CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16403 – 7,50 …...LeMonde,,.. .. ...

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a Panique boursière à Hongkong Victime d’une vague de défiance des investisseurs internationaux, la Bourse de Hongkong a cédé plus de 15 % en trois jours. Les opérateurs craignent une dévaluation de la devise de l’ex- colonie. p. 21 a Bill Clinton contre l’effet de serre Le président des Etats-Unis doit annon- cer, mercredi, des mesures de réduc- tion des émissions de gaz à effet de serre. p. 34 a Les 35 heures dans les banques Les banques veulent dénoncer leur convention collective car celle-ci les empêche, selon elles, de négocier le passage aux 35 heures. p. 19 a Eva Joly et le Crédit lyonnais Ancien directeur général du Crédit lyonnais, François Gille a été mis en examen par le juge Eva Joly dans l’af- faire IBSA, ancienne filiale de la banque. p. 11 a Balade à Eu Près de Dieppe, la ville d’Eu et son châ- teau, résidence du roi Louis-Philippe, savent mettre en avant leurs liens avec les pays nordiques et celtes. p. 27 a Natura 2000 : la colère de Bruxelles La Commission européenne somme la France de désigner les sites devant in- tégrer ce réseau de protection des sites fragiles. Dernier avertissement avant la saisine de la Cour de justice. p. 13 a Renforcer l’AFP Le gouvernement réfléchit à une modi- fication du statut de l’Agence France- Presse pour l’aider à mieux résister à ses rivales étrangères. p. 22 a Les décimales du nombre π Un étudiant français, Fabrice Bellard, est parvenu, grâce à de nouveaux algorithmes, à extraire certaines déci- males inconnues de ce rapport mythique. p. 25 CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16403 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI JEUDI 23 OCTOBRE 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ............. 2 France .......................... 6 Société.......................... 10 Régions ........................ 13 Carnet........................... 14 Horizons ...................... 15 Entreprises ................. 19 Communication ........ 22 Finances/marchés .... 23 Aujourd’hui ................ 25 Jeux ............................... 28 Météorologie............. 28 Culture......................... 29 Abonnements ............ 32 Kiosque........................ 32 Radio-Télévision....... 33 Jacques Séguéla offre à Robert Hue son « cœur à gauche » DEPUIS trois dimanches, dans l’émission hebdomadaire de Canal Plus « Le Vrai Jour- nal », Karl Zéro entretient le suspense. « Alors ? Le nouveau nom du Parti commu- niste ? », demande-t-il à son partenaire journa- liste. Lui, Karl Zéro, qui fréquente le publici- taire Jacques Séguéla, dit être au courant d’un grand secret. « Force démocratique commu- niste ? Parti démocratique communiste ? », questionne son acolyte. « Les deux noms ont été envisagés, mais ce n’est plus cela », tranche Karl Zéro. Depuis, la rumeur enfle, court la classe politique, notamment communiste, soigneu- sement entretenue par un Jacques Séguéla qui se répand sur « son cœur à gauche », se déclare prêt à « aider toute personne qui veut changer vers plus de modernité » et confie à tout-va son rêve de travailler à la nouvelle image, notam- ment patronymique, du Parti communiste français. Le publicitaire affirme avoir été consulté sur le changement de nom du PCF. « Il y a une vo- lonté, de Robert Hue comme des trois ministres communistes au gouvernement, de faire évoluer le nom, mais sans froisser personne, explique-t- il. Le problème est de lever les freins, cet instinct de survie qui dicte aux communistes de ne pas toucher à leurs racines. » Au Parti communiste, on affirme, au contraire, que cette question n’est pas à l’ordre du jour. « Ce n’est pas Ségué- la qui décide si le parti change de nom ou pas », s’agace Pierre Blotin, le numéro deux du PCF. M. Hue connaît bien M. Séguéla : il l’a ren- contré lors de la campagne présidentielle, le cite dans son dernier livre, Il faut qu’on se parle (Stock, 1997). M. Séguéla, conseiller en image de Lionel Jospin pendant la campagne des élections législatives, continue d’accompagner la communication de plusieurs membres du gouvernement, comme Dominique Strauss- Kahn ou, aussi, le communiste Jean-Claude Gayssot, ministre des transports, pour quel- ques conseils sur l’épineux dossier de l’aéro- port de Roissy. De son côté, le secrétaire natio- nal du PCF a confié à Euro RSCG Institutionnel, un département du groupe de M. Séguéla, la communication de la nouvelle formule de L’Humanité Dimanche, qui, le 20 novembre, devrait prendre le nom d’Huma- nité Hebdo. Le publicitaire va sans doute un peu vite en besogne lorsqu’il parle du changement du nom du PCF. Si M. Hue milite, depuis longtemps, pour la création d’une « force communiste », qui permettrait d’accueillir tous les « commu- nistes de cœur », voire les anciens compagnons qui auraient quitté la route tracée dans les an- nées 80, le moment ne semble pas le mieux choisi pour ouvrir le débat. En ces temps trou- blés de participation gouvernementale, cer- tains militants communistes s’offusquent déjà de l’abandon de symboles, comme le drapeau rouge ou la faucille et le marteau. M. Hue a toujours pris ses distances avec le modèle italien : pas question de suivre l’exemple de la majorité du PCI, qui, en 1991, rompant avec le marxisme, a changé de nom pour devenir le Parti démocratique de la gauche. En Italie, aujourd’hui, on parle des « anciens communistes », alors que les diri- geants du PCF veulent, au contraire, imposer l’idée d’un « nouveau communisme » français. Les projets secrets du secrétaire national consisteraient-ils alors à abandonner un jour le mot « parti » pour conserver « ce beau mot de communisme », comme dit M. Hue ? Déjà, sur les affiches de la campagne législative, « PCF » avait disparu. En bas, une simple signature : « Le vote communiste »... Florence Amalou et Ariane Chemin EN ILE-DE-FRANCE a Demandez « aden », le guide culturel POINT DE VUE En voulant Thomson, nous voulions l’Europe par Jean-Luc Lagardère A PRÈS vingt mois d’invraisemblables chassés-croisés pour fixer le sort de la so- ciété Thomson, le nouveau gou- vernement a infirmé la première décision du précédent, il y a un an. Notre victoire, en octobre 1996, a été de courte durée. Je ne souhaite pas au nouveau lauréat d’octobre 1997 qu’il en soit de même pour lui. Je ne souhaite surtout pas que Thomson CSF, brillante société dans le domaine de souveraineté qu’est l’électro- nique de défense, vive encore des mois d’incertitude, ce qui risque- rait de ruiner définitivement la motivation de son personnel. Je ne prends la plume que très rarement, au maximum une fois par an. Ce n’est pas mon exercice préféré. Homme d’action, chef d’entreprise, entrepreneur je suis. Les circonstances, aujourd’hui, pourraient laisser croire que je cède au besoin d’exprimer de la déception, de la rancune et de l’aigreur. En fait, ces sentiments m’ont toujours été étrangers. En revanche, mon esprit d’indépen- dance, ma religion de la franchise, l’attachement charnel que j’ai pour mon groupe, ceux qui le font vivre et prospérer, le respect que je porte aux actionnaires de tous les pays qui nous font confiance m’obligent à m’expliquer. Plus que cela peut-être, les conséquences de la décision qui vient d’être prise seront considé- rables dans un domaine que je connais bien : la défense, la haute technologie en France. On ne peut pas me refuser ma longue expérience : depuis quarante-cinq ans, je n’ai jamais cessé de travail- ler pour la défense, d’ingénieur débutant au bureau d’études, jus- qu’à la responsabilité de chef d’entreprise qui, en trente-cinq ans, a bâti un groupe devenu lea- der européen dans ses domaines d’excellence. Lire la suite page 16 Jean-Luc Lagardère est gérant commandité de Lagardère. Votre épargne, vos placements a DANS un supplément de douze pages, Le Monde dé- taille la nouvelle offre en matière de produits de placement au mo- ment où le raidissement de la fis- calité de l’épargne oblige les Fran- çais à faire preuve de plus de discernement. La Bourse, pour ses performances exceptionnelles de- puis deux ans, et l’assurance-vie, qui continue à disposer d’avan- tages fiscaux réels malgré les dis- positions du projet de la loi de fi- nances 1998, conservent la faveur des spécialistes. Si les prix de l’im- mobilier de logement continuent à se tasser, le marché commence à repartir et les délais de vente se raccourcissent. Enfin, même le marché de l’art sort d’une période de purgatoire et retrouve depuis le printemps un certain dynamisme. Lire notre cahier central Le procès Papon a Lionel Jospin : le procès d’un homme n’est pas celui d’une époque a Un ancien proche du général de Gaulle assure, à la barre, que M. Papon a rendu de « grands services » à la Résistance a Serge Klarsfeld démonte les thèses qui minimisent le rôle de l’accusé Lire pages 6, 12 et 16 Analyse et éditorial page 18 Tout nus SIX CHÔMEURS de Sheffield ne trouvent qu’une issue à leur triste condition : le strip tease. Entre film social à la Ken Loach et humour déjanté des Monty Py- thon, Peter Cattaneo signe avec The Full Monty un film hilarant, déjà « culte » outre-Manche. A noter aussi cette semaine le re- tour des dinosaures de Steven Spielberg dans Le Monde perdu, et les débuts réussis, derrière la caméra, de Michel Piccoli réalisa- teur, avec Alors voilà,. Lire pages 29 à 31 PETER CATTANEO L’ALGÉRIE, où des élections municipales ont lieu, jeudi 23 octo- bre, donne de nets signes de re- dressement économique malgré la poursuite de la guerre civile. Dans un entretien au Monde, le ministre des finances, Abdelkrim Har- chaoui, explique que son pays ne signera pas de nouvel accord avec le FMI. Le commerce extérieur af- fiche un excédent important, et la croissance du produit intérieur brut devrait être de l’ordre de 5 % en 1998. Le Nouvel Observateur ré- vèle dans son édition à paraître, jeudi, que les autorités algériennes avaient octroyé à la France, jus- qu’en 1978, une base secrète dans le nord du Sahara où étaient tes- tées des armes chimiques. Enfin, notre envoyé spécial à Marseille a recueilli les témoignages d’Algé- riens au retour de leur pays. Ils ra- content les horreurs qu’ils ont vé- cues et expriment leurs doutes sur l’identité des auteurs de ces tueries. Lire pages 2 et 15 Ombres et lumières de la tragédie algérienne b La France disposait, jusqu’en 1978, d’une base d’expérimentation d’armes chimiques au Sahara b Malgré la guerre civile, la croissance algérienne devrait atteindre 5 % en 1998 b Des témoins expriment l’horreur des massacres et leurs doutes sur l’identité des auteurs

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16403 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIJEUDI 23 OCTOBRE 1997

Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 15 KRD ;Espagne, 225 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,450 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

EN ILE-DE-FRANCE

a Demandez« aden »,le guide culturel

Le procèsPapon

L’ALGÉRIE, où des élections

Ombres et lumières de la tragédie algérienneb La France disposait, jusqu’en 1978, d’une base d’expérimentation d’armes chimiques au Sahara

b Malgré la guerre civile, la croissance algérienne devrait atteindre 5 % en 1998b Des témoins expriment l’horreur des massacres et leurs doutes sur l’identité des auteurs

municipales ont lieu, jeudi 23 octo-bre, donne de nets signes de re-dressement économique malgré lapoursuite de la guerre civile. Dansun entretien au Monde, le ministredes finances, Abdelkrim Har-chaoui, explique que son pays nesignera pas de nouvel accord avecle FMI. Le commerce extérieur af-fiche un excédent important, et lacroissance du produit intérieurbrut devrait être de l’ordre de 5 %en 1998. Le Nouvel Observateur ré-vèle dans son édition à paraître,jeudi, que les autorités algériennesavaient octroyé à la France, jus-qu’en 1978, une base secrète dansle nord du Sahara où étaient tes-tées des armes chimiques. Enfin,notre envoyé spécial à Marseille arecueilli les témoignages d’Algé-riens au retour de leur pays. Ils ra-content les horreurs qu’ils ont vé-cues et expriment leurs doutes surl’identité des auteurs de ces tueries.

Lire pages 2 et 15

Jacques Séguéla offre à Robert Hue son « cœur à gauche »DEPUIS trois dimanches, dans l’émission toucher à leurs racines. » Au Parti communiste, qui permettrait d’accueillir tous les « commu-

POINT DE VUE

En voulant Thomson,nous voulions l’Europepar Jean-Luc Lagardère

PRÈS vingt mois revanche, mon esprit d’indépen-

Jean-Luc Lagardère estgérant commandité de Lagardère.

a Lionel Jospin : le procès d’un hommen’est pas celuid’une époquea Un ancien prochedu général de Gaulleassure, à la barre,que M. Papon a rendu de « grands services »à la Résistance

a Serge Klarsfelddémonte les thèsesqui minimisentle rôle de l’accusé

Lire pages 6, 12 et 16Analyse et éditorial page 18

Votre épargne,vos placements

DANS un supplément de

hebdomadaire de Canal Plus « Le Vrai Jour-nal », Karl Zéro entretient le suspense.« Alors ? Le nouveau nom du Parti commu-niste ? », demande-t-il à son partenaire journa-liste. Lui, Karl Zéro, qui fréquente le publici-taire Jacques Séguéla, dit être au courant d’ungrand secret. « Force démocratique commu-niste ? Parti démocratique communiste ? »,questionne son acolyte. « Les deux noms ont étéenvisagés, mais ce n’est plus cela », tranche KarlZéro. Depuis, la rumeur enfle, court la classepolitique, notamment communiste, soigneu-sement entretenue par un Jacques Séguéla quise répand sur « son cœur à gauche », se déclareprêt à « aider toute personne qui veut changervers plus de modernité » et confie à tout-va sonrêve de travailler à la nouvelle image, notam-ment patronymique, du Parti communistefrançais.

Le publicitaire affirme avoir été consulté surle changement de nom du PCF. « Il y a une vo-lonté, de Robert Hue comme des trois ministrescommunistes au gouvernement, de faire évoluerle nom, mais sans froisser personne, explique-t-il. Le problème est de lever les freins, cet instinctde survie qui dicte aux communistes de ne pas

on affirme, au contraire, que cette questionn’est pas à l’ordre du jour. « Ce n’est pas Ségué-la qui décide si le parti change de nom ou pas »,s’agace Pierre Blotin, le numéro deux du PCF.

M. Hue connaît bien M. Séguéla : il l’a ren-contré lors de la campagne présidentielle, lecite dans son dernier livre, Il faut qu’on se parle(Stock, 1997). M. Séguéla, conseiller en imagede Lionel Jospin pendant la campagne desélections législatives, continue d’accompagnerla communication de plusieurs membres dugouvernement, comme Dominique Strauss-Kahn ou, aussi, le communiste Jean-ClaudeGayssot, ministre des transports, pour quel-ques conseils sur l’épineux dossier de l’aéro-port de Roissy. De son côté, le secrétaire natio-nal du PCF a confié à Euro RSCGInstitutionnel, un département du groupe deM. Séguéla, la communication de la nouvelleformule de L’Humanité Dimanche, qui, le20 novembre, devrait prendre le nom d’Huma-nité Hebdo.

Le publicitaire va sans doute un peu vite enbesogne lorsqu’il parle du changement du nomdu PCF. Si M. Hue milite, depuis longtemps,pour la création d’une « force communiste »,

nistes de cœur », voire les anciens compagnonsqui auraient quitté la route tracée dans les an-nées 80, le moment ne semble pas le mieuxchoisi pour ouvrir le débat. En ces temps trou-blés de participation gouvernementale, cer-tains militants communistes s’offusquent déjàde l’abandon de symboles, comme le drapeaurouge ou la faucille et le marteau.

M. Hue a toujours pris ses distances avec lemodèle italien : pas question de suivrel’exemple de la majorité du PCI, qui, en 1991,rompant avec le marxisme, a changé de nompour devenir le Parti démocratique de lagauche. En Italie, aujourd’hui, on parle des« anciens communistes », alors que les diri-geants du PCF veulent, au contraire, imposerl’idée d’un « nouveau communisme » français.Les projets secrets du secrétaire nationalconsisteraient-ils alors à abandonner un jour lemot « parti » pour conserver « ce beau mot decommunisme », comme dit M. Hue ? Déjà, surles affiches de la campagne législative, « PCF »avait disparu. En bas, une simple signature :« Le vote communiste »...

Florence Amalou et Ariane Chemin

a douze pages, Le Monde dé-taille la nouvelle offre en matièrede produits de placement au mo-ment où le raidissement de la fis-calité de l’épargne oblige les Fran-çais à faire preuve de plus dediscernement. La Bourse, pour sesperformances exceptionnelles de-puis deux ans, et l’assurance-vie,qui continue à disposer d’avan-tages fiscaux réels malgré les dis-positions du projet de la loi de fi-nances 1998, conservent la faveurdes spécialistes. Si les prix de l’im-mobilier de logement continuent àse tasser, le marché commence àrepartir et les délais de vente seraccourcissent. Enfin, même lemarché de l’art sort d’une périodede purgatoire et retrouve depuis leprintemps un certain dynamisme.

Lire notre cahier central

Tout nus

SIX CHÔMEURS de Sheffield

PETER CATTANEO

ne trouvent qu’une issue à leurtriste condition : le strip tease.Entre film social à la Ken Loach ethumour déjanté des Monty Py-thon, Peter Cattaneo signe avecThe Full Monty un film hilarant,déjà « culte » outre-Manche. Anoter aussi cette semaine le re-tour des dinosaures de StevenSpielberg dans Le Monde perdu,et les débuts réussis, derrière lacaméra, de Michel Piccoli réalisa-teur, avec Alors voilà,.

Lire pages 29 à 31

International ............. 2France .......................... 6Société.......................... 10Régions ........................ 13Carnet........................... 14Horizons ...................... 15Entreprises ................. 19Communication ........ 22

Finances/marchés .... 23Aujourd’hui ................ 25Jeux ............................... 28Météorologie............. 28Culture......................... 29Abonnements ............ 32Kiosque........................ 32Radio-Télévision....... 33

A d’invraisemblableschassés-croisés pourfixer le sort de la so-

ciété Thomson, le nouveau gou-vernement a infirmé la premièredécision du précédent, il y a unan. Notre victoire, en octobre1996, a été de courte durée. Je nesouhaite pas au nouveau lauréatd’octobre 1997 qu’il en soit demême pour lui. Je ne souhaitesurtout pas que Thomson CSF,brillante société dans le domainede souveraineté qu’est l’électro-nique de défense, vive encore desmois d’incertitude, ce qui risque-rait de ruiner définitivement lamotivation de son personnel.

Je ne prends la plume que trèsrarement, au maximum une foispar an. Ce n’est pas mon exercicepréféré. Homme d’action, chefd’entreprise, entrepreneur je suis.

Les circonstances, aujourd’hui,pourraient laisser croire que jecède au besoin d’exprimer de ladéception, de la rancune et del’aigreur. En fait, ces sentimentsm’ont toujours été étrangers. En

dance, ma religion de la franchise,l’attachement charnel que j’aipour mon groupe, ceux qui le fontvivre et prospérer, le respect queje porte aux actionnaires de tousles pays qui nous font confiancem’obligent à m’expliquer.

Plus que cela peut-être, lesconséquences de la décision quivient d’être prise seront considé-rables dans un domaine que jeconnais bien : la défense, la hautetechnologie en France. On nepeut pas me refuser ma longueexpérience : depuis quarante-cinqans, je n’ai jamais cessé de travail-ler pour la défense, d’ingénieurdébutant au bureau d’études, jus-qu’à la responsabilité de chefd’entreprise qui, en trente-cinqans, a bâti un groupe devenu lea-der européen dans ses domainesd’excellence.

Lire la suite page 16

a Panique boursièreà HongkongVictime d’une vague de défiance desinvestisseurs internationaux, la Boursede Hongkong a cédé plus de 15 % entrois jours. Les opérateurs craignentune dévaluation de la devise de l’ex-colonie. p. 21

a Bill Clintoncontre l’effet de serreLe président des Etats-Unis doit annon-cer, mercredi, des mesures de réduc-tion des émissions de gaz à effet deserre. p. 34

a Les 35 heuresdans les banquesLes banques veulent dénoncer leurconvention collective car celle-ci lesempêche, selon elles, de négocier lepassage aux 35 heures. p. 19

a Eva Jolyet le Crédit lyonnaisAncien directeur général du Créditlyonnais, François Gille a été mis enexamen par le juge Eva Joly dans l’af-faire IBSA, ancienne filiale de labanque. p. 11

a Balade à Eu

Près de Dieppe, la ville d’Eu et son châ-teau, résidence du roi Louis-Philippe,savent mettre en avant leurs liens avecles pays nordiques et celtes. p. 27

a Natura 2000 :la colère de BruxellesLa Commission européenne somme laFrance de désigner les sites devant in-tégrer ce réseau de protection des sitesfragiles. Dernier avertissement avant lasaisine de la Cour de justice. p. 13

a Renforcerl’AFPLe gouvernement réfléchit à une modi-fication du statut de l’Agence France-Presse pour l’aider à mieux résister àses rivales étrangères. p. 22

a Les décimalesdu nombre πUn étudiant français, Fabrice Bellard,est parvenu, grâce à de nouveauxalgorithmes, à extraire certaines déci-males inconnues de ce rapportmythique. p. 25

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

ALGERde notre envoyé spécial

« L’Algérie ne signera pas de nou-vel accord avec le Fonds monétaireinternational [FMI]. » Dans un en-tretien accordé au Monde, mardi21 octobre, le ministre algérien desfinances, Abdelkrim Harchaoui, a,pour la première fois, confirmé queson pays allait s’affranchir de la tu-telle du Fonds au printemps 1998, àl’expiration des accords qui lientl’Algérie à l’institution financière in-ternationale. Pour justifier cette dé-cision à double tranchant – le paysrecouvre sa souveraineté mais seprive de facilités financières –, leministre met en avant la « bonnesanté » de l’Algérie. « Nous n’avonsplus besoin de soutien pour rembour-ser notre dette extérieure. Les grandséquilibres économiques sont rétabliset les recettes tirées de l’exportationdes hydrocarbures vont augmenterles prochaines années », affirme-t-ilavant de préciser cependant quel’Algérie continuera à suivre unepolitique économique et financièrede nature libérale inspirée par leFMI. « L’Algérie, dit-il, restera dansl’axe. »

Nommé à la tête du ministère

des finances en septembre 1996,après avoir occupé celui ducommerce, M. Harchaoui, qua-rante-sept ans, brosse de l’écono-mie algérienne un tableau très posi-tif. Le tassement des importationsconjugué à la hausse des exporta-tions de gaz et de pétrole, qui four-nissent la quasi-totalité des recettesextérieures, ont permis de dégagerun excédent confortable de la ba-lance commerciale (4,6 milliards dedollars – 27,6 milliards de francs – àfin septembre, soit davantage quepour toute l’année 1996). La ba-lance des paiements est égalementpositive et les réserves de changen’ont jamais été aussi élevées detoute l’histoire du pays. « Nous ensommes à 7,5 milliards de dollars,soit plus de neuf mois d’importations.Nous terminerons l’année avec pro-bablement 1 milliard supplémen-taire », souligne M. Harchaoui.

CHÔMAGE ÉLEVÉPour justifier le maintien d’un tel

niveau de devises, alors que le chô-mage – massif – des jeunes devraitinciter le gouvernement à relancerla production industrielle (hors hy-drocarbures, elle commence tout

juste à se stabiliser après une di-zaine d’années de chute), le mi-nistre avance une raison : la volon-té algérienne d’être bien notée parla communauté financière interna-tionale. « Notre dette extérieure at-

teint 32 milliards de dollars. Nos ré-serves sont là pour prouver quel’Algérie reste une bonne signature,un pays auquel on peut continuer àprêter de l’argent. Nos créanciers ontl’assurance d’être remboursés. » Une

seconde raison milite en faveur deréserves de changes élevées : as-seoir la convertibilité du dinar, lamonnaie nationale, promise par legouvernement.

M. Harchoui prévoit pour 1998une croissance du produit intérieurbrut (PIB) de 5 %, chiffre qui, selonlui, aurait été atteint cette année siles résultats de l’agriculturen’avaient pas été affectés par la sé-cheresse. Pour s’en affranchir, legouvernement a choisi de donnerla priorité au secteur hydrauliquedans le prochain budget, lequel se-ra excédentaire comme les deuxprécédents. Le logement (construc-tion de 60 000 logements sociaux)et l’enseignement supérieur seront,selon M. Harchaoui, les deux autresprincipaux bénéficiaires de ce bud-get.

Même libérée de la tutelle duFMI, l’Algérie entend mener à bienun programme de privatisations,dont le retard n’est pas sans inquié-ter le Fonds. « Près de 250 unités in-dustrielles vont être cédées au privé,dont certaines de grande taille. Au-paravant, les effectifs auront été ré-duits et les finances de ces établisse-ments assainies. Nous mettrons sur le

marché des entreprises viables, pasdes canards boiteux », assure le mi-nistre. Une demi-douzaine d’entreelles seront cotées à la Bourse d’Al-ger, dont la réouverture, avec l’as-sistance des Canadiens, est prévueavant la fin de l’année. Elle sera im-plantée dans les locaux occupés parla Bourse d’Alger avant l’indépen-dance.

A l’égard de la France, qu’aucunaccord financier ne lie plus à sonpays, M. Harchaoui, élu député duRassemblement national démocra-tique (RND), « le parti du pré-sident » aux législatives de juin, neménage pas ses critiques. La primede risque réclamée par la Coface,l’organisme d’assurance-crédit,pour le commerce franco-algérienest, juge-t-il, « excessive » : « Ellerenchérit les produits français de fa-çon injustifiée et amène nos opéra-teurs à se tourner vers d’autres four-nisseurs. » Le contentieux ad’autant moins de chance d’être ré-glé qu’aucune rencontre bilatérale,au grand regret de M. Harchaoui,n’est prévue avec son homologuefrançais, Dominique Strauss-Kahn.

Jean-Pierre Tuquoi

La France disposait jusqu’en 1978 d’une base chimique secrète dans le SaharaDEVENUE indépendante en

1962, l’Algérie a continué de concé-der à la France jusqu’en 1978 l’utili-sation d’une base secrète, dans lenord du Sahara, qui, depuis 1935,lui permettait d’expérimenter dessubstances chimiques à des fins mi-litaires. C’est ce que révèle l’hebdo-madaire Le Nouvel Observateur,dans son numéro à paraître jeudi23 octobre. Pierre Messmer, mi-nistre des armées du général deGaulle entre 1960 et 1969, a confir-mé l’existence d’accords secrets, en1962, 1967 et en 1972, entre l’Algérieet la France sur le maintien de cesite baptisé « B2-Namous ».

Cette installation, près de labourgade de Ben-Wenif, sur un pla-teau calcaire dans le nord du Saha-ra algérien, avait fait l’objet d’uneannexe secrète aux accords d’Evian,en mars 1962, qui mirent fin à laguerre et qui ont permis à l’Algériede proclamer son indépendance enjuillet. Ces accords d’Evian stipu-laient que les Français garderaientofficiellement jusqu’en 1967 leursquatre sites d’essais nucléaires et

spatiaux dans le centre du Sahara(à Reggane, In Ecker, Colomb-Bé-chard et à Hammaguir). En plus dulancement de fusées, qui ont été lesprécurseurs des missiles de sa forcede dissuasion, la France a pu y pro-céder, entre février 1960 et février1966, à dix-sept essais nucléaires,aériens et souterrains, jusqu’à sondéménagement sur deux atolls duPacifique.

Sur cette base B2-Namous, ou-verte en 1935 près de la bourgadede Ben-Wenif, à une centaine de ki-lomètres de la frontière marocaine,les militaires français testèrent dessubstances chimiques (gaz mou-tarde et phosgène). Ce qui n’étaitpas en violation de la loi internatio-nale.

A l’époque, la France était lapuissance dépositaire – et signa-taire – des instruments de ratifica-tion de la Convention internatio-nale de Genève en 1925, quiprohibait l’emploi des armeschimiques et biologiques mais quiréservait aux Etats adhérents lapossibilité d’en user pour riposter à

une agression. Il faudra attendre1972 pour qu’une nouvelle conven-tion internationale interdise de fa-briquer et de stocker des armes bio-logiques ou à toxines. Mais laFrance ne l’a ratifiée qu’en 1984.D’autre part, c’est en 1993 que laFrance, qui a participé quatre an-nées durant à sa préparation, aadhéré à la convention signée à Pa-ris et interdisant de mettre aupoint, de fabriquer, d’acquérir, destocker et de transférer des arme-ments chimiques. Ce nouveau trai-té est entré en application en avril1997. La France l’avait ratifié offi-ciellement le 2 mars 1995.

CLAUSE DES ACCORDS D’ÉVIANAu Sahara, après la seconde

guerre mondiale, les expériencesreprirent au début des années 50 àB2-Namous. Les accords d’Evianautorisèrent la France, dans uneclause secrète qui sera négociée parLouis Joxe et Krim Belkacem et quisera renouvelée à deux reprises, àmaintenir cette base ouverte. Elu àla présidence de l’Algérie en 1963,

Ben Bella ne s’y opposera pas. Si lessites d’essais nucléaires et spatiauxdu Sahara ferment conformémentaux accords d’Evian, le général deGaulle – qui était, selon Le NouvelObservateur, partisan de ces re-cherches sur la guerre chimique –obtient en 1967 un nouvel accordsecret du président Boumediène,arrivé au pouvoir à la suite d’uncoup d’Etat militaire. Il accepte deprolonger de cinq ans l’activité deB2-Namous en échange de l’aban-don, à prix minimum, des équipe-ments militaires classiques que laFrance entreposait à Reggane. L’ac-cord prévoit que des centaines demilitaires français, qui travaillerontdésormais sur ce site secret de2 500 km2, le feront sous une « cou-verture » civile, une filiale deThomson, la Sodeteg, étant officiel-lement leur employeur.

En 1972, les militaires françaissouhaitent continuer leurs essais desubstances chimiques à l’air libre etde matériels de protection. Un nou-vel accord secret est signé avec l’Al-gérie, dont le président est toujours

Houari Boumediène. B2-Namoussera définitivement fermé en 1978et le site rendu, après son net-toyage, par les armées françaises.M. Messmer, qui a accepté d’évo-quer cette base secrète, a affirméau Nouvel Observateur : « Il y a untemps où les secrets n’ont plus lieud’être. Nous sommes maintenantdans une période totalement diffé-rente des années de la guerre froide.Le chimique et le bactériologiquesont des activités mortes, et il est tou-jours possible de parler des morts. »

Si elle a caché l’existence du siteB2-Namous avec la complicité del’Algérie, la France n’a jamais dissi-mulé qu’elle était impliquée dansdes études sur les substanceschimiques pour sa défense. La loide programmation militaire 1987-1991 en témoigne, qui distingue lessubstances toxiques des armeschimiques. Car si la plupart desproduits chimiques sont toxiques,cette propriété ne suffit cependantpas à en faire des agents de guerreopérationnels. La programmation aétabli que « la France se contentera

de se donner la capacité d’en pro-duire » pour « ne pas laisser croire,en cas d’agression par des armeschimiques, qu’elle n’aurait que lapossibilité de recourir à une ripostenucléaire » et pour éviter, de lasorte, que « ses forces ne soient pa-ralysées par cet agresseur ».

Ces recherches, longtemps me-nées par des organismes militaireset dans des laboratoires civils sousle contrôle de l’ex-direction desétudes, recherches et techniques(DRET) de la délégation généralepour l’armement (DGA), ont portésur les agents chimiques de guerre,la détection, la protection, la dé-contamination, la prophylaxie etsur la thérapeutique. A la conclu-sion de la convention de 1993, quidonne un délai de dix ans pour ladestruction des stocks, la Franceétait supposée détenir 2 000 tonnesde produits chimiques, contre31 000 tonnes pour les Etat-Unis etde 40 000 à 200 000, selon lessources, pour la Russie.

Jacques Isnard

Hausses régulières des productions d’hydrocarburesDIXIÈME DÉCOUVERTE pour Anadarko depuis

1993, forage concluant pour Arco dans le bassin deGhadamès, nouveaux puits d’exploration pour PetroCanada sur le permis de Tinrhert. Ces trois annoncesdurant l’été confirment l’attrait des gisements d’hydro-carbures en Algérie. Ce pays, qui tire 95 % de ses reve-nus des exportations d’hydrocarbures (12,5 milliardsde dollars cette année), se classe au seizième rangmondial pour le pétrole et à la septième place pour legaz.

La relance de l’exploration d’hydrocarbures remonteau début des années 90 et s’est accélérée depuis troisans. Les prévisions de production de brut sont depuisrégulièrement revues à la hausse et seront au mini-mum de 1,1 million de barils jour en l’an 2 000. Au dé-part, l’objectif était d’augmenter en dix ans la produc-tion de pétrole en la portant de 750 000 barils/jours à1 million au début du troisième millénaire et de dou-bler sur la même période les exportations de gaz de 30à 60 milliards de mètres cubes. Pour cela, face à l’am-pleur des investissements estimés à 20 milliards de dol-lars, et devant l’impossibilité pour la compagnie natio-nale Sonatrach de mener seule ce développement, legouvernement décidait d’ouvrir le domaine minier auxcompagnies pétrolières étrangères. Une loi a été votéeen novembre 1991, qui a mis fin à vingt ans de politiqueultranationaliste.

L’ouverture s’opère cependant de manière progres-sive. L’Italien Agip, présent depuis 1980 dans le pays, aété la première entreprise étrangère à signer un accordde production avec la Sonatrach. Les contrats se sontmultipliés depuis, concernant principalement desgroupes américains (Anadarko, Arco, Mobil, Phillips,Louisiana Land & Exploration), canadien (Petro Cana-da), argentin (Pluspetrol), brésilien (Petronas), austra-lien (BHP), britannique (BP), espagnols (Cepsa, Rep-sol), allemand (via le consortium Konsalp) et coréens(Pedco, Daewoo, Samsung).

Côté français, Elf, qui avait décidé de ne plus réin-vestir en Algérie depuis la nationalisation, est présent

indirectement via l’espagnol Cepsa dont il détient 43 %du capital. En revanche, Total, qui a toujours gardéune présence dans ce pays, s’est vu confier le déve-loppement d’El Hamra pour la production de conden-sats et de gaz de pétrole liquéfié (GPL).

A L’HORIZON 2000Au fil des découvertes, et en fonction du gisement

prometteur de Ghadamès, situé dans le sud à proximi-té des frontières tunisienne et libyenne, les estimationsde production sont réévaluées. Au début de l’année,l’hebdomadaire Pétrostratégies a publié un tableaumontrant la montée en puissance des compagniesétrangères. La physionomie de la production opéréede liquide était dominée en 1995 par Sonatrach(720 000 barils jours) avec, pour autres acteurs, Agip etArco à 25 000 barils chacun. Elle sera totalement modi-fiée à l’horizon 2 000 : sur le 1,56 million de barils/jour,la part de la compagnie nationale algérienne tomberaà 650 000 barils, tandis que celle de l’italien Agip mon-tera à 210 000. Parmi les nouveaux opérateurs, les amé-ricains représenteront près du tiers de la productionopérée principalement par Anadarko (300 000 barils/jour) et Arco (125 000). L’espagnol Cepsa produira125 000 barils/jour.

L’ouverture du gaz aux compagnies étrangères estplus récente et remonte à décembre 1995 au lende-main de l’élection présidentielle. Elle s’est traduite parun accord spectaculaire qui autorise British Petroleumà explorer un champ situé à In Salah à 1 200 kilomètresau sud d’Alger et qui pourrait produire, dans dix ans,10 milliards de mètres cubes de gaz par an, accroissantla production de 30 %. Les américains Arco et Exxonsont également intéressés par la prospection gazièretout comme Total. Le français est opérateur du champde TFT (Tin Fouye Tabankort), proche de la frontièrelybienne en association avec Repsol. La production at-tendue est de 6,5 milliards de mètres cubes par an.

Dominique Gallois

Un important partenaire pétrolier pour les Etats-UnisWASHINGTON

de notre correspondantSi l’administration Clinton ne

souhaite pas s’impliquer directe-ment dans la crise algérienne, elleentend cependant favoriser le dé-veloppement des intérêts de l’in-dustrie américaine dans un paysdont les Etats-Unis sont, après laFrance, le deuxième partenairecommercial. Cet objectif est favori-sé par la position relativementéquilibrée adoptée par Washingtonà l’égard de la mouvance islamisteet du gouvernement de LiamineZeroual, en particulier depuisl’élection de celui-ci à la présidencede la République, en novembre1995.

Quatre mois plus tard, RobertPellereau, alors sous-secrétairepour les affaires du Proche-Orient,se rendait à Alger. A son retour, ilbrossait devant les sénateurs un ta-bleau prudemment optimiste de lasituation, notant que si la poursuitede la violence décourage en géné-ral l’investissement privé, le secteurdes hydrocarbures échappe à larègle. Les compagnies pétrolièresaméricaines sont en effet très pré-sentes en Algérie, où elles accen-tuent leurs investissements, grâce àdes financements d’origine améri-caine et avec le soutien du gouver-nement Zeroual.

Les Américains reconnaissentque les liens historiques entre laFrance et l’Algérie donnent à Paris,sinon une préséance, du moins un

avantage sur Washington, mais ilssoulignent qu’ils ont à certainségards les coudées plus franches,en raison du caractère dépassionnéde leurs relations avec les diffé-rents acteurs de la crise algérienne.Il en va de même en Allemagne, oùdeux délégations d’industrielsconduites par le ministre déléguéaux affaires étrangères, WernerHoyer, se sont rendues en Algérieau cours des deux dernières an-nées. Les Britanniques font uneanalyse similaire de la situation. Envertu d’un contrat signé à la fin de1995, la British Petroleum prévoitd’investir 3,5 milliards de dollarssur trente ans dans la prospectiongazière et la construction d’un ga-zoduc.

STRATÉGIE PLUS LARGEEn dehors du secteur pétrolier et

gazier, les projets concrets d’inves-tissement sont rares. On en reste,le plus souvent, à des déclarationsd’intention, au premier rang des-quelles le projet d’investissementdu constructeur automobile sud-coréen Daewoo, annoncé en août(plusieurs milliards de dollars d’in-vestissements, avec à terme laconstruction d’une chaîne de fabri-cation).

Au total, ce sont les Etats-Unisqui paraissent le plus disposés àprofiter des opportunités futuresdu marché algérien. En août 1996,Washington a décidé de garantir ànouveau les crédits à l’exportation

pour des projets en Algérie. Enmars de la même année, un accordavait été signé pour le rééchelon-nement de la dette algérienne d’unpeu plus de 1 milliard de dollarsavec Washington.

La présence des Etats-Unis seconcentre donc dans le secteur pé-trolier, lequel est fortement dépen-dant de la technologie américaine.Les compagnies pétrolières inves-tissent dans des activités d’exploi-tation et de production (souventpar un joint-venture avec lacompagnie nationale Sonatrach),mais, comme ailleurs en Afrique,elles ne participent pas à laconstruction de raffineries.

Ces dernières années, les compa-gnies américaines ont effectuéd’importants investissements, enparticulier Arco (1,5 milliard de dol-lars en 1996), Anadarko Petroleum,Bechtel (pour la construction dugazoduc Maghreb-Europe), Loui-siana Land & Exploration, ainsiqu’Exxon. Ce dynamisme industrielest d’autant plus encouragé parl’administration, qu’il s’intègredans une stratégie plus large, celled’une diplomatie américaine dunégoce qui fait désormais del’Afrique une « cible » parmid’autres. Ce n’est pas un hasard siles compagnies américaines sontresponsables de plus de la moitiédes découvertes pétrolifères réali-sées sur le continent africain.

Laurent Zecchini

MAGHREB En dépit de la gravecrise politique intérieure, l’Algérieaffiche une belle santé économique,selon le ministre des finances, Ab-delkrim Harchaoui. Le pays va s’af-

franchir, au printemps 1998, de la tu-telle du Fonds monétaireinternational (FMI). Il table sur unecroissance annuelle du produit inté-rieur brut de 5 %. b LES VENTES

d’hydrocarbures représentent envi-ron 95 % des revenus des exporta-tions de l’Algérie, qui se classe ac-tuellement au seizième rangmondial pour le pétrole et à la sep-

tième place pour le gaz naturel.b DEUXIÈME PARTENAIRE commer-cial de l’Algérie après la France, lesEtats-Unis entendent favoriser les in-térêts de leurs industries dans le

pays. Les compagnies américaines,notamment la société Arco, y ont ef-fectué d’importants investissementsces dernières années et presque ex-clusivement dans le secteur pétrolier.

L’économie algérienne sur la voie du redressementLe ministre des finances, Abdelkrim Harchaoui, annonce que son pays ne conclura pas de nouveaux accords avec le Fonds monétaire international.

La balance des paiements est positive et les privatisations vont être poursuivies. La croissance du revenu national devrait atteindre 5 % en 1998

ESPAGNE

ÉTATS

-UNIS

ITALIE

ALLEM

AGNE

CANADA

ÉTATS

-UNIS

FRANCE

ESPAGNE

PAYS-B

AS

BRÉSIL

en pourcentage en pourcentage

Même si la France, l'Italie et l'Espagne demeurent des partenaires commerciaux privilégiés pour l'Algérie, la part croissante des Etats-Unis dans les échanges du pays témoigne de l'intérêt des Américains pour les opportunités futures de ce marché encore à risques.

LES 6 PREMIERS FOURNISSEURS LES 6 PREMIERS CLIENTS

La géographie des échanges

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 3

Le plan de relance des libéraux-démocratessuscite le scepticisme au Japon

Les perspectives de croissance restent médiocresLe Parti libéral démocrate au pouvoir à Tokyo arendu public mardi 21 octobre un plan de relancedestiné à redynamiser une économie atone. Le

train de mesures n’a toutefois guère convaincules milieux économiques comme en témoigne letassement de la Bourse de Tokyo. Le principal

défi qui attend maintenant le gouvernementreste un contentieux commercial toujours aiguavec les Etats-Unis.

TOKYOde notre correspondant

Le Parti libéral démocrate, prin-cipale force de la coalition tripar-tite au pouvoir, a rendu public,mardi 21 octobre, un plan de sou-tien de l’activité économique alorsque les perspectives de croissancerestent médiocres. La reprise quel’on donnait pour acquise en 1996,a brutalement calé, suite à lahausse de la TVA en avril. Alorsque le gouvernement tablait surune progression de 1,9 % du PIBpour l’année fiscale 1997, celle-ci aété revue à la baisse par les princi-paux instituts de recherche, quiprévoient une croissance moyennede 0,6 %. Plusieurs d’entre euxvont jusqu’à pronostiquer unecontraction de l’indicateur de ri-chesse nationale.

Ce relèvement de la TVA de 3 %à 5 % a succédé à des années deplans de relance de type keynésienà l’effet discuté. Le gouvernementHashimoto, qui a repris à soncompte l’antienne de l’austéritébudgétaire, entend faire adopter lemois prochain un projet de loi surl’assainissement des finances del’Etat, afin de ramener le déficitbudgétaire record de 7 % au-jourd’hui à 3 % du PIB en 2003.Champion de la réforme adminis-trative et de la déréglementation,Hashimoto voit cependant au-jourd’hui son autorité fragiliséepar les contre-performances del’économie. La sincérité de son en-gagement est mise en doute par

les luttes d’influence au sein dePLD et risque d’achopper sur unpoint crucial de la réforme, la réor-ganisation du ministère des fi-nances et la privatisation des ser-vices postaux (courrier, épargne etassurance vie) qui font aujourd’huil’objet de débats houleux au seinmême de la majorité.

Les propositions du PLD pourréamorcer la machine économiquereflètent les divergences au sein duparti au pouvoir sur la marche àsuivre. Elles ont en tout cas déçules attentes des observateurs par

leur caractère imprécis et peuadapté à la situation actuelle. Lesmesures de déréglementationqu’elles comportent n’ont riend’inédit et leur impact sur l’écono-mie risque d’être limité. Les ana-lystes étrangers ne se privent paseux de souligner leur manque decohérence. En outre, l’attentionparticulière accordée aux agri-culteurs, fief électoral du PLD, etau secteur du BTP, où se recrutentles donateurs les plus fidèles des li-béraux-démocrates, fleure bon leclientélisme. L’indice Nikkei, déjàparticulièrement déprimé, a plutôtmal accueilli la nouvelle en per-dant 2 % supplémentaire dès l’an-nonce du plan.

Le plan de relance établi parPLD comporte une réforme de lafiscalité foncière, des mesures dedéréglementation dans les télé-communications (dont la privati-sation de l’opérateur internationalKDD) et la télévision satellite, desaides au PME et à l’agriculture,ainsi qu’un allègement de lacharge fiscale des entreprises.L’opportunité de l’abaissement del’impôt sur les bénéfices (à 50 %,l’un des plus élevés du monde), di-vise le PLD qui, dans l’impossibili-té de se prononcer définitivement,prévoit en fait de faire un examenplus approfondi de la questiond’ici quelques mois. La levée de lataxe foncière et les mesures desti-nées à faciliter les transactions im-mobilières sont destinés à redon-ner un peu de tonus au marché del’immobilier et au secteur de laconstruction.

Les hésitations et les compromismanifestes dans les propositionsde relance du PLD annoncent demultiples navettes avant que laformule adoptée par le gouverne-ment soit assez consistante pourconvaincre l’opposition, les ac-teurs économiques... et les Etats-Unis. M. Hashimoto, qui doit ren-contrer Bill Clinton, le 24 no-vembre, lors du sommet del’APEC à Vancouver, ne tient pas àarriver les mains vides : la remon-tée spectaculaire de l’excédentcommercial nippon ne peutqu’amener les Etats-Unis à de-mander au Japon qu’il relance sesimportations, c’est-à-dire sa de-mande intérieure.

Brice PedrolettiL’embarrassant excédent commercial

Aidé par la baisse du yen, l’excédent commercial nippon a bondide 37,1 % en septembre (en glissement annuel), selon les donnéesrendues publiques lundi 20 octobre. D’avril à septembre 1997, la pro-gression atteint 75,9 %. L’excédent commercial avait décru de 1993 à1996. La faiblesse de la consommation intérieure a pénalisé les im-portations et incité les entreprises à exporter davantage. Si l’ex-cédent avec les Etats-Unis a crû moins vite que l’excédent global, ilreste qu’une augmentation de 55,3 % sur la première moitié de l’an-née 1997 le porte à 2 420 milliards de yens (environ 120 milliards defrancs), soit presque la moitié du total. Les exportations d’automo-biles en direction des Etats-Unis ont augmenté à elles-seules de27,4 % sur la même période. L’excédent avec les pays de l’Union eu-ropéenne a bondi de 110 % à 1 140 milliards de yens (22 % de l’ex-cédent global). Ce contexte assombrit le climat des relations entreTokyo et ses partenaires de Washington et de Bruxelles.

Crise en Inde entre le gouvernementet les nationalistes hindous

L’INDE est au bord de la crisepolitique après la décision, mardi21 octobre, des autorités fédéralesde New Delhi de démettre le gou-vernement nationaliste hindou del’Uttar Pradesh et d’imposer sonadministration directe dans cetEtat, le plus peuplé de l’Union.

La situation est à ce point déli-cate que le premier ministre, In-der Kumar Gujral, a dû annuler undéplacement qu’il devait effec-tuer, mercredi, en France, et jeudi,en Allemagne. M. Gujral a été re-tenu à New Delhi pour un cabinetde crise afin d’examiner la de-mande du président de la Répu-blique, K. R. Narayanan, de re-considérer la décision du pouvoircentral d’imposer sa loi en UttarPradesh. Selon l’agence indiennePTI, le chef de l’Etat s’est déclaréhostile à cette administration di-recte.

Le gouvernement de New Dehliavait pris cette décision sitôtconnu le vote de confiance rem-porté par le Bharatiya Janata Par-ty (BJP) au Parlement de Luck-now, capitale de l’Uttar Pradesh.Lors d’une séance houleuse, plu-sieurs ministres du gouvernementlocal et le président de laChambre avaient été blessés dansdes échanges de coups de poingset des jets de chaises et de micros.La police avait dû intervenir pourrétablir le calme, tandis que l’op-position quittait en masse l’Hémi-cycle.

Selon la presse, M. Gujral a dé-cidé de sanctionner le BJP sousune intense pression de certainsmembres de sa coalition minori-taire de centre-gauche, le Frontuni, mais surtout du Parti duCongrès, qui accorde à M. Gujralun soutien parlementaire sans

participation gouvernementale.Ayant cédé à ces pressions,M. Gujral va maintenant devoiren assumer les conséquences.

Outre le désaccord qui l’opposedésormais au chef de l’Etat, c’estle risque d’un durcissement desnationalistes hindous qui est àcraindre. Principale force d’oppo-sition au niveau national, le BJP amenacé d’organiser un mouve-ment de protestation dans l’en-semble du pays si son gouverne-ment en Uttar Pradesh étaitdestitué.

FRAGILE COALITIONDans cet Etat, les nationalistes

hindous étaient alliés à un parti seposant en champion des castes in-férieures, le Bahujan Samaj Party(BSP), qui vient de leur retirer sonsoutien après avoir accusé le BJPde discrimination à l’égard de cescastes défavorisées. En dépit decette défection, le BJP a néan-moins pu reconstituer une majo-rité au Parlement grâce au rallie-ment de dernière minute detransfuges d’autres formations.L’opposition l’a accusé d’avoirutilisé à cette fin des « moyensfrauduleux » – c’est-à-dire despots-de-vin –, ce qui a déclenchéles pugilats dans les travées.

Les autorités de New Delhi sontdéjà intervenues à trois reprisesdepuis 1992 en Uttar Pradesh,considéré comme le cœur poli-tique du pays. Les analystes poli-tiques n’excluent pas que ces der-niers développements régionauxmettent en danger la fragile coali-tion de M. Gujral. Le Parti duCongrès pourrait en effet cher-cher à exploiter cette crise pourtenter d’obtenir la convocationd’élections anticipées. – (AFP.)

Les forces de M. Sassou Nguessopoursuivent la conquête du Congo

LES VILLES de Dolisie et de Lou-dima, dans le sud du Congo, bas-tions du président déchu Pascal Lis-souba, ont été prises, lundi20 octobre, par les Forces démocra-tiques et patriotiques (FDP, bras ar-mé du nouveau pouvoir). A Loudi-ma, qui abritait le centre deformation des miliciens « Zoulous »de M. Lissouba, les combats ont étéplus violents. Aucun bilan n’étaitdisponible mercredi sur ces affron-tements.

D’autre part, les troupes ango-laises qui se battaient aux côtés deshommes de Denis Sassou Nguessose prépareraient à un retrait de cetterégion, tandis que les FDP se char-geraient de « nettoyer » la vallée duNiari, en direction de la frontière ga-bonaise, où sont retranchés les der-niers partisans de M. Lissouba. L’ar-mée angolaise a égalementcommencé à retirer ses armeslourdes de Brazzaville. Deux avions-cargos angolais ont décollé mardi del’aéroport de la capitale congolaise.

SOUTIEN DE PARISA Brazzaville, des équipes huma-

nitaires sont arrivées mardi, alorsque les habitants de la capitaletardent à revenir. Une missionconjointe du Programme alimen-taire mondial (PAM), de l’Unicef etde plusieurs ONG doit évaluer lesbesoins de la population. Missiondifficile, car 650 000 Brazzavilloisont quitté leurs foyers. La popula-tion de la capitale est passée de900 000 personnes à moins de250 000. Le Comité international dela Croix-Rouge a indiqué avoir ré-cupéré deux cents cadavres dans lesrues de Brazzaville depuis la fin descombats.

L’arrivée d’une unité sanitairefrançaise, accompagnée de trente-

huit spécialistes des situations decrise et de 30 tonnes de matérielmédical, a marqué symboliquementle souhait de Paris d’aider DenisSassou Nguesso à réinstaller sonpouvoir.

Les partisans du nouvel hommefort du Congo ont indiqué, mardi,qu’ils envisageaient un « acte fon-damental » pour régir la transitionjusqu’aux élections, mais queM. Sassou Nguesso n’a pas encoretranché entre un régime présiden-tiel ou un partage du pouvoir entreun président et premier ministre.Interrogé samedi à Oyo (nord),M. Sassou Nguesso avait annoncéqu’il allait organiser de « largesconsultations » pour déterminer lapériode de transition préparant une« élection présidentielle libre ettransparente ».

A Pointe-Noire, la capitale écono-mique du pays, seize mercenairesprésumés ont été arrêtés. Les pri-sonniers (3 Français, 2 Belges et11 Russes), qui ont pu être vus pardes journalistes, paraissaient « rela-tivement » en bonne santé, malgrédes traces visibles de mauvais traite-ments. Les FDP les accusent d’avoircontribué à l’effort de guerre de Pas-cal Lissouba, notamment en trans-portant des armes à Brazzaville.

Par ailleurs, cinq anciens ministresde M. Lissouba sont arrivés enAfrique du Sud, où certains d’entreeux possèdent des villas et mènentdes activités économiques. PascalLissouba s’est réfugié provisoire-ment au Burkina Faso et son pre-mier ministre, Bernard Kolelas, enRépublique démocratique duCongo (ex-Zaïre). A Kinshasa, on in-dique que ce premier groupe de di-gnitaires congolais à se réfugier enAfrique du Sud sera suivi pard’autres. – (AFP, Reuters.)

M. Jospin confiant dansles progrès de la Tunisie

vers la démocratie« On n’a pas de détenus politiques », déclare M. Ben Ali

LE PRÉSIDENT tunisien Zineal Abidine Ben Ali a quitté laFrance, mardi 21 octobre, auterme d’une visite d’Etat de deuxjours marquée par la signature decontrats destinés à favoriser la« mise à niveau » de l’économietunisienne dans la perspective deson rapprochement avec l’Unioneuropéenne, mais également parla polémique sur l’attitude desautorités de Tunis à l’égard desdroits de l’homme.

Recevant M. Ben Ali à déjeuner,le premier ministre Lionel Jospina déclaré : « les performances devotre économie, comme la sécuritédont jouit la Tunisie créent lesconditions d’un développementdurable et confiant que la Francecontinuera à soutenir ». « Je nesous-estime pas les problèmes querisque de poser la transition d’uneéconomie protégée vers une écono-mie ouverte (...). Il s’agit d’un véri-table défi », a ajouté M. Jospin.Comme le président JacquesChirac la veille, qui avait invité laTunisie à « approfondir » l’Etat dedroit, le premier ministre a égale-ment abordé le chapitre desdroits de l’homme. « Cet ancrageéconomique à l’Europe, vous l’avezvoulu, comme nous, fort et fondésur le respect mutuel », a-t-il dé-claré. « En faisant ce choix, voussavez que, sur le plan politique, ilvous conduira vers une ouverturetoujours plus grande aux valeurs dela démocratie et du pluralisme. Jem’en réjouis ».

Au cours d’un entretien accor-dé mardi à la chaîne de télévisionRFO, le président tunisien a évo-qué ce dossier en assurant que lescritiques portées contre son ré-gime étaient le fait d’extrémistesislamistes. « N’écoutez pas les in-tégristes », a-t-il conseillé. « Onn’a pas de détenus politique en pri-son, on n’a pas de délit d’opinionen prison. Citez moi un cas ! », aajouté M. Ben Ali. Selon l’organi-sation Amnesty International,pourtant, la Tunisie compterait2 000 prisonniers politiques etd’opinion, en majorité des per-sonnes accusées de soutenir laformation islamiste interdit En-nahda.

Après son passage à Matignon,le président tunisien a été reçu enmilieu d’après-midi à l’hôtel deLassay par le président de l’As-semblée nationale, Laurent Fa-bius (PS), avant d’assister à uneréception donnée en son honneurdans les salons de la résidence dela présidence de l’Assemblée na-tionale.

Le président tunisienimputeaux « intégristes »les critiques surles droits de l’homme

Alors que six députés écolo-gistes ainsi que le président dugroupe communiste, Alain Boc-quet, et le président de laCommission des affaires étran-gères, Jack Lang (PS), avaient faitsavoir à l’avance leur intention debouder cette réception pour pro-tester contre l’arbitraire en vi-gueur, selon eux, en Tunisie, denombreux parlementaires dedroite et de gauche ont rencontréle président tunisien, qui était es-corté par M. Fabius, et notam-ment Jean-Louis Debré, présidentdu groupe RPR de l’Assembléenationale.

Après un dîner à l’Elysée, leprésident Ben Ali a regagné la Tu-nisie mardi en fin de soirée. Dansune « adresse aux plus hautes au-torités de la République fran-çaise », plusieurs signataires, par-mi lesquels Danielle Mitterrand,présidente de la Fondation FranceLibertés, Patrick Baudoin, pré-sident de la Fédération interna-tionale des Ligues des droits del’homme, et maître Henri Leclerc,président de la Ligue françaisedes droits de l’homme, se sont in-quiétés mardi de « l’empresse-ment » et des « égards prodigués(...) à une personnalité qui incarneun régime dont les actes carica-turent les notions de justice, de li-berté et de démocratie ».

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4 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 I N T E R N A T I O N A L

Nouvelle élection présidentielleen Serbie le 7 décembre

LE PRÉSIDENT du Parlement deSerbie, Dragan Tomic, a annoncé,mardi 21 octobre, que la date dupremier tour de la nouvelle élec-tion présidentielle avait été fixéeau dimanche 7 décembre. Ce nou-veau scrutin a été rendu nécessairepar l’invalidation du vote du 5 oc-tobre, lors duquel, la barrière lé-gale de 50 % de participationn’ayant pas été franchie, aucun desdeux candidats restés en lice, Vo-jislav Seselj (radical ultra-nationa-liste) et Zoran Lilic (socialiste, aupouvoir) n’avait été élu. La tenued’un nouveau scrutin devait êtredécidée par le Parlement, dans lesdeux mois qui suivaient la forma-tion de la nouvelle Assemblée éluele 21 septembre.

L’annonce d’une date rappro-chée correspond à la volonté demettre fin à une situation institu-tionnelle difficile. La Serbie n’aplus, depuis le 5 octobre, qu’unprésident intérimaire, Dragan To-mic, à la tête d’un gouvernement« de transition ». Mais il s’agit,aussi et surtout, d’un calcul poli-tique des fidèles de Slobodan Mi-losevic, président de la Républiquefédérale de Yougoslavie (RFY). Carles défaites successives de ses can-didats aux élections présidentiellesde Serbie et du Monténégro (quiforment la RFY) fragilisent consi-dérablement « l’homme fort » del’ex-Yougoslavie.

Le jour même de l’annonce dunouveau scrutin en Serbie, lacommission électorale du Monté-négro a en effet confirmé officiel-lement la victoire du premier mi-nistre Milo Djukanovic,violemment opposé à SlobodanMilosevic, au deuxième tour del’élection présidentielle du 19 octo-bre. La commission a ainsi rejetéles réclamations concernant la ré-gularité du scrutin, émises par levaincu, Momir Bulatovic, présidentsortant et fidèle allié du présidentde la RFY. La mission de l’Organi-

sation pour la sécurité et la coopé-ration en Europe (OSCE), dont unesoixantaine d’observateurs ont sui-vi le déroulement du vote, a poursa part estimé, mardi, que « les ré-sultats du scrutin reflètent la volontéde l’électorat ». Selon les chiffresdéfinitifs, M. Djukanovic a obtenu174 745 voix, contre 169 257 à sonrival.

L’OPPOSITION PRISE DE VITESSELa décision de Belgrade de pro-

céder très rapidement à un nou-veau scrutin permet donc deprendre de vitesse l’opposition dé-mocratique en Serbie, qui avait pu-bliquement apporté son soutien àMilo Djukanovic. Profondémentdivisée depuis plusieurs mois,après l’éclatement de la coalitionEnsemble, qui avait été à l’originedes longues manifestations de pro-testation contre l’annulation desélections municipales de sep-tembre 1996 qui lui étaient favo-rables, l’opposition démocratiqueen Serbie tente en effet, depuisl’invalidation du scrutin du 5 octo-bre, de mettre sur pied une nou-velle coalition.

L’accélération du calendrier luirend à l’évidence la tâche plus dif-ficile alors qu’elle était absente dusecond tour de l’élection présiden-tielle – qu’elle boycottait – etqu’elle est aujourd’hui contraintede présenter un front commun, àla fois contre le futur candidat duParti socialiste au pouvoir de Slo-bodan Milosevic, et contre l’ex-trême droite nationaliste de Vojis-lav Seselj. Aucun candidat ne s’estencore officiellement déclaré,même si la participation de Vojis-lav Seselj – qui a frisé la victoirelors du dernier scrutin – paraîtd’ores et déjà assurée. Dans cecontexte, la campagne électorale,malgré sa courte durée, devraitêtre particulièrement intense.

Denis Hautin-Guiraut

Patronat et syndicats britanniques font pressionpour une adhésion rapide à l’Union monétaire

Le débat sur l’euro affecte l’image de Tony BlairAprès le chef du patronat britannique, AdairTurner, celui des syndicats, John Monks, prochedu « Nouveau Labour », a manifesté son inquié-

tude devant les tergiversations de Tony Blair surl’euro, réclamant « un leadership fort et qui aitle sens pratique ». Confrontés à la montée de la

livre, patronat et syndicats craignent que l’indé-cision gouvernementale ne soit dommageablepour l’économie du Royaume-Uni.

LONDRESde notre correspondant

La tourmente soulevée ces der-niers jours par les tergiversationsdu gouvernement travailliste sur

l’euro n’a pasfini de secouerle Royaume-Uni, même si laréaction desmarchés a fina-lement étémoins brutaleque prévu. En

voulant calmer un débat surl’Union économique et monétaire(UEM) qui envenime la vie poli-tique britannique depuis cinq ans,le premier ministre, Tony Blair, etGordon Brown, son chancelier del’échiquier, ont, au contraire, relan-cé la polémique. Ils ont aussi donnéune impression de cafouillage et dedivergences entre eux qui trancheavec l’image de leadership et decompétence que les Britanniquesse font de leur premier ministre.

Il s’agit de la première crise sé-rieuse pour le gouvernement Blair,sur un terrain dont tout le mondesait ici qu’il est miné. En l’absenced’une vérité officielle clairementdéfinie, politiciens, hommes d’af-faires, journalistes et opinion ontété contraints de comparer les di-vers propos de MM. Brown et Blairet les exégèses qu’en faisaient leursconseillers médiatiques (« spin doc-tors ») pour tenter de savoir quandLondres comptait rallier l’euro. Re-cevant lundi le chancelier Kohl, lepremier ministre s’est contenté dedire qu’il ne s’opposera pas aux ef-forts de ses partenaires européenspour faire réussir l’Union moné-taire. Il faudra attendre le mois

prochain pour que M. Brown in-forme les Communes de la positiondéfinitive du gouvernement sur cesujet. Il semble de plus en plus pro-bable que M. Blair s’oriente vers unreport de la décision après les légis-latives, prévues en 2002. Si la porten’est pas encore officiellement fer-mée à une adhésion à l’UEM après1999, la « période de stabilité » an-noncée par M. Brown pour s’assu-rer que les conditions sont propicesa toutes les chances de se prolon-ger jusqu’au terme de la législature.

La première conséquence decette affaire aura été une baisse dela Bourse et une remontée de lalivre, au grand dam des exporta-teurs, dont les carnets decommande sont au plus bas depuis1991, indique le CBI (patronat). Se-lon une enquête, 18 % des exporta-teurs envisagent de réduire leurseffectifs et 16 % de les geler si lecours de la livre – qui s’est accru de25 % en un an face au mark – nebaisse pas.

Voilà qui explique le mouvementen tenailles du patron du CBI,Adair Turner, et de celui des TUC(syndicats), John Monks, pour dé-plorer, mardi 21 octobre, que legouvernement paraisse abandon-ner l’éventualité d’entrer dansl’UEM avant 2002. M. Turner n’yvoit aucune justification écono-mique. M. Monks regrette la me-nace que ce revirement fait pesersur l’emploi et « la crise deconfiance » qui en résulte. « Nousavons besoin d’un leadership fort etqui ait le sens pratique », conclut-il.

Ce faisant, M. Monks, pourtantproche du « Nouveau Labour »,critique M. Blair. La débâcle duweek-end a en effet révélé le

manque de communication au seindu gouvernement, les divergencesdes travaillistes sur l’Europe et leslimites des méthodes blairistes. Enparticulier celle, héritée d’un longpassage dans l’opposition, quiconsiste à utiliser les fameux « spindoctors » pour faire passer desmessages dans les médias, par l’in-termédiaire de journalistes accrédi-tés aux Communes, sans qu’ilspuissent être attribués à quelquedirigeant que ce soit. Une fois arri-vés au pouvoir, ces hommes del’ombre ont pris une importancedémesurée dont le pouvoir paie leprix aujourd’hui.

FIN DE LA LUNE DE MIELSéduite jusqu’à présent par Tony

Blair et par la personnalité deM. Brown – surnommé le « chan-celier de fer » –, après des annéesde chauvinisme introverti des to-ries, la City commence à se poserdes questions : l’incertitude n’estjamais bonne pour les affaires.L’opposition a trouvé là un terrainpour tenter de rebondir et unebonne occasion pour occuper ànouveau les écrans de télévision.Les « eurosceptiques » poussentM. Blair à mettre fin à l’incertitudeen proclamant que la livre sera pré-servée jusqu’aux prochaines élec-tions. Les pro-européens mettenten garde contre la perte d’influencequi en résulterait pour un premierministre qui ne cache pas ses ambi-tions de jouer un rôle de leader ausein de l’UE.

Quant à la presse, qui, dans sonensemble, avait poursuivi sa lunede miel avec le premier ministre leplus populaire de l’histoire, elles’est, pour la première fois, mon-

trée critique. On a senti poindre ladéception à l’égard de Tony Blair.Le Financial Times a titré, mardi,son commentaire : « Le coût del’indécision » – « dommageablepour la confiance des marchés », se-lon le Daily Telegraph – et le Guar-dian : « L’UEM, dedans, dehors oupeut-être ». Ce premier accès defaiblesse a incité les titres dugroupe de Rupert Murdoch – lemagnat de la presse connu pourson euroscepticisme – à reprendrel’offensive contre l’UE. Ainsi a-t-onpu lire dans l’hebdomadaire domi-nical News of the World un articled’un commentateur américain se-lon lequel Helmut Kohl serait « surle point de réussir avec l’UEM la do-mination que n’avait pu obtenir laWehrmacht ».

Etant donné l’état avancé de pré-paration de l’euro et le nombre éle-vé de pays qui devraient y accéder,la tactique de « wait and see »adoptée par John Major et poursui-vie par Tony Blair semble de moinsen moins justifiée. Qu’attendentdonc de plus les travaillistes queleurs prédécesseurs conservateursavant de prendre une décision,alors que sont désormais dispo-nibles les données d’un choix aussilourd de conséquences pour leurpays que le refus d’entrer dans leMarché commun il y a quatre dé-cennies ?

Au-delà de la forme, moins re-vêche, y a-t-il une véritable diffé-rence de fond dans l’attitude deLondres à l’égard de l’euro ? Ce malanglais qu’est l’Europe n’a pas finide gangrener la vie politique bri-tannique.

Patrice de Beer

Le Parlement européen repousse de justesse les 35 heures STRASBOURG

(Union européenne)de notre correspondant

Huit voix ont manqué pour quele Parlement européen se pro-

nonce, mardi21 octobre, enfaveur dutemps de tra-vail hebdoma-daire limité à35 heures. Les229 voix obte-nues par la

proposition de la socialiste fran-çaise Pervenche Béres (237 contreet 6 abstentions) constituent unepetite surprise en regard des posi-tions affichées par les partis poli-tiques de l’Union, y compris so-ciaux-démocrates, sur la réductionde la durée légale des horaires.

La gauche parlementaire euro-péenne a fait preuve de solidaritéà l’occasion du débat sur l’emploidans la perspective du Conseil eu-ropéen extraordinaire des 20 et21 novembre à Luxembourg. Seuleune partie des travaillistes britan-niques, du SPD allemand et des re-

présentants scandinaves a manquéà l’appel, lancé par le PS, qui de-mandait que les Quinze ramènent« soit par la loi, soit par l’incitation,soit par le contrat, la durée hebdo-madaire du travail à un maximumde 35 heures ».

Du coup, le texte déposé par leslibéraux européens a été adoptéavec seulement trois suffragesd’avance, donnant néanmoins aurapport présenté par Wim VanVelzen (socialiste néerlandais) unetonalité très libérale. Ainsi, l’As-semblée de Strasbourg demandeaux Etats membres de « s’atteler àla promotion de la flexibilité sur lemarché du travail, s’agissant deshoraires et de la durée du temps detravail, par un processus non légis-latif et non contraignant fondé surle dialogue social au niveau de l’en-treprise».

Afin de marquer leur volonté decontribuer à la lutte contre le chô-mage, les eurodéputés proposentaux chefs d’Etat et de gouverne-ment de constituer une réserve de200 millions d’écus (1,3 milliard defrancs) destinée à financer en 1998

les éventuelles mesures qui serontprises par le sommet sur l’emploi.L’idée de la majorité de l’Assem-blée est d’accorder aux petites etmoyennes entreprises des aidesaux investissements créateursd’emplois.

Anticipant les résultats attendusau Grand Duché, forcément mo-destes, Jacques Santer, présidentde la Commission de Bruxelles, adit, après avoir souhaité un allège-ment de la pression fiscale sur letravail : « C’est à l’aune des ré-ponses fournies que les chômeursapprécieront la valeur des déclara-tions répétées des conseils euro-péens sur la priorité à accorder àl’emploi ». Clôturant le débat par-lementaire, Jean-Claude Junker,premier ministe luxembourgeoiset président en exercice del’Union, a invité pour sa part leParlement européen à « encoura-ger les gouvernements à prendre lesdécisions nécessaires pour que lesommet ne soit pas un sommet-sé-minaire ou un sommet-alibi ».

Marcel Scotto

Rhône-Poulenc estpris à partie en Suède pour

un incident écologiquePollution due à un produit de colmatage à Baastad

STOCKHOLMcorrespondance

« A l’échelle suédoise, c’est une vé-ritable catastrophe écologique »,commente un responsable deRhône-Poulenc. Le géant françaisde la chimie se retrouve, avecd’autres, sur le banc des accusés :l’un de ses produits, utilisé pour lecolmatage d’un tunnel, n’a pas réa-gi comme prévu et s’est répandu àl’état toxique. Des poissons sontmorts empoisonnés, des vachesont été paralysées et, plus grave,des ouvriers contaminés. Si les dé-gâts paraissent jusqu’à présent li-mités – aucune vie humaine nesemble en danger – et ne portentque sur un couloir d’une dizaine dekilomètres de long, cette affaire faitgrand bruit en Suède. Le payspasse, en effet, pour être l’un desplus vigilants et efficaces en ma-tière d’environnement, où l’écolo-gie est quasiment élevée au rang dedeuxième religion.

Qu’un tel « scandale » ait pu,malgré tout, se produire dans leroyaume indigne au plus hautpoint l’opinion publique. Sans par-ler des habitants de la région deBaastad, petit port de la côte sud-ouest, où le malheur est arrivé aucours du printemps. Maîtred’œuvre du tunnel ferroviaired’Hallandsaas (la colline de Hal-land), le premier groupe suédois detravaux publics, Skanska, se heur-tait à un sérieux problème : la pré-sence dans la roche de nappesd’eau beaucoup plus importantesque prévu. La solution imaginée,en accord avec l’Office national deschemins de fer, consista à injecterdans les fissures des centaines detonnes d’un produit de Rhône-Poulenc, le Rhoca-Gil, mélangé àun volume équivalent d’eau.

Mais, au lieu de se transformeren gel asséchant la roche, le pro-duit « miracle » n’a pas pris, et lessubstances cancérigènes qu’ilcontenait (acrylamide, N-méthy-loacrylamide) ont disparu dans lesnappes phréatiques pour resurgir

en surface, jusqu’à 120 mètres plushaut. Branle-bas de combat dans lapopulation de cette paisible régionagricole, suspension des travaux,examens médicaux, commissionsd’enquête, menaces anonymescontre des cadres de Skanska, vi-sites des ministres de tutelle... : l’af-faire s’est emballée et ne devraitpas s’arrêter de sitôt.

UNE SÉRIE DE NÉGLIGENCESLes parties en cause s’en re-

jettent mutuellement la responsa-bilité. Skanska accuse Rhône-Pou-lenc de ne pas avoir suffisammentmis en garde contre les dangers po-tentiels du produit. Tout en re-connaissant « quelques erreurscommises au niveau de la documen-tation », l’un des dirigeants dugroupe français pour l’Europe duNord, Claude Muller, estime de soncôté qu’« un défaut d’utilisation,non identifié » est vraisemblable-ment à l’origine de la pollution. Ilse dit « surpris » que les chantiersde construction suédois ne soientpas soumis à des inspections enmatière d’environnement et de sé-curité. En attendant les conclusionsdes enquêtes, Rhône-Poulenc asuspendu la commercialisation duRhoca-Gil au niveau international.Un produit qui, assure l’entreprise,est vendu « sans problème dans lemonde entier » depuis une ving-taine d’années.

Au-delà de la querelle d’experts,cette histoire met en lumière unesérie de dysfonctionnements et denégligences. Lancé en dépit d’aver-tissements sur la nature du terrain,le projet de tunnel, destiné à fairegagner huit minutes, a déjà enre-gistré plusieurs années de retardsur le calendrier initial, alourdis-sant d’autant le dépassement bud-gétaire. Quant aux travaux de col-matage au Rhoca-Gil, ils ont eulieu sans les précautions néces-saires, ce qui a provoqué des ma-laises chez les ouvriers exposés.

