PARLONS CLAIR N°100 - février 2013

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Parlons clair numéro 100 Parlons Clair est un éphéméride mensuel de l’actualité internationale, sans prétention à l’exhaustivité, fait de commentaires brefs et incisifs, faciles à lire et stimulant la réflexion critique : nous disons ce que la « grande presse » de gauche et de droite, ne dit pas. Seule ligne éditoriale, les choix du « Collectif Polex », communiste, anticapitaliste sans ambages, anti-impérialiste sans concession : parce que le mouvement progressiste a trop souffert des dérives opportunistes, conciliatrices, nées du carriérisme politicien et de l’absence de principes. Nos analyses sont les points de vue personnels de communistes, signées de leurs auteurs, en toute responsabilité, en toute liberté, sans allégeance à l’égard d’une quelconque organisation, parti ou groupe : l’obéissance irréfléchie à des hommes, des états, des partis, comme s’ils ne pouvaient pas se tromper ou trahir leur idéal originel, a coûté très cher au mouvement révolutionnaire ; il n’y a pas de sauveurs suprêmes, dirigeants ou partis omniscients. La diversité des militants est une richesse.Ce bulletin mensuel électronique est envoyé chaque mois gratuitement à plus de 3300 abonnés. Il vous suffit de nous signaler votre volonté pour cesser de le recevoir(arrêt de souscription) . Mais vous pouvez aussi nous transmettre ( inscription ) l’e-mail d’un ami que cela peut intéresser, et vous reporter aux analyses détaillées de l’association sur son site ( http://www.collectif-communiste- polex.org/ ) . Notre seul souci est de stimuler la réflexion militante sur les questions internationales. SOMMAIRE Le Collectif communiste Polex demande l'arrêt de l'offensive de l'armée française au Sahel C'est aux Maliens et à l'Union africaine de rétablir la sécurité dans la région Hollande, « Dux Imperator » à la télévision française FRANCIS ARZALIER Le 6 février 2013, POLEX, en partenariat avec l’Ambassade de Cuba, organisait une rencontre-débat sur le thème : « Indépendance nationale et internationalisme en Amérique latine. Quels enseignements pour les pays européens ? » DOMINIQUE DIONISI République Tchèque : élections présidentielles OTA LEV SOMMAIRE BULLETIN LE COLLECTIF COMMUNISTE POLEX DEMANDE L'ARRÊT DE L'OFFENSIVE DE L'ARMÉE FRANÇAISE AU SAHEL C'EST AUX MALIENS ET À L'UNION AFRICAINE DE RÉTABLIR LA SÉCURITÉ DANS LA RÉGION

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BULLETIN DU COLLECTIF COMMUNISTE POLEX http://www.collectif-communiste-polex.org

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Parlons clair numéro 100

Parlons Clair est un éphéméride mensuel de l’actualité internationale, sans prétention àl’exhaustivité, fait de commentaires brefs et incisifs, faciles à lire et stimulant laréflexion critique : nous disons ce que la « grande presse » de gauche et de droite, nedit pas. Seule ligne éditoriale, les choix du « Collectif Polex », communiste,anticapitaliste sans ambages, anti-impérialiste sans concession : parce que lemouvement progressiste a trop souffert des dérives opportunistes, conciliatrices, néesdu carriérisme politicien et de l’absence de principes. Nos analyses sont les points devue personnels de communistes, signées de leurs auteurs, en toute responsabilité, entoute liberté, sans allégeance à l’égard d’une quelconque organisation, parti ou groupe :l’obéissance irréfléchie à des hommes, des états, des partis, comme s’ils ne pouvaientpas se tromper ou trahir leur idéal originel, a coûté très cher au mouvementrévolutionnaire ; il n’y a pas de sauveurs suprêmes, dirigeants ou partis omniscients. Ladiversité des militants est une richesse.Ce bulletin mensuel électronique est envoyéchaque mois gratuitement à plus de 3300 abonnés. Il vous suffit de nous signaler votrevolonté pour cesser de le recevoir(arrêt de souscription). Mais vous pouvez aussi noustransmettre ( inscription ) l’e-mail d’un ami que cela peut intéresser, et vous reporteraux analyses détaillées de l’association sur son site ( http://www.collectif-communiste-polex.org/ ) . Notre seul souci est de stimuler la réflexion militante sur les questionsinternationales.

