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n° 42 - mai 2013 ex aequ journal des Magasins du Monde Acheter juste ou juste acheter ?

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n° 42 - mai 2013ex aequjournal des Magasins du Monde

Acheter justeou juste acheter ?

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Impressum Journal des Magasins du Monde ex aequo n°42 - mai 2013Tirage 800 ex. - 4 parutions par an

Editeur Association romande des Magasins du MondeRue de Genève 52 - 1004 Lausanne - [email protected]él. 021 661 27 00 - www.mdm.ch

CCP 12-6709-5 - Association Romande desMagasins du Monde - 1004 Lausanne

Abonnements 2013Bénévole MdM CHF 30.- Ami CHF 70.- Soutien CHF 110.- Parrainage CHF 360.-

L’équipe de rédactionElisabeth Kopp-Demougeot - Christiane FischerAnne Monard - Nadia Laden - Andréa Rajman

Ont collaboré à ce journalElisabeth Piras - Elisabeth Kopp-DemougeotUrs Sekinger - Christiane Fischer - Nadia Laden

PhotosCouverture: ARSO - TerrEspoir - Syndianna ofGalilee - claro fair trade - Atelier DiaphaneReto Sonderegger

Maquette et graphismeAtelier Diaphane

Lectorat Claude Gauthier-Jaques

ImpressionPapier recycléCentre d'impression Le Pays SA, Delémont

Envois postauxMagasin du Monde Delémont

Editorial 2

La vie du mouvementCampagne 2013-2014

Les producteurs de bananes en difficulté 4

DossierSept produits, sept ⊕ 5des Magasins du Monde !

Étiquettes: s'y fier ou s'en méfier ? 8

La voix des producteursLe fruit du combat d’une coopérative de petits paysans arabes 11

La recetteSalade de riz rouge, vinaigrette au gingembre et lime 13

Le produitLe gingembre au bon goût du commerce équitable 14

Action citoyennePour la dignité humainedans le secteur agraire 15

Equigeste n° 14 16Agenda

2ex aequo n°42 - mai 2013

EditorialSommaire

Une campagne biennale

au coindu monde

In Vitro est un projet de commerce équitable du Honduras regroupant30 femmes qui, armées de leur seul crochet et de fil en coton, réalisent des objets originaux et contemporains en clips de canettes recyclées. Cette année, mercifair mise sur la nouvelle collection en couleur, le rose, le vert,et le bleu entre autres, élargissent la gamme classique en gris et noir !

Les Magasins du Monde lancent, dans le cadre de la 17e Journée mondiale ducommerce équitable, leur campagne biennale «Un repas au coin du monde». Présentéedans ce numéro d’ex æquo, cette campagne débute avec un premier acte, «Acheterjuste ou juste acheter?». Sept produits sont pris sous la loupe. Entre autres: lesamandes produites par la coopérative IKSAL réunissant des petits paysans arabes deGalilée, et le gingembre, qui vous dévoilera ses atours dans notre page produit et dansnotre recette. Ce numéro vous emmène aussi à la recherche des secrets desétiquetages et de l’indication de la provenance, dans une interview d’Aline Clerc, de laFédération romande des consommateurs.

Après bientôt quarante ans de dénonciations du manque d’équité dans les échangeséconomiques entre régions marginalisées et régions riches, les Magasins du Mondeconstatent que ce manque d’équité est persistant et reste bien présent dans denombreuses réalités. Deux articles de ce numéro montrent la nécessité de continuer àsoutenir la lutte des travailleurs et travailleuses agricoles qui sont partout victimes desmêmes abus, comme en Afrique du Sud, au Paraguay et en Equateur.

Cette lutte passe aussi par nos assiettes et nos achats: achetons «juste» !

L’équipe de rédaction

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Notre campagneLa Journée mondiale du commerceéquitable, célébrée cette année le samedi25 mai par les Magasins du Monde, sera lelancement officiel de la campagne. Commetout repas, la campagne débute, en premieracte, avec la recherche et l’achatd’ingrédients. Avec le slogan «Acheter justeou juste acheter?», les Magasins du Mondesouhaitent interpeller sur nos actesd'achats: d’où viennent les produitsdestinés à notre consommation, où ont-ilsété transformés et emballés et qui sontleurs producteurs et productrices? Cepremier acte fait l'objet du dossier de cenuméro, en prenant sous la loupe septproduits et en passant en revue l’étiquetagedes aliments avec la Fédération romandedes consommateurs.Dans un deuxième acte, il s’agira de mettrela table – là aussi, les Magasins du Mondeposeront des questions sur la provenance etles producteurs des articles de table, de laserviette au tablier et de la nappe aux verreset assiettes. Puis, en 2014, viendra letemps d'inviter les convives à des repasdans toute la Suisse romande et finalement,de déguster 40 gâteaux d'anniversaireséquitables et de souffler les 40 bougies ! Uncafé équitable clôturera la campagne, fin2014. Les Magasins du Monde seréjouissent de vous inviter à cettecampagne: pour le mois de mai, denombreuses activités sont déjà prévues! Leprogramme peut être consulté sur notre sitewww.mdm.ch

Un repas équitable«Un repas au coin du monde» se veut uneinvitation à partager, à réfléchir ensemble àune consommation juste et à déguster lesproduits équitables et d'excellente qualité.«Un repas au coin du monde» veut aussimontrer que la démarche des Magasins duMonde, après 40 ans, est plus que jamaisactuelle, notamment suite aux scandalesdes filière alimentaires qui ont alimenté lapresse ces derniers mois. Par laconstruction d'une filière de commer-cialisation alternative, où tous les acteurssont des organisations du commerceéquitable, le mouvement souhaite remettreles personnes et la préservation del'environnement au centre despréoccupations, tout en garantissant unetraçabilité des produits et en travaillant àéchelle humaine.Cette alternative «marche» depuis 40 ans,et souhaite se développer davantage pourpermettre un rééquilibre entre les acteurssocio-économiques tant au Sud qu’au Nord.«Un repas au coin du monde» souhaitefinalement créer et renforcer les liens entreproducteurs et consommateurs, pourdonner une juste valeur aux produits et auxmodes de production soutenables. Noussommes tous sur un «coin» du monde, maisreliés et en constante interaction – quecelle-ci soit la plus directe et équitablepossible!

