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Kadiatou CAMARA
IFSI Léonie CHAPTAL, promotion 2009/2012.
Directrice de mémoire : Mme DUCHEMIN
Remis le 23/05/2013.
Les activités de médiation :
Un accompagnement pas à pas des enfants autistes
Mémoire de fin d’étude
UE 5.6.S6 - Analyse de la qualité et traitement
des données scientifiques et professionnelles.
1
Note aux lecteurs :
« Il s’agit d’un travail personnel et il ne peut faire l’objet d’une publication en tout
ou partie sans l’accord de son auteur »
2
Remerciements :
Je tiens à remercier très chaleureusement toutes les personnes qui m’ont encouragé et fait
confiance car ce travail de fin d’étude est réellement issu d’un travail d’équipe.
Tout d’abord je souhaite remercier toutes les formatrices de la fondation Léonie Chaptal, qui
sont les premières infirmières à laquelle je me suis identifiée en tant que future professionnelle.
Je souhaite remercier Mme Larsonnier directrice des soins infirmiers de la fondation Léonie
Chaptal pour son écoute et sa disponibilité.
Je tiens également remercier Mme Mestre ma première directrice de mémoire pour son exigence
et son soutien continue.
Je tiens particulièrement à exprimer ma gratitude à Mme Duchemin ma seconde directrice de
mémoire qui m’a accompagné lors des trois années lors des suivis pédagogiques. Je lui
remercie pour ces entretiens qui ont été très enrichissants pour moi. Cet accompagnement à été
très aidant notamment pour faire les liens entre la théorie et la pratique des soins infirmiers.
Pour finir je remercie ma famille et mes amis Aisse, Aby, Karine, Fatima et Tiguida pour avoir
toujours cru en moi.
3
Sommaire
I. INTRODUCTION p8
1.1 Situation d’appel p.9
1.2 Analyse p10
II. CADRE DE REFERENCE p12-p32
1. Présentation de l’enfant autiste p12-17
1.1 Définition de l’autisme p12
1.2 Hétérogénéité du spectre autistique p12
2. L’autisme : un grave trouble de la relation interhumaine p13
2.1. L’échange humain, source de développement p13
2.2 Définition de l’attachement et de la résilience p13
3. Les troubles neurobiologique participent aux difficultés d’entrer en relation p14
3.1. L’autisme, une affection neurologique p14
3.2 Définition de la plasticité cérébrale p14
4. Les besoins spécifiques de l’enfant autiste p14
4.1 Besoin de s’intégrer socialement p15
4.2 Besoin de communiquer p15
4.3 Besoin d’un cadre rassurant p16
4.3.1 Définition du bien être p16
4.3.2Le cadre thérapeutique p16
5 Présentation des structures d’accueils p17
5.1 Le centre d’accueil thérapeutique à temps partiel p17
4
5.2 L’hôpital de jour p17
2 . Les activités de médiation au cœur du projet de soin éducatif p18
2.1 Définition des activités de médiation p18
2.2 Le groupe : une fonction socialisante p18
2.3 Cadre législatif p19
2.4 L’accompagnement : vers une vie la plus autonome possible p19
2.4.1 Les activités de médiation : un accompagnement au quotidien p19
2.4.2 L’accompagnement à travers le jeu p20
2.4.3 L’éducation p21
2.4.4 La dépendance p21
2.4.5 L’indépendance p21
2.5Les familles partenaires, clef du projet éducatif p22
2.5.1Des familles démunies p22
2.5.2 Les familles, acteurs clef du projet de soin éducatif p22
2.5.3 Les recommandations de la Haute Autorité de Santé p23
3. Les compétences de l’infirmière et de l’équipe pluridisciplinaire p24
3.1 Le rôle de l’infirmier p24
3.1.1 Cadre législatif p24
3.1.2 Le rôle spécifique de l’infirmière en psychiatrie p24
3.2 La relation d’aide demande des habilités relationnelles de l’infirmière p25
3.2.1 La relation d’aide p25
3.2.2 L’empathie p25
3.2.3 La congruence p25
5
3.2.4 L’écoute p26
3.3 Des connaissances à développer p26
3.4 Fonctions infirmière auprès de l’enfant autiste p27
3.5 L’équipe pluridisciplinaire p28
3.5.1 Les recommandations de la Haute Autorité de santé p30
3.7 Les qualités professionnelles de l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire p30
3.7.1 Une curiosité intellectuelle indispensable pour l’ensemble de l’équipe
pluridisciplinaire p30
3.7.2 Une communication de qualité, participe à une prise en charge de qualité p30
3.8 Du travail en pluridisciplinarité au travail en interdisciplinarité p31
III METHODOLOGIE
3.1 Choix de l’outil exploratoire p33
3.2 Choix de la population et lieux d’enquête p33
3.3 Facteurs favorisant et difficultés rencontrés lors de l’entretien p33
IV ANALYSE p34-39
V SYNTHESE p40-42
VI CONCLUSION p43-44
BIBLIOGRAPHIE p45-47
Annexe1 : trame des entretiens p48-56
Annexe 2 : grille de dépouillement p56-59
Annexe3 guide d’entretien p59-61
6
7
I. INTRODUCTION
Le rassemblement des différentes associations « Ensemble Pour l’Autisme » a obtenu le label
grande cause nationale pour l’autisme en 2012. C’est une victoire pour les familles d’enfants
autistes, qui interpellent depuis de nombreuses années les pouvoirs publics, sur l’urgence
actuelle d’une prise en charge adaptée pour leurs enfants. En effet, en 2007 le1 Comité
Consultatif National d’Ethique dénonce des carences en matière de traitement de l’autisme dans
un rapport et constate: un diagnostic souvent tardif, un manque de structures d’accueil, malgré
un grand nombre de personnes touchées par ce handicap. D’après ce rapport, il y aurait entre
350000 et 600000 personnes atteintes du syndrome autistique au sens le plus large du terme
(troubles envahissants du développement) et 5000 à 8000 nouveau-nés par an développent ce
handicap.
L’origine de ce trouble constitue un sujet polémique en France : la théorie psychanalytique
postule pour une origine psychique des troubles où l’autisme est toujours considéré comme une
psychose infantile. Contrairement à la communauté scientifique internationale, qui s’accorde sur
l’origine biologique et génétique de l’autisme. Les récentes découvertes en neurosciences ont
mis en évidence toute une série d’anomalies neurologiques dans le cerveau des personnes
autistes.
En France, le traitement des troubles envahissant du développement(TED) est principalement
psychanalytique et néglige les prises en charge éducatives. Les parents d’enfants autistes sont
partisans d’une prise en charge éducative et comportementaliste qui est majoritaire dans les
autres pays occidentaux depuis de nombreuses années. C’est pourquoi, depuis plusieurs années,
nous observons un véritable exode d’enfants, adolescents et adultes autistes français vers la
Belgique. Les familles recherchent en premier lieu, des structures d’accueils pour leur enfant, du
fait de la pénurie de structures d’accueils en France. Dans un deuxième lieu, les parents
recherchent en Belgique une prise en charge comportementaliste pour leur enfant.
En vue de l’augmentation de la prévalence et l’incidence de ce trouble, l’infirmière a un rôle
incontournable pour élever le niveau de santé de la population. En effet, l’autisme est un lourd
handicap qui nécessite un accompagnement au quotidien car il entraine des troubles aux niveaux
des interactions sociales, de la communication et du comportement. L’infirmière doit alors
proposer des interventions qui permettent à l’enfant autiste de surmonter ses difficultés.
1http://www.ccneethique.fr/docs/CCNAVISN102_AUTISME.pdf8
Durant la formation, je me suis particulièrement intéressée au secteur de la santé mentale. Cet
attrait s’est développé lors d’un stage effectué en deuxième année, en hôpital de jour et dans un
centre d’accueil thérapeutique à temps partiel. Ces structures accueillent des enfants souffrant de 2TED de type autistique.
L’isolement de l’enfant exige la mise en place de soins relationnels afin d’aller à sa rencontre. Il
est vital pour l’homme d’échanger et d’être en contact avec l’homme. Ainsi j’envisage de faire
une recherche sur le thème de l’accompagnement infirmier à travers la mise en place d’activités
de médiation auprès d’enfants autistes. Le sujet du travail de fin d’étude découle d’une situation
rencontrée lors de ce stage. Cette situation m’a influencée dans le choix de mon projet
professionnel qui est de travailler auprès de cette population.
1.1 Situation d’appel
La situation qui m’a interpellée s’est produite durant une activité de médiation d’équithérapie.
Selon la Société Française d’Equithérapie : L3’équithérapie est un soin psychique médiatisé par
le cheval et dispensé à une personne dans ses dimensions psychique et corporelle).Durant cette
séance d’équithérapie, j’ai vécu un moment particulier avec un enfant qui a confirmé mon
souhait professionnel : prendre soin de ces enfants.
J’ai pu observer que cet enfant atteint d’autisme présente une altération verbale et non
verbale : son vocabulaire est très limité et il montre une tendance à l’écholalie. Il présente une
amimie c'est-à-dire une pauvreté des expressions du visage. Il est indifférent vis-à-vis des
adultes et des autres enfants. De plus son comportement est stéréotypé : Thomas se balance
constamment lorsqu’il est assis sur une chaise. Il tient toujours des bouts de papier dans ses
mains. C’est un enfant qui passe son temps à déambuler dans les couloirs.
Durant l’activité, Thomas, huit ans, s’est révélé complètement différent. Lors de
l’activité, les enfants préparent et pansent les chevaux. Il est très attentionné, il le regarde, le
caresse et verbalise ses gestes. Le contact avec le cheval lui procure énormément de plaisir.
Constamment souriant, son visage est très expressif, il a l’air d’être heureux. Il rentre en relation
avec l’équipe soignante par un sourire qui l’illumine.
De même, sa posture exprime une grande confiance en lui. Je constate une amélioration
importante au niveau cognitif, il est concentré : Thomas écoute et applique scrupuleusement les
2 Trouble envahissant du http://sfequitherapie.free.fr développement
3http://sfequitherapie.free.fr9
instructions de la monitrice. Il exprime ses émotions par la communication verbale et non
verbale.
1.2 Analyse
J’ai été très étonnée des effets thérapeutiques de cette activité sur cet enfant. Cette situation a été
riche en émotions pour moi, car pour la première fois, j’ai vu cet enfant prendre du plaisir,
communiquer son bonheur, en nous regardant et en nous souriant. L’utilisation de cette
médiation a été très enrichissante pour Thomas.
Or, cette activité ne sera pas forcément transférable automatiquement chez tous les enfants
atteints d’autisme. Certains enfants peuvent être effrayés par l’animal. C’est pourquoi
l’infirmière doit proposer pour chaque enfant atteint d’autisme des activités de médiation, qui
permettra à l’enfant d’interagir avec son environnement et de susciter un désir d’échanger avec
l’être humain. L’échange humain, qu’il soit verbal ou qu’il soit plus implicite, nous permet de
nous développer. Justement ces enfants ont de graves difficultés au niveau de la communication
et de la socialisation, ce qui affecte gravement leurs développements.
Mais, durant l’activité Thomas est en capacité d’exprimer ses émotions par la communication
verbale et non verbale. Son sourire et son visage illuminé exprime un bien être considérable. Je
me suis alors demandée : qu’est ce qui a contribué à ce résultat surprenant ? Quelles sont les
qualités et les compétences que je vais devoir développer lorsque je serai diplômée afin d’être
en capacité de sortir l’enfant de son isolement? Comment prendre en charge ces enfants de la
manière la plus globale ? Comment l’infirmière met-elle en place un projet de soin le plus
individualisé pour chaque enfant ?
Le travail en équipe pluridisciplinaire contribue à l’effet thérapeutique de l’activité de médiation.
Avant ce stage, l’un de mes critères dans le choix de mes futurs lieux d’exercice, était
l’efficience du travail en équipe. Le travail en équipe est pour moi un gage d’enrichissement
professionnel et personnel. Les échanges entre les différents professionnels permettent
d’enrichir les connaissances et les compétences de tous les intervenants. A la fin de chaque
activité de médiation, les différents soignants échangent systématiquement sur le déroulement
des séances lors des réunions d’équipe. Dans la mesure où l’on parle d’enfants, l’infirmière doit
mettre en œuvre un projet de soin éducatif afin de favoriser leur développement dans lequel, les
activités de médiation sont aux centres du projet de soin. Les difficultés que vivent ces enfants au
10
quotidien, exigent un accompagnement le plus personnalisé possible de l’équipe soignante. 4« Moins de 5% du sujet autiste ont un travail et une vie autonome à l’âge adulte » Face à ce
constat j’envisage dans mon futur exercice professionnel d’aider le plus efficacement possible
ces enfants.
La question de départ sera alors : Comment l’infirmière à travers la mise en place des
activités de médiation répond-elle aux besoins spécifiques d’autonomie des enfants
autistes ?
II. CADRE DE REFERENCE
1. Présentation de l’ enfant autiste
4Cours UPMC PR D. COHEN CHU pitié salpêtrière
11
1.1. définition de l’autisme
L’autisme est présenté aujourd’hui dans les principales classifications internationales, le 5DSM4
nord-américain et la 6CIM10 européenne, comme la forme la plus typique et caractéristique
d’une famille de troubles affectant le développement précoce. Dénommée depuis 1980 « troubles
envahissant du développement », cette classification regroupe plusieurs troubles, ayant en
commun une triade de symptômes altérant trois domaines ; la communication, les interactions
sociales et le comportement.