SOMMAIRE

Le Collectif communiste Polex demande l'arrêt de l'offensive de l'arméefrançaise au Sahel C'est aux Maliens et à l'Union africaine de rétablir lasécurité dans la régionHollande, « Dux Imperator » à la télévision française FRANCIS ARZALIER

Le 6 février 2013, POLEX, en partenariat avec l’Ambassade de Cuba,organisait une rencontre-débat sur le thème : « Indépendance nationale etinternationalisme en Amérique latine. Quels enseignements pour les payseuropéens ? » DOMINIQUE DIONISI

République Tchèque : élections présidentielles OTA LEV

SOMMAIRE BULLETIN

LE COLLECTIF COMMUNISTE POLEX DEMANDE L'ARRÊT DE L'OFFENSIVE DE L'ARMÉE

FRANÇAISE AU SAHEL C'EST AUX MALIENS ET À L'UNION AFRICAINE DE RÉTABLIR LA

SÉCURITÉ DANS LA RÉGION

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Les communistes ne peuvent avoir aucune complaisance pour les groupes armés intégristes qui ontimposé par la terreur leur volonté aux populations du Nord-Mali. Cette nébuleuse de groupes armés,formés de combattants et de chefs de guerre de diverses nationalités, est bien armée grâce auxbénéfices des trafics qu’ils pratiquent au Sahara depuis des années (de migrants, de drogue, d’otagesrançonnés) et à l’aide financière des monarques pétroliers arabes du Golfe, d’inspiration intégriste (etproches des USA et de l’Occident), le Qatar et l’Arabie Saoudite. Les groupes « djihadistes » du Nord-Mali, très divers, ont en commun l’idéologie intégriste, instrumentalisation de la religion musulmane auprofit d’une vision politique ultra-réactionnaire. L’intégrisme « djihadisme-islamisme » n’est pas unevariété de l’Islam, c’est une forme de fascisme contemporain au pays musulman, dirigé avant toutcontre les peuples du continent africain et du Moyen-Orient, avec la complaisance, et parfois le soutiendirect des puissances politiques et financières de l’Occident (Qatar, et derrière lui, les USA !) : ce fut lecas au Maghreb, en Egypte ; c’est le cas en Syrie et au Sahara malien aujourd’hui.

Nous comprenons fort bien le désir de la grande majorité des Maliens de se débarrasser, y compris parles armes, des bandes armées et délinquantes qui ont envahi le nord du pays. Mais cela ne peut nousfaire approuver l’intervention militaire de la France, qui a affirmé dès les premiers jours aller bien au-delà de l’aide ponctuelle annoncée par le Conseil de Sécurité de l’ONU : le Président Hollande et legouvernement Ayrault mènent une guerre, avec des milliers de soldats français, dont les objectifsaffirmés sont la reconquête de l’immensité saharienne, sans limitation dans l’espace ni dans le temps.La France, puissance impérialiste en déclin, veut y restaurer ses prérogatives de « chasse gardée »militaire (bases, et accords d’encadrement et d’ingérence), diplomatique, et plus encore économique(minerais et sources d’énergie). Toujours imprégnée de son passé colonial, la France officielle, qu’ellesoit dirigée par la droite ou le Parti Socialiste, veut écarter de ce pactole les nouveaux concurrents,surtout les Chinois (déjà présents au Niger, ou en Algérie), y compris par la guerre, comme en Libye.

