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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16336 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI MERCREDI 6 AOÛT 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ........... 2 France ........................ 5 Société ....................... 6 Carnet ........................ 7 Abonnements .......... 8 Régions...................... 8 Horizons.................... 9 Entreprises ................ 11 Finances/marchés... 12 Aujourd’hui .............. 14 Jeux.............................. 17 Météorologie ........... 17 Culture ....................... 18 Guide culturel.......... 20 Radio-Télévision ..... 21 Annonces classées . 22 Tokyo reste la ville la plus chère de la planète BERNE de notre correspondant La flambée du dollar est en train de modifier de manière significative le calcul du coût de la vie dans les principales agglomérations ur- baines du monde. Tokyo reste la ville la plus chère de la planète et Hongkong s’est hissée au deuxième rang, suivie par Moscou, mais les grandes cités d’Allemagne et d’autres pays eu- ropéens sont devenues plus abordables, en comparaison, selon un classement publié, mar- di 5 août, par Corporate Resources Group, une société commerciale internationale dont le siège est à Genève. Par région, les villes asiatiques figurent tou- jours parmi les plus chères. A elles seules, elles occupent dix des douze premières places. En dehors de l’ex-colonie britannique nouvelle- ment rentrée dans son giron, la Chine s’inscrit en bonne position dans ce palmarès avec Pékin (cinquième), Shanghaï (sixième), Guangzhou (Canton, neuvième), et Shenzhen (onzième). Séoul s’intercale au septième rang, Singapour au huitième, et Taïpeh au douzième. Les coûts élevés des loyers et la spéculation foncière ont été un facteur déterminant dans ce classement, en particulier pour Hongkong, qui est passée de la cinquième à la deuxième place en un an, reléguant Osaka au quatrième rang. Par rapport à l’index de base, fixé à 100 pour New-York, Tokyo affiche près de 170 points, ce qui n’en représente pas moins une baisse de 30 points en douze mois, reflé- tant l’affaiblissement du yen. En se hissant de la sixième à la troisième place, Moscou demeure la ville la plus chère d’Europe. Avec une nouvelle venue, Saint-Pé- tersbourg, dixième, la capitale russe est la seule ville européenne à compter au nombre des dix premières. Les villes suisses de Genève et de Zurich, qui occupaient respectivement les huitième et neuvième places une année au- paravant, se retrouvent vingt-deuxième et vingt-troisième dans la présente étude, réali- sée en mars dernier. Genève a même enregis- tré une baisse de 21 points, soit la plus impor- tante réduction d’une ville européenne dans l’index. La force du dollar a eu pour conséquence de rendre les villes d’Europe occidentale un peu moins chères. Ainsi, les cités allemandes sont classées en dessous de New-York, tandis que Paris, seizième en 1996, s’inscrit à la vingt-neu- vième place. Dans le sillage de la montée de la livre, Londres fait exception en passant du vingt-huitième au quatorzième rang. Si l’on exclut New York, qui est remontée de la trente- huitième à la trente et unième place, les villes des Etats-Unis et du Canada demeurent parmi les plus abordables du monde. En Amérique la- tine, Sao Paulo a confirmé sa réputation de ville la plus chère de la région en grimpant du vingt et unième au quinzième rang mondial. En Afrique, Le Caire arrive en trentième posi- tion internationale, tandis que Johannesbourg se situe au bas de l’échelle et occupe la cent quarante-quatrième place de ce classement, la dernière revenant à Madras, en Inde, considé- rée comme la ville la moins chère avec un in- dice d’à peine 60 points. Pour réaliser ce classement, les auteurs de l’étude ont mesuré le coût relatif de plus de deux cents biens et services. Les variations ob- servées d’une année à l’autre tiennent en grande partie aux fluctuations des monnaies, et les critères choisis s’appliquent davantage aux expatriés qu’aux populations locales, même si l’enquête reflète aussi, à sa manière, l’évolution du coût de la vie. Jean-Claude Buhrer Des cosmonautes au secours de Mir a DEUX cosmonautes, Anatoli Soloviev et Pavel Vinogra- dov, devaient décoller du centre spatial de Baïkonour (Kazakhstan), mardi 5 août à 17 h 35 (heure de Paris), à bord d’une fusée Soyouz TM 26 en direction de la station or- bitale Mir. Objectif : remplacer leurs collègues russes et procéder à diverses réparations dans la station spatiale, gravement endommagée par sa collision avec un cargo de ravitaillement, le 25 juin. La première intervention, prévue le 20 août, doit permettre de rac- corder au système d’alimentation électrique de la station les câbles des panneaux solaires du module Spektr. A Baïkonour, les ingénieurs préparent cette mission en dépit d’une vie quotidienne pleine de dif- ficultés. Lire page 17 La puissance perdue du Syndicat du Livre LE QUOTIDIEN Midi libre para- lysé pendant cinq semaines, des magazines détruits, des quoti- diens empêchés de paraître : l’été est chaud pour la presse française, confrontée à de multiples actions du Syndicat du Livre-CGT. Ces ac- tions ont un temps fait craindre un embrasement général ou un conflit très dur, comme celui qui a coûté la moitié de ses exemplaires au Parisien libéré en 1975 et 1976. Pourtant, cette époque est bien lointaine d’un syndicat tout-puis- sant, sûr de lui et dominateur. Les deux grands et longs conflits, celui de Midi Libre – dont la nouvelle formule a finalement pu sortir le 1 er août – et celui des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP), ont certes montré que le syndicat avait la capacité de gravement perturber la presse, mais ils ont aussi mis en évidence ses fai- blesses. A Midi libre, la direction a fait la preuve qu’on pouvait sortir un journal en dehors des frontières et en dehors du Syndicat du Livre. Le message a été bien reçu par la Fédération du Livre (Filpac-CGT). Son secrétaire, Michel Muller, le reconnaît : « Les nouvelles techno- logies ont des effets sur les rapports sociaux. On ne peut plus dire qu’on arrête la presse et qu’on verra en- suite. On va devoir travailler de manière différente. » Aux Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP), le conflit, qui s’est traduit par deux jours de non-parution des quoti- diens, par la destruction de mil- liers de magazines et par de nom- breux actes de violence – qui ont donné lieu à des plaintes –, a lui aussi mis en évidence les limites de l’action du syndicat. L’arrêt des deux centres de distribution n’a pas empêché la diffusion des ma- gazines sur lesquels il voulait pe- ser. Faute de pouvoir arrêter les grands titres d’Hachette, d’Emap ou de Prisma Presse, ce sont les quotidiens qui ont été pris en otage d’un conflit qui ne les concernait pas. Il s’agit aussi d’un symbole. Le Syndicat du Livre a conservé une force dans la presse quoti- dienne, et notamment à Paris, qu’il n’a pas pu conquérir dans la presse magazine, qui s’est consi- dérablement développée à partir des années 60. Alain Salles Lire la suite page 10 Dans le ciel européen LÉO VAN WIJK MARDI 5 AOÛT, Léo van Wijk a pris les commandes de KLM. Ce quinquagénaire qui a fait toute sa carrière au sein de la compagnie aérienne néerlandaise devra compléter la stratégie d’alliances engagée par son prédécesseur. Sur la trace de British Airways, il lui faudra trouver un partenaire euro- péen. KLM courtise Alitalia depuis un an et demi. Lire page 11 Stéphane Diagana, un Français en or À VINGT-HUIT ANS, Stéphane Diagana est devenu champion du monde du 400 m haies, lundi 4 août, à Athènes. Ce succès, le premier signé par un Français aux championnats du monde (Marie- José étant la première Française à avoir remporté deux titres sur 400 m), couronne une carrière exemplaire menée sous la conduite de l’entraîneur Fernand Urtebise. Il console également un athlète atta- chant de son forfait aux Jeux olym- piques d’Atlanta (1996). Il fait, en- fin, du recordman d’Europe (47 s 37) le premier Européen à do- miner la spécialité depuis 1983. Lire pages 14 et 15 TEMPSPORT a Trois zéros de moins pour le rouble Boris Eltsine espère rétablir la confiance et simplifier la vie pratique de la population en créant un nouveau rouble au 1 er janvier 1998. p. 4 a Le FLNKS divisé La conduite des négociations avec le gouvernement sur l’avenir institution- nel de la Nouvelle-Calédonie divise les deux principales composantes du mou- vement indépendantiste. p. 5 a Délocalisation agricole La multiplication des implantations de porcheries industrielles en France sus- cite de plus en plus d’opposition. p. 8 a Dîner à deux Un homme, une femme, une table : Jean-Pierre Quélin détaille les compor- tements et les pièges de cette scène de la vie quotidienne. p. 16 a Razzia sur les objets d’art Au Pérou, le « seigneur de Sipan » or- ganise la lutte contre les pilleurs de tombes. p. 9 a Tout sur le tutu L’exposition de l’Opéra Garnier de Pa- ris est entièrement consacrée à ce cos- tume de danse. p. 18 a Blueberry Les hommes d’escorte ont été massa- crés par la faute de Géronimo. 20 e épisode de notre BD p. 25 La France, qui a perdu sa doyenne, compte 6 000 centenaires CONSIDÉRÉE comme la « doyenne de l’humanité » depuis 1987, Jeanne Calment est morte, lundi 4 août à Arles, à l’âge de 122 ans. Selon le professeur Axel Kahn, il s’agit du cas exceptionnel d’une personne qui « est allée jus- qu’au bout de son programme biolo- gique de vie ». Par-delà la curiosité médiatique et commerciale dont elle faisait l’objet, Jeanne Calment était devenue le porte-drapeau de ces nouveaux centenaires dont le nombre augmente chaque année dans les pays industrialisés. Envi- ron 6 000 centenaires vivent actuel- lement en France. On estime qu’il y en aura 150 000 en 2050. Ce vieil- lissement constant de la popula- tion fera de la prise en charge des personnes âgées l’un des enjeux majeurs du siècle prochain. Lire page 6 Les autorités financières internationales s’inquiètent de l’instabilité des monnaies Le FMI engage un plan exceptionnel de sauvetage de l’économie thaïlandaise LE GOUVERNEMENT thaïlan- dais a adopté, mardi 5 août, un plan de sauvetage négocié avec le Fonds monétaire international pour enrayer la chute de sa mon- naie, le baht. Bangkok va pouvoir emprunter 12 à 15 milliards de dol- lars (75 à 95 milliards de francs), en contrepartie de mesures sé- vères de redressement écono- miques. Le gouverneur de la banque centrale thaïlandaise, Chaiyawat Wibulswasdi, a indiqué que les opérations dans le pays de 42 éta- blissements financiers allaient être suspendues. La Bourse de Bang- kok a suspendu la cotation de toutes les sociétés financières. Après cette annonce, l’indice prin- cipal a plongé de 3,5 %. L’instabilité monétaire n’est pas l’apanage de l’Asie du Sud-Est. La hausse du dollar s’est poursuivie et amplifiée, lundi 4 août, portant un temps le billet vert à plus de 6,31 francs et 1,87 deutschemark, ses niveaux les plus élevés depuis 1989. Le billet vert bénéficie à la fois de la vigueur de l’économie améri- caine (le taux de chômage est des- cendu en juin à 4,8 % de la popula- tion active) et de l’anticipation d’une hausse prochaine de ses taux par la Réserve fédérale amé- ricaine pour limiter les tensions inflationnistes. En Europe aussi, les analystes craignent un resser- rement de la politique monétaire de la Bundesbank pour enrayer une appréciation du dollar jugée excessive par rapport au mark. Les perspectives de remontée du loyer de l’argent des deux côtés de l’Atlantique ont fait trébucher les marchés obligataires. Lire pages 2, 11 et notre éditorial page 10

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16336 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIMERCREDI 6 AOÛT 1997

25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

Stéphane Diagana,un Français en or

À VINGT-HUIT ANS, Stéphane

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La France,qui a perdusa doyenne,compte6000 centenaires

CONSIDÉRÉE comme la

Les autorités financières internationaless’inquiètent de l’instabilité des monnaies

Le FMI engage un plan exceptionnel de sauvetage de l’économie thaïlandaiseLE GOUVERNEMENT thaïlan-

perspectives de remontée du loyer

dais a adopté, mardi 5 août, unplan de sauvetage négocié avec leFonds monétaire internationalpour enrayer la chute de sa mon-naie, le baht. Bangkok va pouvoiremprunter 12 à 15 milliards de dol-lars (75 à 95 milliards de francs),en contrepartie de mesures sé-vères de redressement écono-miques.

Le gouverneur de la banquecentrale thaïlandaise, ChaiyawatWibulswasdi, a indiqué que lesopérations dans le pays de 42 éta-blissements financiers allaient êtresuspendues. La Bourse de Bang-kok a suspendu la cotation detoutes les sociétés financières.Après cette annonce, l’indice prin-cipal a plongé de 3,5 %.

L’instabilité monétaire n’est pasl’apanage de l’Asie du Sud-Est. Lahausse du dollar s’est poursuivieet amplifiée, lundi 4 août, portantun temps le billet vert à plus de6,31 francs et 1,87 deutschemark,ses niveaux les plus élevés depuis1989.

ToBERNE

de notre correspondant

Le billet vert bénéficie à la foisde la vigueur de l’économie améri-caine (le taux de chômage est des-cendu en juin à 4,8 % de la popula-tion active) et de l’anticipationd’une hausse prochaine de sestaux par la Réserve fédérale amé-

kyo reste la ville la plqui est passée de la cinq

ricaine pour limiter les tensionsinflationnistes. En Europe aussi,les analystes craignent un resser-rement de la politique monétairede la Bundesbank pour enrayerune appréciation du dollar jugéeexcessive par rapport au mark. Les

us chère de la planèteuième à la deuxième livre, Londr

La puissandu Syndica

LE QUOTIDIEN Midi libre para-

de l’argent des deux côtés del’Atlantique ont fait trébucher lesmarchés obligataires.

Lire pages 2, 11et notre éditorial page 10

es fait exception en passant du

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« doyenne de l’humanité » depuis1987, Jeanne Calment est morte,lundi 4 août à Arles, à l’âge de122 ans. Selon le professeur AxelKahn, il s’agit du cas exceptionneld’une personne qui « est allée jus-qu’au bout de son programme biolo-gique de vie ». Par-delà la curiositémédiatique et commerciale dontelle faisait l’objet, Jeanne Calmentétait devenue le porte-drapeau deces nouveaux centenaires dont lenombre augmente chaque annéedans les pays industrialisés. Envi-ron 6 000 centenaires vivent actuel-lement en France. On estime qu’il yen aura 150 000 en 2050. Ce vieil-lissement constant de la popula-tion fera de la prise en charge despersonnes âgées l’un des enjeuxmajeurs du siècle prochain.

Lire page 6

Diagana est devenu champion dumonde du 400 m haies, lundi4 août, à Athènes. Ce succès, lepremier signé par un Français auxchampionnats du monde (Marie-José étant la première Française àavoir remporté deux titres sur400 m), couronne une carrièreexemplaire menée sous la conduitede l’entraîneur Fernand Urtebise. Ilconsole également un athlète atta-chant de son forfait aux Jeux olym-piques d’Atlanta (1996). Il fait, en-fin, du recordman d’Europe(47 s 37) le premier Européen à do-miner la spécialité depuis 1983.

Lire pages 14 et 15

Des cosmonautesau secours de Mir

DEUX cosmonautes, Anatoli

La flambée du dollar est en train de modifier

de manière significative le calcul du coût de lavie dans les principales agglomérations ur-baines du monde. Tokyo reste la ville la pluschère de la planète et Hongkong s’est hissée audeuxième rang, suivie par Moscou, mais lesgrandes cités d’Allemagne et d’autres pays eu-ropéens sont devenues plus abordables, encomparaison, selon un classement publié, mar-di 5 août, par Corporate Resources Group, unesociété commerciale internationale dont lesiège est à Genève.

Par région, les villes asiatiques figurent tou-jours parmi les plus chères. A elles seules, ellesoccupent dix des douze premières places. Endehors de l’ex-colonie britannique nouvelle-ment rentrée dans son giron, la Chine s’inscriten bonne position dans ce palmarès avec Pékin(cinquième), Shanghaï (sixième), Guangzhou(Canton, neuvième), et Shenzhen (onzième).Séoul s’intercale au septième rang, Singapourau huitième, et Taïpeh au douzième.

Les coûts élevés des loyers et la spéculationfoncière ont été un facteur déterminant dansce classement, en particulier pour Hongkong,

place en un an, reléguant Osaka au quatrièmerang. Par rapport à l’index de base, fixé à 100pour New-York, Tokyo affiche près de170 points, ce qui n’en représente pas moinsune baisse de 30 points en douze mois, reflé-tant l’affaiblissement du yen.

En se hissant de la sixième à la troisièmeplace, Moscou demeure la ville la plus chèred’Europe. Avec une nouvelle venue, Saint-Pé-tersbourg, dixième, la capitale russe est laseule ville européenne à compter au nombredes dix premières. Les villes suisses de Genèveet de Zurich, qui occupaient respectivementles huitième et neuvième places une année au-paravant, se retrouvent vingt-deuxième etvingt-troisième dans la présente étude, réali-sée en mars dernier. Genève a même enregis-tré une baisse de 21 points, soit la plus impor-tante réduction d’une ville européenne dansl’index.

La force du dollar a eu pour conséquence derendre les villes d’Europe occidentale un peumoins chères. Ainsi, les cités allemandes sontclassées en dessous de New-York, tandis queParis, seizième en 1996, s’inscrit à la vingt-neu-vième place. Dans le sillage de la montée de la

vingt-huitième au quatorzième rang. Si l’onexclut New York, qui est remontée de la trente-huitième à la trente et unième place, les villesdes Etats-Unis et du Canada demeurent parmiles plus abordables du monde. En Amérique la-tine, Sao Paulo a confirmé sa réputation deville la plus chère de la région en grimpant duvingt et unième au quinzième rang mondial.En Afrique, Le Caire arrive en trentième posi-tion internationale, tandis que Johannesbourgse situe au bas de l’échelle et occupe la centquarante-quatrième place de ce classement, ladernière revenant à Madras, en Inde, considé-rée comme la ville la moins chère avec un in-dice d’à peine 60 points.

Pour réaliser ce classement, les auteurs del’étude ont mesuré le coût relatif de plus dedeux cents biens et services. Les variations ob-servées d’une année à l’autre tiennent engrande partie aux fluctuations des monnaies,et les critères choisis s’appliquent davantageaux expatriés qu’aux populations locales,même si l’enquête reflète aussi, à sa manière,l’évolution du coût de la vie.

Jean-Claude Buhrer

International ........... 2France ........................ 5Société ....................... 6Carnet ........................ 7Abonnements .......... 8Régions...................... 8Horizons.................... 9Entreprises................ 11

Finances/marchés... 12Aujourd’hui .............. 14Jeux.............................. 17Météorologie ........... 17Culture ....................... 18Guide culturel.......... 20Radio-Télévision ..... 21Annonces classées . 22

Dans le cieleuropéen

LÉO VAN WIJK

MARDI 5 AOÛT, Léo van Wijk a

lysé pendant cinq semaines, desmagazines détruits, des quoti-diens empêchés de paraître : l’étéest chaud pour la presse française,confrontée à de multiples actionsdu Syndicat du Livre-CGT. Ces ac-tions ont un temps fait craindreun embrasement général ou unconflit très dur, comme celui qui acoûté la moitié de ses exemplairesau Parisien libéré en 1975 et 1976.Pourtant, cette époque est bienlointaine d’un syndicat tout-puis-sant, sûr de lui et dominateur.

Les deux grands et longsconflits, celui de Midi Libre – dontla nouvelle formule a finalementpu sortir le 1er août – et celui desNouvelles Messageries de lapresse parisienne (NMPP), ontcertes montré que le syndicatavait la capacité de gravementperturber la presse, mais ils ontaussi mis en évidence ses fai-blesses.

A Midi libre, la direction a fait lapreuve qu’on pouvait sortir unjournal en dehors des frontièreset en dehors du Syndicat du Livre.Le message a été bien reçu par laFédération du Livre (Filpac-CGT).Son secrétaire, Michel Muller, lereconnaît : « Les nouvelles techno-logies ont des effets sur les rapports

arrête la presse et qu’on verra en-suite. On va devoir travailler demanière différente. »

Aux Nouvelles Messageries dela presse parisienne (NMPP), leconflit, qui s’est traduit par deuxjours de non-parution des quoti-diens, par la destruction de mil-liers de magazines et par de nom-breux actes de violence – qui ontdonné lieu à des plaintes –, a luiaussi mis en évidence les limitesde l’action du syndicat. L’arrêt desdeux centres de distribution n’apas empêché la diffusion des ma-gazines sur lesquels il voulait pe-ser. Faute de pouvoir arrêter lesgrands titres d’Hachette, d’Emapou de Prisma Presse, ce sont lesquotidiens qui ont été pris enotage d’un conflit qui ne lesconcernait pas. Il s’agit aussi d’unsymbole.

Le Syndicat du Livre a conservéune force dans la presse quoti-dienne, et notamment à Paris,qu’il n’a pas pu conquérir dans lapresse magazine, qui s’est consi-dérablement développée à partirdes années 60.

Alain Salles

Lire la suite page 10

pris les commandes de KLM. Cequinquagénaire qui a fait toute sacarrière au sein de la compagnieaérienne néerlandaise devracompléter la stratégie d’alliancesengagée par son prédécesseur. Surla trace de British Airways, il luifaudra trouver un partenaire euro-péen. KLM courtise Alitalia depuisun an et demi.

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a Soloviev et Pavel Vinogra-dov, devaient décoller du centrespatial de Baïkonour (Kazakhstan),mardi 5 août à 17 h 35 (heure deParis), à bord d’une fusée SoyouzTM 26 en direction de la station or-bitale Mir. Objectif : remplacerleurs collègues russes et procéder àdiverses réparations dans la stationspatiale, gravement endommagéepar sa collision avec un cargo deravitaillement, le 25 juin.

La première intervention, prévuele 20 août, doit permettre de rac-corder au système d’alimentationélectrique de la station les câblesdes panneaux solaires du moduleSpektr. A Baïkonour, les ingénieurspréparent cette mission en dépitd’une vie quotidienne pleine de dif-ficultés.

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Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,

a Trois zéros demoins pour le roubleBoris Eltsine espère rétablir laconfiance et simplifier la vie pratiquede la population en créant un nouveaurouble au 1er janvier 1998. p. 4

a Le FLNKS diviséLa conduite des négociations avec legouvernement sur l’avenir institution-nel de la Nouvelle-Calédonie divise lesdeux principales composantes du mou-vement indépendantiste. p. 5

a DélocalisationagricoleLa multiplication des implantations deporcheries industrielles en France sus-cite de plus en plus d’opposition. p. 8

a Dîner à deuxUn homme, une femme, une table :Jean-Pierre Quélin détaille les compor-tements et les pièges de cette scène dela vie quotidienne. p. 16

a Razziasur les objets d’artAu Pérou, le « seigneur de Sipan » or-ganise la lutte contre les pilleurs detombes. p. 9

a Tout sur le tutuL’exposition de l’Opéra Garnier de Pa-ris est entièrement consacrée à ce cos-tume de danse. p. 18

a BlueberryLes hommes d’escorte ont été massa-crés par la faute de Géronimo.

20e épisode de notre BD p. 25

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

La majorité de la population mexicaine a payé le rétablissement de la confiance au prix fortMEXICO

de notre correspondantLorsque le gouvernement mexi-

cain annonça, le 20 décembre 1994,un « glissement » de 15 % du pesopar rapport au dollar pour ré-pondre aux pressions exercées surla monnaie nationale, personnen’imagina alors l’ampleur de lacrise qui allait, en quelques se-maines à peine, annuler le rêve duMexique d’accéder à court termeau monde industriel. L’Organisa-tion de coopération et de dévelop-pement économique (OCDE), quiavait admis le Mexique dans sesrangs quelques mois plutôt,n’avait-elle pas prévu, la veille de ladévaluation, que ce pays enregis-trerait une « accélération de sacroissance », une réduction de l’in-flation et une monnaie stable, mal-gré l’aggravation du déficitcommercial ?

Le Mexique avait pourtantconnu une année agitée sur le planpolitique. L’insurrection zapatistedans l’Etat du Chiapas, le 1er jan-

vier 1994, puis, en mars et sep-tembre, les meurtres du candidatofficiel à la présidence de la Répu-blique, Donaldo Colosio, et du se-crétaire général du Parti révolu-tionnaire institutionnel (PRI), leparti au pouvoir, José Ruiz Mas-sieu, avaient mis fin à une longuepériode de stabilité.

RÉSERVES INSUFFISANTESMais, curieusement, toutes ces

turbulences ne préoccupaient pasoutre mesure la communauté in-ternationale. La confiance à l’égarddu président Carlos Salinas et deson successeur, Ernesto Zedillo,qui avaient entrepris de mettre finaux politiques populistes de leursprédécesseurs et de moderniser lepays, était telle que les investis-seurs étrangers ne cédèrent pas àla panique et ne surent pas évaluerà temps la fragilité du systèmeéconomique.

Un incident mineur au Chiapas,où la guérilla s’empare symboli-quement de quelques municipali-

tés, dans la nuit du 19 au 20 dé-cembre 1994, déclencherafinalement la tourmente que lepouvoir avait réussi à retarder du-rant des mois. Le gouvernementavait émis des bons du Trésor libel-lés en dollars pour rassurer les dé-tenteurs de capitaux, qui s’empres-sèrent d’en exiger leremboursement. Les réserves endevises étaient insuffisantes pourcouvrir cette dette à court terme de29 milliards de dollars et la débâclemexicaine menaçait de s’étendre àl’ensemble du continent, et mêmeau-delà. Aussi les Etats-Unis pro-posèrent-ils un plan de sauvetagede 50 milliards de dollars, avecl’appui du Fonds monétaire inter-national (FMI) et des banques cen-trales européennes.

Malgré l’opposition du Congrèsaméricain, le président Bill Clintonmit 20 milliards de dollars à la dis-position du Mexique, qui n’en utili-sera finalement qu’une partie(12,5 milliards) et remboursera letout, en empruntant sur le marché

international, en janvier 1997, soittrois ans avant l’échéance. La pro-duction pétrolière mexicaine avaitété engagée pour garantir le rem-boursement du prêt et le présidentZedillo adopta, dès février 1995, unplan d’austérité extrêmement sé-vère (contrôle des salaires, réduc-tion des dépenses publiques, res-triction du crédit). Après avoirenregistré une croissance de 4,5 %en 1994, la production mexicainechuta de 6,2 % l’année suivante.L’inflation bondit de 7 % à 52 % etle peso perdit plus de 50 % de savaleur par rapport au dollar. Desmilliers d’entreprises fermèrentleurs portes, entraînant la perted’un million d’emplois.

Deux ans plus tard, M. Zedillopouvait annoncer que « les sacri-fices des Mexicains » avaient permisde surmonter la crise et qu’il fallaitdésormais « consolider la reprise »,sans pour autant relâcher l’effort.L’économie a progressé de 5,1 %l’an dernier et pourrait croître de5 % cette année, mais la majorité

de la population n’a toujours pasrécupéré son pouvoir d’achat. Aucours des derniers mois, la mon-naie nationale s’est consolidée, re-tombant sous la barre des 8 pesospour un dollar. La Bourse de Mexi-co vit une période d’euphorie de-puis les élections du 6 juillet, quiont été marquées par une fortepoussée de l’opposition. Les ré-serves de la Banque centrale mexi-caine ne cessent d’augmenter et lescapitaux étrangers ne cessent pasd’affluer.

NOUVEL ENGOUEMENTLes investissements directs pour-

raient atteindre 8 milliards de dol-lars cette année, soit autantqu’en 1994, selon les prévisions desexperts financiers, qui attribuent cenouvel engouement pour leMexique à l’amélioration de la si-tuation économique, au rétablisse-ment de la stabilité politique et àun excès de liquidités sur les mar-chés internationaux depuis que lespays asiatiques sont confrontés, à

leur tour, à de graves problèmes fi-nanciers.

Ces experts font remarquer quela Thaïlande a commis les mêmeserreurs que le Mexique en 1994, enparticulier la surévaluation de samonnaie et un endettement exces-sif des entreprises et des parti-culiers, qui ne sont plus en mesurede rembourser les prêts accordéspar les banques. A la différence, ce-pendant, de la Thaïlande, leMexique a pu limiter les effets dé-vastateurs de la crise grâce à l’Ac-cord de libre-échange pour l’Amé-rique du Nord (Alena), entré envigueur en janvier 1994. Certainssecteurs industriels, en particulierl’automobile, ont ainsi pu compen-ser la chute spectaculaire de leursventes sur le marché intérieur parune augmentation substantielledes exportations vers les Etats-Unis, qui absorbent à eux seulsplus de 80 % du commerce mexi-cain.

Bertrand de la Grange

La Birmanie est au bord de la banquerouteBANGKOK

de notre correspondanten Asie du Sud-Est

La Birmanie, qui a été admise le23 juillet au sein de l’Associationdes nations de l’Asie du Sud-Est(Asean), se porte mal. Alors queles monnaies de la région ont per-du, en juillet, de 5 % à 25 % de leurvaleur par rapport au dollar, lekyat birman a plongé, pour sapart, de 100 % avant d’opérer unléger redressement. En dépit del’ouverture du pays aux investisse-ments étrangers et d’un taux decroissance situé dans une four-chette de 5 % à 7 % ces dernièresannées, le revenu moyen y de-meure inférieur à celui qui préva-lait en 1987, à la veille de la reprisedu pouvoir, dans un bain de sang,par les militaires.

Certes, le pays souffre de ne pasavoir accès aux organismes inter-nationaux de crédit. L’interdictionrécente, par Washington, de nou-veaux investissements américainsn’a pas non plus arrangé leschoses. Cependant, l’amorce d’unredressement, au début des an-nées 90, avec l’ouverture du paysaux capitaux étrangers, s’est éva-nouie, et la junte ne peut s’enprendre qu’à elle-même.

Le secteur industriel ne s’est pasdéveloppé de façon substantielle.Des erreurs, dans le domaine agri-cole, ont empêché de relancer du-rablement les exportations de riz :elles ne représentent, en 1996-1997, que le quart du niveau at-

teint en 1994-1995, année de la re-prise. Sur près de 2 milliards dedollars investis par des étrangersdepuis 1989, la moitié l’ont étédans le domaine gazier et pétro-lier, dont les dividendes ne serontsensibles qu’au début du siècleprochain.

En raison d’un climat politiquepesant et de la répression de ma-nifestations, en décembre 1996 eten mars, le succès de l’« année dutourisme », inaugurée en no-vembre 1996, est loin de répondreà l’attente des autorités. La notede la répression est lourde pour lajunte au pouvoir. Dans le budget1997-1998, la part officielle de ladéfense s’élève déjà à 43 % du to-tal (contre 39,6 % en 1994-1995).En raison de l’opacité des comptesde la nation, certains expertsétrangers calculent, cependant,qu’elle est supérieure à 50 % dubudget.

UN COUSSIN INEXISTANTL’adhésion à l’Asean pourrait

donner un petit coup de fouet aucommerce extérieur de Rangoun,d’autant que la Birmanie sembleprête aux réductions tarifaires pré-vues dans le cadre de la zone delibre-échange du Sud-Est asia-tique, avec 43 % des tarifs déjà misà jour. Mais cette consolation estde portée limitée. Dans leurs tran-sactions, investisseurs étrangers etcommerçants se heurtent à l’ina-déquation de trois taux de change,l’officiel et le plus fort (6 kyats

pour un dollar) étant de trente àquarante fois supérieur à celui dumarché noir.

En 1987, les autorités avaienttout simplement supprimé cer-taines coupures, ruinant ainsi leséconomies d’une partie de la po-pulation. Cette mesure avaitcontribué à provoquer les mani-festations populaires de 1988 etcontraint Ne Win, au pouvoir de-puis 1962, à se retirer du devant dela scène. A la mi-juillet, la junte adonc opposé le démenti le plus ca-tégorique à la rumeur selon la-quelle les grosses coupures – de200 kyats et de 500 kyats – allaientêtre retirées de la circulation.

Le taux d’inflation, alimenté enpartie par l’impression sanscontrepartie de monnaie, n’en de-meure pas moins aux alentours de40 % par an, une dure épreuvepour une population dont le reve-nu annuel per capita est évalué à300 dollars. Les réserves de devisesne seraient pas supérieures à200 millions de dollars, ce quiconstitue, pour l’Etat, un coussininexistant.

Déjà critiquée par les Occiden-taux pour avoir accueilli un régimequi bafoue les droits de l’homme,l’Asean hérite donc égalementd’un membre à la santé suffisam-ment vacillante pour que de nou-veaux mouvements de protesta-tion contre la junte puissent êtredurablement exclus.

J.-C. P.

Politique et affaires se côtoient de trop près Le financement électoral des partis alimente le clientélisme

ÉCONOMIE Le gouvernementthaïlandais devait adopter, mardi5 août, une série de mesures dras-tiques d’assainissement écono-mique et financier décidées sur re-

commandation du Fonds monétaireinternational, venu à l’aide de Bang-kok pour résorber la crise du baht.b LA MONNAIE thaïlandaise flottedepuis quelques semaines et a perdu

en un mois quelque 24 % de sa va-leur. b LE GOUVERNEMENT de coali-tion, dont nombre de secteurs sontaccusés d’entretenir des relationsambiguës avec les milieux d’affaires,

s’en trouve fragilisé. b LA CRISE dubaht, celle de la monnaie d’un paysémergent qui fait largement appel àl’épargne privée étrangère pour fi-nancer son développement, rappelle

par bien des points celle que connutle peso mexicain en 1994. LeMexique, lui, paraît en passe de ré-tablir la situation. (Lire aussi notreéditorial page 10.)

La Thaïlande s’impose une cure d’austérité pour sortir de la tourmenteLe gouvernement de Bangkok devait donner son feu vert, mardi 5 août, à un plan de rigueur budgétaire assorti de réformes structurelles

en contrepartie d’une ligne de crédit de 4 milliards de dollars du FMI. Depuis le début de l’été, le baht a perdu près d’un quart de sa valeur

Source : Bloomberg1997

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F M A M J J A

Stabilisation du baht et remontée de la Bourse

DOLLAR EN BAHT THAÏLANDAIS INDICE SET 50 DE LA BOURSE DE BANGKOK

L'annonce d'un accord entre le gouvernement thaïlandais et le FMI a permis aux marchés financiers de reprendre leur souffle.

31,35 le 5 août

échelle inversée 50,46 le 5 août

BANGKOKde notre correspondant

Le gouvernement thaïlandaisdevait annoncer, mardi 5 août, ledétail du plan de rigueur négociéavec le Fonds monétaire interna-tional (FMI) en échange d’un cré-dit de 4 milliards de dollars. Lacrise financière ayant contraint àla dévaluation du baht, la monnaielocale, le 2 juillet, la communautéfinancière internationale a agiavec détermination. Redoutant ladéfiance persistante des investis-seurs, les conséquences catastro-phiques sur l’économie thaïlan-daise de la tourmente financièrede juillet, et ses potentielles réper-cussions dans l’ensemble de la ré-gion, le FMI a négocié avec les au-torités de Bangkok un soutienfinancier considérable à courtterme, assorti d’exigences de ré-formes structurelles et d’assainis-sement budgétaire. En échange deces sacrifices, la Thaïlande se ver-rait attribuer par le FMI une lignede crédit de 4 milliards de dollars(25 milliards de francs) et, selon lejournal financier Keizai Shimbun,l’Import-Export Bank du Japonsuivrait, avec 4 autres milliards.

Par ailleurs, un consortium debanques américaines, euro-péennes et asiatiques fournirait5 milliards de dollars.

De toutes les décisions quidoivent être prises par le gouver-nement thaïlandais – équilibre dubudget, contrôle de l’inflation, ré-forme fiscale, privatisations –, larestructuration du secteur ban-caire doit fournir la preuve de ladisposition des autorités à accep-ter la discipline préconisée par leFMI. Celui-ci a clairement fait sa-voir au gouvernement de Bangkokqu’il devait cesser de maintenir ar-tificiellement en vie les sociétés fi-nancières techniquement en ces-sation de paiement, officiellementau nombre de seize, mais dont laliste pourrait s’allonger.

On estime à 320 milliards debahts (65 milliards de francs) lessommes déjà injectées par labanque centrale afin d’éviter leurfaillite. Le FMI aurait vivementconseillé la liquidation des établis-sements insolvables et la créationd’un fonds de compensation desdépôts sur cinq et dix ans, selonleur importance. Les sommesmises à disposition des autorités

thaïlandaises pour leur perm-mettre de remettre l’économie surles rails de la croissance ne pour-raient, en aucun cas, servir à ren-flouer les banques non perfor-mantes.

Les milieux financiers thaïlan-dais s’attendent également que leFMI préconise, comme il l’a déjàfait au Mexique (lire ci-dessous) eten Argentine, l’ouverture du sys-tème bancaire aux capitaux étran-

gers. Jusqu’à présent, ceux-ci nesont autorisés à détenir le capitaldes banques thaïlandaises qu’àhauteur de 25 %. Une ouvertureaccrue du secteur, visant à doperla recapitalisation des établisse-ments en difficulté passagère et àrenforcer l’ensemble du secteur fi-nancier, aurait sans doute pourconséquence de faire passer souscontrôle étranger des établisse-ments de crédit thaïlandais, ce queles autorités ont jusqu’à présenttoujours réussi à empêcher. Quantà la banque centrale, dont la ges-tion de la crise a été beaucoup cri-tiquée, elle se verrait retirer la su-pervision des établissements decrédit pour se limiter à l’adminis-tration de la politique monétaire,sous la houlette du FMI.

CRISE DE CONFIANCELes mesures fiscales destinées à

équilibrer le budget seraient égale-ment brutales : la TVA devrait êtrerelevée de 3 points, passant de 7 %à 10 %. Le gouvernement auraitproposé d’échelonner cettehausse, politiquement difficile, surplusieurs années et suggéré enéchange des réductions budgé-

taires sur l’année 1998 plus impor-tantes que ne le demande le FMI.Egalement au chapitre de l’austéri-té, les Thaïlandais devraient payerplus cher les services publics – eau,électricité –, dont les subventionsseront diminuées.

La crise thaïlandaise apparaît, endéfinitive, davantage comme unecrise de confiance que comme unecrise de liquidités. Si les mesuresnégociées avec le FMI parviennentà rassurer les capitaux qui se sontenvolés, le secteur privé, apuré,désendetté, devrait se révéler plusperformant. D’autant que la chutedu baht a provoqué une baisse sa-lutaire du prix des actifs. Mais en-core faut-il que les investisseurssoient convaincus de la volonté dugouvernement – et plus générale-ment de la société politique thaï-landaise – de mettre véritablementen œuvre les mesures d’assainisse-ment auxquelles il déclare vouloirsouscrire. L’enchevêtrement desalliances entre le monde politiqueet celui des affaires, la difficulté derépartir les sacrifices nécessairespeuvent conduire à de nouvellescrises et retarder le retour de laconfiance. − (Intérim.)

BANGKOKde notre correspondant

A force d’abondance et d’argent facile, la Thaïlandes’était habituée à vivre au-dessus de ses moyens et,sur le plan politique, à un certain laxisme. Ces temps-là sont révolus. La coalition gouvernementale sortiedes urnes en novembre 1996 et dirigée par le généralChaovalith Yongchaiyudh a traîné avant de prendrela mesure de la crise économique et financière. Débutjuillet, la décision tardive de faire flotter le baht s’estprise dans la précipitation, rendant le recours à l’aidedu Fonds monétaire international (FMI) inévitable.

L’un des problèmes réside également dans le tropbon ménage entre politique et affaires. Le système sefonde, depuis que les militaires ont été contraints derenoncer au pouvoir, en 1992, sur des clientèles qui fi-nancent campagnes électorales et partis politiques.Dans ce contexte, la complicité prévient l’adoptionde réformes essentielles : abandonner, par exemple,des sociétés financières à leur faillite revient souventà ne pas se porter à la rescousse d’un partenaire oud’un obligé. Du coup, la potion amère proposée parle FMI risque d’ouvrir quelques brèches dans les soli-darités politiques. C’est pourquoi le premier ministre,qui préside le premier parti représenté au Parlement,a tenu à verrouiller les postes les plus sensibles del’économie avant l’épreuve. Plusieurs grands commisde l’Etat, dont le gouverneur de la Banque centrale,ont démissionné ou ont été limogés.

Un autre handicap de la vie politique est l’éparpille-ment des voix : pour obtenir une majorité, tout cabi-net regroupe plusieurs partis, l’actuel en comptantsix. Cette règle réduit d’autant la marge de ma-nœuvre du gouvernement. C’est en partie pour cetteraison que les deux premiers ministres précédents,Chuan Leekpai (1992-1995) et surtout Banharn Sila-pa-archa (1995-1996), avaient laissé la crise se déve-lopper sans trop réagir. Il est difficile de jauger l’im-

popularité du gouvernement actuel, mais sonincapacité à trancher, pendant de longs mois, a pro-voqué quelques remous. Une délégation d’hommesd’affaires a été reçue par Prem Tinsulanonda,conseiller privé d’un roi qui demeure l’ultime recoursen cas de graves difficultés, ainsi qu’il l’a montré, enmai 1992, lorsqu’il a renvoyé les généraux dans leurscasernes.

UN PROJET DE CONSTITUTIONPour s’être brûlé les doigts à l’époque, l’armée n’est

guère tentée d’intervenir. Ses deux principaux chefs,les généraux Mongkol Ampornpisit, commandant su-prême, et Chettha Tanajaro, puissant chef de l’arméede terre, ont tour à tour « garanti » qu’« il n’y aurapas de coup d’Etat ». Mais, la confiance dans l’admi-nistration s’évaporant au fil des semaines, l’état d’es-prit des militaires pourrait un jour changer. Rien nedit qu’ils demeureraient à l’écart, le cas échéant,d’une solution du type « sauvetage national ».

Chaovalith Yongchaiyudh conserve néanmoinsquelques atouts. Les querelles au sein de son gouver-nement sont nettement moins sensibles que sousl’administration précédente, qui avait été contraintede dissoudre l’Assemblée au bout de dix-huit moisseulement. En outre, personne ne veut apparemmentlui succéder dans les circonstances actuelles.

Curieusement, la crise économique pourrait facili-ter l’adoption d’un projet de Constitution plus libéral,sur lequel le Parlement doit se prononcer le 26 sep-tembre. Ce projet prévoit que les ministres devrontrenoncer à leur mandat de député et que le Sénat se-ra élu au suffrage direct, alors qu’il est nommé par lepremier ministre aux termes de la Constitution pro-mulguée en 1991, quand une junte militaire était aupouvoir.

Jean-Claude Pomonti

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 3

Nouvellecontroverseà Londressur la rétrocessionde Hongkong

LONDRESde notre correspondant

Les dernières années de la ges-tion britannique de Hongkongavant sa rétrocession à la Chine, le1er juillet, ont suscité une nouvellepolémique à Londres. Le ForeignOffice, a-t-on appris dimanche3 août, a ouvert une enquête surd’éventuelles « fuites » de docu-ments confidentiels dont serait res-ponsable le dernier gouverneur,Chris Patten.

Certaines personnalités au Fo-reign Office, dont celles quis’étaient opposées à la politique deM. Patten visant à démocratiser lacolonie malgré l’opposition de Pé-kin, estimeraient que l’ancien gou-verneur a transmis des informa-tions secrètes à son biographe,Jonathan Dimbleby, qui vient depublier The Last Governor (éditionsLittle Brown). Informations portanten particulier sur un « gentleman’sagreement » confidentiel par lequelLondres aurait donné en 1987 carteblanche à Pékin pour ne pas res-pecter ses engagements d’organiserdes élections directes à l’Assembléelocale. M. Patten a catégorique-ment démenti ces allégations.

La lutte au couteau qui a fait ragetout au long des cinq années pas-sées par M. Patten à Hongkongavec les « sinologues » du ForeignOffice – comme son prédécesseur,Lord Wilson, ou l’ex-conseiller di-plomatique de Mme Thatcher, SirPercy Cradock – ainsi que son an-cien collègue au gouvernement,l’ex-ministre des affaires étran-gères, Lord Howe, partisans d’unapaisement à tout prix avec Pékin,est de notoriété publique. Par Jona-than Dimbleby interposé, ChrisPatten a réglé ses comptes avecceux qui lui avaient mis des bâtonsdans les roues.

CHANCELLERIE DIVISÉEDepuis le début des négociations

avec Pékin sur l’avenir de Hong-kong, une frange de la diplomatiebritannique prônait une politiquede complaisance avec la Chine.Après la signature de la déclarationconjointe de 1984, la principalepréoccupation du gouvernement aété de faire en sorte que les chosesse passent le mieux possible jus-qu’à la date fatidique en s’efforçantde concilier le désir de la majoritédes Hongkongais d’être écoutés etcelui de Pékin de décider à leurplace. « Les vues de la majorité nesont pas nécessairement ce qui estsouhaitable », déclarait ainsi, en1988, le représentant officieuxchinois à Hongkong, Xu Jiatun. Car,bien avant le drame de la place Tia-nanmen en juin 1989, il étaitévident à tous ceux qui voulaient levoir que Pékin n’avait aucune in-tention de respecter l’esprit, voirela lettre, des accords. M. Pattenavait choisi de jouer la carte de ladémocratie ; il aura quitté Hong-kong sans avoir réussi à faire ac-cepter par Pékin son Conseil légis-latif élu, remplacé par uneAssemblée nommée. Rien ne ditqu’il aurait mieux réussi en se sou-mettant aux exigences chinoises.Peut-être même aurait-il été criti-qué pour avoir cédé à une dictaturecommuniste.

Chris Patten – en vacances danssa propriété du Tarn, où il écrit sesMémoires – était très proche deJohn Major, qui voyait en lui unsuccesseur potentiel. Membre del’aile modérée et européenne deson parti, il n’a jamais caché sondésir de revenir à la vie politique. Ilaurait ainsi refusé l’offre de M. Ma-jor d’entrer à la Chambre desLords, où se retirent les politiciensen fin de carrière. Un des objectifsde ceux qui ont suscité cette en-quête pourrait être de torpiller sesambitions. Mais les choses ne sontpas si simples puisque plusieurs dé-putés ont réclamé l’ouvertured’une enquête portant sur les ac-cords secrets avec Pékin. Les ac-cusateurs pourraient alors se re-trouver accusés, ce qui pourraitpermettre de savoir enfin ce quis’est vraiment passé entre Londreset Pékin. Mais cela risque aussi deternir l’image d’une diplomatie bri-tannique qui apparaît aujourd’huibien divisée.

Patrice de Beer

Course de vitesse pour sauver la « nécropolis » d’Alexandrie du bétonALEXANDRIE

de notre correspondantSamedi 2 août, dans le quartier de Qabbari,

à l’ouest d’Alexandrie, le gouverneur de laville et le ministre de la construction assistentaux festivités marquant l’imminence de la findes travaux de construction d’un autopont. Al’autre bout de l’ouvrage de béton, des ar-chéologues plient bagage, la mort dans l’âme.L’équipe de Jean-Yves Empereur, directeur duCentre d’études alexandrines (CEA), doit re-mettre le chantier à Hassan Allam Contrac-tors. La bataille pour sauver la « nécropolis »d’Alexandrie semble perdue. Le béton va cou-ler, et la fameuse « cité des morts », pour la-quelle l’historien et géographe Strabon a for-gé, en 25 avant J.-C., le mot « nécropolis », vadisparaître à tout jamais.

Elle n’aura ressuscité que pour cent cin-quante jours à peine. C’est en mars qu’unedes pelleteuses qui apprêtaient le terrain pourl’autopont devant relier l’autoroute du Caireau port d’Alexandrie a provoqué un effondre-ment. Les ingénieurs de la compagnie éta-tique savent ce que cela veut dire. Le servicedes antiquités est convoqué. De précieuxmois sont perdus en vaines palabres pour fi-nancer les fouilles. Le 26 juin, en désespoir de

cause, le chef du service des antiquitésd’Alexandrie appelle le directeur du CEA à larescousse.

En quarante-huit heures, Jean-Yves Empe-reur rassemble ses troupes : une douzained’archéologues, de topographes, de dessina-teurs, de photographes, de restaurateurs etcent trente-cinq ouvriers formés à la strati-graphie. Le directeur de recherche au CNRSdoit aussi gratter ses fonds de tiroirs pourtrouver l’argent nécessaire à cette nouvelle« fouille de sauvetage ». Tout le monde tra-vaille d’arrache-pied dans cette course contrela montre, le promoteur ayant accordé un dé-lai de grâce de deux semaines.

RICHES SÉPULTURES Il apparaît très vite qu’on est en pleine

« nécropolis ». Une vraie métropole desmorts, à la mesure de celle des vivants– Alexandrie comptait entre 400 000 et 1 mil-lion d’habitants durant la période gréco-ro-maine – et qui, selon Strabon, était composéede jardins et de maisons d’embaumement, aumilieu d’innombrables tombes, dont la pre-mière contient à elle seule une centaine de lo-culi, ces alvéoles creusés dans le calcaire pouraccueillir les dépouilles.

Certaines semblent avoir été faites par unservice de pompes funèbres fonctionnant aurendement : des rangées d’ouvertures carréessuperposées, ou des emplacements marquéset numérotés en prévision des morts futurs.Mais les quinze tombes qui ont été mises aujour ont aussi révélé des sépultures plusriches, avec des mezzanines, des décorations,des peintures, de la céramique, des lampes etdes salles de banquet. Avec un peu plus demoyens, Jean-Yves Empereur est convaincuque l’on pourra trouver mieux. La nappephréatique interdit en effet l’accès aux étagesinférieurs. L’eau, non seulement, conservemais elle empêche les voleurs de violer lestombes.

Le CEA, cependant, n’a plus un sou encaisse. Une situation d’autant plus regrettableque le promoteur a fait preuve de bonne vo-lonté : la descente de pont sera élevée au-des-sus du site et formera une sorte de plafond.Un nouveau délai de grâce pourrait être ac-cordé. Toutefois, il faut dégager, sur une cen-taine de mètres, le reste des tombes. Il suffi-rait de 500 000 misérables francs, mais où lestrouver en plein mois d’août ?

Alexandre Buccianti

« Les militaires [de l’armée de Kabila] ontséparé les petits garçons et les petites filleset ont commencé par tuer les garçons »

GENÈVEde notre correspondante

Le Fonds des Nations uniespour l’enfance (Unicef) a mis surpied en République démocra-tique du Congo (RDC, ex-Zaïre)un programme d’identificationd’enfants réfugiés rwandais« non accompagnés » – les en-fants perdus – afin de préparerleur rapatriement dans leur paysd’origine. Les délégués de l’Uni-cef ont retrouvé un certainnombre d’enfants et d’adoles-cents rwandais réfugiés dans laforêt ou dans des camps. Ils lesont conduits vers des centres detransit et se sont efforcés de re-cueillir leurs témoignages surleur périple et les exactionscommises en 1996-97. lors del’offensive des forces de Kabila àtravers l’ex-Zaïre.

Interrogés sur les événementsdu camp de Kasese, Pierre, treizeans, et Jeanne, quinze ans, ra-content : « Des [civils] Zaïrois ve-naient piller la nourriture des ré-fugiés pendant la nuit pour quenous mourrions de faim. Les mili-taires [de l’armée de Kabila] ontséparé les petits garçons et les pe-tites filles et ont commencé partuer les garçons. A coups de feu. Etaprès, il les ont coupés en deux. »Jeanne précise : « Pour que, s’ilressuscitent, ils ne puissent plusmarcher. »

Pierre reprend : « Un jour, lesmilitaires sont venus à 6 heures dumatin avec des Zaïrois. Ils ont réu-

ni les réfugiés et, quand ceux-ciétaient rassemblés, on nous a tirédessus. Des villageois ont aidé àcreuser des fosses pour jeter les ca-davres dedans très profondément.Pour que, au cas où viennent desBlancs, i l s ne voient pas lescorps. » Jeanne ajoute : « On acoupé avec une machette le brasd’une femme. Après, ils ont tirédessus. Moi, je suis la seule qui mesuis sauvée. » A la question de sa-

voir ce qu’ils souhaitent pourleur avenir, Pierre répond,comme c’est le cas pour un grandnombre d’autres enfants réfugiésrwandais : « Je voudrais vivre dansun orphelinat avec des Blancs,comme ça, je serais protégé. »

Peu de ces enfants acceptentd’un cœur léger la perspective derevenir au Rwanda. Jeanne dit :« Dans les camps, c’était encorepire, parce que, au Rwanda, ontuait vite, mais ici, les Zaïrois cou-paient les gens avec la machette etils mouraient très lentement. Ilscoupaient les jambes, arrachaientles yeux, coupaient les mains. Leshommes, on les tuait plus cruelle-ment. Les femmes mouraient plusvite. » Elle ajoute qu’elle a peur

de rentrer au Rwanda, parce queplus personne de sa famille n’yvit et qu’elle est persuadée queses parents sont morts.

Joseph, dix ans, raconte : « Jesuis seul. J’étais avec mon père àGoma. Il y a eu des coups de feu.On s’est échappés dans la forêt etje l’ai perdu... Je n’ai pas envie derentrer au Rwanda... On nous ex-plique qu’au Rwanda on tue lesgens, qu’on tue les garçons et

qu’on laisse les fil les . » Jean-Pierre, quatorze ans, dit : « Lesmilitaires nous ont tiré dessus dansla forêt trois jours après avoir quit-té le camp. Les autres, qui étaientavec moi, sont tous morts ; j’étaisblessé mais les soldats ont cru quej’étais mort. » Pour Marie-Chris-tine, cinq ans seulement, quipleure longuement l’absence deses parents, la pire des choses estd’avoir faim : « Au point de mecoucher au bord de la route et at-tendre un bienfaiteur. » La chosela plus triste pour elle ? Avoir vu« comment on assassine une per-sonne ». Cette vision l’obsèdetoutes les nuits.

