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RESEAU DES ORGANISATIONS PAYSANNES ET DES PRODUCTEURS AGRICOLES DE L’AFRIQUE DE L’OUEST (ROPPA) BENIN Fédération des Unions de Producteurs (FUPRO-BENIN) Consultants Nationaux : Simon-Narcisse TOMETY Maxime SEMONDJI Bohicon, août 2001

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RESEAU DES ORGANISATIONS PAYSANNES ET DES PRODUCTEURS AGRICOLES DE L’AFRIQUE DE L’OUEST

(ROPPA)

BENIN Fédération des Unions de Producteurs

(FUPRO-BENIN)

Consultants Nationaux : Simon-Narcisse TOMETY

Maxime SEMONDJI

Bohicon, août 2001

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VISION PAYSANNE DU FUTUR

« L’agriculture familiale au Bénin sera d’ici à l’an 2015, une agriculture productive, compétitive et durable basée sur une dynamique de coopération technique et de solidarité économique entre les pays côtiers et les pays sahéliens de l’Afrique de l’Ouest»

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P L A N

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS_______________________________________________ iv

INTRODUCTION _________________________________________________________________ 1

I DIAGNOSTIC DU SECTEUR AGRICOLE BENINOIS __________________________________ 3

1.1 - PLACE DU SECTEUR AGRICOLE DANS L'ECONOMIE NATIONALE ________________________ 3 1.1.1- Profil de l’exploitation familiale dans le contexte béninois ________________________ 4 1.1.2 – Préalables pour rendre l’agriculture béninoise productive, compétitive et durable ______ 5

1.2 - P.A.S ET POLITIQUE AGRICOLE _____________________________________________________ 7 1.2.1 Période du centralisme démocratique (1972-1989) _______________________________ 7 1.2.2 – Période des trois PAS : rétablir les équilibres macro-économiques_________________ 12 1.2.3 - Période 1998-2001 : décentralisation et lutte contre la pauvreté___________________ 16

1.3 – CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET ALPHABETISATION DE MASSE _____________ 20

1.4 – CARACTERISTIQUES INSTITUTIONNELLES ET STRUCTURATION DUMONDE RURAL_______ 20 1.4.1 - Contexte institutionnel public______________________________________________ 20

1.4.1.1 – Structures de proximité du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche _________ 20 1.4.2 – Institutions rurales privées ________________________________________________ 24

1.4.2.1 – Organisations paysannes _____________________________________________________ 25 1.4.2.2 - Les organisations non gouvernementales _________________________________________ 27

1.5 – CARACTERISTIQUES DES PRODUCTIONS AGRICOLES ________________________________ 28 1.5.1 – Données générales ______________________________________________________ 28 1.5.2 – Organisation du travail___________________________________________________ 30

1.5.2.1 - Structure de la main-d’œuvre et profil des activités sur l’exploitation familiale ___________ 30 1.5.2.2 – Typologie des exploitations suivant leur dispersion géographique _____________________ 32

1.5.3 – Evolution des principales productions et de leurs performances technologiques ______ 33 1.5.3.1 - Productions végétales________________________________________________________ 33 1.5.3.2 - Productions animales (statistiques de 1970/1997) __________________________________ 36 1.5.3.3 - Production halieutique _______________________________________________________ 38

1.5.4 – Politique de financement de l’agriculture ____________________________________ 39 1.5.5 – Analyse de la balance importation / production / exportation et bilan alimentaire _____ 41

1.6 – COMMENTAIRES SUR L’ETUDE DE LA DEFINITION DES GRANDES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE AGRICOLE DE L’UEMOA, RAPPORT IRAM ________________________________ 44

1.6.1 – Points de convergence ___________________________________________________ 44 1.6.2 - Limites _______________________________________________________________ 44 1.6.3 – Valeurs ajoutées de la contribution des producteurs béninois _____________________ 45

II – QUELS DEFIS POUR TRANSFORMER L’AGRICULTURE FAMILIALE BENINOISE EN UNE AGRICULTURE PRODUCTIVE, COMPETITIVE ET DURABLE ?_______________ 46

2.1 – RAPPEL DES PRINCIPAUX PROBLEMES PREOCCUPANT LES PRODUCTEURS ____________ 46

2.2 - INQUIETUDES PARTAGEES SUR LE PROGRAMME D’ACTIONS DU GOUVERNEMENT 2001-2006_______________________________________________________________________________ 48

2.3 – PARAMETRES FONDAMENTAUX D’UNE POLITIQUE AGRICOLE D’APRES LES SOUHAITS DES PRODUCTEURS _________________________________________________________________ 50

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2.4 - ORIENTATIONS STRATEGIQUES ____________________________________________________ 51 Axe n°1 : Éducation permanente, information professionnelle et renforcement des capacités __ 53 Axe n°2 : Recherche-Développement, vulgarisation et promotion des savoirs endogènes _____ 55 Axe n°3 : Fertilité des sols et réforme foncière ______________________________________ 57 Axe n°4 : Équipement agricole, maîtrise de l'eau et lutte contre les pollutions _____________ 59 Axe n°5 : Désenclavement et libre circulation_______________________________________ 61 Axe n°6 : Stockage, conservation des récoltes, commercialisation et normalisation de

la qualité ___________________________________________________________ 62 Axe n°7 : Transformation artisanale et industrielle des produits agricoles _________________ 63 Axe n°8 : Financement agricole et stratégies de diversification des filières ________________ 64 Axe n°9 : Mutualité sociale agricole ______________________________________________ 66

CONCLUSION __________________________________________________________________ 67

BIBLIOGRAPHIE ________________________________________________________________ 68

ANNEXES ____________________________________________________________________ 71

CALENDRIER_________________________________________________________________________ 71

LISTE DES PERSONNES RENCONTREES __________________________________________________ 72

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LISTE DES ENCADRES

Encadré 1 : L’agriculture familiale peut-elle être productive sans subvention de l’Etat ? _________ 5

Encadré 2 : La rupture des équilibres macro économiques ________________________________ 11

Encadré 3 : Neuf producteurs sur dix n’ont plus de contact avec la vulgarisation agricole _____________________________________________________________ 14

Encadré 4 : Plus de transfert d’activités et de charges, et moins de transfert de compétences et de ressources aux producteurs _______________________________ 15

Encadré 5 : Déficit de débats et de stratégies au niveau des producteurs agricoles sur les enjeux de la décentralisation _______________________________________ 20

Encadré 6 : Performances de rendement des cultures et conservation des récoltes______________ 35

Encadré 7 : Le coton est une petite racine qui supporte de lourdes charges __________________ 36

Encadré 8 : Il n’existe pas une politique de financement de l’agriculture et pas d’institutions spécialisées dans son financement.______________________________ 39

Encadré 9 : L’argent du coton, l’endettement rural et la sécurité alimentaire _________________ 43

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LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS AIC : Association Interprofessionnelle du Coton AMRT : Atelier mensuel de revue des technologies ANPAB : Association Nationale des Producteurs d’anacarde du Bénin APD : Aide publique au développement APNV : Approche participative niveau village APV : Agent polyvalent de vulgarisation BBD : Banque béninoise de développement BCB : Banque commerciale du Bénin BDPA : Bureau pour le Développement de la Production Agricole BM : Banque mondiale CAGIA : Coopérative d’Approvisionnement et de Gestion des Intrants Agricoles CARDER : Centre Régional pour le développement rural CC / PRPB : Comité central du parti de la révolution populaire du Bénin CDR : Comités de défense de la révolution CFDT : Compagnie Française de Développement des Textiles CIPEN : Coordination des Initiatives et projets d’Emplois Nouveaux CIRAD : Centre International de Recherche Agricole pour le Développement CNCA : Caisse nationale de crédit agricole CONCAB : Conseil des ONG du Bénin CSPR : Centre de Sécurisation des Paiements et du Recouvrement CTA : Centre technique agricole DEP : Direction des études et de la planification DLC : Désenclavement et libre circulation DSPR : Document de stratégie de réduction de la pauvreté ECVR : Etude sur les conditions de vie des ménages ruraux au Bénin EMEET : Equipement, maîtrise de l’eau et échanges technologiques FDF : Financement et diversification de filières FENONG : Fédération des ONG du Bénin FIDA : Fonds international pour le développement agricole FUPRO : Fédération des unions des producteurs GC : Groupe de contact GRVC : Groupement révolutionnaire à vocation coopérative GV : Groupement villageois IDH : Indice de développement humain IITA : Institut International d’Agriculture Tropicale IPEP : Informations professionnelles et éducation permanente INRAB : Institut Nationale de recherche Agricole du Bénin IRAM : Institut de Recherche et d’Application des Méthodes de Développement LDPDR : Lettre de déclaration de politique de développement rural MAEP Ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche MARP : Méthode accélérée de recherche participative MDR : Ministère du développement rural MSA : Mutualité sociale agricole MSC : Minimum social commun ODAA : Opération de Développement Agricole de l’Atacora ODIZ : Opération de Développement Intégré du Zou ONG : Organisation non gouvernementale PADSA Programme d’Appui au développement du secteur agricole

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PAS : Programme d’ajustement structurel PAZH : Programme d’Aménagement des Zones Humides PDE : Programme de Développement de l’Elevage PDRT : Projet pour le développement des Racines et Tubercules PGTRN : Projet de Gestion des terroirs et des Ressources Naturelles PIB : Produit intérieur brut PISEA : Programme d’Insertion des Sans Emploi dans l’agriculture PNDC : Programme national de développement communautaire PNUD Programme des nations unies pour le développement PPAB : Programme de Professionnalisation de l’Agriculture au Bénin PROMIC : Projet de Micro Finance et de Commercialisation PRSA : Programme de restructuration des services agricoles PSSA : Programme de Soutien de la Sécurité Alimentaire RD-PSE : Recherche-développement et promotion des savoirs endogènes RDR : Responsable du développement rural RFS-RF : Restauration de la fertilité des sols et réforme foncière ROPPA : Réseau des organisations paysannes et des producteurs agricoles de l’Afrique de

l’ouest SATEC : Société d’Aide Technique et de Coopération SCRC : Stockage, conservation des récoltes et commercialisation SONAPRA : Société nationale de promotion agricole SOP : Spécialiste en Organisation Paysanne SSE : Services Sociaux Essentiels SUP : Superviseur (technicien polyvalent de coordination des actions de vulgarisation) TAIPA : Transformation artisanale et industrielle des produits agricoles UCD Unité Communautaire de Développement UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine URCAR : Union Régionale des Coopératives d’Aménagement Rural USPP : Union Sous-Préfectorale des Producteurs :

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INTRODUCTION La présente étude a été initiée par le Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles de l'Afrique de l'Ouest (ROPPA) et la Fédération des Unions des Producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin). Ce rapport consacré au Bénin prend en compte les opinions des producteurs sur les forces, les faiblesses et les besoins de transformation des exploitations agricoles familiales. Il traduit une volonté des producteurs de jouer un rôle actif dans l'élaboration et la mise en œuvre de la politique agricole de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) qui s’inscrit dans le cadre du Protocole N°II relatif aux politiques sectorielles de l’Union. a) Termes de référence L’étude vise à recueillir les propositions paysannes dans chaque pays membre de l’UEMOA pour aider les gouvernants à asseoir une politique agricole qui traduit les aspirations des producteurs. Le canevas de travail mis à la disposition de chaque équipe nationale de consultants prescrit les axes de travail ci-après :

1. Analyse des évolutions du secteur agricole des deux dernières décennies ; 2. Analyse de l’organisation de l’exploitation agricole (espace, activités, acteurs,

organisation du travail…) ; 3. Analyse institutionnelle du monde rural ; 4. Etat de l’organisation du monde rural et son évolution au cours des trois dernières

décennies ; 5. Analyse des filières stratégiques du pays : exportation / vivrière /élevage / forêt ; 6. Défis à relever ; 7. Axes stratégiques (enjeux du point de vue des paysans).

b) Approche méthodologique La collecte des données s'est faite en assemblées de producteurs de la plupart des secteurs de production agricole puis en focus group de discussion par corps de métier et selon le genre à l'initiative des Unions sous-préfectorales des Producteurs (USPP). Enfin, des visites et entretiens individuels ont été effectués sur quelques exploitations agricoles, dans les campements de pêcheurs et d'éleveurs, de même que dans les ateliers de transformation des produits agricoles. La mission a rencontré des responsables d’ONG, d’associations de développement et des techniciens des structures d’encadrement du monde rural ainsi que des personnes ressources. Compte tenu du délai assez court dont disposent les producteurs pour élaborer leurs contributions à la politique agricole de l'Union, quatre Sous-préfectures sur les soixante dix sept (77) que compte le pays ont fait l'objet des enquêtes de terrain. Lesdites localités ont été choisies suivant un axe Sud - Centre - Nord. Chaque localité représente un ensemble de caractéristiques de synthèse d’une à deux zones agro-écologiques avec la prise en compte de certains thèmes particuliers comme l’insécurité alimentaire, l’agriculture d’exportation, la zone d’élevage, la zone de pêcherie, la zone de foresterie, la zone d’émergence de nouvelles

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dynamiques. Sur la base de ces considérations, les sous-préfectures (futures communes) ci-après ont été retenues de commun accord avec le conseil d’administration de la FUPRO. Grand-Popo : Zone des pêcheries fluvio-maritimes, de riziculture familiale, de maraîchage et de Saliculture. Zone influencée par la proximité de deux pôles économiques (Lomé au Togo à 50 km) et Cotonou à 80 km. Elle est caractérisée par une forte pression foncière, l’insécurité alimentaire structurelle, l’érosion côtière et l’exode rural. Bonou : Zone des pêcheries et des palmeraies caractérisée par des innovations en matière de prise en charge de la santé des ménages d'agriculteurs. Dassa-Zoumé : Zone cotonnière du Centre-Bénin caractérisée par la diversification des productions et d'une longue expérience d'organisation coopérative. N'Dali : Zone vivrière du Nord Bénin, productrice de coton, caractérisée par la pratique de la culture attelée et un début de mécanisation motorisée avec des problèmes environnementaux liés aux systèmes de production extensifs. Après les travaux de terrain, une restitution a été faite au conseil d’administration de la FUPRO relayée par un atelier national de validation tenu les 23 et 24 août 2001 à Bohicon sous le parrainage du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Cet atelier a réuni des élus paysans, des représentants de différents ministères, des ONG et la presse nationale. Enfin, l'étude a été réalisée par une équipe de deux (02) consultants nationaux comprenant :

Dr Simon-Narcisse TOMETY, Agro-sociologue, spécialiste en Stratégie de Développement Local et

M. Maxime SEMONDJI, Ingénieur Agronome, spécialiste en économie coopérative.

La mission s’est déroulée du 10 juillet au 24 août 2001.

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I - DIAGNOSTIC DU SECTEUR AGRICOLE BENINOIS 1.1 - PLACE DU SECTEUR AGRICOLE DANS L'ECONOMIE NATIONALE Le Général Christophe Soglo, alors Président de la République du Dahomey (actuel Bénin), déclarait à la séance de présentation du plan quinquennal de développement économique et social 1966-1970 que ‘’le problème de la pauvreté ou du sous-développement économique et social du pays demeure le vrai et fondamental problème […]. Il devient possible, urgent et nécessaire d’améliorer le niveau de vie des masses laborieuses essentiellement localisées dans les zones rurales’’. Trente cinq ans après, beaucoup de changements se sont opérés en terme d’amélioration de l’accès aux services de base, mais il n’est pas certain, malgré la contribution toujours plus grande des producteurs ruraux au développement de ce pays, que leur vie professionnelle et leur statut social aient été véritablement améliorés. Car, les études sur les conditions de vie réalisées en 1994/95, 1998 et 2000 ont montré que la pauvreté est un phénomène dont l’ampleur est plus marquée en milieu rural avec 32,2% des habitants ruraux qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté contre 24,2% en milieu urbain. Il s’agit d’une pauvreté avant tout monétaire qui aggrave les difficultés d’accès à l’éducation, à la santé, à l’habitat décent et à l’investissement productif. Par conséquent, il paraît irréaliste de définir une politique agricole sans prendre en compte la question de la lutte contre la pauvreté et des inégalités. D’après le classement des pays par le PNUD selon l’indice de développement humain (IDH) en 2000, le Bénin occupe le 157ème rang sur 174 pays contre 145ème sur 174 en 1995 et 162ème sur 173 en 1990, faisant ainsi partie des vingt cinq nations les plus pauvres au monde. Cependant, l’économie béninoise a enregistré respectivement au cours des périodes 1990 – 1994 et 1995 – 1998 un taux de croissance moyen annuel de 3,96% et 4,98%. Pendant les mêmes périodes, le secteur primaire a connu des taux de croissance de 4,84% et 5,28%, le secondaire 5,42% et 3,15% et enfin, le tertiaire 2,82% et 5,38%. Le secteur agricole contribue pour 36,03% à la formation du Produit Intérieur Brut (PIB) et pour un peu plus de 50% aux recettes d’exportation sur la période 1992 – 1998. En 1999, la part de l’agriculture dans le PIB a été de 38,2%. La croissance annuelle moyenne (1990-1999) a été de 5,5% et fait partie des taux les plus élevés du continent africain. Pour améliorer les performances du secteur agricole, une lettre de déclaration de politique de développement rural signée en mai 1991 définit certaines mesures prioritaires du Gouvernement stipulant que : « les objectifs principaux de la politique rurale du Gouvernement béninois viseront à élever le niveau de vie des populations rurales par le biais d’une conquête des marchés et d’une amélioration de la compétitivité des paysans béninois plutôt que la recherche d’une simple autosuffisance alimentaire au plan régional ou national ». Ces objectifs cadrent parfaitement avec les trois défis que poursuit le ROPPA pour la politique agricole de l’UEMOA, à savoir une agriculture productive, compétitive et durable. D’abord, que peut-on entendre par agriculture familiale selon producteurs ruraux et à quelles conditions l’agriculture familiale peut-elle relever de tels défis ?

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1.1.1- Profil de l’exploitation familiale dans le contexte béninois L’agriculture familiale, qu’est-ce que c’est au Bénin? L’agriculture familiale est une agriculture dont la base de production est l’énergie humaine. Elle est du type familial avec ou sans recours à l’entraide mutuelle de travail ou à de la main d’œuvre salariée temporaire pour des tâches bien spécifiques comme le défrichement, l’essouchement, le labour, le sarclage et la récolte. Elle est caractérisée par :

1. un mode de vie déterminée par la dépendance des ressources naturelles et l’attachement au culte des ancêtres ;

2. un analphabétisme encore très élevé chez les producteurs et limitant leur capacité d’accès à l’information ;

3. un sentiment des producteurs d’être persécutés par les autres acteurs de la vie économique, sociale et politique qui ne les reconnaissent pas assez dans leurs rôles ;

4. une organisation sociale du travail qui fait des enfants une main d’œuvre familiale très active dans la production dès l’âge de six (6) ans ;

5. des moyens techniques et mécaniques réduits à leur plus simple expression : la houe, la machette, la hache, le mortier, la meule dormante, les foyers traditionnels de bois-énergie, des marmites en terres ;

6. un sous-emploi des bœufs sur les exploitations qui en sont dotés : équipement d’attelage très partiel, très faible utilisation du fumier ;

7. une gestion du foncier longtemps dominée par la logique des terres vacantes se traduisant par une accélération de l’exploitation minière des terres, une mobilité de l’exploitation agricole tant que l’accès à une nouvelle friche est possible et un très faible travail d’amélioration foncière ;

8. une absence de maîtrise de l’eau et une production essentiellement sous condition pluviale ;

9. un système de production assez diversifié (production du cru), très attaché à l’usage des variétés et races locales, des techniques traditionnelles de production et une faible adoption des innovations technologiques suggérées par les chercheurs et les organismes de vulgarisation ;

10. un dispositif de conservation sommaire des récoltes (greniers traditionnels, le dessus des plafonds des cases) avec des pertes post-récoltes importantes ;

11. une transformation artisanale à but domestique et commercial d’une partie des récoltes par les femmes et générant une très faible valeur;

12. une prépondérance de l’auto investissement, du recours aux usuriers tant pour les besoins sociaux que pour les besoins productifs ;

13. un faible revenu et un faible pouvoir d’achat dans un contexte de ruralité déterminé de plus en plus par les transactions monétaires, c’est-à-dire la vie en milieu rural n’est plus possible sans argent : tout commence par exiger de l’argent y compris l’achat du bois de feu ;

14. un déficit d’informations touchant tous les aspects de la vie économique et sociale ; 15. un faible pouvoir de négociation avec les structures d’appui conseil, les projets de

développement, les commerçants, les transporteurs et les systèmes de financement ; 16. une emprise trop forte des partis politiques et des administrations publiques sur leurs

organisations socioprofessionnelles ; 17. une force politique qui s’ignore à travers ses organisations socioprofessionnelles et

n’arrivant pas à s’imposer dans les négociations avec les gouvernants.

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1.1.2 – Préalables pour rendre l’agriculture béninoise productive, compétitive et durable Comment les agriculteurs peuvent-ils affronter la mondialisation ? Cette question est revenue plusieurs fois au cours des réunions tenues au cours de la présente l’étude. a) Le défi de la productivité Les paramètres de vulnérabilité de l’agriculture béninoise sont multidimensionnels et surtout interdépendants. Par conséquent, choisir de rendre l’agriculture familiale productive c’est faire le pari de l’efficacité sur tous ses paramètres. Ce qui implique : (i) la résolution de la question du financement et de l’accompagnement des producteurs, (ii) la résolution correcte de la question de l’accès et du maintien scolaires de tous les enfants en milieu rural, car l’éducation accélère l’adoption de nouvelles technologies, améliore la gestion de l’exploitation et des revenus, renforce la capacité de négociation du producteur et contribue au maintien de la santé des ménages agricoles. Mais, de telles mesures suppriment une partie importante de la main-d’œuvre familiale, support essentiel du niveau de production actuel et la soustraction des enfants mérite d’être compensée par d’autres moyens de production. En effet, si les zones cotonnières connaissent les taux d’analphabétisme les plus élevés du Bénin malgré la masse monétaire injectée dans la filière coton, c’est tout simplement parce que les revenus cotonniers sont insuffisants pour réaliser les investissements nécessaires permettant de se passer durablement du travail des enfants. Encadré 1 : L’agriculture familiale peut-elle être productive sans subvention de l’Etat ?

Dans sa configuration sociale actuelle, l’exploitation agricole familiale est dans le dilemme avec les exigences de la mondialisation. En effet, si la mondialisation ouvre de nouvelles perspectives aux petits agriculteurs en les amenant à vendre de plus en plus à des pays riches et à des chaînes de supermarchés, tant à l’étranger que dans leur propre pays, elle impose un certain nombre d’exigences pour l’accès aux marchés dont principalement : l’uniformité du produit, du respect de la réglementation des pesticides ou les restrictions imposées sur le travail des enfants1. Il y a un coût de respect de ces prescriptions qui ne saurait être supporté par les seuls producteurs concernés. L’agriculture familiale doit affronter l’agriculture productiviste hautement subventionnée des pays riches alors que la nôtre reste une’’ agriculture de sauvette à parent pauvre’’ affirme un jeune producteur.