Ces objectifs de l’impérialisme français sont aventureux sur le plan militaire : malgré les coups declairon nationalistes des journalistes dévoués à tous les pouvoirs, droite et PS, la guerre au sol peutdurer des années face à une guérilla intégriste. Nous ne pouvons que nous féliciter de voir le syndicatdes journalistes dignes de ce nom, SNJ-CGT, dénoncer courageusement le « ton va-t-en-guerre » etles « images d’Épinal » que nous déversent tous les jours les télévisions et radios publiques et privées.

Les objectifs français sont tout autant irréalistes sur le plan géopolitique. La France impérialiste n’a plusles moyens de mener cette reconquête africaine avec ses seuls moyens et à son seul profit. Comme cefut le cas à l’issue de la guerre en Libye, cela ne pourra aboutir qu’à la création d’une zone d’influencesahélo-saharienne au profit de l’Occident en général, et en premier, de l’impérialisme étatsuniendominant.

Nous n’ignorons pas les concurrences entre impérialismes occidentaux en Afrique du Nord-Ouest. Maiscela ne peut en aucun cas nous entraîner à approuver l’impérialisme français contre celui deWashington, Doha et Riyad, instrumentalisant les mouvements intégristes. Nous sommes opposés àtoute forme d’impérialisme, à commencer par celui de notre propre gouvernement.

L’entrée en guerre de la France est une hypocrite manipulation de l’opinion : le pouvoir socialiste alancé et poursuivi, seul, la guerre au Mali pour redorer son blason en faisant oublier dans une aventureconsensuelle (avec l’appui de la droite et du Front National !) la politique d’austérité, de destruction desindustries, de « flexibilité », dont il est responsable.

A l’issue de deux semaines de guerre, l’offensive des groupes armés intégristes vers le sud du Mali, quia servi de justification initiale à l’intervention française, n’existe plus. Nous sommes donc, plus encorequ’auparavant, opposés à la guerre de conquête menée par la France au Sahara.

La capacité de nuisance des groupes armés intégristes au Nord-Mali reste grande. La France, ex-puissance coloniale, n’est pas qualifiée pour reconquérir cet espace à son profit, pas plus que les autrespuissances occidentales, ou leurs affidés africains de la CEDEAO (Ouattara, Compaoré, etc.).

Les seuls qualifiés à décider du sort du Mali sont les citoyens maliens et leurs représentants librementdésignés, dès que possible.

Le rôle des partenaires extérieurs, France, USA, CEDEAO, ne peut être en aucun cas de profiter del’état de faiblesse de l’état malien pour s’en rendre maîtres. Elle peut être tout au plus d’aider à lareconstruction des forces armées du pays, à sa survie économique, et plus tard à son développementéconomique et notamment industriel : n’oublions pas que l’effondrement des états africains a été,notamment au Mali, la conséquence des privatisations et de l’austérité budgétaire imposées par le FMI.Et le sous-développement, le chômage, la pauvreté et l’émigration qui en découlent sont la source del’intégrisme.

L’action pour débarrasser le Nord-Mali et le pays dans son ensemble des groupes armés intégristes nepeut être le fait que des Africains qu’ils menacent, sous le strict contrôle de l’Union Africaine et non pasde la seule CEDEAO, et concertée entre tous les pays riverains concernés (Mali, Mauritanie, Algérie,Niger, Nigéria, etc.), en aucun cas soumise aux volontés des puissances occidentales. La Chine, laRussie, l’Amérique Latine, l’Afrique du Sud, etc. sont tout aussi concernées par cette situation que laFrance ou les USA, et doivent pouvoir l’exprimer dans le cadre de l’Assemblée Générale de l’ONU.

COLLECTIF COMMUNISTE POLEX Paris, le 31 janvier 2013

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HOLLANDE, « DUX IMPERATOR » À LATÉLÉVISION FRANÇAISE

Il y a deux mille ans, les généraux de l’Empire romain, revenus de leurs sanglantes conquêtes enGermanie barbare, étaient admis à recevoir « le triomphe » avec leurs légionnaires dans Rome, àtraverser la « ville éternelle » aux applaudissements d’une plèbe enthousiasmée par le pillage etl’esclavage des provinces vaincues. Le chef de guerre victorieux pouvait alors se faire proclamerEmpereur à la tête de ses armées.

