Nestor, la bouffe et moi · Nestor se frotte les mains : comme tout drogué qui continue à se...

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Nestor,labouffeetmoi

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réservéspourtouspays.

©2016,GroupeArtègeÉditionsduRocher

28,rueComteFélixGastaldiBP521-98015Monaco

www.editionsdurocher.fr

ISBN:978-2-268-07609-6ISBNepub:978-2-268-08506-7

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monde ou comme avant, mais sans grossir puisque monmétabolismeaurachangé!

EtmoidereprendreavecNestor:

Unefoismince,manouvelleviecommencera,etcettefois-ci,ceseradifférent…J’aienfincomprisetassezsouffert,dansquelquesjours,plusdecrise,jeneseraiplusboulimique!

Aveclerégime,jepeuxcontinueràmedroguer

Nestorséparelesalimentsendeuxcatégories.

Ceuxquifontgrossir:àprendreenquantitélimitée.

Situprends15grammesdechocolattroisfoisparsemaine,tunegrossiraspas.

Du chocolat ?La belle aubaine.Nestor ravi part enweek-endprolongé, je travailleraipour lui,caravecmoi,droguéedusucre,ladoseprescritedevienttrèsvite15grammesàlaminute!

Les aliments qui ne font pas grossir : à prendre àvolonté.

Tu peux prendre des haricots verts ou de la salade àvolontéquandtuleveux,«ça»nefaitpasgrossir.

Droguéeaussidequantitéspantagruéliquesetdugrignotagepermanent,jemangealorsdesquantitésfolles,entrouvantcelanormal.Lesautres, ceuxquin’ontpasdeproblèmedebouffe,sont d’ailleurs idiots de ne pas, en profiter, n’est-ce pas,Nestor?Ainsi,l’argumentque«çanefaitpasgrossir»justifiemaboulimie.

Nestorsefrottelesmains:commetoutdroguéquicontinueàsedroguer, jesuisprisedansunétauquiseresserre,etdontj’auraideplusenplusdemalàmedégager.

Aveclerégime,jemepunis

Je sors d’une crise de boulimie. Est-ce que je punirais unépileptique parce qu’il vient d’avoir une crise ? Dois-je mepunir?Nestoradéjàrépondupourmoi.Sapunitionfavorite?Larestriction.Selonlui,lasouffranceendurée,poureffacerlesdégâtsdemesabus,m’empêcheraàl’avenirderecommencer.

Aveclerégime,jepréparelegavagequisuittouterestriction

Memaintenirdanslanourriture,ensoignantlemanqueparlemanque:voilà lecœurde lastratégienestorienne.Avecunemalade du manque (de tout, d’amour, de temps, d’argent…),Nestorestsûrquejenevaispastenirlongtemps.

Ennourrissantmapeurdemanquer, ilattisemafrustrationetmonobsessiondenourriture, cequi déclenchera à coup sûrunenouvellerechute.

Aveclerégime,jem’imposedescontraintes

J’ai horreur de suivre des règles, quelles qu’elles soient.Resquilleuse née, je veux quelque chose pour rien, et je veuxtout,toutdesuite,mêmeavant,sicelaétaitpossible.Lerégimeréveilleenmoilarebelle.Plusj’essaied’ensuivreun,etplusjemerebiffe.Comment?Encassantmoninstrumentde tortureàl’aidedescrisesdeboulimie.

Aveclerégime,jemepositionneenvictime

Victime?Biensûr,puisqu’àcausedurégime,jenepeuxpasTOUT manger, comme je le veux, quand je le veux. Nestorentretient ainsi le cercle vicieux de la pauvremartyre, dont lebonheurdépenddequelqu’unoudequelquechosed’extérieur:ledernierrégimeenvogue,cemédecinquiacrééunvaccinanti-graisseoutelautreremèdemiracle.

Victimeaussi,parcequejen’entreprendspasunrégimepourmoi-même, mais pour plaire à l’autre, pour entrer dans unnouveaumaillotdebainouressembleràtelleactricedecinéma.

Aveclerégime,jemecondamneàl’échec

J’aieneffetunmalfouàatteindrelepoidsidéal,pourtroisraisons:

Premièrement, parce que le régime repose sur l’illusionqu’unefoismince,toutirabien.C’estbienconnu,jeseraialorsheureuse, je changerai de travail et trouverai l’homme ou lafemmeidéal(e).Jemincis,lebonheurnevienttoujourspas…etquand aupieddumur, ilme faut chercher unnouveau travail,affronter le regarddeshommes et la peurde l’intimité,Nestorm’ouvre la porte de la pâtisserie… car il sait qu’ilm’est plusfacile d’y entrer, que d’assumer ma vie. Et je remange pourreconstituermonbouclierdegraisse.

Deuxièmement, parce que dans le miroir déformant queNestor a placé dans mon cerveau, je me vois toujours grosse.Mon ancien corps, volumineux, s’inscrit en pointillé, tel unfantôme, autour de mon nouveau corps. Et comme Nestorm’intimel’ordrederéoccupermes«vraiesfrontières»,cellesdelagrosse,lastabilisationdemonpoidsnepeutsefaire.

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En plus de ce pouvoir « gommant », qui annule certainesparties de mon corps, ce miroir efface également mes atoutsphysiques,spirituelsetmoraux.Jen’existeplusqueparcerefletdéformédemoi-même.

Trompeur,cemiroirsuperposelesimages

Enbonus,cemiroirm’offre toujoursenfiligraneuneautreimage : celle de la femme ou de l’homme idéal définie par lasociétéoulesparents.

Apparaissent souvent aussi, ce que nous appellerons lesfantômes surgis de mon passé. Ces fantômes portent dessurnomsprécis:«bouboule»,«grostas»,«boudin»etautrescharmantsqualificatifsdontlesprochesm’affublaient.

Àquoisertcemiroirdéformant?

Àmedéclarer laguerre, àmehaïr.Hachedeguerreduboulimique, outil de sabotage par excellence, sontranchantmecoupedemoi-même.Jenesensplusrienetpour sortir de cette anesthésie, je n’ai plus qu’un seulrecours:megaverou,sijesuisanorexique,m’affamer.Àm’isolerdemoi-mêmeetdesautres.Mevoyantpeserunetonne,jeneveuxpasm’exposer,mieuxvauteneffetne pas sortir. Et au lieu d’affronter qui que ce soit,autantmeshooterauchocolat!

Tout enme félicitant pour cette heureuse initiative,Nestorbranche sur mes quatre sens les accessoires qu’il a siingénieusement créés à mon intention pour mieux me«posséder».

Quelssontcesfameuxaccessoires?Indécelablesàl’œilnu,

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j’aieudumalàlesidentifier.Voilàcequej’aidécouvert.

ACCESSOIRESBRANCHÉSSURLESQUATRESENSCLÉS

Détecteursdenourritures

Nestorm’a gentiment offert, comme à chaque boulimique,unepairedeverresdecontactdontvoicilafichetechnique:

Verres incolores, indolores, port obligatoire etpermanent.Donneàl’œilhumainlamêmeacuitévisuellequecelled’unrapace.Émetdesrayonslaserpermettantdevoirlanourritureàtraverstoutcontenantopaque.Dirigeetmaintient le regardsur toutcequisemange :sur les étagères,dans le réfrigérateur,dans les assiettesdes autres, sur les buissons et les arbres, dans lesvitrines, et même dans la main des gens qui mangentdanslarue…Par son effet « déguisement » : donne aux objetsl’apparence d’aliments. La croûte de pain, que d’ungeste automatique je viensdemettre à la bouche, n’estqu’unboutde liège tombéd’unbouchon.Lepapierdebonbon qui attire mon regard sur le trottoir… n’estqu’unevulgairefeuillemorte.Par son effet réducteur : rapetisse les portions qui setrouventdansl’assietteduboulimique.Par son effet de loupe : grossit et embellit ce quecontientcelleduvoisin.

Effetdeloupeaussipourlesanorexiques:

«De toutefaçon,quellequesoit laquantitéque jemettedansmonassiette,j’aitoujoursl’impressionquejenepourraijamaismanger « tout ça », ça me paraît toujours être des portionsgargantuesques.Cetteanorexie,c’estcommesi j’avais lagorgeétranglée,riennevapouvoirpasser;mêmequandjeprendsunegélule, j’ai peur qu’elle reste coincée. C’est comme avec lesmots, ilsnepassentpas, jemeforcepourparler.C’estsûrquej’aiunproblèmeaveclaparole.»

Victor,anorexique,40ans

Détecteursdeparfums

Nestor a tapissé l’intérieur du nez « boulimique » depuissantsdétecteursdeparfumsalimentaires.Cesdétecteursdeparfumsontdeuxpositionspossibles:«signaldélice»pourleboulimique,et«signaldégoût/nausée»pourl’anorexique.

Détecteursdegoûts

Nestor a exacerbé les papilles gustatives du boulimique,pour qu’elles déclenchent le « signal d’encore » (pour « j’enveux encore »), qui entraîne l’ingestion automatique de labouchéesuivante.

Ces détecteurs de goûts ont également deux positionspossibles : « signal délice » pour le boulimique, et « signaldégoût/nausée»pourl’anorexique.

Détecteursdebruits

Par un système miniaturisé, Nestor a équipé l’oreille duboulimique de récepteurs enregistreurs de son. Des micros

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les « devoirs », que l’enregistrement de sabotage me serineinlassablement. Le tour est joué, aucune autre alternative : jedois tout mettre en œuvre pour me justifier et cacher « mestares », en prouvant que je suis le contraire de ce que jem’accused’être,carsil’ondécouvraitquijesuisvraiment…

Quiparledecondamnationàmort?SurtoutpasNestor.Faisant ses coups en douce, il ne se vante pas de créer en

moi ce malaise insoutenable. Bien au contraire, il cache sonbâton nestorien, et se présente commemon sauveur, celui quimecomprendetmeconsole…

Tuméritesbienunepetitegâterie!

Ilouvresansbruitlesoubliettes,etpardesvoiesdétournéesm’attireversleremèdemiracle.

Une fois dans la bouffe, menacée de mort par le bâtonnestorien,jevaisd’autantplusobéirauxdirectivesdecethabileavocat qu’il me tend aussitôt sa carotte nestorienne : cetillusoirebien-êtrequim’envahitdèsquejeparviensàsatisfaireses exigences, comme le montre l’exemple du régime où je«contrôle»enfinlasituation.

Prise dans un tel engrenage, sans autre choix que de mejustifieroudeculpabiliser,laboulimiem’apparaîtalorscommelaseulefaçondesurvivre,pouroubliermestaresetéchapperàmontristesort,telquemeleprésenteNestor.

D’où me proviennent les messages contenus dans cesenregistrements?Dequanddatent-ils?

ORIGINEDESENREGISTREMENTS

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La plupart des enregistrements de sabotage ont été faitslorsque j’étais enfant. Ils ont été enrichis des croyancesparentales, ou de celles d’autres adultes qui m’entouraient,croyancesengénéralguèreadaptéesàlavie.

S’yretrouventaussitouteslescritiquesquej’aipurecevoirdans l’enfance, et que j’ai adoptées comme descriptif de mapersonnalité.Unevoisinemedisait souvent« t’esbête»,monfrèreme traitaitde«sale folle»,maintenantcen’estpluseuxquimeledisent,c’estmoiviaNestoretsesenregistrements:jesuisnulle,pasàlahauteur…

J’airéussiàmettreledoigtsurcertainsdesmomentsclésdemonenfance,dontNestoravaittiréprofitpourcréerlesthèmesfondamentauxdemesenregistrementsdesabotage.

Envoiciquelques-uns:

Nejamaisfaireconfiance

Versl’âgedequatreans,noushabitionsenHaute-Savoie,jeréclamaissanscessemagrand-mèreparisienne. Inlassablement,mamèremerépondait:

«Ouimachérie,onvabientôtallerlavoir.»Cejourmerveilleuxestenfinarrivé,unvéritablebonheur.Résultat?Jel’aivuedeuxminutessurlequaidelagaredeLyon.Deux

minutes seulement, pendant lesquelles elle s’est agenouillée àma hauteur pourme tenir dans ses bras, avant de rejoindre lecercle des visages fermés des adultes tout là-haut, quicomplotaientàvoixfeutrées.

Après?Jemesuisretrouvée,seule,dansunemaisoninconnue,

sansmagrand-mère,sansmamère,

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sansmonpère,sansmonfrère,sansZéno,monchien.

Quesepassait-il?Nonseulementjen’étaispasavecmagrand-mèrecommeon

mel’avaitpromis,maisjemeretrouvaisabandonnéedetous.Jemesentaistrahie.Commentfaireconfianceaprèstoutça?

Lesfaits:Personnenem’avaitexpliquéquemamèrevenaitdequitter

mon père et que pour éviter qu’il ne me retrouve, on m’avaittemporairement«cachée»chezdesamisquejeneconnaissaispas.

Lesgenssontfaiblesetilestdemondevoirdelesprotéger.

J’aidécrétécelaàl’âgedequatreans.Ma grand-mère avait eu une attaque en ma présence. J’ai

aussitôt appelé mon grand-père car je pensais qu’elle s’étaitendormie.Endormie,letempsdes’effondrerlentement,commeunpantin,dansunfauteuil,prèsdelaported’entrée,aumomentmêmeoùnousdevionssortirpourallerausquare.

Magrand-mèreétait«faible»puisqu’ellenepouvaitmêmepas parler. Elle balbutiait des sons comme si sa bouche étaitpleine de savon. Elle n’arrivait pas non plus à lever les brascommeleluidemandaientmongrand-pèrepuislesmédecins.

Jevoulaisqu’oncessedelasecouerenluidemandantd’unevoix forted’accomplircettegymnastiqueabsurde.Je restais là,sans oser bouger, puis mon grand-père m’a enfermée dans lacuisine.Assezvite,uneinconnuem’aemmenée.

