Parceque #15

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Vacances, exotisme, décalage horaire, jus de pastèque et poulettes, VOYAGE VOYAGE, un numéro un peu musical, pas trop années 80 non plus, mais ensoleillé, ensablé et endiablé.

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / ÉDITO / 3

EDITOPar Carole Sertimoun

PARCEQUE, le magazine qui dessine : une folle équipe de rédacteurs et d’illustrateurs bénévoles qui ne vous veulent que du bien.

Direction de la rédaction : Carole Sertimoun

Adjoints à la rédaction : Flore Engelvin et Guillaume Pascal

Adjoints à l’illustration : Coline Poulette et Eliott Rytingur

Maquette : Saria Chemali

Relecteurs : Tristan François, Maryna Pawlik, Gaëlle Boucly

Rédacteurs : Caroline Bléteau, Angéla Bonnaud, Blanche Delacourt, Annabelle Gasquez, Outi Munter, Guillaume Pascal, Atrus Princeps, Marie Poulette, Carole Sertimoun, Anastasia Tarassova, Tonton Zic.

Illustrateurs : Diane Aberdam, Olivier Crepin, Gail Gosschalk, Lindsay Grime, Vivi Lablonde, Léely, Léarc-en-ciel, Claire Lupiac, Linecé Madu, Lauraine Meyer, Outi Munter, Rougerune, Coline Poulette, Cibee Rakotoarisoa

Couverture : Tatiana Kazakova

Illustration Edito : Sylvain VdS

La Pin-Up/Le Pin-up : Coline Poulette

Gestion du site parceque.org : Vincent Desdoigts

Conversion Epub : L’Apprimerie (lapprimerie.com)

PARCEQUE est une association à but non lucratif ayant pour vocation de promouvoir le dessin et l’écriture libres et sensibles par la diffusion nationale bimestrielle d’un magazine participatif et avant-gardiste auprès d’une large population.ISSN 2258-0301

Pour nous écrire : [email protected] vous abonner, faire un don : www.parceque.org

Pour nous écrire pour de vrai : ASSOCIATION PARCEQUE19 rue Émile Zola92600 Asnières sur Seine

Il était temps qu’il sorte, ce numéro ! C’est pas une vie d’avoir 24/24h Desireless dans la tête, vraiment. Mais bon, il faut dire que 1986 fût une très belle cuvée, comme le prouve le Disque d’Or Voyage Voyage ou encore la coupe de Claudie, sa singulière chanteuse. Un apport sans précédent au monde de la création capillaire et de la Synthpop - oui, c’est comme ça qu’on disait, dans le temps.Tout ça pour dire qu’après le numéro CUL, et l’onde de choc qu’il a provoqué dans la presse française et internationale, nous avons choisi un sujet plus facile et moins dévergondé, « un truc que tout le monde va aimer », pour reprendre les mots de la vice présidente -soucieuse de la sensibilité de nos lecteurs, et qui ne sera pas censuré sur l’Apple Store. Mais quel rapport me direz-vous ? Le rapport, c’est que ça y est, PARCEQUE est désormais lisible sur iPhone et Tablette ! Tout cela grâce à nos nouveaux copains de l’Apprimerie, qui nous réservent encore bien d’autres surprises digitales et interactives pour la suite. Grâce aux toujours plus nombreux petits doigts musclés et bénévoles de cette jolie revue, l’aventure continue !

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4 / SOMMAIRE / PARCEQUE#15

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / SOMMAIRE / 5

PARCEQU’ELLE FAIT NOTRE COUV6 Tatiana Kazakova

PARCEQU’IL SE PASSE DES CHOSES8 les News de la rédaction

26 LA PIN-UP

50 PARCEQU’ILS LE FONT

SOMMAIRE

VOYAGE VOYAGE10 Monumental tourisme14 Rêveries Indiennes16 Un voyage par procuration18 Un amour de vacances22 Des gens du voyage : Erik Truffaz Quartet30 La BD de Léely34 Carnets cathartiques38 Ces voyages qui font peur40 L’invitation au voyage42 Jetlag44 Yoji46 Tartinades à la Outi48 Vrairoscope

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6 / ELLE FAIT NOTRE COUV/ PARCEQUE#15

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / ELLE FAIT NOTRE COUV / 7

Tatiana Kazakova est née en 1979 à Novosibirsk en Russie et vis aujourd’hui à Moscou. Elle est professeur d’arts plastiques, et parallèlement artiste peintre. Elle puise son inspiration dans la nature, les voyages et le cinéma. Elle travaille le plus souvent d’après des photomontages, qu’elle finalise en peinture digitale. Ses oeuvres intriguantes et oniriques nous ont interpellés, et elle a accepté de faire notre couverture pour ce numéro spécial voyage...

Elle fait notre couv :Tatiana Kazakova

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8 / LES NEWS / PARCEQUE#15

WHEN IN SKYFALL, par MarieAu large de Nagasaki, une île fantôme. Gunkanjima, l’île cuirassée, celle du dernier James Bond. Inhabitée jusqu’en 1810, elle se peuple soudain d’hommes venus extraire du charbon. 1916 : 3 000 personnes y vivent, malgré des conditions difficiles (habitations spartiates, sanitaires collectifs, murs en béton pour horizon). 1941 : la production annuelle de charbon est de 410 000 tonnes. 1959 : 5 259 habitants, la plus forte densité au monde. La ville-île est à son apogée, des écoles sont ouvertes, des bars, des cinémas, des jardins fleurissent sur les toits. 1960 : le pétrole remplace le charbon. 1974 : la mine d’Hashima ferme, les hommes s’en vont. Yves Marchand et Romain Meffre y consacrent un ouvrage aux éditions Steidl, sorti le 7 mai. Envoûtant comme tout lieu déserté par l’Homme, raconté par Alissa Descotes Toyosaki.

CINEMA PARADISo, par Laurent« En voiture Simone, moi j’conduis, tu klaxonnes… et fais chauffer le pop corn on va au cinéma ! ». Du 10 au 21 juin 2013, le Grand Palais accueille… un Drive-in ! C’est la Fiat qui produit l’événement. Psychose, Taxi Driver, Pulp Fiction : de quoi passer de belles soirées en perspective. Mais attenzione : on n’y va pas avec sa voiture (ah bah non enfin c’est d’un bourgeois), puisque sous la nef seront entreposées pas plus d’une centaine Fiat 500 et 500L. Et une entrée de 19 euros m’sieurs dames !

DES IMAGES PAS SI MAL, par TiphaineExit les magnifiques cartes postales de vacances paradisiaques ou bien encore la photo du petit dernier ! Pour travailler mieux, il faut regarder mieux ! Une récente étude de l’université d’Hiroshima au Japon vient en effet de démontrer que la contemplation de photographies de chiots ou de chatons permettait d’augmenter la concentration de manière significative. Pour ceux qui n’osaient pas, voilà une bonne raison d’afficher son dernier Canevas “Petits chats dans un panier” au bureau.

MÉTÉo DES JoURS FERIÉS, par GuillaumeÇa n’aura échappé qu’aux chômeurs et aux retraités : le mois de mai commence bien puisque la Fête de la Victoire et l’Ascension se suivent, créant ainsi un pont de 5 jours. 2013 a été une assez bonne année et la tendance va se poursuivre en 2014 et 2015, mais prévoyez une année 2016 beaucoup plus morne : le 1er mai, le 8 mai et Noël tomberont un weekend. Conjugué à une mauvaise météo, ce phénomène peut augmenter les dépenses en antidépresseur, et précipiter notre sécurité sociale dans la banqueroute.

Les News

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / LES NEWS / 9

LA VoDKA, C’EST “SAKÉ” BoN, par LaurentIls sont forts ces Japonais ! Au Pays du Soleil Levant, il est devenu normal de jouer du tambourin en slip de bain, de pratiquer le cycle-ball (eh bah du handball sur des vélos, ça parait évident…), ou bien de manger des glaces dans des préservatifs… Et bien j’ai pour vous, m’sieurs dames, la nouvelle tendance du moment : la vodka aux guêpes ! Un Nippon amateur de S***** (pas de marque !) s’est lancé dans la production de ce « nectar divin ». Temps de fermentation ? Trois ans ! On a hâte…

PARTIR, “AILLEURSLAND”, par TristanTout laisser, changer de vie, partir à l’autre bout de la Terre, on en a tous rêvé ! Et à l’autre bout de l’univers ? Kepler, un télescope qui se promène dans l’espace, au-dessus de nos têtes, a découvert il y a peu deux planètes extrêmement similaires à la Terre, habitables sans doute. Léger problème, les 2 700 années-lumière à parcourir pour les atteindre, dans la constellation du Cygne. Un voyage qui a le mérite de laisser du temps pour dessiner les plans de sa future maison, en espérant que ce ne soit pas occupé d’ici là.

LA TÊTE EN BRICHE, par YoulouneLes 25 et 26 mai 2013, aura lieu la 2ème édition de l’événement de la Briche Foraine. Cet événement fédère les savoir-faire et énergies d’un collectif d’une cinquantaine d’artistes aussi divers que variés. “ Un mode de vie, créatif avant tout ! ” Basé à Saint Denis, cet événement est plus qu’une exposition de nos travaux, c’est une véritable mise en scène. Entre danse, musique et théâtre, aux couleurs, costumes et motifs parfois délirants, imaginés et créés autour de rites ancestraux, vous visiterez nos décors les plus somptueux, vivrez nos plus folles attractions et rencontrerez nos chaleureux hôtes.Au 65 rue Paul Eluard à Saint Denis (93)

CURIoSITÉS ANIMALES, par GailJusqu’au 31 juillet, l’espace galerie de la plateforme PapelArt, qui place au cœur de ses engagements l’utilisation du papier et soutient des artistes émergents qui intègrent ce support dans leur processus créatif, se transforme en cabinet de curiosités pour vous présenter une sélection d’œuvres mettant en scène l’animal. À nouveau très présente dans la création contemporaine, la figure animale s’avère au cœur des préoccupations des artistes de la galerie et invités, lesquels nous offrent une iconographie animalière qui s’approprie les grands thèmes qu’abordaient les bestiaires du moyen âge.PapelArt, 1 rue Charlemagne 75004 Paris

de la rédactionILLUSTRATIoNS : DIANE ABERDAM

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10 / MONUMENTAL TOURISME / PARCEQUE#15

TEXTE : GUILLAUME PASCAL // ILLUSTRATIoN : CLAIRE LUPIAC

Monumental tourisme

Le tourisme représente 9% du PIB mondial, ce qui est une aubaine pour les pays sans pétrole, ni industrie, ni fiscalité attractive, pour les mafieux et les oligarques. Mais tous les pays n’ont pas la chance d’avoir un Machu Picchu, toutes les villes n’ont pas eu la bonne idée de construire une Tour Eiffel, et certains ne peuvent compter que sur leur ingéniosité pour faire venir des touristes inconsidérément dépensiers.