Bernard, douze ans, raconte :« Quand les gens se sont entassés,

les militaires ont commencé à tirerdessus. Il y avait un militaire quinous faisait signe de nous enfuir.C’étaient des militaires de Kabila.J’étais dans la ligne de devant. J’aicouru. Je ne sais pas combien demorts sont restés derrière. Il y avaitdes gens qui venaient manger dansla forêt. Ils ont raconté qu’il y avaitbeaucoup de morts, qu’il y avaitdes trucs : les militaires imitaientles enfants qui appelaient les ma-mans et, quand les mamans s’ap-prochaient, ils les tuaient. »

Adrien, seize ans, interrogé surla meilleure chose qui lui soit ar-rivée dans la vie, répond : « Riende bon, j’ai trop souffert. » Désiré,cinq ans, à qui on demande d’ex-primer un souhait : « Manger dupain. »

Vingt et un mille cent quatre-vingt-trois enfants « non ac-compagnés » ont été rapatriés auRwanda en novembre 1996, par-mi lesquels le CICR estime à 1 404le nombre de bambins de moinsde cinq ans sans famille, sansidentité, et dont la plupart ne sa-vaient même pas parler. Difficilede savoir comment ils s’appellentet d’où ils viennent. Quelquescentaines d’entre eux sont « enattente » dans des camps près deKigali. Des organisations huma-nitaires prennent soin d’eux enattendant que des parents ou desfamilles d’accueil finissent par lesprendre en charge.

Isabelle Vichniac

L’Unicef a recueilli des témoignages d’enfants rwandaissur des massacres commis dans l’ex-Zaïre

La rupture totale entre Israël et l’Autorité pales-tinienne et la sévérité des mesures de repré-sailles prises par l’Etat juif à l’encontre des

Palestiniens après le double attentat-suicide surun marché de suscitent de réelles inquiétudespour le processus de paix. Les Etats-Unis, l’Union

européenne, l’Egypte et la Jordanie s’emploientà relancer la coopération entre les deux partiesen matière de sécurité.

Les efforts diplomatiques se multiplientpour désamorcer la crise israélo-palestinienne

Les Européens proposent un comité de sécurité permanent

YASSER ARAFAT à Amman,David Lévy en Egypte, le roi Hus-sein en Israël, Miguel Angel Mora-tinos faisant la navette entre Gazaet Jérusalem, Ezer Weizman àWashington : la dégradation desrelations israélo-palestiniennesest telle que des efforts diploma-tiques vont s’intensifier dans la se-maine pour désamorcer la crise.

Avant de se rendre en Jordanielundi 4 août, le chef de l’Autoritépalestinienne, Yasser Arafat, a euun entretien téléphonique avec lesecrétaire d’Etat américain, Made-leine Albright. D’après l’agencepalestinienne d’information Wafa,il a notamment été question desmesures de représailles imposéespar Israël aux Palestiniens après ledouble attentat-suicide sur lemarché juif de Jérusalem. M. Ara-fat a expliqué à Mme Albright, qui apris l’initiative de l’appel télépho-nique, que ces mesures « portentatteinte au processus de paix », aprécisé Wafa.

Quelques heures plus tard, ledépartement d’Etat invitait l’Etatjuif à assouplir dès que possibleles représailles économiquesparce qu’« il est très important deconcilier les besoins légitimes de sé-curité d’Israël avec le bien-être éco-

nomique de la population pales-tinienne ». Soulignant que legouvernement américain « com-prend » la priorité donnée par Is-raël à la sécurité, un porte-paroledu Département d’Etat a ajoutéqu’« il est dans l’intérêt d’Israël defaire face au défi de sa sécuritéd’une manière qui ne porte pasatteinte à la capacité de l’Autoritépalestinienne de remplir ses propresobligations en matière de sécu-rité ».

Outre l’asphyxie provoquée parle bouclage des territoires palesti-niens, Israël a refusé, lundi, detransférer à l’Autorité une sommede 40 millions de dollars qu’il luidoit au titre des droits de douanesperçus dans les ports israéliens etle montant de la TVA perçue parl’Etat juif sur des marchandisesachetées par des Palestiniens.

Washington a également invitéle président de l’Etat israélien,Ezer Weizman, à se rendre auxEtats-Unis à une date qui n’a pasencore été fixée, mais qui seraitpour « bientôt » selon l’un desconseillers de M. Weizman. Cetteinvitation ayant suscité quelquesremous en Israël, la porte-parolede la Maison Blanche, Anne Lu-zetto, a précisé qu’elle ne devait

pas être comprise comme un af-front au premier ministre israé-lien, Benyamin Nétanyahou.

D’après la radio israélienne, lecoordonnateur américain du pro-cessus de paix, Dennis Ross, de-vrait arriver en Israël samedi. Lanouvelle navette de M. Ross entreJérusalem et Gaza, a précisé la ra-dio, ne sera pas limitée dans letemps. Elle vise surtout à relancerla coopération entre les servicesde sécurité israéliens et palesti-niens.

« PUNITION COLLECTIVE »Sur la même longueur d’onde,

Miguel Angel Moratinos, l’envoyéspécial de l’Union européennepour le processus de paix, qui setrouve déjà sur place, a souhaité,lundi, que M. Nétanyahou allègeles mesures de représailles prises àl’encontre des Palestiniens. « Nousne pouvons pas vraiment com-prendre certaines mesures qui, aulieu d’apporter la sécurité, en-traînent l’insécurité », a déclaréM. Moratinos, qui venait de ren-contrer M. Arafat à Gaza. Il a indi-qué qu’il allait essayer d’enconvaincre le premier ministre is-raélien. Selon lui, l’UE « cherche àprésenter des idées concrètes pour

la création d’un comité de sécuritépermanent, dans lequel Israéliens etPalestiniens pourraient collaborerde manière permanente et non pasintermittente ».

Le roi Hussein de Jordanie, qui areçu, lundi, M. Arafat, est « dispo-sé à se rendre en Israël et dans lesterritoires palestiniens autonomes,mais il estime que la situation né-cessite surtout un effort concertédes Américains, de l’Europe, del’Egypte et de la Jordanie », a décla-ré un responsable jordanien souscouvert d’anonymat. D’après laradio israélienne, le monarque ha-chémite devrait se rendre à Jéru-salem, mercredi.

Enfin David Lévy, le chef de ladiplomatie israélienne, était atten-du mardi au Caire, où devait se te-nir une réunion d’urgence des dé-légués permanents des pays de laLigue arabe, à la demande de l’Au-torité palestinienne. Dans un mes-sage au secrétaire général de laLigue, M. Arafat a demandé que« des démarches soient entreprises,aussi bien sur le plan arabe qu’in-ternational, pour sauver le peuplepalestinien de la punition collectiveimposée par Israël », a précisé laLigue dans un communiqué.– (AFP, Reuter.)

Le présidentiranienprônela « détente »avec l’étranger

A EN JUGER par ses premièresdéclarations lors de son investiture,lundi 4 août, le nouveau présidentiranien, Mohamad Khatami, de-meure fidèle à ses objectifs de cam-pagne. Le gouvernement, a ditM. Khatami, élu le 23 mai à uneécrasante majorité de 69 % desélecteurs – notamment les jeuneset les femmes – « s’efforcera de res-taurer les libertés publiques dans lecadre de la Constitution et de l’is-lam » – ce qui est une manière dereconnaître implicitement que ceslibertés étaient bafouées. S’adres-sant aux députés devant lesquels ilvenait de prêter serment, le nou-veau président a ajouté qu’il s’op-poserait à « toute violation de la di-gnité et des droits individuels » – cequi implique que de telles viola-tions existent.

« Nous sommes en faveur d’un dé-veloppement global dans les do-maines politique, culturel, social etéconomique », a encore dit M. Kha-tami, mettant le doigt sur la plaieque les intellectuels de tous bordsse plaisent à rappeler aujourd’huien Iran : en cédant à la pression desconservateurs, le prédécesseur deM. Khatami, Ali Akbar HachémiRafsandjani, a limité les réformesau seul secteur économique – avecun succès pour le moins mitigéd’ailleurs –, laissant la voie libre aurigorisme idéologique, politique etculturel.

Offensif, non sans quelques pré-cautions – il a régulièrement rappe-lé que son projet était conforme àl’islam et la Constitution et s’est dé-fini comme un bouclier contre« toute sorte d’agression culturellepolitique et économique » –,M. Khatami a rappelé qu’il tenait sa« légitimité » de la volonté dupeuple, lequel « doit être convaincuque la détermination de son sort estson droit légitime ». Lorsqu’on me-sure les pressions dont, selon di-verses sources à Téhéran, il a faitl’objet au cours des deux mois sé-parant son élection de sa prise defonction, ces déclarations pa-raissent courageuses. Nombre dedignitaires du régime lui ont publi-quement rappelé au cours des der-nières semaines que la véritablesource de pouvoir en Iran était leGuide de la république islamique,Ali Khameneï, la légitimité popu-laire n’étant que secondaire.

« OUVRIR UNE NOUVELLE PAGE »Mais M. Khatami sait aussi – il

l’avait dit la veille lors de sa confir-mation par M. Khameneï – que « lacondition du succès de l’action dugouvernement » est une « coopéra-tion étroite entre les pouvoirs législa-tif, judiciaire et exécutif ». Et c’est làque le bât blesse, parce que lesdeux premiers sont dominés par lesconservateurs.

En politique étrangère, le nou-veau président s’est prononcé pour« un dialogue entre les civilisations etune détente dans nos relations avecl’étranger ». L’Iran « évitera toutcomportement et acte de tension etaura des relations avec tout pays quirespecte son indépendance poli-tique », a-t-il précisé. Mais l’Iransaura aussi « résister aux puissancesétrangères qui veulent [lui] imposerleur volonté ». Il défendra « les op-primés du monde » et notamment« le peuple palestinien et ses droitslégitimes ».

Le ton est plus prudent, parceque l’Iran, toutes tendances poli-tiques confondues, se considère, àtort ou à raison, assiégé. Plus parti-culièrement, la défiance à l’égarddes Etats-Unis, qui, jusqu’à nouvelordre, veulent le soumettre, ainsique l’Irak, à un double endigue-ment, et l’hostilité à l’occupationpar Israël des territoires arabes sontdes sujets extrêmement sensibles.

Au demeurant, Israël, pour quil’Iran est l’un des principaux par-rains du terrorisme dans le monde,et qui vient de mettre à la disposi-tion des opposants iraniens basés àLondres un de ses satellites pourleur permettre de diffuser des émis-sions de radio destinées aux audi-teurs iraniens, a invité, lundi, Téhé-ran à « ouvrir une nouvelle page »avec lui et à « prouver qu’il est tour-né vers la paix et non vers l’affronte-ment ».

Mouna Naïm

LeMonde Job: WMQ0608--0004-0 WAS LMQ0608-4 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0258 Lcp: 196 CMYK

4 / LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 I N T E R N A T I O N A L

Boris Eltsine lance une réforme monétairepour simplifier la comptabilité des entreprises

L’inflation étant sous contrôle, le rouble va perdre trois zéros

EN VILLÉGIATURE depuis deuxsemaines dans la région de Samara,sur la Volga, le président russe a ter-miné un mois de vacances stu-dieuses sur un coup d’éclat à laveille de son retour au Kremlin.Entre deux parties de pêche, BorisEltsine a annoncé, lundi 4 août, lacréation, à compter du début del’année prochaine, d’un nouveaurouble équivalent à 1 000 roubles ac-tuels. Pédagogue, M. Eltsine a expli-qué à ses concitoyens qu’« à partirdu 1er janvier 1998, en Russie, trois zé-ros disparaîtront sur les billets. Le bil-let de 1 000 roubles deviendra un bil-let d’un rouble et une marchandisequi vaut actuellement 1 000 roublesvaudra un rouble ».

Pour avoir été annoncée durantles congés présidentiels, cette me-sure n’en avait pas moins été soi-gneusement préparée au cours desderniers mois par le chef de l’Etat etle président de la Banque centrale,Sergueï Doubinine. En présentantcette réforme, six mois avant sonapplication, le président russe achoisi de se donner du temps etmontré qu’il avait tiré les leçons del’échec des précédentes réorganisa-tions monétaires de 1991 et 1993,préparées dans la précipitation etsapées par les spéculateurs de toutpoil. Les autorités monétairesavaient alors brusquement démoné-tisé certaines grosses coupures oun’avaient laissé que quelques jours àla population pour convertir unesomme plafonnée d’anciens roublessoviétiques troqués contre de nou-velles coupures. Saisis par la pa-nique ou victimes d’escrocs, nombrede Russes avaient perdu leurséconomies devenues sans valeur dujour au lendemain.

RÉAPPARITION DU KOPEKAujourd’hui, le président russe

jure de ses bonnes intentions. « Per-sonne ne perdra rien dans cette ré-forme », a-t-il assuré, précisant queles anciens roubles resteront en cir-culation pendant toute l’année pro-chaine. Retirés de la circulationen 1999, ils pourront encore êtreéchangés dans les banques pendantquatre ans, sans aucune limite. Pouratténuer le choc auprès des mé-nages, les nouveaux roubles ressem-bleront d’ailleurs comme des frèresaux précédents. Autre symbole, lekopek, correspondant à un cen-tième de rouble et qui avait été en-glouti par l’inflation, fera sa réappa-rition.

Rien ne dit que ce réaménage-ment monétaire permettra, commele souhaite le gouvernement russe,de réinstaurer la confiance de la po-pulation envers le rouble. Echaudéspar des années d’inflation qui ontrongé leur épargne, les Russescontinuent de préférer les dollars àleur monnaie nationale malgré l’en-courageante stabilité du rouble parrapport aux principales devisesétrangères au cours de ces derniersmois. Selon le gouvernement, la po-pulation a ainsi consacré, au coursdu premier semestre, le cinquièmede ses revenus pour acheter des dol-

lars plutôt que « d’épargner russe ».Les promoteurs de la réforme es-

pèrent que l’introduction du nou-veau rouble inversera cette ten-dance. Si elle est une conditionnécessaire à un tel rétablissement,elle n’est toutefois pas suffisante. Eneffet, cette mesure est avant toutd’ordre technique – simplifier la viela comptabilité des ménages et desentreprises – et psychologique : ré-tablir la confiance perdue, « dédol-lariser » l’économie et rompre lecercle vicieux des anticipations in-flationistes. « Il ne s’agit pas d’uneréévaluation », a souligné un porte-parole du Kremlin.

Certes, contrairement à 1993, leciel s’est éclairci au-dessus del’économie russe, qui donne dessignes encourageants de stabilisa-tion. En 1993, la Russie flirtait avecl’hyperinflation (2 600 %). Dopé parles prévisions de cette année (12 %),Boris Eltsine prend aujourd’hui lerisque d’affirmer qu’il « n’y aura plusd’inflation ». Par ailleurs, l’excédentcommercial, l’un des plus élevés dumonde, gonfle les réserves dechange. Pour la première fois de-puis 1989, le pays a renoué au coursdu premier semestre avec la crois-sance. Le rythme est encore faible(1 %), le PIB est toujours inférieur de

moitié à celui de 1989 mais ce résul-tat met fin à sept années de réces-sion et laisse entrevoir une reprisepour 1998. Enfin, la masse moné-taire n’a augmenté que de 8 % et lesbanques ont commencé à relâcherleurs taux.

Ces résultats ont été salués, same-di 2 août, par le Fonds monétaire in-ternational (FMI) qui s’est dit « sa-tisfait » des efforts dugouvernement russe pour respecterles objectifs fixés entre les deux par-ties. Moscou devrait ainsi recevoir700 millions de dollars avant fin sep-tembre. Cette tranche du « prêt his-torique » de 10 milliards de dollarsconclu en février 1996 avait été blo-quée par Washington en raison dela lenteur des réformes.

Tous les nuages n’ont pas pourautant disparu de l’horizon et la re-mise à zéro des compteurs moné-taires ne sera qu’un coup d’épéedans l’eau si le pays ne poursuit pasles réformes. Or les rentrées fiscalesne s’améliorent que lentement, lesinvestissements sont faibles et ladette extérieure atteint des som-mets inquiétants, de même que lesarriérés de paiements interentre-prises qui grèvent un budget en dé-rapage souvent incontrôlé. Donnantparfois l’impression de recourir à laméthode Coué, le président russeaffiche pourtant un optimisme réso-lu. Finie « la dégringolade de l’écono-mie », oubliée « la planche à billetspour régler les problèmes ». « Les zé-ros, a-t-il dit, ne réapparaîtront ja-mais sur les billets. »

Christophe Châtelot

COMMENTAIRE

DÉFENDRE LE PRESTIGEDU ROUBLE

En passant de l’« ancien » au« nouveau » rouble, les dirigeantsrusses manient l’effet d’annoncepour créer un climat psycholo-gique favorable à la poursuite deleur politique de réduction de l’in-flation. « C’est une mesure clas-sique lorsque l’on passe de l’hy-per-inflation à une inflation plusmodérée. Elle permet d’ancrer lechangement et de partir sur denouvelles bases », explique Chris-tian de Boissieu, professeurd’économie à la Sorbonne. Antici-pant une monnaie plus stable, lesagents économiques adaptent

leur comportement. Un cercle ver-tueux peut se mettre en place.

L’opération permet d’effacer latrace de périodes d’inflation,souvent difficiles sur le planéconomique. Nombreux sont lespays qui y ont eu recours. LaFrance est passée des anciens auxnouveaux francs dès 1959. Plus ré-cemment, la mode de la monnaie« lourde » a gagné l’Amérique la-tine et l’Europe de l’Est. Le 1er jan-vier 1992, l’Argentine a retiréquatre zéros à sa monnaie, l’aus-tral, pour créer le peso. Un an plustard, le Mexique a amputé son pe-so de trois zéros. En juillet 1994, leBrésil a abandonné le crusero pourle réal. En 1995 enfin, la Pologne acréé un nouveau zloty en suppri-mant quatre zéros à l’ancien.

L’introduction d’une monnaie

« lourde » n’a toutefois de vertuque si elle s’accompagne d’unepolitique économique adaptéepour combattre l’inflation. Les au-torités russes semblent attachées àcet objectif : le nouveau rouble estaussi pour eux une question deprestige. Avant la chute de l’URSS,un rouble valait plus d’un dollar. Ilfaut aujourd’hui près de6 000 roubles pour obtenir un dol-lar. « Le rouble lourd, avec un tauxde change proche de 6 roublespour un dollar, devrait être mieuxperçu à l’intérieur du pays, maisaussi à l’étranger », explique Gé-rard Wild, chercheur au Cepii. Ilaura toutefois du mal à détrônerle dollar, la monnaie préférée desRusses.

Sophie Fay

Les Occidentaux tentent de sauver la paixen infligeant des sanctions aux Bosniaques

LE HAUT REPRÉSENTANT dela communauté internationale enBosnie-Herzégovine, Carlos Wes-tendorp, a recommandé aux paysoccidentaux d’infliger de nouvellessanctions aux Bosniaques. Les dé-légués musulmans, serbes etcroates à la présidence collégiale

et au gouvernement centralétaient tenus de s’entendre sur lanomination de trente-trois ambas-sadeurs, ainsi que sur la questionde la citoyenneté et d’un passeportcommun.

Neuf pays européens et lesEtats-Unis ont annoncé, lundi4 août, qu’ils ne reconnaissaientplus les ambassadeurs bosniaquesdans le monde. Les nouvelles sanc-tions préconisées par M. Westen-dorp n’ont pas été détaillées, maisconcerneraient le refoulementdans les aéroports internationauxdes membres de la présidence etdu gouvernement bosniaques.

L’Allemagne a réagi la premièreen estimant qu’« il est temps que lespoliticiens bosniaques s’aperçoiventque notre patience est à bout ». Pa-ris a précisé que la décision « vise às’assurer que les ambassadeurs deBosnie représenteront un seul gou-vernement et parleront bien au nomdes trois communautés ». Cettecrise politique est le résultat directde la volonté des ultranationalistesde freiner l’application de l’accordde paix de Dayton. Si des électionsont eu lieu pour créer des institu-tions communes, les nouvellesstructures n’ont jamais fonction-né. Les ambassadeurs demeurentdonc les représentants du seulpouvoir de Sarajevo (à majoritémusulmane).

Les Occidentaux, qui ont procé-dé pour la première fois au moisde juillet à l’arrestation de crimi-

nels de guerre et montrent de plusen plus leur détermination à relan-cer le processus de paix, risquentde jouer le jeu des plus farouchesopposants à une réunification dela Bosnie.

Les négociations étant régulière-ment mises à mal par les partisansserbes et croates du séparatismeethnique, les ambassadeurs de Sa-rajevo, s’ils n’ont certes plus demandat légal, demeurent les re-présentants du camp qui défendencore l’unité du pays. L’ambassa-deur bosniaque à Stockholm, IzetSerdarevic, a réagi en précisantque les sanctions occidentales sont« une punition pour la Bosnie et unerécompense pour les Croates deMostar et les Serbes de Pale ».

Le symbole de la division entreles communautés bosniaques de-meure Radovan Karadzic qui, in-culpé de « crimes contre l’humani-té », continue de régner dansl’ombre à Pale. Washington re-prend l’intiative sur ce front enrenvoyant dans les Balkans l’arti-san de l’accord de Dayton, RichardHolbrooke, chargé d’obtenir duprésident yougoslave, SlobodanMilosevic, le départ de la scène po-litique de M. Karadzic. Ces nou-velles négociations indiqueraientque les Occidentaux ne sont pasprêts à arrêter le chef de guerreserbe, en dépit des derniers sou-bresauts du processus de paix.

R. O.

La presse algérienne fait étatd’une nouvelle série de tueriesALGER. Soixante-quatorze personnes ont été assassinées, dimanche3 août, lors d’une nouvelle série de tueries dans les départements deBlida et de Ain-Defla, selon des habitants de la région et des sourcesconcordantes, tandis que le quotidien Le Matin, dans son édition demardi, évoque l’assassinat de cent onze civils. Dans la nuit de di-manche à lundi, vingt-six habitants de Amroussa, près de Blida (50 kmau sud d’Alger), ont été massacrés à l’arme blanche ou par balles,lorsque le village a été investi par un groupe armé. Dans la même ré-gion, huit passagers d’un autobus ont été tués à Hammam-Mélouane,dimanche matin, lors d’un mitraillage à un « faux barrage ».Dans le département de Ain-Defla (120 km au sud-est d’Alger), qua-rante habitants ont été massacrés dans la nuit de dimanche à lundi.Ces derniers massacres portent à près de sept cents le nombre de civilstués depuis les législatives du 5 juin dernier, selon des bilans partiels. –(AFP.)

Hassan II limoge dix-neuf ministresen prévision des législativesRABAT. Le roi Hassan II a décidé, lundi 4 août, de limoger dix-neufministres ayant une appartenance politique en prévision des électionslégislatives prévues pour septembre prochain, a-t-on annoncé desource officielle à Rabat. Selon un communiqué du ministère de lacommunication publié dans la nuit de lundi à mardi, ces ministresquittent le gouvernement afin de se consacrer « entièrement à leur ac-tivité politique et partisane » en vue des législatives.Parmi les partants figurent le ministre des finances, Mohamed Kabbaj,le ministre de la justice, Abderrahame Amalou, le ministre de l’agri-culture, Hassan Abou Ayoub, et le ministre des affaires culturelles,Abdellah Azmani. – (AFP.)

La malnutrition progressedans la population nord-coréenneROME. La sécheresse a détruit 70 % de la récolte de maïs en Corée duNord et les pertes dans la récolte de riz prendraient également desproportions alarmantes, ont indiqué, lundi 4 août, dans un communi-qué reçu à Rome, plusieurs agences de l’ONU, dont l’Organisation desNations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Pro-gramme alimentaire mondial (PAM).D’autre part, des membres de l’organisation humanitaire Oxfam deretour d’une mission d’inspection en Corée du Nord ont indiqué quela situation était alarmante. « Nous avons vu des enfants en état de mal-nutrition, et nous savons que certains de ces enfants ne survivront pas », adéclaré Tricia Parker, directeur de programme pour Oxfam à Hong-kong. Quinze enfants de six à sept ans sont morts dans un jardin d’en-fants de Wonsan depuis le début de l’année et la malnutrition pro-gresse rapidement parmi la population de tous les âges, selon desmédecins de cette localité de l’est du pays. – (AFP.)

AMÉRIQUESa BOLIVIE : l’ancien dictateur, Hugo Banzer, qui a dirigé un gouver-nement militaire de 1971 à 1978, a été désigné président de la Répu-blique de la Bolivie, mardi 5 juillet, par le Congrès, au second tour del’élection présidentielle. Lors du premier tour, au suffrage universel, le1er juin, le général Banzer avait devancé, avec 22,3 % des voix, le candi-dat « officiel » Juan Carlos Duran (17,7 %), soutenu par le présidentsortant Gonzalo Sanchez de Losada et le parti gouvernemental, leMouvement national révolutionnaire (MNR). – (AFP.)a CUBA : le ministère cubain de l’intérieur a déclaré, lundi 4 août,que l’explosion, le même jour, d’« un engin de faible puissance dansl’hôtel Melia-Cohiba de la Havane », constituait « un nouvel acte de ter-rorisme », fomenté depuis les Etats-Unis. L’explosion, qui n’a fait quede légers dégâts matériels, présenterait les mêmes caractéristiques quecelles qui s’étaient produites, le 12 juillet 1997, dans deux autres hôtelsde la capitale, le National et le Capri, selon une note officielle du mi-nistère de l’intérieur citée par l’agence Prensa Latina. – (AFP.)

ASIEa CAMBODGE : vingt-sept personnes ont été blessées à PhnomPenh, lundi 4 août au soir lorsqu’un groupe d’hommes en tenue mili-taire a lancé une grenade dans une discothèque de la capitale avant deprendre la fuite, a indiqué mardi la police. Les autorités ne sont pas enmesure de dire s’il s’agit d’un attentat ou simplement d’un règlementde comptes. – (AFP.)a TURQUIE : le Conseil militaire suprême, la plus haute autoritémilitaire, a limogé, vendredi 1er août, 73 officiers et sous-officierspour leurs liens avec des sectes musulmanes, selon une source mili-taire citée sous le couvert de l’anonymat par le quotidien Hurriyet. –(AFP.)

EUROPEa RUSSIE : la vente de 38 % de la compagnie Norilsk, premier pro-ducteur mondial de nickel, prévue pour le 5 août, a été stoppée, lundi4 août, sur ordre du premier ministre, Viktor Tchernomyrdine, qui aestimé que les règles établies par la troisième banque russe, Onexim-bank, gestionnaire de la compagnie depuis fin 1995 et organisatrice decette vente, ne sont pas conformes à la loi. – (AFP.)

DIPLOMATIEa AFRIQUE DE SUD-PORTUGAL : l’Indonésie s’est félicitée, mardi4 août, de l’expulsion par l’Afrique du Sud de l’ambassadeur du Portu-gal. Celui-ci aurait divulgué à la presse la teneur d’une lettre du pré-sident Nelson Mandela au président Suharto – parvenue par erreur àson ambassade – lui demandant de libérer le chef de la rébellion du Ti-mor-Oriental, Xanana Gusmao selon l’agence de presse Antara. L’am-bassadeur a quitté Pretoria pour Lisbonne, samedi, après une de-mande faite la veille par les autorités sud-africaines, selon Lisbonne.Son expulsion n’a pas été confirmée par Pretoria. – (AFP.)

L’accession de la Chineà l’OMC serait retardéeWASHINGTON. La Chine ne sera probablement pas prête à adhérer àl’Organisation mondiale du commerce (OMC) lors de la visite, prévueen octobre prochain, du président Jiang Zemin à Washington, selon leNew York Times du 4 août. « Si la Chine veut que l’adhésion à l’OMC soitun élément-clé de la rencontre avec le président Clinton, elle doit agir trèsrapidement maintenant », a estimé la représentante américaine aucommerce, Charlene Barshefsky, ajoutant qu’« il ne semble pas que laChine ait l’intention d’avancer de manière significative ».Le New York Times précise que l’accession pourrait aussi être retardéepar les accusations contre Bill Clinton, soupçonné d’avoir reçu desversements illégaux de la Chine durant la dernière campagne électo-rale américaine. – (AFP.)

Il ne s’agit pas d’une réévaluation mais d’unemesure technique destinée à simplifier lacomptabilité des ménages et des entreprises. La

A la veille de son retour au Kremlin après unmois de vacances, Boris Eltsine a annoncé lacréation au 1er janvier 1998 d’un nouveau rouble.

stabilisation économique en 1997, marquée parun très net ralentissement de l’inflation et un ar-rêt de la récession a permis ce réaménagement.

LeMonde Job: WMQ0608--0005-0 WAS LMQ0608-5 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:03 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0259 Lcp: 196 CMYK

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F R A N C ELE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

PROCHE-ORIENTLA PAIX INTROUVABLE

a La poudrière du monde, par Ignacio Ramonet.a Ne pas tirer un trait sur le passé, par Georges Corm.a L’avenir brouillé des réfugiés, par Rosemary Sayigh.a Troublante normalisation de la société israélienne,

par Dominique Vidal.a De la menace israélienne au péril islamiste,

par Mohamed Sid-Ahmed.a Les intellectuels arabes et le dialogue,

par Mohamed Sid-Ahmed.a Désordre persistant à Beyrouth, par Samir Kassir.a La Syrie refuse la capitulation, par Alain Gresh.a Ces choix hasardeux de la monarchie hachémite,

par Alain Renon.a Un pétrole toujours plus convoité, par Nicolas Sarkis.a Poussée conservatrice au Koweït, par Yehya Sadowski.a Les raisons de l’engagement de l’Union soviétique

(juillet 1967), par Bernard Féron.a Vœux pieux, froide réalité (novembre 1973),

par Claude Julien.a Et autres...

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Ile Maré

Ile des Pins

ILES LOYAUTÉ

Mines de nickel en cours d'exploitationUsine métallurgique

Projet minier

Réserves minières

NOUMÉA correspondance

« Il n’y a pas de crise, mais des di-vergences de stratégie. L’ensembledes composantes est bien ancré àl’intérieur du FLNKS. » Depuisquelque jours, Roch Wamytan,président du FLNKS (Front de libé-ration nationale kanak socialiste),multiple les déclarations pourconvaincre que la coalition indé-pendantiste se porte comme uncharme. A l’issue de la conventionextraordinaire qui s’est tenue sa-medi 2 août à Nouméa, il a persis-té. Pourtant, au cours de cette réu-nion, même la tentative derédaction d’un communiquécommun a suscité trois heures dedébats. Faute de consensus, il n’yen eut finalement pas. La seule dé-cision concrète a été l’organisationd’un congrès les 27 et 28 sep-tembre, auquel tout a été renvoyé.

Fait rarissime, cette conventionn’aura donc débouché sur aucunemotion écrite. « On renoue avec latradition de l’oralité kanak », décla-rait dans un doux euphémismel’un des secrétaires généraux del’Union calédonienne, dont lespropos ne font guère illusion surles conflits internes du mouvementindépendantiste. Coalition dequatre partis (Union calédonienne,Palika, Union progressiste mélané-sienne et Parti socialiste kanak), leFLNKS a toujours été divisé, maisjusqu’alors il parvenait à maintenirses querelles en coulisses. Au-jourd’hui, la crise est ouverte. Le22 juillet, le Palika, deuxième descomposantes par le poids électo-ral, a reconnu que le FLNKS était« en crise », et dénoncé l’« absencede débat » et l’attitude de M. Wa-mytan.

Cette crise couve depuis desmois. Elle oppose l’Union calédo-nienne (UC) et le Palika, qui ontenchaîné les polémiques sur la ges-tion de la province nord, l’organi-sation du groupe indépendantistedu congrès ou les élections législa-tives. A cette lutte bilatérales’ajoutent des dissensions à l’inté-rieur même de chacune descomposantes, notamment au seinde l’UC où des « électrons libres »sont accusés de connivence avec le

RPCR (Rassemblement pour la Ca-lédonie dans la République) deJacques Lafleur, député RPR.

A la tête du FLNKS depuis dé-cembre 1995, Roch Wamytan es-saie de sauver la face, martelantque « le FLNKS n’est pas un partiunique mais un corps vivant oùtoutes les sensibilités s’expriment ».Il n’est pourtant pas épargné parles critiques, y compris par certainsdirigeants de l’UC, dont il est lecommissaire général, qui lui re-prochent sa trop grande proximitéavec le RPCR.

PARTISANS DE PLUS DE SOUPLESSELa principale pomme de dis-

corde concerne le maintien ou nondu « préalable minier » dans les né-gociations sur l’avenir institution-nel de la Nouvelle-Calédonie, quidoit faire l’objet en 1998 d’un ré-férendum, inscrit dans les accordsde Matignon.

En juillet 1996, le FLNKS a fait dela question minière un préalable àla reprise des négociations avec legouvernement, officiellement in-terrompues en avril 1996, un ac-cord économique étant, pour lesindépendantistes, une contrepartieà des concessions politiques. Sil’Union calédonienne (composante

majoritaire du FLNKS) n’entendpas déroger à cette stratégie, le Pa-lika est partisan de plus de sou-plesse. « On ne construit pas des né-gociations avec des ultimatums etdes préalables », avait déclaré Ra-phaël Mapou, son porte-parole,dès février. Mais jamais le Palikan’est parvenu à imposer ses vues

au FLNKS face à la déterminationde l’UC, qui a fait de l’usine dunord son cheval de bataille.

Lionel Jospin a décidé, le 9 juil-let, de « remettre à plat » cet épi-neux dossier. Tout en maintenantYves Rambaud à la tête de la socié-té minière Eramet, il confiait à Phi-lippe Essig, ancien patron de la

SNCF, une mission d’évaluation« sur les perspectives économiqueset industrielles » d’une usine métal-lurgique dans le nord de la Nou-velle-Calédonie. Parallèlement, ildécidait d’ouvrir le conseil d’admi-nistration d’Eramet à deux person-nalités calédoniennes. L’une d’ellesétait Paul Néaoutyine, l’un deschefs de file du Palika, chargé dudossier minier au FLNKS.

UN « PIÈGE » Le Palika avait accueilli « favora-

blement » ces décisions, et PaulNéaoutyine aurait volontiers coifféla casquette d’administrateur. Maisle 17 juillet, sous l’impulsion del’UC, le FLNKS faisait savoir qu’ilrefusait de siéger au conseil d’ad-ministration. « Nous voulons bienfaire partie du conseil d’administra-tion, mais à condition d’être action-naires d’Eramet. Là, on est proposéspar l’Etat ! C’est un piège pour ré-duire notre marge de manœuvre »,commentait un proche de la direc-tion de l’UC. C’est cette attitudequi a conduit le Palika à « stigmati-ser la stratégie de négociation ver-rouillée du FLNKS ».

Toutefois, lors de la conventionde samedi, le « préalable minier »est devenu un mot tabou, que les

militants ont préféré éviter. Tou-jours soucieux de ne vexer per-sonne, Roch Wamytan soulignait,lundi, que « le FLNKS n’employaitplus le terme de “préalable”, maisque les négociations politiques nes’ouvriraient qu’une fois réglé l’accèsà la ressource pour l’usine dunord ».

En choisissant d’organiser uncongrès les 27 et 28 septembre, leFLNKS attend que le gouverne-ment ait mis sur la table une pro-position qui contraindra lescomposantes à se positionner clai-rement.

Le 15 septembre, Philippe Essigdoit en effet remettre au gouver-nement les conclusions de sa mis-sion. « On n’arrive pas à entrer dansune démarche dynamique, alors oncalque tout sur le calendrier du gou-vernement », confie un responsabledu Palika. Dans les rangs de l’UC,où l’on réfute cette analyse, les mi-litants s’impatientent. Si le « rap-port Essig » ne règle pas l’accès à laressource pour l’usine du nord,l’Union calédoniene envisage d’or-ganiser des actions sur le terrain.Avec ou sans les autres compo-santes du FLNKS.

Claudine Wery

La police est intervenuecontre des manifestants à CayenneDES INCIDENTS ont éclaté, dans la nuit du lundi 4 au mardi 5 août, àCayenne (Guyane) à la suite de l’annonce du maintien en détentionde Jean-Victor Castor, un militant indépendantiste, membre del’Union des travailleurs guyanais (UTG). Les forces de l’ordre ontchargé pour faire dégager une foule d’environ deux cents personnesrassemblées devant l’hôtel de police. Une manifestation avait été or-ganisée à l’appel de l’UTG, du Mouvement de décolonisation etd’émancipation sociale (MDES, indépendantiste) et du Comité No-vembre 96 – le comité de soutien aux Guyanais emprisonnés aux An-tilles dans le cadre de la tentative d’incendie de la maison du pro-cureur de Cayenne – pour la libération de Jean-Victor Castor,emprisonné depuis le 21 juillet (Le Monde du 24 juillet).

DÉPÊCHESa MONNAIE : la France dépassera légèrement, en 1997, le critèrede déficit public de 3 % du produit intérieur brut, une performancesuffisante pour la qualifier dans la première vague de la monnaieunique européenne début 1999, selon une étude de l’institut deconjoncture économique IFO, de Munich, publié lundi 4 août. L’IFOtient pour possible un ratio entre 3,1 % et 3,3 % en 1997. Ce taux seraatteint grâce « au paquet de mesures budgétaires annoncé à la mi-juillet », estime l’IFO. Dans une analyse publiée lundi 4 août, la Deut-sche Bank Research, filiale de la première banque allemande Deut-sche Bank, considère que la France affichera un déficit public aumieux de 3,1 % et au pire de 3,3 % du PIB en 1997.a NOMINATION : Pierre Albertini, député UDF-PPDF de ladeuxième circonscrition de Seine-Maritime et maire de Mont-Saint-Aignan, a été nommé, lundi 4 août, porte-parole du Parti populairepour la démocratie française (PPDF), une des cinq composantes del’UDF.

Les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie ne camouflent plus leur divisionLes deux principales composantes du FLNKS – l’Union calédonienne et le Palika – s’opposent sur la conduite des négociations avec le gouvernement

concernant l’avenir institutionnel du territoire. La plus importante continue à exiger un accord préalable sur l’exploitation du nickel

La prise d’otages à Ouvéa et les « accords de Matignon »b 22 avril 1988 : début desévénements d’Ouvéa. La brigadede gendarmerie de Fayaoué, surl’île d’Ouvéa, enNouvelle-Calédonie, est attaquéepar un « commando » du « comitéde lutte » local du FLNKS (Frontde libération natinal kanaksocialiste). Quatre gendarmes sonttués, deux blessés, et vingt-septpris en otage.b 24 avril : élections régionales etpremier tour de l’électionprésidentielle boycottés par leFLNKS. Situation insurectionnelledans plusieurs zones.b 5 mai : la grotte où sont détenusles otages est prise d’assaut parl’armée. Les otages sont touslibérés sains et saufs. Maisdix-neuf militants canaques etdeux militaires sont tués. Le

président François Mitterrand et lepremier ministre Jacques Chiracavaient donné le feu vert pourl’assaut de la grotte.b 15 mai : Michel Rocard, qui asuccédé à Jacques Chirac à l’HôtelMatignon, nomme une mission« chargée de rétablir le dialogue ».Elle est dirigée par Christian Blanc.b 26 juin : signature des accordsde Matignon, conclus entre lesdélégations du RPCR, conduitepar Jacques Lafleur, député RPR,et du FLNKS, conduite parJean-Marie Tjibaou, sous l’égidede Michel Rocard. Ils prévoient lareprise en main provisoire parl’Etat de l’administation duterritoire, et l’organisation d’unréférendum national sur le statutdu territoire à l’automne. b 4 juillet : les accords de

Matignon font l’objet d’unconsensus au Parlement.b 6 novembre : victoire du « oui »(80 %) au référendum, qui faittoutefois l’objet d’une abstentionrecord (62,96 %). La question était :« Approuvez-vous le projet de loi (...)portant dispositions statutaires etpréparatoires à l’autodéterminationde la Nouvelle-Calédonie en 1998 ? »L’article 2 du texte prévoit que lapopulation de Nouvelle-Calédoniedevra se prononcer sur sonindépendance, entre le 1er mars etle 31 décembre 1998.b 6 mai1989 : Jean-Marie Tjibaou,président du FLNKS, est assassinélors d’un guet-apens à Ouvéa.b 9 juillet 1995 : Jacques Lafleur(RPCR) perd la majorité ducongrès lors des électionsprovinciales.

OUTRE-MER Le FLNKS (Front delibération nationale kanak socia-liste), réuni en convention, samedi2 août, a renvoyé à un congrès, finseptembre, la définition de sa straté-

gie dans les négocations avec le gou-vernement sur l’avenir institutionnelde la Nouvelle-Calédonie. Les « ac-cords de Matignon », signés en 1988sous l’égide de Michel Rocard, alors

premier ministre, prévoient que leshabitants du Caillou seront consul-tés sur le statut du territoire entre le1er mars et le 31 décembre 1998. b LENICKEL, principal ressource de l’île,

est l’enjeu d’un conflit entre les in-dépendantistes et une société dontl’Etat français est l’actionnaire princi-pal. La principale composante duFLNKS fait de ce dossier un « préa-

lable », ce que refusent d’autres diri-geants de la coalition. b LIONEL JOS-PIN, pour tenter de désamorcer leconflit, a demandé un rapport à Phi-lippe Essig pour le 15 septembre.

Le nickel reste la première richesse du territoire LONGTEMPS surnommé « le

métal du diable » par les Néo-Calé-doniens, le nickel est un enjeuéconomique majeur pour l’île. Leminerai représente la première ri-chesse du territoire, bien loin de-vant la pêche et le tourisme. Son ex-ploitation, sa mise en valeur, sesexportations drainent près de 5 000emplois directs et indirects, sur uneîle qui compte 250 000 habitants, etsurtout des millions de dollars.

Après une longue période de crisedans les années 80, le nickel connaîtun nouvel âge d’or. Utilisé surtoutpour la fabrication des aciers inoxy-dables, la demande de ce mineraiest de plus en plus forte, de l’ordrede 6 % à 7 % par an. Or, la Nouvelle-Calédonie possède entre 20 % et25 % des réserves mondiales de nic-kel.

Bien qu’elle possède les plusgrands gisements de nickel, la pro-vince nord, gouvernée par les indé-pendantistes n’a que des très faiblesretombées : les usines, les emplois,les administrations restent dans lesud, gérés par le RPCR (Rassemble-ment pour la Calédonie dans la Ré-

publique), de Jacques Lafleur, dépu-té RPR. Pour l’instant, le seul site deretraitement de nickel de l’île, pos-sédé par la SLN, filiale d’Eramet, està Doniambo, à quelques kilomètresde Nouméa. L’an dernier, il a pro-duit 55 000 tonnes de métal, alorsque l’équivalent de 70 000 tonnesde métal est exporté sous forme deminerai brut, privant l’île de valeurajoutée.

SURENCHÈRESDécidé à mettre fin à ce déséqui-

libre, le FNLKS (Front de libérationnationale kanak socialiste) exige laconstruction d’une nouvelle usinemétallurgique dans le Nord. Promisdès les années 60 par le général deGaulle, ce projet n’a jamais vu lejour. Mais, depuis deux ans, les in-dépendatistes ont des candidatspour le réaliser. La Société minièredu Sud-Pacifique (SMSP), prochedes indépendantistes, associée avecle canadien Falconbridge, veutconstruire une usine capable deproduire à terme 54 000 tonnes denickel transformé et de créer 750emplois. L’investissement, repré-

sentant 1,2 milliard de dollars(7,5 milliards de francs), serait fi-nancé par le groupe minier cana-dien. Mais celui-ci demande une ga-rantie d’approvisionnement devingt-cinq ans en nickel brut.

La SMSP ne peut lui apporterseule cette garantie. Se montranttrès entreprenante, elle a multiplié,ces dernières années, les contratsd’exportation à long terme. L’essen-tiel de sa production de minerai– près de 50 000 tonnes par an – estengagé auprès de clients japonais etaméricains pour les dix prochainesannées.

Pour trouver une solution à ceproblème de ressources, la SMSP,soutenue par le FNLKS, a demandéd’échanger son massif de Poumavec celui de Koniambo, apparte-nant à Eramet. Cet échange per-mettrait à la SMSP d’assurer l’ap-provisionnement de l’usine, aumoins pour un temps, tout en res-pectant ses engagements d’exporta-tion : selon les estimations, Ko-niambo contient le double dequantité de nickel par rapport ausite de Poum. Après des hésitations,

Eramet a accepté le principe del’échange, à la condition que laconstruction de l’usine soit réelle-ment engagée et d’être indemnisée,sur la base d’expertise indépen-dante. Jusqu’à présent, le FNLKS arefusé d’accepter ces conditions.

La confusion, les surenchères en-tretenues autour de ce dossier de-puis des mois ont incité le nouveaugouvernement à remettre tout àplat. Chargé par Lionel Jospin d’unemission sur le développementéconomique et minier de l’île, Phi-lippe Essig, ancien président de laSNCF, doit remettre un rapport surla construction de l’usine du Nord,le 15 septembre.

Telle qu’elle a été imaginée, il y adeux ans, l’usine du Nord n’est pasassurée d’avoir un équilibre écono-mique. Entre-temps, un gisementénorme de nickel, Voisey Bay, a étédécouvert, au nord du Canada. Cesite gigantesque, dont l’exploitationdoit commencer dans un an, risquede bouleverser le marché mondialdu nickel.

Martine Orange

LeMonde Job: WMQ0608--0006-0 WAS LMQ0608-6 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:19 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0260 Lcp: 196 CMYK

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S O C I É T ÉLE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

L’impossible viagerdu notaire Raffray

En mai 1965, Jeanne Calment,alors âgée de quatre-vingt-dixans, vend son appartement enviager à un notaire, André-Fran-çois Raffray. Celui-ci reprendune rente viagère à la veuve deson petit-fils, moyennant le ver-sement d’une mensualité de2 500 francs jusqu’au décès de lapropriétaire. Fin 1995, le notairea déjà versé un total de920 000 francs. Le 25 décembrede la même année, M. Raffraydécède, à soixante-dix-sept ans.Ses enfants et héritiers pour-suivent son engagement viagerpour un appartement inoccupédepuis quinze ans et qui néces-site une remise en état. Lors deson 120e anniversaire, le 21 fé-vrier 1995, Mme Calment s’étaitinquiétée pour la santé du no-taire. Elle avait déclaré : « Dansla vie, on fait parfois des mau-vaises affaires »...

« Un peu notre grand-mère à tous »Le président Jacques Chirac a salué, lundi 4 août, le souvenir de

Jeanne Calment. « Elle était un peu notre grand-mère à tous », a no-tamment déclaré le président de la République, en vacances sur l’îlede la Réunion. Jacques Chirac, qui avait déjà rencontré la doyennede l’humanité, se souvient d’« une extraordinaire vieille dame, tou-jours jeune, alerte, curieuse de tout, sur laquelle le temps semblait glis-ser ». Le premier ministre, Lionel Jospin, a également tenu à rendrehommage à l’Arlésienne et a rappelé « l’attachement et la sympathiedes Français » à son égard. « Elle occupait une place particulière dansnotre histoire et dans notre cœur », a ajouté Lionel Jospin.

A gauche, Jeanne Calment en 1910, en tenue d’Arlésienne : elle a trente-cinq ans.A droite, elle se prépare à célébrer son 120e anniversaire, en février 1995.

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« Doyenne de l’humanité », Jeanne Calment est morte à l’âge de cent vingt-deux ansElle était née le 21 février 1875, aurait rencontré Vincent Van Gogh, qu’elle trouvait « laid comme un pou », et avait accordé des interviews

aux télévisions du monde entier. Elle était « une extraordinaire vieille dame », a déclaré le président Jacques Chirac

Le vieillissement de la population met en jeu les solidarités familialesAUJOURD’HUI, les centenaires

sont près de six mille en France,soit dix fois plus qu’il y a quaranteans. Leur nombre ne devrait cesserde croître, pour atteindre, selon lesprévisions des démographes, centcinquante mille en 2050. L’allonge-ment de la durée de la vie devientun phénomène tangible pour ungrand nombre de familles oùsouvent quatre, quelquefois cinqgénérations coexistent.

Une des conséquences du vieil-lissement de la population est lamise à contribution des familles.« Il est faux de dire que les famillesabandonnent les plus âgés desleurs », avertit le professeur Fran-çoise Forette, chef du service degérontologie clinique de l’hôpitalBroca (Paris). Certes, certainespersonnes âgées vieillissent dansl’isolement le plus complet – uneétude de l’Insee rendue publiquel’an dernier estimait à 11 % la pro-portion de Français de plus quatre-vingts ans vivant à domicile (LeMonde du 10 mai 1996) –, mais lamajorité d’entre elles avancent enâge parmi leurs proches. « Avecl’âge, insiste Claudine Attias-Don-

fut, directeur de recherche à lacaisse nationale d’assurance-vieil-lesse, les relations familiales s’in-versent. Ce sont les enfants quiprennent en charge les parents. C’estgénéralement la génération des 50-70 ans, et parfois plus, qui assume legrand âge de ses ascendants. Leproblème est que cette générationest déjà largement sollicitée par sespropres enfants et petits-enfants. »

Les besoins des personnes âgéesvarient considérablement d’un in-dividu à l’autre et le niveau d’in-vestissement des familles en dé-pend directement. « Plus on vieillit,plus on est différent », estime ledocteur Michel Allard, de la fonda-tion Ipsen. Quoi de commun, eneffet, entre Jeanne Calment, quiavait survécu à sa fille et à son pe-tit-fils et dont l’état de santé n’a ja-mais nécessité de lourde assistancemédicale, et un septuagénaire at-teint de la maladie d’Alzheimer ?

« Le plus souvent, l’arbre des per-sonnes âgées dépendantes cache laforêt de celles qui sont autonomes »,renchérit le professeur Forette. Latrès grande majorité des per-sonnes âgées vieillissent « bien »,

ne souffrant que de la diminutionprogressive de certaines facultés.L’espérance de vie sans incapacitéaugmente, pour frôler aujourd’huiles 70 ans chez les femmes et65 ans ans chez les hommes.

« CALVAIRE »Pour les personnes très âgées ce-

pendant, l’équilibre reste fragile.Lorsque la personne âgée devientdépendante, les familles nepeuvent plus assumer sa charge.Sonia Bouvier explique avec pu-deur qu’elle est « fatiguée » des’occuper de sa mère de 87 ans etson mari confie que sa femme « vitun véritable calvaire depuis des an-nées ». Deux fois par jour, parfoisplus, Mme Bouvier va voir sa mère àl’autre bout de la ville pour vérifierque l’aide à domicile est bien ve-nue, que sa mère ne s’est pas salieaprès le passage de l’infirmière.

« Ma belle-mère ne sait plus cequ’elle fait, raconte Pierre Bouvier.Elle cache les repas que les servicesmunicipaux lui apportent, ou alorselle mange vingt yaourts d’affilée etse rend malade. La nuit, elle quitteson appartement en chemise de nuit

pour aller demander l’heure dans larue et oublie le numéro de code deson immeuble. » Il reprend, ému :« Ça nous a gaché la vie. Parfois,quand ma femme rentre, elle estdans un état épouvantable. D’ail-leurs, elle prend des tranquillisants.Personne ne peut nous seconder, lefrère de ma femme est reparti en Po-logne. Le médecin nous dit deprendre ma belle-mère chez nous,mais ce n’est pas possible. Elle nedort jamais, marche tout le temps.C’est moi qui ne pourrait pas sup-porter. »

Sonia Bouvier cherche un éta-blissement qui pourra accueillir samère, mais elle « culpabilise ». Safille Pierrette, trente-deux ans,l’encourage : « J’ai peur pour mamère, elle a soixante-dix ans, ellen’en peut plus. » Le problème estaussi financier, car les établisse-ments médicalisés sont très oné-reux, au moins 12 000 francs parmois à la charge de la famille. Lagrand-mère ne pourra pas les as-sumer, car sa retraite ne dépassepas 5 000 francs mensuels. Les en-fants et les petits-enfants serontdonc soumis à l’obligation alimen-

taire et devront payer. C’est ce sys-tème que conteste un certainnombre d’associations de famillesde vieillards hospitalisés en longséjour. « Nos parents sont des ma-lades, atteints à 70 % de la maladied’Alzheimer, explique David Grin-berg, président de l’association desfamilles de l’hôpital Broca-La Ro-chefoucauld à Paris. Ils nécessitentune prise en charge très lourde etdes soins spécifiques. » Enmoyenne, les patients restent troisans à l’hôpital mais certainspeuvent y demeurer pendant dixannées consécutives. Si la Sécuritésociale prend en charge un forfait-soins de l’ordre de 7 000 francs,chaque famille doit payer15 000 francs par mois supplémen-taires, non remboursés. « C’est in-juste , reprend M. Grinberg, dont lamère a été hospitalisée sept anset est décédée à l’âge de quatre-vingt-neuf ans. Quand j’entendsque l’on se gargarise de solidaritéfamiliale, je proteste. La solida-rité nationale devrait s’exercer làaussi ! »

Michèle Aulagnon

La famille vit bien, s’éclaire à la bougie,se chauffe au charbon. Jeanne quitte l’écoleà seize ans pour se consacrer aux activitésqui siéent aux adolescentes bourgeoisesde son temps : piano, peinture, promenadesen voiture à cheval

DEPUIS quelques années, elledisait vivre « mécaniquement ».Impotente, aveugle et sourde,Jeanne Calment était la pension-naire la plus célèbre de la maisonde retraite du Lac. Elle se levaittous les matins à 8 heures et secouchait tous les soirs à 20 h 30.Elle refusait de porter un appareilauditif et montait chaque semaineau troisième étage de l’hôpital,chez le coiffeur. Elle faisait son lit à« sa » manière et préparait elle-même sa salade de fruits. Elle nedédaignait pas un doigt de porto àl’apéritif et une Dunhill au dessert,sauf depuis cinq ans, depuis qu’elleavait arrêté de fumer, à l’âge decent dix-sept ans.

Parce qu’elle avait besoin d’être« conseillée, soutenue et protégéedans les tracas que peut lui valoir sacélébrité », le 9 janvier, le tribunald’instance d’Arles l’avait placéesous la curatelle de l’Union dépar-tementale des associations fami-liales des Bouches-du-Rhône.

Le 3 mars, Pierre Mauroy, mairede Lille, faisait savoir que la vieilledame venait de signer, « de samain », le millionnième bulletin desoutien à la candidature de sa villeaux Jeux olympiques de 2004.

Lundi 4 août, à 11 h15, « JeanneCalment est décédée de mort natu-relle », a annoncé la maison de re-traite médicalisée de l’hôpital Jo-seph-Imbert, en Arles. Elle avaitcent vingt-deux ans. Elle n’avait ja-mais travaillé.

