Bonheur d’occasion et Two Solitudes, ces œuvres classiques, ont traversé les années et les modes ; elles avaient elles aussi en leur temps un fardeau lourd à porter. Demain, saurons-nous refaire ce chemin international ? Ou alors nos romans sombreront-ils dans la plus totale indi�érence ? Heureusement, nous n’en sommes pas là. Mais ces simples questions prouvent le désarroi de notre culture et la profondeur de l’apathie actuelle. Puisse ce retour sur le parcours courageux de deux œuvres phares de notre culture nous encourager à poursuive sur notre lancée avec une foi renouvelée en notre expression.

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Portrait de Gabrielle Roy, par Daniel Gagnon-Barbeau.

Acrylique sur toile, 76 x 61 cm, 2007.

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PREMIÈRE PARTIE

Bonheur d’occasion : Premiers parcours

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Collaborateurs et collaboratrices / Contributors

Cecilia Alvstad is Associate professor in Spanish Language at the University of Oslo, Oslo, Norway, and a researcher at the University of Gothenburg, Sweden. Alvstad’s areas of research and teaching include translation studies, pragmatics and ideology in language. She is the director of the research project, “Images and imaginations: The his-tory of Arabic, African and Latin American Literatures in Translation into Swedish” funded by the Swedish Research Council. She is cur-rently initiating a project on the history of Latin American literature translated into Norwegian. Alvstad has a Ph.D. in Spanish from the University of Gothenburg.

Tiina Aunin is Professor Emerita of Comparative Literature at Tallinn University, Tallinn, Estonia. She defended her PhD at St. Petersburg (then: Leningrad) University. A specialist in American and Canadian literatures, she has published a large number of theoretical articles in English, Russian and Estonian. Her areas of research include discourse, history and novel, cross-cultural and gender perspectives in comparative literary studies, and studies in documentary fiction. Her latest contributions include: Interdisciplinary Aspects of Literary Studies (Kirjandusteaduse interdistsiplinaarsus, 2003) and Widening Circles. The Critical Heritage of Ants Oras (2008), co-edited with Anne Lange. She has been an invited researcher or lecturer at the universities of Tampere, Lund, Cornell, Carlton and British Columbia, and is currently involved in the European Union projects ACUME 2 and SENT—The Network of European Studies as well as in a SSHRC

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International Opportunities Fund project titled: The Contribution of Literary Translation to Intercultural Understanding: Developing a Model for Reciprocal Exchange.

Anna Bednarczyk est professeure à l’Université de Łódź, Lodz (Pologne), où elle est directrice du Département de civilisation russe et de traductologie à l’Institut d’études russes. Spécialiste de littérature russe et de traductologie, elle a publié de nombreux travaux portant sur la traduction dans une perspective théorique et critique (DST), dont : Wysocki po polsku. Problematyka przekładu poezji śpiewanej (Wydaw-nictwo Uniwersytetu Łódzkiego, Łódź, 1995) ; Wybory translatorskie. Modyfikacje tekstu literackiego w przekładzie i kontekst asocjacyjny (Łódz, 1999) ; Kulturowe aspekty przekładu literackiego (Wydawnictwo “Śląsk”, �atowice 2002) et W poszukiwaniu dominanty translatorskiej (PWN, Warszawa, 2008).

Chiara Bignamini a préparé sa maîtrise en langues et littératures française et anglaise à l’Université catholique de Milan (Italie) et à l’Université Paris Sorbonne-Paris IV. Fascinée par les écrivains franco-canadiens, elle a soutenu son mémoire de maîtrise sur les six premiers romans de Jacques Poulin et celui de DEA (à l’Université Jean Moulin Lyon 3) sur les fonctions des franco-canadianismes dans La Montagne secrète de Gabrielle Roy. Agrégée d’italien, elle a enseigné la langue, la littérature, la traduction et l’interprétation à l’Université Jean Mou-lin Lyon 3 pendant plusieurs années avant de pouvoir de nouveau se consacrer à Gabrielle Roy, sur qui elle prépare actuellement une thèse axée sur le lien entre langue(s) et identité dans ses œuvres de fiction.

