o ÉLECTIONS SCIENCES MÉDIAS TABAGISME - … · réalité palpable à une marée humaine que...

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TABAGISME Commencez par arrêter P. 17 MÉDIAS Décaillet par Soi-même P. 16 SCIENCES C’est pas mon jour ! P. 7 ÉLECTIONS A vote bon cœur P. 4 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 11 septembre 2015 // N o 245 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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TABAGISMECommencez par arrêter P. 17

MÉDIASDécaillet par Soi-même P. 16

SCIENCESC’est pas mon jour ! P. 7

ÉLECTIONSA vote bon cœur P. 4

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 11 septembre 2015 // No 245 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

Vigousse vendredi 11 septembre 2015 Vigousse vendredi 11 septembre 2015

Il y a d’abord eu la vague d’émotion suscitée par un

petit corps tombé à l’eau. Ce cadavre d’enfant rejeté

par les flots sur une plage a soudain conféré une

réalité palpable à une marée humaine que l’on ne

voulait pas voir. Et généré un tsunami de solidarité

qui a balayé l’Europe loin au-dedans des terres. Un

peu partout, des hommes de bonne volonté ont clamé

qu’ils étaient prêts à accueillir des réfugiés chez eux.

Des actions se sont organisées, des fonds ont été récoltés,

des frontières ouvertes.

Devant cette lame de fond, les partis politiques ont dû

revoir leur copie pour prendre en compte la nouvelle

sensibilité de leurs électeurs. Des gouvernements se sont

repositionnés, des grandes déclarations ont été lues, des

manifestations de soutien ont eu lieu. L’humanisme est

soudain redevenu à la mode en ce siècle cynique.

Bientôt, le niveau de l’eau a tout de même commencé à

baisser et a laissé émerger des écueils. La droite a d’abord

avancé mollement qu’il n’est pas raisonnable d’ouvrir les

vannes de l’immigration. La barque est si vite pleine, il

faut fixer des quotas. Réagir sous le coup de l’émotion,

c’est dangereux. Et puis les complotistes s’en sont mêlés,

dénonçant une vaste manipulation (en même temps, on voit

mal ce que les complotistes pourraient dire d’autre).

Comme bien des images chocs avant elle, celle du cadavre

sur la plage est petit à petit devenue plus vague. Ses

contours comme érodés par le sel ont fini par se confondre

avec le sable.

Mais qu’est-ce qu’on va leur dire, aux Syriens, maintenant ?

Désolé, les gars, on a réfléchi, finalement on ne veut plus de

vous ? La Suisse aurait l’air de quoi ? C’est inélégant. Pour

garder la face, il faut une excuse plausible. Nous mettons

celle-ci à disposition des politiciens qui voudraient s’en

servir, et qui en vaut bien une autre : « Ces gens ont fui les

bombes. Ne méritent-ils pas de pouvoir se reposer au calme ?

Or, la Suisse, chaque 1er Août, devient un lieu infernal secoué

d’explosions. Tous ces feux d’artifice, pour des réfugiés de

guerre, c’est traumatisant. Non, vraiment, il vaut mieux que

tous ces gens aillent ailleurs. C’est pour leur bien. »

A F F A I R E S E N C O U R TC ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

2,7 En millions de francs,

la somme que réclament 700 policiers au canton de Genève. Selon leur

syndicat, qui entend déposer plainte, le mode de calcul des vacances est en cause. Les poulets parmi les mieux payés de Suisse ne veulent

pas finir grillés.

Le poids d’un corpsStéphane Babey

L’enfer, c’est les autresDans le cadre du boycott de l’émission de Pascal Décaillet par une fronde de politiciens genevois (voir aussi en page 16), l’UDC Yves Nidegger avait ce commentaire cinglant dans Le Temps (03.09.15) : « Si on boycottait tous les journalistes insupportables, on ne répondrait plus à grand monde ! » Heureusement pour lui, c’est aussi vrai dans l’autre sens, et les journalistes ne sont pas près de pouvoir se passer des politiciens insupportables.

Hernie fiscaleAinsi, « Jean-Marie Cleusix rétrocède plus de 62 000 francs à l’Etat », titrait Le Nouvelliste (08.09). Fort bienvenu, ce généreux mécène, accessoirement chef du Service de l’enseignement valaisan. Mais si le Canton jubile, la commune de Leytron fulmine : elle exige des arriérés d’impôts bien plus importants. Pour l’Etat, il serait urgent de boucler ce mauvais conte.

Histoire de FESLe site du Nouvelliste donne la possibilité aux candidats valaisans aux Chambres fédérales d’enregistrer une vidéo d’une minute pour présenter leur programme. L’UDC Grégory Logean s’est prêté à l’exercice. Il déclare : « Mes thèmes de campagne se déclinent sous le diminutif de FES : famille, énergie, sécurité. » A l’écrit, ça pourrait passer, mais par oral, on l’entend distinctement prononcer « fesse ». Pour un autre candidat, on se contenterait de n’y voir qu’un acronyme maladroit, toutefois, pour l’opposant déclaré à l’homosexualité qu’est Logean, cela sonne comme un lapsus bizarrement révélateur.

Accrochez-vous, voilà les turpitudes !Invité à s’exprimer au nom du Conseil d’Etat genevois à l’occasion des 125 ans d’une banque de la place, Pierre Maudet a affirmé que le secteur bancaire « traversait une zone de turpitudes », là où sans doute il voulait dire « turbulences ». L’assistance n’a pas bronché. Il est vrai que, après tout, c’est assez proche de la réalité.

Vigousse vendredi 11 septembre 2015 Vigousse vendredi 11 septembre 2015

Le questionnaire d’entrée sur le territoire états-unien contient des questions sur la consommation de stupéfiants, les activités cri-minelles, le passé d’espion ou de terroriste du candidat. Et surtout s’enquiert de ses intentions de commettre des actes illicites dans le pays. Répondre oui à une seule de ces questions serait franche-ment stupide. Mieux vaut men-tir, même par omission. Il en va de même en politique suisse en période d’élections.

Car se lancer dans la course au Conseil national, c’est aussi devoir répondre à un nombre hallucinant de questionnaires en provenance des lobbies. Dans les partis, il se murmure que certains des formu-laires sont carrément fantaisistes ou absurdes, mais personne ne veut prendre le risque de les montrer à la presse. Si les garçons bouchers n’ont pas envoyé le leur, ceux qui veulent une armée forte et ceux qui demandent l’inverse l’ont fait. Des associations se créent même pour l’occasion, comme celle qui a lancé le site www.animaux-par-lement.ch.

Sur les 3791 candidats à l’élection, 150 personnes avaient répondu aux amis des bêtes au début du mois de septembre. Verdict : Jean-François Rime est désigné comme « plutôt défavorable aux animaux ». Sans surprise, le traqueur de loup Jean-René Fournier est rangé lui aussi parmi les « défavorables ». Les questions sur la chasse ont dû faire pencher la balance, mais peut-être aussi celles sur l’abattage rituel, le véganisme ou le marquage élec-tronique des chats. Mais qui osera se déclarer contre la puce électro-nique pour minets ?

Pour sonder la fibre militaire des candidats, la Société suisse des offi-ciers (SSO) passe quant à elle par ses sections cantonales. Libre à elles de publier, ou non, les réponses reçues. « En principe, tous les candidats, sauf exceptions notoires, reçoivent ce ques-tionnaire », relève Denis Froidevaux, président de la SSO. Les exceptions sont évidemment « ceux qui se sont déjà prononcés pour la suppression de l’armée ou favorables à une armée bonzaï. » Et il a les noms.La SSO n’émet aucune recomman-dation au niveau national. Le but de l’association est « de soutenir une armée forte, moderne, orientée vers le futur. Ce qui passe évidemment par un soutien des candidats qui ont une perception réaliste des enjeux sécuritaires », complète Denis Froi-devaux. Aux candidat de dévelop-per leurs arguments à une question bien orientée comme : « Etes-vous prêt à accorder à l’armée les moyens financiers dont elle a besoin – à hau-teur d’au moins quelque 5 milliards par an sur un cycle de plusieurs exercices budgétaires ? » De l’autre côté du fusil, impossible d’avoir un contact avec le Groupe pour une Suisse sans armée (GSSA).A la Fédération romande des consommateurs (FRC), on joue la transparence. L’organisation pro-pose deux démarches parallèles. La première est tournée vers le passé : « C’est notre rating de la légis-lature 2011-2015 », indique Mathieu Fleury, secrétaire général de la FRC. Sans surprise, les députés PS trônent, avec les Verts, en tête de liste des « favorables » aux consom-mateurs. Et l’UDC est en queue.

