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u-.llVERSlTE de PARIS IV INST1nrr D' ETIDES ffiF.(QJES Thèse de Doctorat d'Etat ès Lettres présentée par OtMAR SANKHARE Agrégé des Lettres H<:M:RE ET LA L IlTERATIJRE BYZANT lNE DU XIIe SI ECLE Sous la Direction de Mons ieur GILBERT Professeur au Collège de FRANCE Année Universitaire 1989 - 1990

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Agrégé des Lettres
H<:M:RE ET LA L IlTERATIJRE BYZANT lNE DU XIIe SIECLE
ooo~
Professeur au Collège de
chers,
une analyse du traitement d'HOMERE au XI lesiècle. Nous avons
été d'abord conduit à nous interroger sur les prolongements
1ittéraires des poèmes homériques dans l'Antiquité gréco­
romaine et au Moyen-Age byzantin. En effet, HOMERE n'a ja­
mais cessé d'être le terreau de la 1ittérature grecque.
Ainsi, à travers les siècles, la geste troyenne a été chantée
par bon nombre d'écrivains qui se sont ingéniés à imiter ou
à corriger le Poète.
place d'HOMERE dans l'enseignement et la culture de l'époque
des Comnènes. Cette période s'est particul ièrement illustrée
dans les études homériques qui constituaient la base de
l'éducation et l'expression de la sensibilité byzantine. Il
n'est alors aucune discipl ine scolai re, aucun genre 1itté­
raire qui ne tire son origine et son original ité de l' 11iade
et de l'Odyssée.
En outre, il nous a paru uti le d'étudier les
oeuvres homériques de deux grands 1ittérateurs byzantins du
Xllesiècle : Isaac le Porphyrogennète et Jean TZETZES. Le
... / ...
entre autres écrits, trois traités dans lesquels il a exa­
miné la vie, l'oeuvre et la langue d'HOMERE. Quant au
second, il est l'auteur d'ouvrages multiples et multiformes
où il a abordé tous les domaines de l'érudition byzantine.
Au moment où nous soutenons cette thèse, il
nous plaît de signaler la lourde dette de reconnaissance
que nous avons contractée à l'égard de Monsieur Gi Ibert
DAGRON, Professeur au Col lège de France. Celui-ci nous a
proposé le sujet et nous a guidé avec une bienvei 1lance et
une disponibi 1ité exemplaires.
nous voudrions associer Monsieur Jean SIRINELLI, Professeur
à l'Université de Paris-IV-Sorbonne/qui a toujours porté
un vif intérêt à nos études et à nos recherches.
Enfin, que tous ceux qui, de près ou de loin,
ont contribué à la réalisation de ce travail trouvent ici
l'expression de notre profonde gratitude.
IERE
3
Grèce. Toute l'éducation hellène était fondée sur la con­
naissance des poèmes homériques. C'est cela qui expl ique
leur longévité et leur éternelle jeunesse. Tout au long
des sfêcleSj se sont multipl iées les oeuvres d'inspiration
horné r i que • Conme nt é t ab 1i r une 1i ste ex ha us t ive de ces
innombrables écrits qui ne nous sont pas tous parvenus?
Notre propos se bornera à l'étude d'HOMERE après HOMERE
dans l'Antiquité et à Byzance.
t-OtERE DANS L 1ANf 1au 1TE •
L' 11 iade et l'Odyssée ne sont pas les
seules oeuvres qui retracent la geste troyenne. Cel le-ci
a été célébrée par de nombreux écrivains anciens. Dans
cet tesu r vie d' I-iOv'IERE à t r aver si'An t iqui té, i 1 est po s ­
sible de distinguer deux aires culturelles: la Grèce et
Rome.
poèmes du "cycle troyen" au nombre de six: Les chants
cypriens de STASINOS de Chypre (Villes.), l'Ethiopide
et l' 11ioupersis d'ARCTINOS de Mi let (Villes.), La Petite
... / ...
de Trézène (VI les.) et la Télégonie d'Eugamon de Cyrène
(Vies.)
de ces oeuvres. Toutefois, el les nous sont bien connues
grâce à la Chrestomathie de proclos(l). Cette étude sur
la 1ittérature grecque contenait un chapitre consacré à
l'épopée. Précisément, à propos de ce genre 1ittéraire,
l'auteur avait résumé tous les poèmes du "cycle épique".
L'ouvrage de Proclos ne nous est pas par­
venu. Mais, entre le 1le et le IXes., un grammairien ano-
nyme en avait détaché le résumé de la geste troyenne pour
l'uti 1iser comme préface à l'édition des oeuvres d'I-IOv1ERE.
Les Chants Cypriens, composés de 11 1ivres,
rapportent ces faits antérieurs au récit de l' 11iade :
·Z~u~ ti~nt con~~iL av~c 7himi~ ~u~ La
gu~~~~ d~ 7~oi~. Comm~ L~~ di~ux t~~toi~nt
aux noc~~ d~ PiLi~, ~u~vi~nt E~i~ qui
~u~cit~ ~nt~~ Athina, Hi~a ~t Aph~odit~
un~ qu~~~LL~ ~u~ La t~auti. Pa~ o~d~~ d~
Z~u~, H~~m~~ conduit L~~ di~~~~~ ~u~ L'Ida
pou~ qu~ Pâ~i~-AL~xand~~ L~~ jug~. Et
Pd~i~, ~iduit pa~ L~ ma~iag~ av~c HiL~n~,
acco~d~ L~ p~ix à Aph~odit~. Ap~~~ c~La,
con~~iLLi pa~ Aph~odit~, Pâ~i~ ~~ tait
con~t~ui~~ d~~ vai~~~aux. HiLino~ Lui tait
d~~ p~idiction~ ~u~ L'av~ni~. Aph~odit~
... / ...
o~donn~ à Ené~ d~ . m~tt~~ à la voil~
av~c lui. Et Ca~~and~~ tait d~~ p~idic­
tion~ ~u~ l'av~ni~. D~~c~ndu à Lacidémon~,
Alexand~e e~t ~eçu pa~ l~~ 7ynda~id~~, et
ap~è~ cela à Spa~t~ chez ~énéla~. A l'oc­
ca~ion du ~anquet, Alexand~~ tait d~~
p~é~ent~ à Hélène. Pui~ ~énéla~ tait voil~
v~~~ la C~ète en demandant à Hélène d~
tou~ni~ l~ néc~~~ai~e aux h~te~ ju~qu'à
l~u~ dépa~t. P~ndant ce temp~1 Aph~odite
unit Hélèn~ à Al~xand~e. Ap~è~ leu~
union, il~ ~m~a~qu~nt l~ plu~ de ~iche~~e~
po~~i~l~ ~t ~'éloign~nt d~ nuit. Hé~a
dicl~nch~ un~ t~mpit~ ~u~ ~ux. Alexand~e
~~t j~té à Sidon et il ~'~mpa~~ d~ la
vill~. A ~on ~~tou~ à Ilion, il cilè~~~
~on ma~iag~ av~c Hilèn~. C'~~t alo~~ que
Ca~to~ ~t Pollux ~ont ~u~p~i~ à di~o~~~
l~~ vach~~ d'Ida~ ~t Lyncé~. Ca~to~ ~~t
tui pa~ Ida~, Lyncée ~t Ida~ ~ont tué~
pa~ Pollux. Z~u~ acco~d~ aux d~ux t~è~~~
une immoJl.ta!-iti alt~~né~. Ap~è~ c~la,
I~i~ annonc~ à ~inéla~ l~~ évén~m~nt~
qui ~~ ~ont dé~oulé~ ch~z lui. C~lui-ci
~u~vi~nt ~t dili~è~~ av~c ~on t~è~~ ~u~
l'~xpédition cont~~ Ilion. ~ai~ N~~to~1
dan~ une dig~~~~ion o~atoi~e, lui ~acont~
comment Ep~pé~ tut anianti pou~ avo~~
~éduit la tille de Lycu~gu~. Il eXpo~~
... / ...
I Î, i
1
7
~n pa~cou~ant la q~èc~. Il~ ~u~p~~nn~nt
lllYh~~ qui t~ignait la toli~ pa~c~ qu'il n~
voulait point all~~ ~n gu~~~~ : ilh i~
contond~nt g~âc~ au~ con~~~i~ d~ Paiamèd~,
~n d~~otant 7~i~maqu~, tiih d'lliYhh~,
comm~ pou~ i~ tu~~. PUih iih h~ ~~unih­
h~nt à 4ui~h ~t tont d~~ ~ac~~t~c~h. Et
C'~ht l~ ~~c~t du h~~p~nt ~t d~h mo~n~au~.
Cal chah l~u~ ta~t d~h p~~d~ctionh hU~ i~h
~v~n~m~nt~ tutu~h. Iih p~~nn~nt ~ntin i~
ia~g~. Iih ato~d~nt à 7~uth~an~a ~t,
h'imaginant qu~ C'~ht 7~oi~, iih m~tt~nt
ia v~li~ à hac. 7~ièph~ a~~iv~ à la ~~h­
COUhh~, tu~ 7h~~hand~oh, t~lh d~ Polynic~
~t lui-m€m~ ~ht tl~~h~ pa~ Achili~. L~h
q~~c~ quitt~nt ia ~Yhi~. lln~ t~mp€t~ l~~
ah~a~li~ ~t i~~ di~p~~h~. Achiii~ ato~d~
à SCY~Oh ~t ~pOUh~ D~idami~, t~ii~ d~
Lycomèd~. Enhuit~ 7~ièph~, h'~tant ~~ndu
à 4~gOh hU~ i~h con~~iih d'un o~acl~, ~ht
gu~~i pa~ Achiil~, à condition qu'~i
guid~ ia tiott~ jUhqu'à Ilion. Quand
i'~~p~dition h'~ht ~ah~~mti~~ un~ ~~cond~
toi~ cl Auli~, Agam~mnon, au cou~h d'un~
chahh~, atat un~ tich~ ~t h~ vant~ d'avoi~
hu~pahh~ mêm~ A~t~mih. Et la d~~hh~ ~~­
~~t~~, ~nvoi~ d~~ t~mpit~h pou~ l~h ~m­
pich~~ d~ h'~mta~qu~~. Et Cal chah l~u~
~~vèi~ la colè~~ d~ la d~~~h~ qui d~man­
dait qu'Iphigéni~ iu~ tût hac~iti~~. Iih
ia tont v~ni~ comm~ hi ~ii~ d~vait ~pOUh~~
Achill~, ~t h'app~êt~nt cl la hac~it~~~•
..• 1••.
8
chl!.Z ll!./.) 7aultl!./.), l!.i Lui.. donnl!. L'immo/l.ia-
Liié, ap/l..è/.) aVO-L1t mi../.) à /.)a pLa Cl!. unl!.
R..ichl!. /.)U/l. l'auil!.l. IL/.) toni voill!. Vl!./l./')
7énédo/.). 7andi/.) qu'i..L/.) /.)oni à un R..anqul!.i,
Philoci.èil!. l!./.)i mO/l.du pa/l. un /')l!./l.pl!.ni d'l!.au.
