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OLLI – Jean Racine Phèdre Biographie de Jean Racine Naissance : La Ferté-Milon (1639) Mort : Paris (1699) Poète tragique français. Orphelin à quatre ans, il est recueilli par les religieuses de Port-Royal, où il reçoit une éducation janséniste. Après avoir tenté de concilier ses aspirations littéraires avec la carrière ecclésiastique, il se consacre au théâtre. Andromaque (1667) assure son succès en tant que dramaturge. Il écrit d’autres tragédies comme Bérénice (1670), Iphigénie (1674), et Phèdre (1677) qui sont bien reçues. Il est anobli en 1674, et a pour protecteur Mme de Montespan et Colbert. Ses ennemis, jaloux de son succès, comme Pierre Corneille, montent une cabale contre lui, surtout à propos de Phèdre. Il se marie en 1677 et a 7 enfants de sa femme. Il devient aussi historiographe du roi la même année. Après l’échec de Phèdre, il renonce au théâtre, mais y revient sur la demande de Mme de Maintenon pour écrire pour les pensionnaires de *Saint-Cyr « quelque espèce de poème moral et historique dont l’amour fut entièrement banni. » Esther (1689) et Athalie (1691) sont des tragédies bibliques. Athalie est peut-être son chef-d’œuvre. * Saint-Cyr : une maison créée par Louis XIV (1686) pour les jeunes filles nobles dont les pères étaient morts ou ruinés. Mme de Maintenon en était l’inspiratrice. Le théâtre de Racine Ses tragédies, sauf une, sont inspirées du théâtre grec. Racine suit les trois règles du théâtre classique : unité d’action, unité de lieu, et unité de temps. Son théâtre dépeint la passion comme une force fatale, qui détruit celui qui en est possédé. Introduction Voilà six mois que Thésée a quitté Athènes dont il est le roi. Son fils Hippolyte, d’un premier mariage, est sur le point de partir à sa recherche et de fuir la jeune Aricie dont il s'est épris. Phèdre, seconde épouse de Thésée, languit, et accablée d'un mal mystérieux, dépérit, se laissant mourir de faim. Œnone, sa nourrice et confidente, tente de la ramener à la vie et de lui faire dire son secret. Phèdre, l'épouse de Thésée, aime Hippolyte, le fils que Thésée a eu avec sa première femme. Phèdre fait cet aveu à sa nourrice Œnone. Phèdre - Acte I, scène 3 - Extrait (fin de la scène) ŒNONE Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés, Par vos faibles genoux que je tiens embrassés, Délivrez mon esprit de ce funeste doute. Funeste – désastreux

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OLLI – Jean Racine Phèdre

Biographie de Jean Racine

Naissance : La Ferté-Milon (1639)

Mort : Paris (1699)

Poète tragique français.

Orphelin à quatre ans, il est recueilli par les religieuses de Port-Royal, où il reçoit une éducation

janséniste.

Après avoir tenté de concilier ses aspirations littéraires avec la carrière ecclésiastique, il se

consacre au théâtre.

Andromaque (1667) assure son succès en tant que dramaturge.

Il écrit d’autres tragédies comme Bérénice (1670), Iphigénie (1674), et Phèdre (1677) qui sont

bien reçues.

Il est anobli en 1674, et a pour protecteur Mme de Montespan et Colbert.

Ses ennemis, jaloux de son succès, comme Pierre Corneille, montent une cabale contre lui,

surtout à propos de Phèdre.

Il se marie en 1677 et a 7 enfants de sa femme.

Il devient aussi historiographe du roi la même année.

Après l’échec de Phèdre, il renonce au théâtre, mais y revient sur la demande de Mme de

Maintenon pour écrire pour les pensionnaires de *Saint-Cyr « quelque espèce de poème moral

et historique dont l’amour fut entièrement banni. » Esther (1689) et Athalie (1691) sont des

tragédies bibliques. Athalie est peut-être son chef-d’œuvre.

* Saint-Cyr : une maison créée par Louis XIV (1686) pour les jeunes filles nobles dont les pères

étaient morts ou ruinés. Mme de Maintenon en était l’inspiratrice.

Le théâtre de Racine

Ses tragédies, sauf une, sont inspirées du théâtre grec.

Racine suit les trois règles du théâtre classique : unité d’action, unité de lieu, et unité de

temps.

Son théâtre dépeint la passion comme une force fatale, qui détruit celui qui en est possédé.

Introduction

Voilà six mois que Thésée a quitté Athènes dont il est le roi. Son fils Hippolyte, d’un premier

mariage, est sur le point de partir à sa recherche et de fuir la jeune Aricie dont il s'est épris. Phèdre,

seconde épouse de Thésée, languit, et accablée d'un mal mystérieux, dépérit, se laissant mourir de faim.

Œnone, sa nourrice et confidente, tente de la ramener à la vie et de lui faire dire son secret.

Phèdre, l'épouse de Thésée, aime Hippolyte, le fils que Thésée a eu avec sa première femme. Phèdre

fait cet aveu à sa nourrice Œnone.

Phèdre - Acte I, scène 3 - Extrait (fin de la scène)

ŒNONE Madame, au nom des pleurs que pour vous j’ai versés, Par vos faibles genoux que je tiens embrassés, Délivrez mon esprit de ce funeste doute.