D’après le rapport de la Commission Européenne ’’ la situation de l’agriculture dans l’Union en 1998’’, la part des subventions agricoles dans le budget de l’Union est passée de 17.896 milliards de FCFA pour 7,3 millions de paysans en 1995 à 23.935 milliards de FCFA en 1998 pour 7,5 millions de paysans, soit un accroissement 33,74% en trois années. L’aide moyenne à un jeune agriculteur européen en 1998 dans certains pays se présente comme suit : Allemagne : 49,2 millions de F CFA France : 19 millions de F CFA Belgique : 18,4 millions de F CFA Portugal : 13,8 millions de F CFA

Au regard de ces chiffres, il ne fait aucun doute que l’agriculture européenne est fortement subventionnée. Aux Etats Unis d’Amérique, le soutien du Trésor public est impressionnant : il a coûté la somme record de 25 milliards de dollars (12.780 milliards de F CFA) en 1986.

Avec un encours de crédit de 2.600 millions de FCFA pour l’ensemble des pays de l’UEMOA2 en 1998 dont une moyenne de crédit de 1243 FCFA par ha au Bénin , comment peut-on rendre une telle agriculture familiale productive ? Ce n’est pas possible !

1 Fonds International de Développement Agricole, Rapport 2001 sur la pauvreté rurale, La gageure de mettre fin à la pauvreté rurale, Résumé. 2 TAILLEFER Bernard, Etat des lieux dans les pays de l’UEMOA, septembre 2000

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b) Le défi de la compétitivité La compétitivité suppose que les exploitations agricoles familiales et leurs organisations socioprofessionnelles sont capables de satisfaire la demande en quantité, en qualité, en prix et en régularité de l’offre. Par ailleurs, elle implique des investissements à la fois intellectuel, organisationnel, financier importants ainsi que le recours à des technologies appropriées tenant compte des exigences du marché. La maîtrise des coûts de production, l’accroissement des rendements, la maîtrise des pertes de production et la création de valeurs ajoutées à l’échelle locale, nationale et sous-régionale aux produits du cru restent les enjeux majeurs de cette compétitivité. Car, c’est d’elle que dépendront la sécurité alimentaire de chaque pays et de la sous-région, l’amélioration des revenus des petits producteurs et le recul de la pauvreté sous toutes ses formes en milieu rural. Mais la compétitivité n’est pas concevable sans des facilités fiscales, douanières et sans une bonification des taux d’intérêt sur le crédit. A ce niveau, le rôle de l’Etat et de l’UEMOA est prépondérant. Enfin, cette compétitivité sera difficile en l’absence d’une réelle dynamique de coopération technologique, financière entre les pays de l’Union et sans la promotion d’un système régional de frets aérien et maritime pour améliorer la collecte et l’envoi des produits agricoles de chaque pays sur le marché régional et mondial à un coût abordable. c) Le défi de la durabilité La durabilité est la conséquence directe de la productivité et de la compétitivité. En effet, l’agriculteur n’a aucun intérêt à changer de métier s’il vit bien avec son statut de paysan et son exploitation familiale. Mais attention, quand les paysans béninois parlent de productivité, ils ne disent pas que la machine doit remplacer l’homme ou d’étendre les superficies. Ils veulent une intensification agricole à visage humain qui préserve l’unité de la famille, qui réduit la pénibilité des travaux, qui permet une maîtrise du calendrier agricole et un revenu adéquat. Cette vision de la durabilité repose sur les exigences suivantes :

une participation des producteurs agricoles à l’élaboration et à la mise en œuvre des programmes et projets du secteur pour améliorer leurs rapports coût / efficacité

une maîtrise de l’eau ;

une gestion patrimoniale des ressources naturelles par leur utilisation judicieuse et leur préservation dans l’intérêt des générations futures ;

une intensification raisonnée liant productivité et préservation de l’environnement ;

une formation continue des producteurs et un appui-conseil de proximité plus professionnalisé, coopératif et disponible, et travaillant avec les producteurs sur une base contractuelle ;

une amélioration de l’habitat rural par des mesures de viabilisation de l’espace rural : logements améliorés, eau potable, pistes de desserte rurales, téléphonie et électricité rurales, cadres de distraction pour les jeunes… ;

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une prise de participation des producteurs dans les entreprises commerciales et industrielles du secteur agricole pour diversifier les filières génératrices de valeur ajoutée additionnelle ;

une diversification des matières premières des unités industrielles ;

un tissu industriel coopérant avec le sous secteur de l’artisanat rural ;

une fiscalité non contraignante et adaptée aux enjeux de la compétition mondiale ;

un syndicalisme paysan fort et constructif ;

une assurance agricole pour limiter les risques de perte de performance ;

des pistes rurales et des moyens de transport adéquats et disponibles pour faciliter la circulation rapide des produits.

L’esquisse du profil de l’exploitation familiale agricole et les préalables pour relever les trois défis de cette agriculture permettent d’examiner les principales politiques qui ont caractérisé les interventions dans le secteur agricole et rural au Bénin au cours des trois dernières décennies. 1.2 - P.A.S ET POLITIQUE AGRICOLE Une politique agricole doit s'apprécier à travers les impulsions gouvernementales en matière d’éducation et d’accompagnement technique et organisationnel des producteurs assorties d’incitations financières dans le but de générer des valeurs ajoutées substantielles sur l’ensemble des activités des exploitations agricoles. Cela suppose que le principal indicateur de performance d’une politique agricole n’est pas seulement sa capacité à générer des ressources importantes pour l’Etat, mais également à satisfaire les besoins professionnels et sociaux des producteurs. L'analyse de la politique agricole au Bénin au cours des trois dernières décennies distingue trois périodes importantes : l’ère révolutionnaire, la période des programmes d’ajustement structurel, et la période de la décentralisation et de la lutte contre la pauvreté. 1.2.1 - Période du centralisme démocratique (1972-1989) Cette période a connu deux plans qui ont défini les grandes orientations du pays en matière de développement :

Le plan de développement économique et social du Dahomey de 1974 qui traduisait une volonté politique d’investir l’Etat d’une mission de puissance publique et d’organe d’appui à l’activité économique.

Le plan d’Etat de développement économique et social de 1977-1979, la planification a été déconcentrée par la création au sein de chaque ministère sectoriel d’une direction des études et de la planification (DEP), afin que chaque secteur d’activités de l’économie nationale bénéficie au mieux de l’impulsion qu’il fallait de la part de l’Etat pour son épanouissement.

La période 1972-1989 est marquée par le centralisme démocratique avec l’avènement du Marxisme Léninisme comme voie de développement. Les dirigeants du pays s’appuyaient sur les organes locaux du pouvoir d’Etat pour faire passer les mots d’ordre du Parti-Etat.

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Cette période 1972-1989 était caractérisée par une révolution verte dénommée ‘’campagne nationale de production’’ centrée sur l’autosuffisance alimentaire du pays au nom du mot d’ordre ‘’comptons d’abord sur nos propres forces et sur nos propres ressources’’. Les Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER) Au cours de cette révolution, la production agricole était fondée sur des prescriptions de quotas de réalisation à chaque unité de production et à chaque région agricole. Les six (6) départements étaient dotés chacun d’une institution intégrée de promotion rurale appelée ‘’Centre d'Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER)’’. A travers les services techniques déconcentrés du ministère du développement rural qui les composent, les CARDER étaient chargés des activités de vulgarisation agricole (productions végétale et animale), d’appui à l’organisation des producteurs, de la promotion de la qualité et de la commercialisation des produits agricoles, de la construction et de l’entretien des pistes de desserte rurale, de l’hydraulique rurale et de la gestion de quelques entreprises agro-industrielles etc. En plus des CARDER qui devaient promouvoir le développement rural intégré par la diversification des filières productives, l'Etat a créé la société Nationale de Promotion Agricole (SONAPRA) qui a limité son action à la seule filière coton au lieu de soutenir la diversification en mettant en place des intrants pour toutes cultures. La campagne nationale de production Dans le cadre de la campagne nationale de production dont l’enjeu est l’autosuffisance alimentaire, la production agricole a été imposée à toutes les sociétés publiques et d'économie mixte et aux administrations publiques. Ainsi, fut généralisée la création de fermes d'Etat et de fermes d'entreprise sous l'autorité technique d'une direction nationale des fermes d'Etat et le contrôle politique des organes centraux et locaux du pouvoir d’Etat : comité central du parti de la révolution populaire du Bénin (CC/PRPB), comités de défense de la révolution (CDR), comités provinciaux de la révolution (CPR) et leur démembrement. Certaines fermes d'entreprises se situaient à plusieurs dizaines, voire à plusieurs centaines de km de leurs lieux d'implantation, ce qui induisait des coûts de production exorbitants et difficilement maîtrisables. Cette expérience a été soutenue par une introduction importante de la mécanisation agricole financée sur les fonds de la caisse nationale de crédit agricole (CNCA), de la Banque Béninoise pour le Développement et de la Banque Commerciale du Bénin ainsi que sur les ressources propres des entreprises. De même, de nombreux fonctionnaires civils et militaires ont obtenu des crédits importants de ces institutions de financement pour installer également des fermes notamment avicoles. Les coopérations chinoise, roumaine et russe y ont également apporté leur concours. Au niveau des exploitations familiales agricoles, peu de changements ont été notés. Les petits producteurs ont peu profité des innovations technologiques et des opportunités de financement de l’ère révolutionnaire concernant la mécanisation et la diversification agricole : ils étaient toujours à la houe et quelques uns d’entre eux ont pu accéder partiellement à la culture attelée, notamment pour le labour et le transport dans la zone cotonnière. Cette période avait favorisé cependant, l’éclosion d’un mouvement coopératif particulièrement dans la

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filière coton, avec l'émergence des groupements villageois (GV) et des groupements révolutionnaires à vocation coopérative (GRVC). La situation foncière Certaines positions et menaces des dirigeants politiques de l’époque laissaient croire aux populations l'avènement imminent d'une réforme agraire devant s'opérer par l’expropriation des grands propriétaires fonciers et la redistribution de leurs terres au profit des petits producteurs. Dans la partie méridionale du Bénin, du fait de la forte pression foncière qui s'exerçait déjà à cette époque, les délégués de village se sont emparés de ce discours sur la réforme agraire pour mettre en place une stratégie d'incitation des propriétaires terriens au bradage rapide de leurs propriétés foncières au lieu de les perdre avec la mise en œuvre de la réforme. Cette confusion entretenue par le discours officiel a été facilitée par une pratique courante des transactions foncières dans le sud du fait de l’urbanisation et de la pauvreté des terres : il s’agit de terrains situés dans des zones des terres de barre dégradées, dans les marais, ou sur des terrains très sableux ne représentant plus un enjeu professionnel pour les petits agriculteurs compte tenu des faibles rendements que ces terrains génèrent et de leur incapacité à y investir. De ce fait, de nombreux agriculteurs sont contraints à l’exode rural ou à une mutation professionnelle tout en restant au village. C'est à l’occasion de cette confusion sur la question foncière qu'a commencé par émerger une cohorte d'agriculteurs sans terre contraints à l'exode rural et à des mutations professionnelles sans aucun rapport avec l'exploitation agricole : cette situation a généré des dockers du port de Cotonou, des ouvriers non qualifiés dans les centres urbains, des trafiquants et vendeurs d’hydrocarbure, l’accélération de la délinquance en zones rurales et une extension fulgurante du secteur informel en général… La plupart des terres, objet de cette stratégie d’intimidation sont vendues aux hommes politiques, aux commerçants et aux cadres des administrations publiques et privées. Il s'en est suivi une situation de gel de terre par les nouveaux propriétaires ou la transformation des petits producteurs en ouvriers agricoles sur les quelques fermes créées par la nouvelle bourgeoisie foncière. Ce contexte foncier a été également aggravé par l'expropriation de vastes domaines pour la création de fermes d'Etat dont la gestion a été confiée à des fonctionnaires du ministère du développement rural dans le cadre de la révolution verte. Le comité ad hoc créé par décret n°91-31 du 10-2-1991 pour étudier les possibilités de réaffectation de ces fermes en a décompté 94 sur toute l'étendue du territoire national pour une superficie totale de 99.311 ha dont 561 ha ont été achetés, 4.793 reçus en dons, 58.022 ha (58, 42% du total) obtenus par expropriation des collectivités et seulement 35.934 (35,18% du total) appartenant au domaine public. De la surface totale des fermes, seulement 0, 27% (soit 167 ha ) a été transféré par un acte juridique.

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Des 58.022 ha retenus pour exploitation, 6.334 ha ont été réoccupés par les anciens propriétaires, 47.412 ha sont encore exploités par les structures du Ministère du Développement Rural par le biais de projets de coopératives, des Centres de promotion rurale ou fermes semencières. Le reste, soit 4276 HA, est occupé par les sociétés et d'autres structures d'Etat (Ministère de la Défense et de l'Industrie). En juin 1992, le comité ad hoc évaluait la disponibilité en terre des fermes d'Etat (domaines non exploités) à 40.457 ha qui se répartissaient, en fonction des aptitudes culturales, comme suit :

Production végétale = 7.483 ha dont riziculture = 687 ha

Production animale = 31.500 ha

Production fruitière = 787 ha La période 1972-1989 à travers les stratégies d'accaparement de terres agricoles a contribué à l'accélération de l'étalement de la ville de Cotonou se traduisant par une conurbanisation des localités de Cotonou, Abomey-Calavi, Ouidah, Sèmè, Porto-Novo, Akpro Missérété. Le bilan de la période en matière agricole Le bilan de cette période en matière de politique agricole a été globalement décevant et s'est soldé par la faillite généralisée du système bancaire national, le faible intéressement des bailleurs de fonds au financement du secteur rural et l’abandon des fermes d’Etat et d’économie mixte. En ce qui concerne les itinéraires techniques, notamment l’accès des paysans aux intrants chimiques, le niveau de consommation d'engrais ne dépassait guère 6 kg/ha/an et ce, essentiellement au profit du coton et du palmier sélectionné. Pourtant, le discours officiel penchait pour la promotion des cultures vivrières et le développement rural intégré surtout au cours des années 80. En outre, le gouvernement consacrait à peine 1.300 FCFA par an pour soutenir la production agricole par habitant et cet effort financier servait à payer essentiellement les salaires des fonctionnaires du ministère du développement rural. La vulgarisation agricole, en tant que mission exclusive de l'Etat à cette époque, était assurée par des fonctionnaires et sur le terrain, le ratio d'encadrement des producteurs est d’un agent de vulgarisation agricole pour deux à cinq villages environ, ce qui est tout au moins remarquable en terme de proximité de l’accompagnement technique et organisationnel. Cependant, le coût de fonctionnement de l'administration agricole a été jugé à la fin des années 80 exorbitant et insoutenable sur les ressources propres de l'Etat, compte tenu du laxisme qui a caractérisé les recrutements dans la fonction publique : en 1989, les dépenses de personnel représentaient 81% des dépenses de l'Etat. Les productions des ‘’ fermes révolutionnaires’’ ne présentaient aucun avantage comparatif par rapport à celles des petits producteurs. Malgré les gros investissements dont elles ont bénéficié, leurs produits d’exploitation n’arrivaient presque jamais à couvrir les charges d’exploitation. D’où leur faillite et endettement.

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Encadré 2 : La rupture des équilibres macro économiques A l’instar du système colonial, le modèle de vulgarisation agricole de l’ère révolutionnaire est demeuré de type dirigiste, (top down). Ainsi la vulgarisation agricole s'opérait selon une approche de quotas de production ; elle est orientée beaucoup plus vers la satisfaction des besoins budgétaires de l'Etat par une fiscalisation poussée des productions faisant l'objet de transaction commerciale avec l'étranger, notamment la culture de coton. Un système d’appui basé sur la dépendance des paysans ! Dans ce système autoritaire d’appui, les savoirs paysans n’avaient pas voix au chapitre. Les paysans n’avaient pratiquement aucun espace de négociation avec le dispositif d’encadrement pour faire prévaloir leurs attentes. Ils étaient tenus en marge de la formulation, de la gestion et de l’évaluation des projets de développement rural. Ils ne savaient rien de leurs enjeux, encore moins de leurs financements. Ils étaient considérés juste comme des justificatifs pour la recherche de financement auprès des bailleurs de fonds. Il n’existait pas une société civile qui incarnait la profession agricole et capable d’interpeller l’administration agricole et les autorités gouvernementales. Les paysans étaient représentés par des fonctionnaires dans la plupart des rencontres nationales et internationales où les producteurs devraient faire entendre leurs opinions. Cette politique de ‘’tutelle forcée’’ a étouffé toutes tentatives visant l’émergence d’un syndicalisme paysan. De même, rares étaient les sous-préfectures qui étaient dotées d’une union des producteurs assurant des fonctions économiques. L’Administration territoriale locale et les responsables du développement rural influençaient énormément l’utilisation des ristournes et plus values de la commercialisation du coton, abusivement assimilées à un bénéfice alors qu’il s’agissait d’un trop perçu et de frais de prestation. C’est ainsi que les paysans étaient devenus les principaux bailleurs de fonds des budgets d’investissement de plusieurs localités incluant l’achat de véhicules à la gendarmerie, la construction d’école, de maternité, de recrutement de médecins et d’enseignants…Ces investissements ont contribué a l’affaiblissement de l’assise financière des organisations paysannes alors que l’exploitation agricole souffre encore de graves faiblesses d’équipement et de renforcement des capacités de ses membres. En clair, la politique agricole de l'époque était silencieuse sur la modernisation de l'exploitation agricole familiale en encourageant implicitement le développement d'une production agricole minière pourvu que l'Etat y trouve son compte (volume de production recherché). C’est bien la raison majeure de l’accélération du recul forestier dans le pays à laquelle s’ajoute l’absence d’une politique énergétique devant permettre de diversifier les sources d’énergie de cuisson dans les ménages, surtout ceux des centres urbains. A la fin de l'année 1990, face aux difficultés de trésorerie de l’Etat, l'administration publique a été jugée par les institutions de Breton Wood non performante avec un effectif pléthorique d'agents dont la qualification est insuffisante et inadéquate. C’est dans ce contexte que le Bénin s’est engagé dans une réforme économique sévère l’obligeant à renoncer au régime révolutionnaire pour s’ouvrir au libéralisme économique et au multipartisme intégral.

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1.2.2 – Période des trois PAS : rétablir les équilibres macro-économiques Entre 1989 et 1997, le Bénin a connu trois programmes d'ajustement structurel (PAS) sous-tendus par une détente politique (multipartisme) et le libéralisme économique avec le désengagement de l'Etat des secteurs productifs exigés par la conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990. Le secteur agricole est celui qui a contribué plus régulièrement à la croissance de la production nationale dont le taux de 5% en moyenne sur la période de 1977-1980 est tombé à 3% entre 1980 et 1991 et à 1,2% seulement dans l'intervalle 1988-1990. Face à la détérioration continue de ses performances et de son rôle dans l’économie nationale, il a été le premier secteur par qui la mise en œuvre du Programme d’Ajustement Structurel (PAS) a commencé au Bénin. En effet, quand l’agriculture est malade c’est toute l’économie nationale qui en souffre. Depuis 1990, les politiques dans le secteur sont marquées par :

la Lettre de Déclaration de Politique de Développement Rural (LDPDR) adoptée en 1991 qui a pour objectif d’élever le niveau de vie des populations à travers la conquête des marchés et l’amélioration de la compétitivité du paysan plutôt que d’une autosuffisance alimentaire nationale et régionale ;

la table ronde sur le développement rural, tenue en septembre 1995, qui a défini

les actions prioritaires nécessaires pour atteindre les objectifs de la LDPDR et établi un programme quinquennal d’investissement.

De 1989 à 1994, les deux premiers PAS ont privilégié le rétablissement des équilibres macro-économiques. Par contre, la troisième édition, négociée en 1994 pour couvrir la période 1995-1997 et dénommée Programme de Relance et de la Croissance Durable, en plus de réduire le déficit de la balance des paiements et du budget, a opté pour des mesures de protection des groupes sociaux vulnérables et de réduction de la pauvreté devenue un phénomène de masse. Ces réformes ont permis la reprise de la croissance qui a enregistrée un taux moyen de 4,63% sur la période de 1991-1997 avec la contribution de l’agriculture à 5,49%, de l’industrie à 4,37% et des services à 4,10%. Comment concrètement les petits producteurs ruraux ont-ils vécu ces trois PAS ? L'encadrement agricole a connu l'émergence de nouveaux acteurs comme des ONG nationales dont le nombre est passé de 300 environ au début des années 90 à plus de 2000 en l'an 2000 dont les 70% au moins revendiquent une mission de vulgarisation agricole et d'animation rurale qui sont devenues des missions non exclusives de l'Etat. Cette période a connu également un foisonnement de systèmes de financement décentralisé avec de nombreux projets autonomes d’appui aux producteurs soit par type ou famille de produits agricoles. D’autres sont centrés sur une approche de développement communautaire et local, plus ouverte à tous les secteurs de la vie économique et sociale du monde rural. Un programme de restructuration des services agricoles (PRSA), objet d'une lettre de déclaration de Politique de Développement Rural (LPDR) signée en mai 1991 par le Ministère

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du Développement Rural puis actualisée en 1999, précise les priorités du gouvernement ainsi que les réformes envisagées concernant le secteur. Financé essentiellement par la Banque Mondiale, le PRSA a recentré le rôle de l'Etat dans le secteur agricole en définissant les missions exclusives et les missions non exclusive. L'objectif majeur de la LPDR est d'élever le niveau de vie des populations et de renforcer la participation du secteur agricole dans le développement socio-économique du pays par :

• la valorisation des potentialités agro-écologiques,

• la création d'emploi,

• le rétablissement des équilibres macro-économiques,

• l'augmentation du pouvoir d'achat des producteurs,

• la lutte contre la pauvreté,

• la sécurité alimentaire,

• la diversification agricole et l'augmentation de la productivité,

• l'amélioration des rapports hommes-femmes au sein des communautés rurales. Ces objectifs devraient se traduire par les stratégies d'intervention touchant les volets suivants :

• appui à l'organisation du monde rural, • appui à la vulgarisation et au conseil en gestion agricole, • intensification du processus d'aménagement et d'équipement, • accès aux financements, • aménagement de la fiscalité, • diversification et intensification, • conservation et transformation, • approvisionnement en intrants, • commercialisation, • recherche-développement, • législation rurale et particulièrement sur le droit foncier, • gestion des ressources naturelles, • formation et information, • programmation et suivi.

