Parceque #2

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Numero special CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES De la Musique The XX, The Do Du Spectacle «Ce soir, c’est Burlesque» Black Swan Psycho Quand les muscles s’en mêlent Mais aussi Philippe Delerm Le Fauroscope de Printemps

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PARCEQUE#2 le magazine qui dessine

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Numero special CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

De la MusiqueThe XX, The Do

Du Spectacle«Ce soir, c’est Burlesque»Black Swan

Psycho

Quand les muscles s’en mêlent

Mais aussiPhilippe Delerm

Le Fauroscope de Printemps

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8 Mars, journée de la femme. Ca tombe bien, ça fait deux mois qu’on prépare un numéro qui s’insurge pour leur protection ! C’est bien fait, la vie, quand même.Et puis c’est vrai, on avait dit avril, et puis finalement, on avait trop de trucs à vous raconter, déjà. Il fallait que ça sorte. Alors on s’est dit mars, c’est bien aussi. Et puis pour continuer dans les surprises, vous n’aurez pas le loisir de trouver dans ce nu-méro beaucoup de ce qui avait été annoncé dans le #1, mais c’est pas grave, nous on aime bien changer d’idée au dernier moment. Ca pimente le quotidien. C’est ça la vie. Tomber sur ce qu’on n’attendait pas, mais le faire avec conviction.Trois mots d’ordre pour ce numéro (un seul, ce serait trop cliché). Campagne contre les violences faites aux femmes, que vous pourrez apprécier avec l’interprétation de nos illustrateurs. Musique, car oui, cette promesse-là, on l’a bien tenue ! Et enfin, une petite nouveauté chez PARCEQUE, une première collaboration avec le webzine l’Intermède, qui nous prête un de ses articles pour l’occasion.Alors bonne lecture, et vive les femmes, parce-que, comme dirait Bartholomé, di-recteur de la rédaction de l’Intermède, «Si on dit LA femme vous allez encore nous engueuler et nous dire que la femme n’est pas UNE, mais une infinité de femmes possibles». C’est vrai, merde !

EDITOPar Carole Sertimoun

PARCEQUE,le magazine qui dessine

Rédactrice en chef : Carole Sertimoun.

Articles : Anne Lauerffer, Angela Bonnaud, Gilles Seiller, Khamsin, Margaux Perez, Mister Fly, Rémi Meunier, Tony Querrec, Mathieu Gue-guen, Marion Genaivre & Bartholomé Girard, Sultana Taieb, Thibaut Coquerel, Carole Serti-moun.

Illustrations : -Lauren Zeitoun (dessin édito)www.lesbullesdelo.com-Laure Pigeon (Rachid, 38 ans, Quand les muscles s’en mêlent, Les oiseaux du Sommaire)www.laurapigeon.com-Alexandra Compain-Tissier (Les nouvelles de Philippe Delerm)www.alexandracompaintissier.com-Agathe Parmentier (The XX)agatheparmentier.ultra-book.com-Marine Hardouin (C’est burlesque)everybodyelsewasfine.com-Chloé Terny (Les petits Violons)chloe-terny.blogspot.com-Coline Poulette (Sébastien, 31 ans, FNE-OGM)-Jean-Philippe Kessler (FNE-Gros menteur)www.jpk-graph.com-Tim (Le lac des signes)www.acupoftim.com-Anne Laeuffer (La violence normale vue d’Ou-tremer)-Patrick Paufert (Romain, 28 ans)patrickpaufert.com-Eva Rodriguez (Les étiquettes, ça pique, Alexandre, 28 ans, Pub Fondation Abbé Pierre )jaimelerouge.blogspot.com-Rougerune (Engagez-vous!, Histoire de trot-toir)www.rougerune.com-Julie Olivier (Fauroscope)www.julie-o.fr-Marius Guiet (The Do, Adama, 31 ans - ci-contre)-Vanessa Wullhien (Maurice, 52 ans)www.wix.com/vanessawullhien/vanessawullhien-Carole Sertimoun (L’indhippy, Pub L’intermède)

Maquette : Carole Sertimoun

Couverture : «Man-Woman-Bird», acrylique sur toile, 2008, du peintre New-yorkais Winston Ch-mielinski (détail)www.wi-ch.com

Pour nous contacter : [email protected]

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SommaireACTU

04 Les News Vues par la Rédaction

MODE08 Tendance Indhippy

CINEMA10 Le lac des signes

J’Y ETAIS14 Ce soir, c’est burlesque !

ARTICLE THÉMATIQUE16 La violence normale vue d’Outremer

PORTFOLIO22 Vous, les femmes.

LITTERATURE30 Les nouvelles de Philippe Delerm

PSYCHO34 Quand les muscles s’en mêlent

MUSIQUE38 The XX, ces petits Londonniens

qui secouent la pop40 Engagez-vous !

46 The Do48 Les étiquettes, ça pique

CHAMP LIBRE52 Histoire de trottoir

ASTRO54 Fauroscope de Printemps

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Les news vues par la rédaction

La Bretagne, ça vous gagne ! Par AgatheVous connaissez la dernière ? Selon un récent sondage, eh bien non mesdames et messieurs, non, ce ne sont pas nous, les bretons, les plus alcoolos de notre chère et tendre contrée ! Et tiens, prends ça, toi, parigot, souillant la réputation de ton com-patriote «provincial» comme tu aimes tant ainsi le nommer ! Ce petit sondage traitait des consommateurs excessifs, de ceux qui s’enquillent plus de trois verres par jour. Résultat : l’oscar est allé à nos petits gars du Nord (contre-coup des Chtis de Danny oblige! ). Nos amis du sud, quant à eux se collent en seconde place ! A croire que la petite brise du sud, ça donne soif. En attendant c’est apparement quand même chez nous qu’on se prend le plus de cuites, on fait peu mais on fait mieux ! A bon enten-deur, salut ! (source : Rue89)

Magnitude 8,9. Par MathieuUn chiffre à la hauteur des images que nous avons pu voir ces derniers jours. Alorscertes, la catastrophe humaine et matérielle est considérable, mais elle pourrait biendevenir écologique. En effet, le monde entier est suspendu aux lèvres des autorités Japonaises concernant les risques nucléaires, plus préoccupants d’heure en heure,notamment à Fukushima où plusieurs explosions se sont faites entendre dimanche 13 et lundi 14 mars. Le séisme aurait, selon l’ONU, déjà fait 10 000 victimes et le risque nucléaire grandissant a poussé le gouvernement Japonais à faire évacuer près de 590 000 personnes. Un événement dramatique qui nous rappelle que non, n’en dé-plaise à Descartes et Jésus, l’Homme ne domine pas la nature. Nous pensons à eux.

The sound of glass. Par CaroleUne plaque de verre. C’est ce à quoi ressemblent les enceintes hifi du futur. Un futur proche puisque Greensound Technology s’aprête à les commercialiser aux États-Unis. Floe, comment ça marche ? C’est bien simple, chaque partie de la vitre vibre à une fréquence différente. Il fallait y penser. Bon, question encombrement, c’est une autre histoire : 124,5 cm de haut et 36 kg pour 25 W, au moins, vous ne risquez pas de vous la prendre au réveil, même si elle est impeccablement lavée...

Illustrations Agathe Parmentier et Carole Sertimoun

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Un bout d’Histoire en direct. Par Angéla On nous parle de monde attentiste et sédentaire. Ce monde qui tourne pas rond. Sur-tout de ces jeunes qui se laissent soi disant aller. En tout cas, la jeunesse arabe, elle n’a pas décidé d’attendre, elle a choisit d’agir. Tunisie, Algérie, Libye. La révolution a lieu. Au prix de la liberté dans leur pays, ils donnent leur vie. Pendant qu’une minorité attend peut-être, il y en a une majorité qui en ce moment fait bouger le monde, et construit l’Histoire.

Accorder nos violons. Par ThibautLe manque de cohérence de notre diplomatie à l’international est cer tainement « l’événement » m’ayant le plus marqué ces dernières semaines. Peut-on actuellement être fier d’être français? Cette question revient souvent ces temps-ci, et je ne le sais même plus moi-même à vrai dire. Cela va à mon sens au-delà de nos convictions po-litiques personnelles. Depuis les propos controversés de Michelle Alliot-Marie sur la crise tunisienne puis son remplacement, aucune ligne claire ne semble être suivie par notre gouvernement. Le projet d’intervention aérienne en Libye défendu par notre président, en contradiction avec le discours pacifiste tenu par notre nouveau ministre des affaires étrangères deux jours avant en est un parfait exemple. Peut-être serait-il temps de nous accorder, et de respecter nos valeurs de pays des droits de l’homme pour agir, au lieu de faire n’importe quoi au nom de ce même pays?

Brit’ en fuite. Par BartholoméAvant sa sortie mondiale, prévue le 29 mars, le nouvel album de Britney Spears a fuité sur le net. Un septième opus en douze chapitres pop, qu’on promettait plus proche des sonorités électro et urbaines de ‘Blackout’, sorti en 2008, que de la pop commerciale de son précédent album, ‘Circus’. Le résultat n’est ni l’un ni l’autre : une triple dose de dancehouse survoltée, voix trafiquées à l’infini et montage au scalpel pour faire résonner les 472 effets sonores dont ce ‘Femme fatale’ (celui qui a trouvé ce titre est prié de sortir de la salle) est truffé. Avec plus ou moins de bon goût. Heureusement, l’avant-dernier morceau, le brillant ‘Gasoline’, nous rappelle que c’est quand Britney fait l’amour à son micro qu’on l’aime plus que tout.

Nécrophilie musicale. Par GillesPeter Hook était le bassiste de Joy Division dont le chanteur Ian Curtis se suicide en 1980. Joy Division mute en New Order. 32 ans après le premier album de Joy, «Unknown Pleasures», Peter Hook, qui doit sans doute avoir des frais d’avocats à honorer, se dit que ce serait une bonne idée de faire une tournée pour jouer l’album en public avec des musiciens inconnus. Résultat ? Peter est bassiste, pas chanteur, malgré ses efforts, il a le charisme et la présence scénique d’un animateur de fête de village, et les arrangements sur certains morceaux sont désastreux. Les chansons plus punk méritaient tout de même le coup d’oeil, mais, globalement, c’est un gâchis sans appel d’un album culte. Pauvre Ian, voir son œuvre ainsi torturée...

PARCEQUE #2 / Mars 2011 / NEWS / 05

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C’est l’air nouveau que l’on attend tous, celui qui s’apprête à chambouler notre été. Un revival peut-être indécent mais non loin d’être inintéressant. Une tendance ethnique où les nomades nous

inspirent de leurs tenues confort, de leurs superpositions et de leurs étoffes toutes douces. Comment oser la version urbaine ?

La réponse ne se fait plus attendre.

Texte : Rémi Meunier // Illustration : Carole Sertimoun

Tendance

Indhippy

08 / MODE / Mars 2011 / PARCEQUE #2

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IL Y A DES CHOSES que même la pluie et le froid ne peuvent nous enlever. Assis, ligne 6, entre Place d’Italie et Denfert-Rochereau, c’est à l’été auquel je pense. Une envie soudaine de faire l’impasse sur le printemps (trop de mi-saison tue la mi-saison). J’ai bien évidement penser à la « it-tenue » de l’été (après celle de l’hiver), je me suis gratté la tête, posé des questions sur qui ? Pourquoi et comment ? Et j’ai enfin une piste à vous soumettre.

Mon flair fashion se tourne vers un courant oublié, parfois montré du doigt pour des idées bercées de marijuana mais un courant infaillible sur le domaine mode, je le nommerais Indhippy (le « y » pour la sauce anglaise). Une contraction sensible du mot indien et hippie. Il ne s’agit pas de l’Indien curry ni du hippie vu et revue, pantalon pattes d’éph, che-veux long, lunettes rondes fumées, amateur de That 70’s show, mais de l’Indien des Appalaches et du hippie de Woodstock. Ah la belle époque !