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monde.Pouréviterd’êtredécouverte,jem’isoleetm’anesthésieaveclanourriture.

«C’estdouloureuxd’êtreparmi lesgens.Seule,encompagniedemonchocolat,jemesensplusàl’aise.»

Carole,25ans

LevirusHfaitdelaboulimieunemaladiedusecret.

OùsecachelevirusH?

J’aihonted’êtreunedroguéedelanourriture.Moi, une droguée de nourriture ?Tout sauf ça !Comment

avouerquejesuisobsédéedesujetsaussipassionnantsquelesrégimes,leskilos…?

La drogue nourriture n’est pas une substance « noble »,commelevin,ou«acceptée»commelacigarette.

«J’aihonted’engouffrer,debout, trèsvite,cesquantités follesd’alimentsmalsains.»

Cléo,33ans

J’aihontedemoncorps.Cette honte, et la haine de moi-même, trouvent une cible

idéaledansmoncorps,boucémissairedemacolère.

«Commentcachermonpoids?Mongroscorps,siéloignédescritères idéaux de beauté me trahit. Il attire les regards etproclame aumonde que je suis une perdante sans volonté, endemande d’affection. J’ai envie de crier à tous ces gens : neregardez surtout pas en moi : qualité inférieure, trop grandeémotivité!»

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Éliane,32ans

«Jeledéteste,jevoudraislegommer,lefairedisparaître.»Gabriel,22ans

Pour Stéphanie, anorexique, 40 ans, le sentiment de honteestambivalent.

«J’aihontedemesosquandjesurprendslesautresentraindelesregarder.C’estpourquoijelescamouflesousdesvêtementsamples. Mais dans mon for intérieur, j’éprouve une joie, unesortedejubilationdelessentirsaillirsousmapaume.Jenesaispaspourquoi,maisjenesupporteraispasd’être«enveloppée».

J’aihontedemonmanquedecontrôle.Mes tentatives pour contrôler la nourriture traduisentmon

désir d’être « normale », et acceptée, dans une société quivaloriselecontrôle.Tentativesvouéesàl’écheccartrèsvite,çayest, le régime est cassé, c’est le relâchement ; la hontem’envahit:«Jenesuisbonneàrien:j’aiencorecraqué».

ModedecontaminationparlevirusH

Nestor me contamine directement, ou par l’entremised’autrespersonnes,quiaimententreteniravecmoiunmodederapportsculpabilisants.Nestor réussitmêmelaprouessedemefaireressentirdelahontequandjesuisvictimed’abus.Droguéedehonte,jemordsallègrementàl’hameçon.

Tant de boulimiques, victimes de viols, d’incestes, deviolences physiques ou verbales, ne mangeraient-ils pas pouravalerleurhonte?Laboulimieestlamaladiedelahonte.

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LEVIRUSM:MALHONNÊTETÉ

Cevirusmènedroitàlarechute,carilmerendtrèscréativepour justifier la prise de « nourriture-drogue », et défendre lebien-fondé de ma conduite. Tous les prétextes nestoriens meparaissentfortjudicieuxpour:

nepasfairecequejedevraisfairefairecequejesaisquejenedevraispasfaire.

LevirusM.m’inciteàmementiràmoi-même

Jedétectelaprésencedecevirusenmoiquandjem’entendsdiredesphrasesdugenre:

J’achètecesgâteauxpourlesautres.Jenesuisplusboulimique.

Jevaismêmejusqu’àmeservirdemonrétablissement,pourjustifier mes écarts : Je n’ai plus de crise, je peux doncaugmentermesportions,grignoterentrelesrepasetprendreunpeudechocolatpourmerécompenser…

D’aprèsNestor,cespetitsécartssontsansconséquence.Lapreuve?Jenerechutepas.Ilometdepréciserbiensûr:«Pastoutdesuite»etriantsouscape,ilguetteledérapagefinal.Lesrechutes me l’ont maintes fois prouvé : le virus de lamalhonnêtetémesavonnelaplanchedesalut.Planched’autantplusglissante,quejegardelesecretdecespetitsécarts:

«nivu(e),niconnu(e)»

Ce virus me détourne aussi des conduites intègres,nécessaires à ma sérénité ; Nestor se porte alors garant de lamoralitédemesactes.Sesarguments?

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C’est mon comportement alimentaire qui est celui d’un(e)drogué(e). Le besoin pressant et irrésistible qui me pousse àmangerdefaçonfolleestmaladif.Soyonstoutàfaithonnêtes,cebesoin,parfoisn’estpasirrésistibleetjemangeexprès«justeunebouchée»avecledésirconscientdemesaboter…oupourvérifier que je suis toujours boulimique… Résultat garanti,boulimique,jelesuisbeletbienetsousl’emprisedeNestor,jene peux commencer à manger sans courir le risque qu’il nesusciteenmoiledésirinsatiable:

Unebouchéeestdetropcarmillenemesuffisentpas.

Quelremèdeadopter?

Que la boulimie soit unemaladie est une bonne nouvelle,carquiditmaladie,ditremède,etdanscecasleremèdeexisteetil est simple. Pour arrêter de me shooter à la bouffe, deuxslogansincontournablesrésumentlamarcheàsuivre.

Ilmefautdéjà«sortirdelaboulimie»etpourcela:

M’abstenirdelabouchéesuivantedèsmaintenant.

Et une fois sortie, pour « ne pas replonger dans laboulimie»,ilconvientde:

M’abstenirdelapremièrebouchée,justepouraujourd’hui,quoiqu’ilarrive.

Reprenonslepremierslogan.

M’ABSTENIRDELABOUCHÉESUIVANTEDÈSMAINTENANT

Quand je suisplongéedans lanourriture, la seulebouchéequicompteestlasuivante.Nestornemelaisseainsiaucunautrechoix que deme shooter. Perdant tout intérêt pour la bouchéeque jeviensd’enfourner, jeme jette sur la suivante : cellequisera « la bonne » et comme ce n’est jamais « ça », seule unenouvellebouchéepourracomblermoninsatisfaction.

Pourcassercemécanismesansfin,jen’aipasd’autreoptionquedem’abstenirdelabouchéesuivantedèsmaintenant.

Pas après cette invitation à dîner, ni le premier janvier, nilundi,nidemain,nimêmetoutàl’heure…

Chaquenouvelleminutem’offreunenouvellechancedeposerlanourriture.

Pourquoim’est-ilsidifficiled’yarriver?Trèssimple.Sesentantmenacé,Nestorlutted’instinctpour

sa survie. Fidèle au poste, tout enm’assurant qu’après « ça »j’arrête, il me tend déjà la bouchée suivante et œuvre contretoutevelléitédemapartd’essayerdem’ensortir.

Comment ? Il me fait rejeter d’emblée lamoindre idée derétablissement.Oumeprésentecerétablissementcommeuntelparcoursducombattantquejen’entreprendsaucunedesactionssalvatrices qui me sont suggérées. Bien qu’il se batte avecl’énergiedudésespoircarilsesentcondamné,rassurez-vous,lasituationn’estpasdésespérée.

Uneapparenteaggravationdelaboulimieprécèdesouventlerétablissement.

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Ce que Nestor, avocat de la boulimie, n’avait pas prévu,c’estque lanourritureallaitbientôt le trahirendevenant,bienmalgréluiilestvrai,lameilleureavocatedurétablissement.

Lanourriture,meilleureavocatedurétablissement?

Oui,cen’estqu’unequestiondetemps…etdesouffrance.Aufonddel’abîme,lorsqueNestorm’auraasseztorturéeetqueladouleurdugavageserapirequecelled’arrêter,unequestionmereviendraàl’esprit:

Quefairepourm’ensortir?En guise de réponse, les suggestions jusqu’ici ignorées

ressortironttimidementdesoubliettessousformedequestions.M’abstenirdelabouchéesuivante?Arrêterdemedroguer?Poserlanourriture?D’accord,maistoutàl’heure.

Non,dèsmaintenant!

Pourquoipastoutàl’heure?Parcequ’avecNestor,cen’estjamaisl’heure.

C’estdèsmaintenantquejeporteenmoicettefacultédem’abstenir.

Croyez-moi, j’ai épuisé toutes les formules douces et lesdemi-mesures nestoriennes, mais elles ne m’ont jamais rienapporté,pasmêmeundemi-résultat.

Jenepeuxpasarrêter

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Unevoixquiserapproche,cellelavoisinedudessous?«Jevousentendais tousser,vousdevezavoirfroid, jevous

aimontéunpetit-déjeuner.»

Lahonte!

Honte de notre solitude, honte des deux lits d’enfantdéposéslà,sansordre,parmonpèresansdoutefatiguéparleurpoids, honte de mon lit défait : je tirais discrètement sur lescouverturespourqu’ellescamouflentledraptire-bouchonné.

Cettehonteécrasaitmapoitrine,«étriquait»marespiration,emballait les battements demon cœur : que cette voisine s’enaille,vite,qu’elledisparaisse.

Aprèsavoirrevécucettepeine,monamiem’ademandé:«Etmaintenantqu’est-cequetudécidesdefaireaveccepaquet?»

«Quelpaquet?»luiai-jerépondu.Surprenant!L’enviedemangervenaitdem’êtreenlevée.Etsiaulieud’appeler,j’avaisprislapremièrebouchée?C’était incontournable : cette envie aurait été encore plus

dévorante. Dans les fameux sentiers battus de la boulimie,manger«detrop»n’estjamais«assez».

Demander de l’aide, au lieu de prendre cette premièrebouchée, me montre aussi la valeur du soutien et me donnel’humilitéetlecouragedecontinueràmefaireaider.

Le soutien est cette écoute silencieuse, sans jugement, quiaccueilleavecrespectlepartagedemessecrets«oubliés»sousl’étouffoirdelanourriture.

C’est aussi ce petit coup de pouce moral qui m’insufflel’énergiedechangerleschosesquejepeuxchanger:danscecasremettre de l’ordre dans l’appartement, et surtout, un jour à lafois,m’efforcerdelemaintenir.

L’abstinencemepermetdoncd’explorerlavieenmereliant

àmoi-mêmeetauxautres.

M’abstenirdelapremièrebouchéemepermetd’exprimermaliberté

En choisissant de m’abstenir de la première bouchée, jen’obéisplusàNestorcommeunautomate:

Jeproclamemonindépendancedemadépendance.

Etcetteproclamationmedonnelaforcenécessairedenepascéder.Jemarqueunepauseetchoisiscequiestbonpourmoi:m’abstenirdecettepremièrebouchée.

J’essaiedenepasm’enabstenirparorgueiletenserrantlesdents:«Jenecéderaipas!»maisdanslaconfianceetlelâcherprise.

Confiancequej’acquiersendécouvrantlafaimd’amourqueje cache derrière ce « juste pour goûter », derrière cesrationalisations qui m’invitent à me saboter. Apprendre àrépondreàcettedemanded’amour,c’estcommenceràm’aimer.M’aimer, c’est enterrer la hache de guerre que Nestor branditcontremoi, en accomplissant cepremier geste si difficile pourmoi,boulimique:arrêterdemedroguerà lanourriture.Quandje m’abstiens de la première bouchée, je signe l’arrêt deshostilitésavecmoi-mêmeetaveclavie.

M’abstenirdelapremièrebouchéemepermetl’apprentissagedelapatience

Cetteenvievapasser,cequejenesaispas,c’estquand?M’être abstenue de la première bouchée m’a donné

confiance,puisquej’airéussil’expérience.

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OuiNestor,c’estpossible,jepeux«dureravec»cetteenviedemangersanstecéder.

Et si je peux le faire, c’est en apprenant la patience quim’enseigneà«durersans»cettepremièrebouchée:

sanspouvoiraccélérerletemps,sanslasatisfactionimmédiatedemonenvie,sans le plaisir pervers et illusoire que me procure lepassageàl’actesaboteur.

Cequim’aideàattendre,c’estdesavoircequej’attends:lalibération de cette compulsion. Et pour me tenir prête àaccueillircettelibérationjemedis:

« Attends encore un peu, n’abandonne pas juste avantqu’elleneseproduise».

Maiscetteattentepeutnepasêtreforcémentpénible.Si jel’utilise pour tenter de décrypter ce que cache cette envie desabotage, le courage nécessaire pour faire face m’est alorsdonné.Soyons logiques,sià traverscetteépreuve lavieestentraindem’envoyerunappelàl’amour,pourquoiaccomplirais-jel’actededésamoursuprêmeenprenantcettepremièrebouchée?M’enabstenirmedevientalorsplusfacileetletempspassesansquejenem’enrendecompte.

M’abstenirdelapremièrebouchée,c’estcelal’important

etnonl’effortquecelam’ademandé.

Croyez-moi,lecouragequ’ilm’aurafallupournepascéderà la compulsion, donnera alors une incroyable « saveur desoulagement»auxbienfaitsquel’abstinenceainsipréservéemedévoilera.

Si jenem’abstienspasde lapremièrebouchée, cene sera

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Quelleestladifférenceentreundésiretunedécision?

Undésirestun«oui,mais…»Unedécisionestungrand«OUI».

Un«OUI»sanscondition.

Le « oui mais » montre que Nestor a encore une telleemprisesurmoi,que:

arrêterdemangerestladernièrechosequejeveux,jetiensàgarder«laliberté»depouvoircontinueràme«shooter»,je désire être libérée des conséquences de la boulimie,sans être prête à prendre les mesures nécessaires pourlâcherlamaladieelle-même.

Logiqueboulimique:jeveuxmerétablir…

encontinuantdemanger!

Tantque je ne suis pasprête àme rétablir, je nepeuxpasprendreladécisiondem’engagerdanslavoiedurétablissement,car je demeure prisonnière de deux volontés opposées : merétabliretcontinuerdeflirteravecNestor.Guèreétonnantquejefassedusurplaceetrestedanslaboulimie!