Comml!. La R..Ll!./.)/.)u/l.l!. Itépand unl!. odl!.u/l. nau­
/.)éaR..ondl!., Phi..Loci.èil!. l!./.)i aR..andonné à
Ll!.mno/.). Achi..lLl!., appl!.lé ll!. dl!./l.ni..l!./l., l!./.)i
iltan/.)po/l.ié aup/l..è/.) d'Agaml!.mnon. Comml!. il/.)
dl!./.)cl!.ndl!.ni /.)U/l. Ll!. /l.i..vagl!., iL/.) /.)oni /l.l!.pou/.)­
/.)é/.) palt Ll!./.) 71t0Yl!.n/.), l!.i P/l.oié/.)i..la/.) iomR..l!.
/.)ou/.) Ll!./.) coup/.) d'Hl!.ctolt. En/.)uitl!., Achi..Lll!.
Ll!./.) ml!.t l!.n tuiil!. ap/l..è/.) avoi../l. taii pélti../l.
Cycno/.), Ll!. ti..L/.) dl!. Po/.)éidon l!.t il/.) l!.nL.è­
vl!.nt ll!./.) mO/l.t/.). Unl!. amta/.)/.)adl!. l!./.)i l!.nvoyél!.
aup/l..è/.) dl!./.) 7/l.0Yl!.n/.) pOU/l. /l.écLaml!./l. HéL.ènl!.
l!.t Ll!./.) /l.ichl!./.)/.)l!./.). Comml!. Cl!.ux-ci n'oR..éi../.)­
/.)l!.nt pa/.), iL/.) donnl!.ni alo/l./') l'a/.)/.)aui.
En/.)ui..tl!., pa/l.coultant ll!. pay/.), il/.) déva/.)tl!.nt
au/.)/.)i ll!./.) vi..Lll!./') l!.nvi../l.onnanil!./'). Ap/l..è/.)
cl!.la, AchiLll!. a l!.nvil!. dl!. contl!.mpLl!./l.
Hél.ènl!. : Aph/l.odiil!. l!.i 7héii/.) Ll!./.) ml!.iil!.ni
l!.n p/l.é/.)l!.ncl!. L'un dl!. l'aut/l.l!.. Pui/.) Achi..Lll!.
/l.l!.iil!.ni ll!./.) Achél!.n/.) qui /.)'applt~tl!.ni à
ltl!.toultnl!.lt. En/.)ui..tl!., i..L l!.mm.ènl!. ll!./.) vachl!./')
d'Enél!., /.)accagl!. LY/l.nl!./.)/.)o/.), Pl!.dia/.)o/.) l!.i
plu/.)i..l!.u/l./.) vi..Lll!./.) d'all!.ntoult l!.t tUl!. 7/l.ôllo/.).
Pailtocll!. conduit Lycaon à Ll!.mno/.) l!.t
L'échangl!.. Dan/.) ll!. tuti..n, Achi..lLl!. Itl!.çoit
POU/l. /.)a palti B/l.i../.)éi/.) l!.i Agaml!.mnon, Chlty­
/.)éi/.). Pui../.), C'l!./.)t La mO/l.t dl!. PaLam.èdl!. •
.../ ...
9
Vi~nt ~n~uit~ La voLonti d~ Z~u~ d'aLL~9~~
L~~ 7~oy~n~ ~n tai~ant ~~nonc~~ AchiLL~ à
~out~ni~ L~~ q~~c~, pui~ ~ntin L~ cataLo9u~
d~~ 7~oy~n~.·(3)
L'intérêt des Chants Cypriens réside dans
le fait qu' j Is relatent les événements dont la connaissance
est nécessaire pour comprendre le récit de l'II jade qui
ne débute qu'à la dixième année de la guerre de Troie.
C'est également en vue de compléter le poème d'HOMERE, qui
s'ac hè ve sur 1e s fun é rai Ile s d' Hec t 0 r, qu'A rc tin 0 s de Mj 1et
a composé l'Ethiopide. L'ouvrage qui, à travers cinq 1ivres,
exposait la suite de l 'histoire jusqu'à la mort d'Achi 1le,
a été ainsi résumé par Proclos :
·A~~iv~ aLo~~ au ~~cou~~ d~~ 7~oy~n~ L'ama­
zon~ P~nthi~iL~~, tiLL~ d'A~è~ ~t 7h~ac~
d~ nation. Ap~è~ un~ ~~~i~ d~ victoi~~~,
~LL~ ~~t tui~ pa~ AchiLL~ ~t L~~ 7~oy~n~
Lui donn~nt La ~ipuLtu~~. 7h~~~it~, qui
inju~iait ~t ~aiLLait L~ hi~o~, amou~~ux,
dit-on, d~ L'amazon~, ~~t i9aL~m~nt mi~ à
mo~t pa~ AchiLL~. L~ m~u~t~~ d~ 7h~~~it~
ayant ~u~citi La di~co~d~ pa~mi L~~ Achi~n~,
AchiLL~ cin9L~ V~~~ L~~to~, ott~~ un
~ac~itic~ cl ApoLLon, A~timi~ ~t Lito, ~t
~~ tait pu~iti~~ d~ ~on c~im~ pa~ liLy~~~.
~~mnon, L~ tiL~ d~ L'Au~o~~, ~~ p~i~~nt~
au ~~cou~~ d~~ 7~oy~n~ av~c un~ a~mu~~ to~­
9~~ pa~ Hiphai~to~. 7himi~ annonc~ cl ~on
... / ...
cou~~ d'un com!at, Antiloque e~t tué pa~
~emnon. én~uite Achille met à mo~t ~emnon.
Zeu~1 ~u~ la p~ii~e de l'Au~o~e, lui ac­
co~de l'immo~taliti.
Achille alo~~ ~e tou~ne cont~e
le~ 7~oyen~1 pénit~e ju~que dan~ la ville
et tom!e ~ou~ le~ COUpA de Pâ~i~ aidi d'~pol­
tio/ii' (Ji,. lin violent com!at ~e li..v~e autou~
du cadav~e j Ajax pa~vient à l'empo~te~
ho~~ du champ dR,,""l.~!-.q.;;;i.le, cependant qu' lily~­
~e tient le~ ~iJ~;'ii;;-;"i/r..~~pect. Le~ q~ecA j ..~.' /' '\ ,.,
ente~~ent 4nt.i;lorl'..4.e,,4 f-'fg0~ent le co~p~
d' Achille. 7~~Lt~~~i~.L1~ialo~~avec le
choeu~ de~ ~u',o~~ et d{?..I/ /ii5t.éi..de~ pou~ , f..': 1
pleu~e~ ~on tiLh Ap/l;.~);,>q.uoi, elle l'en-
live du !ûche~ et le t~an,opo~te dan,o l'Ile
Blanche. Le~ Achéen~ ilivent un tom!eau et
dici..dent de,o jeux en ~on honneu~. C'e,ot
alo~~ qu'ent~e lily~~e et AjaxI ~u~git la
que~elle pou~ la po~,oe~,oi..on de~ a~me~
d'Achille." (4)
Quant à la Petite Il iade, qui comprenait
4 1ivres, el le commençait par la dispute des armes d'Achi 1-
le et se terminait sur l'introduction du cheval de bois à
Troie. La Chrestomathie nous en a transmis ce condensé:
... / ...
t~appi d€ toLi€J ~€ dichaln€ ~u~ L€ ~utin
d€~ Achi€n~J pui~ ~€ tU€. liLy~~€ pa~t €n
~m~u~cad~ €t ~'~mpa~~ d'HiLino~. C~Lui-ci
ayant tait d€~ p~idiction~ ~u~ La p~i~€
d€ 7~oi~J Diom~d€ va ch~~ch€~ PhiLoct~t€
à L~mno~. 9ui~i pa~ nachaonJ PhiLoct~t€
tU€ Pâ~i~ €n com~at ~inguLi€~. L€~ 7~o­
y€n~ €nf~V~nL L~ cadav~€ maLt~aiti pa~
niniLa~ ~t L'€nh€v€Lihh~nL.
D€ipho~€ ipou~€ HiLin€. liLYhh~
~am~n~ NéoptoL~m~ d~ Scy~o~ ~t Lui ~€m~L
L~h a~m~~ d€ hon p~~~. L'om~~€ d'AchiLL€
Lui appa~azt. tu~ypyL~ v€nu au h€COU~~ d€
7iL~ph~ ~€ joinL au~ 7~oy~nh. NioptoL~m~
L€ tu~ aLo~h qu'if ~€ di~tinguait danh
L€h com~ath. L~h 7~oy€n~ ~ont a~hiigih.
tt tpéiohJ h€Lon L€ pLan d'AthinaJ conh­
t~uiL L~ Ch€vaL d~ ~Oih. lify~~€ ~€ diti­
gu~~ ~t ~~ ~€nd ~n ~~pion danh 7~oi€. R~­
connu pa~ HiL~n~J iL compLot€ av€c €LL€
hU~ La P~ih€ d€ La viLL~J PUih J ap~~h
avoi~ tui un c€~tain nom~~€ d~ 7~oy€nhJ
if ~~nt~€ p~ih d€h vai~~€au~. tt ap~ih
c€faJ accompagni d€ Diom~d~J iL di~o~~
d'Ifion L€ PaLLadium.
tn~uit~J on tait ~nt~~~ L€h pLuh
~~av€~ d€h Achi~nh danh f~ ch€vaL d~ ~Oih.
L€h aut~€h 9~€c~ m€tt~nt f~ t~u au~ L€n­
t€hJ €t h'€n vont à 7inido~. L~h 7~oy€n~J
... / ...
ap~~~ avoi~ aiattu un pan de La mu~aiLLe.
Pui~, iL~ he Liv~ent à La tite, comme
~'iL~ avaient ~empo~té La victoi~e ~u~
Leh g~ech (5).11
les deux 1ivres de 11 11 ioupersis, qui embrassaient les
faits suivants:
à p~OpOh du chevaL, iL~ ~e ~éunihhent pou~
déLiié~e~ hU~ ce qu'iL convient de tai~e,
IL taut, heLon Le~ un~, Le p~écipite~
d'en haut, heLon Leh aut~e~, Le con~ume~.
D'aut~eh enco~e dihent qu'on doit Le con­
hac~e~ à ~théna. ~ La tin, L'avih de ceh
de~nie~h L'empo~te. ILh h'adonnent aux
pLaihi~h et te~toient comme hi La gue~~e
avait ceh~é.
houdain et aniantihhent Laocoon et L'un
de heh deux entanth. Leh compagnonh d'[née,
t~ouiLéh pa~ Le p~odige, h'entuient ve~h
L'Ida et Sinon, d'aio~d teignant d'ent~e~,
éL~vent pou~ Leh ~chéenh deh to~cheh aL­
Luméeh. Ceh de~nie~h ~eviennent de 7éné­
dOh. Ceux qui he t~ouvaient à L'inté~ieu~
du chevaL de ioih tondent ~u~ Leh ennemih,
en tuent un ion nomi~e et h'~mpa~ent de
La viLLe de vive to~ce.
... / ...
~étugié ~u~ L'aut~L d~ Z~u~ H~~k~io~.
