On vous demande, sachez répondre
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Actualités pharmaceutiques
• n° 534 • mars 2014 •10
questions de comptoir
© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés
http://dx.doi.org/10.1016/j.actpha.2014.01.001
On vous demande, sachez répondre
À la suite d’un épisode hémolytique, on m’a diagnostiqué un déficit en glucose-6-phos-phate déshydrogénase (G6PD). Quelles sont les précautions à prendre ?
F La réponse du pharmacien
Le déficit en glucose-6-phosphate déshydro-
génase (G6PD) ou favisme est le déficit enzy-
matique le plus répandu chez l’homme. Les zones
les plus touchées sont les pays du pourtour méditerra-
néen, d’Afrique subtropicale, du Moyen-Orient et
d’Asie. En France, 250 000 personnes seraient concer-
nées du fait des migrations de population.
Cette maladie génétique est transmise sur le mode
récessif lié au chromosome X et la plupart des porteurs
sont asympto matiques. Le déficit en G6PD peut provo-
quer une hémolyse aiguë déclenchée par une infection,
par l’ingestion de fèves (favisme) ou par l’exposition à
certains médicaments ou toxiques. Il peut également
être responsable d’un ictère néonatal chez le nouveau-
né. Le diagnostic est basé sur les antécédents de crises
hémolytiques (épisode de pâleur et de fièvre) et
d’ictères, la présence de facteurs déclenchants (médi-
camenteux, infectieux ou ingestion de fèves) et les ori-
gines du patient (africaines, méditerranéennes ou
asiatiques). Le dosage de l’activité enzymatique G6PD
des hématies confirme ensuite le déficit avec certitude.
Le mécanisme de l’hémolyse est biochimique et
concerne donc des classes entières de
médicaments comme les sulfa mides.
L’Agence nationale de sécurité du
médicament et des produits de santé
(ANSM) met à disposition la liste exhaus-
tive des médicaments incriminés en graduant
le risque potentiel en cinq niveaux : utilisation contre-
indiquée ; utilisation déconseillée en raison de cas
observés d’hémolyse aiguë ; utilisation déconseillée en
raison de l’appartenance à une classe pharmaco logique
à risque ou d’un risque potentiel d’hémolyse ; utilisation
déconseillée à posologie élevée ; utilisation possible
après analyse des données disponibles. La tolérance
individuelle aux médicaments étant imprévisible, les
patients déficitaires en G6PD doivent suivre scrupuleuse-
ment ces recommandations. La prise en charge
comprend également une information détaillée sur la
maladie et le risque alimentaire. La posses sion d’une
carte de patient porteur d’un déficit en G6PD comportant
des conseils destinés au patient et à son entourage, ainsi
qu’un volet “soins” pour les professionnels de santé
doit être encouragée. Cette carte peut être obtenue
par demande du médecin traitant sur le site internet
orpha.net ou par le biais d’associations de patients
comme Vigifavisme.
Déficit en glucose-6-phosphate déshydrogénaseJérémy VONOPharmacien
Adresse e-mail : [email protected] (J. Vono).
3 rue Jean-Giraudoux, 19290 Sornac, France
Je pars à l’étranger pour 6 mois. Peut-on me délivrer mon traitement pour la totalité du séjour ?
F La réponse du pharmacien
Une dérogation des articles R. 5132-12 et R. 5123-2 du
Code de la santé publique, précisant la délivrance du
traitement en une fois pour une durée maximale de
30 jours, est prévue pour les patients séjournant à
l’étranger pendant plus d’un mois dans le cas où ils
rencontreront des difficultés d’accès à leur traitement
(médicaments indisponibles dans le pays de séjour ou
incertitude sur l’offre de soins). Les déplacements dans
les départements d’outre-mer et la prise en charge
d’une trousse d’urgence ou d'un traitement préventif
sont donc totalement exclus.
La durée du traitement délivrée ne peut excéder 6 mois
et les médicaments à durée de prescription limitée
(anxiolytiques, hypnotiques et stupéfiants) doivent être
délivrés dans le respect des durées maximales de pres-
cription réglementaire fixées.
Le patient devra justifier d’une prescription du médecin
comportant la mention « Délivrance du traitement en une
seule fois dans le cadre d’un séjour à l’étranger » et d’une
attestation sur l’honneur précisant les renseignements
administratifs (nom, prénom, adresse, téléphone, numéro
d’immatriculation, nationalité, lieu, date et motif du séjour).
L’assuré devra présenter ces pièces à sa
caisse d’Assurance maladie au moins
15 jours avant son départ afin
de recevoir l’avis notifié de prise
en charge, nécessaire au rem-
boursement. En cas de départ immi-
nent, la demande de prise en charge
peut être adressée directement au service de
relations internationales de chaque caisse par fax.
Dérogation en matière de délivrance d’un traitement
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Actualités pharmaceutiques
• n° 534 • mars 2014 • 11
questions de comptoir
Je voudrais prendre “la pilule du lendemain”. Quelles sont les précautions nécessaires ?
