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POUR UNE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE EUROPÉENNE

FOR A EUROPEAN DEMOCRATIC GOVERNANCE

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Les vues exprimées par chaque personne interrogée dans ce livre n’engagent que sa seule responsabilité et ne reflètent en aucun cas la position de

l’institution pour laquelle il travaille, Conseil de l’Europe, Commission européenne, Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne, etc.

Une autre vision de l’Europe, basée sur le respect de valeurs plus que sur la géographie : les membres du Conseil de l’Europe aujourd’hui : en gris clair les 10 membres fondateurs, en noir, les autres membres ; la Biélorussie (en gris foncé et au centre) a perdu son statut d’invité spécial en 1997 pour violation des droits

de l’homme, elle est à nouveau candidate

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Denis Rolland (coord.)avec

Janina Duda, Luisa FenuIrene Marsili, Raluca Maria Mihăilă

Marie Neihouser, Giulia Pastor

POUR UNE GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE EUROPÉENNELes Écoles d’Études Politiques du Conseil de l’Europeau cœur du dialogue européen

FOR A EUROPEAN DEMOCRATIC GOVERNANCE

The Schools of Political Studiesof the Council of Europe:

at the Heart of the European Dialogue

Préface de

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Ce livre est dédiéÀ la mémoire du professeur Yves Gautier, à sa familleet au travail infatigable de tous les artisans de la démocratie et des droits de l’homme aux

frontières politiques ou culturelles de l’Europe.

Remerciements :

à François Friederich, mon introducteur auprès des Écoles politiques,aux autres collaborateurs du Conseil de l’Europe qui guident ou ont guidé ces Écoles et leurs

séminaires,à tous les responsables d’Écoles, ceux qui m’ont accueilli, en Arménie, au Monténégro ou en Russie

notamment, à ceux qui m’ont patiemment écouté comme « expert », à ceux qui ont longuement répondu à mes questions,

aux participants de ce livre,

à ceux des mes collègues strasbourgeois, qui ont bien voulu s’associer au programme, à l’Institut Universitaire de France qui, par deux fois, m’a permis d’ouvrir progressivement la focale

de ma recherche,aux responsables successifs de l’Institut d’Études Politiques de Strasbourg et de l’Université de

Strasbourg, Florence Benoît-Rohmer, Renaud Dorandeu, Yves Gautier déjà cité et Sylvain Schirmann,

à Yves Strickler, vice président Recherche de l’Université Robert Schuman, pour son soutien indéfectible à nos initiatives de recherche, et Eric Westhoff, vice président Recherche de l’Université de Strasbourg, de même qu’au personnel de la Fédération de Recherche « L’Europe en mutation » et à celui de la Cellule handicap,

aux étudiants du module strasbourgeois du Master of European Studies piloté par l’Universita degli Studi di Siena, déterminants dans la préparation de ce livre, Giulia Pastor, Irene Marsili, Janina Duda, Luisa Fenu, Marie Neihouser, Raluka Mihaila.

aux responsables et membres enseignants de ce master, Ariane Landuyt, Giuliana Laschi notamment, qui ont encouragé mon ouverture « européenne » et à Mme Nicole Piétri qui a établi le contact initial avec ce master.

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SOMMAIREPréface de XXX

Introduction

Documents et cartes/Documents and maps

Première partie. DIALOGUE AU CŒUR DE L’EUROPE : LES RESPONSABLES DU CONSEIL DE L’EUROPEDIALOGUE IN THE HEART OF EUROPE :THE RESPONSIBLES OF THE COUNCIL OF EUROPE

1. « Diffuser des idées démocratiques »2. « Des lieux de rencontres et d’échange »3. « Une initiative de la société civile »4. « Un engagement politique, mais non partisan »5. « Un programme joint financé à parts égales par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne »

Documents

6. « L’Agence européenne des droits fondamentaux ne rivalise pas avec le projet des Écoles d’études politiques »7. Nicola Cangemi (transcription en cours)8. « C’est aussi au Conseil de l’Europe de fixer ses priorités »9. « Le Conseil de l’Europe est un instrument dans les mains de l’Union européenne »

Deuxième partieFORMER LA SOCIÉTÉ CIVILE, DE LA RUSSIE AU CAUCASE ET AUX BALKANS : LES RESPONSABLES DES ÉCOLESORGANIZING THE CIVIL SOCIETY, FROM RUSSIA TO CAUCASUS AND BALKANS : THE SCHOOL’S RESPONSIBLES

1. “The rule of law is not only rules and regulations” (MSPS, Russia)2. “To bring up the whole new generation of political and public leaders” (MSPS, Russia)3. “An institution absolutely indispensable in countries with weak political élites and

a very simplistic understanding of public affairs” (BFCE, Serbia)4. “We really changed their way of act” (BFCE, Serbia)5. « La source d’une nouvelle élite » (OS, Roumanie)6. “A good platform to improve the democratic process” School ()7. “I’m very proud because right now they are in a very higher position” ()8. “Under the umbrella of the Council of Europe office, […] facing peaceful

coexistence” (Sarajevo School, Bosnia-Herzegovina)Document9. “One of the very serious programmes and NGOs in the country” (IPS, Kosovo)10. “Albanians not only feel Europeans, but they want to join EU institutionally as soon as possible” (Albanian School of Political Studies)

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11. “Besides these goals related to education and values, […] upgrading the Armenian relation with the EU and Council of Europe structures” (Armenia)

12. A unique opportunity for a best understanding, (Azerbaïdjan)13. Une adaptation du modèle des Écoles d’études politiques au cas de Chypre

Troisième partie. TRANSMETTRE UNE EXPERTISE ET DES MOYENS :INTERVENANTS, PARTENAIRES ET DONATEURSTRANSFERRING AN EXPERTISE AND MEANINGS :THE INTERVENANTS,, PARTNERS AND DONORS

Intervenants1. « At these schools were precisely the people that needed this kind of programme! »2. “The aim of the School, to promote civic consciousness”3. “To rebuild the balance in the society”, 4. « Le Conseil de l’Europe a toujours été un lieu beaucoup plus « poil à gratter » que

la Commission Européenne »5. « On n’a jamais fini d’apprendre la démocratie dans tous les pays ! »

Partenaires/Partners6. « Pour l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, en ce qui concerne les droits de

l’Homme dans le voisinage, est d’une importance primordiale »7. « Strasbourg, ville vecteur de la construction européenne »8. « La gouvernance démocratique européenne n’a pas vocation à se limiter aux 27

États-membres »9. « La différence de contexte n’empêche pas d’exporter la démocratie et de réussir à la

greffer »10. “There is the lack of co-ordination among the donors”

Donataires/Donors11. “There is the lack of co-ordination among the donors” (Sweden SIDA)12. “Working on the state building process in the Western Balkans […], we think this is

very important for the future” (EFB),

Quatrième partie. SE FORMER À LA DÉMOCRATIE ET AUX DROITS DE L’HOMME :LE PUBLIC DES ÉCOLESPREPARING THE DEMOCRACY AND THE HUMAN RIGHTS:THE SCHOOLS PUBLIC

1. “A platform for talking with different people” (Russia)2. “The Ukrainian political culture prevents from direct access to the main political

players” (Ukraine)3. « Une forme de diplomatie publique » (Arménie)4. « Cette expérience les aidera à avoir une relation meilleure, plus ouverte » (Roumanie)5. “A new institution, yet with a leader role in its field”. Enquête auprès des

participants de l’Ecole roumaine Ovidiu Sincai (Roumanie)

AnnexesListe et coordonnées des ÉcolesSources et bibliographie

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Table des matières détaillée

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Préface

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« Le vrai défi de la démocratie est de savoir si, globalement, elle sera capable de régler simultanément tous les problèmes contemporains. Et la démocratie n’est attractive que lorsque les individus vivent en dictature. Regardez toutes ces démocraties d’Europe orientale qui nous ont rejoints. Quand ils vivaient sous la dictature, les gens de ces nations manifestaient un grand courage et un désir incroyable de démocratie, qui les a parfois conduits à donner leur vie. Cinq ans après l’indépendance, cependant, l’attrait des élections ne fonctionnait déjà plus pour presque la moitié d’entre eux. Les gens votent de moins en moins, mais de plus en plus pour des parties extrémistes ; et la démocratie donne l’impression d’être désespérément inefficace. Nous savons que, si on la compare avec d’autres systèmes de gouvernement, la démocratie est caractérisée par un processus de décision lent, consécutif au respect de nos principes, qui sont pris en compte par les procédures. Et cette lenteur elle-même affecte la réalité des décisions ».

« Il n’y a pas de tâche plus importante pour des démocrates aujourd’hui que de considérer la démocratie elle-même et les moyens de l’améliorer »

Michel Rocard, Académie d’été des Écoles politiques, Conseil de l’Europe, Strasbourg, juin 2009.

"The real challenge concerning democracy is knowing whether, globally, it will be capable of dealing simultaneously with all contemporary problems. And democracy is only attractive when people are living under dictatorships. Just look at all the democracies in Eastern Europe which we have recently taken in. When they lived under dictatorships, the people of those nations showed great courage and a tremendous aspiration for democracy, for which they sometimes laid down their lives. Five years after independence, however, electoral turnout was already down by almost half. People are voting less and less but more and more for extremist parties, and democracy is giving the impression of being desperately ineffective. We also know that, compared with all other systems of government, democracy is characterised by slow decision-making, due to respect for our principles, which are taken into account in procedures. And this slowness itself usually undermines the effectiveness of the decisions."

“There is no more important task for democrats today than considering democracy itself and ways of improving it”

Michel Rocard, Académie d’été des Écoles politiques, Conseil de l’Europe, Strasbourg, juin 2009.

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INTRODUCTION

Promouvoir une démocratie écrite sur le sable et une identité européenne dans la transparence de l’horizon

Denis Rolland

« Les mots les plus éloquents sont écrits sur le sable »Edgar Quinet

« Périphérie partout, centre nulle part »Pierre Leroux

Même placées sous l’élégante bannière étoilée de l’Europe, la question de la diffusion de la démocratie et des droits de l’homme, et celle de la promotion de la société civile ne sont jamais des questions simples. De même que, pour l’azur du drapeau, « c’est la société qui fait la couleur, […] pas l’artiste ou le savant »1, il n’est point de causalités simples, de « prétendues vérités universelles ou archétypales » sur ces sujets tissés de complexité. Ce livre et l’objet étudié, les Écoles d’études politiques placées sous le patronage du Conseil de l’Europe participent de l’histoire mouvante des savoirs.

Boîte de Pandore des valeurs et abysse des utopies comme des conflits politiques dans l’aire de développement des cultures européennes contemporaines, l’interrogation concernant le contenu de la démocratie, les valeurs liées à « la » démocratie occidentale (au singulier évidemment discutable) ou européenne n’admet aucune pensée simplificatrice ou réductrice.

Aborder systématiquement la formation à la démocratie ou au respect des Droits de l’homme est en outre une tâche délicate. Car, au cœur de cet ouvrage, il y a, avec l’une des tâches au cœur du travail du Conseil de l’Europe (droits de l’homme et démocratie), le travail de la diffusion de la démocratie libérale, après la « chute du mur », dans une grande partie de l’ancien espace européen de diffusion du communisme d’État : créées après 1992, les Écoles d’études politiques, institutions locales de promotion et d’éducation à la démocratie, œuvrant de la Russie au Caucase et aux Balkans, placées sous le patronage du Conseil de l’Europe, sont l’objet de cette étude.

1. Michel Pastoureau, Bleu, Histoire d’une couleur, Paris, Seuil, 2000, p. 9.

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Les Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe fonctionnent dans seize États qui définissent un voisinage de l’Union européenne : Croatie, Serbie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Kosovo, Albanie, Macédoine (FYROM), Bulgarie et Roumanie (les deux seuls membres de l’Union en 2010 et depuis 1992 et 1993), Moldova, Belarus (hors les murs, en Ukraine), Ukraine, Russie, Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan. Tous ont emprunté, à des degrés divers, les chemins de l’économie libérale et ont adopté une forme de démocratie - il y a peu : quelque deux décennies. Fruit d’héritages politiques et culturels variés, au-delà de la seule enveloppe commune d’une domination communiste, de modalités et de durée d’ailleurs variables selon les aires géographiques, le dégradé des institutions mises en place et de leurs modalités de fonctionnement est en conséquence logiquement considérable. Dans ce cadre, les sociétés civiles de ces rives orientales de l’Europe sont toutes « jeunes », cherchant encore leurs structures ou aires de développement, leurs modalités d’intervention ou de résonnance. Et c’est l’objet essentiel d’intervention de ces Écoles, au-delà de la formation du personnel politique.

Le Conseil de l’Europe

L’Union européenne est parfois considérée comme une « soft power » ; le précoce Conseil de l’Europe comme une « black power ». Dans les deux cas, le mot « power » demeure au minimum objet de discussion. De plus, la terminologie peut paraître prétentieuse, jugée à l’aune de capacités d’expression politique limitées.

En ce début du XXIe siècle, victime de ses difficultés initiales et du rapide compagnonnage de ce qui deviendra l’Union, le Conseil de l’Europe paraît habillé d’une ambiguïté politique, institutionnelle et même terminologique non surmontée. Qu’on en juge : aujourd’hui, le Conseil se présente au visiteur, au pied des marches de son grand escalier d’honneur, comme le « Palais de l’Europe »1 ; puis, sur toute la largeur de ses portes d’entrée, est proclamée et répétée une autre appellation, « Maison de la démocratie ». Mais où est le Conseil de l’Europe ? Quelles qu’en soient les bonnes raisons, historiques, architecturales ou de communication, l’identité présentée, ainsi déclinée en trois désignations, certes complémentaires, est incertaine, avant même que ne s’ajoutent de nombreuses confusions possibles - sur lesquelles nous reviendrons.

En fait, quand on aborde avec un public non spécialisé une question liée à cette institution méconnue qu’est le Conseil de l’Europe, l’on se heurte souvent d’abord à une confusion ; vient ensuite une interrogation ; avant qu’un constat de carence ne soit fait (le cheminement inverse étant d’ailleurs possible).

La confusion d’abord.

1. Lieu du siège du Conseil.

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Lorsqu’elle en connaît l’existence, l’opinion courante pense que le Conseil de l’Europe est un organisme de l’Union européenne. Or il n’en est rien1. Le Conseil fut la première institution communautaire. Il existait avant que ne s’esquisse la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), puis la Communauté européenne et, enfin, l’Union européenne. S’il avait été créé avec des ambitions politiques, elles firent long feu.

Pour reprendre la métaphore discutable d’un élu français, le résultat, au milieu des années 1980, serait que la CEE formerait alors le « noyau dur » de l’intégration européenne, tandis que le Conseil (qui fut pourtant la première institution communautaire) en serait l’enveloppe, la chrysalide abandonnée, desséchée, la coque. Et la question trop simple que cet homme politique pose a le mérite de planter les représentations respectives communes des années 1980 : « Tout en durcissant encore, le noyau dur doit-il chercher à s’étendre dans les limites de l’enveloppe plus large et même, pourquoi pas, au-delà, ou, au contraire, s’en séparer comme la coque de noix se sépare du brou »2…

Il y a confusion aussi parce que les emblèmes du Conseil, drapeau (1955) et hymne (1971) sont devenus aussi ceux de la Communauté : en deux étapes pour le drapeau étoilé, 1983 puis 1986 ; en 1985 pour le thème principal du quatrième mouvement de la Neuvième symphonie de Beethoven ou « Ode à la joie »3. Cette intelligente communauté délibérée de symboles entre Conseil de l’Europe et Union européenne encourage depuis le malentendu : les incertitudes frontalières entre les deux institutions sont légion4.

L’interrogation qui vient ensuite tient au rôle du Conseil : « Mais à quoi sert donc le Conseil de l’Europe ? ». Telle est l’une des interrogations les plus fréquentes sur cet organisme – pour ceux qui connaissent un peu son existence propre.

Né du traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, porté sur les fonts baptismaux par dix États européens, le Conseil de l’Europe est, en 1949, la première « tentative d’Europe ‘européenne’ », c’est-à-dire, si l’on reprend les mots d’un de ses plus classiques biographes, « faite par les Européens et pour les Européens »5. Même si le contexte de Guerre froide suffit à établir un lien 1. La confusion est ancienne, liée aux suites concrètes du Traité de Rome et au développement rapide de l’intégration économique. Dans l’introduction d’un rapport de 1984 intitulé Pour une relance durable du Conseil de l’Europe, l’auteur note, dès l’introduction, comme première condition : « Il est indispensable que les responsables, les journalistes, les citoyens puissent aisément distinguer l’une de l’autre les deux institutions principales dites « européennes », soit, d’une part, l’« Europe des Dix » - et bientôt des Douze – c’est-à-dire la « Communauté européenne » et, d’autre part, « l’Europe des vingt-et-un », c’est-à-dire le « Conseil de l’Europe ». Pour une relance durable du Conseil de l’Europe, Rapport de mission de M. Michel Dreyfus-Schmidt à M. le Premier Ministre, 5 mars 1985, multigraphié, p.1. L’importance prise depuis par l’Union n’a fait qu’aggraver cette confusion.2. Pour une relance durable du Conseil de l’Europe, ouvr. cité, p. 2. 3. Le poème de Schiller, mis en musique par Beethoven (avec quelques ajouts et arrangements de l’original), appelle à la fraternité, à l’égalité et à l’harmonie entre les hommes de toutes les nations. L’hymne européen n’est cependant qu’instrumental. Cf. Esteban Buch, La Neuvième de Beethoven. Une histoire politique, Paris, Gallimard, 1999.4. Le rapport déjà cité conseillait donc de dissocier les symboles. Pour le citoyen de l’UE, un seul registre de référents symboliques (dont la diffusion doit être améliorée) semble pourtant être indispensable.5. Jean-Louis Burban, Le Conseil de l’Europe, Paris, PUF, 1985 (3e éd. 1996), p.3.

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implicite, l’OCDE ou l’OTAN n’ont pas eu de rôle direct dans la création de ce « club des démocraties » occidentales.

Le Conseil, « fruit tardif de l’aspiration des Européens à l’identification mutuelle »1 est le fruit de deux compromis liés entre eux : pour schématiser à l’excès, entre partisans de l’Europe supranationale et simples avocats de la coopération ; entre Français et Britanniques aussi. De là, la signature, à Londres, du « Traité portant statut du Conseil de l’Europe ». Le responsable travailliste du Foreign Office britannique, Lord Ernest Bevin déclare alors : « Nous assistons pour la première fois sur notre vieux continent à la naissance d’une institution démocratique commune »2.