Notre Président, qu’on disait auparavant Flanby, se prend aujourd’hui pour César. Il a organisé lui-même son triomphe au Mali « libéré », avec le concours des télévisions hexagonales à son service : onn’est jamais mieux servi que par soi-même, et ses larbins. Ils ont encensé jusqu’à la nausée le « Chefde guerre » : ses avions ont aplati quelques dizaines de véhicules tous terrains, tant qu’ils étaientconcentrés à Gao, et ailleurs ; ses soldats, venus de France ou des pays voisins, ont roulé jusqu’àTombouctou sans un coup de feu quand les baroudeurs narco-djihadistes se sont égayés dans ledésert, refusant le combat inégal. Nos spécialistes chevronnés de la brosse à reluire à la télévision, quidéshonorent le métier de journaliste, ont commenté en boucle les images de Hollande « libérateur duMali », descendant de l’avion au milieu d’officiels empressés, l’enthousiasme en gros plan de quelquescitoyens de Tombouctou et leurs « mamans » hurlant leur joie de voir revenir les colons « toubabous ».Ceux parmi nous qui connaissent un peu Bamako ont à l’inverse, remarqué quelques rares vues de« trottoirs » défoncés, vierges de spectateurs, quand passait le cortège « hollandais », et d’une Placede l’Indépendance à moitié vide quand le « chef » venu de Paris délivrait son message ampoulé devictoire. Décidément, le ridicule ne tue plus, à Bamako ni à Paris.

Une simple suggestion à notre Président, à ses ministres : pourquoi ne pas aller tenter un triomphetélévisé devant nos usines qui ferment, à Florange, à Aulnay, à Amiens, clamer aux chômeurs que l’onn’a pas d’argent pour les salaires ou les retraites, ni quelques centimes pour les RMIstes, puisqu’il fautbien trouver les milliards nécessaires pour défendre les intérêts des actionnaires d’Areva, ceshumanistes…

FRANCIS ARZALIER

SOMMAIRE

LE 6 FÉVRIER 2013, POLEX, EN PARTENARIATAVEC L’AMBASSADE DE CUBA, ORGANISAITUNE RENCONTRE-DÉBAT SUR LE THÈME :

« INDÉPENDANCE NATIONALE ETINTERNATIONALISME EN AMÉRIQUE LATINE.

QUELS ENSEIGNEMENTS POUR LES PAYSEUROPÉENS ? »

Cette initiative réunissait 75 personnes, dont de nombreux jeunes (17 à 35 ans). On notait que 12nationalités, sans compter Cuba et la France, étaient représentées dans la salle Alejo Carpentier :Italie, Espagne, Venezuela, Bolivie, Canada, Arménie, Liban, Syrie, Mexique, Belgique, Equateur,Algérie.

Orlando Réquiero Gual, Ambassadeur de Cuba, ouvrait la rencontre en présentant le bilan de la 3èmeassemblée générale de la CELAC (Communauté des Etats Latino-Américains et Caraïbéens) qui réunitles 33 pays de cette zone du monde et compte 600 millions d’habitants. A l’exception des USA et duCanada, délibérément mis à l’écart dès la création de la CELAC, en Décembre 2011 à Caracas. Un actehistorique de portée mondiale.Exposé d’une très grande clarté et d’une richesse d’informations sur le sujet contrastant avec le silenceassourdissant de tous les médias français sur le sujet. A l’issue des débats, de nombreux participants –notamment les plus jeunes - n’ont pu s’empêcher de dire leur désapprobation des méthodes de lapresse dès qu’il est question des progrès notoires de la démocratie en Amérique latine. Françoise Germain-Robin, journaliste (L’Humanité), très au fait de l’épineux sujet du nationalisme etdes séparatismes en Belgique, mettait en lumière les origines et les conséquences politiques de ces

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phénomènes dans ce pays mais aussi, par exemple, en Espagne ou en Italie. Dominique Dionisi, membre du Bureau du Collectif communiste POLEX, exprimait la position de celui-cisur l’internationalisme, le patriotisme et l’indépendance nationale.