Christiane Fischer

Découvrez toutes les activités de lacampagne sur www.mdm.ch

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La vie du mouvement

Dans le cadre de la campagne,l’association romande des Magasins duMonde participera à l’ApériCip

«Equité-Proximité»Effet de mode ou vague de fond ?

organisé le jeudi 23 mai par le CentreInterrégional de Perfectionnement (CIP)de Tramelan et par la FédérationInterjurassienne de Coopération et deDéveloppement de 11h30 à 13h00, auCIP de Tramelan.

- quel prix pour la «proxi-équité» ?- comment se comparer aux nouveaux

prix low-cost de l'alimentation ? - quelles différences entre bio, terroir,

de la région, équitable ?- quels bénéfices reviennent effective-

ment aux producteurs du Sud ? ces questions et bien d’autres serontabordées lors de la table ronde.

Plus d’informations sur:www.cip-tramelan.ch

Les Magasins du Monde partent encampagne: en vue de la célébration deleurs 40 ans en 2014, ils commencentleur campagne dès le mois de mai2013; car un repas de fête, ça seprépare! Un repas au coin du mondeinvite tout un chacun à suivre lesétapes d’une fête d’anniversaireéquitable et à participer aux nombreuxévènements qui seront proposés parles Magasins du Monde.

Campagne 2013-2014

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4ex aequo n°42 - mai 2013

La vie du mouvement

La banane constitue le plus importantproduit d'exportation de l'Equateur. Or, entrejanvier et juin 2012, les exportations ontchuté de 7%. L'hiver vigoureux, leschangements sur le marché mondial et leravage des cultures par un champignontouchent plus de 40% des producteurs debananes, en majorité des petits producteurs.De plus, des prix fluctuants ne permettentplus de couvrir les coûts de production,impliquant des achats de plus en plusfréquents de fongicides employés dans lalutte contre les affections fongiques. Il fautactuellement une application de traitementstous les quinze jours pour éviter une chuteirréversible de la production.

Chute des prixAvec la crise économique en Europe, lademande en bananes a baissée, entraînantune chute de prix, tombé au plus bas niveaudepuis trente ans. Les petits producteursn'ont pas d’autre choix pour écouler leurproduction que d'accepter le prix qui leur estproposé, souvent bien en-dessous du prixofficiel fixé par l'Etat équatorien à 5.50dollars la caisse. Le prix des exportateurs estdescendu jusqu’à 1.20 dollars la caisse.«J’achète à ce prix-là, sinon vous n’avezqu’à trouver quelqu’un d’autre»: tel est lemessage qu’entendent les petitsproducteurs, même s’il n’est jamaisprononcé à voix haute: « A ce prix, je ne peuxplus faire de fumigations. Le coût desfongicides dépasse 2 dollars par caisse»,déplore un paysan1. Par ailleurs, les petits producteurs n'ont pasles moyens d'investir dans les unités deconditionnement qu'exigent les grandsexportateurs et ont des difficultés pourassurer une qualité constante de leurproduction qui soit adaptée à l'exportation.Ils n'ont pas non plus le statut privilégiéqu'ont les grands planteurs auprès desexportateurs et leurs produits ne sontembarqués dans les bateaux que pour

compléter les volumes prévus exportés parles grandes entreprises.

Lutte pour des droits syndicauxAu niveau des plantations, violationsmassives des droits, répression syndicale etsalaires indécents sont monnaie courante.Beaucoup de bananeraies dépendent dugroupe Noboa, connu pour sa marque debananes Bonita. Noboa est le plus grandproducteur et exportateur de bananes enEquateur ainsi que la 5ème plus grandemultinationale de la banane, et contrôle 4%du marché mondial de la banane. Même siles droits syndicaux ont été renforcésconsidérablement en Equateur suite à desefforts substantiels fournis par legouvernement depuis 2008, beaucoup deproducteurs restent hostiles aux syndicats etune nouvelle vague de violations des droitssyndicaux en 2012 montre que ceux-cirencontrent toujours de sérieux problèmes.

Pour Angel Rivero, Président de laFédération Nationale des travailleursAgroindustriels paysans et indigènes libresen Equateur (FENACLE), «en Équateur le motsyndicat est diabolisé et le dialogue socialest loin d’être une préoccupation pour lesdirigeants d’entreprises.». La Fenacle enappelle à la solidarité internationale afin dedemander à Noboa et aux entreprises quidistribuent les bananes «Bonita» de stopperleurs actions antisyndicales à l’encontre destravailleurs et des travailleuses qui veulentfaire valoir leurs droits pour de meilleuresconditions de travail en Equateur. Un appelpeut être signé sur www.lejustefruit.org.

Christiane FischerSources: - Bananalink, www.bananalink.org.uk- Le Juste Fruit, www.lejustefruit.org- Ethiquable- Le Courrier international, n° 1155

En 1973, les «Bananenfrauen» (femmes-bananes) ont débuté leur action en Suisse pour dénoncer les impacts sociaux etenvironnementaux de la culture de la banane dans les pays du Sud. Aujourd'hui, quarante ans plus tard, la situation restetrès problématique pour de nombreux producteurs: exemple avec les producteurs de bananes équatoriens.

Les producteurs de bananes en

difficulté

1 Citations tirées de l’article «La banane n’a plus la pêche» du n° 1155 du Courrier international (20 décembre 2012 au 2 janvier 2013).

Photo: TerrEspoir

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Quotidiennement, la grande majoritéd’entre nous effectue des actes d’achats,qui deviennent souvent automatiques. Or,même derrière le plus simple desproduits, se trouve une histoire et unefilière de commercialisation. Quand ils’agit d’aller «à table», toute une série deréflexions sont nécessaires, au-delà desréflexions sur les menus des prochainsjours: chaque achat a un impact social,environnemental et économique qu'il estimportant d'avoir à l'esprit et de rendre leplus positif possible. Tour d’horizon dessept produits pris sous la loupe desMagasins du Monde, illustrant chacun un«plus» des Magasins du Monde, en plusd’un prix équitable et d’une prime ducommerce équitable garantis.