Funeste – désastreux

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PHÈDRE Tu le veux ? lève-toi. ŒNONE Parlez : je vous écoute. PHÈDRE Ciel ! que lui vais-je dire ? et par où commencer ? ŒNONE Par de vaines frayeurs cessez de m’offenser. PHÈDRE Ô haine de Vénus ! Ô fatale colère ! Dans quels égarements l’amour jeta ma mère ! ŒNONE Oublions-les, madame ; et qu’à tout l’avenir Un silence éternel cache ce souvenir. PHÈDRE Ariane, ma sœur ! de quel amour blessée Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! ŒNONE Que faites-vous, madame ? et quel mortel ennui Contre tout votre sang vous anime aujourd’hui ? PHÈDRE Puisque Vénus le veut, de ce sang déplorable Je péris la dernière et la plus misérable. ŒNONE Aimez-vous ? PHÈDRE De l’amour j’ai toutes les fureurs. ŒNONE Pour qui ? PHÈDRE Tu vas ouïr le comble des horreurs… J’aime… À ce nom fatal, je tremble, je frissonne. J’aime… ŒNONE Qui ?

Sa mère est tombée amoureuse d’un taureau blanc et a accouche du Minotaure. Ariane, sa sœur, devait épouser Thésée, le mari de Phèdre, mais il l’a abandonnée.

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PHÈDRE Tu connais ce fils de l’Amazone, Ce prince si longtemps par moi-même opprimé… ŒNONE Hippolyte ? Grands dieux ! PHÈDRE C’est toi qui l’as nommé ! ŒNONE Juste ciel ! tout mon sang dans mes veines se glace ! Ô désespoir ! ô crime ! ô déplorable race ! Voyage infortuné ! Rivage malheureux, Fallait-il approcher de tes bords dangereux ! PHÈDRE Mon mal vient de plus loin. À peine au fils d’Égée Sous les lois de l’hymen je m’étais engagée, Mon repos, mon bonheur semblait être affermi ; Athènes me montra mon superbe ennemi : Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps et transir et brûler : Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables ! Par des vœux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ; De victimes moi-même à toute heure entourée, Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée : D’un incurable amour remèdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brûlait l’encens ! Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J’adorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse, Même au pied des autels que je faisais fumer, J’offrais tout à ce dieu que je n’osais nommer. Je l’évitais partout. Ô comble de misère ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi-même enfin j’osai me révolter : J’excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre, J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ; Je pressai son exil ; et mes cris éternels L’arrachèrent du sein et des bras paternels. Je respirais, ŒNONE ; et, depuis son absence, Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence :

Le fils d’Egée – Thésée Transir – devenir froid Une marâtre – une méchante belle-mère

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Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines précautions ! Cruelle destinée ! Par mon époux lui-même à Trézène amenée, J’ai revu l’ennemi que j’avais éloigné : Ma blessure trop vive aussitôt a saigné. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée : C’est Vénus tout entière à sa proie attachée. J’ai conçu pour mon crime une juste terreur ; J’ai pris la vie en haine, et ma flamme en horreur ; Je voulais en mourant prendre soin de ma gloire, Et dérober au jour une flamme si noire : Je n’ai pu soutenir tes larmes, tes combats : Je t’ai tout avoué ; je ne m’en repens pas. Pourvu que, de ma mort respectant les approches, Tu ne m’affliges plus par d’injustes reproches, Et que tes vains secours cessent de rappeler Un reste de chaleur tout prêt à s’exhaler.

Hymen – mariage Trézène – ville où habite Hyppolite Affliger – accabler

http://www.bacdefrancais.net/phedre.php

Le reste de la pièce

Au moment où Phèdre vient de faire ce cruel aveu, Thésée est absent et bientôt le bruit de sa mort se

répand dans Athènes. C’est Phèdre elle-même qui vient annoncer cette triste nouvelle à Hippolyte ;

dans cette entrevue, sa tête s’égare et elle lui fait l’aveu de ses coupables sentiments. Hippolyte,

épouvanté, la repousse avec horreur et Phèdre, humiliée, jure de se venger de cet affront. Cependant

avant de le faire, elle essayera encore une fois de fléchir Hippolyte ; maintenant qu’elle est veuve et

libre, elle lui fait offrir la couronne pour prix de son amour. Tout à coup le bruit se répand que Thésée

n’est point mort ; il arrive même et Hippolyte l’accompagne. Que va faire la reine déshonorée aux yeux

de son époux ? Elle est résolue à se donner la mort ; en attendant, loin d’aller à sa rencontre, elle fuit la

vue de celui qu’elle redoute. Thésée, interdit de cet accueil, interpelle la reine, et la nourrice de Phèdre

ne trouve d’autre moyen de sauver la vie de sa maîtresse, que d’accuser Hippolyte. Que l’on juge de la

colère du malheureux père, lorsque son fils, après ces révélations, ose se présenter devant lui ! Il

l’accable de malédictions, le chasse loin de sa présence et conjure même Neptune de punir le coupable

jeune homme. Celui-ci se tait et s’éloigne. La vengeance paternelle ne tarde pas à s’accomplir. Peu

après, Théramène, accourt pour annoncer la mort d’Hippolyte. Neptune a fait sortir du sein de la mer un

monstre menaçant ; les chevaux effrayés se sont emportés et l’infortuné jeune homme est mort de ses

blessures en protestant de son innocence. À l’ouïe de cette nouvelle, Phèdre, accablée de remords,

vient aussitôt tout dévoiler à Thésée ; mais déjà elle s’est fait justice elle-même, car, à peine a-t-elle

achevé de parler, qu’elle tombe empoisonnée aux pieds de son époux.

http://salon-litteraire.linternaute.com/fr/jean-racine/content/1830893-phedre-de-racine-resume