Voici l’intégralité de sa déclaration, au nom de POLEX :

Comme nous tenons à le rappeler à chaque fois que l’occasion se présente, le propos de POLEX n’estpas de prétendre à une quelconque affirmation péremptoire sur ce que doivent être les choix politiquesdes pays mais il est des principes fondamentaux qui sont les piliers de POLEX et que nous considéronsêtre, en même temps, les meilleures armes contre la barbarie et la garantie de l’exercice le plus largede la démocratie et du droit des peuples et des pays à disposer, eux-mêmes, de leurs avenirsrespectifs.Ces principes fondamentaux sont :La lutte contre tous les impérialismes, d’où qu’ils viennent et quelles que soient leurs motivations.Le respect de l’expression patriotique, à ne pas confondre avec le nationalisme étroit dont,malheureusement, différentes formes ont abouti au fascisme, au nazisme. Nous verrons que si lesecond n’est plus à la tête ne serait-ce que d’un seul état dans le monde, il n’en est pas de même pourle fascisme. Ou plus exactement les différentes formes de ce dernier. L’internationalisme dont la solidarité internationale entre tous les peuples est l’une des applications lesplus perceptibles.Et comme nous le disons dans le nom même de notre collectif, Collectif communiste POLEX, nousaffirmons clairement et sans ambiguïté que pour atteindre cette forme de société, le combat pourtoujours plus de progrès économique, social et culturel ne peut se mener et aboutir sans avoir commeobjectif le renversement du système capitaliste qui, lui, ne connaît qu’un internationalisme, celui de lafinance concentrée entre les mains de toujours moins de décideurs.

0,0001% de la population mondiale possède près de 33% des richesses mondiales.

Etre anti-impérialiste est le comportement le plus digne que puissent avoir un humain, un groupe ouune nation à l’égard de leurs alter ego. En effet, comment peut-on affirmer qu’on respecte le droit d’un peuple à vivre sur ses terres et selon lemode d’organisation dont il s’est doté quand on use contre lui d’armes de destruction massive aussidiverses que le « gaz moutarde », des pangermanistes mise au point par les laboratoires BAYER avantla 1ère guerre mondiale, « l’agent orange » et le napalm étasuniens contre les populationsvietnamiennes, les chambres à gaz des nazis contre les populations de religion juive ou, encore et toutautant criminel, le blocus imposé par les USA contre le peuple cubain, ou Israël contre le peuplepalestinien ?! Je rappelle que les USA et Israël agissent dans le plus grand mépris des condamnations officielles del’ONU.

L’impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme sont bien aux antipodes du combat pour ladémocratie quand des chefs d’états et de gouvernements occidentaux, choisissent à la place d’unpeuple qui sera le président, même par intérim, de tel ou tel autre pays. Tout cela sous couvert dudiscours « droitdelhommiste ». Un exemple tout récent concerne directement la France :Comment peut-on se dire soucieux du bonheur d’un peuple, même géographiquement éloigné, quanddans un pays on arme et finance des groupes fascistes cachés derrière l’argument religieux et dans unautre on combat ces mêmes groupes ?

Être patriote, cela voudrait-il dire que les antifascistes italiens, tués par les « chemises noires » deMussolini ou les républicains espagnols opposés jusqu’à la mort aux troupes de Franco (le comparse duprécédent et d’Hitler) ou les résistants grecs qui payèrent un très lourd tribut à la lutte contre lenazisme, auraient été des êtres à l’esprit fermé, aux idées les plus réactionnaires, les plus réfractairesau progrès social ?Absolument pas ! Ils en étaient le contraire.