Amandes – cultures à échelle humaine«Je ne mangerai plus d’amandes» a-t-onpu entendre à la sortie des salles decinéma qui ont projeté le documentaire«More than honey» ces derniers mois. Eneffet, des monocultures californiennesd’amandiers s’étendent à perte de vuedans ce documentaire, qui en montre ladémesure et la dépendance aux

pesticides. La Californie est le plus grandproducteur mondial d’amandes, avec plusde 700'000 tonnes produites en 2011. Or,les monocultures à grande échelle arriventvite à des limites liées à des impactsnégatifs sur l’environnement et à l’usagede plus en plus important d’intrantschimiques pour pouvoir maintenir unecertaine productivité. En alternative àcette réalité, une culture à échellehumaine s’impose. La voix desproducteurs, pages 11 et 12, explicite endétails la démarche des producteursd’amandes de l’organisation Sindyanna,en Galilée. Gebana a mis en place depuispeu un projet dans le gouvernorat deKasserine en Tunisie: cultivées par depetits producteurs sur des parcelles de 1à 3 hectares, en association avec despistaches et des légumes et en parallèle àl’élevage de chèvres et moutons, lesamandes offrent de nouvellesperspectives aux producteurs, suite à larévolution qui a grandement affectél’économie locale. Ce tout nouveau projetest soutenu et développé par GebanaMaghreb. Dans un premier temps, 1.5tonnes d’amandes ont pu être exportées

Dossier

Avec ce premier acte de campagne, les Magasins du Monde souhaitent interroger tout un chacun sur ses habitudesd’achats et sur ce qui se trouve derrière un produit – d’où vient-il, qui l’a produit et emballé ? Sept produits accompagnentcette démarche et permettent de mettre en évidence plusieurs aspects fondamentaux qui devraient être garantis pourchaque produit – et qui ne le sont, dans beaucoup de cas, que partiellement.

Sept produits, sept ⊕des Magasins du Monde !

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Photo: Sindyanna of Galilee

Photo: Sindyanna of Galilee

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dans la filière du commerce équitable en2012 et 3.5 tonnes sont planifiées pour2013. La production d’amandes est parailleurs en cours d’obtention de lacertification bio. Avec respectivement 3.5tonnes et 100 tonnes de productioncommercialisées, Gebana et Sindyannapermettent une agriculture à échellehumaine, en mains de petits producteursqui, par une culture diversifiée et non desmonocultures d’amandiers, permettentune diversification de leurs sources derevenus.

Gingembre – culture associéePour les producteurs de TerrEspoir, «legingembre est un peu le persil de nosbalcons», souligne Christophe Reymond, àsavoir que c’est une culture associée etqui enrichit la diversité de la productiondes petits agriculteurs des fruitsTerrEspoir, sans en être la cultureprincipale. La diversité est le maître motdes producteurs de TerrEspoir, ce qui leuroffre aussi plusieurs débouchéscommerciaux. Le gingembre, tolérantl’ombre, est une culture idéale pourl’agroforesterie où ses rendements sontplus élevés qu’en monoculture.Cependant, la compétition croissante de laChine et d’autres marchés globaux, où lesprix sont bas, constitue un défi pour lespetits producteurs de gingembre, auCameroun et ailleurs.

Limes - ça vient d’ailleurs, mais c’est équitable !Le commerce de fruits tropicaux est trèscritique pour leurs producteurs, qui nereçoivent pas un prix équitable pour leurproduction. Pour les fruits qui ne peuvent

pas être cultivés sous nos latitudes, maisqui, comme la lime, font partie desingrédients de nombreux plats, salades etdesserts, il est essentiel de s'assurer queleur provenance garantit un revenuéquitable aux producteurs. Les limes desMagasins du Monde sont, comme legingembre, une culture associée avecd’autres agrumes et arbres fruitiers deproducteurs de TerrEspoir au Cameroun.

Riz – biodiversité et agriculture biologiqueLe riz est la première céréale pourl’alimentation humaine. Présentant unebiodiversité exceptionnelle, cette richessevariétale s’est pourtant érodée de façondramatique depuis l’introduction destechnologies agricoles modernes et desvariétés dites à haut rendement. Pourvaloriser les variétés locales, notammentla variété de riz parfumé Hom Mali, lacoopérative GreenNet a développé depuisles années 1980 un soutien aux petitsproducteurs et productrices du Nord-Estde la Thaïlande, tout en mettant l'accentsur une agriculture biologique et unetransformation locale du riz. Grâce à desdébouchés commerciaux assurés par lesfilières du commerce équitable, desvariétés de riz ont pu être préservées etvalorisées.

Quinoa – valorisationComme nous l'avons développé dansnotre dossier du dernier numéro d'exaequo, le quinoa, fortement convoité surles marchés nationaux et internationaux,amène avec son développement denouveaux défis. Le quinoa, pour êtrecomestible, doit passer par différentes

Photo: GreenNet / claro fair trade

Photo: Atelier Diaphane

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étapes de transformation: il faut d’abord ledébarrasser de la pellicule aigre etsavonneuse qui l'entoure, la saponine.Puis, les débris d'écorce sont éliminés parfrottement et soufflerie. Au processus desélection des grains et d'élimination desdéchets (bois, cailloux,...) suit un nouveautri à l'eau. Le quinoa est finalement séchéau soleil, encore une fois trié, puis pesé etemballé. Beaucoup de petits producteurslivrent leur quinoa brut à des entreprisesd'exportation, qui s'occupent de la suitede la transformation et de lacommercialisation. Un point essentiel ducommerce équitable est d'arriver à unevalorisation maximale de la production auniveau de l'organisation de producteurs.Comme le riz de GreenNet, le quinoa desMagasins du Monde est transformé parl’organisation de producteurs (ANAPQUI)et c'est un quinoa emballé qui est exporté– il s'agit d'une véritable filière mise enplace par les producteurs, créant en plusdes emplois le long des maillons de lafilière.