Quand on manque d’imagination et qu’on a du temps libre, beaucoup de temps libre, le plus commun pour faire parler de soi est de se lancer dans une activité si absurdement vaine qu’elle en devient une attraction. C’est ainsi que Francis Johnson, un fermier du Minnesota, commença en 1950 à faire une pelote avec des bouts de ficelle et, sans doute un peu monomaniaque sur les bords, consacra quatre heures par jour à cette tâche. Cela pourrait prêter à sourire mais c’est largement moins que le temps passé par un Américain moyen devant sa télévision en 2013, et la stimulation intellectuelle est équivalente.

Il poursuivit minutieusement son improbable passion pendant vingt-neuf ans et quand il mourut d’une maladie respiratoire - probablement causée par les poussières de ficelle - c’est une balle de douze mètres de diamètre que récupéra la ville. Aujourd’hui exposée dans un parc, elle fait la fierté des habitants de Darwin et la jalousie des habitants de Cawker City : leur pelote était à deux doigts de battre le record quand son créateur a lui aussi rendu l’âme après une vie consacrée au roulage de ficelle. Grâce aux rajouts effectués par les citoyens, la balle de Cawker City a fini par devenir la plus grosse, mais les spécialistes sont formels : s’y mettre à plusieurs, c’est tricher. La seule solution est donc de reprendre à zéro, mais jusqu’à présent personne ne s’est porté volontaire.

Pour un riche industriel comme Robert P. McCulloch, rouler de la ficelle n’est pas assez bien ; il faut du grandiose. Après avoir acheté à bas coût plus de 6700 hectares de terres désertiques en Arizona, ce fabriquant de tronçonneuses nomma le territoire Lake Havasu City et tenta d’y attirer les habitants à partir de 1964. Inexplicablement, personne ne s’est pressé pour acheter de terrain dans cette région aride et isolée, où la température dépasse parfois les 50°C. Une ligne aérienne gratuite et un hôtel spécialement construit pour les investisseurs fonciers n’y changèrent rien.

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12 / MONUMENTAL TOURISME / PARCEQUE#15

Pendant ce temps, à Londres, le plus ancien pont de la ville s’enfonçait lentement dans la Tamise sous le poids des voitures qui n’avaient sottement pas été anticipées en 1831. Il fut donc décidé de le remplacer mais Ivan Luckin, membre du conseil municipal, suggéra de mettre le pont de pierre aux enchères plutôt que de le démolir. McCulloch se porta acquéreur pour deux millions et demi de dollars, sans compter les frais pour démonter le pont, le transporter jusqu’en Californie par le canal de Panama puis jusqu’à Lake Havasu City par camion. Là, il fut reconstruit à l’identique sur la terre ferme, puis on creusa un canal dessous, transformant une presqu’île en île.

L’opération fut gagnante puisque Lake Havasu City compte aujourd’hui cinquante-six mille habitants et que son London Bridge est le second site touristique en Arizona après le Grand Canyon. La ville de Londres, quant à elle, a inauguré en 1973 un immonde pont en béton que l’Histoire oubliera probablement.

Côté français, on se défend pas mal en monuments touristiques, mais il faut reconnaitre qu’on vit sur nos acquis et que depuis l’exposition universelle de 1900 on n’a rien construit de très attractif. Certes, il y a le viaduc de Millau, mais son côté utilitaire n’a pas la magie des entreprises totalement inutiles comme une immense tour métallique ou des bustes de présidents taillés dans la montagne. Au XXIème siècle, la meilleure initiative a été celle du département des Ardennes qui a fait l’acquisition d’un sanglier en fer de cinquante tonnes. La bête de dix mètres au garrot, prénommée Woinic, est posée sur une aire d’autoroute et attend patiemment le jour où elle sera classée au patrimoine mondial de l’humanité.

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14 / RÊVERIES INDIENNES / PARCEQUE#15

TEXTE : BLANCHE DELACoURT // ILLUSTRATIoN : LINDSAY GRIME

Rêveries indiennes

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / RÊVERIES INDIENNES / 15

Je marche la tête bien droite, le regard imperturbable, le pas rapide. Je fais la sourde oreille lorsque les rabatteurs en tous genres me crient « Hello M’dame, Rickshaw ? », « Lassi ? », « Guest house ? », « Guide » et j’en passe. C’est devenu comme une musique de fond, qui se confond avec le bruit ambiant. Mais parfois s’élève une voix qui titille mon attention, qui me détourne un instant de mon chemin, qui me perturbe. « Bonjour Madame ! Comment allez-vous ? » Je me retourne, et je vois un indien campé sur ses jambes, le sourire tout en dents, la chemisette à poche bien repassée. « Comment sait-il ? » me dis-je avec un étonnement chaque fois renouvelé. Comment sait-il que je suis française ? Je n’ai pourtant rien d’autre que des affaires achetées en Inde, à part mes Birkenstock. Je n’ai même pas ouvert la bouche pour laisser à tous entendre mon bel accent franchouillard lorsque je baragouine quelques phrases d’anglais. Alors quoi ? Est-ce écrit sur mon visage que je suis française ? Je n’ai pas encore percé ce mystère, mais j’ai découvert que par exemple, on reconnait les Israéliens à leurs chaussures, les Italiens à leur gestuelle, les Anglais à la pigmentation de leur peau, les Allemands à leur façon de marcher, les Russes à la forme de leur sourire... Les Indiens sont de fins observateurs, et certains réussissent à nous identifier à une bonne dizaine de mètres. Alors j’ai beau m’habiller en salwar-kameez-dupata, avoir des chaussures et un sac à main local, toujours on me criera « Bonjour Madame ». Allez comprendre.

Voyager en Inde, c’est accepter l’imprévu, l’idée que rien ne sera jamais tel qu’on l’avait planifié. Toute organisation vole en éclat dès que vous mettez le pied dehors. Je dois dire que plus rien ne m’étonne, et en même temps tout me captive. Voir un palmier en sachet sortir du toit d’un rickshaw, une montagne de peau de chèvres encore fumantes sur une moto qui fonce dans le trafic, une colonie de cochons qui traverse la rue…

Tout est absolument exaltant. Visiter des temples, des musées, prendre des cours de cuisine sont des choses intéressantes qu’on peut faire à peu près partout dans le monde. Mais en Inde, chaque chose qu’on regarde surprend et interpelle. On ne sait pas de quoi sera faite l’heure suivante. On a beau tout préparer, cela ne sert à rien car tout change, tout le temps. J’ai l’impression, depuis que j’y suis, que je suis entrainée dans le tumulte d’un fleuve furieux au débit incessant. Pas un jour je ne me suis sentie en vacances. J’ai plutôt l’impression de faire du tourisme intérieur : chaque situation, chaque rencontre me fascine, qu’elle soit bonne ou mauvaise, parce que chaque fois je me sens comme poussée au-delà de mes limites. Un voyage qui est plus puissant que n’importe quelle thérapie, voilà quelque chose que je n’aurais jamais cru possible ! Accepter les changements, c’est franchement épuisant mais cela m’apporte une flexibilité inespérée. Certains rejettent l’Inde en bloc,

incapables de supporter son éventail de paradoxes. Et puis d’autres prennent l’Inde à bras le corps, et acceptent absolument tout ce qu’il se passe, sans même plus s’étonner. C’est ce qu’il m’est arrivé, et honnêtement, ce n’était pas gagné d’avance ! Quelque chose qui nous paraîtrait absolument aberrant en France devient une situation banale, presque sans intérêt, et on finit par simplement se dire : « This is India » : cela suffit à expliquer l’inexplicable.

Alors qu’on est habitués à tant de règles en France, c’est un régal de voir des femmes portant des énormes fagots de branches d’au moins deux mètres de haut sur leur tête, avec dans la main droite un sac de riz, et sous le bras gauche un bébé qui tète. Des pèlerins

venus de partout qui se baignent dans le Gange, s’y brossent les dents alors que c’est une des eaux les plus sales du monde, des familles qui voyagent avec des valises pleines de nourriture. Pas nos petits sandwiches sous vide, non, des vrais currys, des plats en sauce, des soupes etc.- des hindous qui vont prier Jésus à l’église. La liste pourrait être très longue !

J’ai aussi rencontré des gens plus incroyables les uns que les autres. Il y a eu celle qui comptait chaque sou et qui était prête à faite 3km à pied, ses 15kg de sac sur le dos, si ça pouvait lui épargner une poignée de roupies, une autre qui s’étonnait que les indiens ne cessent de la harceler partout où elle passait mais qui ne se disait pas un instant que c’était sans doute dû à son microscopique short et ses débardeurs qui invitaient la foule au balcon. Ce jeune homme à peine sorti du lycée, complètement perdu, qui avait eu affaire à la mafia japonaise trois jours après le début

de son tour du monde. Cette sexagénaire hippie, complètement shootée à longueur de journée, qui disait des Hare Krishna aux moments les plus inattendus… Mais il n’y a pas eu que des gens loufoques, il y a aussi eu des perles rares, des âmes sœurs, des gens qui rayonnent et auprès desquels on se sent nourri. Une femme tamoule qui parle parfaitement sept langues, des jeunes indiens de village qui dansent le tango argentin à la perfection, des artistes en tous genres.

Toutes les rencontres, toutes les situations enrichissent le voyage, certes, mais nous enrichissent nous-mêmes, nous aident à mieux nous connaître. J’ai découvert que finalement, manger avec les doigts, c’était franchement fun, et je ne sais pas si de retour en France je saurai à nouveau utiliser des couverts… on lance les paris ?

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16 / UN VOYAGE PAR PROCURATION / PARCEQUE#15

TEXTE : ANGÉLA BoNNAUD // ILLUSTRATIoN : oLIVIER CREPIN

Un voyage par procuration

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / UN VOYAGE PAR PROCURATION / 17

Aujourd’hui, beaucoup de personnes économisent et s’en vont découvrir des contrées éloignées pendant six mois, un an, refusant le quotidien de la vie active, et profitant de leur jeunesse pour fuir les habitudes. Je ne fais pas encore partie de ces courageux-là, mais j’ai eu la chance de goûter au statut de voyageur passif - ou de sédentaire actif, à vous de choisir ! L’année dernière, je suis partie en voyage pendant six mois. J’ai fait une proc’, une procu, une procuration. Appelez cela comme vous le souhaitez, c’était (presque) aussi bien qu’en vrai ! Vous pensez sans doute que j’exagère, que « le voyage forme la jeunesse », qu’on ne peut pas s’en nourrir à distance ? Et bien je vous affirme le contraire. Cela fait grandir, et c’est une très belle expérience que de voyager grâce à autrui. Vous êtes dans votre quotidien urbain français, et chaque semaine voire tous les deux jours vous traversez l’Eurasie pour vous retrouver quelque part en Inde. Certains matin, vous ne savez même pas où vous êtes, et où vous allez. Mais ce qui est sûr c’est que vous voyagez... Le bus est votre principal moyen de transport, le train en seconde position. Un soir, en rentrant, une carte vous arrive. Un autre jour c’est un mail, un appel téléphonique ou avec un peu de chance une conversation Skype dans le brouillard - connexion indienne oblige. Et parfois même vous croyez croiser le fabuleux destin d’A.Poulain, lorsque vous recevez une lettre datant d’un mois, déchirée en deux dans une pochette plastique de La Poste, qui vous propulse vers les cimes enneigées de l’Himalaya.