La deuxième étape, prospective, soumet aux candidats un « pro-gramme de législature » sous la forme d’une charte des consom-mateurs. Le but est que lesdits candidats et leur parti reprennent les revendications de la FRC dans leur campagne ou lors des débats. « Par cette charte, nous voulons

LOBBY POLAIRE Les prétendants au Conseil national sont bombardés de questionnaires de groupes d’intérêt de tout acabit. Orientées, les demandes laissent peu de place à la vérité.

La démocratie en questions

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S4

Le mardi 8 septembre, Le Matin annonçait en une « la découverte du siècle ». En l’occurrence, les vestiges enfouis d’un autre ali-gnement de menhirs à quelques kilomètres de Stonehenge. Bigre : un site préhistorique pas très loin d’un autre, qui l’eût cru ? Mais pourquoi au juste qualifier cette trouvaille, aussi intéressante soit-elle, de découverte « du siècle » ? Et d’ailleurs, comment peut-on, en 2015 encore (alors que nombre de découvertes « du siècle » de 2001, 2004, 2007, 2011, 2013 apparaissent aujourd’hui comme anecdotiques) et en 2015 déjà (alors qu’il reste 85 ans avant la fin du siècle en question), quali-fier quoi que ce soit comme étant « du siècle » ?

A force, on est arrivés à ce point charnière où il y a davantage de découvertes « du siècle » que de

CENT ANS DE PLATITUDES Désigner n’importe quoi comme étant « du siècle », voilà bien le mal du siècle.

Très emphase

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S 5

maintenir la consommation tout en haut de l’agenda politique et en faire un thème électoral majeur, en rappelant que nous sommes toutes et tous des consom-mateurs et des citoyens », appuie Mathieu Fleury. Aucun candidat ne pourra nier cette lapalissade.

Du côté de la Cicad (Coor-dination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la dif-famation), le secrétaire général, Johanne Gurfinkiel, indique que la plupart des candidats de Suisse romande, soit plus de 600 per-sonnes, ont reçu un question-naire. Exceptions : les membres des Démocrates suisses et du Parti nationaliste suisse, compte tenu de leurs positions. « Nous

souhaitions pouvoir communiquer directement avec les candidats afin d’obtenir des réponses individuelles. C’est un énorme travail, mais essen-tiel pour connaître leurs avis et connaissances sur des sujets liés au racisme et à l’antisémitisme », pré-cise le secrétaire général. « Cette démarche se fait en toute trans-parence, les résultats et analyses seront d’ailleurs publics. »

La Cicad n’émet pas de recomman-dations de vote. Parmi les dix-neuf questions : « Le conflit israélo-pales-tinien influence-t-il votre vision sur les juifs de Suisse ? » ou « Y aurait-il besoin d’une nouvelle commis-sion Bergier pour approfondir les connaissances sur le rôle de la Suisse pendant la Deuxième Guerre mon-diale ? » A ce jour, 37 % des ques-tionnaires sont rentrés. Et celle ou celui qui aura répondu oui et non aux deux dernières demandes aura une mauvaise note de la Cicad. Pour être dans les bons papiers des groupes d’intérêt, il suffit d’un peu de mauvaise foi. Jean-Luc Wenger

justement. Au rang des maux qui gangrènent notre temps, empê-chant l’humain, cet être à qui tout est dû, de s’ébattre gaiement dans une prairie en fleurs où le lait et le miel couleraient en abondance sur des corps jeunes et nus, on trouve un peu de tout. Ont été récem-ment considérés par les médias comme des « fléaux du XXIe siècle » : alzheimer, le jeu vidéo, le mal de dos, la drogue, la spé-culation, le burn-out, le bruit, le porno, le terrorisme, le travail des enfants, la sédentarité, le matéria-lisme, l’impatience, le gaspillage alimentaire, la punaise de lit, la corruption, le sida, le nucléaire, l’hypertension, les acronymes, et les séries télé. Notamment.

Certes, la concurrence est rude au regard des siècles précédents, marqués par la découverte des pyramides, de l’Amérique, de l’île de Pâques, terrassés par des fléaux tels que la peste noire, le scorbut ou la malaria. Heureusement, notre siècle est loin d’être achevé. Il y a donc de l’espoir : il en va de notre honneur à tous qu’il n’apparaisse pas, dans un lointain futur, comme le siècle des punaises de lit ou de l’oiseau qui imite R2D2. Séverine André

Les questions aux candidats auxquelles vous avez échappéPuisque tout le monde s’y met, nous avons regroupé quelques groupes d’intérêt trop timides pour s’adresser directement à ceux qui rêvent de représenter notre démocratie. Après tout, tout le monde a le droit de savoir quels avantages personnels il pourrait bien retirer de ce merveilleux système.

JUNIORS B DU FC PRÉVERENGES (BONS P’TITS GARS) « Si vous êtes élus, êtes-vous prêts à déplacer nos matches du samedi matin de 8h30 à 10h30 ? C’est quand même super tôt. »

VIGOUSSE (PETIT JOURNAL SATIRIQUE ROMAND) « Etes-vous pour ou contre l’introduction de la contrepèterie pourrie parmi les déductions fiscales ? Tiquer la case. »

GÉRARD (GÉRARD) « Cet hiver, comptez-vous déblayer le petit chemin devant ma maison et, le cas échéant, balancer un gros tas de neige devant le garage de mon crétin de voisin, pas celui du 28, il est sympa lui, mais celui du 32, vous le reconnaîtrez facilement, il va probablement remettre son Père Noël à la con suspendu à une fenêtre cette année ? »

PEUPLE (GENS QUI FONT DES COURSES) « En cas d’élection, œuvrerez-vous pour améliorer le sort de l’Humanité dans son ensemble, hors de tout clientélisme et de postures idéologiques auxquelles vous ne croyez même pas ? »

Sebastian Dieguez

TOUCHE PAS À MON VOTE

siècles ; et on sombre doucement, sans le savoir, dans cet abîme où les découvertes « du siècle » sont plus courantes que les décou-vertes tout court. Les vestiges de l’église Saint-Laurent à Genève ?

« Découverte du siècle ». La tombe de Cléopâtre et Marc-Antoine ? « Découverte du siècle ». Au même titre que le mercure liquide à Teo-tihucan, le squelette fossilisé de carcharodon megalodon aux Cana-ries, ou l’oiseau qui imite le robot R2D2 de La Guerre des étoiles. C’est dire. Mais il existe un autre domaine où la formule sévit plus lour-dement encore : les fléaux. Les fléaux comment ? « Du siècle »,

CENT ANS D'INCERTITUDE

Vigousse vendredi 11 septembre 2015 Vigousse vendredi 11 septembre 2015

Grâce au groupe The Cure, on a appris que même les ados roman-tico-dépressifs avaient des mouve-ments d’humeur tout le long de la semaine. Oui, le « lundi est cafar-deux », « mardi est tout gris et mer-credi c’est pareil », « jeudi on s’en fout » et « vendredi je suis amou-reux », disait en substance le tube Friday I’m in love (1992 – déjà…)

Les pâles créatures crépues sont d’ailleurs loin d’être les seules vic-times de ces chambardements heb-domadaires : des analyses de tonnes de données montrent assez claire-ment qu’en effet, le lundi les gens tirent la gueule, et le vendredi ils retrouvent le sourire. Encore une grande découverte, direz-vous. Bon c’est vrai, tout le monde le savait déjà. Sauf qu’on a assez peu pris la mesure du phénomène. A très grande échelle, il se trouve que l’existence du lundi a des consé-quences aussi catastrophiques que coûteuses pour l’Humanité : aug-mentation des suicides et du risque d’arrêt cardiaque, surreprésenta-tion des rendez-vous manqués et des accidents, retours boursiers en chute libre… Oui, car en plus d’être pénible, le lundi a cette particularité atroce de tomber en même temps pour tout le monde.