Le bilan global de cette période est marqué par quelques faits importants dont (i) la non exclusivité effective de l'animation rurale par l'émergence des salariés formateurs financés par des organisations paysannes, (ii) des agriculteurs-formateurs, (iii) des ONG d'appui-conseil qui sont dans un jeu d'intermédiation entre les partenaires au développement (bailleurs de fonds) et les producteurs au même titre que l'Etat, (iv) le renforcement de la capacité financière des Unions sous-préfectorales des producteurs et des Unions départementales grâce aux ristournes et plus-values de la filière coton, ce qui a contribué notoirement à la réalisation d'infrastructures communautaires d’intérêt pour la profession (construction de sièges, magasins, acquisition de camions pour l'évacuation du coton-graine, recrutement du personnel, formation des membres, etc.), (v) la réduction de 2439 agents en 1993 soit 40% de l’effectif des structures du MDR ayant occasionné un déficit de 260 agents dont 223 pour les

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CARDER, lequel déficit a été aggravé par un nouveau dégagement de 225 agents en 1998. Encadré 3 : Neuf producteurs sur dix n’ont plus de contact avec la vulgarisation

agricole Malgré le foisonnement des ONG dans le pays, force est de constater que le monde rural est confronté à une insuffisance qualitative et quantitative de personnels d’appui technique et de conseil de gestion. L’organisation des départs ciblés à travers le projet de restructuration des services agricoles (PRSA), les départs continus à la retraite des Agents et le gel des recrutements au niveau de l’Etat ont entraîné la réduction de l’effectif et le vieillissement du personnel surtout celui de l’encadrement. Aujourd’hui à peine 11% des producteurs agricoles sont encadrés. Les producteurs rencontrés manifestent un intérêt pour le rétablissement d’un service public d’animation rurale sur la base d’un contrat de partenariat avec les organisations paysannes assorti d’obligations de résultats pour chaque partie. Afin d’améliorer la diffusion des technologies au niveau du village, un système national de vulgarisation agricole a été mis en place et repose sur les principaux outils suivants (i) le diagnostic pour connaître les préoccupations des paysans et les contraintes qui freinent le développement agricole, (ii) le groupe de contact (GC) qui réunit 8 à 12 paysans auprès de qui sont diffusés directement les technologies dans la perspective que ces derniers soient un relais pour la démultiplication, (iii) l’atelier mensuel de revues des technologies (AMRT) qui est un cadre d’échange entre les chercheurs et les vulgarisateurs qui comprend une phase de diagnostic, une phase de visite de terrain, une phase d’analyse des éléments de visite de terrain et une phase d’élaboration de la fiche technique par les techniciens spécialisés, (iv) la formation de quinzaine des vulgarisateurs pour permettre à ceux-ci d’apprendre les technologies à diffuser au sein des groupes de contact, (v) les unités de démonstration qui accueillent les paysans dans le but de les convaincre et de les former, (vi) une réunion de quinzaine destinée aux échanges entre vulgarisateurs d’un même sous-secteur, (vii) un programme de quinzaine qui définit dans le temps et dans l’espace les activités à mener par chaque agent de vulgarisation : le calendrier à jours fixes de contact négocié entre vulgarisateurs et producteurs des groupes de contact, (viii) les visites organisées entre groupes de contact et ceux-ci avec les producteurs individuels, (ix) les fiches techniques élaborées par les techniciens spécialisés au cours des AMRT et qui constituent des solutions aux préoccupations des producteurs. La mise en œuvre de ce nouveau système de vulgarisation n’a pas substantiellement amélioré l’accompagnement des producteurs, faute d’agents de contact et de financement. La vulgarisation agricole reste encore très dépendante de l’aide internationale. A la fin de chaque projet d’appui, le système d’accompagnement s’écroule.

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Encadré 4 : Plus de transfert d’activités et de charges, et moins de transfert de compétences et de ressources aux producteurs

Malgré, les mutations institutionnelles importantes qu’a connu le système national de vulgarisation, son bilan est très controversé pour plusieurs raisons : (i) le démantèlement de la vulgarisation agricole d’Etat a multiplié par 3 à 4 le nombre de villages que chaque vulgarisateur doit encadrer alors que la plupart des CARDER n’ont plus de ressources conséquentes pour assurer le déplacement des agents de vulgarisation; (ii) la non maîtrise du diagnostic par ces agents ; (iii) le manque de contrat programme dans la gestion de la vulgarisation entre agents de vulgarisation et les agriculteurs ; (iv) la faible adaptation de l’encadrement aux besoins des groupes spécifiques que sont les femmes, les gros et moyens exploitants agricoles, les éleveurs et les transformateurs; (v) l’absence de coordination effective des actions des ONG en rapport avec les objectifs nationaux de développement, notamment en matière de vulgarisation et d’appui-conseil aux producteurs agricoles; ( vi) l’effet de tâche d’huile des producteurs formés est faible malgré les succès enregistrés dans les groupes de contact à cause de la réticence vis à vis du bénévolat et d’une tendance à la rétention de l’information patrimoniale, (vii) une restructuration des services agricoles qui a privilégié le transfert d’activités et de charges au lieu de favoriser simultanément et méthodiquement un véritable transfert de compétences aux producteurs et à leurs organisations, ce qui a généré des contre performances dans la gestion du patrimoine desdites organisations. Enfin, les paysans déclarent qu’ils ne perçoivent pas les retombées de la lutte contre la pauvreté du gouvernement étant donné que les problèmes de revenus, de débouchés, et d’accès à la technologie, au financement, à l’équipement, à la formation… restent toujours d’actualité avec une dégradation continue des pouvoirs d’achat des petits producteurs due à la cherté de la vie. En dépit des différentes faiblesses évoquées, quelques dynamiques louables retiennent l’attention. On peut noter au cours de cette période une amorce de la coopération entre les producteurs de différentes spéculations par l’élargissement de l'adhésion des Unions sous-préfectorales des producteurs (USPP) et leurs structures faîtières à des producteurs non cotonniers. Les producteurs commencent par s’organiser aussi par corps d’activités dans le but de faire émerger d’autres filières : ces tentatives s’observent au niveau des planteurs de palmier à huile, d’anacardier, des maraîchers, des producteurs de riz, des producteurs d’ananas, des pêcheurs, éleveurs, des salicultrices, etc. De même, une structuration des organisations des femmes rurales se met en place progressivement à tous les échelons territoriaux du pays. La Fédération des Unions de Producteurs du Bénin fait partie du Réseau des Organisations Paysannes et des Producteurs Agricoles d’Afrique de l’Ouest (ROPPA), un cadre d’échanges et de formation créé et animées par les organisations paysannes et collaborant avec des personnes ressources cooptées, les Etats et les partenaires au développement. Une culture de planification stratégique commence par naître à travers des plans de formations et des plans de développement pluriannuels : cas du réseau des caisses locales de crédit agricole mutuel, des producteurs de palmier à huile, de la FUPRO, etc.

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La FUPRO a signé douze (12) contrats avec des radios locales dans le cadre d’un appui du Centre Technique Agricole (CTA) basé aux Pays-Bas. Ces contrats visent à corriger les déficits d’informations entre les élus et leurs bases à tous les échelons d’une part, à favoriser l’éducation économique et technologique des producteurs, et à utiliser ces radios pour interpeller sur leurs préoccupations d’autre part. En sorte, la radio intègre une stratégie de démocratisation des organisations paysannes. Avec le concours de la Banque Mondiale, il est envisagé la mise en place d’un système d’information avec des supports de données et la création de base de données au profit des producteurs et ce, à travers le réseau FUPRO. L’événement le plus important au cours la période sera le décret n°099-557 du 17 novembre 1999 portant transfert au secteur privé de la responsabilité de l’organisation des consultations pour l’approvisionnement en intrants agricoles et le décret n°2000-294 du 23 juin 2000 portant suppression du monopole de commercialisation du coton-graine par la Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA) au Bénin. De même les producteurs agricoles ont obtenu l’insertion d’une clause de dédommagement pour perte de production due à la mauvaise qualité des intrants dans la filière coton. La consommation des engrais chimiques est en progression : elle est passée de 6 kg à 15 kg par hectare par an au cours des quinze dernières années. Un des grands défis qui demeure au niveau des intrants reste la mise en place d’un système efficace de contrôle de qualité pour éviter que les agriculteurs fassent les frais de la cupidité de certains importateurs qui ont tendance à mettre sur le marché des produits peu fiables, neutralisant ainsi l’effort et les revenus des producteurs. Des efforts doivent être faits également par les producteurs pour contenir les tendances de surestimation de leurs besoins en intrants occasionnant leur endettement inconséquent. 1.2.3 - Période 1998-2001 : décentralisation et lutte contre la pauvreté Cette troisième période (1998-2001) est caractérisée par une volonté politique plus affirmée en matière de décentralisation, de développement local et de lutte contre la pauvreté. La croissance économique s’améliore pendant que la pauvreté rurale s’accélère au Bénin. A qui profite alors cette croissance se demandent les producteurs agricoles ? Selon des études réalisées par le PNUD en 1995 au Bénin, 67 et 55% des populations respectivement dans les zones rurales et urbaines sont pauvres ou vulnérables à la pauvreté, le PIB par tête aux prix courants de 1995 est tombé à 114.000 FCFA contre 117.500 FCFA en 1985. C’est pour corriger les faiblesses des PAS, soutenir et perpétuer la croissance qu’ils ont induite qu’un Plan d’Orientation de l’Etat couvrant la période de 1998-2002 a été adopté. Il s’agit d’un cadre cohérent d’actions du Gouvernement qui rassemble les objectifs et mesures identifiés dans le PAS III pour la même période, les résolutions et recommandations de la Conférence Economique Nationale puis le Programme d’Action du Gouvernement. Ce plan d’orientation dont le thème central est « lutter contre la pauvreté pour consolider la croissance économique », établit les priorités de développement et offre des repères aux

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décideurs pour la mise en place de mécanismes stables de promotion des initiatives privées et des changements des comportements individuels et collectifs compatibles avec les exigences d’un développement durable. L’objectif fondamental du Plan est de passer d’un taux de croissance réel de 4,63% sur la période de 1991-1997 à un taux de 6,5% sur la période de 1998-2002. Le produit intérieur brut du secteur primaire connaîtra un accroissement moyen annuel de 6,4% grâce à la branche de la production végétale. Le PIB du secteur primaire devrait passer de 38,4% en 1997 à 39,1% en 2002. D’après les prévisions de la direction de la projection faites en juin 2001, le PIB du secteur primaire qui était de 188 milliards en 1991 devait passer à 640,69 milliards en 2001 pour atteindre 826,69 milliards en 2006 soit une multiplication par 4,40 du PIB en 15 ans, ce qui montre le poids encore important de l’agriculture dans les stratégies nationales de création de la richesse et de la lutte contre la pauvreté dans les années à venir. Tableau 1 : Projection des composantes du PIB du Bénin (2001-2006) Ressources du PIB courant (en milliards de FCFA)

SECTEUR 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Primaire 640,69 696,75 760,65 826,69 826,69 826,69

Production végétale 518,22 565,58 620,16 676,67 676,67 676,67 Production animale 122,47 131,17 140,48 150,02 150,02 150,02

Secondaire 240,81 263,86 289,82 319,13 319,13 319,13 Tertiaire 860,90 934,55 1.014,64 1.102,48 1.205.01 1.102,48

Total PIB 1.742,4 1.895,16 2.065,11 2.248,30 2.457.39 2.248,30 Source : Projection INSAE/ direction de la prévision, Juin 2001 Cette ambition de croissance voulue au secteur primaire montre que l’Etat béninois demande toujours un peu plus au secteur agricole dans cette perspective d’amélioration des performances de l’économie nationale tel qu’affiche le tableau ci-dessus. Il se pose alors des questions de fond sur les stratégies devant concourir à l’accroissement des performances du secteur : (i) n’est-il pas exagéré de penser que l’agriculture pluvial peut garantir à elle seule la sécurité alimentaire et créer de la richesse pour le pays si sa vulnérabilité aux aléas naturels n’est pas atténuée par la promotion de la petite irrigation à grande échelle et l’aménagement des bas-fonds? (ii) Peut-on garantir la durabilité des exploitations familiales agricoles lorsque l’équipement de base pour le travail du sol reste dominé par l’usage généralisé d’instruments sommaires comme la houe, le coupe-coupe et la hache ? (iii) la prolifération des systèmes de financement décentralisés non professionnalisés et sans ressources conséquentes est-elle une réponse adaptée à un tel défi de performance du secteur? (iv) sans un aménagement fiscal, un fonds de garantie des emprunts et un système de bonification des taux d’intérêt sur les crédits, est-il possible que l’agriculture soit rentable pour les producteurs et compétitif sur le marché international ?

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(v) de même, peut-on promouvoir à grande échelle le financement à moyen et long termes de l’agriculture dans un contexte où l’accompagnement technique et l’accompagnement en organisation et en gestion des organisations paysannes sont à peine assurés? (vi) comment les agriculteurs peuvent-ils saisir les opportunités en matière d’informations économiques notamment dans les domaines de la formation, de l’investissement, de la diversification des débouchés de leurs productions et du suivi des tendances du marché international, lorsque leurs organisations ne bénéficient d’aucune facilité d’accès aux technologies de l’information ? A l’initiative conjointe du PNUD et du Gouvernement, le Bénin a réalisé des études nationales de perspectives à long terme, Bénin 2025. La vision retenue est « Le Bénin est en 2025 un pays phare, un pays bien gouverné, uni, à économie prospère et compétitive, de rayonnement culturel et de bien-être social ». Entre temps, le pays s’est à nouveau doté de plusieurs instruments d’ordonnancement du développement rural dont il convient de rappeler les plus importants. ⇒ l’initiative 20/20, objet des engagements du sommet Mondial sur le Développement Social

tenu à Copenhague en 1995 prescrit que 20% du Budget de l’Etat et 20% de l’aide publique au développement (APD) soient affectés aux services sociaux essentiels (SSE). L’évaluation de ces engagements ont révélé en 1997 que le Bénin est à 9,5% de son budget annuel contre l’objectif des 20%. En ce qui concerne l’APD, sur la période 1993 – 1997, 14,1% de l’aide est affectée aux services sociaux de base. Il apparaît nécessaire d’accroître l’offre de SSE au profit des pauvres, surtout en milieu rural, pour améliorer leurs conditions de vie. L’offre en SSE demeure une dimension importante de la durabilité de l’exploitation agricole.

⇒ l’Agenda 21 National adopté en 1997 visant à généraliser le développement d’une culture

environnementale dans les stratégies de gestion des ressources naturelles à tous les niveaux. Ce document met en évidence d’énormes pertes post-récoltes et au champ évaluées à plus de 30% et opte pour une gestion des ravageurs et la lutte phytosanitaire en agriculture notamment l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, sélectifs, biodégradables et la lutte biologique. Il souligne l’épuisement en phytoaliment des sols comme de vrais défis pour l’agriculture de demain dans un contexte socio-économique où l’accès aux engrais chimiques reste limité. Selon le même agenda, il faudra accroître la production agricole d’au moins 4% par an tout en préservant la fertilité des sols afin de satisfaire la demande en produits alimentaires d’une population en forte croissance ;

⇒ le programme national de développement communautaire (PNDC) adopté en 1998

structurant le développement à la base autour de six composantes à savoir : (i) éducation et formation communautaire, (ii) renforcement des capacités institutionnelles et organisationnelles des communautés, (iii) promotion de la santé et de l’hygiène communautaire (iv) gestion communautaire des infrastructures de développement ; (v) développement des capacités entreprenariales des communautés (vi) amélioration du cadre institutionnel et législatif des actions communautaires. Le PNDC traduit une volonté gouvernementale de favoriser la lutte contre la pauvreté par une dynamique de convergence et de synergie des interventions des différents acteurs au niveau local ;

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⇒ la stratégie nationale de développement à la base dénommée « minimum social commun (MSC) » portant sur des micro-réalisations et visant à satisfaire les besoins et demandes exprimés par les populations elles-mêmes et générant des emplois de proximité et l’amélioration des conditions de vie des populations. Chaque village ou chaque quartier est assimilé à une unité communautaire de développement (UCD) et à ce titre doit se doter d’un plan de développement assorti d’une stratégie auto-gérée de mobilisation et de gestion des ressources de mise en œuvre dudit plan ;

⇒ l’approche participative niveau village (APNV) qui est une méthode d’appui-conseil qui

part du constat que les besoins d’information, de planification et d’action des producteurs ruraux ne relèvent pas seulement du domaine de la production agricole. L’APNV a été instituée par décret pris en conseil des ministres le 6 janvier 1999. L’APNV améliore le système de vulgarisation par une approche globale du terroir reposant sur un diagnostic participatif, une recherche de solutions concertées et une planification des actions en tenant compte des priorités exprimées de façon consensuelle par la communauté. Les techniques de l’APNV sont celles utilisées habituellement dans le cadre de la méthode accélérée de recherche participative (MARP). L’APNV est bien appréciée des communautés villageoises dans son processus de conduite participative de diagnostic-proposition mais reste une fiction pour elles car l’approche ne débouche que rarement sur la mise en œuvre de solutions adéquates aux problèmes prioritaires identifiés, faute de stratégies de mobilisation de ressources d’action. Cependant, le manque de financement des actions planifiées par les communautés villageoises et le manque de personnel d’appui n’ont pu permettre d’atteindre un nombre élevé de villages. Les ONG n’ont pas été formées à l’approche pour corriger ce faible taux de couverture.

⇒ un cadre juridique pour la décentralisation et le développement local à travers la loi 97-029

du 15 janvier 1999 portant organisation des communes en république du Bénin qui, en ses articles 84 et 88 prescrivent un schéma directeur d’aménagement de la commune, un plan de développement économique et social, des règles relatives à l’usage et à l’affectation des sols ainsi que des travaux de désenclavement du territoire communal. Cette loi permet une politique agricole locale dont la définition et la mise en œuvre incombe au premier chef aux producteurs eux-mêmes ;

⇒ le schéma directeur du ministère du développement rural centré sur la diversification

agricole et la modernisation des exploitations agricoles, la sécurité alimentaire, la réduction des pertes post-récolte et la promotion des produits agricoles, la gestion durable des ressources naturelles et l’amélioration de l’accès à la terre des petits producteurs

⇒ le document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSPR) en cours de finalisation.

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Encadré 5 : Déficit de débats et de stratégies au niveau des producteurs agricoles sur

les enjeux de la décentralisation Le bilan de cette période 1998-2001 sera caractérisé par le retard qu’accuse l’organisation des élections locales en vue de la mise en place des communes de plein exercice. S’il est vrai que la décentralisation corrigera le manque de politique d’aménagement du territoire, il est à craindre que cette décentralisation ne génère de nouvelles contraintes financières pour les petits producteurs ruraux à travers les pressions fiscales locales. On constate, par ailleurs, qu’aucune réflexion n’est amorcée jusqu’ici sur les implications de cette décentralisation pour les exploitations agricoles familiales et les organisations paysannes. 1.3 – CARACTERISTIQUES DEMOGRAPHIQUES ET ALPHABETISATION DE MASSE L’agriculture est la principale activité de la population béninoise. Elle est caractérisée par des exploitations de type familial animées par de petits exploitants agricoles. Selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat de février 1992, le secteur primaire occupe 56% de la population active avec 66,70% d’hommes et 41,6% de femmes. De 1976 à 1992, le nombre d’actifs agricoles a progressé de 0,98% passant de 1.104.003 (dont 321.860 chefs d’exploitation) à 1.114.903 actifs agricoles (dont 408.020 chefs d’exploitation). Le taux d’alphabétisation (22% de la population rurale) relativement bas constitue un handicap majeur pour le développement économique et social du Bénin. En 1979, en dépit des efforts dans le domaine de l’alphabétisation fonctionnelle celle-ci ne touchait que 0,4% de la population cible. Aussi on note un relâchement dans le programme d’alphabétisation des producteurs depuis le transfert de cette activité du Ministère du Développement rural au Ministère de la Communication. 1.4 – CARACTERISTIQUES INSTITUTIONNELLES ET STRUCTURATION DU MONDE RURAL La structuration institutionnelle et organisation du monde rural au Bénin repose à la fois sur des structures étatiques et celles de la société civile. 1.4.1 - Contexte institutionnel public 1.4.1.1 – Structures de proximité du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche a) Centres d’Action Régionale pour le Développement Rural (CARDER) Les CARDER sont des structures déconcentrées du Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) au niveau régional. Leur mission principale est l’amélioration des conditions de vie du monde rural par la formation, l’information, la recherche de financement, la recherche-développement, etc. Ils sont démembrés au niveau sous-préfectoral par un secteur agricole profilé à l’image du CARDER. Dispositif de proximité, le secteur agricole est animé par un personnel composé de :

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un Responsable du Développement Rural (RDR) un Spécialiste des Organisations Paysannes (SOP) un Spécialiste au mieux des cas dans chacun des domaines ci-après :

• Pêche • Alimentation et Nutrition Appliquée • Production Végétale • Santé Animale • -Zootechnie • -Aménagement • Protection des ressources naturelles • -Contrôle de la qualité et conditionnement des produits.

Les secteurs agricoles sont subdivisés en sous-secteurs chargés de l’appui-conseil aux producteurs agricoles. A la tête du Sous-secteur, il y a un superviseur (SUP) entouré d’agents polyvalents de vulgarisation (APV) qui visitent les exploitations et conseillent les producteurs. Comme points forts des CARDER , il convient de reconnaître qu’ils sont les seules structures à détenir la plus longue expérience en matière d’appui aux organisations paysannes et producteurs agricoles. Par ailleurs, la réalisation des micro-projets villageois financés par le programme d’investissement public, l’appui des CARDER à l’émergence des groupements de producteurs d’une part et compte tenu de la faible performance générale de la production agricole et le niveau élevé de l’analphabétisme en zone rurale d’autre part, la nécessité d’une structure d’accompagnement à l’instar des CARDER est plus que démontrée. Toutefois, ils devront adapter leur méthode de travail à la dynamique d’écoute et de responsabilisation des producteurs afin que l’appui-conseil s’insère dans une logique contractuelle avec obligation de résultats et d’impacts. Les principales faiblesses des CARDER concernent l’affaiblissement du dispositif d’encadrement dû au manque de personnel et de financement et le transfert de beaucoup plus d’activités et de charges que de compétences et de ressources aux producteurs. Tout ce qui précède paraît justifier le faible taux d’adoption du paquet technologique diffusé et vulgarisé. La faible participation des producteurs à l’élaboration et à la gestion des programmes et projets du secteur ainsi que la très faible incarnation des programmes nationaux au niveau local résultent du déficit d’informations sur les orientations, les enjeux et les moyens. Tout ceci soulève un problème lié à l’absence d’un contrat de partenariat entre structures d’accompagnement et producteurs. b) Institut National de Recherche Agricole du Bénin (INRAB) Cet Institut longtemps considéré par les producteurs comme une structure distante d’eux, a commencé par s’ouvrir et à collaborer avec les différents acteurs du secteur rural. En plus de sa structuration en programmes, une place importante est accordée à la recherche-développement, une démarche visant à centrer les travaux de recherche sur les préoccupations des producteurs et non seulement sur les passions des chercheurs aboutissant souvent à un très faible taux d’adoption des innovations qu’ils recommandent aux producteurs.