Et que dire des Résistants en France dont le programme du CNR fait toujours trembler d’effroi leMEDEF!!

Le patriotisme est l’expression la plus claire de l’amour qu’on porte à la terre qu’on a sous les piedsparce qu’on y vit et qu’on y travaille. Les portraits de la fameuse « Affiche rouge » sont ceux depolonais, de hongrois, d’italiens, d’un arménien, d’un espagnol. Ils appartenaient à ce qu’on a appelé la« M.O.I », la Main d’Oeuvre Immigrée. Tous vivaient et travaillaient en France.

Il ne faut pas oublier que le nationalisme est très souvent imprégné d’idées rétrogrades et toujoursdirigées contre l’autre. L’autre, c’est LE responsable de tous nos malheurs alors que le système économique dominant en estla source. C’est alors qu’apparaissent les tentations de séparatisme et le discours nationaliste. Surtout quand on ne veut pas regarder plus loin que le bout de son nez. Ou qu’on vous en empêche en censurant l’information.

Au sujet de la censure de l’information, je voudrais ouvrir une parenthèse et saluer, ici, le syndicatSNJ-CGT des journalistes. Il a été amené, récemment, et à ma connaissance il est le seul syndicat dela profession à l’avoir fait, à dénoncer la façon déshonorante, honteuse mais pas du tout innocente àlaquelle les médias nationaux se sont pliés dans le traitement de l’information concernant l’intervention

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militaire française au Mali. Il y a quelques jours, Françoise GERMAIN-ROBIN me disait : « On en sait bien plus sur le sujet enécoutant les radios et télés belges !! ». Je referme la parenthèse.

Dès qu’on élève un peu son regard et sa pensée on est déjà plus proche de celui qui est de l’autre côtédu fleuve ou de la montagne mais aussi parfois à des milliers de kilomètres.

Et, ce n’est pas un hasard si, en Europe, les mouvements séparatistes se retrouvent toujours aux côtésde racistes et de xénophobes qui prônent toujours l’exclusion. Des séparatismes dont le ressort estpresque toujours l’égoïsme régional et le refus de la solidarité nationale.

C’est bien quand on va vers l’étranger ou quand on le reçoit que naît la prise de conscience de ladimension internationale de l’existence humaine. L’internationalisme ne peut se penser sans lasolidarité internationale qui lui donne sa taille humaniste.

C’est ce que des gouvernements progressistes latino-américains soutenus par la grande majorité deleurs compatriotes ont assimilé et mis en pratique malgré leurs situations internes plus que difficiles. Jeveux parler de Cuba, du Venezuela, entre autres, mais on pourrait aussi évoquer le Brésil, l’Equateurou la Bolivie.

Pourquoi ces pays, aux superficies très différentes comme, par exemple, le Brésil et l’Equateur ont-ilsété capables, malgré leurs différences de niveau de développement, malgré leurs langues différentes,malgré les choix politiques différents de leurs populations respectives, de se retrouver dans une mêmeassemblée, la CELAC ?

C’est de la rencontre et de l’échange pacifiques, non colonialistes et non impérialistes desdifférences que naît l’enrichissement de tous. Quelques exemples de solidarité internationale, expression la plus visible de l’internationalisme, auservice des humains et non pas de celui des intérêts financiers d’un petit nombre:

Des centaines de médecins cubains interviennent depuis des années en Haïti et bien avant qu’untremblement de terre, des cyclones et des pluies diluviennes aient quasiment détruit cette île.Des associations qui organisent le convoyage de bateaux remplis de médicaments, de vêtements et devivres pour le peuple palestinien en faisant fi des canons israéliens.Des centaines de milliers de femmes et d’hommes qui, de par le monde, signent des pétitions etmanifestent pour la libération, aussi bien, de Nelson Mandela, de Mumia Abu-Jamal, le journaliste afro-étasunien, des 5 Cubains que nous appelons familièrement « Les Cinq de Miami », des palestiniensemprisonnés dans les geôles israéliennes ou, en remontant dans le temps, je peux aussi citer Sacco etVanzetti, Ethel et Julius Rosenberg. Plus avant encore, la lettre que Victor Hugo adressait à José Marti dans laquelle il apportait son soutienaux femmes cubaines.