Les statuts définissent les objectifs du Conseil : « Tout membre du Conseil de l’Europe reconnaît le principe de la prééminence du droit et le principe, en vertu duquel toute personne placée sous la juridiction doit jouir des Droits de l’Homme et des Libertés fondamentales » (article 3). Konrad Adenauer, qui a accédé à la Chancellerie l’année de la création du Conseil qui est aussi celle de la naissance de la RFA, précise peu après qu’« il est de la plus grande importance […] d’avoir […] un centre où se réunisse presque toute l’Europe ». « Il est, ajoute-t-il, d’une grande importance pour le développement de l’Europe d’avoir créé, avec les institutions du Conseil de l’Europe, une plate-forme sur laquelle les représentants de notre continent se rencontrent régulièrement pour exposer leurs soucis essentiels, leurs désirs et leurs espoirs, et essayer de mettre au point des critères communs permettant d’évaluer leurs besoins et de coopérer dans un esprit de franchise et de bon voisinage. En d’autres termes, nous trouvons ici une expression de la conscience européenne. Il est de la plus grande importance, également, d’avoir ici un centre où se réunit presque toute l’Europe, quelles que puissent être les différentes nuances de conception dans nos efforts, pour réaliser une organisation plus étroite de notre communauté »3.

Sur le site de l’Union européenne, on lit aujourd’hui que « les nations de l’Europe occidentale fondent le Conseil de l’Europe en 1949 » ; sauf que la phrase suivante en réduit la portée à une sorte d’incubateur : « Il s’agit du premier pas vers une coopération, que six pays souhaitent approfondir »4. Alors, exit le Conseil, peau de chagrin des premières expériences inachevées et des temps pionniers ? C’est un peu plus complexe. Dès que l’Europe des Six commence à fonctionner, le Conseil voit son rôle réduit, en cette période de Guerre froide qui gèle la géographie de l’Europe libérale. Certes, Robert Schuman déclare déjà en 1951 que « le Conseil de l’Europe, en effet, est le laboratoire où se prépare et s’expérimente la coopération européenne ». Mais il ajoute que c’est « en attendant qu’il se transforme lui-même en une institution organique de l’unité européenne ». Il conclut toutefois : « Nous en

1. Expression de l’un des premiers analystes du Conseil, Pierre Duclos, Le Conseil de l’Europe, Paris, PUF, 1960, p.5.2. 5-05-1949. http://www.coe.int/aboutCoe/index.asp?page=peresfondateurs&l=fr (04-2010).3. 10-12-1951 ; archive sonore : http://www.coe.int/aboutcoe/index.asp?page=peresfondateurs&l=fr (08-2010).4. « L’Europe en bref/L’histoire de l’Union » http://europa.eu/abc/history/1945-1959/index_fr.htm (04-2010).

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sommes encore au stade des déboires initiaux et des échecs apparents, qui n’autorisent jamais le découragement, mais justifient parfois une impatience salutaire »1.

Pourtant, de ce dernier point de vue, le Conseil a échoué : l’intégration politique de l’Europe n’a pas suivi – et le moteur de l’intégration s’est déplacé du côté des institutions créées dans le sillage du Traité de Rome, sans que le Conseil y soit, d’une manière ou d’une autre, inséré. La tentative de promouvoir une intégration politique en Europe a échoué. Et cette image colle sans doute à la peau du Conseil jusqu’aujourd’hui. On se souvient du jugement cinglant de De Gaulle en 1962 sur cette « belle qui sommeille sur les bords du Rhin », « cette assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, qui, me dit-on, se meurt aux bords où elle fut laissée »2…

La chute du mur et la fin de l’URSS donnent un nouveau et grand souffle au Conseil, avec une aire géographique désormais très largement ouverte à son regard, son activité ou son intervention, des Balkans au Caucase. Les années 1990 ont été celles d’une grande vitalité fonctionnelle (bien décrite par Denis Huber3) d’un Conseil qui a, entre-temps, reprécisé ses objectifs : « Le but premier du Conseil de l’Europe, lit-on aujourd’hui sur le site du Conseil, est de créer sur tout le continent européen un espace démocratique et juridique commun, en veillant au respect de valeurs fondamentales : les droits de l’homme, la démocratie et la prééminence du droit »4.

À la suite de cette radicale mutation de l’Europe où la politique tend à rejoindre les incertaines frontières culturelles et géographiques, le Conseil devient le principal lieu d’attente et de préparation politique à l’entrée dans l’Union. Car le Conseil a des structures adéquates disponibles, surtout, il propose une forme de critères de convergence politique que l’Union a tardé à mettre en œuvre officiellement (et partiellement ?) : pour adhérer au Conseil, un État doit notamment être une démocratie pluraliste avec des élections libres ; il doit faire respecter les droits fondamentaux ; et ses institutions doivent respecter l’état de droit et la séparation des pouvoirs5.

Bien sûr, l’entreprise de la construction économique européenne était aussi politique dans l’esprit de ses fondateurs : Paul-Henri Spaak admettait que le Traité de Rome n’était pour ses signataires « que l’accessoire ou du moins la

1. 10-12-1951. http://www.coe.int/aboutCoe/index.asp?page=peresfondateurs&l=fr (04-2010).2. Cité par Jean-Louis Burban, ouvrage cité, p.3.3. Denis Huber, Une décennie pour l’Histoire. Le conseil de l’Europe, 1989-1999, Strasbourg, Editions du Conseil de l’Europe, 1999.4. http://www.coe.int/aboutCoe/index.asp?page=nosObjectifs&l=fr (23-08-2010).5. Être membre du Conseil de l’Europe ne veut pas dire pour autant qu’on est une démocratie établie définitivement ou complètement. Quand on devient membre, il existe des processus de monitoring, de respect des droits de l’homme, de respect de la séparation des pouvoirs : le Conseil n’est toutefois pas là pour juger ou critiquer mais pour aider les États membres. L’Union européenne a pour but l’intégration (économique et sociale, régionalisation, transports…) des États membres et, pour cela, les institutions nationales lui ont transféré quelques compétences. Le Conseil de l’Europe n’a pas de délégation de pouvoir des États : il est censé agir par le dialogue, par la discussion pour promouvoir des valeurs (démocratie, droits de l’homme).

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première étape d’une révolution politique plus importante encore ». Mais cette dimension a tardé à poindre dans l’agenda de la Communauté. Certes, il exista, de fait, des critères politiques à l’entrée dans la Communauté : sinon la Grèce des colonels, l’Espagne de Franco ou le Portugal de Salazar auraient pu la rejoindre. Néanmoins, en ce domaine, en pratique, la Communauté « s’en est remise au Conseil de l’Europe. À partir du moment où les pays candidats remplissaient les conditions d’adhésion au Conseil de l’Europe (qui définit le fonds commun social, politique, culturel de nos sociétés), plus aucune question n’était posée », constatait en 1999 le Belge Philippe de Schoutheete1 ; et il répondait logiquement « non » à la question « existe-t-il des critères politiques d’entrée dans l’Union analogues à ceux de Maastricht pour le domaine monétaire ? ».

Depuis la « chute du mur », tandis que l’Union a défini par les « Critères de Copenhague » (1993)2 des critères politiques minimalistes d’adhésion, le Conseil de l’Europe semble chargé, de facto, de préparer le terrain à cette intégration dans l’Union. Se serait-il finalement converti en antichambre de l’Union ? La « chronologie comparée des élargissements » donnée en fin d’ouvrage répond partiellement à cette interrogation.

Certes, beaucoup de nouveaux membres du Conseil sont devenus ou ont encore vocation, pour certains, à devenir membres de l’Union européenne : parmi d’autres activités, le rôle du Conseil est d’accompagner ces pays dans le processus de rapprochement. Toutefois, l’équation ainsi posée est par trop simplifiée. D’une part, la géographie politique de l’Europe ayant changé au-delà de la capacité ou volonté d’absorption de l’Union, la perspective d’intégration n’apparaît guère applicable dans un terme raisonnable à plusieurs pays, dont l’Ukraine, la Russie, les pays du Caucase, voire le Bélarus – et encore faudrait-il qu’ils le souhaitent... D’autre part, comme le dit un des membres du Conseil interrogé dans les pages suivantes, « il existe des pays démocratiques membres du Conseil de l’Europe – la Suisse, la Norvège par exemple –, qui ont décidé de ne faire pas partie de l’Union européenne »3. Le Conseil et l’Union sont bien deux systèmes différents, mais à de nombreux points de vue complémentaires. Les organisations à l’origine de l’Union avaient pour but l’intégration économique – et cela lui a été suffisamment reproché. En revanche, la vocation fondamentale du Conseil était d’emblée et demeure la coopération politique, même avec des objectifs reconsidérés. « Le Conseil n’a pas la force contraignante de l’Union : nous intervenons dans 1. Philippe de Schoutheete, « Identité européenne et volonté politique », in Élie Barnavi, Paul Goossens (éds.), Les Frontières de l’Europe, Bruxelles, Musée de l’Europe, De Boeck, 2001, p. 185. 2. Tout pays présentant sa candidature à l’adhésion à l’Union européenne doit respecter les conditions posées par l’article 49 et les principes de l’article 6 § 1 du traité sur l’UE. Des critères ont été posés lors du Conseil européen de Copenhague en 1993, renforcés en 1995 à Madrid. Pour adhérer à l’UE, outre les critères économiques et celui dit de « l’acquis communautaire », un État doit remplir aussi un critère politique : la présence d’« institutions stables garantissant l’état de droit, la démocratie, les droits de l’homme, le respect des minorités et leur protection ». Le traité modificatif de Lisbonne de 2007 reprend ces « Critères d’éligibilité et procédure d’adhésion à l’Union » dans une phrase insérée dans l’article 49 : « Les critères d’éligibilité ayant fait l’objet d’un accord du Conseil européen sont pris en compte ».3. Cf. l’entretien avec François Friederich dans ce livre.

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d’autres domaines, dont la nature est différente. Le Conseil ne peut pas imposer à un État la façon dont il doit se comporter en matière de droit des minorités, de droits de l’homme… Nous sommes des organisations différentes mais complémentaires. Il n’y a pas un niveau d’appartenance, il n’y a pas de passerelles automatiques entre nous : un État peut être membre du Conseil mais pas de l’Union européenne. A contrario un État doit remplir des conditions politiques, à savoir avoir un système politique démocratique où les droits fondamentaux sont respectés pour faire partie de l’Union. Pour faire partie de l’Union, un État doit « marier » les principes du Conseil de l’Europe »1. Le conseil sert très utilement de membrane sensible entre les réalités de la périphérie de l’Europe et l’Union européenne,

S’il y a de l’intelligence dans cette création de fluidité, ce n’est néanmoins qu’un volet de l’activité d’une organisation animée par une vision de croissance et dont beaucoup de ses animateurs s’inscrivent contre des perspectives court-termistes ! Car le Conseil de l’Europe est aussi une fabrique de droit, de normes, et un lieu de contact, de discussion et de facilitation, un instillateur de la culture du dialogue politique. Sans entrer dans une énumération fastidieuse que l’on trouvera dans les quelques manuels existants, rappelons que l’organisation a élaboré plus de 200 conventions dans un nombre très important de domaines (ouvertes à la signature d’États non membres) ; que la Convention européenne des droits de l’homme est un texte obligatoire pour ses membres... Parmi ses nombreuses autres activités ou instances, souvent peu connues, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux, la Cour européenne des Droits de l’Homme, le Commissaire aux droits de l’homme, la Conférence des Organisations non gouvernementales (OING), le Fonds européen pour la jeunesse, la Pharmacopée européenne, l’Accord partiel sur la Banque de développement, ou le Groupe de coopération en matière de lutte contre l’abus et le trafic illicite des stupéfiants (Groupe Pompidou)… Et cet inventaire « à la Prévert » est loin d’être exhaustif.

Il n’empêche, le Conseil de l’Europe souffre toujours d’un grand déficit de visibilité. Et l’on peut s’interroger sur les conséquences d’une pause, voire d’un arrêt prévisible de l’élargissement sur cette fonctionnalité politique du Conseil qui lui a conféré une légitimité technique certaine en cette transition des XXe et XXIe siècles. Surtout qu’aujourd’hui encore, même les États au cœur de l’Union, signataires des institutions du Conseil de l’Europe, dont la Convention européenne des droits de l’homme, s’assoient parfois sur les textes signés (comme, en 2010, dans les cas de l’Italie de Silvio Berlusconi et de la gestion des réfugiés ou de la France de Nicolas Sarkozy et des Roms)2.

1. Cf. l’entretien avec François Friederich dans ce livre.2. « Préoccupations suscitées par plusieurs expulsions italiennes. Le Secrétaire Général, Thorbjørn Jagland, a fait part de sa vive préoccupation au sujet de l’expulsion de M. Mannai vers la Tunisie, à laquelle les autorités italiennes ont procédé le 1er mai, en dépit d’une demande de la Cour européenne des droits de l’homme de ne pas procéder à cette expulsion. ‘‘Il est indispensable que les mesures prises par la Cour, dont l’ensemble des parties à la Convention européenne des droits de l’homme reconnaissent le caractère juridiquement contraignant, soient respectées par tous les États membres. Toute atteinte à cet égard risque de compromettre le système des droits de

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Le rôle – essentiel – du Conseil lié à la promotion et diffusion de la démocratie et des droits de l’homme est une activité complexe qui tend volontiers à contourner officiellement toute tentative de définition des concepts. A priori discret et méticuleux vigile internationale sur la scène européenne, mais évitant généralement de rompre des lances avec qui que ce soit (ou manquant d’efficacité selon les points de vue), facilitateur plus que censeur patenté, le Conseil apparaît a priori insuffisamment soucieux ou en mesure de porter la voix distinctement, d’imprimer publiquement au débat politique européen sa singularité, d’instiller au discours sur le rapprochement en Europe une dose visible ou audible de modernité, voire d’engagement militant.

Lorsqu’enfin on cherche à en savoir plus sur le Conseil de l’Europe, c’est un constat de quasi carence qui doit être fait. Et c’est l’une des remarques par lesquels nous souhaitons vraiment ouvrir ce volume : vivant, de fait, dans l’ombre de l’Union européenne, parfois regardé à Bruxelles ou Luxembourg avec équanimité, indifférence ou condescendance, cet organisme dont peu savent la fonction est doté d’une bibliographie à ce jour assez indigente1.

Certes, ceci explique en partie cela : on conçoit bien comment cet organisme politique, le Conseil de l’Europe que l’on assujettit, dans le meilleur des cas, par erreur aux institutions d’abord économiques de l’axe Bruxelles-Luxembourg-Strasbourg voisine, dans les représentations, avec une double inexistence, fonctionnelle et bibliographique2.

Alors, point n’est besoin de longuement disserter sur la bibliographie de ces Écoles politiques ou Écoles de la démocratie du Conseil, au cœur de cet ouvrage. Leur travail, volontiers discret mais essentiel dans la formation et la structuration3 des élites politiques des anciens pays du « Bloc de l’Est » et des anciennes républiques soviétiques, est strictement invisible dans la bibliographie. Cette importante activité de promotion de la démocratie libérale est, par exemple, absente du beau livre sur le Conseil de l’Europe

l’homme qui est fondamental pour la protection de tous les citoyens européens’’, a-t-il précisé dans sa déclaration du 19 mai ». Communiqué du Conseil de l’Europe, 19-05-2010.« Le Président de l’Assemblée préoccupé par la situation des Roms en Europe : Les événements qui se sont produits récemment dans plusieurs pays européens, et tout dernièrement les évacuations de camps roms en France et les expulsions de Roms de France et d’Allemagne, ne sont assurément pas de nature à améliorer la situation de cette minorité vulnérable. Bien au contraire, elles risquent fort d’attiser les sentiments racistes et xénophobes en Europe’’, a déclaré le 20 août Mevlüt Çavusoglu, Président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE). « Certains groupes et gouvernements profitent de la crise financière pour capitaliser sur les peurs engendrées par l’assimilation des Roms à des criminels, en choisissant un bouc émissaire qui représente une cible facile, les Roms étant l’un des groupes les plus vulnérables. La Cour européenne des droits de l’homme condamne régulièrement des États où les Roms souffrent de maltraitance ou de discrimination’’, a fait observer le Président, rappelant également que le Protocole n° 4 à la Convention européenne des droits de l’homme interdit les expulsions collectives d’étrangers » (HTTP://WWW.COE.INT/DEFAULTFR.ASP, 20-08-2010).1. À titre d’exemple, dans un petit ouvrage récent sur l’Union européenne, pas un mot du Conseil : cela peut sembler logique, sauf que l’index mentionne l’OTAN, l’OMC et bien d’autres organismes internationaux (J. Echkenazi, Guide de l’Union européenne, Paris, Nathan, 2007).2. L’ouvrage de J. Peteaux (L’Europe de la démocratie et des droits de l’Homme, Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2009) commence à meubler cet espace presque vide que la synthèse de Birte Wassenberg viendra aussi compléter.3. Ce mot fait débat pour notre sujet. Nous y reviendrons plus loin.

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1989-19991, tout comme du dernier petit « manuel » sur le Conseil de l’Europe2 ; et elles ne sont que très fugitivement et incidemment abordées dans le bel ouvrage récent d’un collègue de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, pourtant intitulé L’Europe de la démocratie et des droits de l’homme, l’action du Conseil de l’Europe3.

Nous ne ferons pas en ouverture cet ouvrage l’apologie du Conseil de l’Europe, une institution qui a su trouver ses marques et sa spécificité comme lieu de dialogue pour bâtir ou renforcer, avec un sentiment d’appartenance commun, le socle institutionnel et les cultures démocratiques. Ce serait d’abord manquer à l’éthique de notre métier d’historien. Ce serait ensuite adopter une vision trop large qui n’est pas dans notre ambition. Ce serait également contourner nombre d’interrogations essentielles : comment l’organisation a-t-elle géré ses échecs avant les années 1990 ? Pourquoi l’institution a-t-elle décidé d’inclure la Russie aux modalités de respect des droits de l’homme éloignées des idéaux ou patrons occidentaux ou des États-principautés à la démocratie discutable comme le Liechtenstein4 ? À l’inverse, comment le Conseil gère-t-il (ou a –t-il géré, avant le Secrétaire général actuel) sa relation à l’Union ? Et à la Russie, depuis qu’elle a intégré l’organisation ?

Notre perspective est bien plus limitée : présenter, expliquer, analyser la nature et le métabolisme des Écoles politiques du Conseil de l’Europe (ou Écoles de la démocratie).

Les Écoles d’études politiques et leur réseau

Ici, l’objet est, en effet, à la fois plus simple et moins aisé à cerner que la question « générale » du Conseil ou celle, plus ample encore, de l’exportation de la démocratie aux « frontières » de l’Europe – une question sur laquelle nous reviendrons.