~énéLa~ ~~t~ouv~ Hélèn~, La ~amèn~ dan~
L~~ vai~~~aux ~t m~t à mo~t D~iphog~.
Ajax, tiL~ d'ILé~, vouLant a~~ache~
Ca~~and~~ d~ to~c~, ~nt~aLn~ av~c ~LL~ L~
Xoanon d'Athéna. C~la ~~mpLit d~ tu~~u~ l~~
9~~c~ qui décid~nt d~ L~ Lapid~~ i mai~
lui, ~'étant ~étugié ~u~ i'aut~i d'Athéna,
échapp~ au pé~iL qui i~ m~naçait. én~uit~
i~~ 9~~Ch cingi~nt ~t Athéna machin~ L~u~
p~~t~ ~n m~~.
And~omaqu~ à tit~~ d~ ~écomp~n~~. On h~
pa~tag~ i~~~ht~ du gutin. Démophon ~t Aca­
mah ~~t~ouv~nt A~th~a ~t l'amèn~nt av~c
~ux. én~uit~1 ii~ inc~ndi~nt ia vili~ ~t
"égo~g~nt PoLyxèn~ ~u~ La tomg~ d'AchiiL~ (6) .
Par contre! les cinq 1ivres des Nostoi ra-
contaient comment les Grecs! en dehors d'Ulysse! sont ren-
trés dans leurs patries après la prise de Troie. Les pé-
ripéties de leurs retours présentent de nombreuses simi 1i-
-Athéna ~uhcit~ un~ di~cuhhion ~nt~~ Aga­
m~mnon ~t ~énéia~ cl p~OpOh d~ L'~mga~qu~­
m~nt pou~ i~ ~~tou~. Agam~mnon ~~ht~ pou~
apaih~~ ia coiè~~ d~ ia dé~h~~. Diomèd~
~t N~~to~ p~~nn~nt ia m~~ ~t a~~iv~nt ~an~
~ncomg~~ à la maihon i ~énéla~, pa~ti ~n
14
mêm~ t~mp~ qu'~ux, diga~qu~ ~n égypt~ av~c
cinq vai~~~aux, 1~~ aut~~~ ayant été dé­
t~uit~ pa~ la t~mpêt~ dan~ la m~~, L~~ com­
pagnon~ d~ Ca1cha~, Léonté~ ~t Po1ypoito~
ma~ch~nt à pi~d v~~~ Colophon, I1~ ~nt~~­
~~nt 7i~é~ia~ qui y était mo~t, A1o~~ qu'A­
gam~mnon ~t ~~~ compagnon~ ~'~n vont l 1~
tantôm~ d'Achi11~ l~u~ appa~a~tl ~t ~~~ay~
d~ 1~~ détou~n~~ du voyag~1 ~n l~u~ ~évélant
l'av~ni~, On voit ~n~uit~ la t~mp€t~ autou~
d~~ ~och~~~ Caphé~é~~ ~t la mo~t d'Ajax 1~
Loc~i~n, Néopto1im~, ~u~ l~ con~~i1 d~ 7hi­
ti~, tait l~ voyag~ à pi~d, ~tl a~~ivé ~n
7h~ac~, il ~~ncont~~ li1y~~~ à ~a~oni~, pui~
il achiv~ l~ ~~~t~ d~ ~on voyag~1 ap~i~
avoi~ ~nt~~~é Pho~nix, Lui-mêm~, ap~i~ êt~~
allé ch~z 1~~ ~olo~~~~, ~~t ~2connu pa~
Pé1i~, Pui~ Agam2mnon 2~t tué pa~ égi~th~
2t C1yt2mn2~t~2, Il 2~t v2ngé pa~ O~2~t2
2t Py1ad2, ~éné1a~ ~2tou~n~ ch~z lui·, (7)
Enfin la Télégonie apparaît essentiellement
comme le dénouement de l'Odyssée; plus proche du roman en
prose Que de l'Epopée, l'oeuvre était centrée sur le pef-
sonnage de Télégonos, fi Is d'Ulysse, Qui, par méprise,
tuait son père. Voici comment la Chrestomathie rapporte
ces événements Qu'Eugamon de Cyrène avait distribués en
deux 1ivres :
p~och~~. lilY~~21 ap~i~ un ~ac~itic2 aux
Nymph2~, ~'2mga~qu2IPou~ é1i~, in~p2ct2~
~2~ t~oup2aux, Il 2~t ~2ÇU pa~ Polyxéno~J
qui lui tait cad2au d'un c~atè~~ ~u~ 12qu21
15
nio~1 Agam€d€~ et Aug4a~. Pui~J ~ent~€ à
Itaquel il accomplit le~ ~ac~itice~ comman­
d4~ pa~ 7i~€~ia~. Pui~1 il va chez le~ 7he~~
p~ote~ dont il €pou~e la ~eineJ Callidic4.
La gue~~e €clate ent~e le~ 7he~p~ote~J con­
duit~ pa~ lily~~eJ et le~ B~yge~. Là l A~è~
met en d€~oute le~ gen~ d'lily~~el mai~
Ath4na comtat cont~e lui : Apollon le~
~€pa~e. Ap~è~ la mo~t de Callidic€1 la ~o­
yaut4 4choit pa~ ~ucce~~ion à Polypo€tè~1
til~ d'lily~~e et lui-m€me ~ent~e à Itaque.
Su~ ce~ ent~etaite~1 74l€gono~1 ~'€tant
emta~qu€ à la ~eche~che de ~on pè~eJ ato~de
en Itaque et ~avage l'lle. lily~~e p~end le~
a~me~. Son til~ le tue pa~ e~~eu~. 7€l€go­
nO~J app~enant ~a m€p~i~el t~an~po~te le
cadav~e de ~on pè~eJ avec P€n€lope et 7€l4­
maquel chez ~a mè~e. Celle-ci le~ ~end im­
mo~tel~ j 7€l4gono~ 4pou~e P€n€lopel et
7€l€maquel Ci~c€w. (8)
Outre ces poèmes cycl iques qui eurent un
vif succès à leur époque, le lyrisme choral du Vies. a
puissarrrnent contribué à l' irrrnortai isation de la légende
troyenne. Stésichore d'Himère introduisit des récits my-
thiques dans ses odes. Ainsi, après avoir violerrrnent dé-
crié la conduite d'Hélène dans l'un de ses hymnes, il au-
rait composé une pal inodie où il affirmait que l'épouse
de Ménélas ne se serait pas rendue à Troie et que Paris
n'aurait enlevé que le fantôme de celle-ci(9). De plus,
nous connaissons les titres de deux de ses recueils relatifs
au cyc 1e troyen
Toutefois, c'est surtout à l'époque clas-
sique ·que fut vulgarisée l'épopée homérique.
On sait que celle-ci a d'abord fait l'objet
de récitations. Les aèdes organisés en corporations comme
la confrérie des Homérides de Chios se transmettaient ces
r é c i t s a vecIes que 1sil s 0 f f rai en t des dive r t i s seme nt s 1 i t -
téraires dans la haute société.
La première édition attestée des poèmes
d'HOMERE eut 1 ieu au Vlesiècle sous Pisistrate. Au témoi­
gnage de CICERON(10), ce dernier arrangea les écrits du
poète auparavant mélangés. Ce texte officiel était récité
aux Panathénées(11). Cependant, plus tard, des vi 1 les ou
de simples particuliers publièrent des éditions différentes.
L' Il iade et L'Odyssée se répandirent alors dans le monde
hellène. C'est par el les que les écol iers de toute la Grèce
apprenaient la lecture et l'écriture, tout en exerçant leur
mémoire par la récitation de certains passages.
En outre, dès cette époque commencèrent les
études sur le texte d'HOMERE. Ainsi, les Diascévastes(12),
que les Alexandrins considéraient comme des interpolateurs,
sep r 0 p0 sai en t d' age nce rie s ver s. Ou a n t à Z0'; 1e , ils' est
élevé dans son Homéromastix(13) contre la veine fantaisis­
te du Poète.
Ma i s sil e s Od e s de Pin dare ( 14) é v0 que nt 1es
t i f 1
fier, par delà la victoire des athlètes, la gloire antique
dei eu r s f am i Ile sou dei e urs pat rie s, i 1 re vie nt t 0 ut e -
fois au théâtre d'avoir rendu populaires les récits du cy-
cie troyen. Parmi les légendes et les mythes grecs qui
constituaient le fonds de la tragédie, cette geste était
l'une des plus en vogue.
A cet égard, il est significatif que des
sept pièces qui nous sont parvenues d'Eschyle, trois soient
consacrés à ce sujet. En effet, la tri logie de l 'Orestie
représentée en 458 comportai t l'Agamemnon, les Choéphores
et les Euménides.
L'Agamemnon montre les circonstances dans
lesquel les le Chef suprême de l'armée grecque a été as-
sassiné par son épouse à son retour de Troie.
Les Choéphores présentent la venue d'Oreste
qui, pour venger son père Agamemnon, tue sa mère Clytem~
nestre.
Dans les Euménides, le matricide est pour-
sui vipa rie s Fur i es, pu i ses t fin a 1eme n t ab sou sparie
tribunal de l'Aréopage.
qui a consacré de nombreuses pièces à la légende troyenne.
Des sept tragédies que la tradition conserve de lui, on
ne relève pas moins de trois pièces relatives à ce sujet.
,if
La plus ancienne sans doute, Ajax, relate
la folie du héros qui, dépité de n'avoir pas obtenu les
armes d'Achi le, massacre des troupeaux avant de se suici-
der.
d'Eschyle, montre comment Oreste et sa soeur Electre ont
accompl i leur vengeance sur les assassins de leur père.
Enfin, dans le Phi loctète, Néoptolème et
Ulysse dérobent au héros abandonné à Lemnos les armes
d'Héraclès qui, seules, sont à même d'accorder la victoire
aux Grecs. Le fi Is d'Achi 1 le, ému par la peine de Phi loc-
t è te, 1u irend son b i en: c' est a 1 0 r s que 1e dem j - die u .
apparaît pour ordonner à celui-ci de se rendre à Troie avec
les deux hommes.
Ma i s, dan s ce doma j ne, 1a pal me est à dé-
cerner à Euripide. Sur dix-neuf pièces qui subsistent de
son 0 e uv r e - sil '0 n yin c 1u t 1e Rh é sos -, dix cé 1è br en t 1a .
geste de Troie.
Les Troyennes constituent le troisième élé-
me nt dei a tri log ie t r 0 yen ne r e pré sen t ée en 4 15 par Eu r i ­
pide(15). Après la prise de Troie, les Grecs se répartis-
sent les femmes captives. Cassandre échoit à Agamemnon et
Andromaque à Néoptolème tandis que Polyxène est égorgée
sur la tombe d'Achi Ile et qu'Astyanax est précipité du haut de
c' ..
19
être mise à mort et Hécube devenue servante d'Ulysse après
avoir longuement gémi sur les malheurs de Troie.
L'Hécube, composée de deux parties, peint
la douleur de la reine devant le suppl ice de sa fi 1le Po­
Iyxène immolée et sa haine à l'égard de Polymnestor, l'as­
sassin de son fi Is Polydore, à Qui el le crève les yeux.