Quand la new wave, le « big data », et le sens commun sont d’accord sur quelque chose, c’est peut-être le signe qu’on tient un truc inté-ressant. Des chercheurs britan-niques se sont donc demandé si les jours de la semaine n’auraient pas, en quelque sorte, chacun leur propre « personnalité ». Et une habile série d’expériences leur a donné raison. Tout d’abord, ils ont examiné à quelle fréquence les

gens se méprennent sur le jour de la semaine. Ils ont trouvé que ce genre d’erreur ou d’hésitation est assez fréquent (plus d’un tiers des sondés), mais se focalise essentiel-lement sur le milieu de la semaine : les mardi, mercredi et jeudi sont particulièrement propices à la désorientation temporelle, le plus souvent à un jour près. En d’autres termes, le mardi les gens on ten-

dance à se croire le mercredi, et vice versa, mais les lundi, ven-dredi et le week-end, ils sont à peu près certains du jour qu’il est. Une deuxième expérience a confirmé ce résultat, en montrant qu’à la question « quel jour on est ? », les gens mettent entre 2 et 8 dixièmes de seconde de plus à répondre en milieu de semaine que les lundi et vendredi. En outre, en compulsant l’internet et des millions de livres digitalisés, on constate un profil semblable : les jours du milieu de

A LA PETITE SEMAINE Impossible de se tromper : le vendredi, c’est le jour où sort Vigousse. Mais à quoi sert donc le reste de la semaine ? Mise à jour.

Comme un lundi

Trois jours après la rentrée, soit le 27 août, l’Eracom (Ecole romande d’arts et communication, Lau-sanne) a connu une belle gabegie. Convoqués, les 180 profs appre-naient en effet que la direction de l’établissement était décapitée : le canton de Vaud est intervenu sèchement, et tardivement, en annonçant les « démissions » du directeur Pierre Fantys, du direc-teur-adjoint et d’une doyenne. La nomination de Pierre Fantys, en 2012, aurait été une erreur de casting, selon des proches du dos-sier. S’il a été relativement bien accueilli, le nouveau directeur a semé rapidement un désordre peu joyeux pour les quelque 1100 étu-diants et les profs. Contacté par nos soins, Pierre Fantys n’a pas répondu à nos appels.Depuis la rentrée de septembre 2012, le Syndicat vaudois des maîtres de l’enseignement profes-sionnel (SVMEP) a multiplié les contacts et les lettres à la DGEP (Direction générale de l’enseigne-ment postobligatoire) pour signa-ler un nombre impressionnant de dysfonctionnements. Citons la multiplication des contrats

précaires et l’éparpillement des heures d’enseignement. Signa-lons aussi la multiplication des arrêts maladie et l’absentéisme des élèves. Les décisions à l’emporte-pièce du directeur – sans consulter les doyens responsables – en ont fâché plus d’un.

Mais la DGEP a refusé de s’atta-quer aux problèmes et a maintenu son soutien à Pierre Fantys. Les difficultés se sont aggravées, les tensions se sont accumulées. Le SVMEP a saisi la commission de conciliation et là, miracle, le direc-teur général, Séverin Bez, a décidé de confier un audit à l’ancien juge cantonal François Meylan. C’est ce rapport qui a servi de base aux décisions de la rentrée. On y parle de « méthodes rugueuses, brusques et fortement directives », relevant que Pierre Fantys n’était pas un gestionnaire. Il était temps de s’en apercevoir.Dans le courrier des lecteurs de 24 Heures (04.09.15), Jean-Henri Francfort, ancien enseignant, considère que certains « punis » le sont injustement. « La DGEP et la cheffe de département cachent trop

ARRIÈRE-BAN A Lausanne, l’Ecole romande d’arts et communication sort de trois ans de galère par une purge complète de sa direction. Malgré tout, les enseignants sont loin d’être rassurés.

leurs responsabilités et ces décisions prises à la hache ne garantissent pas une amélioration rapide », écrit Francfort. Ce couperet inclut, en particulier, le directeur-adjoint qui n’a pas ménagé sa peine pour sau-ver ce qui pouvait l’être, constatent des enseignants.Pour certains profs, comme pour Francfort, cette décision n’est des-tinée qu’à mettre un énorme voile sur l’incurie du Conseil d’Etat et de Séverin Bez, directeur général de la DGEP. Contacté, Séverin Bez assure qu’« après lecture du rapport du juge externe et vu l’implication de l’ensemble des membres de la direc-tion, le directeur adjoint a démis-

A l’école du chaos

F A I T S D I V E R S E T V A R I É SF A I T S D I V E R S E T V A R I É S 76

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JEUDREDI ET MERMANCHE

la semaine sont sous-représen-tés par rapport aux autres jours. Finalement, quand on demande à des cobayes d’associer librement des mots aux jours de la semaine, on constate qu’ils sont nettement moins productifs pour les mardi, mercredi et jeudi que pour le reste de la semaine, et le contenu émo-tionnel des mots qu’ils trouvent est polarisé pour le lundi (pas bien) et le vendredi (bien), tandis qu’il est globalement pareil pour les insi-pides mardi, mercredi et jeudi.

Dans nos têtes, il semble donc que le milieu de la semaine consti-tue une sorte de bouillie informe qui favorise les confusions et n’ins-pire pas grand-chose d’intéressant, tandis que le lundi, le vendredi et le week-end ont une personnalité forte, riche et distincte. La preuve est faite : on en apprend tous les jours. Sebastian Dieguez

Mental representations of weekdays, D. Ellis et al., PLoS ONE, 10(8): e0134555.

Plume dans le cruLe livre sur les quais, c’est aussi 40 000 visiteurs et 300 auteurs qui se livrent, sur les quais. Personnages réels et dialogues authentiques.

Un auteur à une organisatrice :– Il me faudrait un chauffeur pour lundi.– On vous imprimera les horaires de train (en substance).

Un auteur parisien :– Entre nous, les auteurs parisiens ils viennent surtout dire bonjour à Heidi et traire la vache Milka…

Un troupeau de femmes arrive. Ah non, c’est Eric-Emmanuel Schmitt. C’est drôle comme de loin, il ressemble à un troupeau de femmes.

Une lectrice à un auteur doté d’une large calvitie :– Vous étiez déjà là l’année dernière… Mais il me semble que vous avez davantage de cheveux. Je vous voyais plus chauve. – Eh bien, revenez l’année prochaine et cherchez une frange.

Eric-Emmanuel Schmitt se met du parfum.

Un auteur, à propos d’un autre : – Il est extraordinaire, ce type. Alors politiquement, c’est pas tout à fait ça, ce que nous on appelle la droite, pour lui, c’est la gauche. C’est un royaliste. Mais il est extraordinaire. Il faut juste ne pas le lancer sur la Prusse. Mais il est formidable.

Eric-Emmanuel Schmitt se remet du parfum.

Un auteur à catogan et cuissardes, qui se définit comme « aède », à une autre, jeune et séduisante :– Je ne suis de nulle part, je suis né dans un avion entre Kaboul et Manhattan. Je suis un arbre, mais un arbre sans racines, je n’ai que mes branches, mes racines c’est le vent, je suis le vent. J’ai très envie de vous lire.

Eric-Emmanuel Schmitt se remet du parfum.

Un lecteur, très courroucé en feuilletant le livre d’un auteur qualifié de royaliste par un autre auteur : – Là y a un problème : c’est en 41 que MacArthur il a dit non. C’est pas en 40. MacArthur il a dit non en 41. Alors là faudrait pas tout mélanger. Moi j’y étais à Pearl Harbor.

Eric-Emmanuel Schmitt se retransforme en troupeau de femmes et sort fumer une cigarette.

