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N° 2986 DU 11 FÉVRIER 2012 LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE SNLE 40 ANS DE PERMANENCE OPÉRATIONNELLE Mission Jeanne d’Arc Le Dixmude et le Georges Leygues prêts au départ PAGES 2 ET 23 Histoire Koh Chang, la victoire navale oubliée PAGE 30 Commissaires dans la Marine Marins, officiers, administrateurs PAGE 19 3:HIKLNJ=[UWYUV:?c@j@s@q@a; M 01396 - 2986 - F: 2,40 E

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SNLE40 ANS DE PERMANENCE OPÉRATIONNELLEMission Jeanne d’ArcLe Dixmude et le GeorgesLeygues prêts au départ PAGES 2 ET 23

HistoireKoh Chang, la victoire navale oubliée PAGE 30

Commissaires dans la MarineMarins, officiers, administrateurs PAGE 19

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COLS BLEUS®N°2986®11 FÉVRIER 2012®3

ÉDITORIALSOMMAIRE

40 ANS DE PATROUILLESOPÉRATIONNELLES

PASSION MARINE

VIE DES UNITÉS 19

De commissaire « de » la Marine à commissaire « dans »la Marine • Mission surpêche : protéger les ressourceshalieutiques du Sénégal • Mission Jeanne d’Arc : leDixmude et le Georges Leygues prêts au départ •Visite saoudienne à Toulon • Marins diplomates auPays basque

CHRONIQUE DU PERSONNEL 26

Le prix Amiral Le Pichon récompense six innovateurs• Cérémonie de remise des prix à maistrance •Calendrier de la tournée des ports du DPMM

ESPACE LOISIRS 29

Brest retrouve ses couleurs• Les lauréats du 42e Salon de la Marine

HISTOIRE 30

Koh Chang, la bataille oubliée

AGENDA 33

LE MAGAZINE DE LA MARINE NATIONALE

Ce numéro de Cols Bleus nous permet de plonger dans l’histoire denos forces sous-marines avec la naissance de lacomplémentarité marine de la dissuasion, tout autant qu’il dévoilela future mission Jeanne d’Arc assurant la formation des

nouvelles générations de cadres des armées et administrations deplusieurs nationalités, comme la présence et le rayonnement de notrepays à travers le monde. La mission Jeanne d’Arc s’ouvre en effet toujours davantage à unedimension diplomatique, interarmées et internationale plus universelle,comme le montre par exemple l’embarquement d’administrateurs desaffaires maritimes et d’officiers étrangers, ou encore de Saint-Cyriensqui viennent découvrir les missions des forces aéromaritimesfrançaises déployées dans un contexte interarmées.C’est aussi l’occasion de promouvoir à travers le monde le savoir-fairede l’industrie navale et maritime française, en embarquant à bord duDixmude une exposition organisée par le GICAN (Groupement desindustries de construction et activités navales), ou encore laprésentation de la future mission scientifique Sea Orbiter surl’observation du monde sous-marin. Le rayonnement de cette missionJeanne d’Arc sera également assuré grâce à l’embarquementtemporaire de journalistes, de peintres officiels de la Marine,d’écrivains de marine, de représentants du monde maritime et dehautes personnalités. En véritable média entre tous les domaines d’activité, les différentescultures, et tous ceux qui partagent un même attrait pour la Marine, lamer et le monde maritime, votre revue s’attache ainsi chaquequinzaine à vous présenter un très large spectre de la vie de nosunités et des marins au service d’un éventail de missions toujours pluslarge et ouvert sur le monde.C’est dans cet esprit, que nous vous proposeronsprochainement des informations et pistes deréflexions sur les divers domaines concernantle monde maritime, qui montrent aujourd’huicombien la mer devient un formidable enjeu pource XXIe siècle qui s’ouvre à nous.Restant à votre écoute, je vous souhaite uneexcellente lecture.

Capitaine de vaisseau Dominique de Lorgeril,directeur de la publication

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AZIMUT 4

ACTUALITÉ 6

Le Vendémiaire entre tigres et dragons • Réceptiondu deuxième EDA-R • Ban d’Hyères : remise de déco-rations • L’IGA Pintart à la tête du MCO naval • Desavions du groupe aérien embarqué en terre britan-nique • Les cadets des marins-pompiers de Mar-seille • « L’amitié entre la terre et la mer » • For-mation des élèves commissaires de la Marine,évolution en perspective • Le Siroco à l’œuvre àPointe-Noire • Le La Motte-Picquet fait des affaires

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180Département, collectivitéou territoire d’outre-mer

Saint-Pierre-et-Miquelon

Saint-Barthélemy

Saint-Martin

Guadeloupe

Martinique

Polynésie française

Guyane française

Clipperton

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Azimut

SITUATION DES BÂTIMENTS

DÉPLOYÉS AU 2 FÉVRIER 2012

DÉPLOIEMENT ATLANTIQUE-TCD Siroco/Opération Corymbe/

-BPC Mistral/Bold Alligator/

-FS Ventôse/Surveillance maritime/

-FS Germinal/Surveillance maritime/

-Batral Dumont d’Urville/Surveillance maritime/

-CMT Croix du Sud/Surveillance des mines/

-CMT L’Aigle/Surveillance des mines/

-PSP Flamand/Police des pêches/

-PSP Pluvier/Police des pêches/

-RHM Malabar/Police des pêches/

-BCR Somme, FASM Latouche-Tréville, CMT Andromède,

Aviso LV Lavallée, BE Chacal, BE Guépard, BE Panthère,

BE Tigre, BE Jaguar

DÉPLOIEMENT OCÉAN PACIFIQUE-FS Vendémiaire, RR Révi

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Atlantique II CommandosSous-marin lanceur d’engin (SNLE)

En mission permanente

Mayotte

La Réunion

Wallis-et-Futuna

Nouvelle-Calédonie

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DÉPLOIEMENT OCÉAN INDIEN-FS Floréal/Opération Atalante/

-FASM La Motte-Picquet/Opération

Enduring Freedom/

-FS Nivôse/Surveillance maritime/

-PSP Le Malin/Surveillance

maritime/

DÉPLOIEMENT MÉDITERRANÉE-BH Beautemps-Beaupré/Déploiement hydrographique/

-FDA Chevalier Paul/Surveillance maritime/

-FASM Jean de Vienne/Surveillance maritime/

-Aviso CDT Bouan/Surveillance maritime/

-PA Charles de Gaulle, BPC Dixmude,

FLF Aconit, FLF Courbet, PH l’Adroit, Aviso CDT

Ducuing, Aviso EV Jacoubet, CMT Céphée

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INFOactus

LE BPC TONNERRE REND HOMMAGE AU MAÎTRE LEFORTLe 17 janvier, une cérémonie s’est déroulée à bord du BPC Tonnerre à l’occasion de l’inauguration de la salled’alerte Maître Lefort. L’équipage a rendu hommage au maître Jonathan Lefort, ducommando Trepel, tombé pour la Franceen Afghanistan le 18 décembre 2010. Le vice-amiral Christophe Prazuck, commandant la Force maritime des fusiliers marins et commandos, étaitprésent. Une cérémonie d’hommagedigne, pleine de sens, ainsi que l’a rap-pelé le capitaine de vaisseau Quérat,commandant le BPC Tonnerre : « Cettecérémonie vise à donner du sens à nosmarins et sur l’engagement qu’ils ont li-brement contracté. Notre condition demilitaire justifie notamment un devoir demémoire et une solidarité vis-à-vis de nosfrères d’armes engagés actuellement en Afghanistan. »

LE VA PRAZUCK, ALFUSCO, ET LE CV QUÉRAT,COMMANDANT DU TONNERRE, APRÈS LE DÉVOILEMENT DE LA PLAQUE.

MAISTRANCE CONVOCATION EN PRÉSENCE DE MME ALLIOT-MARIEVendredi 20 janvier, une cérémoniesolennelle de remise de convocation à l’École de maistrance à six jeunesoriginaires du Pays basque s’est dérouléeà la mairie de Saint-Jean-de-Luz.À cette occasion, Michèle Alliot-Marie,ancien ministre de la Défense etpremière adjointe au maire de Saint-Jean-de-Luz, a évoqué les thèmes de ladéfense et des valeurs véhiculées par lesmétiers de militaires et spécifiquementcelles de la Marine. Tandis que lecapitaine de frégate Boris Solin,commandant la marine à Bayonne, aillustré les enjeux du monde maritime etprésenté aux futurs élèves de maistrancela Marine dans laquelle ils vont s’engager.Il a notamment insisté sur le renouveaude l’ensemble des composantes de la Marine dans les prochaines années.Enfin, le major Lachiver, chef du Cirfa de Pau, a évoqué sa longue carrière et le maître Lénier, de la base navale de l’Adour, a partagé ce qu’il a retenu de sa scolarité à l’École de maistrance :fierté, cohésion, rigueur, école de vie.

E N B R E F

RÉCEPTION DU DEUXIÈME EDA-R

1 Le 24 janvier 2012, la Direction générale de l’ar-mement (DGA) a réceptionné le deuxième enginde débarquement amphibie rapide (EDA-R n°2).Le premier EDA-R, réceptionné le 24 novembre2011, a quant à lui quitté la base navale de Toulonle 9 janvier avec le BPC Mistral pour participer àl’exercice amphibie multinational Bold Alligator,qui se déroule du 24 janvier au 13 février sur lacôte Est des États-Unis. Long de 30 m et large de 12 m, les EDA-R ontune capacité d’emport nominale de 80 tonnes et

LE VENDÉMIAIRE ENTRE TIGRES ET DRAGONS

1 Deux mois à peine après son retour d’Austra-lie et de Nouvelle-Zélande, la frégate de surveil-lance Vendémiaire, basée à Nouméa, repart en mis-sion pour un déploiement de quatre mois en Asie.Le 23 janvier 2012, le Vendémiaire a quitté Nou-méa pour une longue mission en Extrême-Orientet en Asie du Sud-Est. Le bâtiment patrouilleradans les eaux archipélagiques des îles voisines de laNouvelle-Calédonie : les îles Salomon, Palau, puisles Philippines, avant de mettre le cap plus au nord,avec notamment une escale au Japon. La frégatese rendra ensuite en Corée du Sud et en Chine etpoursuivra son déploiement le long des côtes d’Asiedu Sud-Est : Vietnam, Cambodge, Malaisie, Thaï-lande, passant ainsi des « Tigres asiatiques » (lesnouveaux pays exportateurs) aux « quatre Dra-gons » (les nouveaux pays industrialisés d’Asie).

Enfin, le chemin du retour sera l’occasion d’unarrêt au Timor Leste et en Papouasie-Nouvelle-Guinée.Ces missions dans le Pacifique et en Asie rapellenttout l’intérêt accordé à une coopération étroite avecces pays. Cet attachement se concrétisera par des col-laborations militaires avec les armées des nationsamies. Le bâtiment effectuera également la sur-veillance des pêches en haute mer dans certaineszones sensibles dans le cadre de la Western andCentral Pacific Fisheries Commission (WCPFC)et de la Pacific Islands Forum Fishery Agency (FFA).Plus largement, le Vendémiaire apportera un sou-tien aux autorités diplomatiques et consulairesfrançaises des pays visités. Le bâtiment retrouverale lagon calédonien à la fin du mois de mai aprèsplus de 115 jours de déploiement.®

une vitesse de 18 nœuds à pleine charge et de 30nœuds à vide. Basé sur un concept unique aumonde (L-CAT - Landing Catamaran) brevetépar la société CNIM (Constructions industriellesde la Méditerranée), l’EDA-R est un catamaranrapide en mode transit, qui se transforme en navireà fond plat pour plager et enradier, grâce à uneplate-forme élévatrice centrale. Chaque BPC peutemporter deux EDA-R dans son radier. La récep-tion des tr oisième e t quatrième EDA-R inter-viendra d’ici mi 2012. ®

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PMM BAYONNEPRÉSENTATION AU FANION DE LA PROMOTION2011-2012 Les 28 stagiaires de la préparationmilitaire marine (PMM) Renaud’Elissagaray ont reçu, le 28 janvier, leur fanion des mains du commissairegénéral (2S) Jean-Claude Soulé, au centre-ville de Bayonne. Les délégations des porte-drapeauxvenus nombreux pour l’occasion, ainsi que les associations d’anciensmarins se sont jointes à l’événement,montrant le lien précieux qui existe entre toutes les générations de marins.La garde d’honneur était composée de cinq marins affectés sur le bâtimentd’expérimentations et de guerre des mines (BEGM) Thétis, parrain de la PMM Bayonne en escale pourcette occasion à Bayonne. Dans son discours, le capitaine defrégate Boris Solin, commandant de la Marine à Bayonne, a tenu à soulignerla portée symbolique et l’importance de cette journée pour les jeunesstagiaires mais aussi pour leurs familles.

LE CASSARD ACCUEILLE LA PMM DE DIJON Deux jours durant, les 27 stagiaires(dont 7 filles) de la préparation militaire maritime SM Denommey ont pu découvrir le fonctionnement de la frégate Cassard, parrainée par la ville de Dijon depuis le 21 mai 1987.Du 20 au 22 janvier 2012, les jeunes ont également visité d’autres bâtiments : le BPC Tonnerre, un pétrolier-ravitailleur, un sous-marinnucléaire d’attaque et un aviso escorteur.Ce n’était pas une simple visitetouristique pour les apprentis marins.Ces derniers ont partagé le quotidien de l’équipage du Cassard, participant aux quarts à la coupée et à un atelier matelotage. Des activités qui leuront permis de comprendre au mieux la réalité des métiers de la Marine.L’aventure continue pour ces jeunes qui défileront avec une délégation de l’équipage de la frégate Cassardle 13 juillet prochain à Dijon.

E N B R E F

1 Vendredi 27 janvier 2012, sur la base d’aéro-nautique navale d’Hyères, le vice-amiral d’esca-dre Yann Tainguy, commandant la zone, la régionet l’arrondissement maritimes Méditerranée, pré-fet maritime de la Méditerranée, a remis des déco-rations à l’équipage d’hélicoptère de la flottille 35Fqui a secouru, le 27 août dernier, un naufragé enmer au large d’Antibes. Ce jour-là, l’équipage du Dauphin de service publicavait été contacté par le Cross Med pour secourir

BAN D’HYÈRES REMISE DE DÉCORATIONS

le navigateur du Sirendipity, tombé accidentelle-ment de son voilier. Dans des conditions météo-rologiques difficiles et après 3 h 30 de recherches,le skipper a été repéré puis pris en charge par l’équi-page. L’amiral a salué leur détermination et leursens du devoir, avant de décorer le lieutenant devaisseau Gilles Plaisance (chef de bord), le capi-taine Alexandre Guerois (co-pilote de l’Alat), lepremier maître Sébastien Lassalle (treuilliste) et lesecond maître Frédéric Talguen (plongeur). Ils ontreçu la médaille d’or de la défense nationale avecétoile de bronze. L’officier principal du corps tech-nique des affaires maritimes Philippe Michaud,chef de quart du Cross Med lors de l’intervention,a reçu une lettre de félicitations.Lors de cette cérémonie, le premier maître AlainKieffer et le quartier maître Florence Jehan duCross Med ont également reçu une lettre de féli-citations pour avoir participé aux recherches dela navigatrice Florence Arthaud. Ce même jour, en présence du président de l’as-sociation Castel Mauboussin qui œuvre à l’inser-tion professionnelle des personnes handicapéesen milieu aéronautique, Eric Dabas a reçu soncontrat de travail de TSEF (technicien supérieurd’études et fabrications) des mains du capitainede vaisseau Frédéric Babin-Chevaye, comman-dant l’aéronautique navale d’Hyères. Eric Dabas,pilote professionnel, sera instructeur sur simulateurDauphin/Panther à la BAN d’Hyères. ®

1 Le 28 janvier 2012, l’ingé-nieur général de l’armementFrançois Pintart a pris les com-mandes du service de soutiende la flotte (SSF) en remplace-ment de l’ingénieur général del’armement Jean-Michel

Labrande, qui occupait ce poste depuis 2007.Diplômé de l’École Polytechnique (promotion1980) et de l’École nationale supérieure de tech-niques avancées (1985), le nouveau directeur duSSF a fait l’essentiel de sa carrière au sein de laDirection générale de l’armement (DGA). Après un

L’IGA PINTART À LA TÊTE DU MCO NAVALdébut de carrière dédié aux missiles, il se consacreen particulier, au sein du bureau de programmefranco-italien, aux familles de systèmes sol-airfuturs (dont le SAAM du porte-avions) dont ilprend la responsabilité en 1997. De 2000 à 2003, ilest en plus directeur du programme PAAMS (Prin-cipal Anti-Air Missile System) mené en coopéra-tion avec le Royaume-Uni et l’Italie. En 2004, ilrejoint les programmes navals et, en 2007, prend latête de l’unité de management « opérations d’ar-mement navales » en charge des opérations d’ar-mement navales (bâtiments de surface et sous-marins). ®

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INFOactus

CÉRÉMONIE DE REMISE DE FANION À LA PMM DE CHAMBÉRYLe 21 janvier 2012 à Aix-les-Bains(Savoie), en présence de M. Dord,député maire d’Aix-les-Bains, le lieutenant-colonel Abbonen, déléguémilitaire départemental adjoint de la Savoie, a présidé une cérémonie de présentation au fanion de la session2011-2012 du centre de préparationmilitaire marine de Chambéry. De nombreuses autorités civiles etmilitaires étaient présentes.Le matelot Lancelot, major de la session2010-2011, actuellement embarqué surl’aviso Commandant L’Herminier aprésenté le fanion.Cette première cérémonie en terre de Savoie a permis de rappeler les faits d’armes de son parrain : le lieutenant de vaisseau Laurent,savoyard, pilote de l’aéronautique navale engagé dans les Forcesfrançaises libres, mort pour la Francelors de la Seconde Guerre mondiale, etde rendre hommage aux quatre soldatsde la 27e brigade d’infanterie demontagne, morts pour la France, tuésen Afghanistan le 20 janvier 2012.