L’objet est plus simple à étudier parce que les École politiques sont des institutions nationales de taille diverse toutes placées sous le patronage d’une Institution internationale à vocation politique, le Conseil de l’Europe. Ce dernier n’a, dans ce cas au moins, pratiquement aucune prétention dogmatique (certains collègues de sciences sociales lui reprochent sa trop faible volonté d’harmonisation). Il s’agit plus de promotion démocratique pour des pays considérés comme « en transition » que d’exportation démocratique : le Conseil lui-même annonce seulement quatre piliers de cette formation, sans 1. Denis Huber, Une décennie pour l’histoire, ouvr. cité. Un ouvrage extrêmement bien documenté mais qui, pour l’historien, a le défaut de ne pas citer précisément ses sources.2. Aline Royer, Le Conseil de l’Europe, Toulouse, Milan, 2009. L’ouvrage est, dans une certaine mesure, une publication du Conseil (participation à l’édition, traduction…). 3. Jean Petaux, L’Europe de la démocratie et des droits de l’homme, L’action du Conseil de l’Europe , Strasbourg, Conseil de l’Europe, 2009. L’auteur évoque directement le réseau des Écoles p. 247.4. Cet État, monarchie réelle et néanmoins constitutionnelle ne donne, par exemple, aux femmes depuis 1994 qu’un droit de vote limité. Ce gouvernement soutient financièrement certaines Écoles politiques dans les Balkans.

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plus : « L’intégration européenne, la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit »1.

Les École d’études politiques ou Écoles de la démocratie sont de petits forums démocratiques nationaux, généralement très actifs et entreprenants, dirigés vers une jeune génération (moins de 40 ans en principe) d’acteurs politiques et sociaux en activité.

Ces structures enregistrées nationalement comme des ONG rassemblent, sur la base d’abord du volontariat puis d’une sélection, pour une année d’échanges démocratiques, hommes politiques déjà en fonction, responsables d’ONG, magistrats, journalistes, et, dans une moindre mesure et de manière plus variable, cadres ou responsables d’entreprise, cadres religieux… de tous les partis et opinions représentés dans un pays de la périphérie européenne dont la transition à la démocratie libérale est « récente », généralement postérieure à l’effondrement du bloc communiste de la fin du XXe siècle.

Dans le sillon creusé par l’École de Moscou créée en 1992, il existe aujourd’hui seize Écoles politiques, de l’Europe du Sud-est au Caucase : Croatie, Bosnie-Herzégovine, Monténégro, Serbie, Kosovo, Albanie, Macédoine, Bulgarie, Roumanie, Moldova, Bélarus (hors les murs), Russie, Ukraine, Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan… Ou, comme l’affiche discrètement le Conseil de l’Europe : « Plus d’une décennie d’action commune en faveur de la démocratie, de l’état de droit, du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales en Europe »2. Ces Écoles proposent aux jeunes cadres et dirigeants politiques de ces pays des programmes annuels consistant en trois, parfois quatre sessions de formation dans l’État des participants, complétées par une session de clôture en Europe occidentale, à proximité du Conseil : jusqu’au début du XXIe siècle, en séminaire dans les Vosges ou en Forêt-noire avec quelques visites et rencontres aux institutions européennes strasbourgeoises ; puis, depuis 2006, en session réunissant toutes les Écoles en une grande « Académie d’été » de quelque cinq cents puis six cents personnes, jeunes leaders des seize pays à Strasbourg, à l’invitation du Conseil de l’Europe et avec l’aide substantielle d’un programme de l’Union.

Néanmoins, ces École politiques, fondées sur des initiatives de la société civile3 et dont l’éthique est une composante structurante, sont à certains

1. http://www.coe.int/t/dc/files/themes/ecoles_politiques/default_fr.asp (05-2010)2. http://www.jp.coe.int/CEAD/countries.asp?ID=3040703. Selon la définition contestable proposée par la Commission européenne, la société civile regrouperait « notamment les organisations syndicales et patronales (les "partenaires sociaux"), les organisations non gouvernementales (ONG), les associations professionnelles, les organisations caritatives, les organisations de base, les organisations qui impliquent les citoyens dans la vie locale et municipale, avec une contribution spécifique des Églises et communautés religieuses » (Commission des Communautés européennes, Gouvernance européenne, Un livre blanc, Bruxelles, 25-7-2001, note 9 ; http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2001/com2001_0428fr01.pdf - 25-07-2001). Cf. aussi un texte classique : Adam Ferguson, Essai Sur l’histoire de la Société Civile [1787], University of Michigan Library, 2009 ; une mise en perspective : François Rangeon, « Société civile : histoire d’un mot », in La société civile, Centre universitaire de recherches sur l’action publique et le politique, PUF, 1986, pp.9-32 ; et les ouvrages récents : Pirotte Gautier, La notion de société civile, Paris, La Découverte, 2009 ; Dominique Colas, Le Glaive et

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égards plus complexes à comprendre qu’une simple stratégie d’exportation par l’Europe occidentale de la démocratie. Ne serait-ce que parce que beaucoup des écoles fonctionnent dans des États-membres du Conseil ou qui le sont devenus.

Sous une bannière étoilée de l’Europe aux réminiscences mariales, elles diffusent tout de même à la périphérie (intérieure ou extérieure) de l’Union européenne, un idéal de démocratie et des droits de l’homme très « occidental » – même avec de sensibles variations.

Or, d’une part, nul n’oserait penser qu’il existe un modèle homogène de démocratie européenne et encore moins d’exportation de l’Europe (des six aux vingt-sept ?). Bien sûr qu’ici toutes les valeurs supposées de l’Union sont instrumentalisées ! Mais l’idée positive d’« Europe » ainsi transmise est très loin de ce « nouveau soviet » que dénonce l’ancien dissident soviétique Vladimir Bukovsky (aujourd’hui chercheur à Cambridge), dans une vidéo qui « tourne » beaucoup sur Internet, intitulée sans détour « Union européenne, la nouvelle dictature »1. Dans la gestion commune de ces Écoles par leur « tutelle » d’inspiration initiale ouest-européenne, ce Conseil de l’Europe qui ne prétend pas à l’hégémonie philosophique, nulle dictature de la pensée ou des valeurs liées à l’Europe, nul discours, nulle posture destinée à ce qu’une certaine vision des valeurs communes soit transformée en droit positif. Les semences de démocratie jetées dans cette Europe orientale et ces festons d’Europe sont ici assez modestement sélectionnées.

D’autre part, il est légitime de penser que des organisations très autonomes entre elles ne diffusent pas systématiquement le même corpus d’idées. Il y a certes des modalités diverses de diffusion, de transmission ou d’implantation de valeurs démocratiques et européennes. Chaque « École politique », liée au Conseil de l’Europe selon des modalités de même sensiblement diverses, a été créée et fonctionne de manière singulière avec plus ou moins d’affirmation identitaire. S’il existe certaines généalogies2 et une certaine coordination entre ces Écoles induite par le lien à l’Institution européenne, l’impulsion déterminante de chacun des fondateurs et, plus encore, le contexte national ou régional de fonctionnement conduisent de fait à de nécessaires spécificités et à une indispensable fluidité, loin des consolations précaires, de postures figées et d’une uniformisation trompeuse. De plus, l’idéal diffusé entre nécessairement aussi en cohérence avec la pensée de chacun des responsables locaux.

Alors, bien sûr, on peut s’interroger : dans quel espace éthéré est logé l’esprit du Conseil ? Et celui de l’Union européenne ? Mais en préférant une culture de projets sur des objets précis, ces Écoles politiques, sans occulter le

le fléau : Généalogie de la société civile et du fanatisme, Paris, Grasse, 1992.1. http://www.youtube.com/watch?v=poBECs_3nkQ. Un livre est rédigé dans le même esprit : Vladimir Bukovsky, L’Union européenne, une nouvelle URSS ?, Monaco, Le Rocher, 2005.2. L’École de Moscou (SPS) a été le creuset de l’École de Tbilissi, a servi de modèle pour l’École bulgare et l’École serbe (BFCE), laquelle a directement inspiré l’École de Monténégro…

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problème, contribuent à organiser le débat et l’ouverture de la société civile, y compris sur des sujets complexes ou douloureux.

Le management de ces Écoles dépend beaucoup du pays d’implantation. À ce jour, certaines travaillent sous la direction éclairée d’un responsable, souvent fondateur de l’école (Russie, Serbie, Roumanie…), certaines connaissent une direction (fonctionnelle mais) moins personnelle (Croatie…), d’autres connaissent une direction « mandatée » assez directement par une institution internationale (Bosnie-Herzégovine…), enfin certaines connaissent des difficultés de gouvernance (Macédoine). Et tous les cas intermédiaires existent dans ces seize Écoles travaillant dans des contextes très différents1.

Certes, la manière dont la démocratie pluraliste est promue de manière très hétérogène suscite légitimement la critique, même si l’idée d’imposer le même modèle politique dans toute l’Europe (les États-nations et une démocratie pluraliste très normée) peuvent, dans certains cas, contraster avec les objectifs du Conseil et de l’Union de sauvegarder la diversité culturelle en Europe… Certaines enquêtes diligentées par l’Union ont à juste titre noté cette trop grande autonomie ou ce manque d’uniformisation des écoles. Nous espérons donner à voir dans les pages qui suivent que cette critique procède néanmoins, en partie, d’une vision erronée sur la réalité telle qu’elle fonctionne.

Autre critique possible vis-à-vis de ce « réseau », toutes les Écoles d’études politiques ne pensent pas politiquement de la même manière et les mailles du réseau sont, de ce fait en particulier, plus ou moins bien serrées. Dans cet ex « bloc socialiste », certaines Écoles sont liées à une pensée nettement libérale2, d’autres à une pensée social-démocrate3 ; certaines sont assez clairement adossées à un parti politique4, d’autres – la plupart – non. Dans certains pays, les Écoles bénéficient de la participation de figures importantes de la vie politique (Serbie, Russie…), qu’elles soient plutôt en bonne grâce avec le gouvernement (Serbie) ou moins (Russie) ; dans d’autres pays, la classe politique s’intéresse peu ou avec distance à ces Écoles (Ukraine) ; enfin, le Conseil de l’Europe en administre certaines plus ou moins directement et provisoirement (Bosnie-Herzégovine)…

Quoi qu’il en soit cependant des choix, affinités ou sensibilités de telle ou telle École, parce qu’elles revendiquent toutes, avec le Conseil, un certain nombre de concepts maniés comme des valeurs et perpétués parfois sans

1. Qu’il est a priori peu raisonnable de penser uniformiser.2 L’École de Moscou a par exemple entretenu d’excellentes relations avec la Fondation Saint-Simon, fondée par l’historien François Furet en 1982 : elle réunit jusqu’en 1999 hauts fonctionnaires, technocrates libéraux et hommes d’affaires, personnalités politiques, économiques, culturelles et médiatiques (dont Pierre Rosanvallon, Alain Minc, Francis Mer, Serge July, Laurent Joffrin, Luc Ferry, Alain Finkielkraut, ou encore Christine Ockrent). S’opposant à tous les courants de pensée totalitariste, la Fondation soutenait le principe d’une démocratie accompagnée indissociablement d’un libre développement du marché. Ses détracteurs l’ont considéré comme « issue des milieux anti-communistes de la Guerre froide ». éclipsant « les intellectuels de la gauche non-atlantiste et imposant une forme de pensée unique en France » (http://www.voltairenet.org/article12431.html).3 Comme l’École roumaine Ovidiu Sincai.4 Comme l’École roumaine Ovidiu Sincai.

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inventaire théorique suffisant – mais assurément avec beaucoup d’expérience pratique –, il convient d’en faire état dans cette présentation.

État de droit, démocratie, gouvernance

La question de la diffusion de la démocratie libérale est complexe, d’abord pour des raisons de définition ou de relative indétermination, dans l’espace concerné, de trois notions : état de droit, démocratie et d’un terme à l’étymologie plus récente, volontiers associé au précédent depuis la fin du XXe siècle : la gouvernance1.

L’état de droit (et sa promotion) est l’un des paradigmes directeurs des constitutions modernes des États du monde occidental. Des Balkans au Caucase, dans les seize pays où fonctionnent les Écoles de la démocratie que nous donnons à saisir dans cet ouvrage, le concept d’« état de droit » est formellement consacré par les constitutions.

Cette notion, née dans nos vieilles démocraties occidentales et qui s’accompagne de l’idée du respect des normes (les règles s’imposent aux gouvernants) est cependant source de beaucoup de diversités et d’ambiguïtés. Cet état de droit constitutionnellement affirmé débouche souvent sur une multiplication des droits, une fragmentation juridique parfois assumée, rarement explicitée… Et cela peut conduire les critiques ou avocats des droits de l’homme à parler de « constitutions de papier » ne débouchant pas toujours sur des effets juridiques concrets, ouvrant dans certains cas vers une multiplication des procédures, sur une multiplication de juridictions et donc sur des concurrences sources de complexité – cette fragmentation du droit pouvant alors se retourner contre le droit lui-même. Sans détailler les cas nationaux extrêmement divers dans les seize pays concernés, il est évident que (sans même évoquer le cas radical du Bélarus aux antipodes de la démocratie), lorsque l’état de droit est proclamé, il n’est pas toujours nécessairement appliqué dans son intégralité ou complètement transcrit dans la réalité, voire qu’il est confronté à une forme de casuistique constitutionnelle, d’artificialité juridique, mettant en œuvre des droits multiples qui interagissent, définissant un « marché du droit » et constituant un défi pour la consolidation de la démocratie2.

Le mot « démocratie » organise aujourd’hui un consensus très vaste dans le monde occidental : pour reprendre les mots d’un philosophe contemporain qui n’évite pas la polémique, Alain Badiou, c’est l’emblème dominant de la

1. Selon l’article 1bis du Traité de Lisbonne, « L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes.»2. Cf. Jean-Michel Blanquer, conférence inaugurale, in Jean-René Garcia, Denis Rolland et Patrice Vermeren (org.), colloque Constitutionnalité et indépendances dans les Amériques, Paris, ministère de la Recherche, 06-2010, à paraître, L’Harmattan, 2011.

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société contemporaine occidentale, l’intouchable d’un système symbolique. Nimbé d’une valeur positive, les significations de ce mot ne sont pourtant ni simples, ni univoques1, et les approches varient beaucoup selon les disciplines qui s’en emparent. Entre Raymond Aron qui en proposait une définition minimaliste (« l’organisation de la concurrence pacifique en vue de l’exercice du pouvoir », présupposant des « libertés politiques » destinées à éviter que « la concurrence soit faussée »2), celle, limitée, de Pierre Rosanvallon pour qui « l’onction populaire est » la « principale caractéristique d’un régime démocratique »3 et celle de Jacques Rancière, la démocratie comme mouvement expansif permanent, les gradations sont immenses et le gouffre sans doute irréductible. Mais c’est le propre de l’espace de libre pensée démocratique et de cette notion de démocratie en construction permanente.

Quoi qu’il en soit, le terme renvoie au moins à deux conceptions souvent entrelacées : soit il évoque la conceptualité du droit public, une forme de constitution du corps politique, soit il désigne la pratique administrative, une technique de gouvernement. Cette ambiguïté a depuis longtemps été soulignée : comme l’a rappelé en son temps Michel Foucault4, Jean-Jacques Rousseau s’interrogeait déjà sur les modalités de conciliation entre une terminologie juridico-constitutionnelle exprimée par les mots de « contrat », « volonté générale », « souveraineté » et un « art de gouvernement ». Dans ces conditions, l’un des premiers risques lorsque l’on évoque l’extensibilité ou l’exportabilité de la démocratie européenne, voire occidentale, réside dans une acception variable, souvent résolue dans l’adoption d’une conception molle, cherchant l’unanimité, fortement conjoncturelle et à tendance ethnocentrique.

Les États où travaillent ces Écoles sont, tous d’une certaine manière, « neufs » (parfois le pays lui-même), sortent souvent ou sont encore impliqués activement ou potentiellement dans des conflits violents et se construisent dans un contexte de légitimité affaibli. Partout, comme un héritage du communisme ou socialisme d’État, la « machine bureaucratique » constitue plus un objet de défiance qu’une force identifiée à la réalisation de l’intérêt général ; quand les services et entreprises d’un État tentaculaire sont démantelés, nulle perception a priori d’une action publique bienveillante surplombant la société ; le souvenir des anciennes pratiques électorales ne confère pas réellement à la légitimation par les urnes une forme de sacralisation, tandis que certaines pratiques, transmises d’un système à un autre, jettent le doute sur la légitimité d’impartialité des processus mis en œuvre. En outre, cette même éventuelle légitimité d’établissement conférée par les urnes ne peut qu’être très difficilement confortée par une identification à la généralité sociale dans des mondes où la sortie du communisme a

1. Cf. Giorgio Agamben, « Note liminaire sur le concept de démocratie », in Démocratie, dans quel état ? Paris, La Fabrique, 2009, p. 9.2. Raymond Aron, Introduction à la philosophie politique, Démocratie et Révolution, Paris, Livre de Poche, 1997, p. 36.3. Pierre Rosanvallon, La légitimité démocratique, ouvrage cité, p. 12.4. Cf. Michel Foucault, Il faut défendre la société, Cours au Collège de France, 1976, Paris, Gallimard-Seuil, 1997.

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davantage contribué à l’apparition de différences sociales manifestes et conséquentes. Rien de plus complexe alors que l’assimilation pratique de la volonté générale à l’expression majoritaire – fût-elle réellement assurée – et que la conciliation de cette dernière avec un état de droit devant amener à considérer non seulement la valeur propre de chaque membre de la collectivité, mais aussi des « minorités », enjeu très contemporain fortement valorisé par les stratégies des organismes européens, considérées comme des expressions diffractées de la totalité sociale.