La Haute Autorité de Santé définit les troubles envahissant d’après la classification
internationale des maladies (cim10) comme « 7un groupe de troubles caractérisés par des
altérations qualitatives des interactions sociales réciproques et des modalités de
communications ainsi qu’un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé, répétitif ».
A ce jour, l’étiologie de l’autisme n’est pas réellement connue. Mais il existe un consensus dans
la communauté médicale pour admettre la multiplicité des causes : à la fois génétique,
environnemental et neurobiologique.
1.2 Hétérogénéité du spectre autistique
La sémiologie de l’autisme varie pour chaque personne. Il existe plusieurs formes d’autisme qui
se manifestent de façons différentes chez chaque individu à des degrés plus au moins sévères.
Mais tous les enfants souffrant de TED ont la particularité d’éprouver des difficultés au niveau
des interactions sociales.
2. L’autisme : un grave trouble de la relation interhumaine
2.1. L’échange humain, source de développement
Le développement de l’enfant est inscrit génétiquement, mais il s’appuie également sur le milieu
dans lequel l’enfant évolue. Un enfant ne se développe harmonieusement que parce qu’il est en 5 DSM4 Manuel diagnostique et statistiques des troubles mentaux
6 Classification internationale des maladies
7http://www.has-sante.fr12
relation avec ses parents dans un premiers temps, ses proches ensuite et l’ensemble du corps
social. Il ne peut donc y avoir de développement individuel sans interactions avec autrui. « 8Tout
au long de son développement, l’enfant pour se construire, doit s’inscrire dans le monde social
dans lequel il baigne, agit et reçoit, il doit s’y adapter et interagir avec lui ».
Or l’autisme s’exprime par une altération précoce du lien humain social. En effet, les parents et
notamment la mère constatent très tôt le défaut de réciprocité sociale de leur enfant. L’absence
de sourire, le refus de contact tactile et l’évitement du regard, sont des manifestations de leurs
graves difficultés à établir un lien d’attachement envers leurs parents.
2.2 Définition de l’attachement et de la résilience
Mais l’attachement existe lorsque la mère répond aux besoins physiologiques, affectifs et
cognitifs de son enfant. John Bowlby, pédiatre et psychanalyste anglais, définit l’attachement « 9comme la construction des premiers liens affectifs entre l’enfant et la mère ou la personne qui
en tient lieu. » Ce concept est très important car il permet la construction du sentiment de
sécurité et de confiance en soi chez l’enfant. Ces sentiments sont fondamentaux parce qu’ils
jouent un rôle de protection contre des épreuves et les difficultés que rencontrera l’enfant au
cours de son existence. De là, l’attachement conditionne la capacité de résilience pour chaque
individu. Selon Boris Cyrulnik éthologue et neuropsychiatre français « 10la résilience est la
capacité d’un être de vivre et de réussir et de se développer en dépit de l’adversité » « 11Ceux qui
ayant une confiance primitive durant leur petite enfance et qui pourraient se dire on m’a aimé
donc je suis prêt à rencontrer quelqu’un qui m’aidera à reprendre mon développement. »
Ainsi, toutes personnes y compris l’enfant autiste à la capacité de se développer malgré les
graves troubles cognitif.
3. Les troubles neurobiologique participent aux difficultés d’entrer en relation
3.1. L’autisme, une affection neurologique
Dans ce modèle la pathologie est considérée selon un angle neurologique. Les théories
neurobiologiques postulent pour une origine liée à une anomalie du système nerveux central.
C’est pourquoi, les personnes atteintes d’autisme souffrent de troubles neurosensoriels. Durant le 8ZAOUCHE GAUDRON Chantal. Le développement social de l’enfant ; Paris ; Edition Dunod ; 2002 ; page1
9http://www.infiressources.ca
10http://www.infiressources.ca
11http://www.infiressources.ca13
stage j’ai constaté que l’enfant autiste semble sourd et aveugle. Pourtant, lorsque je les observe
plus attentivement, ils montrent une intolérance à certains bruits. Certains enfants se bouchent les
oreilles. En outre, ils manifestent un désintérêt total envers les personnes ; leur regard est
périphérique. Les réponses apportées aux stimuli de l’environnement sont inadaptées et
renforcent leur comportement étrange. Les troubles neurosensoriels entraînent donc des troubles
de la concentration et de l’attention, qui sont à l’origine de leurs difficultés d’apprentissage. Est-
il alors possible que ces enfants puissent se développer malgré le retard intellectuel
qu’engendrent ces troubles cognitifs ?
3.2 Définition de la plasticité cérébrale
La plasticité cérébrale est un terme qui définit la capacité du système nerveux à modifier sa
structure par l’évolution et l’expérience. Le terme plasticité signifie que le système nerveux est
capable de réorganiser ses connexions nerveuses sur un plan fonctionnel et structural en
réponses aux expériences de vie, au changement d’environnement. Ainsi l’enfant atteint
d’autisme est en capacité de progresser à condition d’être dans un environnement adapté à leurs
besoins spécifiques.
4. Les besoins spécifiques de l’enfant autiste
Les enfants ayant un développement dit « normal » ont les mêmes besoins que les enfants
autistes. A savoir des besoins d’ordre affectif, sensoriel, psychomoteur et cognitif afin qu’ils
soient épanouis. L’enfant autiste a des besoins particuliers, en raison de la nature des problèmes
qui les affectent.
4.1 Besoin de s’intégrer socialement
Or, comment répondre à ces besoins lorsque l’enfant éprouve de difficultés à entrer en relation ?
En effet, les graves difficultés dans le domaine des interactions sociales constituent un problème
central dans l’autisme. De ce fait, il est primordial d’amener l’enfant à entrer en relation et de
vivre avec les autres. D’où l’importance pour l’enfant de fréquenter les mêmes lieux que les
personnes du même âge, dans le but de favoriser les échanges interhumains. Mais comment
entrer en relation lorsque la communication verbale et non verbale est fortement perturbée ?
14
4.2 Besoin de communiquer
La grande majorité des enfants autistes ont de grandes difficultés à communiquer, certains
enfants s’enferment même dans un mutisme, ce qui est un frein pour l’enfant à entrer en relation.
Les déficits aux niveaux de la communication entraîne donc chez l’enfant un repli et favorise les
troubles de comportements comme l’automutilation. En d’autres termes le fait que l’enfant ne
puisse exprimer ses besoins, ses désirs et ses désaccords procure chez l’enfant de la frustration et
de graves crises de colère. D’où la nécessité, de mettre en place des techniques qui aident
l’enfant à s’exprimer.
12La méthode PECS (système de communication par échange d’images) a pour principe d’aider
l’enfant à s’exprimer à l’aide de pictogrammes et d’images. L’enfant apprend qu’en donnant une
image à un adulte, il peut obtenir ce à quoi correspond cette image. L’adulte accompagne cette
demande d’une prononciation du mot correspondant.
13La méthode Makaton reprend le principe d’image et des pictogrammes mais se distingue de la
méthode PECS, par l’idée que l’enfant doit avoir le choix de l’outil de communication qu’il
préfère : des pictogrammes ou de signes gestuels du type de ceux du langage des signes. Les
programmes éducatifs, comme les méthodes de type comportementaliste TEACH et ABBA,
visent également à développer le langage chez l’enfant autiste. Ces méthodes consistent à répéter
des exercices, ensuite l’enfant est récompensé lorsque son comportement est adapté. Ces
méthodes éducatives s’appuient sur un cadre structuré dans le temps et l’espace. En effet l’enfant
autiste a besoin d’évoluer dans un environnement rassurant.
4.3 Besoin d’un cadre rassurant
Dans la mesure où le moindre changement provoque chez l’enfant autiste des troubles du comportement comme l’auto et l’hétéro agressivité, il est alors nécessaire que l’enfant évolue dans un environnement prévisible et structuré au niveau du temps et de l’espace. Lorsqu’ils sont dans un environnement stable, ils se sentent en sécurité et leur anxiété est alors moindre. Répondre au besoin de sécurité de l’enfant autiste consiste à assurer son bien-être.
4.3.1 Définition du bien être
12 TUILLIER Avigal Amar. Mon enfant souffre de troubles envahissant du développement ; Paris ; Editeur La
découverte ; 2004 ; p54-57
13 TUILLIER Avigal Amar. Mon enfant souffre de troubles envahissant du développement ; Paris ; Editeur La découverte ; 2004 ; p54
15
Le bien-être est défini comme 14 « une sensation agréable procurée par la satisfaction de besoins physiques, l’absence de tensions psychologiques. C’est aussi un sentiment de bonheur, d’aisance matérielle ou spirituelle. »
4.3.2Le cadre thérapeutique
Pour qu’il y ait un changement durable dans le temps, il est nécessaire que ce soit les mêmes intervenants, des horaires fixes et un nombre suffisant de soignants encadrant les enfants. « 15Le cadre correspond à l’espace temporel, matériel, psychique que les soignants vont mettre en œuvre pour que l’activité puisse se passer dans de bonnes conditions. Il faut l’imaginer comme une instance tierce, à la fois matérielle et symbolique, qui sert de lieu, d’organisation stable, de référence pour l’équipe soignante et pour les patients (notion de temps, de lieu, de déroulement qui va donner le rythme de l’activité) ». D’où l’importance que les enfants soient pris en charge dans des structures d’accueils qui répondent à leurs besoins spécifiques.
14Le NEURES Katy SIEBERT Carole. Soins de confort et de bien-être Issy-les-Moulineaux; éditions Masson ; 2011 ; page 25.
15 DiGONNET Emmanuel ; LEYRELOUP Anne-Marie ; AUBARD Isabelle : Ateliers en psychiatrie: Médiations thérapeutiques : éditions Masson ; 2007 ; page 20
16
5 Présentation des structures d’accueils
5.1 Le centre d’accueil thérapeutique à temps partiel
Le centre d’accueil thérapeutique à temps partiel dit CATTP oriente essentiellement son
travail vers la resocialisation à travers les activités socio-thérapeutiques. Ces centres ont pour
objectif de maintenir ou favoriser une existence autonome par la stimulation des capacités
relationnelles, affectives ou cognitives. Les CATTP s’adressent à des enfants qui peuvent suivre
une scolarité normale ou aménagée. L’équipe d’un CATTP est multidisciplinaire.
5.2 L’hôpital de jour st une structure extra - hospitalière, qui accueille les enfants toute la
journée. Les enfants retournent le soir à leur domicile, ce qui leur permet de conserver une bonne
insertion sociale et familiale. Ce sont des enfants qui présentent des troubles empêchant de façon
durable ou momentanée la scolarisation. La plupart des hôpitaux de jour sont spécialisés par
tranche d’âge. L’hôpital de jour est également composé d’une équipe pluridisciplinaire. Le soin
au sein de ces différentes structures d’accueil s’articule autour des activités de médiation : une
prise en charge relationnelle et éducative.
17
2. Les activités de médiation au cœur du projet de soin éducatif
2.1 Définition des activités de médiation
Le mot médiation vient du verbe latin médiare signifiant « être au milieu ». La médiation est
donc «16 un élément tiers qui met la distance pour mieux favoriser un futur dialogue ». Elles
visent à développer les compétences cognitives, psychomotrices, sociales et
communicationnelles de l’enfant autiste. De plus les activités de médiation ont pour objet de
diminuer l’angoisse et les stéréotypes de l’enfant. C’est un prétexte, pour amener l’enfant à sortir
de son isolement et qu’il puisse interagir avec le soignant et les autres membres du groupe.
2.2 Le groupe : une fonction socialisante
Thomas panse et donne à manger au cheval à chaque séance. Ce comportement permet à Thomas
au sein d’un groupe, d’occuper une fonction sociale, en prenant soin du cheval. « 17Une
dimension essentielle de l’ambiance dans le groupe et donc du climat qui favorisera l’expression
de chacun est le rôle du plaisir. Le plaisir de réaliser des choses, le plaisir de retrouver les
membres du groupe. » L’enfant autiste présente des difficultés à élaborer une distance
relationnelle qui lui permette de rencontrer l’autre. Lorsqu’une relation duelle est vécue comme
trop angoissante ou trop proche pour l’enfant. Le groupe agit comme un tiers et permet une
réparation du processus transférentiels qui devient alors supportable. C’est un lieu d’échange
interindividuel qui facilite la verbalisation des émotions. Les activités de médiations font partie
de notre 18rôle propre.
16 DiGONNET Emmanuel ; LEYRELOUP Anne-Marie ; AUBARD Isabelle : Ateliers en psychiatrie: Médiations
thérapeutiques : éditions Masson ; 2007 ; page 9
17 DiGONNET Emmanuel ; LEYRELOUP Anne-Marie ; AUBARD Isabelle : Ateliers en psychiatrie: Médiations
thérapeutiques : éditions Masson ; 2007 ; page 12
18 « Relèvent du rôle propre de l'infirmier ou de l'infirmière les soins liés aux fonctions d'entretien et de continuité de la vie et visant à compenser partiellement ou totalement un manque ou une diminution d'autonomie d'une personne ou d'un groupe de personnes. Dans ce cadre, l'infirmier ou l'infirmière a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu'il juge nécessaires conformément aux dispositions des articles R. 4311-5 et R. 4311-6 »
18
2.3 Cadre législatif
Selon le décret du 29 juillet 2004 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession
d’infirmier :
- L’article 5 préconise l’aide et le soutien psychologique
- L’article 6 liste les actes relevant spécifiquement du champ de la santé mentale, et
mentionne les activités socio thérapeutiques individuelles ou en groupe.
