Notice sur les entreprises de dessechements de lacs et de...

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--'u' NOTICE• suit LES ENTREPRISES DE DESSÈCHEMENTS DES LACS ET MARAIS DANS LA GÉNÉRALITÉ D'AUVERGNE. PREMIÈRE PARÉE. Lac et Marais de Sar1ève. Après avoir été en grand honneur chez les Romains pendant l'époque Ilorissante de la République , l'agriculture ,'cet art si précieux qui produit les éléments indispensables de la vie des hommes, qui est la hase essentielle de l'industrie eLdu com- merce, et qui, à raison d'aussi puissants 1 motifs, occupe le pre- mier rang dans la science économique, l'agriculture o été le sujet des principales préoccupations des gouvèrnements, qui ont eu en vue le bonheur du peuple et la prospérité des nations. Aban- donnée, contrairement à tous les principes d'humanité et aux lois de la raison, pendant cette - longue suite de siècles qui virent la décadence de l'Empire romain, les invasions et les conquêtes des Barbares, les luttes de la féodalité et!les misères du moyen- gc, elle resta oubliée de tous ceux qui eurent charge d'hommes pendant cette longue période, jusqu'au roi Henri IV. A ce grand prince l'éternel honneur des prmières améliorations agricoles; à son génie, à ses inspirations généreuses, à son amour pour l'humanité, honneur et reonnaissance pour les Document D II 111111 II III! II 11111 10H! 0000005559633

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NOTICE•

suit

LES ENTREPRISES DE DESSÈCHEMENTS

DES LACS ET MARAIS

DANS LA GÉNÉRALITÉ D'AUVERGNE.

PREMIÈRE PARÉE.

Lac et Marais de Sar1ève.

Après avoir été en grand honneur chez les Romains pendantl'époque Ilorissante de la République , l'agriculture ,'cet art siprécieux qui produit les éléments indispensables de la vie deshommes, qui est la hase essentielle de l'industrie eLdu com-merce, et qui, à raison d'aussi puissants 1 motifs, occupe le pre-mier rang dans la science économique, l'agriculture o été le sujetdes principales préoccupations des gouvèrnements, qui ont euen vue le bonheur du peuple et la prospérité des nations. Aban-donnée, contrairement à tous les principes d'humanité et auxlois de la raison, pendant cette -longue suite de siècles qui virentla décadence de l'Empire romain, les invasions et les conquêtesdes Barbares, les luttes de la féodalité et!les misères du moyen-gc, elle resta oubliée de tous ceux qui eurent charge d'hommes

pendant cette longue période, jusqu'au roi Henri IV. A cegrand prince l'éternel honneur des prmières améliorationsagricoles; à son génie, à ses inspirations généreuses, à sonamour pour l'humanité, honneur et reonnaissance pour les

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—4—premiers témoignages de sollicitude donnés par l'autorité sou-veraine à la production agricole, à la nourrice du genre humain.

Henri IV fut le premier des rois de France qui accorda à cegrand principe de la science économique l'attention et la faveurqu'il méritait.

En outre des ordonnances maintenues et confirmées de sesprédécesseurs Charles. IX et Henri III , qui avaient montréquelque bienveillance pour les cultivateurs en interdisant auxcollecteurs et receveurs des tailles de saisir leurs meubles,harnais, bestiaux et instruments, Henri 1V édicta des me-sures de répression très-sévères contre les dévastateurs deschamps , quels qu'ils fussent; son édit, daté (le Follembray,du 19 janvier 1599 . interdisait à ,tous , même aux gentils-hommes, la chasse dans les blés, vignes et terres ensemencées.Convaincu des funestes effets de l'absentéisme, qui furent sinuisibles plus tard sous Louis XiV, il sut persuader à la no-blesse de vivre dans ses terres et d'y dépenser ses revenus. Ré-pandues dans les campagnes, ces dépenses y entretenaient l'ai-sauce et le bien-être, éléments de vigueur et de santé pour leshabitants, dont le nombre en s'accroissant chaque jour, ajou-tait à la prospérité du royaume par l'augmentation de la po-pulation et l'extension 'Je la production.

Pour atteindre ce but, il comprit qu'il ne fallait pas borner• sesvucs bienfaisantes à ces simples mesures de protection et de

bienveillance.' mais qu'il fallait donner une vive impulsion à destravaux d'améliorations, convertit les landes, les pâturages, lesforêts situées dous les plaines, les communaux incultes, eu ter-rains cultisés , créer des chemins, dessécher les palus et ma-rais et rendre ainsi à la production d'immenses étendues de ceriche sol de Franco, dont l'inculture livrait si souvent à de ter-ribles disettes qui la décimaient, la population, tou ,tefois peuconsidérable encore comparativement à ce qu'elle est de nosjours.

Les premières opérations ordonnéés furent le dessèchemènt,des marais. Dans le préambule de son édit pour le dessèche-

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-5-chement des palus et marais inondés, du Sa vri[ 599, enre-gistré au Parlement de Paris le 15 novembre suivant, île Roiexposait ainsi l'utilité de ces importants travaux : « Sçacliant• bien ' qu'en plusieurs de nos provinces et pays le long des• mers, •de l'un et de i'austre costé des grosses et petites ri-• viéres et autres endroits de nostre royaume, il y a grande• quantité de pains et marais inohdés et entrepris d'eau, pres-• que inutiles et de peu de profit, qui tiennent beaucoup de• pays désert et inhabité et incommodent les habitons voisins.• tant à cause de leurs mauvaises vapeurs et exhalaisons que• de ce qu'ils rendent les passages fort difficiles et dang e-• reux; lesquels palus et marais estant desseichez serviront• partie en labours £t partie en prairies et pasturiiges. » Parle même édit, il honora le sieur Humfrey-Bradley, hollandais,

qui le premier avait formé une compagnie à cet effet, de la qua-

lité de Maistre des digues de France, et lui accorda ainsi qu'ilses associés à titre de propriété incommutable, sous la simple

redevance d'un cens, la moitié de tous les plus et marais dépen-

dant du Bonîàine royal, lui accordant en outre une redevance

en argent de quarante sots, payable pour une 'fois seulement, par

tous les propriétaires de marais inondés qui voudraient exécuter

• eux-mêmes les travaux de dessèchement à leurs frais sous sa di-

rection. En l'année 1607, préoccupé du soin de faire convertir

en bonnes terres des terrains incultes et submergés., te mêmeRoi, par un nouvel édit4u mois dejanvier de jadite année 1607,

enregistré u Parlement le 23 aoAt 1613,détailla plus parti-

culièrementet spécifia les .privilèges et exemptions dont il en-

tendait faire jouir ceux qui entreprendraient de défricher et de

meure en valeur le'sdits terrains. En conséquence, par l'art. XIIde cet édit , il déclara exempts de taille pendant vingi ans, etde la traite foraine (J) à perpétuité, ceux qui acquerraient.

(4) La traite foraine était un droit perçu sur routes marchandises OU récoltesqui étaient exportées du roy aume à l'étranger. Les 'fermiers-généraux l'étendi-rent aux marchandises qu'on transférait de certaines provinces dans d'autresfâcheux abus de l'esprit de fiscalité qui entravait beaucoup 'le commerce (les-approvisionnements , et qui dura néannioiub jusqu'en 1789.-

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des biens et possessions ès-dits marais desséchés et réduits c'aculture et prairies, et par l'article Xlii, il les exempta detoutes charges personnelles, comme commissions de justice,assiette et collecte des tailles, charges de villes et communautés,guet et garde, tutelle, curatelle et autres charges semblables.Par l'article XIV, en ce qui touche les marais et terres rotu-rières, il fut ordonné par l'édit que la moitié serait exempte

• àperpétuité de toutes contributions, sans pouvoir être compriseau roue des tailles et cadastres; et quant à l'autre moitié , ellen fut déclarée exempte pendant vingt ans. Enfin l'art. XVordonna que les marais qui auraient été défrïrhés et mis envaleur seraient exempts de toutes dîmes ecclésiastiques ou sei-gneuriales qui pourraient y être prétendues, comme étant les-dits marais situés aux territoires dans lesquels lesdits ecclésias-tiques ou seigneurs ont droit de lever et percevoir dîmes, et cependant l'espace de vingt ans à compter du jour que lesditsmarais auraient été mis en valeur, leque passé, les possesseursde.dits héritages seraient seulement tenus de la payer è raisonde cinjuanfr gerbes l'une, ors que les dîmes des paroisses oùlesdits héritages seraient assis ou bien des lieux circonvoisinsayent accoutumés d'être payés à un plus haut compte.

La plupart des dispositions de cet édit furent confirmées

par deux déclarations postérieures, des 5 juillet et 19 octobre

1613; la première enregistrée au Parlement le 23 août de la-

dite année 1613 , la seconde le 3 décembre 1614 (1).

Dans un article Variétés, publiés dans le journal le Siècle,n° du 7 lévrier 1860, par M. Eugène d'Auriac, et dans lequel

cet écrivain donne de très-intéressants détails sur les premières

tentatives faites en Fronce de dessèchement des marais, nous

(I) Voir, pour ce que nous venons de rappeler, la déclaration du Roi, quipermet à laits seigneurs et propriétaires de marais, talus et terres inondés(t'en faire lestessèchements, véritkaliorÇ préalablenient faite de l'état et cons l

is ,-

l a nce desdits terrains, du 44 juin 1766, enregistrée à la Cotir des Aides deLIeraiont, le 90 août, imprimée et publiée parles ordres de ladite caitr. Unefeuille petit in-4e, de l'imprimerie de L-1'. Ijoutaudon, imprimeur du Roi et dola Cour des Aides de Ctermont-Ferraad. (Arctuve départementales, e. 26)

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-7—voyons que le roi Henri IV s'était adressé, pour la réussite deses .prcijets, aux Hollandais , parce que ce peuple industrieuxavait conquis sur les eaux une partie de son territoire, étqu'ilavait accordé des lettres de naturalisation à tous les habitantsdes Pays-Bas qui voudraient s'associer aux travaux de leurcompatriote Bradley.

M. d'Auriac ajoute « qu'après queiques années, le manque• d'argent allait arréter l'entreprise, quand Henri 1V vint re-• constituer l'association par son édit de janvier 1601; que• ce monarque adjoignit plusieurs personnages à Bradley, dé-• Clara nobles les terres du Domaine royal, qui après avoir été• enlevées aux eaux seraient abandonnées aux sociétaires, et• qu'enfin des lettres de noblessè furent promises aux douze• d'entre les associés qui auraient le plus contribué au succès• de l'entreprise. A tant de faveurs, si recherchées alors, le Roi• joignit encore la promesse de foire bâtir des villages et d'é-• tablir des foires dans les nouvelles terres conquises sur les• marais. Il accorda à tous ceux qui voudraient les habiter• l'exemption de toute charge pendant la durée de leur vie, et• aussi le privilége de faire seuls en France, pendant vingt ans,• des tourbes qu'ils pouvaient trouver en abondance dans les• marais desséchés.