Jeanne croyait en Dieu – elle di-sait qu’il l’avait « oubliée » –, maispas au paradis. Née dix ans aprèsson frère François, le 21 février1875, sur la rive gauche du Rhône,dans un quartier de mariniers et debateliers, Jeanne Louise Calment aun an quand les frères Bell in-ventent le téléphone. De son père,elle dira plus tard qu’il était son« oracle ». Charpentier de marine,Nicolas Clément construit des ba-teaux. Sa femme, MargueriteGilles, issue d’une famille de meu-niers, vient d’une lignée de sages-femmes. Discrète et effacée, ellene travaille pas.

Jeanne fête ses trois ans un moisaprès la démission de Mac-Mahon.En 1880, alors que Ferdinand deLesseps crée la Compagnie univer-

selle du canal interocéanique dePanama, M. Clément est contraintd’abandonner son affaire – « l’élec-tricité a tué la situation de monpère », confiera Jeanne par la suite.Il devient conseiller municipal,puis exploitant agricole.

Externe dans un pensionnat dereligieuses dès l’âge de sept ans,Jeanne a dix ans à la mort de Vic-tor Hugo, en mai 1885. La mêmeannée, Pasteur teste son vaccin an-tirabique sur un jeune garçon.

Pendant ce temps, la fillette as-siste, sur les bords du Rhône, aulancement de la Jeanne, la dernièremahonne construite dans les ate-liers de son père. La famille vitbien, s’éclaire à la bougie, sechauffe au charbon. Jeanne quittel’école à seize ans pour se consa-crer aux activités qui siéent auxadolescentes bourgeoises de sontemps : piano, peinture, prome-nades en voiture à cheval.

Jeanne fréquente depuis l’en-fance son cousin Fernand, dont lesparents tiennent le grand magasinde nouveautés Veuve Jacques Cal-

ment et fils, qui vend draperies, tis-sus et soieries dans une vaste de-meure rue Gambetta, au cœur dela ville. Van Gogh y vient, dit-on,acheter toiles et pinceaux lors deson séjour arlésien en 1888. Jeannea treize ans lorsque Léon Blum ena seize, Marcel Proust quinze,

Claude Debussy vingt-six. Guil-laume Apollinaire et Gaston Ba-chelard ne sont encore que desenfants.

Le moteur à explosion fait sonapparition, Jeanne apprend en li-sant L’Illustration l’inauguration dela tour Eiffel en 1889, la traverséedans les airs de Clément Ader unan plus tard, puis, en 1894, l’assas-sinat de Sadi Carnot.

En 1896, elle épouse Fernand,son cousin issu de germains, avecl’ancien maire d’Arles pour té-moin. La jeune femme, un brin au-toritaire, toujours pressée, a vingtet un ans. Elle est heureuse de gar-der son nom. Les jeunes mariéspartent célébrer leurs noces à Pa-ris, où ils découvrent le cinémato-

graphe des frères Lumière. Quel-ques jours avant la publication du« J’accuse » de Zola dans l’Aurore,Mme Calment met au monde la pe-tite Yvonne, sa fille unique.

1900. Dreyfus est amnistié. LaBelle Epoque. Jeanne a vingt-cinqans. En compagnie de son mari et

de leur chien Liberty, elle chasse lelapin, le perdreau et le sanglier, es-calade les montagnes, nage, rouleen patins ou à bicyclette, maniel’épée. Les Calment courent dethéâtre en opéra, fréquentent lepeintre Kees Van Dongen et lepoète Frédéric Mistral.

La séparation de l’Eglise et del’Etat est prononcée l’année oùJeanne fête ses trente ans. La pre-mière guerre passe, loin des terresprovençales où la famille se replie,Fernand n’ayant plus l’âge pourêtre enrôlé. La crise de 1929n’ébranle pas davantage le négocefamilial mais Jeanne sent soudainque « la vie s’accélère ». En 1934, safille Yvonne succombe à une pleu-résie. Elle a trente-six ans. Jeanne

accueille dans l’appartement dupremier étage de la rue Gambettason petit-fils Frédéric, alors âgé dehuit ans. Fernand les quitte en1942, empoisonné par des cerisesmal lavées. En 1945, Jeanne accèdeau droit de vote, à l’âge desoixante-dix ans. « Fredy » habitealors seul avec sa « manzane »(maman Jeanne). Il fait sa méde-cine et installe son cabinet d’ORLdans la maison de famille. La vies’étire tranquillement. Frédéric atrente-six ans lorsqu’il disparaîtbrutalement dans un accident devoiture, en 1962. L’année suivante,le frère de Jeanne s’éteint, à l’âgede quatre-vingt-dix-huit ans.

Dès lors, Jeanne vit seule au-des-sus de l’ancien magasin familial.Elle regarde passer mai 68, le pre-mier homme sur la Lune, la guerredu Vietnam, l’enterrement de LuisMariano, les obsèques du généralde Gaulle, trois élections présiden-tielles françaises. En 1985, un hiverpar trop rigoureux la pousse àtrouver refuge dans la maison deretraite de l’hôpital Joseph-Imbert,toujours en Arles. Une nouvelle viecommence pour Jeanne. Le débutde la gloire, à 110 ans.

Cajolée, de plus en plus couvée àchaque anniversaire, Jeanne Cal-ment est officiellement reconnue« doyenne de l’humanité » en 1987et sacrée « doyenne mondiale » parle Livre des records en 1991. Elletourne dans un film canadien sur lavie de Van Gogh, Vincent et moi, deV. Ruddo.

Entre-temps, le mur de Berlin esttombé. Jeanne s’est remise de deuxfractures. En 1993, elle échappe àun incendie dans sa maison de re-traite. Puis elle prend part à uneenquête sur la mémoire conduitepar l’Institut national de la santé etde la recherche médicale de Mont-pellier et se prête, de bonne grâce,au jeu des médias.

En novembre 1994, Les 120 ansde Jeanne Calment, doyenne del’humanité paraît aux éditions duCherche-Midi sous la plume desdocteurs Michel Allard et VictorLèbre et de Jean-Marie Robine.Dans leur quête pour expliquerl’exceptionnelle longévité de leursujet, les auteurs disent avoir es-sayé « de départager ce qui lui in-combait par son style de vie propreet ce qui revenait à son ascendancegénétique », c’est-à-dire rien demoins que mesurer la part de l’ac-quis et de l’inné dans le veillisse-ment. L’entreprise a quelque chosede gênant. Les réponses parfois hé-sitantes de la centenaire sont dé-cryptées, sans que les mystères dela biologie des centenaires ou lecaractère profond du personnagene s’en trouvent véritablementéclairés. On y apprend que « tousses ancêtres présentent un âge de

décès très élevé ». Parmi trente as-cendants directs, dix-huit ont eneffet dépassé l’âge de soixante-dixans.

Le 21 février 1995 – l’année deses 120 ans –, pas moins de 150chaînes de télévision se relaient àson chevet à la maison du Lac.

Jeanne Calment, la passion devivre, du professeur Gabriel Simo-noff, est édité aux éditions du Ro-cher. Les parutions sur les cente-naires fleurissent dans leslibrairies. Des pin’s à l’effigie de ladoyenne sont fabriqués, et une vi-déocassette de quatorze minutes,Au-delà de 120 ans avec Jeanne Cal-ment, est réalisée par Marc Bonnel,un ami du docteur Victor Lèbre,médecin traitant de la vieille dame.L’année suivante, Jeanne Calmentlance, encadrée par son médecinfavori et son infirmière en chef,Laure Meusy, de son fauteuil juchésur une estrade recouverte d’unepeau de vache, un compact disc in-titulé Maîtresse du temps. Elle yânonne quatre « chansons » sur un

fond sonore techno, rap et dance àla fois. Jeanne devient, chaque21 février, un objet de curiosité mé-diatique et commerciale. Cabotinemais courtoise, elle distille ses pe-tites histoires à qui les lui de-mande. Elle raconte sa rencontreavec Van Gogh, qu’elle trouvait« laid comme un pou », récite sestrois menus quotidiens et donnedes avis sur tout.

La petite femme aux cheveuxblanc bleuté ne cache pas qu’ellen’est « pas fana de politique » maisconfesse une préférence pour Ray-mond Barre. La petite bourgeoisearlésienne se dit « coquette », « ca-naille » et se fait l’obligée des pa-parazzi du monde entier. Son infir-mière est finalement mutée pour« manquement à l’obligation de ré-serve, de discrétion et de retenue »,et le docteur Lèbre, ainsi qu’unaide-soignant, sont priés de ne pasassister à son 121e anniversaire.

En janvier 1996, Jeanne Calmententerre son dix-neuvième pré-sident de la République et, en dé-cembre, l’infortuné notaire quiavait acheté son appartement enviager en 1965. La fondation Ipsenouvre un site Internet à son nom.Dans une interview accordée auSunday Times Magazine du 26 mai1996, Jeanne Calment confiequ’elle « ne croit pas à la vie aprèsla mort ». Elle retient la télévisioncomme « meilleure invention »,parce qu’« elle a amené l’opéra et lethéâtre à des gens qui n’auraient ja-mais eu la chance d’en faire l’expé-rience », et aussi « l’hélicoptère »,dont elle n’a « jamais eu peur ».Jeanne demande au passage quel’on place dans son cercueil lesphotos de ses chers disparus,Yvonne à sa gauche, Frédéric à sadroite.

Laurence Folléa

VIEILLESSE Considérée depuis1987 comme « la doyenne de l’huma-nité », Jeanne Calment est morte lun-di 4 août en Arles à l’âge de 122 ans.Née le 21 février 1875, elle avait accé-

dé à la notoriété à la fin de sa vie, de-venant à chacun de ses anniversairesun objet de curiosité médiatique etcommerciale. b POUR LE PROFESSEURAXEL KAHN, Jeanne Calment consti-

tue le cas exceptionnel d’une per-sonne qui est allée « jusqu’au bout deson programme biologique ». SelonJacques Chirac, elle était « un peunotre grand-mère à tous ». b LE

NOUVEAU « DOYEN DE L’HUMANI-TÉ » serait un Américain d’origine da-noise, Christian Mortensen, qui fêterases 115 ans le 11 août. b IL Y AURAITACTUELLEMENT plus de 6 000 cente-

naires en France. Selon les projectionsdémographiques, on en comptera150 000 en 2050. Une fille sur deuxqui naît aujourd’hui aurait une espé-rance de vie moyenne de 100 ans.

LeMonde Job: WMQ0608--0007-0 WAS LMQ0608-7 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:04 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0261 Lcp: 196 CMYK

S O C I É T É LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 7

LA FIN DE L’EMPIRE DES INDESUne série écrite par Bruno Philip

Cinquante ans après la sanglante partition des Indes qui sonnale glas du raj britannique aux Indes, des acteurs privilégiés, dontl’actuel premier ministre et le frère de l’assassin de Gandhi, sesouviennent. A travers eux, ce sont les derniers moments del’Empire et les premières années de l’indépendance qui noussont retracés dans toute leur diversité.

A lire chaque jour à partir du lundi 11 jusqu’au 16 août dans 0123

C A R N E T

Un Américain de 115 ans devient le doyen de l’humanitéAprès le décès de Jeanne Calment, le doyen de l’humanité est dé-

sormais un Américain d’origine danoise, Christian Mortensen, quifêtera ses 115 ans le 16 août. Emigré du Danemark, M. Mortensenest arrivé aux Etats-Unis en 1902. Il réside aujourd’hui dans unfoyer de retraités à San Rafael, près de San Francisco (Californie).M. Mortensen précède un Japonais, Gengan Tonaki, âgé de 112 ans.M. Tonaki habite l’île d’Okinawa, qui détient le record au Japonpour la proportion de centenaires avec 22,14 centenaires pour100 000 habitants.

Hormis Jeanne Calment, seulement quatre centenaires ont dé-passé les 115 ans de longévité : le Japonais Shigeshiyo Izumi, mort à120 ans et 237 jours le 21 février 1986 ; le Français Tériihaérétéi Taa-roa, mort à 117 ans et 204 jours le 3 juin 1991 ; l’Américaine CarrieWhite, morte à 116 ans et 88 jours le 15 février 1991 ; la BritanniqueCharlotte Hugues, morte à 115 ans et 229 jours le 17 mars 1993. Uneancienne esclave brésilienne, Maria do Carmo Geronimo, affirmeavoir 126 ans depuis le 5 mars. Toutefois, Guinness, à Londres, a dé-claré ne pas avoir en sa possession les documents, notammentl’acte de baptême, prouvant formellement l’âge de la doyenne bré-silienne.

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Les docteursClaude et Clara

PÉLISSIER-LANGBORTont la joie d’annoncer la naissance deleurs petites-filles,

Emma et Margaux,

nées le 11 juillet 1997,

chez Danielle et StéphaneTONDENIER.

Décès

– Le docteur Jean-Alain Bargiacchi,son époux,

Sandrine et Anne,ses filles,

M. et Mme Gilbert Lhoste,ses parents,

Bruno et Thierry Lhoste,ses frères et leurs enfants,

Sa famille,ont la douleur de faire part du décès de

M me Catherine BARGIACCHI,née LHOSTE,

survenu dans sa quarante-troisième année,à Toulouse.

Les obsèques religieuses ont étécélébrées à Toulouse, le 31 juillet 1997.

Le présent avis tient lieu de faire-part.

110, boulevard Déodat-de-Séverac,31300 Toulouse.19, rue Fines,31300 Toulouse.

– Michèlea la grande douleur de faire part du décèsde sa mère,

Dora BENVENISTE,survenu le 1er août 1997.

Elle rappelle le souvenir de

Vital BENVENISTE,

décédé le 15 janvier 1961.

– Mme Anne Meunier-Bihl,son épouse,

Laurent et Agnès Bihl,ses enfants,ont la tristesse de faire part du décès de

M. Luc BIHL-WILLETTE,avocat-écrivain,

survenu le 1er août 1997, dans sacinquante-neuvième année.

Ses obsèques ont eu lieu dans l’intimitéfamiliale mardi 5 août, au cimetière deBoisroger (Manche).

51, rue des Martyrs,75009 Paris.

– Le cabinet Bihl-Antonini :Me Marie-Hélène Antonini,Me Fabienne Nachin,Mme Marie-Hélène Côme,Mme Sylvie Germaneau,

a la tristesse de faire part du décès de

M e Luc BIHL,avocat au barreau de Paris,

survenu le 1er août 1997.

1, boulevard Saint-Germain,75005 Paris.

– Le Frère

Jacques Guy BOUGEROL,franciscain prêtre,

ancien aumônier généralde l’armée de l’air,

est entré dans la paix de Dieu, ledimanche 3 août 1997, dans sa quatre-vingt-neuvième année.

De la part :Du Père provincial des franciscains,De M. et Mme François Bourillet,Du général et Mme Jacques Bourillet,

ses neveux, nièces,Et leur famille,De la communauté des franciscains de

Paris Marie-Rose.

La messe de funérailles sera célébrée lejeudi 7 août, à 10 heures, en l’église ducouvent Saint-François, 7, rue Marie-Rose, Paris-14e.

Les franciscains,7, rue Marie-Rose,75014 Paris.

– Mme Bernard de Bruchard,sa mère,

Mme Pierre de Bruchard,son épouse,

Dimitri, Marie, Alexis,ses enfants,

Sa famille,Et ses amis,

ont la douleur de faire part du décès de

Pierre de BRUCHARD,conseiller des affaires étrangères,

consul général de Franceà Bruxelles,

survenu le 1er août 1997, dans sacinquante-quatrième année.

La cérémonie religieuse sera célébréeen l’église Saint-Pierre du Gros-Caillou,Paris-7e, le mercredi 6 août, à 15 heures.

7, rue de l’Alboni,75016 Paris.

– On nous prie d’annoncer le décès de

Gilbert CHIRAT,

le 22 juillet 1997.

Suivant sa volonté, ses obsèques ont étécélébrées dans la plus stricte intimité.

Sylvie

nous a quittés, le 1er août 1997.

Une brève cérémonie aura lieu enl’église de la Chapelle-la-Reine (Seine-et-Marne), le mercredi 6 août, à 16 heures.

De la part de :François Corpron,Et des familles Rouy et Corpron.

– Montmorency (Val-d’Oise). Leyssac(Charente).

M. et Mme Jacques Lévy,

leurs enfants et petits-enfants,

M. et Mme Paul Lévy

et leurs enfants,

ont la douleur de faire part du décès deleur mère, grand-mère et arrière-grand-mère,

M me Marie LÉVY,née OBEDIA,

survenu le 29 juillet 1997, dans sa quatre-vingt-douzième année.

L’inhumation a eu lieu vendredi1er août, dans l’intimité familiale, aucimetière de la Pierre-Levée, à Poitiers.

Le présent avis tient lieu de faire-part.

Germaine LOMBARD,née SOZET,

est partie, le 2 août 1997.

Ses obsèques seront célébrées le 6 août,à 15 h 30, en l’église de Saint-Germain-en-Laye.

Jean, Pierre, Paul,ses fils,

Françoise, Annette, Christiane,ses belles-filles,

Ses seize petits-enfantset leurs conjoints,

Ses arrière-petits-enfants,sont tristes, mais ils savent qu’elle arejoint, après vingt-deux ans d’attente,l’amour de sa vie,

Alexandre,

son mari.

Ils courent maintenant, tous deux, surle chemin de vie.

« Heureux les cœurs purs.Ils verront Dieu. »

Saint Matthieu V, 8.

2 bis, rue Duguay-Trouin,78100 Saint-Germain-en-Laye.

– Charlie,son fils,

Michel Laurent,son compagnon,

Sa famille,Ses amis,Ses collègues,

ont l’immense douleur de faire part dudécès de

Françoise MIGNOTTE,maître de conférences à l’EPHE,

survenu le 3 août 1997, à l’âge dequarante ans, des suites d’une longuemaladie.

L’inhumation aura lieu au cimetière deSaclay, ce mercredi 6 août, à 15 heures.

« Puissions-nous retenir la leçonde courage et de dignité que Françoise

nous a donnée. »

4, place de la République,91400 Saclay.

Souvenir

– 6 août 1897-1997.

S’il n’avait préféré nous quitter voicitrois ans,

René ALBUCHETaurait eu cent ans aujourd’hui.

Vétéran de la Grande Guerre, voyageurau long cours de ce siècle, seigneuranonyme mais exemplaire, ironique etautoritaire, esprit curieux et original, il futpour nous simplement papa ou parrain.

Il reste dans nos cœurs, tombeaux eux-mêmes destinés à périr bientôt.

« Quand on a pas d’imagination,mourir c’est peu de chose, quand on en a,

mourir c’est trop. »(F.L. Céline, Voyage au bout de la nuit).

La Brenancherie,16450 Saint-Claud.

Anniversaires de décès

– Il y a un an,

Marie-Madeleine LAMMERTnous quittait.

Son mari,Ses enfants,Et toute sa famille,

rappellent sa mémoire.

– Pour le dixième anniversaire durappel à Dieu de

Vanina SOUHAM,

une pieuse pensée est demandée à tousceux qui l’ont connue et aimée.

DISPARITIONS

a JEANNE CALMENT, doyennede l’humanité, est morte en Arleslundi 4 août à l’âge de cent vingt-deux ans (lire ci-contre).

Le cas exceptionnel d’une personne qui est alléejusqu’au bout de son programme biologique de vie

De nombreuses recherches portent sur le déterminisme génétique de la longévitéGRÂCE aux dernières avancées

de la biologie et la génétique molé-culaires, on commence à mieuxconnaître les mécanismes du vieil-lissement humain, à mieuxcomprendre les liens entre le tempset la matière biologique. Dans undomaine qui emprunte encorebeaucoup au mystère et à l’imagi-naire, la médecine estconstamment interrogée sur les rai-sons de son action dès lors que legrand âge s’accompagne d’une ré-duction importante de l’autonomieet de la conscience. A la lumière deprojections démographiques, leprofesseur Françoise Forette dansLa Révolution de la longévité (Edi-tions Grasset) interroge : « Faudra-t-il s’opposer aux progrès qui condui-raient à une augmentation drastiquede la longévité humaine ? »

En 1990, on recensait en Franceonze millions de personnes de plusde soixante ans, soit 19 % de la po-pulation. Cette proportion passeraà 25 % en 2015. En 1990, une femmevivait, en moyenne, jusqu’à 81 ans.En 2030, son espérance de vie pas-sera à 88 ans et, selon toute vrai-semblance, à 90 ans au milieu dusiècle prochain. La progression sera

parallèle chez les hommes dontl’espérance de vie passera de 72 ansen 1990 à 82 ans en 2050. Jusqu’oùpourra-t-on aller dans la progres-sion de l’espérance moyenne de viedes êtres humains des pays indus-trialisés ? Y a-t-il des limites à un telprocessus ou faut-il penser queJeanne Calment n’est que la préfi-guration d’un phénomène qui sera,demain, de plus en plus fréquent ?

« Nous savons qu’il existe un déter-minisme génétique de la longévitémoyenne de l’existence d’un être hu-main, explique le professeur AxelKahn, spécialiste de génétique mo-léculaire. Quand on vit vieux ou afortiori très vieux, c’est que l’on n’estpas mort avant... Par delà cette lapa-lissade, je veux évoquer les bases gé-nétiques des résistances à différentesmaladies aux conséquences plus oumoins rapidement mortelles. Maisquand bien même on aurait résisté àtoutes ces maladies, on finit tout demême bien par mourir un jour ! »

Les recherches actuelles dans cedomaine portent sur les méca-nismes génétiques de détermina-tion des processus de sénescence etl’analyse du rôle joué par certainsgènes « de longévité » qui semblent

protéger l’organisme contre les ra-dicaux libres, substances capablesde léser le matériel génétique del’organisme. « De tout temps, on adit que la limite biologique de l’indi-vidu de l’espèce humaine devait êtrede l’ordre de cent vingt ans. Il estpour autant difficile au généticiend’affirmer aujourd’hui que JeanneCalment avait des gènes qui lui assu-raient une longévité biologique ex-ceptionnelle », précise le professeurKahn.

UN MODÈLEEn revanche, ajoute-t-il, il est clair

qu’elle avait très peu de prédisposi-tions génétiques à d’autres maladies.Voilà le cas tout à fait intéressantd’une personne qui est allée – dumoins peut-on l’imaginer ainsi – jus-qu’à l’épuisement de son programmebiologique de vie. Un programme quin’a pas été interrompu par une ma-ladie intercurrente. »

Jeanne Calment a donc été pourles généticiens et les biologistes, dumoins jusqu’à ce qu’elle atteigne105 ou 110 ans, un modèle dans lamesure où elle était une femme quivivait sa vie telle que cette dernièreétait définie par son programme

biologique, et le tout sans véritablehandicap. Tel est pour la science etla médecine le premier but à at-teindre. Faut-il ensuite chercher àprolonger un peu plus la durée dela vie humaine ? Que penser des in-terventions médicales plus oumoins officielles visant à prolongerla vie humaine ou à freiner les ef-fets de la sénescence via les curesde jouvence modernes que sont lesinjections de « cellules fraîches »,de mélatonine ou de déhydroé-piandrostérone ? « Cela fait bienlongtemps, estime le professeurKahn, que l’on tente de masquer oude compenser les conséquences dé-génératrices du vieillissement hu-main. Je n’ai aucun avis philoso-phique sur ce point, mais je ne voispas pourquoi cela cesserait de se dé-velopper. A nous d’étudier les véri-tables bases biologiques du vieillisse-ment. »

Jeanne Calment a, quant à elle,refusé de donner son corps à lascience. Mais sans doute cette der-nière dispose-t-elle tout de mêmed’une fraction de son patrimoinegénétique.

Jean-Yves Nau

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projections

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24 050

78 038

148 700

Les centenaires en France

Entre 1992 et l'an 2000, le nombre de centenaires va plus que doubler.

a CHUCK WAYNE, guitaristeaméricain et virtuose du be-b o p , e s t m o r t à l ’ â g e d esoixante-quatorze ans, mardi29 juillet, d’une embolie pul-monaire, dans sa maison deJackson dans le New Jersey.Chuck Wayne, de son vrai nomCharles Jagelka, était né le 27février 1923 à New York de pa-rents tchécoslovaques. I l fitses véritables débuts profes-sionnels avec le trio de Cla-rence Profit en 1940 et joua en-suite avec le clarinettiste JoeMarsala, le pianiste GeorgeWallington, Woody Herman etDizzy Gillespie. Chuck Waynefut le premier à jouer du jazzmoderne au banjo.

a JAMES KRUSS, écrivain pourenfants allemand, est mort d’unarrêt cardiaque, samedi 2 août,à Tafira Alta, dans l’île espa-gnole de Gran Canaria. JamesKruss, âgé de soixante et onzeans, était originaire de l’île deHelgoland, au nord de l’Alle-magne. Installé dans l’archipeldes Canaries depuis 1965, il yavait rédigé la quasi-totalité deson œuvre, qui comprend no-tamment un recueil de poèmestraduit , Florentine (Nathan,1990) et Les Musiciens de Brême(Calligram, 1995). Ses contespour enfants, traduits dans di-verses langues, lui ont valu leprix Christian Andersen, consi-déré comme la plus haute dis-tinction internationale en ma-tière de littérature de jeunesse.

LeMonde Job: WMQ0608--0008-0 WAS LMQ0608-8 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 10:06 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0262 Lcp: 196 CMYK

L’avenir du Berry a une odeur

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R É G I O N SLE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

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701 MQ 005

L’élevage industriel des porcsentraîne trois types de nuisancequi ont des répercussions fortessur l’environnement et quialimentent l’opposition des associations de défense et de la coordination nationale.b Le lisier : un atelier de milleporcs (mille huit précisément car ilfaut un nombre de cases multiplede douze) produit 1 500 à 2 000 m3

de déjections par an. Ce produitest stocké en cuves et épandudeux fois par an (dates fixées parl’administration préfectorale) sur des terrains alentour. Il faut grosso modo une surfacede 100 hectares pour mille porcs.

Ce lisier, épandu dans les champs,dégage une odeur pestilentielle.Chargé de nitrates, il s’infiltredans les sols et pollue les eaux.b L’aération : la concentrationdes animaux en espace confinénécessite le fonctionnement d’uneventilation puissante. Pour un atelier de mille places, on compte douze extracteurs de 8 000 m3/heure chacun, quiexpulsent l’air vicié et les odeurs à l’extérieur.b Les résidus chimiques :l’élevage porcin en forteconcentration nécessite l’emploide trois sortes d’adjuvantsmédicamenteux : des activateurs

de croissance (les « hormones »du langage courant), des antibiotiques (pour éviter desépidémies dues à la promiscuité),des produits antistress (pourempêcher que cette promiscuitén’engendre des phénomènesd’agressivité dans le cheptel). Les résidus de ces produits sontépandus dans la nature avec le lisier. Une étude de l’InstitutPasteur fait état notamment de diffusion par les eaux d’unesalmonelle devenue résistante auxantibiotiques et d’une teneur fortede métaux liés aux oligo-élémentsde l’alimentation du bétail :cadmium, cuivre, phosphore, zinc.

Trois nuisances lourdes

REPRODUCTION INTERDITE

Les élevages industriels de porcs se multiplient sur le territoireSaturés de lisier polluant, la Bretagne et les pays du nord de l’Europe cherchent à exporter des « ateliers d’engraissage » de plusieurs milliers

d’animaux dans les départements où l’espace rural est encore disponible. Un nombre croissant d’associations s’y opposent, souvent avec succèsLIMOGES

de notre correspondantLa condamnation d’un éleveur

de porcs breton, pollueur récidi-viste, le 24 juillet dernier, à unepeine de prison ferme, a donné unnouvel élan aux multiples conflitsque suscite dans les campagnes lamultiplication d’installations deporcheries industrielles hors sol.Une coordination nationale vientde se constituer, qui regroupequarante-cinq associations de dé-fense d’une vingtaine de départe-ments de l’Ouest et du Centre(Aquitaine, Auvergne, Berry, paysde Loire) pour faire échec à plu-sieurs dizaines d’implantations oude projets d’implantation d’unitésde mille à vingt mille places. Unpremier rendez-vous informel de-vait se tenir, mardi 5 août au mi-nistère de l’environnement, avecune délégation de la coordinationqui a préparé un mémorendum

sur le problème. C’est de Bretagne– 7 % du territoire – qu’est issue lamoitié de la production française,13 millions de porcs, très majori-tairement en provenance d’unitésindustrielles. Or un atelier d’en-graissage de mille places (uneplace peut accueillir deux ou troisbêtes par an selon le mode d’en-graissement) rejette en moyenne1 500 mètres cubes de déjectionspar an ; c’est ce lisier qu’il fautépandre, tous les six mois, dans lanature avoisinante. Il faut aussiévacuer plusieurs milliers demètres cubes/heure d’air vicié ettrès « odorant ». Enfin, cet éle-vage concentré implique l’utilisa-tion permanente d’antibiotiqueset de produits antistress dont lescomposants se retrouvent dans lelisier épandu.

La Bretagne a atteint un pointde saturation. Ses eaux sont gra-vement polluées par les ruisselle-

ments du lisier. Toute nouvelleouverture de porcherie indus-trielle est désormais soumise à destrictes règles d’autorisation.D’où la tentation, pour les indus-triels, d’exporter les nouveauxateliers d’engraissage dans les ré-gions qui ont de l’espace rural dis-ponible pour épandre le lisier.Une tentation qui n’est pas seule-ment bretonne. Les Pays-Bas, leDanemark, l’Irlande, pays en voiede surpopulation porcine,lorgnent aussi vers les grands es-paces français.

« Nous ne sommes pas des écolo-gistes intégristes, explique ClaudeCalmon, cadre bancaire en re-traite au Châtelet-en-Berry (Cher)et l’un des créateurs de la coordi-nation. Nous voulons prouver quece mode de production hors sol estobsolète par rapport à tous les pro-pos officiels et professionnels sur lesnouvelles missions de l’agriculture,

la qualité de la viande, la gestionde l’espace, l’occupation du terri-toire. Beaucoup d’implantations sefont sans respect réel de la législa-tion sur les installations classées,avec des études d’impact insuffi-santes, des enquêtes publiques bâ-clées, je dirais même parfois mani-pulées, en tablant sur l’ignorancedes populations ou en arguant del’apport économique à des zones endifficulté. Or les créations d’emploissont nulles, tout est automatisédans ces concentrations animalesqui sont considérées comme des ex-ploitations agricoles et ne paientdonc pas de taxes profession-nelles. »

LA GUERRE EST-ELLE DÉCLARÉE ?La guerre est-elle déclarée entre

les paysans et les autres utilisa-teurs de l’espace rural ? « Le pro-blème ne se pose pas comme ça,estime Yanne Poli-André, anima-

trice de l’association de luttecontre l’implantation de dix milleporcs à Montcrabeau (Lot-et-Ga-ronne). La plupart des agriculteursici sont à nos côtés. Ils produisentdes melons, des fraises, des to-mates ; nous sommes en zone clas-sée armagnac. C’est l’image mêmede la région qui est en cause. Leprojet contre lequel nous sommesmobilisés n’a d’ailleurs rien de pay-san, il émane de la société d’ali-ments Sanders, filiale du groupepublic EMC ; il s’inscrit dans undossier que nous jugeons aberrant :l’apport de 500 000 porcs par an,par vingt-cinq départements duSud-Ouest, à un abattoir des Pyré-nées-Atlantiques qui va fabriquerdu jambon IGP (indication géogra-phique de provenance) deBayonne. Une indication de terroir,dans de telles conditions, cela n’aplus aucun sens. »

D’ailleurs, ajoute-t-elle, « la

France produit 100 % de saconsommation de porcs. Quant àl’exportation, tout le monde saitque la mondialisation l’a rendue deplus en plus difficile à cause de prixde plus en plus bas. Un tel accrois-sement de la production dans unmarché saturé, c’est l’écrasementcertain de la production familiale,meilleure et donc plus chère. »

Dans l’Indre, un projet d’atelierde 12 000 porcs a été finalementbloqué. Dans l’Allier, une associa-tion a obtenu l’annulation du per-mis de construire et d’exploiterd’une unité de 6 500 places ou-verte depuis novembre 1996. EnVal-de-Bresbre, le promoteur, lasociété irlandaise Arrow, a jus-qu’en décembre pour évacuer sesanimaux. Elle a évidemment in-troduit un recours. La guerre duporc ne fait que commencer.

Georges Chatain

AGRICULTURE Le terroir agri-cole devient un enjeu industriel. Lesprojets de délocalisation d’ateliersd’engraissage de porcs, véritablesusines à viande avec plusieurs milliers

d’animaux, se multiplient dans les dé-partements à élevage traditionnel dePoitou-Charente, du Massif Central etdu centre de la France, là où l’espacerural est encore disponible. b EN BRE-

TAGNE et dans le nord de l’Europe, leniveau de saturation de l’élevage in-dustriel de porcs est atteint. Le ni-veau de pollution de l’eau et de l’airpar le lisier y a en effet franchi les

seuils critiques. b LA STRATÉGIE deredéploiement des industriels agroa-limentaires se heurte à l’hostilité d’unnombre croissant d’associations quis’opposent, souvent avec succès, à

l’implantation de nouvelles unités in-dustrielles. b UNE DÉLÉGATION de lacoordination des opposants devaitêtre reçue mardi 5 août au ministèrede l’environnement.

LA CHÂTRE (Indre)de notre envoyé spécial

Tailleur bleu clair, Marie-Jo-sèphe Moulinat entre à la mairiede La Châtre (Indre), une lourde

serviette à la main, mais avec unlarge sourire. Il y a quelques ins-tants, le comité départementald’hygiène vient de dire non auprojet de porcherie industriellede Montlevicq. Cette mère de fa-mille au chômage est la jeuneprésidente du comité de défensequi a fait descendre plus de 1 500personnes, de nombreux élus entête, mais aussi beaucoup d’agri-culteurs, dans les rues de La

Châtre, le 26 avril dernier, pourprotester contre le projet. « C’estla porte ouverte à toutes les dé-rives, la mort des petits produc-teurs », dit-elle.

Doubler leur production et laporter à vingt mille porcs par an,c’est le pari des frères Peters, ins-tallés en GAEC – bien nommé« de la Rose » – sur trois sites,proches de La Châtre. Etonnantesaga que celle de ces trois frères,d’origine hollandaise, que l’on ditproches – ce qu’ils démentent –d’André Laignel, responsable so-cialiste local. Berti s’est installé lepremier en 1965. Aujourd’hui,Willy est maire de Montlevicq,Hyacinthe adjoint au maire deVicq-Exemplet. La carte de visiteprofessionnelle de Berti est desplus fournies : membre de lachambre d’agriculture de l’Indreet de la FDSEA, administrateurde la Fédération nationale por-cine (FNP). Il proteste : « Nous

attribuer le logo “industriel”, c’esttrès abusif. Nous sommes des agri-culteurs ! »

Leur dossier a été déposéen septembre 1996. Il prévoit no-tamment sur le site du Pont-des-Champs une fosse à lisier de18 000 mètres cubes et une zoned’épandage de 750 hectares.L’enquête publique, durant l’hi-ver, a provoqué une levée deboucliers.

« SANS RÉSERVE »A Lacs, une commune voisine,

est installée l’entreprise Baxter, laplus importante de la région,avec 350 emplois, qui fabriquedes poches sanguines. Les élusredoutent qu’un possible déve-loppement de l’entreprise ne soitremis en cause. Et que les nui-sances sur l’environnement n’hy-pothèquent celui du tourisme.Pour les opposants, c’est l’avenirde la région qui est compromis

« pour la recherche du profit àcourte vue de quelques uns ».

C’est pourtant un avis favo-rable « sans réserve » que lecommissaire-enquêteur a donné.L’odorat des Berrichons est fusti-gé. « Il est consternant, précisesans rire une pièce de l’enquêtepublique, que le citadin prenne enconsidération les évolutions desodeurs en milieu urbain et les re-fuse en milieu rural. L’odeur de ké-rosène près d’un aéroport est ac-ceptée par tous. Les odeurs desoufre des stations d’épurationaussi. En milieu rural, l’odeurd’ensilage ou de lisier constitue denouvelles odeurs. On ne peut can-tonner le progrès dans certains do-maines et rester conservateur dansd’autres. Il y aurait une discrimi-nation intolérable ! »...

Berti Peters accuse la Confédé-ration paysanne de « harcèle-ment », mais reconnaît que l’af-faire repose sur une « inquiétudeprofonde à propos de l’environne-ment, habilement exploitée. C’estpourtant là que réside nosatouts », ajoute-t-il. Avec trois ouquatre élevages de ce type dansl’Indre, les petits producteursvont disparaître, clament ses ad-versaires. « Très peu de jeuness’installent dans cette production.Elle est verrouillée de l’intérieur, etseul l’agrandissement des grandsélevages tend à remplacer les dé-parts », explique la Confédéra-tion paysanne. La production del’Indre est minime, répond BertiPeters. « Rien à voir avec la Bre-tagne et la Hollande. L’abattoird’Orléans manque de porcs. »

Par arrêté en date du 20 juin, lepréfet vient de stopper le projetdes frères Peters. Mais celui-cin’est pas le seul dans l’Indre. Unéleveur breton vient de déposerun projet à Brion, portant sur dixmille porcs, et une association dedéfense a vu le jour. Comme dansle département voisin du Cher : lasociété France-Hybrides ren-contre une ferme opposition àVallenay et, au Châtelet, une as-sociation a obtenu l’annulationd’une autorisation préfectorale.

C’est tout un système quitransforme l ’agriculteur en« éboueur au service d’une indus-trie qui se refuse à traiter ses dé-chets », qui est combattu.« L’agriculture n’est pas “délocali-sable”. Il faut garder le termed’agriculture aux seuls projets dontles paramètres s’y réfèrent », af-firme Marie-Josèphe Moulinat.

Régis Guyotat

REPORTAGE« C’est tout un systèmequi transforme l’agriculteur en éboueur »

3615 LE MONDE

SPORTSRÉSULTATS, RECORDS

et PALMARÈS

2,23

F/m

n

Ouverture d’un périphériquepayant au nord de LyonLE BOULEVARD PÉRIPHÉRIQUE NORD DE LYON, une voie rapide àpéage de 10 kilomètres qui relie l’agglomération lyonnaise d’est en ouest,devait ouvrir mardi 5 août dans sa totalité, alors que la polémique à sonsujet continue à agiter la métropole de Rhône-Alpes. Prévu pour êtrepayant (16 francs pour l’ensemble du parcours en tarif plein) à partir du5 août, l’ouvrage ne le sera finalement qu’à partir du 11 août, la Commu-nauté urbaine de Lyon, en accord avec le concessionnaire, ayant accordésix jours de délai aux usagers.Le contrat de concession, signé par un consortium conduit par Bouygueset Dumez lorsque Michel Noir présidait la Communauté urbaine, en1989, prévoit le rétrécissement de plusieurs voies proches du périphé-rique, qui constituent un itinéraire de rechange.

DÉPÊCHESa BRETAGNE : c’est dans les quatre départements des Côtes-d’Ar-mor, Finistère, Morbihan et Ille-et-Vilaine que le nombre d’installationsde jeunes agriculteurs en 1996 a été le plus important, selon une étude dela Mutualité sociale agricole (MSA). Un certain dynamisme se manifesteaussi dans le Cantal et en Aveyron, ainsi qu’en Vendée, dans les Pyré-nées-Atlantiques ou le Pas-de-Calais. Depuis trois ans, le nombre desnouveaux installés se maintient autour de 13 000, avec cependant une lé-gère baisse en 1996 par rapport à 1995.a ACHÈRES (Yvelines) : les maires des communes de Conflans-Sainte-Honorine, Herblay et La Frette-sur-Seine viennent de deman-der au ministre de l’aménagement du territoire et de l’environnementl’arrêt des travaux d’extension de l’usine d’épuration des eaux d’Achères,la plus grande d’Europe à ciel ouvert.a FINANCES LOCALES : reçue lundi 4 août par Christian Sautter, se-crétaire d’Etat au budget, une délégation de l’Association des maires deFrance (AMF) a demandé une augmentation de la cotisation minimale detaxe professionnelle (TP) versée par les entreprises. Actuellement, ce mi-nimum est de 0,35 % de la valeur ajoutée, et l’AMF demande qu’il passe à1 %. La TP est la principale ressource fiscale des collectivités locales.

LeMonde Job: WMQ0608--0009-0 WAS LMQ0608-9 Op.: XX Rev.: 04-08-97 T.: 11:48 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0263 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 9

H O R I Z O N SENQUÊTE

MIRA, mira,

huaque-ros ! » LuisChero criepour cou-vrir le va-carme dumoteur del’avion et

tend le bras vers une colline qui sedresse, solitaire, dans cette zonedésertique du nord du Pérou. Avecses flancs criblés de milliers detrous, le Cerro Corbacho sembleavoir été le théâtre d’un intensebombardement.

C’est bien de guerre qu’il s’agit.Mais d’un genre particulier. Celleque mène une poignée d’archéo-logues péruviens avec des moyensde fortune contre ceux que l’onappelle ici les huaqueros, les pil-leurs de tombes. Le phénomènen’est pas propre au Pérou. Ici,comme dans d’autres eldoradosarchéologiques de la planète, enChine, en Egypte ou en Italie, il sé-vit à l’état endémique. Pilleurs oc-casionnels ou professionnels, desmilliers de villageois, aiguillonnéspar la pauvreté ou l’appât du gain,explorent sans ménagement cetimmense filon hérité du passé.

Depuis des années, les huaque-ros s’en sont donné à cœur joie,dans la province côtière de Lam-bayéqué, entre la cordillère desAndes et le Pacifique. Ici, les ves-tiges des civilisations Moché,Chimu et Inca, qui se sont succédéjusqu’à l’arrivée des Espagnols,sont autant de cibles que LuisChero n’en finit pas d’énumérer :Pampa Grande, Tucuman, Zana,Huaca Rajada... Ces monumentsd’argile ravagés par le temps et lessépultures des vallées voisines, oùelles se sont accumulées pendantdes siècles avec leurs lots de bi-joux et de poteries, sont des proiesfaciles. Certains sites ne sont plusqu’une succession d’excavationsjonchées de fragments d’os et depoterie. Visiblement, les pilleursde tombes sont partout maîtres duterrain. Partout sauf à Huaca Raja-da, à deux pas du village de Sipan,où des chercheurs d’un autregenre s’affairent sur un tumulus,au pied de deux pyramides jau-nâtres. C’est là, il y a dix ans, quel’obstination d’un homme acommencé à changer le cours deschoses. Et l’histoire n’est pas finie.

Cette année, l’équipe, dont LuisChero fait partie depuis la pre-mière heure, attaque la douzièmetombe d’un tumulus qui n’en finitpas de livrer trésors et secrets. Ils’en est fallu de peu qu’il restemuet lui aussi, comme les milliersde tombes pillées dans la région.Pendant des décennies, aucun ar-chéologue n’avait pu étudier lecontenu d’une sépulture de quel-que importance, et encore moinsune tombe royale de l’antique Pé-rou. Les huaqueros les prenaienttoujours de vitesse. La loi interdi-sant les fouilles sauvages n’étaitjamais appliquée et personnen’était inquiété. Jusqu’au mercredi25 février 1987, chacun semblaits’accommoder de la situation.

Ce jour-là, Walter Alva, le jeunearchéologue péruvien qui dirige leMusée provincial de Lambayéqué,est réveillé vers minuit par l’appeld’un policier. Il est attendu à unequinzaine de kilomètres de là,pour examiner des objets saisis audomicile d’un huaquero. Alva estgrippé et fiévreux, mais commentrefuser ? Au volant de sa vieilleVolkswagen, il file dans la nuittiède en pestant dans sa barbe,persuadé que le policier fait del’excès de zèle et que la saisie nevaut pas le dérangement. Surtoutpas à cette heure !

A RRIVÉ sur place, l’archéo-logue ensommeillé écoutele policier lui parler d’une

opération de huaqueros patentés,les frères Bernal, contre un tumu-lus proche du village de Sipan.Une dispute survenue lors du par-tage du butin a alerté la police etplusieurs objets ont été saisis. Il ya là du tout-venant, mais aussi unetête humaine en or avec des yeuxde lapis-lazuli et une autre de pu-ma avec des dents de nacre. Enfin,un sceptre orné d’une scène de sa-crifice humain. Walter Alva n’encroit pas ses yeux. Non seulementles objets sont d’une facture extra-ordinaire, mais ils ne sont ni incas,ni lambayéqués, ni même chimuscomme on pourrait s’y attendredans la région. Ils viennent d’unecivilisation mal connue, celle desMochés, qui a dominé le nord-ouest du Pérou du IIe au VIe sièclesde notre ère, une société de guer-riers et d’agriculteurs, adorateursde la Lune.

Le butin des Bernal laisse à pen-ser que les Mochés étaient instal-lés dans les parages, mais aussique les huaqueros ont touché legros lot. Ni Alva ni ses collèguesn’avaient jamais eu de tels objetsentre les mains : ils ne peuventprovenir que d’une sépulture ex-ceptionnelle.

Les jours suivants, l’affaireprend un tour dramatique avec lamort de l’un des frères Bernal,tombé dans une embuscade de lapolice. Les villageois sont déchaî-nés. Parce que l’un d’eux a été tué,mais surtout parce que la rumeurlaisse entendre que la tombe pilléea rempli « vingt sacs d’or ». Beau-coup se ruent sur le tumulus avecpelles, pioches et couteaux. Cer-tains creusent avec leurs mains. Endépit de l’intervention de la police,la situation reste tendue. Ce seraitfolie pour les archéologues que devouloir s’incruster. Mais WalterAlva a pris la mesure du site : il estconvaincu qu’il s’agit d’un mauso-lée collectif comme il en existepeu. Que reculer serait faire sondeuil d’un patrimoine et d’uneconnaissance inestimable. « Enquelques jours, il ne serait rien res-té. Les villageois étaient comme pos-sédés et les marchands faisaientmonter les enchères », raconte LuisChero. Il apprendra bientôt queles plus belles pièces de la tombepillée sont chez un collectionneurde Lima, Don Enrico Poli.

Malgré l’hystérie ambiante,Walter Alva décide de planter satente sur le tumulus. L’administra-tion donne son accord. Le projetSipan est lancé. « Au début, in-dique Luis Chero, nous étions cinq :Walter, sa femme Susana, deux po-liciers et moi. La nuit, nous veillionsà tour de rôle. Les gens venaientnous insulter, nous traiter de vo-leurs, nous menacer de mort. Pour

éloigner les plus agressifs, nous ti-rions en l’air. Tous le monde nous apris pour des fous. »

Bientôt, une douzaine de per-sonnes s’activent sur le tumuluscreusé de puits et de galeries sou-terraines. Elles ne vont pas tarderà être récompensées. En juillet1987, quatre mois après le débutdes fouilles, l’équipe met au jourl’un des tombeaux les plus somp-tueux jamais découvert en Amé-rique latine. Celui d’un prêtre-guerrier de haut rang, parécomme un roi et couronné d’or,aussitôt baptisé « el Señor de Si-pan » (le Maître de Sipan). A sescôtés : trois femmes, un ado-lescent, plusieurs gardiens et unchien ; tous sacrifiés pour l’ac-compagner dans l’au-delà, avecplusieurs centaines d’objets d’oret d’argent, des parures, des bi-joux et des poteries. Une panoplied’une qualité que seuls les Mayas,à des milliers de kilomètres de là,et les Incas, des siècles plus tard,

ont égalé. Mieux encore, à traversces objets décorés de rituels et descènes de la vie quotidienne, c’esttoute une civilisation méconnuequi se révèle.

Cette découverte, que certainsarchéologues n’hésiteront pas àcomparer à celle du caveau deToutankhamon (1922), en Egypte,aura des répercussions considé-rables. D’autant plus que d’autresvont suivre. Sur le site, toujoursprotégé par la police, l’équipe Alvadécouvre, en août 1988, la sépul-ture d’un autre grand prêtre, puis,un an plus tard, celle du « VieuxSeñor de Sipan ». Deux tombes àpeine moins fabuleuses que la pré-cédente. Huit autres de moindreimportance seront mises au jour.

P OUR le dixième anniver-saire de la découverte du« Señor de Sipan », en avril

1997, une grande exposition a lieuà Lima, au Musée de la nation.C’est l’occasion, pour Walter et

Susana, de faire un bilan, qui,curieusement, n’a rien de triom-phal. Côté positif, il y a, bien sûr,la découverte elle-même. Sa va-leur historique et scientifique maisaussi ses prolongements poli-tiques, culturels et économiques,qui sont considérables. Au Pérou,le « Señor de Sipan » est omni-présent : affiches, brochures tou-ristiques, boutiques, publicité, ar-tisanat, médias, tout le mondes’en est emparé, au point de modi-fier les comportements et d’en-gendrer une prise de consciencenationale : « L’expérience de Sipan,affirme Walter Alva, symbolise dé-sormais la lutte contre le pillage, quiétait la règle admise par tous, de-puis toujours. »

Une expérience d’autant plusexemplaire qu’elle s’est prolongéesur le terrain. Grâce au travail deWalter et de Susana, les mentalitésévoluent et des groupes de villa-geois (grupas) chargés de surveil-ler les huaqueros ont pu être for-més. Et puis le hasard est venudonner un sérieux coup de mainaux archéologues.

En septembre 1987, les révéla-tions d’un jeune Britannique tour-menté, Michael Kelly, ont mis leFBI de Los Angeles sur la pisted’une organisation spécialiséedans le trafic d’antiquités préco-lombiennes. Un réseau aux ramifi-cations internationales, jouissantd’une clientèle californienne for-tunée, de nombreuses complicitéset de profits mirobolants. L’en-quête aboutira, en mars 1988, à unraid sans précédent chez des mar-chands d’art et des collectionneursde Hollywood et de Santa Barba-ra.

Les plus beaux objets seront dé-nichés dans une pièce secrète de lavilla d’un banquier retraité,Charles Craig. D’autres seront re-

trouvées au Musée de Santa Bar-bara. Les policiers saisiront, au to-tal, 1 300 objets précolombiens,dont, surprise, plusieurs dizainesviennent de la tombe profanée parles frères Bernal, à Sipan.

Finalement, des charges serontretenues contre deux des trafi-quants, pour une vingtaine depièces. La justice américaine n’in-quiétera aucune des vingt autrespersonnes impliquées dans lesopérations du réseau. Elle resti-tuera la quasi-totalité des objets àleurs propriétaires et débouteramême le gouvernement péruvien,qui s’était porté partie civile danscette affaire.

Cela étant, en 1990, le gouverne-ment américain, comme il l’a déjàfait pour le Salvador et la Bolivie,adoptera une législation d’urgenceinterdisant l’importation de piècesprovenant de la région de Sipan.C’est à ce titre que les douanesaméricaines restitueront, en 1996,plusieurs objets saisis alors qu’ilsallaient être mis en vente chez So-theby’s, à New York.

De tout cela, Walter et Suzanan’ont qu’à se féliciter. Mais cessuccès sont fragiles. Sur le terrain,d’abord, les huaqueros n’ont pasdisparu. Au contraire. Les diffi-cultés économiques de certaines

coopératives sucrières, commec’est le cas dans le village deCayalti, non loin de Sipan, lesrendent plus téméraires que ja-mais. Il faut entendre Benedicto,le vieux chauffeur du Musée deLambayéqué, raconter commentune centaine de huaqueros quis’affairaient, en 1996, sur les flancsdu mont Gorbacho ont mis enfuite une poignée de policiers tropcurieux sous une grèle de pierrespour comprendre qu’ils n’ont pasdésarmé.

E NSUITE, les grands trafi-quants, qui bénéficient decomplicités haut placées,

sont plus actifs que jamais. Et dan-gereux. L’assassinat en 1996, dansdes conditions mystérieuses, deRaul Apesteguia, l’un deshommes-clés du marché de l’artpéruvien depuis une trentained’années, est venu le rappeler bru-talement. « Il savait tout sur lespersonnalités impliquées dans lestrafics d’objets d’art, les pièces falsi-fiées et le blanchiment d’argent, ra-conte l’un de ses proches. Sansdoute se croyait-il à l’abri, parceque les gens à qui il rendait serviceétaient très haut placés. Il se trom-pait. » Après sa mort, sa collectiond’art précolombien a été saisie àl’aéroport de Lima dans des colisadressés à un marchand suisse.Comme souvent dans ce genred’affaire, l’enquête est au pointmort.

Enfin, malgré son grand reten-tissement, l’expérience de Sipanreste limitée. Walter Alva parle des« deux faces d’une même mé-daille ». D’un côté, Sipan donneune image positive du pays ; del’autre, rien n’est fait pour confor-ter cette expérience. « Il n’existetoujours pas au Pérou de politiquearchéologique et de conservationdignes de ce nom, explique Walter.Sipan, c’est l’alibi, l’arbre qui cachela forêt. Au-delà des discours, laprotection du patrimoine est la der-nière des priorités. »

Comment expliquer autrementqu’une opération aussi presti-gieuse que celle de Sipan n’ait re-çu, depuis quatre ans, aucuneligne de crédit ? Que l’expériencen’ait survécu, depuis le début, quegrâce aux modestes contributionsd’une poignée de mécènes, aux re-venus des expositions et à la fru-galité d’une équipe d’archéo-logues qui gagnent péniblement1 000 francs par mois ? « Avec lesretombées de l’exposition de cetteannée, on a de quoi tenir deux ans,calcule Walter Alva. Mais après ? »

En mai dernier, accoudés à labalustrade du Musée de la nation,Walter et Susana regardaient avecfierté les enfants des écoles défilerdans les salles sombres où bril-laient les trésors de Sipan. Cettefierté n’était pas sans mélange.« En dépit de Sipan, si les autoritésne font rien, remarquait amère-ment Susana, dans cent ans, le Pé-rou sera vidé de son patrimoine. Leshuaqueros auront gagné. »

Roland-Pierre Paringauxet Emmanuel de Roux

Dessin : Pierre Le Tan

Le seigneurde Sipan

RAZZIA SUR LES OBJETS D’ART

PROCHAIN ARTICLEAphrodite, star à Malibu

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LeMonde Job: WMQ0608--0010-0 WAS LMQ0608-10 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:22 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0264 Lcp: 196 CMYK

10 / LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S E T D É B A T S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

Graves incidents en TunisieCOMME PRÉVU, la grève géné-

rale illimitée, décidée par l’Uniongénérale des travailleurs tunisiens,a commencé hier matin. Elle af-fecte notamment à Tunis les tram-ways et le commerce privé. L’arrêtdu travail est total au port et à lacompagnie frigorifique. Le mou-vement est provoqué par la déci-sion gouvernementale fixant le sa-laire minimum vital à 4 800 francs,et il est soutenu par la CGT et laCFTC. Il n’affecte ni les fonction-naires ni les boulangers.