Le Parisien du début :Les listes sont sorties pour le Goncourt. Ils sont tous complètement hystériques, et qui y est, et patati et patata, et Christine Angot. C’est écœurant. Bon, il paraît que j’y suis. Sacha Durant

PLUS VRAI QUE

VECU

Les menus scandales qui agitent périodiquement le monde de la restauration sont souvent bien savoureux. Cette semaine, c’est au tour d’un restaurant italien de faire parler de lui. La pizzeria Paolo, sise à Gland, facture 2 francs à chacun de ses clients qui aura eu la mau-vaise idée de ne pas accompagner son repas d’une boisson. C’est ce qui est arrivé à Pascal, qui a depuis posté son addition sur Facebook. A priori, c’est absurde : comment justifier que l’on paye ce que l’on vient de ne pas consommer ?

Contacté à ce sujet, le président de la police du commerce vau-doise, qui a eu vent de l’affaire, explique que le procédé n’a rien d’illégal : du moment que cela est clairement explicité sur le menu, le restaurateur est tout à fait dans son droit. Un coup de fil au patron de la pizzeria suffit à confirmer que cette spécialité figure bien sur sa carte. Grand prince, il se refuse à facturer la carafe d’eau, ce qui est permis, mais se rattrape en faisant payer les couverts plein pot.

Vous croyiez pouvoir aller au res-taurant comme ça, impunément, l’esprit au repos, les yeux dans le vague, porté par la douceur de l’instant ? Détrompez-vous ! Le menu que vous tenez entre vos mains est un contrat. Pas ques-tion, dès lors, de faire l’impasse sur les petits caractères, là, tout en bas de la page. Attention que cette arabesque, ce homard, ou encore ce masque vénitien dessi-nés sur le côté de la page ne dissi-mulent pas une quelconque close machiavélique. Quant à savoir ce que vous allez choisir en entrée, ne négligez pas l’avocat. Séverine André

sionné afin de permettre à la nou-velle direction de l’école de démarrer sur les meilleures bases possibles, dans l’intérêt de l’Eracom ». Voilà pour l’adjoint.

Reste que, discrètement, un autre doyen a perdu sa place, sa section étant rattachée à une autre école. Les trois autres doyens ont été mis sous « condition de réalisation d’objectifs » par la DGEP. « On ne donne pas cher de leur peau... », témoigne une ensei-gnante. Parce que quand on fait le ménage dans une école, ce n’est pas l’école ménagère. Jean-Luc Wenger

Le coup du latinIMBUVABLE Fait pas bon pas avoir soif

Vigousse vendredi 11 septembre 2015 Vigousse vendredi 11 septembre 2015

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Pâtés de campagneGrâce au prisme microchromatique à base d’extraits naturels de fruits de notre satellite espion Vigousse2, nous sommes en mesure de scanner les notes personnelles des candidats aux élections fédérales d’octobre. On en trouve ici, au fil des semaines, quelques extraits révélateurs. Laurent Flutsch

Claude Béglé (PDC/VD)Encore entendu ce matin à la radio que le PDC est un centre mou. C’est totalement faux, encore qu’on ne puisse pas nier une part de vérité dans cette assertion, à moins que si, ou peut-être que non, finalement. Il faudra qu’on en discute au sein du parti, pour formuler une ligne qui soit suffisamment claire sur la question, sauf s’il apparaît que somme toute il vaut mieux ne pas le faire. L’inconvénient, c’est qu’apparemment les gens ne savent pas trop bien quelles sont mes idées, mais est-ce que c’est réellement un inconvénient ? C’est plus ou moins probable, mais ça pourrait aussi être un avantage, somme toute. Quoique… Et puis c’est déjà bien de dire qu’on en a, des idées. Et qu’elles sont plutôt au centre. Mais pas trop non plus. Du reste, les idées, ça ne fait pas tout. J’ai aussi dirigé la Poste, c’est un argument. Enfin peut-être. Mais un argument pour quoi ? Peu importe, après tout : l’essentiel, c’est de faire rêver l’électeur.

Christian Levrat (PS/FR)Les idées de gauche ont le vent en poupe, je sens qu’on va faire un carton en octobre. Les espoirs les plus fous nous sont permis. Qui sait, peut-être même qu’on ne va pas reculer ? Les citoyens en ont assez des scandales bancaires, des privilèges fiscaux et des inégalités qui se creusent toujours plus. Il suffit juste qu’ils s’en rendent compte. Et surtout, ensuite, qu’ils n’aient pas peur de voter à gauche. Mais stratégiquement, si l’UDC stagne à cause du 9 février et de l’USAM, même si le PLR progresse un peu grâce au franc fort, si le PDC reste sur ses bases et si les Verts et les Vert’lib continuent de morceler les voix des écolos, le Parti socialiste pourra se profiler comme une alternative à la crise et tirer son épingle du jeu. A condition bien sûr que Simonetta et Alain continuent à ne pas conduire une politique de gauche au Conseil fédéral.

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A l’académie militaire de West Point, où est formée la crème des officiers états-uniens, a cours une charmante coutume. A la fin de l’été, les étudiants de première année prennent part à une bataille d’oreillers géante. Cette future élite guerrière retombe en enfance pour quelques minutes, échangeant des coups tout doux et duvetés. Typi-quement le genre de souvenirs émouvants qu’on se remémore avec nostalgie, des années plus tard, en crachant une pluie de balles à l’ura-nium appauvri sur une position ennemie depuis la mitrailleuse de tourelle de son Hummer blindé.

Mais cette année, ce pur moment d’innocence a été gâché. En effet, des mauvais plaisants ont piégé certains oreillers en dissimulant dans les taies des objets lourds. Résultat : la partie de rigolade s’est soldée par 24 commotions céré-brales, des épaules démises, une jambe cassée, un nez fracturé et des contusions diverses. Le directeur de West Point entend bien punir les mauvais joueurs. Ce qui serait stupide. Les aspirants qui ont opéré ce sabotage mériteraient plutôt de l’avancement. Grâce à leur ruse, ils ont mis hors d’état de nuire tout un contingent de féroces soldats sans même lever le petit doigt. Si ça ce n’est pas le summum de l’art de la guerre… Stéphane Babey

Combat poids plume

Vigousse vendredi 11 septembre 2015 Vigousse vendredi 11 septembre 2015

L E F I N M O T D E L ' H I S T O I R E 11B I E N P R O F O N D D A N S L ' A C T U10

Déchéance d’un électrodépendantLE JOURNAL INTIME DU FUTUR DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : je narre comment mon parcours de réfugié est lié au niveau de charge de la batterie de mon smartphone.

5 septembre 2025. Je fuis à travers champs tandis que derrière moi la ville est dévorée par les flammes. Les milices d’autodéfense de la Munici-palité indépendante de Lausanne n’auront pas tenu bien longtemps devant les troupes de choc de la dic-tature fédérale. Après un moment, je suis obligé de m’arrêter dans un fourré pour reprendre mon souffle. D’après le podomètre de mon smart-phone, j’ai parcouru 4876,3 mètres. Un bref coup d’œil à mon applica-tion météo m’indique que le soleil se couchera dans 39 minutes et 28 secondes. Je pourrai alors plus facilement échapper à la détection par les drones chasseurs-tueurs qui sillonnent le ciel. En attendant de reprendre ma route, je consulte mon appli nutritionnelle. Je dois ingérer 3682 calories pour compléter mon apport quotidien. Je suis entouré d’arbustes mais j’ignore si leurs fruits sont comestibles. J’en photographie un puis me connecte à une base de données distante de botanique. Après analyse de mon cliché, le site m’informe qu’il s’agit de fraises et que ça se mange. Ah ben oui, suis-je bête, des fraises. Il fut un temps où j’aurais pu le savoir tout seul…

Pitc

h

6 septembre. J’ai pu dormir à l’abri du froid dans une vieille cabane que j’ai dénichée grâce à mon appli d’images satellite puis atteinte en suivant les indications de mon GPS. D’après les nouvelles captées sur mon appli TV, Vevey, Montreux et Yverdon sont tombées aux mains de l’armée régulière. Je n’ai pas le choix, je dois me diriger vers Nyon. Un e-mail m’informe que les résis-tants y ont établi un camp tout en

préparant leur repli vers le royaume réformé de Genève. En chemin, il faudra que je trouve un endroit où

recharger mon portable : il n’y a plus que 20 % de batterie.