Mais (dit encore M. d'Auriac) tous les efforts du Roi et• de Sully échouèrent devant le mauvais vouloir des popula-• tions, l'incurie des propriétaires et le manque de capitaux.• A la mort d'EIenri IV, très-lieu de dessèchements avaient été• exécutés, et la plupart de ceux qui avaient été entrepris né• urent pas poursuivis sous Louis XIII.

Nous ajouterons que cet insuccès ne peut être imputé à l'in-différence de ce souverain , car il avait aussi consacré toute sabienveillance à l'oeuvre créée par son père. Une déclaration si-gnée de lui, en date du 4 ma; l64I, enregistrée au Parlementle 31 mars 1642, avait confié au sieur Fictte, irig1iieur, et àses associés lu direction générale des défrichements et dcssèehements qui avait été d'abord attribuée au sieur Bradleycette déclaration avait renouvelé et confirmé tous les priviléges

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- set exemptions énoncés à'Pédit de 1601, notamment celle 'dei'exemptkin de tailles et autres impositions pendant vingt anset celle 4e l'exemption de: .dîme pendant dix, passé lequel

• -temps cette dernière ne devait être payée qùà raison de lacinquantième gerbe.

Enfin, en 1643 , sur les représentations qui 'furent-faites àLouis* XIV par les particuliers propriétaires des -terres, maraiset pains inondés, qui restaient à dessécher dans les provincesde Saintonge , Poitou et pays d'Aunis , qu'ils ne pourraientespérer d'être dédommagés des travaux immenses et dépensesconsiirables qu'ils avaient faites pour parvenir au dessèche-ment des marais -qui leur appartenaient, tant que leprivilégeexclusif, accordé en f641 au sieur Fiette et à sa compagnie,subsisterait, il intervint une nouvelle déclaration du roi, du20 juillét 1'643 , par laquelle, étant acceptées les offres deces propriétaires particuliers de continuer à leurs frais -le des-sèchement de leurs marais et palus, la permission expresse leuren était accordée. En conséquence, la faculté précédemmentattribuée au sieur Fiette ou à ses représentants, Çutreztçeirte

- à cet égard et limitée; il leur fut seulement laissé le droit de.- diriger les travaux de ces propriétaires particuliers, qui furent

maintenus singulièrement dans les deui exemptions de toutes- tailles et impositionspendant vingt années, et de toutes dîmes

ecclésiastiqueson seigneuriales pendant le même espace detemps , et après cet intervalle assujettis seulement à la dîmede la cinquantième gerbe. -

Nous avons vu que le roi Henri IV avait accordé des lettresde naturalisation au hollandais Bradle y et_à ses associés. C'està cette circonstanicè que nous devons la naturalisation en Au-vergne d'une des plus honorables familles de notre pays. Lefondateur 4e -la famille auvergnate de Strada 7 Ocavio de.Strada vint planter en Auvergne sa tente pour une noble con-quête. La féconde et riche plaine de Sarliève dut à ses iiitelli-.gents travaux d'être débarrassée • de son lac inutile, de ses.palus , rosières et marais fiévreux , et convertie en une planta-i-euse et fertile campagne qui , depuis deux siècles et demi , a

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—9— -contribué d'une manière notable aux richesses agricoles denotre département. Couverte aujourd'hui de maisons de tom-pagné et de fermes importantS, elle possède en outre dansl'ancien château et ses dépendances, qui appartiennent aujour-d'hui à M. Léon Blanc, banquier à Clermont , une sucrerieconsidérable par l'étendue des terres qui l'alimentent. etparles productions de sa fabrication.

Le lac de Sarliève appartenait à divers seigneurs et proprié-taires, tant séculiers qu'ecclésiastiques, les seigneurs d'Aubièreet de Pérignat, l'abbé de Ilonnaigue ., l'abbé de St-André-lès-Clermont, l'abbesse de i'-Eclache, qui en affermaient lapêche moyennant des redevances en argent et en poisson. Lesentrepreneurs des marais et lacs de France en firent i'acquisi-lion, conformément aux édits et notamment en vertu de l'ar-ticle IV de la déckration de Sa Majesté de l'année 1607 et del'arrêt duconseil du mois d'octobre 1611.•. Nous trouvons -aux Archives départementales de la Préfecture,dans les Cartulaires du fonds de l'Abbaye des Prémontrés de SI-André (H, 8), liasses 9-18 et 22, entre autres pièces une copie-authentique du contrat passé le 17 juillet 1612 par-devant JeanLenormand et Lourent Hautdesens, notaires gardes-notes du roien son Châtelet de Paris, par lequel noble homme Nicolas .Coif-fièr, conseiller du roy au siége présidial de Moulins, curateurcréé par justice à MY C Louis de Valois, abbé des abbaïes de Si-Robert de la Chaise-Dieu et de 51-André de Clermont en Au-vergue, céda et délaissa à hure de renie et cens mort àperpétuite-et sans directe, sans en rien réserver ni retenir, auxdits sieursassociés à l'entreprise du dessèchement général des murais deFrànce, acceptant pour eux noble Isaac Martin de !tlaunoy,•advocat en la Cour de Parlement à Paris, et Pierre • Combin(ou Lonabin), bourgeois de Paris, et comme procureurs fondés-de Jiierosme de L'omani, conseiller et maistre d'-hostcl du roy,-à ce présents ou acceptants pour tous les associés, leurs-hoirset aimas cause à l'advenir, tout le droit, part et portion queledit sieur abbé avait et lui pouvait appartenir audit lac deSarliéte , en quoy qu'il peut consister, soit en fonds , eau

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L - Tpoisson, palus, roseaux, terres inondées, rives, hernies, tac-quants pasturages ou terres adjacentes et délaissées duditlac, etc., etc. , pour en iouir, faire et disposer par lesditssieurs associez, leurs hoirs et atouts cause à l'advenir doresen avant à tousjours ainsy que bon leur semblerait, etc., etc.,à la charge de vingt livres tournois de rente, cens mort, annuelet perpécuel et sans directe, que lesdits associez furent tenusde rendre , bailler et paier par chacun an au jour de Noëlaudit sieur abbé, ou son procureur ou porteur des présentespour eux, en ladite abbaye (le St-André, la première annéede paiement commençant et échéant au jour de feste de IVoElprochain venant, etc., etc., etc.

Les mêmes Cartulaires contiennent aussi le contrat passé'pardevant Brugière, notaire li Clermont, le 4août 1612, par le-quel Marguerite de la Roche-A ymond , abbesse de VEciachevendit, cedda et délaissa polir tousjours aux entrepreneursdu dessèchement du lac de Sarliève tout le droit, part et por-tion qu'elle avait dans ledit lac jouxte les portions des sieursde Péri gnat et abbez de Bonaique et SI-André , en quoy quele tout put consister, et ce inoiennant la somme de quatre-vingtslivres tournois, paiées réellement à ladite abbesse, et huictlivres de,rente annuelle etperpétuelle . sans directe.

Nous trouvons encore dans ces Cartulaires que par le Procès-verbal du bornage etpicquettement du lac de Sarliève, dresséle 22 janvier 1625 et jours suivants, par ftJrcS Gérard Champ-Pour, conseiller du roy, générai et garde des sceaux en laCour des Aydes de Montferrand, et Robert Enjobert, atissyconseiller dit et lieutenant assesseur cita et criminel en lasénéchaussée et siège présidial d'Auvergne à Clermont, deuxdes commissaires députez par Sa Maiesté pour le desseiche-ment des marais, paluds, lacs et terres inondées dans l'estenduede la généralité d'Auvergne, en présence de t François De-langle ayant charge de Iiurnfrey Bradley et ses associez à l'en-treprise du desseicïzement des marais et terres inondées de ceroyaume, -assistez de Mc Anthoine Arraqonnez advocat etconseil desdits associez, de Mc .François Valenion. leur procu-

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- 11 -• cireur, et de son arbitre ISTetery Lévesque, et des autres ar-• bures des particuliers propriétaires des héritages adjacents au

lac, et en présence des consuls et un grand nombre d'habitantsdes villages voisins, parties intéressées; nous voyons, disons-nous, dans ledit procès-verbal, que le sieur Delangle avait déjàcommencé à exécuter les travaux de dessèchement et qu'il avaitconstruit un pont, un canail ou rase, pour la vidange de l'eaudans un pasehier et communal que les consuls et habitants deCournon prétendaient étre leur propriété, bien que ledit pontn'eàt été construit que sur l'ancien chemin royal ,jusques auquel s'étendait le lac, et que le pûtural de Cournon s'étendîtvers le lac au-delà de l'emplacement du pont; que quant à

• ' la rase refaite par le sieur Delangle, elle n'était autre que l'an-cien cours et canal par lequel le trop plein du lac se vidait dansle béa! de Sai'delle.

Quoique ce dessèchement dût créer de précieux avantagesà tous les propriétaires de la contrée, dès son début à partirdu bornage, l'entreprise des dessèclieurs eut à combattre desoppositions de toute nature, soulevées par l'ignorance ou la cu-pidité. On alla jusqu'à leur reprocher, au moment dutransportsur les lieux des commissaires députés pour les opérations dubornage, que ledit Bradley n'estoit qu'un estranger incogneuaux habitants, qui n.'avoit domicille certain dans la provinceni dans le royaume, et on requit les commissaires de vouloirordonner qu'avant de procéder aux opérations du bornage,lesdits Delangle, agent et Valançon, procuteur desdits asso-ciez feraient nomination d'une partie légitime, eognue et sol-vable dans la province, pour la validité de la procédure et

• pour pouvoir par eux et contre elle recouvrer leurs dépens,dommages et intérest, le cas échéant, ce à quoi les commissairesse gardèrent bien d'obtempérer, invitant les intéressés à sepourvoir s'ils se croyaient en droit de réclamer des dommages,et néanmoins à se garder de procéder par voies de fait contrele pont et te canal , sous peine d'amende et de désintéresse-ment envers les entrepreneurs.

Neuf ans après, Octavie, de Strada, gentilhomme allemand

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- 12 -et l'un des entrepreneurs associez au desseicliement, ainsi qua-lifié dans une transaction que nous allons rappeler, fut dansla nécessité de se pourvoir au conseil d'Etat, et obtint un arrtdu .30e jour de décembre 1634, par lequel Sa Majesté main-tenait lui et ses associés dans la propriété 1 possession et jouis-sance dudit lac et marais de Sarliève , et des terres desséchéesdepuis le piquettement jusqu'aux anciens tords et rives du lié,contre les habitants et consuls des villages circonvoisins, saufaux seuls habitants d'Aubière et autres nommés dans l'arrêtle droit de Faire pacager leurs bestiaux après les premiers fruitslevés, chacun dans le district de leur justice, avec défense aux-

..dits contrevenants qui y avaient fauché des foins, défriché cer-tains endroits, et semé du chanvre dans le marais de la flou-zière, de ce faire à l'avenir sous les peines de droit et sous laréserve de lui payer, ainsi qu'ils le faisaient au seigneur d'An-bière, dont il était devenu le concessionnaire par traité fait en1612, les quinze livres de rente convenues pour le pacage deleurs bestiaux dans la transaction de 1631 passée entre eux etfeu leur ancien seigneur.