Jelerépète,accepterdeposerlanourriture,puisêtreprêteàm’abstenirdelapremièrebouchée,unjouràlafois,quoiqu’ilarrive,estlaconditionsinequanondemonrétablissement.Cerétablissementcessed’êtreundésir,pourdevenirunbutquej’aidécidéd’atteindre,àpartirdumomentoùjedeviensprête.

Prête à quoi ? Prête à lâcher tous les petits « mais » deNestor, pour arrêter, un jour à la fois, sans réserve et sanscondition,demeshooterauxmetssidélicieuxqu’ilmetend.

Qu’est-ce qui m’empêche de prendre la décision de merétablir?

LEDÉNI

Jelerépète,jenesuispasresponsabledemamaladiemaisjesuisresponsabledemonrétablissement.Sijeniemamaladie,jen’aipasàintervenir,jemedéresponsabilise.Jedeviensainsiresponsable et complice de ma destruction, je ne porte pasassistanceàpersonneendanger.C’estcequeviseNestorquandilme contamine au virus D du déni, puisque nier que je suisboulimiqueestlafaçonlaplussûredelerester.

Laboulimieestlamaladiedudéni.

Ilestvraiqu’àunniveauconscient,lesquantitésfollesquej’ingurgitepeuventm’inquiéter,maisj’aidumalàdemanderdel’aide,etunefoisqu’onmel’offre,àl’accepter,carquelquepartàunniveauinconscient,jenieêtrevraimentmalade.Onconnaîtlachanson:jepensequecen’estpassigrave,quejenecraquequelesoir,ouqueleweek-end,ouseulementpendantlesdînerset les fêtes. Parallèlement, j’éprouve un sentiment de toute-puissance, qui me dit que je vais résoudre ce problèmedéfinitivement par ce régimeou autremesure, et qu’ensuite ceseralemiracle,jemangerainormalement.

Pourtant, que se passe-t-il dès que j’arrête le contrôletemporaire?

C’est incontournable, je retombe dans la nourriture, sansabandonner pour autant l’illusion que je n’ai pas vraiment deproblèmedanscedomaine-là.

Le déni est un outil puissant qui brouillema vision etme

faittrouvertoutàfaitnormauxdescomportementsmalsains.Jesaute un repas, alors que je ne laisserais pas ma voiture sanscarburant. Je forcemon corps à fonctionner à vide, puis je legave, alors que je refuserais de noyer lemoteur dema voitureavecunexcèsdecarburant.

Ledénimerendlaréalitéplustolérable.J’arrêteladouleurcrééeparlefaitquejesuisboulimique,nonenessayantdem’ensortir,maisenprétendantquejene lesuispas.Cedéniestunmécanismede survie, ilmeprotègede ladétresse, certes,maisc’est comme un épais brouillard qui me rend aveugle à mesconduitesetàmesémotionsenfouiessouslanourriture.

Jen’aipasàmereprochercebesoindenier, ilmeprotègejusqu’àcequejesoisassezarméepourfairefaceàlaréalité.Ilfaut que je sache que c’est le premier pas vers l’acceptation.Puis-je déjà admettre l’hypothèse que je puisse être dans ledéni ? Cette acceptation me permettra d’en sortir en douceur,sansm’envouloir.

Ledéniestcommeunsonge,jen’endeviensconscientequelorsquejemeréveilledurêvequ’ilentretient.Nestorabeaumeshooter au virus du déni, à son insu, la partie saine en moitravaille à accepter le fait que je sois boulimique. C’est lemoment de puiser à cette source d’énergie pour affronter cetteréalité. Je ne peux pasme forcer à le faire,mais je choisis defaireconfianceauprocessusquim’adéjàpermisdereconnaîtretoutcequej’avaisniéjusqu’ici.

Inutiledemebrusquer,jeprendsletempsderassemblermesforces,debienmepréparerpouraccepterdemefaireconfianceetdécouvrirquejesuiscapabledefairefaceàceproblème.Jedoismesentirensécurité,etpouryparvenirjesuisindulgenteavecmoi,jem’entouredegensquimesoutiennent.Jedemandeàêtreguidéeaussi, car jen’ignorepascomplètementnonplusqu’uneautredonnéem’empêchededevenirprêteàmerétablir.

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dangereux, car ce serait, de la même façon, me priver de lapossibilitédem’ensortir.

Jepeuxnierlefaitquejesoisboulimiquemaisçanechangerienaufaitquejelesois.

Cequimepermetd’atteindreetdeconserverl’abstinence,cen’est pas un contrôle, c’est une reddition faite d’acceptation,uneredditionsansréserveetsansconditionquis’opèreenmoiquandj’enaiassezdesouffrirdelaboulimie.

Sous la torturenestorienne, je suispassée aux aveux : j’aipu enfin m’avouer mon impuissance devant la compulsionalimentaire, impuissance que j’accepte avec humilité. Jem’avoue vaincue et ne négocie plus avec Nestor. Je rends lesarmesetcessedemebattreaveclanourriture.

À partir du moment où j’admets que je suis impuissantedevant cette compulsion alimentaire, et que la boulimie ne«marchepluspourmoi»,qu’elle rendmavie incontrôlableetchaotique, je deviens prête à entreprendre une démarche, pourenfincesserdefaire lesmêmeserreurs.Cetteredditiondevientla fondation de mon rétablissement. C’est la « premièreétape »11 du programme des « OA » (OutremangeursAnonymes).

Sauf si je chercheuneexcusepour rechuter, admettremonimpuissance ne veut pas dire donner les pleins pouvoirs à laboulimie,enabandonnantl’espoir,commeNestoraimeraitmelefairecroire:

Puisquetuesimpuissantedevantlanourriture,vas-y,empiffre-toi!

Attention, cet animal est d’autant plus convaincant que le

mot«impuissance»faitpeur.Cemotrebuteetreprésentepourbeaucoup l’incapacité, l’insuffisance, la faiblesse… Dans cespages, ilestévidentque je luiattribueunautresens :celuidereconnaître avec honnêteté l’incapacité qui a été la mienne,jusqu’à présent, de résister à la tentation de ma drogue dechoix:lanourriture.

Prenons l’exemple de ma pointure ! Bien que je soisimpuissanteàchangerlefaitquejechaussedu39,jen’éprouvepas une perte de pouvoir quelconque et ne me sens pasinadéquatepourautant.Sij’essayaisdechangerlatailledemespieds, je ne pourrais qu’échouer et me sentir inutilementfrustrée.Acceptermapointuremerendlaraisonet libèreainsiuneénergievainementgaspillée.

Admettre mon impuissance devant la compulsionalimentaire, c’est enfinaccepter la réalité : je suisboulimique.Accepter cette réalité non seulement dans ma tête, mais dansmoncœuraussi,auplusprofonddemonêtre.

J’insiste,cen’estpasabandonnerl’espoirdemerétablir!

Cequej’abandonne,c’estl’illusionquederecouriràlanourriturevam’aideràvivre

etàremplirlevidequimeronge.Cequej’abandonne,c’estl’illusionquelessolutionsnestoriennes,CETTEFOIS-CIvontmarcher,

etqu’ensuite,quandjeseraimince,jeseraiheureuse

etpourraimangernormalement.

Face à l’abandon de ces illusions, je ressens d’autant plusfortenmoi lanécessitéd’établirdenouveaux repèrespourmeguiderverslerétablissement.L’acceptationdemonimpuissance

est le plus important de ces repères. Un repère que j’auraistendance à oublier,mais vers lequel je reviens sans cesse avechumilitéethumour,car ilmepermetàchaquefoisunnouveaudépart. Comment ? Enm’évitant de remonter sur le ring avecNestor, comme l’arbitre nestorien est intraitable, j’en sorstoujoursKO.

Jelâcheprise,j’acceptemeslimites,etparadoxalementcetteacceptation me sécurise et me donne une énergie renouvelée.Acceptermonimpuissance,c’estcommenceràm’aimertellequejesuis,sansmejuger.

« Admettre mon impuissance m’a donné une grande force. Àpartirdumomentoù je fais ledeuildema toute-puissance, enacceptantmonimpuissancefaceàlabouffe,j’aménagemavieenfonctiondecetteréalité.J’aménagemanourriture,jememénageaussi,jesurveillelessignauxdefatigue,jemerepose,surtout,jerespectemeslimites.»

Sophie,25ans.

Accepter mes limites m’aide aussi à définir et à respecteruneabstinencequimeconvienne,etquejepuisseportercommeunvêtementlâche,etnoncommeunecamisoledeforce.

11.«Nousavonsadmisquenousétions impuissantsdevant lanourriture,quenousavionsperdulamaîtrisedenosvies».

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obéissaitparfois,maisuntelesclavageneluicorrespondaitpasetjereprenaisceskilos.Alorsqu’encernantcequ’ilfautàmoncorps, en étudiant les nourritures avec lesquelles il fonctionnebien,çamarcheetleschosescommencentàsemodifier.Cequeje prévois demanger, c’est pourmoi personnellement, il n’y aaucunerègleétabliedefaçonuniverselle.»

Gaël,30ans

Sidéterminervosmenusàl’avancevousobsède,nelefaitespas.Demêmepourpeserlanourriture:labalanceestunoutilàutilisers’ilvousaide,maisàéliminers’il favorise l’obsession.Chacunestunique,c’estdoncàchacundedéciderhonnêtementdecequiluiconvient.

Àcepropos,Véronica,anorexique,30ans,nousconfie:

« Je ne détermine pas souventmesmenus à l’avance.Et je nepèse surtout pas mes aliments car j’ai peur de la quantité.N’ayantpasungrosappétit,celamepermetdemangerunpeuplussanssavoircombiendegrammesj’aimangé».

QuantàVictor,40ans,anorexique,labalancelesécurise.

«Dansunsens,j’aitoujourspeurdenepasmangerassezetdemettremavieendangeravecmonanorexie.Maisj’aiaussitrèspeur de ne pas pouvoir manger « tout ça », tout ce que ladiététicienne m’a recommandé de mettre dans mon assiette.J’acceptecettepenséesifamilièrequifaitpartiedemamaladie,maisjen’écoutepasNestoretutiliselabalancequimepermetdemesurerlaquantitéquiestbonnepourmasanté.Lorsdesrepas,jemedétends,jeprendsletempsdemangeraulieudepenserqueçam’ennuieetquejeperdsmontempsavec

ça.Jemetstoutsurlatable,aulieudemelevertouteslesdeuxminutespourchercherleselouautrechose(bonneexcusepouréviterdemanger). Jenebrûleplus lesétapes, jene faispas lavaisselleavantd’avoirfinidemanger.Jemedisciplineàmangerlentement,àmâcher,àêtreprésentàmoi-mêmeetàfinircequej’aidansmonassiette.Jefaisainsicequiestbonpourmoi.Jemange correctement, je ne prépare pas forcémentmesmenus àl’avance,mais je veille à toujours avoir ce qu’il faut chezmoipourmesrepas.»

L’essentielestdetrouveruneformulequimarchepoursoi.

Pourl’établir,onpeutsefaireaiderparunnutritionnisteaufaitduproblèmedelaboulimieoudel’anorexie.

Lesmesuresquej’indiquesontdessuggestions,quipeuventn’êtreutiliséesquelorsqu’onsesentfragile.Danscesmoments,unmenu préétabli, un petit coup de fil pour se faire soutenir,peuventaideràserenforceretàretrouverl’équilibre.

Pour ma part, je l’ai dit, j’ai besoin d’un cadre, d’unestructure qui me limite car je suis sans limite, et ce depuisl’enfance.J’auraissansdouteeubesoindeplusdediscipline.

Ce cadre alimentairem’aide à être honnête, car il me sertaussiderepère,pourdétermineràpartirdequandjeprendscettepremièrebouchée.

Maiscen’estpasuncarcan.

Cette abstinence est une nouvelle discipline alimentaire, àlaquelle j’adhère librement, et avec laquelle je désire pouvoirbienvivre,unjouràlafois.

Sij’aiunchangementdeprogramme,sijedoisdéjeunerau

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restaurantetquejenepeuxpasmangercequej’avaisprévu,jem’adapte aux nouvelles circonstances. Dans le calme,l’honnêteté et la vigilance, je prends quelques instants pourdécider d’un nouveau menu, sans m’en servir comme excusepourchoisirdemangercequeNestormeconseilledegoûter.

Sijesaisquejevaisdînertard,jeprévoisun«en-cas»bienprécis, que je mange tranquillement dans une plage horairedéfinie. La souplesse de mon abstinence, me permet ainsi dem’adapterauxaléasdelaviequotidienne.

Je m’efforce toujours de me souvenir que l’abstinence mepermet de vivre. C’est la chose la plus importante de ma vie.C’estlefondementdemavie,monbutpremier,carilmedonnelalibertédetenterd’atteindretouslesautresbuts,dontceluidemerétablir.C’estunoutilquimerendlibre,etassezlucidepourvoir mes mécanismes nestoriens et entreprendre un travail surmoi.

Etcettedisciplinequej’aidansledomainedelanourriture,jepeuxl’appliquerdanstouslesdomainesdemavie.

Laplupartdutemps,jemesensprotégée,libre,sansaucunepensée de nourriture. Je ne vis pas l’abstinence comme uneprivation, je l’accueille comme un cadeau de liberté. La vraieprivationseraitcelledemalibertésijeréembaucheNestor.

Cetteabstinence,j’ensuisresponsable,ellesignifieprendresoindemoi.Ellemedemandeunpeudetempsetdetravail.Jefaislescoursesdontj’aibesoin,jemepréparedesrepassainsetdélicieux.

Enéchange,quelleliberté!Jepeuxenfin:Êtredisponibleauxautres.Prendreconfianceenmoi.Profiterdelavieavectoutesmescapacités.Redécouvrirlegoûtdesaliments.