Bente Christensen, née en 1946, traductrice et critique littéraire, est actuellement directrice de l’Institut d’études linguistiques et nordiques à l’Université d’Oslo, Norvège. Détentrice d’un Ph.D. en littérature comparée, elle a comme spécialités les littératures scandi-naves et francophones. Elle a publié une thèse sur l’écrivain norvégien Johan Borgen (1902-1979) : Johan Borgens Lillelord (Oslo, Aschehoug, 1993). Parmi ses textes publiés en français, figurent Écrivains de Norvège (Amiot-Lenganey, 1991, avec Éric Eydoux), « Anne Hébert  : la quête d’une identité » (dans Actes du VIIIe Congrès des romanistes scandinaves, Odense University Press, 1983), « Une tradition vivante,

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351COLLABOrAtEUrS Et COLLABOrAtrICES / CONtrIBUtOrS

la littérature pour enfants » (Europe, nº 695, mars 1987), « Topologie d’un corps fantôme — le je(u) de la séduction dans les films d’Alain Robbe Grillet » (Actes du Xe Congrès des romanistes scandinaves, Lund University Press, 1990). Elle a traduit une cinquantaine de livres, pour la plupart du français vers le norvégien, dont Honoré de Balzac, Splen-deurs et misères des courtisanes, Simone de Beauvoir, Le deuxième sexe, Amin Maalouf, Samarcande, Gil Courtemanche, Un dimanche à la piscine de Kigali, et Assia Djebar, Ombre sultane.

Rodica Dimitriu a fait des études d’anglais et de français à l’Université « Al. I. Cuza » de Iaşi, Roumanie. Actuellement, elle est professeure au Département d’anglais de cette université et coordinatrice des pro-grammes de traduction, aux niveaux licence et master, de la Faculté des lettres. Elle est l’auteure de cinq livres et de plus de cinquante articles qui traitent de l’idéologie et des orientations culturelles, ainsi que de la perspective fonctionnelle en traductologie et de la didactique de la tra-duction. Elle est membre des comités de rédaction de plusieurs revues internationales de traduction (Perspectives: Studies in Translatology, Across Languages and Cultures, etc.) ainsi que de l’EST (European Society for Translation Studies).

Bennett Yu-Hsiang Fu is an Assistant Professor in the Department of Foreign Languages and Literatures at National Taiwan University, where he teaches Canadian Literature, Asian North American Studies, and Contemporary American Literature. He has published articles in such areas as ethnicity, sexuality, indigeneity, and postcoloniality. He is currently completing two book projects on the trope of transgression in Chinese Canadian women’s writing and on comparative studies between Taiwan literature and Canadian literature.

Madelena Gonzalez is professor of Anglophone Literature at the University of Avignon. Her most recent publications include Fiction after The Fatwa (2005), Translating Identity and the Identity of Trans-lation (2006) and Théâtre des minorities : mises en scène de la marge à l’époque contemporaine (2008). She is currently working on a volume of articles dealing with generic instability in contemporary fiction and a second publication on minority theatre.

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Margot Irvine est professeure agrégée et coordinatrice du pro-gramme en études européennes à l’Université de Guelph (Canada). Elle est l’auteure de Pour suivre un époux, les récits de voyages des couples au XiXe siècle (Québec, Éditions Nota bene, 2008) et d’articles récents parus dans Nineteenth-Century French Studies (Vol. 37, No.1-2, 2008-2009), @nalyses : Revue de critique et de théorie littéraire (été 2008). Elle a également fait paraître le collectif A « Belle Epoque » ? Women in French Society and Culture, 1890-1911 (Berghahn Books, 2006). Elle s’intéresse au rapport entre les femmes et l’institution littéraire.

Genovaitė �ačiuškienė, Doctor of Humanities, is a Professor in the Department of Lithuanian Linguistics and Communication, Faculty of Humanities, Siauliai University (Lithuania) and Professor in the Euro-pean Cultural Studies Department, Faculty of Humanities, Matej Bel University (Slovakia). Her research interests include phonology, phon-etics, pronunciation, accentuation, language culture, sociolinguistics, and psycholinguistics. From 1996 to 2005, she was Dean of the Faculty of Humanities, and since 1999, Dean of the Faculty of Humanities of Third-Age University in Šiauliai. She has been a lecturer of Lithuan-ian at Université Sorbonne Nouvelle — Paris 3. She is a member of SIGD (International Society for Dialectology and Geolinguistics) and a member of the board of several associations including the Lithuanian Scientific Society and the Lithuanian-French Association.