Néanmoins, comme le sieur de Strada avait fait faire unegrande tranchée entre le bord du lac et ledit marais de la flou-zière , que cette tranchée avait assaini et converti en très-bonpâturage et que les habitants d'Aubière persistaient à lui cou-tester.les droits, qu'il tenait de sou vendeur le sei gneur d'Au-bière en vertu de la transaction passée avec l'ancien seigneurdéfunt, et que de son côté le sieur de Strada était en droit deleur réclamer, en son nom et en celui de ses associés, leur partdes frais faits pour l'assainissement du marais et par suite saconversion en bon pâturage, sur léur prière 4e consentir à 'uneconférence amiable sur les lieux , tant par:ivj ou ceux de sesamis et conseils qu'il aurait agréables que par aucuns des an-S.ciens et principaux habitants d'Aubiéreet consuls dudit lieu,en présence de quéiqucs gens de condition et qualité notablesde la ville de Clermont, qu'ils prieraient de s'y rendre, il accédaà leur proposition, et consentit pour lui et ses associés à unetransaction , reçue par M° Miron, notaire royal à Clermont. le

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13juillet 1637, dans la maison de M. Champflour, appelée deLavradour, de l'avis de MM. Delaire, président en la Cour desAides de Clermont; Champflour, général conseiller en laditeCour, l'un des commissaires députés pour les opérations dupiquettement et bornage; lflau, conseiller à ta Sénéchausséeet Siège Présidial de Clermont; Gaschier,. avocat du roi audit,siège et bailli d'Aubière, qui tous avaient des propriétés dansledit tien et justice d'Auhière et signèrent avec M de Stradala minute de l'accord.

Mentionnons, en passant, que M. de Strada fit aux habitantsd'Aubière certaines concessions généreuses en considération dece qu'ils étaient grandement endebtez pour les affaires de lacommune, tant à cause de la maladie contagieuse que pour lepassage des gens de guerre et autres affaires.

Après la mort de M. Octavio de Strada, ses fils ne jouirentpas saris trouble des biens si légitimement acquis par leur père.Nous voyons en effet que par exploit, sujet à controlie, endate duO mai 1671, du ministère de Claude Bonneton, huis-sier archer en la Maréchaussée d'Auvergne à Riom, immatriculéen icelle, résidant à'Clermont, Are Jean de Strada, chevalier,baron de Cournon et AubiSe en partie, seigneur de Sarliève,se vit dans la nécessité de faire ajourner les habitants d'Aubièrepar-devant le Sénéchpl d'Auvergne, dans la personne et S do-micile d'Aniiet Dccorps et François Bourrant, consuls dudit lieula présènte année, pour avoir, au mépris de la transaction pas-sée le 13 juillet 1637 entre défunt Octavio de Strada , pèredudit seigneur instant et les consuls et les habitants dudit lieu,.labouré et ensemencé, fauché, coupé et assencé foin et herbedans le marais de la Rouzière, dépendant de sa dite seigneuried'Aubière et ce depuis trois ou quatre ans, à l'effet d'empêcherà l'avenir pareilles usurpations.

Les Religieux de St-André de Clermont intervinrent dansl'instance, prétendant qu'ils étaient propriétaires privativementaux seigneur, consuls et habitants d'Aubière, longtemps avantle traité du 11 mars 156! , et conclurent à ce qu'ils hissentgardés en la propriété et possession dudit marais de la Rouzière

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-. 14 -privativement audit deStrada. Lassé de ces tracasseries, M. deStrada n'ayant pas continué ses poursuites, il y.eut péremptionde l'instance. -

Et pourtant les tracasseries et difficultés processives n'étaientpas près de leur terme. Il allait avoir à se défendre contre desadversaires bien autrement rdoutables que les habitants d'Au-bière. Alors que les résultats de leurs intelligents et dispendieuxtravaux allaient commencer à les indemniser de leurs labeurset de leurs dépenses, Tes fils de M. de Strada durent entrerdans une nouvelle phase de difficultés, que leur père n'avaitpas dû [aire figurer dans le devis de son entreprise. Il avait laissédeux fils héritiers de ses biens et de son oeuvre, Jean et Octavio.Le malheur avait déjà frappé le cadet Octavio, qui, pour descauses que nous n'avons pu connaître, avait eu ses biens con-fisqués en justice, et confiés à un curateur nommé par justice.Jean dut seul faire tête à l'ennemi et résister à l'orage qui allaitfaire tomber sur lui une grêle d'ajournements, de sentencesdarrêts, de sommations et autres artifices de chicanes, détes-tables engins d'une guerre cent fois plus redoutable aux gensde coeur que celle où l'on verse le sang et où l'on tombe dumoins avec honneur. Si Jean de $trada n'y succomba pas , ildut certainement déplorer avec amertume le contraste fâcheuxde la destinée tourmentée qui lui était faite par la cupiditéavec le sort tranquille et fortuné, que la reconnaissance pu-blique eût dû lui réserver après la vie de son père, si laborieu-sement remplie de bons exemples et de bienfaits, et ses proprestravaux personnels qui avaient assuré le bien 1étre et la santépublique d'une populeuse contrée. Mais le bonheur fut rare-ment la récompense des bienfaiteurs de l'humanité. Jean deStrada fournit une preuve de plus de cette attristante vérité.

Poursuivis parle prieur Ely Sorel et les Religieux de St-An-dré en rescision du contrat du li juillet 1612. sous prétextede lésion en ce qu'on leur avait créé seulement U?C rente devingt livres, au lieu que les fonds et droits ceddez doibventtalloir annuellement plus de huit cents livres. et en ont valluplus de trois mille, ce qui est, disaient les Religieux, mie lésion

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- 15 -si énorme qu 'il.n'est pas besoin de discours pour la faire con-cevoir, Jean de Strada, escuyer, baron de Cournon et d'An-bière en partie, seigneur de Sarliève, fils de feu Ocavio etMichel Citazot, au nom de curateur créé en insiice aux biensconfisquez sur Octavio de Strada, frère audit Jean, furentcondamnés par arrêt du Parlement en date du 23 août 1674à se désister et départir de la possession et jouissance du totaldes terres desséchées appartenantes aux Religieux dans ce quiestoit autrefois inondé par le lac de Sarliève i en remboursantpréalablement par lesdits Religieux, lesdits de Strada etCliazot audit nom de tous les frais et dépenses qu'ils ont faitspour le desseie/iemen.t dudit lac, et des intérests desdites sommesdu jour qu'elles ont esté emploiées pour lesdits ouvrages , audire d'experts et gens à ce connaissants, etc., etc., etc., si mieuxn'aiment lesdits de Strada et Chazot paier auxdits Religieuxcent cinquante livres de rente foncière au jour de Noél dechacune année, qui commencera au jour et [este de Noél pro-chain, dont la première année sera deue à Noël 1675, et qu'ilsseront tenus d'opter dans un mois pour toutes préfixions etdélais après la signification du présent arrest faite à personneau domicile de leurs procureurs, etc., etc.

Acte d'option signifié par exploit de Cataud, huissier, futfait le 13 octobre 1674 par Jean de Strada, tant pour lui quepour M. Joseph Joullez, acquéreur des biens confisqués d'Oc-tavio de Strada, son frère, de payer au couvent la rente de centcinquante livres suivant ledit arrêt du 23aoÛt 1674, soubs ladéclaration qu'il enteid demeurer en conséquence maistre etpossesseur incommutable des terres et héritages déclarez parle méme arrest, et de ne l'approuver pour le surplus.

Quatre jours après la signification de cet acte d'option , le17 octobre 1674, Jean de Strada fut assigné, à la requête desReligieux , à comparaître devant le juge de Riom, pour, enconséquence de l'option par lui [aile, procéder à l'exécutiondudit arrest du 23 aoust et borner les bords dudit lac qui nes-toieùt occupez d'eau claire lofs du picquettement du 23 jan-iier 1625 contre l'espace qui -estait lors .inondé.

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-16Le couvent s'est départi depuis de laditeassignation;. pour

ne poursuivre l'exécution dudit arrêt du 23 'a6ût qi.'en'1aGrand'Chambre du Parlement.

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M. de Strada n'eut pas le bonheur de cloie par son option''cette existence de procès; il dut,, en 1675 et 1616, faire' kchaque échéance de sa rente sommation au couvent d'avoir à.en recevoir le montant.

La litispendance commença de plus belle entre fui et lesReligieux. Battus sur le chef de lésion par le consentement deM. de Strada à leur payer la rente réclamée de cent cinquantelivres, au lieu de celle de vingt livres fixée par le contrat pri-mitif de 1612, ils l'attaquèrent comme ayant anticipé sur lesterrains de leur domaine de Fontentige, prétendant que les préset pâturages formés par M. de Strada par le dessèchement desmarais, autrefois inondés, qui bornaient le lac et qui lui avaientété vendus en 1616, n'avaient jamais été marais' et n'avaientpu conséquemment être vendus. De là, nouvelles luttes de gri-moire, descentes sur les lieux, procès-verbal de dires contra-dictoires par devant M. Chanipilour, conseiller du roi, lieute-nant en la Sénéchaussée et Siège Présidial de Clermont, com-missaire député en cette partie par arrêt du Parlement, en1618, contenu en un volumineux in-folio, dressé par le sieurCarnantrand, greffier en ladite sénéchaussée. Il' fut ordonné àcette occasion qu'une figure serait faite de tout l'ancien lac deSarliève, avec l'indication des rases de dessèchement, planta-tions et cultures faites depuis sur son emplacement, par le 'sieurGuillaume Dodos, peintre à Clermont. Par une autre 'ordon-nance du mêie magistrat, en date du 15 avril 1611, il fut en-ioint à M.. Duclos d'avoir à rapporter par devant M. le conseil-ler en son liostei.i audit Clermont, la figure qu'il avait faite deslieux, et par acte de procureur à procureur, en date du 13 mai1678 , il fut déclaré par M° Gilbert Tiolier, procureur desvénércbies Religieux, prieur, couvent et abbaye SI-André-les-Clermont .à ftP Antoine .Rorye, procureur de' jJfn Jean deStrâda, chevalier, seigneur et -baron. de Cournon, deffendeur,qu'il eus( à s'y trouver avec sa partie, comme aussy pour voir

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I..;faire droit sir les réquisitions que iesdit sieur prieur et lie-

kligienœ feraient, Dont acte. - Signé Tiolier et Carman-trand, greffier.

•Le procès durait encore en 1683.

DEUXIÈME PARTIE.

Marais d'Auranches, de Coeur, de St-Beauzire, de Ménétrol,de Gerzat et de Thuret.