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L

14

CHANGERMONREGARD

L’A.B.C.DESÉMOTIONS:UNNOUVEAUREGARD

esenregistrementsdesabotageexpliquentenpartie lemaldevivreduboulimique.Aveccesingesurl’épaule

qui,quoiquejefasse,necessedemecritiqueretd’exigertantdechosesdemoi,nuldoutequejemesentenerveuse,irritableetfrustrée.

Prisedanscemal-être, jevaisvouloiranesthésiermapeineet l’oublier en me tournant vers la nourriture. Le scénario serépète : aprèsunebonne crise, je vais jurer queplus jamais…mais,maldansmapeau,jevaisànouveaucraquer.

Tant que mon mal-être sera si fort, l’appel ou le refusanorexiquedelanourritureresterairrésistible.

Je suis finalement tellement habituée à cette douleur devivre,que je recrée inconsciemment lesconditionsde sabotagequivontmefairemesentirmal.

Pourquoi?Parcequedanslemalaiseetledramepermanent,je suis en territoire connu. Avec le temps, ce mal-être peutparfois devenir lui-même une drogue recherchée. Cette doubledépendance au mal-être et à la substance « remède », met enévidencel’importancedel’acceptationdurétablissementsurlestroisplans:physique,émotionneletspirituel.

Comment donc arriver à changer mes émotions pour me

-

sentirmieux?

Comment apprendre à vivre mieux, dans les bons commedanslesmauvaismoments,sansavoirrecoursàlanourriture?

Pendantlongtemps,sousl’influencedeNestor,j’aicruquelessituationsdéterminaientceque j’éprouvais.Si jemangeais,c’était à cause de cette solitude ou de ces ennuis qui metombaientsurledos.Ilyavaitaussidesgens,dansmavie,queje considérais être la raison dema colère, que je pensais êtreresponsabledemoninsécuritéetdemespeurs.Sijemangeais,c’était aussi à cause d’eux, ils ne faisaient pas ce que j’enattendais…

Pourmoiilyavaitunerelationdirectedecauseàeffet:«A»→«B»

«A»:lessituations(unfait,unévénement,unepersonne,unlieu)créaient«B»:mesémotions.

Cesémotionsmemenaienttoujoursdirectement,ouàbrèveéchéance,verslanourriture.

Jepensaisdoncquepourchangermesémotions:«B», jedevaischangercequilesdéclenchait,soitlessituations:«A».

Mais dans cette équation, qu’avais-je fait desenregistrementsdesabotageoùétaientrangéesmescroyances?Pour plus de clarté, nous appellerons l’enregistrement desabotage:«C».

Le fait queNestorm’avait fait jeter dans les oubliettes ceparamètreessentiel,représentépar«C»,auraitdûmemettrelapuceàl’oreille.

Ne serait-cepascediscoursnestorien«C»quidéterminemesémotionsquellequesoitlasituation?

Eneffet,sijeveuxchangermesémotions«B»,quepuis-jechanger?:

«A»(lasituation)

-ou

«C»?(l’enregistrementdesabotage)J’ai tenté en vain de changer les autres («A »), j’ai aussi

voyagé dans plus d’une centaine de pays (« A »), et mesémotions (« B ») sont restées inchangées… jusqu’à ce que jedécouvreNestoretsesenregistrementsdesabotage(«C»).

J’ai pris particulièrement conscience de l’impact sournoisdes enregistrements nestoriens, le jour où ayant eu un rêve ausujetdemonviol,jemesuisréveilléetendueetanxieuse.

Àpremièrevue,«A»→«B»« A », le rêve, créait « B », mes émotions de peur et

d’anxiété.Le matin même, après avoir fait ce rêve, j’assistais à un

séminaire de l’Association Clarté Confusion (A.C.C.). Leprofesseur Maxie Maultsby, psychiatre de Howard UniversityMedical School aux États-Unis, co-animait le séminaire avecClaire Nuer, fondatrice d’A.C.C.. Partageant mon mal-êtredevant le groupe, et répondant aux questions du professeurMaultsby,j’aidécouvertquej’avaisaufonddemoilacroyancesuivante : « depuis le temps, je devrais avoir fini de régler ceproblèmeetneplusêtreperturbéeparunrêvesurcesujet».

Unenregistrementdesabotages’étaitdéclenchéàmoninsu,dans lequel je m’accusais de ne pas avoir encore liquidé ceproblème, et j’exigeais de moi d’en être déjà débarrassée.Exigence non satisfaite qui m’amenait à m’accuser à nouveaudansuncerclesansfin.

N’était-ce pas déjà suffisant d’avoir ce problème dans mavie?Pourquoiyajouterceluidelacroyancequejedevraisdéjàen être guérie ? Qui sait quel est le temps nécessaire pourliquideruntelproblème?Certainstraumatismescommecelui-làlaissentdes tracesàunniveauprofond.Desémotionsdepeur,d’agressivité ou de haine vis-à-vis de l’agresseur, peuvent

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Quejefasse l’effortdefairecetexerciceetque j’essaiedeme sortir de mon mal-être prouve que je ne le suis pasfondamentalement,mêmes’ilm’arriveparfoisdel’être.Enrèglegénérale, je trouve qu’au contraire, j’ai souvent pas mal decourageetd’énergie.

Lamoindreexceptionàuneaffirmationlarendfausse.

J’inscrisdoncenfacedel’accusation«jesuisparesseuse»:inexact.

Eneffet,unechoseestvraieoufaussemaisnepeutpasêtreàmoitiévraie.Parexemple,unefemmeestenceinteoun’estpasenceinte,maisellenepeutpasêtreàmoitiéenceinte.

Si jecontinuelavérificationdecequej’ainoté,enéchoàl’autocritique« je suis paresseuse», il est à parier que je vaisdécouvrir toute une batterie de « devoirs nestoriens ». Cesderniersontpourbutderemédieràcettefameuseparesseouàlacacher aux autres, en prouvant mon débordement d’énergie.Comme,d’aprèsNestor,«jesuissiparesseuse»,ilestdemondevoir (entre autres) de rattraper le temps perdu, etl’enregistrementcontinuedejouer:jedoismelevertôttouslesmatins,ilfautquejetravaillepluslongtempsetc.

Commentcontestercesdiktatsnestoriens?

Pour chaque injonction impérative et sans appel que jem’impose,quelqu’ensoitl’objet,(parexemplemelevertôtoutravailler davantageou…) jeprocède à la vérificationdubien-fondé de tous ces « je dois, il faut que, il est demon devoirde…»

Dans l’exemple précédent où je me reprochais d’être

paresseuse(accusationinexacte),suis-jepourautant«obligée»de me lever tôt ? Aucune loi n’a encore été votée me dictantl’heuredemonlever.Parcontre, jesuis librede«choisir»demelevertôt.

Enapposantlaréponse«inexacte»,enfacedechacunedeces « obligations nestoriennes », je rétablis la vérité et cettevéritémelibèred’ungrandfardeau.

Jesorsd’uncontexted’obligationsoùjesuisforcéedefairececioucela,etj’accèdeàuncontextedelibrechoix.

Prise dans les rouages de l’enregistrement de sabotage,quandjepensequejedoisfairequelquechose,j’ail’illusionden’avoiraucuneautreoption:sijen’obéispasàtoussesdiktats,Nestorvamemitraillerdecritiquesacerbes.

Avecmoncaractèrerebelle,ilsuffitquejemesenteobligéedefairequelquechosepournepasavoirenviedelefaire,cequimerendtrèsdouéepourtrouvertouslesévitementspossibles!EtNestordeme traiterde tous lesnoms, toutenallongeant lalistedesdiktatsincontournables.

Quesepasse-t-ilquandjechangedecontexte,parexemple,si je choisis de mettre mon réveil à sept heures pour avoirdavantagedetempspourfairecequej’aime?

Jelefaisbeaucoupplusfacilementquesijemesensobligéedelefaire,commeunesanctionpourluttercontremaparesseetpourprouverquejenesuispasparesseuse.

Cemêmeacte :me lever tôt, devient alors un engagement,l’expression d’un choix de vie. Ce choix reflète qui je suisprofondément : une personne qui s’est courageusement donnéunbutetnonunepauvrecondamnéeàêtredureavecelle-même,pour faire cesser cette paresse inadmissible. Ce libre choixlibèremacréativité,jepenseàd’autresoptionsdontjen’auraisjamais eu l’idée, coincée dans l’obligation d’obéir au diktatnestorien : je dois me lever à sept heures tous les matins,

sinon…Ce nouveau contexte de choix me permet d’effectuer un

deuilnécessaire:celuidusystèmedepreuvesexigéparNestordans les enregistrements de sabotage.Des preuves, toujours etencore des preuves : non seulement que je ne suis pasparesseuse, mais aussi que je suis acceptable, que je suisaimable,quejenesuispasnulle,quej’airaison,quejesuisàlahauteur,quejenesuispascellequevouscroyez…Tantquejerestel’otagedecesystèmedepreuves,jen’osepasexprimerquije suis, car nous l’avons vu, si je le fais, je crois que je seraiabandonnéeetnepourraipassurvivre.

Untelsystèmemefaittomberdansungouffresansfin,danslequel je ne pourrai jamais fournir assez de preuves. En effet,commepourlapremièrebouchée:

unepreuveestdetropetmillepasassez.

Pourquoi?Parcequesijechercheàmejustifierainsi,c’estque je continue deme reprocher d’être tout le contraire de cequejechercheàprouver.Danslecasprésent:prouverquejenesuispasparesseuse(accusationinexacte!).

À la base de ce système de preuves, la croyance de basesous-jacenteest:

tellequejesuis,jenesuispasaimable.

Ettantquejecontinueraiàcroirequejenesuispasaimable,ilmeseraimpossibledem’aimer,etdemesentiraimée,etdanscesconditions,commentaimerlesautres?

Dans ledomaineaffectif, jeprendraimonmari enotageetlui demanderai sans cesse des preuves de son amour. Je seraiaussi à l’affût de la moindre preuve de désamour, pour me

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- manquerdechosesà faire :pourquoimechargerd’unepile de courrier « à répondre » ou de documents « àlire»?

Pourquoipenserque,pendant lesvacances, jevaispouvoirfinir tout ce que je n’ai pas eu le temps de faire pendantl’année?

Et pour me soutenir dans tous ces changements, je mevaccinecontretoutetentativederécidivenestorienne.Avecquelvaccin?C’estcequenousallonsdécouvrir.

LEVACCINANTIVIRUSNESTORIEN

Cevaccinm’aideàpenserdefaçonsaine.Les souches qui permettent de créer ce vaccin sont les

nouvelles pensées saines, que j’ai adoptées pour remplacercellesdeNestor.Jelesinscrissurunefeuilledepapier.Jenoteaussi tous lesencouragementsque jeveuxmedonnerpourmesoutenir dans ma démarche. J’inscris également toutes lesphrasesquej’auraisaiméentendredansmonenfance:cesmotsd’amour, de tendresse, d’assurance que je n’ai rien à craindre,que je suis protégée et aimée. Je peux ajouter aussi toutes leschosespourlesquellesjepeuxêtrereconnaissantedansmavie.

Puis j’enregistre ce que j’ai écrit sur le support de monchoix. Ce nouvel enregistrement de guérison, un vrai, que jepeux écouter partout, en voiture, à la maison, constitue unefficace « vaccin antivirus nestorien ». Comme les virus sontpropresàchacun,lesvaccinsdoiventêtreainsiconcoctés«surmesure»parchaqueutilisateur.

Àmoid’enrichirmonvaccinàmaguise:jepeuxdemanderaux êtres qui me sont proches d’y enregistrer un message

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d’amour et de soutien, je peux y retrouver aussi ma musiquepréférée,yenregistrerdesaffirmations,uneméditationguidée…

La formule de ce vaccin m’est strictement personnelle, etconfidentielle,àmoidelacréer.

Comme tout vaccin, il faut faire des piqûres de rappel etdanscecas,plus les rappelssontnombreux,plus levaccinestefficace.

LEDEUILDESILLUSIONS

Enfaisantl’expériencedel’influencedécisivequ’avaientlesenregistrements nestoriens sur mes émotions, j’ai pu, enchoisissantdenouvellespenséessaines,«changermonregard»surlessituationsquim’étaientdifficilesàvivre.Cettedémarchem’aaidéeàsortirdumalaisedecetourmentémotionnel,auquelj’essayaisjusqu’icid’échapperparlanourriture.

Ce nouveau regard, que j’entretiens grâce au vaccin« antivirus nestorien », m’a rendue responsable de monrétablissementenm’ouvrant lesyeuxsur laréalité.Réalitéqueje n’ai pu accueillir qu’en faisant le deuil des illusionsnestoriennes.

Citons-enquelques-unes:

Illusion que ce serait à travers la nourriture que jetrouveraislacompensationultime,l’apaisement,l’amourdontjesuissiaffamée.Illusion qu’une fois mince, l’amour adviendrait, jerencontreraisl’hommeoulafemmeidéalavec,enbonus,unbonheurclefenmain.Illusion que je devrais tout contrôler : les gens, ledéroulementdesévénements,leslieux…

- Illusiondéjàcitée,quesijefournissaisassezdepreuvesque j’étais acceptable et aimable (c’est-à-dire tout lecontraire de ce que je suis selon Nestor) je pourraisenfinêtreaimée.

Ces croyances erronées me font croire que la solution,comme la source d’amour dont j’ai besoin, se trouvent àl’extérieur de moi. De telles illusions ont persisté et m’ontlongtemps maintenue dans cette vaine recherche. En effet, àchaqueespoirdéçu,Nestorm’assuraitqu’ily avait encoreunepossibilité dem’en sortir avec ce nouveau régime, ou dans larencontredugrandamour,ou…

Au-delàdeces illusions,quim’empêchentdecréerunevied’équilibreetdebien-être,quelleestlaréalité?