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La recherche agricole a développé l’approche participative au niveau villageois, base de diagnostic participatif des problèmes des communautés rurales et de la profession agricole d’où doivent être issus les thèmes de recherche. Elle organise des journées portes ouvertes, utilise des paysans expérimentateurs dans le cadre de son programme sur l’amélioration des systèmes de production agricole. L’institut est représenté à l’intérieur du pays par des centres régionaux, des laboratoires, des stations sur les cultures vivrières, le coton, le palmier à huile, le cocotier et les essences forestières. Il travaille en partenariat avec plusieurs structures internationaux de recherche dont l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), le Centre International de Recherche agricole pour le Développement (CIRAD), l’Association pour le Développement de la Riziculture en Afrique de l’Ouest etc. c) Chambre d’Agriculture C’est une représentation consulaire uniquement au niveau national avec quelques agents de proximité sur le terrain pour assurer la communication entre les producteurs et la Chambre. Son financement est modeste et assuré par l’Etat. Sa structuration est en cours de construction et n’a pas débouché encore sur l’organisation des élections consulaires et la mise en place de services spécialisés. Le rôle de la chambre dans l’information économique des producteurs n’est pas encore visible. Cependant, le secrétariat exécutif de la Chambre essaye d’être proche des unions et fédérations des producteurs toutes les fois que son avis est requis. d) Programmes et projets du secteur rural Ne sont pris en compte ici que les projets de grande envergure relevant des ministères chargés de l’agriculture, de l’environnement et du plan. Il s’agit de projets de développement communautaire portant sur plusieurs objets de financement identifiés sur la base d’une micro-planification villageoise, puis des projets ne finançant que des objets pré-définis par le bailleurs de fonds. La plupart de ces projets ont une gestion centralisée au niveau national et s’appuient sur des agents relais relevant soit des ONG (intermédiaire de mise en œuvre), soit de l’administration publique. Les moyens d’intervention sont d’ordre technique et/ou financier avec un accompagnement des producteurs en organisation et gestion diversement apprécié.

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Tableau N°2 : Principaux projets sectoriels d’appui aux producteurs

Intitulé du projet Domaines d’intervention Envergure géographique

Programme d’Appui au monde rural (PAMR)

• Planification et formation par objectifs centrées sur le développement des initiatives à la base

• Infrastructures communautaires • Infrastructures de production des groupements

paysans de base • Fonds de roulement des groupements

4 régions du pays : Borgou, Alibori, Mono, Couffo

Projet de Micro finance et de Commercialisation (PROMIC)

• Micro finance (épargne et crédit) Régions du Nord

Programme de Gestion des Terroirs et Ressources Naturelles (PGTRN)

• Diagnostic-proposition et plan de développement participatif au niveau village

• Expérience de sécurisation foncière par la mise en place d’un plan foncier rural

• Mise en place de codes locaux de gestion des ressources naturelles

• Lutte anti-érosive • Promotion de la diversification des activités

génératrices de revenus par la gestion durable des ressources de la forêt

• Financement de micro-réalisations

Quelques sous-préfectures : Oussè, Sinendé, Ouaké, Boukoumbé, Kpomassè et Allada

Projet d’aménagement des forêts classées d’Agoua, monts Kouffé et Wari-maro

• Développement local (financement de réalisations socio-communautaires et d’activités génératrices de revenus au profit des paysans)

• Appui à diminution des pressions de chasse par la diversification des activités productives des chasseurs

• Mise en œuvre d’un plan d’aménagement et de gestion des massifs forestiers à travers des contrats d’actions forestières locales concertées

Quelques sous-préfectures : Savalou, Banté, Bassila, Tchaourou, Ouèssè

Programme d’Insertion des Sans emplois dans l’Agriculture (PISEA)

• Appui à l’auto-emploi des jeunes dans le secteur agricole

National

Programme de Soutien à la Sécurité Alimentaire (PSSA)

• Etude de mise en valeur des bas-fonds et marais • Appui au développement de la riziculture

paysanne

National

Programme d’Appui au Développement du Secteur Agricole (PADSA)

• Appui à la recherche et à la vulgarisation de technologies pour la maîtrise des pertes post-récoltes, la transformation des produits agricoles

• Appui à la promotion des femmes rurales par la formation, le conseil en commercialisation

National

Programme d’aménagement des Zones humides (PAZH)

• Etude de caractérisation des écosystèmes des zones humides

• Mise en place de plans de gestion pour le développement durable des ressources de la biodiversité

• Appui au développement des activités génératrices de revenus pour réduire la pression de chasse sur les plans d’eau

• Appui à la promotion des élevages non conventionnels

National

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Intitulé du projet Domaines d’intervention Envergure géographique

• Organisation des communautés riveraines des écosystèmes aquatiques pour la protection des espèces menacées de disparition

Projet pour le Développement des racines et Tubercules (PDRT) Programme manioc

• Promotion par l’appui technique et financier du développement des cultures de : igname, manioc, patate douce, tarot, …

• Appui à l’émergence de la filière manioc

National

Programme de professionnalisation de l’agriculture au Bénin (PPAB)

• Appui à la formation des producteurs et à l’émergence des filières agricoles

• Développement d’un partenariat entre agriculteurs français et agriculteurs béninois

• Appui à des ONG pour l’accompagnement en organisation et gestion des exploitations agricoles

• Appui à la structuration des maraîchers, des éleveurs de porc…

National

Programme de Développement de l’Elevage (PDE) Projet d’Appui au Développement de l’Elevage dans le Borgou (PADEB)

• Promotion des techniques d’élevages et de santé animale

• Promotion de la pharmacie vétérinaire privée • Formation des éleveurs • Mise en place de barrages de retenue d’eau à but

pastoral • Contrôle de la qualité des produits vétérinaires

National Borgou

Projet d’Amélioration et de Diversification des Systèmes d’Exploitation (PADSE)

• Recherche-Développement • Filières agricoles • Lutte étagée ciblée • Conseil de gestion • Enquêtes villageoises

Alibori Borgou Collines Zou

Programme d’aménagement et d’entretien des pistes de desserte rurale

• Choix des pistes par les producteurs • Surveillance des pistes et de leur entretien par des

comités inter-villageois d’entretien des pistes après les travaux d’aménagement

Alibori Borgou Collines Zou

Coordination des Initiatives et Projets d’Emplois Nouveaux (CIPEN)

• Mise à disposition de chaque sous-préfecture d’un agent d’animation communautaire

• Identification et élaboration participative de projets villageois et inter villageois

• Appui du programme d’investissement public pour le financement de micro-projets

National

1.4.2 – Institutions rurales privées Les institutions rurales privées regroupent les organisations paysannes et les organisations non gouvernementales d’appui.

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1.4.2.1 – Organisations paysannes Le profil historique de l’organisation des producteurs ruraux3 montre que des tentatives significatives de structuration autour de la commercialisation avaient pu s’opérer avec plusieurs productions déjà dans les années 60 dont les témoignages ci-après méritent d’être rappelés :

® 1968 : - la collecte primaire du coton, du maïs et du riz a été à la base de l’émergence des

premiers groupements villageois dans le département du Mono et ce, à l’initiative du CARDER-Mono ;

- la collecte primaire de l’arachide, du coton et du riz dans le département de

l’Atacora à l’initiative du Bureau pour le Développement de la Production Agricole (BDPA) et de l’Opération de Développement Agricole de l’Atacora (ODAA) ;

- la gestion des intrants par les producteurs du département du Zou à l’initiative de

la Société d’Aide Technique et de Coopération (SATEC) et l’Opération de Développement Intégré du Zou (ODIZ) ;

® 1970 : - la collecte primaire des amendes de karité, du maïs, des arachides et du coton par

les producteurs du département du Borgou à l’initiative de la Compagnie Française de Développement des Textiles (CFDT) et de l’Opération de Développement Intégré du Zou (ODIZ) .

Au retrait des sociétés d’intervention qui assuraient à la fois l’encadrement technique des producteurs et l’achat ou l’appui à la commercialisation des récoltes visées précédemment, seule la production du coton a continué de représenter un enjeu pour les structures étatiques qui ont pris la relève avec la révolution de 1972. C’est ainsi que progressivement le mouvement paysan n’a pu évoluer dans la commercialisation des vivriers faute de débouchés organisés. Actuellement, la structuration paysanne qui a la plus grande envergure aux plans national et international est la Fédération des Unions des Producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin). Créée par les unions départementales et les unions sous-préfectorales des producteurs, la FUPRO s’occupe particulièrement du lobbying, de la défense des intérêts des producteurs, de la représentation. Elle dans le peloton des acteurs de la réforme de la filière coton. La FUPRO-Bénin est structurée verticalement du bas en haut comme suit : - Au niveau village : le groupement villageois (GV) est une structure paysanne qui réunit tous les groupements de producteurs, de transformateurs (hommes et femmes) et les exploitants agricoles individuels. Néanmoins, les groupements villageois sont souvent vus et appréciés uniquement à travers la filière coton parce que le coton représente de gros intérêts présentement pour différents acteurs (Etat, Industriels, Transporteurs, Importateurs d’intrants, 3 AGOUA Florentin, Les organisations de producteurs (OP) de l’Alibori, du Borgou, des Collines et du Zou face aux mutations en cours, juillet 2001 - Témoignages reçus du même auteur à travers ses contributions à la finalisation du présent document.

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les distributeurs d’intrants, les paysans), ce qui n’est pas le cas pour les autres cultures. En réalité, le GV devrait être (et commence par être de mieux en mieux) une structure d’accueil de la modernisation rurale avec pour centre d’intérêt l’ensemble des productions. Tant qu’on pouvait lui fournir un fonds de roulement, de la sacherie et de la ficelle, le GV était capable de commercialiser les produits autres que le coton4. - Au niveau sous-préfectoral, l’union sous-préfectorale des producteurs (USPP) est une organisation faîtière de premier niveau qui regroupe tous les GV et autres groupes spécialisés de producteurs en milieu rural. L’USPP est une entreprise coopérative de services à vocation multiple qui sert d’interface entre ses membres et de nombreux prestataires de services (distributeurs d’intrants, négociants de produits agricoles, opérateurs d’alphabétisation,...). De nombreuses USPP, surtout des zones cotonnières, emploient du personnel salarié permanent (gérant, gérant adjoint, comptable, secrétaire, gardien, chauffeur...). Elles participent ainsi à la résorption du chômage des jeunes. - Au niveau départemental, l’Union départementale des producteurs (UDP) est une organisation faîtière de deuxième niveau regroupant des USPP et créée par ces dernières; elle n’est pas un centre de profit mais plutôt une structure de représentation, de coordination, d’intermédiation, de formation et d’information au service des producteurs agricoles de toute la région. Certains UDP gèrent des programmes et projets de développement comme :

• le projet de consolidation des coopérateurs agricoles du Zou (UDP Zou, Agence Française de Développement)

• le programme de renforcement des capacités des organisations paysannes du Borgou (UDP Borgou, Agence Française de Développement)

• le projet d’amélioration et de diversification des systèmes d’exploitation (UDP Borgou, UDP Zou, Agence Française de Développement, )

• le projet d’aménagement et d’entretien des pistes de desserte rurale (UDP Zou, UDP Borgou, Agence Française de Développement)

En dehors du réseau FUPRO, depuis le début des années 90, on assiste à une diversification du mouvement paysan par la création de nombreuses autres organisations soit par produit ou groupes de produits :

• les unions régionales des coopératives d’aménagement rural pour le palmier à huile, • l’association nationale des producteurs d’anacarde du Bénin, • l’association nationale des éleveurs de porcs, • la fédération nationale des producteurs d’ananas, • l’union nationale des riziculteurs, • l’union nationale des pêcheurs marins artisanaux du Bénin, • les conseils départementaux des pêcheurs, • la fédération des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuel du Bénin, • l’association nationale des éleveurs d’aulacode, • les unions sous-préfectorales des femmes rurales, • etc.

Enfin, un nouveau mécanisme de gestion interprofessionnel a été mis en place pour gérer la filière coton et tient compte des organisations paysannes. Il s’agit en l’occurrence de

4 AGOUA, op.cit

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l’Association Interprofessionnelle du Coton (AIC) qui regroupe :

• l’Etat (rôle de contrôle, de réglementation), • le Réseau FUPRO-Bénin (Cadre de concertation nationale des producteurs et collecte

primaire du coton-graine), • la Coopérative d’Approvisionnement et de Gestion des Intrants Agricoles (CAGIA),

une entité spécialisée des organisations paysannes sur les intrants créées par les 77 USPP du pays et relevant hiérarchiquement de la FUPRO ; elle intervient dans l’expression des besoins en intrants, les appels d’offres et la livraison aux producteurs,

• la Centrale de Sécurisation des Paiements et du Recouvrement (CSPR) qui commande et met en place les intrants et garantit le recouvrement des crédits intrants sur le paiement coton-graine.

1.4.2.2 - Les organisations non gouvernementales Le mouvement ONG s’est considérablement élargi au cours des dix dernières années au Bénin, passant de 300 au début des années 90 à environ 2000 organisations présentement. Il existe deux grands regroupements dont la fédération des ONG (FENONG-Bénin) et le conseil des ONG du Bénin (CONGAB). En plus de ces deux réseaux, il y a de nombreuses unions par secteurs d’activités qui ont vu le jour, notamment dans les secteurs de l’environnement, du développement rural, de la vulgarisation, de l’éducation des adultes, de la santé, de la micro finance, droit de l’homme, etc. En dehors des ONG internationales au nombre d’une trentaine, les ONG nationales sont créées pour la plupart par des jeunes diplômés sans emplois, des déflatés des sociétés, des retraités et des ‘’partis volontaires’’ de la fonction publique. La tendance inflationniste de leur nombre a été favorisée par l’arrêt des recrutements dans la fonction publique, le chômage et les niveaux de revenus insuffisants dans la fonction publique. De même, plusieurs ONG sont créées à l’initiative de fonctionnaires des structures publiques et privées en activité. Toutes ces ONG revendiquent une part de marché dans la lutte contre la pauvreté et la promotion du développement à la base. Les partenaires au développement ont énormément contribué à cette tendance inflationniste au nom du moins d’Etat et de la non exclusivité de l’appui aux producteurs ruraux. Les ONG se positionnent comme des intermédiaires entre les bailleurs de fonds et les organisations paysannes. Beaucoup ont fini par se familiariser avec les procédures des bailleurs et présentent au nom des communautés à la base des projets souvent bien montés sur papier. On constate toutefois que beaucoup d’ONG sont dans une logique de captage l’aide pour gérer leur propre pauvreté et non pour résoudre les problèmes des communautés à la base. Ce qui fait que malgré leur grand nombre, très peu d’ONG sont visibles sur le terrain de la vulgarisation et de l’appui-conseil en gestion. Celles qui ont un savoir faire-faire professionnel adéquat sont peu nombreuses et il n’existe non plus, aucun appui de l’Etat pour améliorer leur performance. Certes, l’ONG américaine Africare a contribué au renforcement institutionnel d’un grand nombre, mais la question d’éthique et de professionnalisme n’est pas résolue pour autant. En un mot, on retrouve les mêmes faiblesses qu’on reprochait aux structures étatiques d’appui au monde rural qui ont été à l’origine de la restructuration des services agricoles. Enfin, l’appui des ONG est peu apprécié des producteurs rencontrés.

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1.5 – CARACTERISTIQUES DES PRODUCTIONS AGRICOLES 1.5.1 – Données générales Le Bénin compte huit (8) zones agro-écologiques toutes caractérisées par une diversité de cultures saisonnières, de plantations, de produits de cueillette (pêche, chasse, cueillette de végétaux), d’élevage et de transformation des produits agricoles. Le Sud du pays est caractérisé principalement par : - l’agriculture vivrière (maïs manioc, niébé, arachide de bouche, légumes, riz) - l’ananas, le cocotier, le palmier à huile -la pêche maritime et continentale artisanale – le petit élevage de volailles, de porcins, de caprin/ovins et d’aulacodes -la chasse. Le centre est dominé par l’agriculture vivrière (maïs, igname, manioc, arachide d’huilerie et de bouche, riz), - l’exploitation forestière, l’arboriculture (agrumes, anacarde), la fabrication de charbon, - le coton et le petit élevage. Le nord est caractérisé par l’agriculture vivrière (maïs, mil, sorgho, arachide, igname oignon, riz) – le gros bétail (bovins, caprins, ovins) – le coton – l’arboriculture fruitière (anacarde, mangue) et forestière (teck) – la chasse. L’exploitation agricole est basée sur la poly activité, sauf chez certains pêcheurs et les éleveurs où on observe une spécialisation La pluviométrie est en moyenne supérieure à 800 mm sur une grande partie du pays, hormis quelques zones du Nord frontalières des pays du Sahel (Kari-Mama, Malanville, Matéri, Cobli, ). Le réseau hydrographique du Bénin est important et tributaire de quatre (04) bassins versants, à savoir :

le bassin du fleuve Niger comprend le fleuve Niger sur 120 km et ses affluents que sont le Mékrou sur 410 km, l’Alibori sur 338 km et la sota sur 250 km ;

le bassin de la Pendjari qui comprend le fleuve Pendjari sur 380 km ;

le bassin de l’Ouémé avec le fleuve Ouémé sur 510 km, le plus long fleuve du Bénin, et ses affluents : l’Okpara sur 200 km et le Zou sur 150 km ;

le bassin des fleuves atlantiques faisant partie d’un bassin plus important qui commence au Togo. Il comprend le fleuve Mono sur 100 km en territoire béninois, le Couffo sur 190 km au Bénin.

Les disponibilités hydrologiques des quatre (04) bassins identifiés seraient de l’ordre de 10 milliards de mètres cubes dont seulement 350 millions de mètres cubes seraient exploitables annuellement. Le Pays dispose de 31 000 hectares de lacs et lagunes, de plus de 200 000 hectares de bas-fonds et de plaines inondables, d’environ 120 000 hectares de zones irrigables à travers les vallées des principaux fleuves. A ce réseau hydrographique, il faut ajouter de nombreux autres plans d’eau constitués de lacs couvrant environ 34 800 à 44 800 ha (en période de crue).

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Le Bénin a également une façade maritime au Sud longue de 125 km et partage des frontières avec des pays de l’hinterland (Niger et Burkina Faso) avec qui se développent des échanges commerciaux au niveau du secteur agricole : bétail et oignon du Sahel, produits vivriers de la côte. La proximité du Nigeria représente une opportunité assez peu exploitée de débouchés des productions agricoles et d’approvisionnement en équipements. Le potentiel en terres agricoles non exploitées est encore important, mais, le paradoxe est l’absence d’une politique d’aménagement du territoire et d’une politique foncière pour rendre ces terres plus accessibles et durablement exploitables afin de fixer les exploitations agricoles et pallier au phénomène expansif de manque de terre aux plus pauvres. En effet, le Bas-Bénin représente 20% du territoire national et abrite plus de 2/3 de la population qui disposent de 10% des terres agricoles de qualité médiocre pour la plupart. Les modes d’accès à la terre, en milieu rural sont l’héritage, la donation, l’achat, la vente, le métayage, la location, la mise en gage et le prêt qui ne favorisent pas pour la plupart sa mise en valeur sécurisante dans les cas d’usufruit. Le pays compte environ 410.000 exploitations agricoles. Le niveau d’équipement des exploitations est très sommaire : houes, machettes, haches pour la majorité. Dans le centre et le nord, certaines exploitations ont recours à l’utilisation partielle de la culture attelée et au tracteur (location) pour le labour. La plupart de ces exploitations agricoles sont de taille modeste : en moyenne de 0,90 ha pour les femmes contre 1,26 ha pour les hommes à l’échelle nationale avec des variations assez significatives tant à l’intérieur d’une zone que d’une zone à une autre. Au Sud où la pression foncière est très forte, la superficie varient de 0,2 ha à 2-3 ha alors que la tendance dominante est de 2 à 5 ha dans le centre et le Nord du pays. Les femmes ont moins accès à la terre que les hommes parce qu’elles sont écartées de l’héritage : la femme étant appelée à appartenir à la famille de son mari, l’accès à l’héritage devient une perte de patrimoine au profit d’autres familles. Par ailleurs, à cause de leur faible pouvoir d’achat, les femmes accèdent à la terre par le prêt, la location et le gage. Au nord, les jeunes y accèdent par l’héritage mais au Sud où la terre représente de gros enjeux financiers, la terre est plus vendue au profit des citadins et elle intègre les stratégies d’amélioration des revenus lors de la retraite administrative. Dans le centre et le Nord où le potentiel en production animale est plus important que dans le Sud, l’intégration Agriculture et Elevage n’est que très faiblement réalisée bien que la plupart des chefs d’exploitation et les membres de leurs ménages disposent habituellement de quelques têtes de chèvres, de moutons voire de bovins ainsi que des volailles (poules de race locale notamment). Dans le sous secteur forestier, le pays dispose d’un potentiel boisé encore important d’environ 6 725 641 hectares de forêt dont 1 254 364 hectares sont classés. Beaucoup de contraintes ralentissent l'épanouissement du secteur à cause de sa faible organisation et du manque d’investissement productif : avec un revenu agricole de l’exploitation familiale assez faible et soumis aux aléas climatiques, aux pertes de fertilité des sols, au manque de débouchés, aux pertes post récoltes importantes, aux tracasseries policières et douanières ainsi qu’au déficit d’information et de formation des producteurs. L’agriculture est extensive et l’exploitation des terres se fait sans grand égard à la durabilité des ressources naturelles. L’érosion des sols atteindrait en l’an 2005 près de 50 millions de

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tonnes par an soit une augmentation de 81% sur la période 1990-2005. Les problèmes de perte de la fertilité des sols apparaît comme un grand défi pour l’agriculture en général et familiale en particulier dans un contexte où l’accès aux intrants chimiques reste difficile pour les petits producteurs. Au niveau des pistes rurales, 3 500km sont praticables sur un total d’environ 15 000 km, soit 23%, ce qui rend aléatoire l’évacuation, la commercialisation et la conservation adéquate des récoltes. Le secteur souffre d’un manque d’engagement de la part des décideurs et de clarté des règles du jeu entre les différents acteurs : producteurs, commerçants, transporteurs, industriels, opérateurs multinationaux, banquiers, Etat (réglementation, contrôle, appui-conseil, impulsions fiscales, subventions…) et partenaires au développement. 1.5.2 – Organisation du travail 1.5.2.1 - Structure de la main-d’œuvre et profil des activités sur l’exploitation familiale L’exploitation agricole familiale repose sur la main-d’œuvre familiale avec ou sans recours à des salariés occasionnels et à l’entraide mutuelle de travail. Le travail des enfants y est important dès l’âge de six (6) ans. Le tableau ci-après donne quelques indications sur la répartition des activités suivant la position sociale de chaque acteur de l’exploitation.