Je suis partie le 21 décembre 2011. Et en cette période de Noël, je découvre New Dehli, ses quartiers d’affaires et son flot incessant de personnes, tout en mangeant foie gras, saumon et autres amuse-gueules occidentaux dans ma banlieue orléanaise. Les maisons sont faites de bric et de broc, les routes en terre battue, et les vaches partout, tranquilles. Quelques jours après, pour mon anniversaire, je me retrouve à faire une virée en scooter puis une séance photo dans une famille indienne adorable, alors que je bois un verre à Pigalle avec tous mes amis. Puis me voilà en bivouac, en plein milieu du désert.

J’ai froid, et la solitude me déroute, mais je sens quand même au fond de moi cette chaleur de l’autre si loin, tout en dansant pour la nouvelle année. Les paysages et découvertes sont splendides, le temps file. Je visite des forts, ces bâtiments construits en haut des collines, caractéristiques du Nord-Est de l’Inde. Celui de Bikaner me marque à coup sûr. Il abrite des milliers de rats sacrés, et la légende affirme que si vous voyez le seul et unique rat blanc, c’est signe de bonheur. Les croyances des uns font les sourires des autres, puisque je me rappelle l’avoir vu. Un peu plus tard, me voila face à un magnifique palais sur l’eau, autour d’un verre au bord du bassin de la Villette. Depuis le début, les différents mets indiens à base d’œuf, de légumes, beignets et autres, accompagnent mes pâtes carbonara. Le voyage se poursuit à Agra, le Taj Mahal sous les nuages. Puis je m’installe deux semaines à Rishikesh dans un ashram pour faire du yoga et savourer la vie, traversant l’Ile de France en transports en commun, en visite dans les maisons de retraites où je travaille. Le temps est alors venu de me rendre à Bénarès, et de découvrir cette ville dont on parle tant avec le Gange et les crémations. Je verrai surtout la brume sur ce fleuve mythique, et quelques processions, alors que je dévale les pistes des Ménuires. Ce périple de jeunesse, je l’ai poursuivi au Népal, à Katmandou, sur les chemins des Annapurna, puis de nouveau en Inde en passant par Darjeeling et Calcutta. Quelques jours d’alpinisme dans les montagnes indiennes me feront rêver en attendant de m’éclipser à Bangkok pour quelques jours et de prendre l’avion pour le Myanmar. Mon voyage a pris fin un jour de juin, sur les plages du sud de la Thaïlande, et à Paris rue Didot.

Qui a osé dire qu’en pratiquant le métro-boulot-apéro-dodo, on ne pouvait pas voyager tranquillement dans quatre pays magnifiques ? Six mois pour s’évader, goûter à de nouvelles cultures, appréhender un nouveau monde. Pour tout ça, il vous faut juste un partenaire, un représentant qui vit à la fois son voyage pour lui-même, et à tout aussi envie, par amour, de vous le faire partager.

À François

Vous pensiez que pour voyager, il fallait forcément quitter le quotidien ? Pourtant, une expérience récente m’a prouvé qu’on pouvait le faire affalé dans son canapé, autour d’un verre dans un bar, assis devant son ordinateur, en attendant le métro et même en se baladant dans son quartier !

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18 / UN AMOUR DE VACANCES / PARCEQUE#15

Mon amour de vacances est rugueux, lisse, difforme ou érodé. On n’échange pas nos numéros à la fin de l’été. Et puis l’épistolaire, c’est pas non plus son truc. Entre nous, pas besoin de mots : un contact, des étoiles dans les yeux, et le voilà dans ma valise. C’est vrai que côté cailloux, j’ai toujours été une fille facile...

Un amour de vacancesTEXTE : CARoLE SERTIMoUN // ILLUSTRATIoNS : GAIL GoSSCHALK

Comme les enfants, le lieu de prédilection du coup de foudre, c’est la plage. À 26 ans encore, telle une archéologue de station balnéaire, lâchez-moi avec un seau à marée haute ou basse, et vous voilà tranquille pour deux bonnes heures. Accroupie, avançant à pas de fourmi, me voilà partie en chasse. Quand les genoux flanchent, j’enfile mon masque et poursuis ma recherche dans l’eau, au bord, me laissant flotter, plongeant férocement lorsque qu’un trésor attire mon attention, avant que la prochaine vague ne l’emporte à jamais. Bousculée, surprise par les formes parfaites et imparfaites qui s’offrent à moi, que l’océan m’offre après des années de travail, gratuitement, grand seigneur, du genre « Vas-y c’est bon ! De toute façon j’en ai encore plein... ».Je me demande ce qui m’émeut le plus finalement dans tout cela. L’esthétique accidentelle d’un caillou qui n’a rien demandé ? La générosité de la nature qui porte cela à mes yeux ? Ou le vertige d’imaginer combien de merveilles encore elle cache sans vraiment les cacher, et qui, par hasard s’échoueront sur une plage lambda ?

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / UN AMOUR DE VACANCES / 19

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20 / UN AMOUR DE VACANCES / PARCEQUE#15

Le caillou ne pense pas, il est donc par essence superficiel : pas d’intelligence cachée, de volonté quelconque d’évolution ou de reproduction. D’habitude, lorsque qu’un objet inanimé provoque en moi une émotion, c’est par son contexte humain : son environnement, qui l’a possédé, façonné, aimé, et ce qu’il transporte par conséquent comme histoire. Les cailloux échappent cependant à cette règle anthropocentrique.

La preuve par l’exemple : Grèce, début des années 2000. C’est la fin de l’après midi, je suis ado et me retrouve sur une plage de galets. Mais à y regarder de plus près, ce ne sont pas les nuances de noir-gris-blanc de la côté atlantique que mes pieds frôlent. Rose, jaune, blanc crème : je me trouve littéralement sur un tapis de macarons. Contrairement aux plages que j’ai pu fréquenter auparavant, rares sont les galets imparfaits, pas tout à fait finis. Une euphorie me traverse, celle de vouloir les observer tous, les caresser tous, sentir la douceur infinie de leurs courbes. Glisser parmi eux pour toujours, baignée du soleil méditerranéen, bercée par le ressac. Un élan romantique en somme. Et le privilège d’être seule à ressentir cette perfection dans la nature : la plage laisse mes accompagnants presque indifférents. Ça n’a pas d’importance : c’est tout pour moi, je ne vais pas m’en plaindre.La transe calmée, arrive l’heure du choix. Choisir les plus beaux, ceux qui sont au bord de l’eau, mouillés, qui laissent à voir leur transparence, la profondeur de leur teinte inouïe. Ou donner leur chance aux secs mais prometteurs, et vérifier leur potentiel esthétique en allant les tremper dans l’eau salée. Après ? oui,

évidemment... ça sèche ! Et alors, que fait l’ado en vacances ? Elle s’empare de son vernis à ongle transparent et les peinturlure, un à un, avec patience. Folle à lier, folle de ses cailloux, ravie de les faire revivre par un geste si simple...

Mais il n’y a pas que la forme qui compte. Certains cailloux sont si spéciaux qu’on voudrait en faire des bijoux. Ils ont des allures de pelage animal, de motif textile complexe et luxueux, et pourtant aucun grand couturier n’en est à l’origine. Juste des molécules qui s’entrechoquent et créent de la matière, cette matière sur laquelle nous reposons tous, la fondation de nos maisons, de notre vie.Finalement, ce qui est émouvant dans les pierres, c’est qu’elles font ce boulot incroyable de constituer notre environnement, sans rien nous demander en retour. Leur existence est un vrai cadeau.

Plus récemment, en visite dans le Sud de la France, je me suis retrouvée sur une plage de sable noir. De la pierre volcanique broyée. Quelle sensation incroyable ! S’allonger à même le sable, sentir la force de cette pierre de feu, cette énergie éteinte qui pourrait bien se réveiller un jour.La pierre n’a pas d’âme, mais elle possède ce magnétisme unique, forgé au centre de la terre, si loin. Et ces aspects si diversifiés, tous plus beaux les uns que les autres. De la pierre précieuse au caillou de plage, il n’y a qu’un pas. Certains pensent que les pierres ont le pouvoir de guérir... Ce dont je suis persuadée quant à moi, c’est qu’elles me racontent des histoires, à commencer par la mienne. Ou plus simplement celle de la Terre qui me supporte chaque jour.

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22 / DES GENS DU VOYAGE / PARCEQUE#15

TEXTE : ToNToN zIC // ILLUSTRATIoN : VIVI LABLoNDE

DES GENS DU VOYAGE Rendez vous avec Erik Truffaz Quartet

Déclaration d’amour ouverte à ce groupe de musicos modernes et globe-trotters.

Le trompettiste Erik Truffaz n’est pas, malgré ce que pourraient laisser présager ses initiales, un Extra-Terrestre. Il est né en 1960 en Suisse, pays blanc, ce qui lui donne cette allure un peu lunaire ; c’est sur...

Il forme son premier groupe en 1990. Après plusieurs changements au fil des années, il se compose aujourd’hui de Marcello Giuliani à la basse, de Marc Erbetta à la batterie et de Benoît Corboz aux claviers. À ses débuts, le style d’ E.T. évoquait celui de Miles Davis. À présent, son jeu est plus personnel ; le souffle s’affirme, s’exprime comme une musique, et avec les tons graves de sa trompette créent des atmosphères abstraites, flottantes et répétitives.

Marc Erbetta et Marcello Giuliani, forment la section rythmique (basse-batterie) : le groove (« sensation et dynamique spécifiques appliquées à un motif rythmique régulier »), c’est eux. Tension, détente, ça balance vraiment bien. Ça décolle, c’est magique.

Benoît Corboz enregistre la musique d’ E. T. depuis 1997 mais ce n’est qu’en juin 2010 qu’il prend place sur scène. Il apporte un son nouveau aux claviers, en particulier avec l’orgue Hammond (un instrument électromécanique inventé dans les années 30 qui s’inspire de l’orgue traditionnel d’église), sur lequel il crée des nappes sonores et apporte de la « profondeur de champ ». Sur scène, quand il se retrouve debout, ses solos se révèlent intenses et féroces.