Ici, l’objet étudié, les Écoles d’études politiques, vise à promouvoir la démocratie, à « démocratiser », à moduler aussi par les transversalités ainsi créées un monde électoral-parlementaire qui peut, dans certains cas, apparaître davantage « gouverné par des logiques de particularités que par une exigence de généralité »1. Certes, « un peuple est d’autant plus démocratique que la délibération, que la réflexion, que l’esprit critique jouent un rôle plus considérable dans la marche des affaires publiques »2 et il est indéniable que la première fonction de ces Écoles basées sur le volontariat est de donner à réfléchir, à penser et de transmettre cette réflexion dans un mouvement réticulaire aussi discret qu’efficient : chacun des « élèves » ou « alumni » constitue un fragment court, clairement identifié de cette diffusion d’un esprit démocratique, tandis que tous sont, par une année de travail en commun puis des séminaires ponctuels, abondamment reliés entre eux, aux niveau national et régional, dans un même secteur d’activité comme entre secteurs d’activités ayant peu l’habitude, l’occasion ou la possibilité de se rencontrer. À terme, comme cela est visible pour les plus anciennes Écoles, ce fournisseur d’accès ou ce « guichet » de démocratie à l’occidentale peut constituer un très fort marqueur d’intégration sociale et politique. Pierre Bourdieu notait que « la science informe sur les moyens ; elle ne dit rien sur les fins. Mais dès que l’on parle de démocratie, les fins sont clairement posées : il faut travailler à universaliser, c’est-à-dire à démocratiser, les conditions économiques et culturelles de l’accès à l’opinion politique »3. Les Écoles créent des passerelles entre cultures ou oppositions politiques pas nécessairement formées à la sociabilité du dialogue, ou aux blessures parfois encore vives ; mais elles établissent aussi du lien entre « jeunes » élites politiques, administratives, juridiques, sociales, médiatiques et, parfois, économiques ou religieuses, favorisant une indispensable diffusion par capillarité d’un fonctionnement démocratique quand le pouvoir, notamment législatif, n’est pas toujours perçu comme l’enceinte de la raison publique ou que cette perception est dégradée. Les Écoles sont d’abord des initiatives locales : en ce sens, on peut aussi considérer que la démocratie mise en œuvre est un rhizome à multiples racines dont les développements ne sont pas nécessairement parfaitement identiques. Comme on peut écouter les débats de

1. Pierre Rosanvallon, La légitimité démocratique, ouvrage cité, p. 9.2. Émile Durkheim, Leçons de Sociologie, Paris, PUF, 3e édition, p.123.3. Pierre Bourdieu, « Sociologie et démocratie », Tribune libre, Zellige, n°3, octobre 1996, http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/Bsocdemo.html

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l’École de Moscou, de Belgrade, de Baku ou de Yerevan et ne pas toujours concorder – heureusement. En revient-on pour autant à une conception « molle » de la démocratie évoquée en fin de paragraphe précédent ?

Toute diffusion étrangère inclut le risque, dans les régions concernées par cet ouvrage, des Balkans au Caucase, qu’après le communisme d’État, la démocratie soit considérée comme une forme d’endogamie politique obligatoire avec l’Occident (avec les risques de déception en cas de non affiliation rapidement formalisée), voire comme une autre de ces idéologies étrangères universalistes importées. Si la démocratie participative, sous ses multiples formes1, sans être jamais définitivement assurée, semble aller de soi dans les sociétés d’Europe occidentale, elle constitue un enjeu majeur pour les pays issus d’une transition politique récente : pour asseoir sa légitimité aux yeux des décideurs et aux yeux des peuples-mêmes, elle doit dépasser avec succès nombre de contraintes plus ou moins prévisibles, à commencer par le risque d’un précoce désenchantement. Sinon, elle peut apparaître alors comme menaçant potentiellement « la » ou « les » cultures nationales et, plus généralement, susciter des réactions acerbes des nationalismes récemment revivifiés, voire exacerbés.

Ajoutons deux remarques ponctuelles à cette incertitude de la notion de démocratie, cœur de métier du Conseil de l’Europe et filigrane problématique cet ouvrage.

D’une part, dans le champ de la démocratie libérale contemporaine, la souveraineté populaire, à l’origine de la démocratie, est désormais faiblement portée par la légitimité défaillante du suffrage, vis-à-vis de gouvernements et de marchés puissants ; elle peine à se repositionner en Occident et cela ne facilite pas sa diffusion sur les rives orientales de l’Europe. Ce repositionnement est l’un des thèmes de travail de Pierre Rosanvallon2. Et ce n’est pas un hasard si notre collègue a contribué avec François Furet, via la libérale Fondation Saint-Simon, au développement de la remarquable École de Moscou d’études politiques, cette organisation et désormais quasi institution russe, née dans le sillage de la Perestroïka et de la fin de l’URSS, et qui est à l’origine du réseau étudié dans ce livre.

D’autre part, signe d’une grande difficulté à définir le mot dans une Europe qui a précipitamment changé d’échelle, sur le site du Conseil de l’Europe, il y a un onglet « direction politique » puis un sous-onglet « démocratie ». Le fait que ce dernier demeure vide au jour de la rédaction de l’introduction de ce livre3 manifeste de manière éclatante les débats stratégiques des représentants de quarante-sept États autour du concept et, plus concrètement, la difficulté à mettre ces États d’accord sur un contenu

1. Loïc Blondiaux, « Démocratie délibérative et démocratie participative : une lecture critique », Conférences de la Chaire MCD, 11 novembre 2004, http://www.chaire-cd.ca.2. Pierre Rosanvallon, La légitimité démocratique, Impartialité, réflexivité, proximité, Paris, Seuil, 2008. La Contre-démocratie, La politique à l’âge de la défiance, Paris, Seuil, 2006.3. http://www.coe.int/defaultfr.asp.

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public du mot, même réduit à quelques lignes minimalistes et peu contraignantes1 !

Dans ce livre, le cadre géographique est limité aux contours des seize États où fonctionnent ces Écoles d’études politiques, de la Croatie ou la Serbie à la Géorgie ou l’Azerbaïdjan. Certes, quelques pays peuvent saisir les opportunités d’un inventaire institutionnel inachevé, tandis que la démocratie peut, dans certains cas, être exercée de manière plus dynamique ou, à l’inverse, plus autoritaire (jusqu’à questionner le mot) que dans les « vieilles » démocraties de l’Europe occidentale. Néanmoins, une majorité de ces pays peuvent être considérées comme des démocraties en cours de consolidation, où l’organisation des pouvoirs respecte formellement la séparation des pouvoirs. Cela ne signifie ni que les apparences fassent toujours foi ni que la défense des droits de l’homme n’y soit parfois discutable ou complexe, pour adopter une rhétorique adaptée aux institutions étudiées. Il est en outre des situations suffisamment complexes pour que la démocratie soit d’abord un objectif, tel ce Kosovo, encore à la recherche d’un État internationalement reconnu. Et il est un cas d’une École dans un État2 que le Conseil de l’Europe a eu la bienséance de ne pas encore admettre en son sein, un État au cœur de l’Europe où il n’est pas question de parler de démocratie : ainsi le Bélarus.

Comme le rappelle Nicolas Guilhot, « dans le modèle « classique » des transitions vers la démocratie – le modèle des politologues Philippe Schmitter et Guillermo O’Donnell3, par exemple –, non seulement la démocratisation n’a rien à voir avec les questions de justice mais elle est même fondamentalement injuste ». Le passage à la démocratie a souvent pour prix une politique d’arrangements : les anciens dirigeants ne sont menacés ni judiciairement (pas de poursuites ou amnisties) ni économiquement (pas de réforme agraire, par exemple). C’est assurément le modèle ibérique ou latino-américain (d’abord la démocratie et, éventuellement, lorsqu’elle est consolidée, la justice, plus tard) ; ce n’est pas aussi simplement le modèle des « transitions » à l’est. Néanmoins, il est clair qu’« aujourd’hui, on a du mal à penser séparément démocratie et droits de l’homme, alors que ces notions ne

1. Faille conjoncturelle ou structurelle, objet en construction ou prudence sémantique, sur la page d’accueil du site du Conseil de l’Europe, l’onglet « démocratie et affaires politiques » ouvre sur cet onglet « démocratie » général vide, tandis que les autres (« démocratie locale et régionale », « centre d’expertise sur la réforme de l’administration locale », « conférences des OING », « Forum pour l’avenir de la démocratie », etc. sont bien fournis (http://www.coe.int/ 05-2010). 2. L’École est cependant domiciliée en Ukraine pour assurer la continuité de son fonctionnement..3. GUILLERMO O’DONNELL, PHILIPPE C. SCHMITTER, LAURENCE WHITEHEAD, TRANSITIONS FROM AUTHORITARIAN RULE: PROSPECTS FOR DEMOCRACY, vol. 1; TRANSITIONS FROM AUTHORITARIAN RULE: SOUTHERN EUROPE; COMPARATIVE PERSPECTIVES; TENTATIVE CONCLUSIONS ABOUT UNCERTAIN DEMOCRACIES, vol 4; Transitions from Authoritarian Rule: Latin America, vol. 2, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1986; JOEL ROGERS, PAUL Q. HIRST, ELLEN M. IMMERGUT, IRA KATZNELSON, ASSOCIATIONS AND DEMOCRACY (THE REAL UTOPIAS PROJECT, V. 1) London, Verso, 1995; PHILIPPE C SCHMITTER, IDEALISM, REGIME CHANGE AND REGIONAL COOPERATION: LESSONS FROM THE SOUTHERN CONE OF LATIN AMERICA (WORKING PAPER / AMERICAS PROGRAM, STANFORD UNIVERSITY), 1989. Cf. aussi JUAN J. LINZ, ALFRED STEPAN, Problems of Democratic Transition and Consolidation: Southern Europe, South America, and Post-Communist Europe, Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1996.

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sont pas forcément solidaires. Cela traduit l’émergence de nouveaux acteurs liés à la lutte pour les droits de l’homme »1.

Dernier arrivé dans l’argumentaire de la démocratie comme dans la généalogie des quêtes occidentales de systèmes de gestion des hommes et des ressources, la gouvernance et sa promesse d’un monde meilleur s’inscrit « dans la constellation d’idées produites par la mondialisation »2 : chaque époque définit son vocabulaire. Comme l’écrivent Guy Hermet, Ali Kazancigil et Jean-François Prud’homme, « le mot est caressant. Il fait moderne ». Reste à savoir si ce terme (utilisé en sous-titre de ce livre pour respecter l’avis majoritaire des participants) ou le concept de global governance décrit par Jürgen Habermas comme promu par les partisans d’une réglementation politique à l’échelle de la planète et lancé, de fait, à la fin des années 1980 par les grandes agences internationales de l’aide au développement, n’est pas un devenu un simple « mot-valise » ou un « mot-fétiche » qui aurait perdu en signification ce qu’il a gagné en extension3. Sans donner ici de réponse, notons qu’il n’est pas impossible de considérer cette « gouvernance », ce mode de gestion de la complexité comme disent volontiers nos contemporains, comme une extrêmisation des tendances contemporaines visant, dans l’absolu, à abolir la distinction public/privé, minorant avec le principe de la représentation élective la doctrine de la souveraineté populaire, dans une forme de compétition pour se rapprocher de soi-disant standards ouest-européens et de ce qu’on imagine nécessaire pour rejoindre Bruxelles. Un « nouveau paradigme pour le développement »4, comme on l’a proclamé dans certains administrations ? Plus qu’une forme d’agent régulateur de la concurrence dans un monde très libéral, une sorte de post modernité du droit ? Le « nom de l’après-démocratie » dans le cadre de « l’inlassable quête du pluralisme limité »5 - ce qui rendrait le titre de cet ouvrage, tel un oxymore à la mode, au mieux caduc, au pire contradictoire ?

On l’aura compris, nul n’oublie dans ce livre, particulièrement en contexte de transition puis de stabilisation politique, les ambiguïtés de la promotion de la démocratie et ce que peut inclure de complexe, voire de pervers le maniement ensemble des « droits de l’homme », de la « démocratie » et d’une « bonne gouvernance » promue au nom de l’Europe.

1. Guilhot Nicolas, « Le temps des ‘faiseurs de démocratie’ », article cité.2. Si le terme est peut-être français et médiéval (XIIe S.), la notion moderne a émergé récemment, dans les années 1990, trouvant sa première consécration en 1992 avec la création à Londres du Centre pour l’étude de la gouvernance globale (cf. Philippe Moreau-Defarges, La Gouvernance, Paris, PUF, 2006, pp.5-9). Cf. aussi Guy Hermet, Ali Kazancigil, Jean-François Prud’homme (dir.), La gouvernance, Un concept et ses applications, Paris, Karthala, CERI, 2005, en particulier l’introduction qui fait en français un point pondéré sur la notion.3. Cf. L’introduction in Séverine Bellina, Hervé Magro, Violaine de Villemeur, La gouvernance démocratique, un nouveau paradigme pour le développement?, Paris, Karthala, 2008.4. Sous-titre de l’ouvrage cité ci-dessus et publié sous l’égide du ministère des Affaires étrangères français..5. Guy Hermet, « La gouvernance serait-elle le nom de l’après-démocratie ? », in Guy Hermet, Ali Kazancigil, Jean-François Prud’homme (dir.), ouvrage cité, p.17.

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Car peut-on alors concilier modèle de la démocratie promu de l’extérieur et gouvernance ? Cela ne fait pas problème quand la promotion de la démocratie est devenue, pour certaines puissances, « le langage technique de la gestion des périphéries globalisées »1: elle tend alors à devenir un outil de gouvernance globale, pouvant susciter des rejets contre-productifs pour l’État ou les États promoteurs et, surtout, pour les principes liés à l’objet de diffusion, la démocratie. Nous venons toutefois de voir ci-dessus que les deux concepts ne sont pas toujours aussi aisément conciliables que certaines rhétoriques diplomatiques ou conceptions d’empire le laissent supposer.

« Héritage » et « valeurs » de l’Europe sur ses rives orientalesLes valeurs promues par le Conseil ou l’Union sont-elles incitatives,

fondamentales ou décoratives ? S’agit-il d’une liste de formules convenues et obsolètes ou d’une petite philosophie à la source de l’Union ?

Quelles sont les références de l’article premier du Traité de Lisbonne sur les droits de l’homme et ceux des minorités ? Ce ne sont ni la géographie, ni l’histoire mais des valeurs définissant un espace : « S’inspirant des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, à partir desquels se sont développées les valeurs universelles que constituent les droits inviolables et inaliénables de la personne humaine »… Cet héritage culturel pose des questions essentielles, comme on l’a vu dans les nombreux débats ayant précédé la rédaction des textes constitutionnels européens : les acteurs en sont-ils familiers ? Et quelle est sa compatibilité avec vie quotidienne ? L’Europe, dans son processus de déploiement, se fait dans le cadre des libertés construites par les Modernes (opinion, association, religieuse…), or toutes ont été arrachées à l’Église catholique. Alors inscrire l’identité chrétienne dans les textes de l’Union est pour le moins complexe ! L’idée d’un héritage d’une identité religieuse issue des grands monothéismes, pourquoi pas ? Mais pas seulement une identité chrétienne !Deux grandes branches du christianisme, orthodoxie et catholicisme.Kosovo, Albanie, Azerbaïdjan

L’Union européenne est-elle supranationale ? Comment construire une Europe anti guerre et anti guerre civile ? L’UE ne se donne aucun des moyens que les États se sont donnés pour construire leur État-nation !

Après l’extraordinaire dynamisme et lyrisme des pères fondateurs, les responsables de l’Union européenne se retournent vers le monde académique, les universitaires, leur demandant de leur trouver des valeurs, des symboles ! Jules Ferry n’a pas fait d’enquête, n’a pas demandé aux citoyens les symboles. Il les a imposés, ainsi la conscription… Dans la construction nationale et la construction des identités nationales, il est un moment où la pression, parfois la coercition a été fondamentale : dans beaucoup d’États, la

1. Guilhot Nicolas, « Le temps des ‘faiseurs de démocratie’. Entretien avec Nicolas Guilhot », Sciences Humaines, Xavier de la Vega, http://www.scienceshumaines.com/le-temps-des--faiseurs-de-democratie--entretien-avec-nicolas-guilhot_fr_23365.html (04-2010).

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conscription a ainsi joué un rôle essentiel, tandis que l’enseignement de l’histoire a été partout purement idéologique. Dans les cas espagnols et britanniques, la comparaison est fertile : le processus de construction nationale a été coercitif – et il n’est pas achevé : il existe encore des violences de nos jours liés à ces problèmes, comme en France d’ailleurs ou en Autriche… La totalité des grands pays d’Europe sont le résultat de processus d’unification contraints, parfois violents à toutes les échelles, locales, régionales, nationales… La construction nationale est asymétrique, brutale, les États-nations ne se sont pas fabriqués jusqu’au XXe siècle par la négociation. Dans ces conditions, la recherche de l’Union européenne à tout prix de construction de symbole etc. a fort peu de chances d’aboutir.Opposition à d’autres formule pol ?Palimpseste sur lesquels on peut déchiffrer différentes phasesRéférent récent, naturellement douloureux pour ceux qui l’ont vécu.

« On ne ramasse pas une pierre avec un seul doigt » dit un proverbe sahélien. On ne fera pas l’équilibre des Balkans, du Caucase, ces rives ou frontières de l’Europe, sans un minimum de solidarités transnationales et régionales, sans promouvoir jour après jour, comme il faut aussi le faire en Europe occidentale, un fonds commun minimal de valeurs liées à la démocratie, sans que ces pays d’Europe occidentale s’investissent ensemble dans une région qui leur est frontalière. Ne complétons pas outre mesure notre schéma simpliste de civilisation, partant d’un foyer unique et rayonnant vers des peuples barbares, sorte de civilisation européenne par percolation, moderne discours « athénien », occidentalocentrique. Car on peut retourner alors la problématique de « l’exportation » plusieurs fois mentionnée : s’il est difficile de nier le volontarisme occidental à proposer la démocratie, il faut aussi mettre en cause le primat de la mémoire occidentale, et de ses œillères culturelles, et retrouver aussi un large chemin de Lumières qui a irradié une constellation large de villes européennes (Saint-Pétersbourg en a été, non sans paradoxe, l’un des grands foyers d’accueil) ; et il faut également tenir compte de l’investissement attendu, souhaité dans une certaine mesure, par l’est, d’attentes à ne pas trop décevoir, d’une nécessité de remplacer aussi un minimum l’idéal et le système déchus, haïs ou objet de nostalgie.

La politique européenne de voisinage (PEV, initiée en 2003 et concrétisée en 2004) a relancé le débat sur les frontières de l’Union européenne d’une part, et sur la définition, voire l’ambigüité de la politique d’élargissement de l’Union.

Les frontières extérieures de l’Union européenne offrent une multiplicité de définitions selon les différentes enceintes. Le Conseil de l’Europe reconnaît ainsi dans la recommandation 1247 de 1994 la complexité de cette définition : « Les frontières de l’Europe n’ont jusqu’à présent pas été fixées avec précision en droit international. En conséquence, le Conseil de l’Europe doit lui-même se baser, en principe, sur les limites géographiques de l’Europe généralement acceptées ». Il définit, de ce fait, une zone s’étendant à 46 pays

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dont la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, la Moldavie, l’Arménie, la Géorgie, l’Azerbaïdjan et la Turquie.

L’Union européenne, quant à elle, n’a jamais tenté de définition aussi précise.