- L’article7 définit l’entretien individuel et l’utilisation au sein de l’équipe
pluridisciplinaire de techniques de médiations à visée thérapeutique ou
psychothérapeutique
2.4 L’accompagnement : vers une vie la plus autonome possible
L’accompagnement d’un enfant autiste vise à l’autonomisation de la personne accompagnée aux
niveaux des actes et des gestes de la vie quotidienne. Ainsi le projet éducatif vise à favoriser
l’autonomie de l’enfant pour l’amener vers une vie plus sociale. L’autonomie se définit
« 19comme la possibilité pour une personne d’effectuer sans aide les principales activités de la
vie courante, qu’elle soit physique, mentales sociales et économiques et de s’adapter à son
environnement. »
2.4.1 Les activités de médiation : un accompagnement au quotidien
Le développement de l’enfant autiste est différent d’un enfant non autiste. La plupart des enfants
autistes ne sont pas scolarisés à cause de leurs troubles du comportement, des troubles de la
communication et de leurs difficultés à acquérir de l’autonomie au niveau des actes de la vie
quotidienne. La prise en charge des enfants autistes implique de s’adapter au développement
particulier de l’enfant. Ainsi l’accompagnement au quotidien des enfants, doit être le plus
19FORMARIER Monique ; JOVIC Ljiljana ; Les concepts en sciences infirmières : Paris ;
Edition Mallet conseil ; 2011 ; page 87
19
personnalisé possible. L’hétérogénéité du spectre autistique et la complexité de ce handicap
exigent un projet de soin « sur mesure ». «20Accompagner quelqu’un ce n’est pas le précéder, lui
indiquer la route, lui imposer un itinéraire, ni même la direction qu’il va prendre ; mais c’est
marcher à ses cotés en le laissant libre de choisir son chemin et le rythme de son pas. »
L’accompagnement implique une relation à l’autre, mais l’enfant autiste présente des difficultés
à entrer en relation. Vu la sémiologie de l’autisme les activités de médiation sont des prétextes,
des outils pour le soignant pour l’aider à sortir de son isolement. Dans la mesure où l’on
accompagne des enfants, le jeu a une place importante dans leur vie au quotidien.
2.4.2 L’accompagnement à travers le jeu
Le jeu est au premier plan dans la vie de l’enfant dont il favorise le développement et la
socialisation. Cette activité a permis à Thomas de nous montrer qu’il était présent, qu’il existait
et qu’il a effectivement des capacités à se développer. Donald Winnicott, psychanalyste anglais,
centre son œuvre sur la nécessité, pour le développement, d’un environnement « suffisamment
bon » pour l’enfant. «21 Winnicott aborde la question de la créativité dans la perception d’un
dégagement de la réalité. Il s’agit avant tout d’un mode créatif de perception qui donne à
l’individu le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue. » Selon Winnicott, le jeu est un
processus essentiel de l’humanisation. « 22C’est en jouant et seulement en jouant que l’individu
enfant ou adulte est capable d’être créatif et d’utiliser sa personnalité tout entière ».
L’utilisation du média a permis à Thomas de prendre du plaisir et d’être heureux, ce qui
contribue à son développement. Thomas s’est ouvert à son environnement social en partageant
ses émotions par la communication verbale et non verbale d’une part. Et d’autre part l’activité
s’est révélée thérapeutique car il y a eu un changement radical de son comportement. L’activité
de médiation permet de développer les capacités de l’enfant. En d’autres termes malgré leurs
déficiences ce sont des enfants qui présentent de grandes ressources.
20
FORMARIER Monique ; JOVIC Ljiljana ; Les concepts en sciences infirmières : Paris ; Edition Mallet conseil ;
2011 ; page 42
21 DiGONNET Emmanuel ; LEYRELOUP Anne-Marie ; AUBARD Isabelle : Ateliers en psychiatrie: Médiations
thérapeutiques : éditions Masson ; 2007 ; page 12
22 DiGONNET Emmanuel ; LEYRELOUP Anne-Marie ; AUBARD Isabelle : Ateliers en psychiatrie: Médiations
thérapeutiques : éditions Masson ; 2007 ; page 12
20
2.4.3 L’éducation
Parler d’éducation, est pour moi une évidence dans la mesure où ces enfants souffrent de
troubles de développement. « 23Eduquer une personne c’est donc aider celle-ci à développer des
aptitudes qu’elles possèdent à l’état potentiel et à acquérir des comportements adaptés qui lui
permettent de mieux gérer sa vie. » Les activités de médiation font parties du projet éducatif, car
ils permettent à l’enfant de progresser sur le plan de la communication, des interactions sociales
et du comportement. L’éducation est fondamentale pour l’enfant autiste. En effet, l’autisme est
un handicap ou le développement de l’enfant est perturbé ce qui entraîne donc, des dépendances
pour les actes et les gestes de la vie quotidienne.
2.4.4 La dépendance
La dépendance se définit comme 24« l’incapacité où se trouve la personne d’adopter des
comportements appropriés ou d’accomplir elle-même, sans aide, les actions, qui lui
permettraient, en fonction de son état, d’atteindre un niveau acceptable de satisfaction de ses
besoins.» Les enfants soufrant d’autisme ont besoin d’aide pour surmonter leurs dépendances.
C’est pourquoi, l’infirmière accompagne les enfants durant les actes de la vie quotidienne. Elle
apprend à l’enfant durant les repas à se tenir à table, à manger avec des couverts, à acquérir la
propreté, à se brosser les dents, à s’habiller. L’infirmière agit pour aider l’enfant à être le plus
indépendant possible.
2.4.5 L’indépendance
L’indépendance est définie par Virginia Henderson comme étant 25« l’atteinte d’un niveau
acceptable de satisfaction des besoins de la personne qui adopte, en fonction de son état, des
comportements appropriés ou qui accomplit elle-même des actions, sans l’aide d’autrui. »
Durant l’activité Thomas nous a démontré qu’il est en capacité de réaliser seul certaines
activités comme par exemple la préparation du cheval avant de le monter d’une part. Et d’autre
part il nous a montré qu’il était capable de se recréer et de prendre du plaisir lors de l’activité.
23 BURLET Béatrice ; Le NEURES Katy ; SIEBERT Carole : Soins éducatif et préventif Unité d'enseignement 4.6
Volume 12 de Les essentiels en IFSI : édition Masson ; 2011 ;
24 SIEBERT Carole ; LE NEURES Katy ; Raisonnement, démarche clinique et projet de soins infirmiers ; Issy- les- moulineaux ; Edition Elsevier Masson ; 2009 ; pages85
25 SIEBERT Carole ; LE NEURES Katy ; Raisonnement, démarche clinique et projet de soins infirmiers ; Issy- les- moulineaux ; Edition Elsevier Masson ; 2009 ; pages84
21
Dans la mesure où la mise en place des activités de médiation se fait en fonction des centres
d’intérêt de l’enfant, la famille a un rôle incontournable dans le choix des activités de médiation.
2.5Les familles partenaires, clef du projet éducatif
2.5.1Des familles démunies
L’annonce du diagnostic de l’autisme provoque un important bouleversement dans la vie des
parents. Lors de mon stage, face à ces enfants lourdement handicapés je pense aux familles qui
vivent au quotidien les difficultés de leurs enfants. En effet les troubles du sommeil et de
l’alimentation particulièrement fréquents chez l’enfant autiste constituent une source importante
de stress et d’épuisement des parents. Dans la mesure où l’autisme rend la vie des familles
difficile, les parents doivent recevoir dès que possible des informations précises sur le syndrome
de l’autisme, afin de leur permettre de mieux comprendre comment faire face aux problèmes
spécifiques de leur enfant.
2.5.2 Les familles, acteurs clef du projet de soin éducatif
Dans la mesure où les parents ont un rôle fondamental dans le développement de leurs enfants, il
est alors indispensable d’intégrer les familles dans le projet de soins. Les familles sont les
premiers éducateurs de leurs enfants. De là, l’infirmière doit collaborer avec les familles afin de
proposer des activités de médiation qui seront bénéfiques pour l’enfant, en fonction de ses
centres d’intérêt. Le choix des activités de médiation doit prendre en compte les parents. De ce
fait, dans mon futur exercice professionnel, l’implication les parents dans le projet de soin de
leur enfant seront essentiels.
Les troubles cognitifs qu’entraîne l’autisme se caractérisent par des difficultés de généralisation.
La plupart des sujets autistes ont tendance à associer une expérience à un lieu, parfois à une
personne. Certaines capacités sont présentes dans un contexte et pas dans un autre. Par exemple
un enfant peut entre en capacité de se lacet seul ses chaussures au sein de l’hôpital et non à son
domicile. Ce qui exige alors une communication de qualité entre l’équipe et la famille. Une
évaluation des capacités de l’enfant devra dans mon exercice être régulière entre la famille et
l’équipe, ce qui sera le gage d’un accompagnement de qualité. La collaboration avec les parents
est essentielle, pour définir avec eux les actions qui permettront à l’enfant de progresser dans sa
vie de tous les jours. Selon un infirmier travaillant auprès d’enfants autistes 26« Une rencontre
régulière avec les parents est indispensable afin de se mettre au diapason de ce qui se passe
26www.em-consult.com;Soins psychiatrie ; vol 27n247 ; Décembre2006 ; page37-3922
pour l’enfant et sa famille et de partager les expériences avec les parents aussi bien que les
difficultés que les avancées. »
2.5.3 Les recommandations de la Haute Autorité de Santé
La Haute Autorité de Santé recommande dans un rapport publiée en mars 2012 «27 que le projet
personnalisé d’interventions soit l’objet d’une Co-élaboration entre les parents et les
professionnels, afin d’aboutir à une adhésion partagée par l’ensemble des acteurs (objectifs
visés, moyens envisagés, modalités de mise en œuvre). Il est recommandé de s’assurer de la
compréhension par les parents et leur enfant des objectifs des interventions, des moyens mis en
œuvre. »
Le projet de soin et de vie de chaque enfant doit s’inscrire dans une dynamique réflexive
constante de la part de l’ensemble des personnes qui gravitent autour de l’enfant. Afin
d’optimiser la prise en charge des enfants, il sera essentiel dans ma future pratique de favoriser
une alliance thérapeutique avec l’enfant, la famille et l’équipe pluridisciplinaire. Quelles
compétences sont nécessaires pour assurer un accompagnement de qualité auprès d’enfants
autistes?
3.Les compétences de l’infirmière et de l’équipe pluridisciplinaire
3.1 Le rôle de l’infirmier
Le rôle de l’infirmier prend en compte la personne dans sa globalité. Il vise à rétablir l’intégrité
physique et psychique de l’individu, à découvrir et à comprendre ses difficultés, et à lui donner
les moyens de les résoudre.
3.1.1 Cadre législatif
« Le soin infirmier répond aux besoins provoqués par la maladie, rupture de l’équilibre de
l’harmonie, de la santé, traduisant une souffrance physique, psychologique une difficulté et 27 http://www.has-sante.fr/
23
une inadaptation à une situation nouvelle, provisoire ou définitif. Dans l’article premier du
décret 2002-196 du 11 février 2002 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la
profession de l’infirmier, les soins infirmiers ont pour objet :
- de protéger, maintenir, restaurer et promouvoir la santé ou l’autonomie vitale de la personne
- de concourir aux méthodes et à l’établissement du diagnostic
- de favoriser le maintien, l’insertion ou la réinsertion dans le cadre de leur vie habituel ou
nouveau »
3.1.2 Le rôle spécifique de l’infirmière en psychiatrie
Les soins infirmiers en santé mentale se caractérisent par des actions de base relationnelle et
éducative qui requièrent des qualités et des habiletés professionnelles. La relation est l’outil de
soin fondamental en psychiatrie. Mes différentes expériences en stage m’ont permis de
développer des compétences relationnelles face à des patients en demande de soins. Mais face à
des enfants autistes j’ai éprouvé des difficultés à éprouver de l’empathie. Comment aider le
mieux possible ces enfants tout en respectant leur autonomie ? Le comportement « bizarre »,
agressif, fusionnel de certains enfants m’intriguait énormément. Lors du stage, je me suis sentie
très démunie devant ces enfants souffrant d’autisme. Je me suis demandé en tant que future
soignante comment comprendre ces enfants présentant de graves troubles cognitifs et des
troubles de la communication ? Comment retrouver ma place de soignante pour être en capacité
de les aider ? Les graves défaillances de communication chez l’enfant autiste, peuvent entraîner
chez le soignant une tentative de plaquer ses propres désirs au détriment des leurs. Ainsi quelles
postures vais-je devoir travailler dans ma future pratique pour accompagner chaque enfant ?
3.2 La relation d’aide demande des habilités relationnelles de l’infirmière
3.2.1 La relation d’aide
Dans la mesure où ces enfants ont de graves difficultés à entrer en relation et à assurer les actes
et les gestes de la vie quotidienne, il est alors primordial que j’instaure une relation d’aide avec
l’enfant. Carl Rogers est un psychologue humaniste américain. Il a développé « l’approche
centrée sur la personne » qui met l’accent sur la relation du thérapeute avec le patient. Cette
approche humaniste non directive, affirme que la capacité à aider, dépend d’une attitude
d’acceptation inconditionnelle de la personne et de ce qu’elle exprime. Cette ouverture confiante 24
permet un climat qui favorise le changement et l’autonomie. En effet, c’est l’enfant qui nous
amène des éléments qui me permettra de l’aider à sortir de son isolement. Ainsi, Carl Rogers
développe des postures soignantes qui seraient aidant pour la personne.