Sans oublier, bien sûr, les emblématiques Brigades internationales composées d’hommes venus de biendes points du globe, entre 1936 et 1939, pour combattre le fascisme et parfois mourir loin de chez eux.

Aujourd’hui en Europe, cette Europe supranationale dont les vrais dirigeants, les « fameux »Commissaires européens, qui ne sont pas élus par le peuple mais qui, servilement, obéissent auxordres des lobbyings financiers et industriels internationaux, mènent droit dans le mur toutes leséconomies nationales, Portugal, Italie, Grèce, Espagne, et maintenant la France, la Belgique,l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Irlande leur emboîtent le pas.

Là, pas question d’internationalisme !!

Ou, plutôt, si, mais celui de l’argent, des banques, des fonds de placements tous plus « toxiques » lesuns que les autres.

Cette dictature de l’argent, du profit, qui étouffe les populations, qui désindustrialise à tout va (en 10ans, la France a perdu 700 000 emplois dans le secteur métallurgie et sidérurgie) et qui voit chaquejour, oui je dis bien chaque jour, deux agriculteurs français mettre fin à leurs jours et, ce, depuis desannées, cette dictature de « l’internationale de la finance » sait très bien que le plus grand obstacle àla poursuite de son entreprise est le droit des peuples et des nations à disposer d’eux-mêmes.

C’est pourquoi cette dictature financiariste veut effacer les états-nations de la carte européenne.

Paradoxalement, l’Amérique latine dont chacun des pays a souvent connu une évolution différente - leshistoires respectives du Mexique, de l’Argentine ou de l’Uruguay en attestent - et depuis un an,maintenant, ce sont tous les pays latino-américains et caraïbéens qui, dans le respect de leurshistoires, de leurs monnaies respectives et de leurs choix politiques, se sont engagés, au-delà de touteconsidération d’ordre idéologique dans la construction de la CELAC.

Les gouvernements chiliens et cubains n’ont pourtant pas beaucoup de points communs mais c’estensemble et avec tous les autres états qu’ils ont décidé de tenir les USA et le Canada (donc la GrandeBretagne) hors de la CELAC.

Ce constat me ramène, pour conclure, à la question posée dans le titre de cette rencontre-débat : Quels enseignements pour les pays européens ?

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Nous sommes là pour en débattre amicalement et dans le respect des uns et des autres.

Je vous remercie.

DOMINIQUE DIONISI

SOMMAIRE

RÉPUBLIQUE TCHÈQUE: ÉLECTIONSPRÉSIDENTIELLES

Les élections présidentielles en République tchèque ont eu lieu en janvier 2013. Les présidents de laRépublique tchécoslovaque, et à partir de 1993 de la République tchèque, ont été élus jusqu´à présentpar le parlement. C'est la première fois que le président de la République est élu par les citoyens. Pourêtre candidat, il faut être proposé par 20 députés ou 10 sénateurs ou 50 000 citoyens.

Au premier tour, neuf candidats ont été enregistrés. Le Parti démocratique civique (PDC) a proposé sonvice-président (auparavant président du Sénat), le TOP 09 son président, également ministre desaffaires étrangères; le Parti social démocratique (PSD) son vice-président et sénateur, un personnagepopulaire; le parti communiste (PCBM) a finalement décidé de ne pas proposer de candidat pour ne pasdiviser les forces de gauche; le Parti chrétien démocratique (PCD) a proposé une eurodéputée; deuxpetits partis et un mouvement non parlementaires ont également proposé leurs candidats.