L’historien ne doit pas choisir entre les différentes conceptions de l’Europe : il doit penser une conception de l’Europe à la fois continentale – dans toutes ses extensions – et atlantique, tenir compte d’isolats épistémologiques (Albanie, Arménie…), de formes plus ou moins savantes, plus ou moins incantatoires de revendication d’identité européenne. Le Secrétaire général du Conseil propose une définition générale, valide dans l’espace des 47, peu différente de celle que l’on peut trouver dans les discours issus de l’Union : « Être un citoyen européen, c’est être membre d’une communauté, basée sur le plein exercice des droits individuels - garantis par des gouvernements démocratiquement élus et protégés par un système judiciaire impartial et indépendant. C’est cela le projet européen. C’est ce que signifie être européen. Il ne se construit pas aux dépens de notre identité nationale. […] L’Europe d’aujourd’hui est une communauté unique de valeurs fondamentales partagées de l’homme et de la société : droits de l’homme, démocratie et état de droit »1.

Il faut penser le fait européen au regard de toutes ses dimensions et environnements : rien d’original à le répéter, mais cela demeure essentiel. Évitons de plaquer trop d’explication simple sur des réalités beaucoup plus complexes : il n’y a pas eu de rupture sociale globale, voire pas toujours volontaire ; il n’y a pas eu, par exemple, de grand mécanisme continental exclusif d’autre phénomène, mais plutôt des mécanismes régionaux inscrits dans le contexte de l’effondrement de l’Union soviétique. Des perceptions et liens différents d’un pays à l’autre se sont construits par rapport à l’Europe occidentale, souvent perçue à travers la médiation de tel ou tel État, et les négociations identitaires n’ont pas été homogènes. On sait de plus que l’élargissement de l’Union européenne à l’est n’a pas été une donnée simple à accepter par certains États occidentaux ou leurs responsables ; qu’on se souvienne que l’élargissement rapide de l’Union a, notamment, constitué une monnaie d’échange entre France et Allemagne où François Mitterrand, dans une forme d’échange entre monnaie unique contre élargissement, aurait argumenté sur le thème « les Allemands tiennent à leur mark ; pour qu’ils valident l’euro, acceptons que leur ancien domaine d’influence rejoigne l’Union »…

1. “Being a European citizen is to be member of a community, based on the full enjoyment of individual rights – guaranteed by democratically elected governments and protected by an impartial and independent judicial system. This is the European project. This is what it means to be European. It does not come at the expense of our national identity. Have a look at the World Cup in South Africa and rest assured that national pride in Europe, and beyond, is alive and vivid. Even if slightly wounded, for some. But Europe of today is a unique community of shared fundamental values of man and society: of human rights, democracy and the rule of law” Thorbjørn Jagland, Ouverture de l’Académie d’été 2010, 28-06-2010 (http://www.coe.int/t/dc/ press/ news/20100628_disc_sg_summer_university_en.asp).

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Même si la question centre/périphérie, intérieur/extérieur est omniprésente dans le travail des Écoles, dans leur lien au Conseil de l’Europe, souvent considéré, on l’a dit, comme médiateur en direction de l’Union, nous ne nous substituerons pas maladroitement aux excellents livres qui ont interrogé les « frontières » de l’Europe1. Nous nous contenterons de quelques rappels. Il y a, sur ces nouvelles rives de l’Europe libérale d’après 1992, sur ce pourtour de l’Europe, des territoires et des sociétés qui sont à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, selon les perspectives : c’est ainsi le cas d’une partie des espaces des anciens empires russe (URSS puis Russie et ses anciens États devenus indépendants), ottoman (Balkans, Turquie et Proche-Orient) et c’est aussi le cas de l’espace de l’islam méditerranéen. Culturellement, les limites de l’Europe sont forcément incertaines et, dans le moyen ou long terme, mouvantes : qu’on pense que cela ne pose de problème à personne que les listes des grands romans ayant formé la conscience européenne puissent inclure Tolstoï ou Dostoïevski !

En outre, il n’y a pas de coïncidence nécessaire entre conscience européenne, mémoire européenne et limites européennes. Les mythes nationaux ont fait leur chemin dans un mécanisme de création des identités nationales en Europe, du Royaume-Uni à la Russie, très cosmopolite. Le « système IKEA » des identités nationales modernes en Europe, si visible entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XXe n’a fini ni de fonctionner, ni d’évoluer2.

Certes, admettre la Turquie dans l’Union européenne et donc faire passer la frontière de l’Union au milieu du Kurdistan peut poser problème à certains, sans qu’il soit question de raisons culturelles ou religieuses ; mais, à l’inverse, affirmer3 que parce qu’on organise à Sotchi, « en Europe » (à 1 000 km à l’est d’Istanbul) les prochains jeux olympiques d’hiver, les suivants devront avoir lieu en Asie (en Corée) n’est pas un moindre sujet de perplexité à admettre4...

Dans tous les États où travaillent les Écoles, il y a deux processus identitaires en cours qui nous concernent : à la fois de complexes remodelages de l’identité nationale depuis les années 1990 et les séismes des disparitions de l’URSS et de la Yougoslavie ; et une négociation multiforme avec l’identité européenne.

Partout, avec des sociétés plombées par une histoire pesante et aveuglante, parfois tombées au bas de la pile des considérations étrangères, qui peuvent se considérer comme en marge ou injustement laissées pour compte de l’histoire collective, la question de l’énoncé de l’histoire collective et donc de la mémoire est au cœur de l’identité. Nous sommes dans un temps 1. Par exemple Elie Barnavi, Paul Goossens (éds.), Les frontières de l’Europe, Bruxelles, De Boeck, 2001.2. Anne-Marie Thiesse, La création des identités nationales, Europe XVIIIe-XXe siècle, Paris, Seuil, 1999.3. Argument donné par le Comité Olympique international pour justifier l’alternance continentale.4.C’est aussi un problème qui se pose pour Israël depuis 1947 avec l’instrumentalisation de deux logiques parallèles : d’abord de l’implantation régionale : « nous sommes des Proche-Orientaux et donc nous ne sommes pas soumis à un certain nombre de règles européennes » (logique du terrorisme contre le terrorisme…) ; « mais notre population est européenne, issue du meilleur de la culture européenne »… La question de l’européanité des Israéliens est une question sérieuse…

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d’indispensable plasticité ou fluidité mémorielle, de mémoire aux enchères, mais aussi de concurrence active entre mémoires. Il y a la nécessité d’énoncer dans un délai historiquement très court un « nous » collectif adapté au présent (et pas un « nous » simpliste : il ne suffit pas de donner une place dans la société, il faut intégrer, donner une place dans la mémoire). Alors les revendications mémorielles sont multiples, parfois inconciliables, avec une surenchère de mémoire1, avec des formes d’expression critiquables, stigmatisantes, excluantes, devenues parfois difficilement maîtrisable, voire des tentatives de hold up mémoriel – le tout dans la volonté générale de donner une appropriation nationale, qui passe par la fondation d’une nouvelle légitimité aux nouvelles nations, de doter le groupe d’un supplément d’âme nationale et, d’abord, un antécédent de légitimité.

Qu’écrire à l’heure où la justice croate, un pays si proche d’adhérer à l’Union européenne, traite comme un délinquant et condamne pour diffamation à deux ans de prison ferme un intellectuel qui prône le travail de la mémoire dans l’ex-Yougoslavie et lutte contre les dégâts issus des purifications ethniques, Predrag Matvejevitch : n’est « coupable » que du seul délit d’avoir pris publiquement parti « contre un poète en civil dont chacun connaît les positions ultranationalistes »2 ? Les reliquats du passé autoritaire, croate ou autre, sont-ils encore solubles dans l’Europe lorsqu’est condamné le courage d’un homme libre, héritier de Voltaire et inspirateur de Jean-Paul Sartre, un courage qui fait honneur à un esprit européen pourtant assez méthodiquement déshonoré par incapacité, ces dernières décennies, dans les Balkans ? Avec cet exemple d’une blessure nouvelle infligé à un jeune corps martyrisé – l’esprit européen –, on en revient à la question déjà soulignée des variations sur le thème de l’état de droit et à celle de la variabilité du contenu de la démocratie, deux interrogations cruciales dans ces rives européennes : la loi nationale et la façon dont elle est appliquée sont-elles alors compatibles avec les exigences du droit contemporain et de la liberté d’expression propres aux démocraties ?

Le projet d’étude

Le projet de recherche sur ces écoles de la démocratie a été construit en trois étapes, formant trois biais de compréhension successifs. Les deux premières sont à portée d’abord documentaire.

Ce premier ouvrage est bâti autour d’entretiens. Par touches successives, il construit une compréhension polyphonique de ces écoles de la démocratie. Il s’agit de réunir d’abord un exemple démonstratif de ce dialogue au cœur de

1. Sur ce thème, cf., par exemple, François-Xavier Fauvelle-Aymard, La mémoire aux enchères, L’idéologie afrocentriste à l’assaut de l’histoire, Paris, Verdier, 2009.2. Ce professeur d’université, auteur notamment d’un fraternel Bréviaire méditerranéen (Fayard, 1992), a pris en 1991 le parti de la Bosnie contre les nationalistes serbes et croates. Il a été jugé coupable du « délit de métaphore », après avoir qualifié de « talibans chrétiens » des écrivains ultranationalistes croates auxquels il attribue une part de responsabilité dans les désastres de l’ex-Yougoslavie. Cf. le Manifeste en faveur de Predrag Matvejevitch signé par de nombreux intellectuels et publié par la presse (Le Monde, 24 juillet 2010, p. 17).

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l’Europe. La pédagogie subtile de la démocratie représentée par le dialogue, difficile d’espérer plus congruent… L’objet de ce livre est de publier une introduction à ces écoles sous la forme essentiellement d’un recueil d’entretiens.

En quatre temps. Nous avons donné dans une première partie (« Dialogue au cœur de

l’Europe ») la parole aux responsables du Conseil de l’Europe, de l’Association des Écoles d’études politiques, focalisant la parole sur les modalités de la diffusion des idées démocratiques, le rôle des sociétés civiles, l’engagement des écoles, avant d’envisager plus en détail leur fonctionnement, leur lien au Conseil de l’Europe et à l’Union européenne, en particulier à l’Agence européenne des droits fondamentaux.

Puis nous avons porté le regard sur les initiateurs locaux, dialoguant avec les responsables d’Écoles, de la Russie à la Croatie, en passant par l’Arménie, le Kosovo ou la Bosnie-Herzégovine… Les objectifs de ces Écoles sont alors précisément examinés : promotion d’un état de droit transcrit dans la réalité politique et sociale ; coexistence pacifique des communautés et minorités, multiplication des passerelles ; formation de nouvelles générations de leaders politiques et sociaux dans des pays non nécessairement bien dotés d’élites préparées à la gestion respectueuse des affaires publiques ; construction de plateformes à partir desquelles le processus démocratique peut être réfléchi et amélioré…

Nous avons donné ensuite la parole aux intervenants des séminaires (politiques, universitaires, membres des institutions européennes ou professionnels), aux partenaires (Commission européenne, ENA, Ville de Strasbourg…) et donateurs institutionnels.

Enfin, parce que c’est un volet indispensable de l’évaluation de ces formations et de leurs réseaux, c’est le public choisi, les « étudiants » qui ont été interrogés, Russes, Ukrainiens, Arméniens et Roumains, notamment.

Si cette étude des Écoles politiques s’ouvre avec un ouvrage constitué pour l’essentiel d’un recueil d’entretiens, ce n’est pas parce que l’auteur du projet avoue par là ses faiblesses à la limite de sa formation disciplinaire, ou parce qu’il esquive l’analyse – laquelle viendra à son heure dans un volume ultérieur. C’est que, si l’on ne se contente pas de contribuer à la critique des illusions, il faut bien commencer par reconnaître, comme l’a écrit depuis longtemps Alain Bachelard, qu’il « n’est rien que du caché ». Et que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences, à commencer par celui que produisent les agents eux-mêmes, le travail scientifique de dévoilement doit parfois commencer par ouvrir les sources, manifester la parole à partir de laquelle il commence à travailler et qui contribue, d’une certaine manière, à ajuster sa vue. Il n’est pas si courant que le chercheur commence par donner, publier ses sources. Ici, l’objet nous a semblé suffisamment multiforme, mal documenté et portant, excusez du peu, sur seulement les relations entre politique, société et culture de seize États ou

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entités politiques, pour que l’on commence par préciser ses contours - pour l’essentiel perçus par d’autres.

Comment écrire une histoire qui n’a laissé aucune trace écrite dans la bibliographie, une histoire de réseaux et de formations non normés, une histoire immédiate d’un objet discret qui a eu un tout petit nombre d’initiateurs mais a tendu une toile considérable ? Le recours aux entretiens avec les organisateurs au Conseil, les relais locaux, les intervenants et les « formés » était indispensable pour construire une « matière ». Ce livre est né d’une dizaine d’années de travail ponctuel avec (et d’observation participante de) la plupart des Écoles. Il est le fruit aussi d’un voisinage actif entre l’université de Strasbourg et le Conseil de l’Europe. Il n’aurait enfin pu voir le jour sans une solide intelligence avec plusieurs responsables de cette institution, François Friederich au premier plan.

Pour donner à connaître ce matériau et permettre d’autres analyses que la nôtre, il a donc été décidé de reproduire dans les pages qui suivent l’essentiel des entretiens réalisés en grande partie avec une petite équipe de très jeunes chercheurs d’origine nationale variée issus d’un master européen, le Master of European Studies, piloté par l’université de Sienne (CRIEE)1 et dont j’encadre un module d’un trimestre de formation dans le cadre de l’Université de Strasbourg (UdS) et, plus précisément, dans le cadre de l’Institut des Hautes Études européennes (IHEE). Marie Neihouser, Janina Duda, Giulia Pastor, Raluka Mihailova, Irene Marsili et Luisa Fenu ont travaillé avec moi pour fournir la matière des pages qui suivent lors d’entretiens - non directifs pour l’essentiel2. La plupart des personnes contactées ont volontiers accepté de répondre3. Comme les entretiens ont été menés en anglais ou en français, parce que la plupart des lecteurs potentiels maîtrisent ces deux langues, nous avons décidé d’utiliser ces deux langues dans l’ouvrage : seule la table des matières et cette introduction sont bilingues4.

Avant de conclure cette longue entrée en matière, ajoutons une interrogation qui a contribué, non à déclencher la recherche, mais à aiguillonner sa rédaction. Doit-on rester de marbre quand le programme de ces Écoles, d’un montant financier très modeste relativement aux

1. Cf. http://www.mastercrie.unisi.it/ ou http://denisrolland.univ.free.fr/index.php?z=842. Marie Neihouser (France), ayant intégré quelques mois l’équipe du Conseil de l’Europe, a servi de médiateur déterminant. Une enquête a été lancée auprès des participants de l’École roumaine par Raluka Mihailova (Roumanie) qui a fait la synthèse des résultats obtenus. Enfin, Janina Duda (Pologne), remarquablement disponible et efficace, a beaucoup contribué, notamment pour les entretiens, a revu les transcriptions en anglais.et animé l’équipe de sa constance et de sa bonne humeur. Luisa Fenu, étudiante exigeante (au meilleur sens du terme) non voyante, donnera une visibilité de plus aux Écoles et à ce travail.3. Ont notamment décliné un directeur d’une grande institution de formation administrative française, un député au parlement européen PPE, intervenant des Écoles ; un conseiller du président Buzek du Parlement européen, une responsable du ministère français des Affaires étrangères.4. L’étude devrait se poursuivre par un second ouvrage rassemblant un choix documentaire pour l’essentiel inédit permettant au lecteur de mieux mesurer l’ambition, l’histoire, le travail, la méthodologie et l’écho de ces Écoles. Un troisième ouvrage, tourné vers l’analyse, devrait enfin compléter ces matériaux donnés à la réflexion et à l’histoire.

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engagements européens, risque d’être hypothéqué par la non reconduction des subventions déterminantes de l’Union européenne ? Certes, les raisons juridiques invoquées sont compréhensibles (fin d’un programme-joint1 à durée limitée destiné à promouvoir des actions devant ensuite prendre leur essor sans financement récurrent). Certes, on peut aussi imaginer que certaines critiques évoquées plus haut (dont la problématique insuffisante harmonisation) ont été considérées pour envisager cet arrêt.

Tout en soulignant la nécessité d’analyses critiques, constructives, l’Européen que je suis, doué d’une expérience concrète non négligeable de ces Écoles, a néanmoins quelques difficulté à garder l’équanimité face à la possible mise en question d’un programme dont les apports sont évidents. Même s’il ne faut ni en exagérer la portée, ni monter en épingle un micro point potentiel de friction entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, l’espace de fertilisation des sociétés civiles créé par cette dynamique des Écoles mérite qu’on ne termine pas le débat avec ce point d’interrogation.

Les relations Conseil-Union n’ont pas toujours été simples. Elles ont rarement été atones, en particulier lors du mandat du précédent Secrétaire général, remarquable mais pour qui l’Union européenne et la Russie constituaient deux objets volontiers urticants. Certes aussi, à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, certains vivent ou ont vécu l’Union comme une grande ombre tutélaire difficilement acceptable. À l’inverse, comment ne pas se poser de question sur la différence entre les ambitions très larges du Conseil de l’Europe et ses moyens (financiers au moins) fort réduits ? Ainsi que le font plusieurs intervenants dans les pages qui suivent, comment ne pas s’interroger sur un éventuel « reciblage » ou du « reprofilage » de l’institution autour de son cœur de métier, droits de l’homme et démocratie ? Lors de l’ouverture de l’Académie d’été des Écoles d’études politiques 2010, Thorbjørn Jagland, actuel Secrétaire général du Conseil, notait qu’une « réforme du Conseil » constituait « sa priorité de Secrétaire général : pas une réforme pour la réforme, mais une réforme pour les droits de l’homme, la démocratie et l’état de droit en Europe »2. Le Conseil, avec une surface aussi étendue d’action (47 pays), de compétences et de domaines d’actions (jusqu’au droit des animaux domestiques…) a-t-il les moyens de son action ? Tandis que, par exemple, la tâche remarquable de la Cour européenne des droits de l’homme ne cesse de croître et de peser dans la répartition budgétaire, ne doit-il pas resserrer un peu ses compétences pour éviter qu’elles ne soient diluées, attirées dans l’ombre de l’Union, surtout en ces temps maussades pour les budgets ? Nous l’avons dit et souligné, et les nombreux acteurs interrogés dans ce livre le notent parfois, les Écoles d’études politiques et leur suivi par la direction politique du Conseil de l’Europe sont perfectibles. Mais, même avec un entourage exceptionnellement

1. Joint Programmes between the Council of Europe and the European Union Cf. http://www.jp.coe.int/Default.asp2. Thorbjørn Jagland, 28-06-2010. Cf. http://www.coe.int/t/dc/press/news/20100628_disc_sg_summer_university_en.asp (08-2010).

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compétent et disponible, comment une personne et demie peuvent-elles porter ce type de coordination et d’organisation au point de perfection attendue ?