3.2.2 L’empathie
L’empathie est une qualité personnelle, qui devra être développée afin de devenir une qualité
professionnelle. Selon C. Rogers l’empathie «28 être empathique, c’est percevoir le cadre de
référence interne d’autrui aussi précisément que possible et avec les composants émotionnels et
les significations qui lui appartiennent comme si l’on été cette personne, mais sans jamais
perdre de vue la condition de « comme si ». Il est effectivement important lors de la relation
soignant/soigné de ne pas se laisser emporter par la souffrance du patient dans le but de rester
professionnel. Cette nuance est fondamentale car elle permet de distinguer l’empathie de la
sympathie.
3.2.3 La congruence
En tant que future soignante il sera important que je développe une attitude qui soit en harmonie
avec ce que je pense et ce que je dis dans le « ici et maintenant » pour accompagner l’enfant.
D’après Carl Rogers la congruence29« être congruent veut dire que je prends conscience des
sentiments que j’ai à ce moment là et que j’accepte d’être ces sentiments la. C’est être réel et
authentique à ce moment là ». Je vais devoir faire preuve d’authenticité, par la reconnaissance et
l’acceptation des émotions éprouvée lors de la relation soignant /soigné.
3.2.4 L’écoute
30« Ecouter c’est s’appliquer à entendre, prêter son attention à ». L’écoute est une habilité de
base primordiale à la relation d’aide car elle permet de comprendre le patient. L’écoute ne
signifie pas apporter une réponse immédiate aux patient car le soignant n’est pas un sauveur.
Mais un professionnel présent et disponible dans le ici et maintenant. Tout être humain a le
besoin de se sentir important aux yeux des autres d’autant plus si la personne est en situation de 28 FORMARIER Monique ; JOVIC Ljiljana ; Les concepts en sciences infirmières : Paris ; Edition Mallet conseil ; 2011 ; p168
29 ODIER Geneviève ; être- vraiment soi même ; paris; Edition Eyrolles ; 2012 ; 203 pages
30 Cours IFSI25
vulnérabilité liée aux problèmes de santé. Savoir écouter c’est respecter la place de l’enfant
comme un sujet a part entière dans le but d’assurer son bien être.
3.3 Des connaissances à développer
Durant le stage je me suis sentie impuissante face à ces enfants, car je n’avais aucune
connaissance sur l’autisme. Etant donnée la complexité de l’autisme, faire preuve de curiosité
intellectuelle est primordial afin d’assurer des soins de qualité. Ainsi, lors du stage j’ai entrepris
des recherches bibliographiques sur les troubles envahissants du développement
Cadre législatif
« 31Art.4312-10- pour garantir la qualité des soins qu’il dispense et la sécurité du patient,
l’infirmier ou l’infirmière a le devoir d’actualiser et de perfectionner ses connaissances
professionnelles »
La connaissance des différentes théories de psychologie aide en à comprendre le comportement
de l’enfant durant l’activité. L’homme en tant qu’objet d’étude, ne peut être appréhendé par un
seul modèle explicatif. Edgar Morin, anthropologue et philosophe, considère «32 qu’aucune
théorie ne peut épuiser le réel et enfermer son objet dans des paradigmes. Elle est condamnée à
être béante et à demeurer ouverte. » Les différentes théories de psychologie sont une richesse
pour le soignant, pour comprendre et analyser les situations de soin. Elles ne sont pas en
opposition, elles sont complémentaires. La connaissance est certes importante mais elle ne suffit
pas pour favoriser l’autonomie de l’enfant. L’infirmière accompagne les enfants aux niveaux des
actes et des gestes de la vie quotidienne,
3.4 Fonctions infirmière auprès de l’enfant autiste
Cette proximité avec l’enfant permet à l’infirmière d’évaluer les besoins de chaque enfant et de
mieux les comprendre. L’observation infirmière est une activité cruciale lors des activités de
médiation, car c’est enfant qui nous révèle la marche à suivre pour l’aider à sortir de son
isolement. La mise en place d’activité de médiation demande à l’infirmière d’assurer plusieurs
rôles. Elle a un rôle d’animation car une participation active de chaque patient est essentielle
31 Règles professionnelles du code de santé publique
32 MERKLING Jacky. Le métier d’infirmier en santé mentale : Savoir et pratiques -Paris ; Édition Seli Arslan ;
2007 ; p 12
26
pour susciter l’envie d’échanger, d’être présent et de s’intégrer à un groupe. Dans ma future
pratique je vais être un moteur de la relation, en stimulant les enfants afin qu’ils prennent plaisir
à interagir. L’infirmière a également un rôle de réconfort pour diminuer les angoisses, les
stéréotypes et les comportements auto et hétéro-agressif. De ce faite, l’infirmière doit garantir un
climat de confiance pour susciter chez l’enfant un désir d’interagir avec le soignant et entre les
enfants. En somme, l’infirmière a un rôle déterminant lors de la prise en charge des enfants, mais
elle évolue auprès d’autres professionnels qui ont également un rôle important.
3.5 L’équipe pluridisciplinaire
Durant le stage, j’ai pu constater la place importante du travail d’équipe.33 « Une équipe peut être
définie comme étant un groupe de personnes interagissant afin de se donner ou accomplir une
cible commune, laquelle implique une répartition des taches et les convergences des efforts des
membres de l’équipe ». Différents professionnels gravitent autour de l’enfant : le pédopsychiatre,
les psychologues, les aides-soignants, les orthophonistes, les ergothérapeutes, les
psychomotriciens et des enseignants. Au regard de la diversité sémiologique de l’autisme et du
fait que l’on ignore exactement la cause de l’autisme, une prise en charge en équipe
pluridisciplinaire est une exigence.
3.5.1 Les recommandations de La Haute Autorité de Santé
Dans un rapport sorti en mars 2012 la Haute Autorité de Santé recommande une prise en charge
pluridisciplinaire des enfants autistes. 34« La diversité des professionnels, des structures et des
services est nécessaire pour permettre une adaptation de l’accompagnement et du suivi aux
besoins spécifiques des enfants et adolescents avec TED qui constituent une population 33 FORMARIER Monique ; JOVIC Ljiljana ; Les concepts en sciences infirmières : Paris ; Edition Mallet conseil ;
2011 ; p180
34 http://www.has-sante.fr/27
hétérogène, à la singularité de chacun et au caractère évolutif de ses besoins, ainsi qu’au projet
éducatif des parents. »
3.5.2 Une prise en charge globale
Le travail en pluridisciplinarité 35« consiste à traiter une question en juxtaposant des apports de
diverses disciplines, en fonction d’une finalité convenue entre les partenaires de la démarche. »
Mes recherches ont mis en évidence la richesse qu’apporte un travail en pluridisciplinarité, lors
de la prise en charge d’un enfant autiste. L’enfant autiste présente des besoins spécifiques qui
demandent alors une diversité de professionnels. L’hétérogénéité du spectre autistique implique
une variété de compétences et de techniques afin d’assurer une prise en charge globale de
l’enfant d’une part. Et d’autre part les différents points de vue, permettent de personnaliser le
projet de soin pour chaque enfant. Selon une infirmière travaillant dans un service de
pédopsychiatrie «36 le travail pluri-professionnel dans le secteur de pédopsychiatrie est un
précieux alliage qui donne une dimension unique à la prise en charge de chaque enfant, tout en
permettant à celle-ci d’être la plus globale possible, à travers les différentes approches
professionnelles.» Une prise en charge globale implique également, que l’équipe collabore avec
les familles, afin d’aboutir à un projet de soins le plus adapté et personnalisé pour chaque enfant.
3.5.3 L’alliance thérapeutique avec les familles, une nécessite pour optimiser
l’accompagnement
Accompagner un enfant autiste exige pour l’ensemble de l’équipe de travailler en collaboration
avec la famille. Les familles vivent et connaissent le mieux les besoins de leurs enfants. C’est
pourquoi, tous les membres de l’équipe doivent favoriser une alliance thérapeutique avec les
familles. L’alliance thérapeutique se définit comme 37« La relation de soin, singulière dans son
instantanéité, peut être définie comme « un pacte de soins ».Ce pacte est basé sur la présence,
la confiance et la conscience comme une alliance scellée entre deux sujets et orientée vers un
ennemi commun: la maladie. » Les familles sont confrontées aux difficultés que génère l’autisme
dans leur vie quotidienne. La confiance entre la famille et l’équipe se construit jour après jour.
35 FORMARIER Monique ; JOVIC Ljiljana ; Les concepts en sciences infirmières : Paris ; Edition Mallet conseil ;
2011 ; p195
36 Soins psychiatrie vol28 N 250 juin 2007pp 26-30
37 FORMARIER Monique ; JOVIC Ljiljana ; Les concepts en sciences infirmières : Paris ; Edition Mallet conseil ; 2011 ; p65
28
Et ceux par une transparence de l’information c'est-à-dire que les parents doivent être informés
du projet de soin de leur enfant. Car ils ont un rôle et une place importante dans l’amélioration de
l’autonomie de l’enfant. Les parents ont un savoir unique et irremplaçable sur leur enfant. Afin
d’optimiser la prise en charge, l’équipe doit respecter et prendre en compte l’avis et le ressenti de
la famille dans l’élaboration du projet de soin. Étant donné, que la mise en place d’activité de
médiation se base à partir des centres d’intérêt de l’enfant. Les familles et l’équipe
pluridisciplinaire peuvent alors se concerter, pour choisir des activités de médiation adaptée à
chaque enfant. De plus, il me semblera intéressant de faire participer les familles lors d’activité
de médiation, car tous les enfants ont des ressources comme Thomas.
3.6 Les réunions d’équipe : vers une juste distance
Toute pratique doit être partagée, exposée et réfléchie en équipe, afin de mieux comprendre les
situations de soins complexes. Face à des enfants repliés sur eux même, hyperactifs ou passifs, le
soignant peut se sentir transparent et inexistant. Les réunions d’équipe et de synthèse sont
justement, des moments privilégiés pour prendre le temps de donner en équipe, du sens à notre
pratique. C’est un lieu qui doit permettre l’expression libre de chaque membre de l’équipe
pluridisciplinaire. Il est indispensable de partager et d’échanger avec l’équipe pour prendre de la
distance sur des situations de soins complexe. 38« Le fait de raconter, de donner à voir aux
autres sa pratique et les sentiments éprouvés permet de prendre de la distance avec cet éprouvé
et d’en limiter l’impact ; c’est l’objectivation. » C’est le cas pour les activités de médiation qui
sont réfléchies et analysées en équipe pluridisciplinaire. L’échange entre les différents
professionnels contribue à l’effet thérapeutique de l’activité. En effet, l’activité doit continuer à
exister dans la pensée des professionnels et du patient afin de favoriser un changement. Quelles
sont les qualités et les compétences de chaque professionnel qui vont aider l’enfant à être le plus
autonome possible ?
3.7 Les qualités professionnelles de l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire
38MERKLING Jacky. Le métier d’infirmier en santé mentale : Savoir et pratiques -Paris ; Édition Seli Arslan ;
2007 ; P136
-
29
3.7.1 Une curiosité intellectuelle indispensable pour l’ensemble de l’équipe
pluridisciplinaire
Une curiosité de l’ensemble de l’équipe pluridisciplinaire est une nécessité pour assurer des soins
de qualité. Dans la mesure où la cause de l’autisme reste méconnue, il est fondamental que les
professionnels développent leur connaissance par des lectures, participent à des formations
continues et à des séminaires sur l’autisme. De plus, prendre soin d’un enfant autiste demande
beaucoup d’énergies, de patience et de créativité pour accompagner l’enfant.
3.7.2 Une communication de qualité, participe à une prise en charge de qualité
Le travail en pluridisciplinarité demande une grande rigueur de la part de soignants. Car ils
doivent s’assurer que les informations concernant l’enfant circulent correctement. En effet, la
qualité de la communication entre les différents professionnels permet d’assurer une
coordination des actions et l’évaluation du projet de soin. De ce fait, tous les professionnels
doivent avoir une ouverture d’esprit, car elle permet d’enrichir la prise en charge des enfants.