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Tableau N° 3 : Répartition du travail sur l’exploitation familiale Chef d’exploitation Epouse (s) Prise de décisions concernant l’exploitation Mise en œuvre des rituels de vénération des divinités relatives à l’exploitation agricole Recherche de terres à cultiver Recherche de financement et ordonnancement les dépenses Conduite du défrichement par les jeunes Choix des cultures et des techniques de production Défrichement par le feu Gestion des stocks de récoltes et de sécurité alimentaire du ménage Tuteurage des ignames Décision du jour de la première récolte quels que soient les produits Recherche de la clientèle Encadrement des enfants pour la conduite des bêtes au pâturage Traitement des animaux ou recours aux vétérinaires en cas de maladies Alimentation de la volaille Décision de vente ou d’abattage des animaux Echange sur le bilan de la campagne agricole avec les membres de la famille

Semis Epandage d’engrais Démariage des jeunes plants Préparation des repas pour la main-d’œuvre Récolte et battage des produits Entretien et transport des produits dans les greniers Alimentation des animaux domestiques Nettoyage du parc du gros bétail et du poulailler

Manœuvres Enfants Nettoyage des jachères Essouchement Labour Billonnage Sarclage Buttage Récolte

Conduite des bœufs de trait au pâturage Chasse aux oiseaux après les semis Conduite des bœufs de trait lors du labour Epandage d’engrais et semis Sarclage des cultures Andain et incinération des mauvaises herbes Corvée d’eau Récolte et battage de récoltes

Groupe d’entraide Jeunes sous tutelle Labour Billonnage Sarclage Buttage Prêts de terre Récolte Aide en aliments aux membres victimes de mauvaises récoltes

Défrichement et essouchement Labour Semis Démariage Sarclage Buttage Epandage d’engrais Traitement des cultures Récolte Transport des récoltes au lieu de stockage Cuisine Pesage du coton et manutention sur le marché Tenue du secrétariat des groupements de base

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Principales productions sur les exploitations agricoles (hommes et femmes)

Productions spécifiques des femmes

Cultures annuelles : Igname, manioc, maïs, sorgho, mil, arachide, voandzou, soja, haricot, riz, coton, tomate, piment et légumes feuilles, patate douce, tabac de case, canne à sucre Cultures pérennes : Teck, mangue, anacardier, bananier, agrumes, papayer, goyavier Production animale : Bovin (bœufs de boucherie et bœufs de trait), ovins, caprins, porcs, chiens, volailles, cobayes Apiculture Elevage non conventionnel : aulacode, escargot

Récolte et transformation des amandes de karité en beurre et huile Production d’arachide Jardinage Stockage et commercialisation du maïs Production de semences Fabrication des galettes et d’ huile d’arachide, de gari (farine de manioc), de couscous de maïs (dambo), de couscous de cossettes d’igname (ouassa-ouassa) Fabrication de fromage et biscuits de soja, fromage de lait, de beignets d’haricot Fabrication d’huile rouge Fabrication de pâtes de maïs (Akassa) Fabrication de la bière de mil Collecte et vente de bois de feu Culture de riz Exploitation des pierres de construction Tenue de gargote Petit commerce de divers Etc.

1.5.2.2 – Typologie des exploitations suivant leur dispersion géographique L’organisation du travail fait apparaître deux catégories d’exploitations selon la distance qui sépare le domicile de la ferme. a) Les exploitations agricoles de proximité : Elles sont caractéristiques des zones à forte pression démographique sur le foncier où le manque de terres induit une stabilité permanente forcée des exploitations. Dans ce cas les champs, les ateliers d’élevage ou les unités de transformation des produits agricoles sont soit au domicile ou sur un autre site dans le village ou peu éloigné de celui-ci. Dans cette catégorie d’exploitation la main-d’œuvre est essentiellement familiale et repose sur le ménage du chef d’exploitation étendu dans certains cas à des pratiques d’entraide mutuelle entre amis ou parents pour les tâches de labour notamment. Les femmes ont souvent recours à la main d’œuvre salariée pour le labour. La stabilisation de l’exploitation agricole continue de fonctionner sur la base des techniques de production qui caractérisent l’agriculture minière ou extensive. D’où de gros problèmes de baisse de la fertilité et d’augmentation de la pression parasitaire, faute de jachère et de rotation des cultures.

b) Les exploitations éloignées avec ou sans déménagement temporaire du domicile pour

l’exploitation Ce type d’exploitation se rencontre beaucoup plus dans le Centre-Nord et dans le Nord du pays. Les exploitations sont plus grandes et le coton occupe une place prépondérante dans les temps de travaux. Le labour est mécanisé ou se fait à haute intensité de main d’œuvre.

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Les ouvriers agricoles viennent du Nord-Ouest du pays où les terres sont pauvres et pierreuses et des pays voisins (Burkina Faso et le Togo). Ils sont logés, nourris et payés totalement ou partiellement durant la campagne agricole. D’autres sont nourris, logés et reçoivent une portion de terre qu’ils cultivent pour constituer leur propre rémunération. Dans certains cas, la rémunération se fait en nature, suivant un pourcentage de la récolte prédéfini par négociation entre le chef d’exploitation et le métayer.

C’est dans cette catégorie qu’on enregistre les taux de dispersion plus élevés des champs, ce qui rend difficile l’accompagnement technique par les structures d’appui-conseil, elles-mêmes confrontées à un manque d’effectifs et de moyens de déplacement. 1.5.3 – Evolution des principales productions et de leurs performances technologiques Les atouts du secteur primaire sont la disponibilité d'environ 8.300.000 ha soit 74% du territoire national de surface cultivable apte à satisfaire une agriculture diversifiée mais dont seulement 12,5% sont exploités soit environ 1.375.000 ha par an. D'autre part, on évalue à 320.000 ha les terres irrigables disponibles avec 60.000 ha de bas-fonds propices à la riziculture et aux cultures maraîchères de contre-saison avec seulement 11% de ces bas-fonds exploités. Ces données cachent beaucoup de disparités qui sont relevées entre les Départements et à l’intérieur des Départements. Dans les Départements du Nord, il existe encore d’énormes potentialités en terres à l’exception de certaines sous-préfectures des Départements de l’Atacora et de la Donga où le seuil critique de charge agro-démographique des terres est dépassé. Dans le Département du Zou, presque toutes les sous-préfectures ont dépassé ce seuil. La situation est moins alarmante dans le département des collines. Dans tous les Départements du Sud, le seuil critique serait atteint et même dépassé, sauf dans les sous-préfectures de Kétou et Aplahoué. 1.5.3.1 - Productions végétales a) Surfaces cultivées Les superficies couplées de cultures vivrières et du coton qui étaient en 1981 de 903.551 ha dont 18.182 ha soit 2% pour le coton, ont atteint en 1992, 1.214.970 ha dont 128.817 ha soit 10,6% pour le coton. En 1998, la superficie totale réalisée est estimée à 1.872.569 ha, soit une augmentation de 54,41% par rapport à 1992. Au cours de cette année 1998, les emblavures de coton ont été de 380.311 ha soit 20,31% de l’ensemble. En 17 années de production (1998/1981), les superficies totales cultivées ont été multipliées par 2,07. On constate que la production végétale est tributaire d’une accélération de l’agriculture extensive par une consommation effrénée des ressources forestières. A ce sujet, la Banque Mondiale (Rapport N° 9592-AFR, 1991) relevait à la fin des années 90 déjà que le taux de déboisement annuel en pourcentage de la superficie totale des forêts est de 1,7%, ce qui est très élevé et classe le Bénin parmi les pays à fort taux de déforestation d’Afrique. Le recul forestier engendré par les pratiques culturales actuelles et les régimes pluviométriques aggravent les phénomènes de l’érosion. En moyenne, 21,4 tonnes de sols par hectare sont érodés annuellement au Bénin.

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b) Volumes de production Les productions vivrières, l’arachide comprise, sont passées de 2.191.899 tonnes en 1981 à 2.909.035 tonnes en 1992, soit une augmentation de 32,77%. En 1997, elles ont atteint le niveau de 3.643.000 tonnes, soit un accroissement de 25,23% par rapport à 1992. D’après l’annuaire des statistiques agricoles de 1998-1999, le plan d’orientation 1998-2002 et les rapports annuels des Directions techniques nationales, les caractéristiques de la production agricole (moyennes annuelles 1992-1997) sont les suivantes : Production céréalière : 697.000 tonnes dont

• maïs : 78% ; sorgho et mil : 19% ; riz : 3%. Production de tubercules : 2.620.000 tonnes dont

• igname : 50% ; manioc : 49% ; patate douce : 1%. Production de légumineuses : 146.000 tonnes dont

• arachide : 53% ; niébé : 41% ; voandzou : 5%. Production maraîchère : 180.000 tonnes dont

• tomate : 71% ; gombo et autres légumes locaux cultivés : 12% ; piment : 8% ; légumes exotiques (autres que tomate et oignon) : 7% ; oignon : 1% ; pousses spontanées (légumes de cueillette) : 1%.

Production d’ananas : passée de 89.410 tonnes en 1996 à 118.725 tonnes en 1997, soit un taux d'accroissement de 32% Production cotonnière : 359.300 tonnes en 1998 contre 30.700 tonnes de coton-graine en 1982 soit un coefficient multiplicateur de 11,7 en 17 campagnes de production. La capacité totale d’égrenage des usines du pays est 600.000 tonnes soit un déficit d’approvisionnement de 42% environ par an.

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Encadré 6 : Performances de rendement des cultures et conservation des récoltes Le sous-équipement, la non maîtrise de l’eau, la faible utilisation des intrants, le manque de jachère et de rotation des cultures dans les zones de forte pression foncière, le faible niveau de formation technique des producteurs, l’absence de politique nationale de restauration de la fertilité des sols, le faible prix aux producteurs, les difficultés d’écoulement et la faiblesse du dispositif d’appui-conseil du monde paysan se traduisent par un niveau technologique très faible des exploitations agricoles familiales avec des rendements très bas pour la plupart des cultures. Les écarts de rendement des cultures des exploitations agricoles familiales avec les performances de rendement attendues selon les résultats de la recherche-développement en conditions paysannes sont de l’ordre de -30 à -70% et se présentent comme suit par culture : maïs : 1100 kg contre 2000 kg au moins (-45 %) riz : 1500 kg contre 3000 à 5000 kg (-50 à –70%) igname : 8500 contre 16000 kg (- 47%) manioc : 10000 kg contre 15000 kg (-33 %) niébé : 680 kg contre 1500 kg (-55%) arachide : 1050 kg contre 2000 kg (-47%) oignon : 8000 à 12000 kg contre 20000 à 30000 kg (-60%) tomate : 5000 à 10000 kg contre 15000 à 50000 kg (-62%) pomme de terre : 8000 à 15000 kg contre 15000 à 40000 kg (-62%) gombo : 6000 à 8000 kg contre 14000 à 29000 kg (-70%) coton : 1100 kg contre 2000 kg (-45%)

En plus de ces faibles rendements des cultures, les pertes aux champs et post-récoltes sont énormes faute de : (i) main-d’œuvre dont le coût est de plus en plus élevé, (ii) débouchés notamment la faiblesse du tissu industriel de transformation et l’absence de diversification des filières agricoles marchandes aggravés par les importations de légumes frais des pays voisins comme le Togo et le Nigeria durant les mois de fortes productions locales. Ces pertes de récoltes sont globalement estimées à 30% pour les cultures vivrières et fruitières avec cependant des variations plus importantes à la hausse pour les fruits et légumes : fruits et légumes 40 à 60% (surtout de mars à mai pour la plupart des fruits tropicaux

comme - mangues, papayes, ananas, banane, orange) niébé 30 à 60% maïs 10-15%

Les incidences annuelles de ces pertes de récoltes sur l’économie nationale5 ont été estimées en 1997 à 44, 26 milliards de FCFA correspondant à 249.279 ha de cultures perdus portant sur un volume cumulé de 682,12 kilotonnes de production de maïs, sorgho/mil, niébé, arachide décortiqué, riz, manioc et igname soit l’équivalent de 24,53 kilotonnes de protéines alimentaires et 4.886.486,88 mégajoules perdues. Les pertes post-récoltes représentent une dimension importante de la pauvreté au Bénin qui traduit par ailleurs, la fragilité des systèmes de production et de la sécurité alimentaire dans le pays. 5 TOMETY (Simon-Narcisse), Aides internationales au développement du secteur rural au Bénin : étude de l’efficacité de quelques projets d’appui technique et financier, thèse de doctorat de géographie, Université de Limoges, 1997.

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Quant aux prix aux producteurs à l’exportation, ils ont été en situation d’amélioration entre 1991 et 1995, notamment avec l’arachide en coque (de 64 F C.F.A. à 78 F C.F.A.), les palmistes (de 30F C.F.A. à 40F C.F.A.), le coton graine ( de 95F C.F.A. à 140 F C.F.A.) et le karité ( de 20F C.F.A. à 76F C.F.A.). Après cette période, le prix du coton est monté en 1998 à 225 F C.F.A. après avoir été de 200 F C.F.A. de 1995 à 1997 ; il est ramené au cours de l’année 2001 à 200 F C.F.A. Les paysans estiment que les augmentations des prix aux producteurs sont généralement accompagnées des augmentations des prix des facteurs de production et d’autres prix de produits de consommation courante tels que les hydrocarbures, le transport, les médicaments, les matériaux de construction… au point que le producteur ne trouve presque jamais son compte : ‘’ce qui est donné par la main droite est récupéré par la main gauche’’ affirment-ils. De nombreux producteurs rencontrés ont exprimé leurs inquiétudes par rapport à la dépendance trop grande de la vie des organisations paysannes de la filière coton et aussi de la dépendance des cultures vivrières de cette même filière. Encadré 7 : Le coton est une petite racine qui supporte de lourdes charges Comme l’affirme un de nos interlocuteurs, ‘’les paysans courent après le coton pour bénéficier du crédit intrants coton et du crédit de la CLCAM. Tous les systèmes de crédit sont cautionnés par le coton. On est obligé de surestimer les besoins en intrants coton pour pouvoir faire face aux besoins des autres cultures. On court après la culture de coton parce qu’il n’y a pas de marchés d’écoulement pour les vivriers permettant de gagner de l’argent pour vivre. Quand l’entretien des ménages ruraux devient difficile en période de soudure, c’est par le bradage des engrais coton qu’on peut s’alimenter et faire face aux frais de la main-d’œuvre de la campagne en cours. Aujourd’hui, c’est le coton qui garantit la survie et la fonctionnalité des organisations paysannes dans leur grande majorité. Un écroulement de cette filière peut mettre à genoux toute la dynamique de structuration actuelle du monde rural, car le soutien de nombreux bailleurs de fonds est lié directement ou indirectement à cette culture. Mais ce que l’Etat ne veut pas voir, c’est qu’il en souffrira énormément car notre production de coton c’est d’abord à lui que ça profite. Actuellement, l’huile de coton est en train de paralyser la production d’arachide ; les femmes sont malades de ne pouvoir plus trouver d’acheteurs pour l’huile d’arachide. Au lieu que le Gouvernement se batte aux côtés des industriels pour empêcher l’exportation des graines de coton vers l’Europe, il ferait mieux d’inciter ces huileries indexées sur la graine de coton à diversifier leurs matières premières notamment en traitant l’arachide d’huilerie. Vivre de l’agriculture est très difficile et nous anciens, nous comprenons parfaitement les échecs et désespoirs des jeunes qui finissent par abandonner le champ pour le Zémidjan (taxi-moto) en ville, ça paye mieux.’’ 1.5.3.2 - Productions animales (statistiques de 1970/1997) Le sous-secteur de l'élevage où on compte des ovins, des caprins, des porcins et environ un million de têtes de bovins dont 85% sont concentrés dans le nord du pays (le Borgou et l'Atacora) fournit environ 30.000 tonnes de viande, 40.000 tonnes de lait et 20 millions d'œufs par an.

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Les effectifs du cheptel béninois sont évalués par la Direction nationale de l’élevage en 1997 :

1.345.000 bovins contre 566.400 en 1970, soit une augmentation de 237,5%

634.000 ovins contre 583.300, soit une progression de 8,7%

1.087.000 caprins contre 595.300 soit une évolution de 82,6%

470.300 porcins contre 355.650 (cheptel décimé par la peste porcine en 1997)

10.000.000 volailles

20.000.000 d’œufs par an Le Bénin n’est pas potentiellement un pays d’élevage comparativement à ces voisins de hinterland. La quasi totalité (plus de 98%) des systèmes de production en bétail domestique est de type traditionnel extensif . On distingue : (i) les éleveurs sédentaires qui pratiquent l’agriculture et l’élevage. Mais, les animaux leur sont confiés pour entretien et garde moyennant un loyer d’environ 2000 FCFA par bête et par année pour les bovins en plus de la jouissance de la production laitière ; (ii) les éleveurs transhumants venus du Nigeria, du Burkina, Niger et parfois du Mali . (iii) et les éleveurs domestiques qui regroupent plusieurs espèces (les ovins, les caprins, les chiens de garde ou de chasse et les volailles…) vivant des déchets de récolte, de la végétation de proximité des habitations, et bien souvent livrés à la divagation dans le village. Dans le meilleur des cas, ils sont regroupés dans un parc le soir. Par contre les bœufs de trait sont toujours gardés à l’œil de leurs propriétaires à cause des cas de vols ; ils sont rentrés au lieu de couchette de l’exploitant attachés dans la cour. Les élevages domestiques posent de sérieux problèmes d’hygiène publique car la gestion des déjections n’est pas correctement assurée. Au cours des dix dernières années, un effort de formation et de vulgarisation des élevages non conventionnels a été fait par les ONG et les projets gouvernementaux et porte sur l’aulacode, l’escargot… Des entreprises vétérinaires sont créées de plus en plus dans les zones d’élevage. Les promoteurs de ces entreprises, tout comme les éleveurs, se plaignent du coût des intrants, au point qu’il y a de nombreux produits falsifiés sur le marché sans aucune efficacité semble t-il. La formation des fils d’éleveurs initié par les programmes d’appui au développement de l’élevage a contribué à l’amélioration des soins de base aux animaux, mais ne dispense pas du recours à un spécialiste. Certains vétérinaires estiment que les fils d’éleveurs ont tendance à se rendre trop autonomes, cherchant à se passer de la collaboration des vétérinaires. Le marché à bétail (MAB) est de plus en plus mieux organisé. Les MAB sont organisés en réseau comprenant l’ensemble des opérateurs du sous-secteur (éleveurs, commerçants de bétail, bouchers…). Des groupements d’éleveurs se mettent en place et la sous-préfecture de Gogounou reste un point focal de cette organisation. La production laitière est une activité gérée par les femmes peulh. Le fromage traditionnel ‘’waragassi’’ est le seul produit de transformation obtenu. D’après les témoignages, aucun travail n’est concrètement fait pour l’amélioration de la production laitière dont le pays reste très dépendant des importations.

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1.5.3.3 - Production halieutique Les activités de pêche ont baissé de près de 50% en 20 ans, cependant la demande en poissons reste très élevée. La production est d’environ 10.000 tonnes de poissons de mer et de 30.000 tonnes de poissons d’eaux continentales. Les possibilités d’accroissement des prises en pêche maritime et lagunaire sont limitées (fonds marins non rocheux, comblement des eaux continentales) ; la pisciculture qui offre des opportunités de substitution aux importations de produits halieutiques reste assez embryonnaire. Les pêcheurs ont particulièrement insisté sur les obstacles suivants :

difficultés de franchissement de la barre faute de jetées brise lames ;

sous-équipement dû au coût très élevé du matériel : 500.000 à 2,5 millions de FCFA pour la barque ; 1,5 à 2,2 millions pour le moteur hors bord ; 2,5 à 8 millions pour le filet (filet dormant, filet requin, seine tournante) etc.

Compte tenu de ces coûts, une entreprise coopérative de pêche (8 personnes) fonctionnant toutes les saisons exigent un financement de base pour sa création d’une valeur de 40 à 50 millions de FCFA alors que les crédits actuels sont très limités et centrés sur l’équipement partiel ; de surcroît ils sont rares et ne dépassent guère 4,5 millions. Malgré, les risques importants et fréquents, les pêcheurs marins ne sont pas assurés et ne connaissent pas les produits d’assurance existant dans le pays concernant leur sous-secteur. Au niveau de la pêche continentale, il se pose également un problème d’envasement et de dulcification des plans d’eau (influence du barrage de Nagbéto), ainsi que de pression de pêche du fait de l’augmentation du nombre de pêcheurs et de l’utilisation d’engins prohibés : de nombreuses espèces sont menacées d’extinction. Le coût de fonçage de 450 mètres carrés de marais pour installer un étang piscicole est de 300 à 400.000 FCFA, coût jugé trop élevé par les paysans. Les zones de pêcherie sont de loin celles où l’accompagnement technique est à repenser intégralement.