Huile d’olive – traçabilitéPlus de trois millions de tonnes d'huiled'olive ont été produites au niveaumondial en 2011, dont le tiers a étéproduit en Espagne. L'huile d'olive, denréefort prisée, présente différentes qualités etdifférentes provenances. Plusieursproducteurs misent sur une appellationd'origine contrôlée ou protégée, alors quepour les grandes entreprisescommercialisant d’importants volumes,les huiles d’olive sont mélangées et ildevient très difficile de savoir laprovenance du produit, les indications surl’emballage pouvant se limiter à «Union

européenne» (voir notre interview page 8et suivantes). Pour s'assurer de laprovenance et de la qualité d'une huile, latraçabilité est un facteur très important.Les huiles d’olive des Magasins duMonde, de provenance de Palestine,d'Albanie et d'Italie ont chacune leurparticularité et présentent une excellentequalité. Embouteillées par lesproducteurs, leur traçabilité est garantie.

Lait de coco – alternative commercialeL'objectif du commerce équitable estd'offrir une alternative commerciale auxproducteurs, sans viser une monocultureni une exportation de produit bruts, sanstransformation. Le lait de noix de cocotrouvé le plus communément dans lescommerces est le lait de coco ThaïKitchen, entreprise appartenant à lamultinationale Mc Cormick. Le produitvient de Thaïlande, mais il est ensuitedifficile de savoir dans quelles conditionset par qui il a été produit. Le lait de cocodéveloppé par la coopérative GreenNetvise une diversification des débouchéscommerciaux des producteurs face auxchangements climatiques et assure, avecune agriculture biologique, une productionrespectueuse de l'environnement. C'estdonc une véritable alternativecommerciale qui est construite avec etpour les producteurs.

Ce cheminement au travers de septproduits n'est qu'un début: il suffit de voirla multitude de produits qui peuplent nosarmoires de cuisine et notre réfrigérateurpour voir l'ampleur de notreconsommation quotidienne et l'ampleurdes questionnements que ça implique.

Nous sommes ce que nous mangeons -mais surtout les producteurs et lesproductrices «sont» ce que nous voulonsbien leur rétribuer pour leur travail et pourles coûts liés à la production de ce quenous consommons. En Suisse, enmoyenne 10% du budget d'un ménage estdédié à l'alimentation – ce chiffre est-ilréaliste et permet-il de valoriser le travaildes producteurs et productrices? Acheterjuste ou juste acheter? La réponse estentre vos mains!

Christiane Fischer

Photo: Sindyanna of Galilee

Photo: Atelier Diaphane

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La campagne des Magasins du Mondemet l'accent sur 7 produits. Je vousles énumère au cas où vous auriezdéjà des choses à dire sur l'étiquetagede ces produits spécifiques: le riz, lelait de coco, le gingembre, la lime, lequinoa, les amandes et l'huile d'olive. Ceux sur lesquels j'aurais le plusd'informations sont l'huile d'olive et le riz,nous avons publié des tests à leur sujet.

Quelle est la loi actuelle en matièred'étiquetage des produits ?Il y a une série d'informations qui doiventobligatoirement figurer sur lesemballages: ces informations découlentde la loi sur les denrées alimentaires.L’ordonnance sur l’étiquetage et lapublicité décrit très précisément toutes lesinformations qui doivent apparaître: lenom du produit, la dénominationspécifique qui indique clairement ce quec'est, la date limite, etc. Des ordonnancesspécifiques contiennent des exigences surcertains types de produits. Par exempleune ordonnance sur les céréales, sur lesproduits dérivés du sucre, sur les fruits etlégumes, etc.

En ce qui concerne l’indication de laprovenance, il faut distinguer deuxgroupes de produits: les produits bruts,

dont l'étiquette doit mentionner le pays deproduction, par exemple le pays où unananas a été cultivé, et les produitstransformés dont l'étiquette doit afficher,outre la liste complète des ingrédients, lepays de fabrication ou de transformation.Dans le cas des produits transformés, lamention de la provenance de chaqueingrédient n'est pas obligatoire, sauf dansle cas où un ingrédient dépasse 50% de latotalité du produit. Si le produit contient 4ingrédients qui représentent chacun unquart du produit, il n'y a pas d'obligationd'en faire figurer la provenance.

Si une huile d'olive est un mélange deplusieurs provenances et qu'elle estfabriquée en Espagne ? L'étiquetage ne doit pas tromper leconsommateur: si la marque est italienneet que l'huile est faite essentiellement àpartir d'olives espagnoles, cela doit êtrementionné sur l'étiquette. Les huilesd'olives sont très souvent des mélangesqui varient selon les périodes, d'où lamention courante "Union européenne". Etil y a toujours des informations qui sontdonnées à bien plaire: si le fabricantsouhaite mettre plus d'informations que ceque la loi impose, il peut toujours le faire àcondition que ces informations soientvraies.

Dossier

Lire les étiquettes pour savoir ce que nous achetons, nous sommes de plus en plus nombreux-ses à le faire. Mais parfois, latâche est plus ardue qu'il n'y parait. Comment y voir clair dans l’étiquetage et l’indication de la provenance des produits?Questions à Aline Clerc, Ing. Dipl. EPFL, responsable Agriculture, Environnement & Énergie à la Fédération Romande desConsommateurs (FRC).

Étiquettes: s'y fier

ou s'en méfier ?

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Je vous ai amené un emballage d'eaude noix de coco sur lequel je n'aitrouvé aucune mention de provenanceni de fabrication. En effet, je cherche mais je ne trouve rien.D'après l'adresse, on peut supposer quele produit est fabriqué en Allemagne, maisil est clair que les noix de coco ne sontpas allemandes! Il est évident que la noixde coco représente plus de 50% duproduit, elle est même certainement leseul ingrédient. Je soumettrais bien cetemballage à un chimiste cantonal poursavoir ce qu'il en pense mais à mon avis iln'est pas conforme.