E N B R E F DES AVIONS DU GROUPE AÉRIEN EMBARQUÉ EN TERRE BRITANNIQUE

1 Du 30 janvier au 11 février, une dizaine d’avionsde chasse Rafale Marine et Super Étendard Moder-nisé des flottilles 11F, 12F et 17F ont participé àl’exercice Gallic Marauder 2012. Pour cet entraî-nement opérationnel d’appui aérien (Close AirSupport) organisé par l’aéronautique navale, despilotes français et anglais et des contrôleurs aériensde l’armée de Terre française se sont retrouvéspour échanger et préparer ensemble la mission. Les chasseurs du groupe aérien (GAé) ont mené unentraînement tactique en deux phases avec lesHawks de la Royal Air Force et la Royal Navy, suc-cessivement dans les régions de Pembrey (pays deGalles) et de Plymouth (Angleterre). La premièresemaine était dédiée à des tirs canon et bombesd’entraînement sur le champ de tir de la Royal AirForce, alors que la suivante était réservée à un

entraînement tactique des troupes au sol et despilotes, dans le camp d’entraînement des RoyalMarines. Pour ces missions d’appui des troupes au sol, descontrôleurs aériens des armées de Terre françaiseet britannique étaient sur le terrain chargés de gui-der les avions sur les objectifs désignés.Cet exercice est l’occasion d’entraîner simultané-ment les pilotes du GAé et les contrôleurs à terrehabitués à travailler ensemble pour ce type de mis-sion. Cette période d’entraînement, essentielle à la for-mation interalliée des pilotes français, permetd’améliorer la culture tactique commune, de par-tager des expériences opérationnelles et de déve-lopper l’interopérabilité avec l’armée de Terre etles forces britanniques. ®

1 Le 1er février 2012 a eu lieu la cérémonie deprésentation de la première promotion des cadetsdes marins-pompiers de Marseille. Sur le site de laParette de l’école des marins-pompiers de laMarine, 42 jeunes issus des 8 secteurs de Marseilleont signé la charte des cadets en présence du vice-amiral Jean Michel L’Hénaff, commandant leBMPM, de M. Bénéfice, inspecteur d’académie,de M. José Allégrini, adjoint au maire délégué auBMPM, et des autorités municipales. Cette nouvelle structure, créée par délibération duconseil municipal du 12 décembre 2011, transcritla volonté commune de la ville de Marseille et duBMPM de renforcer les liens entre l’unité et lapopulation marseillaise et de permettre à de jeunesMarseillais de 14 à 16 ans, de découvrir le métierde marin-pompier, ses missions et ses contraintes.Pendant une année scolaire complète, à raisond’un après-midi par semaine, les cadets auront la

LES CADETS DES MARINS-POMPIERS DE MARSEILLEpossibilité de réaliser, encadrés par des profes-sionnels, des exercices habituellement réservés auxjeunes recrues dans le cadre de leur formation ini-tiale au BMPM (connaissance des matériels et desengins, mise en œuvre de tuyaux et de lances,extinctions de feux réels, initiation à la lutte contreles feux de forêts, formation aux gestes de pre-miers secours, tests sportifs…). Les formationsmaritime et militaire, parties intégrantes du statutde marin-pompier, seront également au pro-gramme. La première promotion de 42 cadets des marins-pompiers de Marseille a débuté son programme le4 janvier 2012 et leur session ne durera donc qu’unsemestre. Cette aventure s’achèvera pour eux parleur participation au défilé du 14 Juillet, aux côtésde leurs ainés du BMPM. La prochaine promo-tion suivra quant à elle un cycle complet s’étalantd’octobre 2012 à juillet 2013. ®

DÉCOLLAGE D’UN RAFALEMARINE DE LANDIVISIAU.

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LE BEAUTEMPS-BEAUPRÉEN ROUTE VERS L’OCÉANINDIENLe 27 janvier 2012, le bâtiment hydro-océanographique Beautemps-Beaupréa quitté Brest, son port d’attache, pourune mission scientifique en océan Indien.Le Beautemps-Beaupré effectuera desrelevés scientifiques dans les régions où les informations manquent. Cettemission s’achèvera au début de l’été. Lenavire sera ensuite ouvert au public lorsdes Tonnerres de Brest 2012, du 13 au19 juillet 2012, l’occasion de mieuxcomprendre le rôle d’un tel bâtimentpour la sécurité des navigations.

COUPE DE LA MARINE DE FUTSAL 2012 Les 23 et 24 janvier 2012, à Brest,l’équipe de la base aéronautique navale de Lann-Bihoué a dominé leterrain de jeu lors de la coupe de lamarine de futsal 2012.N’ayant subi aucune défaite lors desphases de poule, les Lorientais étaientoptimistes au moment de la finale de la coupe. Ils ont confirmé leursupériorité technique et physique avec un score sans appel de 11 à 5 contreles joueurs de Toulon. La victoire deshommes et du second maître ÉmilieBrochetteau est amplement méritée.Les amateurs de futsal ont pu assister à une coupe de la Marine où le fairplayest sorti vainqueur grâce notamment aux arbitres pour leur implication et leurs compétences.

E N B R E F« L’AMITIÉ ENTRE LA TERRE ET LA MER »

1 Le 3 février dernier, le sous-marin nucléairelanceur d’engins Le Triomphant et la Commu-nauté d’agglomération du Choletais (CAC) ontsigné un pacte d’amitié, en présence de M. MarcLaffineur, secrétaire d’État auprès du ministre dela Défense et des Anciens Combattants, de l’ami-ral Jacques Launay, inspecteur des armées-Marine,et des deux commandants des équipages rouge etbleu. Ce partenariat, une première pour ce typede rapprochement, vise à établir des échanges et desrelations privilégiés, notamment dans les domaineséducatifs et culturels.« L’amitié entre la terre et la mer. » C’est en cestermes que l’amiral Launay a caractérisé le pacted’amitié entre la CAC et le sous-marin Le Triom-phant. De même, M. Gilles Bourdouleix, députémaire et président de l’Agglomération du Chole-

tais, s’est félicité de cette signature qui pérennise lelien entre la Nation et l’armée. Profondément mar-qué par son engagement au cours des deux guerresmondiales, le Choletais reste attaché au devoir demémoire. La CAC associera Le Triomphant auxprincipales commémorations et apportera égale-ment son appui aux établissements scolaires quisouhaiteront mettre en place des relations avecl’équipage du sous-marin. Les enseignants pour-ront valoriser ces relations selon les projets péda-gogiques développés (instruction civique, histoire,haute technologie…). À l’occasion de la signature de ce pacte d’amitié, lagalerie de l’hôtel de ville accueille, du 20 janvierau 25 février, une exposition pour découvrir Le Triomphant au fil d’une trentaine de photos etde maquettes. ®

FORMATION DES ÉLÈVES COMMISSAIRES DE LA MARINE, ÉVOLUTION EN PERSPECTIVE

1 Dans le cadre de la réforme de l’administrationmilitaire, une école de formation commune auxélèves commissaires ouvrira ses portes à l’été 2013.Elle devrait être implantée à Salon-de-Provence. Cette nouvelle école accueillera sa première pro-

motion d’élèves à l’été 2013, se substi-tuant ainsi aux trois écoles de forma-tion actuelles (EAM, EOCM et ECA(1))et aura pour vocation de former, surdeux années, des officiers qui seront desprofessionnels de haut niveau dans lesdomaines de l’administration et du sou-tien commun des forces, en conservantpour chacun de ses élèves un fortancrage d’armée : ainsi, les commis-saires ayant choisi la Marine auconcours passeront le début de leur for-mation, ainsi que la plus grande partiede la deuxième année à l’École navale et

en stages d’application au sein de la Marine. ®

(1) EAM : École d’administration militaire (basée à Coëtquidan), qui formeles élèves commissaires de l’armée de Terre.EOCM : École des officiers du commissariat de la Marine (basée à Lanvéoc-Poulmic).ECA : École des commissaires de l’Air (basée à Salon-de-Provence).

SIGNATURE DU PACTE D’AMITIÉ EN PRÉSENCE DE M. MARC LAFFINEUR, SECRÉTAIRE D’ÉTAT AUPRÈS DU MINISTRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS, ET DE L’AMIRAL JACQUES LAUNAY, INSPECTEUR DES ARMÉES-MARINE.

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INFOactus

ET SI VOUS ÉTIEZ DÉJÀ MARIN DU FLAMANTSANS LE SAVOIR ?À l’occasion du 24e Forum des métierset des formations du Cotentin àCherbourg, du 25 au 27 janvier 2012,le patrouilleur de service public Flamant a fait escale au quai de France.La Marine était au rendez-vous de cet événement majeur de la région,fréquenté par des milliers de lycéens et collégiens. En soutien du standMarine situé à l’intérieur du forum,le PSP Flamant a œuvré activement àfaire connaître plus concrètement la Marine. Ces quelques jours ont étél’occasion pour environ 500 jeunes du Cotentin de mettre les pieds sur un bâtiment de la Marine nationaleet rencontrer des marins embarqués, au sein de leur unité. La visite du bords’articulait autour de la découverte des métiers de la manœuvre, de la passerelle, de la machine et du commissariat. Le commandant du service de recrutement de la Marine,le CV Philippe Ebanga a profité du PSP Flamant pour donner uneconférence de presse, en présence de journalistes locaux. Il a ainsi réponduà un large panel de questions, allant du format de la Marine à la conciliationde la vie embarquée et familiale, tout en présentant la nouvelle campagnede recrutement de la Marine. Étaientégalement conviées pour l’occasion des jeunes recrues sur le point derejoindre l’institution. Vu l’enthousiasmedes visiteurs, il est à parier quele PSP Flamant aura su susciter denombreuses vocations. Force est de constater que, même parmi lesjeunes générations, le pompon dematelot est toujours aussi attrayant !

E N B R E F

1 Lors de l’escale du TCD Siroco à Pointe-Noire(Congo-Brazzaville), dans le cadre de la missionCorymbe, quarante-cinq marins ont participé àla rénovation des bâtiments de l’école primaireJean-Félix Tchicaya, située dans le centre-ville dePointe-Noire. Cette école, créée en 1930 par lesFrançais, a été donnée au Congo en 1962. Elleaccueille désormais des enfants, garçons et filles,de 6 à 12 ans, répartis sur six niveaux, du CP auCM2. L’école est constituée de deux bâtiments. Lestravaux de rénovation se sont déroulés du 22 au24 janvier 2012. Chaque jour, quinze marins sesont rendus sur place pour effectuer les travauxdemandés : réparer la toiture qui n’était plusétanche par endroits, rénover et repeindre les pla-fonds, ainsi que les murs intérieurs et extérieurs.Le chantier était encadré par un ouvrier congo-lais et deux coopérants français.

LE SIROCO À L’ŒUVRE À POINTE-NOIRE

Les marins du Siroco ont été heureux de pouvoirapporter leur aide lors de cette action civilo-mili-taire grâce à laquelle des enfants pourront étudierdans de meilleures conditions. ®

M. JEAN-LOUIS TOURENNE, PRÉSIDENT DU CONSEILGÉNÉRAL D’ILLE-ET-VILAINE, MME NADA YAFI,AMBASSADEUR DE FRANCE AU KOWEÏT, CV BRUNOTANQUERAY, COMMANDANT DU LA MOTTE-PICQUET, MME JEANNINE HUON, VICE-PRÉSIDENTE DU CONSEILGÉNÉRAL D’ILLE-ET-VILAINE.

1 Le 18 janvier 2012, la frégate La Motte-Picquettouche terre à Koweït City, parée à mener du soutienéconomique. La mission le permet et le bâtiments’y est préparé. Depuis des mois, sous l’impulsionde plusieurs organismes de la région Bretagne et dela Marine nationale, le projet d’un partenariat éco-nomique entre des industriels bretons et koweïtiensse prépare. Soutenu par l’ambassade de France auKoweït, il se concrétise. Pour la frégate, déployée quelques semaines dans leseaux du Golfe, c’est l’occasion de rejoindre en terrekoweïtienne sa ville marraine : Rennes, qui a calé savenue sur l’escale. Un des instants très attendus parl’ensemble des participants est le cocktail organisé àbord et sponsorisé par DCNS. Les industriels et par-tenaires locaux se retrouvent pour la première fois surle même pont afin d’entamer, ou de poursuivre, lesaffaires dans un cadre inhabituel et de prestige. La soi-rée est d’autant plus originale que parmi les entre-preneurs bretons, deux peintres officiels de la Marineexposent. Deux cents personnes sont ainsi réuniesautour des œuvres d’art. Les communautés fran-çaise et koweïtienne, civile et militaire, se mêlent et lesprises de contacts se multiplient.

Cette première expérience de soutien aux entrepre-neurs bretons au Moyen-Orient est couronnée desuccès. Les entreprises bretonnes voient déjà s’ac-croître leurs perspectives de partenariats. Les lienssont resserrés, la dynamique économique est lan-cée. Fier d’ouvrir un nouveau chapitre de la longuehistoire avec Rennes et sa région, le La Motte-Picquetreprend le cours de sa mission dans le Golfe. ®

LE LA MOTTE-PICQUET FAIT DES AFFAIRES

LE CV PHILIPPE EBANGA À BORD DU PSP FLAMANT.