Dans l'Andromaque, la veuve d'Hector devenue
mère d'un fi Is, Molossos, se trouve en proie à la haine
d'Hermione, l'épouse légitime de son maitre. Mais le vieux
Pélée la protège cependant que Néoptolème est assassiné
à Delphes par Oreste.
cel le d'Homère. Selon Euripide, l'épouse de Ménélas ne se
serait jamais rendue à Troie mais se trouvait en Egypte
sous la garde du roi du pays, Protée. A la mort de ce der­
nier, son fi Is Théoclymène, dans sa volonté de l'épouser
malgré el le, la retint prisonnière. Bientôt Ménélas ap­
parut et les époux réussirent, par ruse, à rentrer dans
leur patrie.
Quant au Rhésos dont l'authenticité a été
mise en doute, el le développe le sujet du Xe chant de
l' Il iade,où Ulysse, en compagnie de Diomède, vient dans le
camp des Troyens pour enlever les chevaux de Rhésos.
C'est par contre au IXe chant de l'Odyssée
20
ajoute les personnages bouffons des Satyres et de Si lène,
l ' ama t eu r de vin.
D'autre part, la légende des Atrides Qui
recoupe cel le de la guerre de Troie a fourni au poète les
sujets relatifs aux enfants d'Agamemnon. Ainsi, deux tra-
gédies sont consacrées à Iphigénie.
Dans l'Iphigénie à Aul is, la flotte grecque
est retenue à Aul is par un calme plat. Le devin Calchas
interrogé annonce Que le sacrifice de la fi 1le d'Agamemnon
est nécessaire pour rendre les Yé:~ç;~~·;a~(j~ables. On fait '\.' / ~. --~.\
venir Iphigénie sous prétexte d~ i~4)anCerà Achi 1le mais .' ----·'o-·__ ,. ! .
en réalité pour l'offrir en victime exp'j"ato,ire à Artémis.
Au moment où elle va être égorgée. el,lfvest remplacée sur
l'autel par une biche.
le devenue prêtresse d'Artémis en Tauride où sont prati-
Qués des sacrifices sur tes étrangers. Mais voici Que se
présentent Oreste et son ami Pylade. Alors Qu'el le al lait
i rrmo 1ers 0 n f rère, e Ile 1e r econ na Î t et par vie n t à s' en -
fui r a vec 1u i .
Da ns l' E1ect r e ,la p r i ne e 5 5 e ma r i é e à uni a-
boureur, reçoit à la campagne deux étrangers, Oreste et
Pylade. Elle finit par identifier ses hôtes. Les deux frè-
res réussissent à venger le meurtre de leur père.
21
Argos. Un complot offre à Oreste, Electre et Pylade l'oc­
casion de s'emparer du palais royal. A la fin, Apol Ion in­
tervient pour dénouer la situation.
Comne on le constate, la plupart des thèmes
mis en scène par les Tragiques proviennent essentiellement
des poètes du cycle.
pour voir l'éclosion des recherches phi lologiques
sur 1es t ex tes d 'I--IOv1ERE . Les é r udit s 1es plusil 1us t r e s
ont été Zénodote d'Ephèse, Aristophane de Byzance et Aris­
tarque. Ce dernier est l'auteur d'une édition d'l--IOv1ERE
considérée comne le chef-d'oeuvre de la critique alexandrine.
Mais l'oeuvre homérique la plus célèbre de
cette période demeure l'Alexandra de LycoPhron(16). Poème
singul ier de 1474 vers qui constituent les prophéties ren­
dues par Alexandra-Cassandre à la vei Ile du départ de Par i s
à Sparte. La jeune fi Ile y prédit la prise de Troie, les
destinées tragiques des héros, l 'établ issement de colonies
grecques et les guerres médiques.
Au 11I~ siècle, Quintus de Smyrne compose
une oeuvre conçue comne un complément à l'épopée homéri­
que. La Suite d'Homère en 14 chants raconte la légendetdes
fun é rai Iles d' He c t 0 r à 1a pris e de Troi e •
L'Amazone Penthési fée, venue au secours des
22
Tr 0 yen s, est tuée par Ac h i Ile Qui a f f r 0 ntel ,g-th i 0 pie n
Memnon dans un combat singul ier où ce dernier trouve la
mort. Bientôt le fi Is de Pélée est abattu par Phoebos.
Les Grecs célèbrent ses funérai 1 les et organisent des jeux
en son honneur. On assiste alors au jugement des armes et
au suicide d'Ajax. Ensuite, Eurypyle arrive à Troie cepen­
dant Que les Achéens accuei 1 lent Néoptolème et Phi loc­
tète. Ce dernier tue Pâris dans un combat au tir à l'arc.
Enfin, les exploits d'Enée, l'épisode du cheval, le saè
de Troie sont longuement décrits avant le retour des
Achéens.
proviennent de sources disparates. Quintus s'inspire tan­
tôt des poètes du cycle, tantôt des Tragiques, tantôt des
mythographes. lia fi na 1ement réuss i à créer une épopée
remarquable dont le caractère didactique ne le cède en
rien aux préoccupations morales.
Quoi QU' i 1 en soit, son influence est mani­
feste sur la Prise d'Ilion de Triphiodore(17}. Ce poème
de 691 vers évoque les derniers moments de la cité de
Priam. La construction et l'introduction du cheval à Troie,
"incendie et le pillage de la ville en constituent les
principaux épisodes.
Mais si la Prise d'Ilion recoupe les livres
XII à XIV de la Suite d'HOMERE, il n'en demeure pas moins
~-~~---~-------
du Cycle, les Tragiques et Lycophron.
Quant à l'Enlèvement d'Hélène de Col louthos,
ils ' agi t d' un é py Iii 0 n rel a tif a u j ugeme nt de Pâ ris et au
rapt de l'épouse de Ménélas. Au cours des noces de Thétis
et de Pélée, un concours de beauté oppose les 3 déesses
Héra, Athéna et Aphrodite. El les sont départagées par le
troyen pâris qui décerne la victoire à la déesse de l'Amour.
En récompense, cel le-ci accorde à pâris la bel le Hélène
qui se fait enlever par son amant tandis que sa fi 1 le Her-
mione se laisse aller au désespoir.
Le sujet a été maintes fois traité, en par­
ticul ier par Stasinos dans les Chants Cypriens et par les
Tragiques dans de nombreux drames. On le trouve également
chez Isocrate(18) et Lucien(19), mais également chez
Catulle(20) et Ovide(21). Tryphiodore a su combiner avec
bonheur les différentes versions de ses devanciers.
Ainsi donc, l'épopée homérique a profondé-
ment marqué le monde grec. Mais cette passion sans bornes
pour "les deux fi 1 les d'HOMERE" al lait également affecter
Rome.
térature sur ce thème. A cet égard, la production dramati­
que des 111~ e t 11~ s i ècIe s a van t J. C• est for t s i gri i fic a -
24
tive.
Livius Andonicus(22) traduit l'Odyssée en.
ver s s a t u r nie nset j 0 ue des t r a gé diesin t i t u 1ées Ac h i 1e ,
Ajax, Egisthe, Hermione.
tres le Cheval de Troie, le départ d'Hector, Iphigénie.
Le poète comique PLAUTE(24) parodie la prise
de Troie dans ses Bacchides.
Ennius(25) compose une Andromaque captive
et une Hécube.
Pacuvius(26) est l'auteur d'une -II ion qui
fut par tic u 1 i è reme nt env 0 gue.
Quant à Accius(27), il a emprunté au cycle
troyen trois tragédies: Astyanax, Diomède, les Myrmidons.
Toutefois, c'est VIRGILE(28)qUi, 1er -, 1au siee e,
fami 1 iarisa les ~ins avec la geste troyenne. Son Enéide
en 12 1 ivres relate les aventures d'Enée fuyant sa patrie
en cendres pour aller fonder une nouvel le nation, Rome.
Les six premiers chants constituent une
imitation de l'Odyssée tandis que les six derniers s'ins-
pi rent de l'II iade.
Le récit de la prise de Troie qu'Enée fait
à Didon occupe tout le second 1 ivre. C'est d'abord la re-
25
lation de l'épisode du cheval de bois et des ruses du
traître Sinon. Puis le poète décrit l'introduction du
prodige dans la ville, le retour des Grecs de l'Île de Té­
nédos et la sortie nocturne des guerriers hors du cheval.
Troie est prise d'assaut et d'horribles scènes de carnage
se déroulent à la lueur des flammes de l'incendie. A la
fin, Enée, cédant aux consei Is du fantôme d'Hector, quit­
te la Troade en emportant les Pénates de la cité vers une
nouve Ile Iii on.
L'épopée vi rg i 1 i enne rep résen te une 1égende
étiologique qui célèbre la grandeur de Rome en rattachant
sa fondation à la glorieuse Troie et au héros Enée, fils
d ' Ap h r 0 dit e -Vé nus, l' an c ê t r e dei a dy na s t i e j u 1 i 0 - c 1au ­
dienne.
de l'époque relat i fs à ce sujet.
Un certain Pompeius Macer le Jeune, contem­
porain de VIRGILE, aurait composé en vers des Antehomerica
et des Posthomerica.
respondance fictive de personnages féminins légendaires,
principalement homériques.
adressées par des héroines à leurs époux ou leurs amants.
On y trouve des lettres d'amour de Pénélope à Ulysse, de
26
Briséîs à Achi 1le, de Didon à Enée. Création originale,
les Héroldes s'inspirent néanmoins des exercices scolaires
tels que les éthopées et les suasoires.
Tou t e foi s, l' 0 eu v r e mai t res s e d'av 1DE de -
meure les Métamorphoses. Constituées de 15 chants rédigés
en he xamè t r es, e Ile s ra con t en t 1est r ans for ma t ion s de pe r -
son nages divins ou humains en animaux, en végétaux ou en
minéraux. Les récits des 1ivres XII et XIII puisent leur
matière dans le cycle troyen.
Au début du 12~ chant, le poète montre la
flotte grecque retenue à Aul is par des vents défavorables
et décrit le sacrifice d'Iphigénie qui est remplacée par
une biche. Ensuite, c'est le débarquement des Grecs suivi
duc omb a t sin gui i e r en t r e Ac h i Ile et Cy c nus, mé t amo r ph 0 s é
en Cygne. Après quoi, le vieux Nestor relate les aventures
du guerrier Cénée et de son frère Periclymène, changés le
p r em i e r en 0; s eau, 1e sec 0 nden a i g 1e. La fin duc han tes t
consacrée au meurtre d'Achi 1le par Paris et au jugement
des armes.
Le 13~ 1i v res' 0 uv r e sur 1es pla i do Yers
d'Ajax et d'Ulysse et sur le suicide du fi Is de Télamon.
lise poursuit avec les scènes atroces de la prise de Troie,
le sacrifice de Polyxène, l'assassinat de Polydore par
Polymnestor et la vengeance d'Hécube métamorphosée en
27
chienne. Les épisodes de la geste troyenne s'achèvent
avec les funérai 1 les de Memnon et le départ d'Enée à la
recherche d'une nouvel le patrie.