Pour les fruits et légumes, lesemballages mentionnent souvent deuxprovenances, parfois extrêmementéloignées l'une de l'autre… Pour des fruits ou des légumes bruts, laprovenance exacte doit être donnée.Quand un distributeur reçoit descourgettes, il doit savoir d'où ellesviennent. Mais effectivement ce n'est pastoujours respecté dans les magasins; il y adeux ans, une campagne des chimistescantonaux a montré que dans 30% descas, les étiquetages n'étaient pasconformes. La législation prévoit deschoses, mais la négligence desdistributeurs ou plus rarement leur volontéde tromperie, font que les arrivages delégumes ne sont pas toujours bienétiquetés. Le matin, ils reçoivent destomates en provenance d'Italie et l'après-midi en provenance d'Espagne, et laprovenance du ré-achalandage n'est pasrenseignée sur l'étal. De plus, quand il n'est pas possible denommer le pays précis, la loi permetd'indiquer la zone étendue de provenance,par exemple "Union européenne". À laFRC, nous revendiquons un étiquetageplus précis et systématique.

En tant que consommateur etconsommatrice, si la provenance n'estpas indiquée, que peut-on faire ?La première chose est de demander auvendeur le plus proche, simplement pour

montrer que l'on y est attentif. S'il n'a pasle renseignement, éventuellement renon-cer à acheter le produit. On peut aussialler plus loin et demander à parler augérant du magasin. À la FRC, il nous arriveassez régulièrement de signaler des casaux centrales d'achat des grandsdistributeurs quand nous trouvons desindications trompeuses, par exemple undrapeau suisse sur un produit qui vient deFrance, etc. Mais nous ne sommes pasune autorité de contrôle, contrairementaux chimistes cantonaux. Eux peuventfaire des inspections poussées, mais ilssont tenus au secret de fonction et nepeuvent pas divulguer leurs informations,contrairement à nous.

De plus en plus de consommateursfont attention à leurs achats. Pensez-vous que boycotter les produitsvenant de loin peut pousser certainsdistributeurs à volontairement êtreimprécis sur les provenances ? Le pouvoir des consommateurs est réel,mais parfois difficile à mobiliser. Je penseque les consommateurs sont devenus plusattentifs à la proximité et que lesdistributeurs le savent. Prenons l’exempledes fraises sur les étals en février. Cesfraises-là sont correctement étiquetées:elles viennent d'Espagne, personne necroirait qu'elles viennent de Suisse. Parcontre, au moment où les fraises suissessont en production, mais ne couvrent pasla demande, des cas de tromperie peuventarriver, soit au niveau des distributeurs,soit au niveau des intermédiaires ou desgrossistes. Le rayon fruits et légumes,pour les employés des supermarchés, estun rayon difficile: il faut toujours aller à lachambre froide, manipuler des produitsfrais, trier les produits pourris, j'ai souvententendu que c'était un peu la punition detravailler à ce poste! Par conséquent, ilsn'ont donc pas toujours le tempsd'étiqueter correctement. Il y a aussi des problèmes avec lespublicités: dans les magazines, on voitparfois "Asperges, provenance: Suisse,France, Pérou". C'est autorisé dans la

Détails des informations contenues sur les étiquettes des produitsde claro fair trade commercialisés par les Magasins du Monde

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publicité mais au moment de l'achat, laprovenance exacte de la botte d'aspergedoit être indiquée. C'est un peu unemanière d'attirer les gens avec lapromesse de produits suisses, alors qu'enréalité il y en a très peu en magasin.

Où en est-on avec l'huile de palme ?En Suisse, la législation autorise toujoursl'appellation "huile végétale" ou "graissevégétale". L'Europe vient de changer salégislation et nous venons de répondre àune consultation fédérale qui doit prévoird'indiquer la nature exacte de l'huile. Il estprévu qu’à partir de 2014, l’appellationhuile végétale sans plus de précision nesoit plus autorisée. La FRC est satisfaitede ce changement.

Est-ce que la législation prévoitl'indication précise de l'agriculteur qui a produit tel poireau ?Non, la provenance nationale suffit. Seul lepays de production est obligatoire. Si lenom du producteur est indiqué, c'est àbien plaire. Mais les grands distributeursont compris que les consommateurs sonten demande de ces informations, alors ilsadoptent des stratégies marketing pourrépondre à cette demande; on constatequ’ils voient l'agriculture contractuelle deproximité – les livraisons de panier –comme une concurrence.

Les filières sont très difficiles à tracer,preuve en est du scandale récent dela viande de cheval.En effet, ce scandale a mis en évidence unnombre impressionnant d'intermédiairespour un seul ingrédient (la viande), dansun nombre de pays impressionnant aussi.Il faut savoir que les acheteurs regardentle cours à la bourse et achètent aumeilleur prix. Si le cours du cheval chute,il devient très intéressant de le substituerau boeuf… C'est exactement ce qui s'estpassé: l'interdiction de circuler à chevalen Roumanie et la crise économique enEspagne ont poussé ces pays à abattre ungrand nombre de chevaux par impos-sibilité de continuer à les nourrir et à lesentretenir. Et ils se sont retrouvés dans leslasagnes…

Une étude récente montre que lesconsommateurs souhaitent vraimentconnaître la provenance des ingrédientsprincipaux dans les produits transformés,notamment d'origine animale. Avec cegenre d'évènement, c'est d'autant plusd'actualité.

Connaissez-vous les spécificités ducommerce équitable et notamment lesgaranties de la filière intégrée desMagasins du Monde ?Oui, aux Magasins du Monde je sais que latraçabilité va jusqu'à connaître le nom duproducteur au sein de la coopérative. Celagarantit vraiment une transparence et unedistribution la plus équitable possible del'argent le long de la chaîne de produc-tion. Ce qui n'est pas toujours le cas desproduits du commerce équitable engrande distribution.