La grève générale a provoquéde graves incidents à Sfax. Les au-torités ayant décidé hier soir deprocéder à la réquisition des che-mins de fer tunisiens ainsi qu’àcelle de la compagnie Sfax-Gafsa,un escadron motorisé qui quittaitses cantonnements pour aller oc-cuper la gare et les ateliers a étéaccueilli à coups de fusils et degrenades par un groupe impor-

tant de grévistes appartenant auparti nationaliste affilié au Des-tour.

La troupe ayant riposté, oncomptait ce matin quinze morts etquarante blessés du côté des gré-vistes et six blessés du côté de latroupe. En outre, selon des infor-mations non confirmées, Mgr Per-rin, curé doyen de la ville, figure-rait au nombre des blessés.

Le calme semblait ce matin réta-bli. Cependant, les troupes conti-nuent d’occuper certaines posi-tions-clés. Des incidents demoindre importance sont signalésdans toute la Tunisie.

On estime généralement que siun accord n’intervient pas pour lerèglement du différend faisantl’objet de la grève le gouverne-ment prendra des mesures de ré-quisition dans divers secteurs del’économie.

(6 août 1947.)

A trop confondre fermeté et entêtement,à trop sacrifier une stratégie cohérenteà des stratagèmes de fortune,le premier ministre israélien risquede décourager à peu près tout le monde.Avec un grand incendie en prime

PRÉCISION

HERVÉ DE CHARETTEContrairement à ce que nous

avons écrit dans nos éditions du2 août, Hervé de Charette ne s’ex-primait pas au nom de l’UDF enréagissant aux propositions de lamission Weil sur l’immigration etla nationalité, mais au nom du Par-ti populaire pour la démocratiefrançaise (PPDF), dont il est le pré-sident.

AU COURRIER DU « MONDE »

INSTRUCTIONS AU PARQUETA l’exception des membres de

l’« Eglise » de scientologie, l’unani-mité s’est faite en faveur de l’op-portunité d’un pourvoi du parquetgénéral contre l’arrêt de la courd’appel de Lyon. Ceux qui manifes-taient hier pour la coupure absoluedes liens entre le gouvernement etles parquets appellent aujourd’huile garde des sceaux à intervenir detout son poids et de tous ses pou-voirs dans cette affaire.

A l’occasion de ce dossier, cha-cun peut mesurer l’incontestableutilité du lien entre le gouverne-ment et le parquet et la faculté quedoit conserver le pouvoir exécutifélu d’intervenir dans les affaires dejustice au travers d’une politiquepénale définie dans des circulairesmais aussi dans les affaires quitouchent à l’ordre public etémeuvent l’opinion. Tout le mondesemble aujourd’hui d’accord. Pourun jour ? Pour une heure ?

Ainsi, il faut comme toujoursfaire la part des choses, peser lesavantages et les inconvénients dechaque solution, de chaque sys-tème. S’il est à l’évidence souhai-table que les élus s’interdisent d’in-tervenir dans les affaires quimettent en cause leurs amis ouleurs adversaires politiques, inter-diction dont les manquementssont immédiatement dénoncés, ilest en revanche indispensable et,selon nous, primordial, que legarde des sceaux puisse intervenirdans les affaires générales, maisaussi dans les dossiers particulierscomme celui de la Scientologie,pour faire entendre la voix du gou-vernement démocratiquement élu.

Jean Veil,avocat au barreau de Paris

Les chimères de Benyamin Nétanyahoupar Ran Halévi

I L y a quelques semaines, àJérusalem, un conseiller deYasser Arafat commentaitl’impasse des négociations

israélo-palestiniennes : le pro-blème, dit-il, c’est que, dans les ter-ritoires autonomes, les adversairesde la paix sont jetés en prison,alors qu’en Israël ils sont au pou-voir...

Les opposants palestiniens auxaccords avec Israël ne sont pas tousen prison : l’attentat qui vient d’en-sanglanter Jérusalem l’a encorerappelé cruellement. Et il seraitsans doute abusif de tenir Benya-min Nétanyahou pour un adver-saire de la paix. D’ailleurs, le car-nage du marché de MahanéYéhouda peut s’expliquer moinspar la raideur du premier ministreque par la perspective d’une re-prise de dialogue entre l’Autoritépalestinienne et le gouvernementde M. Nétanyahou.

De fait, il porte un coup sévère àl’une comme à l’autre : à l’OLP, quiest loin d’avoir tout fait pour neu-traliser les extrémistes de soncamp ; au chef du gouvernementisraélien, qui s’était vanté, la veillemême de l’attentat, d’avoir réduitle terrorisme. A cet égard, le dramede Jérusalem ne fait qu’ajouter unesource supplémentaire à l’affaiblis-sement de M. Nétanyahou sur leplan intérieur ; un affaiblissementdéjà ancien, qui tient avant tout àsa personne et à sa manière d’exer-cer le pouvoir, plus encore qu’à sapolitique.

Les observateurs qui se sont in-terrogés sans fin sur les véritablesintentions de M. Nétanyahou ontmis beaucoup moins de temps eneffet à découvrir sa « méthode ».Amateurisme, inconstance, auto-cratisme, faiblesse morale : jamaispremier ministre d’Israël n’a étéparé d’adjectifs aussi peu flatteurs,qu’on entend proférer non seule-ment par la gauche israélienne, quiest vertueuse, mais jusque par sespartenaires naguère les mieux dis-posés. Benyamin Nétanyahou,disent ses critiques, ne croit pas cequ’il dit et ne dit pas ce qu’il croit. Ilest plus prompt à faire des pro-messes qu’à les tenir. Il a érigé l’in-gratitude en règle de conduite et nereconnaît ses dettes que sous lamenace. Ses actes ressemblent àdes manœuvres et ses déclarationsà des slogans. Il est aussi imprévi-sible que changeant : un coup deforce qui prend tout le monde parsurprise ; des reculades précipitéessi les circonstances le requièrent.

M. Nétanyahou n’a pas fini depayer le prix de ces errements. Il avoulu se passer de M. Sharon, quiavait beaucoup œuvré pour sonsuccès : il lui a concédé finalementun superministère. Il avait juré dene pas serrer la main d’Arafat : il lui

a serré la main et lui a même don-né l’accolade. Il avait promis de re-négocier le retrait d’Hébron signépar son prédécesseur : il l’a effec-tivement renégocié pendant desmois, pour aboutir à un accordpresque identique à celui conclupar M. Pérès. Entre-temps, il a or-donné, contre l’avis de ses conseil-lers, l’ouverture du fameux tunnel :la flambée des violences qui a suivil’a conduit une fois encore à se ré-tracter.

Benyamin Nétanyahou est peut-être arrivé au pouvoir sans projetni convictions bien arrêtés. Mais cequi pouvait être vrai il y a un an nel’est plus aujourd’hui. Par-delà lesmaladresses et les retournementsdu premier ministre, ses actes etses déclarations déclinent un des-sein et des visées parfaitement co-hérents sinon toujours réalisables.

D’abord, achever la mainmisesur son parti. Apparemment,M. Nétanyahou ne se sent aucuneobligation envers les dirigeants his-toriques du Likoud et éprouve peude sympathie pour leurs succes-seurs. C’est à contrecœur qu’il a

admis ces derniers dans son gou-vernement et c’est sans regret qu’illes a vus partir. L’accord sur Hé-bron lui a fourni l’occasion de sedébarrasser de Benyamin Bégin.Un prétexte moins estimable lui apermis d’éloigner M. Méridor, leministre des finances.

Ces évictions réussies – etd’autres qui ont échoué – en disentlong sur la méfiance pathologiquedu premier ministre envers sesconcurrents potentiels. Mais ellesrecouvrent aussi, semble-t-il,d’autres motifs, plus élevés : créerles conditions – donc éliminer lesobstacles – à la formation d’ungrand parti conservateur à l’améri-caine, délesté des vieux crocodilesdu Likoud et de leurs héritiers pré-somptifs, et qui fédérerait l’en-semble de la droite israélienne– laïcs, religieux, orthodoxes, libé-raux, partisans du Grand Israël etavocats d’un compromis territorial.

Il faut bien méconnaître la réalitépolitique d’Israël pour croire réali-sable cette chimère. C’est oublierles dissentiments profonds qui par-tagent la droite israélienne : la frac-

ture dramatique entre laïcs et reli-gieux, les désaccords entre« populiste » et ultra-libéraux, lefossé, surtout, qui sépare les adver-saires implacables d’un Etat pales-tinien et ceux qui en accepteraientla création comme un moindremal.

De ce beau programme conser-vateur, le seul résultat tangible,pour l’instant, a été l’affaiblisse-ment du Likoud et peut-être, pro-chainement, sa scission.

Les yeux toujours tournés versl’Amérique, M. Nétanyahou enten-dait aussi présidentialiser sa fonc-tion. La désignation du premier mi-nistre au suffrage universel l’yportait légitimement. Mais le main-tien de la proportionnelle intégralepour l’élection des députés limitaitsingulièrement sa marge de ma-nœuvre, en conservant intact lepouvoir de nuisance et de chantagedes petits partis. Pour surmonterces contradictions, il eût fallu pos-séder un sens de l’Etat et une expé-rience dont M. Nétanyahou sembledépourvu. De l’autorité sans pré-cédent que lui conférait la loi, il a

fait un usage tantôt abusif tantôtpusillanime : autocrate avec ses mi-nistres qu’il tenait à l’écart desgrandes décisions ; empressé avecses partenaires de la coalition, quiréclamaient toujours plus.

Les manières intempestives deM. Nétanyahou eurent un effetplus dramatique encore sur les né-gociations de paix. Pourtant, sesobjectifs, inutilement diaboliséspar ses détracteurs, n’étaient pas apriori déraisonnables. Il espéraitréussir là où les travaillistesavaient, à ses yeux, échoué : modé-rer les attentes des Palestiniens ;amener l’OLP à honorer des enga-gements non tenus et à agir sansfaiblesse contre les terroristes duHamas ; lui faire comprendre qu’Is-raël avait d’autres options que depoursuivre benoîtement son retraitdes territoires, alors que des atten-tats-suicides faisaient à Jérusalemet à Tel-Aviv des centaines de vic-times.

Il y est en partie parvenu, maissans avoir su en tirer les bénéfices.Des initiatives inconsidérées lui ontfait aussitôt perdre ce que sa fer-

meté lui avait permis d’obtenir. Laconstruction à Har Homa au lende-main de la signature de l’accord surHébron en est une illustrationpresque caricaturale. Le moinsqu’on puisse dire est que le pre-mier ministre a choisi le plus mau-vais moment pour se mettre dansla plus mauvaise posture. Nombred’Israéliens ne voyaient dans cetteinitiative qu’une manœuvre deplus : après les concessions faites àArafat, une concession faite auxcolons. Mais pour les Palestiniens,comme pour le reste du monde,elle traduisait l’intention sourded’interrompre le processus de paix.Quatre mois après, on en est en-core là, avec un gouvernement is-raélien à nouveau isolé et une Au-torité palestinienne affaiblie (etmaintenant discréditée par la cor-ruption).

Le statu quo actuel peut en effetêtre fatal pour l’OLP, donc pour leprocessus de paix. L’Autorité pales-tinienne administre aujourd’hui àpeine 7 % de la Cisjordanie, où letaux de chômage s’élève à 40 %.Eterniser l’impasse, c’est accroîtrele risque de lui faire perdre sa légi-timité et, à terme, le contrôle de lasituation. Elle pourrait donc êtretentée de recourir à la violence, oude l’encourager, alors qu’elle est vi-siblement incapable d’en maîtriserles dérapages. Et M. Nétanyahouest-il toujours prêt à en courir lerisque ? Pour obtenir quel résultat ?Il ne serait pas difficile, certes, pourl’armée israélienne de reconquérirles territoires, mais il lui serait im-possible d’y rester. Voilà qui rendd’avance inutile la prochaineguerre.

Benyamin Nétanyahou nel’ignore pas. Il sait que les négocia-tions avec l’OLP conduiront à l’ins-tauration d’une souveraineté pa-lestinienne sur une bonne partie dela Cisjordanie et au maintien souscontrôle israélien de zones de sé-curité qui restent à déterminer. Ilne cache plus, ou à peine, son re-noncement au rêve du Grand Is-raël, et sait qu’il aura tôt ou tardfort à faire avec ceux qui y croientencore. Ce qu’il ne sait pas, visible-ment, c’est comment s’y prendre.

Le premier ministre, admet un deses amis, a commis des erreurs ;mais il apprend vite et ne répète ja-mais la même. Peut-être. Il faut es-pérer qu’il a épuisé sa réserve. Carà trop confondre fermeté et entê-tement, initiatives et coups deforce, à trop sacrifier une stratégiecohérente à des stratagèmes defortune, il risque de décourager àpeu près tout le monde. Avec ungrand incendie en prime.

Ran Halévi est directeur derecherche au CNRS.

La puissanceperduedu Syndicatdu Livre Suite de la première page

Dans le paysage syndical français,le Syndicat du Livre constitue,comme celui des dockers – dont lestatut de 1947 a été révisé –, une ex-ception : les ouvriers du Livre ontune structure corporatiste reposantsur un métier, le poids de leur orga-nisation a longtemps été renforcépar le monopole d’embauche. Dansla presse issue de la Résistance, leSyndicat du Livre-CGT a occupé uneplace dominante et sa capacité à ar-rêter la parution des journaux en afait un partenaire puissant et redou-té, avec lequel le patronat a toujourspréféré transiger plutôt que de ris-quer un conflit lourd. Une certainepaix sociale était garantie par unepolitique salariale avantageuse. Ildoit, depuis plusieurs années, gérer

la crise et les plans sociaux. Le Syn-dicat du Livre repose sur une his-toire riche et originale, dont les re-présentants se sentent aujourd’huiles héritiers, et qui l’a toujours placéà part au sein de la CGT. Ces ou-vriers sont depuis plusieurs annéesaux prises avec une révolutiontechnologique qui remet en causeleur existence, pour certains, et entout cas leur organisation. « On est àune étape de la transformation de lapresse française. Ce basculement quiest en train de s’opérer est une révolu-tion, explique Roland Bingler, le res-ponsable des rotativistes, mais lapresse française a des particularitésqu’il faut défendre et qui imposentdes comportements différents. »

Dans un entretien accordé auMonde (daté 24 octobre 1995), le se-crétaire général de la Fédération destravailleurs des industries du livre,du papier et de la communication(Filpac), Michel Muller, avait prisposition pour un véritable aggiorna-mento du syndicat : « On est au boutd’une organisation catégorielle qui aété très puissante et qui a bénéficié àtous les salariés de la presse. [...] Noussommes contraints de nous reposi-tionner, de définir ce qui est fonda-mental, [...] donc de réviser ce quiétait considéré comme acquis », ex-pliquait-il. Il se prononçait pour unrapprochement avec les autres syn-dicats de la communication et pre-nait ses distances avec le monopoled’embauche. Ce discours public etinhabituel dans un syndicat réputéfermé a profondément ébranlé unepartie des troupes, notamment dansla presse parisienne. Il survient alorsque la structure parisienne est aubord de l’éclatement. Le Comité in-tersyndical du Livre parisien (CILP)est déchiré depuis plus de trois ans,quand le successeur de Roger Lan-cry, Roland Bingler, a été « débar-

qué » de son poste de secrétaire gé-néral. Le responsable desrotativistes s’est heurté à l’opposi-tion des autres catégories, mettantau grand jour une véritable guerreau sein du syndicat, doublée de riva-lités personnelles. La direction collé-giale qui s’est mise en place ensuitea eu souvent du mal à parler d’uneseule voix, d’autant que des lignesde fracture sont apparues entre correcteurs, photograveurs ou typographes.

Ces conflits internes aboutissent àdes grèves pour le moins para-doxales, dont les principales ciblesne sont pas les patrons mais lesautres catégories du Livre-CGT.L’autre danger de la situation estqu’elle multiplie les risques de pour-rissement. La discorde syndicale etle désarroi face à l’avenir de certainsmétiers peuvent déboucher sur desactions désespérées et difficilementcontrôlables. Les conflits à Midi libreet aux NMPP en témoignent. Ilssont partis de revendications localeset pas nécessairement populaires,pour prendre une ampleur natio-nale, difficilement assumée par lahiérarchie syndicale, qui a cherché àéviter tout embrasement. Les direc-tions ont eu beau jeu de mettre enavant les méthodes contestablesemployées et les salaires perçus parles grévistes.

Dans les deux cas, les résultatsobtenus par la CGT semblent bienmaigres, au regard de la dureté desconflits, et contribuent à affaiblirl’image du syndicat, coincé entre lanécessité d’un renouvellement, lesnostalgies d’une puissance perdue,les conflits internes et personnels etla difficulté à monter en marchedans le train de la communicationen pleine révolution.

Alain Salles

Le FMI au secoursdes « tigres » asiatiquesAPRÈS le Mexique, la

Thaïlande. Une nou-velle fois, le Fondsmonétaire interna-

tional (FMI) a mis en place, dansl’urgence, un gigantesque plan desauvetage pour éviter qu’unecrise monétaire locale ne dégé-nère, par un redoutable effet decontagion, en une véritable réces-sion régionale. Avec le soutien deplusieurs pays et de banques pri-vées internationales, le FMI vamettre à la disposition de la Thaï-lande des crédits d’une quinzainede milliards de dollars, en contre-partie de quoi Bangkok s’engageà remettre de l’ordre dans ses fi-nances.

Si l’on ne peut que souhaiter leplein succès à ce plan – l’essouf-flement des « tigres » asiatiquesserait dommageable à toutel’économie mondiale –, il n’enfaut pas moins s’interroger sur lesresponsables de cette nouvellecrise financière. Les dirigeantspolitiques de la région ont mis encause les « vils spéculateurs ». Sices derniers ont bien leur part, laresponsabilité des dirigeants eux-mêmes doit être soulignée.

Face aux crises monétaires, leshommes politiques ne rechignentjamais, pas plus en Asie qu’en Eu-rope, à désigner des boucs émis-saires ; et quel meilleur boucémissaire qu’un riche milliardaireétranger ? Soutenu par ses pairsrégionaux, le premier ministre deMalaisie, le Dr Mahathir, a ainsiaccusé le financier américaind’origine hongroise George Sorosd’être à l’origine de la tourmente

dans laquelle se trouvent lesmonnaies de la région. Derrièrece bouc émissaire universel, cesont en fait les marchés finan-ciers qui sont dénoncés.

Les pays d’Asie du Sud-Est au-raient pourtant bien mauvaisegrâce à s’en prendre aux mar-chés. La Thaïlande et ses voisinsont été, au cours des dix der-nières années, les principaux bé-néficiaires des flux de capitauxqu’ils ont générés. L’erreur desgestionnaires de l’épargne mon-diale, c’est peut-être plutôtd’avoir placé trop de leurs capi-taux dans ces pays, d’avoir prêtéà des Etats ou à des entreprisesincertaines.

Il n’y a pas cependant de tur-bulences financières sans causesplus profondes. Et celles-ci ré-sident, en Thaïlande aujourd’huicomme au Mexique en 1994, dansune gestion économique mal-saine. L’euphorie de la croissanceaidant, Bangkok a multiplié lesinvestissements inefficaces etlaissé prospérer les bulles finan-cières et immobilières. Les désé-quilibres internes et externes sesont accrus. Or, un pays ne peutpas investir durablement plusqu’il n’épargne, il ne peut pasacheter durablement plus qu’il nevend. Il n’y a pas de complot, toutau plus des investisseurs quicherchent à profiter des erreursde gestion des dirigeants des na-tions. Indispensable, le plan duFMI vise à rappeler à ces derniersquelques principes de bon sens...tout en sauvant la mise des premiers.

LeMonde Job: WMQ0608--0011-0 WAS LMQ0608-11 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0265 Lcp: 196 CMYK

Le nouveau président de la compagnie aérienne KLM à la recherche d’un partenaire européen

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

Quatre grands réseaux mondiauxb Lufthansa, Air Canada,United Airlines, SAS, ThaïInternational, alliées au sein deStar Alliance, constituent lepremier réseau mondial : 578destinations dans 106 pays.Ensemble, ils réalisent un chiffred’affaires de plus de 42 milliardsde dollars, emploient 210 000personnes et transportent175 millions de passagers. Les cinqpartenaires restent autonomes etgardent leur propre marque. Lelogo commun voisinera avec celuide chacun sur le fuselage des1 330 appareils de leur flotte. Lebrésilien Varig, mais aussi SouthAfrican Airways, British Midland

ou All Nippon Airways pourraientbientôt rejoindre ce réseau.b Un deuxième réseau est encours de constitution autour deBritish Airways, AmericanAirlines et Iberia. A eux trois, ilstotalisent un chiffre d’affaires de35 milliards de dollars ettransportent 150 millions depassagers. American Airlinesnégocie avec Japan Airlines unaccord de partage de codes (quipermet à chacune descompagnies de vendre des vols del’autre sur certaines destinations).Celui-ci est suspendu à lasignature d’un traité aérienbilatéral entre le Japon et les

Etats-Unis, actuellement endiscussion.b Un troisième réseau mondial seconstitue autour du noyau formépar KLM et Northwest Airlines,qui viennent d’élargir lesmodalités de leur partenariat. Lesdeux compagnies vont jusqu’àcoordonner leurs politiques demarketing et de vente. Ellesoffrent, depuis mars 1994, lamême première classe et vontdévelopper de nouveaux produitsen commun. Elles sont géréescomme une compagnie uniquesans être pour autant fusionnées.b Delta, Swissair, Sabena,Austrian et Singapore Airlinesforment, depuis juin 1996, lequatrième réseau mondial

d’alliances.b Air France tente de construirele cinquième réseau. Son allianceavec Delta et ContinentalAirlines en est la première étape.Depuis le début de l’année, AirFrance a relancé une politiqued’alliances complètementinterrompue depuis 1993. Sesnouveaux partenaires sontnotamment Aeromexico, AirIndia et bientôt Indian Airlines,Malev (Hongrie), Lot (Pologne) etRoyal Air Maroc. Mais lacompagnie nationale aura du malà se trouver de nouveaux alliéstant que le gouvernement ne sesera pas prononcé sur saprivatisation et sur l’extension despistes de Roissy.

LEO VAN WIJK ne pouvait rêvermeilleure entrée en matière :l’homme qui a pris les commandesde KLM, mardi 5 août, vient demettre un terme au conflit qui oppo-sait, depuis plus de trois ans, lacompagnie néerlandaise à son parte-naire américain, Northwest Airlines.Ce quinquagénaire, amateur defootball, aime les décisions rapides.Son prédécesseur, Pieter Bouw, res-tera dans les annales pour avoir étéle premier, en Europe, à comprendrel’intérêt d’une association outre-Atlantique. Leo van Wijk devracompléter cette stratégie et conclureune alliance avec une compagnie eu-ropéenne, pour accroître de 7 à 15 %le taux de pénétration en Europe deKLM, desservie par l’étroitesse deson marché intérieur. « Nous sommesen contact avec Alitalia depuis un anet demi, nous ne négocions pas encoreune coopération, mais cela commencedoucement à devenir plus concret »,déclarait M. Bouw vendredi 1er aoûtdans un entretien au quotidien fi-nancier néerlandais NRC Handels-blad.

KLM n’est pas seule sur le coup.Alitalia négocie aussi avec Air Franceet Swissair, qui semble quasimentécartée. Dans un entretien au quoti-dien économique italien Il Sole24 Ore, Gian Maria Gros-Pietro, lepatron de l’IRI – la holding publiquequi contrôle Alitalia –, estimaitqu’une alliance entre la compagnieitalienne et un partenaire européen,

KLM ou Air France, était possibledès cette année. Depuis le1er avril 1997, Alitalia et Air Francepartagent leurs codes sur les lignesentre la France et l’Italie ainsi queleurs programmes de fidélisation.Cependant, KLM semble avoir lapréférence : « Une alliance avec lacompagnie française pourrait provo-quer beaucoup trop de chevauche-ments », déclarait M. Gros-Pietro.L’ancien projet de British Airways(BA) de s’associer avec KLM pour-rait aussi être réactivé. Les prochainsmois devraient être décisifs pour lescompagnies européennes. Elles vonttisser leur toile à coup de partena-

riats intra-continentaux, commel’ont déjà fait Lufthansa et SAS, ouencore Swissair, Sabena et AustrianAirlines. Après la conclusion d’al-liances transatlantiques ces der-nières années, elles s’attachent au-jourd’hui à consolider leurs réseauxeuropéens. Cela s’inscrit dans uncadre plus général : les compagniesaériennes ont pour objectif deconstituer des réseaux mondiaux,qui permettent d’acheminer unclient d’un bout à l’autre du globe.Plutôt que d’ouvrir des lignes àgrand frais, les compagnies pré-fèrent s’associer à leurs concurrentsd’hier : elles peuvent ainsi offrir à

leurs clients de nouvelles dessertes,sur les lignes de leur partenaire, sansinvestissement important.

« ASSIETTE DE SPAGHETTIS »IATA, l’Association internationale

des transporteurs aériens, a recenséplus de cinq cents accords entre lesdeux cents principales compagniesdu monde. Ceux-ci prennent demultiples formes : harmonisationdes programmes de fidélisation, par-tage de codes, harmonisation despolitiques tarifaires ou des normesde service... A peine 15 % de ces ac-cords comprennent une dimensioncapitalistique : les simples engage-

ments commerciaux sont plus facilesà interrompre du jour au lendemain.Pierre Jeanniot, le président de IATA,compare ces regroupements multi-ples à une « assiette de spaghettis ».

Dans ce contexte, BA a un tourd’avance : la compagnie britanniquea récemment annoncé qu’elle s’al-liait à Iberia, alors qu’Air Franceétait, elle aussi, sur les rangs. Lacompagnie française présentait tropd’incertitudes. Sa privatisation estremise en cause depuis le change-ment de gouvernement. Iberia secherchait aussi un partenaire améri-cain : avec BA, elle y parvient avecAmerican Airlines, même si les deux

compagnies n’ont pas encore reçu lefeu vert de Bruxelles pour s’allier.

Les compagnies européennescherchent aussi, de plus en plus, às’appuyer sur des partenaires locauxqui n’ont qu’un rayonnement natio-nal, voire régional. BA est là encorela plus avancée. En France, elle pos-sède TAT et Air Liberté. En Alle-magne, Deutsche BA. En outre, pourcouvrir au mieux son territoire na-tional, BA travaille avec un réseau defranchisés.

De son côté, Lufthansa vient de si-gner un accord avec Air Littoral,dont elle devrait acquérir 13,2 % ducapital. La compagnie basée à Mont-pellier doit lui permettre d’étendreson réseau au sud, vers Marseille,Nice, Lyon et Toulouse, mais aussivers l’Espagne et l’Italie. Lufthansa aégalement des accords avec Air Do-moliti en Italie, Lauda Air en Au-triche et Luxair au Luxembourg etdevrait bientôt en ajouter un à saliste avec l’espagnol Span Air. Lacompagnie allemande développeaussi un réseau de franchisés pourdesservir les aéroports allemandsplus modestes. Enfin, Air France a si-gné en moins de six mois deux ac-cords de franchise avec Brit Air, pourmieux desservir l’ouest de la France,et avec Proteus sur la ligne Paris-Chambéry.

Virginie Malingreavec Alain Franco

à Amsterdam

Source : Bloomberg1997 1997

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M MA AMF J JJ JA A

Hausse du dollar et des rendements obligataires

DOLLAR CONTRE MARK TAUX DES OBLIGATIONS D'ETAT AMÉRICAINS À TRENTE ANS

Les craintes d'une hausse de ses taux par la réserve fédérale américaine ont provoqué une remontée des taux obligataires aux Etats-Unis (les cours baissent quand les taux montent).

1,865 le 5 août

6,48 le 5 août

GEC Alsthom prend pied aux Etats-UnisLE GROUPE franco-britannique GEC Alsthom, filiale d’Alcatel, a an-noncé, lundi 4 août, le rachat de l’activité de construction ferroviairede Fidelity and Deposit Company of Maryland. Les trois usines si-tuées dans l’Etat de New York permettront à GEC Alsthom de fabri-quer des voitures de passagers, des équipements de traction, deséquipements électriques et des bogies et d’honorer les 400 millions dedollars de commandes récemment obtenues sur ce continent. GECAlsthom doit notamment fournir des trains pendulaires pour la ligneBoston, New York et Washington et fait partie du consortium choisipour le TGV en Floride.Dans le cadre de son activité de production d’énergie, GEC Alsthomserait par ailleurs candidat, avec Framatome, autre filiale d’Alcatel, aurachat des centrales nucléaires et classiques de l’américain Westing-house, selon le quotidien Libération du 5 août.

DÉPÊCHESa RHÔNE-POULENC : la division nutrition animale du groupechimique a signé, mardi 5 août, un accord avec le chinois Tianjin Bo-hai pour la création d’une société commune coopérative spécialiséedans la production de méthionine, un acide aminé utilisé dans l’ali-mentation des volailles.a SITA : la filiale de Suez-Lyonnaise des Eaux spécialisée dans lacollecte et le traitement des déchets, a annoncé, mardi 5 août, l’ac-quisition de la société brésilienne Vega Engenharia Ambiantal (VEA)qui réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 1,48 milliard defrancs.a HONGKONG AND SHANGHAI BANK : le groupe bancaire inter-national a dégagé un bénéfice avant impôt pour le premier semestrede 2,623 milliards de livres (près de 27 milliards de francs), en haussede 13 %. Ses revenus ont progressé de 13 % dans la région Asie-paci-fique et de 46 % en Amérique, en raison des acquisitions réalisées.

UPS, leader américain des messageries express, connaît sa première grève illimitéeNEW YORK

de notre correspondanteLe Wall Street Journal conta un

jour avec brio la face cachée deUPS, le numéro un américain desmessageries express : celle de la ro-mance qui se noue chaque jourentre des dizaines de milliers de li-vreurs, sautant de leur camionnettebrun foncé, et des dizaines de mil-liers de clients auxquels ils ap-portent quotidiennement plis, coliset un brin de conversation. Plusd’une fois, la romance s’est termi-née par un mariage. C’est qu’entre1907, année de sa création à Seattle,et aujourd’hui où, avec 300 000 em-ployés aux Etats-Unis, elle assure80 % de la livraison de colis, lacompagnie UPS (United Parcel Ser-vice) a fini par faire partie inté-grante de la vie quotidienne desAméricains.

Mais, depuis lundi 4 août, les li-vreurs de UPS ont disparu du pay-sage pour aller assurer les piquetsde grève devant les centres de tri etde distribution de l’entreprise, quiaffronte là la première grève natio-nale illimitée de son histoire. Tous ?Pas tout à fait mais presque,puisque le Teamsters Union, le lé-

gendaire syndicat des chauffeurs,qui a lancé le mot d’ordre de grève,compte 185 000 membres au sein dupersonnel de UPS : largement assezpour paralyser l’entreprise et, par lamême occasion, affirme la directionde UPS, « la circulation de 6 % duPNB américain ».

Loin devant ses concurrents, Fe-deral Express, Airborne Freight ouDHL, et surtout loin devant les ser-vices postaux américains, UPS faiten effet circuler chaque jour 12 mil-lions de colis dans une économie deplus en plus dépendante des mes-sageries express, qui permettent demaintenir les stocks et les coûts à labaisse. La compagnie, dont lechiffre d’affaires s’élevait en 1996 à22,4 milliards de dollars, utilise pourcela quelque 500 avions, eux aussiparalysés puisque le syndicat des pi-lotes a décidé de respecter l’arrêt detravail des chauffeurs. Seules les ac-tivités à l’étranger, qui ne consti-tuent qu’une partie mineure desopérations d’UPS, devraient sepoursuivre normalement.

Le conflit porte principalementsur les plans de retraite et l’emploi,deux volets importants de laconvention collective de cinq ans

sur laquelle direction et syndicatont discuté jusqu’à la rupture, lundi5 août à 0 heure. L’emploi, selon lesdirigeants du Teamsters Union,constitue la vraie pierre d’achoppe-ment : les trois cinquièmes des sala-riés de UPS sont employés à tempspartiel, avec un salaire horaire (de 9à 15 dollars) parfois inférieur demoitié à celui des employés à tempsplein (20 dollars) ; 80 % des em-ployés embauchés au cours destrois dernières années l’ont été àtemps partiel. Ce recours au tempspartiel, qui offre une plus grandesouplesse aux entreprises, relèved’une tendance désormais trop cou-rante dans l’industrie américaine,soucieuse de réduire les coûts audétriment de la sécurité de l’emploides travailleurs, estime le syndicat,qui réclame la création de 20 000emplois à plein temps en cinq ans.Pour la direction de UPS, en re-vanche, les divergences portent sur-tout sur le plan de retraite : lacompagnie souhaite substituer ausystème actuel, géré par le Teams-ters Union en commun avec lesplans de retraite de plusieurs autresentreprises, son plan propre, a prio-ri plus généreux mais qui ne couvri-

rait que les salariés de UPS et dontUPS, « lasse de subventionner lesplans de retraite des autres », assure-rait elle-même la gestion.

Prudemment, le président Clin-ton a exclu, au premier jour de lagrève, toute intervention de la Mai-son Blanche à ce stade du conflit.Celui-ci était au point mort lundisoir, puisque les parties ne sont tou-jours pas retournées à la table desnégociations, menées sous les aus-pices d’un médiateur fédéral jusqu’àleur échec dimanche. Pour l’heure,les clients de UPS tentent désespé-rément de trouver d’autres trans-porteurs. Federal Express s’est trou-vée débordée par l’accroissementde la demande dès le premier jourde grève ; la situation risque de de-venir rapidement critique, en parti-culier pour le secteur important descompagnies de vente par corres-pondance dont l’activité, contraire-ment à celles de l’Europe, ne ralen-tit pas au mois d’août. Lundi, selonles témoignages de certains chefsd’entreprise, les services postauxparaissaient faire face à la situationavec une grande efficacité.

Sylvie Kauffmann

FINANCE La publication, en fin desemaine dernière,de statistiques sou-lignant la vigueur de la croissanceéconomique aux Etats-Unis a provo-qué des tensions sur les marchés obli-

gataires américains et européens.b LE TAUX des obligations d’Etataméricaines a trente ans est remontéde 6,29 %, vendredi 1er août, à6,48 %, lundi soir (les cours baissent

quand les taux montent). b LES BONSchiffres (baisse du taux de chômage à4,8 % contre 5 % en juin)annoncésvendredi ont renforcé la thèse d’unehausse prochaine de ses taux par la

Réserve fédérale américaine (Fed) lorsde la réunion de son comité de poli-tique monétaire le 22 août. b UNE SI-TUATION particulièrement favorableau dollar qui a atteint de nouveaux

sommets lundi à 1,8730 mark et6,3135 francs, ses plus hauts niveauxdepuis 1989. b MAIS L’ENVOLÉE dubillet vert renforce la crainte d’une in-tervention de la Bundesbank.

Les marchés craignent une hausse des taux des deux côtés de l’AtlantiqueLes économistes s’attendent à un relèvement du loyer de l’argent aux Etats-Unis par la Réserve fédérale à l’occasion, le 22 août, de la réunion

de son comité de politique monétaire. Cette perspective pousse le dollar vers de nouveaux sommetsDEPUIS plusieurs mois, les mar-

chés financiers évoluent dans un en-vironnement idéal : des taux d’inté-rêt faibles, une croissance toujourssoutenue aux Etats-Unis sans lamoindre tension inflationniste etune reprise en cours de l’activité enEurope dans la foulée de l’apprécia-tion continue du dollar. Mais ce« meilleur des mondes », qui a permisà Wall Street et aux Bourses euro-péennes de ne cesser de battre desrecords, pourrait ne pas survivre àl’été.

C’est en tout cas le sentiment do-minant sur les marchés obligatairesen forte baisse depuis la fin de la se-maine dernière. Le rendement desobligations d’Etat américaines àtrente ans (les cours baissent quandles taux montent) est passé de6,29 % vendredi matin à 6,48 % lundisoir. Par contagion, le taux des titresd’Etat français et allemand à dix anssont remontés de respectivement5,45 % et 5,54 % vendredi matin à5,56 % et 5,64 %, mardi 5 août en dé-but de journée. La réaction desBourses a été immédiate : l’indiceCAC 40 de la place de Paris est re-

passé lundi sous le seuil des 3 000points après une baisse de 1,87 %. Lemême jour, Francfort a cédé 2,54 %et Wall Street a fait preuve de résis-tance, gagnant 0,05 % en clôture.

Pourtant, aux Etats-Unis, la crois-sance semble trop forte, dans uncontexte de plein emploi, pour nepas provoquer des tensions sur lesprix. Les bons chiffres (baisse dutaux de chômage à 4,8 % contre 5 %en juin) annoncés vendredi ont ren-forcé la thèse d’une hausse de sestaux par la Réserve fédérale améri-caine (Fed) lors de la prochaine réu-nion de son comité de politique mo-nétaire le 22 août. Un scénariod’autant plus probable que de« nombreux » administrateurs duFonds monétaire international (FMI)ont estimé lundi que la Fed devraitprocéder à « un nouveau resserre-ment modéré [de sa politique moné-taire] de nature préventive, nécessairepour empêcher toute émergence detensions inflationnistes ».

Cette situation est particulière-ment favorable au dollar. Renforcépar la vigueur de l’économie améri-caine et les anticipations de hausse

du loyer de l’argent, le billet vert aatteint de nouveaux sommets lundià 1,8730 mark et 6,3135 francs, sesplus hauts niveaux depuis 1989.

Cette poursuite à un rythme rapide(plus de 2 % en une semaine) de laprogression du dollar renforce lacrainte d’une intervention de la Bun-

desbank et explique pour partie lesremous sur les marchés européens.La banque centrale allemande re-doute une hausse des taux à longterme sur le Vieux continent qui me-nacerait la reprise et pourrait fairetrébucher les marchés boursiers. Ladépréciation du mark face au billetvert pourrait inciter les investisseursinternationaux à réclamer des ren-dements plus élevés des obligationsallemandes et françaises,aujourd’huiinférieurs d’environ 60 à 70 points àleurs homologues américaines à dixans.

DILEMME DE LA BUNDESBANKLa Bundesbank distille des avertis-

sements depuis plusieurs semaines,mais se trouve confrontée à un di-lemme. La hausse du dollar est unpuissant soutien à la croissance enEurope où les taux de chômage at-teignent des sommets. Pour Chris-tian Dargnat, responsable de la stra-tégie chez Indocam, filiale de CréditAgricole Indosuez, la Bundesbank setrouve « pieds et poings liés. Si l’acti-vité économique se raffermit outre-Rhin, c’est grâce à l’impact de la

hausse du dollar sur le commerce ex-térieur ». La banque centrale alle-mande semble chercher, sans tropde succès, à enrayer la hausse dudollar par le seul effet de la menaced’un relèvement de ses taux. Elles’est donnée les moyens techniquesde relever son troisième taux direc-teur en annonçant, la semaine der-nière, une prise en pension sur quin-ze jours au lieu de quatre semainestraditionellement au mois d’août.

Si les économistes ne semblentpas trop croire à cette hypothèse quisoulèverait une tempête politique,les cambistes commencent à s’ensoucier. Après les sommets de lundi,le dollar a reflué et s’échangeait,mardi 5 août en début de matinée,contre 6,2881 francs et 1,8628 mark.Les opérateurs attendaient la publi-cation, mercredi 6 août, du Livrebeige de la Fed sur l’évolution del’économie américaine. Si des ten-sions inflationnistes sont détectées,le dollar risque de repartir à lahausse et les marchés obligataires desouffrir.

Eric Leser

LeMonde Job: WMQ0608--0012-0 WAS LMQ0608-12 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 10:56 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0266 Lcp: 196 CMYK

12 / LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 F I N A N C E S E T M A R C H É S

a POUR la troisième séance consé-cutive, la Bourse de Tokyo a cédé duterrain, mardi 5 août. Le Nikkei a per-du 153,62 points, soit 0,78 %, à19 514,45 points.

a L’OR était en baisse, mardi 5 août,sur le marché international de Hong-kong. L’once s’échangeait à 323,50-324,00 dollars contre 323,80-324,20 dollars la veille en clôture.

a LE DOLLAR se renforçait face auyen, mardi après-midi, sur le marchédes changes de Tokyo. Le billet vertcotait 118,47 yens contre 118,20 yenslundi soir à New York.

a L’ENCOURS des sicav françaises aprogressé de 1,99 % en juillet parrapport à juin, à 1 654 milliards defrancs. Elles ont toutes enregistrédes performances positives.

a LA BOURSE de Paris a connu enjuillet un nouveau record du nombrede négociations, qui s’est élevé à3,44 millions. Le précédent record da-tait de février, avec 3,28 millions.

Légère hausse du MatifLE MARCHÉ obligataire français a ouvert en très légère

hausse, mardi 5 août. Après quelques minutes de transac-tions, le contrat notionnel du Matif, qui mesure la perfor-mance des emprunts d’Etat français, gagnait 6 centièmes, à129,82. La veille, les obligations américaines avaient effectuéun nouveau bond. Le rendement moyen sur les bons du Tré-sor à trente ans, qui constitue la principale référence, a conti-nué à grimper, s’établissant à 6,48 %, contre 6,44 %, en fin de

semaine dernière, les opérateurs se positionnant avant l’ad-judication cette semaine de bons à trois, dix et trente ans. Ilavait fait un bond de 6,29 % à 6,44 % vendredi après la publi-cation de statistiques meilleures que prévu, notammentconcernant les chiffres de l’emploi, qui ont reveillé les craintesd’accélération de l’inflation aux Etats-Unis. Les opérateurs at-tendent désormais la publication mercredi du Livre beige dela Réserve fédérale (Fed) sur l’évolution de l’économie.

Fermeté du dollarLE DOLLAR fait preuve, mardi 5 août, d’une fer-

meté persistante face au franc et au deutschemark.La devise américaine s’échangeait à 6,2912 francs et1,8645 deutschemark au cours des premières transac-tions interbancaires contre 6,2887 francs et1,8643 deutschemark, lundi 4 août.

Quelques heures plus tôt, sur le marché deschanges de Tokyo, la tendance était identique. Le bil-

let vert s’échangeait 118,47 yens contre 118,20 yenslundi soir à New York. Le dollar est reparti à la hausseaprès le recul enregistré plus tôt face au yen, grâce àdes achats de couverture à court terme et aux trustbanks, ont observé les opérateurs. En fin de matinée,le dollar était brièvement descendu, sous les 118 yens,à 117,95 yens, mais il ne devrait pas, selon les ana-lystes, progresser au-delà de 118,70 yens.

Nouvelle baisse à Tokyo

POUR la troisième séance consé-cutive, la Bourse de Tokyo a cédédu terrain, mardi 5 août. L’indiceNikkei a abandonné 153,62 points,soit 0,78 %, pour finir à 19 514,45points. Cette nouvelle baisse s’esteffectuée sur des ventes de valeursvedettes en raison des incertitudessur la santé de l’économie japonaiseaprès la publication du rapportmensuel de l’EPA (Agence de plani-fication économique).

La veille, Wall Street a réussi à fi-nir en très légère hausse à l’issued’une séance calme, les gains dusecteur de la haute technologie etdes achats sélectifs permettant aumarché de partiellement surmonterdes prises de bénéfice. La faiblessedu marché obligataire a continuétoutefois à faire pression sur lagrande Bourse new-yorkaise. L’in-dice Dow Jones a fini en hausse de

4,41 points (0,05 %) à 8 198,45points.

En Europe, la Bourse de Londress’est repliée sur des craintes de re-lèvement des taux d’intérêt. L’indiceFootsie a terminé en baisse de 3,4points à 4 895,7 points, soit un replisymbolique de 0,07 %. Le recul a étéplus sensible à la Bourse de Franc-fort où les valeurs allemandes ontbaissé de 2,54 % à 4 296,94 points.

Alcatel Alsthom, valeur du jourAPRÈS avoir gagné 6,18 % à la

veille du week-end, le titre AlcatelAlsthom a fait l’objet de prises debénéfice, lundi 4 août, à la Boursede Paris. L’action a perdu 1,63 % à845 francs avec 968 000 titreséchangés. Environ 2,6 millions detitres avaient changé de mains aucours de la séance de vendredi. Letitre reste très entouré après unesérie de recommandations àl’achat de la part de plusieurs so-ciétés de Bourse. Paribas CapitalMarket et Transbourse sont passés

à l’achat et DB Bourse et Cheu-vreux de Virieu ont désormais unobjectif de cours de plus de1 000 francs.

Paris à nouveau au-delàdes 3 000 points

LA BOURSE de Paris a franchi ànouveau, dès l’ouverture mardi 5août, la barre symbolique des 3 000points. En hausse de 0,74 % au dé-but des échanges, l’indice CAC 40gagnait 0,55 % à 3 008,73 pointsquelques minutes plus tard.

La veille, la Bourse de Paris avaitterminé en nette baisse subissantles tensions sur les taux aux Etats-Unis, mais aussi les révisions enbaisse des prévisions de croissancedu PIB pour 1997 en France. Lesopérateurs interrogés estiment enrevanche que les craintes d’un re-lèvement du taux des pensions enAllemagne n’ont joué que margina-lement, le marché ne croyant pasque la Bundesbank utilisera cettearme. L’indice CAC 40 était repassésous les 3 000 points cédant 1,87 % à2 992,41 points après un plus bas à2 980,60 points. Le volume de tran-sactions a totalisé 7,14 milliards defrancs, dont 5,83 milliards de francssur les valeurs de l’indice CAC 40.

Les professionnels de la place deParis ne s’inquiètent pas d’une cor-rection. Ils la jugent même néces-

saire après la hausse rapide enregis-trée depuis huit semaines. Ilsestiment qu’une baisse de 5 % à 6 %par rapport au plus haut historiqueatteint la semaine dernière (3 107,31

points) serait logique, ce qui ramè-nerait le CAC à 2 890 points.D’autres estiment que l’indice pour-rait même descendre jusqu’à 2 850points.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

qCloture

CAC 40

p1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

p1 mois

NEW YORK

qDOW JONES

LONDRES

qFT 100

MILAN

nMIB 30

FRANCFORT

qDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

nJour le jour

PARIS

pOAT 10 ans

NEW YORK

qJour le jour

NEW YORK

pBonds 10 ans

FRANCFORT

nJour le jour

FRANCFORT

pBunds 10 ans

US / F

p6,3090

US / DM

p1,8654

US / ¥

q118,3200

DM/F

p3,3733

£ / F

p10,2690

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 04/08 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,15 5,55 6,27 1,70Allemagne 3 5,60 6,28 1,80Grande-Bretagne 6,75 7,01 NC 2,80Italie 6,81 6,52 7,14 2,60Japon 0,52 2,33 NC 0,50Etats-Unis 5,72 6,19 6,46 3,30

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente04/08 04/08 01/08 01/08

Jour le jour 3,1875 .... 3,1875 ....1 mois 3,24 3,36 3,23 3,333 mois 3,34 3,49 3,32 3,446 mois 3,44 3,54 3,37 3,471 an 3,58 3,70 3,57 3,69PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,3477 .... 3,3477 ....Pibor Francs 3 mois 3,4102 .... 3,4102 ....Pibor Francs 6 mois 3,5000 .... 3,5000 ....Pibor Francs 9 mois 3,5859 .... 3,5859 ....Pibor Francs 12 mois 3,6523 .... 3,6523 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,3177 .... 4,3177 ....Pibor Ecu 6 mois 4,3750 .... 4,3750 ....Pibor Ecu 12 mois 4,4375 .... 4,4375 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 04/08 % 01/08 Achat VenteAllemagne (100 dm) 337,3300 + 0,08 326 350Ecu 6,6560 + 0,06 .... ....Etats-Unis (1 usd) 6,3090 + 1,11 6,0100 6,6100Belgique (100 F) 16,3370 + 0,08 15,8200 16,9200Pays-Bas (100 fl) 299,4600 + 0,07 .... ....Italie (1000 lir.) 3,4460 – 0,25 3,2200 3,7200Danemark (100 krd) 88,5300 + 0,09 84,2500 94,2500Irlande (1 iep) 9,0990 + 0,58 8,6700 9,5100Gde-Bretagne (1 L) 10,2690 + 0,55 9,8300 10,6800Grece (100 drach.) 2,1625 + 0,07 1,9200 2,4200Suede (100 krs) 78,2700 + 0,52 74,1000 84,1000Suisse (100 F) 411,8200 + 0,35 397 421Norvege (100 k) 81,6900 + 0,24 78,5000 87,5000Autriche (100 sch) 47,9410 + 0,08 46,4500 49,5500Espagne (100 pes.) 3,9960 + 0,04 3,7100 4,3100Portugal (100 esc. 3,3350 .... 3 3,7000Canada 1 dollar ca 4,5728 + 0,96 4,2700 4,8700Japon (100 yens) 5,3147 + 1,32 5,0800 5,4300Finlande (mark) 113,1500 + 0,23 109 120

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 6,2885 6,2875 6,2279 6,2204Yen (100) 5,3244 5,3114 5,2388 5,2327Deutschemark 3,3743 3,3738 3,3710 3,3705Franc Suisse 4,1155 4,1062 4,1005 4,0979Lire ital. (1000) 3,4620 3,4537 3,4619 3,4558Livre sterling 10,2562 10,2467 10,2212 10,2027Peseta (100) 4,0009 3,9989 3,9969 3,9913Franc Belge (100) 16,363 16,329 16,336 16,314

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

04/08 01/08Alcoa 87,18 87,50Allied Signal 92,37 91,93American Express 83,12 83,12AT & T 37,43 37,18Boeing Co 58,25 58,75Caterpillar Inc. 58,81 58,93Chevron Corp. 79,31 78,87Coca-Cola Co 68,93 68,68Disney Corp. 80,93 80,56Du Pont Nemours&Co 67,06 66,87Eastman Kodak Co 68 67,93Exxon Corp. 64,06 63,75Gen. Motors Corp.H 62,62 64,50Gen. Electric Co 67,93 69Goodyear T & Rubbe 64,06 65,12Hewlett-Packard 69,50 68,93IBM 105,81 104,93Intl Paper 57,06 57,87J.P. Morgan Co 114 114,43Johnson & Johnson 61 61,06Mc Donalds Corp. 53 52,68Merck & Co.Inc. 102,93 102,50Minnesota Mng.&Mfg 95,06 94,25Philip Moris 44,68 45,12Procter & Gamble C 149,12 151,37Sears Roebuck & Co 64,12 62,31Travelers 69,56 70,93Union Carb. 55,50 55,06Utd Technol 84,62 83,93Wal-Mart Stores 37,87 36,68

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

04/08 01/08Allied Lyons 4,42 4,47Barclays Bank 12,75 12,97B.A.T. industries 4,99 5,04British Aerospace 13,55 13,61British Airways 6,16 6,40British Petroleum 8,16 8,18British Telecom 4,22 4,26B.T.R. 1,81 1,85Cadbury Schweppes 5,84 5,86Eurotunnel 0,72 0,76Forte .... ....Glaxo Wellcome 12,97 13,07Granada Group Plc 8,37 8,38Grand Metropolitan 5,89 5,92Guinness 5,83 5,83Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 6,13 6,15H.S.B.C. 21,52 21,18Imperial Chemical 10,19 10,15Legal & Gen. Grp 4,34 4,35Lloyds TSB 7,20 7,36Marks and Spencer 5,86 5,94National Westminst 8,66 8,69Peninsular Orienta 6,26 6,17Reuters 6,33 6,41Saatchi and Saatch 1,32 1,30Shell Transport 4,43 4,39Tate and Lyle 4,01 4,04Univeler Ltd 18,35 18,23Zeneca 19,98 20,19

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

04/08 01/08Allianz Holding N 443,50 465,50Basf AG 70,40 70,65Bayer AG 75,55 76,50Bay hyp&Wechselbk 72,05 75,95Bayer Vereinsbank 95,80 98,80BMW 1456 1491Commerzbank 61,50 62,65Daimler-Benz AG 146,95 148,90Degussa 100 103,05Deutsche Bank AG 117,40 122,15Deutsche Telekom 42,65 43,30Dresdner BK AG FR 80,50 83,90Henkel VZ 100,10 102Hoechst AG 82,55 85,40Karstadt AG 675 699,50Linde AG 1340 1335DT. Lufthansa AG 34,75 36,30Man AG 549,50 554Mannesmann AG 878 885,50Metro 95,20 97,80Muench Rue N 6730 6930Preussag AG 548,50 555,25Rwe 80,50 82,50Sap VZ 439,50 449,50Schering AG 200,50 202,70Siemens AG 122,85 127,20Thyssen 412 416Veba AG 106,90 108,35Viag 774 782Volkswagen VZ 992 1007

1962,36

Indice SBF 250 sur 3 mois2003,43

1946,92

1890,41

1833,90

1777,39

1720,88f6 mai 19 juin 4 aoutg

1935,51

Indice second marche sur 3 mois1947,59

1913,94

1880,30

1846,65

1813,01

1779,36f6 mai 19 juin 4 aoutg

1651,75

Indice MidCac sur 1 mois1651,75

1639,79

1627,82

1615,86

1603,89

1591,93f4 juil. 21 juil. 4 aoutg

8144,80

New York. Dow Jones sur 3 mois8254,90

7975,33

7695,76

7416,19

7136,62f6 mai 19 juin 4 aoutg

4879,70

Londres. FT100 sur 3 mois4949

4841,58

4734,15

4626,73

4519,30f6 mai 19 juin 4 aoutg

4296,94

Francfort. Dax 30 sur 3 mois4438,93

4215,06

3991,18

3767,31

3543,43f6 mai 19 juin 4 aoutg

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 05/08 04/08 31/12UFB Locabail 595 + 4,20 + 25,39Galeries Lafayette 2550 + 2,69 + 38,13DMC (Dollfus Mi) 100 + 2,45 – 20,50Bertrand Faure 349 + 2,01 + 72,68Usinor 117,20 + 1,82 + 55,23Sanofi 624 + 1,79 + 20,93Dexia France 592 + 1,36 + 30,97Rhone Poulenc A 258,70 + 1,33 + 46,24LVMH Moet Hen. 1547 + 1,30 + 6,76Casino Guich.ADP 246 + 1,23 + 29,47

BAISSES, 10 h 15Primagaz 500 – 5,12 – 18,16Essilor Intl.ADP 1522 – 4,51 + 17,07Labinal 1610 – 2,95 + 62,46Nord-Est 121,30 – 2,17 – 6,04Bongrain 2352 – 2 + 17,18Geophysique 636 – 1,85 + 76,66Imetal 852 – 1,84 + 11,22Ciments Francais 222 – 1,76 + 53,10Eramet 334 – 1,73 + 22,79Sodexho Alliance 2994 – 1,67 + 3,59

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 05/08 04/08 31/12Sopra 666 + 4,55 + 69,89Digigram 293,90 + 3,48 ....L.D.C. 1150 + 3,41 + 21,69Cerg-Finance SA 231 + 2,62 + 15,50IMS(Int.MetalSer)# 83 + 2,46 + 17,73

BAISSES, 10 h 15Sylea 565 – 5,04 – 0,70Finacor 75,50 – 4,43 + 7,85Moneyline # 65,10 – 3,55 – 19,62CNIM CA# 227 – 3,40 + 15,22Sasa Industrie # 419 – 3 + 30,93

845Alcatel Alsthom /1 mois

859

824,20

789,40

754,60

719,80

685f23 juin 11 juil. 4 aoutg

2992,41

Indice CAC 40 sur un an3075,67

2854,66

2633,65

2412,63

2191,62

1970,61f5 aout 3 fev. 4 aoutg

129,76

Notionnel 10 % premiere echeance, 1 an

132,68

130,74

128,81

126,87

124,94

123f5 aout 12 fev. 4 aoutg

LES MATIERES PREMIERESINDICES

05/08 04/08Dow-Jones comptant 149,15 ....Dow-Jones a terme 151,26 152,02CRB 243,36 245,26

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2342 2314,50Cuivre a 3 mois 2307,50 2290Aluminium comptant 1710,50 1728,50Aluminium a 3 mois 1740 1747Plomb comptant 627,25 626,25Plomb a 3 mois 640,50 636,50Etain comptant 5482,50 5537,50Etain a 3 mois 5655 5585Zinc comptant 1558,50 1571Zinc a 3 mois 1470 1493,50Nickel comptant 7360 7257,50Nickel a 3 mois 7455 7295

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 430,20 448,60Platine a terme 395 ....Palladium .... 207,60GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 361,50 354,75Maıs (Chicago) 268,50 263,75Grain. soja (Chicago) 762 765,25Tourt. soja (Chicago) 256 260,30GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) 62 62Orge (Londres) 77,25 77,25SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1564 1546Cafe (Londres) 1618 1660Sucre blanc (Paris) 327,20 325,70OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 75,18 75,06Jus d’orange (New-York) 75,55 75,10

L’ORcours 04/08 cours 01/08

Or fin (k. barre) 64650 65400Or fin (en lingot) 64650 65350Once d’Or Londres 326,35 323,55Piece francaise(20f) 373 376Piece suisse (20f) 373 376Piece Union lat(20f) 373 376Piece 20 dollars us 2340 2300Piece 10 dollars us 1350 1325Piece 50 pesos mex. 2405 2430

LE PETROLEEn dollars cours 05/08 cours 04/08Brent (Londres) 18,95 19,45WTI (New York) 20,19 20,42Light Sweet Crude 20,24 20,70

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

04/08 01/08 en %Paris CAC 40 2982,19 3049,44 – 2,26New-York/DJ indus. 8144,80 8194,04 – 0,60Tokyo/Nikkeı 19668,10 19804,40 – 0,69Londres/FT100 4879,70 4899,30 – 0,40Francfort/Dax 30 4296,94 4408,79 – 2,60Frankfort/Commer. 1446 1470,79 – 1,71Bruxelles/Bel 20 3098,71 3098,71 ....Bruxelles/General 2470,34 2536,04 – 2,66Milan/MIB 30 1122 1122 ....Amsterdam/Ge. Cbs 666,50 662 + 0,68Madrid/Ibex 35 586,34 592,61 – 1,07Stockholm/Affarsal 2590,08 2590,08 ....Londres FT30 3067,80 3083,40 – 0,51Hong Kong/Hang S. 16259,60 16379,20 – 0,74Singapour/Strait t 1963,60 1955,25 + 0,43

CAC 40/5 joursMAX3075,67

3034

2992,41MIN

M M J V L

VALEURS LES PLUS ACTIVES05/08 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FAlcatel Alsthom 57417 48696301Elf Aquitaine 47298 32237229Eaux (Gle des) 34288 25381370Societe Generale 28426 23010459Carrefour 4850 19856451Primagaz 36799 18660948Total 25548 15482077L’Oreal 5465 13221189Axa 32571 13151818,10LVMH Moet Hen. 8074 12569626

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

04/08 01/08 Var. %Ind. gen. SBF 120 2049,19 2081,66 – 1,56Ind. gen. SBF 250 1962,36 1990,56 – 1,42Ind. Second Marche 1935,51 1947,59 – 0,62Indice MidCac 1651,75 1649,86 + 0,12

Valeurs indus. 2277,70 2315,04 – 1,611 - Energie 2590,13 2642,50 – 1,982 - Produits de base 2189,70 2239,09 – 2,213 - Construction 1897,41 1914,24 – 0,884 - Biens d’equip. 1690,15 1707,89 – 1,045 - Automobile 2410,43 2438,77 – 1,166 - Biens consom. 3794,27 3867,07 – 1,887 - Indus. agro-alim. 1771,29 1806,69 – 1,96Services 2152,55 2182,16 – 1,368 - Distribution 4185,20 4242,58 – 1,359 - Autres services 1366,09 1384,93 – 1,36Societes financieres 1414,62 1428,52 – 0,9710 - Immobilier 762,31 757,45 + 0,6411 - Services financ. 1403,49 1423,01 – 1,3712 - Societes invest. 1938,09 1943,48 – 0,28

MATIF

Echeances04/08 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 10 %Sept. 97 132120 129,76 130,16 129,68 130Dec. 97 2646 98,72 99,10 98,72 98,92Mars 98 2 98,32 98,32 98,32 98,32

PIBOR 3 MOISSept. 97 23130 96,43 96,46 96,42 96,44Dec. 97 22184 96,27 96,36 96,26 96,33Mars 98 10618 96,17 96,27 96,17 96,25Juin 98 5554 96,06 96,15 96,06 96,15ECU LONG TERMESept. 97 1205 96,80 97,22 96,80 97,20

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances04/08 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixAout 97 13101 2997 3055 2986 3050Sept. 97 1101 3005 3063 3002 3058Dec. 97 101 3079 3083 3079 3083Mars 98 .... .... .... .... ....