Pour OVIDE, l'épopée homérique, loin d'être
l'inspiratrice d'une poésie savante, n'est Qu'un prétexte
au badinage 1 ittérai re.
La même fantaisie apparaît dans le Satiricon
d P Ot (30). t .. . • d 65e e rone ou se rouve Insere un poeme e vers sur
la Prise de Troie. La construction du Cheval de bois, la
mort de Laocoon et de ses deux fil s, le massacre nocturne
des Troyens en constituent les thèmes.
D'autre part'jŒux tragédies de SénèQue(31) sont
respectivement intitulées les Troyennes et Agamemnon.
Les Troyennes combinent, par contamination,
deux pièces d'Euripide. Il s'agit des Troyennes et d'Hécube.
L'ombre d'Achi 1 le réclame le sacrifice de
Polyxène et Calchas annonce la nécessité de précipiter
Astyanax du haut des remparts. Andromaque cherche en vain
à soustraire son fils du danger. La pièce, Qui s'ouvre sur
les lamentations d'Hécube et du choeur des captives troyen-
nes, se referme sur les récits de l'assassinat du jeune
homme et de l'immolation de la jeune fi 1 le.
Quant à l'Agamemnon, el le s'inspire du drame
28
est encouragée par son amant Egisthe à ourdir le meurtre
de son époux. Alors que Cassandre, en proie à la fureur
prophétique, prédit le complot qui se prépare, Agamemnon
survient, entre dans le palais où il est massacré par les
deux amants. Electre s'enfuit en compagnie d'Oreste et ren~
contre Strophius à qui elle confie son frère, après l'avoir
informé du crime. Les meurtriers la jettent dans un cachot
pour la punir tandis qu' i Is mettent à mort Cassandre.
Ces drames, à caractère phi losophique, i 1­
lustrent les maximes de l'école stolcienne.
Enfin, sous l' influence de la seconde sophis­
tique,ont été composés les deux romans troyens de Dictys
de Crète et de Darès de Phrygie(32). Ces récits prétendent
"corriger" l'oeuvre d'HOvlERE en présentant une narration
particul ière des événements.
L'oeuvre grecque de Dictys a été traduite'
par Lucius Septimius sous le titre de Ephemeris Bell i Trojani.
La tradition attribue une origine légendaire à ce texte.
A la suite d'un tremblement de terre en Crète,
au temps de Néron, un.tombeau qui s'était ouvert laissa
apparaître une boîte soigneusement fermée et contenant le
manuscrit grec écrit en caractères phéniciens. Dictys se
présente comme un Crétois, compagnon d'armes d'Idoménée.
29
En réa 1i té, ils' agi t d' un au te u r du p rem i ers i ècie de
notre ère.
dent d'Hector. Son récit est intitulé De excidio Trojae.
Il aurait été traduit du grec par Cornel ius Népos qui
l'aurait dédié à Salluste.
Alors que les 5 premiers relatent le déroulement de la
guerre des origines à la chute de Troie, le 6~ est consacré
au retour des Grecs victorieux.
L'auteur commence sa chronique au moment
où en Grèce se réglaient les affaires relatives à l'héri­
tage d'Atrée. C'est alors que le Phrygien Alexandre, fi Is
de Priam, se rend à Sparte, au palais de Ménélas. Profi­
tant de l'absence de son hôte parti en Crète, Alexandre
enlève sa femme Hélène et emporte de nombreux trésors. La
nouvel le du rapt se répand à travers l'Hellade. Les
chefs grecs se réunissent et décident d'envoyer â Troie
une ambassade composée de Palamède, Ulysse et Ménélas,
pour réclamer Hélène et les richesses. Les ambassadeurs
arrivent à Troie tandis qu'Alexandre se trouvait encore à
Chypre en train de guerroyer. Ils déclarent le but de
leur mission. Mais les frères d'Alexandre n'acceptent pas
der est i tue ria jeu nef emme. Les env 0 yé s me nace nt 1esT r0 ­
yens de représa il 1es. Grâce â Anténor, ils échappent de
justesse â un complet ourdi par le~ fi Is de
30
P r i am. Aleu r r et 0 uren Grè ce, ils exp 0 sen t f es rés u 1ta t s
négatifs de leur démarche. La guerre est alors décidée.
Le rassemblement des troupes a 1ieu à Aul is. Agamemnon est
désigné comme chef suprême. Une peste se déclare. L'oracle
annonce que le fléau ne peut être écarté que si Agamemnon
immole sa fi Ile Iphigénie. Celui-ci refuse. Mais, à la suite
d'une ruse d'Ulysse, la jeune fi Ile vient à Aul is. El le
est sur le point d'être sacrifiée quand une biche apparaît
devant l'autel. Les Grecs quittent Aulis.
Arr j vé s che z 1es My siens, ils se heu rt en t
aux gardes que le roi du pays avait postés sur le littoral.
Ensuite, c'est le récit du meurtre de Pa 1amède. Puis Chry-
sès, prêtre d'Apol Ion, vient réclamer sa fi 1le Astynomé
qu'Agamemnon retient comme captive. Devant le refus de
celui-ci, le prêtre prie le dieu d'envoyer la peste à "ar-
mée. Agamemnon se résoud à rendre fa jeune fi 1le en pre-
nant en compensation Hippodamie, captive d'Achi 1le.
Celui-ci, devenu amoureux de Polyxène, s'en-
gage à mettre fin à la guerre si on lui accorde la main
de la jeune fi Ile. Puis Hector tue Patrocle et plonge Achi 1-
le dans un deui 1 cruel. Ce dernier venge son ami en met-
tant à mort Hector dont il traîne le cadavre. A la fin,
Priam, pour racheter le corps de son fils, se rend auprès
du meurt rie r .
i f
31
vi 1le. Penthési rée, reine des Amazones et Memnon, roi
des Ethiopiens, arrivent au secours de Troie mais sont
tués, peu après, par Achi Ile. Celui-ci est à son tour as-
sassiné traTtreusement par Alexandre qui lui-même est
abattu par Phi loctète, dans un concours de tir à l'arc.
Les Grecs construisent un cheval de bois
qu' ils r emp 1i s sen t de gue r rie r set aban don ne nt a ux po rte s
de Troie. Ils s'éloignent en feignant de rentrer chez eux.
Les Troyens, considérant le cheval comme un don divin,
l'introduisent dans la vi 1le et célèbrent nalvement la
fin de la guerre par des festins. Pendant la nuit, les
guerriers sortent du ventre du monstre et font irruption
sur les Troyens. Les hommes sont massacrés tandis que
les femmes sont emmenées comme captives. Enée quitte Troie
en flamme s pou ralle r f 0 nder une no uve Ile pat rie.
Les Grecs victorieux regagnent leurs foyers,
mais la plupart subissent de graves revers. Agamemnon est
assassiné par sa femme Clytemnestre. Ensuite, celui-ci
est vengé par son fi Is Oreste qui commet un matricide.
Ulysse erre sur les océans au mi 1ieu de multiples dangers.
Tél é go nos, 1e fil s qu' U1Ys se a vait eu de Cire é, seme t à
la recherche de son père qu' i r tue par ignorance.
Tels sont les événements mentionnés dans
l'oeuvre de Dictys.
lement de la première guerre de Troie. Héraclès, furieux
du parjure de Laomédon, vient détruire Ilion en compagnie
de Télamon. Puis, c'est le récit du rapt d'Hélène par
Alexandre suivi de nombreux portraits de héros et d'hérolnes
grecs et troyens. Ensuite, la narration en vient au ras-
semblement des Grecs à Aul is et à leur départ vers Troie.
Les belligérants se 1ivrent à des combats meurtriers.
Hector est tué par Achi 1le. Celui-ci tombe amoureux de
Polyxène, fi 1le de Priam,et promet de rentrer avec les
Myrmidons si on lui donne la jeune fi 1le en mariage. Pen-
thési lée, reine des Amazones, et Memnon, roi des Ethiopiens,
ven us sec 0 uri ries Tr 0 yen s, son t mis à mo r t par Ac h i Ile.
La ruse du cheval de bois permet aux Grecs de s'emparer
de Troie. Alors Enée quitte Il ion avec les siens.
Ces récits ont connu un immense succès dans
l' Ant i qu i té et dans 1e Moyen-âge grec. Ils ont i nf 1uencé
de nombreux écrivains byzantins qui ont composé leurs oeu-
=-=-=-=-=-=-=-=-=
1) Avant le XI I~ Siècle.
L'illustration la plus éclatante de cette influence
est fournie par l'ouvrage de Jean MALALAS intitulé Chroni­
que Universel le. Cet écrivain du VI~ siècle, originaire
d'Antioche, a rédigé une oeuvre dont l'unique manuscrit
con se r vé rest e i ncomp 1et. E11 e comme ncepa ria Cr é a t ion et
s'achève sur la fin du règne de Justinien 1 er (33~
Le 1 ivre V de cette fresque monumentale est
consacré à la légende de Troie qui est située au temps de
David, 4755 ans après Adam. L'histoire est ainsi racontée.
A la naissance de Pâris, un oracle avait
prédit que l'enfant causerait la ruine de sa patrie. Pour
éviter l 'accompl issement de la prophétie, le père le fit
élever à la campagne. Devenu adulte, Pâris revint à Troie
mais bientôt se rendit à Sparte, au palais de Ménélas.
Celui-ci l 'accuei Il it avec beaucoup d'hospital ité avant de
partir pour la Crète. Profitant de son absence, Pâris en-
leva son épouse Hélène et ses trésors. Mis au courant du
forfait commis par l'étranger, les Atrides envoyèrent à
Troie une ambassade pour réclamer la jeune femme. Devant
le refus de Priam et de ses enfants, la guerre fut décidée.
Le rassemblement des troupes recrutées à
34
travers toute "la Grèce eut 1ieu â Aul is. Au moment du dé­
part ver sil ion, 1e ma uvais t emp s se déc 1a ra. A10 rsie
devin Calchas annonça qu'Agamemnon devait sacrifier sa
fille 1phi 9é nie. Au s s i tôt, U1ys se, par rus e, fit ven i ria
jeunef i Ile qui ail ait ê t re i rrrno 1é e qua ndelle fut r em­
placée par une biche. Ensuite, les Grecs firent voile en
direction de Troie. Dès que les Troyens les aperçurent,
ils tentèrent de les repousser. Des deux côtés tombèrent
denomb r eux gue r r j ers. Pu i sies Gre cs ail ère n t p i Ile ries
vi 1les d'alentour. Achi 1le, en compagnie d'Argiens et de
Myrmidons, attaqua les cités environnantes d'où il rappor­
ta, entre autres captives, Astynomé dite Chryséis et Hip­
podamie appelée Briséis. Quant â Ajax, il enleva Tecmesse
après avoir tué au combat son père le roi Teuthras.
A ce point du récit, Malalas présente deux
séries de portraits de héros homériques. D'abord il décrit
les Grecs Mérion, Idoménée, Phi loctète, Ajax le Locrien,
Pyrrhos ou Néoptolème et Calchas. Ensuite, c'est au tour
des Troyens Priam, Hector, Deiphobe, Hélénos Troi los,
Pâris ou Alexandre, Enée, Glaucos, Anténor, Hécube, Andro­
maque, Cassandre, Polyxène.