Nous avons vu par les nombreuses et décourageantes tra-casseries, dont MM. de Strada père 'et fils avaient été les ic-times, que tout n'était pas roses dans les entreprises de des-sèchements. En outre des difficultés spéciales; inhérentes àces laborieuses opérations , bien qu'elles dussent apporter d'im-menses avantages aux populations au milieu desquelles ellesdevaient s'exécuter, elles étaient constamment précédées , ac-compagnées ou suivies de contestations ruineuses et découra-geantes. Les préambules du second:édit d'Henri 1V, de l'an-née 1607 et de celui de Louis X IV, 'du mois de janvier 1702,ne laissent aucun doute à l'égard des obstacles et des entravesque l'esprit de cupidité, l'ignorance et la routine étaient iou.hjours prêts à soulevér contre ces bienfaisantes et aventureusesentreprises.. C'est le sort de toutes les créations utiles; com-battues par les défiances, par les jalousies, par les iniquitéssans cesse soulevées contre, elles , il faut. qu'elles révèlent leurpuissance effective non-seulement par d'écldtants succès, maisencore par des succès soutenus; les systèmes vicieux, quoiqueincessamment minés par la force des faits, n'en durent pas moinsun long temps paria force de l'habitude; et sites idées justes etvraies finissent par prévaloir, c'est seulement après une guerre,dans laquelle la patience et la persévérance sont des armes nonmoins nécessaires et efficaces que le courage et l'intelligence.

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- 18 -Ainsi , malgré les intentions généreuses d'Henri IV, malgré

les efforts et la persévérance de Colbert, le grand ministre deLouis XIV, il n fallu le progrès et le développement auxquelssont parvenues toutes les sciences, dans leur marche constam-ment ascendante pendant deux siècles et demi, pour que cettebienfaisante pensée d'Henri IV eût enfin sa complète et entièreréalisation.

Aujourd'hui que de grands travaux de dessèchement et d'ir-rigation ont été assurés ànotre belle Limagne par la sollicituded'un de ses plus illustres enfants et que M. le Ministre de l'agri-culture et des travaux publics s'est empressé de la faire participeraux dispositions décrétées par l'Empereur, en constituant unsyndicat pour l'étude de travaux à exécuter, il y aura quelqueintérêt à suivre les entreprises, tentées dans ce but pendantle siècle dernier par l'initiative de quelques hommes de progrèset de bon vouloir. Malgré l'insuccès de leurs tentatives , l'Fus-toire n'en doit Pas moins signaler à la reconnaissance publiqueleurs noms honorables, leurs laborieuses études et leurs efforts,tout infructueux qu'ils ont été.

De nombreux marais , de grandes étendues de communauxincultes , inondés pendant la plus grande partie de l'année,existaient encore pendant le dernier siècle dans la provinced'Auvergne; lés chemins, qui se trouvaient dans leur voisi-nage, étaient impraticables et la stagnation des eaux y engen-drait des fièvres paludéennes; les effluves méph)tiques exer-çaient de cruels ravages parmi les populations ,• qu'elles déci-maient; elles y entretenaient des maladies endémiques, queles améliorations partielles successivement apportées au sol ontcirconscrites dans quelques localités , toujours infestées par lesmarécages qui subsistent encore.

Parmi ces nombreux marécages qui étaient le fléau de notreLimagne au commencement du xviii0 siècle (1) , les plus con-

(t) En miCro du dessèchement de Sarliève, le xnu0 siècle vit s'opérer celui(lit marais qui commençait aux portes de ],a de Riom, et qui (ut converti'en une tacHe et riche prairie, appelée. La Milliot. -

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- -sidérables étaient ceux d'Àuranches, de Thuret, de Coeur, deGcrzat, d'Ennezat, de St-Beauzire, de Ménétrol, de Pérignatet de Billom.

M. Saladin, originaire de la Palisse, était alors ingénieurdu Roi dans la province. La nature de ses fonctions l'avait misen état d'apprécier les Funestes effets de tant de marécageset le grand intérêt qu'il aurait à les rendre fertiles par lédessèchement. Comptant sur la faveur que méritait une en-treprise dccc genre et sur les avantages personnels qu'il pou-vait en retirer, il résolut de l'entreprendre ; mais comme iffallait que ses démarches fussent présentées et appuyées parune protection influente, il s'associa à-un ancien colonel ré-formé , M. le comte de Corswarent, qui avait à la cour desamitiés en état de le servir.

Il présenta donc, au mois de juin 1713, tant en son nom • -qu'en celui de M. de Corswarcnt, un placet au roi Louis XIVet un autre au chancelier, M. Voisin, dans lesquels, après avoirexposé que le dessèchement procurerait auroy et. à la provinced'Auvergne des avantages considérables, en ce que les terres- -à dessécher, qui ne produisoient rien, rapporteroient non-seu-lement des grains de toute espèce et en abondance, mais encoreune quantité de chanvres capable de remplir les arsenaux dela marine du Pontent, et dont le trafic qu'en feraient les /uzbi-tans .qcrviroil à payer leurs tailles et autres impositions; il de-manda qu'il leur fût permis de dessécher les marais d'Auran-ches, de Coeur et autres détaillés dans le placet, avec les mêmesprivilèges précédemment accordés aux autres dessécheurs parles rois Henri IV, Louis XIII et par Louis XIV lui-même.

Ces placets furent présentés par l'entremise d'un M. AntoineLeblanc, ancien commissaire aux inventaires, demeurant ainsique M. Saladin à La Palisse, et dont le frère Charles Léblanc,capitaine au régiment de Picardie, était alors écuyer de deVoisin. femme du chancelier ; M. Saladin crut devoir pourcette raison se ladjoiidre et l'intéresser dans l'entreprise.

Comme il était important de ne rien négliger pour la réus-site, ou crut devoir y intéresser aussi quelque haut personnage;

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- 20 -Une personne de hi connaissance de M. Saladin et qui habitaitaussi La Palisse, l'abbé de Benoît lui promit l'appui de M. deCastries , et pour prix de ce service il obtint la promesse dela dirne, demandée par lui , des terres desséchées. Il écrivitdonc, en 1714, et fit des propositions à M. le marquis deCastries. En outre du crédit que lui donnait h la cour sonmérite personnel et sa naissance; ce seigneur y avait encoreune grande in1uenee par sa dignité de chevalier d'honneurde S. A. R. M'ne la duchesse d'Orléans, qui l'honorait d'unebienveillance marquée. Convaincu que cette entreprise devaitêtre d'une grande utilité au public et d'un grand profit à l'en-trepreneur, M. de. Castries n'hésita pas à s'y entremettre et àl'appuyer de tout son crédit.

Les sieurs Saladin et Leblanc avaient, en outre, fait un traitépersonnel avec un sieur d'Arhonne, receveur des fermes du roià La Palisse, qui devait fournir pour eux les fonds nécessafres,mais ce dernier mourut, n'ayant encore fait l'avance que dedeux cents livres avant l'obtention des lettres-paenks.

Dès que M. Castries se fut mis à la tête de Yentreprise, ilfallut donner à cette affaire, tout incertain qu'en fût le succès,une forme au moins provisionnelle par un traité fuit entre lesquatre intéressés. Un sous-seing privé fut donc dressé à Ver-sailles, le 12 novembre 1114 , entre MM. de Corswarent etde Castries ; cet acte , qui réglait la situation respective desintéressés, portait les conventions suivantes

10. Que l'on solliciterait auprès du Roy la permission dedessécher les marais de la province d'Auvergne et d'y ftiire uncanal navigable depuis Riom jusqu'à la rivière d'Allier;• 20 . Que la société serait composée de ces deux Messieurs(MM. de Corswarent et de Castries), de M. Saladin, ingénieur,et de M. Le Blanc, chacun pour un quart;

3 0 . Que les fonds, nécessaires à l'entreprise et aux indemni-tés à payer aux propriétaires des marais et des terres qu'il se-rait nécessaire de couper pour faire le canal , se prendraient surle produit de l'entreprise

40 . Que te qui resterait du produit après ce remboursement

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- 91 -

fait, serait partagé entre les quatre associés par égal? portion

50 . Que dans le cas où le produit ne serait pas suffisant pourle remboursement des avances qui auraient été faites, et quel'entreprise, ne pût être conduite à sa. perfection par une causequelconque , la perte qu'il en résulterait ne tomberait point surMM. de Castries et de Corswarent, ni sur le sieur Saladinqui ne pourront être inquiétés pour raison de ces avances ni su-jets à aucune répétition , en considération des sollicitations queMM. de Castries et de Corswareiit feront pour l'obtention de Inpermission ; et à l'égard de hl. Saladin , en considération despeines et des soins qu'il se sera donnés pour la conduite de l'en'treprise;

6 0 . Que lorsque la permission aura été accordée par S. M.il sera passé un acté de société en forme entre ces quatre asso-ciés, dans lequel les conditions ci-dessus seront spécifiées et no-tamment celles comprises dans les 3C et 5 1"° articles du pré-sent écrit en la meilleure forme que faire se pourra

10 . Et enfin que M. de Corswarent se charge de faire ra-tifier et approuver ces conventions audits sieurs Saladin et LeBlanc dans quinze jours ou trois semaines au plus tard.

Cette ratification eut lieu le 22 novembre 1714 par untraité conclu entre les sieurs Saladin et Le Blanc, dans lequelils acceptèrent et confirmèrent les clauses et conditions de l'odepassé le 12 du même mois entre MM. de Castries et de Cors-warent. Les minutes de ces traités furent déposées en l'étudede M° Lefèvre , notaire à Paris, le 8 mai 1720 par M. JeCastries.

La société oyant été ainsi constituée 'provisoirement avantl'obtention du privilége par les traités passés entre ces quatreassociés principaux, et le sieur Le Blanc devant seul faire lesTrais de l'entreprise, on jugea convenable de présenter la de-mande du privilége sous une nouvelle forme ; un nouveau placet t

fut donc présenté au Roi sous le nom d'un sieur Hubert-Gail-lard, prête-nom de la Société, et le 6 octobre 1119 il intervintun Arrêt du Conseil et des lettres patentes du Roi, expédiées enconséquence dudit arrêt le 29 janvier 1120, qui accordèrent &

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- -

la Société le pris'ilége de dessèchement de cinq matais, appelésd'Auranches, de Thuret, de Coeur, de Gerzat et de St-Beauzire.

Nous avons vu, par ce qui précède, que le sieur Saladin futnon-seulement le iréateur de cette affaire, mais encore le prin-cipal agent de l'entreprise; ses aptitudes d'ingénieur le rendaientindispensable, attendu que les opérations lui étaient connues;c'était lui d'ailleurs qui avait fait les études préalables, rédigé lesmémoires et dressé les plans. Il ne fut donc assujetti à d'antresconditions qu'à celles de diriger les travaux et d'y donner sessoins, sans fournir aucuns fonds, et son profit dans le bénéficecommun fut fixé à un quart comme celui de chacun des troisautres associés. -

Le sieur Le Blanc vint Ù décéder avant l'obtention de l'arrêtdu 6octobre 17 19 ; la Société ne se trouva plus composée quede trois associés.

Par un acte sous signature privée, en date du 17 mais 1720,l'un de ces trois associés, M. de Corswarcnt céda et transportakM. lemarquis de Chaltuazel , acceptant pour lui le sieur Rabiel , on mandataire , les droits qu'il avait dans la permissionde dessèchement des marais d'Auvergne et dans les autresprivilèges accordés par Sa Majesté au sieur Hubert Gaillard,prête-nom de la Société, par l'arrêt de 1719 et les lettres patentesde 1720. Par un autre acte en forme authentique. reçu Lefèvreet son collègue, notaires à Paris le 19 mai suivant, M. deCorswarent renouvela cc même transport à M. de Chalmazelen personne moyennant la somme de dix-sept mille livres payéecomptant..