Dans la mesure où le travail en équipe oblige à réfléchir sur ses actions et à les expliquer. Tous
les membres de l’équipe doivent accepter la critique, en respectant la parole et le travail de tous
les professionnels. Faire partie d’une équipe pluri- professionnelle «39 c’est accepter d’être
complémentaire et non en rivalité. » Les réunions d’équipe sont des lieux, ou les soignants
peuvent proposer des idées et des projets mais pour cela une confiance en soi est nécessaire. La
confiance en soi et l’affirmation de soi sont fondamentales pour évoluer au sein d’une équipe
pluridisciplinaire.40 « L’affirmation de soi est une attitude qui consiste à croire que nous avons
suffisamment de valeurs personnelles pour nous permettre d’exprimer nos ressentis, nos
convictions, nos idées, nos projets et selon les cas de faire connaitre nos différences. »
3.8 Du travail en pluridisciplinarité au travail en interdisciplinarité
Mes recherches sur le thème de l’autisme ont mis évidence la nécessité du travail en
interdisciplinarité dans l’accompagnement des enfants autistes. En effet, à ce jour l’autisme est
39 Soin psychiatrie vol, 27n247 décembre 2006 p37-39
40
MERKLING Jacky. Le métier d’infirmier en santé mentale : Savoir et pratiques -Paris ; Édition Seli Arslan ; 2007 ;
p 25
-
-30
un handicap qui ne se guérit pas. La complexité de l’Homme et de l’autisme implique un travail
en interdisciplinarité. Le travail en pluridisciplinarité trouve des limites dans la mesure où les
différentes disciplines ont peu d’interaction entre elles. « L’interdisciplinarité émerge face à la
conscience des limites d’une approche disciplinaire et face à un besoin de se donner une
représentation commune, dans un contexte, en vue d’un projet commun. » Travailler en
interdisciplinarité permet une meilleure compréhension et une connaissance du travail spécifique
de chacun des membres de l’équipe. Il est nécessaire que les professionnels partagent à la fois
des concepts et un langage commun, mais aussi des valeurs communes pour l’efficience d’un
travail en interdisciplinarité. De là, les différents professionnels respecteront les capacités, les
compétences et les idées de chacun. Ainsi le travail en interdisciplinarité est une voie à laquelle
j’envisage de développer en équipe, afin d’aider chaque enfant autiste à sortir de son isolement.
31
III METHODOLOGIE3.1 Choix de l’outil exploratoir e
Pour la réalisation des enquêtes, j’ai choisi comme outil d’investigation l’entretien semi-directif.
L’avantage de cet outil est que la personne interviewée s’exprime librement et livre une
information la plus complète sur le sujet, tout en étant orientée avec souplesse par des questions
de relance en lien avec mon cadre de référence. Cet outil favorise l’échange, par le biais de
questions ouvertes qui favorisent la réflexion et l’argumentation. Cette méthode de recueil de
données permet de reformuler une question, de donner les moyens à l’interlocuteur
d’approfondir des idées intéressantes, ou de clarifier des réponses confuses tout en laissant les
professionnels développer leurs réponses en toute liberté.
3.2 Choix de la population et des lieux d’enquête
La population que j’ai choisie concerne uniquement des infirmiers diplômés d’Etat. En effet, je
souhaite interroger des infirmières prenant en charge des enfants autistes. C’est pourquoi les
enquêtes se sont déroulées dans un hôpital de jour, où les activités de médiation sont au centre du
projet de soin. En effet, mon but était d'enrichir ma réflexion grâce aux expériences diverses de
ces professionnels, possédant chacun leur parcours de vie et professionnel, leur vision de la
relation soignant soigné et leurs propres valeurs.
3.3 Facteurs favorisants et difficultés rencontré lors des entretiens
Tout d’abord, j’ai pris contact avec le cadre de santé du service, afin d’avoir l’autorisation
d’effectuer les entretiens. J’ai réalisé deux entretiens individuellement, qui se sont déroulés dans
une salle de repos. Le premier entretien a duré 40 minutes et le second a duré 20 minutes. J’ai pu
enregistrer les entretiens avec leur accord. Cela m'a permis d'être en interaction tout au long de
l'échange, d'être sûre de pouvoir retranscrire la totalité des informations. Les entretiens se sont
32
passés dans un climat calme en général. Par contre, lors du premier entretien, une ASH rangeait
des vaisselles, ce qui parasitait légèrement l’entretien. Malgré ce bruit, l’infirmière est restée
concentrée tout au long de l’entretien. Le guide d’entretien a été très utile durant les entretiens.
La classification par thème m’a permis de conduire un entretien organisé d’une part. Et d’autre
part, le fait d’avoir défini les questions de relance à l’avance m’ont aidé à préciser les propos de
mon interlocuteur.
IV ANALYSE
Présentation des infirmiers
Les deux infirmières interrogées seront nommées IDE1 et IDE2 dans le but de garantir leur
anonymat.
La première infirmière interrogée est diplômée depuis 10 ans et travaille depuis 4 ans dans
l’hôpital de jour, après sept ans d’expérience auprès d’enfants présentant de graves troubles de
comportement. Elle a voulu évoluer professionnellement en travaillant auprès d’une population
différente. Cette infirmière a suivi plusieurs formations par rapport à la prise en charge de
l’enfant souffrant de troubles envahissants du développement.
La seconde infirmière interrogée est diplômée depuis 7 mois ; c’est son premier poste en tant
qu’infirmière. Apres l’obtention de son diplôme, elle souhaitait travailler dans un service de
psychiatrie accueillant des adultes. Mais on lui a proposé un poste en pédopsychiatrie qu’elle a
accepté. Elle est finalement restée dans le service, car elle trouve la prise en charge de ces
enfants très intéressante. A ce jour elle n’a pas suivi de formation.
Cette présentation des soignantes permettent de constater d’une part, que l’IDE1 a plus d’années
d’expérience. Et d’autre part, l’IDE 1a suivie différentes formation ce qui n’est pas le cas de
l’IDE2
Selon vous quels sont les besoins des enfants autistes ?
L’objectif de cette question est de mettre en évidence les concepts des soins infirmiers qui
guident les professionnels pour accompagner un enfant autiste.
33
Globalement, les réponses des deux soignantes se rejoignent mais l’IDE1 apporte plus de
précision. En effet pour les deux soignantes, l’enfant autiste a besoin d’un accompagnement en
termes de socialisation, de communication et pour développer son autonomie pour les gestes de
la vie quotidienne. L’IDE1 précise qu’un projet thérapeutique individualisé est élaboré par
l’équipe pluridisciplinaire pour chaque enfant. Pour l’IDE 1 « l’enfant autiste doit s’inscrire
dans une vie sociale ». Selon l’IDE2, l’enfant a besoin de développer des aptitudes sociales qui
sont liées au développement de la communication. Les deux soignantes utilisent la méthode
PECS qui est un outil de communication qui aide l’enfant à exprimer ses besoins. Selon l’IDE2
cette méthode permet à l’enfant de formuler ses besoins, ce qui entraîne donc une baisse de
sentiment de frustration et des troubles de comportement chez l’enfant. Pour l’IDE 1, cet outil
favorise le geste de pointage, ce qui est important car c’est une première forme de
communication. Dans la mesure où l’enfant autiste présente des difficultés pour les actes de la
vie quotidienne, les deux soignantes expliquent la nécessité de les accompagner pour développer
leur autonomie. En effet, selon l’IDE 2 « il faut les apprendre à se débrouiller seul » et l’IDE 1
ajoute « nous mettons un point d’honneur à ne pas faire à leur place mais faire avec eux pour
qu’ils puissent être autonome. »
Question de relance : Face à leur comportement d’immuabilité, quelles sont les actions qui
permettent à l’enfant de se sentir en sécurité ?
Les deux soignantes expriment l’importance d’un environnement structuré, afin d’aider l’enfant
à se repérer dans le temps et dans l’espace. Les deux soignantes évoquent la mise en place de
planning pour chaque enfant afin de l’aider à se repérer au quotidien. L’IDE1 parle d’un temps
de regroupement effectué tous les matins. Dans le but de faire un bilan sur les soignants et les
enfants présents ou absents. L’IDE 2 explique que tous les matins l’enfant consulte son planning.
Ils se réunissent plusieurs fois par jour afin de faire un bilan sur les activités effectuées et les
activités à faire durant la journée. Les deux soignantes précisent que leur rôle est de rassurer et
d’apaiser l’enfant afin d’éviter les crises de colère. L’IDE 2 ajoute qu’il est important de préparer
l’enfant à la moindre modification de ses habitudes, à l’aide des pictogrammes. L’IDE 1
mentionne le rôle de recadrage de l’infirmière lors des comportements hétéro et auto agressif.
Cette fonction de recadrage permet à l’enfant de se sentir en sécurité.
Les réponses des deux soignantes correspondent aux concepts développés dans le cadre de
référence. Ainsi, l’autonomie, l’indépendance, le bien-être sont recherchées par les deux
soignantes dans la prise en charge des enfants autistes. Par ailleurs, les soignantes ont évoqué la
nécessité pour l’enfant à évoluer dans un cadre rassurant. 34
D’après votre expérience quel est l’intérêt de mettre en place des
activités de médiation auprès d’enfants autistes ?
L’objectif de cette question est d’identifier le rôle éducatif et relationnel de l’infirmière à travers
la mise en place d’activité de médiation.
Les deux soignantes apportent des réponses similaires à cette question. Pour les deux soignantes
les activités de médiation sont des moyens qui permettent d’entrer en relation. Pour l’IDE 1 « la
définition même de la pathologie autistique indique la mise en place de médiateur. »L’IDE2
ajoute que les activités de médiation permettent à l’enfant de « sortir de son isolement ». Elles
ajoutent que les activités de médiation ont également comme intérêt que l’enfant évolue dans un
groupe. De plus, les activités de médiation sont des outils qui permettent à l’enfant de vivre en
groupe. Les deux infirmières évoquent le fait que les activités de médiation favorisent
l’émergence d’une communication verbale et non verbale. L’IDE2 ajoute que les activités de
médiation« sont l’occasion pour l’enfant de s’intéresser et s’ouvrir à autre chose, ce qui
entraîne donc qu’ils sont moins focalisés sur leurs rituels ».
Question de relance : Selon vous les activités de médiation permettent-elles une prise en charge
éducative de l’enfant autiste ?
Pour les deux infirmières les activités de médiation permettent une prise en charge éducative de
l’enfant autiste. L’IDE1 souligne que le rôle éducatif de l’infirmière est présent à chaque instant
dans l’accompagnement d’un enfant autiste, notamment durant les activités de médiation où
l’infirmière « a un rôle de recadrage ». La participation aux activités de médiation exige le
respect des règles qu’incombe le cadre. L’IDE2 exprime également l’importance du respect des
règles lors de chaque activité de médiation. Elle explique qu’à travers les jeux l’enfant s’amuse,
ce qui facilite l’apprentissage des règles sociales.
Pour les deux soignantes les activités de médiation ont pour objet d’une part d’entrer en relation
avec l’enfant et d’échanger avec d’autres enfants. Et d’autre part les activités de médiation
permettent à l’enfant de respecter les règles du cadre, ce qui contribue à éduquer l’enfant. Pour
l’IDE2 les jeux favorisent l’apprentissage des règles. Comme je l’ai mentionné dans le cadre de
référence l’enfant autiste a besoin de prendre du plaisir, de s’amuser, pour assurer son
épanouissement.
35
D’après votre expérience les familles ont-elles une place importante
dans l’élaboration du projet de soin ?
L’objectif de cette question est de recueillir des informations sur les actions mises en œuvre par
l’infirmière pour favoriser les liens entre l’enfant et sa famille.
Les deux infirmières sont unanimes sur le rôle essentiel des familles dans le projet de soins. La
qualité de la prise en charge dépend immanquablement de l’investissement des familles. L’IDE 2
constate une grande différence lorsque les parents sont impliqués dans la prise en charge de leurs
enfants. Elle prend d’ailleurs l’exemple du classeur de la méthode PECS qui est bien entretenu
et rangé lorsque les familles sont formées à la méthode. L’IDE 1 emploie le mot « alliance
thérapeutique » pour désigner la relation que l’on doit développer avec les familles, pour
optimiser la qualité de la prise en charge. Pour les deux soignantes, l’échange d’informations
entre les familles et l’équipe est important, dans le but d’instaurer une relation de confiance avec
les familles. De ce fait, les deux infirmières rencontrent les familles une fois par mois. De plus,
un carnet de liaison est mis à disposition des parents par les deux soignantes. Selonl’IDE1, le
carnet de liaison est « un lien entre ce que fait l’enfant dans l’hôpital et les familles ». Par
exemple lors d’évènements comme des anniversaires, des photos sont prises et sont ensuite
transmises à la famille. L’IDE2 précise que « Les familles impliquées aident beaucoup au niveau
de la continuité des soins. Car il est important que l’enfant reproduit ce qu’il sait faire à
l’hôpital et à son domicile. Il est impératif de créer une cohérence entre l’équipe et la famille
afin que l’enfant puisse maintenir ses acquis. » L’IDE1 ajoute que des visites à domicile sont
réalisées lorsque les familles rencontrent des problèmes particuliers avec leurs enfants. Pour
favoriser l’alliance thérapeutique « des journées portes ouvertes » sont organisées où les parents
sont invités. « Des journées familles » sont également organisées qui ont pour objectif
d’accueillir la fratrie, pour qu’elle puisse exprimer son vécu et son ressenti. Des thérapies
familiales peuvent alors être proposées aux fratries, afin qu’elles trouvent leur place dans leur
famille. L’IDE1 mentionne que, parfois des repas sont organisés au sein de la structure avec des
parents lorsque l’enfant souffre de troubles de l’alimentation.
Quelles sont les qualités personnelles et professionnelles de l’infirmière
qui lui permettent de rechercher des activités de médiation adaptées à
l’enfant ?
36
L’objectif de cette question est d’identifier les compétences spécifiques de l’infirmière pour
accompagner un enfant autiste.