Benoît Peltier

Quand Pierre Moscovici explique l’Europe dans les banlieuesMICHEL BARNIER (RPR) avait porté le dé-

bat européen dans les provinces, mobilisantles acteurs régionaux et la France des notablespour son « dialogue pour l’Europe ». Son suc-cesseur au ministère des affaires européennes,le socialiste Pierre Moscovici, conseiller géné-ral de Sochaux (Doubs), a pris le relais, avec lavolonté d’associer davantage à ce dialogue laFrance des banlieues et des bassins industriels,celle qui a trop souvent l’impression que l’Eu-rope se construit au détriment des plus dému-nis.

La première étape choisie était Mantes-la-Ville (Yvelines), à plus d’un titre symbolique.Englobant le Val-Fourré, la plus grande ZUP deFrance, au cœur d’un bassin industriel actifmais frappé par les restructurations, la cir-conscription de Mantes avait été choisie par lafille de Jean-Marie Le Pen, lors des dernièreslégislatives, pour mener campagne. AnnettePeulvast, le maire socialiste de Mantes, venueprotester contre la venue dans sa ville du lea-der du Front national, avait été violemmentagressée par celui-ci.

Elue député, Mme Peulvast avait invité le mi-nistre à rencontrer en sa mairie les déléguéssyndicaux (CGT) d’une des entreprises locales,le constructeur de moteurs diesel Sulzer, encours de restructuration après sa reprise par legroupe multinational finlandais Wärtsila nsd.

Le plan social annoncé en septembre par lesFinlandais prévoit le départ de la moitié des400 salariés de l’établissement. L’Europe doit-elle être se plier aux lois des grands mono-poles ?, s’inquiètaient les syndicalistes, qui re-doutent que le groupe multinational n’ait ra-cheté leur entreprise que pour la fermer.

UNE DIMENSION SOCIALELes structures de concertation manquent

encore cruellement pour éviter les malenten-dus. Le groupe dispose bien d’un comité d’en-treprise européen, comme le stipulent les di-rectives européennes, mais ce denier n’a pasmieux fonctionné que dans l’usine Renault deVilvorde. Pierre Moscovici a souhaité que l’onne tombe pas dans la facilité, en associantl’Europe aux pertes d’emploi, mais a soulignéque celle-ci devait mieux jouer son rôle de« puissance sociale, de régulation ». Devant unauditoire syndical ouvert à la discussion, maisqui demande encore à être convaincu, le mi-nistre a défendu les efforts faits par le gouver-nement pour renforcer la dimension sociale del’Union européenne.

Que l’Europe ait aussi des aspects positifspour l’industrie française, Pierre Moscovici apu s’en convaincre un peu plus tard, toujoursà Mantes, dans l’entreprise familiale HenriSelmer, une PME de 600 employés cham-

pionne de l’exportation qui est la fabrique laplus connue au monde de saxophones etautres instruments à vent. Ses dirigeants n’ontpas fait mystère de leur impatience à disposeren Europe d’une monnaie unique, plaidant enrevanche pour que le gouvernement fassepreuve de sagesse sur les 35 heures. Interpellépar le représentant du syndicat CGT qui exi-geait des négociations immédiates sur la se-maine de travail, Pierre Moscovici a expliquéque l’objectif du gouvernement n’était pas demenacer l’équilibre des entreprises, mais d’ou-vrir la voie à la recherche de solutions par laconcertation.

Les 35 heures, la monnaie unique, étaientégalement au cœur des questions que lesélèves du lycée professionel Camille-Claudelde Mantes avaient préparées pour le ministre.Très vite pourtant, dans une assistance reflé-tant la diversité de la population locale, unediscussion s’est instaurée sur les échanges dejeunes, sur le rôle que l’Europe pouvait jouercontre l’exclusion, contre les idées du Frontnational. Thèmes qui ont permis à M. Mosco-vici de conclure en insistant sur l’importancede montrer que l’Europe est aussi « un espacede valeur commune, de démocratie, de circula-tion, un espace de générosité ».

Henri de Bresson

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I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 5

Boris Eltsine sacrifie le code fiscal en échangedu retrait de la motion de censure communiste

Les députés auront droit à leur propre émission de télévisionLes députés communistes ont annulé, mercredi22 octobre, l’examen d’une motion de censure,après que Boris Eltsine eut accordé, la veille, une

série de concessions. La plus importante d’entreelles est le retrait du projet de code fiscal. Leprésident russe a également promis aux députés

un accès élargi aux chaînes de télévision pu-blique, et la mise en place d’organes de surveil-lance de ces médias.

MOSCOUde notre correspondante

Alors que la « crise » politiques’est achevée en Russie, mercredi22 octobre, par un nouveau succèslargement célébré de Boris Eltsine,avec le retrait d’une motion de cen-sure à la Douma, la Chambre bassedu Parlement russe, les « jeunes ré-formateurs » de son gouvernementsubissaient en même temps uncoup sévère. Du moins en appa-rence.

En effet, parmi les concessionsoffertes par le président aux dépu-tés pour éviter la censure de son ca-binet, figure le retrait d’un projet decode fiscal, qui sera revu par le gou-vernement. Or, ce code a toujoursété présenté comme crucial pourl’avenir des réformes queMM. Tchoubaïs et Nemtsov ontpromis de relancer.

Le projet a été voté cet été enpremière lecture par des députésdéjà menacés de dissolution. Sonadoption « de principe » avait per-mis de présenter un projet de bud-get 1998 calculé sur la base de cecode. Mais leur sort commun est

désormais remis entre les mains decommissions diverses. Le FMI avaitfait savoir au printemps que l’adop-tion, cette année, d’un nouveaucode fiscal était la condition de l’at-tribution de son aide à la Russie.Mais peu après, le Fonds démentaitavoir posé une telle condition...

Au-delà des sceptiques qui affir-ment que l’aide du FMI est de toutefaçon garantie à la Russie pour desraisons politiques, on peut voirdans cette reculade un froid aveud’impuissance devant la réalité,c’est-à-dire la monstrueuse diffi-culté de réformer d’un coup etd’une manière plus ou moins satis-faisante le système fiscal russe.L’actuel est composé, dit-on, deplus de deux cents impôts diffé-rents, souvent contradictoires et su-jets à une foule d’exemptions, fédé-rales ou régionales, parfois légalesmais le plus souvent cachées.

S’il était possible d’appliquer lesrègles du système à la lettre, celasupposerait, pour les entreprises,qu’elles ne pourraient faire aucunbénéfice.

Le nouveau projet élaboré par le

gouvernement réduisait le nombred’impôts à une trentaine et aug-mentait légèrement le poids quedevaient supporter les particuliers,qui ne payaient pratiquement rienjusqu’à présent. Mais ce nouveaucode a déjà fait l’objet de...4 000 projets d’amendements desdéputés.

NOUVELLES INCOHÉRENCESSon adversaire le plus résolu est

le petit parti d’opposition libéraleIabloko, qui y voit beaucoup denouvelles incohérences et de dispo-sitions inapplicables, dangereuseset toujours pénalisantes pour lesentreprises. Iabloko a d’ailleurs éla-boré un code alternatif et réclamaitle retrait du projet gouvernementalpour ne pas s’associer à la motionde censure que prétendaient voterles députés communistes.

Mais ces derniers y ont renoncémercredi, se disant satisfaits par lesautres concessions, apparemmentformelles, obtenues de la part deBoris Eltsine : la tenue de « tablesrondes », dont la première se réuni-ra le 22 novembre, pour débattre

de questions controversées commecelle du statut de la terre ; la créa-tion de « conseils de surveillance »,avec leur participation mais au rôleincertain, pour les deux chaînes té-lévisées d’Etat ; la création d’unjournal parlementaire et une pré-sence légèrement accrue à la télé-vision ; le retour en commission,enfin, d’une loi votée deux fois parle Parlement à une très large majo-rité, mais renvoyée par Boris Eltsineà la Cour constitutionnelle (qui n’ajamais encore fait preuve d’indé-pendance) : elle donnait en effetaux députés un certain contrôle surle gouvernement.

En réalité, les « jeunes réforma-teurs » semblaient eux-mêmesavoir déjà admis que tenter de fairepasser en force un nouveau codefiscal douteux pouvait présenterplus de dangers que de profits pourle budget. Et si le coup porté auprestige de MM. Tchoubaïs etNemtsov ne devait être que provi-soire, le problème central du déficitbudgétaire reste entier.

Sophie Shihab

Menace de crise politiqueen ThaïlandeBANGKOK. Durement secouée par les turbulences monétaires, laThaïlande est aussi menacée d’une crise politique. Deux jours après ladémission du ministre des finances, Thanong Bidaya, les membres dugouvernement ont collectivement présenté, mardi 21 octobre, leurlettres de démission, dans l’attente d’un remaniement ministériel. Leministre de l’intérieur, Sanoh Thienthong, a assuré que la liste du nou-veau cabinet était prête et qu’elle serait présentée au roi BhumibolAduladej dans les prochains jours. Ces grandes manœuvres sur-viennent alors que la pression monte dans la rue pour exiger la démis-sion du premier ministre, Chavalit Yongchaiyudh, rendu responsabledes déboires économiques du pays. Celui-ci a rencontré, mardi soir, leschefs de l’armée et de la police pour discuter du traitement des ma-nifestations de « cols blancs » devant les bureaux du gouvernement. –(AFP.)

Les Etats-Unis saluent les effets positifs de l’euroWASHINGTON. Les Etats-Unis estiment que la mise en place de lamonnaie unique européenne aura des retombées positives pourl’économie américaine. « Si les Etats-Unis maintiennent une politiquecrédible et forte, le dollar demeurera une monnaie saine. La destinée dudollar reste largement entre nos mains », a affirmé, mardi 21 octobre, lenuméro deux du Trésor américain, Lawrence Summers, lors d’une au-dience au Sénat devant la commission budgétaire. M. Summers s’estégalement dit sûr que les marchés financiers américains « demeurerontles plus liquides du monde » et que la création de l’euro « n’aura quepeu d’impact sur les coûts d’emprunts américains dans un premiertemps ». Ces propos contrebalancent les craintes exprimées ici et là parde hauts responsables américains – notamment au Sénat – sur lerisque d’une redistribution des investissements futurs au profit de lazone euro et aux dépens du dollar. Le numéro deux du Trésor a sou-ligné : « Plus la monnaie unique aidera l’Europe à développer une écono-mie robuste et saine, ouverte sur le monde, plus le projet sera bienvenu ».– (AFP.)

EUROPEa ROUMANIE/HONGRIE : les relations entre la Budapest et Buca-rest sont « exemplaires, tant sur le plan économique qu’en matière deprotection des minorités », a estimé, mardi 21 octobre, le premier mi-nistre hongrois, Gyula Horn, en visite officielle en Roumanie. M. Horna en outre déclaré que son pays « soutient » l’intégration de la Rouma-nie à l’Union européenne et à l’OTAN, a-t-il ajouté. – (AFP.)a POLOGNE : l’Alliance électorale Solidarité (AWS) a remporté laprésidence des deux Chambres du Parlement. Une militante catho-lique, Alicja Grzeskowiak, a été élue, mardi 21 octobre, à la tête du Sé-nat. Lundi, un ancien proche de Lech Walesa, Maciej Plazinski, avaitété choisi pour présider la Chambre basse. L’AWS a conclu lundi avecson partenaire de coalition, l’Union de la liberté (UW), un accord sur lacomposition du nouveau gouvernement, qui devrait être annoncéecette semaine. – (AFP.)a UKRAINE/RUSSIE : le président ukrainien, Leonid Koutchma, aestimé, mardi 21 octobre, qu’une « guerre commerciale » oppose sonpays à la Russie, en raison notamment de la mise en place par Moscou,il y a un an, d’une TVA de 20 % sur la plupart des produits ukrainiens.L’Ukraine est économiquement dépendante de la Russie, où elle aécoulé 40 % de ses exportations en 1996. Les deux Etats ont signéen mai un traité d’amitié. – (AFP.)

PROCHE-ORIENTa ISRAËL : Israël a autorisé l’Autorité palestinienne à délivrer di-rectement des cartes d’identité aux Palestiniens vivant en Cisjordanieet dans la bande de Gaza, selon des sources officielles israéliennes. Lesnoms des postulants doivent être transmis à Israël, qui garde un droitde veto. – (AFP.)a Le président palestinien, Yasser Arafat, et le ministre israéliende la défense, Itzhak Mordehaï, ne sont parvenus à aucun accordtangible lors de leur rencontre à Beit Hanoun, mardi 21 octobre. Dansla soirée de mardi, le médiateur américain Dennis Ross a quitté Israëlaprès une mission de trois jours qui n’a débouché sur aucun résultatconcret, selon des sources officielles. – (AFP.)

AFRIQUEa LIBYE : l’Afrique du Sud « est d’avis que les sanctions contre la Li-bye soient levées », a déclaré le ministre sud-africain des affaires étran-gères, à la veille de la visite, mercredi 22 octobre, de Nelson Mandela àTripoli. Les Etats-Unis ont regretté que M. Mandela donne « le mauvaissignal » au colonel Kadhafi, qui refuse toujours de livrer deux Libyenssuspectés d’avoir participé à l’attentat de Lockerbie. – (AFP.)a RWANDA : de nouveaux combats opposent ces jours-ci l’arméerwandaise aux rebelles hutus autour de Ruhengeri (nord), trois moisaprès que Kigali eut affirmé avoir pacifié cette région. Ces affronte-ments révèlent un nouveau déplacement de la rébellion, et prouvent samobilité. L’armée a récemment menacé les populations civiles, pro-mettant « d’en finir avec les rebelles et leurs collaborateurs ». – (AFP.)a SIERRA LEONE : un cessez-le-feu est entré en vigueur, mardi21 octobre, à Freetown, à la veille de l’ouverture à Conakry (Guinée) denouvelles négociations régionales sur l’avenir de la Sierra Leone. Deviolents combats opposaient à Freetown la junte militaire au pouvoiret les soldats nigérians de la Force ouest-africaine de paix. – (AFP.)

ASIEa PHILIPPINES : l’Eglise catholique lance une nouvelle campagnecontre les préservatifs, à l’occasion du 4e congrès sur le sida en Asie-Pacifique, qui réunira 4 000 spécialistes à Manille du 25 au 29 octobre.« Hommes et femmes de toutes races utilisent des préservatifs et les avan-cées du sida n’en demeurent pas moins les mêmes », a déclaré Mgr OscarCruz, président de la conférence des évêques philippins, qui a refuséun poste d’observateur à ce congrès et dénoncé l’usage des préserva-tifs, qui « encourage la promiscuité ». – (AFP.)

Allemagne : la polémique provoquéepar Günter Grass se poursuitBONN. Une vive polémique continue d’agiter les milieux politiques al-lemands après les virulentes critiques formulées par l’écrivain GünterGrass à l’égard de la politique turque du gouvernement de Bonn (LeMonde du 21 octobre). L’auteur du Tambour avait dénoncé, dimanche19 octobre, les expulsions de Kurdes déboutés du droit d’asile et les li-vraisons d’armes allemandes à la Turquie, provoquant de virulentesréactions de la CDU au pouvoir. Mais plusieurs responsables de la ma-jorité viennent de donner raison à l’écrivain sur certains points de sespropos. Le vice-président du groupe parlementaire CDU/CSU au Bun-destag, Heiner Geissler, mais également plusieurs hauts responsablesdu Parti libéral (FDP) ont notamment déclaré qu’ils partageaient lespréoccupations de Günter Grass sur les restrictions du droit d’asile al-lemand, les violations des droits de l’homme en Turquie, ainsi que laxénophobie ambiante en Allemagne. – (AFP.)

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F R A N C ELE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

« Plus jamais ! Plus jamais ! Plus jamais ! »RÉPONDANT à Michel Crépeau, président

du groupe Radical, Citoyen et Vert, mardi 22 oc-tobre, lors de la séance de questions à l’Assem-blée nationale, le premier ministre, Lionel Jos-pin, a déclaré :

« Je n’ai pas ici le droit, oul’autorité, de parler au nomde la France. La France estsur ces bancs. La Frances’incarne aussi dans le chefde l’Etat (...) mais je peuxdonner le sentiment du gou-vernement, (...) même si jen’ai pas tout compris de ce

que j’appellerai (...) la " philippique " de M. Sé-guin. (...)

» Le procès Papon est-il une bonne chose ouest-ce un procès prétexte ? Je réponds que c’estune bonne chose. Il aurait dû avoir lieu plus tôt.(...) Ce procès d’un homme doit-il être le procèsd’une époque ? Ma réponse est non. Parce que lajustice n’établit pas l’histoire, que l’histoire ne sefait pas au prétoire (...).

» Y a-t-il un procès du gaullisme ? S’il y a unprocès du gaullisme, il n’a été nullement formulé

par des responsables de la majorité (...) ni par legouvernement. Sans doute un procès contre deGaulle, le gaullisme et la Résistance a été intentéobstinément, et depuis longtemps, par M. Le Pen,le leader de l’extrême droite. (...) Quelle meilleureréponse ai-je entendue ces derniers jours (...) ?N’est-ce pas celle de Jean-Pierre Chevènement :M. Le Pen prétend qu’il était plus facile de résisterà Londres que de résister en France, moi je n’aijamais opposé la Résistance, qu’elle fût à Londresou qu’elle fût en France. En répondant qu’il étaitplus facile de collaborer à Paris que de résister àLondres, M. Chevènement a cloué le bec àM. Le Pen.

» Y a-t-il une culpabilité de la France ? Je ne lecrois pas. Oui, des policiers, des administrateurs,des gendarmes, une administration, un Etat fran-çais ont perpétré, ont assumé devant l’histoire desactes terrifiants, collaborant avec l’ennemi et avecla « solution finale ». (...) C’est, m’a-t-il semblé, ences termes que le président de la République aabordé la question en juillet 1995, même si je n’aipas employé les mêmes termes, il y a quelquesmois, et n’ai pas personnellement utilisé le mot" France ". (...)

» Dans les cris qui ont été poussés, y compris leAssez ! Assez ! Assez [de M. Séguin dans Le Fi-garo], je crains que l’on ne nous interdise collec-tivement (...) de mener ensemble (...) l’effort de re-cherche sur notre passé. Il faut le faire, mais il n’ya pas de culpabilité de la France parce que, pourmoi, la France était à Londres ou dans le Vercors,(...) parce que Vichy était la négation de laFrance, en tout cas la négation de la République.

» Alors, nous réconcilier, comme l’a demandéun député de l’opposition [François Bayrou] ? Jene suis pas sûr que les Français aient besoin d’êtreréconciliés parce qu’ils ne sont pas ennemis lesuns des autres. (...) Les Français ont besoin de serassembler. Ils ne se rassembleront pas au prix del’oubli, en tirant un signe égal entre les prudents etles justes, entre les collaborateurs et les résistants.Ils se rassembleront seulement sur des valeurs, quisont celles de la démocratie, de la République.

» L’un a dit “ Assez ! Assez ! Assez ! ”, l’autre“ Toujours ! Toujours ! Toujours ! ”. Moi, Je disque cet exercice est nécessaire si nous savons enfixer les bornes pour que plus jamais, plus jamais,plus jamais ne reviennent ces événements tra-giques. »

L’extrême droite s’en prendaux « internationales juives »

CHAQUE SEMAINE, NationalHebdo, hebdomadaire proche duFront national, distille des infor-mations chargées d’étayer la thèsed’une coalition juive et commu-niste manipulant le procès Papon.Il y a quinze jours (National Hebdodu 9 au 15 octobre), les lecteurs decette publication ont eu droit à undossier reprenant les argumentsnégationnistes pour blanchir le ré-gime de Vichy, minimiser la Shoahet faire porter la responsabilité dela guerre à la communauté juive.Ou plus exactement à une partiede la communauté juive car les au-teurs des articles distinguent « lesracistes juifs et leurs amis » et « lejudaïsme politiquement organisé ».

Ce judaïsme, honni par MartinPeltier, directeur de la rédaction deNational Hebdo, se composerait« de deux mouvements opposés, unvaste ensemble internationaliste,capitaliste ou soviétique, et un ré-duit national » qui seraient « réunisdans un même amour d’Israël » etdont le but final serait de créer unmonde « unifié et démocratique »avec les Etats-Unis comme « fer delance ».

Suivent les poncifs du complot,avec comme arguments la pré-sence de représentants de lacommunauté juive dans les orga-nisations de gauche et d’extrêmegauche, le monde financier, lafranc-maçonnerie, les organismesinternationaux. A l’instar des révi-sionnistes, M. Peltier répand l’idéed’une exploitation de la Shoahdans le but de masquer les exac-tions communistes.

L’hebdomadaire parle d’« inter-nationales juives » déclarant laguerre à l’Allemagne « dès le24 mars 1933 », pour en déduirequ’elles n’ont finalement récoltéque ce qu’elles ont semé. Les lois

de Vichy contre les juifs seraientune réponse aux « errements du ju-daïsme politiquement organisé ».« On reprochait aux juifs d’avoirpoussé à une guerre désastreuse. Ilne semblait pas injuste que leur sta-tut restreigne leur pouvoir », ex-plique l’hebdomadaire quicompare l’interdiction et la restric-tion imposées aux juifs dans cer-taines professions au « quota desfemmes à l’Assemblée nationale ».

« SOUCI D’HUMANITÉ »Il n’y aurait pas eu de volonté

profonde d’extermination de lapart du régime nazi. La déporta-tion aurait été organisée « par sou-ci d’efficacité politique et d’humani-té » pour éviter les exécutions et si,comme « toute déportation », elle a« occasionné des morts », cela « nesignifie », selon National Hebdo,« ni que le but de toute déportationsoit l’extermination, ni que les auto-rités françaises aient su ce que l’Al-lemagne faisait des juifs ». En fait,Pétain et Laval n’auraient fait que« s’efforcer à maintenir le plus long-temps possible leur autonomie ensacrifiant ce qui pouvait l’être » etl’hebdomadaire de citer la rafle duVel’d’Hiv comme un de ces « sacri-fices ».

« Les racistes juifs et leurs amisont gagné la seconde guerre mon-diale grâce aux machines de guerreaméricaines et aux poitrines sovié-tiques (...), grâce à leur internatio-nalisation, à leur puissance poli-tique et financière et à leur sciencede la propagande. Grâce aussi à lalâcheté des non-juifs, l’Eglise catho-lique en tête, qui ont abandonné leMaréchal en 1944 », regrette enfinle pamphlétaire François Bri-gneau.

Christiane Chombeau

ACCUSÉ par le président duRPR, Philippe Séguin, de dirigerun gouvernement qui observerait,à l’occasion du procès Papon,« une attitude ambiguë » face à la« dégradation inquiétante de l’es-prit public », Lionel Jospin se de-vait de répondre. Manifestementsoucieux d’éteindre une polé-mique susceptible d’embraserl’ensemble du monde politique, lepremier ministre a choisi d’inter-venir directement, mardi 21 octo-bre, devant la représentation na-tionale.

Opportunément interrogé sur lesujet, au terme de la séance dequestions au gouvernement, parMichel Crépeau, président dugroupe RCV – qui avait initiale-ment prévu d’intervenir sur le pro-blème de la continuité territorialeentre le continent et la Corse –,M. Jospin s’est employé à ré-pondre à ce qu’il a appelé « la phi-lippique de M. Séguin ». Le premierministre, qui a indiqué d’embléene pas avoir « toujours compris àqui [le président du RPR] pensait etqui il visait », n’a pas jugé utile derelever explicitement l’affirmationde M. Séguin, selon lequel « cer-tains à gauche » entretiendraientde façon délibérée une « atmo-sphère délétère » autour du procèsPapon, afin de « gonfler la forceélectorale du Front national ».

« LA NÉGATION DE LA FRANCE »Sur ce point, le chef du gouver-

nement a mis sur le compte de« l’étrange biographie » de Mau-rice Papon le télescopage « devantl’opinion » de la période de Vichyet de la guerre d’Algérie, et affirméque le « procès du gaullisme » évo-qué par M. Séguin avait été « obs-tinément intenté » par le présidentdu Front national, mais « nulle-ment formulé » par les respon-sables de la majorité ni par le gou-vernement. M. Jospin a ensuiterécolté les premiers applaudisse-ments de l’opposition en souli-

gnant que le ministre de l’inté-rieur, Jean-Pierre Chevènement,avait « cloué le bec à M. Le Pen »– qui avait affirmé qu’« il était plusfacile de résister à Londres que derésister en France » –, en répon-dant au président du FN qu’il était« en tout cas plus facile de collabo-rer à Paris que de résister àLondres ».

Réfutant ainsi toute responsabi-lité du gouvernement, M. Jospin aadressé, dans le même temps, denombreux signes d’apaisement endirection de ceux qui, à l’instar duprésident du RPR, se montraientsoucieux de ne pas voir la Franceen tant que telle figurer au bancdes accusés. En premier lieu, lepremier ministre a affirmé que « leprocès d’un homme » ne devait pasêtre « celui d’une époque », mêmes’il convenait, en dehors des pré-toires, d’« éclairer les enjeux de

cette période ». M. Jospin s’est en-suite taillé un franc succès, surtous les bancs de l’Hémicycle, enaffirmant qu’« il n’y a pas de culpa-bilité de la France parce que (...) Vi-chy était la négation de la France eten tout cas la négation de la Répu-blique ». Au cours de sa démons-tration, le premier ministre a prissoin de se démarquer subtilementdes propos tenus par JacquesChirac le 16 juillet 1995, à l’occa-sion du cinquante-troisième anni-versaire de la rafle du Vel’ d’Hiv’.Alors que M. Chirac avait affirméque « la France, ce jour-là, ac-complissait l’irréparable », M. Jos-pin a indiqué : « Je n’ai pas exacte-ment employé les mêmes termes il ya quelques mois [à l’occasion ducinquante-cinquième anniversairede la rafle] et n’ai pas personnelle-ment utilisé le mot “ France ”. »

Grâce notamment à cette dis-

crète mise au point sémantique,M. Jospin, qui a eu l’habileté de nepas pointer explicitement les pro-fondes divergences apparues ausein du RPR sur ce sujet, a rallié àlui nombre de suffrages. Dans lasoirée, le premier intéressé, Phi-lippe Séguin, a pris « acte de ceque le premier ministre a rappeléque le procès Papon devait être ce-lui d’un homme et non celui d’uneépoque ; que le gaullisme ne pouvaitêtre mis en cause ; que Vichy n’étaitni la France ni la République ».« J’avais souhaité avec force qu’ilsoit mis fin à une dérive et desamalgames inacceptables. Je saisgré au premier ministre de s’y êtreemployé », a conclu le président duRPR, qui avait tenu, quelquesheures plus tôt, à appeler M. Jos-pin pour lui dire qu’il était « na-vré » de ne pas avoir été présentdans l’Hémicycle lors de son inter-

vention. M. Séguin a également puse féliciter, mardi, de voir legroupe socialiste du Sénat renon-cer à inscrire à l’ordre du jour uneproposition de loi visant à per-mettre une incarcération deM. Papon – un texte que le députédes Vosges avait par avance quali-fié de « loi d’exception ».

« LECTURE JUSTE DE L’HISTOIRE » « C’est exactement ce que j’ai

dit », se félicitait quant à lui le pré-sident du groupe RPR, Jean-LouisDebré, en commentant dans lescouloirs l’intervention de M. Jos-pin. Ne retenant des propos tenuspar M. Chirac en juillet 1995 quel’expression d’un nécessaire « de-voir de compassion, de solidaritéenvers nos compatriotes, notam-ment nos compatriotes juifs, vic-times des agissements de cetteépoque », l’ancien ministre de l’in-

térieur avait affirmé, en fin de ma-tinée : « Je crois que Vichy ne futqu’un état de fait (...) ; pour autantil n’a jamais été dit que cet état defait était la France ou incarnait laRépublique. »

La rhétorique de M. Jospin aégalement emporté l’adhésion deceux qui, au Parti socialiste, sontrestés fidèles à l’analyse gaullistede François Mitterrand sur lapériode de Vichy. Ainsi, l’ancienministre de la culture Jack Lang a-t-il estimé, mardi, que M. Jospinavait fait « une lecture juste del’Histoire » en exprimant « ce queFrançois Mitterrand avait exprimélui-même voici deux ou trois ans ».« Lionel Jospin a permis de dis-soudre de fausses idées, de faussesoppositions, et d’indiquer un che-min qui peut rallier beaucoup degens », a souligné le maire deBlois.

Pour autant, le premier ministrea tracé quelques limites à ce « che-min » consensuel. Exprimant lacrainte que des mises en gardecomme celle de M. Séguin « inter-disent de mener ensemble (...) l’ef-fort de recherche sur notre passé »qu’il estime nécessaire, le chef dugouvernement s’en est pris – sansle nommer – au président de Forcedémocrate, François Bayrou, quiavait affirmé, le matin-même, que« lorsqu’un pays s’est déchiré, lapremière règle à appliquer est la ré-conciliation ». « Je ne suis pas sûrque les Français aient besoin d’êtreréconciliés parce qu’ils ne sont pasennemis les uns des autres », a indi-qué M. Jospin, en ajoutant que« les Français, en revanche, ont be-soin de se rassembler » : non « auprix de l’oubli », mais « sur des va-leurs qui sont celles de la démocra-tie, de la République ». Ainsi bril-lamment sorti de ce délicatexercice de style, le premier mi-nistre a reçu une ovation des dé-putés de la majorité.

Jean-Baptiste de Montvalon

HISTOIRE Lionel Jospin a répon-du, mardi 21 octobre, lors de la séancede questions d’actualité à l’Assembléenationale, à l’article de Philippe Séguinqui, dans Le Figaro du jour, reprochait

au gouvernement d’hésiter entre « in-différence » et « connivence » devantle « malaise »provoqué, selon le pré-sident du RPR, par le procès de Mau-rice Papon. Le premier ministre a dé-

claré que ce procès est celui « d’unhomme » et non « d’une époque ».b LES DÉPUTÉS de l’opposition sontpartagés sur l’analyse de Vichy, entrela position exprimée par Jacques

Chirac lorsque, en juillet 1995, il avaitreconnu une responsabilité à « laFrance » dans la déportation des juifs,et celle de MM. Séguin et Jospin, quirefusent d’assimiler la France au ré-

gime de Pétain. b A L’EXTRÊMEDROITE, la défense du régime de Vi-chy prend, dans National Hebdo, laforme d’un réquisitoire contre les juifs(Lire aussi l’éditorial p. 18).

Pour Lionel Jospin, la « France » n’est pas coupable de VichySe saisissant de la polémique lancée par Philippe Séguin, le premier ministre assure que le procès de Maurice Papon est celui d’un homme

et non d’une époque. Il prend la défense du gaullisme contre son dénigrement par l’extrême droite

La droite est partagée sur l’analyse du régime de VichyENTRE Jacques Chirac et Phi-

lippe Séguin, entre une « France »qui accomplit « l’irréparable » etune « France » qui « ne peut être te-nue pour responsable », l’oppositionbalance. Alors que les députés degauche ont applaudi à l’unissonl’intervention de Lionel Jospin lorsde la séance de questions au gou-vernement, leurs collègues du RPRet de l’UDF ont décliné, mardi21 octobre, la diversité de leurs ana-lyses sur le régime de Vichy.

Deux ans après la reconnaissancepar le président de la Républiquede la responsabilité de l’Etat fran-çais pendant l’Occupation, ils sontpeu nombreux, à droite, à re-prendre à la lettre la formule deM. Chirac. C’est cependant le casde Patrick Devedjian (RPR, Hauts-de-Seine), pour qui « c’est JacquesChirac qui a raison » contre M. Sé-guin, accusé de confondre l’Etat etla nation. « La nation, c’est une âme(...). L’Etat, c’est une administration.Cette administration, à 99 %, a prêtéserment au maréchal Pétain », a-t-ilexpliqué. Pierre Lellouche (RPR,Paris) estime, lui aussi, que le chefde l’Etat a « eu raison » : « Il n’y apas de tabou métaphysique danscette affaire, il y a une réalité histo-rique », dit-il.

En revanche, plusieurs députés

ont, pour la première fois, expriméleur désaccord avec M. Chirac.C’est le cas de Pierre Mazeaud(RPR, Haute-Savoie), qui « nepense pas tout à fait comme »M. Chirac, car « la France n’étaitpas le gouvernement de fait ». « Vi-chy était une parenthèse », tandisque « la France, la République, ontcontinué avec le général [deGaulle] », a-t-il plaidé. Au groupeUDF, aussi, on trouve des adver-saires de la déclaration deM. Chirac, comme Pascal Clément,secrétaire général de Démocratie li-bérale (DL) : « Je suis pour la thèsede De Gaulle, pour le mythe », af-firme M. Clément, pour qui « si oncommence à revoir tout ce qu’on afait de mal, il n’y a pas un pays quipuisse être fier ».

Sans mentionner le chef de l’Etat,Jacques Baumel (RPR, Hauts-de-Seine), compagnon de la Libéra-tion, s’en prend aux « maniaques del’abaissement de la France, qui tirentprétexte » du procès Papon pour« jeter un discrédit extrêmementgrave sur l’honneur de notre pays,sur le général de Gaulle et sur la Ré-sistance ». « Je ne voudrais pas qu’àcôté des compagnons de la Libéra-tion, il y ait maintenant les compa-gnons de la liquidation », a lancéM. Baumel. Selon lui, « il ne fautpas confondre Vichy et la France ».« Ce n’est pas quelques centaines depoliciers français qui permettent dejeter un jugement total sur l’adminis-tration française. Est-ce que vouscondamnez tous ceux qui, dans l’ad-ministration, ont permis à ce pays decontinuer à vivre ? », a-t-il interrogé.

D’autres députés, plus cir-conspects, ont préféré donner leurpropre interprétation de la positionde M. Chirac. C’est le cas de Jean-Louis Debré, président du groupeRPR, pour qui « Vichy ne fut qu’unEtat de fait ». « Pour autant, il n’ajamais été dit que cet Etat de faitétait la France ou incarnait la Répu-

blique », a-t-il soutenu. Alain Ma-delin, président de DL, a donné« raison » à M. Chirac « lorsqu’il adénoncé la folie criminelle (...) se-condée par l’Etat français », mais aajouté que « faire le procès de l’Etatfrançais, ce n’est pas faire le procèsde la France ».

Les députés de l’opposition nesont pas non plus tous d’accord surla portée qu’il convient de donnerau procès de Maurice Papon. Laplupart d’entre eux jugent qu’il doitêtre celui d’un homme, et non d’unrégime. A l’inverse, pour M. Made-lin, ce procès est « aussi le procès del’Etat français ». Selon lui, faire leprocès du fonctionnaire Papon,« c’est faire le procès de tout un sys-tème de pouvoir et de pensée qui faitqu’on a obéi, fonctionné, sans parfoismême se poser la question de savoirsi les lois que l’on appliquait étaientdes lois légitimes ». Or, estimeM. Madelin, « au-dessus des lois »de l’Etat, « il y a une loi morale » quileur est « supérieure ». M. Madelindénonce un « système de pensée quifait que les lois sont nécessairementlégitimes dès lors qu’elles émanent del’Etat ». Philippe Douste-Blazy, se-crétaire général de Force démo-crate, partage cette analyse.

VIVES RÉACTIONS À GAUCHE Les députés de l’opposition sont

davantage embarrassés par l’at-taque portée par M. Séguin à l’en-contre du gouvernement, accusé dese servir du procès pour « gonfler laforce électorale du Front national ».« Je ne vois pas en quoi » il y auraitmanipulation, estime Pierre Alber-tini (UDF-PPDF, Seine-Maritime).« Si nous acceptons le verdict duprocès et celui de l’Histoire, je ne voispas en quoi le FN pourrait prospérerà cause de cette affaire », ajoute-t-il.

M. Clément est moins catégo-rique. Sans vouloir « faire le procèsdu gouvernement », il indiquequ’une éventuelle ouverture des ar-

chives de la préfecture de police le« turlupine beaucoup », dans la me-sure où, en « alimentant le granddéballage », elle risquerait de« tourner à la guerre civile idéolo-gique ». M. Lellouche dénonce éga-lement une polémique « mal-saine » : « Il y a des gens qui ontintérêt à voir les gaullistes se diviser,à voir le FN récupérer cette affaire »,a-t-il assuré. Nicole Catala (RPR,Paris) accuse, elle aussi, les socia-listes d’essayer « de faire le procèsde la façon dont les gaullistes onttraité l’affaire algérienne dans lesannées 60 », alors que, selon elle, laphase de la guerre d’Algérie « trai-tée par le pouvoir socialiste » a été« nettement plus atroce que tout cequi a suivi ».

La gauche, en revanche, a vive-ment réagi aux accusations deM. Séguin. Alain Bocquet, pré-sident du groupe communiste, amis en garde contre l’utilisation duprocès dans « des polémiques politi-ciennes d’aujourd’hui » ; Jean-MarcAyrault, président du groupe socia-liste, a jugé « outrancier, grossier,dérisoire, malveillant et lamentable »le texte de M. Séguin. Robert Ba-dinter, sénateur (PS) des Hauts-de-Seine, s’est également dit, mercre-di, sur RTL, « absolument affligé »par la polémique politique autourdu procès de Maurice Papon. « Onoublie l’essentiel », à savoir qu’« àBordeaux, on juge un homme pourcomplicité de crimes contre l’huma-nité, la plus grave des incrimina-tions ». François Hollande, premiersecrétaire délégué du PS, a égale-ment reproché, sur France-Inter, auprésident du RPR de vouloir fairedu procès Papon « un sujet de polé-mique politique ». « On ne sait pastrès bien à qui s’en prend PhilippeSéguin ; lui non plus, à mon avis, nesait pas très bien », a ajouté M. Hol-lande.

Cécile Chambraud

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F R A N C E LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 7

Les députés du PS adoptentun amendement atténuant

la réduction de l’AGEDM. Ayrault fustige l’absentéisme des élus de son groupe

AU TERME d’un débat qualifiépar des témoins d’« électrique »ou de « dur », les députés socia-listes ont adopté, mardi 21 octo-bre, par une majorité des deuxtiers un amendement de ClaudeBartolone (PS, Seine-Saint-Denis),président de la commission des af-faires culturelles et sociales, quiassouplit les dispositions concer-nant l’allocation de garde d’en-fants à domicile (AGED), conte-nues dans le projet de loi definancement de la Sécurité sociale.Au terme de plusieurs semaines depolémiques, l’AGED (12 800 francspar trimestre) devrait donc bienêtre diminuée de moitié pour lesfamilles dont les revenus dé-passent 300 000 francs par an.Mais au-dessous de ce niveau derevenu, une famille, dont les deuxparents travaillent et dont l’enfanta moins de trois ans, ne verra sonallocation diminuée que de 25 %.

Claude Evin (PS, Loire-Atlan-tique) a expliqué, à l’issue de laréunion du groupe socialiste, quele compromis n’avait été acceptépar les députés qu’en contrepartiede la perspective d’une remise àplat de la politique familialeen 1998, ce qui permettrait, selonJean-Marc Ayrault (PS, Loire-Atlantique), président du groupesocialiste, de « sortir de ce procèsprofondément injuste fait [par ladroite] à la gauche » de défavori-ser les familles.

Selon Didier Migaud (PS, Isère),le clivage entre élus des grandscentres urbains et élus provin-ciaux s’est manifesté au cours dudébat. Les « provinciaux » mettenten avant le fait qu’ils neconnaissent dans leurs cir-conscriptions aucune famille bé-néficiant de l’AGED, ou que lesseuls protestations contre la me-sure de réduction sont venues, parexemple, de l’ordre des avocats.Des interventions qualifiées de« populistes » par Jean-MarieLe Guen (PS, Paris), chef de filedes élus franciliens défenseurs del’AGED, qui estime qu’en mettanten avant le très petit nombre defamilles bénéficiant de l’AGED, onfait « une fausse présentation statis-tique de la situation, comme si celaavait un sens de rapporter cette ca-tégorie sociologiquement réduite, àl’ensemble des familles françaises ».

M. Le Guen avait choqué sesamis en tentant de leur faire ad-mettre qu’avec un revenu de5O OOO francs mensuel, onn’était pas forcément « riche » àParis. Un argument qui a fait dire àAlfred Recours (PS, Eure) que les

députés socialistes étaient trop in-fluencés par les « milieux privilé-giés » qu’ils fréquentaient. M. Re-cours a troublé ses collègues enaffirmant que, au fond, l’AGED,quelles que soient ses modalités,était un système qui permettaitaux « riches » de faire garder leursenfants chez eux alors que les smi-cards, eux, ne le pouvaient pas.Conclusion d’Henri Emmanuellisur le vote « raisonné » du groupePS en faveur d’un assouplissementde l’AGED : « Politiquement, on acompris qu’il valait mieux s’écraser,mais sur le fond, c’est scandaleux. »

« IRRESPONSABILITÉ POLITIQUE »La réunion du groupe socialiste

a également été l’occasion pourM. Ayrault d’adresser une admo-nestation à ses troupes dont l’ab-sentéisme avait entraîné plusieursincidents de séance au cours de ladiscussion budgétaire (Le Mondedaté 19-20 octobre).

M. Ayrault a qualifié ce manqued’assiduité de « grave irresponsabi-lité politique », surtout de la partdes députés qui « se sont âprementdisputés leur désignation commemembres de la commission des fi-nances ». Le maire de Nantes a es-timé « inutile – car ajoutant à l’ex-citation et au désordre – que desmembres de cabinet jouent lesmouches du coche, les donneurs deleçon, voire les commentateurs mal-veillants ». M. Ayrault a reproché àcertains députés de traiter « par-fois avec grossièreté, comme des im-portuns » les assistants du groupechargés de les relancer au télé-phone.

Enfin, le président du groupe arépondu aux attaques contre sonsupposé « manque d’autorité ».« Je ne conçois pas mon rôle commecelui d’un pion ou d’un adjudant-chef maniant la férule », a-t-il dit.Au passage, M. Ayrault, qui estjospiniste, a reproché à « unmembre du cabinet de Laurent Fa-bius » d’avoir relevé, « dans lejournal Le Monde (daté 19-20 oc-tobre), un problème d’autorité à ladirection du groupe socialiste ».« Sa maladresse montre qu’iln’était pas en service commandé »,a commenté M. Ayrault, aussitôtinterrompu par le député fabiu-sien Alain Claeys (Vienne), qui luia lancé : « Je crois, Jean-Marc, quetu as franchi la ligne jaune », indi-quant ainsi que les qualités per-sonnelles des uns ou des autresn’étaient pas seules en cause dansces règlements de comptes.

Fabien Roland-Lévy

Matignon réfléchit sur la législation des sondages électoraux« PENDANT la semaine qui précède chaque

tour de scrutin ainsi que pendant le déroulementde celui-ci, sont interdits, par quelque moyen quece soit, la publication, la diffusion et le com-mentaire » des sondages d’opinion qui ont unrapport avec le scrutin en question. Ainsi estrédigé le premier alinéa de l’article 11 de la loidu 19 juillet 1977 qui, depuis vingt ans, fixe lesrègles d’utilisation et d’exploitation des en-quêtes d’intention de vote en période électo-rale. Cette loi, surtout connue par son article 11qui est controversé, fait l’objet d’une réflexionà l’hôtel Matignon. Le premier ministre, LionelJospin, a confié à Gérard Le Gall, conseillerchargé des institutions, des études d’opinion etdes élections, le soin de préparer le terraind’une éventuelle réforme de ce texte.

Afin de faire un examen du fonctionnementde cette loi, M. Le Gall a ouvert une série deconsultations, le 16 octobre, avec la présidentede la Commission nationale des sondages, Jac-queline Beauchet. Il devrait, dans les pro-chaines semaines, recevoir les responsables desprincipaux instituts de sondage, des représen-tants des groupes parlementaires, des universi-taires spécialisés et les partenaires de la presse,comme les syndicats de journalistes et les di-recteurs de publication. Il devrait remettre unenote de synthèse à M. Jospin à la fin de no-vembre. C’est la première fois depuis 1977 queles socialistes portent un intérêt à ce sujet quin’avait pas été retenu dans les travaux de laConvention des acteurs de la démocratie orga-nisée en juin 1996 par le PS.

Pourtant, depuis cette date, le thème a rete-nu l’attention de la droite et du PCF qui n’ontpas déposé moins de six propositions de loi surle bureau de l’Assemblée nationale. Toutesvont dans le même sens : celui d’une restrictionaccrue de la publication des sondages enpériode électorale. Conduits par Alain Boc-quet, l’actuel président de leur groupe, les dé-putés communistes ont ainsi proposéd’étendre l’interdiction de publication, de dif-fusion et de commentaire « à compter du jourd’ouverture de la campagne électorale jusqu’aujour de l’élection inclus ». Pour les députés RPR,Bernard Carayon a fait la même proposition àcompter du « mois qui précède le scrutin », tan-dis que Daniel Arata s’alignait sur la proposi-tion communiste. Au nom du groupe UDF,François-Michel Gonnot a proposé de fixer lapériode à « trois semaines », comme le députéRPR Jean-Louis Masson.TEXTE OBSOLÈTE

Au milieu de cet unanimisme, où les socia-listes ont brillé par leur absence, une seule voixest allée à contre-courant en 1995, celle deJean-François Mancel, président du conseil gé-néral de l’Oise, battu aux législatives de juin.« Cette interdiction paraît aujourd’hui totale-ment injustifiée et inadaptée aux évolutions denotre société et aux techniques modernes decommunication », écrivait M. Mancel dans l’ex-posé des motifs de sa proposition de loi rela-tive à la suppression de l’article 11 du texte1977. Il a été relayé, depuis le 30 septembre, parle député Pierre Albertini (UDF-PPDF, Seine-

Maritime) qui propose l’abrogation de cet ar-ticle.

M. Le Gall, qui annonce une hostilité an-cienne à cet article, se trouve donc sur la mêmelongueur d’onde que les abrogateurs. Non sansun certain goût de la provocation, il affiche uneposture « libérale, voire ultra-libérale » car, se-lon lui, cet article 11 conduit à « une démocratieélitiste » et à « une inégalité devant les son-dages ». De fait, les dernières législatives ontmis en évidence le caractère obsolète de la loiface à l’évolution des techniques de communi-cation, les résultats des sondages étant publiéspendant la période interdite, soit sur Internet,soit dans la presse étrangère. Pour souligner lecaractère absurde de la situation, plusieursjournaux avaient délibérément violé la loi endiffusant ou en commentant des sondages in-terdits à la publication. La demande de pour-suites reclamée au ministère de la justice par laCommission des sondages n’est pas allée, pourle moment, au-delà de l’audition des contreve-nants par la police.

Un assouplissement de la législation ne de-vrait-il pas s’accompagner d’un renforcementdes garanties déontologiques offertes par lesinstituts ? Un colloque organisé par l’associa-tion Communication publique, jeudi 23 octo-bre, à l’Assemblée nationale, devait précisé-ment se pencher sur les règles à respecter pourparvenir à davantage de « sérénité » dans lapublication des sondages électoraux.

Olivier Biffaud

Le Parti socialiste veut « aller vite et loin »dans la limitation du cumul des mandats

Le groupe de travail du PS prône une « rupture » entre mandat parlementaire et fonction exécutiveLe bureau national du PS a débattu, mardi 21 octo-bre, de la limitation du cumul des mandats à partird’un rapport de Bernard Roman, membre du secré-

tariat national. M. Roman a formulé les propositionsd’un groupe de travail constitué, fin septembre, avecles groupes socialistes de l’Assemblée nationale et

du Sénat et la Fédération nationale des élus socia-listes et républicains. Il prône une « rupture » entremandat parlementaire et fonction exécutive locale.

CUMULARDS au point d’êtredevenus parfois des symboles decette multiplication de mandats,ils sont tous montés au créneau,mardi 21 octobre, au bureau natio-nal du Parti socialiste, pour pour-fendre lesdits cumuls. Maire deLille, président de la communautéurbaine de la métropole lilloise,sénateur du Nord, président de lafondation Jean-Jaurès, présidentde l’Internationale socialiste, l’an-cien premier ministre Pierre Mau-roy a joint sa voix à celles deGeorges Frêche, maire de Mont-pellier, président du district decette ville, député de l’Hérault, etde Michel Delebarre, maire deDunkerque, député du Nord, pre-mier vice-président du conseil ré-gional du Nord - Pas-de-Calais,président de la communauté ur-baine de Dunkerque, président del’Association des maires desgrandes villes de France, pour de-mander au gouvernement « d’allervite et loin » dans son projet sur lalimitation du cumul des mandats.

Avant que François Hollande,premier secrétaire délégué, ne soitreçu, la semaine prochaine, par

Lionel Jospin, dans le cadre desconsultations engagées par le pre-mier ministre, le bureau nationaldu PS a débattu des propositionsde Bernard Roman, chargé del’animation et de l’innovation in-terne au secrétariat national, pre-mier secrétaire de la fédération duNord, adjoint au maire de Lille,député du Nord. « Nous pensonsque le cumul des mandats n’est pasune fin en soi , mais qu’il est lemoyen d’entrer dans une phase demodernisation de la vie politiquefrançaise », a affirmé M. Roman,qui s’est prononcé en premier lieupour « une rupture entre le mandatparlementaire national et le man-dat exécutif local ».

Dans son rapport, qui n’a pasdonné lieu à une adoption for-melle, M. Roman n’a pas retenu– conformément aux propositionsadoptées par une convention na-tionale du PS sur la démocratie enjuin 1996 – de seuil précis pourl’incompatibilité des fonctions demaire avec un mandat parlemen-taire national. « Nous ne souhai-tons plus qu’il y ait de député maireou de sénateur maire, et ce quelle

que soit la taille de la commune », anoté M. Roman. L’incompatibilitéentre un mandat parlementairenational et une fonction exécutivelocale pourrait concerner les pré-sidents, mais aussi les vice-prési-dents de conseils généraux et deconseils régionaux, voire les ad-joints au maire « dans des villes im-portantes », mais le débat n’a pasété tranché. « Chaque fois qu’unmandat est exercé à plein temps,nous pensons qu’il faut le prendreen compte dans la limitation ducumul des mandats », a préciséM. Roman.

« RÉVOLUTION CULTURELLE »Contrairement aux orientations

de la convention sur la démocra-tie, M. Roman n’a pas étendu l’in-compatibilité à la présidence destructure intercommunale, enconsidérant qu’il fallait en faire aupréalable « une collectivité territo-riale de plein droit » et prévoir uneélection au suffrage direct avantde les prendre en compte dans lalimitation du cumul. Parlant de« véritable révolution culturelle »,M. Roman a prôné l’interdiction

du cumul d’un mandat parlemen-taire national et d’un mandat par-lementaire européen ainsi que l’in-terdiction du cumul entre deuxfonctions exécutives locales (demême que du cumul entre la fonc-tion de ministre et une fonctionexécutive locale).

« Nous sommes au début d’unprocessus », a souligné M. Romanen demandant, quinze ans après laloi Defferre, une nouvelle étape de« décentralisation ». La réformedevrait inclure une réflexion surles modes de scrutin, l’élaborationd’un « statut de l’élu local » et l’in-compatibilité d’un mandat parle-mentaire avec une activité profes-sionnelle rémunérée. Le PSsouhaite une loi « le plus tôt pos-sible », ce qui devrait conduire àune première lecture avant lesélections régionales et cantonales.Pour Bernard Poignant, maire deQuimper et président de la Fédéra-tion nationale des élus socialisteset républicains, les élus sont « dis-ponibles et disposés » à jouer le jeudu non-cumul.

Michel Noblecourt

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8 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997(Publicité)

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F R A N C E LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 9

Les députés adoptentles crédits de la justiceL’ASSEMBLÉE NATIONALE a adopté, dans la nuit du mardi 21 aumercredi 22 octobre, le budget de la justice pour 1998 (24,87 milliardsde francs, en augmentation de plus de 4 % par rapport au budget1997). Chacun des orateurs – à commencer par Patrick Devedjian(RPR, Hauts-de-Seine), rappor-teur spécial de la commissiondes finances – ayant salué l’im-portance de l’effort financierconsenti, le débat a porté, pourl’essentiel, sur les réformes qu’ilconvient de mettre en œuvre. Refusant de préciser lescontours de la réforme de la jus-tice qui sera soumise aux dépu-tés « dans les semaines à venir »(Le Monde du 22 octobre), Elisa-beth Guigou, ministre de la jus-tice, a annoncé, concernant laréforme des cours d’assisesabandonnée du fait de la disso-lution, qu’elle réfléchissait à « unsystème moins coûteux » que celuiimaginé par son prédécesseur,Jacques Toubon.

a LISTES ÉLECTORALES : les députés ont adopté à l’unanimi-té, mardi 21 octobre, le projet de loi sur l’inscription automatiquedes jeunes de 18 ans sur les listes électorales, lors de l’examen dutexte en seconde lecture à l’Assemblée nationale (Le Monde du10 octobre).a ASSEMBLÉE NATIONALE : Jean-Pierre Kucheida, député(PS) du Pas-de-Calais, maire de Liévin, a été nommé, lundi 20 oc-tobre, président du Conseil supérieur de l’électricité et du gaz deFrance. M. Kucheida avait obtenu ce poste, pourvu d’un certainnombre d’avantages matériels, avec l’appui de Laurent Fabius,président de l’Assemblée nationale, contre Michel Delebarre (PS,Nord), soutenu par Jean-Marc Ayrault, président du groupe socia-liste.

DÉPÊCHESa CONJONCTURE : la production industrielle a fortement pro-gressé en juillet-août. Selon l’indice publié mercredi 22 octobre parl’Insee, la hausse a été de 3,8 % par rapport à juin et de 4 % sur un an.La tendance profite à l’automobile (+5,2 % en juillet-août), sous l’effetd’exportations bien orientées, mais aussi aux biens de consommation(+3,4 %) et en particulier aux équipements du foyer (+9,3 %).a MÉDECINS : les honoraires des médecins ont augmenté enmoyenne de 2,6 % par tête en 1996 par rapport à l’année précédente,contre une hausse individuelle de 2,9 % en 1995, selon des statistiquespubliées mardi 21 octobre par la Caisse nationale d’assurance maladiedes travailleurs salariés (CNAMTS). Les 50 000 spécialistes ont bénéfi-cié d’une progression de 2,9 % de leurs honoraires, alors que ceux des66 000 généralistes ont augmenté de 2,1 %.a SOCIAL : le nombre d’électeurs inscrits pour les électionsprud’homales du 10 décembre a atteint 15 544 358 électeurs, soit767 000 de plus qu’en 1992 (+ 5 %), selon les données rendues pu-bliques, mercredi 22 octobre, par le ministère de l’emploi. On compte921 299 inscrits dans le collège employeurs et 14 633 059 dans celuides salariés. Chez ces derniers, la section du commerce (30,7 % des sa-lariés) est désormais plus importante que celle de l’industrie (28,4 %).a PARIS : la majorité RPR-UDF au Conseil de Paris a porté, lundi20 octobre, de 44 à 47 le nombre d’adjoints du maire Jean Tiberi enélisant à cette fonction le professeur Victor Israël (UDF) et deux élusRPR, Vincent Reina et Pascal Vivien.a GUYANE : Jacques Chirac se rendra, du 23 au 25 novembre enGuyane, dans le cadre des voyages du chef de l’Etat en province, pré-cisent les services de l’Elysée.

1,00

1,25

1,50

1,75 1,56 %

1,05 %

en pourcentage

PART DE LA JUSTICE DANS LE BUDGET DE L'ÉTAT

L'augmentation des crédits

1981

1983

1985

1987

1989

1991

1993

1995

1997

Jean-Pierre Gérard briguela succession de Jean Gandois

Membre du Conseil de la Banque de Francechoisi par M. Séguin, il vise la présidencedu Conseil national du patronat français

LE PREMIER CANDIDAT à lasuccession de Jean Gandois, qui adonné sa démission de la présidencedu CNPF, s’est fait connaître, mardi21 octobre. Jean-Pierre Gérard,membre du Conseil de la politiquemonétaire de la Banque de France,a déclaré dans un communiqué qu’ilavait « entamé des consultations » àce sujet.

Polytechnicien et ancien ingé-nieur de l’armement, M. Gérard atravaillé dans l’industrie, en parti-culier chez Thomson et General Bis-cuit, où il a occupé des postes de di-recteur ou de PDG. Il dirige le Clubdes numéros un mondiaux françaisà l’export. Au Conseil de la politiquemonétaire de la Banque de France,où il a été nommé en 1994 par leprésident de la République sur pro-position de Philippe Séguin, il aadopté une attitude critique àl’égard de la politique du franc fort.

« Après avoir pendant dix ans ren-contré (...) tous les responsableséconomiques, politiques et sociaux denotre pays, j’ai acquis la convictionque nous devions nous réformer surles plans syndical, politique et écono-mique », assure-t-il. Selon lui, leCNPF doit se réformer et « contri-buer à unir toutes les forces de pro-duction » afin d’œuvrer avec lessyndicats d’ouvriers et de cadres « àl’élaboration de la charte sociale duXXIe siècle ».

Les candidatures à la présidencedu CNPF sont reçues par le secré-taire général de l’organisation pa-

tronale. Elles seront examinées dansle courant du mois de novembre parle comité statutaire qui vérifiera queles prétendants jouissent de la quali-té de chefs d’entreprise. Le conseilexécutif du CNPF émettra, le 1e r dé-cembre, un avis sur les candidats.L’assemblée générale votera pourdépartager ceux-ci le 16 décembre.

Dans l’attente d’autres candida-tures, le nom de Didier Pineau-Va-lencienne, PDG de Schneider etvice-président du CNPF chargé desaffaires sociales, est souvent citéparmi les « présidentiables ». Il adéclaré, le 20 octobre, sur Europe 1,qu’il souhaite poursuivre, à la têtede Schneider, son mandat quis’achève en 1998 et qu’après, il pro-jette d’enseigner dans une universi-té américaine. Pressé de dire s’il estcandidat, M. Pineau-Valencienne arépondu : « Dans ma famille, quandil s’agissait de mon pays, il fallait tou-jours dire : “Je suis prêt à le servir”.C’est tout ce que je peux dire au-jourd’hui. »

Comme candidat, M. Pineau-Va-lencienne pourrait être handicapépar ses démêlés avec la justice belgequi l’a inculpé en 1994 pour faux,usage de faux, abus de confiance etescroquerie sur plainte d’action-naires minoritaires de ses filialesbelges Cofibel et Cofimines. Unetentative de transaction a échoué auprintemps dernier (Le Monde du5 avril).

Alain Faujas

Quatre députés communistes refusent de voterle volet recettes du projet de budget 1998

M. Bocquet, président du groupe, « regrette » l’abstention de quatre élus du PCFLes députés ont adopté, mardi 21 octobre, par306 voix contre 248, la première partie du projetde loi de finances pour 1998, celle consacrée aux

recettes. Les socialistes et les membres dugroupe RCV ont voté pour, le RPR et l’UDF ontvoté contre, ainsi que trois députés non inscrits.

En revanche, sur les 36 élus communistes,quatre se sont abstenus, les autres membres dugroupe votant pour.

« JE NE COMPRENDS PAS, et jeregrette. » C’est par ces motsqu’Alain Bocquet, le président dugroupe communiste de l’Assem-blée nationale, a commenté, mardi21 octobre, l’abstention de 4 des36 députés communistes sur le vo-let recettes du projet de loi de fi-nances pour 1998.

Ni Georges Hage (Nord), ledoyen du groupe, ni Maxime Gre-metz (Somme), ni René Dutin(Dordogne), ni Patrice Carvalho, lenouvel élu de l’Oise, qui s’était déjàfait remarquer en faisant sa « ren-trée » au Palais-Bourbon en bleude travail, le 12 juin, n’ont en effetvoté pour le budget présenté enpremière lecture à l’Assemblée,comme le signale, dans un discretappel de notes, et sans leur donnerla parole, L’Humanité du 22 octo-bre...

Ce fut la seule surprise de cevote. L’Assemblée nationale a eneffet adopté le texte, qui, avec undéficit budgétaire de 257,368 mil-liards de francs (3,05 % du PIB),permettra, selon le gouvernement,de respecter les critères du traité deMaastricht. Les députés RPR etUDF ont tous voté contre, ainsique les 3 députés non inscrits :Jean-Marie Le Chevallier (Var), Phi-lippe de Villiers et Dominique Cail-laud (Mouvement pour la France,Vendée). Les députés PS et RCV(Radical, citoyen et vert) ont tousvoté pour. Augustin Bonrepaux(PS, Ariège) a répété trois fois que

le projet de budget « engageait uneredistribution significative en faveurdes familles modestes et moyennes »,tandis que Jean Rigal (PRS, Avey-ron) apportait le soutien de songroupe « dans sa diversité ».

Patrick Malavieille (Gard), ora-teur du groupe communiste, a émistoute une série de réserves. « Cebudget, encadré par les critères de lamonnaie unique, ne permet pas demobiliser pleinement l’outil budgé-taire pour une croissance soute-nue », a-t-il plaidé, expliquant que

les communistes attendaient denombreuses « améliorations »avant le vote définitif : plusd’argent pour les budgets sociauxet les collectivités locales, réformeplus rapide de la fiscalité du patri-moine, de l’impôt sur la fortune etdes stock-options, etc...

« Après une telle explication, onattendait une conclusion naturelle etlégitime : que le groupe s’abs-tienne », commentait ironiquementMaxime Gremetz, qui décidaitdonc de le faire en son nom, tandis

que M. Bocquet assurait ne pasavoir été mis au courant : aucundes quatre abstentionnistes n’avait,de fait, évoqué sa décision, le ma-tin, à la réunion du groupe.

Dans une lettre adressée le20 octobre à Lionel Jospin, M. Car-valho, qui a déjà fait connaître,comme M. Gremetz, son hostilitéau basculement de la CSG et auplafonnement des allocations fami-liales, commente en revanche sonabstention. « Je vous le dis solennel-lement, ce budget n’est pas à la hau-teur des attentes des Français, deleur attente au changement et despossibilités d’y répondre », écrit lemaire de Thourotte (Oise). Dans salettre, M. Carvalho prend aussi ladéfense des journalistes, frappéspar la suppression « injuste » deleur abattement fiscal...

« Comment la gauche pourrait-elle prendre de telles mesures quandun rapport du Commissariat au Planvient de montrer que le chômage etla précarité touchaient 7 millions depersonnes en France ? (...) Votrebudget (...) ne constitue pas, pourautant, un instrument de relanceéconomique, car, encore une fois, lemonde du travail est pénalisé et lesvrais privilèges à peine effleurés »,conclut le député de l’Oise. « Laforce de votre gouvernement, écrit-il,repose sur la confiance populaire.Cette confiance, il ne faut pas la dé-cevoir. »

Ariane Chemin

La réforme du service national a désormais force de loiSTATUANT de façon définitive,

à l’issue d’un examen par le Sénatet après la création d’une commis-sion mixte paritaire entre députéset sénateurs, qui n’est pas parve-nue à rédiger un texte commun,l’Assemblée nationale a adopté,lundi 20 octobre, en dernière lec-ture, le projet de réforme du ser-vice national. Voici, pour l’essen-tiel, les principales dispositions decette loi, telles qu’elles seront dé-sormais appliquées.

b Les jeunes salariés, titulairesd’un contrat à durée indéterminée(CDI) ou d’un contrat à durée dé-terminée (CDD), d’une durée d’aumoins six mois et obtenu troismois au moins avant la date d’ex-piration de leur report d’incorpo-ration, peuvent demander à béné-ficier d’un report d’incorporationd’une durée de deux ans, qui cesseà l’expiration du CDI ou du CDD.

Les reports sont accordés si l’in-corporation immédiate du deman-deur a pour effet de compromettreson insertion professionnelle ou laréalisation d’une première expé-rience professionnelle. Les jeunesqui ont la charge d’au moins unenfant et ceux dont l’épouse nedispose pas de ressources suffi-santes sont dispensés des obliga-

tions du service national. Lesjeunes chefs d’entreprise peuventaussi demander à l’être.

b Le service national universelse décomposera désormais en troisobligations : le recensement ; l’ap-pel de préparation à la défense(APD), et l’appel sous les drapeaux« suspendu », mais qui peut êtrerétabli à tout moment par la loi dèslors que les conditions de la dé-fense de la nation l’exigent, ou queles objectifs assignés aux armées lenécessitent. Sont concernés lesjeunes Français nés à partir du1er janvier 1979, et les jeunes Fran-çaises nées à partir du 1er janvier1983.

b Le recensement concerne,dès aujourd’hui, tous les jeunes de16 ans. Les jeunes filles seront éga-lement recensées à partir de 1999.Les Français naturalisés entre 16 et25 ans seront soumis à l’obligationde recensement, mais seulementdès la naturalisation acquise ounotifiée. A cette occasion, il estprévu que les Français déclarentleur état-civil, leur situation fami-liale et scolaire, universitaire ouprofessionnelle.

Le recensement se déroule à lamairie ou au consulat du paysétranger dans lequel vit le jeune

Français. L’administration remetune attestation de recensement.Quiconque se présente à un exa-men ou concours soumis aucontrôle de l’autorité publique doitêtre en règle avec cette obligationde recensement. Néanmoins, toutjeune Français peut procéder, àtout moment, à la régularisationde sa situation et, donc, se faire re-censer.

b L’appel de préparation à ladéfense (APD) est obligatoire et ilest censé durer une journée (unmercredi ou un samedi, selon lesdispositions pratiques du centre oùil se déroulera). Il permet deconforter l’esprit de défense et deconcourir à l’affirmation du senti-ment d’appartenance à la commu-nauté nationale, ainsi qu’au main-tien du lien entre l’armée et lajeunesse. Il est organisé entre le re-censement et le dix-huitième anni-versaire.

Jusqu’au 31 décembre 2001, lesjeunes hommes nés en 1980, 1981et en 1982 sont convoqués pourl’APD entre leur recensement etleur dix-neuvième anniversaire.Les jeunes hommes nés en 1979sont exemptés, mais ils peuventdemander à y participer et se por-ter alors candidats à une prépara-

tion militaire. Ceux qui n’aurontpu participer à l’APD avant leurs18 ans peuvent demander à régula-riser leur situation jusqu’à l’âge de25 ans.

Des tests évaluant l’apprentis-sage de la langue française sont or-ganisés, de façon à dépister l’illet-trisme. Un certificat individuel departicipation sera délivré à l’issuede l’APD. Avant l’âge de 25 ans,quiconque se présente à un exa-men ou à un concours, soumis aucontrôle de l’Etat, se doit d’être enrègle avec cette obligation, sauf casde force majeure.

b La préparation militaire,c’est-à-dire une formation militairedont la durée est fixée par l’auto-rité militaire en fonction des be-soins de chaque armée et chaquespécialité, est ouverte à des volon-taires. Après cette préparation, lesFrançais pourront avoir accès à laréserve.

b L’enseignement de la dé-fense, obligatoire, est organisédans les collèges et les lycées à par-tir de la rentrée 1998. Il porte surles principes et l’organisation de ladéfense nationale et de la défenseeuropéenne et il a pour but de ren-forcer le lien entre l’armée et la na-tion.

Jean-Claude Trichet sur le gril de la commission des finances DES DÉPUTÉS COMMUNISTES hypnoti-

sant les agences financières anglo-saxonnes,des cavalcades dans les couloirs, des élus del’opposition UDF et RPR qui boudent osten-siblement, un président de la commission desfinances, Henri Emmanuelli (PS, Landes),s’étonnant de tout ce tintamarre mais secrète-ment ravi de son « coup » : mardi 21 octobre,la venue du conseil de la politique monétaire(CPM) devant la commission des finances del’Assemblée nationale a été naturellement fé-brile.

Cette agitation n’a fait qu’exaspérer un peuplus le gouverneur de la Banque de France,Jean-Claude Trichet, plutôt à cran depuis plu-sieurs jours. M. Trichet s’est employé à cadrer,dans ses moindres détails, la rencontre, appe-lée de ses vœux par M. Emmanuelli au lende-main du relèvement des taux décidé, le 9 octo-bre, par la plupart des banques centraleseuropéennes dont la Banque de France. Leprésident de la commission des finances avaitqualifié cette hausse « d’inopportune ».

A la veille de la réunion, un communiqué dela Banque de France avait tenu à préciser quele CPM se rendait à « une invitation infor-melle » de la commission des finances et non« à une audition formelle », que la loi « ne pré-voit pas ». Sur ce point, M. Trichet avait prisdes assurances en consultant l’ancien pré-sident du Conseil constitutionnel, Robert Ba-dinter. Lors de l’audition, un membre du

conseil, Jean-Pierre Gérard, réputé de sensibi-lité séguiniste et candidat du jour à la prési-dence du CNPF, a cité ce mot attribué à Fran-çois Mitterrand lors de l’installation du CPM :« Surtout, ne vous préoccupez pas de l’opi-nion ! » Pour éviter tout débordement, M. Tri-chet avait obtenu de M. Emmanuelli la confi-dentialité la plus stricte ainsi que laconstitution d’une vaste zone interdite à lapresse aux alentours de la commission des fi-nances.

De fait, les six membres du CPM présents(trois d’entre eux – Michel Albert, Pierre Guil-len et Denise Flouzat – s’étaient fait excuser)sont restés invisibles. Et seuls les commissairesaux finances de la majorité ont assisté à la réu-nion, les députés UDF et RPR ayant annoncéle matin même, par une déclaration communede Pierre Méhaignerie (UDF-FD, Ille-et-Vi-laine) et de Philippe Auberger (RPR, Yonne),qu’ils boycottaient cette rencontre. Afin de ne« pas participer, dans le contexte actuel, à l’idéed’un clash contre l’autonomie et l’indépendancede la Banque de France », expliquaient-ils.

M. Auberger avait fait valider, au préalable,cette position par Jean-Louis Debré, le patrondu groupe parlementaire RPR. Ce mouvementpolitique est aujourd’hui présidé par PhilippeSéguin qui n’a jamais ménagé ses critiques surla politique de la Banque de France. Non sansperfidie, M. Emmanuelli indiquait, mardi soir,que la décision de faire venir le CPM n’avait

soulevé aucune objection de l’opposition lors-qu’elle avait été soumise à la commission desfinances, le 14 octobre.

« La Banque de France est indépendante », a-t-il souligné, tout en rappelant qu’il avait votécontre ses statuts. « Remettre en cause cela se-rait émettre des signaux négatifs (...). Mais in-dépendance ne signifie pas impossibilité d’avoirun débat public sur les questions monétaires »,déclarait M. Emmanuelli. Selon Jean-PierreBrard (app. PC, Seine-Saint-Denis), l’un desmembres du CPM, Jean-René Bernard, n’a pasdit autre chose, lors de l’audition, en souli-gnant « qu’indépendance ne signifiait pas opa-cité ».

Cette audition a été l’occasion d’une belleprise de bec entre deux membres du CPM,Paul Marchelli et Hervé Hannoun. Le premiera fait valoir que lorsqu’il présidait la CFE-CGC,il s’était toujours opposé à la politique moné-taire menée par Pierre Bérégovoy, estimantque l’obsession du franc fort avait été payéepar un nombre accru de chômeurs. « C’estinacceptable », s’est indigné aussitôt M. Han-noun, ancien directeur de cabinet de M. Béré-govoy. Mardi soir, ravis de leur après-midi,certains à l’Assemblée voulaient suggérer àM. Emmanuelli une audition de Wim Duisen-berg, pressenti pour diriger la future Banquecentrale européenne.

Caroline Monnot

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S O C I É T ÉLE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

400 000 habitations pourraient être remises sur le marché DANS SON EXPOSÉ des motifs, l’amende-

ment socialiste sur la « taxe d’inoccupation »souligne que sa mise en œuvre obligerait, aumoins, à recenser les logements vides. On nedispose, en effet, que de données très par-tielles et anciennes sur la vacance, son évolu-tion, ses caractéristiques sociologiques ou géo-graphiques.

Qu’il s’agisse des données issues du dernierrecensement ou de l’enquête logement de l’In-see, les chiffres les plus frais datent de 1990. Onconsidère, depuis cette date, que sur un fluxpermanent de deux millions de logementsvides, environ 400 000 font l’objet d’une va-cance structurelle et pourraient être remis surle marché. Mais on ignore si, depuis huit ans,la vacance s’est accrue avec l’effondrement dumarché immobilier.

La collecte des données est extrêmementdifficile, particulièrement dans la capitale verslaquelle convergent tous les regards. Une en-quête réalisée en 1996 auprès des propriétairesparisiens de logements vides a été menée à Pa-ris, où l’on estime à environ 40 000 le flux delogements qui reste vacants pendant au moinstrois ans. Les résultats, qui attendent le feuvert du conseil municipal pour être diffusés, nedevraient toutefois pas permettre une meil-leure appréciation quantitative du phéno-mène. Car sur 2 500 propriétaires de loge-ments vides enquêtés, 250 seulement ontaccepté de coopérer ou ont livré des réponsesexploitables.

Avec une aide moyenne de 216 000 francspar logement, l’Agence nationale pour l’amé-lioration de l’habitat (ANAH) permet la remise

sur le marché d’environ 40 000 logements paran depuis 1994 (38 500 en 1996) dont un peumoins de 3 000 dans l’agglomération pari-sienne et 10 500 dans des villes de plus de100 000 habitants. Les petits logements et leslogements anciens sont sur-représentés dansle parc vacant.

PROPRIÉTAIRES ÂGÉSSelon les données du recensement de 1990,

les une-pièce et les deux-pièces représentent41 % du parc, les cinq et six-pièces, seulement13 %. Dans les communes rurales, 77 % des lo-gements vacants ont été construits avant 1948,dans les communes urbaines, 55 %. Les loge-ments sans confort sont également sur-repré-sentés. Un quart ne disposent pas du confortde base (contre 5 % du parc total de loge-

ments). Les propriétaires sont en majorité despersonnes physiques âgées : 63 % ont plus desoixante ans.