Par un autre contrat en date du 25 juin de la même année,passé devant Desroches , notaire à Riom , M. de Chalazelacquit de M. Saladin les deux tiers de la portion qui lui ap-partenait dans l'entreprise du dessèchement et autres privilégesaccordés à la Société , moyennant la somme de mille livrespour épinglés, payée comptant à M. Saladin et aux conditionssuivantes-

Que M. Saladin donnerait ses soins à la conduite des tra-vaux nécessaires au dessèchement pâùdant trois annés

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I

- 23 -Que pour cette raison il serait payé par Al. de Chalmazel à

Al. Saladin cinq cents livres par chacune de ces trois annéesQue M. de Chalmazel fournirait en outre la dépense afférente

à la part de M. Saladin , sans que celui-ci lÛt tenu d'autrechose que de ses soins et travaux;

Qu'à la fin de ces trois années et après le dessèchement dechaque marais le partage serait fait et que M. Saladin aurait letiers de la pari à lui primitivement attribuée dans l'entreprise.- M. le marquis de Chalmazel ayant ainsi acquis, d'une part, latotalité des drôits de M. de Corswarer]t et de l'autre les deuxtiers de M. Saladin , se trouva donc intéressé dans l'entreprisepour cinq neuvièmes, M. de Castries pour trois neuvièmes etM. Saladin pour un neuvième.

On a vu qu'aux termes des écrits passés en novembre 1714entre les quatre premiers associés , le sieur Le Blanc seul étaittenu à faire des avances. La situation changea par la mort decelui-ci et par l'impossibilité où se trouvèrent ses héritiers demaintenir ses engagements ; les associés restants furent doncPlacés dans l'alternative de fournir- eux-mêmes aux dépensesou de trouver quelqu'un qui voulût ï subvenir. Cette dernièreéventualité ne s'étant pas réalisée, ils durent satisfaire eux-mêmes aux exigences ; M. Saladin étant dispensé de toutecontribution financière ses deux associés s'en partagèrent lacharge par égale portion.

Pendant cinq à six années que durèrent les démarches del'affaire, on voit $r différents comptes des deux principauxassociés que, tant pour faux frais laits à Paris que pour le trans-port des officiers de justice de Riom , pour les plans, procès-verbaux de descriptions et des informations, il leur en avaitcoûté une somme de 7,413 livres S sous 2 deniers pour laseule obtention du privilége.

Lorsque MM. Saladin et Corswnrent présentèrent leur pre-mière demande en 1714, leurs placets furent envoyés par lechancelier à l'intendant d'Auvergne , qui était alors M. Béclia-meil-de Nointel , afin d'avoir son avis. Ce magistrat chargea

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son subdélégué dans l'élection de itiom, M. Carr,ud qui étaiten même temps conseiller au Présidial de cette due., dans lédépartement duquel se trouvaient la plupart dès marais à drs-.sécher, de l'instruction de cette affaire. î.

Ce subdélégué , pour remplir les vues dèi'inteniant, setransporta dans les villes et dans tous les bour gs , villages ethameaux , desquels dépendaient les murais à dessécher ou quien étaient à proximité; il y ouvrit des enquêtes dans lesquellesil entendit les maires, échevins, consuls, syndics et autres ha-bitants desdites localités; ft en dressa procès-verbal- et cons-tata que le dessèchement demandé serait très-avantageux ùtous les ayants droit à ces marais, à la seule exception de quel-ques pûturages , que l'on avait compris par erreur dans la de-mande , et qui ne faisaient ensemble qu'un modique objet.

M. de NointeÇaprès avoir fait lui-même une enquête, envoyéà M. le chancelier le 3 asril 1115 lé procès-verbal de M. Car-rami , avec son avis personnel, dans lequel il déclare « en» pleine connaissance de cause que les cinq principaux marais

désignés dans le plan de M. de Corswarent étaient d'unegrande étendue et sans aucune utilité pour le pays, tandis

-» que par k dessèchement une grande partie de ces marais» deviendrait propre à produite des blés, et le surplus formerait» des pàturages abondants pour la nourriture des bestiaux. »

Il fait remarquer la contradiction , établie par le procès-ver-bal , entre l'avis des habitants de Gerzat qui estiment néces-saire le dessèchement et celui des habitants de St-Beauzirequi s'y opposent, et ajoute avoir appris depuis que le vrai ma-titille l'opposition de ces derniers avait sa source dans la craintequ'on ne les obligeût à faire les frais de ce dessèchement , etqu'ils étaient persuadés au fond qu'il ne pouvait que leur êtretrès-avantageux.

Il continue en disant « qu'il ne peut douter que les dessè-chements proposés ne procurent un grand bien à la Province,puisqu'en outre que ces cantons entiers, qui ne produisentrien, deviendront fertiles , l'écoulement donné aux eaux

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--:.'•--:.•-

--25--.» &oupis , dont les exhalaisons infestent le pays et causent-, souvent-des maladies épidémiques, contribuera à. rendre

- » l'air plus pur et le climat plus sain; pou'quoy son ais est» que Sa Majesté ne saurait mieux faire que d'accorder cette» permission aux entrepreneurs, etc., etc. »-

Dans une autre lettre du .14 juin 1115, M. de Nointel faitconnaitre aussi à M. Desmarets, ministre et contrôleur général,que l'entreprise du dessèchement ne peut être qu'utile et avan-tageuse, et ce fut sur cet avis, comme sur ce qui résultait du pro-cès-verbal qui l'avait précédé, quefut accordé au sieur Gaillard,entrepreneur, l'arrêt du Conseil d'Etat du Roi du G octobre1719, suivi des lettres patentes expédiées le 29 janvier 1720.

Lorsque ces lettres patentes furent présentées, tant au Parle-ment qu'à la Chambre des Comptes pour y être enregistrées,chacune de ces deux cours, avant dé procéder à l'enregistre-ment, rendit un arrêt préparatoire qui ordonnait, ainsi quecela avait été fait par l'arrêt du Conseil du G octobre 1719, làlevée du plan du terrain absolument nécessaire pour les canauxou tranchées de dessèchement, non en présence de l'intendant

- comme le prescrivait l'arrêt de concession, ni par l'expert com-mis par ce magistrat, mais en présence du lieutenant-généralde la Sénéchaussée de Riom et par un expert nommépar'luiet qu'il serait procédé de la commodité ou incommodité dudessèchement desdits marais et terres inondées; • que les let-tres patentes de concession seraient communiquées aux syndicset habitants des paroisses, bourgs et villages d'Aviat (Davayat),Cellule, Vandon, La Moutade, Sauvat , St-Mion, Varen-nes, Locheret , les Martres-sur-Morges, Tliuret , St-AndréPagnans, Piérat (Surat), St-lgrint, Ennezat , Clerlande , Me-nestrol, Pompignol (Pompignat) et Châteaugay , aux maire,échevins et principaux habitbnts de la ville de Riom et des au-tres paroisses, bourgs et villages situés entre les dits marais ouvoisins d'eux, aux propriétaires des dits marais et terres inon-dées, aux seigneurs j usticiers et curés des dites paroisses, poury donner tous leur consentement ou dire autrement ce qu'ils avi-

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seront; etet enfin que par un ingénieur ou expert nommé p.ledit lieutenant général du siège de Riom , il serait fait et levéen présence du dit juge et du substitut du -procureur- généraldu roy un plan du terrain absolument nécessaire pour les ca-naux du dessèchement, lequel plan serait paraphé par le ditjuge, pour le tout fait, rapporté et communiqué au procureurgénéral du roy , être ordonné ce que de raison.

En conséquence de cet arrêt préparatoire du 10 juillet 1720et en exécution d'une ordonnance du lieutenant général dusiége de Riom , en date du 3 avril 1722, M. Geslin, lieute-nant général, M. de Vaux de Bourrassol , procureur du roi ausiège de Riom , assistés d'un commis-greffier, se transportè-rent le S du même mois en compagnie de M. Roger du Tour,bourgeois de ladite ville, expert nommé d'office, au bourg etmarais de Thuret , où, s'étant enquis de diverses personnesappelées è cet effet, du nom des villages dont on voyait les clo-chers, on constata nu procès-verbal que ces clochers étaient ceuxdes villages de Thuret, St-Ignat, St-André, Surat, Champey-roux, Buxerolle, Tirande, Pagnans et de la ville de Maririgues;

Que ce marais, qui est un terrain plat en forme de bassinpouvait avoir ù peu près une lieue et demie de longueur et pa-teillé étendue en largeur.

Le sieur Denisiloirat, procureur de l'entrepreneur Gaillard,aux frais duquel avait lieu l'opération, déclara que l'intention decet entrepreneur était de faire des canaux ou tranchées jus-qu'au ruisseau appelé d'Audon , à demie lieue et deux (sic) dela ville de Maringues, sans rien entreprendre sur d'autres terres,dans lequel ruisseau d'Audon toutes les eaux, tant des prin-cipales tranchées que de celles qui entoureraient ledit marais, -.viendraient se joindre pour se rendre ensuite par ce ruisseaudans la rivière de Morge sous 1iaringues , sur quoy le procu-reur du roy ayant remontré qu'il était indispensable de dresserun plan figuré de la continence (sic) dudit marais à l'effet d'ytracer les endroits où les canaux devaient être faits, le lieute-nant général ordonna à du Tour d'y travailler.

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--27-Dès le lendemain 9 avril , l'expert du Tour et le lieutenant

généràl pércoururent le marais dans toutes ses parties accessi-blés et en marquèrent exactement les confrontations; toutes cesopérations du juge et de l'expert furent consignées dans un pro-'cès-verbal dressé respectivement par chacun d'eux.

L'expert du Tour constate dans le sien qu'après avoir exa-niiné le terrain destiné par l'entrepreneurGaillard à l'emplace-ment des tranchées pour l'écoulement des eaux jusqu'au ruis-seau d'Audon, il le trouva suffisant « pour contenir toutes les» eaux du dessèchement, même dans les plus grandes inonda-» tions sans que le canal pût causer aucun préjudice aux terres» qui le débordent (sic), par l'application de quelques ouvrages» qui seraient faits dès le commencement. »

Il fait observer que le contour du marais, où l'on doit faireune tranchée de six pieds de large sur la profondeur requise parle niveau, est de 21351 toises; et après avoir procédé à l'ali-gnement des trois principales tranchées qui doivent être faites.dans l'intérieur du marais, sur trois toises de largeur, il en fixeles longueurs et en indique le commencement et la fin par leslettres de son plan qui marquent tous les confins de ce marais

Il ajoute que toutes ces tranchées seront pratiquées dans Jmarais ou dans des ruisseaux anciens, sans toucher aux terresvoisines, dont les eaux s'couleront dans les dites tranchées etque le procureur de Gaillard lui a fait observer qu'il entendaitfaire dans le centre du marais plusieurs petites saignées aux en-droits où le niveau le requerrait , mais que ces saignées ne pour-raient être déterminées que lors de l'exécution du travail .dudessèchement, puisqu'il était impossible de pénétrer dans lemarais h cause des eaux qui y abondaient.-

Sur l'invitation du lieutenant général faite à M. du Tour d'ex-poser ses observations , ce dernier déclare entr'autres chosesqu'en récurant en quelques endroits le ruisseau, dont on a déjàparlé, on rétablira un ancien chemin qui en est inondé; Queles terres voisines en recevront un bénéfice considérable; QueWus les chemins des environs du marais, la plupart couverts

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- 28 -d'eaux croupissantes en seront plus pratiquables, et que cemarais, dont, le terrain est argileux et sans substance par lagrande abondance des eaux qui y séjournent et en emportentle set (sic), deviendrait fertile s'il était desséché.