Au regard des réponses apportées, nous pouvons constater des similitudes dans un premier
temps. En effet, les deux infirmières soulignent l’importance : d’être à l’écoute de l’enfant,
d’avoir de l’empathie, d’avoir le sens de l’observation, de faire preuve de curiosité intellectuelle,
faire preuve de patience, et d’avoir la capacité de se remettre en question. L’IDE2 ajoute qu’il
est nécessaire d’être naturelle, d’être douce avec les enfants et d’être imaginatif. Quant à l’IDE1,
elle précise qu’il est indispensable de faire preuve de tolérance « accepter que l’autre est
différent de nous-mêmes »,de se saisir de l’éthique, d’avoir du bon sens, de s’inscrire dans une
dynamique institutionnelle, et de s’investir dans l’encadrement des étudiants « Je me nourris en
nourrissant les étudiants. ». L’IDE1 est la seule à évoquer les qualités qui sont nécessaires,
lorsqu’elle prend l’initiative de proposer un projet d’activités de médiation au sein de l’équipe
pluridisciplinaire. Ainsi, selon l’IDE 1 « La proposition d’un projet exige de la ténacité, être
capable de fédérer l’équipe autour du projet. Il faut être capable de piloter, d’écrire, de pouvoir
argumenter et de défendre le projet au sein de l’équipe pluridisciplinaire. »
Selon vous quel est l’intérêt de l’équipe pluridisciplinaire pour choisir
des activités de médiation pour chaque enfant ?
L’objectif de cette question est de mettre en évidence l’importance du travail en
pluridisciplinarité afin d’assurer des soins de qualités auprès d’enfants autistes.
Les réponses apportées par les deux soignantes sont totalement opposées. Ainsi, selon l’IDE1
l’équipe pluridisciplinaire est indispensable dans le choix des activités de médiation. Elle
explique que les différents professionnels « constituent un assemblage qui permet d’optimiser
une prise en charge de qualité. » De plus, elle qualifie ce travail comme complémentaire,
notamment lors de la mise en commun des observations de chaque professionnel. Elle ajoute que
la réflexion en équipe permet de prendre du recul et de la distance et contribue également à
développer « le raisonnement clinique ». L’IDE1 va plus loin en parlant du travail en
interdisciplinarité « Aujourd’hui je constate une plus grande autonomie des professionnels grâce
à l’interdisciplinarité. Auparavant le médecin décidait seul des visites à domicile mais
aujourd’hui on décide et on transmet juste l’information au médecin. »Par contre, l’IDE2a
répondu que le choix des activités de médiation se fait uniquement par le médecin lors de 37
l’élaboration du projet thérapeutique individualisé. L’infirmière applique la prescription du
médecin en accompagnant l’enfant lors des activités de médiation.
Selon vous quelles sont les qualités personnelles et professionnelles que
doivent avoir tous les membres de l’équipe pluridisciplinaire ?
Cette question a pour objectif de faire émerger les conditions qui permettent un travail d’équipe
de qualité.
Pour les deux soignantes, l’équipe pluridisciplinaire doit partager des valeurs communes, l’IDE 1
parle même de « valeurs humanistes ». Des capacités relationnelles sont impératives pour assurer
une bonne cohésion dans l’équipe selon l’IDE1. L’IDE 2 développe l’idée que chaque
professionnel doit être en capacité de s’écouter afin de prendre compte les différents avis des
professionnels. Elle ajoute que tous les professionnels doivent être en accord sur le projet global
de chaque enfant. L’IDE 1 explique qu’il est fondamental que tous les professionnels aient une
confiance en soi, pour partager ses idées au sein de l’équipe. Selon l’IDE1« Il ne faut pas
s’installer dans un sentiment d’échec lors d’une prise en charge compliquée ; mais surpasser ses
frustrations en recherchant continuellement des informations ». Pour finir, elle expose un
principe que tout professionnel doit avoir : « Il est pour moi indispensable de considérer les
enfants souffrant de TED avant tout comme des enfants. Cette évidence m’aide énormément dans
ma pratique. »
38
SYNTHESE
Lors d’une activité de médiation, j’ai pu constater les effets thérapeutiques de l’activité auprès
d’un enfant autiste. Cette situation d’appel a retenu mon attention et a suscité un intérêt qui
m’amène à ma question de départ : Comment l’infirmière à travers la mise en place des
activités de médiation répond-elle aux besoins spécifiques d’autonomie des enfants
autistes ?
Pour répondre à ce questionnement, j’ai entrepris des recherches qui m’ont aidé à constituer
mon cadre de référence. L’élaboration du cadre de référence débute par une présentation de
l’enfant autiste. Tout d’abord, j’ai défini les troubles envahissant de développement en reprenant
la définition de la Haute Autorité de Santé, qui se réfère à la définition à la Classification
Internationale des Maladies. Définir l’autisme est très difficile dans la mesure où il existe une
diversité sémiologique. Mais durant le stage et lors de mes recherches, j’ai pu constater que les
difficultés d’interaction sociale sont au premier plan chez tous les enfants souffrant de TED.
Malgré les troubles de développement, mes recherches ont mis en évidence la capacité de
l’être humain à se développer grâce aux liens d’attachement avec la mère ou subsitut, qui permet
à l’enfant se développer des capacités de résilience. Ensuite, les recherches en neurosciences ont
découvert la plasticité cérébrale : c’est la capacité du système nerveux central à se modifier par
l’expérience. D’où la nécessité pour un enfant autiste d’évoluer dans un environnement qui lui
permet de développer son autonomie, c’est-à-dire qui répond à ses besoins spécifiques en lien à
la sémiologie de l’autisme, à savoir : le besoin de s’intégrer socialement ; le besoin de
communiquer à l’aide d’outil de communication ; le besoin d’évoluer dans un cadre rassurant.
La deuxième partie de mon cadre de référence, aborde la place centrale des activités de
médiation dans le projet de soin éducatif. Le projet éducatif s’articule dans un premier temps par
la mise en place d’activités de médiation dans le but de susciter chez l’enfant le plaisir
d’échanger ; Et dans un second temps, il vise à accompagner l’enfant pour les actes de la vie
quotidienne. C’est pourquoi j’ai défini les concepts qui sont au cœur des soins infirmier : la
dépendance, l’indépendance et l’autonomie et l’accompagnement. Ensuite j’ai souligné
l’importance de collaborer avec les familles car celles-ci vivent un quotidien difficile avec leur
enfant d’une part, et d’autre part ils ont peur de l’avenir de leur enfant. La troisième partie du
39
cadre de référence vise à identifier les qualités de l’infirmière et de l’équipe pluridisciplinaire
pour accompagner un enfant autiste. Accompagner un enfant autiste demande de la part de
l’infirmière de développer des qualités relationnelles humanistes.
Les entretiens ont permis d’une part, de confirmer la plupart de mes recherches. Et d’autre part,
les réponses apportées par les deux infirmières ont enrichi mes recherches théoriques. En effet,
l’infirmière évolue au sein d’une équipe pluridisciplinaire, mais elle a un rôle spécifique pour
plusieurs raisons .Les infirmières accompagnent les enfants au quotidien dans le but qu’ils
développent leur autonomie : l’IDE1 qualifie ce rôle de « référent de proximité ».
L’accompagnement au quotidien implique alors pour le soignant de respecter la place de sujet de
l’enfant. Car c’est l’enfant qui nous enseigne comment l’aider pour qu’il puisse être autonome.
Le rôle éducatif est alors prégnant notamment durant les activités de médiation, comme le
précise les deux infirmières à travers « le rôle de recadrage » qui consiste à faire respecter le
cadre de l’activité. Par ailleurs, les deux infirmières utilisent des outils de communication issus
des méthodes éducatives.
La place de la famille dans le projet éducatif est fondamentale pour les deux soignantes car
une alliance thérapeutique comme le précise l’ide 1, permet d’optimiser la qualité des soins.
Ainsi les deux infirmières favorisent les liens entre l’enfant et sa famille. L’IDE 1 développe le
rôle de soutien de l’infirmière auprès des familles : par la mise en place de visite à domicile,
« des journées portes ouvertes » et « des journées familles » sont organisées pour accueillir les
parents et également la fratrie. Des repas sont organisés avec les parents et des solides
connaissances en sémiologie des TED. Les deux infirmières ont explicités les qualités
relationnelles indispensable pour accompagner un enfant autiste à savoir : l’empathie, l’écoute, la
disponibilité, être patiente et être naturelle, c’est-à-dire l’authenticité. De plus, l’infirmière doit
développer une posture réflexive qui consiste à remettre régulièrement en question sa pratique.
D’où l’importance de travailler en interdisciplinarité, comme l’indique l’IDE1, l’équipe
pluridisciplinaire permet de prendre de la distance et contribue à développer le raisonnement
clinique. En d’autres termes le travail en interdisciplinarité, la pratique avancée et le travail en
réseau contribuent à assurer des soins de qualités auprès des enfants, dans lequel l’intérêt de
l’enfant est au centre du projet de soin et de vie. D’après la loi du 4mars 2002 relative aux droits
des malades et a la qualité du système de santé « Les réseaux de santé ont pour objet de favoriser
l’accès aux soins, la coordination, la continuité ou l’interdisciplinarité des prises en charge
sanitaires, notamment de celles qui sont spécifique à certains population, pathologie ou activités
sanitaires. Ils assurent une prise en charge adaptée aux besoins de la personne tant sure le plan
40
de l’éducation à la santé, de la prévention, du diagnostique que des soins. » Le travail en équipe
pluridisciplinaire, voire en interdisciplinarité est un gage de la qualité des soins comme le
recommande la Haute Autorité de Santé. Notamment pour mettre en place des activités de
médiation qui vont permettre à l’enfant de sortir de son isolement.
La question de synthèse sera alors : Comment l’infirmière évoluant dans une équipe
pluridisciplinaire, permet t’elle à l’enfant autiste de sortir de son isolement à travers la mise en
place d’activité de médiation ?
41
CONCLUSION
En guise de conclusion, cette recherche en soins infirmiers a été très enrichissante, d’une part j’ai
acquis des connaissances sur ce vaste sujet lors de l’élaboration du cadre de référence. Et d’autre
part les entretiens avec les deux infirmières ont confirmé mon projet professionnel qui est
d’accompagner les enfants souffrant d’autisme.
J’ai découvert ce mystérieux handicap lors de mon premier jour de stage en hôpital de jour. Face
à des enfants autistes j’ai été complètement déroutée. En effet j’avais une représentation de
l’autisme qui se réduit à des génies comme dans le film « Rain Man ». Or, durant le stage les
enfants présentaient de graves troubles aux niveaux de la communication, des interactions
sociales et du comportement. Je n’avais aucune connaissance sur l’autisme, ce qui explique ma
grande difficulté à trouver ma place de soignante. Les recherches bibliographiques et les
échanges avec les différents professionnels m’ont aidé à avoir une posture professionnelle. En
effet, les professionnels ont été pour moi un grand soutien car chacune de mes questions avait
leurs réponses. Ils m’ont fait partager leur envie d’accompagner l’enfant autiste afin qu’il puisse
sortir de son isolement.
L’exemple de Thomas est l’une des situations les plus marquantes durant mes trois années
d’études. Car il a été en capacité d’exprimer ses émotions par la communication verbale et non
verbale lors d’une activité de médiation. Les activités de médiation sont au cœur du projet de
soin éducatif. Comme l’ont précisé les deux infirmières la sémiologie de l’autisme implique la
mise en place d’activité de médiation. Ce sont des outils, des prétextes afin que l’enfant sorte de
son isolement. En tant que future professionnelle les activités de médiation seront centrales
lorsque j’accompagnerai un enfant autiste, et ce en collaboration avec l’équipe pluridisciplinaire
et en favorisant une alliance thérapeutique avec les familles. Les familles sont épuisées car elles
sont confrontées au quotidien des difficultés de leurs enfants. Pour développer les acquisitions
de l’enfant autiste je vise à développer mes qualités relationnelles dans le but d’établir une
relation de confiance avec l’enfant et la famille. L’activité de médiation n’est pas en soi le plus
important, mais c’est le fait que l’enfant prenne du plaisir à interagir dans le but qu’il se
développe. La posture d’accompagnement exige que j’applique une attitude humaniste, à savoir
l’empathie, la congruence, le non jugement - autrement dit, de respecter l’altérité de chaque
enfant. Malgré les déficiences que présente un enfant autiste, c’est l’enfant qui nous montre la
marche à suivre pour être en capacité de l’aider.
42
En somme, j’envisage dans mon futur exercice professionnel de respecter l’autonomie de
chaque enfant. La mise en commun des différentes disciplines et des compétences dans
l’accompagnement des enfants autistes, contribue à respecter les besoins spécifiques de chaque
enfant.
Ce projet professionnel est un défi que je souhaite relever, le travail en équipe et l’alliance
thérapeutique avec les familles impliquent que, dans ma future pratique je vais m’efforcer de
respecter la place et le rôle primordial de toutes les personnes qui gravitent autour de l’enfant.
L’handicap de l’autisme a la particularité que chaque progrès de l’enfant n’est pas un acquis.
Comme le titre du mémoire le précise, l’accompagnement d’un enfant autiste est un travail pas à
pas avec l’équipe et la famille. Une communication de qualité entre l’équipe la famille et les
autres professionnelles travaillant dans d’autres structures participent à l’autonomisation de
l’enfant.
Le travail en réseau et les pratiques avancées vont justement permettre d’atteindre l’objectif
principal qui est le bien être et le confort de l’enfant. Dans le but que celui ci vive une existence
la plus autonome possible.
43
BIBLIOGRAPHIE
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TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
Décret n° 2004-802 du 29/07/2004 paru au J.O du 09/08/04 relatif à la profession d’infirmier.