Nadia Laden

Produits sous la loupe de la FRC

Test riz basmati – article FRC MAGAZINE n°19, juin 2009.

Anecdote: le riz le plus cher du test contenait plus de 60% de riz non basmati (profilgénétique analysé en laboratoire) ! www.frc.ch/tests/le-basmati-passe-a-la-casserole/

Test huile d'olive – article FRC MAGAZINE n°10, juillet-août 2008.

Anecdote: l'huile d'olive étant un produit assez cher, il y a régulièrement des casd'arnaque. La mafia italienne s'orienterait de plus en plus sur la fraude alimentairequi est tout aussi lucrative que le trafic de drogue, tout en ayant l'avantage d'êtremoins sévèrement punie. Les perspectives de profit sont importantes et les risquesencourus moindres.www.frc.ch/wp-content/uploads/2012/01/325.pdf

Détails des informations contenues sur les étiquettes des produitsde claro fair trade commercialisés par les Magasins du Monde

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La voix des producteurs

Le fruit du combatd’une coopérative de petits paysans arabes

L’eau – un droit fondamental pour tous ? «Il est facile de faire fleurir le désert enutilisant l'eau appartenant à autrui et en leprivant d'accès à sa part équitable d'eau.»(Amnesty International, «Les Palestiniensprivés de leur droit à l'eau», 2009)

Depuis la création de l’Etat d’Israël, ledéploiement des colonies et l’essor del’agriculture israélienne, la populationarabe souffre du partage inégal desressources d’eau, et ce non seulementdans les Territoires occupés. Les citoyensisraéliens arabes sont effectivement dansle même cas. Ainsi, ils n’ont pas non plusle droit de creuser des puits d’une certaineprofondeur, de construire des citernes,d’utiliser de l’eau recyclée bon marchépour l’irrigation des cultures ou des’approvisionner dans les adductionsd’eau destinée aux colonies juives. Il en vatout autrement pour ces dernières quibénéficient, en plus, des ressourceshydrauliques telles que celles du lacTibériade en Galilée, le plus grandréservoir d’eau d’Israël…

La Coopérative d’irrigation IKSAL a obtenu gain de cause !Depuis toujours, les habitants d’Iksal, unvillage arabe de Galilée au pied desmontagnes de Nazareth, essaient de vivred’agriculture. Mais les rendements desterres cultivées sans irrigation – d’abordpar tradition, puis, depuis la création del’Etat d’Israël, par la force des choses –,ne suffisent, en général, pas pour couvrirles besoins des familles. Plusieurstentatives d’obtenir des quotas d’eau sesont soldées par un échec. C’était, dans unpremier temps, également le sort de laCoopérative d’irrigation IKSAL, fondée en

1994. «Nous nous sommes adressés àdifférents organismes pour demander desquotas d'eau, mais nos demandes ont étérejetées à plusieurs reprises pour uneraison ou une autre», témoigne sonfondateur, le fils d’un agriculteur local,engagé, après son doctorat en agronomie,comme expert en arbres fruitiers auministère de l’Agriculture, tout enpoursuivant: «Après des années d'effortset de ténacité, on nous a, finalement,octroyé des quotas pour 600’000 mètrescubes d'eau recyclée. Parallèlement, nousavons obtenu le soutien du ministère del'Agriculture qui a financé une conduited'eau et la tuyauterie nécessaire pouramener l'eau dans quelques parcelles.Dans ces parcelles irriguées nous cultivonsprincipalement des amandiers et desoliviers.»Aujourd'hui, IKSAL réunit 125 membres,tous propriétaires de quelques parcellesde terres. Ils en consacrent environ 40%aux cultures destinées, surtout, à laconsommation familiale (légumes, fruits,olives…), tandis que les amandiers,souvent leur principale ou même leur seulesource de revenu, occupent les 60%restantes.

La culture et la commercialisation des amandes, c’est l’affaire de chaquefamille ! Le principal objectif d’IKSAL est depromouvoir et de moderniser l’agriculturearabe, par l’accès à l’eau et parl’acquisition d’infrastructures permettantl’irrigation des terres. IKSAL se bat, par là-même, également contre l’expropriationdes terres au profit des colons juifs, voirela «judaïsation de la Galilée» prônée par legouvernement alors que la populationarabe y est toujours majoritaire.

Les amandes «Almendra» - le fruit du combat d’une coopérative de petits paysans arabes de Galilée! Sindyanna of Galilee est, comme vous avez pu le lire dans ex aequo 41, tout d’abord une organisation créée pour et par desfemmes. Toutefois, cette association judéo-arabe vise aussi, dès ses débuts, à soutenir des familles paysannes et petitesentreprises arabes d’Israël et des Territoires occupés par la commercialisation de produits typiques de l’économiepalestinienne. claro fair trade en a sélectionné plusieurs, tous disponibles dans votre Magasin du Monde! Il s’agit des savonsà l’huile d’olive fabriqués à Naplouse en Cisjordanie et de deux produits de Galilée, à savoir le mélange d’épices Za’atar ainsique les amandes «Almendra» dont il sera question ici.

Photo: Sindyanna of Galilee

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IKSAL n’est donc pas une coopérative deproduction et de commercialisation debiens agricoles, même si ses membresvisent, évidemment, à augmenter lesrendements des terres, à assurer lasubsistance des familles et à générer desrevenus. Mais dans les faits, chaquefamille cultive individuellement sesamandes – grâce à IKSAL, avec desrendements en hausse, et ce malgré lesrépercussions du changement climatique– et les vend, séparément, la plupart dutemps à des commerçants qui achètenttoute la récolte, en payant le prix dumarché.

La plus-value du commerce équitableLa collaboration entre Sindyanna et IKSALa démarré en 2006; un an plus tard, lepremier lot d’amandes a été importé enSuisse par claro fair trade. Depuis lors,Sindyanna exporte également vers deuxorganisations du commerce équitabled’Italie et du Japon. Malgré lescommandes relativement faibles (env. 5 t.alors que la capacité de productiond’IKSAL s’élève à quelque 100 t.), et desrelations qui se limitent, jusqu’à présent,au domaine commercial, la plus-value ducommerce équitable est tangible. En effet,Sindyanna paie 10% de plus que le prix dumarché, et, de surcroît, d’avance, ce quipermet aux producteurs, par ex., de payerles ouvriers saisonniers à temps.