Les rencontres et collaborations sont l’un des apports les plus importants à l’univers musical du groupe.Des styles très divers tel que Nya, rappeur anglophone, Mounir Troudi, chanteur classique arabe, Murcof, compositeur mexicain d’électro/ambiant, Sly Johnson, chanteur français spécialiste du Beatbox (boite à rythmes humaine) ou encore Christophe, celui de Aimer ce que nous sommes.

Et puis il y a les chanteuses : une rencontre avec Keren Ann et des participations à l’album The Chase de Brisa Roché. Des visites de Sophie Hunger dans l’album In Between, et enfin d’Anna Aaron pour trois titres de El Tiempo de la Revolución.Chacun arrive avec son monde et nourrit celui d’Erik Truffaz Quartet.La musique de l’ensemble passe du jazz au nu jazz (jazz, funk, électronique et improvisation libre) puis au rock, et aujourd’hui plutôt au jazz-pop instrumentale. Mais attention aux étiquettes, qui ne sont que des indices : la matière sonore et le style musical du groupe lui sont propres. Il est en perpétuelle évolution. Les morceaux des albums sont retravaillés en concert. La nouvelle matière sonore naît des répétitions lors des tournées à travers le monde. L’inspiration prend sa source dans l’atmosphère saisie en passant de ville en ville. Ça donne Istanbul Tango, African Mist, Lost in Bogota (ode au légendaire sens de l’orientation d’ E.T.). Il ne reste plus qu’à les « cuisiner » au prochain concert .

Alors allons-y....

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Le Rocher de Palmer, Cenon près Bordeaux, le 20 mars 2013 Marc « frappe fort sur sa batterie » C’est parti pour le voyage Deux titres d’abord El tiempo de la Revolución et Istanbul Tango Après les présentations et un bonjour au public salle allumée African Mist Après je ne sais plus Sous le charme je ne suis plus que deux oreilles et un pied qui bat la mesure Les musiciens les instruments sont bien palpables mais les sons flottent dans l’air comme le vent les caresses les ondes de choc Il y a toujours cet éloge de la lenteur Sweet Mercy Erik se déplace comme un chat sur la scène, regroupe les énergies les libère Puis Surprise apparaît Anna pour A Better Heart - Blow away- Blue Movie que le quartet accompagne d’une manière très délicate Sa voix est chaleureuse et mystérieuse Lost in Bogota (le favori de mon petit-fils Léo) Revolution of time Des impros Erik Marc Et c’est le final très funk Ça groove Les mains claquent C’est fini Bonne soirée Merci à Erik Marcello Marc Benoît

ÉpilogueMais où est donc passée la magnifique trompette Inderbinen en gouttes d’eau d’Erik ? Dans chaque album, il y a toujours un morceau bref et géant ; dans le dernier c’est Un souffle qui passe, je n’en dirai rien car son écoute est une émotion si forte pour moi qu’elle me coupe le souffle et me transforme en fontaine...

Sites utiles :www.eriktruffaz.comDeezer pour l’écoute en ligneDe très nombreuses vidéosDiscographie complète chez Wikipedia

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TEXTE : ANNABELLE GASQUEz // ILLUSTRATIoN : RoUGERUNE

Carnets cathartiques

PARTIR

On part ? - Où ? - Tu rêves d’ailleurs lointains parfois ? Oui. J’arrive.

Big Sur, c’est ce fragment de bonheur de 1500 habitants situé sur la côte californienne. Terres conquises par des tribus amérindiennes, elles passeront aux mains des espagnols, des mexicains, puis des américains, la Californie leur étant cédée lors de la guerre de 1848.

Le grand sud (littéralement “Big” signifie “grand” en anglais et “Sur” le “sud” en espagnol) était jadis appelé El Sur Grande. Les amateurs de voyage ont forcément entendu parler de Big Sur, et cela pour plusieurs raisons : littéraires d’abord, grâce à Kerouac et sa Beat Generation, ou Henry Miller dont les cendres furent dispersées dans ce paysage sauvage et sans fin. Aldous Huxley

était aussi un amoureux de la région dans sa période tardive.

Lieu de pèlerinage pour une génération de hippies ascendants chamans, Big Sur prend la forme d’une muse de terre et d’eau.

Pourtant, la fascination de ces hommes de Lettres n’est pas réduite à l’autarcie offerte par le lieu. L’histoire de cette terre fait rêver : coin de paradis isolé, seul l’achèvement en 1937 de la légendaire California State Route 1 transformera le visage de l’éden américain.

Big Sur est devenue une région touristique : les passionnés d’escalade, de randonnée ou de plongée en raffolent. Ces paysages époustouflants, ces lieux cultes - le Bixby Bridge, le Andrew Molera

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“La Californie près des orangers, c’est là que t’attends au fond de tes rêves, ton prince charmant du fond de ton lit.” Il ne faut jamais manquer l’occasion de citer un

grand poète, merci Julien Clerc.

State Park, la Ventana Wilderness - et autres lieux paradisiaques animent les passions des plus pessimistes.Et c’est bien là toute la magie de Big Sur, protégé par ses mystiques montagnes, son brouillard, ses falaises et ses arbres centenaires. Le lieu a gardé sa pureté enchanteresse.

Il y a deux mois, le documentaliste Andrew Julian publiait une vidéo magnifique intitulée “Meet Me in Big Sur”. On a toujours cette phrase un peu stupide, naïve, éphémère, lancée à l’autre comme si cela n’avait au fond, pas grande importance : “Hé dis, on va là ?” Big Sur, Hawaï, Écosse, Finlande, Tombouctou, peu importe le lieu, on ne pèse que l’intention. Le Monde nous déclarait il n’y a pas si longtemps que nous, les français, nous étions dépressifs. Non, sans

rire ? Avec la prétention due à notre population, je serai tentée de répondre : “Nous ne sommes pas dépressifs, simplement réalistes” (comme un petit hommage à l’éternelle crise d’adolescence de Damien Saez). Quand on creuse son quotidien dans un lieu, il devient rapidement insipide, insuffisant. Ce n’est, au fond, plus Big Sur ou Rio qui vous anime, mais la seule idée de partir. Une petite bicoque au bord de l’eau, Tom Hanks et son ballon Wilson en invités pour le repas dominical, une baleine nommée Jeannette comme animal de compagnie... Doux onirisme.

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S’EFFACER

Alors ? - Non, j’ai pas les moyens. - On fait que d’rêver, mais nous sommes des cons. - Oublions.

The Fall est le deuxième film de Tarsem Singh. Le réalisateur indien a peut-être créé son seul et unique chef-d’œuvre, mais qu’importe. S’il ne devait en rester qu’un, on le garderait tout près de notre cœur, pour se sentir exister par procuration. On nous raconte des histoires tous les jours, afin d’apaiser nos frayeurs, nous faire agir selon le bon vouloir d’autrui, nous amener à un sentiment bien précis.

L’histoire se passe dans les années 1920. Un cascadeur, Roy Walker, se retrouve à l’hôpital, alité et peut-être paralysé. Un jour, une note passe par la fenêtre de sa chambre et se retrouve sur son lit. Alexandria, une petite fille, patiente de l’hôpital, en est l’auteur. Elle vient pour la récupérer et c’est alors que Roy commence à lui raconter des histoires. Il s’en suit alors une série de récits, tous mis en scène dans l’imagination d’Alexandria, qui, dans le monde du conte se sert des personnes qui l’entourent à l’hôpital pour interpréter les personnages des histoires de Roy.

Tarsem Singh oppose imaginaire et réalité comme une continuité de l’opposition entre l’âge de l’enfance et l’âge adulte. Mais par-dessus tout, The Fall est une entrée complète dans l’industrie du cinéma. La clé de voute de l’édifice est l’image et son esthétique parfaite. Le film est une fresque géante sur laquelle le réalisateur nous promène au gré des fluctuations de l’imagination enfantine d’Alexandria. Et nous, les spectateurs, nous partons à l’aventure, entre rires et larmes, désespoirs et moments de béatitude.

La puissance de The Fall est sa littérarité. On vous propose ouvertement et directement ce que fait tout film en passant habituellement par des tours de passe-passe : un moment d’échappatoire par le biais d’une image montée et destinée à vous manipuler. Aller au cinéma regarder un film est presque le résultat d’une soumission acceptée, revendiquée et souvent partagée. Le sentiment de solitude ressenti dans la salle obscure, au milieu de mille autres âmes esseulées et perdues dans la danse de ces vingt-quatre images par seconde, ce n’est que la mise en scène de notre quotidien.

On se mire dans nos autres « moi » , on se projette dans des vies possibles : je suis l’étudiant, le vieillard, le clochard, le banlieusard, le professeur, les cadre, la vieille bourgeoise, le lycéen, l’écolier, l’avocat. Je suis Batman, Superman, Robin, Ned Stark, Yoda (chacun ses préférences). Je suis tout et rien à la fois.

FoUTRE LE CAMP (DANS LE MÉTRo)

Tu entends ce silence ? - C’est la vie qui joue pour toi.

Dans le métro, les lecteurs sont divers et variés, nous sommes l’un ou l’autre, voire tous.

L’immergé : c’est lui qui accroche son pied lorsqu’il sort à son arrêt, sur le fond sonore grésillant du « Mind the gap between the train and the platform » . Il ne lève jamais le nez, il ne contrôle plus sa route, son corps le fait pour lui. Il a souvent un bon gros livre d’heroic fantasy en anglais ou l’intégrale de La Tour Sombre de Stephen King en version poche.

Le concerné : lui lit sérieusement, en proie pourtant à un stress chronique. Il lève les yeux régulièrement pour vérifier s’il n’aurait pas loupé sa station. Il lit beaucoup, des choses hétérogènes. Il peut avoir un Fred Vargas dans les mains comme un Diderot dans la poche. Il aime bien, lui aussi, espionner votre propre lecture.

L’inattentif : le Bal de Suzette violemment massacré à l’accordéon, l’Ipod qui sature les tympans, il lit six fois la même chose, il gigote sur son siège, regarde son portable bien plus que son livre, mais JAMAIS ne se résignera à éteindre son Ipod. De toute façon y a pas de bouton OFF.

Le passif : le lecteur lambda. Il ouvre son in-douze lorsqu’il trouve une place assise et le range quand il doit descendre. Il s’occupe en survolant plus qu’il ne voyage.

L’étudiant : du tas de cours à réviser à la dernière minute, au roman classique, moderne ou même (ils osent !) de l’épopée. Il s’agit souvent de l’être suant à coté de vous, essayant bien durement d’apprendre du Code Pénal à un extrait du Télémaque de Fénelon.