Enfin, la durée de la vacance semble pluslongue en milieu rural que dans les secteursurbanisés où les marchés immobiliers sontplus dynamiques.

Une étude de l’Insee portant sur la vacanceentre 1982 et 1988 observe que 60 % des loge-ments vacants le restent plus d’un an dans lesgrandes villes et à Paris alors que cela concerne80 % du parc vacant en zone rurale. Sur l’en-semble des études offrant des données sur ladurée de vacance, soulignait l’ANAH en 1996,les logements vacants depuis plus de deux ansreprésentent toujours plus de 50 % du stock.

Ch. G.

L’INITIATIVE aurait pu fairegrand bruit mais elle a fait longfeu. Dans la nuit du 17 au 18 octo-bre, l’amendement déposé parquatre députés du groupe socia-liste et adopté par la commissiondes finances de l’Assemblée natio-nale le 15 octobre, qui proposaitde taxer les gros propriétaires delogements vacants, n’a finalementpas été discuté. Victime de l’heuretardive et du rythme d’enfer de ladiscussion budgétaire, il est tom-bé, faute d’être défendu. Il pour-rait, toutefois, être à nouveau pro-posé par le groupe socialiste, à lafin de l’examen du projet de bud-get, à la mi-novembre.

Le secrétaire d’Etat au logement,Louis Besson, va sans doute profi-ter de ces deux semaines de répitpour tenter de convaincre ses amissocialistes du caractère intempes-tif ou à tout le moins prématuré deleur initiative. Celle-ci prend, eneffet, à contre-pied les projets deM. Besson. Depuis trois mois, lesecrétaire d’Etat travaille à l’élabo-ration d’un « statut du bailleur pri-vé » qu’il souhaiterait soumettreau Parlement au printemps 1998.M. Besson entend, visiblement,faire de cette grande réforme, quidéboucherait sur la création d’un

nouveau secteur locatif privé, lapièce maîtresse de son deuxièmepassage au ministère du logement.

L’architecture d’ensemble duprojet est encore floue. Il s’agit,explique Louis Besson, de « chan-ger de logique » en « concentrantun certain nombre d’aides pu-bliques, financières et fiscales sur lesbailleurs qui accepteraient, encontrepartie, de modérer lesloyers ». Un nouveau secteur loca-tif conventionné serait créé entrele parc HLM et le parc privé libre.

SUPPRIMER LA CAUTION En outre, serait mis en place un

système de garantie des loyers,destiné à sécuriser les petits pro-priétaires, que la perspective desimpayés rebute. Louis Bessonn’exclut pas, grâce à ce fonds, desupprimer l’actuel système de cau-tion, rédhibitoire pour l’accès aulogement des ménages les plusmodestes.

Reste à trouver de quoi financerun tel dispositif qui n’a encore faitl’objet d’aucun arbitrage. Le secré-taire d’Etat au logement a évidem-ment dans sa ligne de mirel’« amortissement Périssol ». Instau-ré en 1996, celui-ci ouvre, sanscontrepartie sur les niveaux de

loyers, d’importants avantages fis-caux aux acquéreurs de logementslocatifs neufs. Devant les proprié-taires de l’Union nationale de lapropriété immobilière (UNPI),réunis en congrès mardi 21 octo-bre, le secrétaire d’Etat au loge-ment a déclaré qu’il fallait « sortir

des mesures conjoncturelles, qu’ellessoient fiscales ou budgétaires, quiont des effets réels, mais sur unecourte période, et qui ne font qu’en-tretenir les phénomènes cycliquesdont pâtit le secteur de la construc-tion ». Et il a souligné qu’« uneaide de la collectivité doit avoir une

contrepartie sociale ». Tel quel, cesytème d’amortissement, prévujusqu’à la fin de 1998, a peu dechances de perdurer. Louis Bessonne cache pas, en effet, son désir de« rechercher un dispositif plus équi-libré » qui réorienterait le méca-nisme de l’amortissement vers uneclientèle de propriétaires plus so-ciale et qui l’élargirait aux loge-ments anciens avec gros travaux.

La « méthode Besson », trèsconsensuelle, paraît assez in-compatible avec l’entrée en ma-tière brutale que le groupe socia-liste tente de lui imposer.

« TAXE D’INHABITATION » L’amendement propose que les

propriétaires de plus de trois loge-ments vides dans la mêmecommune, personnes morales ouphysiques, se voient imposer, dès1998, une taxe additionnelle à lataxe foncière sur les propriétés bâ-ties « dans les communes oùexistent d’importants déséquilibresentre l’offre et la demande de loge-ments ». La taxe foncière seraitaugmentée de 50 % après un an devacance, de 75 % après deux ans etde 100 % après trois ans. Lesquatre députés auteurs de l’amen-dement, Jacques Guyard (Es-

sonne), Patrick Rimbert (Loire-Atlantique), Alain Cacheux (Nord)et Philippe Decaudin (Vienne), en-tendent ainsi « décourager la va-cance systématique en zone ur-baine, dans le parc privé delogements, sans pour autant pénali-ser les petits propriétaires ou la pos-session de maisons secondairesinoccupées une partie de l’année ».

La création d’une « taxe d’inha-bitation » est une idée à hauteportée symbolique qui ressurgitrégulièrement. « Sur le principe, jepeux difficilement être contre, ayantété coauteur de cette proposition entant que président du Haut Comitépour le logement des personnes dé-favorisées », nous a déclaré LouisBesson. Chaque année depuis cinqans, le Haut Comité, que M. Bes-son a présidé de 1992 à juillet 1997,réclame avec force l’instaurationde la fameuse taxe. Evoquée puisenterrée sous le gouvernementJuppé, l’idée avait été âprementdéfendue par les associations lorsde la préparation du projet de loide cohésion sociale. Le Conseiléconomique et social avait propo-sé cette mesure dans son avis surce projet de loi. Elle figurait enfinen bonne place à la rubrique « lo-gement » du programme socialistepour les élections législatives dejuin 1995, ce que M. Besson n’a pasoublié.

Son souci semble moins d’yéchapper que de l’intégrer au dis-positif plus ambitieux d’incitationà la remise en location qu’il sou-haite mettre sur pied. Devant lespropriétaires de l’UNPI, il en atoutefois minoré les effets, répon-dant indirectement aux auteurs del’amendement. « L’application dela taxe, a t-il déclaré, ne résoudrapas à elle seule le problème [de lavacance]. Dans mon esprit, il s’agitd’une mesure complémentairejouant lorsque l’incitation et l’aide àla location n’ont pas convaincu lespropriétaires, et qui ne peut concer-ner que les zones où le marché loca-tif est tendu. »

Christine Garin

Des appartements réquisitionnés à grand spectaclesont aujourd’hui vides à Paris

ELLES S’ÉTAIENT d’abord mon-trées réticentes, s’étaient sentiesbousculées par la rapidité de la déci-sion. Mais elles s’étaient assez vitelaissé convaincre : un plan de réqui-sition de plusieurs centaines de lo-gements, en plein Paris, ça ne se re-fuse pas quand on se bagarre depuistant d’années avec les bailleurs so-ciaux pour « caser » des familles« difficiles ». Aujourd’hui, la ving-taine d’associations chargées del’accompagnement social du plan deréquisition conduit durant l’hiver1996 déchantent. Elles se disent « lâ-chées au milieu du gué », « livrées àelles-mêmes avec leurs difficultés »,« privées d’interlocuteurs administra-tifs et financiers ».

« Nous nous retrouvons tous dansdes difficultés financières telles qu’ilne nous est plus possible d’assurer,avec les financements qui nous sontoctroyés, les salaires des travailleurssociaux embauchés », soulignait aunom d’une dizaine d’associations,fin septembre, dans un courrieradressé à la préfecture de Paris, Ely-sabeth Bastard, directrice de l’asso-ciation Lafayette-Accueil. Pour l’an-née 1997, les conventions definancement de l’accompagnementsocial des familles leur sont parve-nues durant l’été, avec huit mois deretard, comme les années précé-dentes. De 7 000 francs par an et parfamille, les subventions sont tom-bées à 4 000 francs. « En guise d’ex-plication, on nous explique que lesménages n’ont plus besoin d’un suiviaussi lourd après une, voire deux an-nées d’accompagnement, déclareMme Bastard. Or l’expérience montre,au contraire, que c’est souvent aucours de la deuxième année d’instal-lation dans un logement que sur-

viennent des difficultés de séparationdu couple, d’impayés ou de surendet-tement. »Sur les 908 logements ré-quisitionnés en 1995 et 1996 à Paris,plusieurs dizaines – « quarante aumoins », selon les responsables as-sociatifs – seraient actuellement...vacants.

La première année, ce dossieravait été géré en direct par le cabinetdu ministre du logement du gouver-nement d’Alain Juppé, Pierre-AndréPérissol. La réquisition de logementsétait un enjeu politique importantpuisque c’est Jacques Chirac qui, lepremier, l’avait appliquée, à Paris,en décembre 1994. Au début, l’initia-tive avait été relayée, à marche for-cée, par les administrations concer-nées, direction départementale del’action sanitaire et sociale (Ddass)et préfecture. Depuis, tout le mondesemble avoir levé le pied.

DÉGRADATION Sur les vingt-sept logements sui-

vis par l’Arapej-75, trois sont videsdepuis neuf mois, deux dans le 3e ar-rondissement, un dans le 2e. Lacommission d’attribution qui réunitassociations, Ddass et préfecture, aattribué un de ces logements à unepersonne isolée, en mars dernier.Cette dernière attend, pour prendrepossession de son logement, unordre de réquisition de la préfecture,qui n’arrive pas. En attendant, elleest hébergée chez des proches. Surles 165 logements gérés par l’asso-ciation la Clairière, 7 sont égalementvides depuis un à quatre mois. « Au-cun budget n’est prévu pour la main-tenance de ces logements », souligne,en outre, Roberta Bernard, direc-trice de la Clairière. Or, les travaux deremise en état ont été réalisés à peu de

frais, les logements se dégradent trèsvite. Et personne ne veut payer. » Ces900 logements avaient été réquisi-tionnés sur la base de l’ordonnancede 1945, désormais inadaptée, que legouvernement d’Alain Juppé avaitpromis de réformer. Mais ce projet asombré avec celui de la loi de cohé-sion sociale auquel il était rattaché.Du coup, les logements ont conser-vé leur statut bâtard, puisqu’ils sontcensés être restitués, au bout de cinqans, aux institutionnels, banques etcompagnies d’assurances, qui en de-meurent propriétaires.

Louis Besson a prévu de remettrel’ordonnance en chantier dans le fu-tur projet de loi de lutte contre l’ex-clusion. Notamment pour allongerla durée de réquisition, seule ma-nière d’amortir les coûts, élevés, deremise en état des logements. Maisil n’est pas question, pour lui, defaire de cet outil un instrument pri-vilégié de sa politique du logementpour les plus démunis.

Les associations sont prêtes à ap-plaudir ce recentrage. A conditionqu’on n’abandonne pas leur travailen cours. A condition, aussi, qu’oncontinue à utiliser un parc de loge-ments qui permet, pour le coup, unevéritable mixité sociale. « Les loge-ments sont précaires, les financementssont précaires, les familles sont pré-caires », résume Roberta Bernard.C’est de cette situation dont nous vou-lons sortir. Car, pour un certainnombre de familles, cette possibilité aété une vraie chance. Sur les 165 dontla Clairière s’est occupée, vingt-deuxont été relogées en dix-huit mois.Toutes à Paris, toutes dans du loge-ment définitif. »

Ch. G.

Louis Besson veut inciter les bailleurs privés à modérer leurs loyersLe secrétaire d’Etat au logement doit présenter, au printemps 1998, une loi qui faciliterait l’accès des ménages les plus modestes au parc locatif.

Il n’entend pas se laisser bousculer par la proposition de députés socialistes de taxer les gros propriétaires d’habitations vacantes

Une mission d’inspection va rendre son rapportsur la plainte d’une lycéenne de Vitrolles

VITROLLESde notre correspondant régionalLa plainte pour « injure à carac-

tère raciste » déposée par SofiaTouzaline contre Lorette Boidin,agent administratif principal du ly-cée Pierre-Mendès-France de Vi-trolles (Le Monde du 21 octobre), aeu un fort retentissement dans lacommunauté scolaire, d’autantplus que le climat dans l’établisse-ment était déjà détestable. Lors del’audience de consignation, fixéeau 5 novembre au tribunal d’Aix-en-Provence, l’avocat de Mme Boi-din, commis par le rectorat, devraitaffirmer que sa cliente n’a aucunsouvenir de l’incident qui l’auraitopposé à la jeune Sofia, ni mêmede l’avoir jamais reçue dans sonbureau.

La jeune fille, interrogée parLe Monde, soutient que la secré-taire du proviseur lui aurait dit, le4 juin, alors qu’elle venait chercherdes papiers d’inscription : « Avec latête que tu as, tu comptes passer enterminale ? » Une allusion expli-cite, selon elle, à son origine arabe.Après lui avoir dit de revenir enseptembre, alors que les inscrip-tions étaient closes au 25 juillet, lasecrétaire aurait finalement lancé,devant l’insistance de la jeune fille :« C’est ton problème, tu te dé-merdes. »

Ce 4 juin, les demandes des pa-rents de Sofia se seraient heurtéesau même refus du personnel del’établissement. Son père auraittenté, en vain, une ultime dé-marche téléphonique auprès duchef d’établissement. Une mèred’élève présente sur les lieux de-vrait confirmer devant le tribunalle récit fait par Sofia de l’incident.

Sur le conseil téléphonique del’inspection d’académie, la jeunefille, âgée de dix-huit ans, a finale-ment renoncé à s’inscrire au lycéePierre-Mendès-France pour resterdans le collège privé de Salon-de-Provence qu’elle fréquentait de-puis la troisième, avant le déména-gement de sa famille sur Vitrolles.

UNE VISITE DE Mme MÉGRET Cet incident a précipité l’envoi

d’une mission d’inspection de troisfonctionnaires du ministère et durectorat, le 16 octobre. Les inspec-teurs devaient rendre leur rapportmercredi 22 octobre. Recevant l’in-tersyndicale, dont le Syndicat na-tional autonome des lycées et col-lèges, plutôt classé à droite,l’inspection a tenu à séparer lesdossiers des récriminations an-ciennes de l’affaire de l’inscriptionde Sofia. Les syndicalistes défen-daient la même position. Ils at-tendent désormais que la justice seprononce mais ils craignent, si lesfaits sont avérés, que la crise ne serésolve par la seule éviction d’un« fusible », en l’occurrence la se-crétaire administrative.

La mission d’inspection avait étédiligentée à la suite de plusieurscourriers de professeurs adressésau ministère de l’éducation natio-nale et alors que les organisationssyndicales alertaient sans succès etdepuis des mois les autorités recto-rales. Une grande tension règne eneffet dans le lycée depuis l’arrivée,en 1994, du proviseur MoniqueLehman, précédée par une réputa-tion de femme à poigne : dans unlycée marseillais, la responsabled’établissement s’était déjà oppo-sée à des professeurs, au point

qu’un procès avait eu lieu. Les rela-tions se sont tendues à l’extrêmeaprès la visite de Catherine Mégretdans l’établissement.

Le 22 mars, la maire de la ville,accompagnée d’une délégationd’élus de la majorité FN, était ve-nue au lycée pour une « journéeportes ouvertes », à l’issue d’unesemaine contre le racisme. Mme leproviseur avait accueilli Mme Mé-gret sur le parvis tandis que desprofesseurs et des élèves improvi-saient un sit-in silencieux face à cequ’ils considéraient comme uneprovocation. Prise à partie aucours de diverses réunions, la pro-viseur, qui appelle volontiers sesdétracteurs « les soixante-huitardsattardés », a toujours nié avoir in-vité l’édile.

Les enseignants reprochent enréalité à leur supérieure une façontatillone à l’excès et terriblementautoritaire de gouverner. Le cafélittéraire du lycée en est mort,Mme Lehman exigeant qu’uneconvention soit passée avec la mai-rie pour toute activité périscolaire.Un professeur raconte encore unecascade d’incidents, tel le refusd’accès de l’établissement à un col-lègue un mercredi après-midi, etdécrit une ambiance lourde de sus-picion : dans la salle des profs, ex-plique-t-il, on regarde qui est der-rière soi avant de se confier à sesamis.

Au rectorat, où l’on affirme ques’il est établi, le dernier incident se-ra pris très au sérieux, l’on observecependant une prudente réserveen attendant le rapport d’inspec-tion et les décisions de justice.

Michel Samson

LOGEMENT Depuis son arrivéeau secrétariat d’Etat au logement,Louis Besson travaille à l’élaborationd’un « statut du bailleur privé ». Cetexte, qui devrait être soumis au

Parlement au printemps 1998, en-tend favoriser l’accès au logementdes ménages modestes en créant unnouveau secteur locatif convention-né entre le parc HLM et le parc privé

libre. b CE CALENDRIER a failli êtrebousculé par l’amendement déposépar quatre députés socialistes aucours de la discussion budgétaire.L’amendement, qui proposait de

taxer les gros propriétaires de loge-ments vacants, n’a finalement pasété discuté. M. Besson souhaite voirses auteurs y renoncer. b SELON LESDONNÉES disponibles, sur un flux de

deux millions de logements vides,environ 400 000 font l’objet d’unevacance structurelle. b A PARIS, desappartements réquisitionnés en1995 et 1996 sont aujourd’hui vides.

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S O C I É T É LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 11

Le déficit des JMJ ramenéà 8 millions de francsMgr MICHEL DUBOST, président des Journées mondiales de la jeu-nesse (JMJ), a publié, mardi 21 octobre, les comptes des rassemble-ments parisiens organisés du 18 au 24 août autour du pape. Les dé-penses se sont élevées à 247 millions de francs au total. Les ressources– 239 millions – ont été inférieures aux prévisions, en raison des ins-criptions non acquittées.Les premières estimations laissaient prévoir un manque à gagner de60 millions de francs (Le Monde du 26 août). Ce déficit a été ramené à8 millions, grâce à une action auprès des fournisseurs et des jeunespour solder les comptes d’inscription, à une prolongation de la ventede produits dérivés et à un nouvel appel à la solidarité des catho-liques, qui a déjà rapporté 11 millions.

DÉPÊCHESa JUSTICE : François Baby, ancien maire (RPR) de Montbel(Ariège), et conseiller général de l’Ariège, a été condamné, mardi21 octobre, par le tribunal correctionnel de Foix à un an d’emprison-nement dont six mois avec sursis et à une interdiction de ses droits ci-viques et civils pour cinq ans, pour « détournement de fonds publics »et « abus de confiance ». M. Baby était notamment poursuivi pourl’acquisition de biens personnels grâce à des fonds publics et pour lacréation d’un poste administratif fictif et rémunéré pour son épouse.a Le président du Front national, Jean-Marie Le Pen, a été débou-té, mardi 21 octobre, par la cour d’appel de Nancy (Meurthe-et-Mo-selle), de sa demande en appel concernant un héritage vosgien en safaveur. La cour a jugé cet appel « irrecevable et mal fondé » et acondamné M. Le Pen et le Front national à payer 5 000 francs pour lesfrais de procédure. Elle a ainsi confirmé le jugement rendu en no-vembre 1996 par le tribunal de grande instance d’Epinal (Vosges), quiavait annulé le testament par lequel un Vosgien, Henri Bussière, avaitlégué l’ensemble de ses biens, estimés à environ 500 000 francs, auleader du FN.a Un militant du mouvement d’extrême gauche turque Dev Sol aété condamné à six ans de prison, mardi 21 octobre, par la courd’assises spéciale de Paris, pour tentative d’extorsion de fonds par laviolence en bande organisée et en relation avec une entreprise terro-riste. Necati Gunes était accusé d’avoir soumis un artisan turc àl’« impôt révolutionnaire », en 1994 à Paris. Seref Gunaydinoglu, pré-senté par l’accusation comme un responsable de Dev Sol, a étéacquitté.

Un proche de Jean-Yves Haberer,chargé des dossiers épineux

LA MISE EN EXAMEN de Fran-çois Gille, soixante-deux ans, di-recteur général du Crédit lyonnaisde 1992 à 1994 et administrateurd’IBSA de décembre 1990 à mai

1994, marque une étape impor-tante dans les procédures encours mettant en cause le Créditlyonnais et plus encore ses filiales.Un des dirigeants les plus impor-tants de la banque publique,proche de Jean-Yves Haberer, sonprésident de juillet 1988 à no-vembre 1993, est mis en causepersonnellement. Pour autant, ilne faudrait pas se tromper sur lerôle et la personnalité de FrançoisGille. Entré dans la banque en1975, il en est devenu le secrétairegénéral en 1981, le directeur finan-cier en 1986 et le directeur généralen 1992. Il a démissionné en mai1994.

M. Gille était devenu, à partirde 1991, le « pompier volant »chargé de tenter de colmater lesbrèches. Il suivait les dossiers lesplus épineux : MGM (Metro Gold-wyn Mayer), Sasea, le CLBN (Cre-dit Lyonnais Bank Nederland), IB-SA, Altus... A son départ, le 11 mai1994, Jean Peyrelevade, alors pré-sident du Lyonnais depuis sixmois, avait tenu à souligner dansun communiqué « les éminentsservices rendus par François Gille,qui n’a pas hésité à sacrifier sonconfort et son intérêt personnelpour prendre en charge toute unesérie de dossiers extrêmement diffi-ciles dont l’origine lui était étran-gère ».

En réalité, M. Gille a tenté, sanssuccès, de combattre la folle am-bition, le manque de contrôle etl’accumulation de risques sous laprésidence de M. Haberer. Puis il

a accepté, par devoir, de chercherà maquiller les erreurs. Il est ainsidevenu objectivement compliced’un certain nombre de dérives.

Courtois, affable, il est décritpar ses proches comme étantd’une honnêteté et d’une droituresans faille, mais aussi comme « unhomme d’une autre époque », peupréparé aux batailles judiciaires età la fréquentation d’aventuriersde haut vol comme les italiensGiancarlo Parretti ou Florio Fiori-ni dans l’affaire MGM-Sasea.

ERREURS DE JUGEMENTParce qu’il croyait défendre la

banque, M. Gille a en fait multi-plié les erreurs de jugement. Il aété broyé par le système, a perdusa lucidité et a fini par accuser lecoup nerveusement.

M. Gille a déjà été mis en exa-men, tout comme Jean-Yves Ha-berer, par le juge d’instruction ge-nevois Jean-Louis Crochet en1993, après la faillite de la Sasea,le plus grand scandale financierhelvétique, laissant un passif de2,5 milliards de francs suisses(plus de 10 milliards de francsfrançais). L’affaire s’est finale-ment soldée par une transactionentre la banque et la justice suissede l’ordre de 100 millions defrancs suisses. Mais M. Gille avait« craqué » à plusieurs reprises. Ilavait notamment traité le jugeCrochet de « voyou » et menacéde « baffer » l’avocat de FlorioFiorini, propriétaire de la Sasea.

M. Gille a aussi été profondé-ment meurtri par les dépositionsde Jean-Yves Haberer au prin-temps 1994 devant la commissiond’enquête parlementaire sur leLyonnais. A cette occasion,M. Haberer avait présentéM. Gille comme un « hyper-an-xieux » et avait évoqué « le retour-nement de l’agent » pour expli-quer son ralliement au diagnosticde M. Peyrelevade sur la situationcatastrophique de la banque.

Eric Leser

PORTRAITRéputé affable, il étaitdevenu le « pompiervolant » devant colma-ter les brèches

François Gille, directeur général du Crédit lyon-nais de 1992 à 1994, a été mis en examen par lejuge Eva Joly, dans le cadre de l’affaire IBSA. Il

est soupçonné d’avoir participé à la fabricationde faux bilans permettant de dissimuler la situa-tion financière catastrophique de cette filiale de

la banque publique. C’est la première fois qu’unancien dirigeant du Crédit lyonnais est visé parune procédure judiciaire.

Un ancien dirigeant du Crédit lyonnais est mis en examen dans l’affaire IBSA

Directeur général entre 1992 et 1994, François Gille aurait participé au maquillage des comptes

L’ANCIEN directeur général duCrédit lyonnais entre 1992 et 1994,François Gille, devait être entendu,toute la journée du mercredi 22 oc-tobre, par le juge d’instruction pari-sien Eva Joly dans le cadre de l’af-faire IBSA, ancienne filiale de labanque publique. Cette audition in-tervient une semaine après queM. Gilles ait reçu, par courrier, lanotification de sa mise examen.

Si aujourd’hui, de nombreuses fi-liales ou satellites du Crédit lyon-nais et leurs responsables sont misen cause par la justice, c’est la pre-mière fois qu’un ancien dirigeantde la maison-mère est personnelle-ment visé par une procédure judi-ciaire.

La magistrate suspecte FrançoisGille d’avoir joué un rôle actif au-près de l’ancien président fonda-teur du groupe bancaire IBI (Inter-national Bankers), Jean-MaximeLévêque, dans la dissimulation de lavéritable situation financière decette banque d’affaires dans la-quelle le Lyonnais était devenu l’ac-tionnaire de référence en 1990 (LeMonde du 2 octobre).

L’implication de cet ancien diri-geant du Crédit lyonnais sembleêtre motivée par les découvertes ef-fectuées lors de perquisitions me-nées dans l’une des résidences pri-vées de M. Lévêque à Chantilly(Oise). Les policiers de la brigade fi-nancière ont retrouvé parmi les ar-chives personnelles de l’ancien pré-sident d’IBSA, des pièces rédigéespar un ancien responsable de l’éta-blissement bancaire qui démontre-raient que les faux bilans étaient fa-briqués sur ordre de M. Lévêque etdes autorités de tutelle, à savoir leCrédit lyonnais, et en particulierM. Gille. Un texte manuscrit dé-taille, sur quatre pages, les condi-tions dans lesquelles ont été réali-sées des plus-values fictives.

En 1991, une intervention fraudu-leuse sur le bilan d’IBSA a permis

d’injecter artificiellement une plus-value fictive de 100 millions defrancs dans les comptes de l’entre-prise. Cette manipulation autorisaM. Lévêque à annoncer aux action-naires un résultat bénéficiaire etnon une perte de plus de 80 mil-lions de francs. Jean-Maxime Lé-vêque, âgé de soixante treize ans,proche du RPR, ancien présidentdu Crédit commercial de France etdu Crédit lyonnais (1986-1988), quia effectué quatre mois de détentionprovisoire dans cette affaire, a tou-jours nié être à l’origine de la falsifi-cation des comptes d’IBSA. Il a étémis en examen, le 29 mai, pour« complicité d’abus de confiance, re-cel, complicité de présentation decomptes inexacts et complicité de dis-tribution de dividendes fictifs. »

Il a fondé le groupe bancaire IBIen 1982 et décida, dans un premiertemps de le domicilier à Curaçao,dans les Antilles néerlandaises. IB-SA était installé au Luxembourg.Ces deux entités ont, par la suiteété rapatriées en France. En 1990, leCrédit lyonnais a généreusementpris 25 % des parts et devint l’ac-tionnaire de référence.

TRANSACTIONS DOUTEUSESL’instruction du juge Eva Joly

porte également sur des transac-tions douteuses réalisées lorsd’opérations immobilières menéespar la banque qui agissait alors entant qu’intermédiaire.

Ainsi lors de la vente du siège so-cial de France-Soir, rue Réaumur àParis, en 1989, par le groupe Her-sant à une société immobilière, unecommission de 91 millions defrancs, dégagée en contrepartied’une promesse de vente fictive, adisparu via IBSA vers la Suisse. En1987, IBSA avait monté un projetidentique pour la revente de l’im-meuble du journal L’Humanité, ruedu Faubourg Poissonnière, à Paris.Cette fois-ci la vente était assortie

d’une commission de 27 millions defrancs, toujours destinée à rémuné-rer une fausse promesse de vente.

Conclu pour 95 millions defrancs, le montant de cette ventes’élévera à 143 millions de francs,huit mois plus tard, lors de la re-vente de l’immeuble.

Les investigations ont ainsi per-mis de découvrir plus d’une dizained’opérations immobilières dou-teuses, dont certaines ont été me-nées en Andorre et en Belgique.

Dans la plupart des cas, lescommissions étaient réparties surdes comptes en Suisse et auLuxembourg. Seul destinataire clai-rement identifié, les recherchespour trouver les réels bénéficiairesétant encore en cours, Georges Ull-mann, à la tête d’une société suisse,a été mis en examen et placé en dé-tention à plusieurs reprises. Sonfils, Gérard Ullmann , poursuivipour « recel d’abus de biens so-ciaux » est actuellement toujoursincarcéré.

Le président d’IBSA, Michel deBrem, le directeur général, GérardMantelet et les deux principaux res-

ponsables des opérations immobi-lières, Jean de la Porte des Vaux etPierre-Alain Fadhuile ont été égale-ment mis en examen par le jugeEva Joly. L’avocat de la banque,Me Christian Pautonnier a, quant àlui, été mis examen pour « dissimu-lation de preuves ». Il est soupçonnéd’avoir lui-même organisé le cam-briolage de son appartement quel-ques heures avant la perquisitiondes policiers de la brigade finan-cière.

TROIS NOUVELLES PLAINTESLe dossier IBSA, ouvert au mois

de septembre 1994 à la suite d’uneplainte des nouveaux dirigeants,semble donc viser, désormais, la di-rection même du Crédit lyonnais.L’instruction est loin d’être close. LeConsortium de réalisation (CDR),chargé de liquider les actifs douteuxdu Lyonnais, et donc d’IBSA, a dé-posé trois nouvelles plaintesconcernant des transactions immo-bilières à Paris et dans les Pyrénées-Atlantiques.

Jacques Follorou

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Serge Klarsfeld, avocat et historien

« Maurice Papon est un agent d’exécution, mais il n’en est pas moins responsable »

INSTANTANÉ

50 MINUTES AU NOM DE LA FRANCE

Cinquante minutes pour « clorele débat ». D’un jet, d’une traite,une simple feuille à la main. Cin-quante minutes d’agilité d’esprit,qui synthétise et répond à chacun.Cinquante minutes d’un discoursde préfet aux accents éminem-ment gaulliens : « S’il ne s’agissaitque de moi-même, c’est peu dechose. Mais il s’agit de la France,de la République, du gouverne-ment. » Succédant à son anciencollaborateur Roger Chaix, Mau-rice Papon veut mettre un terme àla discussion sur la répression de lamanifestation pro-FLN du 17 octo-bre 1961. D’une ultime confronta-tion avec le chercheur Jean-Luc Ei-naudi (qui estime à 300 le nombre

des victimes de la répression,contre trois morts officiels), il n’estrien ressorti. Roger Chaix a compa-ré l’événement à une « véritableopération de guerre » menée de-puis Tunis par le Gouvernementprovisoire de la République algé-rienne (GPRA).

« Etait-il tolérable que s’installeun Etat dans l’Etat ? », demandel’accusé. Et de défendre, im-muable, les policiers, alors soumisaux attentats. Puis Maurice Paponmartèle : « Il y avait trop de por-teurs de valises et c’est ceux là qui,aujourd’hui, prennent leur re-vanche sur un homme dont onjuge qu’il est suffisamment affai-bli pour l’achever. »

Vient l’examen du 17 octobre :« Il est vrai que la police a été sur-prise. » En incise : « Il faut re-connaître ses fautes ». Puis, plusfort : « Nous n’imaginions pasl’ampleur de la manifestation. »

Mais il prévient : « Les policiersétaient en képi, armés du “bi-dule” », « avec lequel on ne casseaucun crâne. » Il dit avoir « relu ledossier cent fois » : « Le premiercoup de feu a été tiré par unFLN. » 11 000 arrestations, 2 500« cadres du mouvement » ren-voyés en Algérie : « L’opérationfut réussie. »

Alors, pour dernière envolée, lu-nettes à la main : « J’ajouterai queM. Frey [ministre de l’intérieur]s’est expliqué devant l’Assembléenationale et a pris la responsabili-té des événements. (...) Reste l’an-cien préfet de police qui a le mal-heur et la malchance, malgré sesdéboires physiques, à quatre-vingt-sept ans, de vivre et de ré-pondre de la République et de laFrance. Tant que j’aurai un souffle,je n’y laisserai pas toucher. »

J.-M. Dy

Un proche de De Gaulle explique les ralliements des fonctionnaires de VichyEn 1943, Claude Bouchinet-Sereulles remplace Jean Moulin puis prépare la mise en place des commissaires de la République.

L’homme de l’ombre a raconté comment Maurice Papon lui avait été présenté, en 1944, comme un homme sûr rendant de « grands services »

90 morts algériens aux Archives de ParisLe registre officiel qui mentionne l’ensemble des informations ju-

diciaires ouvertes par le parquet de Paris en octobre 1961 se présentecomme une liste presque ininterrompue de noms maghrébins frap-pés du tampon « MORT » et du motif « homicide volontaire », suivisde la date d’un non-lieu systématiquement prononcé en 1962 ou1963. Certains matricules sont suivis de la mention « X FMA », corres-pondant au cadavre non identifié d’un « Français musulman d’Algé-rie ». En tout, 90 noms sont concentrés sur la seconde quinzained’octobre, précise François Gasnault, directeur des Archives de Pa-ris. Un fac-similé publié mercredi 22 octobre dans Libération, repro-duit l’une des pages de ce registre, pièce jusqu’ici réputée noncommunicable mais qu’a pu consulter, lundi, David Assouline, histo-rien et cofondateur de l’association Au nom de la mémoire.

BORDEAUXde notre envoyé spécial

La silhouette, fragile et élancée,s’approche de la barre et dévisagechacune des parties. Le temps arendu l’ouïe, la démarche et le re-gard incertains. La voix vient del’ombre. Elle est celle de la mé-moire, d’un homme de quatre-vingt-cinq ans dont l’histoire a re-tenu avant tout un prénom, enguise de pseudonyme.

Claude Bouchinet-Sereulles, alias« Sophie », avait vingt-huit ans enjuin 1940, quand la raison leconduisit à Londres, « avec l’inten-tion de faire la guerre aux côtés deceux qui n’ont pas cessé de sebattre ». Attaché au cabinet du gé-néral de Gaulle dès la premièreheure, il est celui qui, en France en1943, dans la clandestinité, rempla-ça Jean Moulin, arrêté, puis assassi-né. Celui qui, par intérim, eut latâche de lui trouver un remplaçant.Celui qui, simplement aujourd’hui,rappelle, en les épelant, le nom descamarades qui se sont suicidéspour échapper à la torture ou bienqui ont été déportés et ont disparudans les camps.

« Je voudrais parler des événe-

ments dont j’ai été le témoin en1944. » D’une petite voix, cecompagnon de la Libérationévoque son tour de France au mi-lieu des Allemands, à bicyclette ouen traction avant, lorsqu’il s’assu-rait de la bonne mise en place descommissaires de la Républiquechoisis par le général de Gaulle,dans une France sur le point d’êtrelibérée. A Bordeaux, il rencontreGaston Cusin, qui vient d’êtrenommé. « M. Cusin m’a retenu àdéjeuner. Il m’a présenté ceux qu’ilappelait ses “relais”, autrement ditceux à qui il déléguait ses responsa-bilités au quotidien. Parmi eux, il yavait M. Papon. »

Un souffle marque chaque fin dephrase. Attentive, la cour recueillesa mémoire : « Cusin m’a dit quePapon [nommé chef de cabinet]était avec nous. Il a rendu de grandsservices à la Résistance. Nous luiavons demandé de rester sur place. Ilpouvait rendre de bien plus grandsservices à la préfecture que s’il étaitdans la clandestinité. » Il s’arrête.« Voilà mon témoignage. Je le livresous serment. »

Le président Jean-Louis Casta-gnède prend acte. Puis le témoin

indique que Maurice Papon figuraitsur la première liste des commis-saires de la République pressentiset que celui-ci en avait été informé« probablement vers décembre1943 ». Gaston Cusin connaissait-ille passé de ses « relais» ? ClaudeBouchinet lève légèrement lesbras : « Dans la clandestinité, lescommissaires de la République dis-posaient de moyens d’investigationsnuls. Il n’était pas question de passeraux archives ! Il fallait aller au pluspressé, se fier aux avis qu’on recueil-lait. »

« AUCUNE PRÉVENTION »Puis il explique : « Nous n’avions

à l’égard des hauts fonctionnaires deVichy, comme des magistrats, au-cune prévention. Que l’on retrouveparmi eux les futurs premiers mi-nistres du général ne me surprendpas. Des hommes à nous, il en est ve-nu tout au long du chemin entre1940 et 1944. Peu au début, c’est vrai.Et plus fréquemment en 43-44. » Ilprécise : « Nous n’avons jamais es-sayé de débaucher [les fonction-naires de Vichy], ni ne leur avonsdemandé de quitter leur poste, saufjusqu’au moment où dans leur âme

et conscience cela leur devenait im-possible. »

Un assesseur interroge : « Vousn’avez pas été surpris de voir figurerM. Papon aux côté de M. Cusin ? »« Non, pas du tout, répond ClaudeBouchinet. On se disait : un de plus !Tant mieux ! C’était un choix judi-cieux. Nous allions avoir un hommequi connaissait la préfecture commesa poche. C’était un des nôtres. Cusinne pouvait qu’acquiescer. » Sait-ilprécisément pourquoi ce choixavait été arrêté ? « Je n’ai posé au-cune question », dit-il.

Le procureur général, Henri Des-claux, s’inquiète de savoir ce quel’on pouvait entendre par « grandsservices ». « Demander quatre foispar semaine des bons d’essence, descartes d’identité fausses..., cettesomme de petits services finissait pardevenir de grands services. » Plustard, Claude Bouchinet considéreracomme « un service évident », « unemarque de courage », le fait, pourMaurice Papon, d’avoir hébergé, endécembre 1943, Roger-SamuelBloch, membre du réseau de résis-tance NAP.

Le président Castagnède de-mande au témoin s’il lui est arrivéde rencontrer des fonctionnairesqui ont été amenés à démissionneralors qu’ils étaient confrontés àl’accomplissement d’une tâche par-ticulière. « Beaucoup d’officiers, oui.Moins fréquemment des civils. Ilsétaient moins exposés. » ClaudeBouchinet cite des militaires en Sy-rie qui ont refusé de tirer sur desFrançais libres, mais ne mentionneaucun préfet chargé d’exécuter lesdéportations.

SILENCE D’APRÈS-GUERRE« Aviez-vous connaissance du sort

des juifs ? », demande le présidentCastagnède. « Nous n’ignorions riende ce qui concernait le sort des juifs.Naturellement, nous ne connaissionspas la “solution finale”. Nousn’avions aucune information sur leschambres à gaz. Si le général enavait eu une connaissance précise,cela aurait été un grand choc. Il au-rait pris la parole à la radio. »

Du côté des parties civiles, la ré-ponse du résistant laisse perplexe.

Me Gérard Boulanger s’interrogesur le silence de de Gaulle après-guerre à propos du génocide et desdéportations. « Sa plume ne l’a pasguidé vers le sujet », répond le té-moin. La réponse n’emporte tou-jours pas la conviction. « Vous sa-viez que des familles entières étaientdéportées ? », s’enquiert Me AlainJakubowicz.

« Oui.– Où pensiez-vous qu’elles étaient

emmenées ?– Dans des camps de concentra-

tion, en Allemagne (...). On pouvaitespérer que beaucoup en sortirait. »

Du brouhaha émerge, dans le

dos du témoin, la robe noire deMe Arno Klarsfeld. Cinquante ansséparent les deux hommes. Précis,le jeune avocat tire du dossier lacote D2318 : une note de service duministère de l’intérieur du 16 no-vembre 1944 relative à l’épurationdans l’administration. « Vous devezla connaître, annonce Me Klarsfeld.Vous étiez directeur de cabinet àl’époque. »

Et l’avocat de lire les interroga-tions des restaurateurs de la Répu-blique : « Croyez-vous qu’il soit pos-sible d’écarter des administrationspubliques tous les fonctionnaires quiont collaboré avec le gouvernementde Vichy ? Il faut choisir une autreformule. Nous écarterons les fonc-tionnaires qui se sont faits les prota-gonistes du régime dictatorial de Vi-chy, qui ont contribué à ladestruction des libertés républi-

caines, poursuivi avec acharnementles résistants, favoriser la déportationdes Français en Allemagne, etc. »

Me Klarsfeld relève la tête : « Nepensez-vous pas que la question dela déportation des juifs était en faitune question négligeable, que lesjuifs étaient jugés comme des“ etc.” ? » « Je pense que ce n’étaitpas le sujet de cette note », répondClaude Bouchinet. Me Klarsfeldsourit. « Bon, je ne vous embête plussur cette question... » Mais l’avocatse reprend. « Ah ! Etiez-vous àLondres en décembre 1942 ? » Le té-moin acquiesce. « Avez-vous eu, ence cas, connaissance de la déclara-

tion aux Communes du secrétaired’Etat aux affaires étrangères, An-thony Eden, sur la politique d’exter-mination des juifs en Europe del’Est ? » « Un journaliste parle volon-tiers d’extermination quand on parlede mauvais traitements », lâcheClaude Bouchinet.

Dans la salle, des réactionsfusent. Sèchement, le présidentCastagnède intervient. Le face-à-face reprend : « Mais ce n’était pasun journaliste qui le disait, c’était lesecrétaire d’Etat Anthony Eden !s’exclame Me Klarsfeld. Sa déclara-tion a dû être reprise par les jour-naux le lendemain... » « Je n’ai au-cun souvenir, répond, déstabilisé, lecompagnon de la Libération. Je neles épluchais pas. Ça a pu m’échap-per. »

Jean-Michel Dumay

EN 1981, l’historien Michel Ber-gès contribue à lancer l’« affairePapon » en découvrant plusieursdocuments d’archives. Au-jourd’hui, il fait part de ses doutessur les responsabilités de l’anciensecrétaire général de la préfecturede la Gironde et critique la tenuedu procès. « On a fait de M. Paponun mythe politique. (...) Il joue unrôle secondaire », expliquait-ildans nos colonnes (Le Monde du22 octobre). Serge Klarsfeld lui ré-pond.

« Que pensez-vous de l’évolu-tion de Michel Bergès ?

– Je suis un peu surpris deconstater qu’après avoir milité ac-tivement au côté de Michel Sli-tinsky pour établir la culpabilitéde Maurice Papon, Michel Bergèsen soit arrivé à suivre le chemininverse. Oui, c’est un peu surpre-nant de la part de quelqu’un qui, ily a quinze ans, avait autant deconnaissance historique.

– Que pensez-vous de la pyra-mide des responsabilités de ladéportation des juifs de Bor-deaux, telle que Michel Bergès laconçoit, et au sommet de la-quelle on trouve, non MauricePapon, mais la police alle-mande ?

– Je la partage d’autant plus quej’étais bien seul quand j’ai cher-ché, depuis 1971, à faire juger lesAllemands impunis, responsablesde la déportation des juifs deFrance. En particulier Kurt Lisch-ka et Hagen – Hagen ayant été lechef de la police nazie à Bordeauxjusqu’au mois de juin 1942 – quenous avons fait condamner à Co-logne, en 1980.

– Que répondez-vous à MichelBergès quand il accuse les partiesciviles, ou certains de leursporte-parole, d’avoir une mé-moire sélective des atrocitéscommises par l’occupant ?

– J’ai écrit un livre qui s’appelle Le

Livre des otages, en 1979, dans le-quel j’ai donné la liste de tous les fu-sillés de Bordeaux, et où je montrecomment le choix des otages avaitété fait par ledit Hagen. Nous avonseffectué des enquêtes sur les res-ponsables de la police allemande deBordeaux... Cela dit, bien avant l’af-faire Papon, notre mission a été deréagir contre l’occultation du rôlede Vichy dans les arrestations. Oc-cultation totale dans tous les ma-nuels scolaires. Les agrégés d’his-toire qui les avaient rédigés avaientmanipulé leurs textes de façon à ceque les enfants croient que les rafles

étaient menées par la police alle-mande et par elle seule.

» Je suis d’accord avec MichelBergès sur un autre point. Si le pro-cès avait eu lieu en 1987, Paponn’aurait pas été le seul accusé. Il au-rait eu à ses côtés Maurice Sabatier,René Bousquet, Jean Leguay, lecommissaire Norbert Techoueyres,lui aussi inculpé à Bordeaux. Paponsoutient aujourd’hui qu’il est unbouc émissaire. Mais il ne l’auraitnullement été si le procès s’était ou-vert dix ans plus tôt. M. Papon au-rait été, alors, le moins gradé detous les responsables qui se seraient

retrouvés dans le box des accusés.– Quel jugement portez-vous

sur les pièces nouvelles que Mi-chel Bergès dit avoir trouvées ?

– Là encore je suis surpris. Pour-quoi ne les a-t-il pas transmises àl’instruction ? J’ai consulté les ar-chives de l’UGIF de Bordeaux, dontil parle, il y a fort longtemps. Quantà la police des questions juives (laPQJ), j’en ai consulté les archivesdès le 7 mai 1981, au Centre de do-cumentation juive contemporaine,et j’y ai trouvé la confirmation desdocuments publiés alors par Le Ca-nard enchaîné. Il y a des documents

qui concernent Maurice Paponémanant des services allemands.Sous forme de fiches, d’avril etde juillet 1943, on trouve sur luideux opinions positives. Une autre,fin 1943, le dit « pro-américain ».Mais après tout, Pétain aussi étaittenu pour tel !

» Dire comme Michel Bergèsque tout se joue entre le supérieurde Maurice Papon, Maurice Saba-tier, et son subordonné, Pierre Ga-rat, n’est que la défense habituellede tous ceux qui sont dans sa situa-tion hiérarchique. Mais celacontredit tous les témoins qui at-testent de la forte personnalité deMaurice Papon, de son caractèreentier, difficile, de la peur qu’il ins-pirait à ses employés, etc. Aurait-ilfait, du reste, la carrière qui a été lasienne s’il avait été le personnagefalot que Bergès nous décrit ? Cesystème de défense ridicule et inte-nable fut également celui de RenéBousquet lors de son procès de1949. En réalité, ce que le préfet ré-gional de Bordeaux confie à Mau-rice Papon, pour se défausser, c’estla partie la plus délicate, la plus sca-breuse de ses fonctions, la plus em-barrassante : les juifs, la gestion descarburants et les relations avec lesautorités d’occupation.

– Que pensez-vous du docu-ment cité par Michel Bergès,dans lequel on voit le Commissa-riat général aux questions juives(CGQJ) réprimander M. Paponpour les radiations qu’il effectuedans le « fichier juif » ?

– Sur le plan opérationnel, les Al-lemands ont écarté la police auxquestions juives qui dépendait duCGQJ dès juillet 1942 (la conser-vant comme simple aiguillon),parce que René Bousquet, secré-taire général à la police de Laval, re-vendiquait l’exclusivité des opéra-tions. Le CGQJ était toujours enposition de mendiant par rapport àla préfecture, et leur relation s’en

ressentait. La ferveur antijuive étaitd’ailleurs telle, chez les gens duCGQJ, que cela ne les intéressaitpas de déporter des gens quin’étaient pas des juifs. C’étaientdonc eux qui faisaient les études etproposaient les radiations. L’étudedes dossiers montre, en outre, queles radiations proposées par leCGQJ n’ont pas toujours été immé-diatement appliquées par la préfec-ture. Celle-ci a donc laissé déporterdes personnes qui n’étaient pasjuives au regard de la PQJ. Le conflitentre la PQJ et Maurice Papon estdonc un simple conflit de pouvoir.

– Que pensez vous de l’opposi-tion que fait Michel Bergès entreles minutes et les originaux,M. Papon ne signant que les pre-mières, donc a posteriori ?

– Au cours de l’instruction, Mau-rice Papon s’est trouvé confronté àce genre de documents, puisqu’il yen avait un certain nombre dumême ordre. Il pouvait parfaite-ment dire que l’original avait étéenvoyé à la gendarmerie, et qu’onpouvait aller l’y chercher puisquecela le disculperait. Il ne l’a pas de-mandé. Pourquoi ? Les transfertsau camp de Mérignac ou à Drancyconcernent des « israélites ». Dèslors qu’il est question d’« israé-lites », cela relève des questionsjuives, donc dépend de Papon quiles contrôle et qui signe. Ou bienPapon présente le dossier au préfetpour qu’il signe, ou bien il signe lui-même. Est-ce que les gendarmes nebougent pas s’ils reçoivent unordre seulement signé du secré-taire général ? A Michel Bergèsd’en apporter la preuve. Certes lerôle de Maurice Papon est celuid’un agent d’exécution, mais il n’enest pas moins responsable en tantque tel. »

Propos recueillis parNicolas Weill

Dessin : Noëlle Herrenschmidt

L A P R O C È S P A P O NLE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

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R É G I O N SLE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

Valéry Giscard d’Estaing a gagné son bras de fer contre Dominique Voynet

Le gouvernement lève les obstacles politiques pour le projet VulcaniaBien que réticente, la ministre de l’environnement a donné son feu vert au « grand dessein » du président du conseil régional d’Auvergne.

Mais le classement de la chaîne des Puys est demandé, et plusieurs recours juridiques restent en suspens

Puy de Dôme

Puy Monchier

Puy de Pariou

Clermont- Ferrand

Volvic

Chamalières

Pongibaud Projet Vulcania

D 941

A 7

1

D 986

D 941 B

D 9

86A

D 941A

Clermont- Ferrand

VULCANIA

Un parc de loisirs scientifique au cœur de l'Auvergne

Source : Conseil régional d'Auvergne

APRÈS avoir pris connaissancedu rapport d’expertise du Bureaude recherches géologiques et mi-nières (BRGM), dont Le Mondeavait révélé les conclusions (11 oc-tobre), Dominique Voynet, mi-nistre de l’aménagement du terri-toire et de l’environnement,« préconise des précautions supplé-mentaires pendant la phase d’exploi-tation du Centre européen du volca-nisme (CEV) Vulcania ». Cettedécision, rendue publique, mardi21 octobre, donne un « feu vert »implicite à la construction du CEV,dont les travaux préparatoires ontcommencé cet été sur la communede Saint-Ours-les-Roches, au cœurdu Parc naturel des volcans d’Au-vergne. Elle constitue une étapemarquante – après le déblocaged’une subvention de 27,5 millionsde francs par l’Etat – dans la me-sure où l’ambitieux projet de parcde loisirs « scientifique et ludique »,

très ardemment défendu par Valé-ry Giscard d’Estaing, président dela région Auvergne, se heurtait àl’opposition farouche des associa-tions de défense de l’environne-ment, au sein d’un Comité de liai-son, et aux militants Verts dusecteur soutenus par Mme Voynet(lire ci-dessous).

En constatant avec satisfactionque « les mesures de protectionprises actuellement et recomman-dées sont contraignantes », les ex-perts du BRGM observaient queces précautions étaient « justifiées »par le lieu d’implantation du CEV,au-dessus de l’une des principalesressources en eau d’origine sous-basaltique. Mme Voynet a tenucompte de cet avis pour re-commander au préfet de région defaire en sorte que « le maître d’ou-vrage examine les nouvelles études àconduire et les dispositions pratiquesqu’il convient d’arrêter pour la phase

d’exploitation » – après l’ouvertureau public de Vulcania, prévue pour2000 et où certains espèrent ac-cueillir jusqu’à 500 000 visiteurs paran – afin de garantir la qualité de laressource en eau.

En considérant que « l’aménage-ment des infrastructures d’accompa-gnement ou induites par le CEV dansles communes voisines pourraient

multiplier les sites de pollutions éven-tuelles », les géologues préconi-saient la mise en place d’un « dis-positif de surveillance à longterme ». La ministre envisage doncla constitution d’un « comité de sui-vi composé des principaux acteursintéressés » pour éviter que les fra-giles alentours du CEV ne soientdéfigurés par des aménagements

annexes. Si les écologistes siègent àce comité, les soucis risquent decontinuer pour les promoteurs du« Giscardoscope », qui remportentnéanmoins une victoire morale – etlogique, compte tenu du consensuspolitique, du PCF au Front natio-nal, dont ils bénéficient au conseilrégional.

Privée d’arguments écologique-ment imparables, la ministre del’environnement, qui a réussi à ob-tenir l’arrêt de deux dossiers d’en-vergure nationale, Superphénix et lecanal Rhin-Rhône, ne pouvait pluss’opposer à un projet qui lui paraîtpourtant contestable par son surdi-mensionnement (le coût prévision-nel atteint 420 millions de francs) etsurtout par sa localisation, même sisa finalité (vulgariser le volcanismeet les sciences de la terre dans unmusée futuriste ayant recours auxmodes technologiques sophisti-quées) n’était pas contestée.

La polémique s’éteint et unchantier s’ouvre. Le feuilletonéruptif n’est pas forcément termi-né. Alors que sur le terrain de57 hectares immergé dans une na-ture quasiment vierge les pellesmécaniques vont s’activer avant lesfrimas, l’épilogue juridique se joue-ra cet hiver devant la cour adminis-trative d’appel de Lyon, qui exami-nera les moyens soulevés par lesopposants et par France NatureEnvironnement pour demander lesursis à exécution du permis deconstruire.

Charbonnier reste maître chezlui : le grand dessein subsidiaire del’ancien président de la Républiqueprend forme. Mais Mme Voynet de-mande au préfet d’accélérer le pro-cessus de classement du site de lachaîne des Puys, qui devrait abou-tir avant la fin de 1998.

Robert Belleret

Un élève « moyen »La France occupe la 11e place

dans l’Union européenne pourla transposition des directivessur l’environnement, selon un« classement » fait par laCommission européenne. Sur136 directives « vertes » appli-cables au 31 décembre 1996, laFrance a pris 126 mesures na-tionales de transposition, soitun taux d’exécution de 93 %.En meil leure posit ion quel’Italie (85 %), la Belgique et laFinlande (86 %), et la Grèce(91 %), elle marque cinq pointsde moins que le Danemark etles Pays-Bas, les deux « meil-leurs élèves » avec un score de98 %. On indique à Bruxellesque Paris génère « pas mal decontentieux » à la direction gé-nérale de l ’environnement(DG XI). Outre le cas Natu-ra 2000, la France est un des13 pays contre lesquels laCommission a engagé des pro-cédures d’ infraction pourn’avoir pas encore adopté lesplans de gestion des déchetsconformément à une directivede 1975.

Bruxelles presse la France de désigner les sites du réseau Natura 2000

Il N’EST PAS SÛR que la Franceéchappe à un procès devant la Courde justice européenne pour non-transposition en droit interne de ladirective Habitat. Adoptée en mai1992, ce texte implique la créationdans chaque Etat membre d’un ré-seau – Natura 2000 – de sites parti-culièrement riche pour leur faune etleur flore fragiles. Après transmis-sion de cette liste à la Commissioneuropéenne et acceptation du dos-sier, les sites devaient être classésen zones spéciales de conservation(ZSC) avant 2006. La France, qui n’atransmis aucune donnée, fait figurede lanterne rouge avec le Luxem-bourg et l’Allemagne. Sept autrespays ont envoyé des données « in-suffisantes » selon la Commission,qui a adressé, le 17 octobre, des avismotivés aux dix « mauvais élèves »,dernier stade avant la saisine de laCour de justice.

Cinq pays seulement (Belgique,Italie, Grèce, Portugal et Suède) ont

communiqué des « des informationscomplètes », constate Olivier Diana,en charge du dossier Natura 2000 àla direction de l’environnement àBruxelles. La cour de Luxembourgpourrait être saisie si, « dans un dé-lai de deux ou trois mois, l’Etatmembre n’envoie aucune réponse sa-tisfaisante », ajoute-t-il.

Mille trois cents sites avaient étépré-sélectionnés, environ 15 % duterritoire. Mais, devant l’oppositiondes agriculteurs, chasseurs et fores-tiers, Alain Juppé, alors premier mi-nistre, gelait la procédure en juillet1996. Quelques mois plus tard, enfévrier, Corinne Lepage, alors mi-nistre de l’environnement, dressaitune nouvelle liste ne représentantplus que 2,5 % du territoire, qui n’ajamais été envoyée.

Depuis cet été, Dominique Voy-net tente de rattraper le retard.En août, la ministre a envoyé unecirculaire aux préfets pour qu’ils re-lancent la concertation. « La se-maine dernière, nous avons envoyéune première liste de 74 sites concer-nant la région alpine », précise Jean-Pierre Raffin, l’un de ses conseillers.Mais la Commission l’a reçue troptard : « Lors de la réunion d’évalua-tion avec les Etats membres concer-nés par les sites alpins à Salzbourg(Autriche) le 20 octobre, les proposi-tions françaises n’ont pu être analy-sées, ce qui retarde le processuscommunautaire », déplore OlivierDiana.

Mercredi 15 octobre, devant laCommission des affaires écono-miques du Sénat, Mme Voynet a an-noncé qu’un budget de 5,5 millionsde francs pour 1998 était prévu no-tamment pour l’établissement deslistes de sites à transmettre à laCommission européenne. Mardi21 octobre, le cabinet de la ministrefaisait le point avec le comité deconcertation et de suivi de Natura2000. « Une première liste sera en-voyée d’ici à la fin de l’année et nousavons bon espoir de boucler le dossierdans le courant de 1998 », ajouteM. Raffin.

Mais le ministère ne précise pas sila liste définitive sera aussi ambi-tieuse que la première, ou aussi ti-mide que la seconde.

Clarisse Fabre

CLERMONT-FERRANDcorrespondance

La décision de Dominique Voynet surVulcania n’a pas provoqué de surprise enAuvergne. Encore moins de séisme poli-tique : le père du projet, Valéry Giscardd’Estaing, actuellement en voyage à l’étran-ger, n’a pas pu commenter l’épilogue decette longue bataille. Mais il avait déjà pro-grammé la « déroute des opposants à Vulca-nia », avec la révélation d’un rapport d’ex-pertise du Bureau de recherchesgéologiques et minières (BRGM) plutôt fa-vorable au site (Le Monde du 11 octobre).Autre signe précurseur d’un dénouementen faveur de Vulcania : Valéry Giscard d’Es-taing avait pris soin d’annoncer lui-même,à la fin de la semaine, que Lionel Jospin al-lait débloquer la subvention de 27,5 mil-

lions de francs promise par l’ancien gou-vernement. Cette déclaration sonnaitcomme un bulletin de victoire. Dès lors,plus rien ne semblait résister au « seulgrand projet culturel de l’an 2000 », selon laformule fétiche du président du conseil ré-gional d’Auvergne.

Pour autant, le Collectif de liaison pour lasauvegarde des volcans, qui rassemble lesopposants « historiques » à ce musée « im-mergé » dans la chaîne des Puys, refuse debaisser la garde et se retranche derrière unultime espoir : « Le recours continue devantla juridiction administrative. La cour admi-nistrative d’appel de Lyon doit se prononcersur une demande de sursis à exécution dupermis de construire. » Pour Danièle Auroi,le chef de file des Verts en Auvergne, « cettedécision est dure à avaler, mais Dominique

Voynet a fait tout ce qu’elle a pu. En réalité,c’est le préfet de région qui a tiré le tapis sousles pieds de Dominique, en signant le permisde construire au mois de juillet. Depuis, nousen sommes réduits à limiter les dégâts ».

FISSURES AU SEIN DE LA GAUCHE Danièle Auroi, qui avait contraint M. Gis-

card d’Estaing au ballottage lors des der-nières élections législatives, est une adver-saire coriace du « Giscardoscope », qu’ellequalifie inlassablement de « mausolée deGiscard ». Elle a décortiqué le communiquéde la ministre de l’aménagement du terri-toire et de l’environnement. « Elle ne donnepas le feu vert. Au contraire, elle multiplie lessignaux d’alarme : étendre les précautionsprises sur le chantier à l’ensemble des amé-nagements alentour, comme les autoroutes

ou les hôtels, comité de suivi pour mesurerl’impact du centre sur les ressources en eau,sans oublier le classement de la chaîne desPuys avant la fin de l’année 1998. »

De son côté, le groupe socialiste duconseil régional a pris acte, sans grandeémotion, de la décision : « Ce n’est pas unesurprise, et c’est logique. Nous étions entrésdans une phase irréversible. Valéry Giscardd’Estaing a mis les bouchées doubles pouraccélérer les travaux. Si le gouvernement an-nulait le permis de construire, le conseil ré-gional pourrait porter l’affaire devant les tri-bunaux. Mais si nous gagnons les électionsrégionales de 1998, le 16 mars au matin nousprendrons le temps de réexaminer le dos-sier... » Même langage chez les Verts, quiparlent de « remise à plat aux élections pro-chaines ».

Mais la convergence n’est qu’apparente.En effet, le Centre européen du volcanismea provoqué des fissures au sein de lagauche plurielle. Les socialistes auvergnats,hostiles au projet, ont pourtant officielle-ment demandé au premier ministre de ver-ser la subvention tant attendue par M. Gis-card d’Estaing. Le ton est monté d’un cranentre les Verts et le Parti socialiste. Sansconstituer un casus belli, l’escarmoucherisque de laisser des traces. Pendant cetemps, ostensiblement, Valéry Giscardd’Estaing prend date pour... 2005 : il an-nonce que les « premières images de l’arri-vée de la sonde américano-européenne surSaturne seront retransmises en direct sur lesécrans de Vulcania ».

Brigitte Cante

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14 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 R É G I O N S

C A R N E T

DISPARITIONS

a MGR RENÉ PICANDET, évêqued’Orléans, est mort à Aubière(Puy-de-Dôme), des suites d’unmalaise à un péage de l’autorouteA 71, près de Clermont-Ferrand.Né le 14 décembre 1931 à Durdat-Larequille (Allier), il avait été or-donné prêtre en 1961 pour le dio-cèse de Moulins, dans lequel il futsuccessivement directeur au grandséminaire et vicaire épiscopal pourla zone de Montluçon. En 1981, ilétait nommé et consacré évêqued’Orléans, au siège de Mgr GuyRiobé et de Mgr Jean-Marie Lusti-ger, archevêque de Paris, à qui ilavait succédé. Depuis 1991, RenéPicandet était membre du conseilpermanent de l’épiscopat, repré-sentant la région Centre. Il avaitété désigné en particulier pourmaintenir le dialogue, au nom dela Conférence des évêques, avecMgr Jacques Gaillot, ancienévêque d’Evreux, qui appréciait safidélité. Ses obsèques auront lieu àla cathédrale d’Orléans, le vendre-di 24 octobre, à 15 h 30.

a MGR Pierre-Auguste Bous-sard, ancien évêque de Vannes(Morbihan), est mort, samedi 18octobre, à Quimperlé (Finistère), àl’âge de quatre-vingts ans. Né le28 juin 1917 à Plogonnec, dans lediocèse de Quimper, ordonnéprêtre en 1947, il avait été nomméet consacré évêque de Vannes en1965, et il avait démissionné pourraison d’âge en 1991.

NOMINATION

DIPLOMATIEYannick Gérard a été nommé

ambassadeur au Pakistan, en rem-placement de Pierre Lafrance, quiest parti à la retraite, par décret pu-blié au Journal officiel du 22 octobre.

[Né le 14 juillet 1944 à La Chapelle-aux-Bois (Vosges), Yannick Gérard est licencié endroit et diplômé de l’Ecole nationale deslangues orientales. Il a été notamment enposte à Islamabad (1969-1972), à Washington(1977-1982), à Tananarive (1988-1990) et àl’administration centrale, avant d’être nom-mé ambassadeur en Ouganda (1990-1993).Depuis août 1993, Yannick Gérard était direc-teur adjoint des affaires africaines et mal-gaches au Quai d’Orsay.]

JOURNAL OFFICIEL

Au Journal officiel du dimanche19 octobre sont publiés :

b Emploi des jeunes : un décretrelatif au développement d’activitéspour l’emploi des jeunes.

b Vins : deux arrêtés relatifs auxappellations d’origine Vin délimité dequalité supérieure « Coteaux du Ven-dômois » et « Côtes de Saint-Mont ».

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Nina et Elio ROSSETTIsouhaitent la bienvenue à leur petit frère

David

né le 11 octobre 1997, à Luxembourg.

Chez Colette et Romain Rossetti,1A, AM ECK, L-7435 Hollenfels.

– Paris.

Jean-François, Solangeet Isaure PUECH,

ont la joie d’annoncer la naissance d’

Axel.

Vaillant bébé, petite plume, au zénithdu 20 octobre 1997.

Anniversaires de naissance

– 3 octobre et 23 octobre 1997

Papilou et Mamilou,

Joyeux anniversaire pour vos soixanteans.

Et surtout, continuez à lire longtempsLe Monde pour mieux nous l’expliquer.

Antoine, Agathe et Constance.

Mariages

Margaret MARUANIet

Henri REY

sont heureux de faire part de leur mariageà Paris, le 22 octobre 1997.

Noces de diamant

– Jean-Christophe, Philippe,Remy et Pierre,Et toutes leurs familles,

sont heureux de souhaiter les noces dediamant à leurs parents

Gysèle et Maurice.

24 Les Eyzies-de-Tayac.

Décès

– Les enseignants de l’UFR d’italien,université Paris-III-Sorbonne nouvelleont la tristesse de faire part du décès de

Liana AURIGEMMA,

qui a été une enseignante appréciée danscette UFR pendant de nombreuses années.

– Arlette et Jean Nachbaur,Leurs enfants et petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès,le 17 octobre 1997, de

M me Lisa BILLAUD,

leur mère, grand-mère et arrière-grand-mère.

Les obsèques ont été célébrées dansl’intimité le lundi 20 octobre, à Neuilly(Hauts-de-Seine).

– Son fils,Sa belle-fille

la princesse lellaSaïda Mongi El Adel Bey,

Ses petits-enfants,Ses arrière-petits-enfants,

ont la douleur de faire part du décès, sur-venu à Tunis, le 13 octobre 1997, de la

princesse lella HenényEL ADEL BEY,

née LADJIMI,

épouse de feu le

prince sidi AbderrahmaneEL ADEL BEY,

et veuve de

Mohamed-Charef MISSOUM,officier interprète français

du corps des Affaires indigènes.

– Arlette Hakopian, née Douarche,son épouse,

Sylvette Hakopian,Martine Hakopian,Lucie et Anlys Frémaux,

ses filles et petites-filles,

Edward et Virginia Hacopian,ses frère et belle-sœur,

Et toute la famille,ont la douleur de faire part du décès de

Michel HAKOPIAN,Claims Section United States

Forces Medal of Freedom,Vice-président au service juridique

de l’American Express,

survenu à Paris, le 18 octobre 1997, à l’âgede quatre-vingt-cinq ans.

La cérémonie religieuse sera célébréele lundi 27 octobre, à 15 heures, enl’église apostolique arménienne, 15, rueJean-Goujon, à Paris-8e, suivie del’inhumation dans le caveau de famille aucimetière du Montparnasse.

11, rue Ernest-Cresson,75015 Paris.

– Lucile Lacroix,son épouse,

Jean-Michel Lacroix,recteur de l’académie de Besançon,chancelier de l’Université,son fils,

Maylis Lacroix, sa belle-fille,Louis-Henri et Laure, Pierre-Philippe

Lacroix,ses petits-enfants,

Les familles Lacroix, Dedieu, Boun-hiol, Graille,

ont la profonde tristesse de faire part dudécès de

Henri LACROIX,directeur général honoraire de la Chambrede commerce et d’industrie de Bordeaux,

chevalier de la Légion d’honneur,officier de l’ordre national du Mérite,

chevalier du Ouissam Alaouite,

survenu le 15 octobre 1997, dans saquatre-vingt-dixième année.

Les obsèques ont eu lieu dans la plusstricte intimité familiale.

10, rue de la Convention,25000 Besançon.

– Yves, Michel et Nicolas Magat,ses enfants,

Hélène, Alice et Noël Magat,ses petits-enfants,

Alain Bourgery,son neveu,ont la douleur de faire part du décès de

M me MargueriteLAUTOUT-MAGAT,

survenu le 20 octobre 1997.

Les obsèques auront lieu le jeudi23 octobre, à 11 heures, au cimetière deBièvres (Hauts-de-Seine), où l’on se réu-nira.

Cet avis tient lieu de faire-part.

Tour de Mémillon,28800 Saint-Maur-sur-le-Loir.

– Ses amis du laboratoire de psycho-logie sociale de la Sorbonneont la tristesse de faire part de la dispari-tion de

Dany LAUVERGEON,

le 19 octobre 1997.

Ils se souviendront de sa gaieté et de sagénérosité.

Tél. 01-44-27-69-28.

Notre « Bonne Maman » nous a quittés !

Lucien Pfeiffer,Et sa famille,

ont l’immense douleur de faire part dudécès de

Monique PFEIFFER.

La cérémonie religieuse sera célébréele vendredi 24 octobre 1997, à 15 h 45, enl’église Saint-Germain de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).

Famille Pfeiffer,4, rue Giraud-Teulon,78100 Saint-Germain-en-Laye.

– Patrick Rufener,Liliane et Patrick Larmoyer,Kathleen et Bernard Decoux,Maureen Delage,

ses enfants,

Nausicaa et Dorothée,Jean, Sophie et Denis, Nathalie,Aurélie et Pomme,Eric, Gaëlle et Cyril,Olivia et Alexia,

ses petits-enfants,

ont la tristesse de faire part du décès de

Eric RUFENER,

le 19 octobre 1997, dans sa quatre-vingt-treizième année.

La cérémonie religieuse aura lieu lesamedi 25 octobre, à 15 heures, en l’églisede Châtillon-sur-Loire (Loiret).

Une messe sera célébrée le jeudi6 novembre, à 18 h 45, en l’église Notre-Dame-de-Lorette, Paris-9e.

50, rue de Longchamp,92200 Neuilly-sur-Seine.41, rue La Fayette,75009 Paris.7 bis, Petite-Voie des Vignes,92290 Châtenay-Malabry.43, rue de la Ferme,92200 Neuilly-sur-Seine.

Gaby nous a quittés.

Jean et Marcelle Vendart,Janine et Ton Vendart-Nollet,Henriette Augereau,Eric,Cédric et Stéphanie,Claire et Jocelyne,Sylvaine, Michel et Camille,Didier, Ghyslaine, Laurent et Nicolas,Sa famille,Guy et Marie-Laure,Aline et Madjid,

ont le chagrin de faire part du décès de

Gabrielle VENDART,née AUGEREAU,

le mercredi 15 octobre 1997.

Le présent avis tient lieu de faire-part.

– Marie-Juliette Vergnaud-Bouvier,son épouse,

Claire Vergnaud,Anne Vergnaud et Jean-Claude Millien,Pierre et Thibault,Laure Vergnaud et Jean-Luc Palevody,Matthieu et Delphine,

ses enfants et petits-enfants,Madame Henry Bouvier,Pierre Tissier,Victor et Jacqueline Vergnaud,Michelle et Georges Garon,

leurs enfants et petits-enfants,

font part du décès de

Maurice VERGNAUD,inspecteur général honoraire

de l’Education nationale,ancien directeur des collèges,

ancien proviseurdu lycée Ozenne à Toulouse,

officier de la Légion d’honneur,chevalier dans l’ordre national du Mérite,

commandeur dans l’ordrenational des Palmes académiques,

combattant volontaire,Croix de guerre 1939-1945,

survenu le mardi 21 octobre 1997, à Tou-louse (Haute-Garonne), à l’âge desoixante-dix-sept ans.

Ses funérailles religieuses auront lieuà Toulouse, en la basilique Saint-Sernin,le jeudi 23 octobre, à 10 heures.

L’inhumation aura lieu au cimetière deVienne (Isère) et sera précédée d’unemesse à la cathédrale Saint-Maurice,à 10 h 15, le vendredi 24 octobre.

18, rue Saint-Bernard,31000 Toulouse.15, rue de la Charité,38200 Vienne.

Pas de fleurs, ni couronnes.

Maurice Vergnaud a demandé quel’argent que l’on aurait ainsi utilisé soitconsacré à la constitution d’une boursedestinée à un élève ou un étudiant du ly-cée Ozenne, en difficulté financière. Lesdons peuvent être envoyés par chèque àl’ordre du foyer socio-éducatif du lycéeOzenne, 9, rue Merly, 31070 Toulouse ; leproviseur et un groupe de professeurs dé-signeront le ou les bénéficiaires de cettebourse.

Remerciements

– Dijon. Cussey-les-Forges.

Ses enfants et petits-enfants,Et toute sa famille,

très touchés des nombreuses marques desympathie et d’affection qui leur ont ététémoignées lors du décès du

docteur Pierre LALU,

remercient toutes les personnes qui sesont associées à leur peine par leur pré-sence et leur soutien, et les prient de trou-ver ici l’expression de leur vive re-connaissance.

Anniversaires de décès

Julien GISBERT,

27 décembre 197323 octobre 1990.

Ses parents rappellent son souvenir àtous ceux qui l’ont connu et aimé.

– Il y a quinze ans, mourait

Elisabeth WEINER.

Ses amis se souviennent...

Conférences

– Conférence inaugurale du Collègedes Etudes juives de l’Alliance israéliteuniverselle : « Modernité et éthiquejuive », par M. Alexandre Safran, grandrabbin de Genève, mardi 28 octobre, à20 h 30, à l’AIU, 45, rue La Bruyère,75009 Paris. Tél. : 01-53-32-88-55. PAF.

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Au Journal officiel daté lundi 20-mardi 21 octobre sont publiés :

b Denrées alimentaires : undécret relatif aux fraudes et falsifi-cations en matière de produits oude services en ce qui concerne lesdenrées alimentaires.