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PASSIONMarine

Le 15 février 1965, s’adressant aux élèvesde l’École navale, le général de Gaulledéclarait : « La Marine se trouve mainte-nant, et sans doute pour la première fois

de notre histoire, au premier plan de la puis-sance guerrière de la France, et ce sera dansl’avenir tous les jours un peu plus vrai. »À l’époque, la capacité nucléaire de la Franceétait constituée d’un escadron de douzeMirage IV avec des bombes de 60 kt, mais àl’évidence, le chef de l’État pensait au premierSNLE, alors en phase de conception et deconstruction à Cherbourg. Ce n’est en effetque sept ans plus tard, le 28 janvier 1972, unsous-marin fera sa première patrouille opé-rationnelle.L’aventure nucléaire de la France avait débutésous la IVe République, et avait connu un essorimportant au début des années 60. La triadestratégique de la dissuasion devait reposer

sur trois piliers, les Mirage IV de l’armée del’Air, les silos du plateau d’Albion opération-nels en 1971 et la composante sous-marineà partir de 1972.Le 28 janvier 1972 était l’aboutissement dehuit années intenses d’études et d’essais, quiavaient été nécessaires pour mettre au pointle premier SNLE. Le défi à relever était consi-dérable, technologique d’abord puisqu’il fallaitconstruire la plate-forme, mener des étudessur les missiles stratégiques et leur chargenucléaire, concevoir un système de navigationpar inertie, les systèmes de transmissions,l’éjection des missiles sous la surface, mettreau point une chaufferie nucléaire, mais aussiconstruire entièrement une base à terre.Le défi humain était aussi essentiel, puisqu’ilfallait concevoir et constituer les équipagesqui allaient armer les SNLE. Enfin, dernierdéfi, souvent ignoré, il fallait intégrer cette

nouvelle composante des forces sous-marinesdans une Marine qui ne lui était pas néces-sairement favorable.Quarante ans après, force est de constaterque les trois défis ont été relevés avec succès.Depuis le 28 janvier 1972, les patrouilles deSNLE se sont relayées sans interruption pourassurer la permanence de la composantesous-marine de la dissuasion. Les matérielsont évolué et plusieurs générations de sous-mariniers se sont succédé à bord, avec lesentiment de faire partie d’une famille bienparticulière, celle des hommes qui passentde longues périodes sous l’eau, loin du mondedes terriens ordinaires et qui sont déposi-taires de la défense ultime de la France.Retour sur l’épopée de la mise au point duRedoutable et du déroulement de sa premièrepatrouille et témoignage de sous-mariniersd’aujourd’hui. ®

40 ANS DE PATROUILLESOPÉRATIONNELLES

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PASSIONMarine

Amiral, en 1964, vous êtes désigné, à 35 ans, pour suivre l’armement du projet Q 252. Pourquoi vous a-t-on choisiet quelle était votre mission ?Pourquoi ai-je été choisi ? Sans doute parceque j’avais tous les sacrements aux yeux dela direction du personnel. J’étais encore jeune,en bonne santé, et j’étais sous-marinier.J’avais commandé auparavant deux sous-marins classiques. J’étais aussi ingénieur engénie atomique ayant fait l’École atomique en1959-1960 et depuis longtemps je m’inté-ressais à la physique nucléaire. J’étais àl’École de guerre lorsque l’amiral Bailleux, leDPMM, m’a convoqué en décembre 1963pour me dire que j’étais pressenti pour suivrel’armement du Q 252. J’étais heureux et fiermais réalisais faiblement ce que j’allais vivre.J’ai d’abord été secrétaire du Comité du per-sonnel des sous-marins, une instance quiréunissait des officiers généraux. Il s’agis-sait de trouver les futurs membres d’équi-page des SNLE. La plupart des personnessollicitées ont accepté. Il faut bien se rendrecompte qu’à l’époque, tout était à inventer. Parrapport aux sous-marins classiques, on chan-geait d’univers. Les grandes décisions avaientété prises et on reste confondu aujourd’hui parl’ampleur du projet. La première « loi de pro-grammes » couvrant la période 1960-1964prévoyait pour l’essentiel le financement de lacomposante aérienne (Mirage IV), des étudessur les missiles (SSBS et MSBS), de laconstruction du prototype à terre et du pre-mier SNLE et enfin de la construction del’usine d’enrichissement de Pierrelatte !Dès 1965, avec deux officiers, j’ai passé plu-sieurs mois à Cadarache pour me familiariseravec le prototype à terre. Il fallait aussi défi-nir les spécificités de tous les postes de quartet la formation correspondante. Pendant cettepériode, j’ai aussi beaucoup réfléchi sur l’or-

Témoignage de l’amiral Bernard Louzeau, premier commandant du Redoutable

SOUVENIRS DE LA PREMIÈRE PATROUILLEOPÉRATIONNELLE D’UN SNLE

Le 28 janvier 1972, il y a exactement quarante ans, le capitaine de frégate Bernard Louzeau, qui sera plus tard chef d’état-major de la Marine, appareillait avec Le Redoutable qu’il commandait pour la première patrouille opérationnelle d’un SNLE. Pendant la décennieprécédente, le commandant Louzeau avait participé très étroitement à la mise au point de ce sous-marin nucléaire. Pour Cols Bleus, il revient sur ce que furent ces années de préparation et sur la façon dont s’est déroulée la première patrouille opérationnelle.

ganisation du bord. Les documents en usagedans la Marine n’étaient pas adaptés, il fallaiten imaginer d’autres. Nous avons ainsi crééun groupement Opérations avec un serviceCalcul, et un groupement Énergie-Propulsionavec un service Sécurité-Plongée inconnujusqu’alors sur les sous-marins et devenu leplus important numériquement.Ces années ont été celles de la réflexion et dela formation personnelle. Les réunions avec lesingénieurs ont été nombreuses, notammentpour définir le plan d’armement. Nous pro-cédions par approximations successives etnous n’avions pas le droit à l’erreur.

En janvier 1967, vous devenez commandantchargé de suivre les travaux d’achèvement.Pour l’anecdote, le général de Gaulle, qui devaitsigner le décret de nomination, s’est étonné demon grade modeste, capitaine de corvette,

pour un tel commandement. Il a demandé àconsulter mon dossier, que la DPMM a adresséà l’Élysée. Il a dû lui convenir, puisqu’il a signé !J’ai rallié Cherbourg le jour du lancement, le27 mars 1967. Il faisait beau, la cérémonieétait présidée par le général de Gaulle, toutesles hautes autorités étaient présentes.Le 26 avril 1968, le bord prenait armementpour essais, c’est-à-dire la responsabilité dela sécurité du bateau. Un premier embryond’équipage était créé, mais il était encoretrès incomplet. Comme la sécurité était monsouci majeur, j’ai demandé un renfort de mate-lots à la DPMM qui m’a envoyé une trentained’appelés. Après une formation à la sécurité-incendie, ils ont assuré, avec beaucoup dedévouement, des tâches de pompiers que jene pouvais pas confier à des officiers mari-niers supérieurs, par ailleurs très occupéspar leur travail.

LE REDOUTABLE À CHERBOURG LE JOUR DE SON LANCEMENT.

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De 1969 à 1971, ce sont les dernièresétapes : les essais à la mer, le premier tirde missile, puis la traversée de longuedurée. Comment les avez-vous vécues ? C’est effectivement une période où il s’estpassé beaucoup de choses. En janvier 1969,on a procédé au chargement du cœurnucléaire, puis le 26 février eut lieu la diver-gence. Nous devenions autonomes à partir duréacteur. C’était un grand changement à bord,puisqu’il fallait une permanence du personnelde quart au réacteur.Commença alors une intense période d’es-sais. L’île Longue n’était pas terminée, nousfaisions donc les essais à partir de Brest. Cesessais concernaient la plate-forme, c’est-à-dire la propulsion, la stabilité, la sécurité-plon-gée, les tubes lance-torpilles… Le systèmed’armes missiles n’était pas encore installé.La première période d’essais à la mer a duréde mai à novembre 1969. Ensuite, nous avonsété en arrêt jusqu’en septembre 1970 pour lesvisites et démontages réglementaires aprèsessais et pour l’installation du systèmed’armes.Le 25 septembre 1970, nous partions de

Cherbourg pour l’île Longue qui était désor-mais prête. Nous n’y sommes arrivés que le10 octobre, entre temps les essais avaientrepris. Ils se sont déroulés jusqu’en juillet1971. Ils étaient consacrés aux essais du sys-tème d’armes et des équipements opération-nels. Durant toute cette période, où il n’y avaitpas encore deux équipages dûment consti-tués, la difficulté pour moi était le changementde personnel à chaque sortie et le maintiend’un bon suivi des essais et du matériel. Lepremier lancement de missile a eu lieu le29 mai 1971 devant le centre d’essais desLandes avec une trajectoire nominale, maisplusieurs incidents nous avaient causé quelquessoucis avant le départ du missile. Le second aeu lieu le 26 juin et cette fois, tout s’est bienpassé. C’est à cette époque que nous avonsprocédé à la partition des équipages. Le CF Bis-son a pris le commandement de l’équipagerouge, moi celui du bleu. À partir de là, chaqueéquipage a vécu sa vie.C’est l’équipage bleu qui a fait la traversée delongue durée (TLD). Appareillage le 7 juillet.Nous avions embarqué quatre missiles opé-rationnels sans charge nucléaire, mais avec

leurs chaînes pyrotechniques actives. Aprèsune phase d’entraînement tactique dans legolfe de Gascogne, nous avons fait route versla mer de Norvège, qui devait être notre zonede patrouille habituelle. C’était la première foisque Le Redoutable naviguait seul. Notre activitédevenait opérationnelle avec de nombreuxessais tels que des procédures de non pis-tage, l’utilisation du système de navigationTransit, des lancements fictifs et des tests detransmissions… Nous sommes rentrés le17 août après 42 jours de mer. L’équipagerouge prit la relève car il fallait bien tester envraie grandeur le changement d’équipage.

Comment avez-vous préparé la premièrepatrouille opérationnelle ? Quel était votre état d’esprit à ce moment-là ?Au retour de la TLD, j’étais pleinementconfiant dans le bateau et l’équipage. Le maté-riel et les hommes s’étaient très bien com-portés. Le 22 octobre, le Président Pompidou,venu à Brest pour le départ de la Jeanned’Arc, a passé la matinée à bord du Redou-table. En novembre, l’équipage rouge a appa-reillé pour une croisière d’entraînement de30 jours. Le bâtiment a été admis au serviceactif le 1er décembre. Un différend est survenuavec la Commission permanente des essaisqui trouvait que tout n’était pas au point et quele programme militaire n’était pas entière-ment atteint. Quoiqu’il en soit, j’avais pleine-ment confiance dans le bateau, et j’ai signésans aucun état d’âme la lettre que tout com-mandant signe à la fin de la période d’arme-ment déclarant que son bâtiment est apte àremplir sa mission. Les activités opération-nelles allaient pouvoir commencer. Nous avonsprocédé à l’embarquement à bord des seizemissiles opérationnels. J’ai réuni l’équipagepour lui dire qu’à partir de maintenant, c’étaitdu sérieux. Je ne doutais cependant pas qu’ilsen étaient conscients !

Comment s’est passé le départ de la première patrouille ?Le jour du départ a été fixé au 28 janvier1972. La date était évidemment restéesecrète. Le 26 janvier, Le Redoutable étaittiré du bassin et mis au quai de stationne-

SON PARCOURS

• 1929 : Naissance à Talence (Gironde)• 1947 : Major de promotion à l’École

navale• 1952 : Entrée dans les forces sous-

marines• 1964 : En charge du Q 252• 28 janvier 1972 : Commandant

pour la première patouille opération-nelles du Redoutable

• 1972 : Affecté à l’état-major du président de la République

• 1987 : Chef d’état-major de la Marine

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LE REDOUTABLE DANS LE BASSIN À CHERBOURG.

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PASSIONMarine

ment. Le 27, nous avons fait un poste decombat de vérification. Le jour du départ,moins d’une heure avant l’appareillage, nousavons reçu la visite imprévue du général Mau-rin, chef d’état-major des armées, et de l’ami-ral Storelli, chef d’état-major de la Marine.Leur présence montrait l’importance atta-chée à cette première patrouille. M. Debré,notre ministre, nous a aussi fait parvenir unmessage peu après le départ. L’amiral Joire-Noulens, qui commandait les sous-marins,est resté à bord pour l’appareillage. Le départs’est fait par une nuit très noire et très froide.Après avoir effectué tous les tests prévus,dont une plongée à immersion maximum, uncâble défectueux (antenne Transit) nous acependant obligé à rentrer. Nous sommesrestés à quai une dizaine d’heures, le tempsde la réparation, mais ce retour imprévu acausé quelque émoi dans la presse. La patrouille s’est passée alors sans aucunsouci. L’équipage était très à l’aise et j’avaisune grande confiance en ces hommes quipour la plupart avaient un grand nombre dejours de mer derrière eux.La vie courante à bord s’est rapidement orga-nisée. Les conditions étaient bien meilleuresque sur les sous-marins précédents, pas deproblèmes d’eau, plus de place, chacun avaitdroit à une couchette. Une petite équipe d’ani-mation organisait des concours (bridge,belote, échecs, mots croisés…) et tous lesjours avait lieu une séance de cinéma avec desfilms en super 8 prêtés par l’ORTF. Un petitjournal était rédigé à partir des actualitésreçues et affiché dans les coursives.D’un point de vue opérationnel, pour remplircorrectement notre mission, nous étions par-ticulièrement vigilants sur la discrétion dusous-marin et sur la précision de la navigation. Tous les quatre ou cinq jours, par message,Alfost nous demandait de passer au stademaximal et de procéder à un lancement fic-tif. Après rappel aux postes de combat nousvenions à l’immersion de lancement, rédui-sions la vitesse et entamions les procédurespour l’alignement des missiles sur leur objec-tif fictif. La séquence était arrêtée à son point

d’irréversibilité, c’est-à-dire avant que l’ali-mentation des missiles ne passe sur les pilesinternes. Tout cela prenait 30 à 40 minutes.

Pendant ces 54 jours, y a-t-il eu des événements particuliers ?Il y a eu deux événements. Le 3 mars, dansla soirée, le médecin du bord est venu m’aver-tir qu’il allait devoir opérer un quartier-maîtremécanicien d’une crise d’appendicite. Pource genre d’intervention il avait suivi une for-mation relativement succincte à l’hôpital mili-taire de Brest, mais d’agir seul, avec sesdeux infirmiers, le rendait soucieux. Il ademandé l’aide d’un officier. Le CGE (l’officierchef du groupement énergie) lui a donc donnéun coup de main pendant l’intervention ! Nousnous sommes mis à 150 mètres d’immer-sion, nous avons fait le maximum pour qu’il n’yait pas de mouvements d’assiette. L’opérationprévue en 20 minutes a duré beaucoup pluslongtemps, mais tout s’est bien passé. Lesjours suivants, nous craignions des compli-cations mais il n’en a rien été et le quartier-maître a pu reprendre son poste une dizainede jours après. Pour l’anecdote, lorsque j’aiété reçu par le ministre, M. Debré, quelquessemaines après le retour, sa première ques-tion a été : « Parlez-moi d’abord de cette opé-ration de l’appendicite ! »Le second événement a aussi eu lieu au débutde mars. Nous avions été prévenus qu’à proxi-mité de notre zone de patrouille, un sous-marin nucléaire soviétique se trouvait en sur-face et semblait avoir des difficultés. LesRusses avaient envoyé des bâtiments deguerre, dont le porte-avions Leningrad, pourlui venir en aide, et des avions américainsrôdaient par là ! Tout ce monde pouvait nousgêner et je manœuvrais pour ne pas me trou-ver au milieu de cette armada. Finalement,nous avons pu rester discrets et passer sansencombre. Vingt ans après j’ai lu avec intérêtle récit de cet accident dans la Dramatiquehistoire des sous-marins nucléaires soviétiquesécrite par trois anciens commandants. Ils’agissait du sous-marin K 19 à bord duquelun incendie éclata le 24 février 1972. Ce

sous-marin avait déjà eu un accident nucléaireau début des années 60 et était surnomméHiroshima pour cette raison. En 1972, il a étépris en remorque jusqu’à Severomorsk et lesmarins bloqués dans le compartiment arrièreont été secourus.

Et le retour de la mission…La veille du retour, au large de Brest nousavions un rendez-vous avec un Atlantic. Lesvérifications prévues ont été annulées en rai-son de la présence, comme par hasard, d’unNimrod britannique signalé par l’Atlantic. Nousfaisons surface après un deuxième rendez-vous, cette fois avec le Maillé Brézé que nousconnaissons bien car il fut notre escorteurd’accompagnement pendant la majeure par-tie des essais.Nous rentrons en rade de Brest, après54 jours de mer, le 21 mars, jour du prin-temps mais dans la brume. Sur le quai nousattendaient l’amiral Joire-Noulens, désormaisAlfost, et le CF Bisson avec tout l’équipagerouge prêt à repartir !