Comment ne pas considérer avec un peu plus que de l’intérêt adjacent ces Écoles qui, comme nous l’avons-nous-mêmes constaté à de très nombreuses reprises, permettent, par exemple, d’une part, à d’anciens adversaires en situation de conflit de travailler intelligemment et sans public à l’échelon national et, d’autre part, à des leaders (politiques, sociaux, des médias…) de pays en sortie de conflit armé de travailler, discuter formellement et en très bonne intelligence, parfois avec humour (Croates, Bosniaques ou Serbes), d’échanger presque sereinement (Azéris-Arméniens), le tout sans qu’aucun thème difficile ne soit a priori écarté ? Surtout quand, internationaliste et Européen convaincu, on appartient à une Union qui, institutionnellement, dans les conflits régionaux (que ces Écoles contribuent si ce n’est à panser, du moins à dépasser), a eu dans ces années douloureuses d’éclatement de la Yougoslavie ou de l’URSS une attitude indiscutablement faible. Et peu importe de savoir ici à qui jeter l’opprobre, entre l’absence de délégation de souveraineté nationale, la volonté de non ingérence à nos portes orientales, l’incapacité bureaucratique ou, surtout, une forme d’irresponsabilité partagée entre les États et l’Union. Incapable d’intervenir sérieusement et dans l’urgence à Sarajevo, au Kosovo ou, plus récemment, dans des délais raisonnables susceptibles de construire de la visibilité (et de la puissance) en Haïti, l’Union doit-elle risquer de « briser » une dynamique existante et fonctionnelle sous les auspices du Conseil de l’Europe ? La nouvelle et utile Agence des droits fondamentaux (crainte par les États membres) ne peut, en principe, pas créer d’institutions similaires et donc concurrentes à Vienne, malgré des moyens financiers autrement plus considérables. Que ce soit au nom d’observateurs liés à l’Union qui auraient pu faire remonter des constats modérément enthousiastes liés à leur expérience ponctuelle, par exemple lors Académies d’été du Conseil, ces grand-messes toujours perfectibles, que ce soit au nom de la non flexibilité de programmes européens, l’espace social indiscutablement pro-européen ainsi créé par les Écoles mérite-t-il d’être sacrifié, en sachant en outre qu’il ne manquera pas d’être occupé par d’autres fondations ?

Toutefois, pour l’observateur, peu importe de savoir si la responsabilité incombe aux coordinateurs du Conseil qui auraient pu penser qu’ils pouvaient déroger aux cadres du programme de l’Union apportant le financement, au Conseil dont l’investissement propre serait insuffisant ou dont les priorités seraient insuffisamment dégagées dans un contexte de réelle austérité budgétaire, ou à l’Union qui, pour des raisons techniques ou politiques, risquerait une erreur sérieuse en voulant se désengager. Ce sont parfois deux décennies de fabrique d’intelligence sur les rives orientales de l’Europe qui peuvent ainsi être remises en cause. Le modeste témoin universitaire que je suis ne peut qu’espérer que, comme à l’accoutumée, ces frictions entre le petit Conseil de l’Europe et la grande Union européenne trouveront une solution satisfaisante, non pour l’un ou pour l’autre, mais pour la consolidation

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démocratique des sociétés des pays concernés (et sans que les États concernés n’y mettent d’éventuels obstacles).

Au moment de clore ce livre, si le choix du sous-titre explicite était évident (« les Écoles politiques du Conseil de l’Europe »), un doute est néanmoins survenu quant au titre. Soit l’on mettait « Pour une gouvernance démocratique aux frontières de l’Europe », titre précis (les Écoles politiques du Conseil de l’Europe ne travaillent pas en Europe occidentale –peut-être le devraient-elles ?-) mais ouvrant l’interminable discussion sur les frontières ou rives de l’Europe, (quelle Europe, qui est dedans, qui est dehors ?...). Soit on optait par contre – choix retenu – pour un titre clair, plus ouvert, ambitieux et dangereux dans un monde universitaire volontiers sectarisé, du type « Pour une gouvernance démocratique européenne ». Si l’on dépasse les remarques faites précédemment sur un contenu très idéologisé de la gouvernance, cette « gouvernance européenne » (au-delà de l’Union), c’est bien le but de ces écoles (et de l’Union)... Si l’Europe "impose" certains de ces modes de faire, elle doit aussi offrir quelque chose en échange...

« L’agenda qui se profile à l’horizon du XXIe siècle exige impérativement que, partout, nous, société civile, prenions pied dans des territoires que les autres secteurs sont incapables d’occuper, de décrire et parfois même d’imaginer »1. Certes, nous n’ignorons pas comme historien que, « sans contenu fixe, la société civile prend sens à travers les aléas de son histoire, une histoire qui est l’objet d’une réappropriation et d’une réévaluation permanentes dans la mesure où elle est un des enjeux du débat politique actuel »2. Il n’en demeure pas moins que, dans les pays où elles existent, les Écoles politiques sont l’un des visages de cette société civile qui se cherche et cherche, chaque jour, un temps nouveau, jetant des passerelles d’intelligence par dessus les fractures historiques, culturelles, politiques ou économiques.

En fin d’ouvrage, le lecteur devra par lui-même évaluer si ces structures discrètes contribuent, indéniablement ou non, à une action politique démocratique ; si les réseaux ainsi mis en place contribuent à l’émergence d’une identité commune ; et si le coût humain et financier est raisonnable. Car ce livre n’a d’autre ambition que de donner à voir, lire et, si possible, comprendre ce visage de nouvelles sociétés civiles en cours d’émergence, certaines de leurs représentations nationales et transnationales et la pratique de la démocratie qu’elles essaient de promouvoir, quitte à fournir parfois, comme l’écrivait Pierre Bourdieu, « les moyens réalistes de contrecarrer les tendances immanentes » d’un ordre social »3. « Une politique réellement démocratique se trouve placée devant la forme moderne d’une très vieille

1. Carlos Fuentes, Un temps nouveau pour le Mexique, Paris, Gallimard, 1998, p.14.2 « Loin d’être une construction purement imaginaire, irréelle, la société civile s’enracine dans un ensemble de représentations et de valeurs héritées de son histoire. A ce titre, le mythe n’est ni vrai, ni faux ; sa fonction est de transformer l’histoire en nature, c’est-à-dire de perpétuer et de rendre naturel le patrimoine que lui a légué I’histoire », François Rangeon, « Société civile : histoire d’un mot », article cité, p.22 ;3. Pierre Bourdieu, « Sociologie et démocratie », Tribune libre, Zellige, n°3, octobre 1996, http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/Bsocdemo.html.

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alternative, celle du philosophe roi (ou du despote éclairé) et du démagogue, ou, si l’on préfère, l’alternative de l’arrogance technocratique qui prétend faire le bonheur des hommes sans eux ou même malgré eux et de la démission démagogique qui accepte telle quelle la sanction de la demande, qu’elle se manifeste à travers les enquêtes de marché, les scores de l’audimat ou les cotes de popularité. Une politique réellement démocratique doit s’efforcer d’échapper à cette alternative. […] Il existe des techniciens de la doxa, de l’opinion, marchands de sondages d’opinion et d’enquêtes de marché, héritiers contemporains de ceux que Platon appelle, magnifiquement, les doxosophes, savants apparents des apparences »1.

Les Écoles d’études politiques constituent assurément une médiation favorable à l’enracinement et au développement tant de la démocratie que de l’idée d’Europe et des processus d’intégration régionale en cours. Ce livre espère lui aussi jouer un rôle de médiateur, donnant à connaître et contribuant à la visibilité d’une initiative dont l’importance n’est pas proportionnelle à la discrétion. Cette fonction de « Personal between » est assumée par le coordinateur de l’ouvrage, très éloigné par intérêt de ses terrains de recherche initiaux.

Quel avenir pour ces Écoles ? Pour ne décliner qu’une lettre de l’alphabet, médiation, membranes, modèle, ou moteur ? Au lecteur de répondre après avoir voisiné tous ces « acteurs » des Écoles dans les pages qui suivent. L’ouvrage touche au présent, à l’histoire immédiate. Et au devenir de l’Europe : mais, parce que toute analyse prospective d’un sujet en mouvement est condamnée à livrer des diagnostics frustres et des prévisions erronées, l’auteur de cette introduction ne se risquera pas à ce dernier exercice.

1. Pierre Bourdieu, ibid.

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Carte des pays membres du Conseil de l’Europe / Map of the country’s members of the Council of Europe

©Conseil de l’Europe

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© Questions internationales   : L’Occident en débat (n°   41 janvier-février 2010) La documentation française

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L’UE au 1er janvier 2008. La politique européenne de voisinage. ©Atelier de cartographie de Sciences Po pour la Fondation Robert Schuman.

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Carte de localisation des Écoles politiques du Conseil de l’EuropeLocalisation’s map of the Political Schools of the Council of Europe

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Document

LES ÉCOLES D’ÉTUDES POLITIQUESPRÉSENTÉES PAR LE CONSEIL DE L’EUROPE

Les Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe ont pour ambition de former de nouvelles générations de responsables politiques, économiques, sociaux et culturels dans les pays en transition. Elles opèrent sous la forme de cycles annuels de séminaires et conférences portant sur des thèmes comme l’intégration européenne, la démocratie, les droits de l’Homme et l’état de droit auxquels participent des experts nationaux et internationaux.Depuis la création de l’École d’études politiques de Moscou, en 1992, par un groupe d’activistes de la société civile soucieux de promouvoir les valeurs démocratiques, nombre d’Écoles ont été créées sur le même modèle. Le réseau inclut aujourd’hui 16 écoles qui couvrent l’ensemble de l’Europe de l’Est, du Sud-Est et du Caucase.

http://www.coe.int/t/dc/files/themes/ecoles_politiques/default_fr.asp (05-2010)

LES ÉCOLES D’ÉTUDES POLITIQUES

Une priorité pour le Conseil de l’EuropeLe programme des Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe figure dans le plan d’action adopté par les Chefs d’État et de gouvernement lors du Troisième Sommet tenu à Varsovie les 16 et 17 mai 2005. Les Écoles d’études politiques sont l’un des principaux instruments du Conseil de l’Europe pour consolider la démocratie, les droits de l’Homme et l’état de droit, et soutenir l’accès aux responsabilités les plus élevées d’une nouvelle génération de dirigeants, ouverts aux valeurs qui ont présidé depuis 60 ans à la réalisation du projet européen.

Les participantsLes participants sont de jeunes responsables (moyenne d’âge 35 ans) des secteurs publics et privés, choisis selon leur niveau de responsabilité sociale ou professionnelle, en tenant compte des réalités politiques, sociales, culturelles, ethniques de chaque pays. Le respect de l’égalité homme-femme est par ailleurs l’une des caractéristiques des procédures de sélection au sein des écoles. Les intervenants sont soit des praticiens, soit des universitaires, experts reconnus dans leur domaine de compétence ; les Bureaux du Conseil de l’Europe et les Délégations de la Commission européenne dans les pays accueillant des écoles sont régulièrement associés aux travaux des Écoles.

Les thématiquesLes principaux thèmes développés par les Écoles d’études politiques portent sur les fondements de la construction européenne, l’élargissement et la politique de voisinage de l’Union européenne, les modes d’exercice du pouvoir et la place du citoyen dans les grands débats de notre temps, les coopérations régionales, les processus de normalisation et de dialogue dans les régions en crise, la prévention des conflits, la reconnaissance des spécificités et des diversités culturelles. Les défis globaux tels que la lutte contre le terrorisme et le crime organisé, la sauvegarde de l’environnement, les

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nouvelles technologies et leur impact sur le fonctionnement des sociétés démocratiques figurent aussi parmi les sujets débattus par les Écoles.

La gestion et le fonctionnementLe programme est piloté par la Direction générale de la démocratie et des affaires politiques du Conseil de l’Europe qui en assure la coordination générale avec les priorités et les autres programmes de l’Organisation ainsi que la gestion financière. Les directeurs des Écoles se réunissent au moins trois fois par an dans le cadre du Comité Directeur mis en place par le Conseil de l’Europe, au sein duquel siège un représentant de la Commission européenne. Ce Comité de pilotage est appelé à s’élargir à de nouveaux membres, représentants de partenaires et donateurs du réseau. Son rôle essentiel est d’assurer la coordination des activités, l’échange de bonnes pratiques et d’expériences, la préparation de l’Université d’été de la démocratie, ainsi que l’évaluation annuelle des activités. Le réseau des écoles d’études politiques bénéficie d’un soutien financier dans le cadre d’un Programme joint Conseil de l’Europe – Union européenne.

http://www.coe.int/t/dc/files/themes/ecoles_politiques/Plaquette_FR_2010.pdf (05-2010)

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Les « Écoles politiques » du Conseil de l’Europe The Political Schools of the Council of Europe

Chronologie et données de base Chronology and basic datas

CréatBirth

NomName

Ville, Pays City/Country

Direction Founder (F)Director (D)

Statut/Status

Basic Informations

1992 Moscow School of Political Studies Russia

MoscouRussie

Elena Nemirovskaya (F & D)

ONGJoint programme with the European Union

Joint-programme/EU5000 participants au total (fin 2003)

1999/2000

Tbilisi School of Political Studies

TbilisiGéorgie

Armaz Akhvlediani

ONG Fondée 1999, lancée 2000 accueille participants d’Arménie, d’Azerbaïdjan, de Russie ; 200 participants par an en 2003

2001/2002

Bulgarian School of Politics

SofiaBulgarie

M. Dimitry Panitza (F)2003 Ms Svetlana Lomeva (D)2010Irina Alexieva (D)

ONG Initiative de la Free and Democratic Bulgaria Foundation; en coop. avec la Political Academy for Central and South-Eastern Europe, the New Bulgarian University, et de l’Open Society Foundation.2001-2009 : 300 Bulgares et 150 étrangers formés

2003 Pristina School of PoliticsPristina Institute for PoliticalStudies

PristinaKosovo

2003 : M. Robert Curis (F)Représentant régional ECMI2010 : Leonora Kryeziu (D)

ONG initiative conjointe du Conseil de l’Europe et de l’European Centre for Minority Issues (ECMI), ONG allemande de Flensburg, présente au Kosovo.

2003 Sarajevo School For

SarajevoBosnie-

2003: M. Fadil Šero Executive

Conseil de l’Europe

Associée à la Multilateral

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Political Studies Puis School of Political Studies Bosniaand Herzegovina

Herzégovine Manager2010: Igor Gaon (D)

Academy de Dortmund

2003 Skopje School of Politics

SkopjeFYROM (Macédoine)

2003: Forum: M. Saso OrdanovskiEuropean Movement: M. Blagoj Zasov2010: Kalinka Sentic-Gaber (D)

ONG Créée par ‘The Center for Strategic Research and Documentation (FORUM)’ et le ‘European Movement’.

2003 European Institute for Political Studies

Chisinau Moldova

2003: M. Nicolae Chirtoaca2010: Viorel Cibotar (D)u

ONG Org: l’“Invisible College”

2003/2004

Belgrade Fund for Political Excellence

BelgradeSerbie et Monténégropuis Serbie

Ms Sonja Licht(F&D)

ONG“non-governmental, non-partisan and non-profit organisation”

fondée 2003, lance 2004

2003 ?2002 sur site

School of Democratic Leadership(Podgorica, founded in 2003)

Podgorica, Monténégro

Boris Raonic(F&D)

ONG

2003/2004

School of Political Studies

ZagrebCroatie

2003: Branislav Bibić2010: Nevena Crljenko

ONG fondée 2003, lancement 2004set up by the European Circle Croatia, a local NGOLien Friedrich Naumann Stiftung (qui héberge)

2004 “Ovidiu Sincai”

BucarestRoumanie

2010 : Adrian Severin

ONG

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European School

(F)Anne Juganaru

2005 Ukrainian School of Political Studies

Kiev, Ukraine

2010 : Ihor Kohut ONG

2005 Yerevan Arménie 2010 : Armen Zakaryan (F &D)

ONG

2007 Academy of Political Studies

TiranaAlbanie

ONG

2007 Baku Political Studies Programme

BakouAzerbaïdjan

2010 : Ilgar Mammadov

ONG

2007 East-European School of PoliticalStudies

Kiev, Ukraine

2010 : Alexander Dabravolski

ONG

Élaboration propre à partir d’archives du COE et de documents publiés par les Écoles politiques.

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Première partie

DIALOGUE AU CŒUR DE L’EUROPEENTRETIENS AVEC LES RESPONSABLES

DU CONSEIL DE L’EUROPE

DIALOGUE IN THE EUROPE’S HEARTINTERVIEWS WITH RESPONSIBLES

OF THE COUNCIL OF EUROPE

1. « Diffuser des idées démocratiques », Catherine Lalumière2. « Des lieux de rencontres et d’échange », Jean-Louis Laurens3. « Une initiative de la société civile », François Friederich4. « Un engagement politique, mais non partisan », François Friederich 5. « Un programme joint financé à parts égales par le Conseil de l’Europe et l’Union

européenne », François FriederichDocuments6. « L’Agence européenne des droits fondamentaux ne rivalise pas avec le projet des Écoles

d’études politiques », Jack Hanning7. Nicola Cangemi8. « C’est aussi au Conseil de l’Europe de fixer ses priorités », Guy De Vel9. « Le Conseil de l’Europe est un instrument dans les mains de l’Union

européenne », Florence Benoît-Rohmer

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1.

« DIFFUSER DES IDÉES DÉMOCRATIQUES »

Catherine Lalumière

Secrétaire d’État (1981, 1983-1986),Ministre (1981-1983) et Députée française (1981-1989),

Secrétaire général du Conseil de l’Europe (1989-1994)Députée européenne (1994-2004)

Présidente de l’Association européenne des Écoles d’études politiquesAncienne Secrétaire générale du Conseil de l’Europe et ancienne vice-présidente du Parlement européen, elle préside depuis 2008 l’Association européenne des Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe.Elle est également présidente de la Maison de l’Europe de Paris ainsi que de la Fédération Française des Maisons de l’Europe. Elle a par ailleurs occupé la vice-présidence du Mouvement européen international. Depuis de nombreuses années, elle s’engage pour la construction de l’Europe, en cherchant toujours à nouer des contacts et entretenir le dialogue entre Européens

http://www.schoolsofpoliticalstudies.eu/bureau.aspx

Entretien : Marie Neihouser1

Quels sont les buts de l’Association européenne des Écoles d’études politiques fondée en 2008 ?

Le but principal est de diffuser des idées démocratiques dans des pays qui étaient réputés ne pas connaître ou avoir oublié ce qu’était la démocratie à l’occidentale fondée sur le pluralisme et le respect des droits de l’homme. Il s’agit de diffuser les idées démocratiques qui sont à la base des systèmes politiques que l’on souhaite voir adopter, au sens le plus large du terme, c’est-à-dire au sens que le Conseil de l’Europe donne à l’Europe. C’est une conception qui va au-delà des membres de l’Union européenne, et qui inclut donc par exemple l’Ukraine, la Russie et bien d’autres.