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Theix, un petit village du Morbihan, concentretoutes les nuisances de la ville de Vannes

La population se mobilise contre une décharge et d’autres projets polluantsLes habitants de Theix, petit village du Morbihan,tentent d’empêcher l’implantation d’une plate-forme de compostage d’ordures ménagères au

nord de la commune, qui viendrait s’ajouter auxactuelles installations. Les habitants ne sont pasau bout de leur peine : une zone d’activités

économiques, une ligne à très haute tension etune voie rapide de contournement de Vannesfont partie des projets d’avenir de la commune.

RENNESde notre correspondante

régionaleAprès le bourg de Theix coquet-

tement rénové, une fois traverséela route à quatre voies, une doucecampagne s’étire sur 4 kilomètres.C’est là que la situation se gâte. Lenord de la commune regroupe en-viron cinq cents habitants dansquelques hameaux et lotissementsrécents, tout près de Vannes, lapréfecture du Morbihan. Le sec-teur concentre les « servitudes »qui permettent à une ville de fonc-tionner. Pour les riverains, c’estune véritable collection de nui-sances : déchetterie, deux stationsd’épuration, poste de distributionde gaz, d’électricité, sans compterune usine à goudron et une dé-chetterie toute proche... En 1997,ils ont fini par unir leur exaspéra-tion au sein d’un Comité de dé-fense du cadre de vie de Theix-Nord.

Les habitants ont commencé pars’opposer, avec succès, à une fu-ture usine de traitement des

graisses. L’avenir s’annonce aussiinquiétant avec, en projet, unenouvelle zone d’activités écono-miques, une ligne à très haute ten-sion et une voie rapide de contour-nement de Vannes, toujours sur lemême périmètre. Leur plus récentebagarre – celle de la décharge d’or-dures ménagères de Burguhen-nec – n’a pu que raffermir leur dé-termination : seize jours de lutte,cela soude un quartier.

UNE CONFORTABLE REDEVANCEL’été à Theix a été chaud, ren-

dant les odeurs insupportables etla rentrée explosive. Une haute an-tenne télécom semble indiquer lesite, au demeurant facile à repérergrâce aux nuées de goélands qui lesurvolent. Pendant plus de deuxsemaines, les habitants de Theix-nord ont tenu la position, filtrantplus ou moins sévèrement les ca-mions-poubelles, en fonction del’évolution des négociations. Cara-vane des opposants contre ca-mionnette des gendarmes, certainsy ont laissé une partie de leurs

congés annuels. Plusieurs fois, lacollecte n’a pu, du coup, être assu-rée sur le territoire géré par le Syn-dicat intercommunal de traite-ment des ordures ménagères de larégion de Vannes (Sitom).

En tant que président du Sitom,le conseiller général Joseph Oillic(RPR) est en ligne de mire : il estaussi maire de Theix. Jusqu’àprésent, le centre d’enfouissementde Burguhennec était une bonneopération, réglant le problème desdéchets de vingt-neuf communesmoyennant une confortable rede-vance pour le budget municipal. Larévolte a éclaté pour quelquestonnes de trop. Voilà des annéesque la fin de la décharge, crééeen 1980 et saturée depuis long-temps, était promise aux riverains.La dernière annonce date de cetété. Mais au lieu de fermeture défi-nitive, il était question d’installerune nouvelle plate-forme decompostage d’ordures ménagères,qui recouvrira, un jour, la superfi-cie du site sous une couche deterre végétale.

« Les habitants de Theix-Nord ontperdu toute confiance en leursélus », admet M. Oillic. Pour expli-quer le retard pris par ce dossier, lemaire évoque les directives de 1992instituant un plan départementald’élimination des déchets, qui ontgelé toute inititiative. Il souhaitevoir le conseil général créer unsyndical départemental, parle deréunir une commission consulta-tive... A l’entendre, le Morbihan nesemble guère avancé dans ce do-maine sensible.

Mardi 14 octobre, Theix-Nord avoté, à une large majorité, la levéedu barrage, contre l’engagementde fermer Burguhennec fin 1998 etde stopper le va-et-vient des ca-mions en mai. « Dommage quenous n’ayons pas été écoutés il y aquelques mois, quand nous avonscherché à nouer le dialogue, déploreGilbert Stévant, vice-président ducomité de défense. Avec tout le bruitsuscité par notre action, il va êtredifficile de trouver un autre site. »

Martine Valo

L’Ile-de-France veut se doterd’un « plan paysager »LE PRÉSIDENT DE LA RÉGION Ile-de-France, Michel Giraud (RPR), aannoncé, lundi 20 octobre, l’ouverture d’une concertation sur l’élabora-tion d’un « plan paysager ». M. Giraud, qui s’exprimait avant la premièreréunion de concertation entre des élus et des entreprises de la région, aaffirmé qu’un tel plan « serait le couronnement de vingt ans d’actions me-nées, sans le dire, par la région en faveur du paysage » et a souhaité que« l’ensemble des politiques d’aménagement, les politiques de l’eau, des dé-chets, du bruit, du reboisement, de la dépollution de l’air, qu’elles soientmenées par l’Etat, la région, les communes, la SNCF, la RATP, EDF ou toutautre » fasse bientôt l’objet d’une « action concertée ».Didier Julia (RPR), vice-président du conseil régional chargé de l’envi-ronnement, souhaite « qu’à terme cette concertation paysagère soit ins-crite dans la loi ».

DÉPÊCHESa LA HAGUE : une erreur d’entreposage de combustible à l’usinede retraitement des déchets nucléaires de la Hague (Manche) a étéclassée au niveau 1 sur l’échelle des incidents nucléaires qui encompte sept, a annoncé la Cogema (Compagnie générale de ma-tières nucléaires), mardi 21 octobre. Six éléments combustibles,préalablement déchargés et dont l’entreposage n’était autorisé quedans une piscine précise ont été transférés par erreur dans une autrepiscine. Selon la Cogema, cet incident n’a eu cependant aucuneconséquence pour le personnel, l’environnement et les installations.a PROVENCE-ALPES-CÔTE D’AZUR : la région PACA va conti-nuer à connaître une croissance démographique bien supérieureà celle de l’ensemble de la France et comptera un million d’habi-tants supplémentaires dans une génération, selon une étude quevient de rendre publique le conseil économique et social régional(CESR). La région devrait « compter en 2020 entre 5,1 et 5,5 millionsd’habitants » dans une génération (entre vingt-cinq et trente-cinqans), contre 4,45 millions au 1er janvier 1996, a estimé le CESR, qui aréalisé cette projection avec les services de l’Insee. Cette progres-sion sera due à l’arrivée de nouveaux habitants : sans eux, la popu-lation de la région commencerait à décroître dès 2010, avec une fé-condité de 1,8 enfant par femme. Le CESR rappelle queProvence-Alpes-Côte d’Azur est la région française « qui a connu laplus forte augmentation de sa population » au cours des trois der-nières décennies.

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LeMonde Job: WMQ2310--0015-0 WAS LMQ2310-15 Op.: XX Rev.: 22-10-97 T.: 09:04 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 34Fap:99 No:0361 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 15

H O R I Z O N SENQUÊTE

« Plus il y ade la confusion,plus on a l’impressionque certains tirentles ficelles. On a peur,on ne sait plus de qui »

QUAI de la Jo-liette, à Mar-seille, le ferry-boat Liberté ar-rive d’Alger. Unefemme attendsur une plate-forme, le ventsouffle, une au-toroute passe à

côté. Le bateau avance lentement,la jeune femme sourit. La premièrefois qu’elle a vraiment dormi,c’était sur ce bateau, il y a septmois. Elle avait dormi longtemps,bien après le débarquement. Unhomme de ménage, voyant la ca-bine fermée, avait débloqué laporte à l’aide d’un passe. Elle, enune seconde, s’était recroquevillée,accrochée à un montant, avait hur-lé de toutes ses forces. Dans sonrêve, Khadija revivait ses derniersinstants à Blida, marchant dans larue, la valise à la main, entendantune détonation et, dans son dos, lebruit d’un passant qui s’écroule.Elle cria dans le bateau. Effrayé,l’employé s’échappa en courant.

Aujourd’hui, elle, comme quel-ques autres, tente de deviner lessilhouettes familières qui par-viennent à franchir au compte-gouttes les filtres militaires, poli-ciers, douaniers de la gare mari-time. Les premiers passagers sesurprennent à avancer, regardent leplafond, ils sont ici dans un hall deMarseille.

Un matin, Khadija est sortie dansune rue de Blida, elle a vu six jeunesde vingt ans égorgés sur un trottoir.On avait inscrit leur nom sur unbout de carton. Une voiture de po-lice avait été attaquée la veille, eton soupçonne les forces de l’ordred’avoir répliqué ainsi. Khadija tented’expliquer que d’habitude dansune ville on voit des animaux surles trottoirs, des chiens morts, desoiseaux. « Maintenant, ce sont desêtres humains, ils sont là, lesmouches tournent au-dessus. »

Derrière la vitre, les fonction-naires de la police de l’air et desfrontières interrogent, inspectent,vérifient, font patienter quelques

heures encore. L’un d’eux éteintl’écran de son ordinateur et dit :« Le système est en panne. » Le maride Khadija arrive, enfin. Il ne parlepas. Deux jours plus tard, il dira :« C’est fini, il n’y a plus rien à espé-rer. »

Samira, femme de ménage àMarseille, immigrée depuis 1976,passait chaque été à Alger. Commebeaucoup cette année, elle a voulurepartir en urgence. A quelquesrues d’où elle logeait, une famillede dix personnes, femmes et en-fants compris, a été égorgée à l’in-térieur d’un appartement, la nuit.« Un voisin a téléphoné à la police,celle-ci est venue ramasser les mortsle matin. Elle a quitté les lieux à16 heures. A 16 h 30, les tueurs reve-naient, ils ont massacré la famille d’àcôté. »

Un autre jour, une amie, profes-seur, est accostée à l’entrée del’école par un commando. Leshommes lui ordonnent de déposerune bombe à l’intérieur. La jeunefemme refuse. Elle est ruée decoups, puis on lui mitraille lesjambes, près desquelles on place labombe. Un collègue enseignant se

penche au-dessus d’elle. « Elle estencore vivante, appelez les pom-piers ! », dit-il, lorsque la bombe ex-plose. « Le cercueil de mon amie res-semblait à celui d’un enfant, son pèreest devenu fou », raconte Samira.

Certains barrages militaires sontconstitués « d’enfants, des appelésde dix-huit ans, leur Kalachnikovpresque plus grandequ’eux ». Une fois,l’un d’eux, assoupi,s’est réveillé, pani-qué, et tua un autre ap-pelé venu prendre la relève.A Oran, un barrage s’estfait massacrer sans pou-voir répliquer.

A Oran toujours,une fête a eu lieudans un restaurantsur la corniche. Lechanteur de raïCheb Mami étaitvenu de France. « Lesclients étaient plutôt riches, ilsse sont bien amusés », rapporte unparticipant venu en touriste. A Al-ger, Leïla, également en visite, a as-sisté à un dîner de « mafieux », iro-nise-t-elle. Le restaurant était chic,le repas à 15 000 dinars(1 500 francs, au cours officiel), soittrois fois le salaire minimum men-suel. « L’essentiel de la conversationa porté sur le fait de savoir si une soi-rée à 1 million de dinars, c’était cherou pas. Certains disaient que non, siles invités étaient contents, si c’étaitvraiment réussi. »

Fouad, un cadre administratif, aconfié à un ami de passage que dé-sormais, au bureau, lui et deux deses collègues se cotisent pour sepayer un café le matin. « Il a un sa-laire de 13 000 dinars. Chaque 10 dumois, il est obligé d’emprunter pourmanger. » Désormais, pour la majo-rité des Algériens, le seul repas de lajournée est un dîner constitué delégumes secs, au pire de pain et delait. La nuit, les hommes montentsur les toits. Ils se sont acheté dessirènes d’alarme, ont rassemblé desmarteaux, des couteaux et deslampes de poche. Une vieillefemme d’un quartier populaired’Alger assure à sa fille, Souad, ré-fugiée à Marseille, que « les voisinss’enduisent le cou d’huile, au cas où.La mort est plus facile, disent-ils ».Souad, farouchement opposée auxislamistes et au port du hidjab lors-qu’elle vivait à Alger, menacée, exi-lée, se souvient de la réaction desforces de sécurité quand celles-ciétaient appelées, soir après soir, parles proches des familles égorgées :« Quoi, vous avez voté FIS [Front is-lamique du salut] dans ce quartier ?Vous vous démerdez. Dites au FIS devous protéger maintenant. »

Du Liberté, amarré à Marseille,descend un couple. Ils ont trenteans, lui, déjà des cheveux blancs.Eux aussi, ils ont quitté Blida dansla précipitation. Le vendredi 3 octo-bre, de 17 heures à 20 heures, descommandos présumés du GIA(Groupe islamique armé) ont bom-bardé la ville à l’aide de roquettesartisanales, faites de clous et deverre pilé. « Quatre de mes amis sontmorts, ils circulaient en voiture, ditAli. L’armée n’a riposté qu’à 20 h 30à l’aide d’hélicoptères, quand toutétait fini. Blida est une ville de garni-son, elle compte une dizaine de ca-sernes. On voyait les roquettes sortirde la montagne, les lieux de tirétaient facilement identifiables. C’estle paradoxe de Blida : là où il y a leplus de militaires, il y a le plus de ter-roristes. » Personne n’arrive à expli-quer la logique des massacres. « Enpleine nuit, des civils se font des-cendre par un hélicoptère. On nousrépond que l’hélicoptère a été volépar les terroristes, soutient Ali. Dansun village près de Médéa, trente per-sonnes se font tuer alors qu’il y avaitarmée, gendarmerie, gardes commu-naux. Parmi les patriotes [des civils

Témoins des massacres, des Algériensdébarquent à Marseille tenaillés

par le doute sur les auteurs de ces tueries.Le pouvoir militaire fait en effet

bon ménage avec les milieux d’affaireset n’est pas disposé à accepter l’alternance

armés par le régime, NDLR], ontrouve des maquisards repentis.D’ailleurs, certains patriotescommettent eux-mêmes des mas-sacres et des pillages. En ce moment,dans la région, on peut tuer pour unevache. »

Alors on tue dans la plaine de laMitija. Les massacres se res-semblent, réguliers. Seize enfantsdans un car un jour, soixante habi-tants d’un village un autre jour. Desfemmes enceintes sont éventrées,des enfants décapités. Les nouvelless’échangent froidement entre lesfemmes le matin, comme autrefoison parlait de la pluie, du beautemps. Les tranquillisants sevendent au marché noir. Une pelle-teuse creuse chaque jour une di-zaine de tombes d’avance dans lecimetière de Blida. Les corps ar-rivent à la morgue et il n’y a plus deplace pour ces familles que l’on em-pile : une tête de bébé, la sucette àla bouche, un autre nourrisson« comme un sachet en plastique car-bonisé », rapporte un témoin.

Parfois, des militaires attachentun cadavre à l’avant de leur Jeep etklaxonnent dans la ville, racontent

plusieurs témoins. Sur le marché,deux commerçants, très connus,ont été confondus comme tueursprésumés du GIA : « La nuit, ilségorgeaient des civils, et la journée,ils vendaient, normal, sympa. Ils ontété exécutés et montrés sur la placepublique. »

C ERTAINS villages décimésétaient connus pour leurssympathies islamistes,

d’autres se laissaient racketter de lanourriture. « Il suffit que les tueursapprennent que les habitants de-mandent des armes pour se protéger– signe qu’ils n’ont plus confiance –pour qu’il y ait des représailles, re-prend Ali. Est-ce toujours le GIA ?C’est ça qui est insupportable : ledoute. Si on savait que les militairesne s’attaquaient qu’aux terroristes,on serait rassuré, mais ils nouslaissent dans le doute. On ressembleà des veaux qu’on tire par l’anneau.C’est marche ou crève, ferme tagueule ou je te bute. »

La nuit à Blida, de faux appels àla prière résonnent du haut des mi-narets : « Ce sont des codes, desordres d’assaut, présume-t-on. »

Lundi 6 octobre, une attaque a étédéjouée dans une cité ; les femmesse sont regroupées dans des appar-tements, les hommes ont répliqué.« Maintenant, sur les toits, ils font descocktails Molotov et des bombes avecdes bouteilles de gaz. Dès qu’il y a unpassant, ils les jettent. Ils ont averti :que ce soit la police, les terroristes, onjette », assure Ali. A Blida, les portessont blindées, les fenêtres ont desbarreaux. Chaque jour, il faut allertravailler, rentrer à 17 heures, neplus bouger, épier le bruit de pas, lemoindre cri. « On vit en otage, on estperdu. Plus il y a de la confusion, pluson a l’impression que certains tirentles ficelles. On a peur, on ne sait plusde qui, raconte Houria. Seuls les en-fants se parlent librement. L’adulte, iltransforme un peu une nouvelle, parcrainte. Les gamins, eux, jamais. Ilsvoient, ils disent. Ils sont au courantde tout. »

Un massacre est entré dans lesmémoires. Il a duré plusieursheures. Les victimes n’avaient pasété attachées. Les hommes, lesfemmes, les enfants ont couru, sesont débattus, ont crié. Trois centspersonnes ont péri. A 500 mètres,

une caserne militaire, elle, a préféréle silence et l’immobilité. On l’ap-pelle le « massacre de Raïs ».

A Alger, il souffle un vent d’opti-misme dans le monde des affaires.Les bonnes notes du Fonds moné-taire international, la découverte denouveaux gisements pétrolifères, lahausse des cours et les lois de pri-vatisation soumises au Parlementsont autant de signes encoura-geants pour les entrepreneurs. « Onest surpris par le dynamismecommercial. A la limite, quarantepersonnes tuées chaque jour dans lepays, c’est juste assez pourconvaincre les firmes étrangères de lanécessité d’avoir des intermédiairesalgériens et d’y mettre le prix, dit, àson retour d’Alger, un ingénieur al-gérien établi en France. Même s’ilest divisé au sommet sur sa stratégieà mener vis-à-vis du GIA, le régimemontre qu’il est installé pour long-temps. Dès lors, tout est légitimé. Iln’y a pas d’alternative. Aux élections,les candidats affluent. Pour eux, c’estla dernière occasion "d’en être", defaire partie de ce régime. »

Pour lui et comme beaucoupd’autres, c’est l’Algérie des « géné-raux associés aux hommes d’af-faires » qui se transforme. « Les mi-litaires détenaient le pouvoir

économique d’Etat. Aujourd’hui,ils privatisent etgardent ce pou-voir. De grandesdynasties sont entrain de naître.

Les futurs Rothschild,vous les voyez à Alger.Ceux-là n’ont plus leproblème de faire desdiscours à l’an-cienne. Une partiedes classes

moyennes est en train dedisparaître. En ce moment, les gensdiplômés ne représentent plus unevaleur. Il vaut mieux être douanier oucommerçant. Mais les futurs capita-listes algériens auront toujours besoinde compétences techniques. Ils sau-ront les faire revenir. »

U NE femme, intellectuelledémocrate, réfugiée à Mar-seille, partage le même avis.

« Les Algériens, trop préoccupés deleur survie, ne se rendent pas comptedes changements de la société. Lesdémocrates sont tués, au sens propreet figuré, les écarts sociaux secreusent, la corruption est générali-sée, le Hamas, parti islamiste, détientsept ministères. C’est la série deleurres qu’a sécrétés le faux choixentre le pouvoir et le FIS. C’est la vic-toire du chacun pour soi. » Fouad,un intellectuel également de retourd’Algérie, ajoute : « On a atteint untel niveau d’horreur que ce sont au-jourd’hui les gens du peuple qui seposent la question : Qui sommes-nous ? Certains pensent que le GIA aperdu sa base politique, qu’il effectueun dernier baroud d’honneur. Dansle langage de la rue, on ne prononceplus le mot GIA ; on dit “el irhabi”(les terroristes). Pour parler du ré-gime, autrefois on disait “le sys-tème” ou “le piston” ; maintenant,on prononce “el hogra” (le domina-teur). »

Une femme exilée ne veut plusparler de l’Algérie. « A chaque fois,on se dit que ça ne peut pas être plusgrave. On a touché le fond et c’esttoujours plus grave. Que peut-on diremaintenant ? » Sur le Vieux Port deMarseille, chaque samedi, deshommes et des femmes jettent unefleur à la mer. « Une manière depenser à eux de l’autre côté », ditl’un d’eux. De jeunes Algériennes àla fois émues et en colère disentaux anciens : « On a voté Zeroual etça ne sert à rien. Maintenant, ce sontles malheureux qui paient. De quoiest coupable un bébé de quatre moispour qu’il soit égorgé ? »

Un universitaire « zéroualiste »,qui vit entre Marseille et Alger, lui,assure à voix basse qu’il y a des mo-tifs d’espérer, « une transitions’opère, une citoyenneté est en traind’émerger dans la douleur, mais ellese bâtit ». Des mots insupportablesà cette ancienne habitante d’unquartier populaire d’Alger : « Com-ment oser encore parler de terro-risme résiduel, comment avoirconfiance ? Un peuple se fait massa-crer devant tout le monde et il estabandonné à son propre sort, à sonsilence. La liberté d’expression, voilàle seul médicament pour l’Algérie. »Chaque semaine, elle aussi, elle al-lait sur le quai de la Joliette à Mar-seille regarder le Liberté repartirpour Alger. Elle dit que son cœur,sa conscience, suivaient le bateaublanc. Un jour, elle s’est dit qu’il fal-lait arrêter.

Dominique Le GuilledouxDessin : Thierry Dalby

Algérie,l’horreuret le doute

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16 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 H O R I Z O N S - D É B A T S

Non, Vichy n’était pas la Francepar Pierre Juillet

V OICI venu le tempsdes démolisseurs, etchacun d’eux, dansune damnable émula-

tion, arrache une pierre à l’édificede la République si patiemment etsi péniblement restaurée.

Il ne suffisait sans doute pas, aumépris de tant de sacrifices, quenotre nation soit dépouillée de sasouveraineté, il fallait qu’on la dés-honore. Non, Vichy n’était pas laFrance. Dès le jour de la défaite denos armes, elle avait trouvé refugedans l’intransigeance du général deGaulle, le cœur des Français libreset l’espérance des résistants. Vou-loir aujourd’hui défigurer cetteépopée salvatrice en légitimant unrégime asservi à l’occupant alle-mand est une erreur historique ouune malhonnêteté.

Quant à faire, cinquante ansaprès, le procès des fonctionnairesayant servi Vichy, courbés sous lesordres des autorités d’occupation,c’est faire le procès des faiblesseshumaines... Qui peut prétendre

que, dans les affres de cette terribleépreuve, son âme aurait été mieuxtrempée ?

De cette époque tragique reste àpeu près intact Charles de Gaulle.

On l’encense encore par intérêt po-litique ou commercial, mais le dé-nigrement est déjà à l’œuvre, parpetites touches, enrobées de vertuet de bons sentiments.

On nous rapporte des proposétonnants, des jugements lapi-daires, des confessions auriculairesfaites sans témoin par le grandhomme à quelques rares confi-dents. Le but avoué de ces révéla-tions est, paraît-il, de nous lerendre plus proche, plus humain,plus commun en quelque sorte.

Rien n’est si gênant, en effet, quesa rigueur hautaine pour la fouledes médiocres et des envieux !

Doit-on rappeler au lecteur queces publications tombent sous le

coup de l’adage romain « Testisunus, testis nullus » et que de Gaullelui-même, prévoyant le zèle – sus-pect – de ces auteurs apocryphes, aprévenu qu’il ne fallait tenir pourvéridiques que ses écrits et ses dé-clarations publiques. Il n’empêcheque toutes ces gouttes d’eau sur lastatut du Commandeur finiront paruser l’exceptionnel du personnageet affadir les traits de son caractère.

Plus insidieuses encore les affir-mations selon lesquelles nousavons, pendant un demi-siècle, vé-

cu sur des mythes inspirés par legénéral. Je ne crois pas que deshommes auraient accepté de fairele sacrifice de leur vie pour autrechose que le devoir sacré enversleur patrie.

Il serait injuste envers ceux quiont cru en la France, qui sont mortspour elle, qui ont combattu en sonnom que cette période de notreHistoire se réduise aux crimescommis par Vichy sous la pressiondes occupants de notre sol.

Certes, ce fut un miracle quenotre pays, précipité si bas, re-trouve la plénitude de sa conditionsouveraine. Mais, comme tous lesmiracles, celui-là reposait sur la foi,sur le courage, et fut inlassable-ment voulu et soutenu par la luci-dité volontaire d’un grand homme.

Pour les générations futures, ledevoir de mémoire est là.

Pierre Juillet a été conseillerde Georges Pompidou, puis deJacques Chirac.

De cette époque tragique, reste à peu prèsintact Charles de Gaulle. On l’encense encore,mais le dénigrement est déjà à l’œuvre

Comment pouvais-jeaccepterdélibérémentde perdre le contrôledes activitésles plusfondamentalesde notre groupe ?

Thomson ne me paraît pas disposer, dansle schéma retenu, des meilleurs atouts pourforger son avenir. Elle n’a nullement besoind’être « adossée » à un groupe extérieur pourrenforcer ses finances, suffisamment solides

Il ne faut pas provoquer – en insistantsur le franco-français – les regroupementsgermano-allemands, anglo-anglais, avec,en prime, le regroupement des deux

En voulant Thomson, nous voulions l’EuropeSuite de la première page

J’ai directement travaillé, per-sonnellement, avec quatorze mi-nistres de la défense française dontil m’est facile de citer par cœur lesnoms, me souvenant précisémentdes actions que j’ai menées avecchacun d’eux !

L’industrie de défense a une im-portance capitale pour la Nation.Elle lui fournit les moyens d’assu-rer sa sécurité, son indépendance,sa liberté, grâce à une armée sanscesse modernisée. Elle situe le ni-veau de son pays dans la hiérarchieinternationale de ceux qui ont lesmoyens d’assumer seuls leur des-tin. En plus, elle permet d’aider lespays amis qui poursuivent lemême objectif. Pour être concret :je constate que, dans le monde en-tier, la France est respectée et ad-mirée pour ses réalisations en ma-tière de défense, ce qui ne nuit pas,loin de là, à son rayonnement in-tellectuel.

Nous avons atteint, c’est in-contestable, le niveau de l’excel-lence grâce à l’impulsion du géné-ral de Gaulle qu’aucun de sessuccesseurs n’a ralentie. J’ai vécula naissance de cette odyssée mo-derne au début des années 60, l’ar-dente mobilisation pour rattraperle retard, les objectifs qui parais-saient démesurés. Le ministrePierre Messmer m’avait lui-mêmefixé notre tâche : la petite sociétéMatra était chargée de toute l’élec-tronique de la fusée Diamant et duprojet satellite Astérix lancés duSahara en 1965... La France mon-trait qu’aussitôt après les Russes etles Américains elle devenait sansaide extérieure, avec ses propresmoyens et sa jeune industrie, latroisième puissance spatiale de laplanète.

Les Français, aujourd’hui, dé-montrent qu’ils n’ont pas la mé-moire courte, en se passionnant– sous diverses formes – pour leprocès de Vichy. Qu’ils veuillentbien se rappeler, aussi, qu’un che-min prodigieux a été accomplipour restaurer la position de laFrance au niveau qui était le sienau début du siècle.

Cependant, l’accélération del’histoire, de la science et de latechnologie fait qu’aucune posi-tion n’est durablement acquise. Il afallu des siècles pour ruiner l’em-pire romain, quelques jours pourabattre l’empire soviétique. En trèspeu de temps, nous serons « lar-gués » par les grands pays, puis dé-passés par ceux qui émergent sinous ne continuons pas nos effortsdans le domaine technologique,toujours « tiré » par la défense.

Pour donner une illustration del’évolution récente, je voudrais ci-ter un exemple. Il n’y a pas si long-temps, pour frapper un objectifprécis, on envoyait des dizainesd’avions qui « arrosaient » unezone entière, avec d’énormes dé-gâts sur les populations civiles. Au-jourd’hui, c’est – ou ce sera – unmissile d’une précision diaboliquequi, à plusieurs centaines de kilo-mètres, atteindra la fenêtre dutroisième étage gauche de l’état-major adverse ! Mais pour cela, ilfaut un satellite qui aura identifiéla cible, un système d’informatiqueet de communication complexe

qui dans un temps très court per-mettra de décider d’où et com-ment on va pouvoir agir. Je medois ici de préciser que Matra esten passe de maîtriser la chaînecomplète : voir avec le satellite Hé-lios, décider avec les systèmes decommandement, agir avec le mis-sile Scalp. La guerre du Golfe, en1990, n’a été que le début d’une èrenouvelle.

Oui, mais voilà : au moment oùces armements sophistiqués de-viennent de plus en plus onéreux,les budgets de la défense sont jus-tement réduits (ce qui n’est pas cri-

tiquable). Par voie de consé-quence, la France n’est plus enmesure d’assurer, seule, sa posi-tion de leader technologique. Laréponse est évidente : l’Europe,elle, le peut. L’Europe peut et doitdevenir une puissance mondiale,égale à celle des Etats-Unis d’Amé-rique, dans une saine émulation.Une défense européenne, doncune industrie de défense euro-péenne : c’est pour moi une priori-té aussi importante et urgente quecelle de la monnaie unique.

Venons-en au dossier Thomsonqui me paraît exemplaire dans aumoins trois domaines : la restruc-

turation de l’électronique de dé-fense, l’européanisation, la pré-sence de l’Etat dans les entreprises.L’importance du sujet n’avait paséchappé à Alain Juppé puisqu’ilavait déclaré qu’il s’agissait là duproblème le plus important de sonpassage à Matignon. Finalement, iln’a pu le résoudre. Lionel Jospin nesemble pas y avoir accordé lamême importance. Peut-être ai-jetort et je m’en excuserai volon-tiers. Mais je pense, sans douteavec beaucoup de prétention, qu’ilaurait pu m’entendre sur ce sujet.Je dois cependant dire que le mi-nistre de la défense, personnelle-ment, et son directeur de cabinet,se sont complètement immergésdans ce dossier ; leur disponibilitéen même temps que leur désir detout comprendre pour aboutir à lameilleure solution ont été remar-quables.

Thomson-CSF (n’oublions pasCSF qui a apporté au groupe unebase de très haute technologie, ac-cumulée pendant les vingt annéesd’après la guerre, dans le domainedes radars les plus sophistiqués)est une société remarquable, pré-sente dans presque tous les do-maines de l’électronique de dé-fense. C’est le leader incontesté enFrance (radars de sol et aéropor-tés, avionique, sonars, télécommu-nications militaires...) et les autresacteurs du secteur sont très faiblesen comparaison. Il faut dire qu’unYalta politique, décidé au moment

des nationalisations, en 1981, avaitexclu Alcatel (CGE alors) des af-faires militaires, mais avait confis-qué à Thomson ses satellites,transférés à Alcatel. Depuis la na-tionalisation – si l’on passe sous si-lence les aventures des activitésmédicales et de la télévision grandpublic – Thomson-CSF s’est re-marquablement recentré. Il estparvenu au plus haut niveau mon-dial de son secteur, incontestable-ment. Mais les dirigeants ont vitecompris que, pour y rester, il étaitnécessaire de forger des allianceset même de créer une grande so-ciété européenne avec GEC. Ils n’ysont pas parvenus. Problèmes depersonnes ? Intervention négativede l’Etat patron ? Il est clair, entout cas, que les grands industrielseuropéens du secteur témoignent,en privé et publiquement, unegrande réticence à l’égard des so-ciétés contrôlées par un Etat, quelqu’il soit.

Dans ces conditions, le présidentde la République a pris la décisionqui s’imposait, en février 1996, or-donnant la privatisation totale deThomson, dégageant l’Etat action-naire et inscrivant cet événementdans le cadre de la restructurationde l’électronique de défense euro-péenne. Vingt mois après, le nou-veau gouvernement a fait sonchoix, qui s’impose, bien sûr. Lasolution choisie est-elle la bonne ?

Dans le schéma qu’il vient de re-tenir, le gouvernement a décidé derester « l’actionnaire principal, dé-terminant », nommant le pré-sident. Il a sélectionné un « parte-naire stratégique » (Alcatel) surlequel Thomson va « s’adosser » etil semble inviter d’autres indus-triels du métier à venir s’asseoirautour de la table, en échange del’apport-abandon de leurs activi-tés. Une marche militaire bienfrançaise accompagne le défilé surl’air de « La France d’abord ! » Jene pense pas que cette solutionsoit bonne.

D’abord, la société Thomson neme paraît pas disposer, dans ceschéma, des meilleurs atouts pourforger son avenir. Elle n’a nulle-ment besoin d’être « adossée » àun groupe extérieur pour renforcer

ses finances suffisamment solides.Quant à la panacée des « techno-logies duales », j’observe depuisdes années qu’elle fonctionne es-sentiellement dans un sens : la dé-fense profitant au civil. Parexemple, les retombées de la« guerre des étoiles » du présidentReagan, avec ses nombreux satel-lites communiquant entre eux,permet de développer les « auto-routes mondiales de l’informa-tion » du vice-président Al Gore,de Microsoft et de Motorola.

De plus, la définition de la stra-tégie et surtout le management,jour après jour, du nouveau Thom-son seront délicats. Le personnel,le management feront-ils corpsavec un conseil d’administrationoù les intérêts ne seront pasconvergents ? Il sera difficile detrouver une vraie unité autour dela table du conseil ! Que deviendral’affectio societatis, la culture d’en-treprise, qui ont permis à Thom-son de survivre à la dure périoded’incertitude ? Les décisions pour-ront-elles être prises rapidement,comme c’est nécessaire dans cemétier très particulier où tout va sivite ? Les hommes de l’entreprise,ceux de la politique et de l’admi-nistration n’ont pas la même no-tion du temps qui passe. Enfin– c’est peut-être le point le plusimportant – l’intégrité absolue deThomson pourrait-elle aussi êtreatteinte ? Que dire en effet del’abandon définitif des activitésspatiales dont Alcatel hérite enmême temps que de celles d’Aero-spatiale ? Est-il stupide d’imaginerque cette dernière récupérera lesmissiles de Thomson ? Est-il excluque Dassault, qui se sépare de sonélectronique – à très bon prix, c’estvrai –, maintienne sa haute mainsur une activité qu’il juge indispen-sable à ses avions ?

Les réactions des milieux euro-péens m’inquiètent encore davan-tage. Je ne parle ici que de cellesdes grands industriels : mes parte-naires, mes amis avec lesquels jeme suis récemment entretenu duproblème. Qu’on soit certain queje n’attiserai pas le feu : cela seraitdommageable à tout le monde etnous serons bien forcés de vivreensemble ! Mais il ne faut pas pro-voquer – en insistant sur le franco-français – les regroupements ger-mano-allemands, anglo-anglais,avec, en prime, le regroupementdes deux.

Y avait-il une meilleure solu-tion ? Je suis convaincu que oui :c’était la création de « ThomsonMatra ». Etait-elle encore possibleaujourd’hui ? Oui ! Mais comptetenu des impératifs imposés par lenouveau gouvernement, hélas,non !

« Thomson Matra », c’était déjà,en soi, très significatif. Dans le mi-lieu mondial,le rapprochement desdeux noms créait un symbole trèsfort, une puissance emblématique.Matériellement, on ne peut pascomparer nos apports (la totalitéde Matra Haute Technologie) avecceux partiels ou dérisoires desautres groupes. Cette société étaitd’emblée une des plus solides detout le secteur mondial : capitalisa-tion de 30 milliards de francs,fonds propres de 20 milliards, tré-sorerie nette de 10 milliards. C’est-

à-dire la deuxième au monde, mal-gré les regroupements intervenusaux Etats-Unis. Qui dit mieux ?

Thomson n’était pas « adossée »mais « renforcée » dans son cœur,par ce qui lui manque le plus : lesdeux fers de lance des systèmes dedéfense moderne : les satellites etles missiles. Demain c’est hors deson contrôle qu’il trouvera ces ap-puis indispensables. Enfin, Thom-son, contrôlant Matra Bae et Ma-tra Marconi Dasa, rentraitimmédiatement au centre de l’Eu-rope puisqu’il devenait partenaire– à part entière – des trois plusgrands acteurs européens, avec lepremier rôle.

Cette solution n’a pas été pos-sible. Pourtant, la volonté du gou-vernement de rester actionnaire à35 % du nouvel ensemble n’étaitpas, pour nous, incompatible ensoi avec un vrai partenariat. Monexpérience dans ce domaine peutêtre mise en avant : de 1981 à 1988,Matra était nationalisé puisquel’Etat détenait 51 %. Mais j’ai conti-nué à gérer normalement la socié-té, comme une entreprise privée– disposant au conseil d’adminis-

tration de la moitié des sièges.Même si je considère que ça n’étaitpas l’idéal, la loyauté réciproque etles objectifs communs ont permisà la société de continuer son déve-loppement.

Aujourd’hui, en 1997,le gouver-nement a refusé ce qui avait étéaccepté en 1981. Dans ces condi-tions, comment pouvais-je accep-ter délibérément (sans y êtrecontraint par une nationalisation),de perdre le contrôle des activitésles plus fondamentales de notregroupe ? Nous aurions transforméinstantanément en une holding departicipations notre groupe qui ajustement le statut de groupe in-dustriel majeur diversifié, gérantlui-même ses activités.

Je n’évoque que pour les écarterles rumeurs selon lesquelles mongroupe et moi-même serions unpartenaire peu recherché par l’ad-ministration. Je suis sûr que celle-

PROTÉGER LA FAUNEET SES MILIEUX

Léon Mazzella, rédacteur en chefdu mensuel La Chasse, fait grief àl’Association pour la protection desanimaux sauvages (Aspas) d’avoirutilisé les termes de « crime »,« meurtrier », dans l’affaire del’ourse tuée par un chasseur dans lesPyrénées. Mais c’est qu’en effet leprocureur de la République a faitpratiquer sur l’ourse Melba « une au-topsie comme pour un crime » et cettedécision honore la justice française(...).

L’Aspas tient à rappeler qu’elle apour buts de protéger la faune et sesmilieux et qu’elle ne faisait que rem-plir son rôle de défense de l’intérêtgénéral. Pour l’association, uneourse (espèce strictement protégéepar la directive « Faune, flore, habi-tats » et par la convention de Berne)a été tuée par un chasseur, et il lui ap-partenait de dénoncer cet « ac-cident » qui aurait pu être évité et quia coûté aux associations de protec-tion de la nature des années d’effortset aux contribuables plus de 7 mil-lions de francs (...).

Il appartenait bien à l’Aspas d’ou-vrir son discours à la sensibilité dupublic, c’est son droit et son rôle, sa-chant que chaque Français a un cœurqui bat pour les hommes mais aussipour l’ours, symbole et dernier rem-part contre le saccage des Pyrénées.

Alain Clémentprésident national de l’Aspas

DES TEMPS DIFFICILESM. Papon fait erreur lorsqu’il

déc lare : « Je change d ’aircomme le personnage d’EdouardBourdet dans Les Temps diffi-ciles ». Il s’agit d’une autrepièce d’Edouard Bourdet, LeSexe faible (1929). Antoine, lasdes intrigues du palace où il estmajordome, veut faire un tourà pied et, comme on lui de-mande pourquoi il sort, répondà la personne qui l’interroge :« Pour changer un peu d’air,

madame. » C’est la dernière ré-plique de l’acte II. Le glisse-ment de la mémoire estcompréhensible quand onsonge aux « temps » que vit au-jourd’hui M. Papon.

Jacques JaubertLe Vésinet (Yvelines)

AU GUICHETDE LA REPENTANCE

Après Chirac « pour la France »,après les évêques « pour l’église ca-tholique », après les gardiens en te-nue « pour des policiers de Paris »,tous, ou presque, se précipitent auguichet de la repentance, afin de de-mander pardon aux juifs survivantsde l’ethnocide nazi de ce qu’ils ontfait ou laissé faire contre leurs core-ligionnaires de 1940 à 1944. Ilmanque encore des « repentants »à l’appel : conducteurs de bus quiont amené au Vel’d’Hiv’ les juifs ar-rêtés en juillet 1942, cheminots quiont conduit les trains de wagons àbestiaux contenant les futurs gazés,travailleurs volontaires en Alle-magne où ils faisaient tourner lamachine de guerre hitlérienne, ty-pographes qui imprimaient Au pilo-ri, magistrats qui condamnaient lesrésistants, etc. Bien sûr, ils connais-saient tous le massacre des juifs ra-flés par les Allemands ! En bref, touscoupables, les Français doivent allerà Canossa. Eh bien, je dis non ! Carsi je suis responsable de mes ac-tions, je ne le suis pas de celles de lacollectivité où je me trouve. D’au-tant plus que n’ayant jamais militédans un parti, pratiqué aucune reli-gion, ou souscrit aucun engagementenvers une association quelconque,je ne suis pas comptable des actesdu gouvernement de Vichy, desévêques ou des policiers, et des ca-térogies socio-professionnelles quivont s’intégrer dans le troupeau des« repentants ». Je refuse tout amal-game, parce que je vis en paix avecma conscience : je n’ai que soixante-douze ans... et je sais que le tempsd’autres épreuves peut venir.

Pierre BourgetCrécy-la-Chapelle

(Seine-et-Marne)

ci a compris qu’un groupe indé-pendant, totalement responsablede ses actes, qui prend ses risquessans son soutien, est préférable àd’autres dont les liens consanguinssont tels qu’il est difficile d’établirles responsabilités en cas de coupdur.

Comme je l’écrivais au début, jene souhaite pas que les mésaven-tures que nous avons connues l’andernier se reproduisent. Donc,pour nous, le « dossier Thomson »est aujourd’hui fermé. Certes, unespoir s’est envolé. Mais ce n’étaitqu’un espoir. Le fonctionnementde notre groupe, ses prévisionsclairement affichées, n’en serontpas affectés. A l’intérieur, les dé-ceptions s’effacent alors que lesambitions se reportent ailleurs :nous sommes déterminés à créerun groupe de défense européenuni, encore plus fort, avec des par-tenaires fidèles qui, comme nous,affichent la volonté d’être un ac-teur majeur dans le monde. Quepouvons-nous craindre ? Franche-ment, je n’imagine pas une se-conde que les institutions de notrepays nous classent un jour dans la

catégorie nouvelle des apatrideseuropéens ! Nous portons bienhaut le drapeau français à la têtedes premières sociétés de défenseeuropéennes existantes. Nous ensommes fiers et c’est pour moi unemotivation forte. Je réponds àl’avance à des détracteurs mal in-tentionnés : quoi qu’il arrive, mongroupe sera toujours, comme moi,« pur français », installé en France,à tout jamais. Je lui ai donné lesmoyens et les structures pourl’être et le rester. Cela dit, notre in-dépendance est pour nous unephilosophie, une religion et tanspis si elle dérange.

Notre groupe reste lui-même,debout, fort et ambitieux, plus quejamais convaincu que, de la sorte,il sert les intérêts de son personnel,de ses actionnaires, de la France etde l’Europe.

Jean-Luc Lagardère

AU COURRIERDU « MONDE »

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LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 17(Publicité)

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IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

18 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S

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ÉDITORIAL

La démesure de Jean-Paul SartreJEAN-PAUL Sartre et son équipe

ne pouvaient souhaiter de pluséclatants débuts à la radio. Parcentaines, les auditeurs ont protes-té l’autre soir contre la diatribe an-tigaulliste de l’émission des« Temps modernes ». Jean-PaulSartre a rédigé une réponse dont ladiffusion a été remise à ce soir.Combat en donne dès ce matin lasubstance avec les déclarations del’auteur.

La réponse apparaît faible et em-barrassée. Jean-Paul Sartre se dé-fend d’avoir comparé le général deGaulle à Hitler : tout au plus au-rait-il rapproché certaines affichesdu RPF de celles de la propagandenazie. Mais le texte est là, queFranc-Tireur a reproduit complai-samment. Un des compères risqueun parallèle entre l’orateur de Vin-cennes et « l’aboyeur allemand ».

Il y a pire, sans doute : le procé-dé de malhonnêteté intellectuelle

qui consiste à faire parler l’avocatdu diable. On se donnait letriomphe trop facile en mettantdans la bouche d’un imbécile unplaidoyer caricatural pour le RPF :même s’il égrène des citations,d’ailleurs plus ou moins trahiessuivant les règles de la parodie.

En vérité, ce singulier « canu-lar », où il y a sans doute une partd’inconscience, mérite-t-il que l’onmobilise à son secours les grandsprincipes ? Jean-Paul Sartre s’y es-saie, avec l’appui de certainsconfrères prêts à faire contre levainqueur électoral d’hier flèchedes bois les plus divers.

Le propos de Jean-Paul Sartres’annonçait plus noble : faire en-tendre au-dessus de la mêlée parti-sane la voix d’un homme libre.Mais la liberté a ses conditions, quisont d’abord la probité et la me-sure.

(23 octobre 1947.)

Souvenir par Leiter

Les Albanais oubliés de l’ex-YougoslavieLES COMMUNAUTÉS albanaises de deux Etats

de l’ex-Yougoslavie, la Serbie et la Macédoine,s’engagent dans un inquiétant processus de radi-calisation. La recrudescence des violences et destensions dans les deux pays où ces communautéssont largement représentées (90 % d’Albanaisdans la province serbe du Kosovo ; près de 30 %de la population en Macédoine) fait craindre quel’adage selon lequel « la guerre dans l’ex-Yougo-slavie a commencé et finira au Kosovo » ne finissepar être confirmé dans les faits.

Plusieurs raisons expliquent la radicalisation des« Kosovars » et des « Chiptquars ». La première esttrès simple : c’est le refus de Belgrade et de Skopje(dans une moindre mesure) d’accorder un mini-mum d’autonomie à leurs communautés alba-naises et la volonté de les tenir sous étroite tutellepolicière. La seconde découle de l’histoire mêmede l’ex-Yougoslavie. Tito avait habilement accordéaux Albanais du Kosovo une large autonomie defonctionnement dans le cadre de la Yougoslaviesocialiste. L’université de Pristina, capitale du Ko-sovo, était devenue le passage obligé de toute l’in-telligentsia albanaise, dont la langue était par ail-leurs reconnue dans tous les échanges entre laprovince autonome et ses voisines.

La suppression de cette autonomie par le pré-sident serbe Slobodan Milosevic, en 1991, avaitprovoqué une très vive tension dans la province etencouragé la montée d’un extrémisme serbe quifut à l’origine de la guerre dans l’ex-Yougoslavie.

Quatre ans plus tard, l’accord de paix de Daytonest cependant essentiellement consacré à la Bos-nie-Herzégovine et élude la question du Kosovo.

Le combat des Albanais pour l’« indépen-dance » et la déclaration unilatérale en 1992 d’une« République du Kosovo » présidée par IbrahimRugova, a cependant masqué une constante vo-lonté de dialogue et de négociations des « auto-rités de Pristina » avec le gouvernement de Bel-grade. Malgré la multiplication des manœuvresdilatoires du gouvernement de M. Milosevic, lesdirigeants du Kosovo ont toujours maintenu lecontact et le dialogue avec Belgrade, en évitantsurtout de mettre de l’huile sur le feu. Ils n’ontguère été payés en retour.

RADICALISATIONEn Macédoine, la transformation de la province

en un Etat indépendant en 1991 a lié le sort desdeux communautés (macédonienne et albanaise),malgré l’absence historique d’un réel mélange,due aux différences linguistiques et religieuses. Laparticipation d’Albanais au gouvernement a, dansun premier temps, laissé entrevoir un possiblemodus vivendi agrémenté de concessions réci-proques concernant principalement l’enseigne-ment.

Cette relative modération des Albanais de Ma-cédoine et du Kosovo est en train de voler enéclats. De chaque côté, des mouvements plus ra-dicaux – qu’il s’agisse du parti d’Adem Demaqui à

Pristina ou de celui d’Arben Dzaferi à Skopje – dé-noncent la politique de leurs rivaux modérés etsoulignent le risque d’émergence de groupes ter-roristes dans ces régions. Ils prônent en consé-quence une ligne plus dure, avec le soutien gran-dissant de leurs communautés. Depuis le début del’année, une vingtaine d’Albanais ont été tués auKosovo. Plusieurs d’entre eux étaient connus pourleurs liens avec le régime du président serbe Slo-bodan Milosevic. Certains de ces meurtres ont étérevendiqués par l’Armée de libération du Kosovo(ALK, clandestine), une organisation qui a menacéde s’en prendre systématiquement aux « collabo-rateurs de l’occupant » serbe. Et vingt Albanais,membres présumés de l’ALK, ont été condamnésà des peines de deux à dix ans de prison pour« activités terroristes » par le parquet de Pristina.

En Macédoine, même si de telles actions n’ontpas encore été perpétrées, les « provocations » semultiplient. Ainsi dans les municipalités du nord-ouest du pays – où la population albanaise est lar-gement majoritaire, et où les partis radicaux ontremporté un large succès aux élections locales – ledrapeau albanais flotte sur les édifices publics, àcôté de l’emblème macédonien. Et la reconnais-sance de l’« université de Tetovo » – fondée en1994 par des enseignants albanais souvent origi-naires du Kosovo – est devenue une priorité pourla minorité.

FRONTIÈRES INTANGIBLESLes revendications visent, au minimum, à une

large autonomie des communautés albanaises, et,au plus, à une indépendance pure et simple ; elless’inscrivent même, pour certains Albanais, dans lerêve de l’unification d’une « grande Albanie ». Lesautorités de Belgrade et de Skopje – comme lacommunauté internationale – ont toujours fixé leslimites : il est hors de question d’envisager une re-définition des frontières existantes, pas plus qued’imaginer – dans le cas de la Macédoine – un fé-déralisme qui provoquerait la désintégration d’unpetit État déjà en butte à l’appétit de ses voisins,qu’il s’agisse de la Bulgarie, de la Grèce, de la Ser-bie ou de l’Albanie....

Mais l’énoncé de ce principe par les capitalesoccidentales, les manœuvres dilatoires de Bel-grade et l’embarras de Skopje plongent lacommunauté albanaise dans une impasse. Fauted’obtenir aucune concession significative, les plusmodérés des Albanais sont eux aussi condamnés àadopter des mots d’ordre de plus en plus durs,sauf à disparaître de la scène politique en étant ac-cusés de « trahir la cause ».

La situation des Albanais au Kosovo et en Ma-cédoine n’est pas tout à fait la même : les régimesen place à Belgrade et à Skopje ne sont, à l’évi-dence, pas comparables. Mais la multiplicationdes échanges entre les deux communautés géo-graphiquement voisines et la montée parallèle duradicalisme ont un seul et même résultat, au Ko-sovo comme en Macédoine : la montée des périlsdans cette région des Balkans qui reste une pou-drière.

Conscients de ces tensions persistantes, lesEtats-Unis et l’Union européenne ont multipliéces dernières semaines les mises en garde à Bel-grade sur le Kosovo. Washington a ouvert un bu-reau de représentation à Pristina, et l’Union euro-péenne devrait faire de même dans les semainesqui viennent. La situation politique dans la Répu-blique fédérale de Yougoslavie (RFY, Serbie etMonténégro) où le président Slobodan Milosevica essuyé plusieurs échecs électoraux ces dernièressemaines, accentue l’instabilité ; elle souligne l’ur-gence d’une prise en compte des risques que faitpeser sur le processus de paix de Dayton l’accrois-sement du mécontentement des minorités alba-naises.

Denis Hautin-Guiraut

Vichy : Lionel Jospin en juge de paixVOILÀ DEUX FOIS que la polé-

mique fait irruption dans l’hémicyclede l’Assemblée nationale, sous laforme d’interpellations adressées augouvernement. Les objets des cesquestions n’ont, à première vue, au-cun rapport. A première vue seule-ment.

Le 7 octobre, Lionel Jospin étaitamené à répondre à une questiondu président du groupe UDF, Fran-çois Bayrou, portant sur la mise encause de François Léotard et deJean-Claude Gaudin dans un livreleur imputant la responsabilité del’assassinat de Yann Piat, députée duVar, en 1994. Quinze jours plus tard,mardi 21 octobre, le même LionelJospin a répondu à une question po-sée opportunément par le présidentdu groupe Radical, Citoyen, Vert,Michel Crépeau, au sujet du procèsde Maurice Papon.

La question de M. Bayrou àM. Jospin s’adressait certes au gou-vernement, prié d’indiquer quelleserait son attitude devant les ac-cusations propagées contre deuxélus de l’opposition, mais elle avaitsurtout pour fonction de donner lemaximum d’éclat et de solennité à laprotestation formulée le même jourpar M. Léotard dans Le Monde etdont la cible n’était pas la gauche.

En revanche, l’article de M. Séguindans Le Figaro de mardi attaquait legouvernement et la gauche, sansque l’ancien président de l’Assem-blée ait prévu de prolonger son écritlors de la séance des questions.Dans un cas, M. Jospin avait été saisi

formellement d’une affaire qui ne leconcernait que très marginalement ;dans l’autre, il s’est saisi lui-mêmed’un sujet qui le mettait en cause.

Dans la démarche de M. Séguincomme dans celle de M. Léotard,s’exprime, en fait, la crise de ladroite. Président de l’UDF, le députédu Var, sur le point de prendre latête de la campagne de l’oppositionpour les élections régionales en Pro-vence, se voit la cible de rumeurshissées par deux journalistes au rangde pseudo-informations. Il netrouve pas d’autre issue au piègedans lequel il se voit pris que de criertrès fort et d’alerter l’opinion sur ladégradation des mœurs publiques.

Président du RPR, M. Séguinalerte lui aussi l’opinion – à la télé-vision le 19 octobre, dans la presse lesurlendemain – sur l’injustice faiteau courant politique dont il est l’hé-ritier, au travers de la comparutiond’un de ses anciens membres devantune cour d’assises pour complicitéde crimes contre l’humanité.

SOUS L’ŒIL DU FRONT NATIONALDans les deux cas, la droite répu-

blicaine parle et agit sous l’œil del’extrême droite : à l’affût en Pro-vence, dont M. Le Pen croit pouvoirbriguer la présidence du conseil ré-gional en mars ; et dans l’ombre duprocès Papon, dont le même se sertpour dénoncer à la fois la mise enaccusation de l’attitude des Françaissous l’Occupation et les duplicitésprétendues du gaullisme.

Dans les deux cas, enfin, le gaul-

lisme ou, plutôt, les gaullistes sontmis en question. C’est bien le partigaulliste que vise M. Léotardlorsque, dans Le Monde, il évoquedes « officines » à l’œuvre selon luidepuis trente ans et qui seraient àl’origine de la machination montéecontre lui dans le Var. Et c’est aussile parti gaulliste, aux destinées du-quel préside aujourd’hui M. Séguin,qu’entache l’itinéraire de M. Papon,fonctionnaire « récupéré » par legouvernement provisoire de DeGaulle et son représentant à Bor-deaux en septembre 1944, préfet depolice des premières années de laVe République, puis député de lacuvée 1968 et, enfin, de 1976 à 1981,secrétaire d’Etat RPR d’un gouver-nement contre lequel le RPR me-nait, sous la direction de JacquesChirac, une incessante guérilla par-lementaire.

Dans les deux cas, le président dela République, ancien président duRPR, est touché. M. Léotard l’inter-pellait ouvertement, au terme d’uneliste de responsables de l’Etat, en luidemandant ce qu’il comptait faireface aux accusations lancées contredeux anciens ministres et s’ap-puyant sur des enquêtes attribuées àdes militaires. Quant à M. Séguin,sans le dire explicitement, il se sé-pare de la position adoptée parM. Chirac lorsqu’il avait le premier,en juillet 1995, engagé la France surla voie de la « repentance » pour lacontribution d’une partie des siensau génocide des juifs pendant la se-conde guerre mondiale.

Dans l’étrange distribution desrôles mise en place par la dissolutionde l’Assemblée nationale, au prin-temps, et par la victoire de la gaucheaux élections législatives, celui deM. Jospin demeure aujourd’hui lemeilleur, sinon le plus facile. Le mar-di, à l’Assemblée nationale, telSaint-Louis sous son chêne, le pre-mier ministre dit la justice pour lesplaideurs de la droite : un jour en fa-veur de M. Léotard, harcelé par les« officines » du parti voisin ; unautre en faveur de M. Séguin, quivoit sa propre famille politique traî-née au tribunal de l’histoire et,même, lâchée par certains de sesplus vénérables membres, lorsqueOlivier Guichard assène devant lacour de Bordeaux que le gaullismevivait du « mythe » forgé par sonfondateur.

Ayant accédé en juillet à la pré-sidence du RPR, M. Séguin a pourpremier souci d’y conforter son au-torité, ce qu’il fait en prenant la dé-fense du patrimoine familial. Il sedémarque, sur le sujet en question,de M. Chirac, auteur, en juillet 1995,de la phrase qui imputait à « laFrance » la faute de la déportationdes juifs. Ainsi le député des Vosgesoppose-t-il implicitement son ortho-doxie gaulliste à la déviation ou aulaxisme chiraquiens. Et le messagequ’il adresse à la droite est limpide :hors de la continuité gaulliste, pointde salut face à la double menace dela gauche et de l’extrême droite.

Patrick Jarreau

Le faux procès de M. SéguinF ALLAIT-IL laisser se

faire ce procès de Bor-deaux où Maurice Pa-pon, ancien préfet de

police et ministre sous la Ve Répu-blique, répond de la plus grave desaccusations – complicité de crimescontre l’humanité – pour des faitsremontant au début de sa carrièreadministrative ? Président du RPR,le parti politique qui se réclame duchef de la France libre, Philippe Sé-guin répond tout simplement« non ». Certes, il ne l’écrit pas noirsur blanc, mais le long réquisitoirequ’il a confié au Figaro du 21 octo-bre amène le lecteur à tirer de lui-même la conclusion qui s’impose :« Le procès de Maurice Papon n’estqu’un prétexte », affirme M. Séguin ;« dans cette affaire, les jurés, la justiceelle-même ne sont que des otages » ;« atmosphère délétère », « manipula-tion des esprits », « dégradation in-quiétante de l’esprit public », etc.

Bref, ce procès serait un mauvaiscoup contre la France et contre legaullisme. Et M. Séguin d’appeler legouvernement de M. Jospin, qu’ilsoupçonne d’être en embuscadeafin de « gonfler le Front national »,au « ressaisissement nécessaire » etnotre démocratie à se rappelerqu’elle « doit toujours raison gar-der ». On serait tenté de retournerle conseil au président du RPR qui,en l’espèce, a pris quelques arran-gements avec la réalité.

Le procès qu’il intente au gouver-nement, et, au-delà, à l’opinion nerésiste pas à l’examen des faits. Lio-nel Jospin, qui fut l’un des rares di-rigeants socialistes à prendre sesdistances avec François Mitterrandà propos des liens d’amitié que cedernier entretint avec René Bous-quet, véritable patron de la policefrançaise sous Vichy, n’est évidem-ment pour rien dans la date tardive

de ce procès. Mais, surtout, le débatpublic suscité par les audiences deBordeaux ne doit rien à une quel-conque « machination », selon lemot de M. Séguin.

Il se trouve que, dans la sérénitéde ses travaux, la cour d’assises amis au jour deux vérités historiquesdérangeantes : d’abord (ce fut le té-moignage d’Olivier Guichard, figuregaulliste s’il en est) qu’un fonction-naire ayant loyalement servi lepouvoir de la collaboration pouvaitensuite, sans remords aucun, servirtout aussi loyalement – et au pre-mier rang – la République, ycompris celle fondée par le généralde Gaulle ; ensuite (ce fut l’évoca-tion de la répression contre les Al-gériens en 1961) qu’en ses débuts,sous la présidence de ce dernier,cette République fut aussi un Etatsecret et répressif, où la police pou-vait se livrer à des violences, voire àdes assassinats, sans aucunementêtre sanctionnée, en étant même« couverte » par le pouvoir enplace.

La France s’honore de regarder,enfin, ces réalités en face. Les ou-blier ou les taire, c’est, au contrairede ce qu’affirme M. Séguin, faire lejeu du Front national, dont la mé-moire historique se construit surune double banalisation : celle deVichy et celle des guerres colo-niales. A Bordeaux, un homme ré-pond de ses actes, dans un procèséquitable qu’a illustré sa mise en li-berté. A cette occasion, un pays toutentier découvre une histoire pluscomplexe que celle que voudraittransmettre la mythologie gaulliste.

Plutôt que de remettre maladroi-tement l’extrême droite au cœur dudébat, M. Séguin devrait laisser leprocès se continuer sereinement, etle pays regarder son passé avec lu-cidité.

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

Le groupe américain Citicorp supprime 7 500 emploisDeuxième banque américaine par l’importance de ses actifs, Citi-

corp a annoncé, mardi 21 octobre, la suppression de 9 000 emploisdans les dix-huit prochains mois. Mais le groupe ayant prévu decréer 1 500 postes nouveaux, ses effectifs (environ 90 000 salariés ac-tuellement) diminueront de 7 500 personnes au total. Cette restruc-turation a pour but d’améliorer la productivité de la banque. Leséconomies ainsi réalisées devraient être réinvesties dans le lance-ment de nouveaux produits.

Cette mesure se traduit par une provision pour restructuration de889 millions de dollars (5,3 milliards de francs), dont 496 millions autitre des suppressions d’emplois, et 393 pour dépréciation d’actifs.Elle entraîne une chute de 45 % du bénéfice net de Citicorp pour letroisième trimestre 1997 (à 511 millions de dollars). Le bénéfice d’ex-ploitation de la banque, pour la même période, a augmenté de 14 %à 1 milliard de dollars, grâce notamment à ses opérations de capi-tal-risque et d’activités de change.

Saint-Etienne ne veut pas de « Casimodès »

REPORTAGELes salariés de Casinoont manifesté dans les rues contre l’OPAlancée par Promodès

SAINT-ÉTIENNEde notre envoyé spécial

La banderole déployée sur lapasserelle qui relie l’ancien et lenouveau siège du groupe Casino,

au-dessus de la rue de la Montat,montre un gros cœur rouge vif,entre les inscriptions « Casino »et « Saint-Etienne ». Au-dessous,le cortège, qui s’est mis en branleà 14 heures et qui s’étirera sur1,5 kilomètre jusqu’à la place del’Hôtel de ville, est hérissé de pan-cartes brocardant Promodès etson patron Paul-Louis Halley :« Comme la comète, Halley, tu nefais que passer », « Promodech,c’est la dèche », « Casino, pourContinent, c’est pas l’achat ga-gnant » (allusion au slogan publi-citaire de Continent, les hyper-marchés de Promodès), « non augroupe Casimodès »... Les salariésdu supermarché Champion (uneautre enseigne de Promodès), crâ-nement resté ouvert sur le par-cours de la manifestation, essuie-ront pendant une heure les lazziset les sifflets des Casino. Sur uncamion, un orchestre détournel’hymne de la légendaire équipede foot des années 70 : « on va ga-gner, ça c’est juré... ».

Si Paul-Louis Halley nourrissaitencore quelques illusions surl’état d’esprit des salariés de Casi-no à l’égard de son offre publiqued’achat, la manifestation du mar-di 21 octobre, à Saint-Etienne, adû remettre les pendules à l’heurepour le groupe normand.« M. Halley a dit qu’il ne pourraitpas faire son OPA contre les sala-riés, j’espère qu’il a compris au-jourd’hui ce qu’il lui reste à faire »,estime Jacques Cazeneuve, porte-parole de l’intersyndicale, formée,pour combattre l’OPA, par FO, la

CGC, la CFDT, la CFTC et les Au-tonomes. Ils étaient 8 000 selon lapolice, plus de 10 000 selon les or-ganisateurs, à avoir répondu àl’appel de l’intersyndicale. Lechoix d’un mardi n’a pas été faitau hasard : c’est le jour le pluscreux pour les ventes des maga-sins Casino, qui sont restés ou-verts. Une centaine de carsavaient acheminé des salariés detoute la France.

La CGT, absente de l’intersyndi-cale, s’était finalement jointe audéfilé, prenant cependant soin dese démarquer par ses slogans. Ellerenvoie dos à dos « les finan-ciers », Promodès et Jean-CharlesNaouri (l’actionnaire principal deCasino), préférant « se battre pourl’emploi et les salariés ». Un res-ponsable cégétiste martèle dansun micro : « 30 milliards (le mon-tant de l’OPA de Promodès), c’est40 000 emplois pendant dix anschez Casino ». Façon de rappeler« les conditions précaires des sala-riés de la distribution ». Un mani-festant rigole : « ne vous en faitespas, quand Naouri aura gagné, onse rappellera à son bon souve-nir... »

Dire que direction et salariésont défilé au coude-à-coude estexagéré. Le défilé respectait leshiérarchies : en tête, juste derrièreles représentants de l’intersyndi-cale, venaient les dirigeants dugroupe, autour du président dudirectoire Christian Couvreux,puis les cadres, sous la bannièrede la CFE/CGC, enfin les syndicatsouvriers FO, CGT, CFDT.

Un absent de marque : AntoineGuichard, l’ancien président etl’un des plus gros actionnaires deCasino. Le chef de la famille héri-tière fêtait ce 21 octobre sessoixante-et-onze ans, mais il avaitpréféré rester à Paris. « Il n’a sûre-ment pas voulu mélanger lesgenres. C’était le jour des salariés,pas celui des actionnaires », l’ex-cuse un cadre. Mercredi 22 octo-bre, M. Guichard a expliqué dansun entretien aux Echos que « ladéfaite de Promodès est mathéma-

tiquement assurée. Pour moi, l’af-faire est entendue ». Le 25 octobre,Rallye, la société de M. Naouriportera son emprise sur Casino àplus de 42 % grâce à l’obtentionautomatique de droits de votedoubles. D’ici là, M. Naouri devraavoir dit aux autorités boursièress’il compte exercer ses bons desouscription d’actions, ce qui luipermettrait de s’assurer de la ma-jorité absolue des voix avec les2,2 % de droits de vote des sala-riés, qui lui sont acquis.

Autre absence remarquée : celledes Stéphanois. Ils se sontcontentés de regarder passer lecortège, à l’exception de quelquescommerçants et de salariés de so-ciétés liées à Casino : l’ASSE (leclub de football,fondé dans lesannées 30 par Pierre, le fils deGeoffroy Guichard), l’équipe cy-cliste Casino, ou la Comédie deSaint-Etienne, dont le distribu-teur est le mécène et le principalpourvoyeur de spectateurs. Lesouvenir de Manufrance est pour-tant dans toutes les têtes, mêmedes plus jeunes. « Des mines, il nereste qu’un musée, Manufrance estdevenu un palais des congrès,alors, si le siège de Casino ferme,"Saint-É" va devenir une ville-mu-sée », commentait un employé del’office du tourisme. Les Stépha-nois avaient en quelque sorte« délégué » leur maire, l’UDF Mi-chel Thiollière, qui a accueilli lamanifestation à 15 heures sur leperron de la mairie, entouré deplusieurs de ses homologues descommunes voisines. Cet ancienprofesseur d’anglais, élu en 1994,s’est rangé dès les premiers joursau côté de Casino contre Promo-dès. Non sans arrière-pensées : ilse présente aux prochaines élec-tions régionales. Il a reçuM. Naouri le 14 octobre, mais af-firme que « Paul-Louis Halley n’ajamais demandé à (le) voir ». Uneerreur tactique désormais irrépa-rable, estime-t-on à Saint-Etienne.

Pascal Galinier

Le système salarial en questionSignée en 1947, modifiée en 1952, la convention collective des

banques AFB se distingue des autres conventions dans deux do-maines : les salaires et les conditions de licenciement. L’AFB restel’une des rares branches à faire évoluer les salaires réels en points.Les autres branches ne négocient que des salaires minima hiérar-chiques, laissant la négociation des salaires réels aux entreprises.Par ailleurs, la prime d’ancienneté peut représenter jusqu’à 35 % dusalaire conventionnel, ce que le patronat trouve trop élevé.

Longtemps, l’AFB a voulu remettre en question l’article 49 de saconvention collective qui fixe de manière rigide l’ordre des licencie-ments. Mais la jurisprudence étant de plus en plus contraignantepour les autres entreprises, ce point paraît désormais secondaire.

« LE PASSAGE éventuel à35 heures pose des problèmes pra-tiques complexes que nous étudionsd’urgence. Notre bureau puis notreConseil seront saisis des conclusionsdans un délai de une à deux se-maines », déclarait, jeudi 16 octo-bre, Michel Freyche, le présidentde l’Association française desbanques (AFB), dans la foulée dela Conférence nationale sur l’em-ploi et de la démission du pré-sident du Conseil national du pa-tronat français (CNPF), JeanGandois. Les conséquences ne sesont pas fait attendre.

Dès mardi 21 octobre, un bu-reau extraordinaire de l’Associa-tion était convoqué pour se pro-noncer sur une conclusionexplosive : la dénonciation de laconvention collective desbanques, qui concerne 216 000 sa-lariés sur les 374 000 du secteurbancaire. La question devait êtresoumise au conseil de l’AFB mer-credi à 11 heures. Si certains pa-trons de banques doutaient, mardisoir, de l’opportunité du calen-

drier, tous étaient d’accord sur lefond : les banques ne peuvent paspasser aux 35 heures sans disposerde la maîtrise de leur masse sala-riale, puisque la réduction dutemps de travail sera souventcompensée par un gel ou une trèsfaible augmentation des rémuné-rations.

CONSÉQUENCES LOURDESOr la convention collective des

banques est particulièrementcontraignante sur les salaires. Ilssont calculés dans toutes lesbanques à partir du « point ban-caire » et d’une prime d’ancienne-té automatique. Ce « point ban-caire » est défini chaque année auniveau de la branche. Les entre-prises n’ont donc pas la maîtrisede leur politique salariale, quelleque soit leur situation écono-mique. « Dans la quasi totalité desconventions collectives de l’indus-trie, on raisonne en minima maisplus en points », explique un direc-teur des ressources humaines.

Les conséquences de ces règles

salariales sont lourdes dans le dé-bat sur la réduction du temps detravail, y compris pour les établis-sements, comme le Crédit lyon-nais, qui apparaissent le plus favo-rables à la réduction du temps detravail. « Prenez un exemple simple,explique Olivier Robert de Massy,directeur des affaires sociales àl’AFB, si une grande banque fran-çaise veut faire comme sa consœurnéerlandaise ABN-AMRO, qui a né-gocié un gel des salaires surquatre ans en échange du passageaux 36 heures, cela lui est impos-sible. Son accord d’entreprise n’au-ra aucune valeur juridique puisquela progression du point bancaire etles automatismes de la conventioncollective s’imposent à tous ».

Déjà confrontées au passage àl’euro, qui va entraîner uneconcurrence accrue et une refontede la tarification des services, audéveloppement de nouvellestechnologies et de nouveaux ca-naux de distribution, les banquess’estiment incapables de compen-ser une hausse du coût du travailpar des gains de productivité.

La décision de l’AFB de dénon-cer la convention collective estégalement tactique. Compte tenude la mauvaise qualité du dialoguesocial dans la banque, l’AFB crai-gnait que la méthode choisie parle gouvernement lors de la confé-rence sur l’emploi pour le passageaux 35 heures – c’est à dire unenégociation encadrée par une loiavec une date butoir au 1er janvier2000 – ne lui laisse aucune margede négociation. « Comment peut-on engager des négociations véri-tables et équilibrées avec des parte-naires qui auraient obtenu par laloi, inconditionnellement, satisfac-tion à une date prédéterminée ? »s’interrogeait M. Freyche.

Il y a, en outre, des années quele patronat bancaire tente de sedébarrasser de cet accord jugé ar-chaïque. Il date de 1947, a été révi-sé en 1952 et n’a été modifié ré-cemment que par l’accordde septembre 1993 sur les re-traites. Jusqu’à présent, l’AFBn’avait jamais osé dénoncer pure-ment et simplement cette conven-tion. Les syndicats y sont attachéscomme ils l’étaient au décret de

1937, espérant toujours obtenirdes contreparties en échanged’une réforme.

Une tentative de renégociationde la convention collective avaiteu lieu à la fin des années 80. Lesdiscussions n’aboutissant pas,l’AFB avait été tentée de dénoncerle texte en 1991. Au dernier mo-ment toutefois, la décision avaitété tuée dans l’œuf par Jean-YvesHaberer, alors président du Créditlyonnais, la plus grosse des

banques AFB, qui s’y était opposé.Le banquier avait agi en accordavec Pierre Bérégovoy, alors mi-nistre de l’économie et des fi-nances, disaient à l’époque sesconfrères qui lui en veulent en-core.

« 800 JOURS POUR RÉUSSIR » En juin, quelques semaines

après avoir obtenu la refonte dudécret de 1937 qui bloquait la

flexibilité du travail dans lesbanques, l’AFB a tenté de relancerune réflexion sur le système sala-rial du secteur et sur la classifica-tion avec les syndicats. Les dis-cussions n’ont toutefois guèreavancé depuis. L’argument des35 heures est donc une bonne oc-casion pour les banques de tenterde remettre en cause la conven-tion collective sans avoir l’air dereculer sur le plan social.

L’AFB souhaite placer le débat

sur un plan purement technique etinvite d’ores et déjà les syndicats àune première réunion le 5 no-vembre. « Nous avons 800 jourspour réussir », commente un direc-teur des ressources humaines, quisouligne qu’en dénonçant mainte-nant la convention, cela laissevingt-six mois de négociationsavant le 1er janvier 2000, date dupassage à l’Euro et aux 35 heures.

Le patronat bancaire aura dumal à éviter une interprétationpolitique de son intention. LeCNPF risque de voir d’un mauvaisœil une de ses fédérations affichersa volonté de marcher vers les35 heures. De son côté, le minis-tère de l’économie ne cachait pasmardi sa surprise.