Je le sais maintenant, la nourriture en excès n’est pas masauvegarde. Ce n’est pas ma bouée de sauvetage, mais uneceinture de plomb qui m’entraîne vers le fond. La boulimiem’isoledetous,nourritmapeuretlahainedemoi:cen’estpascecheminquimèneàl’amour.

L’aiguille de la balance n’a rien à voir avec les flèches del’amour:lepoidsn’estquelepoids.Lesbénéficesimaginairesdérivésdecepoidsidéal,telsquelesprésentelasériedesfilmsnestoriens:quandjeseraimince,alorsjeserai…,nesontquedesrêves.

Jenepeuxquelerépéter:aimée,adulée,célèbre,reconnue,rienneseradifférentsi jenechangepasà l’intérieur,pourmedonner déjà àmoi-même, dèsmaintenant, telle que je suis, aupoidsquiestlemienaujourd’hui,unpeudecetamoursincère,chaudetprotecteurquej’attendsdel’extérieur.

Maintenant,jechoisisd’apprendreàm’aimeretjedéchirelaliste de tout ce qui doit changer en-dehors de moi pour quej’aillebien.Pourquoi?

Parce que je viens de comprendre que Nestor l’a établie

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L’AMOURINCONDITIONNEL

Monguideintérieurestl’amourinconditionnel

Il ne cherche jamais à me punir. Source intarissable, monguide intérieur m’emplit de son Amour Inconditionnel, ilm’apprend àm’aimer, à accepter que je puisse être aimée et àsentirquejelesuisdéjà…etpasseulementdelui!

Ilsatisfaitunefaimqueriendetemporel

n’avaitjamaispuassouvir.

Saprésenceàmescôtésmedonneunegrandeforceetayantfait le plein d’amour, je ne le quémande plus. Je peux donnersans condition, alors qu’avant je ne savais pas aimer : jemanipulaispourqu’onnem’abandonnepas!

Je l’ai déjà dit, mon guide intérieur m’aime et m’acceptetellequejesuis.

Ilm’aime,quejesoisenrechuteounon.Ilmepermetainsiune présence ferme et déterminée lors demes face-à-face avecNestor.Ilveutquecesselasouffrancedesaffresdelaboulimie,quin’adesensquesiellemèneaurétablissement.Ilveutquejedeviennemoi-même,endéveloppanttoutesmescapacitésàêtreheureuse et à avoir une vie équilibrée. Pas une vie pour plustard.Mavieestici,maintenant,danscetéternelprésent.Etpourcela, jedoisrenoncerà la tentationdumalheurnestorien,pouraccepterde recevoir ledondubonheur.Pas si évident,mais ilestpatient!

Monguideintérieurestlatolérance

Cen’estévidemment,niunfanatique,niunintégriste.Ilnem’impose aucun dogme, aucun rite, aucune posture, aucunecroyance, il ne veut qu’une chose : que je fasse réellementconfiance à mon intuition, à mon ressenti et à mon vécuintérieur.

Il ne m’impose aucune religion et me soutient pourapprofondircelle(s)demonchoix. IlveillecependantàcequeNestor neme fasse pas transférerma boulimie sur la religion,prisecommeunedrogue,pourfuir lesdifficultésquotidiennes.Cen’estpas luiqui créecesdifficultés, ces injustices,mais ilmedonnelaforcedelessurmonter.

Monguideintérieurestmontraitd’unionaveclesautres

Lechangement,jenepeuxl’effectuerseule.Ilsefaitdanslaconfianceencequiestplusgrandquemoietquimepermetdemerelieràceuxquim’entourent.Jemelaisseréchaufferparleurprésence, car si jeme sens parfois coupée demes semblables,mon guide intérieur, lui, est en contact avec leur lumièreintérieure.Petitàpetit, jechemineverseux, jem’ouvreetsorsde l’isolement naturellement. L’échange se fait alors de façonspontanée,dans la libreexpressiondecequiest leplusvivantenmoi:laconfiance.

Ainsi,un jourà la fois,avecdeshautsetdesbas, j’établisunerelationd’intimitéavecmonguideintérieur,jeluidistout,je lui parle en permanence. Comme toute relation, c’est unerelation qui se travaille avec régularité et endurance. Pourinstalleretentretenircettedynamiquedansmavie,jemeréservechaquejourdesmomentsdesilenceetdecalme,pourmerelieràcetteforceintérieure.

TÉMOIGNAGESSURLAPUISSANCESUPÉRIEURE

«Jen’étaispascroyante.Dieupourmoinepouvaitqu’êtreundieud’Amour;or,avectouteslesinjusticesqu’ilyavaitdanslemonde, ilnepouvaitpasexister.Alorsmoi, jepouvaisessayerdefaireunpeulebonDieu.Depuistoutepetite,j’étaistournéeverslesautres,c’estpourcelaquejemesuisretrouvéeavecun« dépendant ».Maintenant, depuis que je suis dans le groupedesOutremangeursAnonymes,j’aienviedem’occuperdemoi.Avant,ilyavaitlaSarahtrès«bonnecopine»,aussibienaveclesfemmesqu’avec leshommes,cequimontraitmapeurde lasexualité. Également, cachée derrière cette façade de joie devivre et de copinerie, il y avait une Sarah en souffrance, unepetite fille dont les besoins d’amour n’avaient jamais pu êtrecomblés.Ilyavaitcevideaffectifénorme.Depuis que j’ai découvert la puissance supérieure, jeme sensdeux : ily amoiet elle.Quand jeparsau travail, lematin, jepars avec ma puissance supérieure, parfois dans la journée jel’oubliequelquepart.Puisj’yrepenseetjelaretrouve.Ilm’arrivedeluiparlercommesic’étaitquelqu’unàmescôtés,jeluidis:«Alorslà,qu’est-cequetuenpenses?Qu’est-cequejefais?Etlà,qu’est-cequiestbonpourmoi?»Et c’est vrai qu’elle me guide, elle m’apprend mes limites.Maintenant, je peux être avec les autres de façon moinsfusionnelle, avant j’étais sans frontières. J’aime être avec lesautres,maisj’aimeêtreavecmoiaussi.Mapuissancesupérieuremeguideversleschosesbonnespourmoi.Récemment,j’airessenticequiestsainetbonpourmoiàmanger, ellem’aôté l’envie des nourrituresmalsaines,mais jereste vigilante. Je sais trop bien que l’autre Sarah, c’est aussi

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effroi, sa peur, m’ont renversée comme une tourmented’angoisse.Commentai-jepuvivresilongtempssansmerendrecomptedesaprésenceenmoi?»

Si je découvrais cette enfant, c’était peut-être que jedevenais une adulte, capable de m’en occuper et de l’aimer.L’aimer, c’était cesser de reproduire dansmavie les situationsdontelleavaitsouffert.

Peu à peu, avec douceur, je lui ai montré qu’elle pouvaitlâchercebouclierdelaboulimiepoursefaireconfiance,etfaireconfianceàlavieetauxautres.

Parfois,quandjesuisdanslapeur,jen’arrivepasàmerelierà mon guide intérieur. Mais il finit toujours par se faireentendre.Etquemedit-il?

De faire le silence en moi en intervenant auprès de cettepetite fille,carseshurlementscouvrent lemessagequ’ilessaiedemedonner.C’estvrai,sij’aipeur,cen’estpasmoi,c’estellequi a peur. L’aimer dans une telle situation, c’est l’écouter, larassurer:luidirequejelacomprendsetquejesuislàpourelle,qu’ellepeutcomptersurmoi.

Maisletravailestlong,carj’aifiniparcomprendre

qu’ellenemefaisaitpasconfiance,puisqu’elleavaitdécidédenefaireconfianceàpersonne.

Ceconceptdelapetitefilleenmoim’aideaussidansmonabstinence. Je prends soin de moi à travers elle. Si j’avais ànourrir une enfant, est-ce que je la gaverais comme une oie ?Est-ce que je lui donnerais des aliments sucrés, bourrés deproduits chimiques et de colorants ? Est-ce que je la feraismanger debout, en vitesse, sans préparer avec amour ses

aliments?Au long des méditations, cette petite fille grandit, elle se

transformeenlafemmenouvellequejeveuxdevenir.Jeretrouvesa spontanéité, sa joie de vivre, et sa confiance aussi. Saconfiance d’avant, quand « ces choses de la vie » ne l’avaientpasencoreentamée.Ellehurleencoreparfois,maisdemoinsenmoins fort, etdemoinsenmoinssouvent !Et sanssescrisdedétresse, mon espace intérieur devient plus propice à laconcentrationetàl’écoutedemesvaleursprofondes.

Ce sont ces valeurs qui me ressourcent et me donnentl’énergied’affronterlesdifficultésquotidiennes,sansoublierdemeréjouirdespetiteschoses…,etd’accueillirtouslesbienfaitsdelavie.

À

19

SYMPTÔMESMENANTÀLARECHUTE

la lumière de ce contexte de confiance, et de calmeintérieur, abordons maintenant, avec un nouveau

regard, les incidentsdeparcoursqui jalonnent lecheminementvers le rétablissement. Ces incidents, inhérents à toutphénomène de changement et d’apprentissage d’un nouveaumodedepenséeetdevie,sontcommunémentnommésrechutes.Cemotestemployé ici sansaucun jugementdevaleur. Ilestàreconsidérer, libre de toute connotation de culpabilité, faute,honte,ouautrevirusnestorien.

Bienquej’aielicenciéNestorenbonneetdueforme,ilyaplusdetrenteansdéjà,jerestevigilantecariln’aqu’unechoseentête:réintégrersonpostesurmonépaule.

Candidat permanent à l’embauche, il est d’une patienceexemplaire. Le chômage n’entame aucunement son excellentmoral, il en profite même pour faire une remise en formecomplète. Attention, si je rechute, j’aurais alors affaire à unNestor « super-singe », encore plus astucieux et convaincantqu’avant.

Comme l’indique son C.V., Nestor est l’auteur d’unebrochureintitulée:Symptômesmenantàlarechute.

Ce fascicule vise à aider la confrérie des Nestors« licenciés » à retrouver du travail, en énonçant clairement lessymptômes qui les préviennent de l’imminence d’une rechute.Lacrisedeboulimie,mettantfinàleurchômagetechnique,leur

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« guide intérieur », toujours là si jem’adresse à lui. J’ai uneligne directe avec lui… et elle n’est jamais occupée. L’uniqueproblème est que Nestor, se sentant menacé, me fait parfoisoublierjusqu’àl’existencedeceguide.

SORTIRDELAPOLITIQUEDUTOUTOURIEN

Voiciletitredudernierenregistrementnestorien:

Troptard,tuaspriscettepremièrebouchée…

Jen’écoutepluscetardentdéfenseurdelapolitiquedupire.Je ne cède plus au prétexte que j’ai tout gâché par l’écart decettefameusepremièrebouchée.Moiseuledécidedecontinuerou non. Je répète, la nourriture ne vient pas d’elle-même semettredansmabouche…

JecessedecroireNestor,surtouts’ilinsiste:

Continuedemanger.Cen’estpasgrave.C’estsibon!Ouçanepeutpasêtrepire…alorsautantcontinuer.

Humaine et de plus boulimique, je ne suis pas infaillible.Parfois,jepeuxmangerunpeuplusqueprévu,etmêmeprendrecette première bouchée demes nourritures pièges.Mais il esttoujourstempsderéagir.

La bonne alternative ?Arrêter la crise en déjouantNestor.Comment ? Comme toujours quand je suis dans la bouffe, jedoislaposeretpourcefaire:

m’abstenirdelabouchéesuivante,dèsmaintenant.

M’abstenirdelabouchéesuivante,dèsmaintenant.Pasdansune minute, oui, dès maintenant. Chaque nouvelle minute estunenouvellechancequim’estaccordéedelimiterlesdégâts.

ACCOMPLIRLESGESTESQUISAUVENT

Jeterlanourriture

Jepeuxrecrachercequejeviensd’entameretquin’estpasbonpourmoi,ou jetercequise trouveencore intactdansmesplacards,etsurquoij’obsède.

Lalibérationquej’éprouveaprèsavoiraccomplicesgestes,meprouveàquelpointcesaliments, inconsciemment,pesaientlourddansmatête.Lesargumentsdugenre«c’estdugâchisetun crimede jeter de la nourriture», ne sont pasvalablesdansmoncas.Detoutefaçon,sijenejettepas«lesrestes»ouautresaliments,personned’autren’enbénéficiera,jeles«jetterai»enmoi;or,jenesuispasunepoubelle.

Plongerlesplatssousl’eau…sansattendrelavenuedeNestor!

Que ce soit lors de la préparation du repas, ou quand jedébarrasselatable,surtoutlorsdesrepasavecnourriturespièges(prévues pour les autres), je plonge vite récipients, ustensiles,assiettesetcouvertssouslerobinetoudansl’évierremplid’eau.Impossibledegoûter,picorerou lécherces restesquiontainsidisparu!

NEPASS’ALARMERDESRÊVESDEBOULIMIE

Quandjerésisteàlarechute,j’agisconsciemmentenfaisantle contraire de ce queme dicteNestor, qui va alors se libérerdanslerêve.

Jepeuxrêverquejecraque,ouaucontrairequejerésisteàunétalagedesucculentsdesserts.

Quelqu’en soit le sujet, ce rêve sera libérateur, car il aurapermis àNestor de se défouler. Cette décharge, alliée demonrétablissement,facilitemonabstinence.

Ayantvécularechutedanslerêve,ilmeseraplusfacile

denepaslavivredanslaréalité.

Nestorlesait,c’estpourcelaqu’iltentedem’affoler;selonlui,cerêveannonceunerechuteimminente.

SAVOIRCHOISIR

MalgrétoutcequemeditNestor,jenedoisjamaisoublierque le meilleur choix que je puisse faire est celui del’abstinence.Larechuten’estpasunchoix,entreêtreminceougrosse,maisunchoixentrelavieetlamort.Sij’aiunecrise,jem’éteins,jemeretiredelavie.Cechoixestsimple:

résisteràlapremièrebouchée?Ou

rechuter?