Quarante ans après, quel regard portez-vous sur cette période ?Évidemment, ça a été la période la plus pas-sionnante de ma vie de marin. Au-delà du défitechnique, j’ai vécu une aventure humaine extra-ordinaire. Je m’y suis donné complètement etça a bien marché. Il y a eu des réticences audépart, car nous avons dû créer quelque chosede nouveau que certains ne comprenaient paset qui se ferait au détriment du reste de laMarine.Aujourd’hui, il faut conserver à tout prix cedegré de sérieux que nous avons toujours eu.La permanence à la mer en est une garantie.Pour conclure… « Je suis entré en dissuasioncomme on entre dans les ordres », a dit unjour un sous-marinier… il était cuisinier àbord d’un SNLE. ®

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR CF JÉRÔME BAROË

LE CAPITAINE DE FRÉGATE LOUZEAU, COMMANDANT DU REDOUTABLE, PASSE EN REVUE L’ÉQUIPAGE. DERRIÈRE LUI, LE CAPITAINE DE CORVETTE COATANÉA, COMMANDANT EN SECOND.

LE CF BISSON, PREMIER COMMANDANT DE L’ÉQUIPAGE ROUGE DANS LA MACHINE.

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Trois sous-mariniers sur SNLE

APERÇU DE LA VIE EN IMMERSION

Le PachaFabrice L. – CommandantSNLE Le Terrible – Équipage bleuDans la Marine depuis 1985« Le commandant, c’est le seul maître à bordaprès Dieu », précise sans ciller le pacha dusous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE)Le Terrible, équipage bleu. Selon lui, l’adageest même à peine exagéré tant commanderun SNLE impose de prendre les bonnes déci-sions au bon moment sur un bateau en totaleautonomie et presque coupé du monde.« Excepté le commandant qui reçoit des nou-velles de l’extérieur pour d’impérieuses néces-sités opérationnelles, le reste de l’équipagen’a aucun lien avec le monde des terriensexcepté un message de 40 mots. »Être commandant, c’est selon lui être constam-ment sur le qui-vive. C’est aussi régulièrementjauger son matériel et ses hommes pour éva-luer, anticiper et surtout durer. « Durer, c’est lafinalité même de notre métier afin de garantirnotre posture et d’assurer la permanence à lamer, le cœur de notre mission », ajoute docte-ment celui qui est devenu pacha après une

sélection impitoyable. Autant d’arguments quifont d’un commandant de SNLE un expert aviséde la vie embarquée. Explications de l’intéressé,intarissable dès lors qu’il s’agit de parler deson métier depuis près de deux décennies…

Finalités et difficultés Le but d’une patrouille est de durer et deremplir la mission qui nous est assignée.J’accorde une attention particulière à l’hu-main et au matériel. Heureusement pour l’hu-main, je peux compter sur le soutien et l’ex-pertise du toubib. La pression est constantepuisqu’un pacha pense sans cesse à ce quipeut arriver à son bateau et à son équipage.Il y a donc forcément pendant une patrouilledes choix ou des décisions difficiles à prendre.À l’inverse d’un bâtiment de surface connais-sant une avarie technique, on ne peut pascompter sur le soutien de l’industriel à dis-tance, photographier les pièces défectueuseset attendre son expertise. Il faut pour nous sinécessaire procéder à un point d’arrêt, ana-lyser la situation et les solutions s’offrant ànous, tout en soupesant et en analysantchaque solution avec ses avantages et ses

risques. C’est alors toujours au pacha de trancher etde choisir. Un commandant de SNLE est seuldans sa prise de décision avec toutes lesincertitudes qui pèsent. D’où toute la grandeurdu métier et de la fonction de commandant.

Pression et anticipationConcernant la situation tactique, un com-mandant l’a toujours en tête d’autant plusqu’elle évolue sans cesse. Un pacha réfléchità court et long termes : à quelques heures,à 24 heures, à une semaine, à deux mois ouplus. Il s’agit de naviguer en sécurité et d’as-surer l’invulnérabilité du bateau et de sonéquipage. C’est une mission lourde de sens etde responsabilité qui nécessite de bien y avoirréfléchi avant. Paradoxalement, le comman-dant jouit d’une totale liberté de manœuvreplus d’ailleurs que sur un bâtiment de surface.Le pacha va où il veut. Un commandant deSNLE vit donc constamment sur le qui-vive.Il appréhende un problème à travers le prismede l’impact potentiel sur sa mission. Si l’onparle, si l’on commet toute autre indiscré-tion, on augmente notre vulnérabilité. On peutcependant y être contraint mais seulement encas de force majeure.

Solitude et partageSur SNLE, un pacha, plus qu’ailleurs, est seulavec lui-même. Pour ma part, j’ai choisi departager certaines de mes analyses avecmon commandant en second. C’est un choixinhérent à chaque commandant. J’en ai connucertains qui gardaient tout pour eux. Si j’aichoisi de partager des informations, mesréflexions et mes idées de manœuvre avecmon second, c’est aussi pour ne pas faired’erreur de modèles, ce qui ne m’empêchepas de garder mes prérogatives. Quoiqu’il ensoit, c’est toujours le commandant qui portela responsabilité du bateau, de son équipageet de la mission. Commander un SNLE est donc une réflexionde tous les instants sur le quotidien et sur laprojection que vous faites de la patrouille. Galons et ivoireSur un sous-marin, on enlève nos galons. Cequi prouve l’état d’esprit. Au sein d’un équi-page, compte tenu du milieu et des dangersdans lesquels on évolue, chacun veille surl’autre pour lui éviter la moindre erreur, pou-vant être fatale. Pendant une patrouille, noussommes donc sans galons, ce qui ne veutpas dire que l’on ne sait pas qui est le com-mandant, qui est le second, le chef du quartou le patron du pont. Chacun sait ce qu’il doit

Ils sont sous-mariniers. Leur métier consiste à disparaître sous la mer pendant plus de 80 jours. Qui sont ces marins ?Pourquoi choisissent-ils un tel métier ? Comment vivent-ils unepatrouille et ses multiples contraintes ? Trois d’entre euxs’expliquent. Trois sous-mariniers passionnés exerçant troismétiers emblématiques à bord de ce que les spécialistes ès merappellent les « vaisseaux noirs »…

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PASSIONMarine

faire. Sa vie peut dépendre de l’autre. Lesrapports humains, d’ordre hiérarchiques, sontdonc beaucoup plus « smooth » que sur unnavire de surface. Le commandant est d’ail-leurs très accessible. Quand un quartier-maî-tre frappe à ma porte, je le vois et on discute.Un pacha de SNLE ne peut pas rester danssa tour d’ivoire. Le commandant vit et souf-fre avec son équipage.

Épreuves et camaraderieDu côté de « J 40 » comme on le dit cheznous. On est alors parti depuis 40 jours. Onn’est pourtant qu’à la moitié de la patrouille.C’est comme si on ne voyait pas le bout dutunnel. C’est une période critique durantlaquelle on assiste à une baisse nette et clairedu moral de l’équipage. Chacun réagit à safaçon. Il s’agit dès lors pour les présidents decarré, le patron du pont ou les chefs de ser-vice d’être vigilants et de vite identifier ceuxqui flanchent afin de les aider à surmonterl’épreuve. Il s’agit de faire preuve de cama-raderie pour s’entraider sans pour autantempiéter sur l’intimité de chacun. C’est sûre-ment pour cette raison que règne un fortesprit de groupe et de camaraderie cheznous…

Family et bienfaitsIls sont fondamentaux pour tout sous-marinier.Ce sont 40 mots de sa compagne, de sonpère ou de sa mère que l’on reçoit hebdo-madairement. Ce sont de courts messagesque l’on ressent chaque semaine avec uneforte intensité. C’est notre lien avec le mondedes terriens. Vous n’imaginez pas commechaque family est ausculté, voire disséqué !Certains vont même jusqu’à compter lesmots, ça peut paraître fou ! Mais les familysont un gage important de la stabilité émo-tionnelle d’un sous-marinier. Leur régularitédoit être garantie pour ne pas dérouter un

individu. Car il n’y a rien de pire qu’un maringuettant un family qui n’arrive pas et qui ducoup va se demander ce qui se passe à terreou ce que l’on lui cache…

Terre et réalités Il faut reprendre contact avec la vie des ter-riens et ses réalités. Chaque retour à terreest un moment particulier durant lequel lemarin, son épouse et les enfants ont envie derattraper deux mois et demi de retard et deraconter chacun leur quotidien. Quand lesenfants sont jeunes, le papa est accaparé etvite un héros. Il faut alors veiller à ne pastrop en faire car on détruit tout cet équilibreque la maman a installé pendant son absence.Il y a aussi l’équilibre du couple à retrouver.Les premiers jours à terre sont assurémentintenses et parfois déstabilisants…

Privilèges et inconvénientsLa vie de sous-marinier offre cependant desavantages comme celui de connaître àl’avance ses périodes embarquées. Un vrailuxe à l’inverse de nos camarades de la sur-face qui partent souvent sans savoir la datede leur retour. Chez nous, les cycles sontréguliers au point de savoir six mois, voireun an à l’avance, nos périodes embarquées.Revers de la médaille, nous n’avons pasgrandes latitudes pour nos permissions. Pre-nez le cas de mon équipage cette année, nos« perms » tomberont entre les vacances sco-laires. Ce n’est pas l’idéal pour en profiterfamilialement…

Arianes et exigencesDurer pour un SNLE, c’est un leitmotiv quirequiert un niveau d’exigence absolu. C’estd’ailleurs ce que je martèle en mission à meshommes en leur disant : « Ne baissez jamaisles bras, il y a toujours une solution… » Je medois de pousser mes hommes dans leurretranchement. Il faut tirer le meilleur de son

personnel et du matériel afin de remplir àbien la mission tout en ayant su créer unesprit de corps. Heureusement, un pacha de SNLE peut comp-ter sur un équipage hautement qualifié etmotivé. Être commandant, c’est donc prendre desdécisions lourdes de sens. C’est piloter unemachine complexe balançant des Arianessous l’eau dans un environnement vaste com-portant beaucoup de risques. C’est surtoutservir la Nation en étant toujours prêt à rece-voir l’ordre d’exécuter la mission… c’est pas-sionnant.

Le DocGabriel G. – Médecin principalSNLE Le Triomphant – Équipage rougeDans la Marine depuis 2006À bord, on l’appelle le doc. « Seuls les nou-veaux embarquants m’appellent Monsieur leMédecin », précise l’intéressé. Au compteur dudoc, déjà trois patrouilles sur sous-marinnucléaire d’attaque (SNA) et sur sous-marinnucléaire lanceur d’engins (SNLE) après deuxembarquements majeurs à la surface. Affectésur le SNLE Le Triomphant, équipage rougedepuis l’été 2009, le doc est, par ses fonctions,un observateur privilégié du moral de l’équi-page et de ses fluctuations inhérentes à plusde 80 jours de plongée sans discontinu. « Mon rôle est important compte tenu de lamission de dissuasion qui peut être mise à malsi l’humain connaît un dysfonctionnement »,assure d’emblée le médecin confessant rédi-ger chaque semaine des rapports sur le moralde l’équipage ou sur les conditions de propretéet d’hygiène au profit du commandant. « Jedois savoir prendre la température du bord etdonner des indicateurs de mesure fiables aupacha. » Outre sa formation de médecin militaire géné-raliste, Gabriel exerce également d’autres spé-

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CENTRAL OPÉRATIONS D’UN SNLE.

ÉCHOGRAPHIE À BORD DU SNLE.

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cialités comme la chirurgie, l’odontologie, l’écho-graphie ou la radiologie. « Inutile dès lors devous expliquer l’attrait du métier pour un jeunemédecin… »C’est également l’un des responsables à bordde l’air respirable, de l’eau fabriquée à bordet de la radioprotection à bord. Autant de responsabilités et de prérogativesqui font du doc un fin connaisseur de la vieembarquée. « En patrouille, c’est une autre vie,plus lente, moins trépidante qu’à terre, danslaquelle chaque sous-marinier s’installe et seforge ses automatismes pour en supporter lescontraintes et vivre sans ses repères habi-tuels », confie avec enthousiasme l’intéressé. Rythmée par les quarts, les exercices de sécu-rité, les postes de combat et les périodes dedétente, ainsi s’égrène la vie d’un sous-mari-nier en patrouille. Un quotidien toutefois ponc-tué chaque semaine par des instants vécusen communauté grâce à l’organisation de repasà thèmes, de jeux de société, de séances decinéma, de soirées jeux de cartes ou de jeuxvidéos. Les cérémonies, comme le baptême oula « cabane », symbolisant le milieu de lapatrouille, constituent également d’autresmoments de convivialité. Autant d’instants cassant la routine et ren-forçant la cohésion selon le doc, s’empres-sant également de préciser que ces événe-ments sont des bons moyens pour s’échapperdu train-train quotidien. « On peut ainsi décom-presser et se régénérer. C’est important pourdurer. » Durer un mot fort pour tout sous-mari-nier. « La finalité du métier », selon Gabriel, enfervent adepte de cette vie sous les océansdepuis bientôt trois ans.

Le PatronMarc Le G. – Maître principalChimiste – Patron de chaufferie SNLE Le Triomphant – Équipage bleuDans la Marine depuis 1996Marc est comme un poisson dans (et sous)l’eau ! Attiré par un « métier hors du communentouré de mystères, de secret militaire etd’aura », le maistrancier, mécanicien naval despécialité d’origine, a, depuis seize ans, patiem-ment gravi tous les échelons pour atteindre sonobjectif. Dès son entrée dans la Marine, leBreton d’origine avait l’idée d’intégrer les forcessous-marines. « J’ai toujours voulu devenir sous-marinier et atomicien. Pourquoi ? L’attrait pourun métier très pointu offrant de surcroît del’avancement et une carrière intéressante. » Son parcours 100 % sous-marin a dès lors étéjalonné d’embarquements au cours desquels ila gagné de son propre aveu « en technicité, enexpériences et en prise de responsabilités ». À son actif, trois patrouilles d’abord sur L’In-domptable comme mécanicien au tableau cen-tral de sécurité plongée (TCSP). Deux ans ensuite sur L’Inflexible, équipagerouge, comme opérateur au pupitre KR, celuides réacteurs, avant d’intégrer le cours chi-

miste, puis de rejoindre Le Triomphant, équi-page bleu comme chimiste - patron de chauf-ferie nucléaire. « Mon objectif depuis mais-trance ! » Sa mission ? Le suivi descaractéristiques physico-chimiques de l’eauprimaire qui entoure le réacteur, ainsi que del’eau secondaire nécessaire à faire fonction-ner les turbines et produisant de la vapeur oude l’électricité. Autant d’expériences vous forgent forcémentd’intimes convictions sur la vie embarquée :« Enfermé dans la boîte comme on dit, il fautsavoir composer avec les autres. Il faut aussisavoir se gérer et gérer ce que j’appelle lescoups-de-moins-bien. » Pour Marc, deux atti-tudes sont alors indispensables : « Ne pastrop intérioriser ou devenir trop solitaire carcela devient vite insupportable. Il faut s’ouvrir auxautres et à la discussion. » Pour l’officier sous-marinier pourtant rompu aux us et coutumesde la vie sous-marine, tout est donc questiond’équilibre, même si lui-même n’hésite pasparfois à s’isoler dans son seul espace d’inti-mité : « Direction la niche, la caille ou le dodo.Quand on ferme son rideau c’est que l’on veutêtre seul. Vous êtes chez vous. C’est votre seulespace d’intimité. C’est là que l’on se res-source », confie sans ambages l’officier mari-nier supérieur très bavard contrairement à

une réputation qui vaudrait à tout sous-mari-nier d’être taiseux. « Dès lors que l’on nousfait parler de notre vie en mer, on devient vitebavards car on est des gens passionnés… »Même passion et même émotion à fleur depeau en évoquant la première patrouille. Dessouvenirs indélébiles remontent vite à la sur-face : « Un moment magique, j’étais comme ungosse les yeux grands écarquillés. J’avais réussiles cours et atteint mon premier objectif. Àcette joie de vivre une expérience insolite semêle néanmoins une appréhension commecelle de quitter les parents et la copine del’époque. On est tiraillé entre l’attrait pour cenouveau monde et cette peur viscérale d’êtrecoupé du monde pendant deux mois et demi.Mais le métier et l’univers m’ont tout de suitepassionné. »Parmi ses moult patrouilles, un souvenir leurest commun. Celui de l’odeur si spécifique àbord des sous-marins. « Une odeur de fer,d’huile et de vapeur qui s’imprègne dans nosvêtements au point qu’à chaque retour il estdifficile de faire la part des choses entre lelinge que l’on croyait propre et celui qui estsale. Cette odeur nous imprègne mais l’on nes’en rend compte qu’en quittant le bateau.Parlez-en à nos épouses ! » Une « vie hors ducommun difficile à raconter à ses proches »que le « cipal » va néanmoins devoir se résou-dre à quitter temporairement. Dans quelquessemaines, il va falloir poser le sac à terre àla division entraînement pendant deux ans.Une parenthèse « heureusement ponctuéed’embarquements ». À demi-mot le marin pro-visoirement à terre pense déjà à l’avenir. « Jerêve d’embarquer ensuite sur Le Terrible ».Bavard, le sous-marinier est également incor-rigible… ®

STÉPHANE DUGAST

Il s’agit de faire p reuve de cam araderie

pour s’entraider sans pour autant

empiéter sur l’intimitéde chacun.»