Il y a aussi les lecteurs de mangas, les lecteurs de journaux, les « lecteurs » de Métro, 20 minutes et Direct Matin. Et il y a bien sûr ceux qui ne lisent pas.

Il y a ce « nous ». Nous, on attend que le temps passe, nous laissant mollement valdinguer sur un siège croupi en attendant de pouvoir voyager et de s’en souvenir avec des photos numériques.

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38 / CES VOYAGES QUI FONT PEUR / PARCEQUE#15

Demain, c’est le grand jour. Il faudra partir et quitter ce nid douillet. Quitter cette maison qui nous rassure. Elle est chaude, on la rejoint chaque soir après l’école. Cet antre de pierre abrite tout : famille, jeux, lit, couette, habitudes. On pense à demain soir, où tout cela sera loin et inaccessible. Pourtant, ce sentiment de vide et d’angoisse se mêle à l’envie de découverte, de nouveauté, voire de merveilleux. La mer, la montagne, de nouveaux paysages, de nouveaux amis si c’est une colonie, des amis d’enfance. Un rêve qui devient vite cauchemar quand on comprend que ce qui nous rassure ne sera plus là pendant un long moment. L’angoisse s’accroît alors, elle s’immisce dans chaque respiration. Le matin. Il est tôt. C’est le jour J. Cela fait dix jours qu’à la maison on fait le décompte. Nous, c’est là-bas qu’on fera le décompte. La peur au ventre, la nausée matinale nous prend la gorge. Se rassurer en pensant au point de chute intérimaire qu’on va trouver là-bas, dans cet inconnu flou et impalpable. Une maison de location. Des hôtels. Des campings. Un club de vacances. Un bâtiment de colonie de vacances.

Pour arriver à cette assurance. Le transport est plus ou moins long. Train. Car. Voiture. Avion. La latence entre les deux points d’attache se fait lourde. Quasi angoissante, sans repère. On n’est pas malade en transport, non. C’est seulement notre bas-ventre qui a envie de s’enfuir.

Puis on arrive. On prend connaissance des lieux. Des lieux qu’on a peut-être déjà vus. Une maison à la mer. Un appartement à la montagne. Chez les amis de nos parents. Ce lieu on l’apprivoise, on y va à tâtons, on essaie de l’aimer. Il sera notre sécurité, loin de notre maison. Chaque jour, on vit des moments : ensoleillés, brumeux, neigeux, pluvieux peu importe car chaque soir, au fond de ce lit de voyage, on fait le décompte du temps qu’il reste avant de retrouver notre abri, notre carapace. Comme si elle était vitale.

Les jours passent, et puis à la veille de repartir, on esquisse bien plus qu’un sourire. Triste de mettre fin à cette évasion, tellement heureux de savoir que le connu est si proche et qu’il va redevenir réalité. Les journées ont été longues. Le dire ? oh que non ! On garde cela pour soi. Pas un mot de cette sensation interdite qu’est la peur des voyages. Tout le monde rabâche que c’est une chance inouïe de partir en vacances, qu’on ne doit pas avoir peur. Mais c’est indéniable : on a peur.

En même temps, on savoure. On immortalise cet exploit qui nous rendait malade. Cela a demandé un effort, un affrontement avec soi-même. Alors quand on réussi, on immortalise notre victoire. On prend des photos. Pour être sûr de pouvoir le refaire, ailleurs, l’an prochain.

Et enfin, on retrouve son lit, son armoire, son bureau, sa moquette. Sa vie. Ce voyage a juste été une parenthèse. On retrouve aussi ses soucis, ses habitudes et ses croyances. Deux semaines ont passé. Voire deux mois. Le quotidien de l’école, de la famille, des repas, du week-end est revenu. Ce quotidien rassure, il est chaque semaine le même. Mathématiques le lundi matin, judo le mercredi après midi, quiche le vendredi soir, les restes le dimanche soir. Pendant le voyage, rien n’est stable, tout change. Les repas sont différents, voire étrangers. Les activités ne sont prévues qu’au jour le jour.

Et alors, plus tard, il est temps de repartir. Dans quelques jours, de nouveau, on sera loin de son refuge. Seul ou accompagné. Alors on feuillette les photos qu’on a prises lors du dernier voyage. On s’en imprègne. On essaie de se remémorer les moments de bonheur. Mais c’est loin, la gorge se serre, puis soudain cette angoisse de veille de voyage recommence.

Qui sait, à force, cela deviendra peut-être une habitude de partir en voyage. Ou encore mieux : un plaisir.

Ces voyages qui font peurTEXTE : ANoNYME // ILLUSTRATIoN : LINECÉ MADU

Tout le monde aime voyager. Tout le monde trouve cela fantastique. Les voyages forment, ils permettent de grandir, de se sentir plus fort, de s’évader du quotidien morne et ennuyeux, de découvrir de belles contrées avec des paysages étonnants, des cultures spéciales. Et pourtant, un voyage n’est pas toujours une partie de plaisir.

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40 / L’INVITATION AU VOYAGE / PARCEQUE#15

Un peu de lecture… « Ça peut pas faire de mal » (2). La série des Montalbano m’a inspiré un voyage en Sicile. Andrea Camilleri, l’écrivain sicilien le plus populaire en Italie, a une écriture savoureuse et imagée qui donne envie de la vivre. En dehors des intrigues policières, il nous met en appétit de lieux mythiques et de la gastronomie sicilienne, car Salvo Montalbano, le commissaire érudit de ses histoires, est un fin gourmet. Je les ai tous lus et j’ai ainsi commencé mon voyage entre imaginaire et fiction.Palerme a un côté mafia mais c’est aussi une ville très vivante, chargée d’art et d’histoire. Agrigente évoque les temples grecs, Raguse, l’architecture baroque, Syracuse nous rappelle la chanson de Salvador, et il y a aussi Catane, Taormine, Messine et puis l’Etna, les îles.La douceur des températures du printemps et le parfum des orangers en fleurs feront du mois de mai le plus propice pour partir. Deux semaines ce sera certainement trop court ! Les vacances le sont toujours... Mais avant que ma jeunesse ne s’use et que mes printemps soient partis, j’aimerais tant voir Syracuse pour m’en souvenir à Paris (3).Le voyage est un tout, un cheminement pour arriver à destination, pour passer du rêve à la réalité.

L’idée est née d’un coup de cœur, il faut maintenant aller chiner les rayons tourisme des bibliothèques. Un premier aperçu gratuit et sans autre conséquence que de renforcer l’engouement ; ensuite, c’est indéniable, je préfère me procurer des éditions récentes pour des informations fraiches. Les classiques français : Guide Bleu très complet sur l’architectural, Guide Vert sélectif et synthétique, Routard pour les bons plans. (Routard Sicile 2012 - 5.00€, une bonne occasion !) et Guide Rouge pour les bonnes tables, bien sûr.Je forge mon projet à la lecture de mes livres jusqu’à satiété avant de les reprendre une fois le voyage entrepris. J’essaie de me projeter dans l’exotisme, c’est toujours ce que je ressens quand je passe la frontière française. Je rêvasse car je connais déjà un peu l’Italie et Camilleri m’a donné des aperçus de sa Sicile natale dans les téléfilms adaptés des romans.

On détermine une destination plus précise ou un circuit. Pour nous ce sera les deux, fromage et dessert : Palerme et ses environs sur une semaine puis circuit d’une petite semaine ralliant les autres villes et sites de l’île, sans oublier Il Giro Montalbano avant de reprendre le bac à Messine. L’appropriation d’un grand voyage se fait lentement, se mûrit pendant quelques semaines, mieux vaut donc être propriétaire du guide, quitte à le revendre après. Pourquoi « grand voyage » ? Parce que partir en Sicile par la route ça fait quand même plus de 4000 km aller-retour. Ce type de déplacement imprègne l’esprit, l’initie à la culture du pays, tout l’inverse de l’effet parachutage de l’avion !

La lecture permet de ne pas se louper, ne pas passer à côté d’un élément intéressant. Connaître les désagréments à éviter, savoir où se diriger en ville pour être au cœur de l’animation sans trop chercher son chemin, tout en restant indépendant. Dans les guides

L’invitation au voyageTEXTE / ILLUSTRATIoN : TEAM PoULETTE

Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,L’univers est égal à son vaste appétit.Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !Aux yeux du souvenir que le monde est petit ! (1)

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je vais aussi trouver la spécialité du coin, les bons plans, les us et coutumes, il passeo, la passegiatta. Et puis les marchés, quoi de plus exotique que d’essayer d’acheter un pique-nique à l’étal ou à l’épicerie ?Ces bouquins sont importants dans la construction de mes projets, je m’y imprègne de l’idée des lieux sans les voir. J’aime m’appuyer sur ces écrits qui me donnent un aperçu, un rendu général qui se concrétisera au moment de la découverte in situ, quand la part aventure s’enclenche.Je m’évade également au travers de la cuisine du pays. Pour la Sicile j’ai découvert un petit restaurant sicilien au cœur du quartier où je travaille. Il a même pris le nom inventé par Camilleri pour sa ville natale : Casa Vigata (4).Le voyage reste le voyage et son vécu est irremplaçable, l’anticiper c’est aussi le plaisir de la rêverie. Je voyage deux fois, et je voyagerai une troisième fois avec mes souvenirs.

J’ai fait l’expérience du voyage organisé mais impossible de se fondre dans la foule, de prendre un café à la moindre terrasse, ou au bar du coin où le parler étranger plonge immédiatement dans l’ambiance du pays auquel on voudrait appartenir un moment. En voyageant en individuel, la découverte de trésors qui ne sont pas encore révélés par les guides fait notre bonheur et nous rend fiers d’un inédit.Voilà pourquoi je préfère créer mes voyages, les organiser moi-même, régler toutes mes petites logistiques et rêver aux petits imprévus. Ha ! les douces fins d’après-midi sur la place d’un village goûtant le plaisir de regarder les gens vivre leur quotidien, les vieux qui discutent sur leur chaise de paille, les gamins qui jouent et se racontent des histoires dont je ne comprends pas les mots. Là, tout n’est qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté (5).

(1) Le voyage (5) L’invitation au voyage - Charles Baudelaire(2) « ÇA PEUT PAS FAIRE DE MAL » emprunté à Guillaume Galienne - France Inter le samedi 18h10 -19h(3) Syracuse - paroles : Bernard Dimey, musique : Henri Salvador(4) Casa Vigata - 44, rue Léon Frot - Paris XI

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42 / JETLAG / PARCEQUE#15

JetlagTEXTE : CARoLINE BLÉTEAU // ILLUSTRATIoN : LAURAINE MEYER

Au-delà de l’excitation première, la perspective d’une nouvelle ville interroge ; le territoire inconnu peut en effet devenir familier, synonyme d’apaisement, faire fuir, questionner. La découverte de deux villes littéralement opposées et pourtant complémentaires s’est donc imposée ; le jet lag aussi.