Enfin pour les syndicats, c’estune déclaration de guerre. « Lepatronat va porter la lourde respon-sabilité d’un conflit majeur dans laprofession », indiquait la fédéra-tion CGT du secteur financier,« alertant les pouvoirs publics pourqu’ils s’opposent au chantage del’AFB ».

Pour Pierre Gendre, secrétairegénéral de FO Banques, les35 heures ne sont qu’un « prétex-te ». « Certaines banques comme laSociété générale ou la BNP neveulent plus rien négocier au niveaude la branche. C’est le principemême de ce niveau de négociationqui est en cause ». Une irritationqui ne semble pas inquiéter outremesure les patrons de banque.

Sophie Fay et Frédéric Lemaître

FINANCELe conseil de l’Associa-tion française des banques (AFB) sepréparait, mercredi 22 octobre, à dé-noncer la convention collective de labranche. Celle-ci conduit à définir l’es-

sentiel de la politique salariale au ni-veau de la branche et non au niveaude l’entreprise. b LA CONVENTIONempêche les banques, selon le patro-nat, d’engager, dans des conditions

techniques acceptables, la négociationsur les 35 heures. b LE MÉCANISMEdu point bancaire et de l’anciennetéautomatique est contesté depuis plu-sieurs années au sein de la profession,

les dirigeants de banques demandantplus de souplesse pour tenir comptede la situation économique de chaqueétablissement. Mais les discussionsavec les syndicats n’ont jamais abouti.

b LA CONVENTION collectiveconcerne 216 000 salariés sur les374 000 du secteur bancaire. Elle datede 1947 et n’a été révisée qu’en 1952et en 1993, sur le chapitre des retraites.

Le patronat bancaire prêt à dénoncer la convention collective Les banques estiment qu’elles ne peuvent pas négocier le passage aux 35 heures dans le cadre des textes qui encadrent

la politique salariale de la branche. Les syndicats appellent le gouvernement à s’opposer à ce chantage

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20 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 E N T R E P R I S E S

Les défis du nouveau PDG d’AT&T L’ARRIVÉE de Michael Arms-

trong chez AT&T (Le Monde du21 octobre) constitue une étape-clédans l’histoire de l’exploitant télé-phonique. Avec ce PDG recruté

– c’est une première – hors desrangs du groupe, le numéro un amé-ricain du téléphone tourne la pageRobert Allen. Aux commandesd’AT&T depuis avril 1988, M. Allenétait contesté depuis plusieurs moispar la communauté financièred’outre-Atlantique, qui lui reproche,pêle-mêle, le parcours peu brillantde l’action du groupe, les pertes departs de marché, un manque de vi-sion stratégique, des investissementshasardeux...

Les défis ne manquent pas pourM. Armstrong. Sa priorité : reposi-tionner AT&T sur un marché améri-cain où les barrières, qui existaientdepuis douze ans, entre le téléphonelongue distance (les communica-tions nationales et internationales)et le téléphone local, ont été abat-tues début 1996. AT&T, confiné surle premier marché, où il devait af-fronter la concurrence de groupescomme MCI, Sprint, ou WorldCom,peut désormais offrir du téléphonelocal. Inversement, les compagniesrégionales (les Baby Bell), qui dispo-saient du monopole sur le téléphonelocal, peuvent fournir du téléphonelongue distance. AT&T doit doncprotéger ses positions sur ce marché(70 milliards de dollars), dont il est lepremier acteur, tout en prenant ra-pidement des positions dans le télé-phone local, un marché de 100 mil-liards de dollars.

Dans les communications longuedistance, AT&T continue de céderdu terrain. Fin juin, sa part de mar-ché était de 51 %, contre 54 % un anplus tôt et environ 80 % en 1988. Au

troisième trimestre 1997, son chiffred’affaires dans le téléphone longuedistance a baissé de 1 %, à 11,7 mil-liards de dollars (70 milliards defrancs). C’est la baisse de 2,4 % desventes au grand public, cœur decette activité, qui est responsable dece repli. AT&T peut faire valoir uneembellie du trafic convoyé sur sesréseaux longue distance : le total desminutes de communication a pro-gressé de 10,1 %. Mais ce score tientpour une bonne part à une offre deminutes de communication gra-tuites et, surtout, il reste inférieur àcelui affiché par Sprint, par exemple(+ 14 %).

BAISSE DES BÉNÉFICESLes résultats du troisième tri-

mestre d’AT&T font aussi apparaîtreune nouvelle baisse des bénéfices. A1,15 milliard de dollars (7 milliards defrancs), ils sont en recul de 15 % parrapport à la même période de 1996.Au trimestre précédent, ils s’étaientdéjà repliés de 37 %. Ce nouveau re-cul s’explique par une croissance desdépenses d’exploitation (+ 4,8 %), legroupe investissant dans de nou-velles activités, qui ne devraient pasgénérer de bénéfices avant plusieursannées. C’est le cas de la téléphonielocale, autre domaine sur lequelM. Armstrong est attendu.

A ce jour, AT&T n’a pas fait sespreuves. Le groupe, dont l’objectifest de prendre 30 % de ce marchéd’ici quatre ans, offre du téléphonelocal dans seulement six Etats amé-ricains. Il veut porter ce chiffre àquinze d’ici à fin 1998. A traversleurs actions en justice, les « BabyBell » n’ont pas facilité l’ouverturede ces marchés locaux. Mais la stra-tégie d’AT&T s’est surtout révéléeassez fluctuante. Le groupe a émisplusieurs idées différentes : déployerses propres réseaux locaux – ce quiest coûteux –, louer des capacités detransmission à des compagnies lo-cales ou lancer un programme defranchises avec des opérateurs lo-caux qui utiliseraient sa marque.AT&T a même cherché, avant l’été,à prendre le contrôle d’une compa-

gnie régionale, SBC Communica-tions. Mais, devant le tollé des auto-rités réglementaires et antitrust, legroupe a renoncé.

M. Armstrong devra faire deschoix d’autant plus vite que le pay-sage américain du téléphone risqued’être bouleversé dans les prochainsmois. MCI, dauphin d’AT&T dans letéléphone longue distance, qui de-vait être rachetée par le britanniqueBT, fait l’objet de deux contre-OPAde la part des opérateurs américainsWorldCom et GTE. Que MCI soit ra-chetée par l’une ou l’autre de ces so-ciétés, et c’est un acteur de poids quiémergera. Le nouvel ensemble seracapable d’offrir à la fois du télé-phone longue distance et local, desservices de téléphonie mobile et l’ac-cès à Internet.

Si cette opération obtient le feuvert des autorités antitrust, ellepourrait inciter AT&T à procéder, luiaussi, à des acquisitions. Certainsanalystes estiment que le groupe setournerait alors naturellement versune Baby Bell. D’autres suggèrentqu’il serait plus inspiré de racheterun acteur d’Internet, domaine où ilest peu présent.

Mais M. Armstong ne pourra pasdétourner son attention de l’interna-tional : les principaux acteurs du sec-teur sont engagés dans une course àla globalisation. La fusion program-mée de BT et MCI s’inscrivait danscette perspective : offrir à la clientèledes entreprises des services de télé-communications « sans couture » àl’échelle de la planète.

AT&T n’est pas resté à l’écart decette bataille. Il s’est allié, dans unestructure baptisée WorldPartners, aujaponais KDD, à Singapore Telecomet au consortium européen Uni-source, créé par les opérateurs sué-dois, néerlandais et suisse.

Mais la présence du groupe à l’in-ternational demeure limitée, notam-ment en Europe, un marché de160 milliards de dollars, sur lequelAT&T avait affirmé sa volonté deprendre pied directement.

Philippe Le Cœur

ANALYSEIl doit repositionner le groupe surle marché américain du téléphone

Moscou finit par trouver un accord avec la De Beers sur la commercialisation des diamants MOSCOU

correspondanceL’épreuve de force entre les deux géants

du diamant a finalement débouché sur un ar-mistice. Après plus de deux ans de négocia-tions, De Beers et le producteur russe de dia-mants Almazy Rossii-Sakha (ARS) ont signé,mardi 21 octobre à Moscou, un accord sur lacommercialisation des diamants russes.

Comme dans le précédent accord, quiavait pris fin en décembre 1995, ARS s’en-gage à vendre à la Central Selling Organiza-tion (CSO), la branche commerciale de laDe Beers, pour au moins 550 millions de dol-lars (3,3 milliards de francs) par an de dia-mants. De plus, ses exportations restent pla-fonnées au quart des ventes totales de laCSO (soit 1,2 milliard de dollars).

Ce nouvel accord, qui ne s’appliquera quejusqu’à fin 1998, constitue, selon les deuxparties, un pas important pour la stabilisa-tion du marché. La De Beers reste l’interlo-cuteur obligé d’ARS pour ses exportations, laRussie ayant renoncé à rompre avec les Sud-Africains.

Si la Russie lie ainsi une nouvelle fois sonsort à la De Beers, c’est parce que le volume

de ses exportations est en diminution.Comme l’a indiqué Viatcheslav Chtyrov, leprésident d’ARS, « avant, nous vendions 40 %de nos diamants en Russie et le reste sur lesmarchés internationaux. Maintenant, c’est l’in-verse ». Comme par le passé, la Russie pour-ra vendre librement 5 % de sa productiondestinée à l’exportation pour contrôler lajustesse des prix pratiqués par la De Beers.Mais, fait nouveau, elle pourra aussi vendre20 % des réserves du Gosfond et des petitsdiamants qui ne peuvent être taillés en Rus-sie.

CONCESSIONS SUD-AFRICAINESAutre innovation importante, les intérêts

de l’industrie russe de la taille sont pris encompte. Tout comme les diamantaires dumonde entier, les entreprises russes pour-ront acheter des diamants dans le saint dessaints de la CSO, les « sites ». Des ventes se-ront organisées à Moscou et non plus àLondres exclusivement. Ce ne sont pas là lesseules concessions faites par le groupe sud-africain. Fait sans précédent, celui-ci a dévo-lu à la Russie le droit de participer à la régu-lation du marché : un « comité de surveil-

lance » comprenant cinq représentants dechacune des deux parties sera chargé decette mission.

« Cet accord a été fait sur une base égali-taire dans l’intérêt des deux parties », a re-connu Nick Oppenheimer, le vice-présidentde la De Beers. Le groupe sud-africain a luiaussi obtenu des garanties importantes.

Alors que les marchés ont été inondés cesdernières années par des diamants russesvendus en contrebande, généralement pardes sociétés mixtes, la Russie devrait limiterces pratiques en fournissant à son partenaireplus d’informations sur le montant et la qua-lité des diamants qu’elle prévoit de vendre.

La question épineuse de l’assortiment desdiamants rentrant dans le quota des exporta-tions a été réglée. La De Beers, qui soup-çonnait ARS de garder les pièces de meil-leure qualité, a reçu l’assurance qu’ellerecevrait désormais un échantillonnage re-présentatif de tous les diamants extraits.

Le règlement de tous ces points litigieux apris beaucoup de temps. Les aléas de la si-tuation intérieure en Russie n’y ont pas étéétrangers. Les relations ont été très ora-geuses entre le gouvernement et ARS, l’en-

treprise basée en Yakoutie qui produit laquasi-totalité des diamants russes. L’Etat abeau détenir 32 % du capital d’ARS, il a dûtaper du poing sur la table pour obtenir uneplus grande transparence financière de l’en-treprise. Au bout du compte, ARS a perdu unsérieux privilège. Si le quota de diamants al-loué par Boris Eltsine à la république ya-koute reste fixé à 25 %, celle-ci ne pourraplus l’acheter au prix coûtant, mais au prixdéfini par le gouvernement...

ARS est cependant satisfaite de l’accordconclu. Viatcheslav Chtyrov a indiqué que lesprojets financiers de la société étaient désor-mais en bonne voie. Des euro-obligations se-ront émises en décembre et un prêt de500 millions de dollars (3 milliards de francs)débloqué par la banque NatWest.

Quant à Nick Oppenheimer, il a exprimél’espoir que « cet accord soit à l’avenir pour-suivi ». Côté russe, le même vœu était for-mulé. Mais les deux parties ont bien soulignéqu’elles attendaient un strict respect des en-gagements pris, faute de quoi l’accord nepourrait être prolongé.

Brigitte Breuillac

Les entreprisesdu textiledevrontrembourserles aides perçues

CHRISTIAN PIERRET, secrétaired’Etat à l’industrie, a confirmé mardi21 octobre au Monde que laCommission européenne s’apprête àexiger des entreprises françaises dutextile, de l’habillement, du cuir et dela chaussure qu’elles remboursentles aides qu’elles ont perçues depuis1996 dans le cadre du « plan Boro-tra » et que Bruxelles a toujours ju-gées illégales. Les entreprises belges,qui avaient bénéficié d’une baissedes charges dans le cadre du plan« Maribel », ont déjà reçu la missive.

Sur les 5 500 entreprises ayant si-gné des conventions dans le cadredu plan Borotra, 500 en réalité – engros, les entreprises employant plusde 100 salariés – seraient obligées derembourser, selon les critères deBruxelles, estimait en avril FranckBorotra, alors ministre de l’industrie.Pour certaines entreprises, ce seraitune véritable catastrophe : enmoyenne, l’aide perçue représente9 000 francs par salarié et par an.C’est pourquoi M. Pierret et son ho-mologue belge, M. Di Rupo, en-tendent négocier les modalités duremboursement avec le commissaireà la concurrence, Karel Van Miert. Leministre français suggère que les en-treprises bénéficient d’un moratoirede deux ans et que les rembourse-ments soient étalés sur dix ou quin-ze ans. Par ailleurs, le gouvernementfrançais va mettre en place trois dis-positifs de soutien. Si les entreprisesréduisent la durée du travail, ellesbénéficieront d’une subvention d’aumoins 9 000 francs par salarié, soitun montant équivalant à ce qu’ellesavaient dans le cadre du plan Boro-tra. Deuxième aide : le ministère del’emploi prendra en charge une par-tie des frais de la formation profes-sionnelle dans le cadre d’un engage-ment de développement de laformation. Enfin, le ministère de l’in-dustrie développera les aides à la re-cherche et à l’innovation dans cesecteur.

Frédéric Lemaître

François Pinault renonce à son OPA hostile sur Worms et CieLa contre-offre menée par la famille Agnelli et les AGF

a pris une nouvelle dimension depuis le raid lancé par l’italien Generali sur l’assureur françaisFrançois Pinault abandonne son ambition decréer un pôle européen de services financiers.Le patron de PPR (Pinault-Printemps-Redoute)ne participera pas à la bataille boursière quis’engage pour acquérir une part du marché

français de l’assurance. Il estime que « lacontrepartie financière potentiellement of-ferte aux actionnaires qui viendraient à l’offrede Soméal/AGF est dissociée de la valeuréconomique de Worms et Cie ». A la reprise de

sa cotation, lundi 20 octobre après une se-maine de suspension, le titre AGF a gagné prèsde 38 %, à 324,70 francs. L’offre de Generali,qui porte sur la totalité des actions des AGF,propose 300 francs par action. Ce sont près de

60 milliards de francs qu’un chevalier blanc de-vra mettre sur la table pour contrer l’offensivede Generali. Le patron des AGF cherche active-ment une solution qui lui permettra de ne pasperdre totalement son indépendance.

LE RÊVE de François Pinault decompléter son groupe de distribu-tion par un pôle européen de ser-vices financiers est remis à plus tard.L’homme d’affaires a annoncé, jeu-di 22 octobre dans la matinée, qu’ilretirait son OPA (offre publiqued’achat) initiée le 19 septembre surWorms et Cie. Dans le groupe dirigépar Nicholas Clive-Worms, dont lesactivités vont de l’agroalimentaire(Générale Sucrière) au papier(AWA) en passant par les transportsmaritimes (Compagnie de naviga-tion nationale), la cible de M. Pi-nault était clairement la compagnied’assurances Athéna. Pour l’at-teindre, il n’hésitait pas à mettre28 milliards de francs sur la table,soit 410 francs par action. M. Pinaultne faisait pas mystère de vouloir cé-der, en cas de succès, les actifs in-

dustriels de Worms et Cie. Il pouvaitespérer réaliser une plus-value po-tentielle sur ces cessions entre 4 et5 milliards de francs. La contre-offrelancée le 6 octobre par la familleAgnelli (Soméal) et les AGF – pourpartie sous forme d’échange avecdes titres de l’assureur français –, nel’aurait cependant pas à elle seuleconvaincu de renoncer.

Mais depuis le 13 octobre, l’affairea changé de dimension. L’OPA sur-prise de l’italien Generali sur lesAGF a presque mécaniquement misM. Pinault hors jeu. À 300 francsl’action, l’offre de l’assureur italien apropulsé le titre AGF à la hausse. Ala reprise de sa cotation lundi 20 oc-tobre, après une semaine de sus-pension, la valeur avait gagné prèsde 36 % par rapport à son derniercours. Mardi, le titre a poursuivi sur

sa lancée en gagnant à nouveau 2 %à 324,70 francs, soit un cours supé-rieur de 8,2 % par rapport au prixoffert par Generali.

M. Pinault, qui avait légalementjusqu’à jeudi pour faire connaître saposition, a sans doute attendu devoir l’évolution du titre AGF avantde se décider. Il pouvait légalementle faire jusqu’au jeudi 22 octobre.Dans son communiqué, il indiqueque « l’offre faite par Soméal-AGFaux actionnaires de Worms et Cie estrémunérée pour partie en actionsAGF. Les AGF faisant l’objet d’uneOPA, la contrepartie financièrementpotentiellement offerte aux action-naires qui viendraient à l’offre de So-méal/AGF est dissociée de la valeuréconomique de Worms et Cie ». End’autres termes, le jeu n’en vautplus la chandelle aux prix atteints.

Generali pensait emporter le paquetAGF/Athéna pour 55 milliards defrancs. Dans les conditions actuellesdu marché, il faut mettre désormaisau minimum 60 milliards de francssur la table pour prendre pied sur lemarché français de l’assurance. Unticket coûteux.

Le coup de sang d’Antoine Bern-heim, le patron des Generali, quivoyait Athéna qu’il convoitait luiéchapper puisque la contre-offreSoméal/AGF faisait tomber directe-ment cette compagnie dans l’escar-celle des AGF, va donc lui coûtertrès cher. Il a semble-t-il pour allié legroupe AXA-UAP, à qui il pourraitcéder une partie des activités desAGF en cas de succès. Claude Bé-béar, le patron d’AXA, a dès le dé-but informé le président de la Socié-té générale de son penchant pour

l’offre de Generali. Selon certainessources, Antoine Bernheim auraitmême proposé la présidence desAGF à Denis Kessler, actuellementchez AXA.

L’envolée de ses cours ne facilitepas non plus la tâche d’AntoineJeancourt-Galignani. Le présidentdes AGF, mandaté par son conseild’administration, recherche active-ment un ou des chevaliers blancs. Ila au moins un mois pour préparersa contre-offensive. Compte tenudes sommes en jeu, elle ne peut ve-nir que de l’étranger. A moinsqu’une solution de place, c’est-à-dire la « coalition » de plusieursgroupes français, ne surgisse, aidantainsi à créer un grand pôle françaisde services financiers.

Babette Stern

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E N T R E P R I S E S LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 21

Le baht thaïlandais poursuit sa chuteVictime de la crise politique en Thaïlande, le baht a fait, mercredi

22 octobre, un nouveau plongeon sur les marchés asiatiques, entraî-nant dans sa chute les autres devises des pays de la région. La mon-naie thaïe est tombée jusqu’à un plus bas niveau historique de 39,53pour 1 dollar, alors qu’elle était cotée mardi 38,70. Dans son sillage,le dollar de Singapour est descendu à son plus bas depuis 43 mois, à1,58 par rapport au billet vert, tandis que le ringgit malaisiens’échangeait à 3,38 pour 1 dollar contre 3,34 la veille. « Les difficultésrencontrées lors des tractations au sein des différents partis politiquesthaïlandais ne rassurent pas les marchés », souligne un analyste.

Les autorités thaïlandaises ont réclamé mardi soir la fin des ma-nifestations antigouvernementales à Bangkok, alors que la pressionmontait dans la rue pour obtenir la démission du premier ministreChavalit Yongchaiyudh. La coalition gouvernementale s’est engagéeà procéder à un important remaniement ministériel. Les membresdu cabinet ont présenté mardi leurs lettres de démission, mais lesmarchandages continuent au sein de la coalition au pouvoir.

Le dollar remonte à 6 francs

Le billet vert a profité du rebond de Wall Streetet de l’annonce d’un ralentissement de la

croissance de la masse monétaire en Allemagne LE DOLLAR s’inscrivait en forte

hausse, mercredi matin 22 octobre.Il cotait 1,7915 mark et 6 francs, sescours les plus élevés depuis un mois.Le billet vert était soutenu par le re-bond, la veille, de Wall Street. L’in-dice Dow Jones avait gagné 1,75 % :la bonne tenue de la Bourse de NewYork favorise l’entrée de capitauxaux Etats-Unis, et donc la hausse dudollar. L’annonce d’une aggravationdu déficit commercial américain enseptembre (+ 3,4 %, à 10,36 milliardsde dollars) n’avait, en revanche, pasaffecté le billet vert. Le déficit descomptes extérieurs des Etats-Unisest pourtant généralement avancépar les experts comme l’une desprincipales menaces pour le dollar.

La monnaie américaine avait éga-lement bénéficié de l’annonce, enAllemagne, mardi, d’un ralentisse-ment de la croissance de la massemonétaire, qui constitue l’un desprincipaux indicateurs suivis par la

Bundesbank pour définir sa poli-tique monétaire. Mesurée parl’agrégat M3, elle s’est inscrite à+ 5,2 % en septembre après + 5,8 %en août. Cette décélération a dimi-nué la probabilité d’une nouvellehausse du taux des prises en pen-sion de la Bundesbank. Le présidentde la banque centrale allemande,Hans Tietmeyer, tout en se réjouis-sant du ralentissement de la crois-sance monétaire, a affirmé que laBundesbank fera « tout son pos-sible » pour éviter un regain poten-tiel d’inflation avant l’union moné-taire. Il a aussi mis en garde contredes décisions d’inspiration politiqueet déterminées par des intérêts na-tionaux pour le choix des pays dupremier bloc de l’euro et pour celuides gouverneurs de la Banque cen-trale européenne, décisions qui au-raient pour effet, selon lui, de créerde nombreux problèmes pour lamonnaie unique.

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Source: Bloomberg

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INDICE HANGSENG DE LA BOURSE DE HONGKONG

en milliers

La Bourse de Hongkong a perdu 27,7 % depuis le début du mois d'août

Un début de panique

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« Si le dollarde Hongkong,ce dernier bastionde sécurité de la région,venait à tomber,les investisseursabandonneront l’Asie »

Les fonds anglo-saxons fuient la Bourse de Hongkongqui a abandonné plus de 15 % en trois jours

La devise de l’ancienne colonie est victime d’attaques spéculativesLa chute de la Bourse de Hongkong s’est brutale-ment accélérée. Les investisseurs étrangers re-doutent une dévaluation du dollar de Hongkong,

à la suite de la décision prise vendredi 17 octobrepar la banque centrale de Taïwan de ne plus dé-fendre sa monnaie après des semaines d’inter-

vention. Les milieux d’affaires commencent aussià réclamer une dévaluation qui restaurerait lacompétitivité de l’ancienne colonie.

PÉKIN ET HONGKONG de nos correspondants

Lundi 20 octobre, le Hang SengIndex, l’indice de référence de laBourse de Hong Kong, perdait4,6 %. Mardi, la chute atteignaitencore 4,3 %. Et à l’ouverture mer-credi 22 octobre, la Bourse dégrin-golait de 4,2 % en quinze minutes,tombant à quelque 11 880 points,soit son plus bas niveau depuisseptembre 1996. En fin de séancemercredi, le Hang Seng amplifiaitsa perte à 6,2 %, en trois jours, lachute a atteint plus de 15 %, et...plus de 30 % depuis le début août !L’économie la plus saine de la ré-gion, dotée de plus de 85 milliardsde dollars (510 milliards de francs)de réserves de change, de plus de

42 milliards de dollars de réservesfiscales cumulées après des annéesd’excédents budgétaires, et ados-sée à la deuxième place financièred’Asie après Tokyo, menace detomber à son tour dans l’oeil ducyclone.

C’est la décision de la banquecentrale de Taïwan, le vendredi18 octobre, de ne plus défendre samonnaie après des semaines d’in-tervention, qui a déclenché cesauve-qui-peut général des fondsde pension britanniques et améri-cains. Leur raisonnement ? Si Taï-wan, avec ces 88 milliards de dol-lars de réserves de change à la finaoût, une convertibilité limitée etdes marchés financiers partielle-ment ouverts aux investisseursétrangers, décide de laisser flottersa monnaie, après des mois d’unerésistance qui s’est avérée efficace,alors Hongkong suivra tôt ou tardle même chemin.

Pourtant, la ligne de défense pa-rait aujourd’hui inflexible : pourcontrer les attaques spéculatives,et alors que le taux de change à un

an du dollar de Hongkong contrele dollar américain montrait dessignes de faiblesses, la Hong KongMonetary Authority a immédiate-ment relevé les taux interbancairesà trois mois de 8 % à 10 %. C’estprécisément ce mouvement qui aprovoqué des ventes massivesd’actions, notamment des valeursimmobilières particulièrementsensibles au coût de l’argent, lesinvestisseurs anticipant que cettehausse des taux, qui a de forteschances de durer, finira par affec-ter les résultats des sociétés co-tées. Au début du mois de juillet,ces taux ne dépassaient pas 6 %.Comme à Kuala Lumpur et à Ja-karta, la Bourse de Hongkong paieaujourd’hui pour la défense de samonnaie.

Le dollar de Hongkong qui, de-puis 1983, est lié au dollar améri-cain par une parité fixe de quelque7,80 dollars de Hong Kong pour unbillet vert, appelée le « peg », va-t-il à son tour décrocher ? Les obser-vateurs les plus optimistes sou-lignent que ce n’est pas la pre-mière fois que le « peg » estattaqué.

Au lendemain du krach boursierd’octobre 1987, après l’écrasementde la révolte étudiante de Tianan-men en juin 1989, en janvier 1995après la crise mexicaine, ou encorerécemment à la fin août, la devisede Hongkong avait déjà été vic-time d’une certaine défiance desinvestisseurs. A chaque fois, laHKMA était parvenue à contrerces attaques par une hausse bru-tale des taux d’intérêt. Forte au-jourd’hui de réserves de changeconsidérables, elle ne manque pasde moyens pour défendre sa mon-naie.

La situation serait donc parfaite-ment sous contrôle, si un lobbyinginédit ne venait aujourd’hui trou-bler les certitudes affichées : pourla première fois depuis quatorzeans, des voix s’élèvent à l’intérieurmême du milieu très conservateurdes affaires pour demander hautet fort un réajustement du « peg ».James Tien Pei-chun, le très in-fluent patron des patrons locaux,et député à la chambre provisoirechoisie par Pékin, a publiquementréclamé hier que soit réaménagéce lien fixe avec le dollar améri-cain, lorsque l’ensemble des mon-naies asiatiques seront stabilisées.« Nos clients passent maintenantleurs commandes dans les pays

asiatiques qui ont dévalué leur mon-naie, et sont beaucoup moins chersque Hongkong », a-t-il expliqué.

« Le lien fixe avec le dollar nous afort bien servi depuis 14 ans », a ré-pondu mardi le chef exécutif duterritoire Tung Chee-hwa, en visiteà Londres. « Il n’y a aucune raisonde le modifier puisque 83 % de notreactivité économique est liée aux ser-vices ». Le chef exécutif reprenait

ainsi les arguments de Pékin qui, àplusieurs reprises, a exprimé sonattachement au maintien d’un dol-lar de Hongkong fort.

Pourtant, le débat est loin d’êtreclos : « la valeur du dollar de Hong-kong n’est plus justifiée économi-quement, car Hongkong est devenubeaucoup trop cher », reconnaît àmi-voix le directeur d’une banquelocale. De fait, les prix des serviceseux-mêmes sont devenus prohibi-tifs, et détournent de plus en plustouristes et hommes d’affaires.« Le maintien du “peg” ne peut sejustifier que si Hongkong parvient àfaire d’importants gains de produc-tivité, ce qui dans le meilleur des casprendra du temps », estime égale-ment l’économiste d’une grande

banque d’affaires américaine. Si,sur le territoire, chacun reconnaitla force des arguments, personnen’ose croire que Hongkong pren-dra le risque de céder aux sirènesdévaluationnistes. « Les consé-quences pour l’économie seraientdramatiques », estime Russel Na-pier, stratège au Crédit LyonnaisSecurities Asia.

Car l’immobilier et la Bourses’effondreraient, provoquant unecrise bancaire sans précédent. En-viron 47 % des crédits des banqueslocales sont gagés sur l’immobilier.« Seule une brutale perte deconfiance de la population dans lamonnaie locale, qui l’inciterait àconvertir massivement ses dépôts endollars américains, pourrait fairedécrocher le dollar de Hongkong.Mais malgré toutes les crises qui ontsecoué le territoire, la populationn’a jamais perdu confiance dans samonnaie », ajoute M. Napier. PourTim Condon, économiste chezMorgan Stanley à Hongkong, « sile dollar de Hongkong, ce dernierbastion de sécurité de la région, ve-nait à tomber, les investisseursabandonneront l’Asie ».

Un risque dont Pékin sembleprendre conscience. La Chine po-pulaire aurait souhaité mainteniren l’état aussi longtemps que pos-sible, dans un premier temps, lesymbole de confiance que repré-

sente l’alignement de la devise deKongkong sur le dollar à un tauxfixe. La crise intervient un peu tôtà son goût. Ses réserves s’ajoutantà celles de Hongkong peuvent luipermettre de venir au secours de lamonnaie « décolonisée » .

Mais Pékin peut égalementconsidérer que le coût élevé de lavie et des services à Hongkong re-présente un obstacle à la compéti-tivité qui justifie l’abandon dusymbole de l’alignement. Surtoutsi la communauté d’affaires locale,qui représente l’assise politique dePékin, réclame cette mesure de fa-çon insistante.

Francis Deronet Valérie Brunschwig

La réglementation sur les appelslocaux favorise France TélécomA PARTIR de janvier 1998, la concurrence dans le téléphone en Frances’exercera surtout sur les appels longue distance. Les appels locaux de-vraient rester l’apanage de France Télécom en raison de l’importancedes investissements à réaliser. Mais quelle sera la frontière ? L’Autoritéde régulation des télécommunications (ART) a tranché, mardi 21 octo-bre, en retenant le département comme paramètre : un abonné télé-phonant dans son département passera par l’opérateur local (FranceTélécom dans 99 % des cas) ; pour un appel hors de son département,il pourra choisir entre France Télécom et ses concurrents.Ces derniers ont dénoncé le fait que France Télécom pourra maintenirses zones tarifaires locales « élargies » qui permettent à un abonné detéléphoner dans un rayon de 30 à 52 kilomètres au tarif local, même sil’interlocuteur se situe dans un département adjacent, ce qui théo-riquement constitue un appel longue distance, plus coûteux. Sur cescommunications entre départements adjacents, les nouveaux acteursdevront donc aligner leurs tarifs. Cegetel (groupe Générale des eaux),qui estime que sa marge brute sera de ce fait réduite d’un tiers à lamoitié, demande des mesures correctrices.

DÉPÊCHESa ABB : le groupe helvético-suédois Asea Brown Boveri (ABB) a an-noncé, mardi 21 octobre, la suppression de 10 000 emplois en Europede l’Ouest et en Amérique du Nord. Une provision de 850 millions dedollars (5,1 milliards de francs) financera cette restructuration.a GENERAL MOTORS : le constructeur américain va, à partir del’an 2000, commercialiser en Europe et en Russie des voitures de pe-tite cylindrée montées par son partenaire japonais Suzuki sous lamarque Opel, affirme, mercredi 23 octobre, le Nihon Keizai Shimbun.GM a pour objectif de vendre 30 000 de ces voitures par an dans unpremier temps.a KIA : la Korea Development Bank, contrôlée par l’Etat, va trans-former en actions ses créances sur Kia Motors Corp, le troisièmeconstructeur d’automobiles sud-coréen, en cessation de paiements.L’Etat deviendra ainsi le premier actionnaire de la société, avec 30 %du capital, selon un communiqué du ministère de l’économie en datedu mardi 21 octobre. a BOEING : la compagnie américaine Delta Airlines a annoncé,mardi 21 octobre, avoir commandé à Boeing 106 appareils d’ici à 2006,avec 124 options, et 414 options renouvelables. Cette commande s’ins-crit dans le cadre de l’accord d’exclusivité signé par les deux sociétésau mois de mars. Boeing avait déclaré renoncer à ce type d’accord à lasuite de réserves émises par l’Union européenne.a ITT : Hilton Hotel Corp. a annoncé, mardi 21 octobre, qu’il ne lan-cerait pas de contre-OPA sur ITT Corp., à la suite de l’accord conclulundi par la direction de cette dernière avec Starwood Lodging (LeMonde du 2 octobre). Le groupe visait la chaîne Sheraton, propriétéd’ITT.

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Coup d’accélérateur dans le multimédiaSi l’AFP n’a pas su se positionner comme Reuters sur le marché des

entreprises, au tournant des années 70, l’agence française s’est en re-vanche fait un nom dans le secteur de la photographie et met tout enœuvre aujourd’hui pour ne pas être absente du multimédia. Avec l’ob-jectif affiché de faire connaître l’AFP sur Internet à un large public, legroupe a multiplié les partenariats, que ce soit avec Microsoft, Netscape,ou bientôt avec le moteur de recherche Yahoo !. Canal AFP propose ain-si une courte synthèse en textes et en photos des derniers événementsde l’actualité, remise à jour toutes les heures. En outre, en associationavec la charge d’agent de change Roussin et Skyworld (qui possède lemoteur de recherche Eole), l’agence a lancé Mine and Yours afin de pro-poser, sur le Web, le cours des changes en temps réel et l’accès à diffé-rents outils monétaires.

22

C O M M U N I C A T I O NLE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

DOSSIERS DOCUMENTS&

0123

Irrésistible mondialisationQue recouvre réellement le concept de mondialisation ?

Au sommaire : la déréglementation, l’explosiondes flux financiers, le village global, commerce et transports,

les multinationales, le libre-échange en questionet le nouveau visage du monde.

La bataille de l’eauL’eau douce se raréfie et de plus en plus

l’offre ne répond plus à la demande.Longtemps considérée comme une ressource

inépuisable, elle est devenue un bien rare,donc chère et source de conflit.

UNE PUBLICATION DU MONDECHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

CINÉMA

Tousles films

au bout du fil08-36-68-03-78

2,2

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uteSPECTACLES

RÉSERVEZVOS PLACESSUR MINITEL

2,23

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3615 LEMONDE

Le statut de l’Agence France-Presse devrait être modifiéLe gouvernement s’intéresse à une modification du statut de l’AFP qui devrait l’aider à se développer et à mieux résister

à ses rivales. L’entreprise pourrait racheter l’agence sportive SID et investir davantage dans la télévisionL’AGENCE France-Presse (AFP)

va-t-elle connaître sa révolutionde palais ? Catherine Trautmann,ministre de la culture et de lacommunication, a récemment in-diqué dans une réponse au séna-teur du Rhône Serge Mathieu (RI)qu’il est « légitime de s’interrogersur une éventuelle modification dustatut de l’AFP, dans la perspectived’offrir à l’agence une meilleure ca-pacité à faire face aux défis du troi-sième millénaire ».

La ministre a ainsi repris une an-tienne chère à Jean Miot, PDG del’AFP depuis février 1996, qui mi-lite farouchement pour un aména-gement du statut de l’entreprisevoté en 1957 par le Parlement. « Jene préconise pas un nouveau statut,il faut préserver l’âme de ce statut,qui est la garantie de l’indépen-dance de l’agence », explique-t-il,en affirmant qu’« il n’existe aucuneidée préconçue pour mener à bien,en un an, cette réflexion ».

Structurellement, l’AFP est fi-nancée pour près de la moitié(49,3 % en 1996) par des abonne-ments de l’Etat au « fil général »de l’agence, destinés à être reçusdans les préfectures, les minis-tères, les ambassades et les admi-nistrations. Ni publique ni privée,l’agence a pour vocation « non pasde faire du profit mais d’être àl’équilibre », indique son pré-sident. Bloqué par les limites desdécisions budgétaires de l’Etat,Jean Miot souhaiterait, comme l’yencourage le premier ministre,faire des propositions auprès de lacommission parlementaire pour

« instiller dans le statut actuel quel-ques critères de développementcommercial » .

Chez Catherine Trautmann, onfait remarquer que « le problèmede l’AFP est de lui donner lesmoyens d’investir. N’ayant quasi-ment pas de capital, l’agence a dumal à se développer sans emprun-ter, ce qui génère d’importants fraisfinanciers. C’est d’ailleurs ce qui ahandicapé l’informatisation del’AFP dans les années 70. De plus, lefait que la presse – qui ne repré-sente que 12,8 % du chiffre d’af-faires de l’AFP – puisse peser, via saposition au conseil d’administrationde l’AFP (huit représentants surquinze), ne dynamise pas obligatoi-rement la stratégie de l’agence. Sur-tout quand on la compare à Reu-ters, qui a développé historiquementsa clientèle vers le monde des entre-prises ».

« MÉCANISME PERVERS »La question de l’adaptation du

statut de l’AFP n’est pas nouvelle.En 1990, Jacques Saint-Cricq, alorsprésident du Syndicat de la pressequotidienne régionale (SPQR),rappelait déjà que le mandat pré-sidentiel de trois ans était tropcourt et considérait à la fois le sta-tut de l’agence comme « respon-sable des crises qui secouentpériodiquement l’agence », etcomme un « mécanisme pervers »la structure actuelle de décision.

« La règle c’est que les forceséconomiques qui tiennent les rênesd’une société soient également enposition dominante au sein de son

conseil, disait-il. Or c’est l’Etat quidepuis des années tient les rênes del’AFP par ses dotations ou ses prêts(...). Il ne me semble pas normal quela presse soit majoritaire au conseild’administration alors qu’elle n’apas effectivement la majorité degestion. »

Le conseil d’administration de-vait entériner mercredi 22 octobreles résultats semestriels 1997 del’agence, qui se traduisent par undéficit net de 6,1 millions de

francs. Mais « l’agence sera àl’équilibre fin 1997 », assure JeanMiot. Le gouvernement a prévudans son projet de loi de finances1998 d’attribuer 588,7 millions defrancs (soit + 1,7 % par rapportà 1997) à l’AFP, sous forme d’abon-nements auxquels s’ajoutent14,2 millions de francs d’autresservices.

L’autre moitié du chiffre d’af-

faires devrait être assurée, commeen 1996, par les radios et télévi-sions (pour 8,9 % du volume d’af-faires), la presse française (12,8 %),les entreprises (7 %) et les clientsétrangers (22,9 %). « L’aide del’Etat à l’AFP est en fait une aide in-directe à la presse, qui ne pourraitjamais supporter, sans cet apport, lepoids de l’AFP », précise-t-on auService juridique et technique del’information (SJTI, qui dépend deMatignon).

Sortie du rouge depuis 1994,l’AFP doit faire face à la fois à unfort niveau d’investissement (prèsde 10 % de son chiffre d’affaires,qui s’établissait à 1,2 milliarden 1996), et une masse salarialetrès importante qui augmente de3 % par an et réduit mathémati-quement la marge de l’agence. Ce-la a poussé Jean Miot à demanderun moratoire renouvelable pour

un prêt participatif de 90 millionsde francs.

Au conseil d’administration,Jean Miot devait proposer l’acqui-sition de 51 % de l’agence sportivemondiale en langue allemandeSport Informations Dienst (SID),que souhaite vendre pour moinsde 10 millions de francs le grouped’imprimeries Busche, le fils dufondateur de SID conservant 49 %.Cet investissement, au moment oùl’information sportive est enpleine expansion, permettrait àl’AFP de marquer des points face àses rivaux, l’anglaise Reuters etl’américaine Associated Press(AP), en les empêchant d’avoir ac-cès, en Allemagne, aux informa-tions sportives.

Hormis dans le secteur du multi-média où l’agence se déploie assezmassivement, l’AFP compteprendre davantage ses marquesdans la télévision en élargissant auBrésil le contrat conclu avecBloomberg, tout en persévérantdans trois projets en cours : la fu-ture chaîne parlementaire ; lachaîne FTTV réalisée avec le Fi-nancial Times, en retard par rap-port au calendrier initial. Sanscompter des négociations toujoursen cours avec Canal Plus, dans laperspective d’une collaboration àla chaîne tout-info.

Nicole Vulser

. AFP, Une histoire de l’AgenceFrance-Presse 1944-1990, de JeanHuteau et Bernard Ullmann, Ed.Robert Laffont, 1992, 572 p., 160 F.

DÉPÊCHESa PRESSE : les éditions duSerpent à plumes s’associent àl’hebdomadaire Les Inrockuptiblespour lancer Volume, la premièrecompilation de nouvelles contem-poraines, françaises et étrangères.Cette revue trimestrielle, qui doitparaître mercredi 29 octobre, se pré-sentera sous la forme d’un livre depoche vendu avec l’hebdomadaire.a AUDIOVISUEL : la société cana-dienne Seagram a conclu mardi21 octobre avec le groupe américainViacom un accord portant sur l’ac-quisition de 50 % du capital de la so-ciété américaine USA Networks,propriétaire de plusieurs chaînes detélévision, dont USA Network etSci-Fi Channel. Le groupe de vins etspiritueux canadien qui emploiequelque trente mille personnes àtravers le monde, a payé environ7 milliards de francs les 50 % que dé-tenait la société Viacom dans USANetworks. – (AFP).a PUBLICITÉ : la Commission desopérations de Bourse (COB) inviteles protagonistes de l’OPA Promo-dès sur Rallye-Casino à une certaineretenue sur leurs publicités relativesaux opérations en cours et a adressémardi 21 octobre une lettre en cesens à Paul-Louis Halley, PDG dePromodès, et à André Crestey, Pré-sident de Rallye. Tout en estimantlégitime l’emploi de la publicité, laCOB considère que « la communica-tion ainsi mise en œuvre doit s’ap-puyer sur des éléments de fait, à l’ex-clusion de tout propos polémique denature à induire le public en erreur »,en précisant que « les donnéeschiffrées publiées doivent soit provenirde la note d’information visée par laCOB soit être solidement étayées etdémontrables ». – (AFP.)a TÉLÉVISION : le groupe depresse suédois Aamulehti et la té-lévision commerciale MTV, fonda-teurs du groupe Alma Media, enphase de constitution, ont annoncémardi 21 octobre l’acquisition pro-chaine de 23,4 % du capital de TV4,la première télévision privée sué-doise, qui draine plus de 60 % desrecettes publicitaires télévisées dupays et qui atteint 28 % de part d’au-dience devant les deux chaînes pu-bliques SVT2 (26 %) et SVT1 (21 %). – (AFP.)a PRIX : le Prix Napoli, qui cou-ronne chaque année un journa-liste européen en coopération avecle Parlement de Strasbourg, a été re-mis pour 1997 à Adriana Cerretelli,correspondante du quotidienéconomique Il Sole-24 Ore auprès del’Union européenne. Le jury estcomposé des directeurs de six jour-naux européens : Jean-Marie Co-lombani (Le Monde), Gerfried Sperl(Der Standard), George Brock(The Times), Hugo Bütler (Neue Zür-cher Zeitung), José Marie Izquierdo(El Pais) et Thomas Löffelholz(Die Welt).a Le huitième prix de l’Associa-tion des femmes journalistes(AFJ) a été attribué à Corinne Van-merris, journaliste à La Voix duNord, pour son enquête intitulée« Adolescentes, les grandes oubliéesdes quartiers » et publiée parLa Voix du Nord en juillet. Une men-tion spéciale a été décernée à Guy-laine Idoux pour son reportage« Afghanistan, sous le voile », paruen février dans Biba.

« La Provence » a retrouvé le lectorat du « Provençal » et du « Méridional »MARSEILLE

de notre correspondant régionalLe lapsus est courant chez jour-

nalistes et lecteurs : beaucoupdisent encore Le Provençal, alorsqu’il a été remplacé depuis le 4 juinpar La Provence, fruit de la fusionavec l’autre journal local du groupeHachette, Le Méridional (Le Mondedu 5 juin). Selon Jean-Pierre Milet,PDG de La Provence, qui expliquaitrécemment devant un parterred’entrepreneurs qu’il avait attendu« les vrais chiffres de l’OJD » avantde communiquer, « un plus un égaledeux et même un peu mieux, ce quin’est pas courant dans [ce] métier ».Autrement dit, le pari de ne pasperdre de lecteurs au moment oùils risquaient d’être désorientés aété gagné : La Provence vend autantque Le Méridional et Le Provençalréunis, soit 192 618 exemplaires enjuin et 184 514 en juillet, ce qui, entenant compte des numéros distri-

bués gratuitement, représente unediffusion totale de 200 000 exem-plaires.

En dehors de Marseille, les ventesont même augmenté de 2 %. Dansla métropole, « le léger ressac » estde l’ordre de 3 %. C’est là que les di-vergences politiques restaient lesplus vives entre les titres, mais aussiparce qu’il y avait 4 % d’achats du-pliqués, nombre d’entreprises et decafés achetant quotidiennement lesdeux journaux pour disposer d’uneinformation plus complète.

Selon la direction, les enquêtesmenées après le lancement de LaProvence font foi d’indices de satis-faction importants chez l’essentieldes lecteurs qui avaient montré leurattachement à la presse locale enrépondant à plus de 70 000 au ré-férendum sur le choix du titre.

Mais les satisfecit de la hiérarchiesur la réussite de la fusion deséquipes masquent une réalité plus

nuancée au sein de la rédaction, di-rigée par l’ancien patron de celle duMéridional, Laurent Gilardino. Cer-tains services et individus ont rapi-dement gommé des années d’hosti-lité. C’est vrai pour ceux qui avaientdéjà collaboré, par exemple, sur lesupplément économique hebdoma-daire Sud Affaires. Mais d’autres ontbeaucoup moins bien accepté la fu-sion et estiment que l’absence dedébats est préjudiciable à l’inven-tion d’une nouvelle culturecommune.

C’est autour du nombre et de lanature des départs que les dis-cussions se sont cristallisées. Favo-risés par un « guichet-départ » of-frant le versement de plus d’unmois d’indemnités par année deprésence, ils ont été plus nombreuxqu’annoncé : les journalistes en finde carrière se sont vu proposer dessommes d’autant plus importantesque beaucoup avaient commencé

très jeunes. Mais de jeuneshommes et femmes du Provençal,souvent très amers vis-à-vis de leurancienne hiérarchie, ont aussi re-noncé à rester dans un journal qu’ilne reconnaissaient plus, plutôt surle plan du fonctionnement quoti-dien ou de la culture d’entrepriseque sur les prises de position poli-tiques : l’alternance et la compéti-tion entre les éditorialistes des deuxanciens titres les fait plus sourirequ’elle ne les choque.

SOIXANTE DÉPARTSAu total, plus de soixante journa-

listes sont partis, selon le déléguédu Syndicat national des journa-listes (SNJ, autonome), alors que ladirection en prévoyait quarante àcinquante. Résultat : la question dujour est celle des effectifs, qui de-vraient être de 180 personnes pourréaliser les 32 pages quotidiennesde grand format.

La restriction du nombre de quo-tidiens, dont le journal communisteLa Marseillaise ne semble pas profi-ter malgré ses efforts d’ouverture,incite beaucoup de journalistes àpenser qu’une petite fenêtre est ou-verte pour inventer une pressemoins institutionnelle : la villebruisse de rumeurs indiquant quetel homme politique ou tel finan-cier serait prêt à aider des déçusd’un des anciens journaux, ou dejeunes loups. Pour l’heure, seuleune petite équipe a décidé de selancer.

Disparu en juin, L’Eveil se trans-forme en Pavé de Marseille, tabloïdde 16 pages vendu 10 francs, et doitse trouver chaque jeudi en kiosqueà partir du 6 novembre. Cinq jour-nalistes, plutôt à gauche, confec-tionneront ce journal qui veut être« critique pour tout le monde » etqui sera financé, pour partie, par untravail avec des collectivités localesdans les Bouches-du-Rhône et dansle Bas-Rhin. Vingt mille numérosgratuits d’un numéro « zéro » se-ront diffusés cette semaine.

Michel Samson

Patronat et syndicats dénoncent la suppression de l’abattement fiscal des journalistesLA SUPPRESSION de l’abatte-

ment fiscal de 30 % pour les journa-listes continue de faire des vagues.Le patronat et les syndicats depresse dénoncent la mesure votéepar les députés. L’intersyndicale desjournalistes (SNJ-CFDT-CGT-CFTC-CGC-FO) a demandé, mardi 21 octo-bre, « à rencontrer d’urgence le pre-mier ministre », Lionel Jospin, aprèsla suppression de l’abattement de30 % et « appelé les journalistes à semobiliser et à agir comme ils ont su lefaire l’an dernier ». L’intersyndicaleexige, dans un communiqué, « lemaintien de l’abattement » pour fraisprofessionnels.

L’Assemblée nationale a voté ven-dredi 17 octobre à l’unanimité lasuppression progressive en quatreans des abattements fiscaux profes-sionnels dont bénéficient 72 profes-sions, dont les journalistes. Le secré-taire d’Etat au budget, Christian

Sautter, a assuré qu’un fonds spéci-fique de 100 millions de francs en1998 serait accordé aux journalistes(Le Monde daté 19 et 20 octobre).

Tout en réaffirmant son « opposi-tion formelle à toute abrogation del’abattement » qui correspondait àune aide indirecte à la presse, la Fé-dération nationale de la presse fran-çaise (FNPF) souligne qu’il « appar-tient à l’administration fiscale, quidispose seule des informations indivi-duelles nécessaires, de mettre enœuvre » ces mécanismes decompensation permettant « d’effa-cer au bénéfice de chaque personneconcernée les pertes de pouvoird’achat susceptibles d’en résulter ». LaFNPF estime que les mécanismes decompensation « ne sauraient impli-quer les entreprises de presse ».

La Fédération française desagences de presse (FFAP) « exprimesa vive inquiétude à la suite de la sup-

pression de l’abattement fiscal desjournalistes » et « demande au gou-vernement de revenir sur cette déci-sion, contraire aux engagementspris ». La mesure concerne égale-ment les ouvriers d’imprimerie tra-vaillant la nuit, qui bénéficient d’unabattement de 5 %. Le Syndicat duLivre et la Filpac-CGT estiment quecette décision « est mauvaise et doitêtre corrigée lors de la prochaine lec-ture ».

LE GOUVERNEMENT PRIS DE COURTLes syndicats de journalistes affir-

ment qu’au moment « où de fortessituations de rente pour les hauts reve-nus sont protégées par le gouverne-ment et l’Assemblée », la professiondes journalistes « verrait ses impôtsaugmenter d’au moins un mois de sa-laire ». « Les journalistes les plus pré-caires et les pigistes seraient les plusfrappés par cette suppression »,ajoute l’intersyndicale. Les syndicatsestiment que, en votant avec l’oppo-sition la suppression de cet abatte-ment « appliqué depuis plus de qua-rante ans aux journalistes et devenupartie intégrante de leur statut, les dé-putés de la majorité, le gouvernementet le premier ministre se déjugent ».

L’an dernier, rappelle l’intersyndi-cale, « ils soutenaient l’action desjournalistes pour défendre leur sta-tut » face au projet de suppressionde cet abattement présenté par leprécédent gouvernement dans lecadre d’une réduction globale del’impôt sur le revenu. M. Jospin, in-

dique le communiqué, écrivait que« toute modification du statut dujournaliste, sans une large concerta-tion avec l’ensemble des profession-nels, serait inadmissible et dange-reuse ».

Enfin, les syndicats soulignent quele Fonds de compensation des jour-nalistes, également rétabli par lesdéputés, « avait déjà été rejeté l’andernier par l’intersyndicale des jour-nalistes et par les employeurs parcequ’ingérable, discriminatoire et nonpérenne ».

L’an dernier, le gouvernementd’Alain Juppé avait décidé de suppri-mer les déductions fiscales pourl’ensemble de ces professions. Cettedécision avait suscité un tollé chezles journalistes, qui s’était manifestépar plusieurs jours de grève dans denombreux journaux. Dans beau-coup de cas les journalistes avaientreçu l’appui des directeurs de jour-naux, qui dénonçaient l’absence deconcertation et le flou dans lequel semettait en place le fonds decompensation.

Un médiateur avait été nommésans que sa mission aboutisse àtrouver une solution satisfaisantl’ensemble des acteurs. Le gouverne-ment de Lionel Jospin avait décidéde ne pas revenir sur cette abroga-tion. Il a été pris de court par la déci-sion des députés de rétablir la me-sure de suppression desabattements.

Alain Salles

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F I N A N C E S E T M A R C H É S LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 23

aTOKYO a terminé en forte haussemercredi 22 octobre, à la faveurd’achats de valeurs technologiques.L’indice Nikkei a gagné 477,52 points(2,77 %) à 17 687,61 points.

a L’OR a ouvert en baisse, mercredi22 octobre, à Hongkong. L’once demétal précieux s’échangeait à322,40-322,70 dollars contre 324,40-324,70 dollars la veille en clôture.

a LE FRANC était stable, mercredi22 octobre, face au deutschemark,cotant à 3,3511 francs dans les pre-miers échanges entre banques à Pa-ris, contre 3,3509 francs la veille.

a WALL STREET a nettement pro-gressé, mardi 21 octobre. L’indiceDow Jones est repassé au-dessus des8 000 points, gagnant 139 points(+1,77 %) à 8 060,44 points.

a LE PRIX du baril de brut de réfé-rence « light sweet crude » a perdu3 cents, à 20,67 cents, mardi 21 octo-bre, à New York. La veille, il avait ga-gné 11 cents.

Hausse du dollarLE DOLLAR regagnait du terrain face à l’en-

semble des devises, mercredi 22 octobre. Au coursdes premiers échanges entre banques, la deviseaméricaine s’échangeait à 5,9940 francs et1,7885 deutschemark, contre 5,9711 francs et1,7883 deutschemark la veille dans les dernierséchanges interbancaires.

Quelques heures plus tôt, sur le marché des

changes de Tokyo, le dollar cédait quelques frac-tions contre le yen, le recul du mark face à la devisejaponaise pesant indirectement sur le billet vert. Il aégalement fléchi par rapport au mark, sous l’effetde prises de bénéfice après une progression initiale.

En fin de journée, il s’échangeait à 120,60-65 yens,contre 120,87-97 yens mardi à New York, après avoirévolué entre 120,52 et 120,94 francs.

Sélectibanque, valeur du jourSÉLECTIBANQUE, filiale à 46,5 %

d’ISM (Crédisuez), a terminé en têtedes hausses du compartiment à rè-glement mensuel. L’action a gagné7,6 % à 77,50 francs avec deséchanges portant sur 98 000 titres.Les analystes attribuent ce regaind’intérêt pour le titre à l’annonce se-lon laquelle Crédisuez (groupe Suez-Lyonnaise des eaux) et Bankers Trustsont entrés en pourparlers exclusifsen vue d’une possible acquisition parBankers Trust de la participation de82 % détenue par Crédisuez dans la

société ISM. Sélectibanque, qui avaitperdu 63 millions de francs en 1996,devrait renouer avec les bénéficescette année.

Recul du MatifLE MARCHÉ obligataire français a ouvert en

baisse, mercredi 22 octobre. Après quelques minutesde transactions, le contrat notionnel du Matif, quimesure la performance des emprunts d’Etat, perdait22 centièmes, à 98,04 points.

Le taux de l’obligation assimilable du Trésor (OAT)à dix ans s’inscrivait à 5,74 %, soit 0,03 % au-dessus durendement du titre allemand de même échéance.

La veille, les obligations américaines avaient termi-né la séance en légère hausse. Le rendement de l’em-prunt à 30 ans s’était inscrit à 6,42 % en clôture. Lesopérateurs avaient été rassurés par les déclarationsde plusieurs responsables de la Réserve fédérale quiavaient estimé que l’économie américaine est enbonne santé, même si elle n’est pas à l’abri de ten-sions inflationnistes.

Vif rebondà la Bourse de Tokyo

LA BOURSE de Tokyo a terminéen forte hausse, mercredi 22 octo-bre, à la faveur d’achats de valeurstechnologiques. L’indice Nikkei agagné 477,52 points, à 17 687,61points, soit un gain de 2,77 % ter-minant tout près d’un plus haut dujour de 17 694,31 points. Selon lesboursiers, le marché japonais étaitmûr pour un rebond après troisséances consécutives de baisse etla vive hausse de l’indice DowJones mardi en a fourni l’occasion.

La veille, Wall Street a, en effet,nettement progressé, portée parl’annonce de résultats trimestrielsmeilleurs que prévu. L’indice DowJones est repassé au-dessus des8 000 points, gagnant 139 points,soit 1,77 %, à 8 060,44 points.

En Europe, la Bourse de Londresa terminé en légère hausse, la pro-gression de Wall Street permet-

tant de compenser les effets deshésitations apparentes du gouver-nement sur la monnaie unique.L’indice Footsie a gagné14,9 points, à 5 225,9 points, soitune avance de 0,28 %. Outre-Rhin,la Bourse de Francfort a terminé laséance officielle en hausse de2,44 %, à 4 139,50 points, après lapublication d’indicateurs jugés fa-vorables au marché.

Poursuitede la reprise à Paris

LES VALEURS FRANÇAISESpoursuivaient leur mouvement dereprise amorcé la veille, mercredi22 octobre, à la Bourse de Paris. Enhausse de 0,45 % au début deséchanges, l’indice CAC 40 gagnait0,93 % à 3 017,62 points quelques mi-nutes plus tard.

La veille, la Bourse de Paris avaitprogressé, dopée par le dollar et labonne tenue de Wall Street. L’indiceCAC 40 avait gagné 1,47 % à 2 989,89points. L’activité a été importanteavec un peu plus de 13 milliards defrancs de transactions dont 3,9 mil-liards sur France Télécom, 800 mil-lions sur les AGF et près de 400 mil-lions sur Worms. Cette belleprogression du marché s’est effec-tuée en dépit du repli de LVMH(-3,21 % à 1115 francs) dans un vo-lume important (618 millions defrancs).

« La dynamique dollar est favo-rable, mais les professionnels craignenttoujours un possible relèvement detaux en Europe », selon un analystetechnique, qui soulignait que la zone3 011-3 012 points constitue une zone

importante, qui, si elle était franchieen clôture, permettrait au CAC de sediriger vers la zone 3 107-3 110points, une résistance importante.

France Télécom, qui lundi a réussi

son entrée à la Bourse de Paris maisaussi à Wall Street, a terminé sur unehausse de 1,69 % à 210 francs dans unmarché de 18,9 millions d’actions soit1,89 % du capital de la société.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

pCloture

CAC 40

p1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

q1 mois

NEW YORK

pDOW JONES

LONDRES

pFT 100

MILAN

nMIB 30

FRANCFORT

pDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

pJour le jour

PARIS

qOAT 10 ans

NEW YORK

pJour le jour

NEW YORK

qBonds 10 ans

FRANCFORT

pJour le jour

FRANCFORT

qBunds 10 ans

US / F

p5,9711

US / DM

p1,7900

US / ¥

q120,8600

DM/F

q3,3518

£ / F

p9,7600

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 21/10 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,39 5,70 6,22 1,70Allemagne 3,32 5,65 6,21 1,80Grande-Bretagne 7,19 6,58 NC 2,80Italie 6,81 6,20 6,71 2,60Japon 0,48 1,94 NC 0,50Etats-Unis 5,56 6,15 6,42 3,30

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente21/10 21/10 20/10 20/10

Jour le jour 3,3750 .... 3,3750 ....1 mois 3,49 3,60 3,47 3,583 mois 3,68 3,79 3,52 3,646 mois 3,75 3,88 3,79 3,901 an 4,12 4,25 4,10 4,22PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,5176 .... 3,5137 ....Pibor Francs 3 mois 3,6602 .... 3,6563 ....Pibor Francs 6 mois 3,8594 .... 3,8359 ....Pibor Francs 9 mois 4,0352 .... 4,0234 ....Pibor Francs 12 mois 4,2148 .... 4,2109 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,5625 .... 4,5729 ....Pibor Ecu 6 mois 4,6458 .... 4,6771 ....Pibor Ecu 12 mois 4,8073 .... 4,8125 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 21/10 % 20/10 Achat VenteAllemagne (100 dm) 335,1800 – 0,01 322 346Ecu 6,6100 + 0,02 .... ....Etats-Unis (1 usd) 5,9711 + 0,37 5,6200 6,2200Belgique (100 F) 16,2590 + 0,01 15,6600 16,7600Pays-Bas (100 fl) 297,5200 – 0,01 .... ....Italie (1000 lir.) 3,4350 – 0,06 3,1500 3,6500Danemark (100 krd) 88,0300 + 0,01 82 92Irlande (1 iep) 8,7570 – 0,51 8,3100 9,1500Gde-Bretagne (1 L) 9,7600 + 0,75 9,2800 10,1300Grece (100 drach.) 2,1405 .... 1,8700 2,3700Suede (100 krs) 77,9000 – 0,28 71,5000 81,5000Suisse (100 F) 403,3200 + 0,13 390 414Norvege (100 k) 83,1800 – 0,43 78 87Autriche (100 sch) 47,6200 – 0,02 45,8500 48,9500Espagne (100 pes.) 3,9750 + 0,04 3,6500 4,2500Portugal (100 esc. 3,2900 .... 2,9000 3,6000Canada 1 dollar ca 4,3010 + 0,17 3,9500 4,5500Japon (100 yens) 4,9524 + 0,98 4,7300 5,0800Finlande (mark) 112,0400 – 0,11 105 116

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 5,9498 5,9478 5,9375 5,9365Yen (100) 4,9237 4,9204 4,8969 4,8941Deutschemark 3,3522 3,3517 3,3509 3,3504Franc Suisse 4,0396 4,0348 4,0328 4,0297Lire ital. (1000) 3,4343 3,4316 3,4380 3,4314Livre sterling 9,7406 9,7328 9,6841 9,6765Peseta (100) 3,9788 3,9688 3,9729 3,9714Franc Belge (100) 16,265 16,253 16,258 16,233

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

21/10 20/10Alcoa 80 79,62Allied Signal 43,50 42,25American Express 83,93 82,75AT & T 49,75 47,50Boeing Co 53,93 53,50Caterpillar Inc. 59 58,81Chevron Corp. 87,81 86,87Coca-Cola Co 60 58,81Disney Corp. 83,68 83,56Du Pont Nemours&Co 58,18 56,37Eastman Kodak Co 63,06 62,56Exxon Corp. 65,18 64,93Gen. Motors Corp.H 71,31 69,87Gen. Electric Co 70,62 70,18Goodyear T & Rubbe 68,37 68,50Hewlett-Packard 66,93 66,18IBM 105,25 97,50Intl Paper 57,43 56,56J.P. Morgan Co 122,43 118,75Johnson & Johnson 59,93 59,06Mc Donalds Corp. 48,68 47,87Merck & Co.Inc. 97,12 94,56Minnesota Mng.&Mfg 94,81 93,81Philip Moris 41,68 40,68Procter & Gamble C 73 71,81Sears Roebuck & Co 45,81 45,50Travelers 75,18 73,43Union Carb. 49,56 48,93Utd Technol 79,12 79,87Wal-Mart Stores 36,06 35,37

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

21/10 20/10Allied Lyons 5,17 5,15Barclays Bank 16,23 16,43B.A.T. industries 5,88 5,88British Aerospace 16,99 16,98British Airways 6,26 6,23British Petroleum 9,29 9,27British Telecom 4,80 4,75B.T.R. 2,37 2,32Cadbury Schweppes 6,29 6,27Eurotunnel 0,61 0,62Forte .... ....Glaxo Wellcome 13,18 13,07Granada Group Plc 8,76 8,72Grand Metropolitan 6,18 6,29Guinness 6,20 6,33Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 7,37 7,20H.S.B.C. 17,69 18,23Imperial Chemical 9,53 9,46Legal & Gen. Grp 5,10 5,12Lloyds TSB 7,82 7,70Marks and Spencer 6,41 6,27National Westminst 9,73 9,56Peninsular Orienta 7,30 7,39Reuters 7,41 7,31Saatchi and Saatch 1,32 1,33Shell Transport 4,58 4,54Tate and Lyle 4,85 4,77Zeneca 20,29 20,42

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

21/10 20/10Allianz Holding N 444,50 429Basf AG 63,50 61,15Bayer AG 67 66,80Bay hyp&Wechselbk 80 76,70Bayer Vereinsbank 106,50 102,10BMW 1372 1350Commerzbank 64,95 63,20Daimler-Benz AG 135 132,20Degussa 91 87,80Deutsche Bank AG 124,55 121,60Deutsche Telekom 33,30 33,30Dresdner BK AG FR 81,60 80,50Henkel VZ 103,50 102,40Hoechst AG 77,70 75,10Karstadt AG 604 587,50Linde AG 1158 1125DT. Lufthansa AG 37,85 37,85Man AG 537,50 524Mannesmann AG 819 786Metro 78,80 79,20Muench Rue N 572,50 553Preussag AG 506 495,50Rwe 86,90 85Sap VZ 504,30 488,50Schering AG 177,45 173,95Siemens AG 120,35 117,90Thyssen 422 413Veba AG 99,50 96,75Viag 873 860Volkswagen VZ 897 886

1931,64

Indice SBF 250 sur 3 mois2003,43

1969,91

1936,39

1902,87

1869,35

1835,83f25 juil. 8 sep. 21 oct.g

1840,93

Indice second marche sur 3 mois1947,59

1926,25

1904,92

1883,59

1862,26

1840,93f25 juil. 8 sep. 21 oct.g

1632,48

Indice MidCac sur 1 mois1669,55

1662,13

1654,72

1647,30

1639,89

1632,48f22 sep. 6 oct. 21 oct.g

7974,24

New York. Dow Jones sur 3 mois8259,31

8100,09

7940,87

7781,64

7622,42f25 juil. 8 sep. 21 oct.g

5234,50

Londres. FT100 sur 3 mois5305,60

5183,58

5061,55

4939,53

4817,50f25 juil. 8 sep. 21 oct.g

4139,50

Francfort. Dax 30 sur 3 mois4438,93

4284,23

4129,53

3974,83

3820,13f25 juil. 8 sep. 21 oct.g

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 22/10 21/10 31/12Christian Dalloz 753 + 5,16 + 22,16Galeries Lafayette 2855 + 3,25 + 54,65Dassault-Aviation 1290 + 3,20 + 10,25SEITA 196 + 3,15 – 9,67Accor 1124 + 2,74 + 71,08Ingenico 125 + 2,45 + 43,67Legris indust. 235 + 2,39 + 7,55Cipe France Ly # 184 + 2,22 – 10,58Peugeot 790 + 2,06 + 35,27Michelin 358 + 1,99 + 27,81

BAISSES, 10 h 15UFB Locabail 561 – 6,50 + 18,22Dynaction 167 – 3,46 + 36,77Europe 1 1250 – 3,25 + 13,63Bazar Hot. Ville 550 – 2,65 + 23,90Sat 1510 – 2,51 – 2,26Fromageries Bel 4075 – 2,27 – 5,18Chargeurs 391 – 2,25 + 52,14Carbone Lorraine 1640 – 2,08 + 67Sophia 230 – 1,96 + 21,05Cerus Europ.Reun 34,35 – 1,85 + 6,61

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 22/10 21/10 31/12Info Realite # 215,20 + 4,97 + 2,57LVL Medical Gpe # 650 + 3,66 + 131,31CDA-Cie des Alpes 144 + 2,85 – 10C.E.E # 79 + 2,59 – 57,29louis Dreyfus Cit# 188,50 + 2,44 + 10,88

BAISSES, 10 h 15Assystem # 220 – 8,33 – 44,44Mecatherm # 256,30 – 4,96 – 14,20Gel 2000 50 – 4,76 – 26,68Bioblock Scient.# 350 – 4,37 + 2,94Comp.Euro.Tele-CET 336 – 3,17 – 20,37

72Selectibanque / 1 mois

76

73,66

71,32

68,98

66,64

64,30f22 sep. 3 oct. 17 oct.g

2989,89

Indice CAC 40 sur un an3094,01

2900,16

2706,31

2512,46

2318,61

2124,76f23 oct. 22 avril 21 oct.g

98,26

Notionnel 5,5 % premiere echeance, 1 an

101,44

100,39

99,34

98,28

97,23

96,18f22 oct. 23 avril 21 oct.g

LES MATIERES PREMIERESINDICES

22/10 21/10Dow-Jones comptant 135,99 ....Dow-Jones a terme 145,04 145,74CRB 243,29 243,77

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2089,50 2100,50Cuivre a 3 mois 2134,50 2092,50Aluminium comptant 1593,50 1582,25Aluminium a 3 mois 1625,50 1601Plomb comptant 595,50 598,50Plomb a 3 mois 608,50 610,50Etain comptant 5467,50 5467,50Etain a 3 mois 5470 5470Zinc comptant 1250,50 1263,50Zinc a 3 mois 1264 1277Nickel comptant 6372,50 6382,50Nickel a 3 mois 6510 6470

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 490,50 494,70Platine a terme 419,20 423,50Palladium 210,35 206,70GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 370,50 376Maıs (Chicago) 283 287,50Grain. soja (Chicago) 691 694,75Tourt. soja (Chicago) 221,50 225,20GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) .... ....Orge (Londres) 76,75 76,90SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1643 1599Cafe (Londres) 1500 1437Sucre blanc (Paris) 301,50 300,20OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 71,12 72,18Jus d’orange (New-York) 68,70 69,10

L’ORcours 21/10 cours 20/10

Or fin (k. barre) 61800 61700Or fin (en lingot) 62750 62950Once d’Or Londres 324,30 ....Piece francaise(20f) 356 358Piece suisse (20f) 357 362Piece Union lat(20f) 357 358Piece 20 dollars us 2420 2500Piece 10 dollars us 1327,50 1327,50Piece 50 pesos mex. 2310 2300

LE PETROLEEn dollars cours 22/10 cours 21/10Brent (Londres) 19,76 19,75WTI (New York) 20,59 20,64Light Sweet Crude 20,68 20,60

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

21/10 20/10 en %Paris CAC 40 2990,42 2946,71 + 1,46New-York/DJ indus. 7974,24 7921,44 + 0,66Tokyo/Nikkeı 17210,10 17294,50 – 0,49Londres/FT100 5234,50 5211 + 0,45Francfort/Dax 30 4139,50 4040,75 + 2,39Frankfort/Commer. 1378,50 1345,76 + 2,38Bruxelles/Bel 20 2910,28 2910,28 ....Bruxelles/General 2400,69 2381,26 + 0,81Milan/MIB 30 1225 1225 ....Amsterdam/Ge. Cbs 631 622,30 + 1,38Madrid/Ibex 35 594,88 587,01 + 1,32Stockholm/Affarsal 2494,19 2494,19 ....Londres FT30 3378 3368,80 + 0,27Hong Kong/Hang S. 12403,10 12970,90 – 4,58Singapour/Strait t 1771,22 1794,92 – 1,34

CAC 40/5 joursMAX2992,87

2969

2946,71MIN

M J V L M

VALEURS LES PLUS ACTIVES22/10 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FElf Aquitaine 61876 48865391Alcatel Alsthom 58196 47309167Worms & Cie CA 69076 34599275LVMH Moet Hen. 26735 29915379AGF-Ass.Gen.France 86001 27592569,70Total 41012 27527131Rhone Poulenc A 98950 26352498,90Suez Lyon.des Eaux 39948 25612256Carrefour 6252 21895713Saint-Gobain 21496 19341934

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

21/10 20/10 Var. %Ind. gen. SBF 120 2025,86 2001,86 + 1,20Ind. gen. SBF 250 1931,64 1911,80 + 1,04Ind. Second Marche 1840,93 1850,68 – 0,53Indice MidCac 1632,48 1636,60 – 0,25

Valeurs indus. 2225,09 2199,41 + 1,171 - Energie 2955,99 2841,46 + 4,032 - Produits de base 2207,78 2202,31 + 0,253 - Construction 1919,35 1917,03 + 0,124 - Biens d’equip. 1616,05 1598,81 + 1,085 - Automobile 2428,27 2369,06 + 2,506 - Biens consom. 3465,59 3459,17 + 0,197 - Indus. agro-alim. 1512,66 1528,39 – 1,03Services 2039,79 2021 + 0,938 - Distribution 3854,96 3852,75 + 0,069 - Autres services 1320,43 1300,47 + 1,54Societes financieres 1481,18 1468,91 + 0,8410 - Immobilier 754,98 759,08 – 0,5411 - Services financ. 1538,49 1515,67 + 1,5112 - Societes invest. 1772,70 1792,10 – 1,08

MATIF

Echeances21/10 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 5,5 %Dec. 97 106487 98,26 98,32 97,96 98,14Mars 98 37 97,58 97,68 97,58 97,68Juin 98 2 97,24 97,24 97,24 97,24Sept. 98 .... .... .... .... ....PIBOR 3 MOISDec. 97 13516 96,15 96,16 96,13 96,14Mars 98 11312 95,76 95,78 95,73 95,76Juin 98 6775 95,49 95,50 95,45 95,47Sept. 98 4538 95,29 95,30 95,25 95,28ECU LONG TERMEDec. 97 714 97,50 97,52 97,18 97,24

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances21/10 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixOct. 97 21252 2997 3000 2955 2975Nov. 97 1483 2998 2998 2969 2983Dec. 97 476 3010 3012,50 2975 2990Mars 98 150 3038 3038 3009,50 3009,50

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 21/10 au 20/10 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,22 4,21 98,50Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5 4,96 100,09Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,47 5,42 101,48Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,81 5,77 101,20Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,35 102,67Obligations francaises 5,76 5,73 101,02Fonds d’Etat a TME – 1,95 – 1,96 98,28Fonds d’Etat a TRE – 2,18 – 2,15 98,86Obligat. franc. a TME – 2,20 – 2,03 99,14Obligat. franc. a TRE + 0,07 + 0,07 100,14

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,51 3,68 3,84Eurodollar 5,59 5,75 5,84Eurolivre 7,15 7,35 7,33Eurodeutschemark 3,51 3,72 3,85

PARITES DU DOLLAR 22/10 21/10 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,7900 1,7726 + 0,97TOKYO : USD/Yens 120,8600 121,2300 – 0,31

Page 24: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16403 – 7,50 …...LeMonde,,.. .. ...