7 septembre. Toujours guidé par mon GPS, j’arrive à

Nyon. C’est le chaos. Toutes les infrastruc-

tures sont détruites. Mon téléphone est sur le point de me lâcher. Des cla-meurs attirent mon attention. Arrivé à

l’endroit d’où elles proviennent, j’assiste

à une scène dantesque. Des centaines de fuyards

comme moi se battent pour l’accès à quelques prises de courant. Cela me rappelle des scènes que j’avais vues sur des sites d’information il y a longtemps : des réfugiés syriens dans une gare de Budapest, accrou-pis autour de rallonges électriques, attendant que leur appareil fasse le plein, comme si leur vie en dépen-dait. A l’époque, leur manque de prévoyance m’avait fait rire… J’hé-site quelques instants avant de me

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Le 8Le 8ee conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Vous suivez la campagne pour les élections, Eveline ?

De loin. J’ai autre chose à faire, vous

savez.

Eh bien, vous devriez y regarder de plus près.

Passionnant ? Euh, vous allez

bien, chef ?

Si, je vous assure.

Ah bon ?

Oui. Il y a par exemple un milliardaire très rigolo.

Blocher ne se présente pas

cette fois, chef.

Un autre. Il est blond. Avec une mèche qui rebique.

Un milliardaire sexiste blond ?

Oui.

Ça me fait penser à Donald Trump.

Oui, c’est ça !

Ce ne sont pas les élections fédérales, chef,

c’est la campagne républicaine américaine.

Ah ? Il n’est pas Zurichois ? J’aurais pourtant juré…

Mais non, pas Blocher.

Il profère des énormités sexistes et ensuite il essaie de les démentir avec des propos encore plus sexistes.

C’est plein de rebondissements et de déclarations fracassantes.

C’est vraiment passionnant cette année !

lancer dans la mêlée. Un délai sal-vateur : un missile s’écrase au milieu de la foule, pulvérisant tout dans un rayon de 200 mètres. Je suis soufflé par l’explosion, mais m’en tire avec seulement des égratignures.

8 septembre. Ma batterie est à plat. Je suis perdu. Impossible de savoir où se trouve Genève. Je crois me souvenir que ça se trouve au sud-ouest, mais c’est où, le sud-ouest ? Il doit exister des encyclopédies en ligne qui expliquent comment se repérer aux étoiles ou à la course du soleil, mais je n’ai plus de connexion. Et j’ai faim. Je suis dans un verger dont les arbres portent des fruits ronds et verts de la taille de balles de tennis. Ils sont appétis-sants, cependant j’ai peur de m’em-poisonner car je ne peux pas véri-fier s’ils sont comestibles. Je devrais peut-être trouver un abri pour la nuit, mais comment le repérer sans satellite ? Il y a des nuages noirs avec des éclairs qui s’approchent de moi. Je me demande quel temps ça indique. Impossible de le savoir sans mon appli météo. Je crois que je vais mourir ici, comme un con décon-necté. Mais si je meurs et qu’il n’y a personne pour me filmer et diffuser les images sur le réseau mondial de télécommunication, serai-je vrai-ment mort ? Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

Cher Hani Ramadan,Allons allons, ne pleurez pas comme ça, tout va s’arran-ger. Oui oui, on vous entend, le lobby « américano-sioniste eurocompatible » y fait rien qu’à vous embêter avec ses com-plots de domination mondiale, et puis les médias occidentaux ils sont méchants avec vous en disant tout le temps que des gros mensonges pour vous humi-lier et vous accuser de tous les maux. C’est pas gentil, c’est vrai. Surtout que vous avez rien fait de mal, alors bon, c’est pas du jeu. Tenez, voilà, prenez un kleenex.Bouh, les méchants juifs ! Caca, les Blancs impérialistes ! Beurk, les journalistes ven-dus ! D’accord, d’accord, c’est tous des fripouilles qui vous pourrissent la vie, mais enfin il ne faut pas vous mettre dans des états pareils… Comment ? Ils vous accusent de quoi mainte-nant ? D’être un complotiste ? Oh mais c’est rien ça, allons, ils disent ça juste pour vous embêter.Pensez plutôt aux innombrables choses que vous avez accomplies pendant votre carrière, toutes ces contributions inesti-mables pour la paix, ces gestes héroïques qui font de votre religion une force de progrès incontournable. Vous ne voulez tout de même pas qu’on se sou-vienne de vous comme une pleur-nicheuse qui joue l’éternelle victime impuissante, non ? Une femmelette quoi, la honte !Allons, essuyez-nous ces larmes et ressaisissez-vous : ceux qui vous écoutent ont besoin d’un homme, un vrai. Ah ben non, la barbe ne suffit pas.

Sebastian Dieguez

A Hani RamadanPleureuse égyptienne

LE COURRIER DU CHIEUR

Pourtant simplesAfrique orientale, 5 057 118 ans avant l’apparition du chewing-gum à la cannelle sur la Terre, samedi 19 novembre, heure locale : après une longue journée de chasse au clo-porte, un hominidé mâle regagne bredouille le surplomb rocheux conjugal. Il est fourbu, mais très excité. Mais alors très très. C’est qu’à défaut de débusquer sous les cailloux des isopodes croustillants et juteux, il a trompé sa faim en rongeant une douzaine de kilos de rhizomes d’un genre de gingembre local. Lequel a les mêmes proprié-tés aphrodisiaques que l’actuel gingembre asiatique, mais en cent mille fois plus puissant. L’hominidé en question (appelons-le Hans-Friedrich, pour simplifier) approche donc sa femelle (Lisette) sans dissimuler le moins du monde ses intentions, d’autant que les notions de vêtement et de sous-vêtement n’ont pas encore cours. Mais par un malencontreux hasard, il s’avère d’emblée que Lisette a la migraine. Afin d’apaiser son tour-ment, Hans-Friedrich ramasse par terre un gros tronçon de branche de baobab qui traîne là par hasard, et il s’en assène une série de coups violents sur la face.

On en déduit que les vertus sti-mulantes ou calmantes des végé-taux (gingembre, baobab) sont connues depuis la nuit des temps ou depuis le lendemain tôt, à l’aube de l’Humanité. Bien sûr, l’infortuné Hans-Friedrich ignorait encore que l’acide acétylsalicylique, ou aspi-rine, se trouve dans l’écorce du saule blanc (salix alba). Sans quoi

perfectionné l’art de sélectionner et d’apprêter toutes sortes de plantes en vue de conférer à leurs prin-cipes actifs une efficience maxi-male. Convenablement préparés, le raisin, le houblon et l’orge, par exemple, peuvent guérir quantité de maux et procurer des bienfaits hautement salutaires.

La sauge, elle aussi, est fameuse pour ses indéniables vertus thé-rapeutiques. Et aussi le romarin, la sarriette, la menthe, la rue, le cumin, le fenouil… Notons à cet égard que parmi les végétaux réputés comestibles, seule l’endive s’avère atrocement meurtrière, en particulier quand elle est cuite à l’eau, ou non. De l’Antiquité au Moyen Age, les grandes civilisa-tions (mésopotamienne, égyp-tienne, grecque, romaine, arabe), mais aussi l’Occident chrétien, ont donc accordé une très haute impor-tance aux plantes médicinales, et une profonde déférence aux gens qui en maîtrisaient la connaissance et les usages. Ainsi les herboristes médiévaux étaient-ils très respec-tés, du moins quand leur savoir ne les rendait pas suspects de pacte avec le diable, qu’on ne les accusait pas de connaître un peu trop bien les plantes vénéneuses et qu’on ne les brûlait pas pour sorcellerie.

