PAC Q&A Accenture · fera surtout sur un mode hybride, mêlant Coud public et Cloud privé, SaaS et...

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A la fois intégrateur et société de conseil, Accenture a pris la pleine mesure du Cloud. Non seulement la société y recourt pour ses quelque 200 000 collaborateurs, mais elle a redéfini son métier et son rôle en fonction de cette nouvelle donne, et met l'accent aujourd'hui sur la gouvernance des systèmes d'information au sein des entreprises. En faisant le pari que le Cloud remplacera des pans entiers du SI, pour le plus grand bénéfice des DSI qui auront su saisir cette opportunité. Olivier Rafal, Directeur de recherches chez PAC France, évoque avec Jean- Luc Couasnon, patron des offres de conseil en infrastructures d'Accenture en France, la mutation qui attend les DSI pour tirer au mieux parti du Cloud et de ses nombreuses déclinaisons. PAC Q&A Accenture : le Cloud, outil de création de valeur

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A la fois intégrateur et société de conseil, Accenture a pris la pleine mesure du Cloud.

Non seulement la société y recourt pour ses quelque 200 000 collaborateurs, mais elle a redéfini son métier et son rôle en fonction de cette nouvelle donne, et met l'accent aujourd'hui sur la gouvernance des systèmes d'information au sein des entreprises. En faisant le pari que le Cloud remplacera des pans entiers du SI, pour le plus grand bénéfice des DSI qui auront su saisir cette opportunité.

Olivier Rafal, Directeur de recherches chez PAC France, évoque avec Jean-Luc Couasnon, patron des offres de conseil en infrastructures d'Accenture en France, la mutation qui attend les DSI pour tirer au mieux parti du Cloud et de ses nombreuses déclinaisons.

PAC Q&A Accenture : le Cloud, outil de création de valeur

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PAC Q&A

Le Cloud impose des mutations profondes à l'ensemble des acteurs de l'écosystème IT. Cela vaut-il aussi, selon vous, pour les DSI ?

Jean-Luc Couasnon : Oui, pour eux, c'est à la fois un challenge et une opportunité. Les DSI auront moins de gros projets tunnels de type ERP ou CRM à gérer, en revanche l'exploitation et la contractualisation sont plus complexes. Mais nous avons en France un certain niveau de maturité sur les contrats de services opérationnels, de par notre culture d'infogérance. L'étape d'après sera de passer à des contrats de type SLA (Service Level Agreement, accord sur les niveaux de service) qui permettent aux DSI d'avoir des propositions de valeur pour les métiers. Or souvent ce n'est pas dans leurs gènes. Nombreux sont ceux qui se sont reformatés en centres de services partagés ; à peine relevés de cette réorganisation, ils doivent tout de suite passer à l'étape suivante, et jouer le rôle d'un orchestrateur de services.

Concrètement, que doit faire un DSI pour tirer vraiment parti du Cloud ?

Jean-Luc Couasnon : Si le DSI veut profiter du Cloud, il faut qu'il

sorte de son rôle de patron de la production et adopte celui d'un orchestrateur de services. Le DSI doit s'approprier les métiers, se rapprocher des utilisateurs là où il a eu tendance à substituer de la délégation (notamment la gestion des postes de travail, qui a un impact direct sur la façon dont les utilisateurs jugent la DSI), avoir une meilleure vision de l'architecture (fonctionnelle et technique) d'entreprise et mieux gérer les contrats. En somme, nous parlons de gouvernance.

“ Il faut connaître intimement le métier pour

distinguer ce qui est critique de ce qui est stratégique pour son

entreprise. ”

Les DSI doivent pouvoir prendre des décisions stratégiques sur le "build vs buy vs. borrow": qu'est-ce que j'achète, qu'est-ce que je construis et qu’est-ce que j’emprunte. Or il y a souvent un manque d'investissement sur des postes clés pour ce type de décision, tels que celui d'urbaniste. Il faut connaître intimement le métier pour distinguer ce qui est critique de ce qui est stratégique pour son entreprise.

Pour schématiser, on appelle « critiques » tous les systèmes, infrastructures, applications, etc. qui soutiennent des processus clés des activités courantes et rôdées (comme par exemple la paie, la facturation, la prise de commande, etc.) et « stratégiques » ceux liés aux activités prioritaires en transformation, voire en création (comme par exemple le digital, la mobilité, etc.).

Pour ce qui est critique, on définira par exemple des SLA précis plutôt que des contrats avec engagement de moyens. Pour ce qui est stratégique, on investira plus sur l'engagement vertical, de façon à très bien connaître l'applicatif et offrir un service intégré à l'utilisateur métier.

Peut-on définir une règle générale ?

Jean-Luc Couasnon : On peut définir des grandes lignes pour certains grands donneurs d’ordre (opérateurs télécoms, différents types de banques, différents types d'entreprises de la distribution...) mais selon les métiers, les mêmes choses peuvent être stratégiques ou critiques, même si le modèle est proche.