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 04/08 au 01/08 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,22 4,21 98,50Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5 4,96 100,09Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,47 5,42 101,48Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,81 5,77 101,20Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,35 102,67Obligations francaises 5,76 5,73 101,02Fonds d’Etat a TME – 1,95 – 1,96 98,28Fonds d’Etat a TRE – 2,18 – 2,15 98,86Obligat. franc. a TME – 2,20 – 2,03 99,14Obligat. franc. a TRE + 0,07 + 0,07 100,14

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,28 3,31 3,41Eurodollar 5,53 5,59 5,72Eurolivre 6,83 7,02 7,25Eurodeutschemark 3,11 3,09 3,35

PARITES DU DOLLAR 05/08 04/08 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,8654 1,8614 + 0,21TOKYO : USD/Yens 118,3200 118,3900 – 0,06

LeMonde Job: WMQ0608--0013-0 WAS LMQ0608-13 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:01 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0267 Lcp: 196 CMYK

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 13

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

F INANCES ET MARCHES LE MONDE / MERCREDI 6 AOUT 1997 / 13

VALEURS Cours Derniers %Montant

FRANCAISES preced. cours + –coupon

(1)

B.N.P. (T.P) ................... 975 .... .... 46,71Cr.Lyonnais(T.P.) .......... 916 .... .... 51,99Renault (T.P.) ................ 1741 1745 + 0,22 95,39Rhone Poulenc(T.P) ...... 2260 .... .... 105,01Saint Gobain(T.P.)......... 1285 .... .... 71,43Thomson S.A (T.P) ........ 982 975 – 0,71 44,45Accor............................. 933 941 + 0,85 20AGF-Ass.Gen.France ..... 212,90 210,50 – 1,12 5Air Liquide .................... 947 951 + 0,42 14Alcatel Alsthom ............. 845 845 .... 10Axa................................ 400,40 403,20 + 0,69 7,50Axime............................ 684 674 – 1,46 ....Bail Investis................... 716 718 + 0,27 64,40Bancaire (Cie) ............... 764 773 + 1,17 10Bazar Hot. Ville ............. 575 570 – 0,86 16Bertrand Faure.............. 342,10 349 + 2,01 4BIC................................ 530 528 – 0,37 6BIS ................................ 515 .... .... 8B.N.P. ........................... 280,50 281 + 0,17 5,40Bollore Techno.............. 768 776 + 1,04 7,50Bongrain....................... 2400 2352 – 2 61Bouygues ...................... 514 516 + 0,38 17Bouygues Offs. .............. 189 .... .... 2Bull#.............................. 66,95 66,40 – 0,82 ....Canal + ......................... 1135 1142 + 0,61 20Cap Gemini................... 378,60 381 + 0,63 2Carbone Lorraine.......... 1535 1545 + 0,65 18Carrefour ...................... 4051 4073 + 0,54 26Casino Guichard............ 285,30 287 + 0,59 4,50Casino Guich.ADP......... 243 246 + 1,23 4,75Castorama Dub.(Li)....... 730 732 + 0,27 11C.C.F. ............................ 310 308,30 – 0,54 5,80Cegid (Ly)...................... 630 630 .... 30Cerus Europ.Reun......... 34 34 .... 10Cetelem......................... 700 701 + 0,14 10CGIP ............................. 1801 1785 – 0,88 40Chargeurs ..................... 362,70 361,50 – 0,33 7Christian Dalloz............. 2520 2510 – 0,39 12Christian Dior ............... 977 971 – 0,61 9,40Ciments Francais........... 226 222 – 1,76 1,25Cipe France Ly #............ 735 730 – 0,68 2,50Clarins........................... 777 782 + 0,64 7,20Club Mediterranee........ 506 506 .... 4,50Coflexip......................... 453 455,50 + 0,55 1Colas ............................. 792 790 – 0,25 25Comptoir Entrep. .......... 10,80 10,90 + 0,92 7,50Comptoirs Mod............. 2855 2850 – 0,17 24

CPR ............................... 484,80 486 + 0,24 22Cred.Fon.France ............ 64,90 .... .... 28Credit Lyonnais CI ......... 345,70 343 – 0,78 10Cred.Nat.Natexis ........... 376,20 376 – 0,05 10CS Signaux(CSEE).......... 216,10 216,20 + 0,04 5,50Damart .......................... 4800 4770 – 0,62 65Danone.......................... 952 962 + 1,05 17Dassault-Aviation........... 1407 1392 – 1,06 31,50Dassault Electro ............. 564 565 + 0,17 6,40Dassault Systemes.......... 408,70 409 + 0,07 1,70De Dietrich .................... 243 241 – 0,82 5,30Degremont .................... 445 447,50 + 0,56 9Deveaux(Ly)#................. 735 741 + 0,81 24Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 45,95 45,90 – 0,10 ....Dexia France.................. 584 592 + 1,36 15,70DMC (Dollfus Mi) .......... 97,60 100 + 2,45 4Dynaction ...................... 143 143 .... 3Eaux (Gle des) ................ 740 740 .... 12Eiffage ........................... 325,10 324 – 0,33 28,80Elf Aquitaine .................. 676 678 + 0,29 14Eramet ........................... 339,90 334 – 1,73 6,60Eridania Beghin ............. 864 865 + 0,11 33Essilor Intl ...................... 1675 1684 + 0,53 14,50Essilor Intl.ADP.............. 1598 1522 – 4,51 15,30Esso ............................... 520 520 .... 4Eurafrance ..................... 2590 2555 – 1,35 72Euro Disney ................... 9 9 .... 0,68Europe 1 ........................ 1400 1400 .... 19Eurotunnel..................... 7,55 7,45 – 1,32 ....Fimalac SA ..................... 508 511 + 0,59 16Finextel .......................... 106 .... .... 3,91Fives-Lille....................... 400 400 .... 14Fromageries Bel............. 4180 .... .... 50Galeries Lafayette .......... 2483 2550 + 2,69 11GAN............................... 150,50 150 – 0,33 4Gascogne (B) ................. 540 540 .... 14Gaumont #..................... 449 449 .... 2,50Gaz et Eaux .................... 2596 2592 – 0,15 55Geophysique.................. 648 636 – 1,85 8G.F.C.............................. 496 496 .... 19Groupe Andre S.A. ......... 529 525 – 0,75 6Gr.Zannier (Ly) # ........... 164,50 165 + 0,30 2,20GTM-Entrepose............. 333 335 + 0,60 8Guilbert ......................... 865 872 + 0,80 12Guyenne Gascogne........ 2097 2099 + 0,09 30Hachette Fili.Med. ......... 1277 .... .... 15Havas............................. 412,90 413,70 + 0,19 8,50Havas Advertising .......... 699 698 – 0,14 13Imetal ............................ 868 852 – 1,84 16Immeubl.France............. 326 326 .... 6Infogrames Enter. .......... 884 871 – 1,47 ....Ingenico......................... 145 145 .... 3Interbail ......................... 161 161,50 + 0,31 17,15Intertechnique ............... 1435 1428 – 0,48 13,60Jean Lefebvre ................. 305,10 .... .... 10Klepierre ........................ 790 790 .... 28Labinal........................... 1659 1610 – 2,95 21,50Lafarge .......................... 419,60 423,30 + 0,88 10Lagardere ...................... 179 179 .... 3,70Lapeyre.......................... 376 378 + 0,53 5,60Lebon............................. 219 .... .... 7Legrand ......................... 1205 1196 – 0,74 4,30Legrand ADP ................. 778 778 .... 6,88Legris indust. ................. 268,50 269,50 + 0,37 5

Locindus ........................ 788 785 – 0,38 63L’Oreal........................... 2390 2415 + 1,04 14LVMH Moet Hen. .......... 1527 1547 + 1,30 14,60Marine Wendel .............. 641 642 + 0,15 16Metaleurop.................... 92,50 93,40 + 0,97 4Metrologie Inter. ........... 14,25 14,25 .... ....Michelin ........................ 379,90 380,50 + 0,15 3,30Moulinex #..................... 147 146 – 0,68 4Nord-Est........................ 124 121,30 – 2,17 5,50Nordon (Ny) .................. 385 .... .... ....NRJ # ............................. 910 901 – 0,98 6Olipar ............................ 76,90 76,50 – 0,52 ....Paribas........................... 448,10 449,20 + 0,24 13Pathe ............................. 1199 1196 – 0,25 10Pechiney........................ 272 271,60 – 0,14 3,30Pernod-Ricard ............... 300,50 300,60 + 0,03 4,40Peugeot ......................... 693 698 + 0,72 3Pinault-Print.Red........... 2738 2739 + 0,03 32Plastic-Omn.(Ly)............ 505 499 – 1,18 8,50Primagaz ....................... 527 500 – 5,12 8,50Promodes ...................... 2386 2400 + 0,58 14Publicis # ....................... 624 618 – 0,96 4,80Remy Cointreau............. 128,20 128 – 0,15 4,60Renault .......................... 166,90 168,50 + 0,95 3,50Rexel.............................. 1662 1654 – 0,48 19,60Rhone Poulenc A............ 255,30 258,70 + 1,33 3,50Rochette (La) ................. 27,60 27,70 + 0,36 1,20Rue Imperiale(Ly) .......... 5500 5500 .... 120Sade (Ny)....................... 195 192 – 1,53 12,50Sagem SA....................... 3080 3050 – 0,97 26Saint-Gobain ................. 887 890 + 0,33 17Salomon (Ly) ................. 475,10 480 + 1,03 55Salvepar (Ny) ................. 453 .... .... 18Sanofi ............................ 613 624 + 1,79 6,60Sat ................................. 1585 .... .... 29Saupiquet (Ns)............... 627 634 + 1,11 10Schneider SA.................. 339,10 343 + 1,15 5SCOR............................. 261 262,20 + 0,45 10S.E.B. ............................. 1025 1026 + 0,09 11,20Sefimeg CA.................... 384,50 382 – 0,65 14,60SEITA............................. 183,80 181 – 1,52 6,60Selectibanque ................ 66 66 .... 6SFIM.............................. 884 886 + 0,22 30SGE................................ 139,90 139,30 – 0,42 5Sidel............................... 453 454 + 0,22 4,50Silic CA .......................... 835 836 + 0,11 37,34Simco ............................ 463 460 – 0,64 20,76S.I.T.A............................ 1214 1201 – 1,07 12Skis Rossignol ................ 122,50 122,50 .... 30Societe Generale............ 810 810 .... 17,50Sodexho Alliance............ 3045 2994 – 1,67 26Sommer-Allibert ............ 209,80 207,20 – 1,23 4Sophia ........................... 232 232 .... 17,25Spir Communic. # .......... 500 501 + 0,20 15Strafor Facom................ 439 441 + 0,45 7Suez Lyon.des Eaux........ 667 668 + 0,14 12Synthelabo..................... 760 758 – 0,26 5,32Technip ......................... 786 786 .... 10,50Thomson-CSF................ 160,10 161,50 + 0,87 2,80Total .............................. 600 604 + 0,66 10,50UFB Locabail ................. 571 595 + 4,20 10UIF ................................ 403 405 + 0,49 14,68UIS ................................ 208 210 + 0,96 14,97Union Assur.Fdal ........... 642 635 – 1,09 19

Usinor ........................... 115,10 117,20 + 1,82 3Valeo ............................. 393 394,50 + 0,38 2Vallourec........................ 384 383 – 0,26 6Via Banque .................... 174 174 .... 12Worms & Cie ................. 351,70 351,70 .... 9,50Zodiac ex.dt divid .......... 1490 1490 .... 10Elf Gabon....................... 1353 1365 + 0,88 43,50..........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

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ETRANGERES preced. cours + –coupon

(1)

ABN Amro Hol.#............ 142,80 141,20 – 1,12 5,40Adecco S.A..................... 2410 2475 + 2,69 13,13Adidas AG # ................... 720 726 + 0,83 2,71American Express .......... 527 525 – 0,37 1,11Anglo American # .......... 350 348,10 – 0,54 7,30Amgold # ....................... 339 .... .... 9,96Arjo Wiggins App........... 16,65 16,50 – 0,90 0,42A.T.T. # .......................... 232 236 + 1,72 1,63Banco Santander #......... 170 172 + 1,17 0,81Barrick Gold #................ 142,50 142,50 .... 0,34B.A.S.F. # ....................... 237,50 239,40 + 0,80 4,18Bayer # .......................... 250 255,50 + 2,20 4,19Cordiant PLC................. 13,60 13,80 + 1,47 0,09Crown Cork ord.# .......... 313,50 319,10 + 1,78 1,21Crown Cork PF CV# ....... 301,70 301 .... 2,28Daimler Benz #.............. 496 502 + 1,20 2,71De Beers # ..................... 221,90 225 + 1,39 1,98Deutsche Bank #............ 397,80 403,90 + 1,53 4,44Dresdner Bank #............ 273,80 274 + 0,07 3,82Driefontein # ................. 45,35 45,50 + 0,33 0,89Du Pont Nemours #....... 420 421,20 + 0,28 3,12Eastman Kodak # ........... 426 429,10 + 0,72 2,21East Rand #.................... 1,36 1,35 – 0,73 0,10Echo Bay Mines # .......... 31,30 31,40 + 0,31 0,15Electrolux #.................... 472,40 .... .... 6,53Ericsson # ...................... 278,10 279 + 0,32 1,30Ford Motor # ................. 258,90 260 + 0,42 2,22Freegold # ..................... 31 31,25 + 0,80 2,68Gencor act.regr.............. 14,95 14,50 – 3,01 ....General Elect. #.............. 429 428 – 0,23 1,30General Motors #........... 395,30 396,30 + 0,25 2,45Gle Belgique # ............... 585 .... .... 14,24Grd Metropolitan .......... 60,50 61 + 0,82 0,95Guinness Plc # ............... 58,65 60 + 2,30 1,09Hanson PLC reg............. 31,45 29,80 – 5,24 ....Harmony Gold # ............ 29 29,40 + 1,37 0,47Hitachi #........................ 72 71 – 1,38 0,24

Hoechst # ...................... 279,10 286,50 + 2,65 3,45I.B.M # .......................... 662 672 + 1,51 1,96I.C.I #............................. 103,50 105 + 1,44 1,83Ito Yokado # .................. 342 342,30 + 0,08 0,75Kingfisher plc #.............. 74,20 77 + 3,77 1,44Matsushita #.................. 129 128 – 0,77 0,30Mc Donald’s # ............... 327 333,40 + 1,95 0,41Merck and Co # ............. 639 649 + 1,56 2,11Mitsubishi Corp.#.......... 65,95 65,50 – 0,68 0,18Mobil Corporat.#........... a 472,20 480 + 1,65 2,78Morgan J.P. # ................ 715 .... .... 4,52Nestle SA Nom. # .......... 7810 7850 + 0,51 78,56Nipp. MeatPacker #....... 72,80 75,80 + 4,12 0,71Nokia A ......................... 549 540 – 1,63 3,94Norsk Hydro #............... 325 324 – 0,30 4,78Petrofina # .................... 2451 2460 + 0,36 49,02Philip Morris #............... 281,60 281,50 – 0,03 2,06Philips N.V #.................. 492,40 503 + 2,15 3,59Placer Dome Inc # ......... 107,50 108 + 0,46 0,32Procter Gamble # .......... 946 943 – 0,31 2,55Quilvest ......................... 373 373 .... 13,93Randfontein #................ 12,70 12,70 .... 0,62Rhone Poul.Rorer # ....... 594 599 + 0,84 1,58Rio Tinto PLC # ............. 102 100,20 – 1,76 1,23Royal Dutch #................ 342,80 355,50 + 3,70 14,05Sega Enterprises............ 199,10 198,40 – 0,35 1Saint-Helena #............... 24,50 24,50 .... 0,63Schlumberger # ............. 475 473,70 – 0,27 2,30SGS Thomson Micro. .... 568 574 + 1,05 ....Shell Transport # ........... 44,85 46,10 + 2,78 2,13Siemens #...................... 415,70 421,10 + 1,29 3,70Sony Corp. #.................. 640 633 – 1,09 1,33Sumitomo Bank #.......... 96 93,20 – 2,91 0,18T.D.K # .......................... 540 520 – 3,70 1,55Telefonica #................... 159,30 161 + 1,06 1,61Toshiba #....................... 40,10 40,50 + 0,99 0,22Unilever #...................... 1409 1424 + 1,06 10,60United Technol. # .......... 520 533 + 2,50 1,53Vaal Reefs # ................... 325,50 325,50 .... 12,97Volkswagen A.G # .......... 4608 4690 + 1,77 22,14Volvo (act.B) # ............... 170 .... .... 2,25Western Deep #............. 138,40 140,10 + 1,22 4,60Yamanouchi #................ 162,10 162 – 0,06 0,71Zambia Copper ............. 16,15 16,35 + 1,23 ..................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELMARDI 5 AOUTLiquidation : 22 aout + 0,54%Taux de report : 3,38 CAC 40 :Cours releves a 10 h 15 3008,54

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

Nat.Bq. 9% 91-02............ .... 6,830CEPME 9% 89-99 CA#..... 109,42 8,729CEPME 9% 92-06 TSR .... .... 1,134CFD 9,7% 90-03 CB ........ 122,60 4,890CFD 8,6% 92-05 CB ........ 120,05 4,218CFF 10% 88-98 CA# ........ 106,71 7,945 y

CFF 9% 88-97 CA# .......... 100,61 7,619CFF 10,25%90-01CB# ..... 117,50 4,100CLF 8,9% 88-00 CA#........ 111,69 1,756 x

CLF 9%88-93/98 CA#....... 102,51 4,636 x

CNA 9% 4/92-07.............. 123,50 2,367CRH 8,6% 92/94-03......... .... 0,942 dCRH 8,5% 10/87-88# ....... .... 3,633 oEDF 8,6% 88-89 CA# ....... 110,07 4,100EDF 8,6% 92-04 #............ .... 2,851Finansder 9%91-06# ....... .... 6,288Finansd.8,6%92-02#........ 115,30 4,547Floral9,75% 90-99# ......... .... 0,401

OAT 88-98 TME CA# ...... 100,64 2,635 y

OAT 9/85-98 TRA............ .... 4,821OAT 9,50%88-98 CA#...... 104,95 1,145 y

OAT TMB 87/99 CA#....... .... 1,763 oOAT 8,125% 89-99 #........ .... 1,670OAT 8,50%90/00 CA# ...... 110,51 3,097OAT 85/00 TRA CA#........ .... 5,895 y

OAT 10%5/85-00 CA#...... .... 2OAT 89-01 TME CA# ...... .... 2,635 y

OAT 8,5% 87-02 CA#....... 117,09 5,962 dOAT 8,50% 89-19 #.......... 128,23 6,684OAT.8,50%92-23 CA#...... .... 2,445 y

SNCF 8,8% 87-94CA ....... 106,40 4,508Suez Lyon.Eaux 90.......... 962 ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. d 67,60 67,60Baccarat (Ny) ................. d 649 649Bains C.Monaco............. d 695 695Bque Transatlantl........... d 204,90 204,90B.N.P.Intercont.............. 849 860Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie)................... d 7,60 7,60Centenaire Blanzy.......... d 432 432Champex (Ny)................ d 24,20 24,20CIC Un.Euro.CIP ............ 407 405C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 2125 2125Concorde-Ass Risq ......... d 1294 1294Continental Ass.Ly.......... d 560 560Darblay .......................... d 501 501Didot Bottin................... d 800 800Eaux Bassin Vichy........... d 3700 3700Ecia ................................ 1165 1160Ent.Mag. Paris................ d 1410 1410Fichet Bauche ................ d 75 75Fidei............................... 37,15 38Finalens ......................... d 337,60 337,60F.I.P.P. ........................... d 309 309Fonciere (Cie) ................ d 605 605Fonc. Lyonnaise #........... 730 715Foncina # ....................... d 476,10 476,10

Francarep....................... d 289 289France S.A...................... d 1250 1250From. Paul-Renard......... d 2050 2050Gevelot........................... d 1400 1400G.T.I (Transport) ............ d 195 195Immobail........................ 147,10 146,50Immobanque.................. d 602 602Locamion (Ly) ................ d 421 421Lucia .............................. d 45,20 45,20Monoprix ....................... d 245 245Metal Deploye................ d 400 441 dMors .............................. 8 8,05Navigation (Nle) ............ d 96 96Optorg ........................... d 311 311Paluel-Marmont............. d 300 300Exa.Clairefont(Ny) ......... d 950 950Parfinance...................... d 270 270Paris Orleans.................. d 269,80 269,80Promodes (CI)................ d 2010 2010PSB Industries Ly ........... 402 420Rougier # ....................... d 358 358Saga ............................... d 85 85S.I.P.H............................ d 319,30 319,30Sofragi ........................... d 4655 4655Taittinger....................... 3050 3030Tour Eiffel ...................... d 265 265Vicat............................... d 545 545Caves Roquefort............. d 1980 1980

Elyo................................ 324 324Finaxa ............................ 345 346Gaillard (M).................... d 1600 1600Givaudan-Lavirotte ........ d 1570 1570Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 155 155Gd Moul.Strasbourg....... d 1992 1992Hotel Lutetia.................. d 333 333Hotels Deauville............. d 540 540Immeubl.Lyon(Ly)#........ d 551 551L.Bouillet (Ly)................. d 305 305Lloyd Continental........... d 8050 8050Lordex (Ny).................... d 18 18Mag.Lyo.Gerl.(Ly)# ........ d 150,10 150,10Matussiere Forest........... 63 60,10Moncey Financiere......... d 3366 3366M.R.M. (Ly).................... d 441,60 441,60Navigation Mixte ........... d 790 790Part-Dieu(Fin)(Ly) ......... d 108 108Pechiney Intl .................. 128,50 124Poliet ............................. d 490 490Sabeton (Ly)................... 808 810Samse (Ly) ..................... d 840 840Sechilienne (Ly).............. d 1199 1199Sucr.Pithiviers................ 3580 3450Tanneries Fce (Ny)......... d 248 248Teleflex L. Dupont.......... d 102 102Union Gle Nord(Li) ........ d 215 215.......................................

ACTIONS Cours DerniersETRANGERES preced. cours

Bayer.Vereins Bank ........ 340 340Commerzbank AG.......... 205,50 205,50Fiat Ord.......................... 20,80 20,80Gevaert .......................... 515 515Gold Fields South........... 144 144Kubota Corp................... 25 25Montedison act.ep. ........ 9,60 9,60Olympus Optical............. 51 51Robeco........................... 622 623Rodamco N.V. ................ 195 194Rolinco........................... 630 628Sema Group Plc ............. 150 150Solvay SA........................ 3801 3801.......................................

COMPTANTUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 5 AOUT

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; a coupon detache ; b droit detache ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ;y demande reduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 58,50 58,50AFE #.............................. d 485 485Aigle # ............................ 317 308Albert S.A (Ns)................ d 222,50 222,50Altran Techno. # ............. 1965 1980Arkopharma# ................. 320 320Montaignes P.Gest......... d 3455 3455Assystem # ..................... 318 318Bque Picardie (Li)........... d 697 697Bque Tarneaud(B)#........ d 351 351Bque Vernes ................... d 103 103Beneteau # ..................... d 1030 1030B I M P........................... d 80 97,20Boiron (Ly) # .................. 350 345Boisset (Ly)#................... d 580 639But S.A. .......................... 298,90 300

Cardif SA........................ 830 831C.E.E #............................ d 139 139CFPI # ............................ 380 380Change Bourse (M) ........ 216 215CNIM CA#...................... 235 227Codetour........................ d 350 350Comp.Euro.Tele-CET ..... 550 550Conflandey S.A............... d 304 304C.A.Haute Normand....... d 309 309C.A. Paris IDF................. 805 800C.A.Ille & Vilaine............. 332 332C.A.Morbihan (Ns) ......... d 325 325C.A.du Nord (Li) ............ 559 560C.A. Oise CCI.................. d 319,10 319,10Devanlay........................ d 610 610Devernois (Ly)................ d 560 560Ducros Serv.Rapide........ d 85 93,70Europ.Extinc.(Ly)#.......... 405 393,20Expand s.a...................... d 552 552Factorem........................ d 690 690Faiveley # ....................... 218 220Finacor........................... 79 75,50Fininfo ........................... d 749 749Fructivie......................... 680 671Gautier France # ............ 253 250Gel 2000 ......................... 49,70 49,80GFI Industries #.............. 1025 1045Girodet (Ly) #................. d 30,20 30,20

GLM S.A......................... d 270 270Grandoptic.Photo #........ 1001 995Gpe Guillin # Ly.............. 235 231Kindy #........................... 173 174Guerbet.......................... 249 247Hermes internat.1# ........ 556 563Hurel Dubois.................. d 707 707ICBT Groupe # ............... d 240 240I.C.C. .............................. d 133 133ICOM Informatique ....... d 460 460Idianova ......................... d 73,50 73,50Int. Computer #.............. d 86,60 86,60IPBM ............................. d 61,10 61,10M6-Metropole TV .......... 610 615Manitou # ...................... 785 785Manutan ........................ 450 459,90Marie Brizard # .............. 714 710Maxi-Livres/Profr. .......... 53,10 53,20Mecelec (Ly)................... d 61,85 61,85MGI Coutier................... 304,20 304,20Monneret Jouet Ly# ....... d 137,90 137,90Naf-Naf #....................... 72 72NSC Groupe Ny ............. d 820 820Onet # ............................ 1035 1037Paul Predault #............... 168 168P.C.W. ............................ d 19 19Petit Boy #...................... d 94,40 94,40Phyto-Lierac #................ 470 472,90

Pochet............................ d 760 760Poujoulat Ets (Ns) .......... d 230 230Radiall # ......................... 695 695Robertet # ...................... d 1346 1346Rouleau-Guichard.......... d 342 342Securidev #..................... 112 112Smoby (Ly)# ................... 665 665Sofco (Ly) ....................... d 22 22Sofibus........................... d 370 449,60Sogeparc (Fin)................ 370,80 370Sopra ............................. 637 666Steph.Kelian # ................ d 99 99Sylea .............................. 595 565Teisseire-France............. d 183 183TF1................................. 535 537Thermador Hold(Ly) ...... 315 308Trouvay Cauvin # ........... 104 104,90Unilog ............................ 760 770Union Fin.France ........... 585 586Viel et Cie # .................... 132,80 132,80Vilmorin et Cie #............. 480 480Virbac............................. 550 537..........................................................................................................................................................................................................................................

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 10 h 15MARDI 5 AOUT

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPI

Agipi Ambition (Axa) ...... d 150,82 143,64Agipi Actions (Axa) ......... d 131,32 125,07

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. d 2448,79 2412,60

3615 BNP

Natio Court Terme......... d 14230 14230Natio Epargne................ d 2226,96 2204,91Natio Ep. Capital C/D ..... d 17200,37 17030,07Natio Ep. Croissance ...... d 3542,04 3472,59Natio Epargne Retraite .. d 178,74 175,24Natio Epargne Tresor..... d 11305,61 11283,04Natio Ep. Patrimoine ..... 151,91 148,93Natio Euro Valeurs ......... d 1175,17 1152,13Natio Euro Oblig. ........... d 1026,20 1016,04Natio Euro Opport. ........ 1146,93 1124,44Natio Inter ..................... d 2271,23 2226,70Natio Opportunites ........ 206,11 202,07Natio Revenus................ d 1132,72 1121,50Natio Securite ................ d 11464,14 11464,14Natio Valeurs ................. d 1487,62 1458,45

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 92608,71 92608,71Oblig. ttes cate. .............. 275,14 271,07

Livret Bourse Inv. D ....... d 899,19 873Nord Sud Develop. C...... d 2692,70 2687,33Nord Sud Develop. D ..... d 2544,32 2539,24

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPatrimoine Retraite C .... d 313,63 307,48Patrimoine Retraite D.... d 304,13 298,17Sicav Associations C ....... d 2427,13 2427,13

Fonsicav C...................... 19698,86 19698,86Mutual. depots Sicav C... 19355,37 19336,03

Ecur. Act. Futur D PEA ... 300,48 294,59Ecur. Capitalisation C..... 254,98 254,98Ecur. Expansion C .......... 83032,33 83032,33Ecur. Geovaleurs C ......... 3819,60 3744,71Ecur. Investis. D PEA ...... 241,16 236,43Ecur. Monepremiere ...... 11354,64 11354,64Ecur. Monetaire C .......... 13063,69 13063,69Ecur. Monetaire D.......... 12441,51 12441,51Ecur. Tresorerie C .......... 320,83 320,83Ecur. Tresorerie D.......... 308,37 308,37Ecur. Trimestriel D......... 2057,47 2057,47Eparcourt-Sicav D .......... 192,95 192,95Geoptim C...................... 12817,53 12628,11Geoptim D ..................... 12473,97 12289,63Horizon C....................... 2401,54 2354,45

Prevoyance Ecur. D ........ 106,39 106,39Sensipremiere C............. 13149,98 13117,19

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 12086,84 12062,71Ecur. Securipremiere C .. 11993,26 11981,28

CNCA

Amplia............................ D 119958,78 119958,78Atout Amerique.............. 206,85 201,80Atout Asie....................... 128,66 125,52Atout Futur C ................. 865,57 844,46Atout Futur D................. 814,82 794,95Coexis ............................ 1962,18 1929,38Dieze.............................. 2238,89 2201,47Elicash............................ D 952115,92 952115,92Epargne-Unie................. 225 219,51Eurodyn ......................... 2847,33 2777,88Indicia............................ d 1883,63 1837,35Mone.JC......................... D 11978,87 11978,87Mone.JD ........................ D 11598,06 11598,06Oblifutur C ..................... 549,10 539,92Oblifutur D..................... 526,16 517,36Oraction......................... 1890,14 1844,04Revenu-Vert................... 1205,38 1185,23Sevea ............................. d 122,58 119,59Synthesis........................ 18157,90 17836,84Uni Association .............. D 121,01 121,01Uni Foncier .................... 1435,55 1400,54Uni France ..................... 926,67 904,07Uni Garantie C ............... 1896,26 1864,56Uni Garantie D............... 1450,33 1426,09Uni Regions ................... 1818,26 1773,91Univar C......................... D 310,44 310,44Univar D ........................ D 297,51 297,51Univers Actions .............. 275,50 268,78Univers-Obligations ....... 253,76 249,52

CIC BANQUES

Francic ........................... d 804,07 780,65Francic Pierre................. 142,58 138,43Francic Regions.............. 2070,62 2010,31

CIC PARIS

Associc ........................... 1125,33 1125,33Cicamonde..................... d 1736,12 1685,55Converticic..................... d 425,40 419,11Ecocic............................. 1866,99 1812,61Mensuelcic ..................... d 10181,56 10080,75Oblicic Mondial.............. 4185,11 4123,26Oblicic Regions .............. 1177,08 1159,68Rentacic ......................... d 165,95 163,50

Eurco Solidarite.............. 1391,31 1377,53Lion 20000 C................... 17202,75 17202,75Lion 20000 D .................. 16502,04 16502,04Lion Association C.......... 11097,48 11097,48Lion Association D ......... 11097,48 11097,48Lion Court Terme C ....... 26478,66 26478,66Lion Court Terme D....... 24009,18 24009,18Lion Plus C ..................... 1576,44 1545,53Lion Plus D..................... 1503,78 1474,29Lion Tresor..................... 2456,85 2432,52Oblilion .......................... 2226,04 2204Sicav 5000 ...................... 794,76 779,18Slivafrance ..................... 1335,68 1309,49Slivam ............................ 628,22 615,90Slivarente....................... 247,94 243,08Slivinter.......................... 894,61 877,07Trilion ............................ 5212,09 5145,20

Avenir Alizes................... 2406,57 2359,38CM Option Dynamique.. 139,60 137,71CM Option Equilibre ...... 268,12 265,14Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 169,04 164,52Cred.Mut.Ep.Cour.T....... 924,47 924,47Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 154,42 150,29Cred.Mut.Ep.J ................ 22996,03 22996,03Cred.Mut.Ep.Monde ...... 1873,01 1822,88Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1882,69 1845,77Cred.Mut.Ep.Quatre....... 1108,71 1086,97

Fonds communs de placementsCM Option Moderation . 102,62 101,60

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ d 990,26 947,62Saint-Honore Capital ..... d 20100,10 19514,66St-Honore March. Emer. d 1020,55 976,60St-Honore Pacifique....... d 881,74 843,77

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... 1836,45 1836,45Strategie Actions............ d 1239,98 1192,29Strategie Rendement ..... d 2006,42 1943,26

Amplitude Amerique ...... 128,47 125,34Amplitude Europe C....... 173,73 169,49Amplitude Europe D....... 170,82 166,65Amplitude Monde C....... 1178,40 1149,66Amplitude Monde D....... 1124,20 1096,78Amplitude Pacifique....... 125,20 122,15Elanciel D PEA................ 197,62 192,80Emergence Poste D PEA 161,92 157,97Geobilys C...................... 662,63 652,84Geobilys D ..................... 626,94 617,67

Kaleıs Dynamisme.......... 1162,80 1140Kaleıs Equilibre .............. 1102,86 1081,24Kaleıs Serenite ............... 1056,66 1046,20Latitude C ...................... 148,84 148,84Latitude D...................... 135,60 135,60Oblitys D ........................ 623,69 614,47Plenitude D PEA............. 221,21 215,81Poste Gestion C.............. 14898,74 14898,74Revenus Trimestr. D ...... 5304,68 5252,16Solstice D ....................... 2366,52 2360,62

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 38086,53 38086,53Actimonetaire D............. 31012,91 31012,91Cadence 1 D................... d 1075,34 1064,69Cadence 2 D................... d 1078,36 1067,68Cadence 3 D................... d 1065,97 1055,42Capimonetaire C ............ 411,44 411,03Capimonetaire D............ 371,24 370,87Sogeoblig C/D ................ d 9337,78 9245,33Interoblig C.................... d 7718,06 7641,64Interselection France D.. d 788,44 772,98S.G. France opport. C ..... d 2161,08 2118,71S.G. France opport. D..... d 2063,03 2022,58Sogenfrance C................ d 2028,47 1988,70Sogenfrance D ............... d 1854,13 1817,77Sogepargne D ................ d 314,89 311,77Soginter C ...................... d 2867,81 2811,58

Fonds communs de placementsFavor D .......................... d 1725,14 1658,79Sogeliance D .................. d 1703,90 1687,03Sogenfrance Tempo D ... d 219,16 214,86..............................................................................

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 4 aout

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mardi 5 aout 1997 - 10 h 38’ 56’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 745 745Credit Gen.Ind. .............. d 12,15 9,90Generale Occidentale..... d 111 99,90Mumm........................... d 1080 1080Ste lecteurs du Monde.... d 130 130.......................................

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ d 53 53Belvedere ....................... d 881 881BVRP.............................. d 197 197Coil ................................ d 212,90 212,90Electronique D2 ............. d 910 910FDM Pharma n. ............. d 210,10 210,10Genset............................ d 445 445Guyanor action B ........... d 13,90 13,90High Co.......................... d 170 170Infonie ........................... d 96 96Joliez-Regol.................... d 82,50 82,50Mille Amis ...................... d 93 93Naturex.......................... d 90 90Olitec ............................. d 1300 1300Picogiga ......................... d 190 190Proxidis.......................... d 29 29R21 Sante....................... d 425 425Stelax ............................. d 6,10 6,10

HORS-COTEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 5 AOUT

NOUVEAU MARCHEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MARDI 5 AOUT

LeMonde Job: WMQ0608--0014-0 WAS LMQ0608-14 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:10 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0268 Lcp: 196 CMYK

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A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

Les deux bannières de Cathy Freeman400 m dames. Victoire d’une assimilation

ATHÈNESde notre envoyé spécial

Les effusions de la victoire et desdéfaites entremêlées sont termi-nées. Comme à regret, Sandie Ri-chards et Jearl Miles-Clark pé-nètrent sous les tribunes du stade, àla rencontre des journalistes. Cathe-rine Freeman, la nouvelle cham-pionne du monde du 400 m, hésite àles suivre. Elle se dirige lentementvers la tribune présidentielle. Un ca-meraman en maraude sur la pe-louse du stade olympiquecomprend qu’il se produit là un évé-nement insolite, que cette jeunefemme au corps d’enfant, sansmuscles apparents, marche plus sû-rement vers son destin qu’elle necourait après un titre mondial quel-ques minutes auparavant. Sur lesdeux écrans géants du stade, sonimage apparaît. Elle se saisit d’undrapeau qu’on lui tend et qui n’estpas répertorié dans le catalogue des208 pays de la Fédération interna-tionale d’athlétisme.

C’est une bannière à bandes hori-zontales, noir et rouge, frappée enson centre d’un disque jaune. Aprèsl’avoir brandie maladroitement aveccelle, connue, de l’Australie, Cathe-rine Freeman expliquera que le noirsymbolise les gens, que le rouge re-présente la terre, que le jaune estl’image du soleil et que le toutcompose le drapeau des aborigènes.Catherine Freeman, la coureuse de400 m la plus véloce quand Marie-José Pérec se consacre au 200 m,

s’identifie à cette communauté ori-ginelle du continent océanien exter-minée en un siècle.

Elle a eu à souffrir de cet engage-ment comme elle avait eu à souffrirde discrimination avant que sontalent de sprinteuse n’en fasse unmodèle d’assimilation. Lors de sapremière participation aux Jeux duCommonwealth, on avait menacéde l’exclure de la délégation austra-lienne parce qu’elle avait manifestéson appartenance ethnique avec cestrois couleurs. Elle n’avait alors quedix-sept ans et elle était déjà unphénomène du tour de piste. Avingt-trois ans, elle dut promettrede ne pas « politiser » sa médailled’argent des Jeux d’Atlanta.

Cette année, cette perspective nesemble plus l’effrayer. C’est doncune aborigène qui est championnedu monde. Elle peut parler sanshaine de la discrimination dont elleet sa famille ont été victimes et avecpassion de l’exemple qu’elle veutêtre pour les jeunes du bush. Onl’écouterait longtemps racontercomment elle a pris l’ascendant surles autres concurrentes et pourquoielle est fière de sa victoire. La petitemusique qui se dégage de tout cela,sa ligne de chant, ou plutôt Le chantdes pistes , comme aurait écrit levoyageur anglais Bruce Chatwin,évoque un destin de légende dont levieil Homère aurait pu faire unpoème.

Alain Giraudo

Duel maghrébin sur 1 500 mètresATHÈNES

de notre envoyé spécialC’est l’histoire d’un vieux qui n’est pas vrai-

ment vieux. Sur sa route, il rencontre unjeune, aimant plutôt la bagarre. Ils se battent,comme de bien entendu, et le combat est fé-roce. Le jeune a la force ; le vieux l’expé-rience. Match nul, forcément. A la fin, ils seréconcilient, souvent sur le dos d’un troi-sième larron trop méchant et trop laid pourêtre honnête. Tout le monde est content. Ap-plaudissements. Grâce à Nourredine Morceli,et Hicham El Guerrouj, les championnats dumonde d’athlétisme d’Athènes ont sous lamain les deux vedettes de ce scénario impec-cable pour film d’actions à grosses entrées.Qu’importe si la trame est usée jusqu’à lacorde, et s’il faut en passer par quelques in-vraisemblances.

Entre les deux hommes, la différence d’âgen’est pas si grande. Quatre ans et demi les sé-parent. Nourredine Morceli, avec son palma-rès gargantuesque, a pourtant tout du« vieux », modeste et sûr de lui à la fois.Champion olympique (1996), triple championdu monde (1991, 1993, 1995), il domine le1 500 m, à la manière d’un tyran, depuis le dé-but de la décennie. En 1995, à Nice, il s’estmême offert un record du monde(3 min 27 s 37), comme pour mieux assom-mer d’un seul coup de chronomètre laconcurrence présente et à venir. Hicham ElGuerrouj pourrait trembler devant tant de

superbe. Sa carrière manque du moindre titreen plein air, il ne possède aucun de ces re-cords qui frappent l’imagination. Pour toutearme, il n’a que sa rage de vaincre et untalent que personne ne songe à lui dénier. Ilssuffisent à en faire un « jeune » idéal, parfoisun peu arrogant, toujours avide d’en finiravec son aîné.

LUTTE À DISTANCEPour la confrontation finale, la grande

scène du duel, avec tambours et trompettes,dans le stade olympique, il faudra attendre,mercredi 6 août, le soir de la finale. Lundi,lors des demi-finales, les deux athlètes se sontignorés. A moins qu’ils n’aient engagé la lutteà distance, subrepticement, sans prévenir.Hicham El Guerrouj, le Marocain, s’est impo-sé dans la première course, en conquérant.Les autres ont vainement tenté de le suivre.Lorsque son tour est venu, Nourredine Mor-celi, l’Algérien, a préféré la patience et laruse. Il s’est sagement calé dans le sillage desplus fous, pour mieux les dépasser à l’ap-proche de l’arrivée. Naguère, il n’aurait pasfait tant de manières. L’expérience l’a renduplus prudent. Il se doit d’économiser lamoindre parcelle d’énergie s’il veut en re-montrer au prétendant. Cette saison, celui-cil’a déjà battu deux fois, autant de pénibles lé-zardes dans une réputation d’invincibilité.S’il devient une quatrième fois champion dumonde, Morceli oubliera.

El Guerrouj, lui, n’a pas oublié ce jour mau-dit de l’été 1996 où une chute malheureuse abousculé son destin. Il se voyait déjà cham-pion olympique du 1 500 m. Il campait, se-rein, le rôle du favori. Il s’est réveillé dou-zième, battu et humilié, témoin impuissantdu triomphe de Nourredine Morceli. Pour lapremière fois de sa carrière, le champion al-gérien s’offrait une médaille d’or olympique.Hicham El Guerrouj a tout dit de l’accrochagequi l’a opposé à son rival. Morceli ne l’a sûre-ment pas fait exprès. S’il l’a privé du titre pro-mis, c’est par accident. De là à parler de re-vanche... Le jeune Marocain, une fois encore,est favori. Il a signé la meilleure performancemondiale de la saison (3 min 29 s 30), le 7 juil-let, à Stockholm, et s’est montré régulier.

A l’inverse, le parcours du tenant du titre aété parsemé d’ennuis de santé, de petits inci-dents qui, s’ajoutant les uns aux autres, enont fait un athlète affaibli. A vingt-sept ans, ila plusieurs fois évoqué son passage à la dis-tance supérieure, le 5 000 m. Une victoired’Hicham El Guerrouj pourrait précipiter sadécision. Ne serait-ce pas justice ? Au som-met du demi-fond, Morceli avait succédé auMarocain Saïd Aouita. En le dominant, ElGuerrouj ne ferait que reprendre un bien na-tional. Il s’acharnera donc à vaincre. Pasquestion de compter sur lui pour un « happyend ».

Pascal Ceaux

La signature UrtebiseFernand Urtebise a découvert

l’athlétisme sur le tard. A vingtans passés, il s’initie au110 m haies. Théoricien horspair, il devient entraîneur natio-nal à l’Institut national du sportet de l’éducation physique (In-sep). C’est là que Stéphane Dia-gana vient le trouver après lesJeux olympiques de Séoul, en1988. Il n’a que dix-neuf ans.L’entraîneur revient de Corée duSud avec un titre de vice-cham-pion olympique du 400 m haiespour son athlète sénégalaisAmadou Dia Ba. Il décèle en Sté-phane Diagana, qui court encorele 110 m haies, les qualités néces-saires à la distance supérieure.Entraîneur de Jean-CharlesTrouabal et Daniel Sangouma,membres du relais 4 × 100 m re-cordman du monde en 1990, etd’autres hurdlers, Fernand Urte-bise considère l’athlétismecomme un moyen de former des« hommes libres ». Stéphane Dia-gana lui offre son premier titrede champion du monde.

ATHÈNES 97 Après des annéesde doute marquées par des bles-sures, Stéphane Diagana est deve-nue champion du monde du400 mhaies, lundi 4 août, à Athènes.

Le Français, élève de Fernand Urte-bise s’est imposé devant le Sud-afri-cain Llewellyn Herbert et l’Améri-cain Bryan Bronson en 47 s 70. Lasoirée a egalement été marquée la

victoire de Cathy Freeman sur le 400m. L’Australienne n’hésite plus àprofiter de sa gloire pour défendrela cause des siens, les Aborigènes.Après la finale du 400 m messieurs

avec Michael Johnson, mardi,Athènes s’attend à un beau duel,mercredi, entre l’Algérien Nourre-dine Morceli et le Marocain HichamEl Guerrouj dans le 1500 m.

Stéphane Diagana souhaite que sa victoire serve d’exemple Le recordman d’Europe du 400 m haies (47 s 37) est devenu, lundi 4 août, le premier Français à gagner un titre de champion du monde.

Une consécration pour cet athlète exemplaire qui avait dû renoncer aux Jeux olympiques d’Atlanta pour cause de blessure

Un calme olympiqueSON DAUPHIN, le Sud-Africain Llewellyn Herbert, le relève et Stéphane

Diagana va sacrifier au traditionnel tour d’honneur. Mais pour l’heure, le nouveau champion du monde a le bonheur alangui. Le garçon est un pondéré, son esprit vole. Il est le premier européen champion du monde

du 400 m haies depuis la création de la compétition en 1983. LlewellynHerbert, lui, jubile de sa deuxième place. Il a couru à la corde, ce qui n’estjamais facile et a tout de même établi un nouveau record national(47 s 86). Donné favori et finalement médaille de bronze, l’AméricainBryan Bronson (47 s 88), lui, grince des dents : « Je ne suis pas parvenu à trouver le bon rythme, lâche-t-il. J’ai été complètement hors du coup. »

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Stéphane Diagana est vite redes-cendu du podium. Comme s’il luibrûlait les pieds. Comme s’il n’étaitpas à sa place sur la plus hautemarche. Mais c’était bien sonheure. Les photographes l’ont rap-pelé pour fixer une énième fois surleur pellicule le bonheur discret dunouveau champion du monde du400 m haies (47 s 70). Autour delui, tous les yeux brillaient. Carl’homme fait l’unanimité. « Ai-mable, intelligent, modeste, géné-reux. » Ceux qu’il croise sur saroute d’athlète d’élite ou ceux quipartagent sa vie évoquent la per-sonnalité de « Diag » avec unmême enthousiasme. Il le leurrend bien. « Cette victoire n’est passeulement celle de mes jambes, dit-il. Elle m’arrive grâce à toute l’ami-tié, à tout l’amour que j’ai autour demoi. »

Stéphane Diagana n’a pas eu laforce d’exulter en franchissant entête la ligne d’arrivée. Il n’étaitmême pas sûr d’avoir gagné. Tou-jours cette humilité, cette délica-tesse de ne pas spolier l’autre. Etdans une petite case de sa mé-moire, le souvenir de trop nom-breux accessits – quatrième auxJeux olympiques de Barcelone(1992) et aux championnats dumonde de Stuttgart (1993), troi-sième aux championnats d’Europed’Helsinki (1993) et aux champion-nats du monde de Göteborg(1995) – pour une seule consécra-tion européenne : un record d’Eu-rope décroché au meeting de Lau-sanne le 5 juillet 1995 (47 s 37). Unsigne de Bryan Bronson, le sprin-teur américain reconverti auxhaies (troisième en 47 s 88) l’a ras-suré.

Stéphane l’avait bien senti à20 mètres de l’arrivée : « Les autres

revenaient mais j’avais encore de lavitesse. J’ai poussé sur mes jambes ettiré sur mes bras comme jamais,puis je me suis jeté sur la ligne.C’était ma course. Bronson arrivesur la discipline, il peut attendre.Herbert [NDLR : le Sud-Africain aterminé deuxième en 47 s 86] estencore jeune et a une brillante car-rière devant lui. » Dans la tribunedu virage, à l’entrée de la dernièreligne droite, Fernand Urtebise étaitchaviré d’émotion. L’entraîneur deStéphane Diagana a la sensibilité àfleur de peau. Il aime ce championcomme un fils, lui trouve toutes lesqualités. Au point de vivre depuisneuf ans les défaites et les bles-sures de son poulain comme unetragédie personnelle.