En 2015 encore, certains végétaux thérapeutiques sentent le soufre, le tabou et l’anathème. Et ce même si leurs vertus curatives sont par-faitement démontrées. A tel point qu’il faut un vaste débat politique, à l’échelon fédéral, pour décider s’il faut autoriser ou non la vente de médicaments tirés du canna-bis. Ce n’est pourtant pas sorcier.

Laurent Flutsch

il eût pu soigner le mal de tête de Lisette en lui cognant sur le crâne avec un gourdin en saule blanc.Par la suite en revanche, l’espèce humaine a développé une connais-sance approfondie des plantes curatives et de leurs effets. Natu-rellement, il a fallu passer par des phases expérimentales parfois dou-loureuses. La science des simples est complexe. Ainsi dut-on consta-ter que les effets secondaires de la belladone, de l’aconit ou de la ciguë l’emportaient fâcheusement sur leurs éventuelles vertus pri-maires. De même, l’ingestion mas-sive de certaines baies d’apparence goûtue se révéla-t-elle souveraine pour guérir l’habitude de respirer. Mais c’est bien en tâtonnant qu’on apprend.Quoi qu’il en soit, le règne végé-tal a très fortement contribué à améliorer le sort de l’Humanité. D’autant que celle-ci, peu à peu, a

Le strip de Vincent

Fig. 1. Vertus des plantes.

Vigousse vendredi 11 septembre 2015 Vigousse vendredi 11 septembre 2015

(rôle tenu par... son fils, O’Shea Jackson Jr.), de la densité, de la puissance. Il montre aussi qu’hier comme aujourd’hui, il ne fait pas bon être Noir dans un pays où le racisme est un refrain plus dangereux qu’une punchline de gangsta-rap.

Pour ceux qui s’en sentent cap’. Stet, 11 ans, a tout d’un petit démon, mais une voix d’ange. Débarquant dans une presti-gieuse école lyrique, il se frotte à un chef de chœur qui n’est pas n’importe qui puisque c’est Dus-tin Hoffman. Boychoir tire sur la corde, vocale comme sensible, mais si cela vous chante...

C U L T U R EC U L T U R E 1312

Précurseur du mouvement dit « du suprématisme », Kasimir Malevitch (1878-1935) n’en a pas fini de se retourner dans son carré de terre. Le sien, de carré, blanc sur fond blanc, a beau avoir déchiré la critique, figu-rer en bonne place au Museum of Modern Art de New York, le débat – art ou foutaise ? – est loin d’être clos. A leur manière, Martine et Lova Golovtchiner apportent une esquisse de réponse. En un peu plus de nonante pages dont, logique, quelques blanches, les deux ex du Théâtre Boulimie livrent leur propre décryptage de ce que peut être cette figure artistique aux quatre côtés rigoureusement pareils et

qui, parfaitement nue et totalement dépouillée de tout artifice, peut représenter, à choix, le « début de l’analphabétisme », « Stendhal désa-vouant Le Rouge et le Noir », « l’im-maculée non-conception » ou encore l’« immigration très très contrôlée ».

On l’aura compris, l’ouvrage, d’abord édité en 1966 et devenu depuis une manière de « collector », a été sensiblement remis au goût – et aux contradictions – du jour. Et tout ça pour presque pas un rond. R. J.

Légendes au carré, Lova et Martine Golovtchiner. Editions Slatkine. 90 pages. Prix : 16.–

BROUILLON DE CULTURE

Des bouquins

Blanc sur blanc

Pour ceux qui écoutent du rap. Les mots, ça peut tirer à balles réelles. Dans crime, il y a rime. Quand le ghetto prend le micro, ce n’est pas pour chanter de jolies berceuses ou des ballades romantiques. A Compton, ban-lieue sud de Los Angeles, cité des anges déchus, la vie n’est pas rose, surtout quand on est Noir, mais un acronyme n’est plus anonyme. N.W.A. (pour Niggaz with Attitudes, qu’on traduira par «Nègres avec du caractère») est une grenade musicale que dégoupillent dans la seconde moitié des années 80 Eazy-E, Dr. Dre, DJ Yella, bientôt rejoints par le véritable artificier du groupe, Ice Cube, qui à défaut d’être barman, sert, verbalement, des cocktails du genre Molo-tov... On pouvait craindre que Straight Outta Compton, sortant juste après l’album Compton de Dr. Dre, ne soit qu’un long clip promo, un biopic opportuniste. Certes, le film n’est pas trop dérangeant puisque « autorisé » par les membres survivants de N.W.A. qui le produisent, mais il a, comme les paroles d’Ice Cube

À VOUS DE VOIR Si un gamin des rues réussit à trouver sa voix (Boychoir), d’autres, rappeurs (Straight Outta Compton) ou chef d’orchestre à la retraite (Youth), restent de sales gosses…

Des films

Pas que des enfants de chœur...

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Philippe de Broca est sous-estimé. A cause de ses comédies et films d’aventures virevoltants (L’homme de Rio, notamment), la critique semble à jamais lui reprocher une certaine légèreté. La sortie d’un inédit de 1970, Les caprices de Marie, ne permettra sans doute pas de réparer cette relative injustice : c’est l’histoire d’un milliardaire états-unien qui tombe amoureux de la plus jolie fille d’un village français aussi parfait qu’un Brigadoon gaulois. Elle accepte de l’épouser à condition que le village entier déménage aux USA, entreprise qui s’avérera difficile. Mais au-delà de la pochade interprétée avec brio par Philippe Noiret et Marthe Keller, on voit surtout un film virtuose, utilisant à la perfection les ressorts comiques d’une histoire absurde. Et soudain, des réflexions d’une profondeur insoupçonnée viennent chatouiller le neurone : peut-on négocier le bonheur ? La vieille Europe doit-elle se réinventer, s’ouvrir au Nouveau Monde ? Philippe de Broca n’est-il pas un grand cinéaste ? Michael Frei, Karloff, films culte, rares et classiques, Lausanne

Les caprices de Marie, Philippe de Broca, 1970, Gaumont, Vf, DVD et Blu-Ray, 88 min.

Des védés

Transatlantique

Gare aux grilles par égéSolution de la semaine précédente

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1 E L A S T O M E R E

2 C H E T I V E I N

3 T A D E M A I T T

4 O S E R I R E N E

5 P S A I R N U

6 L A M I N E R A I T

7 A O E S E C T E

8 S T E N O C I T

9 M O R T L U T T E

10 E R E S A L E E S

Les Editions Hélice Hélas et la Fon-dation La Chrysalide, qui s’engage dans le développement des soins palliatifs, se sont associées pour proposer une trilogie sur le thème de la mort. Coordonné par notre Sjöstedt à nous, qui assure égale-ment les couvertures des albums, le projet rassemble une trentaine d’auteurs suisses (Wazem Tira-bosco, Noyau, Kalonji, Baladi, Pet, Exem, etc.), parmi lesquels trois

BD

A la vie, à la mort talents de Vigousse : Pitch, Vincent et Plonk & Replonk. Comme c’est invariablement le cas pour une compilation, la qualité est inégale, mais les moments forts, pleins de tendresse et d’émotion, abondent. Il est possible de voir les planches originales dans le cadre du fes-tival BDFIL de Lausanne qui se déroule en ce moment et jusqu’à dimanche. L’expo intitulée This is the end est vernie à l’église Saint-Laurent ce samedi à 17 h en pré-sence de nombreux auteurs, qui dédicaceront les albums. S. Ba.

Ro-land/B(art)hesEt une autre réédition pour la route ! Celle-ci était très attendue, la chose étant épuisée et rigoureusement introuvable depuis 1978. Belle ini-tiative donc des Editions Chiflet & Compagnie que de ressortir Le Roland-Barthes sans peine, de Michel-Antoine Burnier et Patrick Rambaud, légendaire pastiche du pompeux scripteur qu’adorent citer ceux qui prétendent l’avoir lu. L’at-taque, contrairement à sa cible, n’a pas pris une ride. Roland Barthes, ou plutôt « R.B. », est en effet connu pour son « discours [qui] trouve/aboutit sa textualité au travers du R.B. dans un jeu (je ?) de miroirs ». En d’autres termes, il cause cou-ramment le Roland-Barthes. Ça peut paraître intimidant, mais en 18 brèves leçons et une série d’exer-

cices, vous serez tout à fait capable d’en faire autant, non sans « pré-sence de la risibilité » et même une bonne tranche de « désopilance ». Il paraît que l’intéressé n’avait pas trop apprécié l’exercice… Raison de plus pour continuer à se foutre de sa gueule, 35 ans après la « mort de l’auteur ». Mais pourquoi tant de haine, vous demanderez-vous ? Un « désir-de-savoir » bien légitime, auquel ce petit opuscule ne man-quera pas de répondre/satisfaire.