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PASSIONMarine

LE BREVET D’ATOMICIEN FÊTE SA 50E SESSION

La mise en œuvre de chaufferies embarquées et d’armementsnucléaires nécessite des règles de conception et d’exploitationrigoureuses. Depuis sa création en 1980, le brevet d’atomicien dela Marine (Batom), délivré par l’École atomique, s’inscritpleinement dans cette démarche.

En 1956, six ans avant la première prised’alerte stratégique des Mirage IV àMont-de-Marsan et quinze ans avant lapremière patrouille opérationnelle du

SNLE Le Redoutable, l’École des applicationsmilitaires de l’énergie atomique (EAMEA),plus communément appelée École atomique(EAMEA) , voyait le jour. Ainsi, bien avant lespremières applications du nucléaire dedéfense, elle formait déjà les élites de cedomaine. Depuis, pas moins de 16 000cadres et élèves se sont succédé à l’Écoleatomique, du mécanicien et de l’électricienau commandant de sous-marin ou de porte-avions nucléaires.Dans le domaine du nucléaire, « croire savoir »n’a jamais suffit, c’est pourquoi la formationdu personnel vise l’excellence. En 1980 est

donc créé le brevet d’atomicien de la Marine(Batom) délivré par l’École atomique. Depuis trente-deux ans, il constitue une étapeimportante et nécessaire dans le cursus de for-mation des officiers amenés à exercer desresponsabilités dans la mise en œuvre d’ins-tallations nucléaires sur des bâtiments à pro-pulsion nucléaire (commandant, commandanten second, commandant adjoint navire, offi-cier de prévention nucléaire) ou en état-major(officier de sécurité nucléaire…). Le chef d’état-major des armées et l’actuel chef d’état-majorde la Marine en sont d’ailleurs titulaires !Le Batom comporte deux options : l’optionopérationnelle, destinée aux officiers appe-lés à participer directement à la mise enœuvre opérationnelle des bâtiments à pro-pulsion nucléaire, et l’option réacteur, desti-

L’ÉCOLE ATOMIQUE À PARIS POUR LA 50E SESSION DU BATOM

Jeudi 19 janvier 2012, l’École militaireaccueillait la soutenance de la 50e sessiondes stagiaires du brevet d’atomicien de laMarine (Batom). Devant toute la commu-nauté du nucléaire de défense, et sous leregard attentionné de l’amiral Louzeau,premier commandant du SNLE Le Redouta-ble, et du directeur du personnel militairede la Marine, le VAE Olivier Lajous, les élèves de la promotion 2011-2 ontprésenté les enjeux et les résultats deleurs études de synthèse, qui portaient sur des sujets résolument d’actualités, commel’entretien technique majeur du porte-avions, la conduite des sous-marinsnucléaires d’attaque en situation électriquecomplexe, le traitement des effluents provenant des installations nucléaires de la Marine ou la prise en compte du risqued’inondation.

née aux officiers exerçant des fonctions deresponsabilités dans la mise en œuvre tech-nique des installations nucléaires.La partie théorique du Batom, qui se déroulesur le site de l’EAMEA à Cherbourg pendantdouze semaines, permet aux stagiaires dedévelopper une solide formation dans ledomaine des chaufferies par un approfondis-sement des connaissances nucléaires, puisplus spécifiquement des aspects de la sécu-rité nucléaire.Une étude de synthèse de sécurité nucléaire,réalisée dans les forces ou dans des orga-nismes travaillant dans le domaine du nucléairemilitaire, complète l’apprentissage des fon-damentaux en les actualisant. Plongeant lesstagiaires dans des problématiques concrètes,propices à la réflexion, elle se révèle un for-midable catalyseur du développement d’uneculture de sûreté qui leur sera très utile toutau long de leur parcours professionnel. Laformation est clôturée par une soutenancede ces projets de fin d’études devant un juryprésidé par le commandant de l’EAMEA. ®

ASPIRANT CHARPENTIER

UN ÉLÈVE DU BATOM LORS D’UN COURS DE RADIO PROTECTION.

DES ÉLÈVES DE LA PROMOTION 2011-2 LORS DE LA SOUTENANCE À L’ÉCOLE MILITAIRE.

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VIE DESunités

VIE DESunités

DE COMMISSAIRE « DE » LA MARINEÀ COMMISSAIRE « DANS » LA MARINE

La fusion prochaine des corps de commissaires des trois armées pose la question de l’avenirdes fonctions dévolues aux commissaires à bord des bâtiments de la Marine. Sans remettreen cause cette évolution rendue nécessaire par la recherche d’une meilleure gestion desressources publiques, le CRG2 Deschard, inspecteur de l’administration dans la Marine,expose ce qui fait la spécificité d’un bâtiment de guerre et la plus-value qu’apporte, à bord, un officier à la fois administrateur et gestionnaire aux fonctions transverses.

1Le fait maritime militaireet l’action administrative

À l’origine du fait maritime militaire, il y a uneanalyse de situation, l’établissement de scenarioset le choix d’un mode d’action. La conduite de l’ac-tion, impliquant ou non la mise en œuvre desarmes, est l’objet d’une coordination de toutes leschaînes opérationnelles et logistiques, sous l’auto-rité unique du commandant. Son évaluation donnelieu à des comptes-rendus et à un retour d’expé-rience. Ces différentes séquences du fait maritimemilitaire montrent l’importance du commande-ment, mais aussi celle du caractère opposable etprobant de l’action. Cette force probante est requisebien sûr par les autorités militaires supérieures,mais aussi de police et judiciaires, destinataires dessuites à donner aux actes réalisés à bord. En mer, l’action administrative militaire se carac-

térise aussi par le glissement très rapide d’unregistre de mission, et donc de dimension admi-nistrative, à l’autre. C’est plus particulièrement lecas des missions de surveillance et de répressiondes trafics illicites. Même au sein d’une actionde combat, la dimension juridique des actes n’estpas étrangère à la sûreté des décisions prises, ainsique le démontrent les interprétations et appré-ciations ultérieures du comportement des com-

battants par les médias ou les autorités judiciaires.Éloignée de toute liaison rapide avec les servicesde soutien, sauf par moyen de transmission toujourslimité, la force se trouve contrainte d’entretenir uneforte réactivité face aux changements rapides desituation. En outre, l’obligation de tenir un cap, derejoindre une position ou de patrouiller sur unezone de grande superficie implique de pouvoirmaintenir la vigilance des hommes et la disponibilitédes matériels avec un degré d’exigence très élevésous forte contrainte physique. Dans ce contexte,l’adaptation du « geste métier » est essentielle. L’immensité des espaces océaniques fournit un ter-rain de déploiement de toutes sortes d’activités, licitesou illicites sur lequel le « gendarme » doit aller aucontact des opérateurs maritimes et se préparer à la

En mer, l’action administrative militaire se caractérise aussi par le glissement très rapide d’un registre de mission, et donc de dimension

administrative, à l’autre. C’est plus particulièrementle cas des missions de surveillance et de répression

des trafics illicites. »«

FORMATION NAUTIQUE À L’ÉCOLE DES OFFICIERS DU COMMISSARIAT DE LA MARINE.

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VIE DESunités

conduite d’un dialogue pouvant vite dégénérer aveccelui qui se révèle être un contrevenant ou qui a seu-lement besoin d’un secours.Le fait militaire dans le milieu maritime se décline nonseulement sur le registre de la force militaire de laMarine, élément de force du pouvoir constitution-nel, mais également sur celui du service public éta-tique en charge de l’application des politiques nonmilitaires, dites de l’action de l’État en mer relevantdu statut d’une marine d’État. La connaissance finedu milieu maritime implique une capacité de vigi-lance et d’adaptabilité du commandant et de sesofficiers, proportionnelle aux capacités d’autono-mie du bâtiment et au type de mission assignée.La diversité des disciplines permettant au com-mandant d’acquérir cette connaissance du milieumaritime et d’entretenir la vigilance de son bâti-ment appelle la panoplie de compétences la pluslarge. Dans cette dernière, la formation du com-missaire d’un bâtiment permet de disposer d’unacteur pluridisciplinaire au croisement de plusieursfamilles d’action.

2Le commissaire, une compétenceà la fois spécifique et transverse

Le commissaire dans la Marine est préparé à agirsur presque tous les domaines d’activité du bâti-ment. Par sa connaissance de la réglementation relativeaux droits individuels des marins, il dirige le bureaud’administration des ressources humaines (BARH)de l’unité. En y adjoignant sa connaissance des sta-tuts et une expérience suffisante de la vie embar-quée, il est en mesure d’exercer les fonctions de com-mandant adjoint équipage.Il supervise la chaîne de l’alimentation de l’unité etcoordonne celle de la gestion des matériels néces-saires au fonctionnement du bâtiment.Il réalise ou fait réaliser les opérations financières ausein de l’unité et en contrôle l’exécution.Il concentre la maîtrise des connaissances juridiquesdestinées tant au conseil juridique du commande-

ment, qu’aux conseils personnalisés aux marins dansle besoin.Il gère les moyens de financement de la cohésion del’équipage et propose les actions correspondantes.Au-delà de ces domaines évidents du soutien, lecommissaire est intégré aux chaînes opérationnellesen tant qu’officier de garde de l’unité et, sous réserved’aptitude et de décision du commandant, en tantque chef de quart passerelle ou aviation.Enfin, par son intégration à l’équipe de visite consti-tuée à bord, il participe directement à l’action opé-rationnelle en encadrant les aspects juridiques de samise en œuvre.Cette expérience acquise à la mer permet au com-missaire plus ancien employé dans les états-majorset services à terre, d’apporter les conseils adaptés ausoutien de l’activité maritime militaire. Ces formations et ces échanges d’expériences, based’une cartographie évolutive et équilibrée des emplois

de commissaire dans et hors de la Marine, constituentun socle essentiel à l’efficacité du soutien des unitésnavales. Ce mélange des cultures administratives etmaritimes, juridiques et opérationnelles, contribue-t-il pour autant à l’efficience du dispositif ?

3Le commissaire embarqué,facteur de sécurité

Avec la constitution d’équipages dont le volumeest fortement réduit, il est tentant d’appliquer auxmétiers du soutien embarqué la règle des nouvellespolitiques publiques sur le soutien à terre et d’ex-clure les spécialistes de l’administration embar-quée, et en premier lieu le commissaire.Ce dernier ne figure pas dans les états-majors detous les bâtiments réalisant des déploiements loin-tains. Mais la Marine des trente prochaines annéesse concentre sur des bâtiments de tailles impor-tantes (porte-avions, BPC, frégates multimission)sur lesquels les commissaires sont embarqués. Parailleurs, le volume de l’équipage de ces bâtiments(hors PA et BPC) est celui d’un aviso qui n’a pas decommissaire, mais aussi celui d’une frégate de sur-veillance qui intègre un commissaire. Le critèred’embarquement d’un commissaire a été celui dudegré d’autonomie administrative conférée au bâti-ment, basée sur trois critères cumulés d’autono-mie financière, de gestion des vivres et des matériels.Ces trois domaines connaissent aujourd’hui desévolutions très profondes, sans toutefois remettreen question leur pertinence. L’autonomie financière d’une unité navale, quelleque soit sa taille, vient d’être reconnue par appli-cation des nouvelles règles d’exécution des dépensessur avance de trésorerie. Celles-ci limitent consi-dérablement l’utilisation d’une avance pour lamajorité des unités en imposant l’autorisation préa-lable de l’ordonnateur pour toute dépense relativeau fonctionnement de l’unité. Ce constat de régres-sion apparente doit être rapproché des mises enplace des cartes achats dans beaucoup d’unités.Mais la facilité apparente de ces nouveaux instru-

LE CRG2 JÉRÔME DESCHARD, INSPECTEUR DE L’ADMINISTRATION DANS LA MARINE.

LELE COMMISSAIRE EST UN ACTEUR PRINCIPAL DES PROCESSUS FINANCIERS ET LOGISTIQUES À BORD.

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ments de paiement déroute encore beaucoup d’opé-rateurs. Par ailleurs, ces cartes ne peuvent pas êtreutilisées auprès de tous les fournisseurs et le main-tien d’une encaisse à bord constitue donc une sécu-rité pour le commandant, même au port-base. Àl’étranger, le mécanisme de l’avance consulaire,dont l’utilisation n’appelle pas obligatoirement laprésence d’un commissaire, offre encore une grandesouplesse. Pour autant, la qualité des actes réalisésdoit respecter les normes de la dépense sur fondspublics, et la présence du commissaire est indé-niablement un facteur de sécurité supplémentaire.La surveillance comptable des flux logistiques àbord de l’unité incombe au commissaire. En matièrede gestion des matériels, le commandant a la res-ponsabilité de la bonne conservation et utilisationdes matériels qui lui sont confiés. Cette obligationne comprend aucune dimension de valorisationcomptable, mais répond à la question simple :« Qu’est-ce que je suis censé détenir, et comment jejustifie les différences par rapport à ce référentiel ? »Le commissaire a également pour rôle de veiller àmaîtriser les risques de détournement ou de négli-gence, voire d’incapacité à sauvegarder le patri-moine confié à l’unité. La prochaine réorganisa-tion des circuits de décision avec la mise en place parchaque gestionnaire de sa chaîne logistique et comp-table conduit à rechercher un seul interlocuteurpour les attentes de restitution des existants et d’exé-cution des ordres logistiques. Le commissaireregroupe toutes les capacités et disponibilités pourexercer cette coordination au nom du comman-

dant du bâtiment dont il est le délégué permanent.La surveillance de la chaîne de restauration embar-quée par le commissaire s’exerce principalementpar la surveillance de la gestion financière et de laqualité sanitaire des prestations. Ces attributionssont dévolues à l’officier en second lorsqu’il n’y pasde commissaire. Par contre, la qualité de la restau-ration embarquée se rattache aussi à l’animationd’une forte cohésion de l’équipage. Dans cedomaine, la plus-value du commissaire embarqués’exerce d’ores et déjà par le dynamisme commer-cial avec lequel il gère la coopérative du bord etcontrôle les dépenses des tables. La mise en place dela réforme des crédits de cohésion, issus des ancienstraitements de table, va donner au commissaire unrôle encore plus important de gestionnaire et d’ani-mateur de la cohésion, par ses fonctions de secré-taire permanent de la commission ad hoc constituéedans l’unité. Le commissaire embarqué sera l’ai-guillon de cette réforme destinée à favoriser la tran-sition d’une gestion administrative de droits for-faitaires vers une gestion dynamique des ressources. Un commissaire administrateur et gestionnaireapporte au commandant d’un bâtiment un degréélevé d’assurance face aux risques divers auxquelsl’unité peut se trouver confrontée. Le maintien dela présence permanente du commissaire embar-qué se pose donc en termes d’analyse des risques.Faut-il répartir les moyens de maîtrise de ces risquesen reportant les capacités administratives et juri-diques sur les organismes spécialisés ? Ne faut-ilpas, au contraire, exploiter la concentration de

compétences administratives et juridiques du pro-fil du commissaire embarqué ? La réponse est dudomaine de l’arbitrage de la masse salariale, si ondoit mettre en balance l’embarquement d’un offi-cier spécialiste et celui d’un officier spécialisé dansdes domaines variés.L’expérience de l’endurance à la mer démontre quela disponibilité permanente d’un superviseur del’action administrative au profit du bâtiment et deconseiller juridique du commandement est un fac-teur important de capacité et de crédibilité de l’ac-tion de l’unité.Aujourd’hui, ce parcours professionnel de com-missaire embarqué confère un intérêt et une attrac-tivité indéniable dans la panoplie des emploispublics. ®

LE COMMISSAIRE GÉNÉRAL DE 2E CLASSE JÉRÔME DESCHARD

L’expérience de l’endurance à la mer démontre que la disponibilité permanente d’unsuperviseur de l’action administrative au profit

du bâtiment et de conseiller juridique du commandement est un facteur important

de capacité et de crédibilité de l’action de l’unité. »«

LE RÔLE DU COMMISSAIRE

L’origine sémantique du mot « commissaire »illustre la conduite combinée d’une activitéadministrative par le respect de la réglemen-tation et d’une fonction logistique parl’efficacité des ravitaillements. Le commis-saire à bord d’un bâtiment militaire est doncun administrateur qui doit savoir concilier cesdeux logiques, a priori antinomiques (sousl’angle de la priorité des manœuvresnautiques et de celle de l’emploi des armes).La pertinence du maintien de cette associa-tion avec les opérationnels de la Marinepourrait être remise en cause, sous l’effetd’une recherche d’optimisation des politiquespubliques. Le maintien d’un commissaire dansl’état-major d’un bâtiment militaire à vocationocéanique ne va ainsi plus de soi. Pourtant,son rôle a évolué au point d’en faire un acteurde synthèse entre la régularité administrativeet l’efficacité opérationnelle.