Vient alors le catalogue des vaisseaux grecs
que l'auteur évalue à 1250 et la première partie du 1ivre
V s'achève sur la prise de Troie avec son cortège de mas­
sacres et de pi J lages.
35
La seconde partie s'ouvre sur les prépara-
tifs pour le retour des Grecs après la guerre. Une dispute
éclata au sujet du Palladium entre Ajax, fi Is de Télamon,
Ulysse et Diomède. Chacun fit valoir ses hauts faits en
vue de l'obtention de cette statue en bois ayant pour vertu
de rendre inexpugnable la vi Ile qui la possédait. Finale-
ment, le talisman fut confié à Diomède jusqu'à ce que fût
dés i gné cel u i qui 1e mé rit ait. Aj a x, sese ntan t 1é sé, se
donna la mort.
d'Ulysse qui ponctuèrent ses errances à travers les mers:
les épisodes des Lotophages, du Cyclope, de Circé, de Ca-
Iypsô, des Sirènes.
mède et d'Agamemnon dans leurs patries et décrit les hon-
neurs funèbres rendus par Néoptolème à Ajax.
Alors apparaît Teucros, frère d'Ajax, qui
remercie Néoptolème pour les funérai Iles du héros. Puis
l 'historien, usant d'un procédé 1ittéraire fort expressif!
cèdei a par ole à l' arr i van t qu' i nter r 0 gel e fil s d'Ac h i Ile.
Ainsi Teucros relate longuement le meurtre
d'Hector par Achi Ile et le rachat du corps de Priam avant
d'en arriver à l'histoire de Penthésilée, reine des Ama-
zones,et de Memnon, roi des Ethiopiens,venus au secours de
36
Troie et mis à mort par Achi Ile. Il clôt son récit sur
les circonstances de l'assassinat d'Achi 1le perpétré par
Pâris et Deiphobe.
avec le complot mortel ourdi contre Agamemnon par sa fem-
me Clytemnestre qui avait comme compl ice son amant Egisthe,
la vengeance de son fi Is Oreste qui tua sa mère et le ju-
gement du matricide qui a été à la fin acquitté par l'Aréo-
page. On voit ensuite Oreste se rendant en Scythie accom-
pagné de son ami Pylade. Là, ils trouvent Iphigénie devenue
prêtresse de Diane. Les habitants du pays pratiquent un
culte barbare qui exige le sacrifice des étrangers. Les
de ux am i s son t sur 1e po i nt d 1 ê t r e i mmo 1é s 10 r s que sep r 0 -
duit une scène de reconnaissance entre le frère et la
soeur. Ensemble, ils s'enfuient de la région pour se diriger
vers la Palestine, puis vers la Syrie. Le roi de Scythie
Thoas envoie des hommes pour les poursuivre. Après de nom-
breuses péripéties, les trois compagnons reviennent en
Grèce.
vi lement ses sources qu' i 1 cite nommément.
Le poète tragique Euripide lui a fourni les
éléments de la légende contenus dans le Cyclope, Iphigénie »
à Aulis et Iphigénie en Tauride.
37
Quant aux informations relatives aux affaires
troyennes, il les a puisées chez Dictys de Crète dont le
nom revient à plusieurs reprises sous sa plume. Lui-même
no us r é vè 1el' ide nt i t é des 0 n mo dè 1e • 10 r s qu' i 1 é cri t :
-Comme Le t~è~ ~avant Dicty~ de C~ète a
t~an~mi~ avec v~~acit~ à La po~t~~it~ ce~
taib~ qui ont ~t~ ~voqu~~ et tout Le ~e~te
~eLatit au~ 9~ec~ qui ont tait campagne à
ILion. Dicty~ ~e t~ouvait avec Idom~n~e
qui com!attait en p~emiè~e Ligne pou~ Le~
Danaen~ et qui ~tait venu dan~ cette gue~~e
avec Le~ aut~e~ Ach~en~. Ce Dicty~ ~tait
Le ~ec~~tai~e d'Idom~n~e. IL a vu e~acte­
ment Le~ p~~ip~tie~ de La gue~~e et Le~ a
con~ign~e~ en tant que t~moin p~~~ent à cet­
te ~poque pa~mi Le~ 9~ec~. IL a mentionn~
tou~ ceu~ qui ont ~t~ mand~~ pa~ Le~ ~oi~
Agamemnon et ~~n~La~, tou~ ceu~ qui ~e ~ont
a~m~~ et ~ont venu~ avec L'e~p~dition à
ILion, chacun avec ~e~ t~oupe~ et ~e~ na­
vi~e~-. (34)
ment~ pa~ llLy~~e, Le~ a ~acont~~-. (35)
et
~i~ième chant-. (36)
38
l'oeuvre de Sisyphe de Cos, ainsi qu'i 1 en fait l'aveu.
WL~~ t~i~ ~avant~ S~~yph~ d~ Co~ ~t D~cty~
d~ C~it~ ont t~an~m~~ c~~ ~nto~mat~on~ à
fa po~té~~té.w. ( 37)
Qui était cet auteur? Malalas le précise
WS~~yph~ d~ Co~ qui J av~c 7~uc~o~J pa~t~ci­
pa à fa gU~~~~J a fiv~é c~~ ~~n~~ign~m~nt~
pa~ ~~~ éc~it~. L~ poit~ HO~EREJ ayant
t~ouvé c~ t~x.t~J compo~a L'IL.i.ad~ ~t VIR9ILE
fa ~u~t~. 70ut c~fa ~~t au~~~ ~appo~té. dan~
f~~ ouv~ag~~ d~ DictY~J f~~qu~f~J pfu~i~u~~
~~icf~~ ap~i~ HO~ERE ~t VIR9ILE J ont été.
~~t~ouvé~ dan~ un cott~~tJ ~ou~ f~ ~ign~
d~ f'~mp~~~u~ Cfaud~ Né.~onw. (38)
En réal ité, de même que Dictys et Darès, Si-
syphe de Cos ne serait que le pseudonyme d'un écrivain.
Tou te foi s, l' ab sence du nom de Da r ès dei a
Chronique Universelle a aiguisé la curiosité de bon nombre
de critiques.C~est en effet chez celui-ci que se rencon­
trent les portraits de héros que Malalas (39) attribue à
Dictys. Ils ne figurent nulle part dans la version latine
du récit de Dictys qui nous est parvenue. Peut-être exis­
taient-i Is dans le texte grec.
Ces représentations qui prétendaient tirer
le caractère de l'apparence physique obéissent à la méthode
39
anatomique de la science physiognomonique. Particul ière­
ment en vogue à Byzance, el les ont contribué non seulement
à modeler des stéréotypes de visages destinés à fixer dé­
finitivement les personnages de la légende ou de l 'his­
toire, mais encore à orienter l'art byzantin dans la tra­
dition iconographique.
signaler le commentaire allégorique d'une grammairienne
du VI~ siècle nommée Démo. Il semble qu'Eustathe, dans la
composition de ses commentaires, ait uti 1isé ce traité
qui s'inspire de l'oeuvre du stoTcien Cratès de Mal los.
Démo airait proposé une interprétation physique des allé­
gories d'HOMERE en expl icitant les rapports entre les élé­
ments de l'Univers.
traduisit en syriaque l'Iliade et l'Odyssée tandis que le
grammairien Kométas composa des épigrammes d'inspiration
homérique.
études phi lologiques sur les textes d'HOMERE et nous a
transmis les éditions savantes les plus importantes. Parmi
les manuscrits de l'Iliade, certains se distinguent par
l'abondance de leurs schol ies. Il s'agit du Venetus 453 (B)
du Towleyanus 86 (T) datant du XIe siècle et du Venetus 454 (A
40
qui remonte au Xe siècle.(40) Ce dernier manuscrit, décou­
vert par d'Ansse de Vi 1 loison en 1779, est un parchemin
de 327 pages écrit d'une main unique et comportant de ri-
ches schol ies. Dans la marge gauche du texte sont employés
les signes critiques tels que l'obel, l'astérisque, l'obel
astérisqué, la diplé, la diplé pointée et l'antiSigma.(41)
Mais le plus grand représentant de l'exégèse
homérique du XIe siècle est Michel PSELLOS(42). Cet écri-
vain doublé d'un homme d'Etat s'est proposé d'expl iquer
allégoriquement l'oeuvre d'HCMERE dans des écrits destinés
à compléter sa paraphrase de l" 1iade. PSELLOS était con-
vaincu que le salut de l 'Empi re byzantin était 1 ié au dé­
veloppement de la connaissance de l'Antiquité. De plus,
selon lui, l 'hellénisme avait voi lé sous les mythes la
révélation chrétienne. Fortement nourri de néoplatonisme,
il a puisé ses interprétations, en particul ier chez Porphyre,
Jambl ique et Proclos.
C'est ainsi qu'i 1 a consacré un opuscule
entier à la glose de la chaine d'or contenue au 8~ chant de
l" 1iade. (43) Se fondant sur une opinion néoplatonicienne,
il montre que la chaîne d'or représente le J ien divin qui
uni t chaque homme à und jeu pCl. r tic u 1 ie r •
WLa chaln2} écrit-i l, 2~t f2 ~ymgof2 d2 f'2n­
t~2fac2m2nt 2t d2 fa fiai~on d2~ 2f2m2nt~
2nt~2 2U~. Ain~i donc} f2~ ~2cond~ ti2nn2nt
41
au~ p~2mi2~~~ L2~ t~oi~i~m2~ au~ ~2cond~~
2t ain~i d2 ~uit2 pa~ contigulté~ 2t tou~
~'appui2nt ~u~ l2 p~2mi2~ p~incip2~ qui
2~t l2 Z2U~ d2~ q~2C~... L2 co~p~ ~'2L~V2
V2~~ L'âm2~ L'âm2 V2~~ L'2~p~it~ L'2~p~it
V2~~ Di2U". (44)
parlent les néoplatoniciens.
rapidement à la transposition chrétienne en remplaçant
Zeus par Dieu le Père.
Enfin, pour le XI~ siècle, l'on ne peut pas-
ser sous si lence George CEDRENUS, auteur d'un abrégé
d'Histoire(45) qui commence à la Création pour s'achever
sur l'avènement de l'empereur Isaac Comnène en 1057.
CEDRENUS, comme ses devanc i ers, in tèg re 1a
légende troyenne à l 'histoire de l 'humanité. Les premiers
chapitres de sa relation montrent la naissance et l'enfan-
ce de Pâris, le rapt d'Hélène, "expédition des Grecs
contre Troie, la mort d'Hector, le rachat de son corps,
les meurtres de Penthési lée et de Memnon, l'assassinat
d'Achi 1 le et la prise de Troie. Ensuite, CEDRENUS évoque
la querelle du Palladium, les errances d'Ulysse, le retour
tragique d'Agamemnon, le matricide d'Oreste et ses aven-
tures en Scythie.
prédécesseurs se retrouvent chez lui. La question qui se
pose alors est de savoir si CEDRENUS a suivi une source
comnune ou s' i 1 a subi l'influence d'écrivains comne MALA-
LAS.
