La génération Z, un raz de marée dans l'entreprise

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OPINION Tribune verte · n° 2780 · 14 janvier 2016 17 Petits frères de la génération Y, les Z sont des jeunes très informés qui veulent faire entendre leur voix. Cette génération qui a grandi avec Internet est habituée à une grande réactivité, alors ça ne traîne pas avec les Z ! Comment les intégrer à l’entreprise sans tout bouleverser ? Nathalie Baker, directrice associée de Mind Motion et spécialiste du management intergénérationnel, propose des solutions. Nathalie Baker Directrice associée de Mind Motion La génération Y est aujourd’hui bien connue, mais qui sont ces jeunes de la génération Z ? Nathalie Baker : Nés après 1995, ils sont près de 16 millions aujourd’hui en France. Ce sont les frères et sœurs de la généra- tion Y (née entre 1980 et 1995) et les en- fants de la génération X (née entre 1960 et 1980). On les surnomme aussi « slashers » car ils combinent plusieurs attributs, plu- sieurs identités, plusieurs statuts en même temps. Cette nouvelle génération a un rapport au monde et au temps très différent de ses prédécesseurs. Les Z font tout plus vite, et donc s’ennuient dès que le rythme ralentit. C’est pourquoi ils ont besoin en permanence d’être challengés, comme les Y. Très ouverts sur le monde, ils sont près de 70 % à vouloir travailler à l’inter- national tout en considérant que la réussite est possible en France, selon l’étude « La grande invaZion » de BNP Paribas et The Boson project. Nouveaux rythmes, envies d’internationalisation… Comment les futurs employeurs peuvent intégrer ces digital natives dans leurs entreprises ? N. B. : En général, les Z ont une image floue et faussée de l’entreprise. Pour décrire le monde du travail, ils utilisent des mots comme « compliqué », « dur », « difficile ». Cependant, lorsqu’un Z s’engage dans un projet, il est volontaire et militant. Ces jeunes ont de vraies attentes par rapport à leur future entreprise : elle doit être plus humaine et plus flexible, avec une hiérarchie aplatie et plus souple. Ainsi, les employeurs vont devoir rassurer les nouveaux arrivants, prendre le temps de les intégrer. Ils gagneront à prendre du recul par rapport à leur modèle de management. Les Z sont dans un autre référentiel où l’ancienneté ne rend pas une personne légitime. Ayant facilement accès à la connaissance, ils ont moins de respect pour les sachants. Ils peuvent parfois être considérés comme arrogants par les autres générations. Des clashs intergénération- nels sont possibles. Pour les baby boomers (nés entre 1945 et 1975) et la généra- tion X, ce sera une véritable révolution. Alors comment maintenir le dialogue entre ces différentes générations en entreprise ? N. B. : Les Z apprécient le partage de connaissance. Il peut être intéressant de les intégrer sur la base du tutorat avec un manager en poste, qui saura les aider à grandir sans se sentir en concurrence. Comme je le disais plus tôt, les Z peuvent être très engagés. C’est pourquoi ils appré- cieront d’être impliqués dans des projets et qu’on leur confie des tâches importantes. Très autonomes et entrepreneurs, ils sont capables de prendre des décisions et des responsabilités. Les managers doivent leur faire confiance car c’est une valeur très importante pour eux. Selon l’étude « La grande invaZion », la principale qualité d’un bon patron pour 67 % des jeunes Z interrogés est la propension du manager à faire confiance à ses équipes. Ces attentes en termes de management se retrouvent dans celles exprimées par la génération Y. D’ailleurs, les Z ne se sont pas construits en opposition à la précédente génération mais se sont inscrits dans sa continuité. Cela devrait faciliter les relations manager/ managé entre Z et Y. Propos recueillis par Alice Cotens Pour plus d’information sur la génération Z, découvrez l’enquête « La grande invaZion » sur www.bnpparibas.com/actualites/ grande-invazion-etude-generation-z MIND MOTION Fondatrice de l’entreprise Mind Motion, Nathalie Baker propose des conférences pour mieux comprendre les nouveaux arrivants dans le monde de l’entreprise. Elle forme et coache des managers dans diverses entreprises. Zoom La génération Z, un raz de marée dans l’entreprise BRUNO COHEN

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Petits frères de la génération Y, les Z sont des jeunes très informés qui veulent faire entendre leur voix. Cette génération qui a grandi avec Internet est habituée à une grande réactivité, alors ça ne traîne pas avec les Z ! Comment les intégrer à l’entreprise sans tout bouleverser ? Nathalie Baker, directrice associée de Mind Motion et spécialiste du management intergénérationnel, propose des solutions.