LeMonde Job: WMQ2310--0024-0 WAS LMQ2310-24 Op.: XX Rev.: 22-10-97 T.: 10:52 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 35Fap:99 No:0370 Lcp: 196 CMYK

24 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

FINANCES ET MARCHES24 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

VALEURS Cours Derniers %Paiement

FRANCAISES preced. cours + –dernier

coup. (1)

B.N.P. (T.P) ................... 991 990 – 0,10 30/07/97Cr.Lyonnais(T.P.) .......... a 935,65 905 – 3,27 22/10/97Renault (T.P.) ................ 1855 1850 – 0,26 24/10/96Rhone Poulenc(T.P) ...... 2210 2210 .... 01/10/97Saint Gobain(T.P.)......... 1300 .... .... 15/07/97Thomson S.A (T.P) ........ 950 950 .... 01/08/97Accor............................. 1094 1124 + 2,74 13/06/97AGF-Ass.Gen.France ..... 324,70 323 – 0,52 07/07/97Air Liquide .................... 956 965 + 0,94 05/06/97Alcatel Alsthom ............. 804 813 + 1,11 27/06/97Atos (ex.Axime) CA........ 668 669 + 0,14 ....Axa................................ 409,50 410,50 + 0,24 14/05/97Bail Investis................... 775 778 + 0,38 11/07/97Bancaire (Cie) ............... 784 790 + 0,76 12/05/97Bazar Hot. Ville ............. 565 550 – 2,65 12/06/97Bertrand Faure.............. 393,20 393,50 + 0,07 29/07/97BIC................................ 416,90 419,50 + 0,62 09/07/97BIS ................................ 490,30 490,30 .... 01/07/96B.N.P. ........................... 316,80 320,70 + 1,23 17/07/97Bollore Techno.............. 804 800 – 0,49 01/07/97Bongrain....................... 2252 2252 .... 15/05/97Bouygues ...................... 602 602 .... 01/08/97Bouygues Offs. .............. 302,50 302,50 .... 26/06/97Bull#.............................. 71,40 70,90 – 0,70 ....Canal + ......................... 1068 1075 + 0,65 19/08/97Cap Gemini................... 459,60 462 + 0,52 09/05/97Carbone Lorraine.......... 1675 1640 – 2,08 03/07/97Carrefour ...................... 3465 3500 + 1,01 28/04/97Casino Guichard............ 345,70 342 – 1,07 10/06/97Casino Guich.ADP......... 271,40 270,10 – 0,47 10/06/97Castorama Dub.(Li)....... 557 561 + 0,71 02/07/97C.C.F. ............................ 366,40 366,50 + 0,02 20/05/97Cegid (Ly)...................... 641 641 .... 27/05/97Cerus Europ.Reun......... 35 34,35 – 1,85 01/07/90Cetelem......................... 654 654 .... 01/04/97CGIP ............................. 1875 1870 – 0,26 13/06/97Chargeurs ..................... 400 391 – 2,25 25/06/97Christian Dalloz............. 716 753 + 5,16 02/07/97Christian Dior ............... 722 728 + 0,83 20/06/97Ciments Francais........... 242,20 244,90 + 1,11 13/08/97Cipe France Ly #............ 180 184 + 2,22 12/08/97Clarins........................... 503 502 – 0,19 21/07/97Club Mediterranee........ 450 442 – 1,77 24/06/96Coflexip......................... 693 703 + 1,44 10/06/97Colas ............................. 910 905 – 0,54 30/06/97Comptoir Entrep. .......... 11,95 11,80 – 1,25 15/07/92Comptoirs Mod............. 2530 2550 + 0,79 13/06/97

CPR ............................... 474 466 – 1,68 10/07/97Cred.Fon.France ............ 64,15 64,50 + 0,54 16/06/95Credit Lyonnais CI ......... 350 346,80 – 0,91 01/07/93Cred.Nat.Natexis ........... 362 362,50 + 0,13 13/06/97CS Signaux(CSEE).......... 203 203,80 + 0,39 01/07/97Damart .......................... 3715 3716 + 0,02 19/12/96Danone.......................... 915 927 + 1,31 20/05/97Dassault-Aviation........... 1250 1290 + 3,20 04/07/97Dassault Electro ............. 622 620 – 0,32 11/06/97Dassault Systemes.......... 191 193,90 + 1,51 18/07/97De Dietrich .................... 269,20 270 + 0,29 10/07/97Degremont .................... 500 500 .... 06/06/97Deveaux(Ly)#................. 649 649 .... 29/08/97Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 48,90 48 – 1,84 ....Dexia France.................. 595 600 + 0,84 25/06/97DMC (Dollfus Mi) .......... 115,80 116 + 0,17 20/06/96Dynaction ...................... 173 167 – 3,46 10/07/92Eaux (Gle des) ................ 701 705 + 0,57 01/07/97Eiffage ........................... 277 274 – 1,08 01/07/96Elf Aquitaine .................. 781 791 + 1,28 18/06/97Eramet ........................... 273 272 – 0,36 08/08/97Eridania Beghin ............. 883 887 + 0,45 11/07/97Essilor Intl ...................... 1539 1539 .... 02/07/97Essilor Intl.ADP.............. 1547 1550 + 0,19 02/07/97Esso ............................... 516 519 + 0,58 26/06/97Eurafrance ..................... 2460 2450 – 0,40 19/12/96Euro Disney ................... 7,95 7,90 – 0,62 23/02/93Europe 1 ........................ 1292 1250 – 3,25 02/04/97Eurotunnel..................... 5,85 5,75 – 1,70 ....Fimalac SA ..................... 513 514 + 0,19 25/06/97Finextel .......................... 108,60 108,10 – 0,46 26/06/97Fives-Lille....................... 410 410 .... 10/07/96France Telecom ............. 210 .... .... ....Fromageries Bel............. 4170 4075 – 2,27 30/07/97Galeries Lafayette .......... 2765 2855 + 3,25 30/06/97GAN ex.dt sous............... 134,50 137 + 1,85 05/07/94Gascogne (B) ................. 561 552 – 1,60 12/06/97Gaumont #..................... 415 415 .... 12/05/97Gaz et Eaux .................... 2472 2476 + 0,16 06/06/97Geophysique.................. 904 904 .... 12/07/93G.F.C.............................. 539 538 – 0,18 28/07/97Groupe Andre S.A. ......... 571 578 + 1,22 12/02/96GROUPE GTM............... 373 379,90 + 1,84 29/07/97Gr.Zannier (Ly) # ........... 150,50 149,80 – 0,46 01/07/97Guilbert ......................... 847 834 – 1,53 25/07/97Guyenne Gascogne........ 2014 2010 – 0,19 13/06/97Hachette Fili.Med. ......... 1120 1117 – 0,26 19/06/97Havas............................. 405,50 407,50 + 0,49 22/08/97Havas Advertising .......... 726 737 + 1,51 03/09/97Imetal ............................ 674 675 + 0,14 25/06/97Immeubl.France............. 340,10 340,50 + 0,11 25/06/97Infogrames Enter. .......... 840 839 – 0,11 ....Ingenico......................... 122 125 + 2,45 04/08/97Interbail ......................... 170,20 170,90 + 0,41 30/06/97Intertechnique ............... 1431 1430 – 0,06 30/09/97ISIS ................................ 685 .... .... ....Jean Lefebvre ................. 322,30 .... .... 10/06/97Klepierre ........................ 795 810 + 1,88 03/04/97Labinal........................... 1682 1701 + 1,12 09/07/97Lafarge .......................... 409 414,40 + 1,32 02/06/97Lagardere ...................... 175,90 178,10 + 1,25 22/07/97Lapeyre.......................... 361 357 – 1,10 27/05/97Lebon............................. 240 .... .... 03/07/97Legrand ......................... 1179 1174 – 0,42 13/06/97

Legrand ADP ................. 785 782 – 0,38 13/06/97Legris indust. ................. 229,50 235 + 2,39 02/07/97Locindus ........................ 772 778 + 0,77 01/07/97L’Oreal........................... 2259 2277 + 0,79 01/07/97LVMH Moet Hen. .......... 1115 1119 + 0,35 13/06/97Marine Wendel .............. 677 678 + 0,14 29/11/96Metaleurop.................... 71,15 71,30 + 0,21 04/07/90Metrologie Inter. ........... 14,90 14,95 + 0,33 ....Michelin ........................ 351 358 + 1,99 11/07/97Moulinex #..................... 150 149 – 0,66 14/09/92Nord-Est........................ 126,50 125 – 1,18 08/07/97Nordon (Ny) .................. 410 .... .... ....NRJ # ............................. 871 871 .... 15/04/97Olipar ............................ 71,40 71 – 0,56 ....Paribas........................... 466 469,50 + 0,75 05/05/97Pathe ............................. 1110 1114 + 0,36 25/06/97Pechiney........................ 288 285 – 1,04 14/08/97Pernod-Ricard ............... 294 294 .... 14/05/97Peugeot ......................... 774 790 + 2,06 04/07/97Pinault-Print.Red........... 2730 2745 + 0,54 01/07/97Plastic Omn.(Ly) ............ 637 635 – 0,31 16/06/97Primagaz ....................... 452 454,90 + 0,64 12/06/97Promodes ...................... 2040 2055 + 0,73 09/06/97Publicis # ....................... 570 562 – 1,40 11/07/97Remy Cointreau............. 113,10 113 – 0,08 15/09/97Renault .......................... 172 169,20 – 1,62 07/08/96Rexel.............................. 1623 1630 + 0,43 01/07/97Rhone Poulenc A............ 263,40 267,50 + 1,55 03/06/97Rochette (La) ................. 29,80 30 + 0,67 25/06/92Rue Imperiale(Ly) .......... 5690 .... .... 10/07/97Sade (Ny)....................... 188 189 + 0,53 20/06/97Sagem SA....................... 2880 2852 – 0,97 10/07/97Saint-Gobain ................. 892 902 + 1,12 31/07/97Salomon (Ly) ................. 511 511 .... 01/10/97Salvepar (Ny) ................. 468,90 465 – 0,83 26/09/97Sanofi ............................ 528 534 + 1,13 18/06/97Sat ................................. 1549 1510 – 2,51 10/07/97Saupiquet (Ns)............... 588 586 – 0,34 21/04/97Schneider SA.................. 376 376,80 + 0,21 02/07/97SCOR............................. 265 265 .... 04/06/97S.E.B. ............................. 713 727 + 1,96 13/06/97Sefimeg CA.................... 367 368,80 + 0,49 15/07/97SEITA............................. 190 196 + 3,15 17/06/97Selectibanque ................ 77,50 77 – 0,64 12/07/96SFIM.............................. 1083 1084 + 0,09 01/08/96SGE................................ 145,90 145,10 – 0,54 08/08/95Sidel............................... 367 367,10 + 0,02 06/06/97Silic CA .......................... 835 844 + 1,07 15/07/97Simco ............................ 449,40 450 + 0,13 04/07/97S.I.T.A............................ 1100 1110 + 0,90 23/07/97Skis Rossignol ................ 118 118 .... 30/09/97Societe Generale............ 926 931 + 0,53 20/05/97Sodexho Alliance............ 2945 2945 .... 05/03/97Sommer-Allibert ............ 207,50 206,90 – 0,28 19/06/97Sophia ........................... 234,60 230 – 1,96 30/06/97Spir Communic. # .......... 418 413,50 – 1,07 30/05/97Strafor Facom................ 400,80 400 – 0,19 04/07/97Suez Lyon.des Eaux........ 637 638 + 0,15 26/06/97Synthelabo..................... 676 675 – 0,14 26/06/97Technip ......................... 732 735 + 0,40 30/05/97Thomson-CSF................ 179 177,10 – 1,06 10/07/97Total .............................. 663 675 + 1,80 03/06/97UFB Locabail ................. 600 561 – 6,50 01/04/97UIF ................................ 420 421 + 0,23 30/06/97

UIS ................................ 214,70 214,50 – 0,09 03/07/97Unibail porteur.............. 575 575 .... 10/06/97Union Assur.Fdal ........... 671 671 .... 16/06/97Usinor ........................... 118 117,50 – 0,42 01/07/97Valeo ............................. 386 389 + 0,77 02/07/97Vallourec........................ 416,50 420 + 0,84 03/07/97Via Banque .................... 183,10 185 + 1,03 13/06/95Worms & Cie CA............ 507 502 – 0,98 13/06/97Zodiac ex.dt divid .......... 1310 1300 – 0,76 20/01/97Elf Gabon....................... 1198 1182 – 1,33 17/06/97........................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

VALEURS Cours Derniers %Paiement

ETRANGERES preced. cours + –dernier

coup. (1)

ABN Amro Hol.#............ 120 122,30 + 1,91 19/09/97Adecco S.A..................... 2145 2204 + 2,75 30/05/97Adidas AG # ................... 830 833 + 0,36 30/05/97American Express .......... 495 503 + 1,61 10/11/97Anglo American # .......... 323 323 .... 28/07/97Amgold # ....................... 335 325 – 2,98 06/06/97Arjo Wiggins App........... 18,25 18,75 + 2,73 18/11/97A.T.T. # .......................... 288,30 297,20 + 3,08 03/11/97Banco Santander #......... 181,30 185 + 2,04 31/07/97Barrick Gold #................ 134,10 136,30 + 1,64 16/06/97B.A.S.F. # ....................... 212 214,90 + 1,36 16/05/97Bayer # .......................... 227 232,90 + 2,59 02/05/97Cordiant PLC................. 12,70 12,70 .... 01/07/97Crown Cork ord.# .......... 279,80 .... .... 20/08/97Crown Cork PF CV# ....... 250 262 + 4,80 20/08/97Daimler Benz #.............. 452 453 + 0,22 30/05/97De Beers # ..................... b 178,40 179 + 0,33 22/10/97Deutsche Bank #............ 417,80 420,50 + 0,64 21/05/97Dresdner Bank .............. 277,20 .... .... 27/05/97Driefontein # ................. 40 40 .... 06/08/97Du Pont Nemours #....... 346 350 + 1,15 12/09/97Eastman Kodak # ........... 364,50 377,50 + 3,56 01/10/97East Rand #.................... 1,53 1,48 – 3,26 15/08/94Echo Bay Mines # .......... 28,85 29,30 + 1,55 31/12/96Electrolux #.................... 521 527 + 1,15 13/05/97Ericsson # ...................... 283,20 292 + 3,10 09/05/97Ford Motor # ................. 288 292 + 1,38 02/09/97Freegold # ..................... 35,40 35,10 – 0,84 19/09/97Gencor act.regr.............. 16,45 16,55 + 0,60 26/09/97General Elect. #.............. 421 424 + 0,71 27/10/97General Motors #........... 420 428,90 + 2,11 10/09/97Gle Belgique # ............... 532 .... .... 28/05/97Grd Metropolitan .......... 60,10 60,70 + 0,99 06/10/97Guinness Plc # ............... 61 61 .... 20/05/97Hanson PLC reg............. 29,55 28,80 – 2,53 ....Harmony Gold # ............ 25 24,60 – 1,60 01/09/95Hitachi #........................ 51,50 51,80 + 0,58 31/12/99

Hoechst # ...................... 261,70 265 + 1,26 07/05/97I.B.M # .......................... 619 632 + 2,10 10/09/97I.C.I #............................. 91,80 92,60 + 0,87 06/10/97Ito Yokado # .................. 317,50 321 + 1,10 31/12/99Kingfisher plc #.............. 80,10 82,20 + 2,62 21/11/97Matsushita #.................. 109,40 111,10 + 1,55 10/12/97Mc Donald’s # ............... 287 292 + 1,74 12/09/97Merck and Co # ............. 578 584 + 1,03 01/10/97Mitsubishi Corp.#.......... 54,95 .... .... 31/12/99Mobil Corporat.#........... 436,60 .... .... 10/09/97Morgan J.P. # ................ 715 737 + 3,07 15/10/97Nestle SA Nom. # .......... 8640 8740 + 1,15 11/06/97Nipp. MeatPacker #....... 80,50 .... .... 01/04/97Nokia A ......................... 600 603 + 0,50 08/04/97Norsk Hydro #............... 343,60 343 – 0,17 22/05/97Petrofina # .................... 2270 2310 + 1,76 28/05/97Philip Morris #............... 243 249,90 + 2,83 10/10/97Philips N.V #.................. 500 513 + 2,60 08/04/97Placer Dome Inc # ......... 105,90 108,70 + 2,64 22/09/97Procter Gamble # .......... 430 435,30 + 1,23 15/08/97Quilvest ......................... 320 .... .... 16/07/97Randfontein #................ 12,70 12,70 .... 05/02/97Rio Tinto PLC # ............. 93 92,20 – 0,86 20/10/97Royal Dutch #................ 335 335,10 + 0,02 23/09/97Sega Enterprises............ 153,20 157,90 + 3,06 01/10/97Saint-Helena #............... 23 23 .... 12/09/97Schlumberger # ............. 541 553 + 2,21 10/10/97SGS Thomson Micro. .... 478 492 + 2,92 ....Shell Transport # ........... 45 45,40 + 0,88 21/05/97Siemens #...................... 406 408,30 + 0,56 14/02/97Sony Corp. #.................. 555 559 + 0,72 01/10/97Sumitomo Bank #.......... 79 79,20 + 0,25 31/12/99T.D.K # .......................... 509 531 + 4,32 31/12/99Telefonica #................... 175 174,60 – 0,22 03/06/97Toshiba #....................... 28,40 29,50 + 3,87 31/12/99Unilever act.Div.#.......... 330,30 333,20 + 0,87 23/05/97United Technol. # .......... 473,10 474,10 + 0,21 10/09/97Vaal Reefs # ................... 320,50 316 – 1,40 19/09/97Volkswagen A.G # .......... 3868 3990 + 3,15 20/06/97Volvo (act.B) # ............... 170,10 .... .... 28/04/97Western Deep #............. 145 147 + 1,37 19/09/97Yamanouchi #................ 156 157,90 + 1,21 31/12/99Zambia Copper ............. 16,50 16,80 + 1,81 ........................................................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELMERCREDI 22 OCTOBRELiquidation : 24 octobre + 0,83%Taux de report : 3,50 CAC 40 :Cours releves a 10 h 15 3014,61

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

Nat.Bq. 9% 91-02............ .... 8,803 oCEPME 9% 89-99 CA#..... 107,28 1,701CEPME 9% 92-06 TSR .... .... 3,107CFD 9,7% 90-03 CB........ 119,35 7,016 x

CFD 8,6% 92-05 CB........ 117,55 6,102 dCFF 10% 88-98 CA# ........ a .... 0,137CFF 10,25%90-01CB# ..... 114,50 6,347CLF 8,9% 88-00 CA#........ 109,17 3,706 x

CLF 9%88-93/98 CA#....... 101,34 6,608CNA 9% 4/92-07.............. .... 4,340CRH 8,6% 92/94-03......... 115 2,827CRH 8,5% 10/87-88# ....... 105,07 5,496 x

EDF 8,6% 88-89 CA# ....... .... 5,985 y

EDF 8,6% 92-04 #............ .... 4,736 x

Finansder 9%91-06# ....... 122,28 8,260Finansd.8,6%92-02#........ 112,45 6,432 dFloral9,75% 90-99# ......... 108,16 2,538OAT 88-98 TME CA# ...... 100,30 3,696 x

OAT 9/85-98 TRA............ .... 0,342 dOAT 9,50%88-98 CA#...... 103,44 3,227OAT TMB 87/99 CA#....... 99,90 2,502 dOAT 8,125% 89-99 #........ 105,31 3,450OAT 8,50%90/00 CA# ...... 108,15 4,960OAT 85/00 TRA CA#........ .... 0,666 x

OAT 10%5/85-00 CA#...... 112,02 4,192 dOAT 89-01 TME CA# ...... .... 3,696 x

OAT 10% 90-01 ecu......... .... 6,658OAT 7,5%7/86-01CA#...... .... 1,932 dOAT 8,5% 91-02 ecu........ .... 5,263 oOAT 8,5% 87-02 CA#....... 114,18 7,825 y

OAT 8,50% 89-19 #.......... 127,96 0,047OAT.8,50%92-23 CA#...... .... 4,308SNCF 8,8% 87-94CA ....... 104,91 6,437Suez Lyon.Eaux 90.......... 962 ...........................................

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. 68,80 67,30Baccarat (Ny) ................. d 560 560Bains C.Monaco............. d 623 623Bque Transatlantl. .......... d 180,10 180,10B.N.P.Intercont.............. d 935 935Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie) ................... d 7,60 7,60

Centenaire Blanzy.......... d 420 420Champex (Ny) ................ d 22,30 22,30CIC Un.Euro.CIP ............ d 457 457C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 2265 2265Generali Fce Assur ......... d 1190 1190Continental Ass.Ly.......... d 460,90 460,90Darblay .......................... d 560 560Didot Bottin................... d 776 776Eaux Bassin Vichy........... d 3135 3135Ecia ................................ 1037 1017Ent.Mag. Paris................ d 1350 1350Fichet Bauche ................ d 52 52Fidei............................... d 35 35Finalens ......................... d 257,50 257,50F.I.P.P. ........................... d 348,50 348,50Fonciere (Cie) ................ d 606 606Fonc. Lyonnaise #........... d 735 735Foncina # ....................... d 504 504Francarep....................... d 290 290France S.A...................... 1157 1137From. Paul-Renard......... d 2050 1851 oGevelot........................... d 1300 1300G.T.I (Transport)............ d 228 228Immobail........................ d 152,50 152,50Immobanque.................. d 645 645Locamion (Ly) ................ d 401,20 401,20Lucia .............................. d 55,20 55,20Monoprix ....................... d 317 317

Metal Deploye................ d 385 385Mors .............................. 6,20 6,25Navigation (Nle) ............ d 127,50 127,50Optorg ........................... d 365 365Paluel-Marmont............. d 325 325Exa.Clairefont(Ny) ......... d 869 869Parfinance...................... d 255 255Paris Orleans.................. d 272,10 272,10Promodes (CI)................ d 1700 1700PSB Industries Ly ........... 530 516Rougier # ....................... d 325 325Saga ............................... 122,10 128S.I.P.H............................ d 350 350Sofragi ........................... d 4950 4950Taittinger....................... 2900 2880Tour Eiffel ...................... d 285 285Vicat............................... 544 544Caves Roquefort............. d 1900 1900Elyo................................ d 322 322Finaxa ............................ d 348 348Gaillard (M).................... d 1510 1510Givaudan-Lavirotte........ d 1290 1290Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 140 154,30 dGd Moul.Strasbourg....... d 1725 1725Hotel Lutetia.................. d 310 310Hotels Deauville............. d 547 547Immeubl.Lyon (Ly) ......... d 527 527L.Bouillet (Ly)................. d 300 300

COMPTANTUne selection Cours releves a 10 h 15MERCREDI 22 OCTOBRE

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 50,05 50,05AFE #.............................. 547 536Aigle # ............................ 330 323Albert S.A (Ns)................ d 169 169Altran Techno. # ............. 1518 1501Arkopharma# ................. 312 312Montaignes P.Gest......... d 2599 2599Assystem # ..................... 240 220Bque Picardie (Li)........... d 740 740Bque Tarneaud(B)#........ d 346,90 346,90Bque Vernes ................... d 180 180Beneteau # ..................... d 891 891B I M P........................... d 116 116Boiron (Ly)..................... 316,90 311Boisset (Ly) #.................. d 673 673But S.A. .......................... 288 288

Cardif SA........................ 890 890C.E.E #............................ 77 79CFPI # ............................ d 380 380Change Bourse (M) ........ 200 200CNIM CA#...................... 209 204Codetour........................ d 371,10 371,10Comp.Euro.Tele-CET ..... 347 336Conflandey # .................. d 315 315C.A. Hte Normandie....... 330 330,10C.A. Paris IDF................. 748 748C.A.Ille & Vilaine............. 300 300C.A.Loire Atl.Ns # ........... 280 278C.A.Pas de Calais ............ 552 550C.A.du Nord (Li) ............ 525 520C.A. Oise CCI.................. d 328 328C.A. Somme CCI............. d 304 304C.A.Toulouse (B) ............ d 420 420Devanlay........................ d 650 650Devernois (Ly)................ d 595 595Ducros Serv.Rapide........ d 55 55Emin-Leydier (Ly)#......... d 470 470Europ.Extinc.(Ly)#.......... 439 439Expand s.a...................... d 567 567Factorem........................ d 640 640Faiveley # ....................... d 207 207Finacor........................... 65 65Fininfo ........................... d 710 710Fructivie......................... 554 555

Gautier France # ............ 243,70 239,20Gel 2000 ......................... 52,50 50GEODIS #....................... d 347,90 347,90GFI Industries #.............. 1139 1139Girodet (Ly) #................. d 26,95 26,95GLM S.A......................... d 250 250Grandoptic.Photo #........ 1065 1048Gpe Guillin # Ly.............. d 227,50 227,50Kindy #........................... 171 171,50Guerbet.......................... 208 205Hermes internat.1# ........ 424 428,10Hurel Dubois.................. d 748 748ICBT Groupe # ............... d 228 228I.C.C. .............................. d 150 150ICOM Informatique ....... d 524 524Idianova ......................... d 68,50 68,50Int. Computer #.............. d 70 70IPBM ............................. d 70 70M6-Metropole TV .......... 564 557Manitou # ...................... 762 775Manutan ........................ 415 415,10Marie Brizard # .............. d 670 670Maxi-Livres/Profr# ......... 29,80 29,50Mecelec (Ly)................... d 55,50 55,50MGI Coutier # ................ d 283,30 283,30Monneret Jouet Ly# ....... d 172,10 172,10Naf-Naf #....................... 80 79,20Norbert Dentres.#.......... 625 630

NSC Groupe Ny ............. d 852 852Onet # ............................ d 1000 1000Paul Predault #............... 142 142,10P.C.W. ............................ d 19 19Petit Boy #...................... d 84,55 84,55Phyto-Lierac #................ d 299 299Pochet............................ d 600 600Poujoulat Ets (Ns) .......... d 244,50 244,50Radiall # ......................... d 680 680Robertet # ...................... d 1084 1084Rouleau-Guichard.......... d 313 313Securidev #..................... d 115 115Smoby (Ly)# ................... 635 630Sofco (Ly) ....................... d 12,60 12,60Sofibus........................... d 363,80 363,80Sogeparc (Fin)................ 383 383Sopra #........................... 556 555Steph.Kelian # ................ d 68 68Sylea .............................. 540 540Teisseire-France............. d 175,20 175,20TF1................................. 525 524Thermador Hol. #........... 294 291Trouvay Cauvin # ........... 86 85,20Unilog ............................ 836 830Union Fin.France ........... 601 600Viel et Cie # .................... 149 150Vilmorin et Cie #............. 499,90 495Virbac............................. 505 501

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 10 h 15MERCREDI 22 OCTOBRE

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPI

Agipi Ambition (Axa) ...... 145,91 138,96Agipi Actions (Axa) ......... 122,78 116,93

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. 2446,24 2410,09

3615 BNP

Natio Court Terme......... 14321 14321Natio Epargne................ 2217,01 2195,06Natio Oblig. M.T. C/D .... 853,29 844,84Natio Ep. Croissance ...... 3388,73 3322,28Natio Ep. Patrimoine ..... 144,78 141,94Natio Epargne Retraite .. 163,34 160,14Natio Epargne Tresor..... 11256,46 11233,99Natio Euro Valeurs ......... 1101,87 1080,26Natio Euro Oblig. ........... 1016,45 1006,39Natio Euro Opport. ........ 1112,98 1091,16Natio Inter ..................... 1104,50 1082,84Natio Opportunites ........ 200,37 196,44Natio Revenus................ 1110,66 1099,66Natio Securite ................ 11528,04 11528,04Natio Valeurs ................. 1417,74 1389,94

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 93205,44 93205,44Oblig. ttes cate. .............. 272,85 268,82

Livret Bourse Inv. D PEA d 868,79 843,49Nord Sud Develop. C...... d 2634,44 2629,18Nord Sud Develop. D ..... d 2489,26 2484,29

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPatrimoine Retraite C .... 313,82 307,67Patrimoine Retraite D.... 304,33 298,36Sicav Associations C ....... d 2438,56 2438,56

Fonsicav C...................... 19826,10 19826,10Mutual. depots Sicav C... 19381,06 19361,70

Ecur. Act. Futur D PEA ... 293,40 287,65Ecur. Capitalisation C..... 255,61 255,61Ecur. Expansion C .......... 83646,62 83646,62Ecur. Geovaleurs C ......... 3673,09 3601,07Ecur. Investis. D PEA ...... 235,25 230,64Ecur. Monepremiere ...... 11427,22 11427,22Ecur. Monetaire C .......... 13131,77 13131,77Ecur. Monetaire D.......... 12506,34 12506,34Ecur. Tresorerie C .......... 322,35 322,35Ecur. Tresorerie D.......... 309,84 309,84Ecur. Trimestriel D......... 2031,87 2031,87Eparcourt-Sicav D .......... 193,53 193,53Geoptim C...................... 12945,05 12753,74Geoptim D ..................... 11890,55 11714,83Horizon C....................... 2360,09 2313,81

Prevoyance Ecur. D ........ 107,04 107,04Sensipremiere C............. 13332,65 13299,40

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 12086,52 12062,40Ecur. Securipremiere C .. 12068,09 12056,03

CNCA

Amplia............................ D 120684,20 120684,20Atout Amerique.............. 206,38 201,35Atout Asie....................... 104,35 101,80Atout Futur C ................. 833,69 813,36Atout Futur D................. 784,82 765,68Coexis ............................ 1951,98 1919,35Dieze.............................. 2228,06 2190,82Elicash............................ D 958156,42 958156,42Epargne-Unie................. 217,81 212,50Eurodyn ......................... 2773 2705,37Indicia............................ d 1814,24 1769,67Mone.JC......................... D 12044,37 12044,37Mone.JD ........................ D 11661,48 11661,48Oblifutur C ..................... 549,54 540,35Oblifutur D..................... 526,57 517,77Oraction......................... 1790,46 1746,79Revenu-Vert................... 1179,97 1160,25Sevea ............................. d 118,21 115,33Synthesis........................ 18172,19 17850,87Uni Association .............. D 121,64 121,64Uni Foncier .................... 1446,90 1411,61Uni France ..................... 888,60 866,93Uni Garantie C ............... 1891,68 1860,06Uni Garantie D............... 1446,84 1422,65Uni Regions ................... 1750,30 1707,61Univar C......................... D 312,13 312,13Univar D ........................ D 299,13 299,13Univers Actions .............. 259,19 252,87Univers-Obligations ....... 252,20 247,98

CIC BANQUES

Francic ........................... 777,27 754,63Francic Pierre................. d 143,19 139,02Europe Regions.............. 1969,90 1912,52

CIC PARIS

Associc ........................... 1125,81 1125,81Cicamonde..................... 1642,94 1595,09Converticic..................... 412,12 406,03Ecocic............................. 1758 1706,80Mensuelcic ..................... 10105,07 10005,02Oblicic Mondial.............. 4014,21 3954,89Oblicic Regions .............. 1176,32 1158,94Rentacic ......................... 163,70 161,28

Eurco Solidarite.............. 1376,70 1363,07Lion 20000 C................... 17288,02 17288,02Lion 20000 D .................. 16583,84 16583,84Lion Associations C ........ 11080,88 11080,88Lion Associations D........ 11080,88 11080,88Lion Court Terme C ....... 26639,49 26639,49Lion Court Terme D....... 24155,01 24155,01Lion Plus C ..................... 1573,57 1542,72Lion Plus D..................... 1501,04 1471,61Lion Tresor..................... 2445,34 2421,13Oblilion .......................... 2191,05 2169,36Sicav 5000 ...................... 752,64 737,88Slivafrance ..................... 1254,71 1230,11Slivam ............................ 608,01 596,09Slivarente....................... 246,30 241,47Slivinter.......................... 845,79 829,21Trilion ............................ 5093,14 5027,78

Avenir Alizes................... 2370,87 2324,38CM Option Dynamique.. 137,84 135,97CM Option Equilibre ...... 264,23 261,29Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 166,31 161,86Cred.Mut.Ep.Cour.T....... 924,14 924,14Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 149,78 145,77Cred.Mut.Ep.J ................ 23117,58 23117,58Cred.Mut.Ep.Monde ...... 1728,49 1682,23Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1872,56 1835,84Cred.Mut.Ep.Quatre....... 1089,84 1068,47

Fonds communs de placementsCM Option Moderation . d 101,96 100,95

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ 693,43 663,57Saint-Honore Capital ..... 19885,59 19306,40St-Honore March. Emer. 923,84 884,06St-Honore Pacifique....... 760,92 728,15

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... 1845,06 1845,06Strategie Actions............ d 1165,46 1120,63Strategie Rendement ..... d 1979,28 1916,98

Amplitude Amerique ...... 124,46 121,42Amplitude Europe C....... 176,11 171,81Amplitude Europe D....... 173,15 168,93Amplitude Monde C....... 1096,63 1069,88Amplitude Monde D....... 1046,19 1020,67Amplitude Pacifique....... 106,77 104,17Elanciel D PEA................ 191,95 187,27Emergence Poste D PEA 160,46 156,55Geobilys C...................... 673,03 663,08Geobilys D ..................... 636,77 627,36

Kaleıs Dynamisme.......... 1132,40 1110,20Kaleıs Equilibre .............. 1086,39 1065,09Kaleıs Serenite ............... 1048,79 1038,41Latitude C ...................... 149,63 149,63Latitude D...................... 136,32 136,32Oblitys D ........................ 621,17 611,99Plenitude D PEA............. 213,94 208,72Poste Gestion C.............. 14991,49 14991,49Revenus Trimestr. D ...... 5222,19 5170,49Solstice D ....................... 2344,80 2338,95

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 38294,72 38294,72Actimonetaire D............. 31182,43 31182,43Cadence 1 D................... 1053,45 1043,02Cadence 2 D................... 1056,14 1045,68Cadence 3 D................... 1044,17 1033,83Capimonetaire C ............ 413,89 413,48Capimonetaire D............ 373,45 373,08Sogeoblig C/D ................ 9249,24 9157,66Interoblig C.................... 7549,25 7474,50Interselection France D.. 753,64 738,86S.G. France opport. C ..... 2153,21 2110,99S.G. France opport. D..... 2055,51 2015,21Sogenfrance C................ 2013,67 1974,19Sogenfrance D ............... 1840,60 1804,51Sogepargne D ................ 296,59 293,65Soginter C ...................... 2610,77 2559,58

Fonds communs de placementsFavor D .......................... d 1479,90 1450,88Sogeliance D .................. d 1686,93 1670,23Sogenfrance Tempo D ... d 226,84 222,39..............................................................................

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 21 octobre

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mercredi 22 octobre 1997 - 10 h 46’ 48’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 800 800Credit Gen.Ind. .............. d 9,50 9,50Generale Occidentale..... d 178 178Ste lecteurs du Monde.... d 130 130Via Credit (Banque)........ d 25,30 25,30.......................................

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ d 36,90 36,90Belvedere ....................... d 701 701BVRP.............................. d 200,50 200,50Coil ................................ d 200 200Electronique D2 ............. d 815 815FDM Pharma n. ............. d 219 219Genset............................ d 374 374Guyanor action B ........... d 11,50 11,50High Co.......................... d 186 186Infonie ........................... d 88 88Joliez-Regol.................... d 74,80 74,80Mille Amis ...................... d 56,95 56,95Naturex.......................... d 76,90 76,90Olitec ............................. d 840 840Picogiga ......................... d 200 200Proxidis.......................... d 17 17R21 Sante....................... d 400 400Stelax ............................. d 8,65 8,65

HORS-COTEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MERCREDI 22 OCTOBRE

NOUVEAU MARCHEUne selection. Cours releves a 10 h 15

MERCREDI 22 OCTOBRE

(PubliciteÂ)

Page 25: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16403 – 7,50 …...LeMonde,,.. .. ...

LeMonde Job: WMQ2310--0025-0 WAS LMQ2310-25 Op.: XX Rev.: 22-10-97 T.: 09:44 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 35Fap:99 No:0371 Lcp: 196 CMYK

25

A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

Mt Whitney 4418

������

NEVADA

AR

IZO

NA

MEXIQUE

OREGON

Los Angeles

Carson City

San Francisco

SACRAMENTO

(

SIER

RA

NEV

ADA

250 km

OCÉAN PACIFIQUE

Lac Davis

Californie

Sur une tablette babylonienne vieille de 4 000 ans, on a trouvé encaractères cunéiformes l’approximation π = 3 + 1/8. Les Babyloniensyseraient parvenus en comparant le périmètre du cercle avec celui de

l’hexagone inscrit, égal à trois fois le diamètre.

Crise de croissanceLes critiques acerbes émises récemment par le ministre de la re-

cherche Claude Allègre sur la gestion et le fonctionnement de l’Agencespatiale européenne (ESA) ne sont que la manifestation françaised’une crise de croissance qui touche toute l’Europe spatiale. L’espaceest devenu un marché, un enjeu stratégique, que les principaux ac-teurs veulent contrôler. Pour l’heure, la structure de l’ESA ne s’y prêteguère. La politique spatiale européenne n’est discutée qu’au conseil del’ESA (au niveau des experts) et lors de conférences qui réunissent trèsirrégulièrement les ministres concernés. S’y ajoutent des conflits d’in-térêts entre l’agence européenne et les agences nationales (le CNESfrançais, le DLR allemand et l’ASI italienne).

Un front commun s’est créé entre la France, l’Allemagne et l’Italie,les trois plus gros bailleurs de fonds de l’ESA pour « faire évoluer le sys-tème, au besoin par un coup de force », explique un expert. Le plan stra-tégique préparé par l’ESA s’inscrit dans ce contexte, en vue de la pro-chaine réunion interministérielle, cruciale pour l’avenir de l’agence etde l’Europe spatiale, qui devrait se tenir mi-1998 à Bruxelles.

« Ichtycide » à la roténonedans un lac californien

SACRAMENTOde notre envoyée spéciale

Une surprenante bataille vientde s’engager sur les eaux du lacDavis en Californie. Jeudi 16 octo-bre, une cinquantaine d’agents fé-déraux du département de lapêche et de la chasse de l’Etat deCalifornie, embarqués sur desbarges, ont commencé une vasteopération d’empoisonnement de

ce lac long de 7 kilomètres. Quel-que 61 tonnes de poison ont ainsiété déversées dans les eaux du lac,afin de supprimer tous les brochetsdu Nord, introduits illégalementpar des pêcheurs et qui ont infestéle lac, mettant en danger, dit-on, lasurvie des autres espèces.

Le lac Davis, situé dans le comtéde Plumas, à 240 kilomètres aunord-est de Sacramento, un desplus beaux lacs de la région, connupour ses eaux riches en poissons,abrite une importante colonie desaumons qui fait le bonheur despêcheurs locaux. Il est devenu undes sites touristiques les plus visi-tés, redynamisant ainsi un tissuéconomique affaibli par la crise del’industrie du bois et de construc-tion de matériel ferroviaire. Orcette étendue d’eau est reliée auréseau de rivières du delta par descanaux, et les autorités fédéralescraignent que le brochet ne mettecette faune aquatique en danger.

Les biologistes de l’Etat sontconvaincus que, si ce poisson ex-trêmement vorace et prolifique,que l’on ne trouve habituellementque dans les eaux froides duMiddle West, n’est pas éliminé ra-pidement, il risque de se répandredans l’ensemble des rivières dubassin de Sacramento. Les agentsdu département de la pêche et dela chasse ont donc déversé unpuissant pesticide, la roténone,connu aussi sous le nom de « tuba-toxin » (C23H22 O6) pour y parvenir.

Patrick Foy, biologiste du dépar-tement, assure que ce poison, dontla nocivité doit tuer tous les pois-sons en quarante-huit heures, sera

naturellement éliminé au bout dehuit semaines. « Nous avons envi-sagé d’autres solutions, dit-il,comme la pose de filets, l’utilisationd’électrochocs ou d’explosifs. Maisl’empoisonnement total du lac étaitla seule qui nous garantissait unedisparition totale des brochets. » Lesautorités de Californie devraientprocéder, au début de décembre, àla réintroduction de plus de750 000 truites, afin de repeupler lelac. La même opération avait étéeffectuée, en 1991, dans un autreréservoir de la région.

L’annonce du plan d’éradicationdes autorités californiennes a sou-levé une tempête de protestations.Redoutant que cette opérationn’ait des effets néfastes sur la santéde la population et ne ruinel’économie locale, le gouverne-ment du comté de Plumas s’y estopposé dès le début. Car ce lac estla principale ressource en eau de laville de Portola. Fran Roudebush,un des membres du gouvernementdu comté, s’est inquiétée publique-ment, lundi 13 octobre, des effetsdu dispersant utilisé pour dis-soudre le poison dans l’eau.

PROTESTATAIRES ARRÊTÉSCe dispersant contient du tri-

chloréthylène, une substance pou-vant induire des cancers et qui nes’élimine pas naturellement dansl’eau. On peut très bien éradiquerle brochet sans risque en faisantbaisser le niveau d’eau du lac et enutilisant des filets et des électro-chocs, a-t-elle déclaré avant le dé-marrage des opérations. Tentantde court-circuiter les services del’Etat, les autorités du comté ontpublié dans la foulée deux arrêtésinterdisant les opérations d’empoi-sonnement de poissons dans lecomté de Plumas.

Les responsables du départe-ment de la pêche et de la chasse del’Etat californien sont passés outreen demandant à la Cour supé-rieure de justice du comté de sus-pendre les arrêtés pour la duréedes opérations.

L’affaire a déclenché un vastemouvement de protestation ausein de la population locale. Lesbords du lac se sont hérissés depancartes condamnant le pland’extermination des poissons. Desriverains ont commencé une oc-cupation du site. Des militantsécologistes se sont enchaînés à desbouées ; dix personnes ont été ar-rêtées. Des patrouilles de la policecalifornienne ont été dépêchéessur place pour empêcher toute in-cursion dans les eaux du lac. Quel-que 30 tonnes de poissons mortsont commencé à flotter à la sur-face de l’eau. On en attend dix foisplus.

Sylvia Zappi

Un jeune Français plonge dans les profondeurs du nombre π220 jours de « temps machine » et de nouveaux algorithmes ont été nécessaires à un étudiant,

Fabrice Bellard, pour extraire certaines décimales inconnues de ce rapport mythiqueLES MATHÉMATIQUES aussi

ont leurs conquérants de l’impos-sible. Des aventuriers cérébraux ca-pables d’explorer des mondes à« n » dimensions ou de navigueraux franges du monde fractal. Fa-brice Bellard serait plutôt un ap-néiste numérique. Son grand bleu ?Le nombre π, celui qui désigne lerapport du cercle à son diamètre.Autrement dit, 3,141 592 653... Aprèsune plongée de deux cent vingtjours de « temps machine », lejeune polytechnicien est parvenu àatteindre, début octobre, une déci-male de π qui, en langage binaire,serait la mille milliardième. Recordbattu.

Cette performance le place auxcôtés du Japonais Yasumasa Kana-da, de l’université de Tokyo, qui faitde un sommet dont il gravit une àune les décimales après la virgule.Fin juillet, il en avait calculé plus decinquante milliards (51 539 607 552très exactement), détrônant grâce àson super-calculateur HitachiSR 2201 les frères Chudnovsky, del’université de New York, ses seulsrivaux dans une discipline quicompte bien peu d’adeptes (LeMonde du 29 juillet). Le nouveau re-cord est aussi d’un autre ordre queles tours de force mnémoniques decertains prodiges, tel ce Japonais devingt-trois ans, Hiroyuki Goto, qui aété capable en 1995 de réciter parcœur, et pendant neuf heures,42 000 décimales de π ! La quête deFabrice Bellard procède plutôt dusondage, comme s’il éclairait grâce àses machines quelques décimalestrès éloignées, sans pouvoir distin-guer celles qui les précèdent.

BON ÉLÈVE L’intérêt pour π de cet élève de

l’Ecole nationale supérieure des té-lécommunications a été éveillé aucollège par sa mère – elle-mêmeprofesseur de mathématiques. Enclasse préparatoire, il s’amuse avecun camarade à calculer le plus vitepossible un million de décimales surun PC. Puis à Polytechnique, la mise

au point d’une méthode rapide decalcul des grands nombres, appli-quée à π, lui vaut une bonne note àun oral d’informatique !

Mais c’est en avril 1996 qu’il a larévélation, lorsqu’il tombe par ha-sard sur un article des CanadiensBailey, Borwein et Plouffe, qui dé-montrent qu’il est possible de cal-culer n’importe quel chiffre de π enbase 2 sans avoir à calculer leschiffres précédents. La découvertecanadienne était totalement inat-tendue et ouvre de nouveaux hori-zons algorithmiques. Dans la foulée,Fabrice Bellard fait tourner une di-zaine de stations de travail inutili-sées pendant les vacances scolaireset atteint, le 7 octobre 1996, lequatre cent milliardième chiffre bi-naire de π.

L’idée d’un nouveau record luivient après sa participation, en juin1997, au DES Challenge, organisépar l’entreprise américaine RSA Da-ta Security, qui lance régulièrementdes défis aux « hackers » de toutpoil. Il s’agit de décrypter un mes-sage codé en utilisant en parallèleplusieurs milliers de machines. Fa-brice Bellard reprendra cette mé-

thode coopérative pour s’attaquer ànouveau à π, fin août, avec une for-mule plus rapide (40 % environ) quelors du précédent calcul.

« C’est un excellent exercice de pro-grammation », assure-t-il. Il faut en-suite réussir à partager efficacementle calcul entre des ordinateurs reliésà un serveur central par un réseaupeu fiable, Internet. La vérification,indispensable, consiste à refaire lecalcul pour les n - 10 chiffres bi-naires : les chiffres des deux calculsse recouvrant doivent alors êtreidentiques. Très fiable, ce contrôledouble la durée des opérations.

APPLICATIONS ÉLECTRONIQUESDivisée entre une trentaine de

machines, le temps réel du calcul estde douze jours environ – vérifica-tion non comprise –, et Fabrice Bel-lard estime qu’avec les 1 024 micro-processeurs du super-ordinateur deKanada ce travail aurait demandécinq heures seulement. Mais la puis-sance n’est pas tout, il faut la do-mestiquer par « de nouvelles for-mules, elles-mêmes issues de joliesthéories », comme celles énoncéespar l’autodidacte indien Srinivasa

Ramanujan (1887-1920), aux intui-tions fulgurantes et encore parfoismal comprises.

Hormis ses vertus pédagogiques,cet exploit est-il bien utile ? Dans lapratique, pour les calculs trigono-métriques les plus fins, on secontente d’un à quelques dizainesde décimales, disponibles depuis ledébut du XVIIIe siècle. « Le plus in-téressant, ce sont les progrès des algo-rithmes », affirme Jean-Paul Dela-haye, chercheur au laboratoired’informatique fondamentale deLille (CNRS) et auteur d’un ouvragepassionnant, Le Fascinant Nombre π,dont il décrit les différents modes decalcul.

Ces trésors d’inventivité ont trou-vé à s’employer dans d’autres do-maines. « La méthode de la transfor-mation de Fourier [1768-1830]discrète, mise en œuvre dans le calculde π, permet de manipuler des grandschiffres, explique Jean-Paul Dela-haye. Elle peut aussi être précieusepour la compression de données ou letraitement du signal. » Des domainesaux applications électroniques trèslarges. La recherche de méthodesintermédiaires, mariant celle de Bel-lard et de Kanada, pourrait s’avérerfructueuse, « notamment pour cer-tains travaux trigonométriques desphysiciens ». Sans parler des mathé-matiques fondamentales, qui s’in-terrogent toujours sur la natureexacte de π.

Bref, sous ses aspects anodins, cenombre continue de nourrir, aprèsquatre millénaires, les cogitationsdes mathématiciens. Ce compa-gnonnage les a conduits dans desunivers géométriques, arithmé-tiques, analytiques, logiques... dont,comme le conclut joliment Jean-Paul Delahaye, « ils ne savent jamaiss’ils ne font que [les] découvrir, ou s’ils[les] construisent ».

Hervé Morin

. Le Fascinant Nombre π, Jean-Paul Delahaye, Pour La Science/Belin, 226 p, 140 F.

SCIENCES Le directeur généralde l’Agence spatiale européenne(ESA) a présenté aux représentantsdes Etats membres de cet orga-nisme, réunis mardi 21 et mercredi

22 octobre à Paris, ses « réflexionspréliminaires » et les « premièresactions » qu’il propose pour faireévoluer l’espace européen. b LEFONCTIONNEMENT de l’ESA peut

encore être amélioré en dépit desefforts déjà réalisés. Mais cela nesuffira pas pour que l’Europe gardela place qu’elle a acquise. b LESPROGRAMMES décidés il y a dix ans

arrivent à leur fin. La situation achangé, et il faut changer de pers-pective et de stratégie, estime Anto-nio Rodotà. b LES ÉTATS européens– par l’intermédiaire de l’ESA –

doivent aider leurs industriels à ras-sembler les moyens technologiqueset financiers nécessaires pourprendre place sur un marché enpleine expansion dominé par lesEtats-Unis.

« Que pensez-vous des cri-tiques récentes du ministre fran-çais de la recherche, ClaudeAllègre, concernant le fonction-nement de l’ESA ?

– En tant qu’actionnaire de l’ESA,il est tout à fait naturel que le mi-nistre me donne des indications surla manière dont je dois travailler. Ilnous faut, évidemment, tenircompte des intentions, des objectifspolitiques et stratégiques de nosEtats membres.

» Certes, on peut toujours amé-liorer le fonctionnement de struc-tures comme la nôtre. Mais il y adéjà eu des réflexions là-dessus.Nos effectifs (actuellement de 1 750salariés) ont baissé d’environ400 personnes.

» Je suis un peu en désaccordavec Claude Allègre quand il dit quel’ESA n’est pas efficace. Je suis à latête de l’Agence depuis quelquesmois. J’y ai trouvé un personnel trèscompétent, dévoué à l’espace et àl’Europe. Il faut garder ce potentiel.

» En revanche, je pense, commelui, qu’une évolution est néces-saire, soit au niveau de l’ESA, soitau niveau des agences nationales.Il faut s’adapter aux nouvelles réa-lités et, pour cela, il convient demener dès aujourd’hui – peut-êtrele fallait-il même hier ! – une ré-flexion sur l’évolution du systèmespatial européen. Nous sommes àun tournant : nous arrivons à la finde programmes décidés il y a dixans.

– Claude Allègre se dit très ré-ticent sur les vols habités etprône l’espace utile...

– Il a précisé aussi qu’il ne re-mettait pas en cause les accordsdéjà signés. Avec la station spa-tiale, nous avons bâti un instru-ment de travail. Il existe. On peutdiscuter pour savoir s’il est bon oupas, mais la polémique est un peudépassée : il faut s’efforcer mainte-nant d’en tirer le maximumd’avantages.

» Sur l’espace utile, les ré-

flexions du ministre français vonttout à fait dans notre sens. Face àla mainmise américaine sur les ap-plications spatiales, nous devonsréagir vite. Il en va de notre placedans ce secteur, tant au plan poli-tique et stratégique qu’au planéconomique, industriel et social.

» L’espace est de plus en plusimportant pour la vie de tous.C’est un marché qui croît de 15 % à20 % par an, un gisement d’em-plois, et l’Europe risque d’en êtreabsente si elle ne réagit pas.

– Pourtant, Ariane... – Ariane nous fournit l’indépen-

dance pour les services de lance-ment. Mais cela ne suffit pas. Re-gardez le GPS (Global PositioningSystem). C’est le seul dispositif delocalisation et de navigationcommercialement disponible. Et ilest américain. Or ses applicationsdirectes ou indirectes sont nom-breuses.

» De même, dans un délai trèscourt, des compagnies américainesvont exploiter les seuls réseaux detéléphonie mobile par satellites enorbite basse, capables de couvrir lemonde entier.

» L’Europe et les autres paysdoivent-ils, dans ces conditions, sedésintéresser de ce marché ?Certes, quelques compagnies eu-ropéennes ou non américainessont parties prenantes à ces ré-seaux. Mais elles sont très minori-taires et ne ramasseront que desmiettes en regard des sommesconsidérables que de tels systèmesgénéreront. L’Europe est pratique-ment absente de ce domaine.Reste l’observation de la Terre oùelle a marqué des points. Mais lesAméricains préparent une sérieusecontre-offensive.

– N’est-il pas un peu tard pourréagir ?

– N’oubliez pas que les Airbuseuropéens concurrencent avecsuccès les Boeing. Même si nousavons perdu du temps en matièred’applications spatiales, je pensequ’il faut, dès maintenant,commencer à réfléchir aux sys-tèmes et aux applications dedeuxième génération. Trouver lescréneaux d’avenir où l’Europepourrait se faire une place, définirles investissements et les besoinsfuturs.

» Dans cette optique, notre rôle,celui de l’ESA et des agences natio-nales, est d’aider les industriels àrésoudre les problèmes technolo-giques qui leur sont posés, à ras-sembler les compétences et lesmoyens nécessaires pour leur per-mettre d’attaquer demain ce mar-ché. C’est ce que nous allons pro-poser à nos Etats membres.

– Tout cela exige beaucoupd’argent, alors que la tendanceest plutôt à la baisse des bud-gets.

– Tous les pays européens ont

des problèmes budgétaires. Mais,plus que de dépenses, il s’agit icid’investissements. Il faut êtreclair : aux Etats-Unis, le finance-ment de l’espace est double. LaNASA subventionne la science etles vols habités, avec un budgetquatre fois plus important que ce-lui de l’ESA. Mais les applicationscomme le GPS ou les télécommu-nications spatiales ne sont pas à laseule charge des industriels. Le dé-

partement de la défense (DoD) lesfinance de manière indirecte pourun montant équivalant au tripledes dépenses civiles de l’Europespatiale. Concluez-vous-même.

» Si nous laissons nos industrielsse débrouiller seuls, nous sommesperdus d’avance. Certes, au dé-part, c’est un problème de re-cherche. Mais les besoins se si-tuent au niveau d’autres

ministères, ceux des télécommuni-cations, des transports ou de l’en-vironnement. C’est un problèmede stratégie globale. Nous devonsdonc changer de perspective.

– Pensez-vous que vous serezsuivi ?

– L’agence ne peut donner quedes avis. Les choix politiques de cegenre dépassent bien entendul’exécutif de l’ESA. Ils sont du res-sort des Etats membres. Quelles

que soient les décisions qui serontprises, tant sur le plan stratégiqueque sur l’évolution de notre orga-nisation, une chose est sûre : il fautaller très vite pour préserver le pa-trimoine de l’Europe spatiale, nepas disperser ses compétences. »

Propos recueillis par Jean-François Augereau

et Jean-Paul Dufour

L’espace est un marché en pleine expansion que l’Europe doit investirAntonio Rodotà, directeur général de l’Agence spatiale européenne, répond aux critiques

et expose ses premières réflexions sur les nouvelles orientations que doit prendre l’organisme qu’il dirige

ANTONIO RODOTÀ

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26 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 A U J O U R D ’ H U I - S P O R T S

Avec Eva Serrano, la GRS françaiseprend une dimension mondiale

La gymnaste nîmoise rêve d’une médaille individuelle aux championnats de BerlinSixième aux Jeux olympiques d’Atlanta en 1996puis deux fois médaillée d’argent (corde et ru-ban) aux championnats d’Europe 1997 disputés

à Patras, Eva Serrano peut amener ses coéqui-pières Amélie Villeneuve, Caroline Stépanoff etStéphanie Delayat dans le groupe des huit meil-

leures équipes mondiales lors des championnatsdisputés du 23 au 26 octobre à Berlin. Elle rêveaussi d’une médaille individuelle.

LES RÉSULTATS Des Mondiaux privés de ballonComme les récents championnats du monde de gymnastique artis-

tique à Lausanne (Suisse), les Mondiaux de GRS à Berlin (Allemagne)marquent une période de transition d’une discipline notammentmarquée par l’entrée en service d’un nouveau code de pointage.

Pour l’équipe tricolore, emmenée par Eva Serrano, ces champion-nats du monde constituent également une occasion historique departiciper à la finale par équipes qui aura lieu vendredi 24 octobre.Pour y accéder, il faudra que le quatuor de gymnastes françaises ter-mine dans les huit premières places lors des qualifications du jeudi23 octobre. Les qualifications individuelles débuteront, quant à elles,samedi 25 octobre pour déterminer les gymnastes des quatre finalesde dimanche 26 octobre (corde, ruban, cerceau, massues). Lors dechaque compétition, l’un des cinq engins n’est pas au programme. ABerlin, il s’agit du ballon.

Triple record du monde chinois sur 5 000 mLa Chinoise Dong Yanmei a amelioré, mardi 21 octobre, le record

du monde du 5 000 m en 14 min 31 sec 27, lors des Jeux nationauxchinois à Shanghaï. Dong Yanmei, qui est entraînée par Ma Junren,devenu célèbre après les championnats du monde de Stuttgart (Alle-magne), en 1993, où ses athlètes s’étaient illustrées sur 1 500 m (vic-toire), 3 000 m (triplé) et 10 000 m (doublé), a amélioré de plus de cinqsecondes l’ancien record de la Portugaise Fernanda Ribeiro(14 min 36 sec 45), établi le 22 juillet 1995, à Hechtel (Belgique). DongYanmei n’a pas été la seule à battre ce record puisque sa coéquipièreJiang Bo (deuxième en 14 min 31 sec 30) et Liu Shixiang (troisième en14 min 32 sec 33), qui n’appartient pas au groupe Ma Junren, ont éga-lement couru en moins de 14 min 33 sec.

Cette finale record a soulevé les doutes de M. Michele Bonante,président de la Fédération internationale des chronométreurs. Il amis en cause la régularité du chronométrage, mettant l’accent sur lapossibilité d’erreurs dans l’enregistrement des temps. Il n’a toutefoispas parlé de tricherie. La performance des trois athlètes chinoises a,par ailleurs, ranimé les rumeurs de dopage, rumeurs évidemmentréfutées par Ma Junren.

La Fédération française d’athlétisme se lance à la poursuite des coureurs sur routePOUR PRATIQUER la course sur

route, un short, un tee-shirt et unepaire de tennis suffisent. C’est en toutcas ce que pensent 95 % des12 000 concurrents qui s’élanceront,dimanche 26 octobre, pour la 19e édi-tion de Marseille-Cassis (20,3 km).Selon ses organisateurs, seuls 5 % despartants de la « grande classique descalanques » sont adhérents d’un clubaffilié à la Fédération française d’ath-létisme (FFA). Mais ils pourront bien-tôt profiter des avantages de la « li-cence performance » que la FFAenverra, dès le 1er novembre, à tousses licenciés.

Pour la somme de 100 francs paran, les « adeptes des courses hors stadequi refusent d’être embrigadés » (dixitle président de la FFA, M. PhilippeLamblin), bénéficieront, sans obliga-tion de s’attacher à un club, desmêmes services que le licencié debase. Ce dernier paiera toujours200 francs pour bénéficier de plansd’entraînement agréés, d’une assu-rance spéciale permettant de récupé-rer le montant de l’inscription à unecourse en cas de blessure ou de mala-die, de réduction sur les places pourles meetings internationaux d’athlé-tisme organisés en France, d’abonne-ments à tarif préférentiel aux revuesd’athlétisme ou aux publicationspour enfants du groupe BayardPresse, et sur les locations de voiturechez Budget et les lignes d’Air Liber-té-TAT, et d’un mois d’accès gratuitdans les clubs de fitness Gymnasium.

La « licence performance » per-mettra en outre de recevoir régulière-ment un classement des coureurshors stade récapitulant les perfor-

mances nationales sur 10 km, 20 kmet marathon. Elle présente pour seulinconvénient l’impossibilité de parti-ciper aux compétitions fédérales.

« LICENCE PERFORMANCE »Dans l’espoir de quelques rédemp-

tions, la FFA a toutefois prévu une« passerelle » vers la licence-athlète.Mais aussi tentante que soit la for-mule « performance », ce genre demanœuvre risque d’être rare. Les asde la route ont tâté du cross ou de lapiste avant de se recycler et appar-tiennent déjà tous à un club. Lesautres profiteront vraisemblable-ment des nouveautés sans changerleurs vieilles habitudes : règlement deleur droit d’inscription aux organisa-teurs de courses et déclaration sur

l’honneur assurant qu’un certificatmédical les autorise à la pratique de lacourse à pied.

L’idée de la FFA a déjà fait sespreuves dans d’autres fédérations.Grâce aux avantages similaires de sa« carte neige », la Fédération fran-çaise de ski (FFS), s’est découvert plu-sieurs milliers de « licenciés » supplé-mentaires dont la majorité résidenten région parisienne et ne pratiquentpas la compétition. Mais elle gonfleavantageusement les effectifs au mo-ment des négociations de subven-tions avec le ministère. La FFA secontente pour l’instant de « propo-ser » sa « licence performance » auxcoureurs sur route en espérant« qu’ils n’adhéreront pas simplementpour louer des voitures moins cher ».

Depuis une vingtaine d’années, parleur succès et des organisations deplus en plus éprouvées, les épreuvessur route de toutes distances rap-pellent douloureusement à la FFAque la pratique de la course à pied nepasse pas nécessairement par son en-tremise. Dépositaire d’une délégationde pouvoir du ministère de la jeu-nesse et des sports en matière d’ath-létisme, la FFA s’est toujours efforcéede suivre « toute la France qui court ».En créant, par exemple, les « labels »,système d’homologation fédérale parintervention de mesureurs officielsen échange du reversement d’unfranc par coureur engagé pour lescourses pouvant justifier d’au moins500 concurrents classés, elle a tentéde contrôler et de hiérarchiser lesépreuves sur route.

N’obtenant même pas en échangede leur écot la garantie d’un calen-drier fixe, les organisateurs se sontlassés. La fronde a même menacé.Ardent défenseur du consensus,M. Lamblin a compris que la FFA nepourrait s’associer à la réussite de lacourse sur route qu’en l’accompa-gnant. A son initiative, plusieursgroupes de réflexion se sont consti-tués. Leurs conclusions ont permis àla FFA d’imaginer un moyen de rallierles faveurs des coureurs sur routesans avoir l’air de s’imposer. Les mil-lions de concurrents engagés dans les4 500 épreuves hors stade disputéesen France chaque année se laisse-ront-ils convaincre qu’il leur faut unefédération pour s’adonner à leursport favori ?

Patricia Jolly

EVA SERRANO aurait pu deveniracrobate ou jongleuse. La cham-pionne de France de gymnastiquerythmique et sportive (depuis 1993)n’éprouve pas d’attirance parti-

culière pour le cirque, mais son sensdu spectacle et sa façon de dompterballons, cerceaux et rubans auraientcertainement fait les beaux joursd’une troupe d’artistes de la piste.Saltimbanque de la gymnastique,cette jeune Nîmoise de dix-neufans, à la silhouette gracile, ne rêvepourtant pas d’applaudissementsémerveillés mais de médailles. Auxchampionnats du monde de GRS,qui débutent jeudi 23 octobre, àBerlin (Allemagne), elle tenteradonc de gagner la médaille quiconstituerait l’aboutissement de sacarrière.

« Cela fait maintenant trois moisque je me prépare de manière très in-tensive à ce grand rendez-vous, sou-ligne Eva Serrano. Collectivement,l’objectif est de faire partie des huitmeilleures équipes pour participer àla finale. Mais, en individuel, j’aime-rais vraiment rapporter une ou deuxmédailles en France. Il faudra pourcela que je sois régulière sur les quatreengins [ndlr : ruban, massues, cer-ceau et corde] et que j’arrive à maî-triser la pression qui m’entoure. »Avec cinq titres consécutifs dechampionne de France et unesixième place au concours généraldes Jeux olympiques d’Atlanta(1996), Eva Serrano s’était hisséedans le groupe de tête de la GRSmondiale. Il lui restait à monter surun podium international, ce qu’ellea fait en mai dernier lors des cham-pionnats d’Europe disputés à Patras(Grèce) : elle y décrocha deux mé-dailles d’argent (corde et ruban).

Celle qui n’était que l’héritière deStéphanie Cottel (championne deFrance en 1987, 1988 et 1990) et deChrystelle Sahuc (championne deFrance en 1991 et 1992) – les deuxgymnastes ont fait découvrir auxFrançais ce sport jusqu’à alors confi-dentiel – a définitivement supplantéses aînées. Eva Serrano, premièregymnaste française à avoir damé lepion aux invincibles Biélorusses, asu affirmer ses ambitions, peu àpeu, grâce à la volonté d’acier qui la

caractérise. Pensionnaire depuisseptembre 1996 du Centre nationald’Orléans (Loiret), elle y est entraî-née par les deux Bulgares Dina Ata-nassova et Snéjana Mladénova.

PATIENCE ET RÉGULARITÉIntronisée assez tard – à l’âge de

onze ans – dans l’univers hermé-tique de la GRS, l’actuelle cham-pionne de France a gravi les éche-lons de la renommée avec unepatience et une régularité édifiantes.Il lui faudra huit longues années detravaux forcés pour apprivoiser soncorps et maîtriser les cinq engins desa discipline : le ruban, le cerceau, lacorde, le ballon et les massues.« C’est une jeune fille qui a besoin detemps pour s’épanouir, explique Dina

Atanassova, l’un des deux entraî-neurs bulgares de l’équipe de Francequi l’a détectée puis suivie tout aulong de sa carrière. Elle a toujourstravaillé lentement, mais c’est au-jourd’hui le gage de sa résistance etde sa réussite. D’ailleurs, sans elle, laGRS française n’aurait jamais pu ac-céder à la finale collective d’unchampionnat du monde alors qu’au-jourd’hui cet objectif semble réali-sable. Elle est à la fois notre ambassa-drice et notre porte-drapeau. Tout lemonde compte beaucoup sur elle àBerlin. »

Consciente des responsabilitésqui pèsent sur les épaules de sa pro-tégée, Dina Atanassova n’est pas in-quiète. « En compétition, Eva possèdeun avantage sur les autres gymnastes :

le stress et le public la galvanisent etlui permettent de réussir des figuresde style qu’elle n’aurait jamais puréaliser à l’entraînement... » Difficile,pourtant, d’imaginer que cettejeune fille discrète et assez grande(1,72 m) cache, derrière de jolis yeuxverts, une rage et un acharnementquasiment maladifs. « Sans cet étatd’esprit, je n’aurais jamais pu accep-ter les huit heures d’entraînementquotidiennes avant les compéti-tions », admet-elle. En revanche, laprésence d’Eva Serrano constitue àla fois un avantage et un inconvé-nient en équipe de France.

Les trois autres gymnastes quiforment avec elle le carré majeur dela GRS tricolore – Amélie Ville-neuve, Caroline Stépanoff et Sté-phanie Delayat – progressent à soncontact, mais les victoires à répéti-tion d’Eva leur font souvent del’ombre. « Il n’est pas toujoursévident de travailler avec Eva, car ellea vraiment plusieurs longueursd’avance sur nous, remarque genti-ment Amélie Villeneuve, françaisedepuis 1995, qui aspire à la 30e placemondiale. Même si sa présence mepousse vers le haut, j’aimerais bien,un jour, décrocher le titre national,mais impossible d’y songer sérieuse-ment tant qu’Eva sera là... » Privilègedes championnes, Eva Serrano pos-sède l’autorité de sa compétence.

Paul Miquel

PORTRAITCette jeune Nîmoise,ne rêve pasd’applaudissements,mais de médailles.

Coupe de l’UEFA(16es de finale aller) : Inter Milan (Ita.)-Lyon (Fra.) 1-2 ;Strasbourg (Fra.)-Liverpool(Ang.) 3-0 ; Auxerre(Fra.)-OFI Crète (Grè.) 3-1 ; Metz(Fra.)-Karlsruhe (All.) 0-2 ;Steaua Bucarest (Rou.)-Bastia(Fra.) 1-0 ; Ajax Amsterdam(P-B.)-Udinese (Ita.) 1-0 ; Braga(Por.)-Dinamo Tbilissi (Géo.) 4-0 ;MTK Budapest(Hon.)-Croatia Zagreb (Cro.) 1-0 ;Spartak Moscou

(Rus.)-Real Valladolid (Esp.) 2-0 ;Schalke 04 (All.)-Anderlecht(Bel.) 1-0 ; Aarhus(Dan.)-Twente Enschede (P-B.) 1-1 ;Rotor Volgograd(Rus.)-Lazio Rome (Ita.) 0-0 ;FC Bruges (Bel.)-Bochum (All.) 1-0 ;Athletic Bilbao (Esp.)-Aston Villa(Ang.) 0-0 ; Atletico Madrid(Esp.)-PAOK Salonique (Grè.) 5-2.(Rapid Vienne (Aut.)-Munich 860(All.) devait avoir lieu mercredi22 octobre). Matches retour les 4,5 et 6 novembre.

En Coupe de l’UEFA,Lyon surprend l’Inter

et Strasbourg corrige LiverpoolLes matches retour auront lieu les 4, 5 et 6 novembre

L’ITALIE réussit bien à LudovicGiuly. Le petit Corse de l’Olympiquelyonnais, déjà artisan de la victoiredes siens sur le terrain de la Lazio deRome en 1995, a récidivé, mardi21 octobre, sur la pelouse de San Si-ro, à Milan, lors du match aller dudeuxième tour de la Coupe de l’UE-FA : auteur d’un but en premièremi-temps et à l’origine d’un penaltyréussi par Alain Caveglia en secondepériode, le nouveau lutin lyonnais aété l’artisan de l’exploit de l’OL,vainqueur (2-1) à Milan, de l’Inter-nazionale de Ronaldo et Youri Djor-kaeff.

Invaincu en onze rencontres offi-cielles depuis le début de la saison1997-1998, l’Inter avait abordé ce 16e

de finale de la Coupe de l’UEFAdans la décontraction. La directiondu club et les joueurs milanais affec-taient un air indifférent avant la ve-nue de l’OL, modeste dixième duchampionnat de France. La seulecompétition importante, laissaiententendre les coéquipiers de Ronal-do, c’est le Calcio, et les deux billetsqu’il délivre pour la Ligue des cham-pions. En revanche, pour les Lyon-nais, qui avaient arraché de hautelutte, cet été, en Coupe Intertoto,leur ticket pour l’aventure euro-péenne, l’étape chez les fortunésvoisins milanais avait tous les atoursdu match de l’année.

Pour contenir la pléiade de starsde l’équipe italienne, l’entraîneurlyonnais, Bernard Lacombe, avaitrenoncé à aligner toutes les jeunespousses du centre de formation del’OL. Joseph-Désiré Job et FrédéricKanoute, qui brillent avec leuréquipe sur tous les terrains – saufàGerland... – depuis le début de lasaison, avaient été laissés sur le bancdes remplaçants, au profit des raresjoueurs expérimentés de l’effectiflyonnais, tel Florent Laville, affectéau marquage de Ronaldo. En re-

vanche, c’est à un presque inconnu,Christian Bassila, à peine dix mat-ches chez les professionnels, qu’estrevenue la charge de museler YouriDjorkaeff. Ces duels, apparemmentdéséquilibrés, ont souvent tourné àl’avantage des Lyonnais, sans aucuncomplexe du début à la fin de cetterencontre disputée sur un terraintrès gras.

Loin de se laisser abattre parl’égalisation de Maurizio Ganz enmilieu de seconde mi-temps, lesjoueurs de Bernard Lacombe sontrepartis vers le but de Gianluca Pa-gliuca avec tant d’ardeur que celui-cia été contraint de ceinturer un Lu-dovic Giuly virevoltant. Passé la joiede la victoire, les Lyonnais pourrontméditer sur deux statistiques inquié-tantes : l’Inter de Milan n’a jamaisété éliminé par une équipe françaiseen Coupe d’Europe (avec sa défaiteen demi-finales de la Coupe de l’UE-FA l’année dernière, l’AS Monacoest la dernière victime française desIntéristes) ; l’OL a démarré le cham-pionnat de France par une malen-contreuse série de défaites – cinq ensix rencontres – sur sa pelouse.

Le Racing-Club de Strasbourgs’accommode fort bien des confron-tations avec le football britannique,si souvent synonymes de défaitespour les clubs français. Après avoiréliminé les Glasgow Rangers au pre-mier tour de la Coupe de l’UEFA, lesStrasbourgeois ont largement domi-né Liverpool (3-0). Décevants enchampionnat de France, les joueursde Jacky Duguépéroux ont offert àleurs supporteurs une rencontrepleine de réalisme. L’avant-centreDavid Zitelli, en délicatesse avec sesdirigeants, a inscrit les deux pre-miers buts, avant que le DanoisDenni Conteh ne corse l’addition fi-nale.