Les amandes d’IKSAL: un projet exceptionnel… Malgré l’objectif d’IKSAL de créer unprécédent, autrement dit de donnerl’exemple pour que d’autres groupes deproducteurs arabes fassent valoir leur droitd’accéder à l’eau, son cas reste uneexception, comme le constate le fondateurde la coopérative: «Suite à notre succès,plusieurs organisations d’agriculteurs ontessayé de suivre notre exemple.Malheureusement, le ministère del'Agriculture ne tire pas parti de notreexpérience, et rate, ainsi, une excellente

occasion de faire évoluer l'agriculture dusecteur arabe. Jusqu'à présent, IKSALreste un projet exceptionnel et isolé dansle secteur arabe d’Israël.»

… face à deux importants défisà relever !IKSAL est géré par un conseild’administration de neuf membres, tousdes hommes. Rien d’étonnant, parconséquent, si Sindyanna – uneorganisation créée par et pour desfemmes… – prévoit de s’impliquer au-delà de sa relation commerciale avecIKSAL pour favoriser, en collaboration avecla coopérative, la promotion et laparticipation des femmes! Un autre défi àrelever va être l’introduction de la cultureBIO des amandes, qui n’est pas, jusqu’àprésent, pratiquée dans la région…

Gageons que Sindyanna apportera aussidans ce domaine son précieux soutien!

Elisabeth Piras

Les amandes «Almendra» – une chaîne de valeur en construction! Les membres d’IKSAL produisent, comme la majorité des paysans de la région,principalement des amandes à coque tendre, particulièrement grandes et savoureuses,qui portent le nom d’une ville arabe de Galilée, Um al-Fahem, où cette ancienne variétéà été redécouverte il y a quelque trente ans. Les amandes de la région d’Iksal passentpour être les meilleures du pays.

Après la cueillette, il s’agit d’abord d’enlever l’écale verte qui entoure leur coque, puisde les sécher au soleil afin d’éliminer l’humidité et d’empêcher le développement demoisissures toxiques telles que l’aflatoxine. Ce travail est réalisé par plusieurs famillesdu village. Ensuite, les amandes sont vendues, entre autres à Sindyanna, dans leurcoque. En effet, comme tous les autres producteurs arabes du nord d’Israël, IKSAL n’apas les moyens d’assurer leur décorticage ni de payer un sous-traitant. Sindyanna, esten mesure de recourir aux services d’une unité de décorticage moderne, située dansun Kibboutz. Malgré le volume sous-traité relativement petit, il lui est, par ailleurs,possible de contrôler l’ensemble des opérations effectuées.

Toutefois, afin de commercialiser des produits finis à haute valeur tels qu’amandesgrillées, salées, sucrées, enrobées de miel, Sindyanna envisage de se doterd’installations de décorticage, de transformation et d’emballage dès que ses ventesd’amandes le permettront. En attendant, les amandes «Almendra» de claro fair tradesont exportées en vrac et mises en sachets en Suisse, après avoir été, en partie,grillées et/ou salées.

Photo: Sindyanna of Galilee

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ex aequo n°42 - mai 2013

Salade de riz rouge, vinaigrette au

gingembre et lime

La recette

13

Pour un repas léger ou une entrée

80 g riz rouge3 dl eau1 feuille de laurier2 carottes1/2 oignon haché fin1/4 lime

Vinaigrette2 cs vinaigre balsamique2 cs huile d’olive extra vierge1 cc jus de lime

selpoivre

2 cm racine de gingembre frais,pelée, râpée fine

1 botte de roquetteou dents de lion

Les ingrédients en gras sont issus du commerce équitable et sontdisponibles dans l’assortiment des Magasins du Monde.

Bien rincer à l’eau chaude le riz rouge dans une passoire. Porter à ébulition dans l’eau avecla feuille de laurier et laisser mijoter durant 20 à 25 minutes. Laisser gonfler encore 10minutes sur la plaque éteinte. Verser l’eau et retirer la feuille de laurier. Laisser refroidir.

Peler les carottes et les couper en tout petits carrés.

Préparer la vinaigrette.

Mélanger le riz, les carottes et l’oignon avec la moitié de la vinaigrette et laisser tirer durant10 minutes. Retirer les pépins de la lime et la couper en très fines tranches et en quart, lesajouter à la salade.

Répartir la roquette sur les assiettes et y verser le reste de la vinaigrette. Disposer la saladede riz sur la roquette.

Photo: Atelier Diaphane

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Le produit

Le gingembreau bon goût du commerce équitableLes propriétés aromatiques du gingembresont très appréciées. Ce rhizome porte unnom différent dans de nombreuses régions dumonde. Dénommé zenj par les marchandsarabes, il a donné le mot «Zanzibar». AuCameroun, le gingembre est appelé djidja. «Ilest très utilisé dans les cuissons mais il aaussi des qualités thérapeutiques: nettoyagede la gorge, traitement de la grippe et decertaines toux légères» nous raconte le porte-parole du GIC TerrEspoir Cameroun.

Le djidja du commerce équitable produit parle GIC TerrEspoir est cultivé essentiellementdans la région littorale du Département duMungo. Plusieurs membres du GIC et leurentourage produisent le gingembre et sont enmesure de livrer un stock important. Legroupe des sécheurs femmes de maképe etles groupes femmes Bandjoun et Sénevétransforment le gingembre en poudre surcommande.

Ce rhizome est une épice qui relève àmerveille les mets. Le gingembre est utilisédans de nombreuses cuisines du monde.Citons le gari japonais, le masala indien, lepain d’épices occidental, le galanga thaï, legingembre râpé dans du thé, le jus degingembre pressé, la bière de gingembre deJamaïque et… la liqueur artisanale deCarouge!