« Allons au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau » Charles Baudelaire.

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L’eau y envahit tout, au détriment de la terre ferme. Des péniches, une maison flottante pour chats, du calme, une architecture symétrique, des bateaux à touristes. L’hyper centre dégage une douce nostalgie. Des gens se pressent dans les rues mais le respect règne en maître ; on se laisse passer, les bicyclettes couleur charbon, grandes et majestueuses, sont reines. Il fait bon aller d’une rue à l’autre, découvrir les allées pavées, les maisons, écouter rire les mouettes ; il fait bon vivre ici. L’air glacial, constamment présent, doit geler les animosités et autres désagréments des grandes villes. Cette métropole n’est pas dépaysante mais réconfortante, on y retrouve des repères. L’harmonieux alignement de ces imposantes demeures et de l’eau lui confère une atmosphère commune, des traces familières. Je ne suis pas chez moi mais je me sens à l’abri. Je resterais bien ici ; l’idée d’une tasse de thé bien chaud au coin du feu en regardant les reflets bleutés des canaux me fait de l’œil.

25h plus tard.

Ici, l’air est épais, lourd et suffocant. Je ne suis pas habituée à cette chaleur pesante et l’acclimatation est un peu difficile. Une langue aux sonorités chantantes et bienveillantes résonne. Le rythme de vie est étrange, puissant, envoûtant. On vit la nuit. On parle sans cesse, on chante, on boit, on dort peu. Car la vie, la vraie, semble battre son plein aux premières lueurs nocturnes. La danse est ici maîtresse ; à 19h tous les dimanches, des gens inconnus se retrouvent pour faire quelques pas ensemble. Il faut les voir ces jeunes, ces vieux, ces habitués ou ces novices virevolter ensemble au son du tango ! On flâne de ruelles en venelles, toutes parées de mille et une couleurs. Aux beaux jours, les gens nous invitent à dîner sur leur terrasse ; on ne connaît personne, nous n’avons pas la même langue et pourtant on se parle. J’aime cette ville et la chaleur des gens, des rues, de ces arbres gigantesques, mais seulement pour un temps.

Amsterdam/Buenos Aires. Le jet lag a du bon.

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44 / YOJI / PARCEQUE#15

Cet été, on était partis en Corse. C’est un pays merveilleux, un paradis pour les animaux. On les voyait partout en quasi liberté, comme ce troupeau de cochons sur les routes de montagne, en descendant le Col de Bavella. Ils fouillaient passionnément la terre au bord de la route, contents de trouver des tas de choses à manger. On s’est même arrêtés, émerveillés par leur bonheur et leur insouciance. Ils nous ont repérés de suite, ont abandonné la fouille et sont venus nous offrir leur amitié.

Yoji est tombé amoureux de la chienne de notre ami Bastien, un vieux corse, ancien marin, chez qui nous étions logés dans une belle maison de pierre, sur les collines de Porticcio. Je ne me souviens pas du nom de la chienne, et cela n’a pas d’importance. Car il était gravé dans le cœur de Yoji. C’était un coup de foudre. Elle était cinq fois plus grande que lui, et plus vieille. Cette expérience de vie lui permettait d’accepter l’affection du jeune chien. Et il l’a suivie partout. Du matin qu’on le laissait sortir dans la cour au moment de notre départ à la plage, jusqu’à notre retour le soir. Même au couché il ne la quittait pas. L’amour a rendu Yoji courageux, libre, prêt à tout. Ils partaient ensemble en balade dans les champs lorsqu’on prenait l’apéro et préparait le diner, et revenaient au moment où l’on se mettait à la grande table en bois dehors pour le repas. Assoiffés, ils rentraient en

TEXTE : ANASTASIA TARASSoVA // ILLUSTRATIoN : CIBEE RAKoToARISoA

YojiYoji était un chien voyageur. À chaque fois qu’on décidait de partir, il sentait que le moment était venu et se mettait à la porte, attendant impatiemment le départ. On l’appelait « copilote » car il aurait pu même conduire la voiture. Il se mettait sur le siège de devant, à droite du conducteur, les pattes avant sur le tableau du bord. On entrouvrait alors la fenêtre pour qu’il puisse sentir la route et toutes les odeurs qui venaient du dehors. Il sortait sa tête de temps en temps, vérifiant qu’on ne se trompait pas de chemin.

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courant, lui derrière elle, son fidèle compagnon, digne et heureux de l’être. Yoji a connu la liberté, appelé par ses instincts, ses besoins animaux de vivre dans la nature, d’affronter le danger, de partir à l’aventure, de courir dans les champs, de chasser, d’attraper, et de sentir le besoin et l’envie d’aimer et d’être aimé par un autre chien. Elle lui a montré ses terres, où elle était reine, ses chemins cachés de l’œil humain, ses copains, les chiens voisins. D’autres animaux, des brebis, des vaches et des chevaux, sont devenus aussi les amis de Yoji. Malgré son énorme dévouement à nous, ses maitres humains, il accomplissait sans aucun doute son destin dans ces moments-là. Cela nous rendait heureux comme jamais. C’était le moment le plus marquant de notre voyage en Corse. Car donner plaisir et liberté à ceux qu’on aime est un acte de privilège. Aussi, on n’a jamais trouvé autant de puces chez lui. Elles voyageaient aussi. Plein de blagues sont nées à ce sujet. Il a aussi reçu de nouveaux surnoms, « sac à puces », d’autres en russe, très drôles et intraduisibles en français.

Le fait d’avoir eu plusieurs surnoms le faisait voyager dans le temps et l’espace, et même dans différents corps humains. Yoji nous inspirait beaucoup. Une fois il est devenu « Noureïev ». Son petit corps sec et bien musclé de Jack Russell était digne de celui d’un grand danseur russe. Souvent, sa grâce nous épatait. Et puis, comme il aimait bien

jouer avec d’autres chiens mâles, « Noureïev » lui collait bien à la peau. Parfois, on l’appelait « Koreiko », en hommage au fameux personnage de roman russe d’Ilf et Petrov « Le petit Veau d’Or ». Et chaque fois Yoji se transformait, partait loin mais revenait à chaque fois qu’on l’appelait de tous ces noms, comme s’il était né Noureïev, Koreiko, Yoza, Yo-yo, Yojik (hérisson en russe). Bref, Yoji était notre Muse.Au Japon, dont la culture m’inspire toujours beaucoup, le prénom « Yoji » a plusieurs sens. « Yo » signifie l’océan, le soleil et lumineux. « Ji » signifie guerrier, samurai, vœu, ambition. Et il était tout cela à la fois. Brave, joyeux, drôle, fort et câlin, fidèle compagnon raffolant de la liberté.C’est pourquoi il est parti dans son prochain voyage sur un arc-en-ciel, pour rejoindre d’autres animaux aussi libres comme lui, courir dans les plus beaux champs, chasser les meilleures proies et boire la plus pure des eaux dans plus grandes fleuves et plus longs ruisseaux. Un jour je ferai le même voyage, et on s’y retrouvera.

Depuis cet épisode corse, l’île de beauté est devenue notre terre sacrée. On y revient chaque été et chaque fois on rentre remplis de ses odeurs, histoires, rencontres, moments d’amitié profonde. Et de ses coups de foudres qui nous rendent forts et sensibles à la fois.

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46 / RECETTE / PARCEQUE#15

Beurre carotte / estragon :

Ingrédients :- une ou deux carottes- du beurre dans une quantité à peu près équivalent à celle des carottes (ou plus, ou moins, ça dépend de si on veut plutôt du beurre aromatisé ou de la purée de carottes tartinable)- de l’estragon frais ou surgelé

Préparation : Cuire les carottes à l’eau ou à la vapeur, les mixer en purée, puis les mixer avec le beurre et l’estragon.

Purée aux petits pois / basilic / noix de cajou

Ingrédients :- des noix de cajou- des petits pois frais ou surgelés (mais pas en boîte), environ deux fois plus en quantité que les noix de cajou- du basilic frais ou surgelé ou en une autre forme qui ait l’air bonne (le reste d’un petit bocal d’une espèce de sauce achetée dans un magasin bio avec du basilic, de l’huile, du sel et de l’ail, par exemple)- un peu d’huile d’olive (très peu, juste ce qu’il faut pour pouvoir mixer)- un peu de sel si on veut

Préparation : Réduire des noix de cajou en poudre puis les mixer avec le reste.

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PARCEQUE#15 / MAI-JUIN 2013 / RECETTE / 47

TEXTE : oUTI MUNTER+CARoLE SERTIMoUN // ILLUSTRATIoN : oUTI MUNTER

Tartinades à la OutiSi vous étiez à la dernière Bamboula de PARCEQUE, vous avez peut-être eu la chance de goûter aux petits fours de notre illustratrice finlandaise préférée : Outi ! Ce numéro est une excellente occasion de vous en révéler les secrets de fabrication. Voici donc différentes mixtures à mettre sur du pain... tout simplement.

Purée de betteraves et chantilly au curry

Ingrédients :- 1 betterave fraîche ou cuite (avec une seule on en fait généralement bien assez)- du vinaigre balsamique ou autre vinaigre- de la crème liquide pour faire un peu de chantilly (par exemple 10 cl)- curry

Préparation : Si la betterave est crue, la cuire à l’eau ou à la vapeur. Mixer la betterave en purée et y ajouter un peu de vinaigre (voire un peu de sucre). La passer au chinois si elle est trop liquide. Battre la crème en chantilly solide et l’épicer au curry. Ajouter du sel. Disposer les deux préparations sur le pain sans les mélanger.

Purée d’aubergines

Ingrédients :- aubergines (avec une d’une taille moyenne on en fait suffisamment pour des amis, avec deux grosses on en fait beaucoup)- tahiné (ou purée de sésame)- une petite gousse d’ail (ou que la moitié)- du jus de citron- poivre blanc- sel

Préparation : Couper les aubergines en deux (ou en plusieurs parties) dans le sens de la longueur et les cuire à la vapeur ou au four jusqu’à ce que la chair soit molle. Les laisser refroidir (ou se brûler les mains ; c’est ce que je fais d’habitude). Si les aubergines sont coupées en deux, enlever la chair avec l’aide d’une cuillère (plus pratique), si elles sont en plus petits bouts, enlever la peau à l’aide d’un couteau. Mixer la chair avec le tahiné, l’ail, un peu de jus de citron et les épices. On peut y ajouter d’autres épices comme du cumin ou de la coriandre (les feuilles fraîches ou les graines moulues).