L’Indhippy c’est tout d’abord un état d’esprit. Promenades hautement philosophiques dans de grandes plaines baignées de soleil, des champs de blés brassés par une brise légère. Une clope (ou autre) à la bouche, on n’hésite pas à se ba-lancer sur du Janis Joplin, du Joan Baez ou du Ravi Shankar. On ne critique plus le système, tout simplement parce qu’on s’en fout et que nos discussions légères ont le pas sur la politique actuelle décadente. L’Indhippy c’est se remémorer tous ces souvenirs que l’on n’a pas vécu à Woodstock et un total « je-m’en-foutisme » vestimentaire. Avoir de la classe c’est sortir dans la rue en faisant semblant de ne pas avoir réfléchi à sa tenue. L’Indhippy vous offre l’opportunité de vivre cette expérience.

Après la digestion d’un certain état d’esprit, un nouveau look estival s’impose à nous. Des motifs, beau-coup de motifs. De l’aztèque, du psychédé-lique, et un chouilla de tie and dye mais AT-TENTION, pas le tie and dye dégueu couleur fluo ! On veut du soft, du doux, de l’épuré. Les tissus se veulent fluides, agréables, laissant passer le soleil et le vent chaud.

Pour elle, il suffit de peu. La chevelure devient accessoire et elle arrive (au moins) jusqu’au nombril. On oublie fer à lisser, sèche-cheveux et on se la joue nature : une natte négligée de côté, cheveux lâchés, frange qui tombe sur les yeux et mèches rebelles volontairement indomptées. Pourquoi ne pas poser des choses sur sa tête ? Des plumes, du métal, du cuir, du tissu, tout ce qui vous passe sous la main et qui est susceptible de décorer une tignasse désireuse d’amour estival. Ne pas oublier les grandes capelines, en feutre, cuir ou tout autre chapeau désirable. On ne se farde pas de ter-racotta ou autre produit tout droit sorti du bide d’une ba-leine ou d’un phoque, on joue la carte des lèvres rosées et des cernes fraîches.

Privilégiez la dentelle, la finesse du point. Même si pour ce style, l’ambiance fripes reste votre meilleure alliée on peut s’inspirer ou directement aller piocher dans la collection printemps-été 2011 de Dolce & Gabbana (pour les plus chanceuses). On ne laisse pas de côté pour autant la crêpe de soie, soie vierge ou coton doux, fin et léger. L’Indhippy c’est aussi des tons pastel rehaussés par des pièces vives comme du rose pétant, du jaune, du bleu, du rouge et même de l’orange. On tente les ponchos pour les nuits fraîches, les gilets oversize pleins de motifs aux allures sauvages et animales. On s’inspire des créations d’Alberta Ferreti pour Philosophy, de Ralph Lauren, d’Antonio Marras, de Veronica Etros, de Missoni, de D&G ou encore de Lagerfeld pour Fen-di. Mais aussi d’Isabel Marant, de Kenzo, de Givenchy et les motifs gourmands de Stella McCartney. Tant de créateurs qui ont su cerner la tendance de cet été. On ne laisse surtout pas de côté le cuir, la peau tannée de chez Diesel Black Gold et les franges de Cavalli. Le jean reste aussi le bon allié de cette tendance, intemporel, il témoigne des batailles entre peaux-rouges et cow-boys des grandes plaines de l’Ouest. De quoi rendre à Calamity Jane ses lettres de noblesse.

Messieurs, pour vous la recette masculine de l’Indhippy s’an-nonce d’une simplicité déroutante. Boots, jean ajusté, t-shirt en coton fin et cheveux spontanés. Barbe toujours présente, vous avez aussi le droit de vous déhancher sur des rythmes made in Woodstock. Soyons plus fauves et indomptés que jamais. Laissons les rayons de soleil nous enivrer de leur parfum estival, maîtrisons notre look décalé nourrit de vieux motifs et de matières légères mais surtout, ne nous prenez pas la tête à comprendre le pourquoi du comment fashion et à trancher entre mocassin à glands ou tennis en toile.

Voilà, cet esprit sauvage sera le mot d’ordre de votre été. Une saison sans complexe, sans chichis ni tralala. Tout dans l’allure fauve et instinc-tive mais néanmoins maîtrisée. Donc n’hé-siter plus à vous laisser bercer par un vent de simplicité décadente, de taper sur des morceaux de bois avec vos amis histoire

d’y trouver quelques sons ethniques bien raccords avec votre tenue. Je vous laisse avec des derniers conseils tout neufs qui illustrent avec brio la marche à suivre de cet été. A écouter : Anna Calvi, la découverte Selah Sue ou les sons enivrants des Tame Impala.A voir : Zabriskie Point de Michelangelo Antonioni (1970), Easy Rider de Dennis Hopper (1969) ou Alice’s Restaurant d’Arthur Penn (1969).Où se rendre : au festival espagnol de Benicàssim ou pour les plus chanceux à Coachella au cœur des plaines califor-niennes. (fiberfib.com et coachella.com)

« Les tissus se veulent fluides, agréables, lais-sant passer le soleil et le vent chaud »

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QUE PEUT BIEN ÉPROUVER une ballerine après des heures de travail acharné à la barre ? Que lui disent ses membres en-doloris et ses articulations fatiguées ? Témoin marqué dans son enfance par la pénible formation de danseuse classique suivie par sa soeur, Darren Aronofsky approche caméra au poing le monde énigmatique du ballet, creusant une place pour le magistral Lac des cygnes de Tchaïkovski au coeur d’une intrigue d’Andrés Heinz. L’action du drame initial, qui met en scène une dangereuse riva-lité nourrie entre une actrice et sa mystérieuse doublure à Broadway, est ici transposée dans le prestigieux New York City Ballet. Et l’oeuvre de Tchaïkovski, loin d’être un prétexte pour le film, n’en devient rien moins que le substrat : la compagnie monte Le Lac des cygnes, jusqu’à ce que les rôles et leurs interprètes se confondent. Black Swan met en scène une véritable mise au monde : celle vécue par Nina Sayers (Natalie Portman), jeune ballerine tout juste dé-signée pour interpréter le rôle exigent et duel de la Reine des Cygnes, tour à tour cygne blanc et cygne noir. Nina a la grâce et l’innocence ; jouer le cygne blanc ne lui coûterait pas beaucoup plus que ses heures d’entraînement. Mais il faut aussi pouvoir danser le cygne noir ; et Nina n’en a ni la sensualité, ni l’impudence. Pour être à la hauteur du rôle, il lui faudra aussi rencontrer cet autre cygne.

De la boîte à musique…

Deux minutes trente durant, le célèbre thème de Tchaïkovsky, porté par le hautbois et la harpe avant de céder aux cuivres,

résonne et rythme les pas dansés de Natalie Portman, frêle beauté bientôt ensorcelée par le démon Von Robarth et condamnée à être cygne de jour. D’abord rétro-éclairée et muette, la scène d’ouverture du long-métrage, en plan-séquence, est prophétique. Serein, le pouls des images se précipite peu à peu avec celui de la ballerine, qui commence à craindre celui qui veut danser avec elle et qu’elle a cru être

un prince. Car, au fur et à mesure de ce pas de deux, Von Robarth ap-paraît en effet pour livrer Odette à son nouveau corps. En un mouve-ment de caméra, de petites plumes blanches couvrent la tête affolée de la ballerine, qui délie ses bras dans ce geste enchanteur mimant un

battement d’ailes. C’est ce songe que Nina, dont la vie étri-quée tiendrait dans un corset, raconte à sa mère au réveil. Danseuse appliquée, poupée fabriquée par une mère vivant par procuration sa carrière de danseuse sacrifiée, rien ne la distingue de cette ballerine qui tourne en rond dans la boîte à musique de sa table de chevet. Sa chambre, d’abord lieu de refuge puis lieu à fuir, est un nuancier de rose, à l’image du physique lisse de femme-enfant de Natalie Portman. La relation symbiotique avec une mère dont l’amour n’a d’égal que l’autorité des fantasmes se fait partout sentir : dans la montagne de peluches et d’objets infantiles qui s’entassent, mais surtout dans ce rose si présent, dont on ne sait s’il doit amuser ou écoeurer.

Quinze ans après en avoir imaginé les prémices, Darren Aronofsky conte une fable moderne sur la quête mortifère de perfection et met en abyme Le Lac des cygnes, de Piotr Ilitch Tchaïkovsky. Travaillant deux leitmotivs de l’oeuvre du cinéaste américain - le corps en souffrance et le combat intérieur -, Black Swan brise la peau de porcelaine de Natalie Portman et livre une tragédie oppres-sante où le fantastique le dispute au psychologique, à la manière du Horla de Maupassant.

Le Lac des

Signes

Texte : Marion Genaivre & Bartholomé Girard pour l’Intermède // Illustration : Tim

« D’abord rétro-éclairée et muette, la scène d’ou-verture du long-métrage, en plan-séquence, est prophétique »

10 / CINEMA / Mars 2011 / PARCEQUE #2

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Si Aronofsky joue avec autant d’insistance avec les gammes de lumière et de couleurs de son film, c’est parce qu’il veut porter le symbolisme de chaque élément à son comble. Cette sur-signifiance, cette sur-caractérisation des person-nages et des décors, qui ne sont que noir et blanc dans le théâtre, et poudrés de rose et de vert bou-teille dans l’appartement de Nina, n’est pas un manichéisme simpliste : cette saturation est celle des contes, aussi marquée que dans l’argument initial du Lac des cygnes. Les Chaussons rouges de Michael Powell (1948) ou Le Jeune Homme et la mort de Roland Petit (scénario de Jean Cocteau) sont autant de fables où l’universalité et la toute-puissance des sentiments en jeu n’ont pas à s’accomoder de la subtilité : leur unique propos est de dire la vérité sur l’âme humaine. Et chez Aronofsky, de Pi jusqu’à The Fountain en passant par Requiem for a dream, l’âme est noire et le destin, cruel. De façon significative, le rose s’empourpre et cède au rouge : sur les lèvres de Nina, qui a dérobé son maquillage à Bet (Wi-nona Ryder), étoile déchue de la troupe ; dans cette boîte de nuit où Lily (Mila Kunis en amie-rivale) l’entraîne ; mais aussi, et surtout, dans ces gouttes de sang qui perlent sur les re-bords de l’écran, jusqu’à gicler dans les yeux de la ballerine quand elle se métamorphose, littéralement, en cygne noir.

Plans serrés, caméra à l’épaule, Darren Aronofsky prend son actrice à bras le corps. Le cadrage peut être instable et l’image brouillonne - et pour cause, il faut suivre Nina partout. Qu’il s’agisse de la filmer de dos, caméra braquée sur la nuque, ou dansant entre les bras du chorégraphe Benjamin Millepied, Natalie Portman ne quitte jamais l’écran. Mais le réalisateur ne filme pas simplement le corps en mou-vement: il filme du corps. Comme dans ces plans rapprochés sur un pied au travail, où le chausson de danse plie, pivote et la pointe frappe le sol d’un bruit sourd. Proche des articu-lations engourdies qui craquent et des blessures rougissant les orteils, la caméra d’Aronofsky travaille l’intime, jusqu’au jeu de dé-sir et répulsion qui s’installe entre Nina et Lily, nouvelle danseuse dans la troupe. Pourtant, la vraie rivalité ne se joue pas entre elles. Ce cygne noir projeté sur son ennemie-alliée ne complote pas hors d’elle, mais en elle. La percée de cet autre va de paire avec la découverte d’un plaisir sexuel dont Lily est l’un des objets. Fantasme homosexuel en puissance, elle contribue à une saisissante scène de masturbation, filmée proche du grain de peau. Où l’oeuvre bascule.