Le gingembre: à consommer sans modérations’il a le bon goût du commerce équitable!

Elisabeth Kopp-Demougeot

Photos: TerrEspoir

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15 ex aequo n°42 - mai 2013

Action citoyenne

«Je m’appelle Gert et travaille depuisplus de vingt ans dans la même ferme.La vie y est terrible. Je ne me plainsmême pas du salaire de misère, jevoudrais juste que l’on me respecte. Jeveux travailler sans avoir peur tout letemps. Je ne veux pas que l’on me batteavec une bêche.»

Propos recueillis à Ashton, 16.11.2012

Par les grèves et les protestations qui ontdébuté le 6 novembre 2012 dans la petiteville sud-africaine de De Doorns, lesouvriers et ouvrières agricoles exprimentune colère alimentée par des décenniesd’une exploitation indicible. Et De Doornsne se distingue en rien de centainesd’autres petites villes agricoles d’Afriquedu Sud: les travailleurs et les travailleusessont partout victimes des mêmes abus.

Le soulèvement à De Doorns fait pourtantfigure de tournant historique. De Doornsmarque la prise de conscience de la main-d’œuvre agricole. La revendication d’unsalaire minimal de 150 rands (16 francs) parjour est au cœur d’une lutte qui fait tached’huile. Depuis novembre, des actionsspontanées ont ainsi secoué de nombreuseslocalités du Cap occidental. Après avoir trimétoute leur vie sous le joug d’un système quasiféodal, totalement dépourvus de syndicats,les ouvriers et ouvrières se soulèventaujourd’hui pour exiger un salaire décent etde meilleures conditions de vie.

Le mouvement de protestation est emmenépar la jeune génération rurale, qui refuse decontinuer à supporter les abus etl’oppression. Les femmes sont les fers de

lance du mouvement, montant souvent enpremière ligne. Ouvrières agricoles, ellesgagnent encore moins que les hommes, alorsqu’elles ne sont même pas sûres d’obtenir untravail et un logement à la ferme.

Pour le moment, un accord entre lessyndicats et le ministère de travail a fixé lesalaire minimum à 105 Rand par jour.Résultat qui n’est pas accepté par tout lemouvement de protestation.

Au Paraguay, le 15 juin dernier, onze petitspaysans et six policiers ont perdu la vielorsque les forces de l’ordre sont venuesévacuer manu militari une propriétéoccupée. Il s’est avéré par la suite que lescoups de feu qui ont atteint les policiersn’ont pas été tirés par les occupants maispar des tiers. On peut dès lors supposerque tout a été mis en scène afin deprovoquer les affrontements, d’autant queceux-ci ont servi de prétexte, une semaineplus tard, pour destituer le présidentFernando Lugo.

Il n’y a jamais eu d’enquête officielle. Lapolice a incendié le camp des occupants,détruisant ainsi les traces et les indices quiauraient permis de faire toute la lumière

sur les événements. Par contre, treize dessans terre sont accusés de meurtre etrisquent des années d’emprisonnement.Depuis lors, le mouvement paysanpopulaire MAP s’active à défendre lesaccusés et a obtenu la libération de deuxd’entre eux. Le MAP est toutefois lui-mêmeconfronté à une vaste campagne dediffamation et de criminalisation dans lesmédias nationaux.

Avec sûreté on peut dire que derrière toutecette campagne au Paraguay, il y a lesgrands propriétaires terriens de laproduction de soja et avec eux lesmultinationales de l'agro-industrieMonsanto et Syngenta. Seulement quelquesjours après le putch contre Lugo, ils ontreçu le permis d’utilisation d’une nouvellegénération de soja génétiquement modifié.

Luttons ensemble avec les ouvriers enAfrique du Sud et les petits paysans auParaguay pour que la dignité humaine soitrespectée dans le secteur agraire.

Urs Sekinger, coordinateur SOLIFONDSSOLIFONDS fête cette année

ses 30 ans d'engagementwww.solifonds.ch

La lutte pour la terre devient plusdure. Les principaux concernés sontles hommes et femmes qui doiventvivre de la terre. Le SOLIFONDSsoutient donc le soulèvement desouvriers et ouvrières agricoles enAfrique du Sud et la résistance desSans-terre au Paraguay.

Famille de petits producteurs au Paraguay: leur maison a été incendiée dans le but de les chasser de leurs terres Photo: Reto Sonderegger

Pour la

dignité humainedans le secteur agraire

Les Magasins du Monde sont membres de Solifonds

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Equigeste n° 14

ex aequo n°42 - mai 2013

Abonnement 2013: je m’abonne à ex æquo à titre de Bénévole 30 CHF Membre soutien 110 CHFAMI des Magasins du Monde 70 CHF Parrain/Marraine 360 CHF

Je règle la somme au moyen d’un bulletin de versement à l’adresse suivante:Association romande des Magasins du MondeRue de Genève 52, 1004 Lausanne, CCP 12-6709-5

Nom ______________________________________________________

Prénom ____________________________________________________

Adresse ____________________________________________________

Code postal - Localité __________________________________________

Bulletin à retourner à l’adresse ci-dessus avec votre règlement. 42

Du gingembre frais ! Oui, mais du

gingembreéquitable !

Photo: TerrEspoir

• 23 mai : ApériCip à Tramelan

• 25 mai: Journée mondiale du commerce équitableDétails des événements sur www.mdm.ch

• 7 juin: Soirée conférence pour les 30 ans du Magasin du Monde de Vallorbe

• 15 juin: fête de la solidarité à Fribourg, stand Magasin du Monde

Agenda

n° 41 - mars 2013exaequjournal des Magasins du Monde

Vie du mouvement

Un plaisir partagé

Dossier

Quinoa: soutenir

une production durable

Lutte contre la spéculation

Le quinoa équitable, une

filière intégrée qui a du sens

Voix des producteursSindyanna of Galilee

Le produitMon histoire

de Pâques équitable

Quinoa et spéculation

sur les biens alimentaires

Photo: Ayrton Orion/AVSF