Sebastian Dieguez

Le Roland-Barthes sans peine, par M.-A. Burnier et P. Rambaud, Editions Chiflet & Cie, 112 pages.

Pour ceux qui s’en tapent. Youth ne rajeunit personne et surtout pas Michael Caine et Harvey Keitel, obligés de parler de leurs problèmes de prostate devant la caméra d’un cinéaste italien qui, lui, pète plus haut que son cul. Vain et creux, le film offre tout de même une belle scène à Caine, chef d’orchestre à la retraite qui, dans les Alpes suisses, s’offre un concert de cloches de vaches. Le reste, c’est de la bouse !

Bertrand Lesarmes

Straight Outta Compton, de F. Gary Gray (2 h 27) ; Boychoir, de François Girard (1 h 43) ; Youth, de Paolo Sorrentino (1 h 58). Tous en salles.

CLAC & RECLAC ! Hermès Baby, 80 ans de légende. Parmi quelque 300 modèles en tout genre, une trentaine d’Hermès Baby, modèle mythique auquel Kerouak, Sagan, Steinbeck ou Hô Chi Minh ont donné ses lettres de noblesse. Musée de la machine à écrire, Lausanne, le 12 septembre (11 h-21 h). www.perrier-sa.ch

PÂTURAGES Le Chant du Gros au Noirmont clôt la saison des grands festivals de plein air. Avec notamment Manfred Mann’s Earth Band ou Cali (11 septembre), le rappeur Black M, Zebda ou Julien Clerc (12 septembre). Prévoir une petite laine, il fait froid dans les Franches-Montagnes. www.chantdugros.ch

PARTOUT Les 12 et 13 septembre auront lieu les Journées européennes du patrimoine. A cette occasion, chaque canton proposera des événements autour du thème « Echanges-Influences ». Programme complet sur le site www.nike-kultur.ch

SALE Les 18 et 19 septembre, retrouvez l’émoi de vos 10 / 20 / 30 / 40 ans, avec la comédie musicale Dirty Dancing à l’Arena de Genève. Les chansons, en version originale, seront accompagnées de dialogues en français (c’est une première). Réservations sur www.livemusic.ch

Toujours tiré à quatre épingles, mêlant paillardise et savoir-vivre, Georges Pichard restera comme le porte-drapeau d’une époque où la contre-culture aura permis à une boutonneuse jeunesse de décou-vrir ces livres, revues et autres magazines qu’on ne lit que d’une main. De la très prude Semaine de Suzette – le croirait-on ? – où il débuta à La Perfection Chrétienne, en passant par Blanche Epiphanie, Sahara, Athéna, Lolly Strip, Circé, Paulette (scénarisée par Wolinski, autre obsédé sexuel ouvertement autoproclamé), le Kama Sutra et Germinal, il n’a cessé de s’attirer l’opprobre des « vieux et cons » tels que les brocarde aujourd’hui et sans rougir Vanessa Paradis.

Stakhanoviste du dessin licen-cieux, volontiers taxé de graveleux et de peu finaud, Pichard a laissé une bonne trentaine d’ouvrages emplis, à la plume, de ces femmes qu’il se plaisait à présenter livrées au stupre, « salies par la drogue et la luxure » et dont les courbes, tou-jours généreuses, auront fait de lui un fier combattant de l’irrévérence salutaire. Roger Jaunin

Georges Pichard, planches. A la Galerie-librairie HumuS (Lausanne), jusqu’au 10 octobre. Pour public averti. Ouverture exceptionnelle le

dimanche 13 septembre (10 h-18 h). [email protected]

Une expo

Tout en courbes

Vigousse vendredi 11 septembre 2015 Vigousse vendredi 11 septembre 2015

LE CAHIER DES SPORTS

14 R E B U T S D E P R E S S E 15

Sebastian DieguezMAG

UTRICHE : « C’est bon mais vite écœurant » : les réfugiés syriens découvrent la Sachertorte – NEUCHÂTEL : Le neurone des jeunes UDC n’a plus de batter

VOIX OFF

« En Occident, on peut être riche et célèbre simplement

en portant une chemise blanche. Pas étonnant que tous ces réfugiés

nous envient. »

PEOPLE

Roger Köppel ne s’est plus fait casser la gueule à la récré depuis 35 ans.« Je commence à y croire pour de bon, si ça continue comme ça, plus personne ne me cassera plus jamais la gueule à la récré ! » Directeur de la Weltwoche et star montante de l’UDC, Roger Köppel, 50 ans, est aux anges : il a fêté jeudi passé sa 35e année consécutive sans se faire casser la gueule à la récréation. Parmi les invités de la réception donnée pour l’occasion, on ne cachait pas sa satisfaction : « C’est un grand jour », explique Jérôme Desmeules, représentant l’UDC Valais à ces festivités, « moi ça ne fait que deux ans que personne ne me casse plus la gueule à la récré, alors je peux à peine imaginer ce que ça fait d’arriver à près de 40 ans sans se faire tabasser par les copains, ni même humilier aux vestiaires de la gym ! » Le héros du jour avoue néanmoins rester sur le qui-vive : « Le combat n’est jamais gagné, vous savez. Dans un sens, même moi j’ai parfois encore envie de me casser la gueule à la récré, alors vous imaginez l’effet que je dois faire sur n’importe quel être humain normalement constitué. » A noter, au passage, à titre purement informatif, que Roger Köppel n’aurait pas non plus reçu de tarte à la crème dans la figure depuis bien longtemps.

ZAPPING

Drame Il possède déjà la voiture qui passe tout le temps à la publicité.

Tendances La polémique enfle autour de la nouvelle mode des bébés tatoués.

Réseaux sociaux Il tombe sur un article qui, par pure coïncidence, traduit exactement le fond de sa pensée.

Cinéma Le film est un désastre, mais l’ambiance sur le plateau était géniale.

Insertion Après huit ans d’incarcération, le caïd de la bande se décide à chercher le mot « caïd » dans le dictionnaire.

Science Scanner soi-même ses achats au supermarché augmenterait l’estime de soi de 8 %.

INTERNATIONAL

C’est sa maman qui l’obligerait à contrôler les médias et la finance« Moi j’aimerais juste me concentrer sur ma musique et voir mes potes plus souvent », a déclaré Elie Grossman, 17 ans, qui dirige les médias et la finance internationale depuis l’appartement de ses parents à Belleville. Mais sa maman ne le voit pas de cet œil : « Mon fils c’est le plus intelligent du monde ! Regardez comme il est beau, devant son ordinateur, à diriger secrètement le Nouvel Ordre Mondial ! » Une lourde charge pour cet adolescent, également chargé d’orchestrer des complots alambiqués pour brouiller les pistes. « Bon j’y retourne, j’ai encore un nouvel attentat bidon à lancer avant d’aller au foot », explique-t-il en nous congédiant, non sans nous avoir tendu une carte officielle d’« idiots utiles » des puissances internationales occultes.

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c’est ton choix !

Nous t’écoutons ! Donne-nous ton avis défavorable !

MUSCLERUn prénom associé au signe de la Vierge, un patronyme digne d’un Waldstaetten, des origines africaines (par la mère), Sergei Aschwanden a tout d’un bon Suisse Tell qu’on l’imagine par ces temps d’intenses migrations. N’empêche qu’il est né à Berne, se dit Lausannois de cœur, et qu’à l’heure des remises de médailles c’est bel et bien l’« ô Monts indépendants » qu’il a fallu se farcir.