… à l’incarnation

Depuis ses premières secondes, la pellicule défile sur la par-tition de Tchaïkovski : répétitions, sonnerie de portable, boîte à musique... La bande-son est saturée du Lac des Cygnes, dont les variations autour du thème sont assurées par Clint Mansell, inséparable compositeur des films d’Aronofsky. Plus

que de simples accompagnements, elles racontent le for intérieur de Nina et confinent les personnages dans leurs rôles, qui ne se distin-guent plus de leur quotidien : Nina est bien la reine des cygnes. Chez

Aronofsky, le travail d’immersion passe autant par l’image que le son. Quand ce n’est pas le bruit d’une foule spec-tatrice en délire qui hante incessamment le personnage de Mickey Rourke dans The Wrestler, le précédent film du ci-néaste, ce sont les chuchotements reptiliens ou les échos aquatiques d’un «My sweetheart» maternel qui poursuivent Nina. Le reste des sons travaillés par Mansell, froissements de plumes et cris de cygnes modulés, tient de l’organique qui gonfle avec le désir de Nina. Crescendo, la première par-tie énigmatique et étouffante de Black swan bascule, dans un second temps, dans une lutte physique de la ballerine contre cette entité qui semble prendre possession de son être, sans que le cinéaste ne nous dise jamais si elle est bien victime d’un démon fantastique, ou si elle est en proie à des délires schizophrènes, victime de paranoïa, d’hallucinations, d’un dédoublement de personnalité. Le film lorgne alors vers le baroque, ricochant sur les imperfections et les reliefs de la mécanique trop propre dans laquelle Nina s’inscrivait jusqu’alors. La caméra virevolte autour de Natalie Portman, et il suffit d’une arabesque pour que sa peau noircisse, d’un brisé pour que l’on entende le souffle du vent dans les plumes, d’une pirouette pour que des ailes se déploient.

C’est aussi par-là que Black Swan passe du corporel au charnel, à la carnation. Car le film est avant tout l’histoire d’une métamorphose, référence d’Aro-nofsky aux mythes de l’hybridation. Confiant lui-même s’inspirer de celui du loup-garou, le réali-sateur puise volontiers dans la grammaire du film d’horreur pour livrer sa propre femme-cygne. «Si cette fille n’était pas entrée…», songe Nina qui vient d’échouer à montrer son premier cygne

noir, interrompue par l’arrivée désinvolte de Lily. Mais «cette fille» est son autre, ce cygne noir qui monte en elle jusqu’à se tisser dans son épiderme. Le cinéaste s’adonne à un vé-ritable travail d’imprimeur à même l’épaisseur de la peau de Natalie Portman, et les «symptômes» se multiplient, entre excroissances de chair, poussées de plumes, écorchures et scarifications. Le tout

« Le cinéaste s’adonne à un véritable travail d’imprimeur à même l’épaisseur de la peau de Natalie Portman »

« Le reste des sons tra-vaillés par Mansell, froisse-ments de plumes et cris de cygnes modulés, tient de l’organique qui gonfle avec le désir de Nina »

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découvert au rythme de la respiration de Nina, omniprésente et manquant elle-même de faire suffoquer. Le reste de la narration se fait dans la sueur et les extrémités : ongles de mains aiguisés par le ciseau maternel et cuticules écorchés à vif se disputent la part du frisson. Aronofsky souffle sur la légende populaire et peint un tableau kafkaïen, dont les pre-miers coups de pinceau commencent dans un face-à-face à la fois hypnotique et solennel : après le dîner de gala qui vient de destituer définitivement l’ancienne étoile du ballet pour annoncer l’avènement de Nina, la jeune ballerine découvre une imposante sculpture d’homme-cygne sans visage, dres-sé comme un miroir.

Le miroir, c’est l’autre caméra d’Aronofsky pour Black swan. S’il est le plus constant partenaire du danseur et une part importante de son identité, il ne lui dit pas pour autant qui il est. Les nombreuses apparitions du personnage de Nina par reflets donnent au film une dimension spectrale, et ren-forcent l’effet de présence-absence du personnage. Par-tant, la caméra subjective n’en devient paradoxalement que plus étrangère. La quête de perfection de Nina est perdue

d’avance, car elle vise l’inaccessible. En digne héritière de l’Actors Studio, Natalie Portman - qui s’est entraînée dix mois durant pour le rôle et a obtenu le Golden Globe de la meilleure actrice - s’engage corps et âme dans ce person-nage double. Silhouette affinée et affûtée à l’extrême, visage presque émacié, souplesse vertigineuse, le travail d’appro-priation du corps s’effectue à rebours de la désintégration mentale. Plus Nina veut être irréprochable, plus elle s’aban-donne au surnaturel et à son personnage. Cette obsession maladive pour la perfection l’oblige à transcender son propre corps, sa propre identité : elle se fait happée toute entière, comme l’héroïne des Chaussons rouges, Vicky, ne peut plus s’arrêter de danser dès qu’elle revêt ses chaussons, jusqu’à en mourir. Nina s’aveugle, en se recouvrant les yeux des ailes du cygne noir. «La passion de la perfection vous fait détester même ce qui en approche», écrivait Gustave Flaubert. Nina est une éternelle frustrée, et sa libido n’en est que plus fu-neste. La perfection a le goût de la mort. M.G. & B.G

S’intéressant autant à l’actualité en France qu’à l’étranger, qu’elle soit universitaire ou grand public, L’Intermède fait le grand écart de la culture. Avec trois à quatre articles par semaine et, chaque jour, des clips vidéo, les trente journa-listes et universitaires qui écrivent pour le site proposent une analyse approfondie de l’actualité culturelle, sous toutes ses formes.

L’Intermède est partenaire de PARCEQUE. De temps à autre, les plumes de l’un iront taquiner les crayons de l’autre, et inversement...

PARCEQUE #2 / Mars 2011 / CINEMA / 13

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SAMEDI 29 JANVIER, 19h devant Les Toiles, cinéma d’art et essais de Saint Gratien, petite ville de banlieue parisienne, où s’agglutinent pour l’occasion une cinquantaine d’âmes prostrées par le froid de cette nouvelle année, dans l’attente de trouver refuge dans la chaleur d’une salle feutrée et d’un siège molletonné. Après quelques soucis d’organisation, nous voici transportés dans l’univers du New Burlesque, du moins en image. Mais qu’est-ce que le New Burlesque me di-riez-vous ? Eh bien c’est la réinterprétation d’un genre pro-fondément enraciné dans la tradition du music-hall anglais et américain des années 20 et 30 : le spectacle « burlesque ». Celui-ci mêle intimement satire sociale, numéros musicaux et grivoiseries à l’initiative des femmes.

Au milieu du 20ème siècle, le burlesque se réduit progres-sivement à sa plus simple expression, la nudité, et devient ainsi synonyme de strip-tease jusque dans les années 80. Puis dans les années 90, le renouveau du burlesque, dit le New Burlesque, s’inspire de ses deux époques et, partant du strip-tease, y réintro-duit le théâtre, la chorégraphie, le glamour, l’humour, la satire et le sens de l’excès. Aux Etats-Unis, il a désormais ses rendez-vous annuels, ses trophées et même son musée. Et maintenant retournons à notre histoire…

Tournée se rapproche davantage d’un re-portage dans les coulisses du show que d’un film a proprement parler, bien qu’il y ait une petite histoire d’amour et des tracas multiples pour pimenter l’intrigue. Néanmoins on est touché par la sincérité d’un producteur qui se démène pour sauver son spectacle

mais surtout sa pomme, et conquis par l’humour, la joie et la bonne humeur de ses personnages que sont les danseuses du show. Tant mieux me direz-vous ! En effet, une fois sortis de la salle obscure, nous voici entraînés tout droit vers la salle des fêtes à deux pas du cinéma. Pour l’occasion celle-ci a été remodelée en cabaret : des petites tables rondes recouvertes de nappes rouges sur lesquelles sont dressés des coupes à champagne nous attendent, et l’on aperçoit sur la scène un piano à queue. Le décor est posé, nous nous installons, et l’on peut sentir dans l’atmosphère un imperceptible changement, une sorte d’électricité, de soif et de peur d’inconnu.

C’est alors que Kitten on the Keys fait son apparition en robe affriolante en velours noir et vert émeraude. Rapide-ment, et malgré le petit niveau d’anglais de la salle et le français approximatif de la demoiselle, elle nous explique qu’elle est la maîtresse de cérémonie du show, et que si

nous désirons voir les jolies demoiselles se dénuder il va falloir s’époumoner, siffler, ap-plaudir, et hurler notre plaisir tels des loups de Tex Avery déchainés. S’ensuit alors le show a proprement parler. Tour à tour les danseuses nous emmènent dans leur univers glamour, sensuel et

satirique mais toujours plein d’humour : Julie Atlas Muz dont le bras coupé la déshabille et la tripote devant nous, et la bulle géante dans laquelle elle se piège ; Dirty Martini dont les rondeurs voluptueuses ne gâchent en rien les charmes,

Vous avez sûrement entendu parler du film Tournée de Mathieu Amalric, qui met en scène les péripéties d’une bande de généreuses danseuses de cabaret lors de leur tournée en France ? Et bien laissez-moi-vous raconter une histoire, mon histoire. Celle de la dernière représentation de la tournée française de la troupe acidulée du Cabaret New Burlesque.

Texte : Mister Fly // Illustration : Marine Hardouin

"Ce soir, C’est

Burlesque"

« elle nous explique qu’elle est la maîtresse de cérémonie du show, et que si nous désirons voir les jolies demoiselles se dénuder il va falloir s’époumoner, siffler, applaudir, et hurler notre plaisir tels des loups de Tex Avery déchaînés »

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dans son habit de drapeau américain teinté d’ironie ; Mimi le Meaux en chaude danseuse hawaïenne et dont l’opulente poitrine nous fait hurler de plaisir. La belle Evie Lovelle quant à elle est l’incarnation de Jessica Rabbit dans sa grande robe rouge à corset, et nous laisse cois de stupeur, tant ses charmes nous enchaînent à une béate contemplation adroi-tement attisée par un jeu d’éventails en plumes. Puis, Oh surprise ! Le danseur Roky Roulette ! Les dames ne sont pas délaissées car l’homme est un show man incroyable, alter-nant un effeuillage… culinaire. On ne se doutait pas qu’il pouvait cacher un garde-manger dans cette poche ! Et un strip-tease à ressorts sur un cheval bondissant dans tous les sens ! Tous les shows sont entrecoupés de petits sketchs et de chansons, qu’accompagne au piano notre maîtresse de cérémonie.

Finalement la fin arrive bien vite, mais au moment du standing

ovation, où l’on pensait les voir disparaitre derrière le rideau, les délicieuses danseuses descendent de scène et se ruent sur nous pour se frotter, embrasser, jouer, aguicher… Un vrai bain de foule et de folie sous un tonnerre d’applaudisse-ments. Elles disparaissent enfin au fond de la salle, où fina-lement elles nous attendent, les yeux encore pleins d’étoiles prêtes à signer des autographes, à vendre des nippies-les cache-tétons qui font tant rêver-, et à embrasser leurs fans. Une fois les emplettes faites, les signatures récupérées, et surtout les baisers langoureux reçus entrecoupés de re-gards à enflammer quiconque les croise, nous voilà replon-gés dans ce froid brouillard de janvier. Mais étrangement ce-lui-ci est bien plus supportable, car une douce chaleur nous réchauffe le corps, nous envahit et nous enveloppe d’une couverture duveteuse, la tête vaporeuse encore perdue là- haut, ailleurs…

M.F.