Klára �olinská teaches at the English department of Masaryk Uni-versity, Brno, Czech Republic, and at the English department of Charles University, Prague. Her main areas of teaching and research include early and contemporary Canadian fiction, theatre and drama, multi-culturalism, and Aboriginal literature and theatre. She has published mainly on Canadian Aboriginal literature and theatre, Canadian prose fiction, and theory and practice of narrative and storytelling. Her main publications and co-editions include: Women in Dialogue: (M)Uses of Culture (Cambridge Scholars Publishing: 2008); Shakespeare and His Collaborators Over the Centuries (Cambridge Scholars Publish-ing: 2008); Waiting for Coyote. Contemporary Canadian Aboriginal Drama and Theatre (Větrné mlýny: 2007); Contemporary Aboriginal Literature in North America, a special issue of Litteraria Pragensia: Studies in Literature and Culture (Charles University, Prague: 2005).

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353Collaborateurs et CollaboratriCes / Contributors

Regina Kvašytė was born in Riga (Latvia) in 1962. She completed her studies at the University of Latvia in 1985 and in 1996 defended her dissertation. From 1984 to 2003, she worked in the Latvian Lan-guage Institute at the University of Latvia in Riga. Since 2001, she is Associate Professor in the Department of Lithuanian Linguistics and Communication at the University of Šiauliai (Lithuania). From 2005 to 2007, she was Vice-dean for Science (Faculty of Humanities, Šiauliai University). Since 2008, she is Associate Professor of the Department of Lithuanian Language at Vytautas Magnus University, Kaunas. She is Head of Canada Room (since 2001) and Head of the nongovernmental organization The Centre of Balts (since 2002). Her areas of research include terminology, stylistics, sociolinguistics, geolinguistics and ethnolinguistics.

Zuzana Malinovská est traductrice assermentée pour le slovaque et le français et professeure au Département de langue et littérature françaises de l’Institut de philologie romane et classique de la Facul té des Lettres de l’Université de Prešov (Slovaquie), où elle enseigne l’histoire de la littérature française, le roman français et francophone et la traduction littéraire et juridique. Ses recherches portent sur le roman français et francophone moderne et contemporain ainsi que les relations transdisciplinaires et interculturelles. Elle a publié un livre sur le roman, une soixantaine d’articles, en français et en slovaque, dans des ouvrages et revues scientifiques parus en France, Slovaquie, République tchèque, Hongrie, Pologne et Turquie.

Dana Patrascu-Kingsley has taught Canadian literature and intro-ductory courses in English and writing at the University of Toronto, Ryerson University, and York University. She has a Ph.D. in English from York University, an M.A. from Carleton University, and a B.A. in Romanian and English from the University of Bucharest. She is now working on a book based on her dissertation, “Dynamic Ethnicity and Transcultural Dialogue: A Study of Central and Eastern European-Canadian Fiction.”

Michael Paulson is a lecturer of Modern Languages at the Univer-sity of Miami. He received his Ph.D. in French and Spanish from Florida State University in 1973 and has taught French, Spanish, German and

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ESL at several universities, including South Dakota State University, the University of Central Arkansas, Muhleberg College, Kutztown University, Miami-Dade College and the University of Miami. He is the author of several books, articles and papers dealing with the historical figures of Mary Stuart, Catherine de Medici and Louis XIII in French and Spanish literature and is currently preparing a manuscript on Anne of Austria. Since 1986, he has served as series editor for the Peter Lang series on Francophone Literature, Studies on the Caribbean and Currents in Romance Languages and Literatures.