Eric Collier

La gymnastique rythmique et sportive, ici Eva Serrano au ruban.

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UNE PUBLICATION DU MONDECHEZ VOTRE MARCHAND DE JOURNAUX

Carnet de routeb Manifestations et monuments : – tous renseignements sur« L’automne d’Eu », la semaine deToussaint (visites du patrimoine, ycompris industriel et naturel), àl’Office de tourisme de la ville(tél. : 02-35-86-04-68) et sur laHarengade du Tréport (à 2 km d’Eu),le dimanche 9 novembre,au 02-35-86-05-69.– Musée Louis-Philippe, à Eu, fermédu 3 novembre au 15 mars.Tél. : 02-35-86-44-00.b Etapes : – Hôtel-restaurant de la Gare,

spécialité de poissons, 20, place de laGare, 76260 Eu, tél. : 02-35-86-16-64.– Pavillon de Joinville, ancienneferme-modèle royale, route duTréport, tél. : 02-35-50-52-52.– Restaurant Le Bragance, dans lesanciennes glacières du château,tél. : 02-35-86-90-51.b Lectures : Prince de Joinville, Vieux souvenirs1818-1848, Mercure de France ; Georges Bordonove, Louis-Philippe,Pygmalion-Watelet ; Mélanges sur Eu, dédiés à lacomtesse de Paris, Ed. des Amis duMusée Louis-Philippe, 76260 Eu.

Le tour du monde avec un seul billet Boucler un tour de planète en dix joursau moins, un an au plus. Suivre unitinéraire fixé avant le départ, maisprolonger les étapes à sa guise. Tels sontles impératifs d’une circonvolution à tarifréduit.L’offre de tickets planétaires vient des’enrichir de forfaits issus du partenariatentre transporteurs. Mais ces nouveauxbillets circulaires vendus en kit serévèlent deux fois plus coûteux que lespremiers prix du cousu main desspécialistes expérimentés.Dernier en date, le Star Alliance roundthe world fare autorise trois à quinzeescales. Au choix, cinquante pays, dontceux de l’Amérique latine sillonnée par la

Varig, qui s’est jointe, depuis le26 octobre à l’association Star Alliance,qui regroupait déjà SAS, Air Canada,Lufthansa, Thai et United Airlines. Troistarifs sont proposés selon la distanceparcourue (25 000 miles à 38 000 miles),sachant que le trajet le plus court, quisurvolerait l’équateur, serait de40 053 kilomètres, soit 22 252 miles. Lesprix vont de 13 600 F à 16 400 F en cabineéconomique, de 22 700 F à 28 400 F enclasse affaires, et de 33 800 F à 42 300 F enpremière. Le World Navigator, valable sur neufcompagnies (KLM, Air UK, Northwest,SAA, Kenya Airways, Emirates, Air NewZealand, Ansett et Air Calédonie), ouvrel’accès à 90 pays et 400 destinations. Ceforfait donne droit à six escales gratuites(75 dollars américains par stopsupplémentaire), à des allers-retoursdans le même hémisphère pour un

périple global de28 500 miles. Ilcoûte de 12 670 Fen classeéconomique à 38 000 F en première. « Il y a, dans ces nouveaux forfaits, desvariantes d’itinéraires que je ne pouvais pasproposer à tarifs préférentiels, reconnaîtAnne Clanet, responsable des Tours dumonde chez Nouvelles Frontières.Notamment via l’Afrique et l’AmériqueLatine, deux zones mal reliées aux grandsaxes. » En jonglant avec les capitales, lescontinents et les correspondances, elle aune longue expérience de ces itinéraires(Nouvelles Frontières en vend à la carteenviron mille par an) et privilégie, poursimplifier et faire baisser le prix, les duosentre compagnies aériennes. Exemples,Malaysian et United pour un Paris,Kuala-Lumpur, Séoul, Tokyo, LosAngeles, New York, Paris à 6 750 F, en

proposant de nombreusesvariantes en Asie. OuBritish Airways et Qantas,de Paris à Sydney, via

Johannesburg, Pékin-Shanghaï, ouBombay-Singapour-Denpasar, avecretour par Papeete et Los Angeles(8 000-9 000 F, NF, tél. : 08-03-33-33-33). Unpériple plus compliqué, par l’Australie, laNouvelle-Zélande, les Fidji, les Tonga,Tahiti, l’île de Pâques et le Chili, revient àmoins de 13 000 F.On trouve une vingtaine d’itinérairessuggérés et de précieux conseils surInternet en interrogeant le site de laCompagnie des voyages (http : //www.lcdv. com, ou tél. : 01-45-08-44-88), quiréserve « on line » les billets d’avion.« Service à bord, fréquences des vols,escales, stops payants ou gratuits, il existede grandes différences d’une compagnie àl’autre », indique le spécialiste. « Les

formules les plus économiques...commençant par l’Amérique du Nord,Hawaii et Tokyo : de 6 000 à 9 000 F selonles compagnies », lit-on sur l’écran. Unpassage par le Pacifique sud augmenterade 50 % la mise initiale.Chez Nouveau Monde (tél. :01-53-73-78-80), les tours du monde sontExpress, via la Polynésie, ou Sacs à dos,avec des parcours terrestres dans lesdeux hémisphères (moins de 10 000 F). Onpart « Sur la route du galion », avecescales au Mexique et aux Philippines, ouen quête « des épices et des parfums »dans l’océan Indien et en Orient.Un tour du globe se prépare avec unemappemonde. Il s’agit d’aller de l’avanten progressant vers l’Orient. Ou viceversa. De choisir les étapes essentielles.D’imaginer des variantes.

Florence Evin

PARTIR

Vol libre sur les pentes de la RéunionLA PRÉ-COUPE DU MONDE de parapente, prélude à la finale de 1998,aura lieu à l’île de la Réunion, paradis du vol libre, du 27 octobre au 2 no-vembre. Epreuve internationale ouverte à tout possesseur d’une licencede compétition, elle accueillera 80 concurrents maximum et se déroulerasur des sites prestigieux tels que le Dimitile, les Makes, le Maïdo et leDos-d’Ane. Inscription : 600 F. Renseignements au 02-62-34-60-61. Acette occasion, Agora Voyages propose un forfait au départ de Paris avecle vol (Air Liberté), le logement et une voiture de location, de 8 900 F à12 500 F par personne, en fonction de l’hébergement (hôtels, VVF ouchambre d’hôtes) et de la formule retenue (demi-pension ou petit-déjeu-ner).. Agora Voyages, tél. : 01-44-21-80-16. Renseignements pour la compéti-tion, tél. : 02-64-34-60-01.

Tennis haut de gamme à Sainte-LucieQUEL TENNISMAN amateur n’a rêvé de se retrouver, un jour, face-à-face avec un des grands noms du circuit professionnel ? Une hypothèseque le voyagiste Directours a décidé de rendre possible, en proposant departiciper à un tournoi organisé du 10 au 14 décembre dans une île desCaraïbes, Sainte-Lucie. Seront présents plusieurs champions, dont Nas-tase, Lecomte, Tanner et Kriek. Le forfait proposé (6 200 F par personnepour 9 jours/7 nuits) comprend le vol de Paris ou de province (+ 480 Fdans ce cas), l’hébergement en pension complète dans un club troisétoiles, et l’accès gratuit à tous les sports nautiques. Les enfants de moinsde douze ans logés avec leurs parents bénéficient du séjour gratuit, seul levol (2 125 F) étant facturé. Le séjour peut commencer à partir du 28 no-vembre. . Renseignements au 01-45-62-62-62 (Paris), 04-72-40-90-40 (Lyon), 08-01-63-75-43 (Nice, no Azur) ou par Minitel 3615 Directours.

L’Amérique en triptyque « PRESTIGE », « Classic », « Basic ». Trois régimes pour découvrir l’Amé-rique, selon le temps et le budget dont on dispose. Ainsi, New York : leforfait « Basic » commence à 3 495 F (4 jours, vols, 3 nuits en chambredouble, visite guidée de Manhattan en français), le « Prestige » à 22 230 F(vols en classe affaires, transferts en limousine et, dans un hôtel decharme ou de luxe, journaux quotidiens, mini-bar à discrétion, cocktail,collation). D’autres destinations font l’objet d’offres similaires : forfaits« Classic » de 8 jours à 5 150 F en Floride, à 7 3250 F en Louisiane, SanFrancisco « Prestige » (20 685 F) et Las Vegas « Basic » (4 815 F), Arizona,Canada ou Mexique et même une croisière aux Caraïbes (9 jours à partirde 8 990 F). Liste non exhaustive et prix valables jusqu’au 31 mars 1998.. Catalogue Promo-Sioux hiver 1997–1998, de Vacances fabuleuses,dans les agences de voyages et au 01-53-67-60-00.

En Ethiopie, chez des chrétiens d’AfriqueUN PLATEAU situé à quelque 2 400 mètres d’altitude, coupé de valléesprofondes. Forteresse naturelle contrôlant les régions avoisinantes,noires et animistes, avec, ici et là, quelques poches musulmanes. Ethnieprincipale, les Amharas, des chrétiens qui parlent une langue sémitique– Aïlé Sélassié, leur dernier empereur, descendrait du roi Salomon. Les cé-lèbres églises, rares monuments en dur à avoir traversé deux millénairespour les plus anciennes, se trouvent sur ce plateau. Eglises enterrées à La-libella, plus récentes sur le lac Tana – l’une des deux sources du Nil –,stèles monolithes à Axoum, palais XVIIe à Gondar. Terre où l’Européenretrouve des racines bibliques. Les contacts avec les gens sont, dit levoyagiste, très faciles, le costume et l’habitat variés. Deux départs pour cepériple de 15 jours (17 900 F, tout compris sauf les repas à Addis-Abeba) :du 21 décembre 1997 au 4 janvier 1998 et du 15 février au 1er mars 1998.. Peuples du monde, 10, rue de Montmorency, 75003 Paris, tél. : 01-42-72-50-36.

Entente cordialesur la côte normandeLa ville comme le château d’Eu, résidence du roi Louis-Philippe,savent aussi mettre en avant leurs liens avec les pays nordiques et celtes

L’AUTOMNE à Eu. C’était unrêve de Louis-Philippe, qui, l’été,prenait ses quartiers dans l’an-cienne propriété des Guise et de laGrande Mademoiselle, site abritéde l’arrière-pays du Tréport, héritéde sa mère. Mais les affaires del’Etat ramenaient obligatoirementle roi-bourgeois à Paris avant lasaison rousse, entassé avecfemme, enfants et petits-enfantsdans une tapissière, grosse voiturede douze places, tirée par six che-vaux entiers, renouvelés souventdurant le trajet.

Aujourd’hui, la distance Eu-Pa-ris (170 km) se franchit en 2 h 30 ;avec, si l’on veut, agréable étapearchitecturale à Abbeville, dansl’extravagante gare second Em-pire, monument historique fraî-chement réhabilité.

On imagine Eu vivant vieillotte-ment comme Versailles, dans lanostalgie de ses heures royales,dans le souvenir des deux visitesgrandioses (1843 et 1845) de latoute jeune reine Victoria, qui,l’air de rien, inventa ici, avec levieux Louis-Philippe, le concept etle terme d’« Entente cordiale »,après mille ans de guerres. Et,puis, non, ce n’est pas ça, pas queça, en tout cas, et on trouve ungros bourg, une petite ville, si vouspréférez, de 8 600 âmes, tout éco-logique dans sa conque de forêts,remuante, industrielle propre avecles fabriques des environs produi-sant « 80 % des flacons de parfum

utilisés dans le monde », toutebruissante de langues et drapeauxétrangers, cosmopolite du coup.

Si vous ne tombez pas sur unedélégation irlandaise venue hisseren prière le pavillon de l’Eire de-vant la collégiale (1186) qui portele nom de saint Laurent Ô’Toole,archevêque de Dublin, mort à Eu(1180), vous verrez passer en fan-fare une mission norvégienne, cé-lébrant in situ le millénaire du pre-mier comte d’Eu, petit-fils deRollon, brutal envahisseur viking,assagi en fondateur de la paisibleNormandie. Quant aux Britan-niques, outre le parfum amoureuxd’Albert et Victoria, ils re-cherchent à Eu les traces d’unautre couple mythique, qui s’y ma-ria et y prépara l’invasion de l’An-gleterre : Guillaume le Bâtard,plus tard le Conquérant, et Ma-thilde des Flandres, plus tard laBrodeuse, à cause de la fameusetapisserie de Bayeux, à laquelle,d’ailleurs, elle n’a même pas tra-vaillé...

UNE TOUCHE DE BRÉSILToute cette imagerie princière,

mélange d’histoire de France et dePoint de vue, mixture de vieux ter-roir français et d’exotisme ultra-marin, s’est prolongée jusqu’ànous grâce à Isabelle du Brésil,plus connue sous son nom dedame de comtesse de Paris. Cettedescendante des empereurs luso-brésiliens et des monarques fran-

çais naquit en 1911, au châteaud’Eu, qui, par rachat, est devenubien municipal en 1964. Mais ellecontinue de résider fréquemmentici, au fond des bois, dans son pa-villon Montpensier, quand ellen’est pas embringuée dans quel-que cérémonie commémorativeeudoise. Sa succession locale estprête, dynastie oblige, puisquel’un de ses quarante petits-enfantsa été titré comte d’Eu.

Le château, cœur de ce disposi-tif touristico-historique, n’étaitvers 1830 qu’une « baraque avecdes corridors ondulés comme desvagues, tremblant en cas de tem-pête », a raconté Joinville, l’un descinq fils de Louis-Philippe. Le sou-verain fit redresser couloirs et tou-relles, installer baignoires et gale-ries de peinture, afin d’y recevoirdignement sa collègue d’outre-Manche et sa propre nombreusefamille, surnommée la « ménage-rie ambulante » par Joinville.

Le roi-citoyen s’attacha à telpoint à sa résidence des confinsnormando-picards qu’il lançaitparfois à ses ministres : « Si on mefait trop de misères, je me retireraià Eu avec ma bonne reine. » Lesémeutiers parisiens de février 1848ne lui laissèrent pas ce loisir. Il allamourir en Angleterre, chez son ex-visiteuse, la reine Victoria.

Néanmoins le manoir in-commode est à présent le sièged’un musée Louis-Philippe, à lafois riche et de bric et de broc, unpeu comme les salles Napoléon IIIà Compiègne : œuvres d’art etétoffes jaunies. Le public appréciece côté désordre, familier, non in-timidant, mais qui désole lesadeptes d’une muséologie plus ri-goureuse, susceptible, il est vrai,d’empêcher vols de chandeliers oud’espagnolettes. Ce qui est sûr,c’est que, après les restaurationscontre les dégâts des eaux en1993-1996, Eu reste gravement me-nacé par la mérule, terrible cham-pignon dévoreur de boiseries,qu’elles soient en charme, ébène,chêne, palissandre ou acajou. AEu, on ne le dirait pas, mais mêmeles parquets sont cosmopolites.

Jean-Pierre Péroncel-Hugoz

A U J O U R D ’ H U I - V O Y A G E S LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 27

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Ensoleillé

Peu nuageux

Couvert

Averses

Pluie

Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE VARSOVIE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR KINSHASA

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

23 OCTOBRE 1997

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23 OCTOBRE 1997

28 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 A U J O U R D ’ H U I

MOTS CROISÉS PROBLÈME No 97233 BRIDGE PROBLÈME No 1759g SOS Jeux de mots :

3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

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II

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IV

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VI

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IX

X

HORIZONTALEMENTI. Retour à la vie active après un

régime sec. – II. Se nourrit sur le dosdes ouvrières. Forme de devoir. – III.Son temps de pose dépend du photo-graphe. Combat le racisme sous toutesses formes. – IV. Ville des Pays-Bas. Un

empire pour les Chinois. – V. Bienvenue. Sorti du lot. – VI. Mis en place.Toujours vers l’Orient. – VII. Marquede qualité. Mettais le poids. – VIII. Fit leménage à la maison en rentrant d’ungrand voyage. Ouvre la marche.Appréciation convenable. – IX. Au

début du siècle. Remettre sur sonsiège. – X. Traitassions à fond le sujet.

VERTICALEMENT1. Pour elle, c’est impossible de tra-

vailler sans filet. – 2. Toujours lyriquedans ses envolées. Accessoire de bain.– 3. Remerciées vivement. En Vendéeet en mer. – 4. Labiée à fleurs jaunes.Personnel. – 5. Font le plein des sens. –6. Colère d’hier. Agira par surprise. – 7.Sur les roses. Ouverture vers la sortie.Vient d’être. – 8. Blanches et pures. – 9.A quitté Rome pour administrer noscommunes. Liai n’importe comment.– 10. Qui peuvent corrompre. Zeus entomba vachement amoureux. – 11.Bien astiquées. Acide ribonucléique. –12. Tient bon. Supports d’essais ousupports de succès.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97232

HORIZONTALEMENTI. Hagiographie. – II. Aciculaire. – III.

Ut. Triplette. – IV. Têtes. Péta. – V. Suer.Rossini. – VI. Freezer. Rap. – VII. Os.Sortilège. – VIII. Elu. El. – IX. Dépura.Orgue. – X. Servomoteurs.

VERTICALEMENT1. Hauts-fonds. – 2. Acteurs. Ee. – 3.

GI. Tee. RPR. – 4. Ictères. UV. – 5. Ours.Zorro. – 6. Gli. RER. Am. – 7. Rapporte.– 8. Ailes. Ilot. – 9. Prêts. Lure. – 10.Hétaïre. Gu. – 11. Nageur. – 12. Erési-pèles.

MESURE D’URGENCECette donne a été jouée en partie

fixe, à Marbella, il y a de nom-breuses années. En Est-Ouest, LeDentu et D’Alelio étaient associéset allaient faire chuter ce contratde quatre Cœurs.

; R V 7 4K A R V 7L 6' R 8 5 2

; 6 ; 9 5 3 2K D 4 3 2 K –L D V 7 5 L A 10 9 4 2' D V 6 4 ' A 9 7 3

NO E

S

; A D 10 8K 10 9 8 6 5L R 8 3' 10

Ann. : O. don. Pers. vuln.

Ouest Nord Est SudJ.L.D. X... D’Alelio Y...passe 1 ' passe 1 Kpasse 3 K passe 4 K...

Ouest ayant entamé le 6 dePique pour le 4 du mort et le 9d’Est, Sud a pris avec le 10 dePique et il a joué le 10 de Cœurpour le 2 d’Ouest, le Roi de Cœuret le... 2 de Carreau d’Est. Le dé-clarant a alors rejoué le 6 de Car-reau du mort. Quelle carte D’Ale-l io , en Est , a-t- i l fournie, etcomment la défense a-t-elle faitchuter le contrat de QUATRECŒURS ?

RéponsePour savoir si Est doit laisser

passer ou prendre de l’As deCarreau, il faut chercher à quoicorrespond l’entame à Pique.C’est la plus petite des cartesvisibles, et on doit supposer quec’est un singleton ou la pluspetite de trois ou quatre cartessans l’As. Conclusion : le 6 dePique est un singleton ou untripleton avec D 8 6 (puisqu’il y aR V au mor t e t que Sud aforcément l’As). Mais, si Ouest n’apas la coupe à Pique, on ne peutfaire chuter le contrat. D’Alelios’est donc précipité sur l’As deCarreau pour rejouer le 2 dePique.

Ouest a coupé et, pour redon-ner la main à Est, il a contre-atta-qué Trèfle. Mais quelle carte ? At-tention ! il faut se méfier de laroutine qui consiste à jouer laDame que le déclarant ne couvrirapas avec le Roi. Devant ce danger,Ouest n’a pas joué la Dame, maisle Valet de Trèfle. Est a mis l’As, etun second retour à Pique a faitchuter le contrat...

L’ÉQUIPE DES AMÉRICAINES

Deux des joueuses de l’équipeaméricaine qui devait jouer auxOlympiades de Salsomaggioreont réussi ce chelem qui a contri-bué à leur qualification lors de lasélection.

; R D V 4 3K A V 3L V' D V 4 3

; A 10 9 7 ; 8 6 5K 8 K D 5 4 2L 10 9 7 5 4 L R D 8' 10 9 7 ' 6 5 2

NO E

S

; 2K R 10 9 7 6L A 6 3 2' A R 8

Ann. : S. don. N.-S. vuln.

Sud Ouest Nord Est1 K passe 1 ; passe2 L passe 3 ' passe3 SA passe 4 K passe4 SA passe 5 L contre6 K passe passe passe

Ouest ayant entamé le 10 de Car-reau, quel a été le plan de TobiDeutsch, en Sud, pour réussir cePETIT CHELEM À CŒUR ?

Note sur les enchèresLorsque, sur « 3 SA », Nord a

donné un soutien à Cœur, Sud acompris que Nord avait neuf cartesnoires et, par conséquent, un sin-gleton à Carreau. Un chelem deve-nait possible s’il n’y avait pas deuxAs dehors. Avec une main un peumoins belle, Nord aurait dit« 4 Cœurs » au deuxième tour.

Philippe Brugnon

Fiche pratiqueb Il existe d’autres méthodes delutte : pièges à taupes, appâtsempoisonnés à l’alphachloralose.Il faut mélanger cette substance àune certaine quantité de vers deterre, préalablement tués, en lessectionnant aux deux extrémités,pour éviter que la poudre nedisparaisse au fur et à mesure quele ver s’enfonce dans le terreau.Certains produits comme leRacan, utilisé par les groupementsde défense contre les ennemis des

cultures, ont l’avantage de tuer lever de terre.b La strychnine est un moyen delutte très efficace, exclusivementréservé aux traitements collectifspar les groupements de défensedes cultures. Ce produit toxique,et dont l’utilisation a parfois étémalveillante, devrait être interditen 1998.b Les saisons les plus propices àl’élimination des taupes sontl’automne et le printemps.

b A lire : le numéro spécial(n 68-69) de La Hulotte (08240Boult-aux-Bois) consacré à lataupe, au deuxième semestre 1993(92 p., 27 francs).b Les stages organisés par laDRAF de Caen sont égalementouverts aux particuliers. Lesparticuliers titulaires du certificatont le droit de traiter leurspropres parcelles. DRAF, 6boulevard du Général-Vannier, BP5181, 14070, Caen cedex.

JARDINAGE

Se débarrasser des taupes, mais pas à n’importe quel prixQU’ELLES défigurent les pré-

cieux gazons bourgeois de cratèresdisgracieux, ou qu’elles fassentmonter le taux d’acide butyriquedans le lait des vaches, tout pro-priétaire d’un carré d’herbe, grandou petit, en veut aux taupes. Mais,les dessins animés de Tex Avery enfont foi, la taupe se rit de tous lespièges.

Si l’on tient à se débarrasser deces petits animaux, c’est la chimiequi donne les meilleurs résultats.On utilise actuellement des pas-tilles de phosphure de magnésium,de calcium ou d’aluminium. Aucontact de l’humidité, elles li-bèrent un gaz, le phosphure d’hy-drogène (PH3), qui se répand dansla galerie et asphyxie les taupes. Ila l’avantage de ne pas laisser derésidu toxique dangereux pour lesanimaux qui s’empareraient de ladépouille.

Ce gaz peut être mortel dans unlieu fermé, surtout s’il est stockédans un endroit humide et insuffi-samment ventilé. Sa mise enœuvre est donc réservée aux seulstaupiers ayant obtenu un certificatde qualification (loi no 92-533 du17 juin 1992), ou travaillant dansune entreprise titulaire d’un« agrément gaz taupes » délivré

par le service de la protection desvégétaux, de la direction régionalede l’agriculture et de la forêt(DRAF).

Pour traiter sa propriété (1 hec-tare), Philippe B. a donc fait appelà un taupier. Celui-ci, qui résidait à300 kilomètres, a réclamé3 800 francs, plus 2,20 francs parkilomètre, pour le déplacement.« Exorbitant pour trois heures detravail, d’autant que le taupier avaitofficié chez neuf autres clients, pres-sentis par mon paysagiste, et que lestaupes ont rapidement réapparu »,estime Philippe B.

Tous les taupiers ne pratiquent

pas des tarifs aussi élevés. Pour unterrain d’un hectare, des profes-sionnels moins gourmands de-mandent 1 900 francs, plus 2 francsle kilomètre pour le déplacement,qui peuvent être ramenés à un for-fait de 600 francs s’ils viennenttraiter plusieurs domaines dans lesecteur.

PRODUIT IMPORTÉIl s’agit là des prix pour les parti-

culiers ; pour les agriculteurs, il estde 800 francs l’hectare. Les tarifssont libres, et on peut faire jouer laconcurrence, car le nombre de tau-piers a beaucoup augmenté : ils

étaient 35 en 1995, ils sont 51 au-jourd’hui.

La plupart avancent le même ar-gument pour justifier le prix : leproduit utilisé, importé d’Alle-magne, coûterait très cher. C’estinexact. Renseignements pris au-près d’un fabricant, Degesch Mag-taupe, le prix du kilo (soit1 660 pastilles) est de... 300 francs,et il n’en faut guère plus pour trai-ter un hectare !

Certes, les taupiers supportentdes frais. Pour obtenir le certificatde qualification, ils doivent suivreun stage organisé par le service dela protection des végétaux du mi-

nistère de l’agriculture, de la pêcheet de l’alimentation, coordonnéepar la DRAF de Caen : 3 500 francspour trois jours et demi. Le taupierdoit également acheter le maté-riel : une canne pour distribuer lespastilles dans les galeries(2 500 francs), un masque(1 000 francs), une sonde(150 francs), une bouteille de pro-duit et divers accessoires destinésau nettoyage et au rangement dumatériel. Il lui faut égalementsouscrire une assurance couvrantsa responsabilité civile profession-nelle pour le maniement de pro-duits toxiques.

L’applicateur doit connaître labiologie et les mœurs de l’animal.La taupe creuse une galerie princi-pale, et des galeries périphériquesqui servent à la chasse. Elle senourrit de vers de terre et de larvesd’insectes. Il faut donc déposer lespastilles qui dégageront du phos-phure d’hydrogène dans la galerieprincipale, celle où la taupe effec-tuera six passages à heures fixespour regagner son nid : entre 7 et8 heures, 11 h 30 et midi, 16 heureset 20 heures. Car la taupe mèneune vie régulière qui comporte unealternance de moments de « tra-vail » (chasse et forage de galeries)

et de repos. « La galerie principalese trouve souvent à l’aplomb d’ungrillage ou d’un talus, tous lieux oùl’homme ne passe pas », expliqueJacky Leroy, taupier à Melaine-sur-Aubance (Maine-et-Loire).

L’efficacité du traitement dé-pend à la fois de la nature du ter-rain et de son environnement. Unepropriété jouxtant un bois humideou des pâturages non traités serainéluctablement réoccupée par destaupes qui s’empresseront desquatter les galeries laissées vides.La taupe creuse sans cesse de nou-velles galeries à la fois pour agran-dir son terrain de chasse et parcequ’elle est obligée de combler unepartie de ses anciennes galeriespour se débarrasser des gravatsqu’elle ne peut pas tous remonterà la surface.

C’est pourquoi il est si difficilede se débarrasser des taupes, sur-tout si les voisins n’effectuent au-cun traitement. Philippe B., qui estjustement dans ce cas, a deux solu-tions : conclure avec son taupierun contrat d’entretien prévoyantplusieurs passages, ou apprendre àvivre avec les taupes, voisines dis-crètes et pacifiques.

Michaëla Bobasch

LE CARNETDU VOYAGEUR

a MEXIQUE. La ville d’Acapul-co, comme les autres villes duPacifique touchées par l’oura-gan Pauline, revient à la nor-male et l’aéroport a complète-ment repris son trafic.a ALLEMAGNE. British Mi-dland inaugure, le 27 octobre,une nouvelle l iaison quoti-dienne Londres-Dresde, vial’aéroport de Cologne-Bonn.Cette nouvel le f réquences ’a joute au vol quot id ienLondres-Dresde, via Munich,opéré par Lufthansa.a FRANCE. Les jeunes quiachèteront une carte SNCF 12-25 ans d’ici le 30 novembre bé-néficieront de deux mois de va-lidité supplémentaire gratuits.a CHINE. Un hôtel Holiday Innvient d’ouvrir à Tianjin, la plusimportante ville portuaire dunord de la Chine. En 1998 deuxautres établissements doiventouvrir à Jinan et à Hangzhou.

Situation le 22 octobre à 0 heure TU Prévisions pour le 24 octobre à 0 heure TU

Soleil au nordL’ANTICYCLONE situé au nord

des îles Britanniques dirige sur lenord du pays un flux d’est, avec del’air froid et sec. Jeudi, un frontfroid traverse la Méditerranée, ap-portant de la pluie et des oragessur l’extrême sud du pays.

Bretagne, Pays-de-Loire,Basse-Normandie. – Les nuagesseront nombreux le matin, mais lesoleil reviendra par le nordl’après-midi. Le vent d’est souffle-ra modérément en Manche. Lestempératures maximales avoisine-ront 14 à 16 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Le temps sera frais etbien ensoleillé toute la journée. Levent de nord-est restera faible àmodéré. Le thermomètre marque-ra 11 à 13 degrés au meilleur mo-ment de la journée.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. –Après dissipation de quelquesbrumes ou brouillards locaux, lajournée s’annonce bien ensoleilléeet fraîche. Au lever du jour la tem-

pérature sera proche de 0 degré, etl’après-midi elle ne dépassera pas10 à 13 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Sur Midi-Pyré-nées, le temps restera maussade,avec de la pluie et parfois desorages près des côtes. Ailleurs, lesnuages resteront nombreux avecun peu de pluie, se limitant au sudde l’Aquitaine l’après-midi. Il fera18 à 21 degrés l’après-midi.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Le ciel restera très nua-geux une bonne partie de la jour-née. Les éclaircies deviendrontplus belles sur le nord des régionsl’après-midi. Les températuresmaximales avoisineront 16 à 19 de-grés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur,Corse. – Le temps restera couverttoute la journée, avec de la pluieet des orages. Le vent d’est souf-flera à 50 km/h en rafales près dulittoral varois. Les températuresmaximales avoisineront 20 à22 degrés.

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C U LT U R ELE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

La bonne combine de six chômeurs anglais The Full Monty. Lorsqu’une demi-douzaine de gars de Sheffield sans travail se transforment en strip-teasers, le résultat est forcément inattendu.

Ce film hilarant sonde l’étendue des complexes des hommes face à leur propre corps et face au désir féminin. Le résultat est sans appelFilm anglais de Peter Cattaneo.Avec Robert Carlyle, Tom Wil-kinson, Mark Addy, LesleySharp. (1 h 32.)

Un film où un homme a besoind’un nain de jardin pour dissimu-ler ses parties intimes sort forcé-ment de l’ordinaire. Non quecette nudité soit vraiment remar-quable, mais cette utilisation dé-tournée du nain de jardin feradate. Parmi les mille et une mer-veilles de The Full Monty, il y acette façon très audacieuse qu’ason réalisateur Peter Cattaneo detout détourner, de prendre lesobjets qui l’entourent et de leurattribuer un usage inédit. Le petitmonde de The Full Monty marchesur la tête, il instaure le chaos gé-néralisé, le tohu-bohu en règled’équerre : les uniformes de vi-giles de supermarchés sont trans-formés en frous-frous de strip-teasers, les bureaux de l’ANPE ensalle de jeux et de paris clandes-tins, et les nains de jardin encache-sexe.

Seule la première séquence dufilm offre une véritable impres-sion de sérénité. Un film en su-per-8, tout à fait authentique,tourné au début des années 70que Robert Cattaneo s’est simple-ment contenté de remonter, nousprésente la ville anglaise de Shef-field comme un havre de paix,une Silicon Valley en puissance.Le premier jour, Dieu a créél’acier, le second, les hauts four-neaux, et le septième la prospéri-

té économique, synonyme de joieet de richesse. Autant de cadeauxdu ciel qui doivent, à en croireson narrateur enthousiaste, ame-ner touristes et investisseurs.

TRAITEMENT DE CHOCVingt-cinq ans plus tard, le pa-

radis ressemble à un vaste terre-plein truffé d’usines désaffectées,alors que les ouvriers de la sidé-rurgie ont appris les joies du chô-mage à temps complet. Le cielsemble être tombé sur la tête deSheffield, mais même pas, lescieux ne tombent pas pour si peu,et Sheffield est toujours là : noire,sale, bétonnée, et pourtant trèsfréquentable. C’est là que Gaz (ledésormais inoubliable RobertCarlyle, dont le talent déjà patentdans Trainspotting et Carla’s Song

éclate au grand jour), un chômeurd’une trentaine d’années, compteles jours et les pounds dans sonportefeuille afin de payer sa pen-sion alimentaire et continuer devoir son gamin. Il y a plusieursmoyens de s’acquitter de cettedette : collecter les subsides deplus en plus rares du gouverne-ment britannique, voler un blocde béton de plusieurs dizaines dekilos et le revendre mais, à en voirle résultat sur l’écran, la tâche estvouée à l’échec. Reste un traite-ment de choc : vendre son corpset se transformer en Chippendale– ces strip-teasers au torse glabre,gavé d’hormones et de stéroïdes,dandinant leur derrière et leurcrinière devant un parterre defemmes déchaînées. Cette solu-tion est bien évidemment la plus

absurde, encore qu’elle ait déjàété testée maintes fois depuis lasortie de The Full Monty enGrande-Bretagne et aux Etats-Unis.

C’est par hasard, en déambu-lant un soir dans les rues, que Gaza la révélation, observant à tra-vers un trou dans le mur, en in-trus, comme James Stewart avecses jumelles dans Fenêtre sur cour,le spectacle de femmes, fuyant lamédiocrité du domicile conjugal,ivres devant des bibendums dan-sants. Pour Gaz, il y a bien un se-cret derrière la porte, et le percerc’est se sortir de la fange, passerdu statut encombrant de chô-meur permanent à celui plus lu-cratif de danseur intermittent.Pour cela il faut aller plus loin,créer un spectacle où les hommes

ne se contenteront pas de pos-tures lascives, mais enlèverontaussi le bas.

The Full Monty n’est bien sûr pasun documentaire sur les Chippen-dales, mais une enquête sur la ma-nière dont les hommes imaginentle désir féminin. Peter Cattaneon’interroge pas nos fantasmes,mais cherche à sonder l’étendue denos complexes. Et ils sont légion.Dans cette réunion d’inadaptés re-crutés par Gaz parmi les chômeursdu coin, on compte un obèse, unprofesseur de tango qui n’ose pasavouer à sa femme qu’il a perduson boulot, un Noir chauve et cin-quantenaire qui danse comme undieu, un roux raide et filiforme, unplayboy de Prisunic dont le seulatout réside dans le sexe horsnorme dont la nature l’a doté. Il y a

forcément un détail, une partie ducorps, qui agit sur le spectateurcomme un miroir tendu où se re-flètent notre imperfection, notreincapacité et notre faiblesse.

Dans une très belle scène, un deschômeurs-danseurs tente, pourimpressionner Gaz, d’imiter FredAstaire et de danser lui aussi surles murs, avant de se faire lamen-tablement rattraper par les lois dela gravité. Fred Astaire pouvait ef-fectivement faire alliance avec unplafond ou un porte-manteau. Etredélivré de la pesanteur restait laseule façon de rester éveillé dansson rêve. Peter Cattaneo nousmontre l’inverse dès sa premièreséquence documentaire, modèleparfait de détournement desimages : il n’y a plus de rêve, lesapprentis danseurs ont les piedscoulés dans le béton. C’est cetteabsence de sublimation qui est hi-larante. Armés de leur glorieuse in-capacité à mettre un pied devantl’autre, les personnages de The FullMonty apprennent qu’un régime dedanseur consiste à se compresserle ventre avec des rubans de cello-phane en mangeant des barreschocolatées, et à rester le nez collédans le gazon, ou qu’un mouve-ment chorégraphique n’est riend’autre que la transposition scé-nique du hors-jeu footballistique.A défaut de créer des vocations,une telle méthode devrait aumoins susciter l’enthousiasme duspectateur devant un film aussi in-telligent, fin, responsable, et drôle.

S. Bd

Peter Cattaneo, réalisateur

« J’ai déconseillé à mes acteursd’aller voir les Chippendales »

« Comment avez-vous financévotre film ?

– Le script a été financé par Channel Four, ce qui n’a rien d’étonnant vu que la plupart des

films enGrande-Bre-tagne se fontsous l’égide decette chaîne oude la BBC. MaisChannel Fourn’avait pas lesmoyens d’aller

plus loin. Fox Searchlights, l’an-tenne art et essai de la Fox, est arri-vé et s’est occupé de racheter tousles droits.

– Avez-vous fréquenté desboîtes de Chippendales ?

– Surtout pas et j’ai déconseillé àmes acteurs de le faire. The FullMonty est basé sur l’idée que l’onpeut se faire des Chippendales. Pluscelle-ci sera fausse, plus je seraicontent. On ne voit de toute façonaucun Chippendale dans le film.

– Comment expliquez-vousque le film soit devenu un telsuccès aux Etats-Unis ?

– Il devrait amasser 30 millionsde dollars (180 millions de francs)de recettes là-bas, ce qui esténorme pour un film anglais. Maisje crois que l’histoire est très uni-verselle et développe un ressort decomédie classique : vous n’avezplus rien, tout vous échappe, vousvous raccrochez à l’idée la plus ab-surde pour vous en sortir et cela fi-nit par marcher. La structure estdonc très simple, et à partir de là jepouvais rajouter des idées lou-foques. La question du corpssemble beaucoup préoccuper lesAméricains, et le fait que l’on voitces hommes nus, sans fioritures, leventre à l’air, avec pour, certains,beaucoup de graisse, a frappétoutes les associations du type« Overeater anonymous » (obèsesanonymes) qui se battent pour quela graisse ne soit plus considéréecomme un handicap ou une formede laideur.

– Avez-vous pu bénéficier detoute la liberté dont vous aviezbesoin durant le tournage ?

– Tout à fait. On nous a bien faitcomprendre que tout se ferait dansla liberté la plus complète. Je n’aijamais entendu la moindre re-marque durant la production. Nousavons eu quelques discussions aumoment du casting et du montage,mais sans plus. Nous avions unbudget très modeste de 2 millionsde dollars, les enjeux n’étaient pasénormes. Le rêve d’une compagnieindépendante est un film de 2 à 3millions dollars avec le retentisse-ment de Quatre mariages et un en-terrement, c’est ce qu’ils appellent le« crossover potential », un film quipeut avoir un public de plusieursnationalités appartenant à desclasses sociales différentes.

« C’est devenu le filmque les jeunes mariésvont voir pour enterrerleur vie de garçon ou de jeune fille »

– Le succès du film en Grande-Bretagne est-il aussi importantqu’aux Etats-Unis ?

– Il est en train d’égaler les re-cords de Quatre mariages et un en-terrement. C’est devenu le film queles jeunes mariés vont voir à laséance de minuit pour enterrerleur vie de garçon ou de jeune fille.Le plus étrange est que je lis main-tenant des articles sur des chô-meurs dans le Yorkshire qui sontvéritablement devenus strippers.Nous avons fait la première dufilm à Sheffield dans un multi-plexe. Les spectateurs étaient trèsméfiants, ce que je comprends : latélévision locale en avait parlétoute la journée, nous avions beauêtre anglais le financement du filmétait américain et ils se deman-daient pourquoi on avait besoinde mettre des chômeurs à poil. Lepremier quart d’heure a été épou-vantable, la salle ne bronchait pas,et puis elle s’est petit à petit déten-

due. A la fin, tout le monde étaitdebout.

– Comment expliquez-vousque ce soit une compagnie amé-ricaine et non britannique qui aitproduit The Full Monty ?

– J’ai commencé à chercher unproducteur durant l’été 1995. LaBBC n’a pas accroché, ils n’avaientpas beaucoup d’argent, et, à partirde là, où pouvais-je me diriger si cen’est vers les Etats-Unis ? La situa-tion a considérablement évolué enGrande-Bretagne depuis cettedate, la loterie nationale reverseune partie de ses gains dans la pro-duction cinématographique, lenouveau gouvernement travaillistes’est aussi engagé à soutenir le ci-néma.

» Malgré le succès colossal dufilm, mon producteur, mon scéna-riste et moi ne voyons qu’une par-tie infime des revenus du film. Dequoi payer mon loyer pour unebonne année sans me faire de sou-cis, mais certainement pas de quoimener la grande vie. Entre les partsdistributeurs et producteurs, les in-vestissements marketing, nous nevoyons pratiquement rien en re-tour. Comment aurait-il pu être au-trement ? Le simple fait de trouverun producteur était énorme, nousétions prêt à faire le film à leursconditions.

– Après The Full Monty, allez-vous travailler à Hollywood ?

– Sans doute. Je suis frappé devoir la différence de comportemententre un producteur anglais et unproducteur américain. Si ce derniers’intéresse à votre cas, il ne vouslâche pas d’une semelle, et vousappelle dix fois par jour si c’est né-cessaire jusqu’à ce que vous disiezoui. Il vous propose trois scénarios,deux livres à adapter, un voyage enpremière classe à Los Angeles justepour voir, et des rendez-vous avecles stars de votre choix. Et derrièrese profile un chèque énorme. Jesuis pourtant convaincu que l’onpeut faire aussi bien avec une toutepetite partie de ce rêve.

Propos recueillispar Samuel Blumenfeld

A la conquête de l’AmériqueVingt-deux millions de dollars au box-office américain, dix se-

maines après sa sortie (le record de l’année dans la catégorie in-dépendants). The Full Monty a une belle chance d’être nominé auxprochains Oscars. David Dinerstein, vice-président du marketing deFox Searchlight, a organisé des projections gratuites destinées à sti-muler le bouche-à-oreille dans une dizaine de villes américaines. Lefilm débute dans un nombre restreint de salles et, à la mi-août, l’im-plantation grimpe jusqu’à 800 cinémas en huit semaines, un chiffreabsolument record pour un film indépendant (dont la présencemoyenne plafonne généralement à 150 salles).

Le public initial était composé de 60 % de femmes et de 40 %d’hommes, « parce qu’au début les hommes croyaient que c’était justeune histoire de chômeurs qui se déshabillent », commente Dinerstein,mais la répartition s’est rééquilibrée, et le film attire tous sexes, raceset âges confondus. « Ces gars-là ressemblent plus à mon petit ami queBrad Pitt ou Richard Gere », admet une fan du film. Et les femmesaméricaines commentent avec plaisir l’inversion d’une situation oùdes hommes comprennent ce qu’il en coûte de se dénuder.

« The Full Monty » : l’histoire de chômeurs anglais qui tentent de s’en sortir en enlevant le bas.

TOM

HIL

TON

Un film culte en Grande-BretagneLONDRES

de notre correspondantJamais sans doute un film bri-

tannique n’aura autant pris le pu-blic et les critiques d’Albion parsurprise que The Full Monty. Sortile 29 août, il a déjà dépassé leplus grand succès outre-Manche,Quatre mariages et un enterrement,de Mike Newell, et se rapprochedes trois films records du box-of-fice, Jurassic Park, de Steven Spiel-berg, Independence Day, de Ro-land Emmerich, et MIB Men inblack, de Barry Sonnenfeld.

Plus qu’un spectacle passif, TheFull Monty − une expression localeremise au goût du jour et que l’onpeut traduire par « la totale » ou« le grand jeu » – est un film quifait vibrer les spectateurs britan-niques. En particulier dans l’an-cienne région industrielle du sudduYorkshire et de Sheffield, où il aété réalisé.

IDENTIFICATION DU PUBLICLes deux complexes multisalles

de Sheffield – Meadow Hall et UCI– passent le film à guichets fermésdans plusieurs salles à la fois. Lepublic s’identifie parfois à la der-nière scène, celle d’un strip-teasemasculin, participant au spectaclecomme les femmes surexcitées dufilm. The Full Monty est désormaissur toutes les lèvres, nous dit An-drew, un jeune du coin : « Il y aquelques jours à Sheffield on a sur-nommé le championnat du mondede boxe avec Prince Naseem : “ La

nuit du jugement, The Full Mon-ty.” » Selon le producteur UbertoPasolini, certains spectateurs ontdéjà vu le film deux ou trois fois,et il n’est pas rare que des femmesaillent en bande voir le film lorsde « Hen’s Nights » (littéralementdes nuits de cocottes).

Un député travailliste de la ré-gion y retrouve « un éloge de lacréativité de mes électeurs danscette région dominée par le char-bon et l’acier qui a été détruite parMme Thatcher. On y voit l’idée de ré-volte à travers la culture – en l’oc-currence le strip – comme la fan-fare dans un autre film tourné parici, Les Virtuoses [de Mark Her-man]. The Full Monty montre quela société civile est si profondémentancrée ici que Maggie n’a pas réus-si à détruire sa résistance et sonsens de l’humour. Il décrit aussi ladébrouille, le soutien mutuel et in-dique que la page de la récessionest tournée, que les gens sont prêtsà tout faire pour avoir un boulot ».Même en acceptant, au senspropre, de baisser leur pantalon,ce qu’ils s’étaient toujours refusésà faire au sens figuré.

Ancien critique, producteur etlui-même originaire du Yorkshire,David Roper explique le triomphed’un film devenu l’objet d’un culteau bout seulement de quelquessemaines parce qu’il « symbolisel’optimisme et que les gens sesentent mieux depuis l’élection deTony Blair le 1er mai. Il fournit unesorte d’espoir, d’amusement, même

s’il est superficiel, une image quetout le monde souhaite, la démons-tration que l’on peut réaliser sessouhaits. Par contre, Les Virtuoses,c’était trop triste, ça faisait trop fishand chips ».

« Il existe un sens de l’humourspécifique dans le Nord » (de l’An-gleterre), explique David Lechtne-ker, critique de cinéma du journalde la ville voisine de Rotherham,l’Advertiser : « Il est plus culotté ;ici, les gens ont le sens de l’ironie etrient plus facilement qu’àLondres. » Le fait qu’ils aient parti-cipé au tournage leur a donnél’impression d’appartenir au film.Beaucoup ont fait de la figuration,connaissent quelqu’un qui en afait, ou qui connaît quelqu’un quia tourné un petit bout de rôle ; ilsrient de coups foireux qu’ils ontparfois vécus, se moquent d’eux-mêmes avec un humour qui nemanque pas de verdeur. Cela té-moigne aussi, ajoute-t-il, d’unboom de l’industrie du cinéma auYorkshire, où l’on tourne actuelle-ment Among Giants, un film ra-contant l’histoire d’alpinistes re-crutés pour peindre des poteauxtélégraphiques...

« PERSONNAGES TENDRES »Producteur heureux, Uberto Pa-

solini est lui aussi très surpris deson succès. Certes il voulait tour-ner dans les friches industriellesde Sheffield avec des chômeursdans des rôles principaux, mais ilreconnaît qu’il a eu de la chance :« On peut faire un bon film, un filmsympa, jouer avec le public. Maison ne peut pas savoir à l’avance sicela va être un hit. » « J’ai voulusortir des caractères violents, choi-sir des personnages tendres en des-sous de la surface », ajoute-t-il, re-connaissant à l’occasionl’influence du cinéma italien, deMonicelli à Olmi.

Mais ce qui lui plaît le plus, c’estd’avoir pu démontrer, à Sheffieldcomme dans le reste de l’Angle-terre, qu’il existait un public pourles films anglais et pas unique-ment pour le cinéma américain.N’empêche, The Full Monty faitautant un tabac outre-Atlantiqueque chez les chômeurs du York-shire.

Patrice De Beer

CINÉMA Décapant, réjouissantet subtil, The Full Monty narre la re-conversion de chômeurs de Shef-field dans le strip-tease masculin.Emmenée par l’excellent Robert Car-

lyle, la comédie de Peter Cattaneodresse un inventaire hilarant descomplexes des hommes face à leurcorps. The Full Monty a battu les re-cords d’entrée dans le Royaume et

réalise aux Etats-Unis la meilleureperformance de l’année dans la ca-tégorie indépendants. b STEVENSPIELBERG lâche à nouveau ses di-nosaures avec Le Monde perdu

(page 30), remake plus que suite deJurassic Park. Juteuse entreprise deproduits dérivés, ce film ennuyeux(un comble) est un échec artistique.b MICHEL PICCOLI, pour son pre-

mier passage derrière la caméra,réussit, à l’âge de soixante-douzeans, un coup de maître. Alors voilà,(page 31), ne sert qu’un héros : lecinéma.

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30 / LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 C U L T U R E

L’exploitation du dinosaureLa rentabilité des grosses bêtes de Steven Spielberg n’a pas de limites

LOS ANGELEScorrespondance

A Hollywood, on ne parle plusd’une bonne « idée » de scénario,mais d’une « franchise », c’est-à-dire d’un concept aux retombéesfinancières multiformes et illimi-tées. En ce sens, les dinosaures deMichael Crichton et de StevenSpielberg ont produit le modèlemême du cinéma lucratif. Depuissa sortie en 1993, Jurassic Park arapporté la somme colossale detrois milliards de dollars (1 dollar =5,95 francs), dont un tiers provientde la vente des produits dérivés.

Avec Le Monde perdu, le studioUniversal (qui partage à 50 % lesdroits de copyright avec AmblinEntertainment, la société de Spiel-berg) entend battre ses propresrecords. La centaine de licences defabrication, octroyées aux plusgrands dirigeants des différentssecteurs de consommation, dé-clinent les dinosaures sous toutesleurs formes, dans toutes les ma-tières, et pour tous les usages. Jus-qu’à l’écœurement. « Nous avonspoussé le concept des produits déri-vés à son extrême. Il y a tout ce quevous pouvez imaginer ! », confirmeTim Rothwell, vice-président dudépartement des produits deconsommation d’Universal, à pro-pos de la myriade de gadgets lan-cés à l’assaut du marché intérieurpuis international, en synchroni-sation avec la distribution du film.Ce merchandising suit la courbedu box-office hollywoodien, quitire aujourd’hui plus de la moitiéde ses ressources des territoiresétrangers.

Bien sûr, il y a les classiques :T-shirts, casquettes et visières, lu-nettes, stylos, papeterie, calen-driers, gobelets, savons, brosses àdents, montres, porte-clés, bad-

ges, sacs de voyage, étiquettes devalise, lampes de poche, para-pluies, cartes de téléphone (encollaboration avec MCI). Alorsqu’aujourd’hui 50 % de l’industriedu jouet américain est liée à desthèmes cinématographiques, LeMonde perdu se place en tête desventes, avec ses personnages etdinosaures animés, ses voitures etcerfs-volants télécommandés, lesarmes, les jeux de construction,les puzzles, les dinos qui mordent(un peu), un Velociraptor électro-nique, bref une armée de jouetsqui devraient se retrouver sous lessapins de Noël, lesquels pourrontmême être décorés avec desboules jurassiques.

VALEUR AJOUTÉEC’est dans le domaine du vête-

ment et des objets de décoration,que Le Monde perdu a intensifiéses efforts. Les dinosaures ont im-primé leur marque sur les maillotsde bain, boxer-shorts, petitesculottes, socquettes, pyjamas, te-nues et chaussures de sport, cra-vates, draps, duvets et couver-tures, services de table, tapis,coussins, serviettes de toilette etaccessoires de bain, gants (enforme d’œufs de dinosaures)...jusqu’aux pansements ! Dream-works Interactive (une desbranches du nouveau studio co-fondé par Spielberg) y est allé deses jeux informatiques, Sega a missur le marché des jeux vidéos etinteractifs, même un flipper où lesjoueurs de football ont été rem-placés par les monstres préhisto-riques. L’édition offre le « makingoff » du film, des planches de colo-riage, des bandes dessinées...

« Les partenariats ajoutent unevaleur considérable à notre fran-chise, environ 250 millions de dol-

lars de soutien promotionnel »,poursuit Tim Rothwell. Chez Bur-ger King, vous achetiez un ham-burger et pour 2 dollars de plus,vous receviez une montre à l’effi-gie de The Lost World. Les dino-saures sont toujours sur les barresde chocolat (Hershey), les cin-quante variétés de céréales de Ge-neral Mills, sans oublier Kodak,Tropicana, et Mercedes Benz.Grâce au fabricant automobile, LeMonde perdu a réitéré, cette foisavec le lancement d’une voiturede sport tout terrain, le joli coupde Jurassic Park, un des premiersfilms à avoir présenté, en démons-tration à l’écran, les produits di-vers associés à son thème (lecentre d’accueil montrait aux in-vestisseurs potentiels quelques-uns des gadgets prometteurs dejuteuses retombées commer-ciales).

Après l’ouverture de l’attractionJurassic Park aux studios Universalde Los Angeles, la fréquentationdu parc a augmenté de 35 %. Lamême attraction ouvrira en Flo-ride en 1999. Les dinosaures ontrempli les poches de Steven Spiel-berg, dont les gains pour les an-nées 1996 et 1997 sont estimés à313 millions de dollars par le ma-gazine Forbes, ce qui le place entête des revenus des personnalitésdu show-business (avec MichaelCrichton en quatrième place). Oui,le dino est un créneau vraimentporteur. Un fossile de T-Rex vieuxde 65 millions d’années vientd’être enlevé aux enchères de So-theby’s pour la somme de 8 4 mil-lions de dollars. C’est bien le seuldinosaure de la création sur lequelle réalisateur de Jurassic Park netouchera pas de royalties.

Claudine Mulard

DÉPÊCHESa Unifrance, l’organisme de pro-motion du cinéma français hors dupays a tenu le 15 octobre son comi-té directeur, qui a confirmé son ob-jectif stratégique de doubler les ré-sultats des films français en salles àl’étranger en faisant de l’Europe sacible prioritaire et en développantdes initiatives économiques et plusseulement de prestige. L’orga-nisme présidé par Daniel Toscandu Plantier a aussi annoncé que, àla demande des autorités mexi-caines, le deuxième Festival du filmfrançais à Acapulco était maintenu,du 19 au 23 novembre, malgré lecyclone qui a frappé la ville.a La vie du commandant Cous-teau va être portée a l’écran, selonHank Palmieri, directeur de la so-ciété National Geographic FeatureFilms. Dans un communiqué pu-blié à Los Angeles, il annonce l’ac-quisition, auprès de la CousteauSociety, des droits d’adaptation ci-nématographiques de la vie del’océanologue français et se dit êtreen contact avec plusieurs metteursen scène pour diriger ce projet.Francine Cousteau, veuve ducommandant Cousteau et prési-dente de la Cousteau Society, apour sa part déclaré que « le Natio-nal Geographic, au tout début de lacarrière de Jacques, a soutenu sontravail et, par l’intermédiaire du ma-gazine et de la télévision, a apportéson histoire aux masses. (...) Que leNational Geographic porte au grandécran l’histoire officielle de sa vie estexactement ce qu’il aurait voulu ».a Le prix « Arte Cerruti », destinéà soutenir le travail d’un étudiantde la Femis, a été attribué, le 18 oc-tobre, à Shiri Tsur, étudiante amé-ricano-israélienne pour son film defin d’études Sans doute, sans lui.Une mention spéciale a été attri-buée à l’Indien Partho Sen Guptapour Trajet discontinu. L’objectif duprix créé par Nino Cerruti est d’ai-der un diplômé d’une grande écolede cinéma à produire son premierfilm grâce à une dotation de100 000 francs.

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La ballade noiredes deux amis

Kini et Adams. Idrissa Ouedraogo inventeune épopée africaine sur grand écran

Film franco-burkinabé d’IdrissaOuedraogo. Avec Vusi Kunene,David Mohloki, Nthati Moshesh,Netsayi Chigwendere, John Ka-ni. (1 h 33.)

Kini et Adams est une fable, unechanson, une ballade. Et une ba-lade entre réalisme et mythologie,jeu de rôle et questions de prin-cipe. C’est l’histoire en apparencemodeste de l’amitié de deux types,mise à l’épreuve par l’arrivée d’unchantier qui aurait dû leur per-mettre de réaliser leurs rêves.

Et c’est une tentative her-culéenne de son auteur, IdrissaOuedraogo, d’inventer un nou-veau souffle pour le cinéma enAfrique, de poursuivre avec davan-tage d’ambition ce qu’il tentait dé-jà il y a cinq ans dans Samba Trao-ré : un récit épique africain avec lesmoyens du cinéma, quelque chosed’équivalent pour son continent àce que représenta le western pourl’Amérique. Bizarrement (mais est-ce si bizarre ?), personne, mêmeles défenseurs du cinéma africainet du « tiers-monde », n’a l’air trèsdécidé à suivre sur cette voie Oue-draogo, dont le film a été tiède-ment accueilli à Cannes.

Méfiance envers une Afrique quivoudrait s’inventer ses épopéespour le temps présent (épopée oùpas un Blanc n’apparaît) plutôtque de se plaindre sans fin de sadétresse ? Peut-être. Méfiance en-vers un genre lyrique, un rapportau monde « enchanté » – quoiquenullement complaisant –, méfianceenvers les symboles, méfiance en-vers les images alors que partouttriomphe leur contraire asservi,l’imagerie. Il est logique (pas seu-lement pour des raisons pratiques)que Ouedraogo soit allé tournerson récit, qui pourrait être situén’importe où, en Afrique du Sud :là où, peut-être, le continent noirse creuse un tunnel d’évasion vers

l’avenir. L’énergie de Kini et Adamstient au mélange des genres, à lamanière dont les trames de lacomédie de mœurs s’enchevêtrentaux chaînes de la fable tragique.Pour cela, il faut une interprétationqui échappe à la caricature, déli-vrant les personnages de leur ty-page utilitaire – autre bonne rai-son d’être allé tourner en Afriquedu Sud, et donc en anglais, ce filmqui aurait eu du mal à trouver enAfrique francophone des acteursrépondant à ses exigences.

PLAN PAR PLANParmi eux – parmi les comé-

diens, parmi les personnages – lesfemmes obtiennent dans ce jeu derécits croisés une part que laconstruction dramatique, centréesur deux hommes, ne leur promet-tait pas, mais que la dynamique dela réalisation, la générosité du re-gard du cinéaste et le tonus des ac-trices leur conquièrent plan parplan.

Ce débordement du scénario parle cours du film est un sûr indicede la manière dont fonctionne Kiniet Adams : avec un élan de ra-conter et de filmer capable de bi-furquer du bricolage rigolardd’une vieille bagnole à l’irruptiond’un bordel de brousse – où setrouve, évidemment, la fatalebeauté qui viendra séparer lesmâles –, d’une explosion de foliedu pouvoir à un dynamitageviolent et d’une étrange tristesse.Avec une souplesse qui laisse placedans le champ à des personnages« secondaires » (du chef de chan-tier au simplet du village devenuchanteur à succès en passant par lecolporteur et son camion-traitd’union) qui pourraient devenir leshéros de plusieurs autres récits– caractéristique des personnagesd’un récit véritablement légen-daire.

J.-M. F.

LES NOUVEAUX FILMS

a LE MONDE PERDUComment l’homme qui est devenule symbole de l’entertainment hol-lywoodien dans la plus noble ac-ception du terme a-t-il pu réaliserun film aussi ennuyeux ? Le Mondeperdu est plus qu’un film raté, c’estune œuvre dont Steven Spielbergs’est désintéressé dès le départ, lamettant en scène comme un géné-ral mènerait ses troupes au frontpour les regarder combattre avecdes jumelles. Ahurissantes, lesvingt premières minutes du Mondeperdu sont entièrement figées, en-tièrement dévouées à exposer laculpabilité d’un réalisateur face àson entreprise : le savant, interpré-té par Richard Attenborough dansJurassic Park, nous explique pour-quoi ce film n’est pas une suite,mais un remake à l’identique duprécédent. A côté de Jurassic Parkexisterait une autre île, semblable,où vivraient de nombreux dino-saures ressuscités selon un procé-dé génétique déja expliqué dans lefilm précédent. Il y a des dino-saures plus nombreux et plus mé-chants, et encore plus d’hommesblancs pervers, désireux de tirerprofit des monstres préhistoriquespour construire un parc d’attrac-tions. Armé de présupposés mi-santhropes (l’homme, foncière-ment mauvais, étouffe les autresespèces autour de lui) et cyniques(Jurassic Park avait été conçucomme une future attraction àUniversal Tours), Spielberg dé-roule des figures obligées du filmde monstres, copiées sur King

Kong (pour la partie sur l’île), Dra-cula (le passage sur le bateautransportant les bestioles) et God-zilla (un tyrannosaure lâché enville). S. BdFilm américain de Steven Spielberg.Avec Jeff Goldblum, Julianne Moore,Pete Postlethwaite, Arliss Howard.(2 h 14.)

a CHAGRIN D’AMOURRéalisé en 1941, ce film, dont c’estla première sortie commercialefrançaise, était la troisième adap-tation d’une pièce de Jane Cowl etJane Murfin (Smilin’Through avaitété signé par Sidney Franklin en1922, puis 1932). Si l’on considèrel’histoire du remake hollywoodiencomme une série d’adaptations defilms à succès aux avancéestechniques d’une époque donnée,ce Chagrin d’amour, muet commeles grandes douleurs à l’origine,aura donc trouvé avec l’apparitiondu parlant des mots pour le dire,puis avec celle du Technicolor descouleurs pour le peindre. Celles-ci,déclinées dans une gamme de vertet de brun qui inscrit le film sousles auspices du déterminisme de lanature, ne sont pas loin d’enconstituer le principal intérêt, tantce mélodrame trahit son âge, àl’image de la quadragénaire Jean-nette MacDonald qui incarne enchansons le rôle de Kathleen,jeune orpheline à marier, qu’unesombre malédiction familiale em-pêche d’épouser son Kenneth :élevée par son oncle John, elleignore que l’oncle John, son tu-

teur, a jadis perdu sa jeune épousepar le fait du père de Kenneth, quil’a tuée le jour du mariage. Malgréla haine et la tristesse du vieilhomme, qui passe son temps à so-liloquer avec le fantôme de son ai-mée, les connaisseurs de Borzageferont confiance à cette constantede son œuvre : l’amour est plusfort que la mort, et la mort rédimela vie. Jacques MandelbaumFilm américain de Frank Borzage(1941). Avec Jeannette MacDonald,Brian Aherne, Gene Raymond, IanHunter. (1 h 40.)

a PETITE SŒURA Amsterdam, un homme re-trouve sa sœur après une absenceprolongée. Quel secret les a sépa-rés dans leur jeunesse ? Quel passéinformulé a pu justifier leur éloi-gnement ? Le récit de Petite sœurs’organise autour de ces interroga-tions auxquelles la fin du film ap-portera une réponse, mais le spec-tateur le plus obtus devine viteque l’inceste est le souvenir trau-matique refoulé. A-t-il été réel,fantasmé ou simulé ? Le film deRobert Jan Westdjik repose sur unparti pris contraignant : tout estvu à travers la caméra vidéo dufrère, décidé à filmer le moindreinstant de ses retrouvailles avec sasœur. Faussement distanciateur, ceprocédé usant permet de repré-senter, à travers l’omnipotencedu point de vue unique, une luttepsychologique pour la dominationet la manipulation de l’autre. Sil’ultime vérité se révèle n’êtrequ’un secret de Polichinelle, leprincipe adopté – et l’interpréta-tion de Kim Van Kosten – ac-croissent pourtant la présence

physique des personnages, pourcomposer un portrait de femmeémouvant. Jean-François RaugerFilm néerlandais de Robert JanWestdjik. Avec Kim Van Kosten, Hu-go Metsers III, Roeland Fernhout,Ganna Veenhuysen. (1 h 31.)

a L’OISILLONET LA PETITE SOURISOn a beau se dire que toute tenta-tive de destiner aux petits des des-sins animés sortant de leur normeultraviolente est a priori louable, ilfaudrait néanmoins beaucoupd’indulgence pour recommanderces deux-là. L’Oisillon, de LennartGustafsson, part d’une hypothèserelativement convenue – un petitcorbeau doit apprendre à voler –pour suspendre aussitôt son coursdans une succession de scènes in-signifiantes. Plus ambitieux, La Pe-tite Souris se veut une métaphorede la lutte entre le Bien et le Mal,respectivement incarnés par unepetite souris et un gros rat qui veutla manger. Si on est très contentque la première parvienne àconvaincre le second qu’il suffitd’un cœur pur pour sauver lemonde, on l’est un peu moins del’extrême platitude avec laquellece message est délivré. J. M.Dessins animés suédois de LennartGustafsson et Jan Gustavsson.(0 h 15 et O h 23.)

a THE FULL MONTYLire page 29

a KINI ET ADAMSLire ci-contre

a ALORS VOILÀ,Lire page 31

Les meilleures entrées en France

Le Mariage de mon meilleur ami

Breakdown

Le Pari

Air Force One

Rien ne va plus

George de la jungle

Le Destin

L.A. Confidential

Volte/Face

Men in Black

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* période du mercredi 15/10 au dimanche 19/10 inclusSource : Ecran total

Trois bonnes nouvelles se dessinent. D’abord le « carton »du Pari, parti pour marcher sur les traces des Trois Frères,énorme succès de 1996 : indicateur très prometteur, le filmdes Inconnus obtient un taux de remplissage de ses sallesexceptionnel (1 727 : trois fois celui du Mariage de monmeilleur ami). Ensuite le fait que figurent parmi ce « Top10 » quatre nouveautés, et plus généralement que la relèvedes champions de la rentrée paraisse assurée (sans queceux-ci aient tout à fait disparu : Men in Black, toujoursvaillant, vient ainsi de passer la barre symbolique du milliond’entrées à Paris, et Volte/Face fait preuve d’une belle résis-tance, grâce à un accueil inespéré en province).

Enfin, le bon accueil du public, parmi ces nouveautés, àRien ne va plus et au Destin, qui bénéficient tous deuxd’un bon rapport Paris et régions (respectivement 3,1 et 2,9)augurant d’une exploitation en profondeur. L’ensemble deces phénomènes permet, avec 1 905 000 entrées durant cescinq premiers jours, une remontée de 5 % de la fréquenta-tion par rapport à la période correspondante de 1996, cequi permet de continuer de viser des objectifs optimistespour la fréquentation de l’année. Les places suivantes sontpar ailleurs occupées par quelques-uns des meilleurs titresdu moment, De beaux lendemains en douzième positionprécédant Nettoyage à sec, Western et L’Anguille.

Le premier des mondes perdusTout le monde aura reconnu dans cette image les deux vieilles bêtes de

scène remises au goût du jour par Steven Spielberg : le sanguinaire ty-rannosaure plantant ses crocs dans la gorge du ruminant brontosaure.Mais ce photogramme présente surtout l’intérêt de dévoiler la scène pri-mitive des monstres de l’écran. Il est tiré de The Lost World, de HarryHoyt (1925), premier long métrage de l’histoire du cinéma qui leurconsacre la vedette. Adapté du roman du même nom publié treize ansplus tôt par Sir Arthur Conan Doyle, ce film, projeté au Festival du ciné-ma muet de Pordenone dans sa version intégrale récemment restauréepar la cinémathèque de Rochester, présente un double intérêt. D’abord,celui de l’oubli total du réalisateur au profit du créateur des marion-nettes, William O’Brien, futur papa de King-Kong (1933). Ensuite, et acontrario, le fait qu’on se passionne mille fois plus, en le redécouvrant,pour l’aventure humoristico-amoureuse de ses personnages que pour lesbarissements de ses bestioles de carton-pâte. De sorte qu’on se demandede quel œil seront vues celles de Spielberg en 2050.

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C U L T U R E LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 31

Déjouer les poncifs du film de vedetteAlors voilà,. Pour son premier long métrage, Michel Piccoli signe une splendide fable de famille

Film français de Michel Piccoli.Avec Maurice Garrel, Domi-nique Blanc, Arno, Roland Ams-tutz, Bernard Bloch, Pascal, Mi-chèle Gleizer, Nathalie Eno,Roger Jendly, Elizabeth Margo-ni, Jean-Michel Portal, AgathaRouland, Audrey Guillaume, Dy-na Gauzy, Mickaël Bessière,Lauris Coucaud, Chantal Ne-wirth, Gérald Mauroy. (1 h 33.)

C’est ça qu’on voit tout d’abordà l’écran : la multiplicité des pré-sences, des figures, des intensitésqui correspond à cette longueliste de noms (voir juste au-des-sus). Alors voilà, n’est pas un filmde foule, ni même un film degroupe, mais un film très habité.Dès la séquence d’ouverture, unrepas de famille (nombreuse)sous la haute autorité du pa-triarche (Maurice Garrel, un bon-heur) dans un endroit difficile àidentifier (un bistrot ? un appar-tement ?) ; un écheveau de liensreliant chacun à chacun se tisseselon les générations, les filia-tions, les désirs, les affinités. Lefilm, c’est ça.

Non qu’il manque d’histoires. Ily en a même pléthore, à la mesure

du nombre de personnages : his-toires de bandits, histoiresd’amour, histoires de jeu, de ca-deaux, de rêves assouvis ou dé-çus, contes pour enfants et vau-devil le entre adultes. Ceshistoires font une histoire de fa-mille(s) : trois clans, celui du filscamionneur, celui du filscomptable, celui du fils plombier,comme dans un jeu, et la fille-jo-ker, Dominique Blanc, dont levieux s’émerveille (il n’est pas leseul).

Mais l’important n’est pas le filqui relie (plus ou moins, plutôtmoins que plus) ces morceaux derécits. L’important est dans la cir-culation entre tous et tous, dansce jeu d’harmoniques infiniesqu’éveille la caméra déambula-toire. Dans la pénombre presqueconstante, elle semble suivre desplans, des marques secrètes, dessignes cachés menant d’ungroupe à l’autre, d’une tonalitéironique à une ambiance drama-tique, puis burlesque, puis fantas-tique. Un beau mystère.

Ainsi le suggère le titre. DansAlors voilà, le principal tient à lavirgule. Elle dit que l’expression,discrète, presque désinvolte, estun préambule, un « Il était une

fois » sans insister avant de semettre à raconter. Raconter à mi-voix, en digressions et chutes derythme, une affaire de tendresse,d’imaginaire et de loi, une lé-gende actuelle et quotidienne.

Et c’est lui, le cinéma– vieux chefde bande, joliefemme et gamin –le héros du film.Le cinéma,c’est-à-direla mise en scène

Cela fait un film qui se tient trèsbien tout seul et n’aurait besoind’aucun autre éloge, s’il n’était,de plus, le premier long métragede Michel Piccoli. Et ne prenaitaussi hardiment, aussi élégam-ment à contre-pied tout ce qu’onpeut attendre (et redouter) de lapremière réalisation d’une ve-

dette.D’abord qu’elle se serveelle-même. Ici, pas de danger, Pic-coli ne joue pas. Ou du moinsqu’elle recourre à des numérosmettant – prétendument – en va-leur les comédiens. Rien de teldans la sobriété attentive de cettetroupe admirablement composée,où on garde, parmi beaucoup devisages peu ou pas connus, latrace de celui du très regretté Ro-land Amstutz. Ou alors un « mes-sage », peut-être ? La star avaitquelque chose d’urgent à dire auxfoules ? Dieu merci non. Sinonceci, qui court comme un secrettout au long d’Alors voilà, : ce ci-néma qu’il a si bien servi, MichelPiccoli l’a vraiment aimé. Mieux,il l’a compris.

Et c’est lui, le cinéma – vieuxchef de bande, jolie femme et ga-min –, le héros du film. Le cinéma,c’est-à-dire la mise en scène.Contre tant de pseudo-metteursen scène qui se cachent derrièreleur petit doigt, leur scénario, leseffets spéciaux ou les problèmesd’argent, il est plus que réjouis-sant que ce soit un débutant âgéde soixante-douze ans qui viennele rappeler.

Jean-Michel Frodon

La Philharmoniede Saint-Pétersbourg célèbre

le culte de l’acierVILLE INDUSTRIELLE. Alexan-der Mossolov : ZAVOD. SergeProkofiev : LE PAS D’ACIER. Di-mitri Chostakovitch : L’ÉCROU.Arthur Honegger : PACIFIC 231.Serge Prokofiev : 5e SYMPHO-NIE. Orchestre philharmoniquede Saint-Pétersbourg, AlexanderDimitriev (direction). Octobre enNormandie ; dépôt SNCF, Sotte-ville-lès-Rouen. jusqu’au 31 oc-tobre. Tél. : 02-35-70-04-07.

SOTTEVILLE-LÈS-ROUENde notre envoyé spécial

Des quatre programmes sym-phoniques consacrés cette annéeau thème de la ville par le festivalOctobre en Normandie, celui atta-ché à la dimension « industrielle »(après les volets « sonore », « uto-pique » et « en fête ») justifie lemieux l’implantation inédite desconcerts au dépôt SNCF de Sotte-ville-lès-Rouen. Tant par la pré-sence dans la fosse du pont trans-bordeur de la fumante Pacific 231qui inspira à Arthur Honegger unepartition du même nom que par lacorrespondance entre l’impla-cable architecture métallique dulieu et la thématique des œuvresrusses choisies pour la cir-constance.

Généralement connue sous lenom de Fonderie d’acier, Zavod(L’Usine) d’Alexander Mossolovpermit à la Philharmonie de Saint-Pétersbourg d’aborder avec éclatl’esthétique de la machine inscriteà l’ordre du jour. Avec ses violonssollicités à contre-emploi (pluspour le crin que pour la corde), sescuivres rugissants (quatre cor-nistes debout) et ses percussionstelluriques, Zavod donna aussi leton d’une soirée placée sous lesigne d’un motorisme pesant.