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La Violence NORMALE vue d’Outremer

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20.03.2010 - Mardi, cette jeune femme, âgée de 19 ans, a été retrouvée dans une rue, à Faa’a, dans la banlieue de Papeete, à Tahiti, en Polynésie Française. Lachimi était nue et couverte de blessures. Selon les premiers éléments de l’enquête, elle venait d’échapper à sa famille. Une famille qui, depuis plus de deux mois, l’avait séquestrée, battue et violée. Début janvier, Lachimi avait quitté son domicile à la suite d’un différend familial. La jeune femme avait alors trouvé refuge chez une tante. C’est cette même tante qui est soupçonnée par les enquêteurs d’être à l’origine des violences subies par la victime. Six autres personnes auraient participé aux vio-lences, dont plusieurs mineurs, et la propre sœur de Lachimi. Toutes les personnes interpellées ont été mises en examen pour séquestration, viol aggravé, actes de torture et de bar-barie. Les auteurs de ces actes de violence ont reconnu les faits au cours de leur garde à vue. (Le Parisien.fr)

Les violences faites aux femmes constituent aujourd’hui un problème majeur qui concerne la santé et le droit à la per-sonne humaine. En 2000, le Dictionnaire critique du fémi-nisme les définit comme «tous les actes qui par la menace, la contrainte ou la force, leur infligent, dans la vie privée ou publique, des souffrances physiques, sexuelles ou psycho-logiques dans le but de les intimider, punir, humilier, de les atteindre dans leur intégrité physique et leur subjectivité». Ces violences opèrent à deux échelles : Interpersonnelle dans les cas où elles touchent deux individus particuliers par un rapport de force, et sociétale dans le cas ou l’ensemble de la société prend des mesures qui vont à l’encontre de la Femme. Elles se regroupent dans différentes catégories : physiques, sexuelles, psychologiques, verbales et écono-miques. Elles peuvent s’exercer dans différentes sphères de la vie : la sphère familiale et amicale, le couple, les lieux pu-blics le travail, l’école, les institutions…Si toutes ces formes

de violences sont condamnables, la violence interpersonnelle au niveau du cercle familial et conjugal semble la plus per-nicieuse.

En Polynésie Française, ce type de violence est ressenti comme l’un des problèmes de santé prioritaire. Suite à une étude menée par le ministère de la santé, environ 64 % des vahinés1 auraient été soumises à des violences domestiques. Oublié de la métropole, ce territoire situé dans le Pacifique Sud se distingue des départements d’Outremer par son Sta-tut d’Autonomie Interne. La Polynésie Française se divise en cinq archipels s’étalant sur un espace maritime d’environ la surface de l’Europe. Sa population est estimée en 2007 à 260 000 habitants environ. Tahiti, île principale du Territoire, concentre à elle seule quasiment la moitié de la population, dont la majorité dans sa capitale Papeete. L’île demeure en-core dans l’inconscient collectif métropolitain le dernier pa-radis sur terre. Cependant le mythe polynésien cache une réalité bien plus complexe. La culture polynésienne actuelle, née du métissage de ses traditions ancestrales et de la pro-jection de nos fantasmes occidentaux, semble nous tendre un miroir déformant. L’analyse de la violence exacerbée qu’on y trouve ne pourrait-il pas être riche d’enseignements? Le phénomène de violence domestique envers les vahines se manifeste dans toutes les catégories sociales et dans tous les groupes ethniques. Il survient dès la naissance, durant l’enfance et l’adolescence au sein de la cellule familiale, à l’âge adulte et durant la vieillesse au sein de la sphère conju-gale. Une étude menée en 2002 met en exergue un certain nombre de situations favorisant les comportements violents.La consommation d’alcool et de pakalolo2 est l’un des fac-teurs favorisants la violence. Désinhibants, ils permettent à l’adolescent de surmonter sa timidité. À l’âge adulte, la bière prend le pas sur le cannabis. La manière dont elle se par-

Polynésie Francaise. L’île paradisiaque dont rêvent tous les Fran-çais de la métropole. 5 archipels, 118 îles, 6 langues, 259 706 ha-bitants, 4 communautés ethniques, 10 religions, 64% de femmes victimes de violence, 60 viols par mois. Pas un rêve pour tout le monde.Texte et illustration : Anne Laeuffer

1 femmes polynésiennes

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tage définit le statut social de chacun au sein du groupe. Si ces deux désinhibants permettent le rapprochement social, ils déclenchent aussi violence physique et abus sexuels. «Tu vois quand il va boire, en moi j’ai peur. Parce que je pense, ha, je sais comment il boit. Eh ben, j’ai la peur quand il vient. Quand il vient, il me tape tu vois. Il me gronde par l’alcool qu’il a bu. Il me gronde et par là il me tape.»(Vaiata, 33ans, cantinière).

La parole semble être également un facteur déclenchant l’agressivitée. En effet parler ne signifie pas nécessairement échanger. L’absence de communication génère souvent des comportements violents. De plus la parole féminine est ex-trêmement codifiée. Une fois en couple, la femme est sous tutelle de son compagnon et plus lar-gement de sa belle famille. Elle doit alors renoncer à toute autonomie. Elle ne peut protester ni par la parole ni par l’action sous peine de subir des violences. «Il m’a frappé au visage. Il m’a dit que je parle trop, que je suis méchante, que je ne l’écoute pas. Il m’a dit comme quoi je n’avais qu’à me taire. J’avais qu’à pas lui faire de peapea3. Les peapeas c’est des problèmes. Il dit que je lui fais des problèmes. Mais c’est pas vrai. Je parle c’est tout.» (Moea, 29 ans, secrétaire)

La jalousie peut également provoquer des réactions vio-lentes. Sentiment valorisé au sein du couple, il peut être extrêmement destructeur. Dans le sens ou par manque de confiance, le tane4 peut chercher à prendre le contrôle de sa vahine. Certains vont jusqu’à interdire à leurs compagnes de prendre un contraceptif de peur qu’elles ne profitent de cette liberté pour aller voir ailleurs. « À mon avis, c’est parce qu’il est jaloux et tout… Parce qu’il n’aime pas me voir avec un homme, même discuter. Même avec ma soeur, il n’aime pas que je parle avec elle. Mais moi je m’en fous. Pendant un moment je me laissais enfermer.» (Claire, 23 ans, sans profession)

La première grossesse semble aussi un évenement déclen-chant de l’agressivité. Si la maternité est toujours évidente, la paternité n’est jamais certaine. Par la violence, beaucoup d’hommes expriment ce doute. «Quand on a su que j’étais enceinte, on a commencé à avoir des problèmes. Il a cru que j’étais tombée enceinte d’un de ses frères. Et tout au long de

ma grossesse ça été catastrophique parce qu’à chaque fois que j’essayais de parler à quelqu’un, il me tapait le ventre. Il disait que c’était pas son enfant, alors il me tapait le ventre.» (Tehani 23 ans, fleuriste)

Enfin le poids de la famille est extrêmement important. À l’âge adulte, les jeunes couples cohabitant avec l’une des deux familles, un grand nombre de femmes y sont maltrai-tées, soit par la belle famille, parfois même sous le regard de leur propre famille. Durant l’enfance, la famille reste le terrain privilégié de la maltraitance et des abus sexuels. «Comme mon papa c’est un alcoolique, dès qu’il est bourré, comme il amène mes cousins à la maison, mes tontons. Vers trois, quatre heures par là, c’est là où les cousins viennent

à la maison par les fenêtres. Ils viennent me caresser, me violer. Comme mon papa il était bourré il sait plus se contrôler, il sait plus que moi c’est sa fille, tu vois ? Et ma maman, la pauvre, elle est là à se lamenter seulement.» (Chantal, 26 ans, sans profession)

Si cette étude a permis de recenser certains facteurs déclenchant les maltraitances, elle a surtout permis de dégager un sentiment d’impuissance et de résignation chez les té-moins. On assiste à une normalisation de la violence. En effet, les femmes violentées par

leur conjoint témoignent non seulement qu’elles l’ont été du-rant l’enfance, mais aussi que leur mère et leur grand-mère l’ont été également. Elles pensent donc qu’elles ne pourront y échapper et que leurs filles n’y échapperont pas non plus. Il faut bien noter que cette violence intergénérationnelle touche pour la grande majorité les femmes. Cependant les jeunes garçons sont également exposés dans leur famille. Le nombre d’incestes est très élevé en Polynésie Française, et constitue le terreau de toutes les violences à venir. Il reste encore extrêmement tabou et se conclut pour la grande ma-jorité par un arrangement familial. Dans la plupart des cas où la victime trahit le secret, c’est elle qui subira la répro-bation de tout son clan. C’est pourquoi les témoignages re-cueillis sont en général dus à un dépôt de plainte concernant des violences autres subies à l’âge adulte.

D’après cette même étude, l’impact de la violence sur la vie de femmes victimes relève de plusieurs ordres. Les atteintes physiques sont les plus discernables : allant de l’hématome jusqu’au décès en passant par les lésions nécessitant une

2 cannabis local3 problème4 homme polynésien

«Une fois en couple, la femme est sous tutelle de son compagnon et plus largement de sa belle-famille. Elle doit alors renoncer à toute autonomie. Elle ne peut protester ni par la parole ni par l’action sous peine de subir des violences.»

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hospitalisation ou des comas. «Il m’a donné deux coups de poing et je suis tombée dans…dans…J’étais KO quoi. J’étais KO. Je perdais du sang et j’ai repris connaissance dans…dans les pompiers. Et je me suis retrouvée à l’hôpi-tal.» (Claire, 23 ans, sans profession) Cependant on peut considérer que quel que soit le type de violence su-bies, toutes les victimes sont atteintes dans leurs intégrité psychologique et morale. Dévalorisées, elles se coupent du monde et vivent dans la peur. Il en résulte une atteinte à leur vie sociale et affective. Phénomène en général renforcé par le fait que leur conjoint contrôle entièrement toutes relations au monde extérieur. Le couple devient alors une prison. «Je me suis sentie dévalorisée à la maison. On peut dire ça non? On aurait dit qu’à la maison, j’étais rien. Je voulais me sentir un peu en valeur ailleurs. Je suis rentrée dans un comité de femmes. Ça m’a fait du bien.» (Josepha, 35 ans, aide medico-technique)

Les abus sexuels marquent à vie. Ainsi la plupart des vic-times developpent une angoisse de la sexualité et du mas-culin qui impliquera soit l’impossibilité d’une vie de couple ou des tensions durables au sein de leur couple. L’incapacité à avoir une vie professionnelle est souvent la conséquence de violence subies. À l’âge adulte, l’interruption de toute vie professionnelle peut être due : aux traumatismes physiques, à l’interdiction de travailler émise par le conjoint ou à un harcèlement moral qui provoque l’abandon du travail de la conjointe. «Il était toujours sur le parking, toujours (à m’ap-peler) au téléphone. Mes copines s’amusaient même à faire des bâtonnets pour voir le nombre d’appels ! Ça pouvait aller jusqu’à 50 appels par jour! 50 appels par jour…»(Titaua, 40 ans, secrétaire) Durant l’enfance, les maltraitances per-turbent le cursus scolaire, les victimes ne pourront donc ja-mais avoir une vie professionnelle et resteront dépendantes toute leur vie. La forte culpabilité engendrée chez les vic-times reste cependant l’impact le plus important de cette violence domestique. «Je faisais de mon mieux, le ma’a5, tout bien mais… ça n’allait pas. Je n’ai pas été à la hauteur…» (Susanne, 38 ans, sans profession)

Cette culpabilité est renforcée par un concept proprement polynésien : le Ha’ama que l’on traduit communément par le

terme honte. Il peut s’agir soit de situations sortant de l’ha-bituel devant lesquelles on craint de ne pas être à la hauteur, soit la souillure physique et morale ainsi que les actes ré-préhensibles susceptibles d’être sanctionnés par la société.