46
TRAME DES ENTRETIENS
1) PRESENTATION DE L’INFIRMIERE
Depuis combien de temps travaillez-vous au près d’enfant autiste ?
Je travaille auprès des enfants autistes depuis quatre ans mais je suis diplômé depuis dix ans.
Pourquoi avez-vous choisit de travailler auprès d’enfants autiste ?
Il était intéressant pour moi d’évoluer professionnellement car au bout de sept ans d’expériences
auprès d’enfants ayant des troubles de comportement. J’ai eu l’envie de travailler auprès d’une
autre population de découvrir une autre prise en charge, un autre univers de travail.
Avez-vous suivi des formations complémentaires ?
Dans ma conception du soin il me semble important de se former quand on arrive dans une
nouvelle unité de soin. Malgré l’apport théorique qu’apporte la formation en IFSI cela ne nous
permet pas toujours d’avoir le bagage nécessaire pour travailler dans certain service. Lorsque je
suis arrivée dans le service j’ai demandé à faire des formations sur les troubles envahissant du
développement. J’ai effectué de ma propre initiative des formations gratuite sur : l’acquisition du
langage des enfants avec TED, et sur les différentes activités de médiation. Il est nécessaire de se
former afin de développer une culture autour de la prise en charge des enfants atteints de TED.
2) LES BESOINS DE L’ENFANT AUTISTE
Selon vous quels sont les besoins spécifique des enfants autistes ?
L’objectif de cette question est de mettre en évidence les concepts des soins infirmiers qui
guident les professionnels pour accompagner un enfant autiste ?
Dans la mesure où l’enfant est dans un retrait autistique ce qui signifie qu’il vit dans « une
bulle », il n’a donc pas besoin d’un tiers ou d’une personne pour vivre. Il est très perturbant pour
un enfant autiste lorsqu’une personne souhaite rentrer en contact avec lui. Un projet
thérapeutique individualisé est élaboré pour chaque enfant par l’équipe pluridisciplinaire.
L’ensemble de l’équipe élabore le projet et défini les axes de travail qui est dans un premier
temps : la socialisation. Il est fondamental d’inscrire l’enfant dans une vie social en lui apprenant
à se tenir à table et à se comporter de manière socialement acceptable lors des sorties. Ce qui est
très compliqué pour les parents d’où l’importance de les accompagner pour les actes de la vie
47
quotidienne. Ce sont des enfants qui ont des troubles du langage qui sont même parfois mutique.
C’est pourquoi on utilise un outil de communication le PECS afin qu’ils puissent formuler leur
besoin, pour qu’ils puissent utiliser le pointage. L’autonomisation est un autre axe du PTI. Ce
sont des enfants qui ont des difficultés à assurer les actes et les gestes de la vie quotidienne ; par
exemple aller à la toilette, se laver les mains, se tenir à table. Ils ont un apprentissage plus lent
qu’un enfant qui ne souffre pas de TED. L’accompagnement de ces enfants doit leur permettre
d’acquérir les gestes de la vie quotidienne. Pour un meilleur ancrage des acquisitions on délimite
les groupes en fonction du niveau cognitif et de l’âge de l’enfant pour assurer la qualité de la
prise en charge. Dans le groupe ou je suis ce sont des enfants qui ont assez bien évolués et qui
peuvent exprimer certains de leurs besoins. Donc nous jouons un rôle de tiers et nous mettons un
point d’honneur à ne pas faire à leur place mais faire avec eux pour qu’ils puissent être
autonomes.
Question de relance : Face à leur comportement d’immuabilité, quelles sont les actions qui
permettent à l’enfant de se sentir en sécurité ?
Il n’y a pas de méthode miracle toutes nos actions visent à diminuer ce comportement
d’immuabilité. Il peut arriver qu’un enfant soit en crise notre rôle est d’observer et d’identifier
les signes afin de comprendre l’origine de ce mal être. Les troubles sensoriels sont très présent
chez les enfants autistes ; certains bruits peuvent être insupportable pour l’enfant ce qui entraîne
des difficultés d’attention et de concentrations. D’où l’importance de les aider à se repérer dans
le temps et dans l’espace pour qu’ils se sentent en sécurité. C’est pourquoi on a mis en place un
planning journalier affiché dans la salle de jeux. Lorsque l’enfant arrive on l’accueille dans le
groupe, l’enfant dépose ses affaires, ensuite il y a un temps de regroupement. Lors de ce temps
de regroupement on se dit bonjour, on dit qui est là et qui est absent tant au niveau des patients et
des soignants.
Nous avons une fonction de recadrage par exemple face à un enfant agressif, le recadrage permet
à l’enfant de se sentir en sécurité. Tout enfant a besoin d’être recadré lors de comportement auto
et hétéro agressif. On ne peut pas savoir si l’enfant se sent en sécurité d’où l’importance de
questionner constamment nos pratiques. Notre présence permet d’apaiser et d’accompagner
l’enfant. Ce sentiment d’insécurité fait partie de la pathologie, malgré une bonne évolution de
l’enfant ce comportement sera plus au moins présent.
LE PROJET EDUCATIF A TRAVERS LA MISE EN PLACE DES ACTIVITE DE
MEDIATION
48
3) D’après votre expérience quel est l’intérêt de mettre en place des activités de médiation auprès
d’enfant autiste ?
L’objectif de cette question est d’identifier le rôle éducatif et relationnel de l’infirmière à travers
la mise en place d’activité de médiation.
La définition même de la pathologie autistique indique la mise en place de médiateur. Les
activités de médiation sont un ensemble d’outil que l’on met en place pour entrer en relation
avec l’enfant. La mise en place d’AM pose un cadre qui permet à l’enfant d’exister dans un
groupe. C’est pourquoi les AM se mettent en place soit en groupe ou en individuel. Il existe une
multitude d’AM donc il est plus facile qu’une AM soit adapté à un enfant. La médiation en elle-
même n’est pas forcement thérapeutique mais s’est tous ce que l’on investit autour de la mise en
place des AM qui est thérapeutique. Par exemple le chant est une forme de communication. Un
enfant qui ne parlait pas mais dans un groupe de chant l’enfant a pu chanter et rire. Les AM sont
des formidables outils qui permettent à l’enfant d’exprimer ses émotions par la communication
verbale et non verbale.
Question de relance : Selon vous les activités de médiation permet-elle une prise en charge
éducative de l’enfant autiste ?
En tant qu’infirmière j’ai un rôle éducatif à travers le recadrage lors des AM. Tous les enfants
doivent respecter le cadre des AM. Par exemple lors de l’AM théâtre l’enfant arrive il doit
enlever ses chaussures, on se met en cercle et on doit se dire bonjour et cela est éducatif. Notre
rôle éducatif est tout le temps présent par exemple des enfants qui viennent d’arriver dans la
structure ont des difficultés à tenir leurs couvert du au problème de praxie donc on l’accompagne
pour qu’il puisse bien tenir ses couverts et au bout de quelque temps l’enfant arrive à manger
seul
La famille partenaire du projet de soins
4) D’après votre expérience les familles ont elle une place importante dans l’élaboration du
projet de soin ?
La famille a une place capitale, essentiel ; sans les familles on pourra travailler, mais notre travail
ne sera pas efficace. On a besoin de l’alliance des familles car ce sont des mineurs et ce sont les
parents qui les amènent. Au départ on doit être dans une alliance thérapeutique pour optimiser la
qualité de la prise en charge. De ce fait, on met en place un entretienpar mois pour chaque enfant
49
avec les familles. Pour discuter de ce qui se passe à l’hôpital de jour et de ce qui se passe à la
maison dans le but d’accompagner les parents. Il nous arrive d’organiser des visites à domicile
lorsque les parents rencontrent des difficultés dans le foyer. L’alliance thérapeutique est difficile
pour certain parents car l’annonce du diagnostic est un choc pour les parents. Lors des séjours en
gite certaines familles refusent qu’on emmène leur enfant du à un manque de confiance vis-à-vis
de l’équipe. Pour favoriser l’alliance thérapeutique, nous organisons des journées portes ouvertes
ou les familles sont invitées. On leur explique le fonctionnement du service. Avec tous les
parents on discute sur un thème bien précis. Nous organisons des journées de parents ou ils
viennent avec la fratrie. Puisque les frères et sœurs se sentent souvent délaissés à cause des
troubles qu’entraine l’autisme. Parfois on accueille la fratrie pour qu’ils puissent exprimer leur
ressentis. On peut proposer des thérapies familiales, afin que la fratrie trouve leur place au sein
de la famille. Le livret d’accueil qui est en cours d’évaluation sera traduit en arabes, tamoul et en
anglais car ce sont ces populations que l’on accueille le plus. Aux niveaux des activités de
médiation les parents ont été spectateurs lors d’au atelier théâtre. Lorsqu’un enfant présente des
troubles de l’alimentation nous organisons des repas avec les parents. Mais ces actions ne sont
pas récurrentes. Les carnets de liaison est un lien entre ce que fait l’enfant dans l’hôpital et les
familles. Par exemple, lors d’anniversaire nous prenons des photos. Toutes les photos sont mises
dans le cahier de liaison. Ceci contribue à une alliance thérapeutique avec les familles.
LES QUALITES DE L’INFIRMIERE
5) Quelles sont les qualités personnelles et professionnelles de l’infirmière qui lui permettent de
rechercher des activités de médiation adaptés à l’enfant ?
Une infirmière doit être l’écoute de l’enfant, avoir le sens de l’observation, être tolérante
accepter que l’autre est différent de nous-mêmes et avoir des qualités relationnelles avec l’équipe
soignante. Il faut surtout qu’elle soit en capacité de prendre du recul et de la distance. Les AM
sont toujours discutés en équipe pluridisciplinaire. Par contre on peut proposer de notre propre
initiative un projet d’activité de médiation. Puisque, l’infirmière a un rôle spécifique dans la
mesure où nous accompagnons l’enfant toute la journée ; nous sommes des référents de
proximité. La proposition d’un projet exige de la ténacité, être capable de fédérer l’équipe autour
du projet. Il faut être capable de piloter, d’écrire, de pouvoir argumenter et de défendre le projet
au sein de l’équipe pluridisciplinaire. Il faut se saisir de l’éthique, avoir du bon sens. Remettre
régulièrement en question sa pratique professionnelle, être patient, s’inscrire dans une
dynamique institutionnelles, avoir de l’empathie. Il est important de lire de se former ; la lecture
aide à développer son raisonnement clinique. Il faut aussi que l’infirmière s’implique et 50
s’investisse dans l’encadrement des étudiants. Car l’encadrement des étudiants me permet de me
remettre en question, de rechercher des informations. Je me nourris en nourrissant les étudiants.
Moi je suis passionnée par mon travail, il faut aimer ce que l’on fait pour aider le mieux possible
ces enfants.
L’EQUIPE PLURIDISCIPLINNAIRE
6) Selon vous quel est l’intérêt de l’équipe pluridisciplinaire pour choisir des activités de
médiation pour chaque enfant ?
L’équipe à toute sa place dans la prise en charge des enfants avec autisme. Les différents métiers,
les différents rôles et différentes visions, différentes lectures constituent un assemblage qui
permet d’optimiser une prise en charge de qualité. L’équipe pluridisciplinaire nous permet
d’avoir un recul, de développer le raisonnement clinique. Dans le service, lorsque l’on observe
un changement de comportement d’un enfant on le partage en équipe, c’est un travail
complémentaire. Tous les membres de l’équipe ont une mission transversale qui se déroule deux
fois par semaines. Cette mission consiste à travailler dans un autre groupe, ainsi on travaille avec
d’autre professionnelles et d’autres enfants. Ce qui nous permet de développer des capacités
d’observation et de donner un autre regard à notre prise en charge. Les professionnels réclament
de plus en plus un travail en interdisciplinarité. On parle de pratique avancée, de transfert de
compétences, tout ceci constitue les pratiques de demain. Aujourd’hui je constate une plus
grande autonomie des professionnels grâce à l’interdisciplinarité. Auparavant le médecin
décidait seul des visites à domicile mais aujourd’hui on décide et on transmet juste l’information
au médecin.
7) Selon vous quelles sont les qualités personnelles et professionnelles que doit avoir tous les
membres de l’équipe pluridisciplinaire ?
Ils doivent tous avoir des valeurs humanistes, vouloir travailler en équipe, avoir de bonnes
capacités relationnelles pour assurer une bonne cohésion dans l’équipe, avoir une confiance en
soi pour partager ses idées. Il est pour moi indispensable de considérer les enfants souffrant de
TED avant tout comme des enfants. Cette évidence m’aide énormément dans ma pratique. Il ne
fait pas s’installer dans un sentiment d’échec lors d’une prise en charge compliquée ; mais
surpasser ses frustrations en recherchant continuellement des informations.
Avez-vous quelques choses à ajouter ?51
J’ai trouvé ma voie en tant qu’infirmière. Il faut toujours se former et analyser sa pratique, tenir
compte de la douleur des enfants et ceci dans tous les services. Il faut s’investir dans
l’encadrement des étudiants pour pérenniser la profession qui se fait par nos pairs.
1) PRESENTATION DE L’INFIRMIERE
Depuis combien de temps travaillez-vous auprès d’enfants autiste ?
C’est mon premier poste depuis que je suis diplômée, je travaille depuis 7mois auprès d’enfant
autiste.
Pourquoi avez-vous choisi de travailler auprès d’enfant autiste ?