Olivier Rafal, Directeur de recherches PAC France, en conversation avec…

…Jean-Luc Couasnon,

Directeur de l'offre conseil en infrastructures, Accenture

Jean-Luc Couasnon est Managing Director chez Accenture. Il a mené de nombreux projets de rationalisation d’infrastructure (poste de travail, réseau, Data Center) et a été impliqué en tant qu’architecte dans de nombreux projets innovants pour de nombreux clients à commencer par Accenture par le passé. Plus récemment, il a été impliqué dans un certain nombre de cadrages et de mises en œuvre d’architecture où le Cloud Privé ou Public constituent une part de développement du SI.

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“ Surtout : éviter de rebâtir sur du legacy. ”

Les règles sont plus simples à définir sur la production. On sait que le 'legacy' va vivre encore plusieurs années, mais il faut aujourd'hui investir à bon escient, de façon à construire un système qui soit proposition de valeur pour le métier. Il faut donc s'interroger sur les changements à effectuer, éventuellement avec de nouveaux composants technologiques... et surtout éviter de rebâtir sur du 'legacy'. Même pour de grandes banques, des assurances ou des organisations publiques, on n'est pas forcé de continuer à se baser sur du mainframe.

On peut donc envisager une cohabitation entre 'legacy' et Cloud, pour une transition en douceur ?

Jean-Luc Couasnon : Absolument, si on a une bonne vision de son architecture d'entreprise. Lors des passages à l'euro et à l'an 2000, beaucoup d'entreprises avaient réalisé des cartographies et des comptages, mais peu les ont tenus à jour. Le Cloud est l'occasion d'un rafraîchissement de ces comptages. C'est aussi le bon prétexte pour s'interroger sur l’évolution des applications et décider de faire l'impasse sur certaines, c'est-à-dire de les passer en maintien en condition opérationnelle (MCO). Nombre de DSI auxquels je parle me disent que leur budget de MCO grimpe d'année en année. Ce n'est pas une fatalité. Le Cloud amène à s'interroger sur l'architecture de demain, et à décider que certaines applications ne seront plus qu'en MCO, avec un budget qui s'amoindrira avec le temps.

Nombre de DSI auxquels je parle me disent que leur budget de MCO

grimpe d'année en année. Ce n'est pas une fatalité. Le Cloud amène à s'interroger sur l'architecture de demain, et à décider que certaines applications ne seront plus qu'en MCO, avec un budget qui s'amoindrira avec le temps.

Les bénéfices du Cloud vont donc au-delà des espoirs d'économies ou du passage du Capex à l'Opex ?

Absolument. D'ailleurs, à court terme, à l'échelle d'une application, le cloud coûte aussi cher qu’une solution « on premise » ou « à la maison ». C'est un mythe de croire que le cloud est nécessairement moins cher. Vous gagnez en revanche nettement sur le "time to market" [rapidité de mise sur le marché] et en agilité. Par ailleurs, la pertinence du débat Capex vs Opex varie beaucoup d'une entreprise à l'autre.

“ Si vous réorganisez vos services, que vous jouez le

jeu de ces plateformes Cloud, que vous allez sur les standards, alors vous pouvez économiser des

millions. ”

De plus, si votre DSI s'est restructurée pour être plus agile, avec des unités d'œuvre et des SLA, alors les gains vont bien au-delà du simple débat Capex vs Opex. A l'échelle d'un process métier complet, si vous y intégrez tout et que vous profitez des plateformes de développement pour ajouter des services (comme du e-learning plus rapide), alors non seulement vous faites des économies métier mais en plus vous maîtrisez mieux vos coûts. Si vous réorganisez vos services dans une démarche de transformation, que vous jouez le jeu de ces plateformes et que vous allez sur les standards, alors oui,

là, vous pouvez économiser des millions.

Avec le Cloud, les utilisateurs ont tendance à déborder la DSI et se passer de ses services. Le DSI peut-il revenir dans le processus en offrant un catalogue de services, voire une sorte d'AppStore privatif ?

Jean-Luc Couasnon : L'offre de services doit en effet être clairement structurée. Il faut avoir une démarche volontaire, proposer des applications aux métiers, un choix de bases de données et d'outils de développement - et ne pas (ou pas trop) se laisser déborder par les utilisateurs demandant des exceptions aux règles ainsi fixées.

“ Le Cloud est un outil pour accélérer la mise en œuvre

de la stratégie de l'entreprise. ”

Les utilisateurs sont aujourd'hui dans un rôle de demandeur, et la mobilité a accéléré cette évolution. Face à cette demande, la DSI devrait être plus proactive. Pour cela, le DSI doit d'une part s'organiser de façon à pouvoir gérer les contrats de services, d'autre part s'approprier les problématiques métier. Donc revenir en quelque sorte au rôle de DOSI, directeur de l'organisation et des systèmes d'information, qui siège au Comité exécutif, et qui connaît la stratégie de l'entreprise. A partir de là, le Cloud est un outil pour accélérer la mise en œuvre de cette stratégie.