Le Ha’ama touche alors non seulement la per-sonne responsable du comportement déplacé mais aussi sa famille et son entourage proche. Le Ha’ama agit donc normalement comme régulateur social et norme éducative. Cepen-dant dans le cas des violences exercées sur les femmes, rares sont les hommes qui res-sentent de la culpabilité. En grande majorité, ils déclarent avoir été obligés de frapper leurs conjointes. Ils évoquent en général la jalousie et le discours de leur compagne qu’ils consi-dèrent comme une atteinte à leur virilité. Ils

souffrent pour la plupart de la situation et se voient comme des victimes. Ceci est d’autant plus vrai dans le cas où ils ont à répondre devant la justice de leurs actes de violences.

La normalisation de la violence domestique et le Ha’ama semblent êtres les principaux obstacles à la prise en charge de celle-ci. En effet si la violence domestique est un fait avéré en Polynésie Française, l’approche qui en est faite demeure en grande partie théorique malgré les récentes études qualitatives et quantitatives. L’histoire sordide de Lachimi a ainsi beaucoup fait parler les journaux, mais elle ne constitue que la partie émergée de l’iceberg. La violence domestique a ceci de pernicieux qu’elle touche si profondé-ment les femmes dans leur vie privée qu’elle n’en franchit les limites que de manière exceptionnelle. Cependant un pro-blème ne peut être résolu que si l’on connaît les données de l’équation. L’augmentation constante des statistiques des femmes ayant subi des violences domestiques pourrait être au premier abord alarmant. Elle est en fait un fabuleux message d’espoir pour les générations à venir. Elle corres-pond à la prise de conscience grandissante des femmes de l’anormalité de la violence, ainsi qu’à leur refus de s’en sen-tir coupables.

A.L.

5 nourriture et par extension repas

« Rares sont les hommes qui ressentent de la culpabilité. En grande majorité, ils dé-clarent avoir été obligés de frapper leurs conjointes. Ils évoquent en général la ja-lousie et le discours de leur compagne qu’ils considè-rent comme une atteinte à leur virilité. »

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LE PORTFOLIO THÉMATIQUE

Vous, les femmeson les a aime,

on vous les montre

Un petit tour d’horizondes images glanées

au hasard du net

Mistaken Identity de Ken Wong, 2008.(www.kenart.net)

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«Shoulder» de Joyce Polance. Huile sur toile, 2009. (www.joycepolance.com)

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Page 24: Parceque #2

Smoking de Lei Sheng, digital art. (http://blog.sina.com.cn/lei_sheng)

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Mood de Robert Chang, digital art. (www.ethereality.info)

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African American Girl, de Robert Carter (www.crackedhat.com)

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Marla, de Nick Rindo, d’après le personnage de Marla Singer dans Fight Club (www.nickrindo.com)

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Ribbons, de Winston Chmielinski. Huile sur toile, 2007

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WINSTON CHMIELINSKI (notre couverture)

Au début j’étais bloqué par mon imagination trop peu foison-nante. Mais aujourd’hui, je ne me sens plus handicapé : ce que je vois me suffit à créer.

Je repense à mon travail, et je me rappelle, de temps en temps avoir supplanté mon modèle dans une histoire, avoir créé un concept autour d’une peinture ou d’un ensemble de peintures. Mais c’est seulement parce que je me sentais vraiment en marge : qu’est-ce qu’un créateur d’images qui n’a pas grand chose à dire sur son travail ?

Mes images me dépassent, dans l’introspection. Et si vous-même vous allez vers elles, elles vous rappelleront à votre histoire personnelle. Même si l’intention du créateur était de vous manipuler : regarde ici, mange ceci, achète cela, change tes habitudes !

En d’autres termes : « je suis ici si vous voulez me connaître ».

À mes débuts, c’est sur internet que je cherchais des images de visages et de formes torturés pour les peindre. La volonté de réarranger a toujours été présente, mais l’interprétation prenait le pas sur le « recopiage » face à un sujet étranger, ce qui revenait à une dissimulation sélective...

Le passage à l’autoportrait est par conséquent un retour au familier, de telle sorte que désormais, j’en viens à peindre une image presque effacée (j’obscurcis mon propre corps d’élé-ments de collage), autrement dit une forme qui me rappelle « Moi ».

La familiarité est la force qui me guide dans la réappropriation. C’est quelque chose de beaucoup plus vrai qu’une simple re-production de la forme physique de quelqu’un. Et la peinture est le seul médium qui me permet de faire cela.

Le but maintenant est de rester intelligemment lisible, par un équilibre d’exactitude et d’impression, d’allers et venues entre l’un et l’autre. »

«

A propos de

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LIRE DES NOUVELLES de Philippe Delerm, c’est se plonger dans du connu qui nous embarque et nous touche. Vous avez déjà ressenti ce qu’il écrit, ça vous est familier, et vous partez à sa recherche au fin fond de votre être, au détour d’un vécu.Il écrit un moment, et à sa lecture, on le vit, le revit, ou sim-plement le découvre. Souvenirs (d’une classe sociale ?) pa-raissant intemporels, presque jamais générationnels ; parfois faisant référence à une période de la vie, un âge particulier. Tout le monde est concerné.

Ces nouvelles font résonnance en nous. On s’enflamme, on s’ébranle. Au fil des mots, on remet le doigt sur des bouts de vie communs, éventuellement anodins. On se laisse remplir de ces « petits bonheurs », qui parfois sont passés inaper-çus, mais que l’on a au moins savourés une fois dans sa vie, lentement ou bien inconsciemment. Quelques détails ne nous appartiennent pas, mais l’entièreté du sujet s’installe au fur et à mesure de la lecture.

Et pourtant, parfois, on tourne la page pour entamer une nouvelle, et là : rien. On ne ressent rien. Les lignes défilent et c’est le vide ! Ca ne réveille rien. Sommes-nous trop vieux ? Trop jeunes ? Pas assez cultivés ? Trop peu expérimentés ? On ne comprend pas l’allusion furtive à laquelle il fait référence. Ce-pendant, on s’accroche pour essayer de savourer un instant inconnu qu’il nous fait partager. On se dit que peut être dans quelques années on vivra aussi ce moment et là on saisira ! Quoiqu’il arrive, on a lu la nouvelle, d’autres vont suivre, et ne seront que plus plaisantes. Cela ne manque presque jamais. On tourne les pages, et là un sourire. On lit un titre, quelques mots et un retentissement immédiat se fait entendre. Quand on arrive vers les pages de la fin, on ne lit plus qu’une nou-velle à la fois, on espace les temps de lecture, pour qu’il en reste encore une…

Dans ces nouvelles delermiques, on se retrouve avec nous mêmes. Avec nos souvenirs. Ou simplement des souvenirs.

Certains n’ont jamais été vécus en vrai, ou parfois à moi-tié. Nous les avons rêvées, à travers un reportage, un film ou même un roman ; alors cela nous émeut. Parfois, il nous est étranger ce moment, il est à quelqu’un d’autre. Souvent c’est un proche qui vous l’a fait vivre à travers l’un de ces récits, mais l’intermédiaire n’entrave en rien notre sensation.

Le trottoir au soleil ou La première gorgée de bière c’est l’écriture d’une succession de moments. C’est un peu la vie ! Une suite de moments plus ou moins soutenus, plus ou moins imprévus. Philippe Delerm dérobe cette intensité et cette force éphémères de l’être. Ils sont autant à l’auteur qu’au lecteur. C’est pour cela que l’appropriation par le lecteur se fait si naïvement, si librement. On reconnaît ce moment où l’on aurait voulu ancrer ces instants sur le papier mais les mots étaient absents; ceux de Delerm sont exacts. Et cette exactitude plaît !

Le plus exquis se réalise quand un de ces moments vous en rappelle un qui n’appartient qu’à vous. Celui écrit vient de faire résonnance avec une partie de vous, souvent un sou-venir de jeunesse. Les deux s’entremêlent dans des ressem-blances, mais pendant toute la lecture de la nouvelle, c’est votre moment qui vous enivre, il continue à vous construire, et votre esprit se réjouit ailleurs que dans les mots. Il les reformule à sa guise afin de leur donner presque un autre sens, une autre référence ; vous revenez à la source.

On savoure l’instantanéité ; courte mais soutenue. Certaines fois nous n’avons été que spectateur du moment ; avec cet écrivain, on devient acteur, mangeur, on savoure. Et cela (re)donne envie de la tenter cette instantanéité, de la toucher. « J’ai perdu mon mari il y a un mois. Je relis vos livres. C’est le détail qui me permet de tenir. » p.65, Le trottoir au soleil.

A.B.

Les nouvelles de

Philippe Delerm« Aider à écosser des petits pois. C’est presque toujours à cette heure creuse de la matinée où le temps ne penche plus vers rien. Oubliés les bols et les miettes du petit déjeuner, loin encore les parfums mitonnés du déjeuner, la cuisine est si calme, presque abstraite. Sur la toile cirée, juste un carré de journal, un tas de petits pois dans leur gousse, un saladier... »

Texte : Angela Bonnaud // Illustration : Alexandra Compain Tissier

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LA VIE, C’EST PAS FACILE. On a tous nos casseroles, que l’on traîne sans trop savoir d’où et pourquoi. La psychologie est une science récente, même si, désormais, on a tendance à la banaliser et à croire que tout le monde s’est toujours interrogé sur l’influence dans le présent des événements marquants de notre passé.

La plupart des psychologues aujourd’hui travaillent essen-tiellement à travers la parole : verbaliser le trauma pour le faire passer de l’inconscient au conscient, et avec assez de volonté, régler le problème et aller de l’avant. La psychothé-rapie est un exercice long et difficile, surtout pour les adultes (plus d’années = plus de casseroles) : c’est une chose que de se décider à mettre le nez dans la merde, c’en est une autre de la nettoyer. Difficile de prendre son courage à deux mains pour remonter la pente. Il faut les remonter bien haut les manches ! Et elles passent leur temps à redescendre, c’est agaçant, comme quand on fait la vaisselle !

Il y a à peu près deux ans, j’ai décidé de régler un problème physique qui m’handicape au quotidien : des acouphènes permanents. Je suis allée voir une ostéopathe spécialisée dans le crâne, et dès la première séance, en discutant de ma gêne, j’ai réalisé que mes premiers souvenirs de surdité précoce coïncidaient avec un événement difficile de ma vie d’ado, pouvant expliquer cette réaction de protection visant à m’isoler du monde extérieur. Aux séances suivantes, elle m’a demandé, pendant les massages, d’essayer de me remettre

dans l’état émotionnel de cet événement, mais je n’y arrivais pas. C’était trop lointain, impossible de mettre le doigt des-sus. C’est comme si mon esprit refusait de collaborer.

C’est alors que j’ai entendu parler par une personne de mon entourage d’une pratique thérapeutique appelée « intégra-tion-ressource ». La base de travail de cette thérapie, c’est le corps, et plus précisément le « test musculaire ». Pour la petite histoire, ce test fut utilisé la première fois de manière très rationnelle, pour faire des bilans et notamment mesurer la progression de la force musculaire résiduelle après une paralysie.