Il faut remonter à l’origine : c’est une sociologue et spécialiste des sciences politiques russe, Elena Nemirovskaya, qui a eu dès 1989 l’idée de créer ces Écoles. Elle connaissait bien son pays (à l’époque c’était encore l’URSS) et était inquiète de voir la méconnaissance et l’ignorance par les Russes, y compris ceux ayant fait des études, des principes fondamentaux. Et cela pour des raisons évidentes : la Russie a d’abord connu le régime tsariste, qui n’était pas un exemple démocratique même si les derniers tsars avaient manifesté des désirs de démocratisation, puis la période stalinienne de régime totalitaire. Après la mort de Staline, le bloc de l’Est essaya de s’émanciper un petit peu et d’adopter des régimes plus conformes à nos standards ; il n’empêche, tous les pays du bloc de l’Est et notamment ceux qui étaient issus

1. Réalisé le 10-03-2010 au Conseil de l’Europe.

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du bloc soviétiques avaient tout à apprendre en matière de démocratie. Avec clairvoyance, Elena Nemirovskaya a eu cette idée d’École politique.

J’ai fait sa connaissance à ce moment-là. Elle est venue me parler de ce projet de créer à Moscou une École d’études politiques dans le but que je viens d’indiquer. Elle vint me voir et me demanda si elle pouvait avoir le soutien du Conseil de l’Europe. Je n’ai pas hésité longtemps. J’ai tout de suite vu l’importance de cette initiative. En plus, je savais qu’Elena Nemyrowskaya était quelqu’un de très solide qui avait de sérieuses connaissances sur la démocratie, les droits de l’homme, qui avait des convictions. En somme, elle était la personne parfaite pour créer et animer ce type d’École.

Elle a donc eu le soutien du Conseil de l’Europe et, effectivement, cela a très bien marché… À tel point qu’aujourd’hui il existe seize Écoles sur le modèle de l’École de Moscou. Mais le point de départ est clair : nous venions d’assister à la chute du Mur de Berlin, tout était en train de changer et d’être bousculé : la question était de savoir si les citoyens avaient la formation minimale pour savoir quoi faire. Que mettre à l’intérieur du mot « démocratie » ? Comment s’y prendre ? Quels sont les mécanismes indispensables ? Quels sont les pièges à éviter ? Quelles sont les conditions de la réussite ? Etc. Effectivement, tout cela s’apprend. La bonne intention et la volonté de s’inspirer de ce qui semblait avoir réussi en Occident n’étaient pas suffisantes.

C’est pour cela que la formule « École » qui implique une pédagogie, qui implique de faire venir des intervenants expliquant un certain nombre de choses, était intéressante. Le public visé était et est resté un public d’étudiants mais aussi d’hommes et de femmes ayant déjà des responsabilités publiques ou administratives. Ces personnes sont volontaires, conscientes de leurs connaissances limitées et de la nécessité d’apprendre ce qu’il faut faire pour que l’idéal démocratique soit, aussi bien que possible, réalisé.

En 1992, que représentait pour le Conseil de l’Europe le soutien à l’École de Moscou, alors que la Russie était en crise et pas encore membre du Conseil ?

À l’époque, je n’ai pas hésité car nous avions déjà réfléchi : avant même d’être Secrétaire générale, je faisais partie de l’Assemblée Parlementaire et, en 1987 déjà, j’avais fait un rapport sur les relations entre le Conseil de l’Europe et l’Union Soviétique. Déjà, à cette époque, nous avions eu des débats entre parlementaires extrêmement intéressants. Et j’avais été frappée, avant 1989 donc, par le fait qu’il y avait au Conseil de l’Europe des collègues connaissant bien l’Europe centrale et orientale et pressentant ce qui allait se confirmer à partir de 1989. Je faisais la comparaison avec ce que j’observais à Paris ou à Bruxelles : là, on était beaucoup moins au courant de l’évolution du bloc de l’Est ; on en avait encore une vision un peu sommaire et manichéenne. C’est au Conseil de l’Europe que j’ai rencontré des parlementaires beaucoup mieux informés. Ceci fait qu’avant même 1989, et avant de prendre mes fonctions de secrétaire générale en mai 1989, j’étais déjà entourée de gens qui

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se posaient beaucoup de questions et qui connaissaient la fragilité des régimes.

Ensuite, après ma prise de fonctions, le premier visiteur « important » que j’ai reçu est M. Gorbatchev. Il nous tient alors un discours extrêmement novateur sur la « Maison Commune européenne ». Ceci a été un électrochoc. Il a déclenché chez moi, mais aussi au sein de mon cabinet, des fonctionnaires et des parlementaires du Conseil de l’Europe, une réflexion encore plus intense. Nous avons pris conscience que les choses étaient en mouvement. Nous ne reconnaissions plus les Soviétiques de l’époque Brejnev. C’était complètement différent. Nous avons alors décidé qu’il fallait « mettre nos pendules à l’heure », comme on dit.

À la même époque, j’ai fait un certain nombre de voyages. Je me rappelle être allée en juillet en Hongrie où j’ai rencontré le ministre des Affaires étrangères qui m’a tenu lui aussi des propos de grande ouverture. Il avait un réel intérêt pour le Conseil de l’Europe, alors que nous, le Conseil, nous arrivions avec nos petits drapeaux « démocratie, droits de l’homme, etc. ». Gulia Horn n’était pas du tout effarouché, au contraire : il s’exprima en faveur du développement de relations entre son pays et le Conseil.

Durant l’été 1989, nous avons travaillé au sein du Conseil de l’Europe à la mise au point d’un programme pédagogique de formation à la démocratie - le programme Démosthène. Nous étions donc totalement impliqués dans ces questions de pédagogie, conscients que l’on allait devoir faire face à la sortie de régimes contraires à la démocratie dans de multiples pays. Et que tout le monde, notamment les dirigeants, avait un effort à faire. Arrive le mois de novembre, la chute du mur de Berlin et toutes les révolutions qui se produisent dans les différents pays du Bloc de l’Est : à ce moment, le souci pédagogique est constant. Le Conseil de l’Europe avait une responsabilité : il devait absolument nouer des contacts avec les nouveaux dirigeants de ces pays et les aider, les conseiller, avec leur consentement, voire, encore mieux, à leur demande, dans l’apprentissage de la démocratie, du respect des droits de l’homme, de l’état de droit et de toutes ces notions liées les unes aux autres.

Lorsqu’Elena Nemirovskaya est arrivée avec le projet d’École d’études politiques, sa proposition s’intégrait exactement dans ce que nous nous efforcions de faire. L’hésitation a donc été de très courte durée… à partir du moment où je savais que c’était une personne fiable et qui ferait un travail sérieux et de qualité. Cela s’inscrivait parfaitement dans ce que nous avions commencé à faire depuis plusieurs mois déjà.

En quoi le Conseil de l’Europe peut-il soutenir et aider ces Écoles politiques ?

Dans tous les domaines, après des événements aussi considérables que la chute du mur de Berlin, véritable « révolution », un apprentissage est nécessaire. On ne peut pas réussir cet apprentissage si ceux qui doivent se former ne sont pas volontaires. Dans ces conditions, les Écoles de la démocratie

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que constituent les Écoles politiques doivent être demandées et soutenues par les citoyens du pays.

Le problème qui se pose est de savoir s’il faut le soutien des dirigeants. Il faut au moins que les dirigeants ne les étouffent pas. Pour ce qui est d’un soutien véritable, il ne faut pas trop demander… Bien sûr, c’est souhaitable, mais il peut arriver que les dirigeants soient un peu méfiants à l’égard de l’idée démocratique. Cependant, si l’opposition est frontale, les Écoles ne peuvent continuer à fonctionner. En tout cas, il faut un soutien de la société civile. Les Écoles s’adressent à des élèves volontaires. C’est une nécessité. L’équipe directrice de l’École, mais aussi les participants doivent être motivés.

Dans ces conditions, le rôle du Conseil de l’Europe est de répondre à la demande et de fournir des indications pour choisir les intervenants par exemple, sélectionner des professeurs, trouver des moyens financiers pour que les Écoles aient des locaux et pour favoriser les échanges. En effet, il faut que l’École soit en mesure de payer le voyage et l’hébergement de ses intervenants. De même, il faut pouvoir payer les déplacements des participants dans le cadre de leurs activités au sein des Écoles. La responsabilité du Conseil de l’Europe est donc de trouver des financements pour que ces échanges qui sont très importants dans la formation puissent se multiplier.

Les universités d’été désormais organisées à Strasbourg sont l’occasion de faire se rencontrer des gens venant de Russie, d’Ukraine, de Moldavie, du Caucase, d’Europe occidentale… Donc c’est un mélange extrêmement intéressant, extrêmement fructueux et qui a des vertus pédagogiques incontestables. Encore faut-il le financer ! Dans ces conditions, le Conseil de l’Europe est un facilitateur. Il doit contribuer à ce que cet enseignement ait lieu dans les meilleures conditions, que ces échanges aient lieu et que l’apprentissage de la démocratie progresse. Mais je le répète, ce n’est pas quelque chose que l’on impose, c’est quelque chose que l’on propose à des volontaires.

Comment les Écoles sont-elles vues dans leurs pays par les acteurs politiques (gouvernement et opposition) et par la communauté internationale ?

J’imagine que, dans un certain nombre de pays, les dirigeants ne connaissent pas très bien les Écoles : c’est plutôt l’indifférence qui règne. J’imagine aussi que, dans un certain nombre de pays, tant qu’ils ne rencontrent pas d’opposition nuisant à l’ordre public, les dirigeants tolèrent ces Écoles. De plus tous ces régimes ont officiellement adopté le régime démocratique : il leur est donc difficile de taper sur les doigts d’une École qui en enseigne les principes. Concrètement, j’imagine, mais il faudrait le demander aux dirigeants eux-mêmes, que l’attitude oscille entre l’indifférence et une sympathie plus ou moins teintée de méfiance. Dans certains cas, il peut tout de même y avoir un réel soutien, positif. Mais les Écoles se veulent quand même indépendantes. Sans faire de l’opposition ouverte, ce qui n’est

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pas leur but, les Écoles n’étant pas là pour faire de la « politique active », elles sont cependant composées de personnes très attachées à la liberté, à l’indépendance. À l’esprit critique, en quelque sorte, pas forcément destructeur, mais distancié par rapport au pouvoir.

Et en ce qui concerne la communauté internationale ?Je crains malheureusement que les Écoles ne soient pas aussi connues que

ce que l’on pourrait souhaiter. Ce qui frappe, c’est l’ignorance des choses. Je ne crois pas que la notoriété des Écoles ait troublé la quiétude de ce que l’on appelle la communauté internationale. Ce que je peux dire, c’est que quand ces Écoles sont connues dans certains milieux, et je pense ici à la Communauté européenne, il y a une réelle sympathie. Cette sympathie est proportionnelle à l’engagement démocratique des gens. Même si la totalité de nos populations n’est pas démocrate, la majorité l’est. Or, quand cette majorité apprend l’existence des Écoles, elle l’applaudit. Le plus intéressant est que l’on en salue en particulier la formule. Cette formule plaît par sa pédagogie fondée sur la motivation de ceux auxquels elle s’adresse : cela séduit.

Il faut rappeler qu’il y a eu, notamment à partir de 1989, une autre formule qui était beaucoup plus directive et que nos amis américains privilégient souvent. Ils arrivent avec un discours unilatéral pour expliquer comment les choses doivent être faites. Ce n’est pas ce que nous souhaitons faire. Nous préférons nous fonder sur le volontariat de la part des participants. Le but est d’instaurer un dialogue plus qu’une pédagogie unilatérale venant d’en haut, de type « top-down ».

Toujours dans cette optique d’échange, quelle est l’importance pour ces Écoles de la structuration en réseau ?

C’est capital. Au départ, nous ne savions pas du tout si la formule aurait du succès. Il n’était donc pas question de réseau. Nous avons donné le feu vert à la seule École de Moscou. Plus tard, lorsque l’équipe du Conseil de l’Europe m’a demandé de prendre la tête du réseau, j’ai pris conscience qu’il y avait, en effet, un réseau qui était en train de se constituer en raison du nombre d’Écoles. J’ai tout de suite donné mon accord parce que cela m’a semblé une très bonne chose.

Il est important que ces Écoles qui se ressemblent mais qui sont indépendantes les unes des autres puissent développer des contacts entre elles pour construire un réseau. Cela ne veut pas dire que toutes les Écoles sont construites de la même façon. Il existe une grande diversité et une volonté d’indépendance des unes par rapport aux autres. Mais le réseau permet d’échanger les expériences et les idées. L’expérience est très fructueuse. D’ailleurs, on ne peut construire l’Europe qu’avec des contacts. Si chacun reste chez soi, les idées européennes ne sont pas prêtes d’avancer ! Or, pour multiplier les contacts, il faut un minimum de structure. Le réseau, c’est très souple, mais c’est quand même une structure.

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Les Écoles politiques sont implantées dans des États qui sont parvenus à des niveaux de démocratisation très divers. Ces Écoles sont-elles confrontées à des problèmes et des défis identiques, quel que soit le pays ?

Comme je vous l’ai dit, ces Écoles sont très différentes les unes des autres. Cela est en partie lié à la différence qui existe entre les pays. Chaque pays a sa personnalité, ses problèmes, ses réactions… L’Europe est une mosaïque : nous avons beaucoup de choses en commun mais aussi énormément de différences. Et notamment culturelles, en particulier en matière de démocratie : c’est un domaine très lié à la culture de chaque pays. Malgré l’hétérogénéité des situations, par rapport aux grands principes de base, il existe cependant une convergence. C’est pour cela que le dialogue est possible et que la méthode des échanges d’expériences fonctionne. Sans point commun, le dialogue ne serait pas possible.

Je voudrais tout de même ajouter une remarque. Il existe des Écoles dans des pays qui ont intégré l’Union européenne (Bulgarie et Roumanie). On pourrait penser que ces pays, membres de l’Union, n’ont plus de problèmes en matière démocratique. Or, il ne faut jamais oublier que la démocratie ne s’apprend pas en un jour. C’est un apprentissage constant qui demande une formation et une réflexion permanentes. Ce n’est donc pas parce qu’un pays a intégré le Conseil de l’Europe puis l’Union européenne que l’on doit arrêter tout effort d’explication pédagogique. J’en profite pour dire qu’il serait utile que ce type d’École existe aussi en Europe occidentale, si fière de ses « vieilles démocraties ».

La question de telles Écoles se pose de plus en plus en effet…Oui, car la démocratie n’est jamais une victoire immuable. C’est un

processus qui demande en permanence des efforts. Là-dessus, aucun pays n’est en mesure d’atteindre la perfection. Il y a d’ailleurs en ce moment matière à inquiétudes dans le monde occidental, le même qui avait donné naissance aux principes démocratiques. On peut, et on doit, parler de crise de la démocratie. C’est un fait que les mécanismes démocratiques, même s’ils ne sont jamais parfaits, sont mis à mal en Europe occidentale. Et c’est pourquoi je pense que nous aurions besoin de former, notamment la jeunesse, à la réflexion. Sans endoctriner les gens, il est possible de donner des bases pour la réflexion qui fassent que les citoyens de nos pays soient en capacité de mesurer les enjeux auxquels on est confrontés et prennent leurs responsabilités de citoyens. En connaissance de cause. Or, malheureusement, nous avons sacrifié la formation des citoyens.

Pour finir, vous êtes présidente de l’Association des Écoles politiques. Quel est son but vis-à-vis du réseau ?Sa raison d’être ? Mieux comprendre les mécanismes démocratiques, les obstacles auxquels on se heurte, les menaces qui risquent de paralyser ces mécanismes… Il est très bon d’avoir des échanges d’expériences.

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L’Association se propose donc de favoriser les contacts entre les participants des Écoles des différents pays. C’est la structure juridique du réseau et son but est de le faire vivre.

À un moment donné, c’était à la veille des conflits dans les Balkans, j’étais ici au Conseil de l’Europe et je m’étais fixé une sorte de ligne de conduite : « Des contacts, encore des contacts, toujours des contacts » ! L’Europe est morcelée, c’est une mosaïque d’ethnies, de cultures, de langues différentes. C’est le drame de l’Europe. Cette mosaïque peut parfois engendrer des incompréhensions, des tensions, des hostilités, des conflits d’intérêts susceptibles de déboucher sur des guerres. On ne peut sortir de cette espèce d’engrenage qu’en apprenant à se connaître. En se connaissant mieux, on se comprend mieux. Et cela passe par des contacts. Finalement, c’est peut-être la potion magique. Malheureusement, elle ne fonctionne pas tout le temps : parfois, on se connaît et on ne s’apprécie pas trop. C’est le cas entre voisins notamment. Reste qu’en le connaissant mieux, l’étranger devient moins menaçant.

En conclusion, pour revenir au but de l’Association, ce pourrait donc être : « Des contacts, toujours des contacts, encore des contacts ! »

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2.

« DES LIEUX DE RENCONTRES ET D’ÉCHANGE »

Jean-Louis Laurens

Directeur Général Direction générale de la Démocratie et des Affaire politiques

Conseil de l’Europe

Entretien : Marie Neihouser1

Quelle est la philosophie des Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe ?

La philosophie des École d’études politiques, c’est d’abord de ne pas être des écoles. Le mot d’ « École » est trompeur dans la mesure où ce sont des lieux de rencontres et d’échange. Ce ne sont pas des lieux qui distinguent entre enseignants et enseignés, mais bien plutôt des lieux où des participants, qu’ils soient locaux ou internationaux, échangent sur les grands thèmes de la Démocratie, de l’état de droit, des droits de l’homme et de la construction européenne. Ce sont des forums plus que des écoles. Leur rôle est en effet de promouvoir les idées démocratiques et les idées d’ouverture européenne au sein des élites politiques et sociales émergentes dans les nouvelles démocraties.

Ce n’est pas un hasard si la première initiative est partie de Moscou en 1991 sur l’idée d’un philosophe d’origine géorgienne, Mourad Merab Yachvili, qui enseignait à Moscou et voulait créer dans l’Union soviétique de la perestroïka et de la glasnost une École de la Démocratie. Malheureusement, il est mort avant même que l’initiative ne voit le jour. Cependant, un de ses disciples2 qui l’aidait dans ses ouvrages a voulu transformer ses idées en réalité. Cette réalité s’est cristallisée lors d’une rencontre à Moscou entre la Secrétaire générale du Conseil de l’Europe de l’époque, Catherine Lalumière, qui est maintenant présidente de l’Association des Écoles d’études politiques, et le couple de disciples de Mourad Merab Yachvili, Yuri Senokosov et Elena Nemirovskaya3, en septembre 1991. Une rencontre à Strasbourg a fait suite à la première entrevue entre ces personnes,

1. Réalisé le le 30 mars 2010.2. Yuri Senokosov, philosophe russe, co-fondateur de l’École d’Études politiques de Moscou.3. Co-fondatrice, avec son mari Yuri Senokosov, de l’École d’Études politiques de Moscou.