Les magistrats et l'expert, qui avaient procédé à ces opérationspour le marais de Thuret le 21 avril 172, s'étaient proposéde continuer les mêmes opérations pour les autres marais, ainsiqu'ils en avaient 'été requis; mais les eaux s'y trouvant alorstrop abondantes , il fallut différer le travail.

Le procès-verbal du lieutenant général porte qu'il fut reprisle 21 mai. suivant' pour le marais d '.Ennezat, et les 7 et 11 aoûtpour ceux d'Auranches, de Coeur et de Gerzat, dans lesquelsil fut procédé de, la même manière que pour celui de Thuret.

Il fut ainsi satisfait par l'entrepreneur Gaillard à l'obligationpréalable que lui imposait l'arrêt du Parlement de faire lever parun expert, en pésence du lieutenant général et du procureurdu roy du siège de Riom , un plan du terrain nécessaire pourles canaux de dessèchement.

L'information et le plan, ordonnés aussi par l'arrêt de InChambre des Comptes du 17 septembre 1120, furent faitsdans la forme, prescrite et un double procès-verbal des opé-rations Fut dressé, tant par le lieutenant général de Riom quepar Roger du Tour, qui avait été aussi l'expert nommé par leditarrêt.

Ces procès-verbaux, datés du 5 et clos le 20 octobre 1722,ont sur ceux ordonnés par l'arrêt du Parlement l'avantage deprésenter le toisé et l'arpentage de la totalité des marais ,ainsique des canaux ou tranchées projetés par l'entreprise, avec ladésignation par chaque article du nom des propriétaires de cha-que partie des marais.

Ce dernier procès-verbal des magistrats de Riom constateque les marais, qu'ils ont visités et dont ils ont fait faire le planet l'arpentage en leur présence, ont chacun les contenances etles dispositions détaillées ci-après:

n

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3357' 37ØI

124P250572 4/24131/t5124/!

6006874p

- -20 -Arpents. Toises, Arpents. Toises.

Le marais d'Anranches contient...»»342 55

Le marais d'Jinnezat se divise entrois parties

La première, i l'usage de la com-munauté d'Ennezat, comprend.....

La deuxième, ii lusage de la villede Itiom........................

Latroisième,àl'usage deClerlande.

363 375601 501

168 120706

Le marais de Thuret se divise enplusieurs parties, qui contiennent:

Celle à l'usage de Thiret ........503

-de St-André ...... 257

-dePagirans .......706-- du hameau deTirande 144

-de Biixerolles.....118

-de St-lgnat ........346

-de Champeyroùx53de Surat .........1137

Le marais de' Cœur et de Gerzat,compris sous la dénomination defiant-Coeur, de Bas-Coeur et Gerxat,

contient:-Le Haut-Coeur .................143Le Bas-Coeur et Gerzat:

Parue à t'usage de St-Beauzire, 172 26de Ménétrol95 16241! 295

-de Gerzat.....28 17

276

438 4814/!205 dfl

Total de la consistance des marais à dessécher:quatre mille sept cent trente-neuf arpents, troiscent quatre-vingt-cinq toises, ci ............ 4739 385

Le même procès-verbal contient aussi une description som-maire des travaux que le sieur Hubert Gaillard se proposait defaire pour opérer le dessèchement; mais le procès-verbal, quedressa en même temps de son côté l'expert du Tour ,.donne desindications détaillées de tous ces travaux; la précision avec la-

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- 30 -quelle ils Sont rapportés en fait des renseignements trop intéres-sants pour que ces indications ne trouvent pas ici leur place; carles documents primitifs au nombre de plus de cent pièces n'exis-tent plus dans les papiers de l'intendance; le dossier conservéaux Archives départementales ne contient qu'un très-petit nom-bre de pièces, parmi lesquelles un mémoire duquel j'ai extraitles éléments de cette notice et dans lequel se trouvent rappor-tés les faits consignés dans les procès-verbaux des magistrats deRiom et de l'expert du Tour ; là plupart des antres pièces, plans,procès-verbaux d'enquêtes et d'opérations, actes divers, cor-respondances, etc., etc., furent produits dans les différentes ins-tances pendantes soit au Parlement soit ?t la Cour des Comptesou ailleurs entre l'entrepreneur et les opposants au dessèche-ment, et comme toutes ces instances sont restées indécises,les pièces du procès ont dû être consignées au greffe de la Grand-Chambre ou de la Cour des Comptes, où on pourrait les retrou-ver aujourd'hui.

Nous avons vu, par l'extrait du mémoire qui rappelle les opé-rations consignées au procès-verbal de l'expert du Tour, quel-les furent les cotes de l'arpentage des divers marais à dessécher.Nous allons établir maintenant comment l'entrepreneur enten-dait procéder aux opérations de dessèchement. Pour bien com-prendre les détails de ces opérations il serait essentiel d'avoirle plan sous les yeux et de pouvoir les suivre au moyen des let-tres tracées sur ce plan; mais comme nous l'avons dit, ce der-nier document nous manque ; nous rapporterons néanmoins lesindications du rémoire, car elles donnent un aperçu desmoyens pratiques que l'entrepreneur se proposait d'employer.

Les intéressés à l'entreprise avaient eu dans le principe l'in-tention non-seulement de dessécher les marais, mais encorede profiter de l'opération du dessèchement pour pratiquer uncanal navigab!e, depuis Riom jusqu'à la rivière d'Allier; ces -projets sont rappelés dans une lettre de l'abbé de Benoist du25 février 1114; mois dans une autre lettre, écrite à M. lemarquis de Castries le 4 -mai 1715 par M. Saladiir, qui était

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- 31 -le créateur de l'entreprise, ce dernier lui mande qu'il est ton-venu avec M. l'intendant (M. I3échameil de Nointel) qu'on neparlerait point du canal navigableù quoi il ajoute que ce seraiten effet « chose inutile n'étant bon que pour le pro /'il d'u,i.eseule ville et à charge à bien d'autres par son entretien. » Lafaculté de faire ce canal fut mentionnée dans l'arrêt . du Conseilet les lettres patentes accordés à l'entreprisé , mais les associésrenoncèrent à cette fas'ur, qui pouvait leur devenir onéreuse,pour se livrer exclusivement au dessèchement dans lequel seulils entrevoyaient du profit.

Les opérations projetées pour le dessèchement, suivant leprocès-verbal et les plans de l'expert du Tour, consistaient dansl'ouverture de plusieurs tranchées, 'dans le rétablissement dequelques ruisseaux et l'extension donnée au lit de ceux auxquelsces tranchées devaient aboutir. Parmi les tranchées à établir, lesunes devaient former l'enceinte et le contour de choque marais,pour empêcher que les eaux ne s'y introduisissent des terrainsavoisinants; les autres devaient être formées dans l'enceinte,traverser le marais d'un bout à l'autre, en prenant leur naissancedans les endroits les plus élevés et de là se diriger, suivant ladéclivité la plus prononcée, vers les ruisseaux ou rivières, danslesquels elles pourraient se décharger.

Les procès-verbaux des magistrats et de l'expert n'indiquentpas la profondeur que devaient avoir les tranchées, parce quecette profondeur dépendant de la déclivité des terrains, le niveauseul pouvait la déterminer, et qu'elle ne pouvait l'être que lorsde la confection des tranchées; mais quant à leur largeur, elleétait fixée à six pieds (2 mètres) pour les tranchées d'enceinteet à trois toises (6 mètres) pour toutes celles de l'intérieur del'enceinte. Les longueurs de ces tranchées se trouvent aussifixées par le procès-verbal de l'expert du l'aur et par les plansparaphés par lui et par le magistrat, sous les yeux duquel il lesa levés dans chaque marais ù dessécher. Voici les détails qui y.sont consignés

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- 32 -

Marais tI'jturanehes.

Le marais d'Auranclzes contient quatre milletrois cent vingt-quatre toises de contour. Cecontour doit être déterminé pr une tranchéede six pieds de largeur, sur la profondeur re-quise par le niveau, ci.... ...............

Une tranchée principale de l'intérieur du ma-rais, marquée sur le plan de la lettre 13, doitprendre au commencement vers les terres deIleauregard-Vendon marquées G, et continuerjusqu'au pont, sur lequel passe le chemin deCellule à la Moutade marqué H. Elle doit avoirtreize cent trente-tient toises de longueur surtrois toises de large et la profondeur requise auniveau, ci............................

Une seconde tranchée, marquée C, doit pren-dre & un angle par les terrS de Cellule mar-qutes H l et se joindre à la précédente à la têtedu pont, au-dessous duquel est un ancien ruis-seau par lequel s'écouleront toutes les eaux destranchées jusqu'à la rivière de Morge, qui estéloignée de 1078 toises; cette tranchée aurasept cent trente-sept toises de longueur sur troisde largeur et la profondeur suivant le niveau,ci......................................

Marais d'Ennezat.

La tranchée de contour du marais d'Ennezatest de sept mille trois cent cinquante-sept toises,ci.. . . : ..................................

Une des principales tranchées de l'intérieurdu marais, marquée 1), commencera vers ledomaine des Hospitalières de E iom marqué Y,aboutira à un ruisseau marqué H, près le do-maine de Mme de Yillemont marqué M et serade neuf cent cinquante toises de longueur, ci.. -

Une seconde tranchée, marquée E, qui aurasoit commencement à l'angle près le domainedu sieur Mercier marqué 11E, finira an mêmeruisseau 11 que la précédente, et aura huit cent

A reporter.........

Tranchée, - Tranchébk-d'enceintedu centredol Éclotdoitoise,-doierge.de large;

4324n

1339

»737

7357»

»950

116813026

r'

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n

—33-

trnr,cbêestr.nnhds,

d'enceintedu coutre- de' toise'le a tsisee

de]s,gc.de large.

Reports ......... . 116813026quatre-vingt-dix toises de longueur, ci. ......»890

Une toisième G prendra naissance à l'angled'un autre ruisseau!, pour aboutir au premierruisseau H; elle aura cent quatre-vingt toisesde longueur, ci........................... »180

Marais de Thuret.