Monsieur Couasnon, merci beaucoup pour votre temps et votre expertise. PAC suivra avec vous, grâce au PAC CloudIndex, l'évolution de cette prise en compte du Cloud par les DSI en France.

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Analyse PAC Le Cloud computing ouvre une nouvelle ère pour le monde de l'IT. Avec des bénéfices liés à la flexibilité, la standardisation, l'élasticité ou la facturation à l'usage, la croissance du Cloud n'est pas une surprise. Toutefois, le concept, ses déclinaisons et ses avantages peuvent rester nébuleux pour les DSI ou les responsables métier en entreprise.

PAC définit le Cloud comme un environnement proposant des ressources informatiques élastiques accessibles au travers d'Internet. Cet environnement fournit un service mesurable, à la demande, selon une granularité et des niveaux de service définis par contrat.

Selon cette définition, le marché global du Cloud en France devrait croître de plus de 30% par an d'ici à 2016. Et encore, ce chiffre masque d'importantes disparités. Le Cloud public devrait en effet connaître une dynamique plus importante, dans la mesure où les entreprises françaises ont, jusqu'ici, plutôt investi sur des environnements de type Cloud privé. Les raisons en sont nombreuses : investissements dans les datacenters internes, consolidation et virtualisation en cours, craintes sur la sécurité et la localisation des données, réticence à essuyer les plâtres des offres publiques...

L'impact est donc aussi important sur les entreprises utilisatrices, qui ont l'opportunité de redéfinir la façon dont elles consomment les ressources informatiques, que sur les acteurs de l'industrie, qui doivent revoir leurs modèles en profondeur pour s'adapter à cette nouvelle donne

Dans ce contexte, Accenture a travaillé à la fois sur son propre rôle et sur la proposition de valeur du Cloud pour les entreprises. Plutôt qu'intégrateur de solutions, Accenture prend davantage un rôle d'intégrateur de services - tout en conservant une importante dimension conseil. De fait, le Cloud impose de repenser l'architecture de son système d'information pour tirer parti de ses avantages, tout en conservant en interne ce qui fait sens. Car si le Cloud remplace certaines parties du système d'information, son usage se fera surtout sur un mode hybride, mêlant Coud public et Cloud privé, SaaS et applications internes, etc. Pour paraphraser Accenture dans son Livre blanc "Technology Vision 2013 : Beyond the Cloud", la question n'est pas de savoir s'il faut recourir au Cloud, mais comment le faire.

PAC insiste depuis plusieurs années sur le rôle crucial des sociétés d'intégration et cabinets de conseil dans ce contexte. D'ici à 2016, les services dans ce domaine devraient connaître un taux de croissance annuel moyen de plus de 45% ! Accenture est positionné au cœur de ce nouveau marché de création de valeur pour les entreprises françaises.

Olivier Rafal, Principal consultant, Directeur de recherches, PAC France T: +33 763 230 184 E: [email protected]

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A propos d'Accenture Accenture est une entreprise internationale de conseil en management, technologies et externalisation.

Combinant son expérience, son expertise et ses capacités de recherche et d’innovation développées et mises en œuvre auprès des plus grandes organisations du monde sur l’ensemble des métiers et secteurs d’activités, Accenture aide ses clients - entreprises et administrations - à renforcer leur performance.

Avec 259 000 employés intervenant dans plus de 120 pays, Accenture a généré un chiffre d'affaires de 27,9 milliards de dollars au cours de l'année fiscale clôturée le 31 août 2012.

Site Internet : www.accenture.com/fr

A propos de Pierre Audoin Consultants (PAC) De la stratégie à l'exécution, PAC apporte des réponses objectives et ciblées aux défis posés par l'essor du secteur des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC).

Fondée en 1976, PAC est une société de conseil et d'études de marché spécialisée dans le domaine du logiciel et des services informatiques.

PAC aide les fournisseurs de services informatiques à optimiser leur stratégie à travers des analyses quantitatives et qualitatives ainsi que des prestations de conseil opérationnel et stratégique. Nous conseillons les DSI et les investisseurs dans l'évaluation des fournisseurs TIC et dans leurs projets d'investissements. Les organisations et les institutions publiques se réfèrent également à nos études pour développer leurs politiques informatiques.

Plus d'informations sur www.pac-online.fr

Dernières nouvelles PAC : http://blog.pac-online.com

A propos du PAC CloudIndex Initié par le cabinet de conseil et d’analyse Pierre Audoin Consultants (PAC), le « PAC CloudIndex » est un observatoire de la maturité du Cloud en France. Publié deux fois par an sur un site dédié, il a pour vocation d'évaluer le taux de maturité du Cloud par les utilisateurs en France, représentatifs de tous les secteurs (y.c. le secteur public) et de toutes les tailles de sociétés.

Le PAC CloudIndex exprimera son évolution entre deux points de mesure, comme tout indicateur reconnu, afin d’établir un historique. Il permet également aux organisations qui le souhaitent de s'auto-évaluer, et de se comparer à leurs pairs.

Site Internet : www.cloudindex.fr