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1.5.4 – Politique de financement de l’agriculture Encadré 8 : Il n’existe pas une politique de financement de l’agriculture et pas

d’institutions spécialisées dans son financement. La part du secteur agricole dans le PIB est de 39% avec une contribution de près de 80% aux recettes d’exportation et une offre de 70% des emplois. Le coton à lui seul représente 13% du PIB, 70% de la valeur des exportations et 35% des rentrées fiscales. Cependant, en 1998, selon les déclarations de la centrale des risques de la BCEAO, l’ensemble des crédits accordés à l’agriculture au Bénin est évalué à 121 milliards de FCFA dont la ventilation par termes est la suivante : Long terme : 97 FCFA par habitant Moyen terme : 5.595 FCFA par habitant Court terme : 14.574 FCFA par habitant

Faute de garantie, avec une agriculture essentiellement pluviale, les banquiers ne prennent pas de risque pour son financement à l’exception de la filière coton. Ainsi, la moyenne de crédit de campagne au Bénin en 1998 est de 1.243 FCFA à l’hectare, la plaçant au 6ème rang dans l’espace UEMOA après la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Sénégal, le Togo, le Mali. Les ressources disponibles au niveau des SFD ne permettent guère de faire mieux. La moyenne de crédit agricole octroyée par les systèmes de financement décentralisés en 1997 au Bénin est de 3.479 FCFA/ha grâce au réseau des Caisses locales de crédit agricole mutuel. Il ressort de ces chiffres que le recours aux usuriers pour le financement de l’agriculture familiale reste un phénomène de masse qui accélère la paupérisation des petits producteurs. De nombreuses ONG ont des volets micro-finance, faisant de tout petits crédits de campagne et d’acquisition de petits matériels. Mais peu d’exploitations sont touchées par ce système de financement. Les paysans ont partout déploré la rareté de crédit et le raidissement des conditions d’accès déjà pas assez souples surtout les taux d’intérêt débiteurs trop élevés :

CLCAM : 17 à 24% l’an ;

Crédit Budget National : 5% par an pour les cultures vivrières. A Dassa par exemple, pour une population agricole de 59.700 personnes totalisant 9058 ménages agricoles, 35 millions ont été octroyés soit environ 3.900F par ménage agricole soit l’équivalent d’un peu plus du tiers de la valeur d’un sac d’engrais ;

Crédit Japonais : 5% par an destiné aux cultures pérennes et à la diversification agricole. Les montants des prêts sont de 25.000F à 1,5 million;

Programme d’insertion des jeunes sans emploi dans l’agriculture (PISEA) : Taux du crédit = 5% par an Plafond = 4 millions Durée de remboursement = 4 - 5 ans avec un an de différé Nombre très limité de bénéficiaires : 8/5000 jeunes financés dans Dassa soit 0,16% des jeunes éligibles;

Coopératives Rurales d’Epargne et de Prêts : absence d’encours

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Usuriers

* Intérêt pour 6 mois et plus : 100% au moins * Crédits sociaux d’urgence = 50% (de quelques semaines à moins de 3 mois). Au regard de ces chiffres, force est de constater qu’il n’existe pas une politique de financement de l’agriculture, malgré le nombre sans cesse croissant d’opérateurs dans le secteur de la micro finance. En effet, l’assainissement des finances publiques renforcé dans le cadre des mesures d’ajustement engagées depuis 1989 se poursuit. Les actions sur les recettes et les charges ont permis de redresser le solde primaire qui a momentanément enregistré un déficit en 1997. Sur les 578,05 milliards de FCFA que l’Etat a consacré aux investissements publics de 1990 à 1998, 76,70% sont affectés aux secteurs productifs et 21,62% au secteur rural. L’aide extérieure au secteur de l’agriculture, de la foresterie et de la pêche au Bénin est en moyenne de 17,8 millions de dollars EU par an de 1997 à 1999 et représente 7,8% du total de l’aide reçue. D’après les études sur les conditions de vie en milieu rural (ECVR)6 , la grande partie des revenus des ménages ruraux provient des activités non agricoles à 71%, et c’est le commerce qui rapporte le plus de recettes (42% des revenus totaux) contre 27% pour les activités agricoles, 16% pour les autres activités non agricoles, 13% pour la transformation agro-alimentaire et 2% pour les revenus de transfert. On retrouve également cette prépondérance des activités non agricoles dans la structure des prêts accordés par les caisses locales de crédit agricole mutuel du Bénin au 31 décembre 19957 :

Commerce : 44,3% Agriculture : 32% Habitat rural : 09,3% Equipement de culture attelée : 07,5% Pêche : 04% Elevage : 0,8% Artisanat : 0,6% Urgence : 0,4% Autres : 01%

Dans ce portefeuille de prêts, les productions végétales et animales n’ont absorbé que 40,7% contre 59,3% pour les activités non agricoles. Le profil des objets de financement soutenus par les ONG en milieu rural montre également que le petit commerce vient en tête des activités financées (50 à 70% de l’encours)8. 6 PNUD, Ministère du développement rural, ECVR 1994-1995 7 Au 31 mai 2001, le nombre de sociétaires de la fédération des caisses locales de crédit agricole mutuel (FECECAM) est de 304.500 avec une épargne de 21,5 milliards de FCFA ; il a en dépôt auprès des banques commerciales près de 15 milliards de FCFA. Malgré ses difficultés ayant entraîné quasiment l’arrêt de l’octroi de crédit, les populations ont continué de faire confiance à leurs caisses, car l’épargne est un indicateur de confiance. 8 LIFAD, Evaluation du projet Fonds social de lutte contre la pauvreté au Bénin, AGeFIB, 2001

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Le PNUD à travers les ECVR évalue à 17,5 milliards de FCFA par année le besoin de ressources financières nécessaires pour combattre la pauvreté rurale alors qu’au même moment, les pertes post-récoltes représentent une valeur de 44,26 milliards de FCFA par année, soit 2,53 fois le coût préconisé par les ECVR. Il est certain qu’une stratégie rationnelle de maîtrise de ces pertes induiraient inéluctablement la diminution de la pauvreté et la dépendance structurelle de l’aide extérieure pour combattre celle-ci. En clair, il faut donner de la valeur ajoutée aux exploitations agricoles familiales en multipliant les unités agro-industrielles transformant plusieurs matières premières à la fois. Les différentes réactions des paysans sur le financement de l’agriculture concluent sur un même constat : ‘’tout le système de financement actuel côtoie l’exploitation agricole mais ne la sort pas de sa misère. Les conditions de financement ne sont pas adaptées. Il faut un autre système’’. En vue de corriger ces faiblesses de financement, le budget de fonctionnement de l’Etat prévoit une amélioration progressive de sa contribution pour le secteur qui la fera passer de 3,95% en 2000 à 6,50% en 2010. 1.5.5 – Analyse de la balance importation / production / exportation et bilan alimentaire Le commerce extérieur du Bénin est caractérisé par une balance commerciale structurellement déficitaire. A l’inverse, la balance commerciale strictement agricole enregistre un solde excédentaire. Le coton concourt substantiellement à ce résultat avec 82,2% de l’ensemble des exportations agricoles entre 1995-1998. De 70% en 1990, le taux de couverture des importations par les exportateurs a atteint 80% en 1997 et 1998 en raison des exportations de produits agricoles et du coton fibre dont les exportations ont dépassé le seuil de 75% de l’ensemble des exportations. Au regard des besoins alimentaires et des habitudes de consommation de la population, le bilan vivrier du Bénin est positif pour les produits de grande consommation sur la période 1996 - 1999. La production nationale assure en général l’autosuffisance pour les céréales, les tubercules et les légumineuses tandis que le pays est chroniquement déficitaire en protéines animales surtout celles d’origine halieutique et en riz. Pour l’année 1998 par exemple, la production nationale de maïs est de 628.419 tonnes contre un besoin de 230.090 tonnes (excédent = 398.329) ; pour le mil et le sorgho, la production est de 161698 tonnes contre un besoin de 83175 tonnes (excédent = 78.523). La production des aliments de base augmente en moyenne à des taux comparables ou supérieurs à la croissance de la population : maïs 4%, mil /sorgho 5% et igname 4%. Par contre la viande, le poisson et le riz sont en grande partie importés, de même que le blé qui est en partie réexporté vers des pays limitrophes tel que le Nigeria. Au niveau des produits halieutiques, le déficit est de l’ordre de 23.000 tonnes. En effet, pour l’année 1998, il y a un besoin de 64.854 tonnes de poissons contre une production nationale d’environ 42.000 tonnes. Le Bénin accuse un déficit en produits carnés qui est compensé par des importations annuelles de 2.500 tonnes de viande congelée et de 2000 tonnes de lait. Il convient de considérer les données sur l’autosuffisance alimentaire avec beaucoup de circonspection pour diverses raisons :

la production des statistiques agricoles vivrières fiables paraît assez difficile dans

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un contexte de déficit cruel d’agents où seulement 11% des producteurs sont encadrés ; ces données ne tiennent pas compte du contexte d’enclavement qui ne facilite pas

un transfert inter-zones adéquat des produits (zones excédentaires et zones déficitaires, zones de production et zones de consommation) ; les pertes post-récoltes sont importantes et agissent forcément sur la durée de

disponibilité du produit tant chez le producteur, le commerçant que chez le consommateur ; les tendances spéculatives et les sorties frauduleuses des produits du territoire

national en limitent la disponibilité et obèrent le coût d’accès, marginalisant les faibles pouvoirs d’achat ;

Par ailleurs, malgré une augmentation importante des disponibilités énergétiques passant de 2480 Kcal par personne et par jour en 1995 à 2761 Kcal en 1998, la FAO estime qu’environ 20% des adultes manifestent un état de déficience énergétique chronique. Cette prévalence de la malnutrition ne rend pas compte des disparités régionales et des différences entre les groupes de population. Le Bénin est donc un pays qui jouit globalement d’une autosuffisance alimentaire avec cependant des poches d’insécurité alimentaire qui se traduit par une incidence de la pauvreté alimentaire assez élevée dans certains départements et un taux de malnutrition inquiétant au niveau des enfants de moins de 5 ans et des femmes, de même que des déficiences en micro- nutriments. Les localités qui abritent des poches d’insécurité alimentaire de façon chronique du fait de leur enclavement et/ou de la faiblesse de leur production sont les suivantes :

Boukoumbé, Cobly, Matéri et Natitingou (département de l’Atacora) Ouaké (département de Donga) Karimama et Banikoara (département de l’Alibori) Kpomassè et Sô-Ava (département de l’Atlantique) Bopa, Comé et Grand-Popo (département du Mono) Dogbo (département du Couffo) Aguégués, Dangbo et Sèmè-Podji (département de l’Ouémé) Agbangnizoun, Covè, Ouinhi, Za-Kpota et Zogbodomey (département du Zou).

D’après l’estimation des besoins par le schéma directeur du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, le taux de couverture des importations par les exportations évoluera de 80,37% en 2000 à 96,42% en 2010. La demande alimentaire augmente avec la population. L’estimation des besoins alimentaires effectuée sur une période de dix ans (1996 – 2005) à partir d’un panier type de biens alimentaires défini à partir des normes nutritionnelles9 donne les prévisions d’évolution des besoins alimentaires contenues dans le tableau ci-après.

9 Panier de biens alimentaires défini à partir d’un besoin quantitatif de 2400 kcal/jour/ homme adulte de référence ; qualitativement le régime alimentaire proposé respecte l’équilibre entre différents nutriments pour une bonne absorption intestinale (12 à 14% des besoins énergétiques seront couverts par les protéines ; 34 à 35% par les lipides et 51 à 54% par les glucides : d’après J. TREMOLIERES et al. ) et tient compte de la digestibilité des aliments et des habitudes de consommation alimentaires de la population de chaque localité.

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Tableau 4: Prévisions d’évolution des besoins alimentaires (en tonnes)

P R O D U I T S ANNEES Maïs Mil

/sorgho Riz Igname Manioc* Niébé Arachi

de** Viande Poisson

1996 216 271 77 967 30 411 72 550 19 695 42 597 30 863 23 073 60665 1997 222 493 80 508 31 399 75 665 20 190 44 118 31 901 23 924 62591 1998 230 090 83 175 32 466 79 091 20 827 45 857 33 055 24 860 64854 1999 237 337 85 930 33 545 82 575 21 418 47 583 34 215 25 809 67056 2000 244 866 88 803 34 664 86 191 22 033 49 375 35 428 26 802 69340 2001 252 723 91 818 35 825 89 977 22 676 51 249 36 703 27 845 71720 2002 260 337 94 844 37 033 94 152 23 274 53 185 38 054 28 998 74115 2003 269 432 98 155 38 307 98 537 24 023 55 350 39 503 30 191 76848 2004 278 266 101 563 39 603 103 094 24 731 57 540 40 985 31 427 79556 2005 287 435 105 122 40 946 107 870 25 463 59 827 42 234 32 721 82370 *non compris la quantité de manioc pour satisfaire la consommation de gari. **non compris celle transformée en huile d’arachide.

Source : Schéma directeur du développement rural, 2000. Encadré 9 : L’argent du coton, l’endettement rural et la sécurité alimentaire Les exploitations agricoles familiales assurent une sécurité alimentaire au pays même si on y note des disparités et une précarité dans certaines zones car la couverture globale des besoins calorifiques et protéiques de la population par rapport aux besoins est de 2.570 k/cal par jour par homme et 111 g de protéine. Il faut reconnaître néanmoins que l’ampleur des pertes post-récoltes et la production extensive du coton au détriment des cultures vivrières ont rendu fragile la sécurité alimentaire : l’argent du coton sert essentiellement à rembourser des dettes et ne suffit plus à constituer un stock alimentaire de survie familiale pour les ménages agricoles qui investissent presque toutes leurs énergies dans la culture cotonnière. D’ailleurs, la plupart des producteurs rencontrés affirment que le coton n’est plus une culture de rente mais une tontine en nature convertible en argent. De nombreux producteurs, surtout les jeunes, bradent les intrants acquis à crédit pour le coton afin de faire face à leur besoins alimentaires durant les périodes de soudure et à leurs besoins sociaux d’urgence (maladie, cas de décès…) pendant que d’autres en prélèvent pour entretenir les cultures vivrières, ce qui affaiblit le rendement du coton, le revenu qu’il doit générer. Par conséquent, cette distraction des engrais coton est une des causes des endettements dans la zone cotonnière. Par contre, tous nos interlocuteurs reconnaissent que le maïs est plus productif, moins contraignante et plus rentable et rentier si le marche existe. Cette prévision d’évolution des besoins alimentaires impose aux producteurs un rôle plus accru dans le maintien des exploitations agricoles par des investissements productifs et une organisation du travail plus rationnelle. Mais avec quels moyens, l’Etat compte t-il accompagner les producteurs pour relever ce défi de performance? Il sera abordé au chapitre suivant, les attentes et stratégies recommandées par les producteurs.

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1.6 – COMMENTAIRES SUR L’ETUDE DE LA DEFINITION DES GRANDES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE AGRICOLE DE L’UEMOA, RAPPORT IRAM

1.6.1 – Points de convergence La politique agricole de l’Union (PAU) s’est imposée 3 défis majeurs : (i) nourrir la population de la région par la mise en valeur du potentiel productif sous-exploité, (ii) accroître la production agricole de façon durable par une gestion concertée des ressources naturelles et suivant un mode intensif de production, (iii) réduire la pauvreté en milieu rural par l’amélioration du revenu et du statut des agriculteurs. Les concepteurs du document de politique ont insisté sur la nécessité d’un dialogue avec tous les acteurs concernés, notamment les producteurs, afin que la PAU soit une référence opérationnelle pour le développement de l’agriculture et la lutte contre la pauvreté rurale abondée à la fois par les gouvernants, les producteurs et partenaires au développement et autres acteurs du secteurs. Le diagnostic et les objectifs généraux contenus dans le document de l’IRAM cadrent assez bien avec la réalité du terrain notamment en ce qui concerne les besoins :

⇒ de renforcement de la sécurité alimentaire ; ⇒ d’accroissement de la productivité et de la production de l’agriculture sur des modes ⇒ durables ; ⇒ d’amélioration des conditions de vie des producteurs en développant l’économie rurale ; ⇒ de mise en place d’un système d’information agricole régional (SIAR) pour faciliter

l’insertion sur le marché mondial et régional ; ⇒ de création d’un fonds régional de développement agricole axé sur (i) les besoins

d’investissement des institutions régionales, (ii) les études et les actions d’adaptation et de modernisation des filières. Ce fonds serait accessibles aux Etats, aux collectivités, aux opérateurs et à la Commission. Il pourrait, également, être utilisé pour accorder des subventions aux investissements en co-financement, des bonifications d’intérêt, des garanties au crédit agricole auprès des banques commerciales.

Le rapport a également mis l’accent sur la nécessité que les professionnels de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche obtiennent une place dans les instances de participation et de décision, à la hauteur du poids économique qu’ils représentent. En un mot, le rapport de l’IRAM paraît traduire une bonne compréhension des attentes des producteurs, tout au moins dans ses grands axes. 1.6.2 - Limites Le rapport n’a pas clairement défini le type de producteurs à qui doit profiter au premier chef la politique agricole de l’Union. A ce niveau, il s’agira de spécifier si l’Union opte pour l’agriculture familiale ou pour l’agrobusiness. On ne voit pas clairement la politique de l’Union concernant la maîtrise des pertes post-récolte, la stratégie d’accroissement des investissements productifs au niveau des exploitations familiales; la valorisation des savoirs endogènes, la question du travail des enfants dans les exploitations familiales, l’assurance agricole etc.

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Le document n’apporte pas d’éléments sur la politique industrielle de l’Union concernant son volet agro-industrie, ce qui handicape la compréhension des producteurs sur les stratégies de valorisation des produits du cru dont dépendent les débouchés de leurs productions. 1.6.3 – Valeurs ajoutées de la contribution des producteurs béninois Les consultations initiées au Bénin par le ROPPA pour recueillir les contributions des producteurs présentent les centres d’intérêt suivants :

1) le profil de l’exploitation familiale agricole a été dressé ;

2) les principaux problèmes que rencontrent les producteurs ont été soulevés par eux mêmes et hiérarchisés ;

3) ils ont donné leurs analyses des différentes politiques agricoles qui se sont succédées ;

4) ils ont identifié les éléments devant structurer la politique agricole de l’Union en se basant sur l’analyse de leurs problèmes et le contexte de la mondialisation et en insistant sur des actions concrètes au niveau village;

5) Ils ont enfin donné un contenu opératoire aux trois (3) défis (productivité, compétitivité et durabilité) qu’une politique agricole doit relever avant de proposer les neuf (9) domaines clés devant structurer cette politique à court, moyen et long termes.

La mise en œuvre de la PAU peut améliorer la libre circulation des productions agricoles entre les Etats, notamment la complémentarité entre les pays côtiers et les pays sahéliens. Dans ce cadre, la production céréalière (maïs) et des plantes à racines (igname et manioc) du Bénin peuvent représenter un enjeu important pour le développement des échanges. La mise en place de plate-forme régionale par filière contribuerait à une harmonisation des stratégies de production, de négociation des prix et de conquête des marchés. Enfin, l’harmonisation des systèmes fiscaux applicables au secteur agricole, notamment leur allègement, est un axe fort d’intégration qui participe de la compétitivité des produits de la sous-région au niveau international. Elle éviterait surtout la concentration des investissements étrangers dans un seul pays et tous les Etats représenteraient désormais un avantage comparatif.

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II – QUELS DEFIS POUR TRANSFORMER L’AGRICULTURE FAMILIALE BENINOISE EN UNE AGRICULTURE PRODUCTIVE, COMPETITIVE ET DURABLE ?

2.1 – RAPPEL DES PRINCIPAUX PROBLEMES PREOCCUPANT LES PRODUCTEURS D’après les producteurs, les principaux facteurs limitants de la profession sont dans l’ordre :

1. Aléas climatiques (inondation, sécheresse, pression parasitaire) et non maîtrise de l’eau ;

2. Taux débiteurs des crédits trop élevés et rareté des crédits à moyen et long termes ;

3. Difficultés d’écoulement et prix aux producteurs faibles engendrant des bradages et des pertes post-récoltes considérables et le recours aux usuriers surtout pour le fonds de roulement ;

4. Absence de diversification des filières alors que la production de matières premières est très diversifiée et absence d’appui aux producteurs pour leur permettre de commercialiser leurs produits dans de bonnes conditions ;

5. Baisse de la fertilité et / ou manque de terre ;

6. Disponibilité limitée et peu variée, faible qualité et coût élevé des intrants agricoles pour les productions végétales et animales ;

7. Retard de paiement du coton ;

8. Coût élevé et difficultés d’accès à des équipements productifs en général ;

9. Enclavement des zones de production ;

10. Manque de formation et d’informations des membres des organisations paysannes notamment sur les exigences du libéralisme économique, et une déficience de la circulation de l’information en leur sein ;

11. Une application sélective par certains responsables élus, des textes réglementaires et des principes coopératifs universellement reconnus (irrégularité des réunions statutaires : conseil d’administration, assemblée générale, non renouvellement des organes arrivant en fin de mandat…) ;

12. Faible responsabilisation des producteurs dans la mise en œuvre des projets de développement rural et non valorisation des paysans ayant des capacités de formation et d’appui-conseil aux autres producteurs moins avancés;

13. Connaissance limitée des possibilités d’accès aux technologies de transformation agro-alimentaire existant au Nigeria et dans les autres pays voisins;

14. Absence de ressources suffisantes pour doter les OP d’un système d’accompagnement durable en matière d’appui technique, d’appui en organisation et gestion;

15. Absence de mesure de sécurité sociale facilitant la prise en charge de la santé et des vieux jours du producteur et des membres de son ménage;

16. Pressions politiques tendant à opposer les OP entre elles et à ponctionner leurs ressources;

17. Recul de l’inspection sur pied de la santé des animaux, faute d’agents vétérinaires;

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18. Tracasserie policière et douanière limitant la libre circulation des produits tant à l’intérieur du pays qu’entre les pays de la sous-région;

En plus de ces problèmes génériques, certains corps de métier ont exprimé des facteurs de blocage spécifiques.

a) Maraîchage

• Des problèmes d’installation des jeunes et des femmes dus au coût d’accès à la terre et la précarité des contrats de location : 1 planche de 20 m² est loué à 150 F à 400 F par saison de culture par récolte, soit un coût de location de 75.000 à 200.000 FCFA à l’hectare selon la situation géographique et la qualité de la terre ;

• Des intrants non adaptés aux cultures : engrais et pesticides non spécifiques, semences non tropicalisées engendrant de faibles taux de germination et faible développement des cultures ; utilisation quasi généralisée des pesticides du coton sur les légumes avec des risques d’intoxication des consommateurs ;

• Prix élevés des équipements de la petite irrigation rendant difficile la mise en place d’un système de maîtrise de l’eau et de production de contre saison ;

• Inexistence de structures d’appui technique avisées sur le maraîchage pour accompagner les producteurs et aucun soutien aux maraîchers expérimentés pour diffuser leur savoir-faire auprès de leurs collègues : la formation technique des maraîchers est assurée par les maraîchers eux mêmes actuellement ;

• Manque de matière organique pour fertiliser les sols et tracasserie douanière pour importer des déjections animales du Togo : les zones non cotonnières notamment du littoral ont des difficultés d’accès aux avaries de coton graine;

• Des taux d’intérêt élevés du crédit (1,5 à 2% le mois) avec des durées de remboursement très courtes (6 à 12 mois en général) ;

• Des difficultés de circulation des produits entre les lieux de production et les lieux de consommation : les douaniers opèrent des saisies lors de l’évacuation des carottes, choux … les assimilant à des produits importés des pays voisins notamment du Togo ;

• Manque d’organisation des producteurs : pas de planification concertée des productions entre les maraîchers, fixation anarchique des prix sans prise en compte des coûts de production, le bradage des récoltes et des pertes post-récoltes importantes ;

• Inexistence de chambre froide dans les zones de production pour réguler l’offre et le prix aux producteurs.

b) Productions de grandes cultures vivrières

• Accompagnement technique de plus en plus inexistant tant au niveau des structures déconcentrées de l’Etat qu’au niveau des organisations non gouvernementales ;

• Inondation des cultures en saison pluvieuse et manque d’eau en saison sèche dans les zones humides faute de système de maîtrise de l’eau par la petite irrigation et le drainage ;

• Producteurs non assurés contre la mauvaise qualité des intrants distribués par des opérateurs privés pour lesquels les paysans sont contraints de rembourser quels que soient les résultats de la campagne ;

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• Difficultés d’approvisionnement en boutures de manioc ;

• Dégâts sur les champs par les animaux en divagation ;

• Pénibilité des travaux manuels dans les rizières notamment le travail du sol ;

• Non maîtrise du calendrier agricole devenu aléatoire par l’instabilité du climat ;

• Manque d’eau potable à proximité des zones de concentration des exploitations. c) Pêche maritime

• Difficultés de franchissement de la barre avec de fréquents chavirements accompagnés de morts d’hommes, perte ou destruction de filets et destruction des embarcations

• Coût très élevé des équipements et manque de moyens financiers des communautés de pêcheurs :

⇒ Un filet dormant vaut 2,5 millions contre 8 millions pour la seine tournante

⇒ Un moteur hors bord de 2,5 ou de 40 CV coûte 1,5 à 2,2 millions. Tout compte fait, une entreprise de pêche artisanale fonctionnant en toutes saisons exige un financement de base de 25 millions contre un maximum de crédit avant la dévaluation de FCFA en 1994 de 4,5 millions de FCFA. Les projets d’appui au secteur des pêches n’équipent que partiellement les pêcheurs : barques sans filet ou barque sans moteur , etc. 2.2 - INQUIETUDES PARTAGEES SUR LE PROGRAMME D’ACTIONS DU GOUVERNEMENT 2001-

2006 Le programme d’actions du gouvernement pour le quinquennat 2001-2006 pour le secteur agricole comprend cinq (5) programmes opérationnels dont :

1. le programme de sécurité alimentaire ; 2. le programme d’amélioration de la productivité agricole ; 3. le programme de gestion durable des ressources naturelles ; 4. le programme d’auto-promotion rurale ; 5. le programme d’administration et gestion.