F La réponse du pharmacien
Le Norlevo® est une contraception d’urgence
retardant l’ovulation et empêchant ainsi la
fécondation. Son efficacité diminue en fonc-
tion de son délai de prise après un rapport
sexuel non protégé, passant de 95 % avant
24 heures à 58 % après 48 heures. Elle doit donc être
prise dans un délai de 12 heures et sans dépasser
72 heures après le rapport. Si des vomissements sur-
viennent dans les 3 heures suivant la prise, la patiente
doit reprendre un comprimé, une double dose de
Norlevo® ne conduisant pas au surdosage. Elle doit
également s’abstenir de rapports sexuels ou prendre
des précautions contraceptives (préservatifs, spermi-
cides) jusqu’aux prochaines règles. Si, après prise de
Norlevo®, les règles sont moins abondantes que
d’habitude, ou ne surviennent pas sept jours après la
date prévue, il est impératif de vérifier l’absence de
grossesse. Il est important de rappeler que la “pilule du
lendemain” ne protège pas des infections sexuellement
transmissibles. Par ailleurs, la patiente doit être alertée
du risque de diminution de l’efficacité du traitement par
la prise concomitante d’inducteurs enzymatiques
(anticonvulsivants, millepertuis…) ou d’un fort indice
de masse corporelle (IMC). En effet, une étude de
2011 conduite à l’université d’Edimbourg
(Royaume-Uni) montre que les pilules
d’urgence à base de lévonorgestrel per-
dent en efficacité chez les femmes à fort IMC1.
Depuis fin 2013, la notice du Norlevo® et de ses
génériques mentionne donc la perte d’efficacité de la
pilule du lendemain chez les femmes pesant plus de
75 kg et son inefficacité chez celles de plus de 80 kg.
En effet, toujours d’après cette étude, on dénombre 5,7
à 6,4 % de grossesses non désirées chez les femmes
ayant utilisé le Norlevo® et pesant plus de 75 kg (contre
1 à 1,4 % chez celles de moins de 75 kg). L’Agence
nationale de sécurité du médicament et des produits de
santé (ANSM) recommande donc aux femmes ayant un
IMC élevé et souhaitant une contraception d’urgence
de consulter le plus rapidement possible leur médecin
afin d’utiliser un autre moyen. Le dispositif intra-utérin
au cuivre ou l’ulipristal (EllaOne®) représentent des alter-
natives thérapeutiques envisageables dans les 5 jours
suivant un rapport sexuel non ou mal protégé.
1 Glasier A, Cameron ST, Blithe D et al. Can we identify women at risk of pregnancy despite using emergency contraception? Data from randomized trials of ulipristal acetate and levonorgestrel. Contraception. 2011;84:363-7.
Contraception d’urgence
Je pars en pèlerinage à La Mecque. J’aimerais savoir ce qu’il en est du nouveau coronavirus MERS-CoV ?
F La réponse du pharmacien
Le premier cas d’infection respiratoire aiguë à nouveau
coronavirus MERS-CoV (Middle East respiratory syndrome
coronavirus) a été diagnostiqué en France le 7 mai 2013 et
a entraîné la mort d’un patient ayant séjourné aux Émirats
arabes unis. S’en est suivie la contamination d’un
deuxième patient, qui avait partagé la chambre du premier.
Depuis, 150 cas confirmés (dont 64 décès), répartis dans
dix pays, ont été notifiés à l’Organisation mondiale de la
santé (OMS), la grande majorité d’entre eux étant survenus
en Arabie saoudite.
Ce nouveau coronavirus est relativement proche du coro-
navirus humain du syndrome respiratoire aigu sévère
(Sras), identifié en 2003, qui avait provoqué une épidémie
mondiale. Mais, contrairement à ce dernier, il ne semble
pas se transmettre facilement. L’infection à MERS-CoV se
manifeste par un syndrome infectieux accompagné de
fièvre, associé à un syndrome respiratoire avec de la toux
et une dyspnée. La période d’incubation est actuellement
estimée à 14 jours. Toute personne ayant voyagé ou
séjourné dans les pays à risques (Arabie saoudite, Bahreïn,
Émirats arabes unis, Irak, Iran, Israël, Jordanie, Koweït,
Liban, Oman, Qatar, Syrie, territoires palestiniens occupés,
Yémen), présentant au cours des 14 jours après son retour
des signes de détresse respiratoire aiguë (SDRA) ou
d’infection du parenchyme pulmonaire, avec une fièvre et
de la toux, sans autre étiologie identifiée pouvant expliquer
la pathologie, ainsi que tous les sujets ayant été en contact
avec ces patients et présentant ces mêmes signes, doivent
être considérés comme des cas éventuels.
Le diagnostic doit être confirmé par un prélèvement respi-
ratoire. La prise en charge débute par une hygiène des
mains par friction hydro-alcoolique, ainsi que le
port d’un masque chirurgical. Tout patient
suspecté infecté doit faire l’objet
d’une surveillance rapprochée
des autorités sanitaires et être
isolé dans une chambre individuelle.
Le ministère des Affaires sociales et de
la Santé propose un numéro vert d’information
sur le nouveau coronavirus, joignable gratuitement du lundi
au samedi, de 9 h à 19 h (0 800 130 000).
Risque d'infection par coronavirus lors d'un voyage
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Déclaration d’intérêts
L'auteur déclare ne pas avoir
de confl its d’intérêts en relation
avec cet article.