Ainsi, à travers les siècles, la légende
de Troie est restée un sujet de prédi lection pour les let-
t rés. Ce Ile - ci, r e pris e 0 u t rans for méeau gré des é p0 que s ,
n'a cessé de vivifier la 1ittérature gréco-romaine. Tou-
tefois, cette profonde admiration que Byzance nourrissait
pour HOMERE n'a trouvé son apogée qu'au XI le siècle, véri-
table âge d'or des études homériques.
2) Au XI I~ Siècle.
HOMERE devient alors le poète à la mode.
Son oeuvre apparaît comne le chef d'oeuvre du génie humain.
Même les membres de la fami 1le impériale s'adonnent à
l'étude de l'Iliade et de l'Odyssée. Irène, l'épouse de
l'Empereur Manuel, charge Jean TZETZES(46} de lui expl iquer
HOMERE. Le gramnairien lui dédie trois ouvrages destinés
à lui faci 1iter la compréhension de J'oeuvre du poète:
la théogOnie(47}, le commentaire à 1III iade(48}, les Allé­
gories d'HOMERE(49}.
La Théogonie débute par un prologue où TZET­
ZES loue les quai ités intellectuel les et morales de l' impé-
43
ratrice. Puis il étudie la généalogie des dieux, des
dem i - die ux e t des mo ns t res. Ap r è s quo i, i 1 d re s sel e ca t a -
logue des guerriers troyens et grecs.
Les di fférentes part ies de l'oeuvre sont
rel iées d'une manière très lâche. A la suite de la dédi-
cace, TZETZES introduit la 1iste des dieux par ce vers:
Voici q.u..ef..q.UM-un.~ cLR.-o p~ cLieux. cl Let.uz.
ginR..a1.og.œ. (SO)
annoncée brusquement par ces mots :
"Ap~i~ t'avoi~ dit C~~ p~opo~ ~u~ L~~ di~uxJ
v~non~-~n i~iiv~m~nt aux hi~o~ L~~ pLu~
i~av~~ pa~mi L~~ ch~t~ g~~c~ ~t t~oy~n~ ~t
p~n6 d~~ ~tt~ctit~ d~~ d~ux a~mi~~". (51)
Cette oeuvre plus érudite que 1ittéraire
constitue une imitation du poème du même nom d'Hésiode
qu' i 1 c i t e nomméme nt. ( 52 )
Quant au second 1ivre intitulé Commentaire
à l'Iliade, il s'agit d'un recueil de cours professé par
TZETZES où celui-ci critique ses devanciers. Publ ié en
1143, il a été ensuite complété par des annotations.
Les Allégories sont constituées de deux poè-
me s écri t sen ver s pol i t i que s don t dix mille no us son t par-
44
venus. TZETZES y consacre un long prologue à la naissance
et à la vie d'HOMERE, retrace les événements de la guerre
de Troie depuis le songe d'Hécube et la naissance de paris
et accompagne le récit d'expl ications allégoriques tou­
cha nt à 1a ph Ys i que, 1a mo rai e e t l' h i s toi r e .
Par ai lieurs, pour compléter le récit
d'HOMERE, TZETZES a composé une oeuvre particul ière:
intitulée les chants il iaques(53). Le 1ivre divisé en trois
parties (Antehomerica - Homerica - Posthomerica) relate
respectivement les faits antérieurs à 1fI liade, les scènes
de ce poème et les épisodes ultérieurs. Ces écrits s' ins-
pirent de MALALAS, OUINTUS de Smyrne et TRIPHIODORE.
Un autre membre de la fami 1le impériale,
Isaac le porPhyrogennète(54), frère d'Anne Comnène, a trans-
mis son nom à la postérité à travers ses trois traités ho-
mé ri ques.
par HOMERE(55), passe en revue les événements 1iés à la
guerre de Troie mais omis par le poète (premières guerres
de Troie contre les Amazones et contre: Héraclès, fondation
d'I'~U::ol"\, mort de Pr iam, métamorphose d'Hécube).
Les traits et caractères particul iers des
Troyens et des Grecs à Troie(56) représentent des portraits
45
physiques et moraux. Ces descriptions qui se fondent sur
la science de la physiognomonie proviennent sans doute de
MALALAS qui 1u i -même 1es a ex t rai tes de Di ct Ys de Cr è te.
Enfin l'Introduction à l'Etude d'HOMERE(57)
inspirée de la Vita Homeri du Pseudo-Plutarque comporte
deux parties. L'une renferme des éléments biographiques
sur HOMERE et une analyse de la composition des poèmes
homériques. L'autre est consacrée à la langue et au style
du poète.
Cestextes 0 nt une val eu r 1i tt é rai r e i ns i -
gnifiante mais leur intérêt réside dans les innombrables
i nfor ma t ion s qu' ils no us 1i v r en t sur l' é r udit ion byzan tine .
De cette science, le plus grand maître
demeure à cette époque EUSTATHE de ThesSaIOnique(58). Ori-
ginaire de Constantinople, il devint archevêque après avoir
été pro f es se u r der hé t 0 r i que. Da ns 1a 1i t té rat ure et 1a
civi 1isation byzantines, il occupe une grande place tant
par ses travaux phi lologiques que par le rôle pol itique
et religieux qu'il a joué.
Outre des écrits d'actual ité corrme les trai-
tés, les discours et les lettres ayant trait aux affaires
re 1 i g i euses, il a composé des corrmenta ires su ries poètes
anciens et particul ièrement sur HOMERE.
Le traité homérique est intitulé
1 1
l'Iliade d'HOMERE(59) •
plus importants que ceux de l'Odyssée. EUSTATHE traite
également des différences poétiques entreèies~dèuxipoèmes-
et:de~leur influence sur les écrivains postérieurs.
A une grande finesse d' interprétation, il
allie des connaissances encyclopédiques. Son exégèse est
particul ièrement minutieuse. Ainsi, pour le commentaire
du premier vers de l'II iade, il ne consacre pas moins de
douze pages in quarto(60). Ses sources sont variées: scho-
1 ies sur HOME RE , Athénée, Strabon, Etienne de Byzance,
Héracl ide de Mi let. Ael ius Denys, Pausanias, la Souda,
l 'Etyrnologicum Magnum.
au siècle des Comnènes que son oeuvre déteint sur toute
1a pro duc t ion 1 i t t é rai re. Même 1eshi s t 0 rie nsin t r 0 du i sen t
la légende de Troie dans leurs récits.
Constantin MANASSES(61), auteur d'un précis
d'histoire en vers,du commencement du monde jusqu'à Nicé­
phore BOTANIATE(62), y relate longuement les affaires de
Troie.
A la suite de l'histoire biblique, MANASSES
aborde le sujet de la guerre de Troie qu' i 1 place sous le
47
règne de David. Le fi Is de Priam et d'Hécube, Alexandre,
s ' é tan t rend u à Spa rte, en 1è ve Hé 1è ne, l' é pou se dur 0 i
Ménélas et se dirige vers Troie. Mais des vents contraires
les jettent sur les rives du Nil. Le roi du pays Protée
retient la jeune femmecet renvoie Alexandre avec des menaces.
Mis au cou ra nt de ce ra pt, 1es Grecs ras s emb , en t une a r ­
mée,en vue d'une expédition contre Troie, dans l'intention
de reprendre Hélène. Manassès décrit les combats qui se
déroulent devant les remparts de Troie entre Grecs et
Tr 0 yen s. 11 racon tel e comp lot fun est e 0 urd i par U1ys se
contre Palamède, ce qui aéclenche la colère d'Achi 1le plu­
tôt que l'affaire de Briséis. Puis il aborde le récit de
1a mo r t de Pat roc 1e et de celle d' Hec t 0 r. Vienne nt a 10 r s
au secours de Troie les Amazones, David et les Indiens
qui sont défaits et tués par les Grecs. Achi Ile devenu
amoureux de Polyxène demande la main de la jeune fi 1le.
Au moment où le mariage va être célébré, Deiphobe et Pâris
le tuent par ruse. On fait venir à Troie son fils Pyr-
rhus. Les Grecs, instruits par un oracle, construisent un
che val de b0 i s qui 1eu r pe rme t des' emp are rd' Iii 0 n. De
nouveau, Ménélas fait voi le vers l'Egypte où se trouve sa
femme. Pro t é e 1a 1u i r eme t. Pu isil rev i en t dan s sapa tri e .
Pendant ce temps, son frère Agamemnon, de retour de Troie,
est assassiné par Clytemnestre aidé de son amant Egisthe.
Bientôt Oreste tue sa mère Clytemnestre pour venger son père.
48
Tel est le récit que Manassès nous a 1ivré
sur les affai res de Troie. Il est à constater que cette
relation suit de très près cel les de Stésichore, d'Hérodote,
et d'Euripide qui y intègrent des éléments égyptiens.
Par contre, Nicétas CHONIATE(63) reconnaît
dans son Histoire qu'Hélène est allée en Egypte mais seu­
lement à son retour de Troie. L'historien, à la fin de son
ouvrage, s'interroge ainsi:
·Pou~quoi H€l~n~ aux ~~a~ ~lanc~J aux ~~aux
pi~d~ ~t au long cOUJ c~ll~ qui a ~a~~~m~l€
tout l~ p~upl~ h~ll~n~ à 7~oi~J qui a a~at­
tu 7~oi~J a-t-~ll~ tait voil~ ~n di~~ction
du Nil ~t ~~t-~ll~ ~~v~nu~ d~ là aux mo~u~~
d~~ Lacidimoni~n~ ?·.(64)
Ces écr ivains ont subi l' inf luence de la
1 ittérature posthomérique. Et à quelques variantes près,
ils reproduisent la même version de la légende de Troie.
CON C LUS ION.
Tout cela atteste, outre la vogue que con­
nu t t-ICMERE a u XII ~ s iècie, 1a pe r e nnit é des 0 n 0 eu v r e qui,
au cours des âges, n'est jamais tombée en désuétude.
Si la prise de Constantinople par les Latins
en 1204 et la partition de l'Empir.e ont engendré un certain
49
déci in de la civi 1isation byzantine, les études homéri-
ques n'en ont pas moins continué dans le royaume grec de
Nicée. (65)
seur de rhétorique et secrétaire impérial, compose un com-
mentai re allégorique d'HOMERE tandis que Manuel MOSCHOPOU-
LOS commente les deux premiers chants de l'Iliade. A la
même époque, Jean PEDIASIMOS rédige un guide allégorisant
des quatre premiers chants de l'Iliade et Mathieu d'Ephèse
publ ie ses travaux sur le Poète.