La tranchée du pourtour du marais de Thuretest de vingt-un mille trois cent cinquante-unetoises, ci ................................ .21351»

Des trois tranchées principales à creuser aucentre, la première marquée N, commeiïantvers le ruisseau de Surat et allant jusqu'auruisseau d'Âudon (1), sera de mille six centcinquante toises de longueur, ci. ............ »1650

La seconde marquée O commencera vers leterritoire de Thuret, finira au même ruisseau,et sera de quinze cents toises, ci............-»1500

La troisième marquée P, commençant du côtéde St-André et finissant à l'entrée du mêmeruisseau, aura deux mille deux cent soixantetoises de longueur, ci...................... »

Il est dit dans le même procès-verbal quel'entrepreneur Gaillard a aussi le dessein derécurer le ruisseau d'Ândon, où doivent s'écou-ler les eaux desdites tranchées, et le rendre depareille longueur de trois toises; la longueur dece ruisseau est fixée à six cent dix-huit toises,ci...................................... »618

Marais de Cœur et de Gerzat.

L'expert fait d'abord observer que ce qu'onappelle marais de Coeur et de Gerzat se partageen haut et bas marais de Coeur; que le bas ma-rais de Coeur est mêlé avec une partie du ma-

À. reporter ......... . 3303210124

(4) Audon, ruisseau qui va se rendre dans la rivière de Marge, dans la villemème de Maringues.

3

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T r n eh t, e sen ce use

de! 50kode large.

33032

Tra si cli ê e sdu rentrede s IoI,eede Serge.

10124

n

Reports ..........rais de Menestrol, auquel êst contigu celui deGerzat ainsi qu'une portion du marais de St-Beauzire, et que cet ensemble ne compose pour-tant qu'un seul marais, à l'exception du hautmarais de Coeur, séparé par un domaine et pà-turago appelé de Coeur; que le tout porte ladénomination de marais de Coeur et de Gerzat;

- Que le procureur de l'entrepreneur Gaillarda déclaré qu'il n'entendait pas toucher au do-mairie de Coeur ni aux pâturages. en dépen-dants (1), mais seulement entretenir la com-munication dudit marais par un ruisseau quicoule de l'un à l'autre, de temps immémorial,le long des terres du domaine.

La circonférence du marais dit Bas-Coeur, oùdoit être faite la tranchée d'enceinte, est detrois mille six cent soixante-quatorze toises delongueur, ci .............................3674

La tranchée de l'intérieur, du marais mar-quée S, qui doit commencer vers les pâturageset domaine de Coeur marqués E, à. l'endroit oùpasse un ancien ruisseau T, qui les traverse,et aboutir à l'entrée d'un petit pont marqué M,au-dessous duquel passe un autre ruisseau, serade huit cent cinquante-quatre toises, ci .......

La tranchée de circonférence du. marais deI-Jaut-Coeur marquée D sera de mille sept centquatre--vingt-huit toises, ci; ...............

La tranchée de l'intérieur du marais, quicommencera à la première des lettres S et sejettera dans le ruisseau T, sera de quatre centstoises de long, ci............................

,'..P

400

854

1788

Totaux ............... 34941137$

(4) Ils appartenaient au procureur du roide fitom, M. de Vaux de Bourassol,nssez mal disposé en faveur du projet de dessèchement, et c'était pour se conci.tiÉt ce magistrat que l'ehtrepreneur promettait de ne point toucher aux pâtu-rages de son domaine..

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-35--- TralIcIléeTro.schêes

d'enceintedu rentre(le I toisedetoises-de largo,de targe.

La tranchée d'enceinte, ne devant être qued'une toise de largeur et ne formant que destoises courantes, sauf les profondeurs exigéespar le niveau, donne ainsi un total de trente-huit mille quatre cent quatre-vingt-quatorze toisescourantes, ci .............................38494

Les tranchées de l'intérieur feraient un totalde onze mille trois cent soixante-dix-huit toises;mais comme elles devaientêtre d'une largeur de-trois toises, ce total doit être multiplié par troiset donner le nombre de trente-quatre mille centtrente-quatre toises, ci.....................34134»

Total. . .............72628»

L'ensemble de toutes les tranchées à établir comprenait doueun total de soixante-douze nulle six cent vingt-huit toises, qui serépartissaient ainsi entre les divers marais:

( Circonférence 4324- -Âuranc/zes 10a&2 t&seacuaraurts.Centre-------6228

Ennezat........ f Circonférence. 7357 ) 13417-Centre-------6060 jCirconférence. 21351Thuret

39435-Centre ....... .18084Cœur Haut et Bas ( Circonférence. 5402

et Gerzat...... . Centre -------3762 -

Total .............. 72628 talan caonas,.

.Le dessèchement de ces marais ne devait point être bornéou chiffre strict de ces tranchées; pour qu'il fût effectué demanière à ne rien laisser à désirer, l'entrepreneur s'engageaiten outre à exécuter les autres travaux , reconnus nécessairespendant le cours des opérations.

L'ingénieur Saladiu , dans son avant-projet de dessèche-ment, n'en avait fixé approximativement la dépensequ'à'une somme d'environ trente mille livres ; mais sans rien,

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- 36 -préjuger de Ta dépense définitive , les entrepreneurs avaientadopté le sage parti de n'entreprendre qu'un marais è. Tafois, et de ne passer à un second qu'après que le premieraurait été mis en parfait état de dessèchement, et de con-tinuer ainsi de l'un à l'autre en améliorant et perfectionnantleurs modes d'opérations au fur et à mesure de l'avance-ment des travaux. Par cette méthode , proposée d'ailleurspar M. Saladin dans un mémoire daté du 29. décembre1119, on devait éviter les fausses manoeuvres, profiter non-seulement de l'expérience acquise, qui devrait nécessairementamener des économies , mais encore des ressources certaines,que l'on trouverait dans le produit des terrains desséchés.

Malgré les avantages incontestables que cette utile entreprisedevait apporter au pays, avantages et intérêts divers constatésaux yeux de tous par les enquêtes minutieuses faites dans dia-Lune des localités; par l'approbation éclairée de M. Béchameilde Nointel, intendant de la province; par l'avis de son subdé-légué de l'Election de itiom, M. Carraud, magistrat d'une ra-pacité et d'une expérience consommées; par celui d'un expert,au savoir et à la loyauté duquel tout le monde rendait justice,et par une multitude de personnes de tous états, elfe eut lesort fâcheux de tant d'autres productions de l'intelligence hu-maine. Elle avorta, étouffée sous les efforts combinés de l'igno-rance, ennemie la plus funeste des populations, de l'esprit decupidité individuelle, de l'égoïsme irréfléchi et malfaisant flu'elleentraîne à sa suite. -

Accueilli dès le principe, avec enthousiasme par tout lemonde, magistrats, hommes de la science, consuls et syndics,administrateurs des communautés, seigneurs propriétaires, etdécimateurs , habitants des campagnes, qui avaient exprimédans plusieurs enquêtes minutieuses toute leur satisfactiond'une entreprise aussi avantageuse aux intérêts généraux etparticuliers, le projet de dessèchement échoua devant l'opposi-tion des consuls de Riom, qui présentèrentrequête à la Cour deParlement, afin qu'elle ne procédét point à l'enregistrement deslettres patentes du 29 janvier 1120, obtenues N" Hubert Gail-

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- 37 -lard, et que cet entrepçeneur fût débouté de sa demande en enté-rinement des lettres patentes qui lui conféraient son privilége.

LM motifs allégués par les opposants consistaient en ce quecette opération les priverait de pàlurages qui leur étaient duneabsolue nécessité pour leurs bestiaux (motifs que nous avonsvu renouveler- par les populations hostiles au reboisement desmontagnes), pour leur donner des terres labourables dont ilsnavaient pas besoin et qui leur deviendraient à charge, parceque, &aynnt pas de quoi nourrir des bestiaux de travail, ils setrouveraient hors d'état de les labourer.

Ils ajoutaient à plusieurs autres raisons, plus spécieuses lesunes que les autres, que cette concession « aurait, entre autres

inconvédients, celui d'ôter aux propriétaires la moitié deleurs biens pour la donner pour rien à Bubert Gaiilrd, -

» n'y ayant aucune proportion entre la dépense qu'il aurait àfaire et le profit immense qu'on en retirerait en devenant

o propriétaire de la moitié des terrain. »Qu'on réduirait plus de 150 paroisses à se passer- de bes-

tiaux-. (C Cest donc en vain a disaientnils « que Von suppose• que l'on convertira los terres de ces marais en terres labou-

rables ou en prés, puisqu'il est plus nécessaire d'avoir pen-• dent- l'été des endroits propres pour faire péturerles bestiaux,

au Ijen que les prés et les terreslabourables ne produisent• de Courages que pour l'hyver; d'ailleurs que feroit-on de cette• quantité si considérable de moutons qui ne se nourrissent• ni avec du foin ni avec de la paille, et qu'on met dans cbs Ø-o turoges presque toutes les saisons de Pannée, etc., etc. (1);

p Que ce dessèchement étoit absolument contraire aux in-» térêts et voeux des seigneurs, parce que quand les habitants» des paroisses voisines de ces marais n'auront plus de

t-orages, ils ne pourront nourrir leurs bestiaux, qut sont le» fond le plus prêt et le plus assuré pour te payement des

(4 44 quantité de QQS tÂestiavx ét%it vqée, pour les ca parais de Pleinet d'bnhezit, à quarante mille moulons, plus nu grand nombre de hèles à cornes

n 4e juments; -

- 3.

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ne• impositions et des redevances des seigneurs, etc. ; etc. »

Ils ajoutaient « que s'il y avait quelques tranchées à faire,• il serait plus jute qu'elles fussent faites par les pfopriétaires• que par un étranger, qui pour une médiocre dépehse em-• porteroit la moitié de leur bien. » -

A ces clameurs de la cupidité; l'hostilité devint généralecontre le dessèchement. Soit qu'elles eussent été provoquéespar les consuls de Riom , soit que leur, exemple les eût sim-plement fuit naître , les oppositions surgirent de toutes partscontre le privilége de la compagnie; il y eut dans les idées unrevirement général. Les communautés d'habitants, toutes favo-rables d'abord, se liguèrent dans une hostilité commune. Lesseignéurs et les communautés ecclésiastiques , possédant desdomaines ou des directes dans les localités, s'empressèrent designifier Leur opposition à Hubert Gaillard.

Parmi ces derniers, je trouve.:La dame de Chateaugay et ses sujets et vassaux, habitants de

Châteaugay, Cebazat et Ménétrol, û cause du marais de Coeur;Le sieur Amable Chaduc, notaire à Davavat et les Dames

Religieuses du couvent de la Visitation de Riom , pour le ma-rais d'Auranches;

M. Courtin; trésorier de France au Bureau des finances deRiom, propriétaire du domaine de la grande Clavière, pour lemarais d'Ennezat

M. de Sirmond, propriétaire du domaine de Bouillat, voisindu marais de Thuret;

M. le duc de Bouillon, dans la censive duquel se trouvaientla pins grande partie des marais û dessécher et des héritageset domaines qui les environnent, ou plutôt ses régisseurs ethommes d'affaires;

M. de Tubœuf, conseiller au Présidial de Riom , commeseigneur de St-Tgnat et autres paroisses voisines du marais deThuret, ainsi que M. le marquis d'Effiat, dont la directe com-prenait aussi plusieurs portions de ce marais.