C’est un hasard si je travaille auprès d’enfant autiste. Après l’obtention du diplôme je souhaitais
travailler en psychiatrie prenant en charge une population adulte. J’ai envoyé un cv pour un poste
en psychiatrie adulte et on m’a proposé un poste dans ce service. J’ai accepté par curiosité et
finalement je suis restée car je trouve très intéressant la prise en charge des enfants autistes dans
cette unité.
Avez-vous suivi des formations complémentaires ?
Non je n’ai pas suivi de formation, mais c’est prévu.
LES BESOINS DE L’ENFANT AUTISTE
2) Selon vous quels sont les besoins spécifiques des enfants autistes ?
L’objectif de cette question est de mettre en évidence les concepts des soins infirmiers qui
guident les professionnels pour accompagner un enfant autiste ?
Il est important de favoriser l’autonomie des enfants autistes en l’accompagnant pour les gestes
de la vie quotidienne. Il faut les apprendre à se débrouiller seul. Ils ont aussi besoin de
communiquer afin qu’ils puissent exprimer leur besoins. Aider l’enfant à communiquer et liée au
développement de leurs aptitudes sociales. Par exemple lorsqu’il entre dans l’unité nous les
apprenons à dire « bonjour ».52
Question de relance: Face à leur comportement d’immuabilité, quelles sont les actions qui
permettent à l’enfant de se sentir en sécurité ?
Il ne faut surtout pas imposer de changement par rapport à leur environnement, mais lorsque
nous n’avons pas le choix. Il est fondamental de préparer l’enfant à la moindre modification de
leur habitudes. Il faut rassurer l’enfant pour éviter les crises de colères. En leur expliquant à
l’aide de pictogrammes par exemple qu’une activité n’aura pas lieu. Ils ont besoin
d’environnement qui puisent les aider à se repérer dans le temps et dans l’espace. C’est pourquoi,
les journées à l’hôpital sont très structurées, chaque enfant connaît leur emploi du temps. Tous
les matins on les accueille, on se dit bonjour. Ils consultent leur planning individuellement afin
de les préparer sur le déroulement de la journée. Plusieurs fois dans la journée on se réunit avec
l’enfant devant le planning ; Et on enlève les pictogrammes lorsque les différentes activités ont
eu lieu.
Question de relance : Utilisez-vous des méthodes éducatives dans votre structure ?
Nous utilisons la méthode PECS. L’avantage de cette méthode est qu’elle diminue le sentiment
de frustration et les troubles de comportement chez l’enfant. C’est un outil de communication,
l’enfant peut alors exprimer ses besoins. Nous utilisons également les pictogrammes pour leur
expliquer ce que nous souhaitons faire. Cet outil nous aide à les comprendre et eux aussi peuvent
nous comprendre.
LE PROJET EDUCATIF A TRAVERS LA MISE EN PLACE DES ACTIVITE DE
MEDIATION
3) Selon vous, quelle est l’intérêt de mettre en place les activités de médiation auprès d’enfants
autistes ?
C’est un moyen pour entrer en relation avec les enfants, de les sortir de leur isolement. Les AM
permettent à l’enfant d’évoluer dans un groupe. Les activités permettent également à l’enfant de
communiquer verbalement et par des gestes. De plus les AM sont l’occasion pour l’enfant de
s’intéresser et s’ouvrir à autre chose ce qui entraine donc qu’ils sont moins focalisés sur leurs
rituels.
Question de relance : D’après vous, les activités de médiations permettent t’elles une prise en
charge éducative de l’enfant autiste ?
Oui les AM participent à l’éducation de l’enfant dans la mesure où il doit respecter certaines
règles nécessaire dans un groupe .Par exemple on les apprend à se saluer dès le début d’une
activité. Pour ces enfants ce n’est pas une chose qui va de soi de dire bonjour. A travers les jeux
l’enfant s’amuse ce qui facilite l’apprentissage des règles sociales.
53
Les familles partenaires du projet de soins4) D’après votre expérience, les familles ont t’elles une place importante dans l’élaboration du
projet de soin ?
Oui, je constate une grande différence lorsque les parents sont impliqués dans le projet de soins
de leur enfant. Quand les familles sont formées à la méthode du PECS, les classeurs sont bien
rangés et entretenus. Les parents sont moins impliqués peut-être parce qu’ils ont moins de
temps ou parce qu’ils ne comprennent pas l’utilisation et l’importance de cette méthode. C’est
une grande importance l’implication des familles car nous pouvons travailler avec eux. Un réel
échange avec la famille permet d’instaurer une relation de confiance entre nous. Les familles
impliquées aident beaucoup au niveau de la continuité des soins. Car il est important que l’enfant
reproduit ce qu’il sait faire à l’hôpital et à son domicile. Il est impératif de crée une cohérence
entre l’équipe et la famille, afin que l’enfant puisse maintenir ses acquis. Le cahier de liaison est
moyen qui nous permet de communiquer avec les familles.
Question de relance : A quelle fréquence voyer vous les familles ?
Nous voyons les familles une fois par mois. Nous les appelons lorsque nous avons une demande
particulière.
LES QUALITES DE L’INFIRMIERE
5) Quelles sont les qualités personnelles et professionnelles de l’infirmière qui lui permettent de
rechercher des activités de médiation adapté à l’enfant ?
Il est très important de connaitre la psychopathologie de l’enfant autiste. Il faut également avoir
de l’empathie, être à l’écoute de l’enfant. Avoir une volonté de travailler en équipe. Etre dans
une démarche de remise en question. Faire preuve de curiosité intellectuelle. Etre patiente, avoir
le sens de l’observation, être naturelle, faire preuve de douceur et être imaginatif.
LES QUALITES DE L’EQUIPE PLURIDISCIPLINNAIRE
6) D’après vous quel est l’intérêt de l’équipe pluridisciplinaire dans le choix des activités de
médiation?
Ce n’est pas nous qui choisissons les AM. C’est uniquement le médecin qui choisit les AM pour
chaque enfant lors de l’élaboration du projet thérapeutique individualisé. Et ensuite nous
accompagnons les enfants lors des AM.
54
ESI : Mais les AM ne font-il pas parti de notre rôle propre ?
Elle interpelle une infirmière et lui dit demande si c’est bien le médecin qui choisit les activités
de médiation. L’infirmière lui répond « que le médecin choisit des activités de médiation mais
nous avons une liberté en termes d’accompagnement de l’enfant. Nous avons liberté de proposer
et mettre en place des AM car nous sommes des forces de proposition pour l’élaboration du
projet institutionnel. »
7) Selon vous quelles sont les qualités personnelles et professionnelles que doit avoir tous les
membres de l’équipe pluridisciplinaire ?
Au sein d’une équipe tous les membres doivent être en capacité d’écouter et de prendre en
compte les différents avis. Il est indispensable d’être en accord sur le projet global de chaque
enfant. Les différents membres de l’équipe doivent partager des valeurs communes.
GRILLE DE DEPOUILLEMENT
Soignant interrogé Les besoins de
l’enfant autiste
Le projet
éducatif à
travers la mise
en place des
activités de
médiation
La famille
partenaire du
projet de soins
Les qualités de
l’infirmières
L’équipe
pluridisciplinaire
Infirmière (IDE1)
diplômée depuis 10
ans et travaille auprès
d’enfant autistes
depuis 4 ans
-un projet
thérapeutique
individualisé
- l’enfant doit
s’inscrire dans
une vie sociale
-autonomisation
par un
accompagnement
-entrer en
relation
-d’exister au
sein d’un
groupe
- De respecter
un cadre
- de
communiquer
-L’alliance
thérapeutique
des familles
est capitale
essentielle
- entretien
avec les
familles une
fois par mois
-écouter l’enfant
et les autres
professionnelles
-observation
- tolérance
-qualités
relationnelles au
sein de l’équipe
1) intérêt de
l’équipe
pluridisciplinaire
- les différentes
professionnelles
optimisent la prise
en charge
- prise en charge
55
aux niveaux des
actes de la vie
quotidienne
-outil de
communication
- Se repérer dans
le temps et dans
l’espace
et de partager
ses émotions
- soutien de la
famille par des
visites à
domiciles
-Réunion porte
ouverte
- journée
famille
accueille de la
fratrie
-thérapie
familiales pour
les fratries
-Livret
d’accueil
traduit en
plusieurs
langues
-carnet de
liaison avec
des photos de
leurs enfants
lors des
évènements
-capable de
fédérer
- avoir de
l’empathie
- lire et se former
-s’impliquer dans
l’encadrement
des étudiants
complémentaire
- permet de
prendre de la
distance et du
recul
-
l’interdisciplinarité
apporte plus
d’autonomie
2) qualités de
l’équipe
-valeurs
humanistes
-vouloir travailler
en équipe
- avoir des
capacités
relationnelles au
sein de l’équipe
-tolérance
-bon sens
56
Infirmièr
e (IDE 2)
Diplômé depuis7
mois
-D’un
accompagnement
pour favoriser
leur autonomie
aux niveaux des
gestes de la vie
quotidienne
- apprendre
l’enfant à
communiquer
-développement
des aptitudes
sociales
--Il est
indispensable de
préparer l’enfant
au moindre
changement afin
d’éviter les crises
de colère
-Besoin d’un
environnement
qui les aide à se
repérer dans le
temps et dans
l’espace
-chaque enfant à
un emploi du
temps qui lui
permet de se
repérer
- l’outil de
-d’entrer en
relation
-de vivre en
groupe
-de
communiquer
verbalement et
non
verbalement
- l’enfant est
intéressé par
autre chose
que ces rituels
-
l’apprentissage
des règles
sociales lors
des AM
contribue à
l’éducation de
l’enfant.
-Je constate
une grande
différence
lorsque les
parents sont
impliqués
- un réel
échange entre
le parent et les
familles
permet
d’instaurer une
relation de
confiance
- continuité
des soins
- cohérence
entre les
familles et
l’équipe pour
favoriser le
développement
des enfants
-Entretien avec
les familles
une fois par
mois
- le choix des
AM se fait
uniquement
par le médecin
lors du projet
-Connaitre la
psychopathologie
de l’enfant
autiste
-faire preuve de
curiosité
professionnelle
- avoir de
l’empathie
- être à l’écoute
de l’enfant
-volonté de
travailler en
équipe
- se remettre en
question
-Etre patiente
-être douce
- être naturelle
-être patiente
-être imaginatif
- avoir le sens de
l’observation
Intérêt de l’équipe pluridisciplinaire dans le choix des AM
Ce n’est pas à nous de choisir les AM mais au médecin lors de l’élaboration du projet thérapeutique individualisé
Qualité de l’équipe
-De s’écouter
- être en accord sur
le projet global
- partager des
valeurs communes
57
GUIDE D’ENTRETIEN
L’objectif globale, des entretiens est d’identifier les pratiques et les valeurs des infirmiers à
travers la mise en place des activités de médiation auprès d’enfants autiste.
Thème : présentation de l’infirmier
Depuis quand travaillez-vous au sein de cette structure ?
Pourquoi avez-vous choisi de travailler auprès d’enfant autistes ?
Avez-vous suivi des formations complémentaires ?
L’objectif de ces questions est d’identifier l’expérience des soignants par rapport à la prise en
charge des enfants autistes.
Thème : Les besoins de l’enfant autiste
Selon vous, quelles sont les besoins spécifiques des enfants autistes ?
Question de relance : Face à leur comportement d’immuabilité, quelles sont les actions qui
permettent à l’enfant de se sentir en sécurité ?
Question de relance : Utilisez-vous des méthodes éducatives dans votre structure ? *
L’objectif de cette question est de mettre en évidence les concepts des soins infirmiers qui
guident les professionnels pour accompagner un enfant autiste.
Thème : Le projet éducatif à travers la mise en place activités de médiation
D’après votre expérience, quel est l’intérêt de mettre en place des activités de médiation auprès d’enfant autistes ?
Question de relance : Selon vous les activités de médiation permettent-elles une prise en charge éducative de l’enfant autiste ?
L’objectif de cette question est d’identifier le rôle éducatif de l’infirmière à travers la mise en place d’activité de médiation.
Thème : la famille partenaire du projet de soins
D’après votre expérience, les familles ont-elles une place importante dans l’élaboration du projet de soin ?
Question de relance : A quelle fréquence voyez-vous les familles ?
58
Question de relance : La mise en place d’activité de médiation se fait-elle en collaboration avec les familles ?
Question de relance : Avez-vous fait l’expérience d’intégrer les familles lors des activités de médiation ?
L’objectif de cette question est de recueillir des informations sur les actions mise en œuvre par
l’infirmière pour favoriser les liens entre l’enfant et sa famille.
Thème : Les qualités de l’infirmière
Quelles sont les qualités personnelles et professionnelles de l’infirmière qui lui permettent de rechercher des activités de médiation adapté à l’enfant ?
L’objectif de cette question est de faire apparaitre le rôle infirmier comme force de proposition.
Thème : L’équipe pluridisciplinaire
Selon vous, quel est l’intérêt de l’équipe pluridisciplinaire pour choisir des activités de médiation pour chaque enfant ?
L’objectif de cette question est de mettre en évidence l’importance du travail en pluridisciplinarité afin d’assurer des soins de qualités auprès d’enfants autistes
Selon vous, quelle sont les qualités personnelles et professionnelle que doit avoir chaque membres de l’équipe pluridisciplinaire ?
Cette question a pour objectif de faire émerger les conditions qui permettent un travail d’équipe
de qualité.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
59