Rechuter?

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pourenrayercetterechute?

MEPARDONNER

Me pardonner, c’est passer de la culpabilité à laresponsabilité.

Pourassurermaconvalescence,jemepardonneetredoubledegentillesseenversmoi.

J’insiste:

Boulimique,jenesuispasresponsabledemamaladie

maisjesuisresponsabledemonrétablissement.

Jesuisresponsabledemonrétablissement.

Prendrelapremièrebouchée,c’estcesserdemesoigner,ce qui me fait choisir la rechute. Je suis commel’épileptiquequisedirait«tiensc’estleweek-end,jeneprendspasmespilules,jechoisisdeconvulser.»Prendrelabouchéesuivante,c’estrefuserdemesoigner.Poserlanourriture,c’estaccepterderecommenceràmesoigner,cequimefaitentrerdanslerétablissement.

Enpersonneresponsable,jechoisisdemepardonnermesrechutes

Comment?Enlaissant tomber l’orgueilpouraccepteravechumilité mon imperfection humaine. Je fais toujours de monmieux,jen’aipasàmesentircoupable.

J’aichoisid’accepterlarechutecommeunfaitdelavie,unedonnéeau-delàdetoutjugement.

J’arrêtedoncdemecritiquereninsinuantquecetterechutefaitdemoiuneperdante, incapablede se sortirde laboulimieouque,depuisletemps,«ça»nedevraitplusm’arriver.

Y-a-t-il un quota de rechutes à ne pas dépasser ? Dois-jevraimentmepénaliserenmecritiquant?

Mepardonner,c’estcesserdecroirequesijelaisselecrimeimpuni,jevaiscontinuerderechuter.Mepunirais-jed’avoireuunecrisesij’étaisépileptique?

Je pardonne également aux autres de me juger, et s’ilspersistent à le faire, cela reste leur problème, pas le mien.Surtout,jecessedeblâmerquiconque,ouquoiquecesoitpourma rechute. Personne, ni les circonstances « déplorables » ou«tropbonnes»demavie,n’ontpucréermarechute.

Moiseuleensuisresponsable

Je dis bien responsable, et non coupable. Responsablesignifietrouverlaréponse.

Après m’être pardonnée, accepter les conséquences de lacrisem’aide aussi àm’engager au plus vite dans la voie de laliberté.

ACCEPTERLESCONSÉQUENCESDELACRISE

Après une crise, je me sens triste, négative, déprimée,renferméesurmoi,gonflée,nauséeuse,aveclamigraineoumalau foie… Alors pour sortir d’une rechute, je suis obligéed’accepterdeuxchoses:

Accepterdenepasmesentirbien

Cemal-êtreetcesmalaisesnesontnimalnibien,cesontles conséquences de mon dérapage. Si je suis furieuse de mesentirmal, c’est que je n’assume pas le résultat demes actes.« Je veux quelque chose pour rien ». Tant que cette attitudepersiste,ellerisquedemefairetrébucherànouveau,carjevaiscontinueràmesentirmalet jenepenseraisqu’àm’anesthésierdenouveau.

Ces malaises disparaîtront d’autant plus vite, que je lesaccepteraicommelesconséquencesdemesactes,conséquencesqu’enpersonneresponsablejechoisisd’assumer.

Accepterquependantuncertaintemps,l’obsessionseraplusfortequ’avant

L’idée demanger prend naissance dans la tête, et après larechute, c’est encore là, au pire endroit, qu’elle va se réfugierpourcontinuerdemeharceler.Jeveilleraidoncànepasattisercetteobsession:j’éviteraidetomberdanslesrestrictions.

ÉVITERDETOMBERDANSLESRESTRICTIONS

Touterestriction,synonymederégimesmefait«craquer».Sijenemangepasassezaurepas,j’auraitendanceàavoirfaimplustardetalimenteraiainsimespenséesdenourriture.

Pour faire mourir ces idées de nourriture, je ne dois pasm’affamer mais me nourrir correctement. Comment ? Enretournant à un mode d’alimentation sain et équilibré, « sansrienenlever»àcequejeprendsd’habitude,toutenidentifiant

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Monrétablissementn’est«jamaisgagné»,certes,maistantquejemaintiensmonabstinence,unjouràlafois,«jesuisunegagnante».

Que je sois sur la voie du rétablissement, et non déjà,assurémentetdéfinitivement,guériedelaboulimie,n’ariendedésespérant.C’estseulementunconstatréaliste.Ilmesoutientàrester dans mes vingt-quatre heures pour maintenir cerétablissement journalier, qui fait de moi une gagnante. Cetterémissionjournalièredépenddemonbonétatdesantéphysique,émotionnelleetspirituelle.

Et ce n’est pas parce que je suis rétablie aujourd’hui quej’arrêtedefairecequ’ilconvient,un jourà la fois,pourresterabstinente. Si je parviens à maintenir mon abstinence, c’estjustement parce que chaque jour je renouvelle explicitementmoncontratpourvingt-quatreheures!

Je suis comme un bateau à voile, le vent d’hier m’a faitavancer,maisc’estleventd’aujourd’huiquicompte.Etc’estàmoi dedéployermesvoiles et de les positionner pour pouvoircontinuerdeprogresserdans lebonsens.L’abstinenceestà lafois le gouvernail qui permet àmon bateau de tenir le cap durétablissement,et laquillequi l’aideàrésisterauxturbulencesdelavie.

Aufuretàmesurequel’abstinenceseprolonge,ledésirdesnourriturespiègesdiminueetdisparaîtlaplupartdutemps.J’airarement envie de choses qui sont mauvaises pourmoi, et lesaliments sains qui m’apportent ce dont mon corps a besoinm’attirent. Il est possible d’être rarement obsédé par lanourriture et de continuer de manger des repas modérés etéquilibrés,unjouràlafois,jouraprèsjour,annéeaprèsannée.

Cemiracleestuneréalitéquotidiennepourdesmilliersdeboulimiques

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enrétablissement.32

L’obsession part-elle pour autant ? Oui et non. Oui, elledisparaîtlaplupartdutemps,maisellerevientparfois.Quefairealors?Comment traversercemoment-là sanscraquer? Je saisaujourd’hui que cette envie va passer et je disposemaintenantd’outilsquisontlàpourêtreutilisés.

L’important est deme détourner des pensées de nourriturepourvoircequ’ellescachent.Ilestprimordialaussidesortirdemoietdetendrelamainàceuxquim’entourent,pourm’aideràaccomplircequej’aiàfaireaujourd’hui.

La guérison de la boulimie ne serait-elle pas simplementd’être,unjouràlafois,surlechemindurétablissement?Cettesuitedevingt-quatreheuresmisesboutàboutpeutdurerjusqu’àlafindemesjours.Maisjepréfèrereveniràaujourd’hui,c’estleseuljourquim’appartienne.Etjechoisis,unjouràlafois,delevivreengagnante, libred’êtreheureusedans l’abstinencedelacompulsionalimentaire.

ÀPROPOSDEL’ÉTIQUETTE«BOULIMIQUE»

Jem’opposeàl’opiniondecertainsquipensentquedonnerl’étiquettede«boulimique»àunboulimiquec’est:

«l’enfoncer»,lui signifier qu’il a une tare dont il n’arrivera pas à sedéfaire,lecondamneràundestincontre lequel ildoit sebattreindéfiniment.

Certains jours, il m’arrive d’être reconnaissante d’êtreboulimique,carlaboulimiem’apermisdeconstaterquej’avais

unimportanttravailàfairesurmoi.Sanslaboulimie,jenemeserais jamais soignée, je n’ai pas changé par vertu,mais parcequej’enavaisassezd’allermal!

Il y a même un danger d’éviter ce qualificatif de«boulimique».Celava seulement rassurer lesgens, leur fairecroirequeleurcomportementalimentaireestnormal,alorsqu’ilnel’estpas.Cetévitementrenforceledénietnelesencourage,niàsesoigner,niàsefaireaider.

«Medireboulimique,pourmoi,c’estsalvateur,cen’estpasuneétiquette.Cen’estpasunjugementdevaleur,c’estreprésentatifd’unétatdemal-êtredanslesdeuxsensduterme:êtremaladeetnepasêtre,nepasexister.Ildépenddemoidefairecessercemal-être.Dèsquej’aidesidéesdepeur,dèsquejeme«crois»grosseàcausedel’imagedéforméequej’aidemoi-même,jemedis : « attention, voilà le signal que ça vamal », j’en tire lesconséquences,jeprendssoindemoi.»

Sophie,25ans

«Me dire boulimique, c’est simplement affirmer une réalité :c’est comme dire j’ai les yeux bleus, les cheveux bruns, c’estappelerunchatunchat.Lechat,lui,çanel’enfoncepasqu’onl’appelleparsonnom.»

Léonie,56ans

« Pour moi, appeler un boulimique boulimique, ce n’est pasl’enfoncer,c’estaucontrairelerassurer,lereconnaîtretelqu’ilest : tu es asthmatique, tu te soignes, tu es boulimique, tu tesoignes.»

Véra,39ans

« Pourquoi parler de destin ?C’est sortir demes vingt-quatre

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conduisaient à trop manger : le bonheur de faire la fête, toutcommelatristesse,lacolèrecommeladéception,l’ennuicommel’hyperactivité.

Aujourd’hui, lorsque je sens un malaise, je cherche àreconnaître l’émotion sous-jacente et à lavivreen l’exprimant,ou à la traverser s’il s’agit de quelque chose de plus intérieur.C’est une grande joie pour moi, chaque fois que je me rendscomptequejepeuxvivreunecolère,unennui,unefrustration,sanslerecoursaufrigo!Là,jemesensenrétablissement.

Sur leplan spirituel :me situant autrementpar rapportaux autres, à la vie, je sens que je n’ai plus besoin de«fairelepoids»pouravoirlesentimentd’existeretdepouvoirfairefaceauxdifficultés.

J’ai à être moi-même et seulement cela, le reste nem’appartient pas… En cherchant à vivre selon ce principedepuisdéjàpasmalde temps, jedécouvre làaussiunnouveaustyledebonheur.Oh,cen’estpaslemondeextraordinairedontj’avaisrêvépendantplusdequaranteans,non,c’estunbonheurqui se vit au quotidien : le chant des oiseaux quime réveillechaquematin,lebonheurderecevoiretd’échangerdessouriresavec des personnes connues ou inconnues, le bonheur de mesentirenvieet àma justeplace, tout simplement. Jen’attendsplusdesautresnonplusqu’ilsme«comblent».Jesaisqu’ilsontaussileurslimites,leursfragilités.Jelesacceptemieuxtelsqu’ils sont et c’est aussi un grand bonheur de me sentir pluslibre, plus détachée vis-à-vis d’eux. Aujourd’hui, je sais êtreseuleettouteàlajoiedecesmoments«bienàmoi»,etaussilajoie d’être avec d’autres, sans fusion, dans le respect de nosdifférencesetlegoûtdesrelationssaines.

Pourmoi, tout cela c’est le bonheur «OA».Ce bonheur,c’estaussidepouvoirtraverserdespériodesdeturbulencesdans

la paix et de sentir la joie intérieure quim’habite. Joie de neplusêtreisoléeetdesavoirque,quelquesoitcequej’aiàvivre,quelles que soient mes défaillances, le programme m’offre etm’offriratoujourslechoixd’un«PlusdeVie».

Quatrièmepartie

LATRAVERSÉEDESÉMOTIONS

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d’innombrablesséminaires…»

M’éviterdefaireledeuildesillusions

Àcesujet,letémoignagedeCaroline(boulimique,42ans):

«Uneamie,parsonpartage,m’avaitfaitmettreledoigtsurunproblème d’inceste avecmon père que j’avais occulté pendanttrente-quatreans.Ellemeparlaitdeson«histoire»ettoutd’uncoup, j’airevucequis’étaitpasséavecmonpèreet jemesuissentietrèsmal.J’avaischaud,lanausée,j’étais«àcôtédemespompes».Toutcequem’avaitracontécettefillesursonproprecasm’avaittellementbouleverséequej’aicessédelavoir.Jemeprotégeaiscommejepouvais:jen’étaispasprête,àaffronterceproblème,j’aimis troisansavantdepouvoir regarder leschosesen face.Parfois,malgrémoi,desflashsmerevenaient,maisjemedisais:«jeverraiçaplustard»,etjepassaisviteàautrechose.J’ensuismêmevenueàaccusercettefilledem’avoirfaitcroirequ’il y avait vraiment eu cette histoire d’inceste dans ma vie,alors qu’il n’en était rien. L’accuser ainsi me « dispensait »d’assumer la réalité. Elle m’avait parlé d’un groupe « IncesteAnonyme»,maisjemesuisbiengardéed’allerauxréunions.Jenem’enrendscomptequemaintenant,jem’accrochaisàl’imaged’unpèrequej’avaisenmoi,j’avaistroppeurdedétruirecetteimage qui n’était pourtant qu’une illusion, ça aurait été tropdouloureuxd’enfaireledeuil.Alorsjetrouvaisàmonpèredestasd’excuses,jemedisaisquej’avais mal interprété ses agissements. Et comme d’autre partj’avaisétévictimed’unviol,jetrouvaisquec’étaitinjuste,quej’avaisdéjàassezàfairepourmeremettrede«ça».Troisansçam’aprispourrassemblerlecouragederegarderce

problème, de l’admettre pour déverrouiller la peine et m’enlibérerdumieuxquejepouvais.Heureusement,jemefaisaiderpar une psychologue, elle aussi m’a conseillé d’aller auxréunionsdecegroupeanonymeetc’estvraiquejecontinueàyallerassezrégulièrement,jemesenstrèssoutenueetjenesuisplus seule avec ça. J’ai l’impression dem’être approprié monpassé,avantjen’avaispasdesouvenir…etpourcause.Jesuismoi-même maintenant, tellement plus légère, ce « non-souvenir»pesaitunetonne.»