Cet ensemble de programmes regroupe au total soixante onze (71) projets prioritaires d’une valeur globale de 280,017 milliards de FCFA. La gestion de ces projets est pour l’essentiel confiée à la Direction de la Prospective et de la Programmation (DPP), à toutes les Directions centrales et à des structures autonomes relevant de l’administration publique. Les structures décentralisées d’encadrement de proximité des producteurs que sont les CARDER ont peu d’opportunités dans la mise en œuvre de ces divers projets. Deux acteurs très importants sont pratiquement négligés. Il s’agit (i) des organisations des producteurs qui ne sont pas considérées comme des co-acteurs dans la gestion de ces projets avec les structures de l’administration publique, (ii) et des collectivités locales (communes) qui, conformément à la loi 97-029, ont des prérogatives en matière de développement local, en particulier l’élaboration et la mise en œuvre d’un programme de développement économique et social incluant le secteur agricole. Ce programme quinquennal ne laisse pas transparaître clairement le contrat d’objectifs et de résultats qui devrait lier les structures de l’administration publique, les organisations des producteurs et les collectivités locales.

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Enfin, l’ancrage institutionnel de ces projets ne traduit qu’une volonté assez limitée de responsabilisation des producteurs à la base, notamment les unions sous-préfectorales des producteurs (USPP). Face aux enjeux que représentent ces projets, les paysans estiment indispensable que les mécanismes de gestion de ces projets tiennent compte de la participation effective des producteurs aux instances de décision et de suivi-évaluation.

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2.3 – PARAMETRES FONDAMENTAUX D’UNE POLITIQUE AGRICOLE D’APRES LES SOUHAITS DES PRODUCTEURS

Au-delà des facteurs limitants spécifiés précédemment, les producteurs ont attiré l’attention sur des points clés devant structurer une politique agricole. Ils concernent : 1. une politique d'éducation rurale pour réduire l'ampleur de l'analphabétisme, la non

maîtrise de la gestion des exploitations et des organisations de producteurs et le déficit d’informations technologiques ;

2. une politique de Recherche-Développement pour encourager la création de technologies

plus adaptées et la valorisation des savoirs et pratiques endogènes ; 3. une politique d'orientation et d’information économique des producteurs fondée sur la

production et la diffusion d'informations économiques; 4. une politique foncière pour faciliter l’accès à la terre à tous les producteurs nécessiteux ; 5. une politique d'équipement et de maîtrise de l'eau pour rendre l’agriculture moins pénible

et moins vulnérables aux aléas climatiques ; 6. une politique de financement et de crédit agricole pour accroître les investissements et la

capacité d’autonomie financière des producteurs et de leurs organisations incluant des mesures incitatives au profit des jeunes agriculteurs installés ;

7. une politique de vulgarisation basée sur un contrat d’objectifs et d’obligation de résultats

entre les structures d'appui - conseil, les producteurs et leurs organisations pour garantir plus d’efficacité au transfert de compétences et de responsabilités ;

8. une politique de stockage et de conservation des récoltes pour réduire les pertes post-

récoltes et améliorer le revenu du producteur ; 9. une politique de transformation artisanale et industrielle pour améliorer la qualité des

produits, générer une valeur ajoutée sur les récoltes, mieux contrôler les flux des produits agricoles sur les marchés ;

10. Une politique de désenclavement centrée sur l'ouverture et l’entretien des pistes de

desserte rurale ; 11. une politique des prix aux producteurs tenant compte à la fois des coûts de production et

de l’amélioration du revenu du producteur ; 12. une politique fiscale et douanière pour baisser les prix des facteurs de production et rendre

l’agriculture familiale plus compétitive ; 13. Une politique d'assurance agricole pour contenir les différents facteurs de risque qui

fragilisent les producteurs et leurs systèmes de production ; Par souci de cohérence, ces différentes politiques sont regroupées de façon thématique en axes stratégiques tenant lieu de composantes d’une politique globale du secteur.

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2.4 - ORIENTATIONS STRATEGIQUES Tableau 5 : Changements souhaités

Axes stratégiques Résultats attendus (Changements majeurs souhaités)

Axe n°1 : Éducation permanente, information professionnelle et renforcement des capacités

R.1 : La scolarisation en milieu rural est gratuite et obligatoire pour tous les enfants en âge scolaire du CI au CE2 ; R.2 : Les radios locales et communautaires collaborent avec les organisations paysannes pour l’éducation et la

diffusion d’informations ; R.3 : Le français fondamental est généralisé et la post-alphabétisation est développée dans tous les villages ; R.4 : les programmes enseignés dans les écoles rurales tiennent compte des caractéristiques du monde rural et des

professions agricoles . Axe n°2 : Recherche-Développement, vulgarisation et promotion des savoirs endogènes

R.1 : L’approche participative niveau village (APNV) est généralisée à tous les villages comme base de formulation des programmes de recherche et de développement agricoles ;

R.2 : Les savoirs endogènes sont capitalisés par thèmes et valorisés ; R.3 : Le patrimoine de biodiversité du pays a été reconstitué et bien conservé ; R.4 : La co-gestion des programmes d’aménagement et de développement des ressources naturelles est effective ; R.5 : Le partenariat entre les institutions de recherches agricoles, de promotion technologique et les organisations

paysannes est renforcé sur une base contractuelle et opérationnelle ; R.6 : Les qualités des intrants agricoles distribués par les opérateurs privés sont fiables.

Axe n°3 : Fertilité des sols et réforme foncière

R1 : Les exploitations agricoles familiales sont stabilisées ; R2 : L’agriculture, l’élevage et la foresterie sont intégrés ; R3 : Les rendements des cultures sont nettement améliorés ; R4 : Les techniques culturales conseillées sont mieux observées ; R5 : L’accès aux terres cultivables disponibles est facilitée par les pouvoirs publics.

Axe n°4 : Équipement agricole, maîtrise de l'eau et lutte contre les pollutions

R1 : Les exploitations agricoles familiales sont moins vulnérables aux aléas climatiques ; R2 : Les bas-fonds sont aménagés et mis en valeur ; R3 : Chaque arrondissement (sous-secteur agricole) dispose d’un parc d’engins et matériels agricoles pour des

prestations de services de proximité aux producteurs ; R4 : Le franchissement de la barre est nettement amélioré ; R5 : Les cours d’eau sont aménagés et mieux gérés.

Axe n°5 : Désenclavement et libre circulation

R1 : Les zones de production sont désenclavées ; R2 : La circulation des biens et des personnes est nettement améliorée ;

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Axes stratégiques Résultats attendus (Changements majeurs souhaités)

R3 : Les tracasseries policières et douanières sont amoindries. Axe n°6 : Stockage, conservation des récoltes, commercialisation et normalisation de la qualité

R1 : Les pertes post-récolte réduites au moins de moitié pour chaque production au niveau de chaque exploitation familiale ;

R2 : Les pratiques de mise en gage des productions de l’exploitation avant même les récoltes sont devenues rares ; R3 : Les pratiques de bradage des produits dès la récolte ont régressé ; R4 : Les ménages agricoles traversent la période de soudure sans rupture de leur stock de vivre ; R5 : Les prix des vivriers sur le marché sont maintenus à un niveau saisonnier acceptable pour les consommateurs.

Axe n°7 : Transformation artisanale et industrielle des produits agricole

R1 : Les pertes post-récoltes sont réduites ; R2 : Les filières agricoles sont diversifiées et les unités agro-industrielles utilisent des matières premières locales ; R3 : La pénibilité des activités de transformation est réduite ; R4 : Les équipements de transformation artisanale performants sont diffusés .

Axe n°8 : Financement agricole et stratégies de diversification des filières

R1 : Les organisations paysannes sont impliquées dans la formulation, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des programmes et projets du secteur ;

R2 : La part d’activités et de ressources qui revient à chaque secteur agricole concerné est clairement spécifiée dans chaque programme et projet de développement agricole ;

R3 : Les petits producteurs ont accès au crédit d’investissement ; R4 : Les niveaux des crédits de campagne et des crédits de commercialisation des producteurs sont nettement

améliorés sur la base de chaque objet de financement ; R5 : Les OP sont subventionnées par l’Etat pour leurs activités de formation des membres ; R6 : Les intrants spécifiques aux différentes productions sont accessibles localement ; R7 : L’expression des besoins en intrants coton sont moins surestimés et le bradage de ces intrants est devenu moins

fréquent.

Axe N°9 : Mutualité sociale agricole

R1 : La prise en charge de la santé des producteurs et de leurs familles est assurée ; R2 : Les gros investissements productifs sont assurés, notamment les plantations, les engins de pêches, les troupeaux,

les banques de vivres ; R3 : Les paysans sont assurés contre la mauvaise qualité des intrants ; R4 : Les précautions d’utilisation des produits chimiques sont mieux respectées; R5 : La bonne qualité des intrants agricoles est assurée et les paysans dédommagés en cas de non respect des normes

prescrites ; R6 : Les cérémonies ruineuses sont de moins en moins fréquentes.

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Tableau 6 : Actions prioritaires à l’échelle nationale et régionale Axe n°1 : Éducation permanente, information professionnelle et renforcement des capacités

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Persistance de l'analphabétisme.

Réduire l'analphabétisme en milieu rural Poursuivre des actions d'alphabétisation en langues nationales et en français fondamental dans les organisations de base.

X

Faible taux de maintien scolaire des enfants en milieu rural.

Prise en charge intégrale de la scolarisation des enfants jusqu'en classe de CE2 par l'État. Prescription d'une obligation de résultat aux futurs conseils communaux par rapport à la scolarisation obligatoire des enfants.

X X

Manque de formation et d'information des membres des organisations paysannes.

Accroissement des capacités d'accueil des écoles rurales par la création de nouvelles écoles et la construction de modules de classes.

X X

Faible valorisation du métier d'agriculteur.

Recrutement en nombre suffisant et prise en charge des salaires des enseignants et des maîtres alphabétiseurs par l'État et les collectivités locales.

X

Valorisation du métier d'agriculteur par l'introduction dans les programmes du système éducatif national des enseignements sur le monde rural.

X

Renforcer les capacités organisationnelle et technique des producteurs et leur l'accès à l'information économique;

Production soutenue et diffusion à grande échelle d'ouvrages de post-alphabétisation en français fondamental.

X X

Diffusion d'informations agricoles à travers un partenariat contractualisé avec les radios locales.

X X

Formation des animateurs des radios communautaires et locales sur les enjeux de la politique agricole de l'UEMOA et ses implications pour l'exploitation agricole familiale.

X X

Exonération des OP de toutes taxes sur l'acquisition de matériel informatique.

X X

Appui à la généralisation de l'accès à l'Internet dans toutes les unions sous-préfectorales de producteurs.

X X

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NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Formations et sensibilisation des producteurs sur les normes de qualité marchande.

X X Déficit d'informations des producteurs et de leurs organisations sur les normes et opportunités commerciales.

Création d'un fonds régional d'appui aux OP pour les études et recherche d'opportunités.

X X

Formation sur la négociation des politiques et opportunités agricoles.

X X

Appui institutionnel aux centres de promotion rurale (CPR) et leur généralisation dans toutes les sous-préfectures.

X X

Généralisation du conseil en gestion des exploitations agricoles dans toutes les USPP.

X X

Promouvoir des cadres de concertation paysanne à l'échelle départementale par groupes de produits stratégiques.

Appui à l'organisation des concertations entre les OP d’un même département travaillant sur une même filière.

X

Soutien à toutes les initiatives visant la complémentarité entre les économies agricoles des pays membres.

X

Faible responsabilisation des producteurs dans la mise en oeuvre des projets de développement rural.

Améliorer la qualité d’exécution et le contrôle social par une systématisation de la cogestion Etat-OP-Collectivités locales de l'ensemble des programmes et projets du secteur agricole exécutés dans les États membres.

Décentralisation de la gestion des projets sur la base d'un contrat d'objectifs et d'un transfert des ressources d'action au profit des Unions sous-préfectorales des producteurs.

X X

Appui direct aux réseaux d'OP par filière pour l'exécution des projets sous-sectoriels.

X X

Renforcer les capacités paysannes de suivi-évaluation.

Implication des OP dans les mécanismes d'orientation, de suivi et d'évaluation de tous les programmes et projets du secteur agricole.

X X

Mise en place d’une base de données au niveau de chaque USPP incluant les normes techniques et sanitaires, les dynamiques des marchés et des prix, et les compétences endogènes dans chaque domaines.

X X

Promouvoir la coopération entre les réseaux d'OP de la sous-région opérant dans une même filière.

Création d'une plate-forme de concertation par filière à l'initiative du ROPPA assortie de la création d’un site Web alimenté et exploité par tous les membres.

X X

Promouvoir l'utilisation de l'expertise nationale et régionale.

Création de fichiers nationaux et régionaux (UEMOA) des compétences par métier agricole.

X X

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Axe n°2 : Recherche-Développement, vulgarisation et promotion des savoirs endogènes

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Système de vulgarisation non performant et manque de soutien aux agriculteurs formateurs.

Mettre en place un système de vulgarisation contractuelle.

Élaboration sur base coopérative et consensuelle des plans de campagne de chaque secteur agricole spécifiant les obligations de résultats des OP, de chaque structure d'appui et de ses représentants sur le terrain.

X

Mise au point, adaptation et diffusion des innovations techniques.

X

Très faible adoption du paquet technologique proposé par la recherche.

Discussion à la fin de chaque campagne agricole des résultats et des impacts du contrat d'objectifs entre producteurs et structures d'appui-conseil opérant dans chaque secteur agricole.

X

Conflits entre agriculteurs et éleveurs.

Dynamisation de l’application de la réglementation des aires de pâturage.

X

Soutien aux initiatives d'utilisation d'agriculteurs formateurs dans le dispositif de vulgarisation et d'animation rurale.

X X

Très faible capitalisation des savoirs endogènes.

Encourager les recherches participatives centrées sur les besoins des producteurs et la demande du marché.

Capitalisation et vulgarisation des techniques traditionnelles d'amélioration foncière existante dans chaque village.

X X

Déficit d'informations des producteurs et de leurs organisations sur les normes techniques et sanitaires.

Combattre l’importation d’intrants de mauvaise qualité et les pratiques frauduleuses

Accélération de la création de laboratoires communautaires de contrôle de la qualité des intrants dont celui du centre béninois de la gestion de la qualité et des normes (CEBENOR).

X X

Prolifération des parasites et mauvaise qualité des intrants agricoles

Combattre la pression parasitaire pour réduire les pertes de récoltes.

Développement du programme de lutte étagée ciblée (LEC)

X

X

Capitalisation et valorisation des techniques traditionnelles efficaces contre les ennemis des cultures

X X

Actualisation des études de zonage agro-écologique pour une meilleure exploitation des potentialités agricoles de chaque zone.

X X

Améliorer la contribution de l’État au financement des programmes de reecherche.

Collecte, conservation et protection des ressources phytogénétiques.

X X Dépendance de la recherche agricole des bailleurs de fonds pour les programmes et le financement. Renforcement des capacités des OP à formuler des thèmes de

recherche. X

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NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Appui aux fermes expérimentales pour la production et la fourniture des sujets sains et améliorés destinés à la promotion de l'élevage.

X

Très faible implication des organisations paysannes dans la gestion des aires protégées.

Dynamiser les initiatives de gestion durable des ressources naturelles.

Capitalisation et valorisation des vertus mystiques et thérapeutiques des végétaux, animaux et minéraux.

X X

Combattre le recul de la biodiversité. Promotion de la cogestion des massifs forestiers et des zones cynégétiques par la responsabilisation des communes, des organisations paysannes et des chefferies traditionnelles dans la mise en oeuvre des plans d'aménagement.

X X

Promouvoir une culture de planification du développement local rural.

Généralisation de l'approche participative niveau village (APNV).

X

Appui aux collectivités locales rurales pour l'élaboration et la mise en oeuvre de leur programme de développement agricole locale.

X X

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Axe n°3 : Fertilité des sols et réforme foncière

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Baisse de la fertilité des sols et faible rendement de la plupart des productions.

Stabiliser les exploitations agricoles par l’entretien de la fertilité des terres.

Développement d'activités de suivi de l'évolution des sols sous cultures.

X X

Mobilité des exploitations agricoles occasionnant la dégradation accélérée des ressources naturelles.

Création d'un fonds national de restauration et de lutte contre la dégradation des sols co-financé par l'État et les OP.

X X

Mise en œuvre dans chaque pays du plan d’action de la gestion intégrée de la fertilité des sols prévu au niveau de la sous-région.

X X

Faible utilisation des techniques d'amélioration foncière.

Promotion des méthodes de lutte anti-érosive. X

Accélération de l'érosion. Poursuite des programmes de diffusion des plantes fertilisantes à but multiple.

X

Promotion de l'intégration Agriculture-élevage-pisciculture. X Promotion de l'agro-foresterie. X Faciliter l’accès aux intrants à tous les

producteurs quelles que soient les productions.

Poursuite des efforts de réduction des charges fiscales et douanières pour les équipements et intrants agricoles.

X X

Promotion des investissements privés dans la production des intrants au niveau communautaires.

X

Maîtriser l'expression et l'utilisation des intrants par les producteurs.

Sensibilisation des producteurs contre le bradage des intrants et le respect des doses prescrites.

X

Accès aux crédits sociaux d’urgence durant les périodes de soudure.

X

Prise de mesures de découragement à l'encontre des acheteurs d'engrais bradés par les petits agriculteurs en difficulté de trésorerie.

X

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NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Manque de terres et conflits fonciers.

Sécuriser les propriétaires fonciers et faciliter l'accès à la terre aux petits producteurs.

Accélération de l'adoption et de l'application du code foncier rural.

X

Mesures juridiques ou réglementaires formalisant les prêts et les locations de terres agricoles.

X

Initier une étude de faisabilité de la mise en place d’un crédit foncier rural.

X X

Mise en place d'un système de cautionnement administratif du conseil communal.

X

Création d'un mécanisme relevant du conseil communal permettant de réguler le flux foncier local.

X

Menace de disparition de l'agriculture urbaine par manque de terre, l'accélération de l'érosion côtière et la spéculation foncière.

Sauver et promouvoir l'agriculture urbaine.

Négociation avec les collectivités locales d'un emplacement adéquat.

X

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Axe n°4 : Équipement agricole, maîtrise de l'eau et lutte contre les pollutions

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Aléas climatiques (inondation, sécheresse) et non maîtrise de l'eau

Assurer la maîtrise de l'eau en agriculture. Renforcement de l'équipe d'appui-conseil de proximité par des techniciens qualifiés.

X

Accélérer la réalisation des programmes de gestion de l’eau et des bas-fonds.

Promotion de la petite irrigation . X X

Renforcement de la mise en valeur des bas-fonds pour la production agricole et la pisciculture.

X X

Sous équipement et faible taux d'utilisation des matériels de culture attelée.

Améliorer l’accès aux chaînes d’équipements agricoles compatibles avec la gestion durable des ressources naturelles.

Appui à des opérateurs privés dans chaque commune pour la mise en place d'un parc d'engins et de matériels agricoles de prestation de services de mécanisation. Appui à la création de boutiques de vente de pièces détachées dans chaque future commune.

X X

X X

Mauvaise gestion des plans d’eau Réduire les pressions de pêche sur les plans d'eau .

Renforcement de la vulgarisation de la législation sur les engins et méthodes de pêche.

X X

Réduire le déficit en produits halieutiques dans les pays côtiers.

Développement de l’aquaculture. X X

Lutter contre le comblement et l'appauvrissement des plans d'eau du Sud-Bénin.

Appui institutionnel aux comités de pêche pour la surveillance et développement d’une coopération intercommunale de gestion des plans d’eau.

X

Dragage des plans d'eau en voie de comblement (Ahémé, Nokoué ...). Conversion des pêcheurs à d'autres activités génératrices de revenus.

X X

Réduire la pollution des eaux continentales et maritimes.

Réalisation d’une étude d’impacts du déversement des déchets de phosphate de Kpémé au Togo sur la pêche artisanale dans la sous-préfecture de Grand-Popo au Bénin.

X X

Renforcement des moyens de surveillance des côtes béninoises contre la pollution des eaux par les navires pétroliers et la pêche par des chalutiers étrangers non autorisés.

X X

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NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Sous-équipements des pêcheurs marins artisanaux et de leurs campements

Améliorer l’équipement des pêcheurs et la conservation des produits halieutiques.

Construction de chambres froides et de magasins d'approvisionnement en matériels de pêche maritime artisanale dans les campements de Grand-Popo, Ouidah, Cotonou et Sèmè.

X X

Création d'un fonds régional d'appui au développement de la pêche maritime artisanale .

X X

Difficultés de franchissement de la barre

Faciliter le franchissement de la barre aux, pêcheurs marins artisanaux.

Construction de jetées brise-lames et d'un port de pêche à Grand-Popo.

X X

Prolifération des épizooties

Améliorer les techniques d'élevage. Renforcement des services d’appui-conseil de proximité aux éleveurs . Promotion des fourragères de saisons et des provenderies.

X X

Renforcer les mesures sanitaires préventives. Dynamisation des comités de défense sanitaire.

X X

Vulgarisation de la loi sur la protection de l'environnement et la vaine pâture.

X X

Dynamiser le comité national de transhumance (CNT).