Or voici qu’à quelques mois de fêter ses 40 ans, kimono et ceinture noire raccrochés depuis belle lurette, on le retrouve sur la liste du Parti libéral-radical, direction le Conseil national. Simplement parce que « le PLR laisse une forme de liberté ». Et que c’est ça qui chez ces gens-là lui plaît.

Sergei « aime, par exemple, que la maison soit propre ». Lui pour qui « l’expression Je n’en peux plus n’existe pas », qui reconnaît « avoir des fixettes sur certaines choses » et qui encore claironne que « si tu es entrepreneur et que tu as beaucoup travaillé (…) pourquoi devrais-tu partager avec tout le monde », qui se voit bien père d’une fratrie de cinq enfants – dont deux déjà faits –, s’imagine siéger à Berne, en lieu et place d’une autre spécialiste du tatami, sa compagne de parti Jacqueline de Quattro. Côté muscles, c’est sûr, le PLR y gagnerait.

Surtout que, précise-t-il, « j’ai depuis longtemps l’habitude de prendre des coups ». Pas Douillet du tout, le Sergei.

Et ce sera tout pour cette semaine.

Roger Jaunin

Le travailleur de l’amerSuite aux révélations de 24 Heures sur Fabien Deillon, le candidat UDC prilliéran qui s’est monté un petit business hôtelier sur le dos de l’aide sociale, l’intéressé s’est défendu en alléguant sa considérable charge de travail. De fait, lui et sa femme consacreraient 8000 heures annuelles de travail à héberger des malheureux sans-le-sou. Il n’en fallait pas plus pour que les lecteurs de 24 Heures ne s’emparent de leur calculette ! Pas moins de trois lettres publiées dans le courrier des lecteurs en 2 jours (7 et 8.09) pour aboutir au même résultat : 4000 heures de travail par année pour une personne, cela fait environ 11 heures par jour, absolument tous les jours de l’année (dans l’hypothèse où les Deillon pratiquent un partage des tâches rigoureusement équitable). C’est à se demander où l’homme trouve encore la force de profiter des plus faibles et de se foutre de la gueule du monde ! S. D.

« Le Temps » de rêverOn se souvient que Le Temps avait bataillé ferme contre l’initiative sur la révision de la redevance, finalement acceptée de justesse par le peuple le 14 juin dernier avec 50,08 % de oui. Le quotidien n’a visiblement pas lâché le morceau. Ce mardi 8 septembre, il revenait ainsi sur le nécessaire « débat sur le mandat de prestation du service public de la SSR » avec ce superbe lapsus en sous-titre : « Après sa courte défaite en juin, la pression se maintient sur le diffuseur public ». Quand on croit vraiment à ses idées, la différence entre une courte défaite et une courte victoire n’est qu’une question de point de vue… S. D.

Une Derder pour la routeL’inexhaustible défenseur de l’innovation et éternel ravi de la start-up Fathi Derder (PLR/VD) a sorti un livre. Avec un titre optimiste et provocant, Le prochain Google sera suisse (à dix conditions), cette œuvre qui tombe à pic avant les élections exhorte nos pantouflardes institutions à se mettre au diapason des nouvelles technologies et de l’économie numérique, et sans que ça traîne. Il faut s’adapter immédiatement ou crever comme des ringards ! L’allusion au succès monumental de la firme californienne est d’ailleurs très appuyé : le titre du livre est entièrement composé en « Catull », l’emblématique police de caractère utilisée par Google depuis 1999. Pas de bol, le 1er septembre, deux jours avant la sortie du livre, Google décidait de changer totalement son logo, désormais en une sorte de « Century Gothic » ou « Futura », beaucoup plus moderne. Eh oui, le problème avec l’innovation et toutes ces foutues mises à jours, c’est que ça va vraiment trop vite. Même pour Fathi Derder. S. D.

Toutes sortes de casserolesLe procès d’un fait divers sordide a beaucoup occupé les médias la semaine passée. Tous y sont allés de leur compte rendu. Pour le premier jour d’audience (03.09), Le Matin allait droit au but en titrant : « Il l’a massacrée à coups de casserole. » Tandis que Le Temps s’emmêlait dans les circonvolutions poétiques avec : « Mortelle déferlante de coups dans l’intimité d’un couple de marginaux. » Et après ça, il y en a encore pour prétendre que la presse romande manque de diversité… S. Ba.

Vigousse vendredi 11 septembre 2015

L A S U I T E A U P R O C H A I N N U M É R O16

L’incandescence. Celle, vésuvienne, du verbe. Celle, stellaire, du savoir. J’ai lu toutes les biographies de Walther von Lüttwitz, toutes celles de Kurt von Hammerstein. Puis toutes les biographies de tous leurs biographes. Une âme insatiable qu’irrigue, impétueuse, tellurique, la pulsation de la foi. Cette foi sublime qui jadis, des catacombes à la lumière des arènes san-glantes, nimbait déjà les martyrs d’un triomphe étincelant sous les impuissants quolibets d’une plèbe ivre de supplices.

De même fus-je odieusement sacrifié, naguère, sur l’autel des servilités grégaires. Pour avoir si longtemps, sur la Première, illu-miné Forum, je fus la victime expiatoire du sévice public, mammouth apesanti de rede-vance trop grasse et de biomasse trop rance. Mais le grand laminoir RTS, qui mue l’intelligence en convenance, l’ambition en zèle, la flamboyance en obéissance, pou-vait-il en moi étrécir l’étendue,

aplanir la cime, tréfiler le Ciel ? Jamais ! Liberté ! Liberté, de grâce !Inextinguible, la soif platoni-cienne de connaître et de dire me dévore. Je m’abreuve depuis le ber-ceau à l’information, à l’Histoire, à la politique. J’ai lu tous les livres, j’ai rencontré tous les grands - hor-mis le Général de Gaulle, ô drame d’une vie frappée d’incomplétude ! Je connais tous les arcanes. J’em-brasse tout. Je saisis. Je sais.

Imprimée, audiovisuelle, virtuelle, la galaxie privée offrit enfin à mon intarissable passion un territoire à son incommensurable mesure. Plus de brides, d’entraves ni d’œil-lères ! Ainsi pus-je, jubilation, étril-ler les pisse-froid du prêt-à-penser, éreinter les prédicateurs de la doxa dominante, agonir les caciques de la rébellion stipendiée, anéan-tir les pourlécheurs d’obédiences. Clamer la vérité, la force et la jus-tesse. Celles de l’UDC, du MCG, du Saint-Siège. Et qu’enragent en chœur moutons et chiens de garde de la bien-pensance.

Las ! Me voici derechef, César poignardé, agneau sacrificiel,

martyr en gloire, assassiné par la loge des politicards genevois qui ont fomenté de fuir mon plateau. Lâcheté et confort. Je serais, arguent-ils,

imbu de moi-même. Moi ? Impétueux, sûrement. Tempé-

tueux, peut-être. Le verre d’eau. Du vent. Un grain. Pascal Décaillet (pcc Laurent Flutsch)

Décaillet à spirale

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Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

Editeur : Vigousse Sàrl, CP 1499, CH-1001 Lausanne > www.vigousse.ch > [email protected], tél. +41 21 612 02 50 Fondateur : Barrigue Rédacteur en chef : Stéphane Babey (resp.) Rédacteur en chef adjoint : Laurent Flutsch (resp.) Chef d’édition : Roger Jaunin Rédacteurs : Séverine André, Sebastian Dieguez, Jean-Luc Wenger (RP) Correction : Victor Gagnaux Abonnements : [email protected] > Tél. +41 21 612 02 56 Publicité : IRL Plus, ch. du Closel 5, 1020 Renens, 021 525 48 73, fax 021 525 48 01, [email protected] – MEDIALIVE SA, Oetlingerstrasse 10, 4057 Bâle, tél. 061 561 52 80, [email protected] Layout et production : www.unigraf.com Impression : CIR, Sion > Tirage : 13 000 ex.

« J’attends un appel de Léman Bleu

ou d’Energy TV. »

C. Chazal