LE COMMISSAIRE CONSEILLE LE COMMANDANT. RECUEIL D’IMAGES PAR LE COMMISSAIRE.

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VIE DESunités

VIE DESunités

MISSION SURPÊCHE PROTÉGER LES RESSOURCESHALIEUTIQUES DU SÉNÉGAL

1 Avant cette date, le détachement aéronautique(Detaero) et son Atlantique 2 (ATL2) stationnésaux EFS participaient déjà à la protection des res-sources halieutiques du Sénégal en effectuant desmissions de surveillance des pêches. Lors de celles-ci,des photos géoréférencées des bâtiments suspectsou fraudeurs étaient effectuées, transmises à la Direc-tion de la protection et de la surveillance des pêches(DPSP) pour servir de preuve à l’établissement desprocès verbaux.Une évolution majeure est intervenue depuis sep-tembre 2011, car désormais les missions regrou-pent des moyens aéromaritimes complémentairesprovenant des EFS, de la DPSP et de la Marinesénégalaise. Les caractéristiques des contrevenantsainsi repérés par l’ATL2 sont transmises directe-ment aux éléments maritimes présents sur la zonepour une visite et un contrôle en mer.Chaque participant ayant conscience des contraintesd’organisation des missions conjointes, des brie-

LES ÉLÉMENTS FRANÇAIS AU SÉNÉGAL

Création unique en Afrique, les éléments français au Sénégal (EFS) ont vu le jour le 1er août 2011,en remplacement des Forces françaises du Cap-Vert (FFCV). Cette transformation s’inscrit dans le cadre de la réorganisation du dispositif militaire français à l’étranger et de la renégociationdes accords de défense liant la France et le Sénégal depuis 1974. Un nouvel accord de partenariat en matière de coopération militaire est en cours de discussion entre les deux pays.Entité interarmées d’environ 300 militaires, auxquels s’ajoutent du personnel civil français et sénégalais, les EFS ont une triple mission :• une coopération régionale afin d’accompagner la montée en puissance de la force en attente de la Cedeao. Des actions d’instruction et de soutien sont ainsi menées au profit de l’état-major de la brigade et des armées de certains pays qui contribuent à cette force. En 2011, plus de 80 missions de coopération opérationnelle ont ainsi été organisées ;• une démarche d’assistance et de partenariat au profit de l’État sénégalais (coopération opérationnelle avec les forces armées sénégalaises, actions civilo-militaires au profit de la population, recherche et sauvetage sur terre et sur mer) ; • une capacité d’accueil des éléments en transit des trois armées en s’appuyant sur l’ensembleaéroportuaire et portuaire de Dakar.

Depuis septembre 2011 se déroulent des opérations majeures de surveillance des pêches (Surpêche) dans la zoneéconomique exclusive (ZEE) sénégalaise.S’ajoutant à la permanence Searchand Rescue (SAR) maritime et terrestre du Sénégal, les éléments français au Sénégal (EFS) et leur détachementaéronautique (Detaero) participent,dans le cadre de la coopération, àcette mission essentielle de protection de la ressource halieutique du Sénégal.

fings sont organisés au centre de commandementopérationnel (CCO) de la Marine sénégalaise afind’établir des procédures claires de coopération.Les missions qui se succèdent permettent l’acqui-sition de connaissances et d’expériences utiles auxopérations futures.Ces briefings sont aussi l’occasion pour les com-mandants des vedettes et patrouilleurs sénégalais demieux connaître l’ATL2, et pour l’équipage depatrouille maritime (Patmar), d’échanger et departager avec la Marine sénégalaise, renforçantd’autant la confiance et l’engagement mutuels autitre de la coopération.

Initialement conçu pour la lutte anti-sous-marineet antisurface, l’ATL2 démontre à nouveau sa fortemodularité. Durant une mission Surpêche, d’unedurée de trois heures, l’ATL2 est en mesure decontrôler 20 à 60 bâtiments. Ces opérations d’en-vergure menées entre ciel et mer sont très dissua-sives et permettent l’exploitation de la ZEE séné-galaise dans le respect des règles établies engarantissant la préservation des ressources halieu-tiques sur le long terme. ®

LV BRUNO KRIEGEREV YANNICK VENNET

BÂTIMENT CONTRÔLÉ ET GÉORÉFÉRENCÉ PAR L’ATL2.

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MISSION JEANNE D’ARC LE DIXMUDE ET LE GEORGES LEYGUES PRÊTS AU DÉPART144 officiers-élèves s’apprêtent àembarquer près de cinq mois sur leDixmude flambant neuf et le GeorgesLeygues pour une mission de formation en déploiement opérationnel.

1 Après trois ans sur les bancs de l’école, les officiers-élèves (OE) vont pouvoir peaufiner leurs connais-sances grâce au stage d’application à la mer. En effet,le 5 mars 2012, 144 OE partiront de Toulon à borddu bâtiment de projection et de commandement(BPC) Dixmude, ainsi qu’à bord de la frégate anti-sous-marine (Fasm) Georges Leygues. Il s’agit de latroisième mission de formation en déploiement àbord d’un BPC de classe Mistral depuis le retrait duservice actif du bâtiment-école Jeanne d’Arc en 2010.

Apprendre à travailler ensembleLes fonctions inhérentes au Dixmude en font un trèsbon outil de professionnalisation pour les futursofficiers de marine. L’avantage d’utiliser un BPCpour instruire les OE réside avant tout dans lacoexistence des différents corps d’officiers au seind’une même mission. À la fois porte-hélicoptères,bâtiment amphibie, plate-forme de commande-ment et bâtiment hôpital, le Dixmude permet doncà chacun de mettre en pratique les acquis reçus.De plus, la mise à disposition d’une frégate d’ac-compagnement tel que le Georges Leygues donne lapossibilité aux OE de se former sur deux types debâtiments différents.Les OE pourront ainsi appréhender l’organisationd’un grand bâtiment de combat, ainsi que les misesen situation opérationnelle dans un cadre interal-lié. Ils devront apporter un soutien associé pourles opérations en cours dans les zones de déplace-ment que sont la Corne de l’Afrique et le golfe deGuinée (voir carte 2e de couverture). La dimensioninternationale de la mission offre donc aux jeunes

COMPOSITION DES EFFECTIFS DE LA MISSIONJEANNE D’ARC 2012

144 élèves (dont 21 femmes) issusde tous corps d’officiers participent à cette mission :• 94 enseignes de vaisseau issus de l’École

navale (promotion 2009)• 8 commissaires élèves (promotion

2008-2010)• 6 administrateurs des affaires maritimes• 9 médecins des armées• 16 officiers-élèves et 1 commissaire-élève

étrangers• 10 sous-lieutenants des écoles de

Saint-Cyr et Coëtquidan embarquéspour la première partie de la mission

tés militaires du BPC Dixmude. Ainsi, à la suite de cesessais, ce dernier pourrait être admis au service actif(ASA) au sein de la flotte française. La Marine faitd’une pierre deux coups en déployant les jeunes offi-ciers sur un bâtiment non ASA. Pour autant, à aucunmoment la formation des futurs officiers n’est délais-sée. En effet, l’équipage du Dixmude effectue actuel-lement sa mise en condition opérationnelle afin d’êtrehautement qualifié pour la mission Jeanne d’Arc 2012.Le Dixmude devrait rentrer à Brest avant la fin dumois de juillet. À l’issue de cette longue mission, lesofficiers-élèves partiront en stage avant de rejoindreleur première affectation.®

ASP. MARGOT PERRIER

CF JEAN-MARIN D’HÉBRAIL,COMMANDANT DE LAFASM GEORGES LEYGUES.

CV GUILLAUME GOUTAY,COMMANDANTDU BPC DIXMUDE.

© D

CNS

l’occasion de s’ouvrir sur le monde. La pédagogiequant à elle s’appuie sur un rythme de navigationsoutenu et l’enchaînement rapide d’activités mari-times et amphibies. L’objectif à terme est de don-ner aux futurs officiers une stature de chef mili-taire et d’homme de mer.

Des conditions très favorablesAu-delà du programme pédagogique, la formationdes officiers s’appuie sur l’équipement moderne duDixmude. Le bâtiment accueille les OE dans debonnes conditions matérielles. Pour assurer la mis-sion Jeanne d’Arc 2012, la zone de l’état-major duBPC a été modulée. Elle comporte ainsi quatre sallesde briefing, une salle de conférence et une salle de pla-nification avec accès aux réseaux informatiques.Enfin, face à la féminisation croissante des équipagesdepuis près de vingt ans, les jeunes femmes bénéfi-cieront de bonnes conditions d’hébergement au seindu Dixmude.En parallèle avec la formation des OE, l’équipageeffectuera la dernière phase d’évaluation des capaci-

BPC DIXMUDE.

FASM GEORGES LEYGUES.

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VISITE SAOUDIENNE À TOULONÀ l’occasion du stage opérationnel de la frégate Makkah, le vice-amiralcommandant la Flotte de l’Ouest d’Arabie Saoudite a rendu visite à Alfan en décembre 2011.

1 Entre le 14 novembre et le 16 décembre 2011,la frégate saoudienne HMS Makkah a effectué àToulon un stage d’entraînement opérationnel decinq semaines avec le personnel de la divisionentraînement d’Alfan. Ce stage visait à élever leniveau opérationnel de ce bâtiment dont une largepartie de l’équipage avait été renouvelée. Se sontdonc enchaînés à un rythme soutenu divers exer-cices débriefés « à chaud » par les experts de chaquedomaine. À l’occasion de cette activité majeure, une délé-gation saoudienne conduite par le vice-amiral AliAl-Hamdan, commandant la Flotte de l’Ouestd’Arabie Saoudite (ComWestFleet), s’est rendue àToulon, à l’invitation du vice-amiral d’escadreXavier Magne, Alfan.Ces trois jours de visite ont permis aux Saoudiens,entre autres, de visiter le Centre de formation pra-tique et d’entraînement sécurité (CFPES). En effet,dans ce centre ainsi que dans celui de Brest, unequinzaine de marins saoudiens s’entraînent àintervalles réguliers. La délégation saoudienne a pu

également visiter le patrouilleur hauturier l’Adroitet assister à une démonstration des capacités d’undes deux engins de débarquement amphibierapides (EDA-R) de la flottille amphibie de laForce d’action navale.Alfan, à l’invitation de ComWestFleet, a pu embar-quer à la mer à bord de la frégate HMS Makkah àl’occasion de l’entraînement Exocet auquel par-ticipaient également la frégate de surveillancemarocaine Hassan II et côté Marine nationale,l’Aconit, l’Adroit, le Cassard, le Chevalier Paul, leCourbet, le Dupleix, le Jacoubet et la Marne.Le stage s’est achevé par un débriefing où lesentraîneurs d’Alfan ont présenté un bilan détaillédes résultats obtenus pendant ces cinq semaines.À l’issue, les marins saoudiens ont pu profiter dequelques jours de relâche à Toulon, ville inconnuepour une bonne moitié d’entre eux.La réussite de ce stage pourrait, à l’avenir, conduireà renouveler l’expérience avec d’autres bâtimentssaoudiens. Plus que jamais, la parfaite coopérationentre les deux marines est donc bien en marche !En effet, depuis des décennies, l’Arabie Saoudite aéquipé sa Marine royale de bâtiments de guerreconstruits en grande partie par la France. Ainsi, 80 %du tonnage de cette Marine est d’origine française.Les deux principaux ports se situent, l’un sur le Golfe,à Jubail, pour des bâtiments d’origine américaine ;

LE PROGRAMME SAWARI

La France a dans un premier temps livréentre 1985 et 1986 à l’Arabie Saoudite qua-tre frégates F2000 (taille comprise entrel’aviso et la Fasm avec des capacités ASMréalisées sur mesure) et deux pétroliers-ravi-tailleurs dérivés de ceux de la Marinenationale. C’était le contrat Sawari I. Puis vint Sawari II, entre 2002 et 2004, avectrois frégates F3000 (taille plus importantequ’une frégate La Fayette, avec des équipe-ments pouvant évoquer les FDA Horizon).

l’autre à Djeddah, sur la mer Rouge, pour les bâti-ments des programmes Sawari I et II (voir encadré).Cette relation forte entre le royaume saoudien etla France explique que, depuis le début desannées 80, de nombreux officiers de marine saou-diens (environ 300) ont suivi un programme deformation long, de cinq à sept ans, notamment àl’École navale ou à l’ENSIETA à Brest. D’autresstages, en France, plus courts, sont également pro-posés aux marins saoudiens (SLM de Brest, SIMuà Toulon, CFIAR à Strasbourg, SIAé AIA de Cuers-Pierrefeu…). Des entraînements conjoints ontpar ailleurs lieu entre bâtiments français et saou-diens, principalement en mer Rouge, dès qu’unbâtiment de la Marine nationale transite le long descôtes d’Arabie Saoudite. ®

CF MORGAND

LA FRÉGATE MAKKAH.

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MARINS DIPLOMATES AU PAYS BASQUE

Le 1er février dernier la France a passé la souveraineté de l’île des Faisans à son voisin espagnol.

1 Située entre Hendaye et Irun, au milieu de laBidassoa, cette petite parcelle de terre est sous lecoup d’un condominium et ce depuis plus de 150ans. La cérémonie solennelle de passation des pou-voirs entre le commandant de la Marine à Bayonneet le commandant de la Marine à San Sebastians’est donc déroulée sur l’île des Faisans. Il s’agitd’une première. En effet, l’Espagne refusait cescérémonies en raison des problèmes avec les orga-nisations séparatistes basques. Mais depuis la décla-ration de l’ETA, en décembre 2011, d’abandon-ner l’action armée, les autorités ibériques ontsouhaité célébrer ce passage de relais.Le cérémonial était sobre mais toutefois très appré-cié des hautes autorités locales invitées. Un hom-mage a d’ailleurs été rendu aux marins français etespagnols décédés. Puis le CF Boris Solin a remisla charge de « vice-roi » de l’île des Faisans à sonhomologue, le CF Jaime de la Puente Mora-Figue-roa.Le titre de « vice-roi » de l’île des Faisans, conféréaujourd’hui aux commandants locaux des marinesriveraines, reposerait sur la tradition des commis-saires royaux, à qui l’on avait confié la surveillancedes lignes frontalières dans le traité des Pyrénées.