REPRISE LABORIEUSEEn 1994, à Helsinki, l’athlète dut

apaiser les sanglots de son coach.L’échec relatif de Stéphane Diaga-

na l’avait convaincu qu’il en étaitcoupable. Lundi soir, donc, iln’était guère surprenant que les lu-nettes du coach s’embuent quandle vainqueur du 400 m haies lui adit : « Cette victoire, je vous ladonne. » A qui d’autre aurait-il pula dédier ? A part eux, personnen’y croyait, même après l’élimina-tion de l’Américain Derrick Adkins,champion olympique et championdu monde, en demi-finale. Aumieux, on prédisait un podium.Stéphane Diagana semblait si peuassuré ces derniers temps. Unefracture de fatigue au pied droitl’avait réduit au rôle de consultantdans les tribunes du stade olym-pique d’Atlanta, en 1996.

Après une reprise laborieuse, il acontracté, en juin, une sciatalgieinterdisant tout travail sur leshaies. Il s’est contenté du plat. Sesmécanismes de « hurdler » ne sontrevenus qu’à l’issue d’une série

techniquement catastrophique.Fernand Urtebise n’a jamais perduconfiance. Grâce à une demi-finalede rêve, « Diag » s’est « retrouvé »dans un de ces jours d’infaillibitéqui confinent à l’état de grâce.Même le coach savait : « Je n’ai res-senti aucune violence pendant lacourse. Pour moi, c’était limpide.J’ai été bercé. » Stéphane Diaganacourait la finale à Athènes pour lamédaille d’or. Il l’a signifié dès lespremières foulées. « A la cin-quième haie, il était sur les bases durecord du monde, s’enorgueillitFernand Urtebise, et c’est une despremières fois où il entre dans laligne droite avec autant de lucidité.Il a fait une course d’aventurier ausens noble du terme. »

De fait, le galop de Stéphaneétait empreint d’une agressiviténouvelle. Ses adversaires l’ont dé-couvert sous un autre visage. Celuid’un « risque-tout » sans aucunrapport avec le type affable quileur fait la causette jusque dans lachambre d’appel. Fernand Urte-bise impute ce déclic aux coupsd’arrêt récents à sa carrière. Avingt-huit ans, « Diag » n’accepteplus l’inachevé. « A l’échauffement,j’avais les jambes lourdes, dit-il, j’aieu un peu peur mais je me suis toutde suite rappelé une course formi-dable avant laquelle j’avais lesjambes dans le même état. » Il apercé à jour les secrets de sacomplexe discipline. De cette foien soi, de cette foulée à exécutersur mesure qu’elle exige.

PAS DE LARMEDans la brise tiède du soir, cou-

ché sur la piste, Stéphane Diaganaa longuement cherché son souffle,ses esprits. Llewellyn Herbert estvenu le tirer de ses méditations. Leblondinet sud-africain de vingtans, frais émoulu des rangs juniorsqui l’ont sacré champion dumonde en 1996, voulait son tourd’honneur avec le vainqueur. Unplaisir que le champion du mondene pouvait refuser à celui qui brûlede « devenir l’Edwin Moses sud-africain ». L’étreinte avec FernandUrtebise est venue un peu plustard sous la lumière crue des pro-jecteurs et des flashs. Pas unelarme, pas un des serments entre-coupés de hoquets qui n’aientéchappé aux voraces objectifs. Fer-

nand Urtebise s’est rapidementressaisi.

Pour lui, l’athlétisme est uneécole de la vie, pas un show impu-dique. Plutôt que de s’exhiber, il arépondu aux questions avec sonsouci coutumier du détail. Déçueet affamée d’images, la télévision aintroduit les parents de Stéphanedans la zone réservée à la presse

pour mieux « voler » cesretrouvailles organisées. Entre lacérémonie protocolaire et lecontrôle antidopage, soit deuxbonnes heures, Stéphane Diaganaavait bien cogité. Les raisons de savictoire lui sont apparues claire-ment. Fidèle à sa réputation, ilcompte faire profiter « d’autresathlètes en difficulté » de sa leçond’Athènes. « Pour nous les sportifs,il existe une porte, a-t-il conclu.Lorsqu’elle est fermée il faut patien-ter, lorsqu’elle s’entr’ouvre, il fautsaisir sa chance. » Et ne plus enégarer la clef.

P. Jo.

ATHÈNESde notre envoyée spéciale

LeMonde Job: WMQ0608--0015-0 WAS LMQ0608-15 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:13 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0269 Lcp: 196 CMYK

A Eugene, l’Amérique entretient la légende de son athlétismeEtats-Unis. La capitale de l’Oregon est le dernier bastion américain de ce sport

A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 15

TECHNIQUE

EUGENEde notre envoyé spécial

L’athlétisme américain vit destemps rudes et capricieux. L’argentlui manque, le public le boude etles médias l’oublient. Il a beaucrier à l’aide et réclamer son dû– le respect d’un pays à qui il a of-fert treize titres olympiques en1996 –, rien n’y fait. Les Etats-Uniss’en moquent. Sauf à Eugene, Ore-gon, 112 000 habitants.

A Eugene, l’athlétisme américainne baisse pas la tête de peur decroiser un regard d’indifférence. Ilse sent chez lui, sur ses terres, ul-time et peut-être unique bastiond’un passé enfoui. A Eugene, prèsde 15 000 spectateurs se déplacent,une fois l’an, vers l’entrée de Hay-ward Field, le vieux stade de boisqui ceinture la piste de l’université.Et peu lui importe qu’il pleuve,qu’il vente ou que les athlètes an-noncés n’aient pas tous daigné semontrer.

L’occasion ? Le PrefontaineClassic, le dernier des meetingsaméricains encore assez fortunépour conserver son nom au calen-drier du Grand Prix. Curieuse am-biance. Avancée tôt dans la mati-née pour les besoins de latélévision, la compétition semblevider la ville entière. En début deréunion, le haut-parleur expliquefièrement que l’affluence,13 800 personnes, a rempli jus-qu’au dernier siège du stade.Complet, donc, pour la troisième

année consécutive. Plus tard, lepublic se lèvera d’un bond et don-nera de la voix à l’annonce du dé-but de la retransmission téléviséenationale.

« Nous allons montrer au pays ceque signifie l’athlétisme à Eugene eten Oregon », affirme le speaker. Etlui montrer, surtout, qu’il reste en-core un lieu, un seul, où les enfantsrêvent de chausser des pointes etd’imiter les héros dont les portraitsornent les murs des restaurants etceux des salles de classe. Le pu-blic ? Une Amérique blanche, enshort et chaussures de course. UneAmérique écolo qui porte la barbeet regrette les seventies. L’athlé-tisme est pour elle un sport autant

qu’un art de vivre. Elle va au stadeà pied, salue les officiels d’un gesteet connaît par cœur l’orthographedes noms des cracks de la piste.

« Eugene est le seul endroit dupays où le public connaît les noms etles performances des athlètes, ra-conte Kory Tarpening, l’ancienchampion des Etats-Unis du saut àla perche (5,89 m en 1988), un natifde l’Oregon revenu sur ses terres letemps du meeting. Les gensviennent tous les ans. Plus jeunes, ilsl’ont fait avec leurs parents. Au-jourd’hui, ils emmènent leurs en-fants. » Les racines de cette pas-sion s’enfoncent dans un passélointain. A en croire le perchiste, latradition serait partie de l’universi-té : « Le programme d’athlétisme atoujours été solide et performant. Etcela depuis le début du siècle. »

Bill Hayward, le premier coach,n’a pas seulement donné son nomau stade. En quarante années à latête des champions de l’Oregon, ila remporté assez de titres natio-naux universitaires pour remplirde trophées une pleine salle del’hôtel de ville. Une réussite collec-tive dont le pays l’a remercié en luiconfiant, avant guerre, les desti-nées de six équipes olympiques.Depuis, ses suivants ont prolongél’œuvre. « L’équipe d’athlétisme n’ajamais compté moins d’une cen-taine de gars, explique Tom Jordan,le directeur du Prefontaine Classic.Une quarantaine d’entre eux pos-sèdent un bon niveau national. A

Eugene, l’athlétisme permet de sefaire un nom et de payer sesétudes. »

L’autre explication porte unnom que le public du meeting pro-nonce avec respect et nostalgie :Steve Prefontaine, une anciennegloire locale qu’un destin à laJames Dean a rapidement élevé aurang de mythe. Invaincu aux Etats-Unis entre 1970 et 1975 sur toutesles distances du fond, du 2 milesau 10 000 m, il a détenu treize re-cords nationaux. Et accompagnéles premiers pas de la société Nikeen portant, avant tout le monde,les chaussures de la marque dansles grandes compétitions. Rentréles mains vides des Jeux de Munichen 1972, il avait promis de se ra-cheter quatre ans plus tard à Mon-tréal.

Un accident de la route, un soirdu printemps 1975, a brisé sonélan. Il avait vingt-quatre ans. Au-jourd’hui, son souvenir demeure.Le jour du Prefontaine Classic, lesgamins vident leur tirelire pours’offrir le récit de sa courte exis-tence ou, mieux encore, un T-shirtmarqué de son seul surnom :« Pre ». Hollywood a consacrédeux films au héros. A Eugene, lesplus anciens ont versé une larmeen voyant le mot « fin » surl’écran. Les plus jeunes, eux, ontquitté la salle pour courir vers lestade et rêver d’athlétisme.

Alain Mercier

Haies hautes,haies basses

LES HOMMES sont réputésplus rapides et plus forts que lesfemmes. Le record du mondedames de la plus courte course dehaies est pourtant chronométri-quement inférieur à celui des mes-sieurs, le premier appartenant à laBulgare Yordanko Donkova en12 s 21 et le second au BritanniqueColin Jackson en 12 s 91. La pre-mière raison de cet avantage ap-parent est que les femmes courentsur 100 m (elles ont couru sur 80 mjusqu’en 1968) tandis que leshommes en font 110.

La seconde tient à la hauteur età la disposition des haies. Leshommes doivent franchir des obs-tacles qui se dressent à 1,067 m dusol, le premier étant à 13,72 m dudépart, neuf autres se succédant àintervalle de 9,14 m, le dernierétant à 14,02 m de l’arrivée. Pourles femmes, la hauteur est de0,840 m, la distance avec le départdu premier obstacle est de 13 m,l’intervalle entre les suivants estde 8,50 m et la distance du dernieravec la ligne d’arrivée est de10,50 m.

Au reste, ces haies corres-pondent aux mêmes spécificationspour les deux sexes. Elles doiventse renverser quand une pressionde 3,6 à 4 kg s’exercent au milieude la barre supérieure. Celle-cidoit avoir une longueur maximalede 1,20 m pour une hauteur de7 cm et une épaisseur de 1 à2,5 cm. Elle est de couleur blancheavec des raies noires perpendi-culaires au sol dont les premièressont peintes à 22,5 cm des extré-mités. Les montants sont en mé-tal, la latte généralement en bois.

Sur la course de haies intermé-daire, le 400 m, les obstacles sontdisposés aux mêmes points pourles hommes et les femmes, le pre-mier à 45 m du départ, les autresavec un intervalle de 35 m et ledernier à 40 m de l’arrivée. Là en-core, les haies des hommes sontplus hautes (0,914 m) que cellesdes femmes (0,762 m). Cet avan-tage est insuffisant cette fois pourque les femmes aillent plus vite :l’Américain Kevin Young a portéle record du monde à 46 s 78 tan-dis que celui de sa compatrioteKim Batten est de 52 s 61. A noterque les femmes ne courent la dis-tance que depuis 1978.

La plus longue des courses dehaies est le 3 000 m steeple, quiprévoit vingt-huit franchisse-ments de haies lourdes de 0,914 mde haut et de 3,96 m de large etsept sauts d’une rivière longue etlarge de 3,66 m et profonde aumaximum de 0,70 cm, elle-mêmeprécédée d’une haie lourde. Le3 000 m steeple n’est pas au pro-gramme des femmes.

A. G.

. Finale du 110 m haies jeudi7 août, finale du 100 m haiesdimanche 10 août.

200 km

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EUGÈNE

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PÉREC, J– 4

Elle est là,sans montre

ATHÈNESde notre envoyé spécial

Lundi 4 août, c’était le genre dejournée qui fait regretter à un am-bassadeur de France d’avoir em-brassé la carrière diplomatique.C’était le jour de l’incursion, sinonde l’intrusion, d’un ministre dugouvernement de la Républiquesur son domaine, un jour où iln’est pas question du moindre re-lâchement de protocole, du pluspetit faux pli du pantalon, du plusinnocent mot de travers. Un jourde toutes les angoisses et de tousles cauchemars parmi tant d’autresqui menacent une carrière.

Bref, lundi, Marie-George Buf-fet, ministre de la jeunesse et dessports du premier gouvernementJospin, en visite à Athènes depuisla veille, avait l’intention, en toutesimplicité, de tenir un débat avecles membres de la délégation fran-çaise aux championnats du monded’athlétisme avant d’aller faire labise à Stéphane Diagana. On ima-gine les tracas de notre bon am-bassadeur. Faire renforcer la sé-curité de l’hôtel President quiressemblait déjà à un camp retran-ché, s’assurer que toutes leschaises seraient bien alignées dansle salon et prier pour que la perlede la délégation nationale,Marie-Jo Pérec, voulût bien sortirde sa retraite.

Pauvre homme ! L’heure tourna.On allait en finir avec les questionsbudgétaires, les affaires de statutdes entraîneurs, les problèmes duhaut niveau. Mais de Marie-Jo,point, nothing, nada, niente. Il de-vait en avoir la nuque moite, notrediplomate. Se rendit-il seulementcompte que notre Cendrillon s’as-seyait à côté de lui ? Il était 12 h 55.Et elle était là. Comme une appari-tion. En longue tunique grège, ledos nu, les pieds dans des san-dales, les paupières alourdies defard mordoré, et les bras noués au-tour du buste comme Vénus sor-tant du bain.

Un attaché d’ambassade enagrippa de saisissement le brasd’un journaliste : « C’est Pérec ! Elleest là. » Effectivement, notre Ma-rie-Jo nationale le confirmait : « Jesuis là pour une petite heure. » Onaura donc le temps de lui deman-der si elle est déjà passée au stadeSpiridon-Louys : « J’ai vu la finaledu 100 m ; il y a eu beaucoup de sur-prises. » On apprendra aussi qu’ellene s’entraîne pas vraiment, qu’ellese contente d’échauffements et derépétitions du départ. On pourraencore la présenter au directeurtechnique national, Richard Des-coux, qu’elle feignait de ne pointconnaître. Et on lui proposera defaire de même avec Jacques Pia-senta, son ancien entraîneur au-jourd’hui en charge du relais4 × 100 m, qui ne lui avait toujourspas officiellement demandé defaire partie de l’équipe.

On constata enfin que femmevariait. Elle renonçait aujourd’hui àtout espoir de médaille après avoirassuré hier qu’elle venait pour lagagne. Le tout en évaluant sa va-leur sur 200 m à 23 s 50, autrementdit une performance qui chambou-lerait une sous-préfecture. C’étaitfou. Voilà une jeune femme qui ar-rivait avec une heure de retard àun rendez-vous avec une ministreet qui était capable de jauger aucentième de seconde près son dé-placement sur 200 m. Il faudraitqu’on lui offre une montre chrono,à notre très chère diva de la piste. Ilen va de la santé d’un ambassa-deur.

A. G.

DANS LE STADE

a PORTE-MONNAIE. « Je serai leministre des sports qui, pour la pre-mière fois depuis des années, n’aurapas vu son budget diminué. Jecompte même l’augmenter à partirde 1999 », a déclaré Marie-GeorgeBuffet, lundi 4 août, lors d’une vi-site auprès de la délégation fran-çaise à Athènes.a DÉMÉNAGEMENT. SergueïBubka envisage de quitter la prin-cipauté de Monaco pour la Suèdeafin de favoriser la carrière tennis-tique de ses deux jeunes fils – Vita-ly, douze ans, et Sergueï, dix ans –,révèle le quintuple champion dumonde de saut à la perche ukrai-nien dans un entretien publié lun-di 4 août par le quotidien suédoisDagens Nyheter.

Les certitudes de Nadir BoschLe Français croit en ses chances pour la finale du 1 500 m qu’il disputera mercredi

ATHÈNESde notre envoyée spéciale

Le jeune homme est volubile, d’un enthou-siasme frénétique. « A vaincre sans péril, ontriomphe sans gloire », assenait-il encore toutessoufflé après s’être classé deuxième sur2 000 m au meeting de Villeneuve-d’Ascq(Nord), il y a six semaines. L’adage résume bienla personnalité de ce coureur qu’on s’étonnaitde voir renoncer aux obstacles du3 000 m steeple. Nadir Bosch s’y était mis pourdécrocher à coup sûr une qualification pourAtlanta. S’assurer la reconnaissance des spon-sors. Son rêve olympique réalisé – à vingt-quatre ans, il s’est classé douzième en Géor-gie –, il se donne deux ans pour exploiter sonpotentiel sur 1 500 m.

La discipline, largement dominée par l’Algé-rien Nourredine Morceli et le Marocain Hi-cham El Guerrouj (lire page 14), exalte l’intaris-sable Nadir Bosch. Depuis un stage auNouveau-Mexique, où il a pu, cet hiver, évaluerl’écart qui le sépare du champion olympique etrecordman du monde algérien, il tire des planssur la comète. Cette poignée de secondes luisemble infime. Sans complexe, il dit viser unemédaille à Athènes. « J’ai encore du travail, et cesera une course tactique, dit-il, mais, si je suisbien placé, pourquoi pas ? Moi, j’y crois. » Dansla série la plus rapide, dimanche 3 août, il a ter-miné quatrième, au coude à coude avec lesstars, avant de se qualifier, au temps, le lende-main, pour la finale, qui doit se courir mercredi.

Sa course de Villeneuve-d’Ascq à la mi-juin

lui a donné des ailes. Il y a déboulonné uneidole – Michel Jazy – en améliorant de prèsd’une seconde (4 min 55 s 60) un record du2 000 m vieux de vingt ans. Même si, sur les ta-lons de Morceli, il a « parcouru les 200 derniersmètres dans une autre dimension ». Sans forfan-terie, il s’imagine champion d’Europe l’an pro-chain à Budapest. Nadir Bosch n’a pas de mo-dèle en athlétisme. « Je ne donne à mon sportqu’une importance mesurée », aime-t-il à dire.Cette réserve, en vogue chez les jeunes ath-lètes, n’altère en rien son désir de devenir « lechef de file » du demi-fond national.

« LA VRAIE VIE »Affables bûcheurs mais grands timides, les

aînés de Bosch – Kader Chekhemani, Eric Du-bus, Mohammed Essaïd, Abdellah Behar, Mus-tapha Essaïd – n’ont pas su sortir des pelotons.Avec sa dixième performance mondiale de lasaison sur 1 500 m (3 min 33 s 50) et sa languebien pendue, Nadir a l’intention de réparer ledommage. Il échafaude des projets de courses« disputées avec panache devant un public vi-brant ». Il veut « montrer qu’on peut être quel-qu’un sans être un sprinteur black de 1,90 m quifait du show-biz, mais juste parce qu’on a le po-tentiel de bien courir à la fois sur moyenne etlongue distance ».

Sa quête de réhabilitation du demi-fond,moins prisé par les sponsors que le sprint aumême niveau, n’a rien d’amer. Le jeune hommeest trop bien dans sa peau pour chercher unerevanche. Il refuse avec véhémence l’étiquette

de jeune beur dont on l’affuble par commodité.Parce que son patronyme prête à confusion.Grâce au sport, son intégration ne s’est pasopérée dans la douleur.

Nadir Bosch est musulman, mais revendiqueson passeport et sa culture hexagonale :« Quand je joue de la guitare, c’est du Cabrel,pas du Cheb Mami. » Il est bien né en Algérie,mais « d’une mère naturalisée française et d’unpère français d’origine espagnole ». Chez lui, àVilleneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), on n’ajamais manqué de rien. Il continue d’y vivre etde s’entraîner de l’autre côté du Var, à Nice. Lesétudes l’ennuyaient, il n’a pas insisté. Il les a re-grettées en découvrant ce qu’il appelle « lavraie vie » lorsqu’on est un athlète peu connu.« Je n’ai obtenu un contrat de sponsor qu’aprèsma finale olympique, et le conseil régional, quej’avais sollicité, m’a répondu que je ne remplissaispas leurs critères. »

Le député et maire de sa commune, LionelLucas, est venu à son secours en lui offrant uneaide financière jusqu’aux Jeux olympiques deSydney, en 2000, et une formation au métierd’éducateur sportif. En échange, il participe àdes actions ponctuelles de motivation dans lesécoles et de promotion du sport sur les terrainsde sa ville. Ceux sur lesquels il a joué au foot-ball enfant avec passion, ceux qu’il a définitive-ment abandonnés pour la piste d’athlétismevers dix-sept ans parce qu’il « n’aimait pasperdre et était toujours le seul à courir partout ».

Patricia Jolly

400 m damesDEUXIÈME aux Jeux olympiques d’Atlanta derrière Marie-Jo Pérec,

l’Australienne Catherine Freeman, vingt-quatre ans, a profité du renoncementde la Française pour s’imposer en 49 s 77. Elle précède la Jamaïquaine SandieRichard (49 s 79), vingt-neuf ans, qui n’avait encore jamais mieux fait quetroisième aux championnats du monde 1993, et l’Américaine Jearl Miles-Clark,trente et un ans, championne du monde en 1993 (49 s 90).

400 m haies messieursMÉDAILLÉ de bronze aux championnats d’Europe 1994 puis aux

championnats du monde 1995, Stéphane Diagana, vingt-huit ans, qu’uneblessure avait tenu à l’écart des Jeux olympiques 1996, s’est imposé à Athènesdans le temps de 47 s 70 (meilleure performance mondiale de l’année). Il a pré-cédé le Sud-Africain Llewellyn Herbert, vingt ans, qui était deuxième aux cham-pionnats du monde juniors 1996 (47 s 86) et l’Américain Bryan Bronson, vingt-cinq ans, qui avait survolé le début de saison (47 s 88).

Triple saut damesMÉDAILLE de bronze aux

JO de 1996, la Tchèque SarkaKasparkova, vingt-six ans,s’est imposée en franchissant15,20 m, meilleureperformance 1997. Elle bat laRoumaine Rodica Mateescu,vingt-six ans, septième desJeux d’Atlanta (15,16 m), etl’Ukrainienne YelenaGovorova, vingt-quatre ans,neuvième à Atlanta(14,67 m). La Française BettyLise, vingt-quatre ans, quiavait porté le record deFrance à 14,50 m enqualifications, n’a pasdépassé 14,03 m en finale ets’est classée huitième.

HeptathlonEN HUIT PARTICIPATIONS

aux JO et aux championnats dumonde, l’Allemande SabineBraun, trente-deux ans, avaitremporté une médaille d’ormondiale en 1991 et unemédaille de bronze olympiqueen 1992. Pour sa neuvièmeparticipation à une compétitionplanétaire, elle a renoué avec lavictoire. Avec un total de6 739 points en sept épreuves,elle a battu la BritanniqueDenise Lewis, vingt-cinq ans,médaille de bronze aux JOd’Atlanta (6 654 pts) et laLituanienne RemigijaNazarovienne, trente ans,dixième aux JO 1996 (6 566 pts).

LeMonde Job: WMQ0608--0016-0 WAS LMQ0608-16 Op.: XX Rev.: 04-08-97 T.: 18:03 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0270 Lcp: 196 CMYK

BOUTEILLE

Côtes de ProvenceChâteau de PeyrassolLes vins rouges des collines de Flassans, au-tour de l’antique commanderie de Peyrassol,ont une teinte rubis. Ils déploient un bouquetau charme inattendu. Ce sont fruits et par-fums de cassis et de mûre en harmonieux voi-sinage. Le vin rosé se boit frais. Il joue sur lalégèreté et le peu d’insistance de ses arômes.Il est le discret compagnon de l’été en Pro-vence. La cuvée Marie-Estelle (rosé 1995, 50 FTTC la bouteille) présente une robe rose pâle due à une maturation ac-quise très vite et à une fermentation lente à température contrôlée. Lacuvée 1996, de la même façon, est tendre et charmeuse, avec un nez flo-ral de rose et d’œillet. La première bouteille conviendra à des plats lé-gèrement relevés ; la seconde plutôt à des préparations de poissons oude crustacés délicatement safranés.. Château de Peyrassol, cuvée Marie-Estelle rosé 1996 : 56 F TTC (par12 bouteilles). Commanderie de Peyrassol, Françoise Rigord, Flassans,83340 Le Luc-en-Provence, tél. : 04-94-69-71-02, télécopie : 04-94-59-69-23.

ETUDIANTS

BUREAU des ÉTUDIANTS

2,23

F/m

n

3615 LEMONDE

16 / LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 A U J O U R D ’ H U I

TOQUES EN POINTE

BistrotsL’OSTREAUn restaurant de poisson ouvert en août, sans doute le meilleur duquartier des Halles. Tout ici est dans la simplicité et la transparence. Ac-cueil bon enfant du chef, Jean-Pierre Devaux, que l’on voit travaillerdans sa petite cuisine par-delà le vivier où « crapotent » les homards.L’on pourra choisir six huîtres spéciales numéro 2, un peu grasses encette saison mais de toute beauté, et parmi six sortes de poissons unsteack de thon cuit à cœur. La mer, c’est le domaine exclusif du chef.Quelques vins blancs de rigueur, dont un beaujolais blanc. A la carte,compter 200 F.. Paris, 4, rue Sauval (75001), tél. : 01-40-26-08-07. Fermé sam. midiet dim.

LE SAINT-AMOURUne bonne nouvelle, le Saint-Amour est ouvert en été, avec air condi-tionné, fraîcheur, intimité. Beau décor austère à la façon des années 50.A la carte, les principaux classiques des tables lyonnaise et bourgui-gnonne. Aussi un menu, dont on appréciera le gaspacho froid et surtoutles œufs pochés en meurette. La côte de veau première poêlée au papri-ka accrédite le bruit selon lequel il existe encore de bonnes viandestendres comme la rosée. Quelques poissons et la volaille fermière au vi-naigre. A déguster avec un coup de saint-amour bien frais, une fillette à75 F. Menu : 165 F. A la carte, compter 220 F.. Paris, 8, rue de Port-Mahon (75002), tél. : 01-47-42-63-82. Fermé sam.midi et dim.

LA BOULE ROUGELa cuisine tunisienne est toujours de saison pour ceux qui restent enaoût à Paris. Fresque coloriée représentant le pays, anisette et kemia, et,comme là-bas, service vivant et spontané. Brick au thon et méchouïafont l’ouverture ; l’essentiel reste le couscous boulettes, copieux avecses délicieux légumes cuits dans un bouillon parfumé. Ou bien lecomplet poisson, soit un mulet grillé avec frites, œufs frits et piment.Quelques honnêtes vins marocains. Menu : 150 F. A la carte, compter190 F.. Paris, 1, rue de la Boule-Rouge (75008), tél. : 01-47-70-43-90. Ferméle dimanche.

BrasseriesLE BŒUF SUR LE TOITUn ballet-pantomime de 1920, musique de Darius Milhaud et « mise enfarce » de Jean Cocteau, a donné son nom à la célèbre brasserie, quin-tessence des Années folles, sauvée du désastre, sans doute, par Jean-Paul Bucher en 1985 et devenue le joyau du groupe Flo. Le bœuf sur letoit ? « N’y cherchez pas plus de sens que dans les enseignes du Chien quifume ou du Cheval borgne », disait Maurice Sachs. N’y cherchez plus,sauf dans le décor, la trace de cette époque intense et frénétique quiréunissait Diaghilev et Picabia autour de Mistinguett. Et, pourtant, lamagie du lieu continue de jouer, parfois, autour de quelques excellentscoquillages et fruits de mer, d’une sole de ligne à la plancha sauce béar-naise ou d’un côte-rôtie, la Landonne de Guigal 1991, proposé au priximbattable de 398 F ! Menus : 128 F (après 22 h), 169 F. A la carte,compter 200 F.. Paris, 34, rue du Colisée (75008), tél. : 01-43-59-83-80. Tous les jours.

L’ATLANTIQUETous les jours de 6 heures à 2 heures du matin et au mois d’août, biensûr, c’est le service de grande brasserie avec ses incontournables, le ha-reng pommes à l’huile, le museau vinaigrette, l’œuf mayonnaise, maisaussi les huîtres, les claires et les spéciales de Saint-Vaast. Les plats dujour fixent les habitués : carré de veau rôti, filet de moruette à la crèmed’asperges et gâteau forêt noire. La série des viandes n’omet ni l’ongletau poivre ni la côte de veau normande ; mais l’innovation réside dansquelques tartares de saison, l’un traditionnel – si l’on peut dire –, unautre à la sauce chilienne, un troisième à l’indienne. Les brasseries nesont plus à l’abri de l’exotisme, et l’on s’en réjouira ! Formule à 95 F.Menu : 150 F. A la carte, compter également 150 F.. Paris, 41, avenue du Maine (75014), tél. : 01-43-20-83-62. Tousles jours.

GastronomieRELAIS LOUIS XIIIPicasso, qui rendit illustre la rue des Grands-Augustins, aurait-il appré-cié ce décor laborieusement reconstitué, musée Renaissance ou monu-ment du kitsch ? L’ancien propriétaire avait accumulé dans cette dépen-dance du couvent des Grands-Augustins meubles, tapisseries ettableaux d’époque. La cuisine de Manuel Martinez, ancien chef de laTour d’Argent et meilleur ouvrier de France, pourtant d’un parfait clas-sicisme, s’en trouve rajeunie, dépouillée presque, par un saisissant effetde contraste. Et ce d’autant que les prix ont été divisés par deux ! Unmenu à 195 F au déjeuner offre le choix entre une ravigote de bar et desaumon, un ravioli de langoustines aux légumes, un hochepot de lape-reau, un poisson ou deux pièces de viande. Autre menu, le soir, avecmillefeuille de tomate, tourteau et araignée de mer et pigeon rôti à l’ailnouveau. A la carte, quelques délicieuses préparations, une noix de risde veau rôtie et jus de déglaçage au vin jaune, à la texture délicate etaux saveurs précises. Manuel Martinez est venu ici redorer son blasonaprès ses déboires à la Tour d’Argent, et donner le meilleur d’une cui-sine savante et simple à la fois. Cave irréprochable. Menus : 195 F (mi-di), 250 F (soir). A la carte, compter 350 F.. Paris, 8, rue des Grands-Augustins (75006), tél. : 01-43-26-75-96.Fermé dim. et lundi midi.

Jean-Claude Ribaut

Une nappepour deuxLe restaurant commemoment de rencontresaisi sous un éclairage d’indiscrétionet de vérité

AVANT de prendre son élansous l’édredon, l’amour courtoiss’était essayé à bien se tenir àtable. Revoyons les événements.Le service aux croisades était fini,le baron rentrait chez lui. Dans lacour du château, le personnelprésente ses compliments à unvagabond en armes que l’on re-connaît à peine. Du gantelet, ilfracasse quelques bras et têtes,en signe de bonne humeur, etavise l’escalier qui mène, se sou-vient-il, à ses appartements.

Très tôt, il va tomber sur unesorte de cover-girl , qu’i l re-connaît confusément commeétant sa femme et à laquelle il sepromet de demander des explica-tions sur sa tenue. Plus tard. Pourle moment, l’affamé réclame sondû, les choses urgent. Mais,comme la mode, certaines autrescoutumes ont elles aussi changé.On le lui fait poliment remarquer.Derrière le rideau, un troubadourrécite sa dernière prière.

Au soir, rénové, désensablé,l ’ancien de Palestine va ap-prendre à manger avec ses doigtset non plus avec ses mains, boiredans un gobelet et non plus augoulot, répondre aux questionsqu’on lui pose et non plus seule-ment aboyer à ses chiens. Le re-pas est aux chandelles. Sur la pla-tine tourne du Nat King Cole.Nuit nouvelle.

Cette version express du pre-mier grand choc de l’apprentis-sage des bonnes manières donneune idée du travail qu’il faudraaux femmes pour mettre à leurtable des mangeurs sachant nepas trop mal s’y tenir. Ce vieuxcombat est loin d’être terminé. Ilfaudra sans cesse revenir sur lemétier, sans cesse voir dans le filsle futur attablé, sans cesse le rap-peler à ses devoirs de chevalerie,au moment où la faim grogne et

que, dénué de toutes précautions,il s’empare de son seul appétit.

Côté distraction, et non pluséducation, le restaurant semble-rait avoir été tout spécialementinventé pour la femme. Champclos où, sous le couvert de passerun moment gracieux, le couple semesure et s’affronte, il est aussice territoire interlope où les pro-pos ont le droit d’être libres et lesimpulsions évidentes ; l’appareil-lage qu’il offre pouvant être ma-nipulé selon le moment et àconvenance. Très éclairante scènedu Diable au corps, où l’héroïnemet son jeune amant au défi defaire admettre à la terre entière,et au sommelier en chef, que levin – qui ne l’est assurémentpas – est bouchonné. Caprice etépreuve de force se confondent.Danger.

« JE PRENDS COMME VOUS »Balourd et incompétent dans

de multiples compartiments dujeu, l’homme aurait pourtant ledroit de croire en ses chancesquand il se mêle d’affronter cettebanale, mais toujours vive,épreuve du feu. Il faut d’abordqu’il sache qu’il peut compter surl’appui plein et entier du person-nel, masculin le plus souvent, et,par formation et nature, absolu-ment rétif à toute improvisasiontapageuse. Un allié très sûr ; aupoint d’en être parfois en-combrant.

Il faut aussi qu’il comprennequ’étant le plus souvent l’invitantil a des droits à faire valoir sur la

bonne marche du repas. De l’au-torité, voilà le secret ; la femmepense : « C’est un imbécile, maisavec de l’autorité. » Donc, pastrop d’autorité. Souple. Mais c’esttout un art de savoir être souple :choisir le bon restaurant, le justeemplacement, la couleur de sacravate – ou pas de cravate – et,maintenant, commencer à s’abî-mer dans la carte avec l ’œilmouillé de celui qui s’y connaît.

A cet instant, la femme adoptedes poses formidablement loin-taines en attendant les conclu-sions du terrible réflectif. Délicat,il énumère ; gourmet, il explique ;gentleman, il suggère. Instant deflottement chez l’adversaire, quiredonne du crédit à l’aventurierdes petites causes perdues.« Comme vous !» , un cri ; elle adit : « Comme vous, je prendscomme vous. » Piège mortel quecette confiance totale, et dé-fausse cruelle, car elle prévientque l’on sera sans pitié en cas demaldonne. On pourra toujours semettre à réciter la recette et s’in-quiéter de la délicatesse de sapréparation, de son pointu, de sarareté ; les dés, eux, sont jetés.

De toute façon, en présenced’une femme, le gourmet de cir-constance ou de profession estsouvent très ennuyeux. Si on lelaisse faire, il finit en tablier de

cuisine, une lardoire à la hanche.Mieux vaut parler d’autre chose.L’auditrice, pourtant, ne détestepas se laisser bercer par destouches d’érudition où elle croitreconnaître les marques d’une viemollement convaincante, maiscependant endurcie à ce vieil ou-vrage que lui avait légué la tradi-tion et qu’elle n’a pas toujours supoursuivre. Bas-bleu ou cordon-bleu, il faut savoir à qui l’ons’adresse.

Durant un repas en tête à tête,la femme est armée de penséeslégères et radicales ; l’hommesoutenu par un flegme frangéd’anxiété. Les plus déliés à cegenre de passage à la moulinettesavent que le sphinx qui est enface d’eux n’aura de cesse d’es-sayer de résoudre l’énigme. Onpeut le troubler, le distraire, luiplaire même, il restera attentif. Ilfaut en être persuadé.

Et le bref et ronflant théâtre dela cruauté qui se développe àtable autorise largement cette dé-bauche d’observations. La scèneest vaste, les gestes nombreux ;les stances d’intervention multi-ples et les bons points à gagneraussi dispendieusement offertsque les mauvais. Notre sphinxpeut y cueillir ce qu’elle veut : desexpéditifs en affaires, des lents àconclure, des techniciens, desbrutes, des tendres, des bavards,des poètes ; même des hommesqui ne seraient agités que par lafaim.

Jean-Pierre Quélin

Le petit artichaut violetA l’instar de certains oiseaux, le petitartichaut violet est un migrateur. Ce côneau format de poche, que l’on nomme aussipoivrade ou bouquet, était jusqu’ici unlégume du sud. Depuis quatre ans, c’est deBretagne que nous arrivent principalementceux que nous dégustons. Les artichautièresdu Finistère et des Côtes-d’Armorfournissent désormais 80 % de cette plantepotagère, même si certains persistentencore à qualifier cette variété de l’épithète« provençale ».Que les Bretons ne se consacrent plusexclusivement au gros camus mais se soientmis à leur tour au petit violet présente unréel avantage. Grâce à eux et au climatspécifique de leur région, cette variété estdorénavant disponible en été.Cuisiner au mois d’août un plat de petitsviolets à la barigoule relevait jusqu’ici de lagageure de l’oranger sur le sol irlandais. Cen’est qu’au printemps et un peu àl’automne que ce légume sudiste étaitprésent sur les étals. Si l’on se réjouitparticulièrement de cette

désaisonnalisationchez Prince deBretagne, le principalgroupement deproducteurs, c’est que lepetit violet est plus qu’unartichaut, c’est un fer de lance.Alors que la consommation de ce légumeplafonne (1,5 kilo par an et par habitant,soit à peine quatre artichautsannuellement), la variété poivrade plaît auxjeunes. Une chance quand on sait que cettecatégorie de la population pratiquegénéralement à l’égard des artichauts ceque les gens du cru appellent « l’épaulerennaise », une attitude entre l’indifférenceet la morgue.A ses débuts en France, ce végétal futd’ailleurs longtemps tenu dans un solidemépris. Aux dires de certains, ce fils duchardon n’était lui-même rien de mieuxqu’une nourriture d’âne. Marie de Médicis,qui avait déjà fait beaucoup pour implanterle brocoli chez nous, tenta de mettre à lamode ces carciofi qu’elle prisait tant. Las !au cours du XVIe et du XVIIe siècle,l’artichaut demeura un objet de luxe,uniquement de sortie sur la table des

seigneurs. Ce n’est qu’au XVIIIe

que la culture de cette plante serépandit dans tous les potagersfrançais, sans déserter pour

autant les sphères aristocratiques.La comtesse du Barry servait ainsi ses

artichauts cuits en guise d’accompagnementà la viande de cerf. L’ensemble a eu,paraît-il, la vertu d’exciter les ardeurs deLouis XV. Le petit violet, quant à lui, est decréation plus récente. Voilà pourquoi il sefaisait encore méchamment traiterd’« avorté » dans un article publié en 1830dans la revue Le Gastronome. Les amateurslui rendent aujourd’hui justice.Délicieux cru, il est aussi facile à braiser àl’italienne. Il suffit pour cela de dégager lesécailles extérieures du légume et de couperlongitudinalement en tranches très fines lestêtes (que l’on nomme aussi les pommes) deces poivrades. Après les avoir vivementcuits à l’huile dans une poêle, on déglaceral’ustensile avec le jus d’un demi-citron. Lesartichauts n’auront plus alors qu’àréintégrer la sauteuse pour être parsemésde persil haché.

Guillaume Crouzet

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cinéma36 15 LEMONDE

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A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 17

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97166 SCRABBLEW PROBLÈME No 29

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

HORIZONTALEMENT

I. Comme un signe annoncia-teur. – II. Demeures tranquillespour finir en paix. A eu un coup dechaud. – III. Terrain d’atterrissageen mer Egée. Vient d’être. – IV.Donnent chaud si elles sont nom-breuses. Mise sur table avant depasser à la chambre. – V. Bas degamme. A laissé son œil et son brasavant de partir en mer. Dans leNord.– VI. Eau intérieure. Courtquand il est chaud. – VII. Commeune préparation provençale. Legrand nécessite de la souplesse. –VIII. En guerre contre les Anglais

depuis 1929. Les trois unités fonda-mentales. Pour soutenir.– IX. Mîten terre neuve. Sa course finit dansle lac Turkana. – X. Feras desménages. Préposition.

VERTICALEMENT

1. Comme une feuille pointue. –2. Font leur temps, mais pas plus. –3. Donné pour accord. Servis surun plateau. – 4. Fils de la jeuneAgrippine, il fut adopté par Claude.Vient de pouvoir. – 5. Passer soussilence. Crée de l’agitation. – 6. Letemps de la récolte. – 7. Un peud’intox. L’Europe dans les étoiles.

Commun en Méditerranée. – 8.Fabuleux fabuliste. Possessif – 9.Part en éclats. Sa promenade aséduit les vieilles Anglaises. – 10.Fait la juste part des choses. Para-pluie américain en VO. – 11. Rendplus fort. Support pour le jardinier.– 12. Grâce à elle, nous pouvonslire des deux côtés de la feuille.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97165

HORIZONTALEMENTI. Belle-famille. – II. Amaigrie.

Ain. – III. Censeur. Fret. – IV. Hui.RG. Saïga. – V. Etés. Arpéger. – VI.Lire. Ino. – VII. Ie. Moi. Rater. –VIII. Ereintais. Me. – IX. Ret. Dent.Sir. – X. Esches. Extra.

VERTICALEMENT1. Bachelière. – 2. Emeutières. –

3. Lanier. Etc. – 4. Lis. Semi. – 5.Eger. Onde. – 6. Frugalités. – 7. Air.An. – 8. Me. Spirite. – 9. Faenas. –10. Larigot. St. – 11. Liège. Emir. –12. Entartrera.

g SOS Jeux de mots :3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15AB

DEFGHIJKLMNO

CGRI

MPASD O U L E U R

A la recherche du troisième mot1) Vous avez tiré A E M O R S Ta) Trouvez quatre mots de sept

lettres, dont un est plaçable.b) Avec ce même tirage, trouvez

huit mots de huit lettres en lecomplétant avec huit lettres diffé-rentes appartenant à l’un ou àl’autre des deux mots placés sur lagrille.

N.B. Dès que vous avez trouvé unesolution, effacez-la avant de conti-nuer.

2) Préparation de la grille de lasemaine prochaine.

c) Premier tirage : B E G I N O S.Trouvez un sept-lettres.

d) Deuxième tirage : D E I I M NR. En utilisant une lettre du tirageprécédent, trouvez un huit-lettres.

Solutions dans Le Monde du6 août.

Solutions du problème parudans Le Monde du 30 juillet.

Chaque solution est localisée sur lagrille par une référence se rapportant

à sa première lettre. Lorsque la réfé-rence commence par une lettre, le motest horizontal ; lorsqu’elle commencepar un chiffre, le mot est vertical.

a) MOTEURS, 10 A, 79, faisantDO, ET, SE, SU, OR et US.

b) MOURUTES, G 7, 71, ou l’ana-gramme MOUTURES - TOM-BEURS, 2 E, 65 - MOITEURS, 3 F, 72

ou les anagrammes MOUTIERS etTOURISME - VERMOUTS, 4 H, 76 -MAROUTES, 7 G, 63, ou les ana-grammes TAMOURES, OU-TRAMES, ROUTAMES etTROUAMES - COSTUMER, 8 H, 86.

c) DOULEUR.d) GRIMPAS.

Michel Charlemagne

Un chassé-croisé dans l’espace

SCIENCES

Un vaisseau Soyouz se prépare à rejoindre la station MirBAÏKONOUR (Kazakhstan)

de notre envoyé spécialLes pieds dans la fournaise de la

steppe kazakhe, les habitants deBaïkonour ont de nouveau la têtedans les étoiles. A l’approche dulancement, mardi 5 août, à 17 h 35(heure de Paris), de la mission versla station spatiale Mir, la ville-cos-modrome et ses 70 000 habitants nepensent plus à leurs misères ter-restres. Ils oublient les maigres sa-laires, la rareté de l’eau, les mor-sures du soleil, les coupuresd’électricité et parfois, encore, dechauffage pendant l’hiver. Danscette enclave militaire russe de75 kilomètres sur 120, perdue sur leterritoire désertique du Kazakhstan,chacun retient son souffle en cet étébrûlant. Mir, l’unique station spa-tiale habitée, victime d’une séried’accidents qui la privent de prèsd’un tiers de son énergie, doit êtresauvée. « L’honneur du pays est enjeu », dit un officier des forces spa-tiales russes.

Sur le pas de tir « Gagarine » ducosmodrome d’où le premierhomme s’est envolé pour l’espaceen avril 1961, près de 300 techni-ciens s’activent. C’est ici que leséquipes du sol ont dressé la fusée

Soyouz TM-26 de 50 mètres dehauteur et de 310 tonnes. Si tout sepasse bien, ce lanceur emmènerales cosmonautes Anatoli Soloviev etPavel Vinogradov en 48 heures versMir, à près de 400 kilomètres d’alti-tude.

Conseiller militaire du Kremlin,Iouri Batourine a fait le déplace-ment. Avec ses pannes d’électricité,son ravitaillement réduit, ses expé-riences scientifiques presque à l’ar-rêt, « la situation Mir, explique leconseiller de Boris Eltsine, reflètecelle qui existe à terre », en Russie.C’est-à-dire qu’elle est mauvaise,mais pas désespérée. « C’est difficilede travailler quand parfois l’électrici-té que nous fournit le Kazakhstan estcoupée pendant la préparation d’unlanceur, dit M. Batourine. Nous de-vons de l’argent au Kazakhstan. Ilnous en doit mais personne n’en a. »Et si les deux cosmonautes n’ar-rivent pas à sauver Mir, ce serontencore des millions de dollars en-gloutis dans l’espace.

Malgré les enjeux de cette mis-sion de sauvetage, techniciens, in-génieurs et cosmonautes gardentleur calme. « Nous allons avancerpas à pas. Nous allons regarder au-tour de nous pour accomplir notre

travail avec l’idée de sauver notre vieet la station », a dit, avant de s’envo-ler le commandant Solovev, l’un descosmonautes les plus chevronnés.

INGÉNIEURS OPTIMISTES« Cette mission a une signification

spéciale : l’avenir de la station est enjeu », dit un pionnier de la conquêtede l’espace, German Titov,soixante-deux ans. Personne, pour-tant, ne craint un accident au dé-part. Malgré une série noire en 1996(deux échecs et une annulation),

« Soyouz reste l’une des fusées lesplus fiables avec plus de 1 600 lance-ments de ce type réussis », soulignefièrement l’un des responsables dupas de tir.

La principale difficulté, car per-sonne ici ne veut parler de danger,surtout pas les hommes qui irontdans l’espace, sera de remettre Miren ordre de marche. Les ingénieursrusses sont optimistes sur le réta-blissement de l’alimentation enélectricité solaire. En revanche, per-sonne n’ose promettre que les deux

cosmonautes réussiront à étancherle module Spektr percé et dépressu-risé le 25 juin lors d’une collisionavec un vaisseau de ravitaillement.

Mais Baïkonour, que certainsavaient surnommé un peu vite sansdoute l’« archéodrome », espère. Leprestige et le savoir-faire russessont en jeu, mais aussi des considé-rations plus terre à terre, car c’estau moment où la ville se remettait àvivre que la série noire – incendie,pannes, collision – a frappé la sta-tion. Il y a deux ans, Baïkonour, leplus grand cosmodrome du monde,avait touché le fond. La moitié deses 100 000 habitants de la périodede gloire soviétique avaient fui cettecontrée inhospitalière, cette basemilitaire soudain en territoire étran-ger, à l’avenir incertain. Salaires im-payés, appartements pillés, délin-quance, la ville au statut juridiqueindéterminé dépendant d’un bud-get de l’espace amputé de 80 % de-puis la fin de l’URSS sombrait. Plusriche agglomération du Kazakhstanà l’époque soviétique, elle était de-venue la plus pauvre.

Mais, en décembre 1994, un ac-cord de location avec le Kazakh-stan, suivi de contrats de lancementde satellites commerciaux avec l’Oc-

cident, redonnait l’espoir à cettebase longtemps fermée et ultra se-crète. Contre 115 millions de dollarspar an, la Russie peut, pendantvingt ans, utiliser le cosmodrome etsa ville. Depuis, Baïkonour panseses plaies. Les milliers d’apparte-ments abandonnés ont été murés.L’éclairage et l’ordre public ont étérétablis, la cité spatiale renaît.

« Nous avons inversé la tendance.La ville compte aujourd’hui72 000 habitants, contre 50 000 à lapériode noire », assure GuennadiDimitrienko, son maire nommé parMoscou. Toujours sans eau potable,restaurants, cafés et divertisse-ments, « la vie y reste misérable »,dit Igor, un officier des forces spa-tiales. Et, s’il fallait abandonner Miravant le lancement de la station in-ternationale Alpha (connue ici sousle nom de Mir 2), le cœur de Baïko-nour risquerait de s’arrêter debattre. Sur la route défoncée quimène au centre de lancement, unpanneau proclame : « La Russie aété, est et restera une grande puis-sance spatiale. » Plus loin, sur le pasde tir, le compte à rebours acommencé.

Jean-Baptiste Naudet

b Jeudi 7 août, la jonction entreSoyouz TM-26 et Mir doits’effectuer à 19 h 23 (heure deParis). Les cosmonautesrejoindront les occupants de lastation, les Russes Vassili Tsiblievet Alexandre Lazoutkine, arrivésle 12 février, et l’AméricainMichael Foale, qui séjournedepuis le 17 mai. b Le 14 août, Vassili Tsibliev etAlexandre Lazoutkine doiventretourner sur Terre à bord de leurcapsule Soyouz, après 185 joursdans l’espace.

b Le 20 août, Anatoli Soloviev etPavel Vinogradov doiventeffectuer une première « sortie »interne de cinq heures dans lemodule Spektr, percé etdépressurisé le 25 juin, pourrebrancher les quatre panneauxsolaires du module au systèmed’alimentation électrique de lastation. Michael Foale attendradans la capsule Soyouz.b Le 3 septembre est prévue lapremière sortie dans l’espace,pour examiner la ou les brèchesouvertes dans le module Spektr.

Prévisions pour le 7 août 1997 TUSituation du 5 août 1997 TU

LE CARNETDU VOYAGEUR

a ITALIE. Accidents en série surles lignes de chemin de fer de lapéninsule. Alors qu’une partie dutrafic ferroviaire était toujoursbloquée après le déraillement d’untrain dans la nuit du vendredi1 er août à Rome-Casilina, une garedu sud de Rome, et la chute d’unegrue dans la même gare dimanche,trois personnes ont été tuées dansun accident qui s’est produit lundi4 août à un passage à niveau àCastrocielo (au sud de Rome).a AFRIQUE DU SUD. Depuis juil-let, la South African Airways pro-pose un quatrième vol les jeudisau départ de Roissy - Charles-de-Gaulle 1 à destination de Johan-nesburg via Zurich à l’aller commeau retour. La compagnie, qui ré-pond ainsi à l’augmentation dunombre de passagers enregistréeces dernières années, en a trans-porté 16 000 en 1996, soit plus de25 % du trafic entre la France etl’Afrique du Sud.

Poursuite du temps orageuxLES ORAGES se manifesteront

encore mercredi sur les régions del’est et du centre. Par l’ouest, del’air plus frais contribuera au retourd’un temps plus sec. Ces conditionss’expliquent par la présence d’unedépression au large de la Bretagne.La perturbation associée se décalelentement vers l’est.

Bretagne, Pays-de-Loire, Basse-Normandie. – Un temps agréableprévaudra. Nuages et éclaircies al-terneront dans une atmosphèreplus tempérée, avec 20 à 24 degrés.Sur la Côte fleurie, les ondées se-ront encore présentes en matinée.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Du Boulonnais et de laHaute-Normandie à la Picardie et àl’Ile-de-France, le temps se montre-ra menaçant, les nuages donnerontdes ondées orageuses. Les oragesdevraient épargner les régionsproches de la frontière belge. Sur leCentre, les ondées séviront surtouten matinée. Il fera de 22 à 26 de-grés.

Champagne, Lorraine, Alsace,

Bourgogne, Franche-Comté. – Lenord de l’Alsace et de la Lorrainebénéficieront d’un temps chaud,plutôt ensoleillé. Plus au sud, lesaverses orageuses seront au pro-gramme notamment en Bour-gogne. Il fera de 25 à 28 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Du Poitou-Cha-rentes au nord de l’Aquitaine, lesmoments ensoleillés seront assezgénéreux. Sur le sud de l’Aquitaineet Midi-Pyrénées des ondées sontde nouveau à craindre et le ton-nerre pourra se faire entendre prèsdu relief. Il fera de 23 à 27 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – De courtes éclaircies alter-neront avec des nuages menaçantset porteurs d’orages. Il fera de 24 à28 degrés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. –Des orages se produiront, surtoutdans les terres, mais localementaussi jusqu’en bord de mer. Le so-leil fera ses apparitions les pluslarges sur la Côte d’Azur. Il fera de27 à 32 degrés.

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MadridLisbonne

Séville

Alger

Rabat

Tunis

Berne

Milan

RomeNaples

Athènes

Istanbul

Varsovie

Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE VARSOVIE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR KINSHASA

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

6 AOUT 1997

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C U LT U R ELE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997

Tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur le tutuParis/Danse. A l’Opéra Garnier, une exposition est entièrement consacrée à ce costume de danse, objet de tous les fantasmes

LE TUTU, petite histoire deLouis XIV à nos jours. Opéra deParis, Palais Garnier. Jusqu’au15 septembre, de 10 heures à18 heures (jusqu’à 17 heuresaprès le 7 septembre). Place del’Opéra. Mo Opéra. Tél. : 01-40-01-24-93. Entrée : 15 F et 30 F. Guide/catalogue : 10 F (en français).

Même les experts s’y perdent :on ne sait si le mot tutu est un di-minutif de tulle, donc un mot lé-ger, voire allégé, ou s’il est un dé-rivé du mot cul, genre« tutu-panpan », donc un grosmot déguisé. Le mot étant lachose, jamais un costume descène n’a exprimé avec autant deprécision le regard ambigu d’unesociété sur un art dont lesfemmes sont les héroïnes.

« Est-ce le plus poétique des cos-tumes, ou l’équivalent d’un "bleude travail" ? Est-ce un symbole dechasteté ou le plus grivois des des-sous ? », s’interroge Martine Ka-hane, directrice du service cultu-rel de l ’Opéra de Paris, enpréambule au texte du cataloguede l’exposition, « Le Tutu, petitehistoire de Louis XIV à nosjours ». « Il trace autour de ladanseuse un cercle magique »,ajoute-t-elle. Le tutu comme gri-gri ? Le tutu qui exhibe physique-ment la danseuse la protégerait,

dans le même temps, psychologi-quement : l’idée n’est pas banale.Emblème de la ballerine, il seraitaussi son talisman.