Des chiropracteurs américains, dont Goodheart1 et Thie2, ont démontré que muscles, organes et méridiens d’acupuncture chinois étaient interconnectés et qu’en traitant l’un d’entre eux, cela avait une influence sur les deux autres. Le test musculaire est alors apparu comme un moyen de faire cette évaluation énergétique, et de trouver la correction la plus appropriée et la plus efficace ; en effet, le test per-met de trouver des points réflexes3 sur le corps et la tête qui corrigent à la fois méridiens, muscles, organes et posture. Puis un lien s’est établi entre les mots, la parole et la ré-ponse corporelle ; d’où l’institution d’un décodage corps/lan-gage par l’intermédiaire du test musculaire sur les bras (les muscles des avant bras étant tout simplement les plus facile d’accès). Suite au stimuli des mots prononcés par le théra-peute ou le patient, le corps fonctionne selon un mécanisme

Quand Les Muscles s’en melent

Le test musculaire est employé par certains psychothérapeutes pour soigner nos maux quotidiens. Une technique très surprenante où le corps prend littéralement la parole quand l’esprit se fait le barrage de notre guérison. Rébellion !

Texte : Carole Sertimoun & Sultana Taieb // Illustration : Laura Pigeon

^

1 George Goodheart, 1986. I’ll Be Better. The story of Applied kinesiology (Edition privée, Geneva Ohio).2 John Thie, 1995. La santé par le toucher (Editions des Sciences Holistiques).3 Terence J. Bennet, 1977. Dynamics of correction of abnormal function (Edited by R.J. Martin).

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simple qui donne deux réponses possibles : STRESS ou NON STRESS. Un muscle « faible » en tonus signifie « ceci est un stress pour moi », un muscle « fort » est une réponse d’ab-sence de stress. Le test musculaire devient ainsi un moyen de communiquer avec le corps sur un mode binaire (j’ai du stress/je n’ai pas de stress) et nous renseigne sur la pré-sence d’un stress en rapport avec un problème, une situa-tion, une question, une sensation, une émotion…

Le muscle ainsi « interrogé » de manière douce peut renseigner sur des situations de vie pré-cises durant lesquelles le stress a interrompu les connexions, dévié ou bloqué l’énergie du système en cause pour éviter la douleur engendrée par la situation. Du même coup, la réaction du muscle permet de trouver une réponse pertinente et précise en phase avec les enjeux soulevés par la personne.

Nous savons désormais que les neurones et les cellules de tous les tissus, nerfs, muscles, tendons et fas-cias4 du corps ont gardé l’empreinte de tout ce que nous avons vécu depuis notre conception. Toutes les peurs, co-lères, douleurs s’y sont accumulées comme autant de cris-tallisations (souvenir enfouis, mis de côté mais toujours pré-sent même au quotidien) et le test nous indique où, quand et comment nous devons en chercher la trace, quel événe-ment et quelles émotions sont concernées et comment les transformer. Même si notre mental conscient les a oubliés, la réponse du test est immédiate, et les souvenirs remontent à la surface.

Notre « mémoire » corporelle ne faisant pas de séparation entre le vécu et l’imaginaire, il devient alors possible de « pacifier » les événements du passé en changeant leurs res-sentis dans le temps présent.

Pour que le résultat du travail fait à l’aide du test devienne durable et apporte un changement visible dans le quoti-dien, la personne testée devra avoir mobilisé suffisamment d’énergie pour déclencher une sensation physique, une ex-pression immédiate et une compréhension. C’est la condition pour que le problème s’évacue. Plus l’intensité du stress est importante, plus il implique de nombreux secteurs et systèmes corporels. Pour qu’il disparaisse définitivement, il faudra parfois y revenir plusieurs fois, sous des angles dif-férents, découvrant à chaque fois de nouvelles implications

physiques, mentales, énergétiques ou émotionnelles.

L’expérience du test musculaire est, pour le patient autant que pour le thérapeute, un travail unique et (très) surpre-nant, par l’évidence et la précision avec laquelle les pro-blèmes sont identifiés. Difficile d’imaginer que notre corps a son existence propre, et est le gardien de souvenirs que

nous nous étions efforcés d’ « effacer » (crois-tu!) pour éviter la souffrance. Notre quotidien nous forge bien plus qu’on ne l’imagine, et davantage qu’un « détraumatiseur », cette thérapie reste pour moi une manière de décrypter qui nous sommes devenu et qui ce que nous devons mettre en place pour être heu-reux, avec comme dictionnaire… notre propre chair.

Aujourd’hui, les acouphènes sont tou-jours là, mais en partant à la recherche

de leur cause, je suis tombée sur un obstacle de taille : ma propre volonté. Qui suis-je, que suis-je prête à recevoir des autres, pourquoi avoir si peur de ce qu’ils ont à me dire ? Et pour tout vous avouer, après deux ans de recherches, et, bien que j’aie trouvé les réponses à ces questions, l’histoire n’est pas finie. Car la vie me donne chaque jour de nouvelles raisons de laisser en place ce bouclier si pratique. Je n’ai donc pas encore trouvé la paix intérieure (oui les clochettes 24/24, ça fait un sacré barouf). En revanche, à travers toutes ces épreuves revécues, pacifiées et remises à leur juste place, je me suis trouvée moi, et ça, c’est déjà pas mal. C.S.

Merci à Sultana Taieb, practicienne, pour son aide préciseuse sur la partie «technique», et à Françoise Tainon-Decan, fon-datrice de l’école Corps-Mémoire, qui enseigne la pratique du test musculaire, et auteur de l’essai Libérons-nous de nos stress profonds, aux Éditions Le Mercure Dauphinois. (www.corps-memoire.com).

4 Ce sont des membranes, présentes à tous les niveaux du corps ; le fascia constitue un élément fondamental de la physiologie humaine, notamment grâce à son rôle de défense. La substance fondamentale du fascia est la première barrière de défense de l’organisme. Celle-ci agit de manière indépendante avant intervention des structures médullaires et supérieures, c’est pourquoi on peut parler à son sujet de «cerveau périphérique». C’est à son niveau qu’un dialogue permanent s’établit entre le milieu intra et extracellulaire afin de maintenir l’équilibre fonctionnel du corps.

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Notre « mémoire » cor-porelle ne faisant pas de séparation entre le vécu et l’imaginaire, il devient alors possible de « pacifier » les événe-ments du passé en chan-geant leurs ressentis dans le temps présent.

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THE XX, c’est quatre jeunots londoniens au look sombre et étudié, rien de très singulier, jusqu’au moment où l’on entend résonner leurs premiers beats et vocalises : une pop atmos-phérique et accrocheuse comme on n’en avait pas entendu depuis bien longtemps.

On est rapidement transporté –voire élécrifié- dans un uni-vers feutré et profond, tel que The Cure, ou New Order ont su le faire en leur temps. Les sonorités sombres et langou-reuses font de l’album une balade aérienne et étonnante dans le paysage musical actuel. Des voix tout en retenue d’où émanent un mélange de fragilité et de désir.

L’intro de l’album annonce la couleur, avec un son envoûtant, où boîte à rythme, clavier, basse et guitare se mélangent aux voix de Romy Madley Croft et Oliver Sim. Ce son fluide et vibrant provient d’arrangements efficaces, que l’on doit au très inventif Jamie Smith. Il est celui sans qui l’aventure the XX n’aurait sans doute jamais vu le jour, puisque du haut de ses 19 ans, il a produit l’album dans sa totalité. Il a réussi à créer un son planant auquel s’accrochent si bien les voix de Romy et Oliver. On en oublierait presque les textes, écrits par les deux chanteurs, tant la musique et les voix sont en sym-biose. Cet album aux sonorités minimalistes capte l’attention à travers sa puissance mélodique, et plonge l’auditeur dans un état de lévitation assuré.

Quoi de neuf pour les XX ?Il se peut que nos petits Londoniens se mettent prochaine-ment à l’écriture d’ un nouvel album dans le courant de cette année.. en attendant on peut écouter les projets solos de Romy, et Jamie.Romy Madley Croft a collaboré avec Creep, duo de DJ en pro-venance de Brooklyn.Le morceau Days signé par le duo New Yorkais, offre un son électro minimal ou les synthés sombres s’accordent bien à la voix voluptueuse de Romy Madley Croft. Le clip video est

assez réussi, et explore les fins fonds de la nuit dans ses dimensions paradoxales entre angoisses et reveries. On peut dire que Creep a bien su capter l’atmosphère si particulière qui se dégage de la voix de Romy, et créer un morceau qui s’inscrit pour le coup dans l’esthétique de The XX.

Jamie Smith, lui s’est lancé dans le remix, et il n’a pas choisi de remixer n’importe qui... Monsieur Gil Scott Heron. Il a en effet remixé 13 morceaux de l’album de GSH « I’am New Here » sorti l’année passée, et qui a rencontré un franc succès. L’album sorti le 21 février « We’re new here » est un as-sortiment de sons incroyablement différents à la mesure de l’inventivité de Jamie Smith qui du haut de ses 21 ans ne cesse de nous étonner par sa force créatrice. Il nous fait ainsi naviguer entre sonorités trip-hop , dubstep et house. Sur le magnifique morceau « I’ll take care of you », il nous em-mène sur les chemins de la house, ou beats minimalistes et vocalises samplées forment un mélange sonore entrainant. Une réinterprétation très réussie, où l’esprit soul de l’original s’accorde bien aux sons électro. Tout ça donne bien envie de se lever et de danser, même seul devant son ordi !

Jamie aborde d’autres univers sonores comme il l’a fait sur « NY is killing me” en adoptant un rythme dub très saccadé ou la voix de Gil Scott Heron se fait rappeler cycliquement, donnant naissance à un morceau parfaitement hypnotique. « My cloud » incarne une ballade électro R &B très mélodique exposant une autre facette du talent dont fait ici preuve Jamie Smith.

Voilà donc un super album dont ne peux se lasser. C’est aussi une bonne introduction à Gil Scott-Heron pour ceux qui ne connaitraient pas le père du Rap. Seul les puristes resteront sceptiques… quoique ! Album a écouter de toute urgence.

Album dans les bacs depuis le 21 février. T.Q.

The XX : ces petits londoniensqui secouent la popSerait-il encore nécessaire de présenter The XX, tant leur album du même nom a secoué le paysage sonore de l’année 2009 ? Pour ceux qui ne sauraient rien d’eux, une remise à niveau s’impose.

Texte : Tony Querrec // Illustration : Agathe Parmentier

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VOICI DONC les Cds à prendre avec vous si vous voulez deve-nir le meilleur DJ des manifestations contre :

1/Le capitalisme a outrance et le modele Americain

Rage Against the Machine – Rage Against The Machine (Fu-sion)

Rage Against The Machine. Voilà, tout est dit ! La rage contre le système. Ça c’est du nom de groupe engagé non ? RATM, c’est le symbole même de la lutte, de la musique engagée politiquement. Groupe qui n’hésitera pas, en 2009, à débar-quer sur scène en prisonniers de Guantanamo, seul groupe qui s’est vu interdire la totalité de ses morceaux à la radio après les tragiques attentats du 11 septembre, qui brûlera le drapeau américain sur scène à Woodstock en 1999 et j’en passe.

Mais RATM, c’est aussi un premier album (éponyme) de lé-gende sortit en 1992 (année des émeutes de Los Angeles, ville d’origine du groupe). Un nouveau style musical naît avec cet album, la Fusion Rock /Rap propre au groupe provoque un raz-de-marée dans l’univers musical américain puis, très rapidement, mondial.

Une recherche musicale très inspirée, et, surtout, des sono-rités vraiment nouvelles à l’époque. Du premier riff de basse de Bombtrack au dernier cri de Freedom, la magie opère : plus efficace, tu meurs ! Vous pouvez d’ailleurs faire un test rigolo : Mettez « Killing in the name of » et essayez de ne pas bouger la tête. Mon Bob l’éponge en peluche à celui ou celle qui y arrive !

Et la pochette alors ? Et bien la pochette, elle veut tout dire. C’est une (vraie) photo d’un moine Bouddhiste qui s’est im-molé par le feu en juin 1963 pour protester contre le ré-gime dictatorial sud-vietnamien de Ngô Dinh Diêm, soutenu à l’époque par les États-Unis.

Culte, tout simplement.