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48 / VRAIROSCOPE / PARCEQUE#15

VRAIROSCOPEVRAIROSCOPE PAR ATRUS PRINCEPS,

ILLUSTRATIoNS DE LÉARC-EN-CIEL

Voyage oblige, nous sommes allés chercher le dépaysement du Fauroscope Chinois pour ce numéro. Et quel dépaysement : le signe ne s’attache plus au mois, mais à l’année chinoise de naissance. Or le nouvel an chinois change de date chaque année (dans notre calendrier, du moins). De plus, à défaut d’ascendant, les signes chinois sont dotés d’un élément chinois : Bois, feu, terre, métal et eau, ainsi que d’un axe yin/yang. Cherchez votre année de naissance dans le tableau, et filez assembler vos éléments de naissance pour pouvoir vous affirmer fièrement Buffle de bois ou Singe d’eau.

1906 1918 1930 1942 1954 1966 1978 1990 2002 馬 cheval

1907 1919 1931 1943 1955 1967 1979 1991 2003 羊 chèvre

1908 1920 1932 1944 1956 1968 1980 1992 2004 猴 singe

1909 1921 1933 1945 1957 1969 1981 1993 2005 鷄 coq

1910 1922 1934 1946 1958 1970 1982 1994 2006 狗 chien

1911 1923 1935 1947 1959 1971 1983 1995 2007 猪 cochon

1912 1924 1936 1948 1960 1972 1984 1996 2008 鼠 rat

1913 1925 1937 1949 1961 1973 1985 1997 2009 牛 buffle

1914 1926 1938 1950 1962 1974 1986 1998 2010 虎 tigre

1915 1927 1939 1951 1963 1975 1987 1999 2011 兔 lapin

1916 1928 1940 1952 1964 1976 1988 2000 2012 龍 dragon

1917 1929 1941 1953 1965 1977 1989 2001 2013 蛇 serpent

Rat Le rat porte chance à ses amis. c’est un débrouillard compétent, qui chérit son indépendance et aime se réinventer régulièrement, ce qui le rend peu fiable malgré son coté bon vivant.Si vous risquez de rencontrer moins de succès en cette année du Serpent, profitez-en pour vous reporter sur la création : cette année est favorable aux penseurs.

Coq Le coq est une

personnalité complexe : bien qu’aimant diriger

et être admiré, il se livre peu et paraît parfois

superficiel. C’est auprès de sa famille qu’il cultive son jardin secret, et il lui est fidèle jusqu’au bout.

Soyez sur vos gardes cette année : la frivolité et les reflexions légères

propres à l’année du serpent peuvent vous bousculer, et menacer

même jusqu’à votre précieux nid familial !

Buffle Le buffle est persévérant et volontaire, mais accorde une grande importance au devoir et à ceux en qui il place sa confiance et, s’il en vient à voir rouge, peut partir dans des colères démesurées.L’année du serpent, légère et frivole, ne porte guère d’attrait à vous qui prisez le confort que vous avez bâti. Prenez garde à maîtriser votre colère et à ne pas arrêter des décisions trop importantes cette année.

Lapin Le lapin est apprécié pour sa sérénité et sa lucidité, ce qui en fait un bon confident. Il goûte par ailleurs un certain confort et répugne à le quitter, prétextant être prudent quand il n’est que pantouflard.L’aspect frivole de l’année du serpent ne vous dérange pas : dans le confort de votre terrier, l’ambiance est propice aux débats entre amis et philosophies légères au coin du feu.

Le cochon est quelqu’un d’honnête, gentil et

serviable. loyal et délicat, il est un un ami fidèle et

un amant attentionné qui déteste les conflits.

Mais si ceux-ci éclatent, malheur à qui l’aura

trahi.

Cochon

SerpentLe serpent, personnage raffiné, possède une culture et une aisance dans l’abstrait qui lui confèrent une grande efficacité dans ses travaux... ce qui compense un tempérament paresseux

et frivole.C’est votre année, vous ne courrez donc aucun risque, et tout vous réussit ! Prenez garde cependant : l’année du serpent finie, ce sera celle du cheval, trop agitée à votre goût !

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ChèvreLa chèvre est une artiste, qui vit dans un monde de beauté. Sensible, elle aime les détails, soigne les apparences, mais ne voit pas assez le coté matériel des choses et manque souvent de sens pratique.

Cette année est propice aux penseurs, et votre esprit attiré par l’esthétique s’y plaira bien. Prenez garde cependant à ne pas vous laisser aller aux ragots : les médisances sont à double sens !

Singe Le singe est le signe le plus sociable du bestiaire. Son humour et son inventivité font de lui un convive apprécié, mais ces simagrées cachent souvent une peur de l’ennui, ce qu’il fuit comme la peste.Vous êtes sur tous les fronts cette année : à vous produire en tous lieux, vous devenez indispensable à chacun. C’est une bonne chose pour vous, mais tâchez de ne pas léser certains au profit d’autres !

Cheval Le cheval est un passionné. Imprévisible, indépendant, il n’en est pas moins aisé en société et est très apprécié pour son intensité... souvent excessive : il est vite déconcentré, et impossible à récupérer.Prenez garde, cette année, à ne pas trop suivre votre coeur : les amours de l’année du serpent sont légères et ne durent pas, ne foncez donc pas dedans tête baissée !

Le dragon aime être au centre de l’attention de

tous, et cela lui va bien : énergique, talentueux et

charismatique, il rayonne parmis ses

amis mais manque parfois de profondeur

derrière ses airs de vedette.

Au lendemain de l’année du dragon, l’année du

serpent vous est encore propice.

Profitez de votre apogée, vous le

méritez bien !

Bois Dominé par le concept d’harmonie, le signe de bois est emprunté de

dignité, de calme et de passion tout à la fois. Il est

associé au chiffre 8, au goût acide et à l’organe du foie. Je sais pas pourquoi je

vous dis ça.

TerreLe signe de terre suit un

réalisme constant. Bien que prévoyant et prudent, son matérialisme et son coté...

terre-à-terre ne lui enlèvent pas une grande générosité. Le 5, goût sucré et la rate. ils sont space, ces chinois,

parfois...

Eau Le signe d’eau semble

empreint de mystère. Plus lié à la glace qu’à la pluie, ses profondeurs en font une personne lucide et

porpre à garder un goûter. Son organe est les reins, ce qui se tient, son goût le salé, ce qui va bien

avec la mer. Et le numéro complémentaitre, le 6.

FeuL’énergie est le maître-mot du signe de feu : en

création, en transmutation comme en destruction, il

est mené par une passion dévorante. Son chiffre est

le 7, son goût amer et son organe le coeur. C’est marqué là, j’invente rien.

MétalLa rigueur définit

particulièrement le signe de métal. Intègre, il est

fiable et fait montre d’une détermination inébranlable. Je n’y comprends toujours rien, mais son chiffre est le 9, il semble aimer l’âcre et avoir de bons poumons.

Bon courage à vous, car si cette année sera rentable pécunièrement, votre coeur sensible ne trouvera pas le repos dans cette année de débats permanents et de frivolité omniprésente.

Le chien est réaliste et bienveillant. Fiable et généreux, il saura

prendre soin de sa sphère d’amis, afin de

les protéger, et d’apaiser le pessimisme dont son réalisme et son sens du

devoir l’affligent.

ChienCette année, alors que les autres ont la tête en l’air, vous resterez terre-à-terre et vous occuperez d’eux. Et après tout, tant mieux, il est agréable que ses amis aient besoin de soi.

Tigre Le tigre est un battant, un compétiteur d’exception. Téméraire, il entend jouir de sa liberté jusqu’à la limite, sans demi mesure, et déteste autant toute concurrence que toute restriction.Ne restez pas inactif cette année, partez à l’aventure et à la découverte de nouveaux horizons : pour mieux vous dépasser, franchissez les frontières de votre monde !

Dragon

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50 / VRAIROSCOPE / PARCEQUE#15

PARCEQU’ILS LE FONTLES RÉDACTEURS

TIPHAINE BACQUET est une littéraire qui aime le ciné, la poésie, les voyages et les vaches. Et lorsque tombe le crachin breton, elle se sent l’âme d’un poète maudit. Oui elle est très romantique aussi.

CAROLINE BLÉTEAU : Une pincée de lettres, un zeste d’arts, quelques gouttes de curiosité, voici la recette magique de Caroline, qu’elle met aussi bien à profit dans sa compagnie de théâtre/arts de rue que dans la vie !

ANGÉLA BONNAUD est salariée à la croix rouge française. Après être passée par les bancs d’une business School française, elle s’acharne à changer le monde. Ou en tout cas à y donner du goût. À ses heures perdues, elle est écrivain et vice présidente de PARCEQUE.

MARIE BRARD évolue dans le monde des livres : après avoir avec passion exercé le beau métier de libraire, elle a chaussé des lunettes de bibliothécaire (mais pas le chignon). Elle aime beaucoup (trop) de choses, sans lien apparent : la chanson « Place des grands hommes » de Patrick Bruel, et Joey Starr, le chocolat blanc à la noix de coco et la salade verte, regarder des films avec sa soeur et pleurer, lire plein de livres et se marrer avec les copains, parler espagnol et la Bretagne, les quenelles mais pas trop le saucisson.

BLANCHE DELACOURT est blogueuse, amoureuse, et une incurable romantique littéraire. Pas moyen de la faire se décoller d’un roman d’amour, encore moins d’un conte de fées. Ce qu’elle veut dans la vie, c’est retourner en Inde, écrire des livres et avoir un jardin.blanchedecastille.blogspot.com

FLORE ENGELVIN est instit et a décidé de renverser les rôles pour PARCEQUE, en tolérant que la chef lui gribouille ses copies d’articles en rouge.

Manifestement, elle s’en remet plutôt bien, puisqu’elle fait désormais partie du comité éditorial.

ANNABELLE GASQUEZ est une jeune femme -un brin- instable, quelque peu psychotique. Elle est aussi connue pour ses talents de bergère d’Oreo, un métier en voie de disparition. Bibliophage et cinéphage assumée, vivant dans une grotte insonorisée par la masse de livres qui la peuple, elle se parle quelquefois à elle-même.

GUILLAUME PASCAL travaille un peu pour la télé, écrit un peu un blog et des pièces, est un peu comédien, aime faire des lasagnes, n’aime pas le sport, culpabilise quand il fait trop la grasse mat, est capable de passer trois jours d’affilée à ne globalement rien faire, est mauvais perdant, trie ses déchets, aime les voyages, nage très mal, ne bronze pas, aime les chats mais pas s’en occuper, a plein de livres en retard, a peur de sa gardienne et trouve souvent que les choses sont trop chères. Il est membre du comité éditorial de PARCEQUE.