Malgré la naissance de la République française, cetitre honorifique est maintenu en France par imi-tation de la partie espagnole. Quant à la présence de la Marine nationale àBayonne, elle est trop souvent minimisée. En effet,la Marine est représentée en Pays basque depuis1873 et à Bayonne depuis 1983. Initialement, elleétait implantée pour tempérer les tensions entreriverains et légiférer sur les droits de pêche dans labaie du Figuier, où se jette la Bidassoa. Ainsi, pourmettre fin à des conflits vivaces entre pêcheurs etriverains, les gouvernements nationaux ontdemandé à leur marine de mettre en place uneforce stationnée. Cette présence revêt donc uncaractère particulier et original.Leur réussite est consacrée par la convention du27 mars 1901 qui confie formellement le pouvoirde légiférer et le droit de police aux commandantsdes stations navales française et espagnole. Les commandants des marines française et espa-gnole ont dès lors hérité de la gestion de la Bidas-soa, en même temps que le titre de « vice-roi » del’île des Faisans située sur ce petit bras de fleuve :« Le mouillage et l’entrée de la rivière resteront endehors des eaux placées sous la juridiction exclusivede l’un comme de l’autre pays, avec la division de lazone en trois parties, l’une française, l’autre espa-gnole et une autre, la plus importante, à jouissancecommune. »Victime de la montée des eaux, la petite île estextrêmement protégée grâce à des palissades etdes empierrements. Parce qu’entre tradition etmodernité, ce condominium, le plus petit dumonde reste un exemple d’entente entre les marinesfrançaise et espagnole. ®

EV1 (R) ÉDOUARD DE VAUGRIGNEUSE

UN PEU D’HISTOIRE

Cette lande de terre entre languesespagnole, basque et française, tiendrait sonnom du terme basque « faceros » désignant«celui qui fait ». Aucun rapport donc avec les plumes du gallinacé qui servaient à signernombre de traités ! Pour autant l’île estdepuis le XVe siècle le support d’actes de diplomatie dont elle est aujourd’hui unsymbole pacifique érigé en sanctuaire. Lesnombreux événements qui s’y sont déroulésont toujours permis de dénouer pacifique-ment des situations que les conflits armés nepouvaient résoudre. On retient notamment lasignature du traité des Pyrénées en 1659qui a scellé la paix entre les deux nations eten marge de laquelle a été organisé le futurmariage de Louis XIV avec l’infanted’Espagne. Depuis 1856, les deux États separtagent la souveraineté de l’île. Ainsi, tousles six mois, l’île change de camp. Cela n’af-fecte pas grand monde, puisque l’île en plusd’être inhabitée, n’est pas ouverte au public.

Le mouillage et l’entrée de la rivière resteront en dehors des eaux placées sous la juridiction

exclusive de l’un comme de l’autre pays, avec la division de la zone en trois parties, l’une

française,l’autre espagnole et une autre, la plus importante, à jouissance commune.»

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1 HONNEURS AUX MARINS FRANÇAIS ET ESPAGNOLS DÉCÉDÉS2 LE COMMANDANT DE LA MARINE À BAYONNE, LE CF BORIS SOLIN, REMET LA CHARGE DE « VICE-ROI » DE L’ÎLE DES FAISANS À SON HOMOLOGUE,LE CF JAIME DE LA PUENTE MORA-FIGUEROA.

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CHRONIQUEdupersonnel

LE PRIX AMIRAL LE PICHON RÉCOMPENSE SIX INNOVATEURS

Dans les salons de l’Hôtel de la Marine, six Géo Trouvetou ont reçu le prix de l’innovation 2012.

1 Ce ne sont pas des scientifiques en blousesblanches mais des marins, prêts à faire preuved’initiative pour améliorer leur condition de tra-vail et celles de leurs camarades, qui ont étérécompensés par le prix Amiral Le Pichon le 26janvier dernier dans les salons de l’état-major.La Marine est particulièrement attachée à cetesprit d’innovation. Ainsi deux prix coexistent,le prix Amiral Le Pichon et le prix de l’Audacequi sont décernés en alternance une annéesur l’autre. Quant au cru 2012, il a été des plusriches en innovations puisque quatorze pro-jets étaient en lice. Tous domaines confondus,ces nouveautés touchent autant les sujets

environnementaux que les domaines très tech-niques et opérationnels.Certains de ces innovateurs ont tenté de confé-rer de nouvelles fonctions à un objet, d’autressont allés jusqu’à en inventer de nouveaux.Ainsi par exemple, le premier maître SébastienVrac a créé un système de filtrage des eauxpolluées des bassins d’entretien des bâtiments.En effet, ces eaux utilisées pendant les arrêtstechniques étaient rejetées polluées. À pré-sent, le système qu’il a mis au point, basé surun filtre composé de paille et de sable, permetd’évacuer une eau propre à 90 %. Mais, pour promouvoir l’innovation, la Marinene se cantonne pas uniquement à décernerdes récompenses. Elle s’attache à développerun réseau de correspondants locaux de l’in-novation qui apportent une première aide pourla réalisation d’un projet. En effet, les difficul-tés sont souvent nombreuses, l’aspect finan-cier bien sûr, car toute innovation a un coût, aumoins pour la mise au point des prototypes,mais aussi la disponibilité nécessaire et parfois

encore le scepticisme de la hiérarchie face àdes projets dont elle n’évalue pas précisémentle bien-fondé. La Mission innovation du ministère (MIP)(1) apourtant été créée par un marin, l’amiral HervéLe Pichon pour justement palier ce manquede coordination qu’il avait ressenti. La MIP aainsi offert un budget de 3 300 euros au pre-mier maître Sébastien Vrac afin de lui per-mettre de construire le filtre et d’effectuer lestests en collaboration avec le laboratoire d’ana-lyses de la Marine à Cherbourg. Cette invitation à innover permet de faire éclorele génie des marins quels que soient leur gradeou leur spécialité. Ce prix rappelle combien lacréativité et l’esprit d’innovation sont impor-tants au sein de la Marine. Ces petites ougrandes améliorations peuvent changer nota-blement le travail quotidien des marins. Impos-sible donc de se demander : « Comment n’yavait-on pas pensé plus tôt ? » ®

(1) Le site de la MIP est consultable sur Intradef à l’adresse :www.dga.defense.gouv.fr/innovation/

AMIRAL HERVÉ LE PICHON

Le vice-amiral HervéLe Pichon entre dansla Marine en 1951.Pilote de l’aéronau-tique navale, ilcommande en 1988l’aviation embarquéeet le groupe des porte-avions. Il est à l’origine de

la Mission innovation, devenue par la suite la Mission innovation participative(MIP) dont il est le premier dirigeant.

LES CINQ LAURÉATSPRIMÉS EN 2012

• Le capitaine de frégate Arnaud deTruchis pour le MILO, une innovation quipermet le traitement en réception de données tactiques et AIS pour les SNA.• L’enseigne de vaisseau de 1re classeFrançois Lacoste, le maître principal RogerMallejac et le premier maître JéromeCano-Prado, pour la baie COMINT MILAqui améliore les capacités de veille et derecueil d’information ROEM de niveauxstratégique et tactique.• Le capitaine de corvette Olivier de France pour le gilet de combat. Cet équipement offre plus de contenanttout en permettant au personnel de se déplacer plus aisément.• Le premier maître Sébastien Vrac, pour le filtre à bassin, un procédé qui permet une filtration des eaux polluéesà l’intérieur des bassins utilisés àl’occasion d’un ATI/ATM.• Les maîtres principaux Frédéric Riera et Hermann Tolu pour leur projet Diaboloet Satanas. Il s’agit respectivement d’unsystème de détection et identification parbouées Lofar, ainsi que d’un systèmed’acquisition, de traitement et d’analyse de signaux. Les récompenses sont de 500 euros par projet et un témoignage de satisfaction du CEMM pour chacun des lauréats.

FILTRES À BASSIN.

LE VAE VERWAERDE, MAJOR GÉNÉRAL DE LA MARINE, REMET LE PRIX AMIRAL LE PICHON AU PM SÉBASTIEN VRAC.

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CÉRÉMONIE DE REMISE DES PRIX À MAISTRANCE

1 Le 20 janvier 2012, s’est déroulée sous laprésidence du vice-amiral d’escadre Jean-PierreLabonne (préfet maritime de l’Atlantique, com-mandant de la zone maritime Atlantique, com-mandant de la région maritime), la cérémoniede remise des prix de la promotion Contre-torpilleur Bison de l’École de maistrance. Cettecérémonie distingue les plus méritants maismarque surtout la fin de la formation initiale de dix-huit semaines et l’obtention du brevet de maistrancier. Lors de cette cérémonie, dix-sept prix ont récompensé les meilleursélèves, dont le prix du chef d’état-major remispar le VAE Labonne au major de promotion, le quartier-maître maistrancier Nicolas Cazau-

mayou de spécialité de manœuvrier.Le CV Nicolas Bezou, commandant le centred’instruction naval de Brest, a quant à lui remisson prix au quartier-maître maistrancier FabienVilledieu de spécialité d’électronicien de bord,deuxième de promotion.Le CV Bezou a, par ailleurs, souligné lors de sonallocution d’ouverture « la fierté légitime queles élèves maistranciers doivent avoir en entrantdans la Marine nationale et en adhérant à sesvaleurs fondamentales : Honneur, Valeur, Patrieet Discipline. Valeurs déclinées et expliquéesdans le livret du marin qui leur a été remis cemême jour et seront désormais leurs réfé-rences d’officier marinier et de marin ». ®

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CALENDRIER DE LA TOURNÉE DES PORTS DU DPMM1 Le vice-amiral d’escadre Oli-vier Lajous, directeur du per-sonnel militaire de la Marine,sera en tournée des ports du15 mars au 13 avril 2012. Latournée débutera à Cherbourget prendra fin à Toulon.Comme l’année dernière, leDPMM rencontrera le personnelofficier et civil de catégorie A, puisle personnel non officier et civil decatégorie B et C au cours de deuxconférences. Il présidera en-suite des tables rondes consti-tuées des correspondants dupersonnel officier et non officier,ainsi que des représentants dupersonnel civil. ®

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ESPACEloisirs

BREST RETROUVE SES COULEURS

Un mois d’exposition à Paris(1) et un pariréussi, celui de faire revivre des villes fortifiées à la gloire d’une France défensive et offensive : grâce aux plans reliefs d’époque et quelques écrins, comme Brest.

1 Se promener dans les avenues de Brest, descen-dre la rue de Siam, repenser aux quelques bordéesentre marins est toujours bien sympathique maisassez éloigné de ce que la ville était il y a encoresoixante-dix ans. À l’époque, avant l’occupation alle-mande et les bombardements alliés, les vieux quar-tiers descendaient vers le pont de la Recouvrance etle port, véritables poumons de la Marine et de laville. De cette union née sous Louis XIV, la vocationmilitaire et maritime de Brest avait grandi et fait despetits. Qui s’en souvient ? Les installations de béton,les casemates, les bassins de radoub, l’abri Saadi-Car-

not ne laissent qu’une image tronquée de ce que futla grandeur et l’histoire de Brest. Et pourtant elle futimmense. C’est ce que nous pouvons découvrir auGrand Palais à Paris jusqu’au 17 février 2012. Unesuperbe représentation de la ville de Brest dans unplan relief datant de l’Empire y est exposé. Construità la demande de Napoléon, ce plan relief laisse rêveurdevant l’étendue des installations le long des rives dela Penfeld à l’époque, initiées sous le cardinal deRichelieu, puis enrichies sous l’impulsion de Col-bert au cours du règne de Louis XIV avant d’êtreconfortées comme l’un des principaux arsenaux del’Empire puis de la République. Objet unique, ayantsouffert des travers de l’histoire, ce plan relief est làpour rappeler d’incroyable manière ce que fut la villede Brest avant qu’elle ne connaisse le déluge de feu,prélude à sa libération en septembre 1944.

Des trésors architecturauxDéjà en 1940, lors de l’arrivée de l’armée allemande,la ville fut transformée en base de sous-marins pourla kriegsmarine et connut le temps de sa présence pasmoins de 165 bombardements jusqu’en 1944, annéefatale qui vit ses trésors architecturaux détruits àjamais sous les pluies de bombes entre août et sep-tembre. Il faut dire que la bagarre ne pouvait donnerdans la dentelle. Troupes d’élites allemandes d’uncôté (parachutistes ayant fait leurs preuves en Crêteet à Monte Cassino) et en face le VIIIe corps de TroyMiddleton, envoyé par le général Patton en per-sonne. La confrontation fut dramatique et l’ensem-ble des quartiers de la ville de Brest fut rasé avantd’être reconstruit selon des principes architecturauxqui tenaient compte à la fois des urgents impératifsd’après-guerre mais aussi d’une vision architecturaleplutôt américaine que bretonne… Au final, la villeretrouva vite son statut d’arsenal emblématique dela Marine nationale, mais sans ses trésors d’antan.Soyez rassurés, ils ne sont pas tout à fait perdus. Àdéfaut de pouvoir les admirer dans les rues, vouspourrez en effleurez le souvenir à travers cette expo-sition insolite et grandiose qui rappelle combien laMarine fut dessinatrice du destin de Brest. Et si vousratez l’exposition, n’hésitez pas à prendre contactavec la Réunion des Musées nationaux, car ces plansreliefs sont de vibrants objets de l’histoire, mais aussiune invitation à la promenade grâce aux talentsinsoupçonnés des topographes de l’époque.

Une immense perteL’abri Sadi-Carnot, creusé en plein centre-ville deBrest en 1941-1942, servait de refuge aux 2 000 Bres-tois restés dans la cité, ainsi qu’aux troupes alle-mandes d’occupation. L’explosion accidentelle sur-venue dans la nuit du 8 au 9 septembre 1944provoqua la mort de 371 Français et de 500 à 600 sol-dats allemands.

ASP (R) ANTOINE DE SURIREY

(1) Exposition, mode d’emploiDu 18 janvier au 12 février 2012, dans la Nef du Grand Palais à Paris. Unedouzaine de sites à observer avec leurs bastions, leurs défenses. Aux côtés de Brest, la ville de Cherbourg. Entrée : 5 € (2,5 € tarif réduit). Rens : http://lafranceenrelief.maison-histoire.fr/

PLANS RELIEFS DE LA VILLE DE BREST.

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Histoire

18 JANVIER 1941, non loin de la frontière maritimeentre le Siam et le Laos, cinq bâtiments de la flottefrançaise d’Extrême-Orient font route, tous feuxéteints vers la baie de Koh Chang. À 6 h 15, ils enga-gent le combat tandis que le jour point à peine.Deux heures plus tard, les cinq bâtiments, n’ayantsubi aucune perte ni matérielle ni humaine, fontroute dans le sens inverse. Entre temps, au coursd’un combat naval bref mais intense, ils ont détruitle tiers de la flotte siamoise. Six mois après la défaite de l’armée française sur lefront européen, cette victoire en Extrême-Orientne manque pas de surprendre. Elle n’aura cependant

Koh Chang, la bataille oubliée

Histoire

aucun conséquence politique et l’on discute encoredes raisons de ce brillant, quoique bref, fait d’armes.