Ainsicoincéeentrelacarotteetlebâtonnestorien,jenevoisrienquipuissem’encourageràallerfaireunpetittourenmoi.

Maisquelestdonc lecoûtdece surplaceà l’oréedemoi-même?

Et à l’inverse, quel profit pourrais-je tirer d’un tel voyageintérieur?

Ce sont les deux points que nous allons maintenantenvisageretquimedonneronttouteslescartespourdéciderdeme lancer dans la conquête demon « espace intérieur », sanslaisseràNestorletempsdem’endissuader.

M

26

COMMENTDEVENIRPRÊT(E)ÀABORDERLAGUÉRISONINTÉRIEURE

aintenant que je connais la force de dissuasionnestorienne, comment me préparer à aborder la

guérisonintérieure?Enbonneboulimique,jeveuxquelquechosepourrien:me

guérir enme faisant consolerparNestor.C’est vrai,Nestor, labouffeetmoi,onn’estpassimalensembleetjen’aipasenviedemeretrouvertouteseule.

Maisceménageàtroismecoûtetrèscher!Vais-je continuer à me laisser tenter par le malheur de la

boulimie?Ou vais-je accepter de recevoir les bienfaits du

rétablissement?

LECOÛTDEL’IMMOBILISME

Quesepasse-t-ilsijen’abordepasleprocessusdeguérisonintérieure?

Jecontinueàêtrelerobotnestorien

Tant que je n’identifie pas mes blessures pour en prendresoin, je reste dépendante des croyances qui en découlent.

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blessures du passé. Blessure reposant sur cette équation quivenaitdes’imposeràmoi.

Vousconnaissezdéjà l’histoirede« lacorbeilledepain»,voilàmaintenantcellede«labouteilledebière».

J’avaisseptans.Enouvrantlabouteilledebière34quinousétaitservieàlacantinedulycée,legoulotm’étaitrestédanslesmains:j’avaiscassélabouteilledebière.

Contrairement à la corbeille de pain qui allait nous rendreriche, labouteilledebièrecasséeétait lapiredescatastrophesqui puissent nous arriver. D’une minute à l’autre j’avaisprécipité ma mère vers sa fin. Mon acte irréparable allait lacondamner à vie à rembourser unedette quepersonnen’auraitjamais pu rembourser : c’est tellement cher, une bouteille debière. Comment le lui dire ? Ce serait lui annoncer sa mort.Impossible!

C’estlàoùl’équation«parler=tuer=mourir»intervient.Si l’onsuitcette logiquenestorienne,mourirou tuer,c’est

tellementduràsupporterquel’onfaitcequ’ilfautpournepastueretnepasmourir.

C’estunequestionde survie.Survivre, c’estdonc,dans cecas,fairelecontrairedeparler:setaire.

Prisonnière de ce « système de meurtre », que pouvais-jefaire,cherNestor?

Ainsi programmée, je n’avais pas d’autre choix, je devaisme taire, commesinepasdireune réalité allait la changer. Jedevaisgardercettecatastrophepourmoi;enfait,jedevraisdirecontre moi (comme quelque chose qui se « retourne contremoi »), car en taisant ce secret, j’en faisais un poison quim’infestaitetmeminaitdel’intérieur.Sijeparlais,j’allaistuerma mère, puisqu’elle ne survivrait pas à l’annonce de cettenouvelle.

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Etsanselle,commentsurvivre?J’enmourrais.Laboucleestbouclée,l’équationnestoriennedémontrée.Nestorl’avaitbiendit:

parler=tuer=mourir

Lasuite?Criminellemalgrémoi, lavie, arrêtée en cet instant, venait

demecondamneràvivre.Àvivredanslesupplicedel’attente.Attente de la pire des épreuves : faire face aumoment oùmamèreapprendraitcettefindumonde.Cemomentarriveraitbienunjour.Etc’estcejourqui,àpasdegéant,s’approchaitdemoi.

Cen’estpasmoiquiaiparlé,c’estévident. J’aiété trahie.Letraître?Monfrère.

Maisqu’est-cequ’elleatasœurdepuisplusieursjours,elleenfaitunetête?

Figée,leregardailleurs,jecomptaislessecondesavantquelesmotsassassinsnesortentdeslèvresdutraître.

Elle…a…cassé…Letempsavaitatteintlepointdenon-retour.Uneàune,les

paroles se déguisaient en une guillotine qui allait trancher lestêtes.

Etalors,c’esttout?Cen’estpasgrave.

Ainsi,un rêvem’adonné laclefquim’apermisde revivrel’impactémotionneldecetteblessurepassée.Enfaitjusqu’àcejour,

j’avaisoccultélablessuremaisnonlesouvenirdecettescène,jem’ensouvenais«paromission»:jel’avaisvidéedesoncontenuaffectif.

Poursurvivre,j’avaisgommécetenjeudevieetdemortqueladénégationdemamèren’avaitenrienmodifié.

J’en ai assezde survivre,maintenant je veuxvivre, et pourenfinvivre,jechoisisde«revivre»toutcequim’étaitrestésurlecœuretquej’avaiscachédanslesoubliettesdel’inconscientpourêtretranquille.

Enrevivantlascène–cetenjeudevieoudemortétaitsifort–c’étaitcommesi j’allaisme tuercar j’allais tuermamère.Jemesentais responsablede tout. Jepleurais, j’avais sipeurquej’enavaislanausée.

Revivrelablessure,c’estlarevivrepourdevrai

Je la revis « pour de vrai », non pas parce que je suismasochiste etmecomplaisdans le cauchemar.Aucontraire, jesuissaineet trouvequ’ilserait tempsquejeme«réveille»demes cauchemars enfouis. Et pour que les fantômes de moninconscient nepuissent plus, àmon insu, revenirme terrorisercommebon leur semble, jepréfère exorciser lemalunebonnefois pour toutes. D’accord, dans le vif du « revécu », je suisterrorisée, j’aimal,maisaprès, je suis soulagéede revenirà laréalitédujourquiesttoutautre:jevienssimplementderevivreune illusion dont je vais devoir faire le deuil. Et je peux mechoyer et me féliciter d’avoir traversé ce « remake » aveccourage.

Lepassageobligéverslaguérisonestlatraverséedemesémotions.

Aucundétourpossible,pourensortir;jedoispasserautravers.

Cette traversée ne se fait pas en une fois, la peine peut

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À

29

COMMENTFAIRESORTIRLAPEINE?

RÉSISTERÀLAPEINELAFAITPERSISTER

partir du moment où je deviens prête à aborder leprocessus de guérison intérieure, j’essaie de me

souvenirdecetteloidecauseàeffet,maintesfoisvérifiée:sijerésisteàlapeine,ellepersiste.

D’ailleurs, s’il me reste à accomplir cette guérisonintérieure, c’est bien parce que jusqu’ici j’avais « résisté » àvivre la peine enfouie.C’est donc une lapalissade que de direquepourlavivre,jedoisacceptermavulnérabilité,accepterdesentircettepeineaulieudecontinueràluirésister.

Mais Nestor n’est pas loin. Et il adore jeter dans lesoublietteslesloisdecauseàeffetdecegenre.Etpuisquec’estlui le chef de la « résistance », il va aussitôt vouloirme fairerentrerdanslesrangs…Citonsquelques-unesdesestechniquesderecrutement:mangerunpetitquelquechosebiensûr,écouterde la musique, ou regarder la télévision, lire un magazine,dormir, faire des courses ou le ménage, trier des papiers,accomplir un travail « urgent »… Bref tout procédé de«diversion»,dedétournementdemonattentionserairrésistible.Consciente de ce mécanisme, je me garde de succomber auxmultiplestentationsquim’assaillent.

Je me souviens être restée plusieurs heures dans la nuit,

trouilleauventre,àélimineruneàunelesoffresdedistractiondeNestor,avantd’oserplongerdansl’interprétationd’unrêvesiangoissantqu’ilm’avaitréveillé!

Lorsquejen’arrivepasàdéchiffrerunrêvesur-le-champ,jelegardedansmes tablettes ;commeje l’aidéjàdit, la réponsemeviendrabienunjouroul’autre.L’importantc’estdenoterlesrêves,pourqueNestornelesrangepasdanslesoubliettes.Jenedevienspasprêteenappuyant surunbouton.En tempsvoulu,après un processus de maturation qui demande tendresse etcompassion enversmoi-même, ce quime paraissait impossibledevientplusfacileetunjourjepeuxrevivrecespeinesenfouies.

Enattendant,jenem’enveuxsurtoutpas.Jenemejugepas.J’aisansdoutebesoindetemps,besoind’explorerlespeursquimeretiennent,delesregarder,delesapprivoiser,delesnommeretdesavoirque,quoiqu’ilarrive,jepourrailesaffronteretdecefait«leslâcher».

Danslecas«desculottesbouffantes»,ilm’afalludutempspour ne plus résister à « voir » cette douleur qui loin de«m’aveugler»m’a libéréede l’illusionque« jene savaispasquoimettre».

Souvenez-vous aussi deCaroline qui amis trois ans avantd’affrontervéritablement lespeinesenfouiesde l’inceste.Troisans pour accepter de faire le deuil de l’image-illusion qu’elleavait de son père.Mais quand elle a été prête, ce n’est qu’enosant regarder les choses en face qu’elle a pu reconnaître lapeineetl’évacuer.

REGARDERLESCHOSESENFACE

Reprenons le témoignage de Caroline sur l’inceste. Au

moment même où elle a accepté de « regarder les choses enface»,voilàlesmotsqu’elleautilisés:

« … maintenant que ça remonte à la surface je pleure et àchaquefoisquej’yrepense,çamefaitencorepleurer,c’estdoncqu’il y a bien quelque chose que je dois regarder. C’est lapremièrefoisquej’oselevoir,etendisantmaintenantque«jedoisregarder»,c’estévidentquejusqu’icijerefusaisdevoir…

Là,j’aiencoreunpetitpeumalaucœur,cen’estpeut-êtrepasdûà ça,mais en tout cas, tout à l’heure,quand j’aidit lemot« regarder», j’ai senti lapeurqui s’enallait,puisunedétentes’est installée et j’ai éprouvé la sensation d’un retour à lanormale.

Jecroisquelà,j’aifaitunpasenavant.Pendanttroisans,tantque je résistais à regarder de plus près, un point douloureuxrevenaitmedonnerdescoups.»

Tantquejerefuse«deregarder»cequisepasseenmoi,lemal-être persiste comme s’il voulait captermon attention, il abesoind’êtrereconnuluiaussi!C’estunsignal.

Accepter ce malaise, le regarder, c’est déjà en partie mel’approprieretluidonnerledroitd’exister.Ilpeutalorssortirdemoietsedissiperdanslavie,commelavapeurquejelaisseraissortirdelacocotte-minute.

Cette détente, cet apaisement se produisent dès que j’oseregarderlablessureenfouie.Jeluidonneainsisonespaceetluioffrel’ouverturequiluipermetdesortirdesaprisonintérieure.Grâce à cette « écoute », à ce regard qui cesse de la nier,l’émotion peut alors ressurgir sans qu’un mur de déni ne luibarre lepassageetne la laisseune foisdeplus sur lecarreau,

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Pour sortir de la peine, il est primordial aussi de ne pastomber dans le ressentiment. Ce redoutable virus infecte lesblessures passées et empêche leur cicatrisation. Or, sij’accomplis cette traversée des émotions, c’est bien pour«fermer»lesfracturesdemonâmeparlesquellesNestoradoresefaufiler.

Ce petit malin va donc faire son possible pour me rendre«irrésistibles»lessupposés«avantages»duressentiment.

Maisquelenestlecoûtexactpourmonrétablissement?

N

32

LERESSENTIMENT

LEVIRUSDURESSENTIMENT

ousvenonsdelevoir,revivrelespeinesenfouiespourlesexorciserlibèrelemomentprésentdel’hypothèque

dessouffrancespassées.Maissijeveuxcontinueràaccueillirlemomentprésenten

touteliberté,jedoisveillerànepastomberdansleressentiment.En effet, les gens et tout ce que j’associe à ces « peines » dupasséjustifientàmerveillelaréapparitiondecevirus.J’enveuxà tout lemondebiensûr,mais jepeuxégalementm’envouloirdem’êtrelaisséefaireoud’avoir«créé»ces«catastrophes».Cette animosité et cette rancune que j’entretiens contre lesautres,contreleschosesoucontremoi-mêmeperdurentpourdesraisonsquimeparaissentfortvalables.

Au lieu de poursuivre ma guérison intérieure, j’alimenteainsiuneguerreintérieurecontrelesautresoucontremoi-même.Etloindemelibérerdemesblessuresenfouies,leressentimententretientladouleuretempêcheleurcicatrisation.

En effet, que je plonge dans le passé pour ressasser monamertumeouque jemeprojettedans l’avenirpouraugurerdesreprésailles,jemecoupedumomentprésent.

Or,monrétablissementrésidedanscemomentprésent,danscesvingt-quatreheuresquimesontdonnéesàvivre,unjouràlafois.Aucoursdu rétablissement,mes«visites»dans lepassé

sont ponctuelles et se font très précisément à la lumière duprésent. Si je « retraverse » les émotions enfouies, c’estseulement pour mieux m’ancrer dans le présent. Un présentallégéd’unfardeauinutile.