À écouter : Killing in the name of, Know your enemy, Freedom

2/Toutes les formes de ségrégation et d’injustice sociale

Bob Marley - Natty Dread (Reggae)

NO WOMAN NO CRY ! Une chanson taillée pour notre ma-gazine, puis que le (grand) Bob Marley console une femme des rudesses de la vie des ghettos américains des années 60/70 dans ce qui reste peut-être, à l’heure actuelle, son plus grand succès.

Ai-je seulement besoin de présenter Bob Marley ? Le plus grand représentant de reggae de tous les temps, le porte-parole, le leader de tous les peuples qu’ils soient défavorisés ou non ? Je ne pense pas. Pas la peine non plus de vous rappeler que l’homme engagé, militant constamment pour la cause des opprimés et le tiers-monde. Impossible, donc, de passer à côté de ce géant dans notre rubrique.

Alors, pour protester sans (trop) s’énerver, vous savez ce qu’il reste à faire !

À écouter : No woman No cry, Natty Dread, Lively Up Yourself

Engagez-vous !Une chronique musicale « pratique » ... et pas pour n’importe quel numéro : un numéro résolument engagé contre les maltraitances faites aux femmes. Alors du coup, on a tous envie lever nos petits poings en l’air. On a envie de s’engager ! Mais engagez-vous en musique ! Parce que c’est bien beau de descendre dans la rue pour pro-tester mais qu’est ce que je balance dans mon Guetto Blaster pour accompagner mes cris ? Hein ?

Texte : Mathieu Gueguen // Illustration : Rougerune

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3/ Les ravages commis contre Mére Nature

Gojira - From Mars to Sirius (Métal)

Une musique intense, rythmée, puissante, emmenée par l’in-croyable duo des frères Duplantier (fils du cinéaste, le monde de l’art est petit) ... et pourtant, cet album est une invitation à la paix, au respect de la nature. Le nom, From Mars to Sirius (Mars, symbole de la guerre et Sirius, son opposé) et cette pochette, belle et sobre, illustrent l’ambiance aérienne omniprésente dans cet album.

En dehors de sa musique très inventive, le groupe originaire des Landes délivre, depuis ses débuts, un message clair et omniprésent dans la majorité de ses morceaux : nous n’avons qu’une seule Terre les amis ! Alors … On se réveille ? On arrête maintenant ?

Un groupe à découvrir (âmes sensibles aux oreilles frêles et délicates, ne surtout pas s’abstenir ... un peu d’éclectisme n’a jamais fait de mal).

À écouter : Global Warming, The Heaviest Matter of the Uni-verse, Ocean Planet

4/ A peu pres tout

Kery James - À l’ombre du Show Business (Rap)

Difficile de choisir un artiste engagé dans plusieurs causes ... il y en a, à la fois beaucoup et finalement bien peu. Kery James fait partie de ses intarissables artistes qui dénon-cent, de manière assez juste, les diverses injustices de notre monde ! Et ce, depuis presque 20 ans. Tout d’abord via son premier groupe, Ideal J (auteur, entre autres, d’un des meilleurs titre de toute l’histoire du rap français, hardcore) et, depuis 2001, en solo.

Kery James a développé ce qu’il appelle lui-même le rap «conscient» et nous délivre, dans son troisième album, plu-sieurs textes d’une justesse et d’une clairvoyance rare. Tan-tôt poète, prêcheur ou révolutionnaire, l’artiste dénonce avec une grande maîtrise des mots des sujets parfois (souvent) tabous et, surtout, bien loin des clichés que l’on connaît sur la banlieue, l’intolérance et toutes les formes d’extrémismes. Un album à écouter et à lire.

À écouter : L’impasse, Banlieusards, À l’ombre du show bu-siness

S'il vous reste encore de la voix

Atari Teenage Riot - Burn Berlin, Burn ! (Éléctro). Un groupe phare de la scène « électro hardcore » Berlinoise ayant créé, durant des concerts sauvages aujourd’hui cultes, des émeutes dans les rues de la capitale allemande au milieu des années 90 !

Renaud - Mistral Gagnant (Variété). Peut-être l’album le plus connu (et le plus vendu) de l’artiste français qui contient une véritable déclaration d’amour envers toutes les femmes du monde (Miss Maggie) et, ce qui reste à ce jour (mais cet avis est subjectif) un des plus beaux textex de la chanson française, Fatigué.

Et beaucoup d’autres ... la musique c’est bien (c’est même mieux que bien), mais c’est tellement mieux quand c’est ac-compagné d’un vrai message !

Chers lecteurs, à vos Ghetto Blasters. M.G.

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LES DO ET MOI, ça a commencé par une invitation hasardeuse : « Viens à la maison à Massy, je t’invite à concert dans une petite salle derrière chez mes parents. À mon avis ça va être cool ». Aller à un concert quand on ne connaît pas l’artiste, ça passe ou ça casse. Soit c’est dingue, vos oreilles sont enchan-tées, soit c’est un grand moment de solitude. Vous voyez tout autour de vous des bouches endiablées articuler les mêmes paroles – que vous ne connaissez pas – et vous vous dites que ça doit être cool quand on sait ce qu’il se dit. Ou alors vous les regardez avec des points d’interrogation dans les yeux, façon Jim Carrey dans Batman Forever (mais même ça ça ne les détourne pas de leur flow) parce que cette soupe ne vous touche pas.Là en l’occurrence, ce que j’ai vu, c’est un vrai spectacle. Le genre de spectacle où tu as l’impression que les musiciens ne jouent que pour toi, que vous êtes seuls dans cette grande salle et que tout cela se passe dans le but unique de te faire plaisir. Sauf que dans la vraie vie il faut être très riche pour que ça arrive vraiment. Comme quoi, la bonne musique rend riche, même si on ne peut pas la déposer au coffre.

Ce qui m’a plu, en dehors de la tenue de la chanteuse et de ses plumes dans les cheveux, c’est l’expérimentation, et le côté organique de la musique. Organique grâce aux percussions qui donnent aux sonorités un côté tribal, transcendant, et perché. Organique aussi car proche de nous. Avec par exemple ces voix d’enfants qui hurlent à s’en faire péter le gosier « we are not crazy ». On dirait autant de voix intérieures qui résonnent ensemble et dans nos oreilles aussi, on y croit, on compatit, on participe. Et c’est la première chanson de l’album : on annonce la couleur. Si tu n’es pas prêt à écouter cet enfant qui hurle en toi, passe ton chemin. Alors du coup, tu restes. C’est rare les moments où on te laisse cette liberté d’être toi, d’être naïf, immature, de pas comprendre ce qui se passe alors que tous les hommes sont devenus fous.

C’est pour ça que j’aime cet album. C’est un cri de liberté. Leur nouvel album, Both ways open jaws, sorti le 7 mars dernier, s’inscrit dans le même registre. Rythmes inattendus, balades ensoleillées à la Stay (just a little bit more). On s’y retrouve. J’ai déjà un coup de cœur pour Slippery Slope, la grosse caisse me rappelle au bercail. Vivement l’été, vivement le vent, vivement le prochain concert.

C.S.www.myspace.com/thedoband

Pourquoi en 2011 j’écoute toujours

l’album des Do en boucle ?

Tout de même, ça va faire trois ans que A Mouthful est sorti dans les bacs. Et pourtant je ne m’en lasse pas. Introspec-tion mode-on.

Texte : Carole Sertimoun // Illustration : Marius Guiet

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OU PLUTÔT, pour éviter de tomber dans les clichés, dépas-sons cette phrase de vieux con et arrêtons-nous sur le carac-tère finalement bien malléable des étiquettes musicales. Il y a des années déjà, mon cher paternel me racontait comment en 1977 il avait fallu coller des autocollants « punk » sur les pochettes des Sex Pistols pour que des petits gars fans de Balavoine comprennent ce qu’on essayait de leur vendre. Ou comment le célébrissime Raw Power des Stooges (sinon té-léchargez), portait la mention « Hard-Rock », uniquement sur le premier pressage français. La réussite en musique n’est rien d’autre qu’une reconnaissance de masse à travers des concepts caractéristiques de mouvements musicaux. Pour faire simple, si je vous dis que la fille de la pochette porte une guitare acoustique en bandoulière : folk, rock ou pop. Oui, mais ses cheveux sont blonds et propres : pop ou folk. Derrière elle un arbre ? Folk. Dites moi que j’ai tort. Car, n’en déplaise aux puristes du son et aux amoureux de la six cordes, il est aussi difficile de vendre un concept que d’en avoir l’idée, et il se doit d’être soutenu par tout un arsenal de schèmes visuels.

Prenons un exemple qui remonte à peu. Si vous avez moins de trente ans et que vous n’avez jamais vécu au fond d’une cave, vous avez probablement vécu cette arrivée sirupeuse de pop proprette au doux nom d’Avril Lavigne : prenez une poupée, mettez-lui des épingles à nourrice sur les fesses, baptisez ça « renouveau punk-rock », laissez filer en boucle sur des radios généralistes, puis mesurez les conséquences de l’idée que le vulgus se fait d’un courant musical à tra-vers son versant le plus affadi. Souvenez-vous, il s’agissait de savoir ce qui était goth ou ne l’était pas (et qui n’était plus vierge, mais c’est une autre histoire). Le « rock-quoi » (merci Thomas VDB) était en pleine ascension : tout petit

lazzi guitaresque avait l’ambition d’un solo de Led Zeppelin et les gamines à Vans pullulaient dans les cours de récré. La désintégration d’un mouvement, ce n’est finalement que sa récupération par la nomenklatura du commerce internatio-nal. Mais rassurons-nous, tout revient aux sources. Qui se souvient des revivals ?

Mais voilà, force est de constater que quand on m’annonce sur une péniche parisienne un groupe portant une étiquette « post punk », il me prend des envies de verser ma petite larme dans une attente presque douloureuse d’un second Joy Division. Quand à la place, un bellâtre de dix-sept ans se montre poignant de ridicule à force de mimiques pleines de pathos et essaie de reproduire un schéma de caste (je-suis-une-rock-star-et-ma-vie-est-un-drame-snif), j’ai des envies de meurtre. Pire, je voudrais bien qu’il s’électrocute avec son micro, ce petit margoulin. Ce n’était pas mauvais, non, mais j’avais l’impression que ma mère m’avait acheté un oeuf en chocolat qui ne portait pas de nom allemand, une Barbie de supérette, une pâte à tartiner sans noisettes. Dans quelques temps je ne m’en souviendrai plus mais diantre : les étiquettes, ça pique.

Tout cela pour en venir à l’espèce qui rend ces dénomina-tions crédibles aux yeux du public, j’ai nommé, le journaliste musical. Souvent crédible malgré tout (non, ne me parlez pas des Inrockuptibles), ce petit mâle velu a pris la sale habitude depuis des décennies d’attribuer à tout prétendant à la gloire son étiquette consacrée. Ouvrez votre RocknFolk, surfez sur la page du NME, avalez des montagnes de « disco-punk-hardcore à tendance ukulélé-pop » et autres « indé-électro vs reggae-jam ». Et faites une jolie grimace à Tata.

C’est à un concert de gentils mecs branchouilles, rockeurs à mèches aux t-shirts savamment dé-tendus, que je me disais, il y a peu, dans la foule des teenagers sur-lookés, que le rock, les enfants, ça avait bien changé.