Elżbieta Skibińska, romaniste et poloniste, est professeure � l�Uni-� l�Uni- l�Uni-versité de Wrocław, où elle est directrice du Département de linguistique française � l�Institut d�études romanes. Elle a publié Les Équivalents polonais des prépositions temporelles françaises dans la traduction polo-naise (Wrocław, Wydawnictwo Uniwersytetu Wrocławskiego, 1991) ; Przekład a kultura. Elementy kulturowe we francuskich tłumaczeniach “Pana Tadeusza” [Traduction face � la culture : éléments de la culture nobiliaire dans les traductions françaises de Pan Tadeusz] (Wydawnic-two Uniwersytetu Wrocławskiego, 1999) ; Kuchnia tłumacza. Studia o polsko-francuskich relacjach przekładowych (Kraków TAiWPN Uni-versitas, 2008) ainsi que de nombreux travaux portant sur les questions de la linguistique comparée (français-polonais) et sur la traduction (dans une approche culturelle et linguistique). Elle dirige les travaux de l�équipe traitant de la traduction comme moyen de communication interculturelle ; dans ce cadre, elle a édité ou coédité deux volumes de Romanica Wratislaviensia sur la Traduction comme moyen de commu-nication interculturelle. Questions de socio-pragmatique du discours interculturel (XLIV, 1997 et XLVI, 2000) ; Traduction pour la jeunesse face à l’Altérité (DWE, 2001) ; Język — Stereotyp —Przekład (DWE, 2002) ; Gombrowicz i tłumacze (Oficyna Wydawnicza Leksem, 2004) ; Konwicki i tłumacze (Oficyna Wydawnicza Leksem, 2006) ; Przypisy tłumacza (Księgarnia Akademicka, 2009). 

Jovanka Šotolová est chargée de cours � l�Institut de traductologie, Faculté des Lettres, Université Charles de Prague, où elle enseigne la lexicologie et la stylistique contrastive, la littérature de langue fran-çaise du XXe siècle, la traduction des textes littéraires, la traduction de la BD et la critique de la traduction littéraire. Elle est rédactrice

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355COLLABOrAtEUrS Et COLLABOrAtrICES / CONtrIBUtOrS

en chef du webzine littéraire <www.iliteratura.cz>, qu’elle a créé en 2002. Membre du conseil de l´Association tchèque des traducteurs littéraires, elle a traduit de nombreuses œuvres d’auteurs de langue française, surtout contemporains (Jean Echenoz, Jean Genet, Michel Houellebecq, Alfred Jarry, Jean-Philippe Toussaint, etc.). La France a reconnu sa contribution au rayonnement de la littérature française en la nommant chevalière de l’Ordre des palmes académiques.

Reet Sool is Associate Professor at the Department of English of the University of Tartu, Estonia, where she teaches on James Joyce, American and Canadian literature and literary theory. After Estonia regained her independence in 1991, she has held American Council of Learned Societies, Fulbright and IREX awards, given papers at international conferences in Estonia, Latvia, Lithuania, Finland, Denmark, Norway, Sweden, France, Iceland, South Africa, Spain and the USA, and published on literary theory and Irish, American, Canadian and Estonian literature both at home and abroad. Recent publications include: “The Portrait of Henry James in Estonia(n)” (The Henry James Review, Fall 2003); “Inked Characters Never Fading”, Papers on Joyce (2006); “On Ants Oras, the Invisible Translator” (Interlitteraria, 2007); “Translating Politics: An Eston-ian Case” (Tradducción e interculturalidad. Actas de la Conferencia Internacional “Traducción e Intercambio Cultural en la Ėpoca de la Globalización” (Peter Lang, 2008). She has published translations of her own poems and three collections of poetry, jahe kuu (1997), murdub äär: river runs (2001), and õrn morpheus: sweet morpheus (2007).