RÉSULTATS DU PREMIER TOUR

Les candidats au second tour étaient : le candidat de gauche, Miloš Zeman du PDCZ (24,21 % de voix)et le candidat ultra Charles Schwarzenberg du TOP 09 (23,40%). L´ancien président du cabinet destechnocrates est troisième avec 16,35 % et le candidat du PSD quatrième avec 16,12 %. Les cinqautres candidats ont obtenu un faible pourcentage. Le candidat du PDC n´a obtenu que 2,46 %. C´estune nouvelle débâcle après les élections régionales et sénatoriales pour le PDC qui, après 1989,représentait le principal parti de droite.

Entre les deux tours, la droite a attaqué toutes les forces de gauche, surtout le PCBM, et a glorifié leprince Schwarzenberg, l´homme qui a en 1948 quitté la République avec ses parents. Il est rentré aupays après le renversement du régime en 1989 et on lui a restitué châteaux, champs, forêts et étangs.Il est ainsi devenu un des hommes les plus riches du pays. Après avoir été chancelier présidentielauprès de Václav Havel (1990-1992), il s´est mis aux affaires économiques. Devenu sénateur, proposépar un petit parti de droite, il a été, à partir de 2007, ministre des affaires étrangères proposé par lesVerts. En 2009, il était un des fondateurs du parti ultra TOP 09 dont il est le président. Il est partisandu cléricalisme catholique et le continuateur de la politique antipopulaire de Václav Havel. Il estsoutenu par les représentants de la grande bourgeoisie tchèque et glorifié en Allemagne et en Autrichesurtout par les organisations des Allemands transférés de la Tchécoslovaquie. Une violente propagandea été menée contre le PCBM et M. Zeman qui avait le soutien du PCBM. Dans certaines régions, ont eulieu les manifestations de protestation contre les coalitions régionales avec les élus du PCBM. Ledimanche, les protestations ont culminé par une manifestation à Prague au cours de laquelle on a puvoir deux cents manifestants avec des transparents grossièrement anticommuniste "Que périssent lescommunistes révolus, contemporains et futurs". Les manifestations en Bohême sud contre l´institutricecommuniste élue et chargée de gérer le secteur de l´enseignement se sont transformées enmanifestations contre la coalition régionale PSD – PCBM. L´institutrice a entendu à son adresse desmots tels que "Crève!“ "La mort"! ... Ces manifestations fascisantes rappelaient les années trente dusiècle passé.

Au cours de la campagne électorale, M. Zeman a obtenu le soutien du PCBM et des syndicats, duprésident de la République, un soutien plutôt indifférent du PSD et de deux candidats présidentiels quiont échoué au premier tour. M. Schwarzenberg a obtenu le soutien des riches, de la presque totalitédes médias, d´une grande partie des jeunes, des étudiants qui étudient l´histoire récente etcontemporaine déformée, d´une partie assez grande des citoyens de certaines grandes villes et denombreux artistes.

Au second tour des élections, le taux de participation n'a été que de 59,1 %. M. Zeman a obtenu2,717.405 voix (54,8 %), et son rival 45,2 %. Le jour de sa victoire, M. Zeman a proclamé qu´ilvoulait devenir le président des citoyens pauvres. Il a dit également que "chaque président doitrespecter le gouvernement issu des élections libres“

UNE SITUATION ASSEZ DIFFICILE

La situation politique après les élections est assez difficile. Le président de la République et le Sénatsont orientés plutôt à gauche, le gouvernement s´appuie sur la Chambre des députés dans laquelle lamajorité en faveur du gouvernement n´est plus tout à fait stable. Il faut prendre également enconsidération que l´adversaire voudra utiliser les centaines de milliers de voix obtenues pour imposer

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sa politique droitière dans le pays, notamment dans le domaine de la politique extérieure. Au contraire,le président de la République aura la possibilité de s'appuyer sur les éléments progressistesparlementaires et non parlementaires pour répondre aux intérêts des citoyens les plus pauvres.

OTA LEV

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