Le contexteEn cette année 1941, le Siam, allié du Japon quiconteste la présence française en Indochine, reven-dique des territoires à l’Est du Mékong, le fleuvefrontalier. La défaite française de 1940 exacerbe sesvisées expansionnistes, les incursions et les provo-cations à la frontière terrestre se multiplient. Débutjanvier, les troupes françaises à terre doivent recu-ler face à une armée siamoise de plus en plus pres-

sante. L’amiral Decoux, gouverneur général de l’In-dochine, craint une attaque de grande ampleur,difficile à contenir sur une frontière terrestre trèsétirée et difficile à défendre. Il décide alors d’uneoffensive à terre et sur mer qui doit débuter le 16 jan-vier. Pour appuyer l’offensive terrestre, il demandeà l’amiral Terreaux, commandant la Marine enIndochine de préparer une opération contre la flotteet les bases navales siamoises Sur place, la flotte française dispose de cinq bâti-ments : le croiseur La Motte Picquet, les avisos colo-niaux Dumont d’Urville et Amiral Charner et lesavisos Marne et Tahure. Pour l’opération, le groupeainsi constitué est placé sous les ordres du capitainede vaisseau Bérenger, commandant du La MottePicquet, par ailleurs fin connaisseur de l’Extrême-Orient. En attendant l’ordre officiel du gouverneurgénéral, l’escadre se concentre à Poulo Condore,toute communication avec l’extérieur lui étant inter-dite. Durant la journée du 13 janvier, l’amiral Ter-

La commémoration du 70e anniversaire de la bataille navale de Koh Chang en janvier 2011 est passée inaperçue. Elle est pourtant un des faits d’armes les plus brillants de la Marine au XXe siècle.

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LE COMBAT DE KOH CHANG (ANONYME 1941).

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reaux rédige l’ordre d’opération. Il prévoit quatreéventualités et laisse au commandant du groupeune grande initiative pour choisir au derniermoment en fonction des ultimes renseignements.Le 15 janvier, le gouverneur général donne l’ordred’engager les opérations terrestres et navales. Legroupe français appareille à 21 h et se dirige vers legolfe de Siam. Il navigue loin des côtes, tous feuxéteints et en silence radio complet. Le succès del’opération repose sur la surprise de l’ennemi.Des reconnaissances aériennes le 16 janvier per-mettent d’identifier quatre bâtiments (ils sont enfait cinq) dans la baie de Koh Chang et plus de dix,(dont deux sous-marins), dans le port de Satahub.Le capitaine de vaisseau Bérenger décide d’attaquerKoh Chang qui semble plus vulnérable. C’est le cas« C » de l’ordre d’opération.Koh Chang est la plus grande île d’un archipel situéà proximité des côtes siamoises, non loin de la fron-tière laotienne. Les cartes dont disposent les marinsfrançais sont anciennes et peu précises. Le capitainede vaisseau Bérenger sait qu’il devra être prudent carles eaux de la baie sont peu profondes et les îlotsnombreux.

Un combat très brefLe 17 janvier, le groupe français arrive à proximitéde la baie de Koh Chang. Le jour est à peine levé, lamer est étale, seule une brume légère entoure lesnombreux îlots. Bien que légère, elle peut gê ner lesmarins français pour distinguer les navires siamoisou des installations à terre. À 5 h 45, le capitaine devaisseau Bérenger donne l’ordre de dislocation desbâtiments qui, au même moment, rappellent auposte de combat.Contre toute attente, ce sont les Siamois qui enga-gent le feu les premiers. Ils visent en fait un hydra-vion Loire 130 français qui survole la baie de KohChang pour établir la position précise des bâti-ments ennemis. En réplique, le La Motte Picquet tire presque immédiatement sur deux torpilleursdont l’un est gravement touché. La première salvede tirs a aussi détruit un poste d’observation à terre.Il semble qu’il ait été confondu avec un bâtimentdans la brume. La confusion a néanmoins uneconséquence favorable pour les marins françaispuisque les communications avec la terre sont deve-nues impossibles aux Siamois et les privent dedemander des renforts.Jusqu’à 7 h, les cinq bâtiments français tirent sansdiscontinuer, détruisant encore deux torpilleurs ; l’uncoule, l’autre brûle. Des colonnes de fumée s’élèventdans le ciel.Au moment où le La Motte Picquet manœuvrepour s’éloigner, il aperçoit à 4 000 m le garde-côte cuirassé Dombhuri, l’une des unités les plusmodernes de la flotte siamoise. Le bâtiment sedérobe et se cache derrière certains îlots. Le La Motte Picquet le poursuit difficilement dansune zone au fonds très faibles et mal connus.

Voyant qu’il brasse de la vase, le CV Berengerdonne l’ordre de s’éloigner. Les tirs du La MottePicquet ont cependant atteints leur cible, le Domb-huri est gravement touché.À 8 h, le commandant de l’escadre ordonne la findes opérations et aux bateaux de faire route vers lelarge. Mais une heure plus tard, le La Motte Picquetest la cible, par surprise, d’un Vought Corsair sia-mois qui l’attaque en piqué. Pendant près d’uneheure, les attaques sont intermittentes. La défenseantiaérienne riposte et aucune bombe n’atteint sacible. L’escadre est de retour à Saïgon le 19 au matinet y reçoit un accueil triomphal.

Un très lourd bilan pour la Marine siamoise

L’escadre française n’a subi aucune perte, ni humaineni matérielle. Le Siam, en revanche, a perdu le tiersde sa flotte. Quatre bâtiments sont détruits et uncinquième est sérieusement endommagé. Il s’agitdu garde-côte Ahidea, sans doute touché dès le débutpar un tir du La Motte Picquet et qui s’est échouédans l’embouchure d’une rivière et n’a donc pas prispart au combat. Les Siamois déplorent égalementplusieurs centaines de victimes.

Les raisons encore discutées de la victoire

« Well done », a conclu un amiral anglais dans uncommentaire à l’amirauté britannique quelquesheures après la bataille de Koh Chang. Les rai-sons de ce rapide mais incontestable succès de laMarine française restent cependant encoreaujourd’hui discutées. L’effet de surprise est communément avancé et a

incontestablement joué un rôle essentiel. La flotteadverse, prise au dépourvu, n’a pu que subir l’at-taque. L’argument mérite cependant d’être nuancécar, le contexte régional très tendu dans les joursprécédents et le survol de la baie la veille et le matinmême par des appareils français avaient sans douteconvaincu les Siamois d’une attaque imminente.La chance, du côté français, a aussi joué un rôle.La destruction involontaire d’un poste de guetpar un tir du La Motte Picquet a empêché les Sia-mois de demander les renforts aériens qui auraientsans doute compliqué la tâche des navires français.Enfin, le Dombhuri, principal bâtiment présent, estsévèrement touché dès le début des combats, soncommandant et l’officier de manœuvre sont tués.La principale raison du succès est cependant à met-tre au crédit du CV Bérenger et à la stratégie qu’il achoisie. L’amiral Terreaux lui avait laissé une trèslarge initiative pour choisir au dernier moment enfonction des circonstances. Adepte du bon sens, ilavait su résister à la tentation d’attaquer simultané-ment en deux points la flotte siamoise et avait pré-féré se concentrer sur le secteur qui lui semblait le plusvulnérable. La suite lui a donné raison.

Une victoire sans conséquence politique

La victoire navale française n’aura aucune consé-quence politique. Dès le 20 janvier, le Japon proposeses bons offices aux belligérants. Rapidement, l’ac-cord qu’il impose s’avère un ultimatum que le gou-verneur de l’Indochine n’a ni les moyens politiquesni militaires de contester. Ce « compromis » amputel’Indochine de plusieurs territoires.En métropole, en ce début de 1941, la victoire navalede Koh Chang passe complètement inaperçue…

CF JÉRÔME BAROË

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INFOESPACE

LES LAURÉATS DU 42E SALON DE LA MARINE

1 Du 2 décembre 2011 au 8 janvier 2012, le Muséenational de la Marine accueillait dans les murs duPalais de Chaillot, le 42e salon de la Marine. Cetteannée, le salon présentait des œuvres à thème mari-time de la métropole et de ses outre-mer. Peintres,dessinateurs, photographes, sculpteurs ont exposéplusieurs centaines d’œuvres, autant de regards dif-férents sur les océans, les rivages qui les bordent, surles personnes qui y travaillent, y combattent ou s’y dis-traient. Ainsi, les peintres nous montrent, à traversleurs œuvres, la diversité des perceptions que l’onpeut avoir de la mer. Tous les marins, qu’ils soientd’État, de commerce ou de la pêche, subissent l’al-ternance des mouvements de la mer, des change-ments de temps, des nuits passées à la passerelle. Lespeintres révèlent au public ce qui n’est pas percepti-ble par la parole. ®

LES PRIX

Présidé par le vice-amiral Jean-Louis Vichot,directeur du Centre d’études supérieures dela Marine, le jury a attribué les prix suivants :• Médaille d’or : Christian Hamard • Médailles d’argent : Sylvie du Plessis,

Michel Sieurin • Médailles de bronze : Raoul Gaillard,

Jean-Pierre Lelaidier, dit Morio, Emmanuel Lemardelé

• Lettres de félicitations :Christophe Curien, Philippe Dannic, Geneviève Decroix, Thierry du Parc Locmaria, Yannick Germain, Jean-PierreGuilleron, Sylvie Koechlin, Yves Le Bloas,Denis Léger, Zhongyao Li, Max Loriquet,Franco Salas-Boequez, Agathe Verschaffel

Le 25 janvier 2012, dans les salons del’Hôtel de la Marine, l’amiral BernardRogel, chef d’état-major de la Marine, a remis le Prix du Salon aux peintres,photographes et sculpteurs lauréats du 42e Salon de la Marine.

LES LAURÉATS LORS DE LA REMISE DU PRIX DU SALON DE LA MARINE.

CRÉPUSCULE D’UN CHANTIER NAVAL,CHRISTIAN HAMARD (MÉDAILLE D’OR).

LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR DE LA MARINE, L’AMIRALBERNARD ROGEL, ET MME SYLVIE DU PLESSIS.

LE DENTISTE DU TITAN, MICHEL SIEURIN(MÉDAILLE D’ARGENT).

BÂTEAU RÉVEUR, THIERRY DU PARC LOCMARIA.

COLÈRE AUX POULAINS, PHILIPPE DANNIC.

PONT D’ENVOL, SYLVIE DU PLESSIS (MÉDAILLE D’ARGENT).

loisirs

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DANS LES SEMAINES À VENIR

Du 24 janvier au 13 février, côte Est des États-UnisEntraînement amphibie Bold Alligator. Participation du BPC Mistral.

18 février, Clermont-FerrandCommémoration du torpillage du sous-marin Surcouf.

21 février, Paris, École militaireConférence CESM : « Marine et politique : commander en temps de révolution ».

2 et 4 mars, France 3Diffusion de l’émission « C’est pas sorcier » sur les sauveteurs des mers.

Du 4 au 11 mars, Saint-NazaireDépart de la course la Solidaire du Chocolat.

5 mars, ToulonDépart de la mission Jeanne d’Arc 2012.

8 mars, BrestAppareillage des goélettes pour une traverséetransatlantique.

10 mars, Brest Journée d’information et de présentation du Lycée naval.

Du 12 au 23 mars, Paris, École militaireSéminaire interarmées des grandes écoles militaires.

13 mars, Paris, Institut CatholiqueConférence « Les terres françaises du fond desmers, enjeux et perspectives du projet Extraplac ».

INFOagenda

15 mars, CherbourgTournée des ports du DPMM.

15 marsJournée nationale du réserviste (JNR).

Du 16 au 19 mars, Nantes Cérémonie de parrainage de la frégate Chevalier Paul par la ville de Nantes.

28 et 29 mars, BrestTournée des ports du DPMM.

29 mars, Paris, École militaireConférence CESM-IRSEM « Planète mer : les réseaux maritimes de l’économie mondiale ».

DANS LES SEMAINES À VENIR N’hésitez pas à nous faire part des activités que vous souhaiteriez voir figurer dans cette rubrique. [email protected]

BON DE COMMANDE

RESERVÉ AUX LECTEURS DE «COLS BLEUS»

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CRÉDITS PHOTOS ET ILLUSTRATIONS

RÉDACTION : 2, rue Royale – 75008 Paris ®Tél. : 01 42 92 17 17 – Télécopie : 01 42 92 17 01 ®E-mail : [email protected] – Internet : www.defense.gouv.fr/marine ®Directeur de la rédaction : CF Jérôme Baroë ®Rédactrice en chef adjointe : LV Céline Horlaville ®Secrétaire : Mot Phaëdra-Noor Messoussa ®Rédacteurs et journalistes : Stéphane Dugast ; LV Colomban Errard ;Asp. Margot Perrier ® Collaborateurs : EV (R) Pamela de Montleau ; Asp (R) Antoine de Surirey ; EV (R) Anne-Sophie Faubert ; LV (R) Anet Sauty de Chalon ®Infographie : Serge Millot ®Directeur de la publication : Capitaine de vaisseau Dominique de Lorgeril, directeur de la communication de la Marine ®Abonnements : 01 49 60 52 44 ®Publicité, petites annonces :ECPAD, pôle commercial – 2 à 8, route du Fort, 94205 Ivry-sur-Seine Cedex – Christelle Touzet – Tél. : 01 49 60 58 56 – Télécopie : 01 49 60 59 92 – Mail : [email protected] ®Conception-réalisation : Idé Édition, 33, rue des Jeûneurs, 75002 Paris – Direction artistique : André Haillotte – Secrétaire de rédaction : Céline Le Coq – Rédacteurs graphiques : Bruno Bernardet, Nathalie Pilant®Photogravure : Média Grafik ® Imprimerie : Roto France, rue de la Maison Rouge, 77185 Lognes ®Les manuscrits ne sont pas rendus, les photos sont retournées sur demande. Pour la reproduction des articles, quel que soit le support, consulter la rédaction ®Commission paritaire n° 0211 B 05692/28/02/2011 ®ISBN : 00 10 18 34 ®Dépôt légal : à parution ®

bimensuel DE LA MARINE NATIONALE

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COUVERTURE MN

ACTUALITÉSPAGE 6 : MT LEFORT : MN - VENDÉMIAIRE : MN - EDAR : DGAPAGE 7 : MNPAGE 8 : PMM CHAMBERY : MN - GALLIC MARAUDER : VANESSA ELIZABETH / MN -PROMOTION BMPM : FLORENCE ALLEMAND / BMPM / MNPAGE 9 : PACTE D’AMITIÉ : VILLE DE CHOLET/ETIENNE LIZAMBARD - COMMISSARIAT : MN - BEAUTEMPS-BEAUPRÉ : MN - FUTSAL : MNPAGE 10 : FLAMANT : MN - SIROCO : MN - ESCALE LMP KOWEIT : OUEST-FRANCE

PASSION MARINE PAGE 11 : MNPAGE 12 : SHD – ECPADPAGES 13-14 : ECPADPAGES 15-17 : MNPAGE 18 : MN

VIE DES UNITÉSPAGES 19 -21 : MNPAGE 22 : MNPAGE 23 : BPC DIXMUDE : DCNS - FRÉGATE GEORGES LEYGUES : MN - PORTRAITS : MNPAGE 24 : MNPAGE 25 : MN

CHRONIQUE DU PERSONNEL PAGE 26 : SHD - MN PAGE 27 : MN

ESPACE LOISIRSPAGE 29 : ECPADPAGES 30-31 : MUSÉE NATIONAL DE LA MARINE/ S.DONDAIN - MNPAGE 32 : MN - CHRISTIAN HAMARD - PHILIPPE DANNIC - SYLVIE DU PLESSIS - MICHEL SIEURIN - THIERRY DU PARC LOCMARIA

AGENDAPAGE 33 : ALAIN MONOT / MN - LEATICIA RAPUZZI/ MN

COLS BLEUS TARIFS DES ABONNEMENTSCes conditions d’abonnement prennent en compte la parution désormaisbimensuelle du magazine. Trois options sont possibles : 6 mois soit 10 numé-ros, 1 an soit 21 numéros, 2 ans soit 42 numéros.

Bulletin à retourner à l’ECPAD accompagné de votre règlement à l’ordre de :Agent comptable de l’ECPAD, à l’adresse ci-dessous : Établissement de com-munication et de Production audiovisuelle de la DéfenseService Abonnements2 à 8 route du Fort – 94205 Ivry-sur-Seine CEDEX

* Le tarif spécial est conditionné par l’envoi d’un justificatif par le bénéficiaire. Il est réservé aux amicalistes, aux réservistes,aux moins de 25 ans, aux personnels civils et militaires de la Défense et aux mairies ou correspondants Défense.

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