Agnès Whitfield est professeure d’études anglaises à l’Université York et titulaire de la Chaire conjointe en études des femmes de l’Uni-versité Carleton et de l’Université d’Ottawa. Titulaire d’un doctorat en littérature québécoise de l’Université Laval, elle a publié onze livres et plus de cinquante articles sur la littérature canadienne et québécoise, l’écriture autobiographique au féminin, les échanges littéraires et la théorie de la traduction, dont Le Métier du double : Portraits de tra-ducteurs et traductrices francophones (Fides, 2005), finaliste du Prix Raymond-�libansky de la Fédération canadienne des sciences humai-nes, Writing Between the Lines. Portraits of Canadian Anglophone

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Translators (Wilfrid Laurier University Press, 2006) et trois volumes de poésie. Elle a été professeure invitée au Centro Interuniversitario di Studi Québecchesi de l’Université de Bologne, titulaire de la chaire d’invité Seagram à l’Institut d’études canadiennes de l’Université McGill et chercheure virtuelle dans le cadre d’un programme conjoint du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et de Patri-moine canadien. Grâce à une subvention du programme d’initiatives internationales du CRSH, elle dirige un projet, appuyé par Bibliothèque et Archives Canada et Bibliothèque et Archives nationales du Québec, qui a pour but d’encourager des échanges littéraires réciproques entre le Canada, l’Estonie, la République tchèque et la Roumanie.

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Table des matières

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .9

Agnès WhitfieldUniversité York

PREMIÈRE PARTIEBonheur d’occasion : Premiers parcours

Dans le froid de la poudrerie : Hannah Josephson et la traduction américaine de Bonheur d’occasion . . . . . . . . . . . 39

Agnès WhitfieldUniversité York

Une occasion de bonheur : le prix Femina de 1947 . . . . . . . . . . .61

Margot IrvineUniversité de Guelph

Bonheur d’occasion en Slovaquie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Zuzana MalinovskáUniversité de Prešov

A Poetics of Omissions or Omission of the Poetic? Gabrielle Roy’s Bonheur d’occasion in Swedish . . . . . . . . . . . . . 87

Cecilia AlvstadUniversity of Oslo, University of Gothenburg

Blikkfløyten : Caro Olden et la traduction norvégienne de Bonheur d’occasion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123

Bente ChristensenUniversité d’Oslo

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DEUXIÈME PARTIEBonheur d’occasion à l’aune du communisme

La rencontre de deux écrivaines : Gabrielle Roy et Elvira Bogdan, la voix roumaine de l’auteure canadienne . . 137

Rodica DimitriuUniversité Alexandru Ioan Cuza

Quelques observations sur la traduction russe de Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

Anna BednarczykUniversité de Łódz

Bonheur de lire ? Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy en tchèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

Jovanka ŠotolováUniversité Charles de Prague

Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy : la traduction lituanienne des noms propres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187

Regina �vašyte et Genovaite �aciuškieneUniversité de Šiauliai

TROISIÈME PARTIEBonheur d’occasion : Traversées interrompues

et dialogues nouveaux

La fortune de Gabrielle Roy dans le monde germanophone : un chemin sui generis qui fait l’impasse sur Bonheur d’occasion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197

Chiara BignaminiUniversité Jean Moulin Lyon 3

Gabrielle Roy et la Pologne : raisons d’une absence . . . . . . . . 229

Elzbieta SkibinskaUniversité de Wrocław

‘They’re Not Our Folks, Are They?’: Central and Eastern Europeans and The Tin Flute . . . . . . . . 245

Dana Patrascu-�ingsleyUniversity of Toronto

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Bonheur d’occasion, l’intertextualité et les œuvres de Reinaldo Arenas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259

Michael G. PaulsonUniversité de Miami

The Interlocution between Two (National) Solitudes: The Border within the Nation in Gabrielle Roy’s Bonheur d’occasion and Qiongqiong Yuan’s Jinshengyuan . . . . . . . . . . 271

Bennett Yu-Hsiang FuNational Taiwan University

QUATRIÈME PARTIETwo Solitudes : Lectures transnationales

Two Solitudes: Writing a French Novel in English:The Aesthetics of Minority Literature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 289

Madelena GonzalezUniversité d’Avignon

The Coming of Age in Translation: Two Solitudes in the Czecho-Slovak Context . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .311

�lára �olinskáMasaryk University

Hugh MacLennan’s Two Solitudes in Estonian: Its Sociopolitical and Cultural Message for Estonian Society . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325

Tiina AuninTallinn University

Translating Silence: Two Solitudes in Estonia(n) . . . . . . . . . . 337

Reet SoolUniversity of Tartu

Collaborateurs et collaboratrices / Contributors . . . . . . . . . . . 349

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