Tirée d’un ballet de même na-ture que celui de Mossolov dontest extrait Zavod, la suite Le Pas

d’acier de Serge Prokofiev enconstitua une pénible illustrationlors d’épisodes multipliant les cli-chés de l’activité mécanique (pul-sation répétée, ostinatos ondu-lants, brutale alternance despupitres). Servie – ou dénoncée, làest toujours la question ! – avecun zèle savoureusement outran-cier par Prokofiev à la manière decertaines BD (on pense à Bilal),l’ idéologie prolétarienne estcélébrée dans L’Ecrou (suite d’or-chestre également d’origine cho-régraphique) de Dimitri Chosta-kovitch par une successiond’images d’Epinal montées à la fa-çon des dessins animés les pluspuérils.

Considérant sans doute quedans cette inflation de séquencesbinaires, la battue allait de soi,Alexander Dimitriev (qui rempla-çait Yuri Temirkanov, souffrant)s’abandonna à une gestique dé-sarticulée dont ne profitèrent ni lestyle pompier de Chostakovitch nil’exécution excessivement sé-rieuse de l’Orchestre philharmo-nique de Saint-Pétersbourg.

« Amoureux des locomotives,comme d’autres, des femmes ou deschevaux », Arthur Honegger dé-clara sa flamme à la Pacific 231 parle biais d’une page qui produitsouvent sur le public un effetcomparable à celui de L’Apprentisorcier de Paul Dukas. Dimitriev etses cheminots d’un jour en ou-blièrent toute la poésie sensuellepour aller au charbon d’un suppo-sé modernisme de timbres. Ils en-noblirent néanmoins leurs bleusde chauffe au contact de la5e Symphonie de Prokofiev,hymne dédié en 1944 à « l’hommelibre et heureux » et nec plus ultra,dans son Finale, d’un stakhano-visme de l’action musicale déjàengagé sur... une voie de garage.

Pierre Gervasoni

Dominique Reymond, miroir de TanizakiÉLOGE DE L’OMBRE, de Junichiro Tanizaki.Adapté et mis en scène par Jacques Rebotier.Avec Dominique Reymond, Ivan Stochl, Ka-rin Waehner.NANTERRE-AMANDIERS, 7, avenue Pablo-Picasso. Tél. : 01-46-14-70-00. Du mardi au sa-medi, à 21 heures ; dimanche, à 16 h 30. Du-rée : 1 h 20. De 80 F à 140 F. Jusqu’au 24 octo-bre, et du 4 au 16 novembre.

Nous sommes en 1933, une époque où le ro-mancier Junichiro Tanizaki, après avoir ététenté par les techniques de narration occiden-tales, fait retour vers la tradition japonaise etchante une culture dont il croit percevoir lafin, non sans reconnaître la nécessité d’uncompromis entre l’ancien et le nouveau.L’Eloge de l’ombre défend une esthétique duclair-obscur opposée à l’hygiène de lumièreoccidentale ; de la patine contre le récurage ;du bois contre l’acier ; de la pause contrel’éclat (de voix), etc. Nourri d’éléments bio-

graphiques, l’essai tient de la conférence (sansdoute est-ce là qu’il faut chercher l’origine dela curieuse idée de le mettre en scène), et seconclut en art poétique : « Pour moi, j’aimeraistenter de faire revivre, dans le domaine de la lit-térature au moins, cet univers d’ombre que noussommes en train de dissiper. »

Jacques Rebotier a taillé avec respect, veil-lant à ne rien altérer du sens, des balance-ments, de l’ironie souple de Tanizaki. Maisl’auteur du Chant très obscur de la langue, au-thentique virtuose des mots et des sons, estnettement moins à l’aise avec les images. Iln’a pas su résister à l’appel de la scène. Al’idée de l’occuper, de l’animer, d’amuser letapis avec ces « ornements superflus » que ré-cusait Tanizaki. Le contraste est trop grandentre un texte qui contient ses propres illus-trations, met en branle la mémoire et les sen-sations autant que l’imagination, et un dispo-sitif scénique clinquant. Rapidement, lesimages retenues, qui soulignent le flou (unesilhouette blessée traversant le plateau ; un

peintre obscurcissant approximativement uneparoi translucide), vont à l’encontre de l’Elogede l’ombre, devenant de véritables parasites,visuels et sonores.

Par la voix de Dominique Reymond, l’au-teur du Goût des orties offre cependant unebelle résistance. Juchée sur une chaise de bar,côté jardin (les spectateurs devraient deman-der à prendre place de ce côté), la comé-dienne, en robe du soir, paraît lire un texte entrain de s’écrire, comme si l’écriture était gui-dée par elle, comme si elle se lisait. Elle estune récitante somnambulique, dont le corps,peu à peu, entre en scène. Elle ne s’adressepas à la salle, mais bien au-delà, dans unOrient moins révolu qu’il n’y pouvait paraître,à Tanizaki lui-même. C’est à lui qu’elle offre lemiroir ferme, précis, de sa voix. Elle est la lu-mière par laquelle l’ombre prend forme,donne du volume aux objets, et plus encoreaux idées.

Jean-Louis Perrier

SORTIR

PARIS

« Les Onze Fiorettide François d’Assise »,de Roberto RosselliniOnze saynètes d’une beautésimple et chaleureuse, quisemblent inventer à chaque planla traduction cinématographiquedu message de saint François :religieux, certes, mais surtoutd’éthique quotidienne. Uneconstruction modeste, inspiréed’un rapport au monde, où labeauté, la gaieté, l’intelligenceintime des choses et des êtres seproduisent sans cesse. Une miseen scène qui serait pour les pluspieux, comme pour les plusmécréants, la preuve éclatante dugénie du néoréalisme. Interprétépar des moines franciscains. Filmitalien, 1950, noir et blanc (1 h 15).Action Ecoles, 23, rue des Ecoles,Paris-5e. Mo Maubert-Mutualité.Tél. : 01-43-25-72-07.Joe Lovano QuartetDans le cadre du JVC JazzFestival, l’un des saxophonistespréférés des solistes européens.Puissance, timbre, phrasé. le jazz.New-Morning, 7-9, rue desPetites-Ecuries, Paris-10e.Mo Château-d’Eau. 21 heures, le 22.Tél. : 01-42-31-31-31. De 110 F à130 F.Half JapaneseFormation culte de la scène rock

bruitiste japonaise, le groupeaméricain a souvent été entenduauprès de certainsexpérimentateurs des musiquesimprovisées. Les mélodiescommencent à gagner l’universdu groupe sans pour autant jouersur de fausses séductions.La Boule noire (salle Valencia-LaCigale), 116, boulevardRochechouart, Paris-18e. 19 heures,le 22. Tél. : 01-49-25-89-99. 99 F.

ALBI

Festival du film français d’AlbiDernier-né des festivals, celuid’Albi sera sur les fontsbaptismaux, mercredi 22 octobreavec Marius et Jeannette, deRobert Guediguian. Ce Festival dufilm français donne carte blancheà Bernadette Lafont, rendhommage à John Berry, le plusfrançais des cinéastes américains,et à deux scénaristes Jean Gruaultet Suzanne Schiffman. Il tire sonchapeau à la jeune comédienneNathalie Richard et présente enavant-première Cour interdite deDjamel Ouahab, Violette, la reinede la moto, de Guy Jacques, etVive la République, d’Eric Rochant.Salle Arcé, L’Athanor, Scènenationale de l’Albigeois, place del’amitié entre les peuples, 81 Albi.Du 22 au 28 octobre.Tél. : 05-63-54-11-11.

GUIDE

FILMS NOUVEAUXAlors voilà,de Michel Piccoli (France, 1 h 33), avecDominique Blanc, Maurice Garrel, Ro-land Amstutz, Arno, Bernard Bloch,Pascal Elso.Chagrin d’amourde Frank Borzage (Etats-Unis, 1 h 40),avec Jeanne MacDonald, BrianAherne, Gene Raymond, Ian Hunter,Frances Robinson.Kini et Adamsd’Idrissa Ouedraogo (France, 1 h 33),avec Vusi Kunene, David Mohloki,Nthati Moshesh, Netsayi Chigwendere,John Kani.Le Monde perdude Steven Spielberg (Etats-Unis,2 h 14), avec Jeff Goldblum, JulianneMoore, Pete Postlethwaite, Arliss Ho-ward, Richard Attenborough.Petite sœurde Robert Jan Westdijk (Pays-Bas,1 h 31), avec Kim Van Kooten, HugoMetsers, Roeland Fernhout, GannaVeenhuysen.The Full Montyde Peter Cattaneo (Grande-Bretagne,1 h 32), avec Robert Carlyle, Tom Wil-kinson, Mark Addy, Lesley Sharp, EmilyWoof, Steve Huison.

REPRISESLe Limierde Joseph L. Mankiewicz,avec Laurence Olivier, Michael Caine,Alec Cawthorne, Margo Channing,John Matthew, Teddy Martin.Britannique, 1972 (2 h 10).La Nuit des morts-vivantsde George Romero,avec Judith O’Dea, Duane Jones, Rus-sel Streiner, Karl Hardman.Américain, 1968, noir et blanc (1 h 30).

TROUVER SON FILM

Tous les films Paris et régions sur le Mi-nitel, 3615-LEMONDE ou tél. : 08-36-68-03-78 (2,23 F/mn)

ENTRÉES IMMÉDIATES

Le Kiosque Théâtre : les places du jourvendues à moitié prix (+ 16 F decommission par place). Place de la Ma-deleine et Parvis de la gare Montpar-nasse. De 12 h 30 à 20 heures, du mardiau samedi ; de 12 h 30 à 16 heures, ledimanche.

L’Ecornifleurd’après Jules Renard, mise en scène deMarion Bierry, avec Raphaëline Gou-pilleau, Noémie Kapler, Matthieu Ro-zé, Gérard Maro.Poche-Montparnasse, 75, boulevarddu Montparnasse, Paris 14e. Mo Mont-parnasse-Bienvenüe. 21 heures, le 22.Tél. : 01–45-48-92-27. 110 F à 190 F.

Dans la compagnie des hommesd’Edward Bond, mise en scène d’AlainFrançon, avec Jean-Luc Bideau,Jacques Bonnaffé, Carlo Brandt, Jean-Paul Roussillon.Théâtre national de la Colline, 15, rueMalte-Brun, Paris 20e. Mo Gambetta. A20 h 30, le 22. Tél. : 01-44-62-52-52.110 F à 160 F.

Terence Stamp : Mi-ange, mi-démonLe Cinéma L’Entrepôt présente unhommage à l’acteur anglais né en1939 : The Collector (1964) de WilliamWyler, Théorème (1968) de Pier PaoloPasolini, Pas de larmes pour Joy (1968)de Ken Loach, The Hit (1984) de Ste-phen Frears, Priscilla, folle du désert(1994) de Stephen Elliot.L’Entrepôt, 7-9, rue Francis-de-Pressen-sé, Paris 14e . Mo Pernety. Du 22 octo-bre au 4 novembre. Tél. : 08-36-68-05-87.

RÉSERVATIONSMeasure for measurede William Shakespeare, mise en scènede Stéphane Braunschweig (Festivald’automne).Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa-blo-Picasso, 92 Nanterre. Du 4 au 16novembre. Tél. : 01-46-14-70-00. 80 F à140 F.Eclipsepar le théâtre équestre Zingaro,conception et mise en scène de Barta-bas. Fort d’Aubervilliers, 176, avenueJean-Jaurès, 93 Aubervilliers. A partirdu 4 novembre. Tél. : 01-49-87-59-59.130 F et 220 F.Robert CharleboisBataclan, 50, boulevard Voltaire,Paris 11e. Mo Voltaire. Du 1er au 8 no-vembre. Tél. : 01-47-00-55-22. LocationVirgin. 195 F.Thomas FersenThéâtre Le Trianon, 80, boulevard Ro-chechouart, Paris 18e. Mo Pigalle. Tél. :01-44-92-78-03. Du 4 au 8 novembre.Location Virgin. 110 F.Brigitte FontaineAuditorium des Halles, Forum desHalles, Niveau-2, Porte Saint-Eustache,Paris 1er. Du 11 au 22 novembre.Tél. : 01-44-68-44-08.OasisPalais Omnisports Paris Bercy, 8, boule-vard de Bercy, Paris 12e. Mo Bercy.Le 4 novembre. Tél. : 01-44-68-44-68.188 F.PortisheadElysée Montmartre, 72, boulevard Ro-chechouart, Paris 18e. Mo Anvers.Le 5 novembre. Tél. : 01-44-92-45-45.

DERNIERS JOURS24 octobre : La Dispute ; Contentionde Marivaux et Didier-Georges Gabily,mise en scène de Stanislas Nordey.Théâtre des Amandiers, 7, avenue Pa-blo-Picasso, 92 Nanterre. Du mardi ausamedi, à 20 h 30 ; le dimanche, à16 heures. Tél. : 01-46-14-70-00. 80 F à140 F.26 octobre : La Maladie de la mortde Marguerite Duras, mise en scène deRobert Wilson, avec Lucinda Childs etMichel Piccoli.Maison de la culture, 1, boulevard Lé-nine, 93 Bobigny. Tél. : 01-41-60-72-72.60 F à 140 F.26 octobre : CésarGalerie nationale du Jeu de Paume,1, place de la Concorde, Paris 8e.Mo Concorde. Tél. : 01-47-03-12-50. De12 heures à 19 heures ; samedi et di-manche de 10 heures à 19 heures ;mardi jusqu’à 21 h 30. Fermé lundi.38 F.31 octobre : Nan GoldinGalerie Yvon Lambert, 108, rue Vieille-du-Temple, Paris 3e. Mo Hôtel-de-Ville.Tél. : 01-42-71-09-33. De 10 heures à13 heures et de 14 h 30 à 19 heures ; sa-medi de 10 heures à 19 heures. Fermédimanche et lundi. Entrée libre.2 novembre : AmoursFondation Cartier, 261, boulevard Ras-pail, Paris 14e. Mo Raspail. Tél. : 01-42-18-56-50. De 12 heures à 20 heures ;jeudi jusqu’à 22 heures. Fermé lundi.30 F.2 novembre : Tadashi KawamataChapelle Saint-Louis de la Salpêtrière,47, boulevard de l’Hôpital, Paris 13e.Mo Gare-d’Austerlitz. Tél. : 01-42-17-60-60. De 8 h 30 à 15 h 30 et de 16 h 30 à18 h 30. Entrée libre.9 novembre : Allemagne, années 80Maison européenne de la photogra-phie, 5-7, rue de Fourcy, Paris 4e.Mo Saint-Paul. Tél. : 01-44-78-75-00. De11 heures à 20 heures. Fermé lundi,mardi et jours fériés. 30 F.

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32 I

K I O S Q U ELE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997

<www.epita.fr/11/>L’annuaire est consultable sur le Web grâce à une école d’ingénieurs – et malgré France TélécomDEPUIS plus de deux ans, l’an-

nuaire téléphonique français est ac-cessible sur Internet. A premièrevue, rien d’exceptionnel, puisqu’unequarantaine de pays offrent gratui-tement ce service aux internautes dumonde entier. Pourtant, le cas de laFrance est original, car l’initiative nerevient pas à France Télécom, mais àl’Ecole pour l’informatique et lestechniques avancées (Epita) duKremlin-Bicêtre (Val-de-Marne). Ils’agit d’une opération bénévole,mise en place par un groupe d’en-seignants et d’élèves ingénieurs. Ledirecteur informatique de l’Epita,Nicolas Sadirac, raconte qu’« au dé-part, c’était un défi lancé sur un fo-rum de discussion. Nous avons pariéque nous saurions mettre en place lesystème en une journée, et nous avonsgagné ».

Le serveur de l’Epita est connectéà une batterie de Minitel. Dèsqu’une demande arrive, il la réper-cute vers le 3611, qui renvoie la ré-ponse comme s’il s’agissait d’un usa-ger ordinaire. Le serveur n’a plusqu’à la reformater pour le Web et àl’afficher. Pour éviter de payer la

communication, il raccroche auto-matiquement au bout des trois mi-nutes fatidiques.

C’est là le seul moyen de consulterle 3611 quand on se trouve à l’étran-ger : « Nous enregistrons9 000 connexions par jour. Les de-mandes arrivent de partout : Etats-

Unis, Canada, Japon, Taïwan... Beau-coup d’hommes d’affaires, et desFrançais expatriés. Notre service estaussi apprécié des Suisses et desBelges, qui n’ont pas accès au Mini-tel. »

Depuis plusieurs mois, France Té-lécom annonce la création d’un ser-

vice équivalent. Or, à ce jour, sur sonsite <www.pageszoom.com>, seulesles « Pages Jaunes » sont dispo-nibles. Pour l’annuaire général, onne voit rien venir. Motif officiel :« Ce service (...) sera accessible dèsque les autorisations nécessaires au-ront été accordées. » On n’en saurapas plus.

En revanche, France Télécom s’estintéressé au site de l’Epita : « Notreexistence semble les agacer, s’étonneNicolas Sadirac. Ils nous ont d’abordenvoyé une mise en demeure pournous faire changer notre page d’ac-cueil, qui ressemblait trop au Minitel.Ensuite, il ont porté plainte pour utili-sation abusive de données, mais la po-lice a constaté que nous étions dans lalégalité, car le contenu de l’annuaireest dans le domaine public. Plus tard,ils ont exigé que nous cessions detransmettre la publicité des pages Mi-nitel. Peu importe, nous sommes tou-jours là. Même les employés de FranceTélécom basés en Angleterre utilisentnotre service. Ils nous ont envoyé unmessage de félicitations. »

Yves Eudes

Un voyage extraordinaire par Alain Rollat

J’ÉTAIS sur ARTE, je le jure. Jeparticipais à une expérience de té-lé anthropologique. Je regardaispar dessus l’épaule de MarianaOtero. Cette diablesse promenaitsa caméra au milieu d’une tribuqui n’avait jusque-là autorisé per-sonne à la filmer de l’intérieur.Pour l’avoir déjà suivie, à l’époqueoù elle explorait le collège Garcia-Lorca de Saint-Denis, je m’atten-dais qu’elle me fasse découvrirdes gens extraordinaires. Et jen’étais pas déçu. Pour la premièrefois, j’observais en liberté les plusbeaux spécimens de téléfri-pouilles.

Ils étaient exactement commeje les imaginais : sans scrupules,obsédés par les taux d’audience etles recettes publicitaires, prêts àtout, surtout au pire, pourconquérir la moindre part de mar-ché. Sans scrupules et contents del’être. Ils se vantaient d’avoir bâtiun empire commercial et rêvaientde fonder une dynastie politique :

« Une chaîne de télévision qui fait50 % d’audience peut tout vendre.Même un président de la Répu-blique ! » J’étais dans les entraillesde SIC, la première chaîne privéedu Portugal, propriété d’un ancienpremier ministre.

Je prenais donc bonne note dequelques recettes. Le contenud’un journal télévisé n’a aucuneimportance. Peu importe sa quali-té pourvu qu’il dure autant que lejournal adverse. De même, ce quifait la valeur d’un programme,c’est la possibilité d’en changer àtout moment en fonction de laconcurrence. Si la télé publiqueprogramme un match de foot,toute télé-fric digne de ce nom sedoit de capter l’attention desfemmes en programmant à lamême heure « un bloc superlong » de feuilletons à l’eau derose. Voilà pourquoi il ne faut ja-mais être à court de télénovelasbrésiliennes. Car il est toujourscatastrophique, en cas de rupture

de stock, de raccourcir les feuille-tons : trois minutes de télénovelaen moins coûtent dix points d’au-dience.

C’est quand j’ai zappé pour re-garder le foot sur Canal Plusqu’est apparue à l’écran unegrand-mère charmante qui sem-blait sortie d’une télénovela holly-woodienne. Elle portait un grandchapeau, un collier de six rangéesde perles et quelques autres ba-bioles en diamants. C’était Mme lacomtesse D. Elle faisait sescourses chez son bijoutier et s’ap-prêtait à succomber à la tentationd’« un petit quelque chose », uneparure de 33 millions de francs.Heureusement, j’ai reconnu lechroniqueur mondain qui expli-quait en plateau que cette dameétait « très généreuse » : « Chaquefois qu’elle s’achète un bijou, disait-il, elle donne autant aux œuvres ca-ritatives... » Sinon, je n’aurais pascompris que j’étais retourné parerreur à la civilisation de TF 1.

SUR LA TOILE

INTERNET AU SÉNATa Une « Journée Internet portesouvertes » aura lieu le samedi25 octobre au Sénat, palais duLuxembourg, à Paris, de 10 h à17 h 30. La manifestation est orga-nisée en collaboration avec di-verses associations impliquéesdans le développement d’Interneten France.

PROMOTIONET AUTORÉGULATIONa Neuf services en ligne et presta-taires Internet opérant en Franceont annoncé la création de l’Asso-ciation des fournisseurs d’accès àdes services en ligne et à Internet(AFA). L’association souhaite pro-mouvoir le développement des ac-cès, améliorer la formation et favo-riser la coopération internationale.Par ailleurs, l’AFA s’est prononcéeen faveur d’une autorégulationd’Internet. Dans ce cadre, elle pro-pose la création d’un comitéconsultatif rassemblant l’ensembledu secteur. – (AFP.)

RACHATa Internet Way, l’un des princi-paux fournisseurs d’accès français,a été racheté par la société améri-caine UUnet Technologies, filialede WorldCom.

DANS LA PRESSE

RTLMichèle Cottaa Fallait-il que Philippe Séguin aillejusqu’à prêter aux socialistes un obs-cur complot : celui de réchauffer dansles miasmes de la collaboration les ar-deurs antigaullistes de Jean-Marie LePen (...). Car enfin, si le Front nationalvoit augmenter le nombre de ses élec-teurs, ce n’est pas à cause du procèsPapon. C’est bien plus sûrementparce que le chômage et son corol-laire inévitable, la précarité, touchentaujourd’hui 7 millions de Français.C’est parce que des régions entières

tolèrent depuis trop longtemps descomportements mafieux. C’est parceque la justice est inégale. Et que, toutsimplement, les Français doutent dela France. C’est tout cela qu’il fautchanger. (...)

LIBÉRATIONLaurent Joffrina La France est-elle coupable descrimes de Vichy ? (...) Exonérer « laFrance » de toute responsabilité, c’estoublier l’incroyable abandon de tousles corps constitués, la collaborationde l’Eglise, du barreau, de la médecine(...) de tout ce que le pays comptaitd’élites. C’est oublier la popularité de

Pétain, la faiblesse numérique de laRésistance, l’isolement de De Gaullependant au moins deux ans. Maisdire, sans plus de précision, « laFrance est coupable », c’est passer àla trappe le Général et la Résistance,c’est oublier les « justes » qui ont sau-vé des juifs et l’honneur, c’est négligerl’impopularité des persécutions anti-sémites, c’est enfin légitimer Pétain.En un mot, la France qu’on aime peutdemander le pardon. Mais pour lesfautes de la France qu’on n’aime pas.

BFMChristine Ockrenta Même si on ne fait pas partie de la

faune haute couture, avec sesduègnes, ses cerbères, ses folles et sesmascottes du grand monde, il arrivequ’au détour d’une image captée parhasard, une humeur, une émotions’en dégagent. Quand Galliano réin-vente pour Dior les froissements desoie orientale assortie de dentelle li-bertine, quand Yamamoto fidèle aunoir dessine de nouvelles lignes,quand Lacroix bruisse de toutes sescouleurs, quand tant de talents nou-veaux rendent à Paris son rôle cosmo-polite, on se dit qu’il y a là une éner-gie, une invention qui donnent envieet qui retentissent à leur tour sur toutun secteur de notre économie.

La presse polonaise salue le changementLa personnalité du nouveau premier ministre et l’attitude raisonnable des chefs de la coalition au pouvoir

apparaissent comme une heureuse surpriseLENTEMENT, à travers de

longues et dures négociations, lanouvelle coalition gouvernementalepolonaise prend forme, saluée parune presse polonaise agréablementsurprise que les choses se présententfinalement mieux que prévu :L’AWS – coalition de droite dont lepilier est le syndicat Solidarité – etl’Union de la liberté, qui entrete-naient avant les élections des rela-tions détestables, ont signé lundi20 octobre un pacte politique et sesont mis d’accord sur la répartitiondes postes.

Cet accord de principe (les nomsne sont pas encore tous connus) faitla part belle aux libéraux de l’Unionde la liberté : ayant dû renoncer à laprésidence de la Diète, qu’ils vou-laient donner à l’ancien premier mi-nistre Tadeusz Mazowiecki, les né-gociateurs de l’Union de la libertéont obtenu en échange plusieurs mi-nistères supplémentaires. Au total,ils en auront sept, y compris ceuxauxquels ils tenaient essentielle-ment : les finances, les affairesétrangères, la défense, la justice, laculture. Pour un parti qui n’a que 60députés, contre 201 à son partenaire,c’est un joli butin.

« ENFIN UN ÊTRE HUMAIN »Pas étonnant que la « base » de

l’AWS, notamment les représentantsde la droite chrétienne, ait émis desplaintes et des grognements dont lesjournaux varsoviens se font ample-ment l’écho. Mais le chef de l’AWS,Marian Krzaklewski, pourtant per-sonnellement très proche de cettesensibilité, a su convaincre sestroupes et obtenir leur assentiment :

du coup, lui dont la presse libéralepolonaise faisait ces derniers moisun portrait bien peu flatteur, prendfigure d’homme d’Etat.

Le vrai héros des gazettes restecependant le nouveau premier mi-nistre, Jerzy Buzek, seul visageconnu à coup sûr du nouveau gou-vernement. Ce visage occupe bienentendu la couverture des princi-paux hebdomadaires du pays, Polity-ka et Wprost, avec, dans toute lapresse, des portraits des plus flat-teurs. « Enfin, après plusieurs années,nous avons de nouveau un premierministre qui est un être humain, s’en-thousiasme Wprost. L’immense sym-pathie dont bénéficie le nouveau pre-mier ministre vient de ce qu’il s’agitd’un homme vrai, qui a connu pen-dant plus de cinquante années uneexistence pleine de soucis et de pro-blèmes et qui ne joue pas au digni-taire, mais semble être l’un de nous. »Egalement positif, mais plus sobre,

Polityka voit dans l’ancien militantclandestin de Solidarité « un hommed’une grande mesure, qui respecte lesréalités économiques, et est prêt à col-laborer loyalement aussi bien avecMarian Krzaklewski qu’avec Leszek

Balcerowicz » (le chef de l’Union dela liberté). Plus généralement, l’heb-domadaire estime que les dirigeantsde la nouvelle coalition se sont en-tendus pour confier l’exécutif à deshommes modérés et compétents,laissant de côté les figures coloréeset beaucoup plus radicales dontl’AWS ne manque pourtant pas. Laseule concession au « courant natio-nal-catholique » est le choix, pourprésider le nouveau Sénat, deMme Alicja Grzeskowiak, ajoute Poli-tyka : « Mais il n’y aura ni radica-lismes ni ailes au gouvernement. »

DÉPOUILLES AUX PERDANTSSi le ton de la presse est générale-

ment si positif, c’est aussi, sansdoute, parce que l’équipe sortante,celle de la coalition dominée par lespost-communistes, a raté sa sortie.Elle a procédé, juste avant de céderla place, à une série de nominationshautement politiques à des postes

de l’administration à peu près ina-movibles, et signé, dans des condi-tions douteuses, de gros contratsd’armement avec une firme israé-lienne, sans parler d’une rafale deprivatisations de dernière minutequi ont fait beaucoup murmurer.Les années où l’on mettait « les inté-rêts du Parti au-dessus de ceux dupays » sont terminées, annonce avecsatisfaction Wprost. Gazeta Wyborczatrouve, elle, un autre motif de satis-faction : loin de rejeter dans les té-nèbres extérieures les perdants, lesgagnants d’aujourd’hui ont acceptéde leur laisser quelques dépouilles –un poste de vice-maréchal de laDiète, et sans doute la présidence dequelques commissions parlemen-taires. C’est le signe, écrit Gazeta,que se perpétue, au moins au Parle-ment, une certaine forme de« bonnes manières politiques ».

Jan Krauze

EN VUEa Le capitaine en second ducargo danois Karen Clipper a étécondamné, mardi 21 octobre, àdix mois de prison ferme par letribunal d’Esbjerg pour avoir faitjeter par dessus bord, en 1994,un passager clandestin qui s’étaitembarqué à Abidjan. Laclémence des juges secomprend : le marin ne pouvaitêtre accusé de meurtre, puisquel’Ivoirien, coulé « corps etbiens », n’a jamais été retrouvé.

a Pour combler un déficit dehuit millions de francs, lesorganisateurs des Journéesmondiales de la jeunesse,mettront en vente les chasublesmulticolores du couturierJean-Charles de Castelbajacqui, en août à Paris, égayaient lesprêtres officiants de lagrand’messe catholique. (Apartir du 15 novembre, chezHoussard, à Paris, au prixunitaire de 988 francs).

a L’association des vétérinairesallemands reproche à StephanSchubert, un infirmier deDusseldorf qui organise descours de secourisme canin,enseignant aux maîtres de chiensla prise du pouls au garot ou laréduction des pattes cassées,d’avoir imprudemment ajouté àson programme le massagecardiaque et le bouche-à-gueule.Des médecins réunis à Chicagopar l’Américan HeartAssociation concluaientrécemment, à propos des seulshumains : « Lorsque lebouche-à-bouche se combine avecle massage cardiaque, latechnique devient une tâchecomplexe sur le planpsychomoteur qui peut êtredifficile à apprendre, à enseigner,à mémoriser et à réaliser. »

a Le tribunal correctionneld’Avignon a ordonné, mardi21 octobre, la fermetured’Aphrodisia, une sex-shopjouxtant la Librairie religieuseClément VI et la chambresyndicale des notaires, situéedans l’immeuble d’un cabinetd’orthodontie appareillant lesfillettes et les garçonnets. Desriverains, qui sans doutes’étaient forcés d’inspecter leslieux, avaient lancé une pétitionpour alerter sur les effets perversde ce commerce : « Compte tenudes clients qui utilisent la cabinede vidéo, dont il est impossible denégliger les effets sur la sexualitémasculine. »

a Déboutée en premièreinstance, Françoise Bidochon,domiciliée dans le Loiret, veuvede Raymond, belle-sœur deRobert, poursuit en appelChristian Binet, l’inventeur desBidochon, en raison du préjudicemoral que la bande dessinée luifait subir. Selon le Robert desnoms propres « Les Bidochon[Raymonde et Robert], sont uncouple de Français moyens, dontla bêtise et la triste conditionsociale sont tournées en dérisiond’un coup de crayon simple etefficace. »

Christian Colombani

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GUIDE TÉLÉVISION

R A D I O - T É L É V I S I O N LE MONDE / JEUDI 23 OCTOBRE 1997 / 33

MERCREDI 22 OCTOBRE

JEUDI 23 OCTOBRE

SIGNIFICATION DES SYMBOLES : LES CODES DU CSA :E Signalé dans « Le Monde 4 Accord parental souhaitable

Télévision-Radio-Multimédia ». 5 Accord parental indispensablea On peut voir. ou interdit aux moins de 12 ans

a a Ne pas manquer. 6 Public adultea a a Chef-d’œuvre ou classiques ou interdit aux moins de 16 ansLe Monde publie chaque semaine, dans son supplément daté dimanche-lundi, les pro-grammes complets de la radio et – accompagnés du code ShowView – ceux de la télévisionainsi qu’une sélection des programmes du câble et du satellite.d Sous-titrage spécial pour les sourds et les malentendants.

DÉBATS

22.15 La Belgique, un anaprès la «Marche blanche » :Quatre regards.Avec Georges Schnek ;Me Philippe Markiewicz ;Guy Haarscher ; Roger Lallemand ;Madeleine Moulin ; Godfried Danneels ;Colette Nys-Mazure. RTBF 1

MAGAZINES

11.55 C’est pas normal.L’école. La Cinquième

13.00 Une heurepour l’emploi. La Cinquième

13.40 Parole d’Expert !Invitée : Agnès Soral. France 3

14.30 Arrêt sur images.L’envers des décors. Avec MiguelHernando ; Jacques Wieber ; StanislasNordey. La Cinquième

18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs.Invité : Charles Aznavour. Canal+

19.00 Le Magazine de l’Histoire.Spécial Temps des livres. Histoire

20.05 Temps présent.Enfants esclaves de Birmanie.Femmes : le parti d’en rire. TSR

20.55 Envoyé spécial.Charlotte aux Philippines.Grandir sans camisole.L’ambassadeur des ours.P.S. : Le mythe Ferrari. France 2

23.00 Qu’est-cequ’elle dit, Zazie ? France 3

23.00 Les Dossiers de l’Histoire.La chute de la maison Potin. Histoire

23.10 Le Club.Invité : François Guérif. Ciné Cinéfil

23.55 Saga-Cités.Le Regard de l’autre. France 3

0.10 Femmes et société.Des ours à l’hôpital. Mélanie, enfant du sida. Téva

0.20 Le Cercle du cinéma.Avec Anouk Grinberg ; BernadetteLaffont ; Gila Almagor ; Patrick Brion ;Joao César Monteiro ; Philippe Haïm ;Jean-Loup Hubert. France 2

DOCUMENTAIRES

18.00 La Chute des Romanov. Histoire

19.00 L’Art du chant : La Légendedes grandes voix filmées.[2/2]. Le temps des plateaux. Muzzik

19.15 Vers le sud. [2/2]. Planète

20.35 Confidence d’une création.Les Jumeaux vénitiens. Planète

20.45 E Lointaine Sibérie. [2/3]. Entre larévolution et le Goulag. Arte

21.20 La Guerre préventive. Planète

21.50 Le Birobidjan.Destinées juives en Sibérie. Arte

22.10 Musique à Prades.France Supervision

22.15 Gay à tout prix. Planète

22.35 Aller simple. Arte

23.05 Les Maîtres du regard. L’empreintePreminger. Paris Première

0.00 Le Musée d’Orsay. [6/6].Vers le XXe siiècle. Histoire

SPORTS EN DIRECT

18.00 Tennis. Tournoi messieursde Stuttgart : 4e jour. Eurosport

20.15 Football. Coupe des coupes(8e de finale aller) :Nice - Slavia Prague. Canal +

DANSE

17.00 Dionysos, de Maurice Béjart.Ballet. Muzzik

20.45 Picasso et la danse.Ballet. France Supervision

MUSIQUE

20.00 Claudio Arrau. récitalde ses quatre-vingts ans. Muzzik

21.00 Le Tour d’écrou. Muzzik

23.00 Alfredo Rodriguez.Tourcoing Jazz Festival 95. Muzzik

23.05 Concert Sarajevo :Schubert, Brahms, Beethoven.

France Supervision

23.35 Rafael Kubelik dirige Ma Vlast.Paris Première

0.05 Carmen, de Bizet-Schredrin : Pour60 percussions. Muzzik

TÉLÉFILMS

20.30 E Le Pantalon.D’Yves Boisset. Festival

22.25 Cœur de vengeance.4 De Rod Hardy. TF 1

22.30 SOS mutants.5 De Tommy Lee Wallace. M 6

SÉRIES

18.05 Sliders, les mondes parallèles.Un monde d’eau pure. M 6

18.15 Friends. France 2

20.45 Julie Lescaut.Mort d’un petit soldat. TF 1

21.30 Millennium. Amour immaculé. TSR

21.35 Code Quantum. Le cauchemar.La crème des hommes. Série Club

13.35 Créatures célestes a aDe Peter Jackson (Nouvelle-Zélande,1995, 100 min). Canal+

13.55 L’Affaire Maurizius a aDe Julien Duvivier (France, 1953, N.,110 min). Festival

14.05 Galia aDe Georges Lautner (France, 1965, N.,100 min). Ciné Cinéfil

14.10 La Femme secrète aDe Sébastien Grall (France, 1986,95 min). Ciné Cinémas

15.00 La Reine Christine a aDe Rouben Mamoulian (Etats-Unis,1933, N., 120 min). Histoire

15.45 L’Escadron noir a aDe Raoul Walsh (Etats-Unis, 1940, N.,v.o., 95 min). Ciné Cinéfil

15.45 Monsieur Hire a aDe Patrice Leconte (France, 1989,80 min). Ciné Cinémas

16.00 Casper aDe Brad Silberling (Etats-Unis, 1995,95 min). Canal+

17.05 Blow Out a aDe Brian De Palma (Etats-Unis, 1981,110 min). Ciné Cinémas

17.20 120, rue de la Gare aDe Jacques Daniel-Norman (France,1945, N., 100 min). Ciné Cinéfil

19.00 Todo un hombre a aDe Pierre Chenal (Argentine, 1943, N.,v.o., 90 min). Ciné Cinéfil

20.00 Ali Babaet les quarante voleurs aDe Jacques Becker (France, 1954,115 min). TV 5

20.30 La Prisonnière des ténèbres aDe Nunzio Malasomma (Italie, 1934,N., v.o., 70 min). Ciné Cinéfil

20.30 La Main gauche du Seigneur aD’Edward Dmytryk (Etats-Unis, 1955,90 min). Ciné Cinémas

20.30 Superman aDe Richard Donner (G-B, 1978,150 min). RTL 9

20.35 L’Ombre d’Emma aDe Sören Kragh-Jacobsen (Danemark,1988, 100 min). TMC

20.40 Celles qu’on n’a pas eues a aDe Pascal Thomas (France, 1980,105 min). Canal Jimmy

20.45 Tout le monde n’a pas eula chance d’avoirdes parents communistes aDe Jean-Jacques Zilbermann (France,1993, 105 min). M 6

20.50 Blanche et Marie a aDe Jacques Renard (France, 1984,95 min). France 3

20.55 Cabaret aDe B. Fosse (EU, 1972, 125 min). Téva

21.00 La Mère a a aDe Vsevolod Poudovkine (URSS, 1927,N., muet, 120 min). Histoire

21.00 L’Homme au bras d’or aD’Otto Preminger (Etats-Unis, 1956,N., v.o., 125 min). Paris Première

21.30 Un homme parmi les loups a aDe Carroll Ballard (Etats-Unis, 1983,100 min). Disney Channel

21.40 Fabiola a aD’Alessandro Blasetti [1/2] (Italie, 1949,N., 90 min). Ciné Cinéfil

22.00 Tristana a a aDe Luis Buñuel (France - Espagne,1970, 95 min). Ciné Cinémas

22.05 M comme Mathieu a aDe Jean-François Adam (France, 1971,90 min). Festival

22.30 Ruby aDe John MacKenzie (Etats-Unis, 1992,v.o., 105 min). Canal Jimmy

22.35 Broken Arrow a aDe John Woo (Etats-Unis, 1996, v.o.,104 min). Canal+

23.00 Le Bûcher des vanités aDe Brian De Palma (Etats-Unis, 1990,125 min). RTL 9

23.20 Yermak,un Cosaque à la conquêtede la Sibérie aDe Vladimir Krasnopolskiet Valeri Uskow (Russie, 1996, v.o.,135 min). Arte

23.35 Mais qui a tué Harry ? a aD’Alfred Hitchcock (Etats-Unis, 1955,100 min). Ciné Cinémas

0.20 Ruby in Paradise aDe Victor Nunez (Etats-Unis, 1992,v.o., 110 min). Canal+

0.30 Tonnerre sur Malte aDe Brian Desmond Hurst(Grande-Bretagne, 1953, N., v.o.,100 min). Ciné Cinéfil

1.05 L’Etrange Monsieur Victor a aDe Jean Grémillon (France, 1938, N.,95 min). RTL 9

3.55 Halloween 2 aDe Rick Rosenthal (Etats-Unis, 1981,90 min). Canal+

FILMS DU JOUR PROGRAMMESTÉLÉVISION

TF 113.50 Les Feux de l’amour.14.45 Arabesque.15.40 Côte Ouest.16.35 TF 1 jeunesse.17.05 21, Jump Street.17.55 Pour être libre.18.25 Mokshû Patamû.19.00 Tous en jeu.19.50 et 20.40 Météo.20.00 Journal, Résultat des courses,

Trafic info.20.45 Julie Lescaut. Mort d’un petit soldat.22.25 Made in America.0.10 Les Rendez-vous de l’entreprise.0.40 TF1 nuit, Météo.0.50 Très chasse.

FRANCE 213.50 Derrick.14.50 Dans la chaleur de la nuit.15.40 Tiercé.15.55 La Chance aux chansons.16.40 Des chiffres et des lettres.17.05 Un livre, des livres.17.10 Sauvés par le gong.17.40 Qui est qui ?18.15 Friends.18.45 C’est l’heure.19.20 1 000 enfants vers l’an 2000.19.25 et 1.45 C’est toujours l’heure.19.55 Au nom du sport.20.00 Journal, A cheval, Météo.20.45 Point route.20.55 E Envoyé spécial.

Charlotte aux Philippines.Grandir sans camisole. L’ambassadeurdes ours. P.S. : Le mythe Ferrari.

23.00 Expression directe.23.10 Nikita.23.55 En fin de compte.0.00 Journal, Météo.0.20 Le Cercle du cinéma.

FRANCE 313.40 Parole d’Expert !14.30 Aléas.14.58 Questions au gouvernement.16.05 Evasion.16.40 Minikeums.17.45 Je passe à la télé.18.20 Questions pour un champion.18.50 Un livre, un jour.18.55 Le 19-20 de l’information.20.00 et 22.25 Météo.20.05 Fa si la chanter.20.35 Tout le sport.20.50 Blanche et Marie a a

Film de Jacques Renard.22.35 Soir 3.23.00 Qu’est-ce qu’elle dit, Zazie ?23.55 Saga-Cités.0.25 Espace francophone.0.50 New York District.

CANAL +13.35 Créatures célestes a a

Film de Peter Jackson.

E En clair jusqu’à 16.0015.15 Le Vrai Journal.16.00 Casper a

Film de Brad Silberling.17.35 Cascadeurs du feu.E En clair jusqu’à 20.1518.20 Cyberflash.18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs.20.15 Football.

20.30 Nice - Slavia Prague.22.30 Flash infos.22.35 Broken Arrow a a

Film de John Woo (v.o.).

0.20 Ruby in Paradise aFilm de Victor Nunez (v.o.).

LA CINQUIÈME/ARTE13.00 Une heure pour l’emploi.14.00 Les Yeux de la découverte.14.30 Arrêt sur images.15.25 Acre : l’Amazonie oubliée.16.25 Le Cinéma des effets spéciaux.16.50 Cellulo.17.20 Allô la terre.17.30 Histoire personnelle

de la littérature.17.45 Le Journal du temps.17.55 Métropole.18.30 Le Monde des animaux.19.00 The Monkees.19.25 Le Guide vert.19.30 7 1/2.20.00 Contacts.20.30 8 1/2 Journal.20.40 E Soirée thématique.

La Sibérie [1/2].20.45 Lointaine Sibérie. [2/3].21.50 Le Birobidjan.22.35 Aller simple.23.20 Yermak, un Cosaque

à la conquête de la Sibérie aFilm de Vladimir Krasnopolskiet Valeri Uskow (v.o.).

M 613.30 L’Ombre d’un scandale.

Téléfilm d’Ivan Nagy.15.15 Wolff, police criminelle.16.10 et 1.10 Boulevard des clips.17.25 M 6 Kid.18.05 Sliders, les mondes parallèles.19.00 FX, effets spéciaux : La Série.19.50 Voile.19.54 6 minutes, Météo.20.00 Les Piégeurs.20.35 Décrochages info, Passé simple.20.45 Tout le monde n’a pas eu

la chance d’avoirdes parents communistes aFilm de Jean-Jacques Zilbermann.

22.30 SOS mutants.Téléfilm 5 de Tommy Lee Wallace.

0.15 La Maisonde tous les cauchemars.

RADIO

FRANCE-CULTURE19.02 Agora.19.32 Perspectives scientifiques.20.00 Le Rythme et la Raison.20.30 Lieux de mémoire.

La Coupole de Montparnasse.21.32 Fiction.

Correspondance avec Olga,d’Anton Tchekhov.

22.40 Nuits magnétiques.0.05 Du jour au lendemain.0.48 Les Cinglés du music-hall.

FRANCE-MUSIQUE18.36 Scène ouverte.19.30 Prélude.20.00 Concert.

L’Orchestre de Richard Strauss.Œuvres de R. Strauss, Brahms.

22.30 Musique pluriel.Œuvres de Nemescu, Schoeller.

23.07 En musique dans le texte.Œuvres de Mion, Hahn.

RADIO-CLASSIQUE19.30 Classique affaires-soir.20.40 Les Soirées. Le groupe des Six.

Œuvres de Satie, Milhaud, Durey,Auric, Poulenc, Tailleferre, Honegger.

22.40 Les Soirées... (suite).Œuves de Haydn, Mozart, Beethoven.

FILMS DE LA SOIRÉE

19.00 L’Escadron noir a aDe Raoul Walsh (Etats-Unis, 1940, N.,v.o., 90 min). Ciné Cinéfil

20.30 The Painted Desert aDe Howard Higgins (Etats-Unis, 1931,N., v.o., 80 min). Ciné Cinéfil

20.30 Vanya, 42e rue a a aDe Louis Malle (Etats-Unis, 1994,120 min). Ciné Cinémas

21.15 L’Escorte aDe Ricky Tognazzi (Italie, 1992,90 min). RTBF 1

21.50 Todo un hombre a aDe Pierre Chenal (Argentine, 1943, N.,v.o., 95 min). Ciné Cinéfil

22.30 Frenzy aD’Alfred Hitchcock (Grande-Bretagne,1972, v.o., 115 min). Ciné Cinémas

22.45 Ponette a aDe Jacques Doillon (France, 1996,94 min). Canal+

23.25 120, rue de la Gare aDe Jacques Daniel-Norman (France,1945, N., 100 min). Ciné Cinéfil

23.50 Alamo Bay a aDe Louis Malle (Etats-Unis, 1985,95 min). RTL 9

1.05 Fabiola a aD’Alessandro Blasetti [1/2] (Italie, 1949,N., 90 min). Ciné Cinéfil

1.25 L’Ami de Vincent aDe Pierre Granier-Deferre (France,1983, 90 min). RTL 9

3.05 Maine-Océan a aDe Jacques Rozier (France, 1986,135 min). Canal+

GUIDE TÉLÉVISION

MAGAZINES

18.00 Stars en stock. Natalie Wood.Montgomery Clift. Paris Première

18.30 et 19.10 Nulle part ailleurs.Invités : Pedro Almodovar ;Estelle Hallyday. Canal +

19.00 De l’actualité à l’histoire.Les défilés du prêt à porter.La Tunisie de Ben Ali. Histoire

20.00 Faut pas rêver.USA : Les peintres de la Porte d’Or.France : Les plombiers du glacier.Italie : Les femmes des rizières.Invité : Marc Veyrat. TV 5

20.10 Appel à témoins. RTBF 1

20.45 E Les Mercredis de l’Histoire.Lointaine Sibérie.[1/3] La conquête. Arte

20.50 Nimbus.Le mystère des dinosaures. France 3

21.00 Faits divers.Le dépeceur de Mons. TV 5

21.00 Envoyé spécial, les années 90.Les soldats du désert.Valence, ceux qui restent.Israël dans le cyclone. Histoire

22.35 Ça se discute. Jumeaux : seulscontre le reste du monde. France 2

22.35 Savoir plus santé.Cancer : nouveaux traitements. TV 5

23.00 Le Magazine de l’Histoire.Spécial Temps des livres. Histoire

23.15 Un siècle d’écrivains. Günter Grass,la plume et le burin. France 3

0.10 Le Canal du savoir. Pourquoi faut-illire les classiques ? Paris Première

DOCUMENTAIRES

18.55 Mozart en tournée.Concerto pour piano en fa majeur K459par Radu Lupu. Muzzik

19.35 La Guerre préventive. Planète

20.00 La Chute des Romanov. Histoire

20.35 Gay à tout prix. Planète

20.55 Femmes d’Alger. Téva

21.00 Créateurs de rêve. Paris Première

21.00 E Kazuo Ohno, danseur japonais. Muzzik

21.30 Des hommes dans la tourmente.[24/32]. Grant versus Lee. Planète

21.55 La Royal Air Force. [3/8]. Cranwell,le joyau de la couronne. Planète

22.45 Roland Petit. [1/2]. Planète

23.15 Konkordski Tupolev.La guerre des supersoniques. TSR

23.40 Profil. Un doux rebelle : Julien Green.[2/4]. Journal d’un siècle : 1917-1930.

Arte23.40 Georges Lemaître.

Le maître du Big Bang. Planète

SPORTS EN DIRECT

20.35 Football. Soirée Ligue des champions(3e journée).20.45 Bayern Munich - Paris-SG. TF 1

DANSE

22.00 Enas. Ballet. Muzzik

MUSIQUE

19.50 Quatuor à cordes de Mozart.Muzzik

21.40 Musique contemporaine :Janacek, Copland, Roussel,Britten. France Supervision

21.45 Musica. Salomé, opéra de R. Strauss,mise en scène de Luc Bondy. Arte

22.35 Cathy Berberian : Melodiedi seconda mano, no 2. Muzzik

22.55 Le New Morning :Mike Stern. France Supervision

23.15 Cardiff Singer of the World 1997no 5. Muzzik

23.20 Le New Morning :Ray Barretto. France Supervision

0.00 Zouk Machine. France Supervision

0.05 Branford Marsalis : Steep 96.Muzzik

TÉLÉFILMS

20.05 Mercenaire par amour.De Larry Elikann. TSR

20.30 Le Tueur de l’ombre.De Peter Edwards. Festival

20.30 et 22.05Felipe a les yeux bleus. DeGianfranco Albano [1/2 et 2/2]. RTL 9

20.45 et 22.35 Abus d’influence.4 De Bruce Pittman [1 et 2/2]. M 6

SÉRIES

18.15 Friends. Celui qui a été très maladroit.France 2

20.25 Star Trek : la nouvelle génération.Jeux de guerre. Canal Jimmy

20.35 Inspecteur Morse.Les Filles de Cain. TMC

20.45 Les Anges de la ville.Mon grand-père, ce héros. Série Club

20.55 L’Instit. L’Une ou l’Autre. France 2

21.35 Nick Mancuso :Les Dossiers secrets du FBI.La poudrière. Série Club

21.50 Seinfeld. La fondation. Canal Jimmy

22.10 Les Cinq Dernières Minutes.Mystère et pommes de pins. Festival

22.20 Une fille à scandales. Larguez...les amarres (v.o.). Canal Jimmy

22.40 Spin City.Le puissant (v.o.). Canal Jimmy

23.35 Bottom. Digger (v.o.). Canal Jimmy

0.10 New York Police Blues.Les innocents (v.o.). Canal Jimmy

0.50 New York District.L’argent sale. France 3

PROGRAMMES

TÉLÉVISION

TF 119.00 Tous en jeu.19.50 et 20.25 Météo.20.00 Journal.20.35 Football.

20.45 Ligue des champions :Bayern Munich - PSG.22.35 Le Résultat des courses.22.40 Football. Les temps fortsdes autres rencontres.

0.20 Minuit sport.0.50 TF1 nuit, Météo.1.05 Histoires naturelles.

FRANCE 219.15 1 000 enfants vers l’an 2000.19.20 C’est toujours l’heure.19.50 et 20.45 Tirage du Loto.19.55 Au nom du sport.20.00 Journal, A cheval, Météo.20.55 L’Instit. L’Une ou l’Autre.22.35 Ça se discute.

Jumeaux : seuls contre le restedu monde.

0.20 En fin de compte.0.25 Journal, Météo.0.45 Rugby.

FRANCE 318.50 Un livre, un jour.18.55 Le 19-20 de l’information.20.02 et 22.45 Météo.20.05 Fa si la chanter.20.35 Tout le sport.20.45 Consomag.20.50 Nimbus. Le mystère des dinosaures.22.50 Soir 3.23.15 Un siècle d’écrivains.

Günter Grass, la plume et le burin.0.05 Cinéma étoiles.0.30 Vivre avec...

La maladie de Creutzfeld-Jakob.0.50 New York District.

CANAL +

E En clair jusqu’à 21.0018.30 et 19.10 Nulle part ailleurs.

Invités : Amber Valleta, Smoke City,Pedro Almodovar, Estelle Hallyday.

20.30 Le Journal du cinéma.21.00 Les Vendanges de feu.

Film d’Alfonso Arau.22.40 Flash infos.22.45 Ponette a a

Film de Jacques Doillon.0.20 Uri. Film de Ken Russell (v.o.).

ARTE19.00 The Monkees.19.25 Le Guide vert.19.30 7 1/2. L’Italie face aux tremblements

de terre. La folie des pilules.20.00 Animaux en péril.20.30 8 1/2 Journal.20.45 E Les Mercredis de l’Histoire.

Lointaine Sibérie. [1/3] La conquête.21.45 Musica.

Salomé, opéra de R. Strauss,diffusé en simultanésur France-Musique.

23.40 Profil.Un doux rebelle : Julien Green [2/4].

0.35 La Lucarne.Tableaux d’une intimité.

M 619.00 FX, effets spéciaux : La Série.19.50 Voile.19.54 6 minutes, Météo.20.00 Notre belle famille.20.35 Décrochages info, Elément Terre.20.45 Abus d’influence.

Téléfilm 4 de Bruce Pittman [1 et 2/2].0.10 Secrets de femme.0.45 Sexy Zap.1.10 Boulevard des clips.

RADIO

FRANCE-CULTURE20.00 Le Rythme et la Raison de...

Dominique Fourcade [3/5].20.30 Paroles sans frontières.

Tire ta langue. 21.32 Correspondances.22.00 Communauté des radiospubliques de langue française.

22.40 Nuits magnétiques.0.05 Du jour au lendemain.0.48 Les Cinglés du music-hall.

FRANCE-MUSIQUE20.00 Concert. Festival du Périgord noir.

Œuvres de Debussy, Mozart, Schubert.21.40 Opéra.

21.45 Salomé, de R. Strauss,diffusé en simultané sur Arte.

23.40 Les Greniers de la mémoire.Œuvres de R. Strauss.

RADIO-CLASSIQUE20.40 Les Soirées.

Brême : La salle Die Glocke.Œuvres de Schubert, Webern.

22.00 Les Soirées... (suite).Œuvres de Keiser, Telemann, Haendel.

NOTRE CHOIX

b 20.30 Ciné CinémasVanya, 42e RueUne comédie dramatique réaliséepar Louis Malle en 1994. A NewYork, des comédiens se réunissentdans un théâtre de la 42e Rue,pour une répétition « filée » encostumes de ville d’Oncle Vania,de Tchekhov. Sur scène, ils ba-vardent, puis jouent la pièce. Unefaçon magistrale de filmer (clair-obscur, couleurs, topographie deslieux, cadrage des acteurs) la re-présentation d’une création théâ-trale avec d’excellents interprètes− Phoebe Brand, Wallace Shawn,George Gaynes, Julianne Moore.La pièce de Tchekhov a été adap-tée par David Mamet. − J. S.

b 0.35 ArteLa Lucarne :Tableaux d’une intimitéComment peut-on être peintre au-jourd’hui ? Pourquoi deux jeunesFrançais comme Isabel Duperrayet Grégoire Hespel s’engagent-ilsvers les beaux-arts ? Le film de Ju-dith du Pasquier ne lève qu’unepartie du mystère. Il montre la viequotidienne de ce couple d’ar-tistes qui se cherchent. Marquéspar l’image traditionnelle dupeintre, ils se sont créé un lieu detravail sans surprise : atelier, che-valet, tubes de couleurs.Ils jouent l’archétype de l’artistedépressif et caractériel. En tantque couple, ils n’échappent pasaux banalités du quotidien, avecses disputes sur la sauce de la sa-lade... Isabel et Grégoire n’osentpas assez formuler ce qui est es-sentiel à leurs yeux, ce qui les« tient » dans leur vocation. Pour-tant leur passion artistique est là,dans les regards et, quelquefois,dans les mots : « La peinture, c’estune entreprise désespérée », estimeIsabel. − C. Ba.

NOTRE CHOIXb 20.00 ArteContacts

Le carnet de routedes photographes

PHOTOGRAPHIE et télévisionfont rarement bon ménage tant leformat de l’image fixe, sa lecturequi appelle la contemplation,cadrent mal avec la lucarne lumi-neuse qui se doit d’absorber rapi-dement des images animées. Wil-liam Klein, dont l’œuvre se trouveau confluent du cinéma et de laphoto, a imaginé il y a quelquesannées « Contacts », une série depetits films fonctionnant très bienet permettant de découvrir le pro-cessus de création du photo-graphe. Les fameuses planches decontact, où les différentes prises devue s’enchaînent, les bonnes, lesmoins bonnes et les mauvaises– « les épluchures », comme ditCartier-Bresson – y étaient filméesau banc-titre, et commentées parleur auteur qui racontait ce qu’ilavait ressenti, les motivations deson choix, son carnet de route, seserrements et réussites. Sa mé-moire.

En treize minutes, le spectateurdevient voyeur et entre dans le do-maine privé de l’auteur. Cette pre-mière série était parfaitementadaptée aux photojournalistes etphotographes documentaires– Klein, Cartier-Bresson, Depar-don – qui hésitent, tournent autourdu sujet, le cernent pour aboutir àla « bonne » image, qu’ils en-tourent de rouge au marqueur etsur laquelle la caméra va s’arrêter.

Arte relance aujourd’hui la col-lection « Contacts » avec EdouardBoubat, Thomas Ruff, Eugene Ri-chards, Mario Giacomelli, SarahMoon, Duane Michals, DonMc Cullin, Sophie Calle. Boubatexplique « les cadeaux » (lesimages) que ses errances luioffrent. Eugene Richards ne parlepas de photographie, mais des ex-clus américains qu’il rencontre.Mc Cullin accompagne ses épous-touflantes images de guerre. Maisles Ruff, Calle, Sarah Moon, Gia-comelli ou Michals traduisent uneévolution de la collection. Ilséchappent à cette tradition docu-mentaire et fabriquent plus desimages qu’ils ne les enregistrent. Laplanche devient pour eux autrechose, un matériau secondaire,voire inexistant. Cette série, péda-gogique et poétique à la fois, resteun excellent moyen d’expliquerune démarche, le statut conféréaux photographies.

Michel Guerrin

Page 34: CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16403 – 7,50 …...LeMonde,,.. .. ...

LeMonde Job: WMQ2310--0034-0 WAS LMQ2310-34 Op.: XX Rev.: 22-10-97 T.: 11:16 S.: 111,06-Cmp.:22,11, Base : LMQPAG 35Fap:99 No:0380 Lcp: 196 CMYK

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JEUDI 23 OCTOBRE 1997

Tirage du Monde daté mercredi 22 octobre : 512 404 exemplaires 1 – 3

DÉPÊCHESa SPORTS : trois footballeurs etun judoka ont subi récemmentdes contrôles antidopage positifsaux anabolisants, affirmeL’Equipe dans son édition du mer-credi 22 octobre. Des traces denandrolone, substance commer-cialisée en France sous forme desolution injectable en intramus-culaire, ont été retrouvées dansles urines des suspects. Selon lequotidien sportif, les trois joueursprofessionnels – dont les nomsn’ont pas été révélés – ont subides contrôles anti-dopage aprèsun match de championnat deFrance, tandis que que le judoka aété contrôlé inopinément à l’en-traînement. Ces cas de dopages’ajoutent à ceux de David Gar-cion (ex-Lille), qui purge actuelle-ment une suspension de dix-huitmois, dont six mois ferme, et deCyrille Pouget (Le Havre), contrô-lé positif le 12 septembre aprèsBordeaux-Le Havre, mais qui at-tend une contre-expertise pour le30 octobre. a MUSIQUE : « Candle in theWind », l’hommage chanté d’El-ton John à la princesse Diana, estdevenu, en trente-sept jours, letitre le plus vendu de tous lestemps. Près de 32 millions dedisques ont été distribués dans lemonde depuis le début du moisde septembre. Selon le GuinnessBook of Records, Candle in theWind a détrôné White Christmas,de Bing Crosby, sorti il y a un de-mi-siècle et qui s’est vendu à30 millions d’exemplaires. Les bé-néfices du disque sont reversés auFonds Diana. Le gouvernementbritannique a même renoncé àpercevoir la TVA sur ce disque.a EUROPE : Philippe de Villiers,président du Mouvement pourla France, demande un référen-dum sur le projet de traité d’Ams-terdam, qui a été signé le 2 octo-bre par les gouvernements del’Union européenne. Dans unetribune publiée mercredi 22 octo-bre par Le Figaro, M. de Villiersestime que le projet d’Amsterdam« s’inspire de conceptions poli-tiques radicalement opposées àcelles des institutions de la Ve Ré-publique ».

Prévenir économiquement le risque climatiqueVoici un des principaux extraits de l’appel qu’une

quinzaine d’économistes français proposent à la signa-ture de leurs collègues et vont transmettre au gouverne-ment français avant la conférence de Kyoto.

« Economistes, nous mesurons les bouleverse-ments qu’un changement clima-tique comporterait à terme pourl’économie, les sociétés et l’équi-libre de la planète, de même quenous mesurons les contraintesqu’imposent aujourd’hui le chô-mage, la compétition économiqueet les disparités de développe-ment. Nous savons que les arbi-

trages sont délicats. Le bien-être des générations fu-tures peut être affecté si les alertes des scientifiquessont négligées, mais des sacrifices excessifs ne sau-raient être imposés aux générations actuelles au nomde risques dont l’ampleur est encore controversée.

» Toutefois, ni l’argument du réalisme économiqueni la complexité du problème ne sauraient justifierl’inaction. D’une part, l’inertie des systèmes écono-miques et techniques et des systèmes naturels esttelle que tout retard dans les décisions peut entraînerdes coûts très importants à l’avenir, qu’il s’agisse decoûts d’adaptation ou de ceux qu’engendrerait uneaccélération dans l’urgence de la baisse des émissionsde gaz à effet de serre. D’autre part, il y a consensuspour considérer que des politiques bien conçues deréduction des émissions ne devraient pas porter at-teinte aux niveaux de vie actuels (...).

» Le recours à des instruments économiques incita-tifs créera des synergies entre la politique environne-mentale et la politique économique générale. Les re-venus d’écotaxes ou de permis d’émissionsnégociables peuvent en effet être utilisés pour ré-duire les prélèvements obligatoires les plus pénali-sants pour l’activité économique et l’emploi (...). »

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le mercredi 22 octobre, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 17687,61 + 2,77 – 8,64Honk Kong index 11637,77 – 6,17 – 13,48

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %22/10 21/10 fin 96

Paris CAC 40 3014,61 + 0,83 + 30,18Amsterdam CBS 937,13 + 1,58 + 44,57Bruxelles 16153 + 0,81 + 52,80Francfort Dax 30 .... .... ....Irlande ISEQ 3870,83 .... + 42,02Londres FT 100 5248,20 + 0,43 + 27,43Madrid Ibex 35 .... .... ....Milan MIB 30 24116 + 0,86 + 53,63Zurich SMI 5917,30 + 0,93 + 50,10

17687,61

Tokyo. Nikkei sur 3 mois20575,26

19732,62

18889,98

18047,34

17204,70f25 juil. 8 sep. 22 oct.g

Bill Clinton va proposer des mesurespour réduire les gaz à effet de serreEn France, des économistes appellent à la prévention du risque climatique

LE PRÉSIDENT Bill Clinton doitexposer, mercredi 23 octobre, lesmesures que les Etats-Unis en-tendent prendre pour lutter contreles émissions de gaz à effet de serrequi menacent la planète d’un ré-chauffement climatique global,dont les conséquences – aggrava-tion des sécheresses et des inonda-tions – inquiètent les autorités in-ternationales. Jusqu’à présent,Washington s’était refusé à s’enga-ger sur des objectifs de réduction,contrairement aux engagementspris au sommet de la Terre de Rioen 1992. Cette intransigeance avaitd’ailleurs été une des principalesraisons de l’échec du deuxièmesommet de la Terre, à New York, aumois de juin (Le Monde des 24 et28 juin).

L’administration américaine es-time que des mesures visant princi-palement à réduire la consomma-tion d’énergie fossile (pétrole etcharbon), responsable des émis-sions du principal gaz à effet deserre, le dyoxide de carbone (CO2),sont contraires aux intérêts écono-

miques du pays. En préalable à toutaccord, elle exige que les mesuresde réduction ne s’appliquent passeulement aux pays industrialisésmais aussi aux pays en développe-ment, en particulier la Chine etl’Inde qui, en raison de leur crois-sance et de leur population, sontappelés à devenir de gros émet-teurs de gaz. Les Etats-Unis restentcependant, et de loin, le premierémetteur avec le quart environ duCO2 rejeté dans l’atmosphère.

Bill Clinton a-t-il changé d’avis ?Rien n’est moins sûr. Il a d’ailleursaverti qu’il s’attendait à être « criti-qué de toutes parts ». Selon dessources concordantes en prove-nance des milieux industriels et desassociations écologistes, que le pré-sident a abondamment consultésces derniers mois, il se contenteraitd’annoncer un objectif de stabilisa-tion, en 2010, des émissions de gazà leur niveau de 1990. Pour reveniren 2010 au niveau de 1990, il décide-rait en particulier d’une taxe nou-velle sur l’essence, de 25 à 50 centspar gallon (3,8 litres).

Ces mesures, dont on connaîtrale détail mercredi, seront celles quela délégation américaine défendra àKyoto (Japon), pendant la confé-rence qui doit, du 1er au 10 dé-cembre, fixer un système de réduc-tion des émissions de gaz à l’échellede la planète. Les positions des unset des autres restent très éloignées :l’Europe, qui se présente remarqua-blement unie sur ce sujet, proposeune réduction de 15 % en 2010 ; lespays menacés par un relèvementdu niveau de la mer (en particulierles îles-Etats du Pacifique) souhai-teraient une réduction de 20 % dansles cinq ans à venir ; en revanche, laChine et tous les pays en voie d’in-dustrialisation ne veulent entendreparler d’aucune contrainte suscep-tible d’entraver leur développe-ment économique.

LA « FORCE DU NOIR »Par ailleurs, alors que vient de

s’ouvrir à Bonn une séance tech-nique de négociation avant laconférence de Kyoto, qui va exami-ner les propositions de Bill Clinton,

l’opinion se mobilise. Aux Etats-Unis, une association, la Global Cli-mate Association, appuyée par laplupart des grands groupes pétro-liers et charbonniers internatio-naux, a engagé une campagne depublicité dans les journaux et à latélévision pour contrarier la signa-ture de tout protocole à Kyoto.13 millions de dollars ont été mobi-lisés pour cette opération à laquelleCNN a refusé de participer et queles écologistes qualifient de « forcedu noir ». De leur côté, six Prix No-bel américains d’économie esti-ment au contraire que leur pays de-vrait prendre la tête du mouvementde réduction.

En France, une quinzained’économistes de sensibilités di-verses ont décidé de rendre publicun appel invitant les milieux écono-miques à prendre conscience durisque climatique et justifient « lelancement d’actions de prévention si-gnificatives ». Après plusieurs moisde débats entre eux, ils re-commandent une démarche de ré-duction des émissions reposant surune politique volontariste d’incita-tions fiscales et économiques.

Parmi les signataires, on note laprésence de Gérard Debreu, pro-fesseur à Berkeley et prix Nobeld’économie, Edmond Malinvaud,professeur au Collège de France,Michel Aglietta, professeur à Pa-ris-X, Jean-Jacques Laffont, profes-seur à Toulouse-I, Jacques Le-sourne, professeur au CNAM,Roger Guesnerie et Olivier Godard,directeurs de recherche au CNRS,Claude Henry, professeur à l’écolePolytechnique, Jean-Charles Hour-cade, membre du Comité nationalde la recherche et corédacteur durapport de synthèse du grouped’experts intergouvernemental surl’évolution du climat, et IgnacySachs, directeur d’études àl’EHESS.

Jean-Paul Besset

Fausse bombe, vraie basepar Pierre Georges

LES TEMPS politiques peuventavoir changé. Les méfiancesrestent. Et les services secretsveillent. Jusqu’à prendre parfoisleurs craintes, ou leurs envies,pour des réalités. Ainsi cetteexemplaire histoire de faux essainucléaire révélée par la presseaméricaine.

Le 18 août dernier, la CIA dif-fuse, à l’intention des plus hautesautorités américaines, une alerteclassée « haute priorité ». Sessources – en fait les grandesoreilles sismiques du Nuclear TestIntelligence Comittee, organismechargé d’ausculter les entrailles dela terre pour voir si, des fois, unpays ou un autre n’en aurait pasfait « péter » une en douce – sontformelles : le 16 août, la Russieavait effectué un essai nucléairedans une île près du cercle arc-tique.

Tout se passe alors comme cha-cun a pu le voir, un jour ou l’autre,dans une fiction hollywoodienne.Réunion immédiate à Washingtondu Conseil national de sécurité.Convocation non moins immé-diate au département d’Etat del’ambassadeur de Russie auxEtats-Unis. Et démarches paral-lèles, à Moscou, d’un diplomateaméricain auprès du ministère desaffaires étrangères.

Le rapport de la CIA est, biensûr, maintenu secret. Mais, au casoù, le Conseil national de sécuritéprépare un communiqué : « Selonnos informations, un événement sis-mique à caractère explosif s’est pro-duit dans le voisinage de la zoned’essais nucléaires russes sur l’île deNovaya Zemlya . » Et ce communi-qué sera publié le 27 août.

Autant affirmer noir sur blancque la Russie a violé sa propre si-gnature au bas du traité d’inter-diction des essais nucléaires. L’af-faire devient publique. Très vite,d’autres services de renseigne-

ments, des scientifiques, des payscomme la Grande-Bretagne, laFrance ou la Norvège, eux aussil’oreille collée au sol, fontconnaître leurs conclusions : poureux, pas de doute, la CIA s’est« plantée ». Il n’y a pas eu d’ex-plosion nucléaire, le 16 août, sousl’île de Novaya Zemlya, mais unesecousse sismique, ailleurs, à 80kilomètres des côtes russes, pro-voquée par un petit tremblementde terre.

Après deux mois d’enquête, letemps de débriefer ses sources di-verses, officielles et secrètes, laCIA vient d’admettre son erreur.Effectivement, il n’y a eu aucunsigne de radioactivité suspecte.Aucun enregistrement sismiquesignant une explosion dans lesfonds marins. Et aucune activitéde forage importante des techni-ciens russes sur l’île.

La CIA s’était bel et bien trom-pée. Avec pour seule excuse cetteordinaire conviction chez toutmaître contre-espion que, si lepays visé ne l’avait pas fait, il au-rait très bien pu le faire. Lapreuve, cette base secrète, B2 Na-mous, utilisée par la France en Al-gérie jusqu’en 1978, pour testerses armes chimiques. Vingt ansaprès sa fermeture, l’existence decette base secrète, elle-même né-gociée sur une annexe secrète, ra-joutée aux accords d’Evian, est ré-vélée par Le Nouvel Observateur.Et confirmée à l’hebdomadairepar Pierre Messmer.

Incroyable donc et pourtantvrai. Tant que l’Algérie était fran-çaise, on testa au Sahara la bombeatomique et quelques autresarmes d’ailleurs. Et losqu’elle de-vint algérienne, pendant seize ans,on y procéda, à l’air libre, à des es-sais d’armes chimiques. Voilà uneinformation qui va singulièrementaméliorer la réputation de notrepays en Algérie.

L’UNEF-ID dénonce le manque de « volontarisme » de Claude Allègre« IL RÈGNE une ambiance bizarre

à l’université. La rentrée est apparem-ment calme mais la plupart des ré-formes sont en suspens. Nous consta-tons une absence de volontarisme duministre de l’éducation sur les dossiersen cours. » Lors d’une conférence depresse, mardi 21 octobre, PouriaAmirshahi, président de l’UNEF-ID,n’a pas caché ses impatiences àl’égard de la politique universitairede Claude Allègre.

Engagée dans un processus de ré-forme négocié avec François Bayrou,la première organisation représenta-tive chez les étudiants s’inquiète dumanque d’évolution sur trois dos-siers « prioritaires » : la réforme pé-dagogique des études, le statut socialde l’étudiant et la charte des stagesen entreprise. « On peut comprendrela volonté du ministre de tout re-prendre à zéro. Mais il ne faudrait pasque cela se traduise par le report auxcalendes », a indiqué M. Amirshahi.

Alors que la réforme des étudesdevait être appliquée à la rentrée,l’UNEF-ID déplore des « résis-tances ». Sur les modalités ducontrôle des connaissances, le main-tien de la session de rattrapageen septembre et les passages condi-tionnels entre le DEUG et la licence,le syndicat maintient son intransi-geance. Consciente en revanche desdifficultés de la nouvelle organisa-tion, ses responsables seraient prêtsà accepter des compromis, voire unéventuel report, de certaines disposi-tions.

A propos du statut social et de laréforme des aides sociales, l’UNEF-ID milite toujours en faveur d’uneallocation reconnaissant le principe« d’autonomie ». Une idée que sesresponsables entendent défendredevant les députés avant la dis-cussion prévue au printemps devantle Parlement.

« DU FLAN »A propos, enfin, de la charte des

stages et des unités d’expérienceprofessionnelle (UEP) en entrepriseintégrées dans les études dedeuxième cycle, Pouria Amirshahidénonce « le manquement à la paroledonnée du patronat. Les annonces duCNPF sur l’emploi des jeunes, c’est duflan. La démonstration est faite qu’ils’agissait bien d’obtenir une maind’œuvre à bon marché ». Toutefois,l’UNEF-ID attend toujours du minis-tère l’ouverture d’une discussion surune charte des stages.

Alors que des élections sont pré-vues au printemps pour le renouvel-lement des instances des centres ré-gionaux des œuvres (Crous) et duconseil national de l’enseignementsupérieur et de la recherche (Cne-ser), l’UNEF-ID repart en campagne.Elle a décidé de lancer un question-naire, distribué à 400 000 exem-plaires. Ses responsables en at-tendent « un sondage grandeurnature de l’état d’esprit des étu-diants. »

Michel Delberghe