Attention,Nestorrisquefortde«détourner»lebutdecesvisitespourmeretenirdanslepasségrâceauressentiment.Ilmeleprésentecommeunevoieséduisanteetsansheurt,menantàlasatisfactionimmédiatedemondésirdevengeance.Nestorsesertdonc du ressentiment et de la vengeance pour semaintenir aupouvoiraunomdel’amour:ilmelesprésentecommedesoutilsfortutiles,capablesdeguérirmesblessurespassées.Blessuresqu’il se garde bien de jeter dans les oubliettes car, dit-il,chacune d’elles mérite juste compensation, que la vengeanceseulepourraluiapporter.Nepasmevengerseraitmeperdre.Or,lepasséestpardéfinition«passé»,jenepeuxpaslechanger,jenepeuxque« lâcherprise»decequiest«passé».Bienquechacun rêve d’une rétribution de ses souffrances passées, si jeveuxmerétablir,qu’est-cequejechoisisdevivre,l’illusionoularéalité?

Comment me sortir d’un tel piège qui risque fort dem’enfermerànouveaudanslaboulimie?

Jedoisd’aborddécouvrirquejepaieunprixexorbitantpourlesavantages«apparents»quemeprocureleressentiment.

Devant la note à payer, ilme sera peut-être plus facile decesser d’être complice de ma destruction pour envisagerd’accueillir l’amour du pardon, seul capable de vaincre leressentimentetd’assurermaguérisonintérieure.

LESPIÈGESDURESSENTIMENT

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maintenant,jesaisquec’estpossible.

Possiblemais difficile, car le pardonne se fait pasde lui-même, car c’est une « décision », et pour parvenir à une telledécision, ilmefaut la«bonnevolonté»41depardonner. Ilmefautaussi lecouragedesortir lablessurede l’oubli.Jechoisis«deremettretoutcelasurletapis»,bienàplat,d’êtreàl’écoutede mon vécu d’alors, de laisser jaillir la rage muselée, del’encourager à sortir, sansm’en effrayer. Ilm’a fallu du tempspour comprendre que ce n’est pas la colère qui risque de metuer,maislesilencede«mort»danslequelj’avais«enterré»lablessurepourlataire.

Lacompassionm’aaidéeàpardonner.Quisaitsijen’aipaspotentiellementenmoilamêmefoliequ’ilyavaitencethommequim’aviolée.Heureusementmanormalitéetmescapacitésderetenue font que je ne peux pas passer à l’acte sous cesimpulsions.Éprouverdelacompassionpourcemalade,cetêtresans frein, cette «mécanique humaine déréglée »,m’a aidée àlâcherleressentiment.

Est-cequejevaisperdremonénergieàenvouloirauxfreinsdemavoiturequiontlâché?

Ayantpardonnéàcethomme,j’aicessédelejuger.Etjemerendscomptequejenepeuxpasmepermettredejugerquiquecesoit.Jenedisposepasdetousleséléments.Jeneconnaispaslessouffrancesdesautres,nilesdéséquilibresquilesmènentà«réagir»delasorte.

Si je« réagis»à leurconduitepar le ressentiment, je suismoi-mêmeenréaction.Danscesystèmederéactionsenchaînequimèneàlahaine,oùestlaliberté?Pardonner,c’estretrouverla liberté. La liberté de vivre lemoment présent sans gaspillerinutilementsonénergie.

Cette compassion qui m’a aidée à pardonner, je l’éprouve

1.

aussiàcemoment-làenversmoi-même.Carjusqu’ici,continuerd’envouloiràcethommemecoûtaitmasérénité,entretenaitmapeuretréveillaitladouleurdèsquej’entendaissonnom,oudèsque je voyais une Peugeot 203 qui me rappelait la sienne.Incapabledeprononcersonprénom, j’appelais leshommesquipossédaientlemêmepardessurnoms,parleursnomsdefamilleouleursinitialesetj’inventaisdeshistoirespourexpliquerunetelle«bizarrerie»!

Pardonner, c’était renoncer à tout ce dispositif que j’avaismis enplacedansmoncorps, dansmavie, dansmes relationspour«survivre»àceviol.Jemesuis«déblindée»enacceptantma vulnérabilité. J’ai mis fin à cette grande perte d’énergieprotectricepourla«recycler»enénergiedeviecréatriceetnonplusseulementenénergiedesurvie.

Etcepardon,commechaqueactede lavie, jedois le fairesanscesse,lerenouveler.Jesaisquec’estlemeilleurcadeauquejepuisseme faire.Uncadeauquecevioleurm’adonnéenmefaisantréfléchiretagirsurceproblèmedupardon.

Maintenant, comment maintenir ce choix du pardon ? Enveillantàcequemesactessoientenaccordaveclui.Etpouryparvenir,voilàlesdécisionsquej’aiprises.

Jemesuisengagéeàlâcherlavengeancesanscéderàlatentationduressentiment.

Dans un récit où j’avais relaté le viol, une note de bas depage permettait d’identifier le responsable. Un best-seller del’époque parlait de cet homme que l’on pouvait facilementreconnaître:mêmeprénom,nomdefamillemaquillé.

Comme le livre enquestionmettait en causeunorganismed’État,unéditeurm’avaitconseillé:«supprimezcetteréférencecar les choses pourraient se retourner contre vous. »Après cepardon,j’aidécidédeneplusjamaismettrecetindice,nonpar

2.

peur de représailles éventuelles,mais pour faire la paix. Si jepardonne,jenepeuxplusattaquer.

Jemesuisaussiengagéeànepascéderàla«tentation»duressentiment.

La gratitude est lemeilleur antidote que j’ai trouvé contreune telle tentation.Pouryéchapper, je reviensaussitôtdans lemomentprésentoùjen’airienàcraindreetj’ajustemonregard;jeledirigesurtoutcequimarchedansmavie.Jemeréjouisdecerayondesoleilquejesenssurmajoue,decesourireéchangécematin,d’unelettrereçue,d’unmotdetendresseetcebaumede lagratitudem’aideànepasm’enfoncerdenouveaudans lemarécageduressentiment.

Dans la gratitude, je ressens l’amour qui m’entoure et jepeux plus facilement m’aimer, pour moi, pardonner c’estm’aimerenaimantl’autre«commeavant».

Le pardonmepermet alors de faire de ce ressentiment quimenacedem’envahirun«levierdechangement».Cetterancunenaissantemedévoile les séquellesd’unviol dont j’ai encore àmerétablir.Etpourgardermesforcesetchangerleschosesqueje peux changer : telles ces peurs résiduelles, je m’efforce de« lâcherprise»dece ressentimentet jedemandeàmonguideintérieurdem’endélivrer.«Jenepeuxpasempêcherlesoiseauxdemauvaisauguredevolerau-dessusdema tête,mais jepeuxlesempêcherdefaireleurniddansmescheveux.»

Ayant repris possession de ma vulnérabilité, dont jem’étaismutiléeaprèsleviol,jeveilleàlapréserver.

J’ose«dire»àmonmarisiungestemerappelleleviol,sij’aipeur,s’ildoitm’approcheraujourd’huiavecdouceurcommepourapprivoiserunpetitanimalsauvage.

Àforced’avoirosédire,quandj’aiétéprête,j’aipulâchertoutes ses séquelles. Maintenant, je me sens libre dans mon

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Jem’acceptecommejesuis,sansmejuger.Jenerejettepasmescôtésnégatifs,jemecontentedelesabandonneroudelesmettreàprofitpourmonrétablissement.Jefaispar exemple de mon perfectionnisme un atout pourm’aider à respecter la discipline alimentairequi permetle maintien de mon rétablissement. En utilisant macolèreàbonescient,jelatransformeenfermeté,courageoucommemoyendem’affirmer.Jeremerciecettepartiede moi-même qui me permettait de me protéger deNestor;maintenantjen’enaiplusbesoin.

Jemechouchoutesanscomplexe,j’ailedroitdeprendresoin de moi. Je me fais plaisir, je m’offre des fleursrégulièrement et jem’accordedu temps. Je soignemonapparence, jem’habille de couleurs gaies, jemaintiensl’ordre et l’harmonie autour de moi, je jette objets,papiers et vêtements inutiles qui encombrent monespace…etmatête.

J’osedire«non», et risqueungrand«oui»pour leschoses bonnes pour moi, même si j’ai peur de lesentreprendre.Jesuisenaccordavecmoi-même.

Jemeparleavecdouceuretgentillessecommesij’étaisquelqu’un que j’aime profondément. Je me fais descompliments, même si ce n’est que pourl’accomplissementdepetitestâches.Jesuisindulgent(e),patient(e),j’appréciemesprogrèsetchasselaperfection.Jeme félicite d’en être là où j’en suis aujourd’hui. Jem’encourage,jesaisquejefaistoujoursdumieuxquejepeux. J’accepte deme faire aider.M’aimer, c’est aussime laisser aimer et oser demander du soutien, ce qui

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permetàl’autredepouvoirdonner.

Je pars à la découverte de moi-même. Qu’est-ce quej’aimeetn’aimepas?Qu’est-cequejeveuxetneveuxpas ? J’ose affirmer ce que je pense et exprimer lesémotionsquejeressens.Jemedéfinis.Jedisquijesuis,jeposemeslimitesetj’exprimemonamourenversmoi-même,d’abordpourpouvoir aimer les autres sanspeurdemeperdreoud’êtrerejeté(e).Jeparsàladécouvertedesautres.J’osem’inscrireàunstage de poterie, ou de développement personnel parexemple,oujeparticipeàtouteautreactivitécollective.

Dans un tour du monde, c’est toujours le premier paspour quitter la maison qui est le plus difficile à faire.Alors, je fais ce premier pas sur la route durétablissement ; je le fais maintenant sans trouver desraisons d’attendre. Je m’aime dès maintenant, sanscondition.

S’aimer sans condition c’est aussi aimer mon enfantintérieur.Aprèsavoirséchéseslarmes,jerisetjoueaveclui.Iladores’amuser.Etpourquoinepasluioffrirunnounours?

Unnounours?Àcepropos,jevouslivrelalettred’uneamie:

«MatrèschèreDominique,Tutesouviensbiensûrdunounoursquetum’asoffert.Il y a deux semaines ma thérapeute m’a dit : « Vous êtesmaintenant prête pour l’atterrissage, je vais essayer de vousl’adoucir, vous n’êtes plus la personne fragmentée que vousétiezilyaquelquesmois.»

Ce qui revient à dire, Dominique, que tous cesmorceaux quim’appartiennent sont enfin contenus, fonctionnent et sontreconnusàl’intérieurdececorpsquiestlemien.Selon ton intention, nounours était devenu l’image de monenfant intérieur.J’aiapprisà luiparler,à luifairedescâlins,àlui pardonner, à le traiter comme cette partie de moi-même silongtempsabuséeetdélaissée.J’aialorssentiqu’ilyavait«enmoi»unepartiequisouffraitetavait besoin d’attention. Mais j’avais beau en avoir prisconscience, il m’était encore si difficile de m’apporter cettetendresseetcetteattention.Nounoursheureusementestdevenupeu à peu une partie vitale demon existence ; nuit et jour, jepensaisàlui,luiparlais,l’écoutais.Ainsi, doucement, sans m’en rendre compte, j’assimilais cettetendre attention. Et puisque c’était « moi », quand nounoursn’étaitpasàportéedemain,pardéfautjemecâlinais,meparlaisetm’écoutais.Ettusaiscequis’estpassé?C’estdevenu tellementplus simpleet satisfaisantde transférercette attention surmoi-même !Maintenant, après cesquelquesmois, je n’ai plus besoin de la présence de nounours pourmerappelerquej’existe.Jesuisdésormaisprésenteàl’intérieurdemoi-même.J’aifinalementintégrécemoiperdu.Quelledifférence!Àprésent,j’entendsmoncorps,etmoncœur,chaquesensationestforteetvraie.Je«ressens»ladouleur,mesémotions. Ayant appris à veiller et à répondre aux besoinsd’affectiondenounours,jelefaistoutnaturellementpourmoi-même,dejourcommedenuit,sur-le-champaussi,àchaquefoisquecelam’estpossible.Maintenant, jepeuxlaisserpartirnounoursavecamouret je leremercied’avoirjouésonrôle.Satâcheestaccomplie.J’apprendscombienilest importantde

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23.Témoignage

Quatrièmepartie:Latraverséedesémotions

24.Laguérison,invitationauvoyageintérieur

NevouslaissezpasinviterparNestorChangermonregard,voyageintérieur:unenouvelledimension

25.Laforcededissuasionnestorienne

LebâtonduterrorismenestorienLacarottenestorienne

26.Commentdevenirprêt(e)àaborderlaguérisonintérieure

Lecoûtdel’immobilismeLesbienfaitsdelaguérisonintérieure

27.Commentdébusquerlesblessuresenfouies?

SymptômesdansmaviequotidienneSymptômesdansmavieintérieure

28.Quelquessignesdepistes

LeslarmesetladétenteLeréveildelamémoirecorporelleLescache-misèresLacachethoraciqueLecerclagedutonneau

29.Commentfairesortirlapeine?

RésisteràlapeinelafaitpersisterRegarderleschosesenfaceManifestermonémotion

30.Partagermesémotions

Partageravecmoi-mêmePartageravecunepersonnesûre

31.Commentsesortirdelapeine?

AccueillirchaquenouvellerésurgencedelapeineenfouieAgirdifféremment

32.Leressentiment

LevirusduressentimentLespiègesduressentimentLafactureàrégler

33.Qu’est-cequelepardonetcommentyparvenir?

Qu’est-cequelepardon?Commentparveniraupardon?

34.S’aimer

LicencierNestoravecdouceurApprendreàchercherl’amouràsasource:enmoiMaintenant,commentm’aimer?

35.Vivrelibre

Annexe1

TémoignagesdejournalistesetdeprofessionnelsdelasantéAutrestémoignages

Annexe2:RéunionsdesgroupesOA

Chezlemêmeéditeursurlestroublesducomportementalimentaire:

LaBoulimieanonyme,DominiqueB.

Achevéd’imprimerparXXXXXX,enXXXXX2016N°d’imprimeur:

Dépôtlégal:XXXXXXX2016

ImpriméenFrance