Au siècle suivant, un disciple de Planude,
Georges LECAPENE, écrit des traités de grammaire et de
rhétorique où sont abondamment cités les vers d'HOMERE. Il
f au t égal eme nt me nt ion ne r, pou rie X1V~ s iècie, 1a ver s ion
grecque du roman de Troie de Benoît de Saint-Maure, l'A­
chillt!ide(66), la Métaphrase de l'Iliade de Constanti"n HER­
MONIAKOS(64) et un poème en grec vulgaire d'un auteur ano-
nyme sur 1a gue r re de T roi e ,
De plus, il existe deux précieux manuscrits
de cette époque, riches en schol ies, le Genevensis 44 (G)
da tan t du XII 1~ s i ècie e t 1e L i psi en sis 32 (L) r emo ntan t
au XIVe ou XV~ siècle.
En définitive, une des gloires de cette
50
C'est en effet par la richesse de la 1ittérature byzantine,
surtout au XI le siècle, que le poète de l'Iliade et de
l'Odyssée conserve cette fraîcheur et cette jeunesse si
admirables.
NOT E S -=
1. La Chrestomathie n'a pas été composée par le phi losophe plato­
nicien PROCLUS du V~ siècle après J.C., mais par le grammairien
PROCLOS qui vivait au l'~ siècle après J.C.
2. Le Cycle est constitué de trois groupes d'épopées
thique,geste thébaine, geste troyenne.
3. A. SEVERYNS, le cycle épique dans l'école d'ARISTARQUE, 1928.
4. Ibid.
5. Ibid.
6. Ibid.
7. Ibid.
8. Ibid.
9. Hécatée DE MILET, HERODOTE et EURIPIDE ont suivi une version
assez voisine de cel le que rapporte STESICHORE. De nombreux
fragments du logographe font allusion à la même légende.
L'historien, au 1 ivre Il de ses Histoires (113 sqq.)
rapporte les mésaventures d'Alexandre-Pâris. Comme il rentrait
dans sa patrie après le rapt d'Hélène, voici que des vents con­
traires le jettent sur la côte égyptienne. Le roi du pays, Pro­
tée, retient Hélène et intime à son compagnon l'ordre de quit­
ter l'Egypte.
Pour le poète, seul le fantôme d'Hélène était à Troie
tandis que l 'héroTne el le-même se trouvait chez les Egyptiens
(cf. Hélène).
11. Les Panathénées furent instituées en 566.
12. IV~ siècle avant J.C.
13 • 1 i t t é rai eme nt fla gel 1a t ion d' I-OJIERE •
14. cf. 6~ Pythique éducation d' Ach i Ile.
11~ " légende d'Oreste.
" légende des Eacides et de Néoptolème.
15. Les deux premières pièces, qui ne nous sont pas parvenues,
étaient intitulées Alexandros et Palamède.
16. Lycophron : 1 1 I~ siècle avant J.C.
17. TRIPHIODORE (V~ siècle) a également composé une odyssée 1i-
pogrammatique et une paraphrase des comparaisons homériques.
18 • 1SOCRATE Eloge d'Hélène, 41 sqq.
19. Lucien, Dialogue des dieux, 20, 10 sqq.
21. av 1DE, Ep. 16.
fut emmené à Rome après la prise de cette ville en 272. Il
22. Livius Andronicus: esclave grec originaire de Tarente qui
20. CATULLE· Carmi na, 64. [
t
l'auteur de la première épopée romaine: le Bel lum Poenicum.
24. PLAUTE (254-184) : Né en Onbrie, il aurait fait jouer 21 comédies
53
25. ENNIUS (239-169) : il a, le premier, substitué au vers satur-
nien l'hexamètre dactyl ique dans son épopée en 18 1ivres in-
titulée les Annales.
26. PACUVIUS (220-130)
27. ACCIUS (170-86),
28. VIRGILE (70-19) : lia laissé 3 oeuvres authentiques les
Bucol iques, les Géorgiques, l'Enéide.
29. OVIDE 543 av. J.C. - 17 ou 18 ap. J.C.) est né à Sulmone dans
le Bruttium. lia composé une oeuvre immense et variée (les
Amours, les Heroldes, l'Art d'aimer, les Métamorphoses, les
Fastes, les Tristes, les Pontiques).
30. PETRONE (l~siècle après J.C.) est l'auteur du Satiricon,
roman écrit en prose et en vers.
er31. SENEQlIE (1- s. av. J.C. - 65 ap. J.C.). Auteur d'ouvrages
ph i 1osoph i ques et de t ragéd i es.
32. Voir -R.M. FRAZER, The Trojan war the chronicles of Dictys
of Crète and Dares, the Phrygian. Blooming-
ton, London, 1966.
jani 1ibri, Lipsiae 1958 (Teubner).
Daretis Phrygi i, De excidio Trojae Historia, recensuit
Ferd. Meister. Lipsiae, 1873 (Teubner).
33. Justinien 1er : 527 - 565.
54
34. ~S, Chronique Universel le V, 107, Edition de Ludovicus
Dindorfius, Bonn, 1831.
35. Ibid. 122.
36. Ibid. 135.
38. Ibid. 132.
39. Ibid. 107.
40. Paul ~(J\,I, Introduction à l'Iliade, Paris, les Belles Let­
tres, 1942, pages 9-10.
L'obel marque une condamnation, une athétèse. ( ---)
L'astérisque indique un vers jugé authentique et
bien à sa place mais répété abusivement dans un autre passage
du poème.
La diplé renvoie le lecteur à une note historique
o u g r alTTTla tic ale 0 u à une var jan te. (> La diplée pointée révèle un désaccord entre les édi­
t ions d' ARI STARQUE et ce Iles de ZENODOTE. ( > L'antisigma soul igne une rédupl ication ou une inter­
version de vers ( .)
cf. ~(J\,I P. i b id. p. 76.
42. Michel PSELLOS, né en 1018, a joué un grand rôle dans l 'his­
toi re de By zan ce, en sa qua 1 i té de con sei Ile r à 1a cou r imp é ­
riale. Il a publ ié ses mémoi res dans sa Chronographie.
55
43. La chaîne d'or est évoquée aux vers 17 à 27 du chant VIII de
de l'Iliade.
·Alo~~ vou~ comp~~nd~~z comti~n j~ l'~mpo~t~1 ~u~
tou~ 1~~ di~ux. 7~n~z, di~ux, tait~~ l'ip~~uv~1 ~t
vou~ ~au~~z, tou~. Su~p~nd~z donc au ci~l un câtl~
d'o~ ; pui~ acc~och~z-vou~-YI tOU~1 di~ux ~t di~~­
~~~ : vou~ n'amin~~~z pa~ du ci~l à la t~~~~ Z~U~I
1~ maLt~~ ~up~~m~1 qu~lqu~ p~in~ qu~ vou~ p~~ni~z.
~ai~ ~i j~ voulai~1 moi , t~anch~m~nt ti~~~1 c'~~t
la t~~~~ ~t la m~~ à la toi~ qu~ j~ ti~~~ai~ av~c
vou~. Ap~i~ quoi , j'attach~~ai~ 1~ cdtl~ à un pic
d~ l'Olymp~1 ~t 1~ tout , pou~ vot~~ p~in~1 tlot­
t~~ait au g~i d~~ ai~~. 7ant il ~~t v~ai qu~ j~
l'~mpo~t~ ~u~ 1~~ di~ux comm~ ~u~ 1~~ homm~~!·
Deux sortes d'exégèse ont été proposées. L'une phy­
sique, de tendance stolcienne, symbol ise les 1 iens qui enchaÎ-
nent les divers éléments de l'Univers en une indestructible
unité. L'autre métaphysique, de tendance néoplatonicienne,
soul igne la relation qui existe entre l 'homme et les puissan­
ces supérieures. (cf. LEVEQUE (P) Aurea Catena Homeri, une
étude sur l'allégorie grecque, Paris, les Belles Lettres,
1959) •
torum Historiae Byzantinae, Tome l, Bonn, 1838.
46. Jean TZETZES (1110-1185) Sur la vie de cet écrivain, cf.C.WENDEL
"TZETZES" RE7A (.1948) 1960-1965.
56
47. ed. 1. BEKKER. Abhdlgn. Berl. A. WISS 1840,147-169. P. MA­
TRANGA, Anecdota graeca Il (1850) 577-598 J. MORAVCSIK, Byz
neugriech Jahrbucher 7 (1929) 352-365. H. HUNGER, Byz. Ztschr.
46 (1953) 302 - 307.
48. ed. L. BACHMANN. Schol ia in Homeri Il iadem 1 (1835) 746-845.
G.L. Calabro Bolletino Comit. prepar. ediz. naz. dei classici
n. s. 12 (1964 67-71).
49. ed. P. MATRANGA 43-295 et J.f. BOl SSONADE , Tzetzae AI legoriae
Il iado (Par i s 1857).
Les Allégories de la seconde moitié de l'Odyssée ont
été publ iées par H. I-il.I'I3ER, Byzantinische Zeitschrift 49 (1956)
(249-310)et par Franca Finocchiaro. Boil. Com. per la prepara­
zione dell'edizione nationale dei classici gr. et lat. n. s.
5 (1957) 4561.
52. Ibid. v. 29.
53. ed~G.B. SŒtIRAQ-I. Tzetzae Carmina Il iaca (Halle 1770),.
54. Isaac le Porphyrogennète est le fi Is d'Alexis 1~ Comnène et
dei ' 1mp é rat r i cel r è ne Do u kas •
55 et 56. Ces 2 textes sont édités dans Polemonis declamationes.
Leipzig. 1873 Hugo Hinck. pages 59-88.
57. La première partie de ce traité a été éditée par J.f. KINDS-
57
Quant au texte entier, nous en avons donné une tràduc-
t ion en annexe de ce travai 1.
58. EUSTATHE de Thessalonique (1115-1195)
Sur la vie d'EUSTATHE, cf. KARL KRUMBACHER. Geschi-
chte der byzantinischen 1itteratur. New-York. 1897 U.S.A.
(Traduit en français. Aix-en-Provence, 1969).
59. G. STALBAUM, Eustathi i ..• Commentari i ad Homeri Odysseam I.J J.
(1825-1826 ; Nd 1960). Ders., Commentari i ad Homeri Il iadem
I-IV (1827-1830) Nd 1960). M. Van der Valk, Eustathi i archiep~s-
copi Thessalonicensis Commentari i ad Homeri Il iadem pertinentes
ad fidem cod. Laurentiani editi. 1 (A- ) (1971). Il (E-I) 1976.
60. Ibid. pages 13-24.
Bon n ., 1837.
62. Nicephore III BOTANIATE (1078-1081).
63. Nicétas a-ta\lIATE (XII~ siècle) est l'auteur d'une Histoi re en
21 1i v re s qui emb ras sel a pé rio de de 11 80 à 1206 • lia é gal e-
ment rédigé un petit traité sur les statues et des oeuvres de
rhétorique.
64. Nicetas a-ta\lIATE, Chronique, ex.rec., 1. BEKKERI, Bonn., 1835,
863,3.
58
66. L'Achi Iléide est un poème épique en grec byzantin qui rapel-
le certaines scènes de l'Iliade.
67. Constantin HERMON~AKOS était un poète attaché à Jean Il Com­
nène Angelodoukas, despote d'Epi re.
Son poème est rédigé à partir des matériaux de
l'épopée homérique et des écrits des chroniqueurs byzantins. En
1526, Nicolas LOUKANIS en a composé une version révisé