MARIE POULETTE n’écrit pas par profession, c’est plutôt du genre abrév. méd. car elle est infirmière. Sa fille, notre vice-présidente, adore la fin décembre quand elle rapporte les chocolats offerts par les petites mamies qu’elle soigne. Née au bord de la mer, c’est l’illustre Patrick Poulette qui lui a fait découvrir ce qu’elle adore : Paris, les voyages et la bonne chair. Elle aurait voulu être architecte et polyglotte.

LAURENT PRADAL est étudiant (encore) en journalisme à l’IICP (Institut International de Communication de Paris) en avant dernière année (année passerelle). Il est également titulaire d’un master en Langues, Littérature et Civilisation italienne de l’université de Nanterre Paris Ouest La Défense, et s’est spécialisé dans l’histoire de la cryptographie et autres codes secrets dans l’Italie du XVème siècle.

Il a l’espoir que sa plume acérée fera tomber bien des têtes, dans un futur proche.

ATRUS PRINCEPS, Littéraire absurdoué holothurique préposé aux idées à la con. Amateur de Gainsbourg, de JDR, de citron, de poulpes et de rousses. Dans le désordre. Et les phrases nominales.

ELIOTT RYTINGUR (comprendre « couteau » en islandais) n’a plus de cheveux ni de réelles responsabilités dans ce magazine. Il est néanmoins très sympathique et participe au comité illustration. Il étudie le design matériau à Duperré et a de très jolis sourcils.

CAROLE SERTIMOUN : Photographiste polyvalente consacrant 39h par semaine à nettoyer la poussière sur des flacons de parfum, et le reste de son temps à rêver d’un avenir meilleur, surtout pour son magazine. Elle aime les gens et aussi beaucoup les chats. Mais elle mange du cheval, parce que c’est délicieux, surtout en aller-retour.

TONTON ZIC, c’est la facette musicale de Tonton Pat. Il aime toutes les musiques (presque !). Quelques noms, pas au hasard : les Beatles, J. S. Bach, King Crimson, Mahler, Hendrix, Litz, Yes, Vivaldi, les chants grégoriens, Björk, N. P. M., Truffaz (ah !), Sigur Ros et… CocoRosie.

LES ILLUSTRATEURS

DIANE ABERDAM est une fonceuse, il faut que tout soit fait vite, vite, vite!... Même si on se brûle un peu, qu’on se coince les doigts, qu’on s’en met partout... Quand elle n’est pas aux beaux-arts occupée à sculpter ou à dessiner, elle fait de la musique énergique ou va sauter et se défouler dans des concerts de rock.www.diane-aberdam.com

OLIVIER CREPIN aime les randonnées, seulement il n’a pas le sens de l’orientation. Alors, après quatre

années d’études de médecine, il sort sa boussole, enfile son sac à dos, et part à l’EESI d’Angoulême faire de la bande dessinée. Parce qu’il faut aussi manger cinq fruits et légumes par jour, en septembre 2011, il fonde les Editions Rutabaga.editionsrutabaga.blogspot.franimismeetanagrammes.blogspot.fr

GAIL GOSSCHALK est née à Londres en 1981. Elle a étudié à l’école d’Art de Wimbledon avant de se spécialiser dans la mode à l’Université de Northumbria. Son travail pour les bureaux de styles l’emmène de New York à Paris, où elle a travaillé comme illustratrice en free-lance pendant huit ans, avant de s’installer à Rome en 2011, puis de faire marche-arrière et de tout transplanter de nouveau à Paris il y a peu. Elle compte Hermès, Gieves & Hawkes, Unicef et le Muséum national d’Histoire naturel parmi ses clients. Elle expose son travail personnel régulièrement entre Londres, Paris et Rome, et est complètement ravie de collaborer avec Parceque, parce que.www.lapetitegail.com

LINDSAY GRIME est une illustratrice écossaise, résidente à Paris depuis 2011. Elle a fait quatre ans d’études en illustration à Edinburgh College of Art, et au cours de cette période elle a passé un semestre à l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg. Depuis elle travaille dans son atelier à Montreuil comme illustratrice et graphiste freelance, ainsi que créatrice de bijoux et assiettes en céramique, illustrés avec ses dessins colorés et enjoués.www.lindsaygrime.co.uk

VIVI LABLONDE : Après avoir été graphiste un peu partout, Vivi a finalement cédé à l’appel du crayon. Elle dessine pour les enfants et les adultes mais pas les mêmes choses, hein, avec une prédilection pour les personnages. Elle aime l’Islande, les USA, le Nutella, le vin de Porto, les fraises des bois, Modigliani, Eric

parcequ’ils le font ...

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Rohmer, Depeche Mode. Et la mer.www.vivilablonde.blogspot.fr

LÉELY - avé l’accent ! - est diplômée de l’école Estienne (Paris) en design d’illustration scientifique. Depuis des années, elle participe à divers fanzines (RAV mag, Capharnaüm) et projets associatifs (Stimuli, Rirenvert). Elle travaille en freelance sur Paris, en tête à tête avé son ordi ou en public lors d’événements où elle dessine en direct ! Pour découvrir tout ça, une seule adresse : LeelyDessin.com

LÉARC-EN-CIEL aime quand c’est cra-cra, que ça fait sploutch-sploutch et qu’il y a des tâches partout. Pour l’instant elle étudie la gravure, mais plus tard, elle aimerait nager au milieu des baleines.dysfonctionnementcervuel.blogspot.fr

CLAIRE LUPIAC est tombée dans le dessin toute petite. Il y a d’abord eu les sirènes, puis les licornes, les princesses et les monstres aussi, l’overdose de rose et de doré, les paillettes. En fait, elle n’a jamais arrêté ni vraiment grandi. Aujourd’hui, elle fait du graphisme et des études pour rester les pieds sur terre, mais quand elle sera grande elle sera illustratrice, na !caliroune.com

LINECÉ MADU est une jeune illustratrice et graphiste freelance. Diplômée de l’ESAG Penninghen en 2008, elle vit et travaille à Paris. Pour elle, chaque image est une histoire qui se découvre et se redécouvre. À mi-chemin entre graphisme et illustration, chacune est pensée comme une affiche. Amoureuse du trait, de la lettre, le travail de typographie à la main s’immisce souvent dans ses compositions. www.linecemadu.com

LAURAINE MEYER est graphiste et illustratrice depuis 4 ans et travaille comme directrice artistique chez vente-privée. Elle aime faire de

belles images, mais surtout surtout dessiner tous le temps, sur son blog et dans ses carnets. Elle aime aussi la couleur, les fleufleurs et les animaux en plastique moches qui ornent son appartement.www.latetedansmabulle.com

OUTI MUNTER est illustratrice et dessinatrice au parcours linguistico-fructueux-expérimental qui l’a amenée de Helsinki à Paris. Elle aime à peu près tout (et aussi a peur d’à peu près tout mais essaie de rester très courageuse et dessine des femmes et des fois même des lapins). Tout particulièrement elle aime sa couette et les gens et pense qu’elle serait une despote assez gentille et très juste.www.outimunter.net

MARYNA PAWLIK est graphiste-illustratrice sans pied à terre. Elle pose des questions, ne parle pas beaucoup et préfère dessiner la nuit. Elle a la culture de ce qu’elle aime, est minutieuse et pose encore des questions. Pour lui en poser une, allez sur son site. www.marynapawlik.fr

COLINE POULETTE est rousse et fait de la boxe. Elle respire la fraîcheur de sa génération, mais elle porte souvent des bottes en peau de vache, du coup je ne suis pas sûre qu’on puisse lui faire confiance à 100%. La BD bloguerie est sa grande passion, et elle est vice-présidente de l’association PARCEQUE.arrosoirs.illustrateur.org

CIBEE RAKOTOARISOA aspire au bonheur, dessine des personnages au gré de ses envies, et profite, non de non ! La vie est trop courte.graphictchiz.blogspot.fr

ROUGERUNE Adolescent prisonnier d’un corps d’adulte depuis un terrible accident de tondeuse où il perdit tous ses cheveux, il dut, à regret, abandonner sa première passion : la coiffure. À défaut de mieux, il se tourne alors vers le dessin, les bd, les films avec des épées, les t-shirts cools et

les colliers en bonbons. C’est vraiment trop injustewww.rougerune.com

ANASTASIA TARASSOVA est une artiste russe vivant à Paris, et passionnée par la calligraphie et la philosophie extrême-orientale. L’Encre – cette matière, une des plus anciennes, ne cesse de la surprendre dans son aspect contemporain, et elle l’utilise parmi d’autres outils pour illustrer des textes et poèmes qu’elle écrit depuis toujours.www.anastasiatarassova.tumblr.com

SYLVAIN VdS est architecte d’intérieur. Il construit, rénove, et enseigne aussi le volume à de futurs animateurs 3D 2D et game à Lisaa (Paris). Sinon il répare des vélos, est cinemavore et entame une passion pour la typographie.www.design-avenue.fr

YOULOUNE est diplômée du DMA Illustration au lycée Renoir et d’un BTS Textile à Olivier de Serres à Paris. Elle est aussi bien intéressée par le textile et ses possibilités extensibles que par l’illustration. Elle continue son parcours avec une Licence 3 d’Arts Plastiques à Saint-Denis, expose et vend ses dessins de moustaches et de fanfares. Elle s’installe avec Marius au « Cabinet Patte-Pelue » atelier d’illustrateurs et designer bijoux, près du canal de la gare de Saint-Denis. De fil en ainguille, illustre pour les mazines « PARCEQUE », « Paulette » et « Ever ».youloune.blogspot.com

et enfin, LES NOBLES DU 33 pour les portraits des membres, ne savent pas dessiner, et c’est pour ça qu’on les aime.

LES AUTRES

SARIA CHÉMALI aimerait être quelqu’un de plus souple mais elle profite de sa « rigidité » pour faire des mises en page au carré. Passionnée de livres (et non de littérature) parceque les

livres c’est joli, doux, que ca sent bon et qu’il n’y a pas toujours besoin de les lire pour les aimer. Quand on ouvre PARCEQUE, il y a plusieurs manières de l’apprécier : certains vont le sentir, d’autres l’admirer, ou encore le dévorer. Saria, elle fait les trois.www.sariachemali.com

VINCENT DESDOIGTS n’est ni illustrateur, ni rédacteur, mais comme il fabrique notre site, il faut bien quand même lui trouver une petite place, à cet artiste de l’html ! il aime les pandas et déteste la ratatouille. vdesdoigts.com

GAËLLE LAROCHE est débusqueuse de fautes et d’erreurs d’orthographe, de coquilles et de petits oublis en tout genre.

TRISTAN FRANÇOIS n’a toujours pas donné sa biogrpahie, et pourtant il n’a pas chômé !

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