Tout est affaire de mots danscette histoire. Pour preuve, laculotte, cousue sous le tutu, s’ap-pelle la « trousse ». De trousser àdétrousser, encore une fois, la lé-gende du ballet s’inscrit entre la pureté et la figure du vieilabonné de l’Opéra qui guette sajeune proie. Trousse-chemises.Trousse-tutus.

L’exposition est organisée endeux séquences : la première estconsacrée aux reproductionsd’œuvres et aux photographies,la seconde aux tutus dessinés parles maîtres-costumiers que furentBérard, Clayette, Cassandre.Dans un dessin de Paul Re-nouard, datant de 1897, une dan-seuse, en caleçon, a déjà son tutuenroulé autour des chevilles.Dans un autre dessin, elle se sertde son tutu pour essuyer seslarmes. La prostituée et l’enfant.Images de celles qui travaillentdur sous la férule du maître deballet pour apprendre à plier leurcorps. Karine Saporta, choré-graphe française contemporaine,a fort bien exprimé cet état socialet artistique de la danseuse dansLa Pâleur du ciel, qu’elle créait en1996.

Le tutu, objet de fantasmes, re-

lèverait cependant d’une idéeplus conceptuelle. Car la danseclassique est abstraction. Deforme circulaire, le tutu accentueet reprend l’essentiel d’une poé-tique fondée sur la pirouette, lestours en l’air, les déboulés, lesmanèges. C’est-à-dire toutes lesfigures de rotations sur place, ouen mouvement, effectuées surpointes ou demi-pointes. Sousl’effet de la vitesse, il n’est plusvêtement, mais seulement tracede légèreté, d’impalpable. Il est ledessin dans l’espace du mouve-ment, son prolongement. Sablancheur, sa matière – tulle,gaze, tarlatane, mousseline, soie– sont une promesse de virginité,de créatures extra-terrestres oumétamorphosées – La Sylphide,les Wilis de Giselle, les cygnes duLac. Giselle se met à porter un tu-tu quand elle devient folle, aprèsque le prince Albrecht l’a séduiteet abandonnée. La folie est unedeuxième virginité. Le tutu pos-sède alors la valeur du blanc de lacamisole.

Le tutu, dans sa forme actuelle,apparaît avec La Sylphide (créa-tion le 12 mars 1832). Le costume,signé par le peintre Eugène Lami,est en fait inspiré de la mode dela ville. Le retour des Bourbonssur le trône ayant entraîné unedébauche de transparence et deblanc, à l’instar du drapeau roya-

liste : « Une robe juponnée demousseline qui fait bouffer la jupede crêpe blanc. Le corsage, trèsajusté, dénude le cou et lesépaules. Aucun ornement ne vientl’alourdir, si ce n’est un ruban bleupâle qui ceinture une taille deguêpe, un modeste bouquet defleurs au corsage, un triple rang deperles comme collier et commebracelet, et bien sûr au dos lesdeux peti tes ai les à motif deplumes de paon », écrit MartineKahane.

Son paradoxe :être d’une légèretéqui agresse les hommes.Qui les repousse et les attire

Venue de la rue, la mode Syl-phide y retourne : les femmes sedétruisent la santé avec des ré-gimes à base de citron et de vi-naigre, afin d’atteindre « l’imma-térialité de ce charmant fantômede légende ». George Sand et seslionnes démoderont d’un coupcet engouement pour l’éther.

Mais le tutu, lui, restera sur lascène. Il ira en se raccourcissantpour devenir ce cercle de gaze,armé tout autour d’une cerclette(d’une baleine), qui lui assure sarigidité horizontale, constrastantà merveille avec la souplesse descorps. Le tutu dit « à l’anglaise »juponne si serré les volants que lacerclette devient inutile. Les par-tenaires des ballerines ont été lespremiers à s’en féliciter : euxseuls connaissaient la dureté descerclettes quand il s’agissait d’en-lacer leurs bien-aimées. Paradoxedu tutu : être d’une légèreté quiagresse les hommes. Qui les re-pousse et les attire.

Ces allers-retours de la mode,de la scène à la rue, sont uneconstante. Chaque année, au mo-ment des fêtes, il y a, depuis vingtans, des tutus longs, ou demi-longs, photographiés dans tousles magazines féminins. A l’expo-sition de l’Opéra Garnier, on voitdes tutus signés Jean-Paul Gaul-tier, en 1984, pour Les Rats de Ré-gine Chopinot : le tulle, rouge etnoir, est taillé au carré, commeun gazon. Superbe variation.Dans les mêmes coloris, ChristianLacroix a créé, en 1987, ceux desAnges ternis de Twyla Tharp. Il y aaussi ce tutu du rôle de la Fraisede Casse-Noisette, imaginé sur lemodèle des fraises, ce parementde cou, que portaient les

hommes à la cour : inversionsuave que l’on doit à Philippe Bi-not, un des responsables des ate-liers de couture de l’Opéra de Pa-ris.

Et le tutu de Nana dans le bal-let de Roland Petit (1976) : il in-vente le tutu sans tutu, puisqu’ilse réduit à un bouillonné au basdes reins. Et celui des Mirages,œuvre de Serge Lifar, magnifiéeen 1947 par Yvette Chauviré : touten tulle rose, avec un surplis ensoie sur lequel tombe une pluiede perles de jais. Les bretelles,montées à l’américaine autour ducou, font le dos nu. La modernitéinterprétée par Cassandre.

Tutu en tulle noir ? I l n’enexiste qu’un seul dans toute l’his-toire du ballet. C’est notre préfé-ré. Il s’agit de celui d’Odile dansLe Lac des cygnes. Dans ce ballet,le cygne est tour à tour la femmeidéale, Odette toute de blanc vê-tue, et la femme fatale, Odile,toute de noir parée. Ce rôle, trèssophistiqué, est dansé par lamême interprète. Comment nepas se sentir l’incarnation dudanger dans le tutu dessiné parFranca Squarciapino ? Parseméesdans son tulle, des dizaines depetites plumes irisées y sont fau-filées tandis que d’autres, enplastique, luisent. Et font peur.

Dominique Frétard

Les tissus de la chastetéb La gaze. Son nom viendrait de laville de Gaza, au Proche-Orient.Importée à la fin du Moyen Age, elle a été ensuite tissée à Lyonet à Paris par les gaziersou gazetiers.b La mousseline. Vient de l’italien mussolina, mot qui vient demussolo, Mossoul, ville où elle étaitfabriquée, en Irak.b L’organdi et l’organza. L’origine dece mot vient de la ville d’Ourguentch,ville de négoce entre les Chinois et lesArabes au Xe siècle, sur la Route de lasoie.b Le tulle. Vient de la ville de Tulle,chef-lieu de la Corrèze. On doit ce tissuà Colbert, qui, effrayé par les dépensessomptuairesde la Cour pour l’acquisition dedentelles étrangères, interdit leurimportation, et établit par lettrespatentes une manufacture de points à Alençon, puis à Tulle, puisà Valenciennes... Aujourd’hui, lesmatières s’appellent nylon (contractionde vinyle et de coton), elasthanne,lycra.

Blanc, noir, brodé, serré, freudien...POUR UNE DANSEUSE, parler

du tutu revient à parler de soncorps. Comme le démontre le filmLes Etoiles et leurs tutus préférés, réa-lisé par François Roussillon, du ser-vice audiovisuel de l’Opéra de Paris.Corps féminin. Corps qui dit sonplaisir à être soutenu, maintenu.Avec le tutu dans le rôle du tuteur.Corps qui accepte de souffrir pourêtre mis en valeur. La dansecontemporaine, issue à la fin duXIXe siècle des mouvements fémi-nistes, s’est insurgée contre ce corpscorseté, entravé : le tutu est alors je-té aux orties en même temps queles chaussons de pointes.

« Je suis une des rares danseusesqui aiment encore être serrée dansson tutu, dit Elisabeth Platel. J’aimele dessin du corps féminin ainsi pris.Le bustier, baleiné jusqu’à la pointedes hanches, est l’héritier du corset.J’en aime la rigidité, tout comme j’enaime l’agraffage. » Elisabeth Platel achoisi d’être filmée avec le tutu queporte Nikiya dans le troisième actede La Bayadère, version Noureev.

Ghislaine Thesmar a élu le tutulong de La Sylphide : « Le corset sousle bustier permet justement au hautdu corps d’avoir naturellement unebonne tenue. Ce serrage, au lieud’être une contrainte, défatigue,maintient. Il s’agit de garder une ca-pacité de respiration thoracique suf-fisante. Le tutu long masque les ef-forts pour les sauts, les batteries. Illaisse voir seulement le travail dupied, les piqués et la pointe. On sesent enveloppé dans le tutu. C’est trèssécurisant. » Wilfride Piollet, elle,parle du tutu court, « celui qui meten valeur les hanches, et libère le tra-vail des jambes ». On a souvent ditque le tutu court était une complai-sance des maîtres de ballet enversles abonnés, afin d’offrir toujoursplus la danseuse à leurs regards.Peut-être... Il n’empêche que le tutuconçu par Christian Lacroix pourWilfride Piollet, grosse fleur vio-lette, est un émerveillement. Sanscompter les lunettes de martienne,les boucles d’oreille en miroirs, etles talons aiguilles à la Almodovar.

Claude Bessy, directrice de l’Ecolede l’Opéra de Paris, à Nanterre, ca-resse de sa joue le tutu qu’elle por-tait dans Mirages, un ballet que l’ondoit à Serge Lifar. Un vrai gested’amour : toucher pour se souvenir.« Le génie de Cassandre est cettepluie de jais tout au long de la taille.C’est amincissant à souhait ce noir.C’est le tutu rêvé. A part à l’Opéra deParis, on ne sait plus faire le tutu. Ilfaudrait trouver le moyen de réadap-ter ce costume à la modernité. »

« UN CARCAN »De son côté, Yvette Chauviré,

avec son visage faustien, affirme :« Un tutu, c’est la récompense d’unlong parcours, c’est aussi une pa-rure. » Elle pose au côté du costumequ’elle portait pour interpréter LeGrand Pas de Victor Gsovsky, unballet qu’elle a dansé, avec La Mortdu cygne, jusqu’à sa retraite. « Le tu-tu doit dessiner la taille et leshanches. Quand, dans les films ou authéâtre, vous voyez des tutus quipartent de la taille, c’est une erreur.

En fait, ce tutu-là est un hommage àma mère modiste, car il est la ré-plique des tutus qu’elle m’inventait.Je suis très émue de le montrer. »

Les ballerines présentent souventle tutu qui leur a valu leur nomina-tion d’étoile. Tel est le cas de Marie-Claude Pietragalla : « Avec le rôle deKittry dans Don Quichotte, j’ai éténommée étoile, le 22 décembre 1990.C’est aussi le premier tutu que j’ai eu.Il peut être une seconde peau, mais,le plus souvent, c’est un carcan. J’en-lève toutes les baleines, surtout cellesde la taille, pour n’en garder quedeux. » Isabelle Maurin aime le tutude la Fée Dragée dans Casse-Noi-sette : « Ni rose bonbon, ni bleu, maisfreudien, comme le voulait Nou-reev. » Et Carole Arbo est amou-reuse de celui de Gamzatti, l’ensor-celeuse, de La Bayadère : « Il fautfaire attention aux broderies. Il est ar-rivé que le partenaire reste accrochéaux ornements. »

Fanny Gaïda, filmée en Sylphide,évoque toutes les grandes balle-rines qui ont dansé ce rôle, de Ma-

rie Taglioni à Carlotta Grisi. « Vêtuede ce tutu, je bascule dans leurépoque romantique, et je me sensaussi légère que ce tulle de soie. »

Brigitte Lefèvre, actuelle direc-trice de la danse à l’Opéra, égale-ment ancienne danseuse de la mai-son, dit sa préférence pour le tutunoir.

Elle est la seule à défendre cettecouleur. « Ce tutu, noir et mordoré, aété fait pour moi, pour un pas dedeux humoristique, Soirée musicale,que j’ai dansé avec Michael Denard.On peut faire rire, même dans un trèsbeau tutu. Le tulle noir, c’est lecontrepoint à la tradition du blanc.C’est la différence, la vie. J’aimaisaussi les tutus portés par les grandesanciennes, comme Claire Motte.Mais le tutu, c’est avant tout uneforme. Quand vous regardez un spec-tacle, vu d’en haut, ces formes on-dulent, s’inclinent. Et le corps devientpartie intégrante de cette géomé-trie. »

D. F.

LA PHOTOGRAPHIE DE GÉRARD RONDEAU

Au muséeRichard Baquié a dit :« Je fabrique des machines pour créerdes situations... La distance entre leprojet et le résultat est le sens mêmede mon travail... » Pour s’en rendrecompte, l’exposition « Baquié » est auCAPC-Musée d’art contemporain deBordeaux pendant tout l’été.

L’ÉTÉ FESTIVALLe tutu, c’est en quelque sorte le« bleu de travail » de ladanseuse classique, celle qui nese déplace que sur les pointes,visage placide et concentré,interprétant La Sylphide, Giselleou l’un des cygnes qui évoluentà la surface du célèbre lac. Tulle,gaze, tartelane, mousseline,soie... sont exposés dans tousleurs états au Palais Garnier.Longtemps négligé par lescritiques français de sonépoque, Johannes Brahms estl’objet aujourd’hui d’un culte enFrance. Le compositeurallemand fut à l’honneur auFestival de LaRoque-d’Anthéron, où l’onapprit la disparition deSviatoslav Richter. Le pianisteJean-Claude Pennetier a renduun hommage sensible au grandmaître russe. Jacques-HenriLartigue, mort en 1986, suscitelui aussi un extraordinaireengouement, à tel point quel’hôtel de Sully accueilleactuellement laquarante-huitième expositionconsacrée au photographe endix-sept ans en France.

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C U L T U R E - F E S T I V A L S LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 19

A L’AFFICHE

Dans les coulissesdu Grand Théâtre de BordeauxLe Grand Théâtre de Bordeauxdévoile ses coulisses pour lapremière fois au public, jusqu’au5 septembre, avec une expositionprésentant décors et costumesdes productions de la saison quivient de s’achever. Les décors deLa Traviata, de Verdi, les photosdes Pêcheurs de perles, de Bizet,ou la vidéo de la soirée balletPetipa invitent les visiteurs « à unvoyage à travers le temps etl’espace ».Grand Théâtre de Bordeaux, placede la Comédie, Bordeaux. Tél. :05-56-00-85-20. Tous les jours, saufle dimanche, de 11 heures à19 heures. 25 F.

Jazz au Méridien ParisLe FRP Trio, formé de trois jeunesmusiciens français, sera sur lascène du Jazz-Club LionelHampton, à l’Hôtel MéridienParis-Etoile du 5 au 9 août. Ce trioguitare-basse-batterie, qui recevrale renfort du guitaristePierre-Alain Goualch, joue unrépertoire de standards, entrebe-bop, hard-bop et jazzmoderne. Lui succédera leguitariste Philippe Robert du 19au 23 août. Son quartette mêle lejazz aux rythmes africains,antillais et brésiliens.Jazz-Club Lionel Hampton, HôtelMéridien, 81, boulevardGouvion-Saint-Cyr, Paris 17e.Mo Porte-Maillot. Tél. : 01-40-68-30-42. Concerts à 22 h 30.130 F (avec une consommation).

ET SUR INTERNET. Le journal des festivals,nos photographies et reportages :www.lemonde.fr/festivals

Jacques-Henri Lartigue jusqu’à plus soifL’hôtel de Sully accueille à son tour le photographe du « chic » français

Une accumulation spectaculaire pourun photographe qui se considérait commeun amateur et dont la première expositioneut lieu dans sa soixante-neuvième année

LA QUARANTE-HUITIÈME ex-position Lartigue en France, en dix-sept ans, vient d’ouvrir à Paris avecdes images de saison qui lui vontcomme un gant : la Côte d’Azur.Trop ? A première vue, non : les1 000 visiteurs qui ont parcourul’hôtel de Sully lors de la semained’ouverture affichaient un sourirecontagieux. Et il est probable quetouristes et Parisiens accoureronttout l’été, jusqu’au 14 septembre.

Alors, où est le problème ? Lephotographe, mort en 1986, ne sortpas grandi de cette profusion. Ni laphotographie, une fois de plus ti-raillée entre la diffusion massived’images et la mise en valeur rai-sonnée d’une œuvre. Pour Lartigue,la première option s’est imposéequand il a décidé de donner sonœuvre à l’Etat : 160 000 négatifs,130 albums « de famille » et sonjournal, dont l’exploitation estconfiée à l’Association des amis deLartigue. L’acte de donation prévoitque l’œuvre doit être présentée enpermanence. Elle le fut, de 1981 à1993, au Grand Palais, que Lartigueappelait « mon musée ».

Le projet est généreux maiscontestable : comment présenter enpermanence une œuvre, quand lesoriginaux sont collés dans des al-bums ? Comment ne pas lasser avecun travail certes riche, mais pas iné-puisable ? Inévitablement, l’œuvrea été découpée comme un saucis-son, en dégageant des thèmes anec-dotiques, à partir de retirages ré-cents : découvertes, femmes,Londres, envols, bords de mer, voi-tures... Et maintenant la Côted’Azur. A quand le tennis, les vieillesdames, les chiens ?

Ces thèmes réduisent Lartigue à

un ambassadeur idéal du « chic »français. La liste des expositions àl’étranger est sans équivalent : centdix-huit exactement, depuis 1980,de la Syrie au Japon, des Etats-Unisà l’Australie, du Canada au Brésil.Une accumulation spectaculairepour un photographe qui se consi-dérait comme un amateur – il étaitpeintre – et dont la première expo-sition eut lieu dans sa soixante-neu-

vième année. Le produit des loca-tions d’expositions (de 12 000 francsà 20 000 francs), auquel il faut ajou-ter les droits d’auteur dans la presseou l’édition, s’élève, grosso modo, à1 million de francs par an, dont lamoitié est reversée par l’AssociationLartigue à sa veuve, Florette.

Fort bien. Mais ce tronçonnageoblitère la force d’une œuvre mar-quée par l’obsession d’arrêter lemouvement, de freiner la plongéed’un monde merveilleux dans le dé-sastre de deux guerres mondiales.Et si on a pu admirer Lartigue auCentre culturel d’Aurillac, aucungrand musée français ne s’est jus-qu’ici penché sur cette question.Aucune exposition déterminanten’a d’ailleurs été montée à partir desoriginaux, et il est dommage que cesoit des chercheurs américains quitravaillent actuellement sur sonœuvre. Même chose pour les livres.

Il en existe une trentaine, tous mé-diocres ou honnêtes, sans plus. Ledernier-né, qui accompagne l’expo-sition, La Côte d’Azur de Jacques-Henri Lartigue (Flammarion), est dumême tonneau.

Ce modèle de diffusion commeun spectacle est orchestré par laMission du patrimoine photogra-phique (ministère de la culture), qui,longtemps, a chaperonné l’Associa-

tion Lartigue. Cette mission fonc-tionne en électron libre, sanscontrôle scientifique. Via une asso-ciation, elle suscite et gère des do-nations comme Kertész, Ronis, Re-né-Jacques et, depuis peu, SamLevin.

Là encore, la diffusion et la renta-bilité (multiplier les expositions, leslouer, vendre des retirages) ont prisle pas sur le travail de fond. On peutse demander pourquoi ces dona-tions sont gérées par une associa-tion et non par un musée ou direc-tement par un service du ministère,puisque elles appartiennent à l’Etat– la Cour des comptes se penched’ailleurs sur le fontionnement decette mission. Quant à l’AssociationLartigue, la nouvelle présidente,Maryse Cordesse, est en train d’enreprendre le contrôle.

Michel Guerrin

HORS CHAMP

a « L’Artiste qui était connusous le nom de Prince » (notrephotographie) passe beaucoup detemps sur le réseau Internet.Venant s’ajouter aux nombreuxsites tenus par ses fans (près d’unecentaine), l’officiel Love 4 OneAnother (http ://www.love4one-another.com/), opérationnel aprèsquelques tâtonnements, a permisau chanteur, guitariste etcompositeur américain dedialoguer avec son public finjuillet. Le kid de Minneapolis aainsi annoncé le début d’unetournée à laquelle participeraientLenny Kravitz et Carlos Santana,la parution de Crystal Ball, uncoffret de titres inédits – dontbeaucoup ont déjà été piratés –qui serait vendu parcorrespondance parl’intermédiaire de son site – unmoyen de tester la possibilité de sepasser des réseaux de distributiondes grandes compagniesdiscographiques ; la parution d’unenregistrement presqueentièrement acoustique, The Truth,qui serait donné avec les cent millepremières commandes de cecoffret ; il a aussi confirmé qu’ilmangeait bien des céréales de lamarque Capt. Crunch, évoquées

dans l’une de ses chansons, etqu’une grande fête seraitorganisée en 1999 pour célébrerl’un de ses albums du même nom.Love 4 One Another est aussi lenom d’une association d’aide auxenfants hospitalisés. L’artiste etson épouse, la chanteuse Mayte,avaient perdu leur enfant quelquesjours après sa naissance.a Le grand cinéaste japonaisaujourd’hui âgé desoixante-quatre ans Kiju Yoshida(La Source thermale d’Akitsu, Eros +Massacre, Promesse) a commencéle 14 juillet le tournage de sonnouveau film, Lumière pâle surles collines, d’après le romanhomonyme de Kazuo Ishiguro,l’auteur notamment des Vestigesdu jour. Le tournage se déroule auJapon et en Ecosse.a Les trois rôles principaux duprochain film de Woody Allenpourraient être tenus par JoeMantegna, Judy Davis etKenneth Branagh, avecLeonardo Di Caprio et KimBasinger dans les seconds rôles.Le film devrait être une variationsur le thème du triangleamoureux.a N’utilise pas qui veut l’image etle nom de Sylvester Stallone.L’acteur américain vient de porterplainte contre la maison deproduction DEM, pour qui il aaccepté de jouer un courtmonologue de six minutes dansun film intitulé The Good Life.« Sly » proteste contre l’usageabusif de son nom pour lapromotion de ce film qui voudraitfaire croire au grand public qu’ilen serait l’un des principauxinterprètes. Il réclame donc auxproducteurs ce qu’il estime valoiren ce cas, soit quelque 120 millionsde francs.

NUIT DU PIANO BRAHMS. Jean-Claude Pennetier et Alain Pla-nès (piano), Quatuor Ysaye. Le1er août, parc du Château de Flo-rans, La Roque-d’Anthéron.

Réunir trois fois mille cinq centspersonnes, le même soir, pour unenuit du piano est l’un des exploitsauxquels le Festival de La Roque-d’Anthéron se livre chaque année.Premier concert à 20 heures,second à 21 h 30, troisième à23 heures. Cette année, Brahmsétait à l’honneur, rien de plus natu-rel puisque l’on fête le centièmeanniversaire de sa mort. Remar-quons simplement que cet hom-mage n’aurait pu être rendu aucompositeur allemand dans laFrance des années d’avant-guerre.On ne sait trop si le public aimaitou pas la musique de Brahms, maisles critiques musicaux de l’époquene trouvaient pas assez de motspour la disqualifier, et le Conserva-toire l’ignorait superbement. C’estassez naturel, en somme, puisqu’ilsétaient eux-mêmes du métier etque l’opinion négative professéepar un compositeur à l’égard d’unde ses contemporains ou de sesprédécesseurs est souvent enta-chée d’intolérance. C’est pourquoiil faut accorder peu de crédit à ceque Pierre Boulez et ses amisdisent des compositeurs qu’ils

n’apprécient pas et ne pas donnerla moindre importance à ce queMarcel Landowski et les sienspensent de la modernité, du refusd’écrire une musique qui se situedans la tradition tonale. Mélo-manes et interprètes ne doivent sefier qu’à leur intime conviction etne jamais oublier que la musiquenécessite quelques efforts pourêtre apprise et/ou appréciée.

Le culte que vouent aujourd’huiles Français à Brahms le prouve.Dès que la vie musicale a échappéau pouvoir excessif des cocardiers,dès que le disque, qui ignore lesfrontières, leur a donné la possibi-lité d’accéder à la musique de leurchoix, mélomanes et pianistesfrançais ont accordé une place deprédilection à l’œuvre de cecompositeur dont Paris aura en-tendu pour la première fois le Se-cond Concerto pour piano et or-chestre, en 1936. Si Alfred Cortotjoua une fois le Premier Concerto,si Yves Nat enregistra les Intermez-zos op. 117 et les Variations et Fuguesur un thème de Haendel, il aurafallu attendre la génération despianistes nés pendant ou justeaprès la seconde guerre mondialepour que les Français jouent cettemusique non pas occasionnelle-ment mais l’inscrivent à leur réper-toire.

René Martin n’aura donc eu au-cun mal à trouver en Alain Planès

et Jean-Claude Pennetier deux« accros » à la musique de Brahms.Le directeur artistique du festivalprovençal attend d’ailleurs cin-quante mille personnes à la FolleJournée Brahms qu’il va organiserau Palais des congrès de Nantes,en février 1998. Plus de centconcerts en deux jours pour laquasi-intégrale de la musique ducompositeur ! Pennetier et Planèsseront de la partie, ainsi que leQuatuor Ysaye, qui était lui ausside la très roquassienne Nuit dupiano.

UNE NOTE DE TRISTESSECette soirée festive aura

commencé par une note de tris-tesse, la mort de Sviatoslav Richterannoncée quelques heures plus tôtn’était pas encore connue de tousles festivaliers. Et c’est avec deslarmes dans la voix que René Mar-tin, qui, avec sa femme Anne-Fran-çoise, étaient les plus proches amisdu pianiste en France, l’aura ap-prise au public juste avant le récitalde Jean-Claude Pennetier. Ce der-nier aura tenu à rendre hommageà son illustre collègue en jouant lemouvement lent de l’ultime sonatede Schubert, cette fameuse Sonateen si bémol Deutsch 960 que leRusse avait enregistrée en prenantle premier mouvement dans untempo dont la stupéfiante lenteurdevait provoquer les plus vives po-

lémiques chez les critiques... ethypnotiser tous les auditeurs debonne volonté (un CD BMG).Nous croira-t-on ? Pennetier s’estélevé à la hauteur de cette musiqueindicible, qu’il a jouée avec lemême effacement de soi rayon-nant que Richter.

Après quoi, il s’est lancé dans laSonate en fa mineur op. 5, celle-làmême que le jeune Brahms joua àSchumann quand il se présenta àlui. Comme Richter parfois, Penne-tier aura raté des traits, joué quel-ques fausses notes. Privilège desartistes qui ont une vraie tech-nique, qui se moquent du danger,qui osent aller au bout d’eux-mêmes pour que la musique ad-vienne au-delà des notes. La soiréepassa comme un météore. La verveincandescente de l’inspiration hon-groise du Quatuor avec piano op. 25fut magnifiée par Alain Planès et leQuatuor Ysaye. Le Quintette pourpiano, pour une fois pas tétanisépar un cogneur, aura été recrééavec un son lumineux, une ardeurcommunicative par Pennetier et cejeune quatuor que l’on savait ex-cellent, mais dont on peut mainte-nant affirmer qu’il s’est hissé au ni-veau des Emerson, dont il a laperfection instrumentale, et desVermeer dont il a l’intensité ex-pressive.

Alain Lompech

Les Français aiment BrahmsLa Roque-d’Anthéron/Musique. Le compositeur allemand était à l’honneur du festival provençal.

Un bel hommage a été rendu à Richter par le pianiste Jean-Claude Pennetier

Le village de Jacques Di DonatoMhère/Musique. Dans le Morvan, les sons

se mêlent au théâtre et au cinéma

FRUITS DE MHÈRE, rencontresde musiques, cinéma et théâtre,58140 Mhère. Les 1er, 2 et 3 août.

Vers midi, sur la place du bourgde Mhère (Nièvre), commune duparc naturel régional du Morvan,une dame explique qu’elle « necomprend pas toujours » les propo-sitions musicales des trois joursdes Fruits de Mhère, ce momentde rencontre entre la musique, lethéâtre et le cinéma voulu par leclarinettiste et batteur Jacques DiDonato. Mais chaque soir elle seralà. Dans un village du Morvancomme partout ailleurs, miser surla création au moment où elles’élabore, montrer ce que le gesteartistique peut avoir d’imprévi-sible, avec ses échecs et ses réus-sites inoubliables, ce n’est pasvraiment simple.

A Mhère, musiques improviséeset musique contemporaine, rocket jazz, images et textes s’essaientà la cohabitation. On peut d’unmême mouvement écouter lejeune quatuor à cordes Parisi jouerRavel et Webern, le percussion-niste Henri-Charles Cachet donnerune pièce parlée-jouée de VinkoGlobokar, Toucher, Idiome 1238gronder, masse sonore improviséede huit musiciens, les marion-nettes de la compagnie Lazarodirent les difficultés des hommes,deux couples de musiciens – Isa-belle Duthoits et Jacques Di Dona-to, Xavier Charles et EmmanuellePellegrini – inventer des sons nou-veaux, le vidéaste Jean-Marc Cha-poulie expédier des images à untrio de clarinettes et à un per-cussioniste pour voir ce qu’ils enferont...

Il y a quatre ans, il y avait encoreun commerce à Mhère. Quand lebourg accueillait des grosses foiresaux animaux, on comptait huit ca-fés, des épiceries, une école. Au-jourd’hui, il reste l’église et la mai-rie, l’école sert de loges au festival.Les Néerlandais retapent les mai-sons alentour, les habitants de larégion y ont des résidences se-condaires. Jacques Di Donato aacheté sa maison, sur la place, il ya vingt ans. Une fois payée, il aquitté le Nouvel Orchestre phil-harmonique de Radio-France. Ilvit ici. De la grange il va faire unlieu de spectacle régulier. Commeà Assier, à Uzeste, à Itxassou, unmusicien a choisi de mettre son sa-voir-faire à la disposition d’un vil-lage. Cela peut prendre du temps,surtout quand les choix artistiquesse refusent à toute concession. Les

habitants apprivoisent petit à petitl’étrange rendez-vous.

Fruits de Mhère dispose d’unbudget de 230 000 F dont 120 000 Fde subventions. De quoi payer lesmusiciens, installer une micro-in-frastructure. Trois techniciens sa-lariés et une trentaine de béné-voles forment l’équipe. Beaucoupsont musiciens, quelques-uns dif-fuseurs. Ici, l’artiste met les mainsdans le cambouis, trimballe descâbles, remonte un fût de bière.Aux recettes de billetterie et debuvette, Jacques Di Donato ajou-tera 40 000 ou 50 000 francs, sescachets de musicien classique. Iln’en tire pas fierté, c’est ainsi. Lepublic est constitué de musiciens,de curieux, d’amateurs de la ré-gion. C’est un public qui discute,qui ne prend pas les chosescomme elles viennent.

Montrerce que le gesteartistique peut avoird’imprévisible

Parmi toutes les propositions deFruits de Mhère, certaines sont in-discutables : celles par exemple dutrio formé par la pianiste ChristineWodrascka avec la clarinettisteIsabelle Duthoit et la violonisteGunda Gottschalk. Elles sont trèsjustes dans l’enchaînement desmorceaux et leur interprétation,entre contemporain et improvisa-tion. DDW, qui réunit Wodrascka,Di Donato à la batterie – heureuxcomme tout – et le guitariste Phi-lippe Deschepper, s’ingénie à for-cer les contrastes entre tension etdétente. Dominique Regef à lavielle à roue, Raphaël Thiery à lacornemuse et Claude Tchamit-chian à la contrebasse proposentun alliage très expressif de sonori-tés acoustiques, où le traditionnelne délaisse pas sa part d’improvi-sation. Voilà bien trois formationslégères dans leurs structures,fermes dans leurs intentions.

Et puis il y a Marc Perronne. Il aécrit des mélodies tendres pour lesimages muettes de La Petite Mar-chande d’allumettes, de Jean Re-noir. Sur la place, on reprend aveclui La Javanaise, de Gainsbourg.Quelques airs d’accordéon, desvoix accordées dans le silence noc-turne de Mhère.

Sylvain Siclier

Edvard Grieg : Peer Gynt. BelaBartok : Troisième Concerto pourpiano et orchestre. WolfgangAmadeus Mozart : Vingt-sep-tième Concerto pour piano et or-chestre KV 595. Collegium Musi-cum du Danemark, MichaelSchonwandt (direction). Le2 août, parc du château de Flo-rans, La Roque-d’Anthéron. Pro-chain concert : Nuit du pianoBeethoven et Kuhlau, avec lemême orchestre et Amalie Mal-ling, Ralf Gothoni, Brigitte Enge-rer (piano), Olivier Charlier (vio-lon), Marc Coppey (violoncelle),le 5 août, à 20 heures. Tél. : 04-42-50-51-15.

L’une des heureuses décou-vertes de La Roque-d’Anthéron,qui en aura proposé de nom-breuses depuis 1981, aura été, dèsla première semaine de l’édition1997, le Collegium Musicum duDanemark. Un orchestre de

chambre dont les musiciensjouent avec un engagement, unevirtuosité, une musicalité à la-quelle ce type de formation nenous a guère habitués en France.Malgré une acoustique difficile,l’orchestre de Schonwandt auramontré une cohésion quasimentsans faille et une intonation rare-ment prise en défaut bien que lesmusiciens ne s’entendent guèresur le plateau.

ÉCONOMIE DE MOYENSPeer Gynt, de Grieg, est le type

même de l ’œuvre si célèbrequ’on ne l’entend plus guère auconcert. Dommage, il est éton-nant qu’un compositeur captiveautant l’attention, touche le pu-blic avec une telle économie demoyens. Car cette musique estbâtie sur presque rien – sur pasgrand-chose disent les détrac-teurs du compositeur norvégien,et ils sont nombreux. Jouée avecélégance, précision et des cordes

impeccables, cette suite auracharmé les auditeurs de LaRoque, qui l’ont acclamée aumoins autant que ses interprètes.

CHANT INTÉRIEURMagnifique idée que d’avoir

associé le Troisième Concerto deBartok et le dernier concerto deMozart. Des commentateurs ontdévalué celui du Hongrois, pré-textant que c’était là son avant-dernière œuvre, qu’elle étaitmarquée par une diminution deses forces créatrices due à la leu-cémie. Le dépouillement, la purepoésie, l’absence de poids de ceconcerto trouvent un écho dansle dernier composé par Mozart,une œuvre elle aussi débarrasséede la rhétorique conventionnelle,soumise à la vérité d’un chant in-térieur qui ignore presque la re-présentation publique.

C’est ainsi que Deszo Ranki ajoué ces deux concertos, sans ja-mais projeter le son, sans aller

au-delà du simple forte, indif-férent au public, ou plutôt exi-geant de lui qu’il dresse l’oreille,qu’il partage cette apparence desoliloque. S’il y a des interprètesqui rendent leur public plus intel-ligent, qui l’espace d’un concertl’adoubent musicien, alors le pia-niste hongrois est leur chef defile. Il n’y a rien à dire d’une telleinterprétation. Le mot lui mêmeest déplacé, ce serait plutôt unelecture oublieuse des traditions.Ranki aura même entraîné l’or-chestre et Schonwandt dans sonsillage. Aucune lutte, simplementla musique qui naît, vit et meurt.Il y a longtemps que l’on n’avaitentendu Deszo Ranki. Il conduitsa carrière avec sagesse. N’enre-gistre pas cinq disques par an.Quand ceux qui veulent à toutprix occuper le devant de lascène seront oubliés, lui sera tou-jours là.

Al. Lo.

Desko Ranki, au-delà de l’interprétation de Mozart et Bartok

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LeMonde Job: WMQ0608--0020-0 WAS LMQ0608-20 Op.: XX Rev.: 04-08-97 T.: 13:57 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0274 Lcp: 196 CMYK

20 / LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 G U I D E C U L T U R E L

L’été des festivalsRetrouvez les programmes, les articles du

MONDE et des reportages surINTERNET

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CINÉMANOUVEAUX FILMSALBINO ALLIGATOR (*)Film américain de Kevin Spacey, avecMatt Dillon, Faye Dunaway, Gary Si-nise, William Fichtner, Viggo Morten-sen, John Spencer (1 h 40).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Le Saint-Germain-des-Prés, Salle G. de Beauregard, dol-by, 6e (01-42-22-87-23) (+) ; La Pagode,dolby, 7e (+) ; Gaumont Ambassade,dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; Gau-mont Grand Ecran Italie, dolby, 13e (01-45-80-77-00) (+) ; Gaumont Alésia,dolby, 14e (01-43-27-84-50) (+) ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+) ; PathéWepler, dolby, 18e (+).CONTRE-ATTAQUEFilm américain de Stanley Tong, avecJackie Chan, Jacskon Lou, Chen Chun-wu, Bill Tung, Youri Petrov, GrishajevaNonna (1 h 25).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; UGC George-V, dol-by, 8e.DEUX JOURS À LOS ANGELESFilm américain de John Herzfeld, avecDany Aiello, Jeff Daniels, Glenne Hea-dly, Paul Mazursky, James Spader, TeriHatcher (1 h 45).VO : Elysées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, dolby, 14e

(01-43-20-32-20) ; Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20) (+).HAUTE TRAHISONFilm américain de George P. Cosmatos,avec Charlie Sheen, Donald Suther-land, Linda Hamilton, Ben Gazzara,Sam Waterson (1 h 45).VO : UGC Ciné-cité les Halles, 1er ; UGCGeorge-V, 8e.MÉMOIRES SUSPECTES (*)Film américain de John Dahl, avec RayLiotta, Linda Fiorentino, Peter Coyote,Christopher McDonald, David Paymer,Duncan Fraser (1 h 57).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; UGC Rotonde, dolby, 6e ; UGC Dan-ton, dolby, 6e ; UGC Champs-Elysées,dolby, 8e ; Pathé Wepler, dolby, 18e (+).MEURTRE À LA MAISON-BLANCHEFilm américain de Dwight Little, avecWesley Snipes, Diane Lane, Alan Alda,Daniel Benzali, Ronny Cox, Dennis Mil-ler (1 h 46).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; UGC Odéon, dolby, 6e ;Gaumont Marignan, dolby, 8e (+) ;UGC George-V, dolby, 8e ; UGC Maillot,17e.PALERME-MILAN, ALLER SIMPLEFilm italien de Claudio Fragasso, avecGiancarlo Giannini, Raoul Bova, RickyMemphis, Francesco Benigno, RominaMondello, Valerio Mastandrea (1 h 47).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e (+) ; Ely-sées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, dolby, 14e (01-43-20-32-20).LE TEMPS DES MIRACLESFilm yougoslave de Goran Paskaljevic,avec Predrag Miki Manojlovic, DraganMaksimovic, Svetozar Cvetkovic, Mirja-na Karanovic, Danilo Bata Stojkovic,

Mirjana Jokovic (1 h 38).VO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).THE BRAVEFilm américain de Johnny Depp, avecJohnny Depp, Marlon Brando, Mars-hall Bell, Elpidia Carrillo, Frederic For-rest, Clarence Williams III. (2 h 03).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra Impérial, dolby, 2e

(01-47-70-33-88) (+) ; UGC Danton,dolby, 6e ; Gaumont Ambassade, dol-by, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; UGC Nor-mandie, dolby, 8e ; La Bastille, dolby,11e (01-43-07-48-60) ; UGC Gobelins,13e ; Gaumont Parnasse, dolby, 14e (+) ;14-Juillet Beaugrenelle, dolby, 15e (+) ;Majestic Passy, dolby, 16e (01-42-24-46-24) (+) ; UGC Maillot, 17e ; Pathé We-pler, dolby, 18e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).UN ÉLÉPHANT SUR LES BRASFilm américain de Howard Franklin,avec Bill Murray, Janeane Garofalo,Linda Fiorentino, Keith David, PatHingle, Matthew McConaughey(1 h 35).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Publicis Champs-Elysées, dolby, 8e

(01-47-20-76-23) (+).

EXCLUSIVITÉSLES ANGES DÉCHUSde Wong Kar-Wai,avec Leon Lai Ming, Takeshi Kaneshiro,Charlie Young, Michele Reis, KarenMok.Hong Kong (1 h 36).VO : Lucernaire, 6e.L’AUTRE CÔTÉ DE LA MERde Dominique Cabrera,avec Claude Brasseur, Roschdy Zem,Marthe Villalonga, Agoumi, CatherineHiegel, Marilyne Canto.Français (1 h 30).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ;Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85) (+).BEAVIS ET BUTT-HEADSE FONT L’AMÉRIQUEde Mike Judge,dessin animé américain (1 h 21).VO : Grand Pavois, dolby, 15e (01-45-54-46-85) (+).BOX OF MOONLIGHTde Tom DiCillo,avec John Turturro, Sam Rockwell, Ca-therine Keener, Lisa Blount, Annie Cor-ley, Alexander Goodwin.Américain (1 h 47).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Espace Saint-Michel,5e (01-44-07-20-49).LA CICATRICEde Krzysztof Kieslowski,avec Franciszek Pieczka, Jerzy Stuhr,Mariusz Dmochowski, Jan Skotnicki,Stanislaw Igar, Michal Tarkowski.Polonais (1 h 44).VO : 14-Juillet Parnasse, 6e (+).LE CIEL EST À NOUS (*)de Graham Guit,avec Romane Bohringer, Melvil Pou-paud, Jean-Philippe Ecoffey, ElodieBouchez.Franco-canadien (1 h 30).VO : 14-Juillet Parnasse, 6e (+).DAAYRAd’Amol Palekar,

avec Nimal Pandey, Sonali Kulkarni,Nina Kulkarni, Hyder Ali, Faiyyaz, Nan-du Madhav.Indien (1 h 47).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Odéon, 6e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).DOUBLE TEAMde Tsui Hark,avec Jean-Claude Van Damme, DennisRodman, Mickey Rourke, Natacha Lin-dinger, Paul Freeman, Valeria Cavalli.Américain (1 h 35).VO : UGC Forum Orient Express, 1er ;Gaumont Marignan, dolby, 8e (+).LES GARÇONS WITMANde Janos Szasz,avec Alpar Fogarasi, Szabolcs Gergely,Maia Morgenstern, Peter Andorai, La-jos Kovacs.Franco-hongrois (1 h 33).VO : Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09) ; L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).HANTISESde Michel Ferry,avec John Berry, François Négret, Mari-na Golovine, Francis Boespflug.Français (1 h 20).Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09).J’AI HORREUR DE L’AMOURde Laurence Ferreira Barbosa,avec Jeanne Balibar, Jean-QuentinChâtelain, Laurent Lucas, Bruno Lo-chet, Alexandra London, Eric Savin.Français (2 h 14).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Les TroisLuxembourg, 6e (01-46-33-97-77) (+) ;Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) ; Le Répu-blique, 11e (01-48-05-51-33) ; BienvenüeMontparnasse, 15e (01-39-17-10-00)(+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).JAMES ET LA PÊCHE GÉANTEde Henry Selick,dessin animé américain (1 h 20).VO : UGC Forum Orient Express, dolby,1er.VF : Cinoches, 6e (01-46-33-10-82) ; ClubGaumont (Publicis Matignon), dolby,8e (01-42-56-52-78) ; Le République, 11e

(01-48-05-51-33) ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01) (+) ; Saint-Lambert,

dolby, 15e (01-45-32-91-68) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).JEUNESSEde Noël Alpi,avec Jérémie Covillault, Sonja Co-dhant, Blandine Lenoir, Nicolas Koretz-ky, Bernard Le Coq, Arielle Dombasle.Français (1 h 26).L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).MA VIE EN ROSEd’Alain Berliner,avec Michèle Laroque, Jean-PhilippeEcoffey, Hélène Vincent, Georges duFresne, Daniel Hanssens, Laurence Bi-bot.Français (1 h 28).UGC Forum Orient Express, 1er ; 14-Juil-let Parnasse, 6e (+) ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01) (+).MENTEUR, MENTEURde Tom Shadyac,avec Jim Carrey, Maura Tierney, JustinCooper, Jennifer Tilly, Swoosie Kurtz,Amanda Donohoe.Américain (1 h 26).VO : UGC Normandie, dolby, 8e.VF : UGC Opéra, 9e.MICHAEL COLLINSde Neil Jordan,avec Liam Neeson, Aidan Quinn, AlanRickman, Julia Roberts, Stephen Rea.Américain (2 h 10).VO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).LA MOINDRE DES CHOSESde Nicolas Philibert,avec les pensionnaires, les soignantsde la clinique de La Borde.Français (1 h 45).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47).LA MÔME SINGEde Xiao-Yen Wang,avec Fu Di, Fang Shu, Yang Guang,Yang Lin, Chang Hung-Mei, WangYang.Américain-chinois (1 h 35).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Den-fert, dolby, 14e (01-43-21-41-01) (+).MORDBUROde Lionel Kopp,avec Ornella Muti, Philippe Clévenot,Patrick Catalifo, Maurice Benichou,Dominique Pinon.

Français (1 h 40).Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09).MUNK, LEMMY ET COMPAGNIEde Nils Skapans et Janis Cimermanis,dessin animé Letton (46).Denfert, 14e (01-43-21-41-01) (+).LES PLEINS POUVOIRSde Clint Eastwood,avec Clint Eastwood, Gene Hackman,Ed Harris, Laura Linney, Scott Glenn,Dennis Haysbert.Américain (2 h 01).VO : UGC George-V, dolby, 8e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+) ; Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68).PORT DJEMAde Eric Heumann,avec Jean-Yves Dubois, Nathalie Bou-tefeu, Christophe Odent, EdouardMontoute, Claire Wauthion, FrédéricPierrot.Franco-gréco-italien (1 h 35).Lucernaire, 6e.PORTRAITS CHINOISde Martine Dugowson,avec Helena Bonham-Carter, RomaneBohringer, Marie Trintignant, Elsa Zyl-berstein, Yvan Attal, Sergio Castellito.Français (1 h 50).Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68).LA RENCONTREd’Alain Cavalier,Français (1 h 15).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).REPRISEd’Hervé Le Roux,Français (3 h 12).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).SCREAM (**)de Wes Craven,avec Drew Barrymore, Courteney Cox,David Arquette, Neve Campbell, Mat-thew Lillard, Rose McGowan.Américain (1 h 50).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; UGC Odéon, dolby, 6e ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08) (+) ; UGC Normandie, dolby,8e ; La Bastille, dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; UGC Gobelins, dolby, 13e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+).LE SILENCE DE RAKde Christophe Loizillon,avec François Cluzet, Elina Löwensohn,Jacky Berroyer, Roland Amstutz, Mar-cel Bozonnet, Pierre Baillot.Français (1 h 30).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Sept Par-nassiens, 14e (01-43-20-32-20) ; Le Ciné-ma des cinéastes, 17e (01-53-42-40-20)(+).LA VIE DE JÉSUSde Bruno Dumont,avec David Douche, Marjorie Cottreel,Kader Chaatouf, Geneviève Cottrell,Sébastien Delbaere, Sébastien Bailleul.Français (1 h 36).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ; Lu-cernaire, 6e ; Saint-André-des-Arts II, 6e

(01-43-26-80-25) ; 14-Juillet-sur-Seine,19e (+).LE VILLAGE DE MES RÊVESde Yoichi Higashi,avec Keigo Matsuyama, Shogo Mat-suyama, Mieko Harada, Kyozo Nagat-

suka, Hoseil Komatsu, Kaneko Iwasaki.Japonais (1 h 52).VO : Lucernaire, 6e.LES VIRTUOSESde Mark Herman,avec Pete Postlethwaithe, Tara Fitzge-rald, Ewan McGregor, Stephen Tomp-kinson, Jim Carter, Philip Jackson.Britannique (1 h 47).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40) (+) ; Gaumont Opéra I,dolby, 2e (01-43-12-91-40) (+) ; 14-Juil-let Beaubourg, 3e (+) ; Reflet Médicis,salle Louis-Jouvet, 5e (01-43-54-42-34) ;La Pagode, 7e (+) ; Le Balzac, dolby, 8e

(01-45-61-10-60) ; La Bastille, 11e (01-43-07-48-60) ; Escurial, dolby, 13e (01-47-07-28-04) (+) ; Gaumont Alésia, dolby,14e (01-43-27-84-50) (+) ; 14-JuilletBeaugrenelle, dolby, 15e (+) ; Bienve-nüe Montparnasse, dolby, 15e (01-39-17-10-00) (+) ; Le Cinéma des cinéastes,17e (01-53-42-40-20) (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+).VOYAGE AU DÉBUT DU MONDEde Manoel de Oliveira,avec Marcello Mastroianni, Jean-YvesGautier, Leonor Silveira, Diogo Doria,Isabel de Castro, Isabel Ruth.Franco-portugais (1 h 33).VO : Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09) ; Le République, 11e (01-48-05-51-33).WHEN WE WERE KINGSde Leon Gast,avec Mohammed Ali, George Fore-man, Don King, James Brown,B. B. King, Norman Mailer.Américain (1 h 28).VO : Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09) ; Studio Galande, 5e (01-43-26-94-08) (+) ; Club Gaumont (Publicis Ma-tignon), dolby, 8e (01-42-56-52-78).

FESTIVALSLES CENT JOURSDU CINÉMA JAPONAIS(v.o.), Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77 +). Une auberge à Tokyo, lun-di 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; Printemps pré-coce, mardi 14 h, 16 h 30, 19 h, 21 h 30.L’INTÉGRALE BERGMAN(v.o.), Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18). Sonate d’automne, lundi16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; La Honte, mardi16 h, 18 h, 20 h, 22 h.JAMES STEWART,L’ACTEUR COMPLET(v.o.), L’Arlequin, 6e (01-45-44-28-80 +).La Flèche brisée, lundi 13 h 50, 15 h 50,17 h 50, 19 h 50, 21 h 50 ; Appelez Nord777, mardi 13 h 50, 15 h 50, 17 h 50,19 h 50, 21 h 50.UNE HISTOIREDU CINÉMA EUROPÉEN(v.o.), Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09). Trois dans un sous-sol, lundi18 h ; L’Homme à la caméra, mardi17 h 05 ; Au bord de la mer bleue, mar-di 18 h 30 ; Le Voleur de bicyclette,mardi 20 h ; Rome ville ouverte, lundi20 h ; Bellissima, lundi 15 h 45.VOIR ET REVOIR GODARDReflet Médicis I, 5e (01-43-54-42-34). LeMépris, lundi 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; LaChinoise, mardi 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h.(*) Films interdits aux moins de 12 ans.(**) Film interdit aux moins de 16 ans.(+) Réservation au 01-40-30-20-10.

THÉÂTREUne sélection des piècesà Paris et en Ile-de-France

PARISAchille Tonicde Ferdinand Lecomte, avec CorinneBenizio, Gilles Benizio, Isabelle Cau-bère, Luisa de Martini, Philippe Risleret Vadim Sher.Chapiteau, 43, quai d’Austerlitz, Paris13e. Mo Austerlitz, Quai-de-la-Gare. Dumardi au dimanche, à 20 h 30. Tél. : 01-49-87-50-50. Durée : 2 heures. 70 F* et90 F. Jusqu’au 14 août. Cyrano de Bergeracd’Edmond Rostand, mise en scèned’Henri Lazarini, avec Patrick Préjean,Marie-Christine Laurent, Georges Gay,Stéphane Roux, Lionel Feix, Marc-An-toine Frédéric, Nicole Dubois, FrançoisPâtissier, Marc Pierret, Renaud Durand,Jean-François Regazzi, Laura Préjeanet Gilles Brissac.Théâtre du Ranelagh, 5, rue desVignes, Paris 16e. Mo Muette ou Passy,RER Boulainvilliers. Du mardi au same-di, à 21 heures ; le dimanche, à17 heures. Tél. : 01-42-88-64-44. Durée :2 h 05. 150 F* et 180 F. Jusqu’au30 août. Les Filles d’Eve(en anglais et en français)de Laurence Février, mise en scène del’auteur, avec Anne Benoît, NatashaCashman, Marie-Laudes Emond, Lau-rence Février, Emmanuel Gayet et Ma-deleine Mainier.Cartoucherie-Théâtre du Chaudron,route du Champ-de-Manœuvre, Paris12e. Mo Château-de-Vincennes, bus 112.Du lundi au samedi, à 20 h 30. Tél. : 01-43-28-97-04. Durée : 1 h 40. De 50 F* à110 F. Jusqu’au 6 septembre. Folie magiquede Chantal Saint-Jean et Jan Madd,mise en scène de Chantal Saint-Jean,avec Jan Madd, Christel Colas, NadiaSavelberg et Caroline Moreau.Métamorphosis, face au 55, quai de laTournelle, Paris 5e. Mo Maubert-Mu-tualité. Du mardi au samedi, à 21 h 15 ;le dimanche, à 15 heures. Tél. : 01-40-39-99-09. Durée : 1 h 30. 80 F* et 150 F.Dernières.Gertrudemorte cet après-midide Monick Lepeu, d’après GertrudeStein, mise en scène de Rachel Salik,avec Monick Lepeu et Elisabeth Fer-maud.Théâtre du Marais, 37, rue Volta, Paris3e. Mo Arts-et-Métiers. Du mardi au sa-medi, à 21 heures ; le dimanche, à17 heures. Tél. : 01-45-41-57-88. Durée :1 heure. 80 F* et 100 F. Jusqu’au30 août. Les Jumeaux vénitiensde Carlo Goldoni, mise en scène de Gil-das Bourdet, avec Sophie Bouilloux,Kristov Carpi, Isabelle Carré-Goethals,Bruno Choel, Richard Guedj, Franck Ja-zède, Jean-Michel Molé, Alice Papiers-ki, Yves Pignot, Michel Scotto Di Carloet Philippe Uchan.Théâtre Hébertot, 78 bis, boulevarddes Batignolles, Paris 17e. Mo Rome. Dumardi au vendredi, à 20 h 30 ; le same-di, à 16 heures et 20 h 30. Tél. : 01-43-87-23-23. Durée : 2 h 30. De 70 F à200 F. Jusqu’au 30 août.