Texte : Margaux Perez // Illustration : Eva Rodriguez

Les etiquettes,

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Mais non, non, je ne serai pas l’infâme tortionnaire qui ne jure que par le sacro-saint panthéon des gloires passées, et c’est avec joie que j’avancerai une certaine autocritique (et pourtant, il m’en coûte). Pour 95% des gens, la musique est le truc qui passe à la radio au boulot, sur lequel on danse au Macumba l’été quand le beau Dédé a mis sa chemise à fleurs, qu’il est beau ce Dédé, et des souvenirs de playbacks savants devant le miroir chez Tata Francine. Pour ceux là, tous les « autres », ces gens qui se plaignent qu’on introduise du mainstream dans leurs petites cases de puristes, ne sont que des cons réactionnaires qui ne méritent que de finir seuls noyés sous la poussière, un tas de vinyles comme oreillers, un 45 tours collector dans une main et un vieux ticket de concert dans l’autre. Ces nazis du goût sont partout - oui, osons les métaphores remâchées. C’est le monsieur bien propre sur lui qui vous postillonne sur la joue tandis que vous hésitez entre deux enregistrements d’une symphonie quelconque quand vous pensiez prendre la moins chère (oui, vous avez déjà reposé la version André Rieu, sinon fermez ce magazine - mais qu’il est beau ce Dédé). C’est votre copain, votre cousin, pire, votre rien du tout, qui s’esclaffe comme une hyène hyperactive sur votre passion pour la Cucaracha. C’est enfin votre tendre maman qui pleure sous le sapin parce qu’elle a eu la version remastérisée des Beatles quand elle aurait voulu le son quelque peu cradingue des premiers

temps. Quel est cet instinct de pureté louche, cet eugénisme basé sur le mythe de l’original ? A l’heure où on vous promet des catalogues entiers de tous les genres musicaux en deux clics (payants, hein, vilains pe-tits hackeurs), et ce au détriment de la qualité du son (qui se retrouve castré par les compressions en tous genres, au point qu’entre les fréquences moyennes on peine à discer-ner un solo de basse), quelle place reste-t-il pour les nos-talgiques de l’opulence musicale? La quantité, oui, mais aux dépends de la qualité - comme chaque pan de notre société, en quelque sorte. Cela vaut autant sur le plan de la quan-tité faramineuse de nouveaux groupes qu’on essaie de vous vendre, que sur celui de l’accès à la musique, toujours plus diversifié, mais virant presque au format « .midi »... et je ne vous parlerai pas de l’instinct de consommation et de ses dé-rives sur l’appréhension de la vie sociale, car on s’éloignerait du sujet - mais on en revient là.

La morale de ces brèves considérations pourrait être qu’il ne faut jamais oublier qu’on est toujours le puriste d’un autre, et qu’un peu de tolérance n’a jamais fait de mal à personne. Enfin, si c’était vrai, j’aurais l’impression de postuler à Miss France. M.P.

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TOUS LES JOURS on me piétineon m’écrase, me ratatineon me rase et je fais grise mineon m’assassine, et c’est la crisesur mes rebordsen mon milieu et jusqu’au murles malheurs, les rires, fleurissent en mon corpsmon dieu c’est fou tout c’que j’endurecoquin de sortles pleurs et même la pisse s’évaporent par mes poresdans mon empire y a du mieux et y a du piremoi, toutes les odeurs je les respireje dors les yeux gonflés de peurcar je vis dehors jusqu’à pas d’heure

on m’investit, me travestiton me fait rire, on me déprimeon me sourit, on me pourrità force que sur moi l’on se rueje suis féru des gens polismais on me salit et puis m’abîmecar de la rue je suis la lie

on me souille, on me barbouilleà quelques mètres au-dessus du solduquel je ne suis que la dépouillede petites bouilles déambulentgarçons et filles caracolentcourent, crient, avancent, reculentles plus fous me crachent à la gueuleles plus cons m’adulentles plus timides rasent mes rigolestoujours est-il que c’est mon corps que l’on maculecar des piétons je suis l’idole

des maux et des joies je suis témoinet sur moi se dandinent chats et chiensqui aboient, miaulent, naissent et meurentme refilent leurs poils et leurs mauvaises odeurs

sur moi la populace s’amoncelledes demoiselles, des dégueulassesje vois tous les styles de semellesles laides et puis les bellesle parfum et la crasse

à c’qu’y parait, les gens se lassentde chacune de mes parcellesmoi le prince du macadammais messieurs dames, je pèse vos carcassesje soulève vos centaines de kilogrammessans soupirer, avec une bonne dose de zèlealors mettez-vous donc à ma placeayez pitié de mon âmeje ne suis pas une poubelles’il vous plaît, faites-moi grâcede vos gommes à mâcher, et de vos caramels

c’est vrai, ça colle sous vos godassessous vos vilaines grollespuis ça s’accroche à mon solles textures molles, peu à peu, deviennent dures et tenaceset ça m’agaceça me désoleon dirait que ma grosse tête a chopé la petite vérolela seule manière pour que j’m’en débarasseest qu’une pluie forte et follemouille mon revêtement grimaçantou que la mairie de mon arrondissementmette en place une sorte de protocoleinterdisant les chewing-gum et autres déchets sucrés, salésou qu’un aimable employé fraîchement racolé vienne les dé-coller

au pire, si l’on me voit trop saleet trop frêle, je serai en première logepour voir la tronche cruelle de la truelle qui me délogepuis celle un peu pâle de ces quelques nouvelles dalles

Champ Libre :

Histoire de TrottoirTexte : Khamsin // Illustration : Rougerune

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ça me met en rage, vite, faut que j’me calmeet j’veux voir une dernière fois ce feu tricolore mal placéet mon pote le poteau penché, avant que j’crame au napalmavant que j’me fasse arracher, puis bêtement remplacer

je suis devenu allergique à tous vos - ticsvos - «m’as-tu vu au coin d’la rue»vos - petites sandales qui puentet vos - puériles petites mimiques

moi, je l’ai vraiment connue, la rueje l’ai côtoyée de long en large

et du ciel, je vois ça comme une pageun quadrillage urbain où l’encre sueoù les bords sont écornésoù le trottoir n’est que la margepas indispensable, souvent gribouilléemais au final utile à sa façonje vous énerve, je vous élèveun soir je vous sauveet plus tard c’est moi qui crèvetout cela est absurdeje laisse béton

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BELIER :Travail : Certains d’entre vous s’improviseront astrologue au profit d’un magazine tout neuf. Les autres feront ce qu’ils peuvent.Argent : Le prix de votre pain préféré à la boulangerie d’à côté, celle juste après la boucherie là, tu vois ? Ben, il va augmenter de 10 centimes.Affectif : Le troisième décan est soutenu par Vénus, et Pluton sera une grande influence en Mai. J’espère que cette infor-mation vous aide.Bien-être : Vous avez la pêche, la patate, la frite, c’est la fête au village. Et en plus il fait beau.

TAUREAU :Travail : Si vous êtes responsable qualité dans l’agroalimen-taire, méfiez-vous de vos collègues : vous subissez l’influence de Mars !Argent : Vous devriez faire attention : les soldes, c’est fini.Affectif : Vous serez d’une sensibilité à fleur de peau, évitez donc les comédies romantiques avec Hugh Grant et préférez un bon Louis de Funès.Bien-être : Pas d’excès ! Une verveine et au lit !

GEMEAUX :Travail : Vous serez très mobile en mars et avril mais beau-coup plus statique en mai. C’est un fait, là-dessus, je suis intraitable !Argent : Vous allez recevoir un bon de réduction de 0,90€ à valoir sur le paquet familiale de Kiri. Bande de veinards !Affectif : Globalement, vous serez triste. Mais vous ferez bonne figure pour la plupart, et ça, c’est super-sympa de votre part !Bien-être : Vous allez avoir des problèmes gastriques. Atten-tion au laitage ! Doucement sur le Kiri !

CANCER :Travail : Moins de pauses café, plus de concentration. On se sort les doigts, ça fera du bien à tout le monde !Argent : L’augmentation c’est pas pour tout de suite. Et si vous êtes chômeur, il est temps de penser à se reconvertir.Affectif : Rien. Mais vraiment, rien. Voilà.Bien-être : Honnêtement, je serai surpris que vous passiez le mois d’avril.

Fauroscopede Printemps

Concrètement, on va pas se mentir, ça s’annonce pas tout rose, les enfants. Pas pour tous, cer-tains tirent leur épingle du jeu. Les autres ne peuvent qu’espérer que l’été sera plus clément, et que les planètes foutront moins le bordel dans le ciel, parce que clairement là, c’est plus possible. Surtout pour les cancers. Les pauvres.

Faustrologue : Gilles Seiller // Illustrations : Julie Olivier

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LION :Travail : Vénus vous surveille pendant toute la saison : statu quo confortable.Argent : Vénus vous surveille pendant toute la saison : statu quo confortable.Affectif : Vénus vous surveille pendant toute la saison : statu quo confortable.Bien-être : Vénus vous surveille pendant toute la saison : statu quo confortable. En somme, c’est l’ennui...

VIERGE :Travail : De fortes chances de promotion ! Attention au prin-cipe de Peter !Argent : Ça va.Affectif : Maman va vous faire un chocolat chaud avec des marshmallows qui flottent. Trop d’la balle.Bien-être : Une légère crampe au mollet pour les vierges du premier décan. Les autres, c’est la merguez party, on s’éclate.

BALANCE :Travail : Ignorez vos collègues, ça vaudra mieux pour tout le monde...Argent : C’est le moment que vous attendiez depuis long-temps : investissez dans tout et n’importe quoi, ça peut pas-ser.Affectif : Investissez dans tout et n’importe quoi, ça peut pas-ser. Évitez tout de même vos collègues, aussi sexy soient-ils.Bien-être : Peste et choléras s’abattront sur votre famille. Mais vous ça va. À l’aise.

SCORPION :Travail : Je vais pas y aller par quatre chemins : là, je sais pas. Voilà.Argent : Non, vraiment, les scorpions, je sais pas quoi vous dire.Affectif : J’espère pour vous que ça ira, mais à part ça...Bien-être : Enfin bon, ça peut pas être pire que les cancers.

SAGITTAIRE :Travail : Famille, patrie.Argent : Vous ne comptiez pas partir en vacances, cet été ? Si ?!..

Affectif : Rassurez-vous : il ne vous méritait pas. Sauf si c’était un cancer, et dans ce cas, c’est ballot.Bien-être : Ça ira mieux quand vous vous serez enfin décidé à aller voir le dermato. Ça commence à se voir, faut faire quelque chose là.

CAPRICORNE :Travail : Si vous êtes étudiants, je peux d’ores et déjà vous dire que vous allez pas beaucoup vous reposer pendant les vacances de Pâques !Argent : Vous serez un peu à la ramasse, mais ça vous fera du bien. Je sais pas trop comment, mais ça vous fera du bien. Ouais.Affectif : L’influence de Pluton sur les astres, en avril, vous plongera dans le doute sur des questions pourtant primor-diales : «j’adopte un chat... ou un chien ?»Bien-être : Vos allergies seront assez calmes, le printemps se fera sans eczéma ni nez qui coule.

VERSEAU :Travail : Une opportunité en or se présentera. Mais vous pas-serez lamentablement à côté.Argent : Vos finances sont stables. Donc si c’était galère en hiver, ça va pas s’arranger de sitôt.Affectif : Si vous êtes en couple, ça se passera suffisamment bien pour survivre jusqu’à fin avril. Après, je vous promets rien.Bien-être : Pour les sportifs : Saturne gouverne votre ciel en Mai, donc vous pouvez vous passer de l’échauffement, c’est cadeau !

POISSONS :Travail : Mars et Pluton font la fête dans votre constellation, bonne chance pour la concentration !Argent : Mars et Pluton font la fête mais vous proposent un prêt à 2%, ce qui est plutôt pas mal.Affectif : A moins de tomber sur un cancer dépressif, et on les comprend, vous allez passer un printemps fleuri. C’est le propre du printemps.Bien-être : Une migraine le 3ème jeudi d’avril. Sinon, la fête, la patate, la foire aux potirons.

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