Nathalie BakerDirectrice associée de Mind Motion— — La génération Y est aujourd’hui

bien connue, mais qui sont ces jeunes de la génération Z ?Nathalie Baker : Nés après 1995, ils sont près de 16 millions aujourd’hui en France. Ce sont les frères et sœurs de la généra-tion Y (née entre 1980 et 1995) et les en-fants de la génération X (née entre 1960 et 1980). On les surnomme aussi « slashers » car ils combinent plusieurs attributs, plu-sieurs identités, plusieurs statuts en même temps. Cette nouvelle génération a un rapport au monde et au temps très différent de ses prédécesseurs. Les Z font tout plus vite, et donc s’ennuient dès que le rythme ralentit. C’est pourquoi ils ont besoin en permanence d’être challengés, comme les Y. Très ouverts sur le monde, ils sont près de 70 % à vouloir travailler à l’inter-national tout en considérant que la réussite est possible en France, selon l’étude « La grande invaZion » de BNP Paribas et The Boson project.

— nouveaux rythmes, envies d’internationalisation… Comment les futurs employeurs peuvent intégrer ces digital natives dans leurs entreprises ?N. B. : En général, les Z ont une image floue et faussée de l’entreprise. Pour décrire le monde du travail, ils utilisent des mots comme « compliqué », « dur », « difficile ». Cependant, lorsqu’un Z s’engage dans un projet, il est volontaire et

militant. Ces jeunes ont de vraies attentes par rapport à leur future entreprise : elle doit être plus humaine et plus flexible, avec une hiérarchie aplatie et plus souple. Ainsi, les employeurs vont devoir rassurer les nouveaux arrivants, prendre le temps de les intégrer. Ils gagneront à prendre du recul par rapport à leur modèle de management. Les Z sont dans un autre référentiel où l’ancienneté ne rend pas une personne légitime. Ayant facilement accès à la connaissance, ils ont moins de respect pour les sachants. Ils peuvent parfois être considérés comme arrogants par les autres générations. Des clashs intergénération-nels sont possibles. Pour les baby boomers (nés entre 1945 et 1975) et la généra-tion X, ce sera une véritable révolution.

— Alors comment maintenir le dialogue entre ces différentes générations en entreprise ?N. B. : Les Z apprécient le partage de connaissance. Il peut être intéressant de les intégrer sur la base du tutorat avec un manager en poste, qui saura les aider

à grandir sans se sentir en concurrence. Comme je le disais plus tôt, les Z peuvent être très engagés. C’est pourquoi ils appré-cieront d’être impliqués dans des projets et qu’on leur confie des tâches importantes. Très autonomes et entrepreneurs, ils sont capables de prendre des décisions et des responsabilités. Les managers doivent leur faire confiance car c’est une valeur très importante pour eux. Selon l’étude « La grande invaZion », la principale qualité d’un bon patron pour 67 % des jeunes Z interrogés est la propension du manager à faire confiance à ses équipes. Ces attentes en termes de management se retrouvent dans celles exprimées par la génération Y. D’ailleurs, les Z ne se sont pas construits en opposition à la précédente génération mais se sont inscrits dans sa continuité. Cela devrait faciliter les relations manager/managé entre Z et Y. — propos recueillis par Alice Cotens

pour plus d’information sur la génération Z, découvrez l’enquête « La grande invaZion » sur www.bnpparibas.com/actualites/grande-invazion-etude-generation-z

Mind MoTion●● Fondatrice de l’entreprise Mind Motion, Nathalie Baker propose

des conférences pour mieux comprendre les nouveaux arrivants dans le monde de l’entreprise. Elle forme et coache des managers dans diverses entreprises.

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