Lepervenched’Emmanuel Genvrin, mise en scène del’auteur, avec Pierre-Louis Rivière, Dé-lixia Perrine, Jacques Deshayes, RachelPothin, Leïla Neigrau, Teresa Small,Hocine Buazza, Jean-Luc Trules, Ar-naud Dormeuil, Philippe de Bruggada,Emmanuel Genvrin, Nicole Leichnig,Albertine Itela, Jean Amemoutou, Xa-vier Filliol, Marie Gage, Rachid Buazzaet Philippe Clavie.Gare, cour Sernam, 69, rue Molière,94 Ivry-sur-Seine. Du mardi au samedi,à 20 h 30. Tél. : 01-49-87-50-50. Durée :3 heures. 70 F* et 90 F. Jusqu’au 4 sep-tembre. La Locandierade Carlo Goldoni, mise en scène deJean-Simon Prévost, avec Michel Dury,Frédéric Gay, Bernard Charnace, PascalCotinat, Céline Codogno, AlexandreColas, Claude Dassonville et HélèneRodier.Pré-Catelan, jardin Shakespeare, routede Suresnes-Pré-Catelan, Paris 16e .Mo Porte-Maillot puis bus 244, arrêtBagatelle. Du mercredi 6 au samedi 9,le lundi 11, à 19 h 30 ; le dimanche 10, à15 heures. Tél. : 01-40-19-95-33. Durée :2 heures. 60 F* et 100 F. Jusqu’au31 août.Quelqu’unde Robert Pinget, mise en scène deJacques Seiler, avec Jacques Seiler.Théâtre Montparnasse (Petit), 31, ruede la Gaîté, Paris 14e. Mo Montpar-nasse-Bienvenüe. Du mardi au vendre-di, à 21 heures ; le samedi, à 17 heureset 21 heures. Tél. : 01-43-22-77-30. Du-rée : 1 h 20. 60 F* et 120 F. Jusqu’au30 août.

MUSIQUEUne sélection de concertsclassique, jazz, rock et musiques du mondeà Paris et en Ile-de-France

CLASSIQUEOrchestre des jeunesGustav Mahler(1) Concert de musique de chambrepour ensemble à cordes. Pierre Boulez(direction).(2) Ravel : Le Tombeau de Couperin.Bartok : Pièces pour orchestre op. 12.Boulez : Notations I-IV. Stravinsky : LeSacre du printemps. Pierre Boulez (di-rection).Cité de la Musique, 221, avenue Jean-Jaurès, Paris 19e. Mo Porte-de-Pantin.(1) 20 heures, le 5 août. Entrée libre.(2) 22 heures, le 8 août. De 100 F à160 F. Tél. : 01-44-84-44-84.Philippe Bianconi (piano)Schubert : Sonate pour piano D 959.Liszt : Funérailles, Sonnet de Pétrarqueno 104, Ricordanza, Paraphrase de Ri-goletto. Schubert-Liszt : Lieder.Sceaux (92). Orangerie, parc deSceaux. Mo Bourg-la-Reine. 17 h 30, le9 août. Tél. : 01-46-60-07-79. De 100 F à140 F.Geneviève et Bernard Picavet (piano)Chopin : Rondo pour piano op. 73.Mozart : Sonate pour deux pianosKV 448. Brahms : Cinq valses pour pia-no op. 39. Lefébure-Wély : Duo sym-phonique op. 181.Parc floral de Paris, Bois de Vincennes,

Paris 12e. Mo Château-de-Vincennes.16 h 30, le 10 août. Entrée libre.Brigitte Lafon, Robert Fontaine, Ca-therine CournotŒuvres de Schubert, Lachner et Spohr.Brigitte Lafon (soprano), Robert Fon-taine (clarinette), Catherine Cournot(piano).Royaumont (95). Abbaye. 16 heures, le10 août. Tél. : 01-34-68-05-50. LocationFnac. De 90 F à 120 F.Jean-Guihen Queyras,Alexandre TharaudBeethoven : Sonate pour violoncelle etpiano op. 69. Mendelssohn : Sonatepour violoncelle et piano op. 58. De-bussy : Sonate pour violoncelle et pia-no. Jean-Guihen Queyras (violoncelle),Alexandre Tharaud (piano).Sceaux (92). Orangerie, parc deSceaux. Mo Bourg-la-Reine. 17 h 30, le10 août. Tél. : 01-46-60-07-79. De 100 Fà 140 F.

JAZZGulf Stringde Pierre BlanchardAu duc des Lombards, 42, rue des Lom-bards, Paris 1er. Mo Châtelet. 22 heures,les 7, 8 et 9 août. Tél. : 01-42-33-22-88.Location Fnac. 80 F.Laurent De Wilde TrioSunset, 60, rue des Lombards, Paris 1er.Mo Châtelet. 22 heures, les 8 et 9 août.Tél. : 01-40-26-46-60. Location Fnac,Virgin. 78 F.Laurent de Wilde TrioParc floral de Paris, bois de Vincennes,Paris 12e. Mo Château-de-Vincennes.16 heures, le 9 août. 10 F.

ROCKCalvin RussellChesterfield Café, 124, rue La Boétie,Paris 8e. Mo Saint-Augustin. 23 heures,les 5, 6, 7, 8 et 9 août. Tél. : 01-42-25-18-06. Entrée libre.Gloria Gaynor,Kool and the GangChessy (77). Disney-village (Disney-land-Paris). 20 h 30, le 6 août. Tél. : 01-44-68-44-68. Location Fnac, Virgin.150 F.

MUSIQUES DU MONDEAntonio RivasCentre Georges-Pompidou, rue Ram-buteau, Paris 4e . Mo Rambuteau.20 heures, les 5 et 6 août. Tél. : 01-44-78-13-15. Entrée libre.Sabor a SonLa Coupole, 102, boulevard du Mont-parnasse, Paris 14e. Mo Vavin. 21 h 30,les 5, 12, 19 et 26 août. Tél. : 01-43-20-14-20. 90 F.Justin Vali– Centre Georges-Pompidou, rue Ram-buteau, Paris 4e . Mo Rambuteau.20 heures, les 7 et 8 août. Tél. : 01-44-78-13-15. Entrée libre.– Jardin des plantes, rue Buffon, Paris5e. Mo Jussieu. 18 heures, le 10 août.Tél. : 01-40-79-30-00. Entrée libre.Mi SonLa Java, 105, rue du Faubourg-du-Temple, Paris 11e . Mo République.21 h 30, les 8, 14 et 15 août. Tél. : 01-42-02-20-52. 100 F.Sonora La Calle,Alfredo GutierrezParc de la Villette, Paris 19e. Mo Porte-de-la-Villette. 17 h 30, le 10 août. En-trée libre.

FESTIVAL LATIN MUSICKlimaxGeraldo Piloto, ex-directeur et compo-siteur du groupe d’Isaac Delgado, acréé Klimax, un ensemble de treizemusiciens qui offre un mélange entresalsa, latin-jazz et la musique tradi-tionnelle cubaine.Les 7 et 8 août. ChocolateY Sus MuchachosOmar Chocolate est l’un des meilleursreprésentants de la musique cari-béenne (son, salsa, rumba, merengue).Il est entouré d’un groupe de neuf mu-siciens.Les 9 et 10 août. Mi SonLe groupe Mi Son (sept musiciens)offre une musique descendant de lagrande tradition cubaine (son, guara-cha, cha cha cha, rumba). Leur parti-cularité ? Les traditionnels cuivres sontremplacés par le violon et des jeux devoix surprenants.Le 16 août. Son DamasReconnu comme le meilleur groupe fé-minin de Cuba, Son Damas est ungroupe de onze musiciennes qui offreune musique composée de son, gua-guanco et cha cha cha.Le 17 août. Carlos de Nicaragua,Ras DumisaniEn première partie, Carlos De Nicara-gua, qui s’est déjà produit avec les Ma-no Negra, propose un mélange déton-nant de fusion salsa-reggae. Enseconde partie, Ras Duminsani, des-cendant de la royauté zoulou, est ac-compagné de ses musiciens domini-cains pour une soirée reggae.Les 22 et 23 août. Isaac DelgadoSur des rythmes de latin-jazz et de sal-sa, quatorze musiciens accompagnentce jeune chanteur cubain.Les 28, 29 et 30 août. Sergent GarciaEn première partie d’Isaac Delgado,l’Espagnol Sergent Garcia mélange lesstyles, un mixe de raggamufin et desalsa.Le 30 août. Fruko and The Latin BrothersCe groupe colombien composé dequinze musiciens a pour lui trente ansde musique caribéenne et afro-cubaine. Il est le précurseur de touteune génération musicale, reconnudans toute l’Amérique Latine et les Ca-raïbes.Le 31 août. New Morning, 7-9, rue des Petites-Ecuries, Paris 10e. Mo Château-d’Eau.Concerts à 22 heures, ouverture desportes à 20 h 30. Tél. : 01-45-23-51-41.Location Fnac, Virgin. 120 F.

DANSEUne sélection à Pariset en Ile-de-FranceCuadra de SévilleSalvador Tavora : Carmen.Cour d’Orléans du Palais-Royal, 13, ruede Rivoli, Paris 1er . Mo Palais-Royal.22 heures, les 7, 8, 9 et 10 août. Tél. :01-49-87-50-50. De 80 F à 120 F.(*) Tarifs réduits.

La renaissancedu cinémaallemandPoursuite de la rétrospectiveFassbinder au cinémaL’Entrepôt à Paris

LA TRÈS NÉCESSAIRE,quoique forcément ( ?) partiellerétrospective des films de RainerWerner Fassbinder, commencée le30 juillet avec quatre de ses titresles plus – justement – connus(Prenez garde à la sainte putain,Les Larmes amères de Petra vonKant, Le Droit du plus fort et LeMariage de Maria Braun), s’étoffede deux nouveaux titres. Le Secretde Veronika Voss (1981) figure àbon droit parmi les œuvres ma-jeures de l’« ogre » Fassbinder : ilcondense tous ses grands enjeux,remise en lumière du passé nazide l’Allemagne, passage au laserdes mécanismes du spectacle, ver-tige des extrêmes, de la folie, de ladrogue et de l’alcool, de la mani-

pulation et du pouvoir, infiniecompassion pour les êtres sous lesbannières en lambeaux de latransgression et de la provoca-tion. Mais, moins connu, moinsflamboyant, plus intime, Le Mar-chand de quatre saisons (1971) estun film d’une terrible puissance,chronique familiale et parabolesur l’Allemagne du miracle écono-mique dont la noirceur sobre (sil’on peut dire, pour un récit qui seclôt par un implacable suicidedans l’alcool) fait une fable uni-verselle.

. L’Entrepôt, 7-9, rue Francis-de-Pressensé, Paris 14e . Mo Pernety.A partir du 6 août. Tél. : 01-45-40-78-38.

UNE SOIRÉE À PARIS

Chaplin-KeatonLe Cinéma Quartier Latin a eul’idée de réunir les noms de CharlieChaplin et de Buster Keaton pourune rétrospective commune. Auprogramme : Le Cirque (1927),La Ruée vers l’or (1925), Les Tempsmodernes (1936), Les Lumières de laville (1931), Le Dictateur (1939-1940),Le Pèlerin (1922), Le Kid (1921) deCharlie Chaplin ; Campus (1929),Le Mécano de la « General » (1927),La Croisière du « Navigator » (1924),Le Cameraman (1928), Les Fiancéesen folie (1925) de Buster Keaton.19 bis Quartier Latin, 9, rueChampollion, Paris 5e . Mo Odéon etCluny. Jusqu’au 31 août. Tél. :01-43-26-84-65.Michel Benita, Nguyên Lê,Simon GoubertLes musiciens qui forment ce triodirigent tous leurs formations. Leguitariste Nguyên Lê nous arécemment enchanté tant avec sonprojet Hendrix qu’avec son retourvers la muysique du Vietnam ; lebatteur Simon Goubert emmèneun quintette de feu qui doitbeaucoup à la musique de John

Coltrane ; Michel Benita est l’undes contrebassistes les plussollicités dans l’Hexagone pour sesqualités de mélodistes.Sunset, 60, rue des Lombards,Paris-1er. Mo Châtelet. 22 heures, le5 août. Tél. : 01-40-26-46-60.Location Fnac, Virgin. 78 F.Rétrospective James IvoryLe Cinéma L’Épée de Bois consacreune rétrospective au cinéasteaméricain James Ivory. Auprogramme : Shakespeare Wallah(1965), Le Gourou (1969),Autobiographie d’une princesse(1975), The Wild Party (1975),Roseland (1977), Les Européens(1979), Quartet (1981), Chaleur etpoussière (1983), The Bostonians(1984), Chambre avec vue (1985),Maurice (1987), Mr and Mrs Bridge(1989), Esclaves de New York (1989),Retour à Howards End (1992),Les Vestiges du jour (1993), Jeffersonà Paris (1995), Surviving Picasso(1996).L’Épée de Bois, 100, rue Mouffetard,Paris-5e . Mo Censier-Daubenton. Apartir du 6 août. Tél. :01-43-37-57-47.

LeMonde Job: WMQ0608--0021-0 WAS LMQ0608-21 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 10:22 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0275 Lcp: 196 CMYK

R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 21

MARDI 5 AOÛT

Canal +20.35

ASSASSINSFilm de Richard Donner, avec Sylvester Stallone,Antonio Banderas, (1995, 125 min). 8536360Un « thriller » de série, pasparticulièrement excitant.22.40 Flash d’information.22.45 La vie comme elle est....

Court métrage.

23.00

LA MOUCHE a aFilm de David Cronenberg, (1986, 89 min). 72921Un chercheur en biologie a misau point un appareil de« téléportage » d’objets. Il veutétendre son invention auxorganismes vivants, tente uneexpérience sur lui-même et, desmolécules de mouche ayant étémêlées aux siennes, subit uneeffrayante métamorphose.

0.30 Le Journal du hard. 0.40 Nuits brûlantes

Film classé X (1978, 90 min). 4408983

France 320.50

E LA CARTE AUX TRÉSORSDivertissement présentépar Sylvain Augier. La Savoie (120 min). 74121122.50 Journal, Météo.

23.25

LES NOUVEAUXAVENTURIERSMagazine.Des volcans et des hommes (50 min). 1965056C’est sur l’île de Java que l’ontrouve les volcans les plusdangereux d’Indonésie. Il y adouze ans, Maurice Krafft,vulcanologe, a filmé leséruptions du Galungung.

0.15 Passion d’une vie. Magazine.Alexandre Soljenitsyne : le retour(90 min) 2914457. 1.45 Les Brûlures del’Histoire. Magazine. Les croisés de laguerre froide : 1947-1956. Invité :Jean-Jacques Becker (45 min)

France 220.55

PLUS BEAU QUEMOI TU MEURSFilm de Philippe Clair, avec AldoMaccione, Philippe Clair (1982,110 min). 1345178Une insupportable nullité.

22.50

TAIS-TOIQUAND TU PARLES !Film de Philippe Clair, avec AldoMaccione, Edwige Fennec(1981, 85 min). 307330Un homme qui se rêve en JamesBond devient espion malgrélui... Un cauchemar pour lesspectateurs.0.15 Journal, Météo.0.30 Tatort. Série.

2.00 Urti. Documentaire. La Mana, larivière aux 100 sauts. 2.20 Mission Eu-reka. Série. La décision. 3.10 24heures d’infos. 3.20 Météo. 3.25 BabyFolies. Loft story "Baby City". 3.40Jeux sans frontières (rediff., 115 min).

TF 120.45

CLUBDE RENCONTRESFilm 4 de Michel Lang,avec Francis Perrin, Jean-Paul Comart(1987, 105 min). 906940Comédie de mœurs virant trèsvite au vaudeville vulgaireet salace.22.30 Les Films

dans les salles.

22.40

QUELQUESMESSIEURS TROPTRANQUILLESFilm de Georges Lautner, avec RenéeSaint-Cyr, Jean Lefebvre (1972, 105 min). 37019210.25 Comme une intuition.0.30 et 1.10, 1.55, 3.00, 4.00,

4.40 TF 1 nuit.0.45 Reportages. Magazine.

(rediff., 25 min). 86609021.20 Cas de divorce. Série. Dumoulincontre Dumoulin. 2.05 Très chasse.Documentaire. 3.10 Les Aventures dujeune Patrick Pacard. Feuilleton [2/6].4.10 Histoires naturelles. Documen-taire. 4.50 Musique. 5.10 Les Défis del’océan. Documentaire (55 min).

Arte20.45

LA VIE EN FACE : O BELGIO MIODocumentaire de Hugues Le Paige(1997, 55 min). 4413037Une femme et un homme d’origine italienne sontarrivés en Belgique à l’âge de 4 et 3 ans. Ilsrejoignaient leur père venu travailler dans lesmines wallonnes au début des années 50.Aujourd’hui ils témoignent de l’identité et del’avenir de leur communauté en Belgique.

21.40

SOIRÉE THÉMATIQUE :MANUEL VAZQUEZMONTALBÁN21.45 La Réussite d’un perdant.

Documentaire de Luis López Doy(1997, 55 min). 8824259Un portrait de l’écrivain et gastronomeespagnol. Archives et témoignages.

22.40 Tatouage aFilm de José Bigas Luna, avec Carlos Ballesteros(1976, v.o., 75 min). 8970853

23.55 A corps perdu (1989, 20 min). 81947660.15 Just Friends a Film de Marc-Henri Wajnberg, avecJosse De Pauw, Ann-Gisel Glass, Sylvie Milhaud (1994, re-diff., 95 min). 1741506. 1.50 Ceci n’est pas une banane. Do-cumentaire (rediff., 30 min).

M 620.45

E LES NOUVELLESAVENTURES DEROBIN DES BOISSérie, avec Matthew Porretta,Anna Galvin, Richard Ashton(105 min). 278679Les sorcières de l’abbaye.L’anniversaire.

22.30

ACCUSÉE DU PIRETéléfilm de Noël Nosseck,avec Lisa Hartman (95 min). 1042056Adapté d’un fait divers, cetéléfilm retrace la descente auxenfers d’une jeune mèreaccusée d’avoir empoisonné sonenfant.

0.05 Capital. Magazine.

1.45 Culture pub. L’alcool et lesjeunes ; La saga Castlemaine ; Languede pub (rediff.). 2.00 Jazz 6. ConcertGalliano Lagrene à Vienne 94. 2.45Turbo (rediff.). 3.10 Les Piégeurs (re-diff.). 3.35 Mister Biz, best of (rediff.).4.00 Aventures en océan Indien. Do-cumentaire. 4.50 Coulisses Jean-LouisAubert (25 min).

RadioFrance-Culture20.50 Du Jazz

pour tout bagage.21.10 XIIe Rencontres

de Pétrarque.22.40 Nocturne.0.05 Du jour au lendemain. 0.50Coda. 1.00 Les Nuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique20.45 Concert.

5e festival de musique dechambre, à Salon-de-Provence.Donné en direct et émissimultanément sur les radiosmembres de l’UER. Œuvres deMartinu, Milhaud, Brahms,Bowles, Bernstein.

0.00 Les Mots et les Notes (rediff.).2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Les écrits de Tchaïkovski.Léonore III, ouverture, deBeethoven ; Don Giovanni,extrait, de Mozart ;Divertissement sur LaSonnambula, de Glinka ;Œuvres de Berlioz, Wagner,Balakirev, Rimski-Korsakov,Tchaïkovski.

22.30 Les Soirées... (suite). 0.00Les Nuits de Radio-Classique.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30Moneyline.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.15, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 Ecologia. 0.45 Artis-simo. 1.45 Visa.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42Talk culturel.

TV 520.00 Les Gens de Mogador.

Téléfilm [5/6](100 min). 91991582

21.40 Télétourisme. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.30 Strip Tease. Magazine.

Planète20.35 Histoires oubliées

de l’aviation. [1/6].21.25 Femmes d’Islam. [3/3].

22.20 Manojhara,la région de la mort.

22.45 La Joueuse de tympanon.

Histoire21.00 Zapata mort ou vif ;

le plus grandripou d’Amérique.

23.00 De l’actualitéà l’histoire. Magazine.

Paris Première21.00 Marlon Brando.21.55 Les Documents du JTS.22.25 Hauteclaire ou le

bonheur dans le crime.Téléfilm (85 min). 19543785

FranceSupervision20.45 Les Francofolies 1997 :

Louis Bertignac.Concert enregistré au GrandThéâtre La Coursive(60 min). 39583766

21.45 Saxo a aFilm d’Ariel Zeitoun(1987, 110 min). 67508582

Téva20.30 et 22.30 Téva interview.

Invité : Philippe Broussard.20.55 Souffrances de femme.

Téléfilm d’ArmandMastroianni, avec MicheleLee, James Farentino(95 min). 505747766

23.00 Clair de lune.

Ciné Cinéfil20.30 Rain or Shine a a

Film de Frank Capra(1930, N., v.o., 85 min).

1638938921.55 Sarati le terrible a

Film de André Hugon(1937, N., 105 min). 67015698

23.40 L’Arlésienne a aFilm deJacques de Baroncelli(1930, N., 85 min). 94979308

Ciné Cinémas20.30 La Brute

Film de Claude Guillemot(1987, 100 min). 9499853

22.10 Man Trouble aFilm de Bob Rafelson(1992, v.o., 105 min).

5858887223.55 Les Maris, les Femmes,

les Amants a aFilm de Pascal Thomas(1988, 115 min). 96557679

Festival20.30 L’Amerloque.

Téléfilmde Jean-Claude Sussfeld,avec Pauline Pinsolle(95 min). 10986747

22.05 Deux amies d’enfance.Téléfilm [3/3]de Nina Companeez(100 min). 44137018

23.45 Coup de feu.Court métrage (15 min).

Série Club19.50 Les Années

coup de cœur.L’incroyable Arnold.

20.15 Les Arpents verts.Uncle Ollie.

20.45 L’Age de cristal.Le carrousel.

21.35 Le comte Yoster,a bien l’honneur.Baptême du feu.

22.30 Alfred Hitchcockprésente.

23.00 Mandrin. Feuilleton [6/6].

Canal Jimmy20.00 Spin City.20.25 Chronique. Magazine.20.30 Automobiles : Minivan.21.15 Sinatra.22.10 Portrait. Magazine.22.15 Des agents

très spéciaux.23.05 Star Trek :

la nouvelle génération.La dauphine (v.o.).

23.55 Quatre en un. Magazine.0.20 L’Homme invisible.

Le lapin blanc (30 min).

Disney Channel20.10 Les Robinson

des mers du Sud aFilm de Ken Annakin(1961, 125 min). 4985560

22.15 Honey West.22.40 Richard Diamond.23.05 Juste pour rire.0.05 Thierry la Fronde

(25 min).

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds

et les malentendants.

LES CODES

DU CSA

4 Accordparentalsouhaitable.

5 Accordparentalindispensableou interditaux moinsde 12 ans.

6 Publicadulteou interditaux moinsde 16 ans.

MERCREDI 6 AOÛT

Eurosport20.15 Tennis. En direct.

Tournoi messieursde Cincinnati(Ohio, 135 min). 3360921

22.30 Athlétisme.Les temps forts du jour.

0.00 VTT. Tour VTT.(4e étape, 30 min).

Voyage20.35 Suivez le guide.22.30 Au-delà

des frontières.23.00 Chez Marcel. Magazine.

Muzzik21.00 Lawrence Renes

joue Bartok.Concert (50 min). 500028766

21.50 Le Carnavaldes animauxde Saint-Saëns.Concert (30 min). 500624105

22.20 James Carter.Concert (60 min). 505318292

TF 116.10 La Joyeuse Tribu. 17.05 Vidéo Gag.

Divertissement.17.15 Extrême limite. Série.

L’amour à nu.Full contact.

17.55 Les Années fac. Série.Merci pour cette nuit.

18.30 Ali Baba. Jeu.19.05 Mokshû Patamû. Jeu.20.00 Journal, Tiercé, Météo.

20.45

E INTERVILLES 97Divertissement présentépar Jean-Pierre Foucault, ThierryRoland, Nathalie Simon, OlivierChiabodo.Mont-de-Marsan rencontreSaint-Jean-de-Luz(160 min). 12605070

23.25

LES YEUX D’HÉLÈNEFeuilleton [6/9] de Jean Sagols,avec Mireille Darc(110 min). 8969235Hélène, qui vient de recouvrerla vue grâce aux yeux de sonfrère, est bouleversée par lalecture du testament de cedernier...1.15 et 2.00, 3.05, 4.10, 4.50

TF 1 nuit.1.30 Cas de divorce. Série. 2.10 Trèschasse. Documentaire. 3.15 Les Aven-tures du jeune Patrick Pacard. Feuille-ton [3/6]. 4.20 Histoires naturelles.Documentaire. 5.00 Musique. 5.10 LesDéfis de l’océan. Documentaire.Epave (55 min).

France 215.40 Matt Houston. Série.

Les secretsde la compagnie.

16.35 Athlétisme.En direct d’Athènes.Championnats du monde(200 min). 36093419

19.55 et 20.45 Tirage du Loto.20.00 Journal,

L’Image du jour,A Cheval, Météo.

20.50

ADORABLEPETITE BOMBETéléfilm de Philippe Muyl, avecPhilippe Volter, Olivia Brunaux(100 min). 184490Pensant à son image demarque, le présentateur vedetted’une chaîne de télévisiondécide de ramener une petitefille du Cambodge.

22.30

VENGEANCEÀ DOUBLE FACETéléfilm 4 de Jack Bender, avecYasmine Bleeth, James Wilder(95 min). 9019070Une jeune femme défigurée quipense avoir trouvé l’amour desa vie se retrouve emprisonnéepour meurtre par la faute de cedernier. 0.05 Journal, Météo.0.20 Tatort. Série.

1.50 Piliers du rêve. Documentaire.2.10 Le Jour du Seigneur (rediff.). 2.40Chrétiens Orientaux. Magazine (re-diff.). 3.10 Mission Euréka. Série. Unjeu dangereux. 4.05 24 heures d’in-fos. 4.15 Météo. 4.20 Ile aux ours. Dr.Graignus et Mister Max. 4.30 BabyFolies (15 min).

France 316.00 Les Enquêtes

de Remington Steele.16.50 40o . Invités : C Jérôme,

Gérard Vives, Victor, Eux.18.20 Questions pour

un champion. Jeu.18.50 Météo des plages.18.55 Le 19-20

de l’information.20.35 Tout le sport. Magazine.20.45 Consomag.

20.50

ABUS DE POUVOIRTéléfilm de Tim Matheson, avec PeterCoyote, Courtney Thorne-Smith(90 min). 463380Le colonel d’une base militaireisolée traque l’épouse d’unofficier nouvellement arrivé. Illa menace de détruire lacarrière de son mari.

22.20

AU-DELÀDE L’ÉCRANDivertissement. La télé du sport. Invitée : Marie-Claire Restoux (40 min). 275305123.00 Journal, Météo.23.35 Un siècle d’écrivains.

Documentaire. FrédéricDard (45 min). 6210457Portrait du créateur deSan Antonio, qui revintplus tard à une écritureplus pessimiste.

0.20 Du côté de l’Amérique latine.Documentaire. Brésil : gloire à Kar-dec. 1.20 Les Brûlures de l’Histoire.Magazine. Juillet 1985 : l’affaireGreenpeace. Invité : Jean-Marie Pon-taut (130 min).

La Cinquième18.25 Le Monde des animaux : astuces et straté-gies. L’ère et le néon.

Arte19.00 D’un pôle à l’autre. Documentaire

[1/18] Pôle Nord - Norvège (30 min). 214819.30 7 1/2. Rwanda : Portraits de femmes.20.00 Naissance du XXe siècle. [10/12]

Le paradis sur Terre (25 min). 7018620.25 Documenta. Reportage.20.30 8 1/2 Journal.

20.45

LES MERCREDIS DE L’HISTOIRE :HITLER, UN INVENTAIREDocumentaire de Guido Knoppet Ralf-Peter Piechowiak[6/6] Le criminel (55 min). 4480709Dernier volet de la série allemande consacrée àHitler. Aujourd’hui : l’organisation industrielle ducrime, les camps de la mortet l’extermination des juifs et des tziganes.

21.40

MUSICA :LA DAME AUX CAMÉLIASBallet de John Neumeier. Musique de Frédéric Chopin.Avec l’Orchestre symphonique de la NDR. Interprété par leballet du Staatsoper de Hambourg(1988, 130 min). 2223254John Neumeier a revisité le drame d’AlexandreDumas fils en y mêlant les grands thèmes d’uneautre histoire d’amour, Manon Lescaut de l’abbéPrevost.23.50 Profil : Ludwig Erhard

et le miracle économique allemand.Documentaire (1997, 50 min). 692273

0.40 Lucarne : Live. Série de Philippe Grandrieux.[1/3] C’est vrai !, de Robert Franck(1990, 65 min). 1948216

1.45 Le Phare. Téléfilm de Pieter Verhoeff[1/3] (rediff., 65 min). 4599620

Canal +17.35 Le Dessin animé.E En clair jusqu’à 21.0018.30 VTT. Le Tour VTT

(5e étape).19.00 Les Conquérants

du feu Série. 19.50 Flash d’information.19.57 Le Zapping.20.00 10 années formidables. 20.30 « Le Monde », le film.20.35 Le Journal des sorties.

21.00

LE DOUZIÈME JURÉ Film de Heywood Gould,avec Joanne Whalley-Kilmer (1994, 100 min). 9826896Un thriller judiciaire qui prendvolontiers des allures de mélo. 22.40 Flash d’information.22.45 La vie comme elle est....

Court métrage.

23.00

SEXE, CENSUREET CINÉMADocumentaire de Franck Martin. [6/6] Hollywood et ses fantasmes(50 min). 3807023.50 Au beau milieu

de l’hiver aFilm de K. Branagh(1995, v.o., 94 min). 9524728

1.25 L’Heure du cochon aFilm de Leslie Megahey(1995, 115 min). 51150262

M 618.00 Highlander.

Série. Chantage.18.55 Open Miles.19.00 Les Anges de la ville.

Série. Victimes.19.54 Six minutes

d’information.20.00 Notre belle famille.

Série.La différence d’âge.

20.35 Quelle planète !

20.45

L’ENFANT CONNAÎTL’ASSASSINTéléfilm [1 et 2/2] 4de Wolf Gremm, avec JonasJaroschowitz, Götz Schubert,Bettina Kupfer(195 min). 50341896Alors qu’une étudiante estvictime d’une agressionmortelle, un enfant de trois ansdont elle avait la garde estenlevé par une clocharde quipense reconnaître son fils.Un journaliste prend l’affaire enmains... Une enquête berlinoiseà rebondissements multiples.

0.00 Secrets de femme.Série 6 Détective privé ; Adomicile.

0.30 Sexy Zap.Magazine 6.

2.10 Fréquenstar. Magazine (rediff.).2.50 Mister Biz, best of. Magazine.Parcs d’attractions : la machine à rêve(rediff.). 3.15 Fan de, best of. Maga-zine. Spécial séducteurs (rediff.). 3.40Et le ciel t’aidera. Documentaire. 4.30Les Piégeurs (rediff.). 4.55 Turbo. Ma-gazine (rediff., 30 min).

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00 World View.1.30 Moneyline. 2.15 American Edi-tion.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 90o Est. 0.45 Visa.1.45 Odeon.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel.0.15 Le Débat.

RadioFrance-Culture20.50 Du Jazz

pour tout bagage.Les cinq sens. La vue. Et l’œil du jazz, que voit-il ?[3/5].

21.10 XIIe Rencontresde Pétrarque.Le progrès, une idée morte ?[3/5].

22.40 Nocturne.Nadia Boulanger,maîtresse de musique [3/5].

0.05 Du jour au lendemain. Marie L( C o n f e s s é e ) . 0 . 5 0 C o d a .Chansons-Hommages [3/5]. 1.00 LesNuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique19.36 Concert.

Prom’s. Par le Chœur etl’Orchestre The Age ofEnlightenment, dir. NicholasMcGegan : Œuvres deMozart, Schubert.

21.30 Festival de LaRoque-d’Anthéron.17e Festival international depiano de La Roque-d’Anthéron. Concert donné endirect du parc du château deFlorans, Peter Rösel, piano.Œuvres de Schubert : Quatremoments musicaux D 780 ;Wanderer fantaisie D 760 ;Œuvres de Brahms :Rhapsodies pour pianoop. 79 ; Variations sur unthème de Haydn op. 56.

0.00 Les Mots et les Notes (rediff.).2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Hommage à Joan Sutherland.La Sonnambula, de Bellini, parle chœur et l’orchestre du Maimusical Florentin, dir.Bonynge, Sutherland (Amina),Monti (Elvino), Corena(Rodolfo), Elkins (Teresa).

23.05 Les Soirées... (suite). 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

Les films sur les chaîneseuropéennesRTBF 120.45 Vent d’est. Film de Robert Enrico (1992, 120 min).Avec Malcom McDowell, Drame.

RTL 922.25 Reckless. Film de James Foley (1984, 95 min). AvecAidan Quinn. Drame.0.30 Le Dossier noir. Film d’André Cayatte (1955, N.,110 min). Avec Jean-Marc Bory. Drame.

TMC22.50 Toscanini. Film de Franco Zeffirelli (1988, 115 min).Avec C. Thomas Howell. Drame.

TV 520.00 Fort Boyard.

(France 2 du 2/8/97).21.45 Les Suisses du bout

du monde. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.30 Savoir plus santé.23.30 Bons baisers

d’Amérique. Magazine.0.30 Soir 3 (France 3).

Planète20.05 E Sarah.20.35 Le Requiem perdu.

Exilés polonais en Iran.22.15 Des hommes dans

la tourmente. [13/32].22.40 Histoires oubliées

de l’aviation. [1/6].Pogostick : le nez en l’air.

23.30 Femmes d’Islam. [3/3].Mali, Indonésie, Yémen.

0.25 Manojhara,la région de la mort.

Histoire20.00 Quand la Chine

s’éveillera. [3/4].21.00 Envoyé spécial :

les années 90.22.00 Le Pain noir :

La Maison des prés.Téléfilm [4/12](60 min). 506340964

23.00 Le Magazinede l’Histoire.

0.00 Thibaudou les Croisades.Feuilleton [7 et 8/26].

Paris Première20.05 et 23.20

Courts particuliers.Invité : Melvil Poupaud.

21.00 Paris modes. Magazine.21.50 Les Documents du JTS.22.25 Vedettes en coulisses :

Alain Barrière.0.15 The Duke Is Tops a

Film de William Nolte(1938, N., 80 min). 80590194

FranceSupervision20.55 Off, le magazine

des festivals. Magazine.22.00 Haydn - Beethoven.

Concert (30 min). 4216254422.30 Mozart - Myslivecek -

Haydn.Concert (30 min). 42161815

23.00 Nancy Jazz Pulsations :Lauer, Humair,Jenny-Clark.Concert (50 min). 32100728

Ciné Cinéfil20.30 Racket a

Film de John Cromwell(1951, N., v.o., 85 min).

1634976121.55 Les Grandes

Espérances (GreatExpectations) a aFilm de David Lean(1946, N., v.o., 120 min).

15709761

Ciné Cinémas20.00 Séquences. Magazine.20.30 Mr Wonderful a

Film de Anthony Minghella (1993, 95 min). 9463438

22.05 Tobrouk, commandopour l’enfer aFilm de Arthur Hiller (1967, v.o., 110 min).

73622254

Festival20.30 Maigret :

L’ Auberge des noyés.Téléfilm de Jean-Paul Sassy,avec Jean Richard(90 min). 42658761

22.00 Tatort.Equation à une inconnue.

23.25 Le Club Festival.Magazine (35 min).

Série Club19.50 Les Années

coup de cœur.Vous avez du nez !

20.15 Les Arpents verts.Wings Over Hooterville.

20.45 Caraïbes offshore.Œil pour œil.

21.30 et 1.30Le comte Yoster,a bien l’honneur.

22.30 Alfred Hitchcockprésente. La guérison.

23.00 L’Age de cristal.23.45 Lou Grant. Survie.0.40 Panique aux Caraïbes.

(50 min).

Canal Jimmy20.00 The Muppet Show.

Invité : Arlo Guthrie.20.25 Star Trek :

la nouvelle génération.21.15 Vélo. Magazine.21.40 Seinfeld. La conversion.22.05 Chronique

de mon canapé.22.10 Une fille à scandales.

Collision en vue (v.o.).22.35 Spin City.

Coup de chaleur (v.o.).23.00 Game On. L’enfer,

c’est dehors (v.o.).23.30 Sinatra.0.25 Top bab. Magazine.1.05 New York Police Blues.

Intuition (v.o., 50 min).

Disney Channel20.35 Sports. Magazine.21.35 Sport Académie.22.05 La Belle Anglaise.

Entre collègues.23.00 Animaux de toutes

les Russies.23.30 Sylvie et compagnie.23.55 Thierry la Fronde.

Feuilleton (25 min).

Téva20.30 et 22.30 Téva interview.

Invitée : Cécile Loupan.20.55 Elles s’appellent

toutes Sarajevo.De Michel Régnier.

23.00 Clair de lune.Mortelle confession.

Eurosport16.45 Athlétisme.

En direct d’Athènes (Grèce).Championnats du monde(225 min). 81195815

20.30 Tennis. En direct.Tournoi messieursde Cincinnati(Ohio, 120 min). 724490

22.30 Athlétisme.Les temps forts du jour.

0.00 VTT. Tour VTT.Yssingeaux - Retournac(c.l.m.) - Saint-Antheme(5e étape, 30 min).

Voyage20.30 Suivez le guide.22.30 Au-delà

des frontières.L’Allemagne.

23.00 Chez Marcel. Magazine.Hans Van den Welde.

0.00 Aux 4 coins du monde :Nouvelle-Zélande(50 min).

Muzzik20.15 Midnight Classics :

Telemann. Concertenregistré au Raziwill Palace,à Nieborow, en Pologne(30 min). 500871099

20.45 Les Instantanésde la danse. Magazine.

21.00 Giselle.Ballet en deux actes d’AdolpheAdam enregistré au théâtrede Leningrad(110 min). 509822070

22.50 Puccini.De Tony Palmer (55 min).

« Le Monde »,le film

le 6 août à 20 h 30

sur Canal +

LeMonde Job: WMQ0608--0022-0 WAS LMQ0608-22 Op.: XX Rev.: 04-08-97 T.: 12:45 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0276 Lcp: 196 CMYK

22 / LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 REPRODUCTION INTERDITE

INTERNATIONAL POSITIONas

CHIEF OF ARCHITECTURE BRANCHIN THE COMMUNICATIONS SYSTEMS DIVISION

at the

NATO C3 AGENCYTHE HAGUE, THE NETHERLANDS

This NATO scientific and technical establishment expects the incumbent to lead a highlyskilled and motivated team of 12 scientists and engineers, defining the communicationsarchitecture for NATO’s strategic communications. The team produces standards, and“proof of concept” demonstrators for key aspects of the new communications archi-tecture which provides the communications for NATO command and control across thecomplete NATO theatre of operations, including deployed operations capability.

The work includes support for the development of the NATO core network, which is ba-sed on ISDN, and internet technology based data services, the provision of deployablemodular communications for out of area operations, the development of standards andprototype of a strategic tactical communications gateway, and the evaluation of ATM formilitary communications purposes.

Technical support deriving from this work, primarily targeted to assist NATO’s operatio-nal commanders, is provided to standards bodies within NATO and to the procurementelement of the NC3A, and to the nations.

The candidate for this post should have a university degree in a communications rela-ted scientific or engineering discipline, preferably equivalent to a Master’s, and supple-mented by relevant postgraduate qualifications and at least ten years experience. A goodknowledge of modern communications techniques, technologies and standards is requi-red, and the proven ability to lead a team. Good liaison skills with other NATO groups andnations are essential. The NATO official languages are English and French ; excellentknowledge of one is required and some knowledge of the other is desirable. Work in theseposts is conducted in English.

The NATO C3 Agency offers :I A pleasant, challenging, working atmosphere in an international community.I An opportunity to work with highly qualified staff from all NATO nations in

modern facilities, well equipped laboratories and access to the latest state-of-the-art equipment.

I Excellent contacts/collaboration with top national research/development ins-titutes and industry for modern system design, test/evaluation activities.

I Excellent tax-free salary, including (where appropriate) expatriation, house-hold and children’s allowances, and additional privileges for expatriate staff.

I Education allowance for children, where appropriate, and excellent privatehealth insurance scheme.

I Generous annual leave and home leave.I A three-year contract which may be renewed by mutual consent.

Candidates, who must be NATO nationals, are requested to forward their re-sume (quoting Reference A5-CSD-1138) in English or French, to arrive not laterthan 15 August 1997 to :

Personnel OfficerNATO C3 Agency

PO Box 174, 2501 CD The HagueThe Netherlands

TOURISME

RURAL

EUROPEEN

d Pour occuper des fonctionsd’encadrement du Tourisme en milieurural (français et européen).

d Deux options :A) - Animer et développerB) - Développer et commercialiser

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d Journée de sélection : 21 août 1997.

Info dossier : AFRAT 38880 AutransTél. : 03-76-95-35-08 - Fax : 03-76-95-71-42

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LeMonde Job: WMQ0608--0023-0 WAS LMQ0608-23 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 09:59 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0277 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 23REPRODUCTION INTERDITE

L’Agence Française du Sang, établissement public de l’Etat assurant la tutelle du secteur de la transfusion sanguine, recrute son

CHEF DU SERVICE JURIDIQUE ET DES RELATIONS HUMAINES

Juriste spécialisé en droit public et/ou droit de la santé, vous serez chargé de la rédaction de textesrelatifs à la transfusion sanguine et au statut de ses personnels, ainsi que d’une mission de conseilauprès des responsables du secteur.Vous assurerez la veille sociale pour l’ensemble du secteur et serez l’interlocuteur desorganisations syndicales. Vous animerez une équipe de quatre personnes. De brefs déplacementsen province sont à prévoir.

Merci d’adresser votre candidature (CV, lettre et rémunération actuelle) à :Monsieur le Président de l’AFS - 6, rue Alexandre-Cabanel - 75015 Paris

LeMonde Job: WMQ0608--0024-0 WAS LMQ0608-24 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 09:59 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0278 Lcp: 196 CMYK

24 / LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 REPRODUCTION INTERDITE

CONSULTANTS JUNIORS

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LeMonde Job: WMQ0608--0025-0 WAS LMQ0608-25 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 09:59 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0279 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / MERCREDI 6 AOÛT 1997 / 25b

20

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1997

Blueberry « Ombres sur Tombstone »par Giraud

b Résumé. – Suite du récit de Blueberry : laissé pourmort par les Indiens, à la suite de l’attaque de la diligenceoù il se trouvait, le lieutenant se réveille. Attiré par unbruit de tambour, il découvre au fond du canyon des In-diens soumettant le révérend Younger à la torture. Blue-berry décide de lui porter secours en escaladant la paroi.

LeMonde Job: WMQ0608--0026-0 WAS LMQ0608-26 Op.: XX Rev.: 05-08-97 T.: 11:02 S.: 111,06-Cmp.:05,11, Base : LMQPAG 29Fap:99 No:0280 Lcp: 196 CMYK

26

MERCREDI 6 AOÛT 1997

Tirage du Monde daté mardi 5 août 1997 : 467 008 exemplaires 1 - 3

Découverte dans le traitementde la maladie de Parkinson

Une thérapie préventive a été appliquée au ratUNE ÉQUIPE FRANÇAISE réu-

nissant des chercheurs du CNRS etdu groupe pharmaceutique Rhône-Poulenc Rorer annonce dans les Pro-ceedings of the National Academy ofSciences américains avoir établi chezle rat la possibilité d’un traitementpréventif génique de la maladie deParkinson. Ce travail, qui ouvre lavoie à une expérimentation surl’homme, prolonge celui conduit audébut de l’année par une équipeaméricaine de l’université de Ro-chester qui avait réussi à faire s’expri-mer dans le cerveau de rats un gènequi, chez l’homme, dirige la synthèsed’une substance (un facteur neuro-trophique) impliquée dans la survie,la protection et la réparation desneurones (Le Monde du 8 février).

L’équipe française du laboratoirede génétique moléculaire de la neu-rotransmission et des processus neu-rodégénératifs, dirigée par le profes-seur Jacques Mallet, va plus loin.Confirmant, dans un modèle animal,qu’il était possible de prévenir, parthérapie génique, la dégénérescencedes neurones impliqués dans cettemaladie, elle démontre que des ratsayant reçu dans le striatum (zone cé-

rébrale atteinte dans cette affectionneurodégénérative) une injectiond’un virus au patrimoine héréditairemodifié et portant le gène du facteurneurotrophique, apparaissent proté-gés contre les effets d’une injectionultérieure d’une toxine induisantnormalement une mort neuronale.

Les neurones de ces animaux neprésentaient pas de phénomène dedégénérescence et, résultat essentielobtenu pour la première fois, leurscapacités motrices ont été protégées.Les chercheurs français démontrentque cette thérapie génique s’ac-compagne d’une différence decomportement moteur : dans uneenceinte cylindrique, alors que lesrats « parkinsoniens » tournentbeaucoup, les rats ayant reçu le gènehumain ont un comportement prati-quement normal. « La preuve deprincipe d’une thérapie génique de lamaladie de Parkinson est donc ac-quise, indiquent les chercheurs fran-çais. Ces résultats pourraient débou-cher, à terme, sur la possibilité d’untraitement préventif contre la maladiede Parkinson chez l’homme. »

Jean-Yves Nau

La justice helvétique refuse de lever la saisied’un compte bancaire du président gabonais

Jacques Vergès devient l’avocat d’Omar Bongo dans l’affaire ElfLE GOTHA de l’affaire Elf vient

de s’enrichir d’un nouveau person-nage : l’avocat Jacques Vergès,nommé en 1981 par décret avocatde l’Etat gabonais, a récemmentété chargé par le président OmarBongo de réorganiser la défense deses intérêts. Déjà plus qu’agacé parla citation de son nom en marge del’enquête du juge Eva Joly, le chefde l’Etat gabonais a subi, en Suisse,un affront supplémentaire. Le3 juillet, la chambre d’accusationde Genève a rejeté le recours for-mé au nom d’une société des îlesVierges britanniques, Kourtas In-vestment, contre la saisie de soncompte bancaire, ordonnée le21 février précédent – à la de-mande de Mme Joly – par le juged’instruction genevois Paul Perrau-din. Or la propriété de ce compte aété revendiquée par M. Bongo,dans une attestation datée du19 mars et remise au juge français(Le Monde du 2 avril).

L’affaire du compte Kourtas ren-voie aux premiers chapitres dudossier Elf – les aides consentiespar le groupe pétrolier, sous la pré-sidence de Loïk Le Floch-Prigent,au groupe textile de son ami Mau-rice Bidermann. Dans la commis-sion rogatoire internationale trans-mise, le 3 octobre 1996, à soncollègue genevois, Mme Joly évo-quait les « montages compliqués »élaborés à partir d’Elf-Gabon pour« camoufler une partie de l’aide ap-portée à Maurice Bidermann ». Del’entrelacs de mouvements defonds examiné par les enquêteurs,il ressortait qu’en 1993 la sociétéKourtas avait surgi à point nommépour fournir à M. Bidermann quel-que 150 millions de francs, destinésà l’aider à rembourser sa dette àl’égard d’Elf-Gabon (163 millionsde francs au total).

L’intervention providentielle dela société des îles Vierges avait undouble avantage : elle permettaitde secourir M. Bidermann, inca-pable de s’acquitter de la sommedue, en même temps que de réta-blir les comptes d’Elf-Gabon, alorsprésidée par André Tarallo. Maisqui se cachait derrière Kourtas ?« Kourtas a été soit créée, soit utili-

sée par la partie gabonaise pourcette opération », expliquait au jugeAndré Tarallo, le 21 octobre 1996. Ilprécisait alors que la décision desubstituer Kourtas à Elf-Gabonavait été « prise au Gabon, à un ni-veau très élevé ». La saisie, quatremois plus tard, des documentsd’ouverture du compte Kourtas àla Canadian Imperial Bank ofCommerce (CIBC) de Genève –ainsi que des fonds entreposés –devait susciter la réaction du pré-sident Bongo. C’est alors qu’il fitremettre, par l’avocat parisienPierre Benoliel la fameuse attesta-tion. Signé de sa main, le texte af-firmait que le compte Kourtas avaitété ouvert « sur [son] ordre » parson « conseiller spécial », SamuelDossou, puis « alimenté par lesfonds appartenant à la présidence ».

« MANDAT DE GESTION »L’intervention présidentielle

avait alors ébranlé le juge français.Le 27 mars, après avoir reçu la vi-site de Me Benoliel, Mme Joly indi-quait à son collègue genevois, partélécopie, que les opérationsqu’elle sollicitait ne paraissaientplus « pouvoir, au regard du seuldroit français, être poursuivies ».Une heure plus tard, cependant, unautre fax demandait à M. Perrau-din de « surseoir » à cette renoncia-tion, « jusqu’à de plus amplesétudes sur la réalité de l’immunitérevendiquée par M. Bongo ». Enfin,le 2 avril, se fondant sur les piècescommuniquées par l’avocat,Mme Joly estimait, dans une troi-sième télécopie, que le compteKourtas « n’apparaît pas directe-ment en relation avec l’activité duchef de l’Etat gabonais, qui n’est pasdonneur d’ordre sur ce compte et apu ne pas maîtriser complètementson fonctionnement » et que rien nes’opposait donc à la poursuite del’enquête en Suisse.

Considérant qu’il appartient, enl’espèce, à la justice française etnon à la justice helvétique de tran-cher sur la question des protec-tions éventuelles dont pourrait bé-néficier le compte Kourtas, lachambre d’accusation de Genève avalidé l’option retenue par le juge

parisien. Alors que l’avocat suisseagissant pour Kourtas, Me MichelHalperin, avait invoqué, dans sonrecours, « l’immunité et l’inviolabili-té d’un Etat étranger, de son pré-sident, de ses agents diplomatiqueset de leurs biens », susceptibles, se-lon lui, de préserver le compte desinvestigations judiciaires, le pro-cureur général de Genève, BernardBertossa, est allé jusqu’à qualifier,au cours de l’audience du 17 juin, leprésident gabonais de « chef d’uneassociation de malfaiteurs »...

Dans son arrêt du 3 juillet, la ju-ridiction helvétique a estimé, quantà elle, que « Kourtas est une entitéde droit privé, distincte du chef del’Etat gabonais ou de l’Etat du Ga-bon », dès lors que M. Bongo« n’apparaît, dans la documenta-tion saisie, ni comme ayant droitéconomique ni comme titulaire ducompte saisi, ni encore comme bé-néficiaire d’une procuration ». Defait, les documents d’ouverture ducompte, datés du 11 mai 1993,comportent bien la signature deM. Dossou, mais pas celle deM. Bongo. Les registres de labanque établissent, au passage,

que le compte Kourtas n’était pluscréditeur, au début de l’année, quede quelques dizaines de milliers defrancs français, après avoir enregis-tré, sur ses différents sous-comptes, des soldes positifs de15 millions de dollars en 1993, de303 millions de francs suisses en1994 et de 71 millions de francsfrançais en 1995...

Contrôlée par un cabinet d’avo-cats d’affaires suisses, Fonriep etRengli, titulaire d’un « mandat degestion », la société Kourtas futelle-même alimentée, le 12 mai1993, par un « transfert d’ordre d’untiers » sur son compte à la CIBC : àcette date, 81,3 millions de francs –destinés au remboursement desdettes de M. Bidermann – furentcrédités, en provenance d’un« compte 105 », ouvert dans lemême établissement mais dont letitulaire est, pour l’heure, inconnu.Interrogé par Le Monde, mardi4 août, Me Vergès a simplementdéclaré : « Je ne laisserai personnes’abriter derrière l’ombre du pré-sident Bongo. »

Hervé Gattegno

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le mardi 5 aout, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 19514,45 – 0,78 + 0,79Honk Kong index 16355,04 + 0,59 + 21,59

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %05/08 04/08 fin 96

Paris CAC 40 3008,54 + 0,54 + 29,92Londres FT 100 4921,70 + 0,53 + 19,50Zurich 1920,58 .... + 45,36Milan MIB 30 22001 + 0,63 + 40,16Francfort Dax 30 4296,94 – 2,54 + 48,75Bruxelles 14503 + 0,45 + 37,20Suisse SBS 2703,79 .... + 44,29Madrid Ibex 35 6625,85 .... + 28,54Amsterdam CBS 664,70 .... + 52

19514,45

Tokyo. Nikkei sur 3 mois20681,10

20389,43

20097,77

19806,11

19514,45f6 mai 19 juin 5 aoutg

Le conseil de la concurrence infligeune amende à France TélécomLE CONSEIL DE LA CONCURRENCE a infligé une amende de 20 millionsde francs à France Télécom pour entrave à la concurrence et de 10 millionsà sa filiale Transpac pour abus de position dominante, sur plainte de Bri-tish Telecom France. La décision, qui n’a pas encore été officiellement pu-bliée, a été confirmée par l’opérateur national, qui a un mois pour faire ap-pel. British Telecom contestait un rabais à caractère rétroactif accordé en1994 par France Télécom à l’assureur Axa, qui avait pour objet de fermerl’accès de la technologie satellitaire VSAT de British Telecom au marché

DÉPÊCHESa AGF : l’assureur a cédé seize immeubles représentant environ45 000 mètres carrés de bureaux et d’habitation situés à Paris entre l’Etoileet l’Opéra pour un montant de 850 millions de francs. La somme a étépayée cash par l’acquéreur, le groupe Maaf Assurances.a JUSTICE : le ministre de l’intérieur, Jean-Pierre Chevènement, aabrogé l’arrêté d’expulsion pris par son prédecesseur à l’encontre deMéliani Bénama, un Algérien de trente ans en situation irrégulière.Condamné le 9 mai à quatre mois de prison ferme par le tribunal correc-tionnel de Bobigny, ce dernier a été libéré lundi. Sa femme avait observéune grève de la faim pendant cinquante jours pour demander l’abrogationde l’arrêté pris par Jean-Louis Debré.a IMMIGRATION : la Ligue des droits de l’homme a estimé, lundi4 août, que le rapport de Patrick Weil sur la nationalité et l’immigration est« focalisé sur la question des flux migratoires », et « marqué par une concep-tion élitiste de l’entrée en France ». Il ne répond pas, souligne la LDH, à l’ob-jectif de refonte de la politique de l’immigration.a FOOTBALL : le Paris-Saint-Germain a engagé le milieu de terrainbrésilien Edmilson Goncalves Pimenta, qui évoluait au FC Porto. Agé devingt-cinq ans et surnommé « l’Express », Edmilson a été deux fois cham-pion du Portugal avec son ancien club.