A es résistances, qui prenaient leur source dans des inspi-rations regrettables, il est consolant de pouvoir opposer I'opi-

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IIenion éclairée et les sages considérations avec lesquelles le projetde dessèchement fut accepté par MM. François Larny., bour-geois de St-Myon ; Claude Testefort, avocat au Parlement,juge de Vaux et Liinagne , propriétaires de domaines et héri-tages confinant ciii marais d'Auranches ; Jean-Baptiste deConibes, curé de St-Myon;

Joseph de Robert, écuyer, garde-du-corps; Gilbert Cha-brol, avocat au Parlement, tous deux propriétaires de domainessitués à Clerlonde et à Ennezat;

Jean-Amable Gérard, curé de Ménétrol;Jacques Maubet, avocat au Parlement, bailli de Thuret et de

Surat; Jacques Rigondu, apothicaire à Maringues; de Benoistde Chassignolles, conseiller au Présidial de Riom , tous troispropriétaires de divers domaines dans la. paroisse de Thùret.

M. de Benoist démontrait l'utilité du dessèchement par lesconsidérations suivantes: « Le séjour continuel des eaux plu-• viales et de celles de plusieurs fontaines qui coulent et cran-• pissent dans ce marais et y consomment tout Je sel de la• terre, est la cause de sa stérilité ; on ne peut y remédier• qu'en y faisant de grandes tranchées pour conduire les eaux• dans le ruisseau Daudon; on pourrait en outre tenir ces tran-• chées pleines d'eau pour s'en servir pour les irrigations de prés• que l'on pourrait créer;

» Que dans ce pays où l'on fait souvent plus d'une lieue de• chemin sans trouver un seul arbre je dessèchement rendrait• le terrain très-propre à être planté tant d'arbres fruitiers que)i d'autres ;

Qu'il n'y aurait pas un pouce de terrain dont on ne pût faire• un beau pré on une terre à produire du grain ou du chanvre;

» Que plusieurs familles s'y établiroient et pourroient payer• des contributions à la décharge des communautés voisines;

Que les propriétaires des héritages situés proche de ces• marais seïoient plus en état de payer les impositions ordinal-• res , parce qu'ils retireraient du prôfit de ces mêmes hérita-• ges, dont ils ne retirent rien à présent; enfin que d'un payso très-stérile on en feroit un des plus beaux et des plus fertiles» de la province. »

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r'Les prévisions de M. de &nolst, qui &e;primaitairisi en 111£

L et en I12 ' , devaient être longtemp encore à se

réaliser. Leprocès suscité à la compagnie de dessèchement par un si grandnombre de résistances aveugles ou intéressées dura longtemps.Les oppositions n'étaient point levées et l'instance était encorependante par devant la Grand-Chambre du Parlement en 1151,

A la suite du mouvement de renaissance. de ljricuUure, pro-voqué vers le milien4u xviiO siècle par l'écolo dés économistes,les dessèchements reprirent faveur.

M. Rollet, conseiller au Présidial de Riom, propriétaire dequelques domaines dons la paroisse d'Enneat, acquit de M. ledue deflouillon les parts et portions qui appartenaient à ce princedans le marôis de ce nom, dans le but de les dessécher lui-mêmeou de traiter de leur dessèchement avec un entrepreneur, con,vaincu qu'il était, ainsi que les habitants du pays, des grandsavantages qu'il retirerait de cette utile opération. La Situationde cette localité était tellement lâcheuse et les eaux si abondan.tes en toutes saisons, principalement dans les parties qui étaientà l'usage des habitants de Riom et de Clerlande, oA la terreétait submergée, que malgré le soin qu'on avait pris de cqustraire, dans certaines parties, des chemins pavés avec les dé'bris des murs de la ville d'Ennesat, il fallait pendant la plusgrande partie de l'année, pour alter de cette ville è celle: deRiom, passer, eu se détournant du chemin ordinaire et en faisantune lieue de plus, par Çlerlande. et Villeneuve, parce que lepayé n'étant d5 continué, il y avait des parties où le p'issageétait impraticable. Il en était de même pour une grande partiedes terrains de St-Beauzire et de Gerzat.

Une déclaration du Roi, du 14 juin 1164, permettant àtous seigneurs et propriétaires de marais , palus et terres

F inondées d'en faire les dessèchements et renouvelant les exemptr tions et priviléges accordés par les Rois ses prédécesseurs , no-

tamment l'exemption pendant vingt années de tgutestailleset dîmes seigneuriales ou ecclésiastiques, fixe à cette périodedu milieu du x - ui siècle la reprise générale de ces opérations,qui ont fait, suivant les prévisions de M. de Jienoist-, de cette

r

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- 41 -partie de l'Auvergne que nous appelons plus particulièrementla Limagne , une des plus riches et des plus fertilesdu monde. -

Communautés d'habitants , seigneurs et propriétaires, reve-nus de leurs idées routinières, s'évertuèrent à qui mieux mieuxà pratiquer ces fructueuses opérations. Elles assainirent et ren-dirent à l'agriculture une quantité considérable de terres inuti-les, qui devinrent fécondes et productives.

Le dessèchement du communal de la Narse , d'une conte-nue d'environ 200 septérées (60 hectares 18 ares), apparte-nant aux habitants de Monton et de la Sauvetat, fut une desconséquences de la Déclaration du Roi du 14 juin 1164.

Autorisé par un arrfl du Conseil du 15 mars 1168, le des-sèchement en fut opéré par voie d'aijudication, d'après unplan et un devis dressés par M. Fournier, arpenteur-géomètreà Clermont-Ferrand, commis à cet effet par M. de Montyon,intendant,et terminé en 1172.

Les.dépenses, évaluées au devis à la modique somme de2424 livres; furent réduites par le rabais des entrepreneurs àcelle de 141! livres 18 sous! denier, dont 1036 livres 12 sous3 deniers à la charge de la communauté des habitants de Mon-ton à prendre sur les deniers patrimohiaux, et 435 livres 5 sous10 deniers à la charge de celle de la Sauvetat par voie d'im-position sur les habitants.

Ces améliorations agricoles furent complétées par une autredéclaration du Roi du 13 août 1166 . qui en permettant et fa-vorisant les défrichements des communaux et vaines pâturesinsignifiantes, ajouta à la richesse générale et au bien être de lanation en augmentant la richesse particulière et la production.

Il résulte d'une correspondance de l'abbé Terray à M. deMontyon , que les effets de ces deux déclarations du Roi des14 juin 1764 et 13 août 1166 furent considérables pourl'amélioration et l'accroissement de l'agriculture. En lui an-nonçant qu'il a eu la satisfaction de mettre sous les yeux duRoi un état général des déclarations faites, dans l'espace d'unon, du 1 e octobre 1768 à pareil jour de l'année 1769, par

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ceux qui voulaient entreprendre des dessèchements et des dé-frichéments, dont la contenance comprend 58000 arpents (1),ce ministre invite M. de Montyon à « seconder les vues' de Sa» esté eh lui faisant connattre les obstacles qui pôu&aient

:Poséraù progrès de ces opérations, à donner tous ses;sois à ce qui peut favoriser l'agriculture dans son dépatte-

» ment et accélérer les progrès des dessèchements et dés dé-» frichements. »

Aussi voyons-nous se produire à cette époque lei déclara-tions de M. Charles, comte d'Estaing, chevalier des ordres duRoi, seigneur du haut et bas Moissat, de la paroisse de St-Remyd'Espezen, de celle d'J3spirat et Reignat, faite par M. AntoinePugès, procureur à la Sénéchaussée d'Auvergne, son fondé depouvoirs, au greffe dudit siège de. Riom In déclaration de sesintentions de défricher la portion de communaux qui lui étaientéchus en triage (2), et qui comprenaient:

Dans les paroisses de 1%loissat haut et de St-Remy d'Espezenun lènement, appelé la Ribouncyre, de vingt-huit arpents;

Dans celle de Moissat bas, le tèncmcnt de la Mostrejallie,.d'entour vingt arpents, plus le communal de la Cournigoullede là contenue de trente septérées

Dans la paroisse dEspirat-Reignat , le communal , dit deiteignat , de trois arpents;

Plus une partie de celui appelé de St-Cirgues ou de Sisardy,de sept arpents

• (I) 2960 hectares 60 ares 60 centiares, comptant l'arpent à raison de400 perches carrées de ?22 pieds de côté.

(tZ) Le triage était un partage des bois, marais ou communaux entre tes sei-gneurs et les habitants-, il supposait une en-propriété entre eux. De là la con-séquence que la demande de triage ne pouvait ère laite que par le seigneur di-rect et foncier, c'est-à-dire féodal ou possesseur de fiel; dans les pays defranc-alleu comme l'Auvergne, la possession devait être prouvée par titre par-Liettiier. C'est ce qui constituait [.a entre te seigneur direct et foncieret le seigneur justicier seulement.

L'article 4 du litre 25 de l'ordonnance des Eaux et Forèts de l'année 1669,défiait le triage, le tiers des bois, prés ou matais, distrait et séparé au profit desseigneurs, si ces bois , prés on marais sont de la concession gratuite des sei-gneurs, sans charge d'aucuns sens, redevance, prestation ou servitude.

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Plus tue partie dé celui d'Auriat, d'entour trois arpents.Ce qui faisait pour l'ensemble de ce défrichement une con-

tenance d'une quarantaine d'hectares, à raison de cent perchede singt-deux pieds par chaque arpent et mille toises par sep7térée. .

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Il appartenait à notre époque de voir se réaliser le grandmouvement de régénération économique qui doit donner à tou-tes les branches de la production, à tous les éléments de la ri-chesse nationale leur libre et complet essor. Le temps des pré-jugés, de la routine et de l'ignorance, des restrictions et de laréglementation à outrance est passé. La liberté et la science en-trent en ligne avec leurs principes de lumière, de justice et d'hu-inanité. Après l'immortelle déclaratiân de la liberté du travailpar Turgot , c'est l'ère nouvelle du progrès marquée par uneheureuse transformation des théories économiques. L'organisa-tion du crédit agricole, le reboisement des montagnes'ontagne et le ga-zonnement des terrains en pente, la mise en culture des terrainscommunaux , l'application des méthodes scientifiques à l'agri-culture, aux engrais, aux assainissements des terres humideset localités marécageuses, l'aménagement des eaux pour l'irri-gation , les inondations combattues, l'abaissement des prix detransport, le dégrèvement des matières industrielles, l'extinc-tion progressive du système prohibitif ne sont plus aujourd'huil'objet de stériles aspirations. Ces émanations du progrès, cesbienfaits des institutions libérales, ces éléments créateurs de laprospérité publique, du bien être général, ces principes essen-tiels de la fraternité internationale, de la paix entre les nationsdeviennent de jour en jour des mesures effçctives, destinées àassurer la félicité des peuples sur la base des intérêts générauxde l'humanité, garantis par la science, la justice et la liberté.

Clermont,typ. Ferdinand TWBAuD.