Renforcement des moyens de travail du CNT.

Elaboration d’une législation sur la transhumance articulée avec celle de la CEDEAO.

X

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Axe n°5 : Désenclavement et libre circulation

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Enclavement des zones de production et difficultés d'accès des produits agricoles aux marchés de consomma-tion

Créer un fonds national et régional de réhabilitation et d'entretien des pistes de desserte rurales avec affectation sur une base sous-préfectorale (future commune) pour la gestion.

Mise en place du fonds avec implication des producteurs et des futurs conseils communaux.

X

X

Identification des pistes prioritaires à aménager par les bénéficiaires.

X

Surveillance et entretien des pistes par chaque village desservi.

X

Augmenter le rythme actuel d’ouverture et d’entretien de pistes de desserte rurale.

Ouverture et/ou entretien de pistes chaque année chaque commune. Responsabilisation des bénéficiaires par la généralisation des comités inter villageois de gestion des pistes rurales sur la base des expériences des départements du Centre et du Nord.

X

Mobilisation de la contribution des transporteurs usagers. Organisation de comités inter villageois d’entretien.

X X

Faible capacité locale en maîtrise d'ouvrages

Promouvoir des entreprises locales et bureaux d'études pour le renforcement des capacités de maîtrise d'ouvrage des communautés villageoises.

Utilisation en priorité des compétences locales sur la base des expériences en cours dans ce domaine dans le centre et le nord du pays.

X

Tracasserie policière et douanière allongeant les délais de livraison des produits agricoles

Faciliter la circulation des produits agricoles aux plans national et régional.

Réaménagement du plan routier national afin de réduire le nombre de postes de contrôle (police, douane, gendarmerie).

X X

Sensibilisation des forces de l'ordre pour faciliter la circulation des produits agricoles.

X X

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Axe n°6 : Stockage, conservation des récoltes, commercialisation et normalisation de la qualité

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Importantes pertes post-récoltes Doter chaque union sous-préfectorale de producteurs (USPP) d'un réseau de magasins et de silos d'arrondissement destinés à la collecte et à la conservation des vivriers achetés auprès des producteurs.

Implantation et/ou réhabilitation des infrastructures de stockage et de conservation dans chaque arrondissement.

X X

Examen systématique et soumission obligatoire au contrôle des intrants agricoles avant leur utilisation par les producteurs.

X X

Difficultés d'accès au crédit pour la commercialisation des récoltes et bradage des récoltes par les producteurs

Réduire l’emprise des commerçants sur la collecte primaire, la conservation et la commercialisation des produits agricoles.

Mise en place d’une ligne de crédit dans chaque Union sous-préfectorale des producteurs pour la collecte primaire des vivriers afin d’accroître la capacité de négociation des OP avec les commerçants.

X

Vulgarisation et application des itinéraires techniques garantes des normes de qualité internationalement admises sur le marché.

X X

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Axe n°7 : Transformation artisanale et industrielle des produits agricoles

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Faible connaissance et non maîtrise des technologies améliorées de transformation des produits agricole.

Former les producteurs et les productrices aux divers procédés de transformation améliorée des produits agricoles.

Création et animation d'un centre de formation sur les technologues agro-alimentaires.

X

Accès limité aux technologies de transformation agro-alimentaire.

Faciliter l’accès aux équipements de transformation des produits agricole disponibles, notamment au Nigeria et en Inde

Prise de participation par les organisions des producteurs dans les capitaux des usines et industries de transformation agro-alimentaire.

X X

Développement de la coopération entre les pays de l'UEMOA en matière de transformation agro-alimentaire.

X X

Appui à l'acquisition des équipements de transformation des produits agricoles.

X X

Dépendance des importations de céréales des brasseries de la place.

Développer un partenariat entre la recherche agricole et les sociétés de brasserie.

Production de céréales adaptées aux usines brassicoles.

X

Négociation des marchés de céréales auprès des brasseries.

X

Trop grande spécialisation des unités industrielles limitant les débouchés pour de nombreuses productions de matières premières agricoles.

Diversifier au niveau du tissu industriel les principales matières premières d’origine agricole produites dans le pays ou dans la sous-région pour faire émerger de nouvelles filières.

Promotion des industries de transformation travaillant sur plusieurs matières premières à la fois. Accords de facilités fiscales à toutes les industries travaillant sur au moins deux produits locaux (céréales, fruits et légumes).

X X

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Axe n°8 : Financement agricole et stratégies de diversification des filières

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Taux débiteurs des crédits trop élevés et rareté des crédits à moyen et long terme.

Bonifier les taux d'intérêt sur les crédits au secteur agricole.

Mise ne place d'un fonds de garantie et de bonification des emprunts agricoles.

X X

Appui institutionnel aux structures de micro finance crédibles sélectionnées de commun accord avec les OP pour limiter la flambée des taux d’intérêt.

X

Recours quasi généralisé aux usuriers pour les besoins sociaux d'urgence et le financement des fonds de roulement.

Réduction des taux d'intérêt à un plafond de 5 - 7% l'an.

X X

Retard de paiements du coton. Suppression de la TVA sur les équipements agricoles essentiels.

X X

Coût élevé et difficultés d'accès à des équipements productifs en général.

Mise en place d'un fonds régional UEMOA de modernisation rurale et de maintien des agricultures familiales sur la base d'un droit de tirage au profit de 10 à 20 communautés villageoises par pays et par an.

X X

Pression politique tendant à opposer les OP et à ponctionner leur ressources à travers les réalisations socio-communautaires.

Relèvement du niveau de financement du budget national destiné aux cultures vivrières.

X

Rechercher des ressources longues à taux concessionnel pour satisfaire les besoins d’investissement des producteurs.

Promotion des crédits d'investissement productif par un fonds de dotation spéciale gérée par une institution crédible nationale identifiée par les OP.

X

Faire émerger et promouvoir des filières nouvelles.

Diversification des matières premières des unités agro-industrielles opérant sur le territoire national.

X

Utilisation par les brasseries de la sous-région des produits vivriers (céréales et fruits) produits dans les États membres.

X X

Mise en place d'un mécanisme de financement durable des intrants pour les cultures vivrières.

X

Politisation à outrance des nominations à la tête des projets de développement du secteur

Mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut et diminuer les pressions politiques de nature clientéliste.

Participation des organisations paysannes et du Conseil économique et social aux commissions de sélection des candidatures aux postes dirigeants des projets.

X

Lourdeur des procédures de Améliorer le niveau et la qualité de réalisation Allégement des procédures de décaissement des fonds X X

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NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

décaissement des fonds publics bloquant l'exécution correcte des projets.

des projets du secteur par une décentralisation au niveau local des centres de décision.

publics destinés au secteur.

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Axe n°9 : Mutualité sociale agricole

NIVEAU D'INTERROGATION PROBLEMES MAJEURS OBJECTIFS STRATEGIQUES ACTIONS PRIORITAIRES NATIONAL UEMOA

Inexistence d'assurance agricole Mutualiser les formations sanitaires des échelons inférieurs (Arrondissement, Commune) avec le concours de l'État.

Recrutement par l'État du personnel qualifié de santé en effectif suffisant.

X

Améliorer la prise en charge communautaire de la santé des ruraux par la promotion de la médecine traditionnelle et la coopération avec les centres de santé.

Appui budgétaire de l'État et de la commune pour assurer l'équilibre budgétaire des mutuelles de santé.

X

Éducation sur la prévention des risques d’accidents professionnels agricoles, le SIDA.

X

Mobilisation d'un crédit de soudure pour soulager la misère des producteurs.

X

Installation d'une cotisation annuelle par ménage pour les frais de santé.

X

Promotion de pharmacie communale à caractère mutualiste fonctionnant sur la base des médicaments essentiels.

X

Inexistence d'assurance vieillesse Généraliser l'expérience de la ville de Parakou sur la Mutuelle de retraite pour le secteur informel (vieillesse, santé, autres)

Organisation d'une mutuelle de retraite volontaire agricole au niveau national et départemental.

X

Développement de programmes éducatif sur l’organisation et le fonctionnement d’une mutualité sociale agricole.

X

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CONCLUSION L’agriculture béninoise est et demeure un secteur déterminant pour l’économie nationale et un secteur structurant de l’intégration sous-régionale d’un point de vue de la complémentarité entre les pays sahéliens et les pays côtiers. Le Bénin a encore un potentiel agricole important et peu exploité lui permettant d’accroître ses productions végétales et animales. Mais la vulnérabilité aux aléas climatiques de son agriculture est un trait majeur de la pauvreté rurale et du découragement des producteurs. L’enjeu d’une politique agricole réside dans l’amélioration des conditions de vie des producteurs ruraux et l’action du Gouvernement sera déterminant à ce sujet, car l’environnement politique n’est pas encore favorable à un véritable développement agricole. Des efforts doivent être fait par le Gouvernement et au niveau de l’UEMOA pour :

1. baisser le coût des facteurs de production par des allègements fiscaux et douaniers 2. bonifier le crédit au secteur agricole ; 3. désenclaver les milieux ruraux ; 4. assurer un meilleur service d’appui-conseil de proximité aux producteurs sur la base

d’un contrat d’objectifs entre les organisations paysannes et les structures d’accompagnement ;

5. promouvoir la petite irrigation ; 6. réduire les pertes post-récoltes et alléger le régime fiscal des industries désireuses de

transformer les produits agricoles, notamment les cultures vivrières ; 7. investir dans la restauration et le maintien de la fertilité des sols tout en facilitant

l’accès à la terre aux petits producteurs ; 8. faciliter la libre circulation des produits agricoles à l’intérieur du pays et entre le Bénin

et les pays de la sous-région ; 9. promouvoir l’usage de la langue française en zone rurale pour faciliter la coopération

entre les paysans de la zone UEMOA. La politique agricole est une affaire qui concerne au premier chef les paysans car c’est eux les producteurs. De leur organisation et de leur capacité de négociation et de gestion dépendra l’avenir de leur profession. Ils doivent être plus ambitieux que par le passé en visant l’amélioration de leur système de production, la solidarité en leur propre sain. C’est à ce prix que l’agriculture familiale saura relever les défis qu’elle se lance à savoir être productive, compétitive et durable.

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ANNEXES CALENDRIER

Date Lieu Durée (jour) Mardi 10-07 Préparation de la mission avec la FUPRO 1 Jeudi 12-07 au Samedi 14-07 Grand-Popo 3 Dimanche 15-07 Synthèse documentaire + Dépouillement à

Grand-Popo 1

Lundi 16-07 au Mercredi 18-07 BONOU 3 Jeudi 19 - 07 Départ pour le Nord Parakou et préparation

des rendez-vous 1

Vendredi 20-07 au Samedi 21-07

Synthèse documentaire + Dépouillement et ensemble. Zone Sud Bonou

2

Dimanche 22-07 au Mercredi 25-07

N’Dali 4

Mercredi 25-07-01 Nuit à Dassa Jeudi 26-07 Vendredi 27-07 Dassa-zoumé 2 Samedi 28-07 au Lundi 30-07 Dépouillement Zone Nord et Centre 3 Mardi 31 Juillet au mercredi 8 Août

Rédaction du rapport national 8

Lundi 13 Août Réunion restreinte de restitution aux CA/FUPRO et membres de la convention ROPPA

1

Jeudi 23 et vendredi 24 Août Atelier national de restitution 3 Samedi 25-08 au mercredi 29 Août

Finalisation du rapport 4

Jeudi 30 Août Expédition du rapport final au Sénégal DUREE TOTALE 36

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LISTE DES PERSONNES RENCONTREES Elus FUPRO et Convention ROPPA

NOM & PRENOMS STRUCTURE ADRESSAGE DE CONTACT ISSA Ibrahima Gouda FUPRO-Bénin, Président FUPRO/Bénin BONOU Jacques FUPRO-Bénin,

ROPPA (2ème Vice-Président)

FUPRO/Bénin

ASSOGBA I. Etienne FUPRO/Bénin Tél (229) 53 00 68/53 01 37 Fax (229)53 01 37 BP.102 DASSA-ZOUME

DEGUENONVO Isidore PPAB 01 BP 496 Cotonou RB Tél/fax : 33 86 91 Mail [email protected]

OROU MOUSSE Bio Yô FUPRO/Bénin BP 339 Tél 36 01 80 51 07 00 Fax 36 01 80

DUROJAIYE Aristide Association Béninoise des Eleveurs d’Aulacode (ABEA)

Bureau :Carré 1442 Affissogbé Cotonou BP : 03 BP 3075 Tél 30 82 88 Cotonou.

ADOUKONOU Florentin FENAPAB (ANANAS) Tél/fax : 30 11 74 Cel : 94 27 87/01 43 72.

DOSSOU A. Etienne Unapemal (pêcheurs) BP 1960 Tél 31 63 36 ASSOGBA T. Gratien Association Béninoise des

cuniculteurs (AbeC) BP 2174 Tél 50 02 49 Goho Abomey Email : [email protected]

KOUKPONOU Octave Juste

FUPRO-Bénin Tél : 51 05 84 BP : 2320 Goho Abomey Fax :51 13 35

KONTO Sika Bounbouté FUPRO BP : 229 Natitingou Tél 82 14 53/82 14 55 Cél : 94 47 90 Bénin

ATCHADA Pascal FUPRO/Bénin BP 2320 Goho Tél : 51 07 00/51 05 84/54 05 90 Cél : 93 40 29/94 47 93

KHADY N’Bao FNGPF/CNCR ROPPA 824.57.71 et 825.56 65 SAMBA Gueye SG CNCR-ROPPA 824.57.71 et 825.56 65 AZANDEGBE Denis CARDER-OUEME BP : 81 Porto-Novo

Tél : 22 25 84 Cél :92 43 03 ALLAVO Eustache 91 38 46 et 30 24 53

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GRAND-POPO

Nom & prénoms Secteur d’activité Village de provenance 1 PIO A. Lawani Pêche-Président Grand-Popo 2 MATCHIADON Jean Pêche-Président USPP Ayiguinnou 3 AMOUSSOU Adjénoda Maraîcher Président de

Groupement de maraîchers (GMA)

Ayiguinnou

4 SOSSOU Bernadette Trésorière de GMA Maraîchère

Ayiguinnou

5 ADANHOUMEY Christophe

Maraîcher Vice-Président GMA

Ayiguinnou

6 KOUMOU Akouélé Maraîchère Membre GMA Ayiguinnou 7 VIAHO Comlan Christian Chargé Pêche Maritime

Grand-Popo Grand-Popo

8 AMEDJOGBE Akakpo Pêche Roberty PLAGE 9 ABOKI Benoît Pêche Houndjohoundji 10 KPADONOU Cyrille Pêche Houndjohoundji Houndjohoundji 11 TONATO Comlan Louis Producteur Maraîchère et

planteur Houndjohoundji

12 GBAHOUNDJO Léon S.O.P. CARDER Grd-CARDER 13 De Souza Benoît Pêcheur marin Ayiguinnou 14 KOUMONDJI Boniface Manioc maraîcher GBEHOUE Kpablè 15 EZE Koudadjè Huile rouge GBEHOUE Watchi 16 HOUNSIAFA Tossou Maraîchage GBEHOUE Kpalè 17 Mme ATIGNON Chantale Huile roue ZOGBZDJI GBEHOUE 18 MENSAH-GGA Alexandre Huile de Coco Onkinhoué ayiguinnou 19 AGONGLOVI François Pêcheur Houndjohoundji 20 KPADONOU Valaire Maraîcher Houndjohoundji 21 HOUNKPATIN Houéssou

Evariste Maraîcher Houndjohoundji

22 Gbêtoho Clément Maraîcher Houndjohoundji 23 Montcho Bessanh Maraîcher Houndjohoundji 24 AHOUAGNAT Simon K. Maraîcher Houndjohoundji 25 TONATO Erneste Maraîcher Houndjohoundji 26 KLEDJE Ludivic Maraîcher Houndjohoundji 27 HOUENOU Bertin Maraîcher Houndjohoundji 28 GLOKPO Ananou Maraîcher Ounkouhoué 29 ZODJI ZAPO Christophe Houndjohoundji 30 AMOSSOU Joseph Hounsoukoé 31 AMOUSSOU Maurice Hounsoukoé 32 ANANI Amos Hêvê 33 TOSSOU Comlan ONKUIHOUE 34 MENSAH KOUDJEGA ONKUIHOUE 35 HOUNMANOU Maurice EWE-KODJI 36 AHOKIN ZINGAH Hounsoukoé 37 KASSA YAO Hounsoukoé 38 HOUNTONDJI Mègansè Houndjohoundji 39 ADODO K. Léon Houndjohoundji

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Nom & prénoms Secteur d’activité Village de provenance 40 KOUDJEGA Mensah Hounkuihoué 41 TOSSOU Comlan Hounkuihoué 42 ABENI LOKO Robert Hounsoukoé 43 MENSAH YY Joseph Ounkouihoué 44 FIODENAJI K. Assise Conducteur Houndjohoundji 45 AKOKPO Pierre Producteur Grand-Popo Personnes ressources AGOUA Florentin, socio-économiste KOUAKANOU Bonaventure, Ingénieur agronome, Secrétaire exécutif de la Chambre d’agriculture DEGUENONVO Isidore, Sociologue, Programme de professionnalisation de l’agriculture COUCHORO Nestor, Président CLCAM, Dassa BOSSOU André, Gérant CLCAM, Dassa KOUKPONOU Charles, Agronome indépendant, Bohicon HOUNDONOUGBO Clément, Conseiller en développement économique, Coopération décentralisée Zou, Collines / Picardie Sous-Préfet de Grand-Popo

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Union Départementale des producteurs (UDP) -Borgou Union Sous-Préfectorale des Producteurs de N’Dali Séance du 23/07/2001 N° Nom et prénoms Provenance

1 SABI MAGA Benoît Maréborou 2 CHABI D. Samuel Maréborou 3 KORA Nassirou Sirarou II 4 KABARAGUI Tarou Sirarou 5 GAWE Gounou Sirarou 6 ONOU D. Moussogui Banyénou 7 CHABI G. Gomba Banyénou 8 TABE Amouda Ouénou C 9 MAMOUDOU Zoubérou Ouénou C 10 ALLAGBE Boni Sakarou 11 ADDA Orou Gado ‘’ 12 OROU Gani Kpéra KONIGUEA 13 LAWANI Mariam Suanin 14 GOUROU Y. Hassana ‘’ 15 Bio adam sika ‘’ 16 DELONGNI Bio Bnari Temé 17 KOTO aboubakary ‘’ 18 MANSA Aboudou Suanin/N’Dali 19 LAFIA Abdoulaye Suanin/N’Dali 20 TOKOROU Narcisse Ouénou 1°/ 21 SOUROKOU Imorou Ouénou 1 22 LAFIA Dama Benoît Siarou 23 OROU Y. Sokoni Douro ‘’ 24 GONI B. Kora DOUROUBE 25 ZASSIGUI CH. SIKA 26 BIO SOUMANOU GBEGOUROU 27 IMOROU Mama Wobakurou N’Dali 28 GUERRA Soumanou ‘’ 29 GBEGOUNONROU Dokocoro Alafoarou 30 TAMOU Yarou Gounin 31 BAGRI Tamou ‘’ 32 DASSAMOU Salifou Wèrèkè 33 KOERA Clément ‘’ 34 AHOUANSOU Andoche Binassi 35 YAROU John Banhoun 36 YAYA I Moussa Bori 37 OROU B. André ‘’ 38 IMOROU Yacoubou Bokou 39 KOTO Bio ‘’ 40 MORA K. Orou Marégourou 41 OROU Wari sommi Wari 42 GOUNON S. Alain Bankounkpo 43 GATTA Matchou ‘’ 44 CHABI Y. Jean Daron

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N° Nom et prénoms Provenance 45 SERO Manou N’Dali 46 YAROU Guiné N’Dali 47 SERO Bin N’Dali 48 ZIME Jeanne N’Dali 49 IBOURAÏMA Azaratou Wobakorou 50 MAMA Biba ‘’ 51 ZORE KPERA Madélaine ‘’ 52 Soubigui Dado ‘’ 53 SACCA Gniré ‘’ 54 SOUBOGNI Baki ‘’ 55 Boungni N’Doumo Baké ‘’ 56 SIDI Amoussatou ‘’ 57 LAFIA Azaratou ‘’ 58 LAFIA Amadou N’Dali 59 MORA Borê Moussa Tamarou 60 OROU BERO César Sirarou 61 KOTO N’Gobi Roger Sonnoumon 62 KORAI Chabi Douarou Union Départementale des producteurs de l’Ouémé : Sous-Préfecture de BONOU 1 KOUNOU Elie Président de la coopérative rurale d’épargne et de prêt

d’Assrossa , Secrétaire général de l’USPP 2 GNONLONFIN Patrice Agriculteur formateur et Gérant de l’USPP, maître

alphabétiseur 3 ADANGO Etienne Agent du CARDER (Technicien supérieur) 4 ATINKPASSO

Gninafon Agent du CARDER

5 GODONOUKPE David Agriculteur-pêcheur 6 GOTA Jonh agriculteur 7 Mme HOUNMENOU

Marie Agricultrice et exploitante de carrière de gravier à Assrossa

8 BONOU Tossou Mathieu

Pêcheur agriculteur

9 OUINSOU François Planteur de palmier à huile, chef de village Agbona-Bonou

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DASSA-ZOUME : 27-07-2001 Séance FUPRO-ROPPA : Elaboration de la politique agricole de Pays de l’UEMOA N° Noms et Prénoms Provenance

1 YEFLAZAN Rhoël Paouignan 2 AVODAGBE Narcisse Paouignan 3 TODOME Clément Paouignan 4 BADJEHAN Daniel Dassa 5 HEDEGBETAN Edgard Dassa 6 AYENAN Vincent Dassa centre 7 IBA Idossa 8 OGAN Nestor Banigné 9 FAGNISSEY Fulgence Dassa 10 OKRY Flount Dassa-Z (Paouignan) 11 OFRAN Paul 12 DOSSOU Remy Dassa CARDER 13 OKAMBAWA Waliam Guy Vétohiré Dassa-Zoumé 14 AHODODE S. Cosme 15 IWIKOTAN Mathurin Dassa-Zoumé 16 AGBESSI T.A. Roger CARDER Dassa 17 IWIKOTAN L. Alexandre Dassa 18 TCHEKPO Alexandre CARDER 19 ATTIN Benjamin Dassa 20 ADOUKONOU Maxime Dassa 21 TOHO D. Martin Paouignan 22 AKPO K. Adrien Loulè 23 LEGBA Honoré Gbaffo 24 TOGNI Joseph Gbaffo 25 SOSSOU Lazare Soclogbo 26 AWOKOU Justin Bêtêcoucou 27 KANTI Edgard Soclogbo 28 AGBLA Martin Soclogbo 29 AYEROUMI David Banigbé 30 AFORA Boniface Banigbé 31 KEKE Philippe Dassa/Kpakan