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Catherine Lalumière et moi-même. Nous avons décidé ensemble de lancer l’aventure. Il faut garder à l’esprit que l’école n’a pas été imaginée et créée à Strasbourg dans un bureau du Conseil de l’Europe, mais qu’elle est le résultat d’un projet muri lors d’une rencontre.

L’aventure a été lancée lors du premier séminaire en 1992. Et depuis, la graine a germé. Nous avons aujourd’hui 16 Écoles qui couvrent l’ensemble de l’Europe orientale, du Sud-Est des Balkans et du Sud-Caucase, y compris un projet très proche créé à Chypre1 auquel participent les communautés chypriotes turque et grecque. À l’avenir, d’autres Écoles peuvent encore se créer.

L’idée est de promouvoir la diversité et le respect de l’échange. Un des critères fondamentaux pour les Écoles est l’ouverture. Ce ne sont pas des Écoles d’un parti politique, ni des Écoles du parti de la démocratie, ce sont des Écoles qui accueillent des individus avec des formations, des idées politiques très différentes. C’est donc à partir de l’échange au sein des Écoles que l’on peut avancer et se comprendre.

En quoi le Conseil de l’Europe peut-il apporter une plus-value à ces Écoles politiques ?

D’abord, le Conseil de l’Europe offre une garantie politique. Si la première École a pu être créée à Moscou au début des années 1990, c’est grâce à une lettre signée de la Secrétaire générale de l’époque, Catherine Lalumière, apportant son appui personnel à ce projet. Ce n’était pas évident pour une historienne de l’art sans aucune structure, telle Elena Nemirovskaya, de créer ex nihilo, dans l’Union soviétique finissante, une institution comme l’École d’études politiques de Moscou. L’appui politique du Conseil de l’Europe au plus haut niveau a permis ce quasi miracle. La garantie internationale donnée par le Conseil de l’Europe permet aujourd’hui encore aux Écoles de se créer et d’exister.

Néanmoins, si cette garantie est donnée, elle peut aussi être retirée si le projet ne correspond pas aux critères définis à l’avance. En cas extrême, le patronage du Conseil de l’Europe peut être retiré.

Quelles sont les principales exigences du Conseil de l’Europe vis-à-vis des Écoles d’études politiques ?

Nos exigences sont l’indépendance et l’ouverture, c’est-à-dire le respect du pluralisme.

L’indépendance signifie ne pas être lié à quelque structure étatique ou de parti politique que ce soit.

Pour ce qui est de l’ouverture, le Conseil exige une ouverture à l’ensemble des groupes et composantes de la société. Non seulement les différents représentants des différentes familles politiques, des différents secteurs de la société, des différentes composantes ethniques, ce qui est très

1. The European Forum Cyprus (EFC). Voir plus loin l’entretien avec Uwe Müller.

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important dans ces pays, mais parfois aussi les différentes composantes linguistiques.

L’indépendance doit exister par rapport à quelque pouvoir que ce soit  : financier, politique et économique. Outre le respect et l’adhésion aux principes de base qui sont ceux du Conseil de l’Europe, ce sont les exigences de notre institution.

Concrètement, si une École enfreint ces exigences, quels sont les moyens de pression du Conseil ?

Le Conseil de l’Europe retire son appui. Cet outil n’est pas que théorique puisque l’institution a, dans deux cas, déjà retiré son appui à des Écoles. Il s’agissait d’Écoles qui, soit n’appliquaient plus les critères de base de pluralisme et d’ouverture à l’ensemble des secteurs de la société, soit ne respectaient plus les critères définis en ce qui concerne le recrutement des participants, à savoir que ces derniers soient déjà engagés dans la vie politique et sociale du pays.

Il s’agit d’Écoles fondées en Bosnie-Herzégovine et en Albanie. En Albanie, le partenaire local était très divisé, c’était un petit groupe de représentants d’ONG qui n’arrivaient plus à se mettre d’accord sur un projet commun. Ce sont des distensions internes, et non des problèmes financiers, qui nous ont amenés à retirer notre agrément. En Bosnie, le problème était de parvenir à avoir des participants représentant réellement nos critères de sélection, aussi bien au niveau de l’âge et de la responsabilité dans la société que de l’équilibre politique, ethnique et géographique.

Depuis, on a recommencé sur d’autres bases dans ces deux pays. Il y a même eu un cas, en Azerbaïdjan, d’une école qui s’est auto-créée sans avoir reçu la validation du Conseil de l’Europe. Nous avons dû agir juridiquement pour l’empêcher de s’établir puisqu’elle se posait en concurrente du projet soutenu par le Conseil de l’Europe. C’est pour cela que le logo et le titre d’Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe sont protégés juridiquement.

Face à ces difficultés, on s’aperçoit de l’hétérogénéité des défis auxquels sont confrontées les Écoles selon le pays. Dans quelle mesure ces défis propres à chaque École sont-ils comparables ?

Il faut souligner le fait que les écoles agissent à trois niveaux. Il y a un niveau national, avec les séminaires nationaux lors desquels sont

traitées des questions pertinentes pour lesdits pays. Même s’il existe un input international, le programme de chaque École correspond aux priorités de chacun des pays.

Il existe un deuxième niveau d’action, le niveau régional, qui permet d’aborder aussi le thème du réseau. Ce niveau s’articule autour de rencontres sur des thèmes, des défis voire des conflits communs à une même région. C’est pour cela que nous avons développé les rencontres entre Écoles des Balkans, des pays voisins de la Mer Noire ou encore des rencontres bilatérales entre

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Écoles d’Erevan et de Bakou, entre Écoles de Tbilissi et de Moscou, entre Écoles de Pristina et de Belgrade, pour que les Écoles deviennent des vecteurs de contacts et d’échanges. Autrement dit, il s’agit de contribuer à construire une diplomatie souple et de confiance entre sociétés divisées. Ce niveau régional est développé lors de séminaires régionaux, que ces séminaires se déroulent dans les pays eux-mêmes ou au cours de l’Université d’été. Les Balkans, le Sud-Est de l’Europe, sont particulièrement actifs car ils ont des soutiens extérieurs au Conseil de l’Europe qui leur permettent de lancer de nouvelles initiatives telles que la nouvelle École de la démocratie locale des Balkans. C’est un sous-produit des Écoles d’études politiques qui montre que la dimension régionale est de plus en plus prégnante dans le réseau puisqu’elle accueille des participants de différentes nationalités de la région.

Enfin, il y a le niveau global, qui est celui de l’Université d’été de la Démocratie à Strasbourg. C’est la rencontre annuelle de l’ensemble des Écoles, et au-delà, la rencontre entre les Écoles et l’Europe. C’est l’occasion pour l’ensemble des participants de se confronter aux institutions européennes établies à Strasbourg, aussi bien le Conseil de l’Europe, le Parlement européen que la Cour Européenne des Droits de l’homme. L’Université d’été de la Démocratie est en réalité née du fait que le programme de chaque École comportait, en dehors des séminaires nationaux, un séminaire à Strasbourg puisque c’est un projet soutenu par le Conseil de l’Europe. Petit à petit, avec l’extension du réseau, il est devenu difficile d’organiser plus d’une dizaine de séminaires à Strasbourg. De plus il y avait un côté répétitif assez problématique à gérer. C’est pour cela que François Friederich a eu l’idée de lancer une rencontre commune de l’ensemble des Écoles que nous avons appelée l’Université d’été de la Démocratie. Ce qui est intéressant, c’est que même cet ensemble commun qu’est l’université d’été se décline en dimensions globale, régionale et bilatérale : le programme comporte, outre des rencontres globales, des réunions régionales et bilatérales. Et même professionnelles depuis deux ans.

En quoi la dimension de réseau entre les Écoles est-elle importante ?Le réseau est presque consubstantiel aux Écoles. La première École,

l’École d’études politiques de Moscou, n’a jamais été une École uniquement russe. Dès le départ, elle a accueilli des participants du Sud-Caucase, du Belarus, d’Ukraine…

Après quelques années d’activité au sein de cette École, a germé l’idée de lancer, avec un ancien participant géorgien de l’École de Moscou, Armaz Akhvlediani1, une école spécifique de Géorgie. L’École de Tbilissi est une émanation de l’École de Moscou. Ce n’est pas une antenne, mais plutôt un produit de cette École. Armaz Akhvlediani, après avoir participé deux ans aux activités de l’École de Moscou, est devenu le fondateur de l’École de Tbilissi.

1. Fondateur de l’École de Tbilissi.

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De la même façon, par des rencontres personnelles, rencontres qui sont à l’origine de nombreuses initiatives, nous étions en contact avec Dimitry Panitza, responsable d’une formation pour le développement de la démocratie en Bulgarie1. Il partageait son temps entre Paris et Sofia et a entendu parler de l’École politique de Moscou par l’intermédiaire de connaissances. Par curiosité, il s’est lui-même rendu à Moscou pour participer à un séminaire de l’École. Il a été enthousiasmé par la méthode et a décidé de créer une École similaire en Bulgarie. Il faut savoir que les activités de l’École de Moscou se font en russe. Or, la langue bulgare est très proche du russe. Il n’y a donc pas de problème de compréhension. En accord avec Elena Nemirovskaya, la directrice de l’École de Moscou, il a donc été décidé de financer sur le budget du Conseil de l’Europe la participation d’un petit groupe de six Bulgares aux séminaires de l’École de Moscou. Cependant, il existait dès le départ une condition : que le groupe soit politiquement pluraliste. Cela n’était pas évident, dans la mesure où Dimitry Panitza était très critique vis-à-vis du Parti Communiste Bulgare. Or, il faut que le groupe soit représentatif, aussi bien des forces politiques de droite que de gauche. Après un certain temps, M. Panitza m’a recontacté pour m’apprendre qu’il avait réussi à former un groupe représentatif… dont le meilleur participant n’était autre que Sergueï Dmitrievitch Stanichev2 ! Au bout de trois ans de participation des Bulgares à l’École de Moscou, le temps vint de la création d’une École à Sofia. Cette École est donc aussi une émanation de l’École de Moscou.

Tout s’est fait de cette façon, par une sorte de mécanisme de « boule de neige ». En effet, l’École de Sofia a, pour sa part, accueilli des participants macédoniens qui ont plus tard créé l’École de Skopje3. De même, l’École de Belgrade a vu le jour parce que Sonja Licht, la directrice-fondatrice de l’École, a été en contact avec Elena Nemirovskaya via la Fondation Soros4. Le réseau s’est donc mis en place en même temps que les Écoles voyaient le jour.

Aucune École n’a été inventée à Strasbourg. Elles ont toutes été créées sur le terrain. C’est ce qui fait leur valeur et leur force. Elles sont très étroitement ancrées dans la réalité nationale. Ce ne sont pas des inventions bureaucratiques strasbourgeoises.

En définitive, le réseau s’est formé naturellement au cours des rencontres entre les directeurs et fondateurs des différentes Écoles. Il a été amplifié par le lancement des Universités d’été puisqu’elles sont l’occasion de la rencontre entre toutes les Écoles en même temps.

1. Free and Democratic Bulgarian Foundation.2. Homme politique bulgare. Il a été ministre-président du 27 juillet 2005 au 27 juillet 2009 et préside actuellement le Parti socialiste bulgare (PSB).3. Directeur de l’École de Skopje : Kalinka Sentic-Gaber.4. Fondation qui finance en partie certaines Écoles et dont le financier George Soros est le créateur.

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Dans quelle mesure le réseau est-il voué à s’agrandir ?Il y a déjà des prémices d’élargissement du réseau puisque, l’année

passée1, nous avons accueilli pour la première fois à l’Université d’été des participants d’Afrique de l’Ouest, le tout en collaboration avec l’Organisation Internationale de la Francophonie. Cette expérience sera renouvelée cette année. Il y a des discussions à propos de la création d’Écoles de structures similaires, en Europe, éventuellement en Turquie, mais aussi hors d’Europe avec des contacts au Kazakhstan et au Maroc. Ce sont des possibilités d’extension, outre l’éventualité de la création d’Écoles de ce type en Afrique noire.

Dans l’optique d’un élargissement du réseau, un Forum mondial de la Démocratie aurait donc toute sa raison d’être pour remplacer l’Université d’été ici à Strasbourg ?

C’est une idée. Je pense tout de même qu’il faut agir étape par étape. Nous avons déjà quelques contacts hors Europe avec le Japon qui soutient financièrement les Écoles et dans le cadre de la coopération avec l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Nous avons aussi des contacts outre-Atlantique. En effet, pour la première fois, lors de l’Université d’été de 2010, des experts états-uniens seront reçus. Nous avons par ailleurs d’autres initiatives du Conseil de l’Europe qui pourraient être mises en liaison avec le réseau d’Écoles d’études politiques, comme le Forum sur l’avenir de la Démocratie par exemple. L’idée d’un grand événement mondial de la démocratie est en train de germer dans les esprits. Mais elle nécessite encore d’être précisée dans son objet, sa finalité, son mode d’organisation et son financement.

Comment l’initiative de l’Université d’été s’intègre-t-elle, selon vous, dans la mission plus large du Conseil de l’Europe ?

Cette Université d’été est consubstantielle aux objectifs du Conseil de l’Europe qui sont l’union plus étroite entre les États-membres, la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit.

Mais les Écoles s’intègrent aussi dans le concept de stabilité démocratique et de soft diplomacy qui passe par l’échange et le dialogue. Or, il est parfois difficile de se comprendre à travers les gouvernements. Dans ces conditions, il est plus aisé d’utiliser des vecteurs souples et non gouvernementaux, tels les Écoles politiques, pour faire passer des messages. Ces Écoles deviennent des forums de dialogue et d’échange entre sociétés ayant des problèmes entre elles.

J’ai participé, par exemple, à une réunion locale régionale des Écoles du Sud-Est des Balkans en fin d’année 2009 à Pristina. Cette rencontre accueillait un groupe important de participants de l’École de Belgrade2, qui 1. Édition 2009 de l’Université d’été de la Démocratie.2. Les relations entre la Serbie et le Kosovo sont très tendues, surtout depuis la proclamation de son indépendance par le Kosovo.

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étaient non seulement présents mais très actifs. J’ai pu observer sur le terrain qu’entre les participants des deux Écoles, il y avait des possibilités de dialogue et de compréhension mutuelle. Un an plus tôt, lors d’une rencontre similaire à Belgrade, les Kosovars n’étaient pas venus. Les écoles peuvent donc être aussi un moyen de mieux se comprendre.

Comment passer du dialogue des Écoles à celui des gouvernements ? Les participants des écoles politiques sont volontaires et savent d’emblée qu’ils seront confrontés à d’autres nationalités avec qui ils devront échanger. Or, tous les gouvernements de la région ne semblent pas très volontaires pour instaurer le dialogue avec leurs voisins…

C’est difficile. Il n’y a aucune relation automatique. C’est un investissement à moyen ou long terme.

Cependant, quand on s’aperçoit qu’un participant de l’École de Belgrade à la première Université d’été de la Démocratie en 2006, Oliver Dulic1, revient l’année suivante en tant que président du Parlement serbe et l’année suivante en tant que ministre de l’Environnement, on peut penser que les Écoles ne sont pas inutiles.

De même, il est remarquable que le plus important caucus au sein du Parlement serbe soit celui du Belgrade Found for political excellence2. Néanmoins, il reste vrai que nous ne sommes, avec les écoles, qu’un des instruments susceptibles de faire avancer les choses.

Nous n’allons pas résoudre le conflit du Haut Karabagh3 par des rencontres entre les Écoles de Yerevan et de Bakou. En revanche, des rencontres entre ces Écoles peuvent impulser des échanges, au-delà même de ce conflit, entre les deux pays.

À travers les Écoles, il existe ainsi des réseaux informels qui sont des sources d’informations. Ils se sont mis en place pour lutter contre la désinformation et la mal-information qui règnent dans chacun des deux pays à propos de l’autre pays. Ils permettent donc, dans une certaine mesure, de rétablir la vérité sur l’image de l’autre, vérité qui est à la base de la paix à long terme.

1. Oliver Dulić, né le 21 janvier 1975 à Belgrade, est un homme politique serbe. Membre du Parti démocratique, il a été, en 2007 et 2008, président de l’Assemblée nationale de Serbie. Depuis le 7 juillet 2008, il est ministre de l’Environnement et de l’Aménagement du territoire dans le gouvernement présidé par Mirko Cvetković.2. The Belgrade Fund for Political Excelence est le nom de l’École d’études politiques fondée en 2003 en Serbie par la directrice actuelle Sonja Licht.3. Le Haut Karabagh est un territoire à majorité arménienne attribué à l’Azerbaïdjan par les Russes. Après son occupation par l’Arménie, il est la cause d’un conflit gelé entre Arméniens et Azerbaïdjanais, bien qu’un accord de cessez-le feu ait été négocié le 12 mai 1994.

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3.

« UNE INITIATIVE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE »

François FriederichProject Co-ordinator

Entretien : Marie NeihouserTranscription : Marie Neihouser et Giulia Pastor1

Qu’est-ce qu’une École politique, selon vous ? Une École, c’est un concept, c’est une initiative de la société civile. Ce

n’est pas une École au sens habituel, ce n’est pas une académie ou un institut d’études politiques. On appelle cela « École » parce qu’on essaie de former les gens qui participent à ce programme à un certain nombre de valeurs. On essaie de leur apprendre et de les sensibiliser aux valeurs fondamentales de l’intégration européenne, c’est-à-dire la démocratie pluraliste, les droits de l’homme, l’état de droit. Et c’est avant tout un espace de rencontre, de dialogue entre des jeunes responsables politiques, entre des jeunes dirigeants du secteur public mais aussi du secteur privé, de l’entreprise, des responsables associatifs, des journalistes, des professionnels des médias ; donc un lieu de rencontre et un espace de dialogue.

Comment est né ce réseau d’Écoles ? Il est né avec la création, il y a 18 ans, de l’École d’études politiques de

Moscou. En 1992, quelques mois après la dissolution de l’Union soviétique, un groupe de personnalités, d’intellectuels, de dissidents, s’est adressé au Conseil de l’Europe avec une idée très simple. Ils nous ont dit : « Nous voudrions que le processus de démocratisation réussisse ; et il ne pourra réussir que si nous disposons d’une nouvelle classe de dirigeants susceptible de gérer le pouvoir dans notre pays. Ce processus de démocratisation ne fonctionnera pas, ne donnera rien si les anciens responsables communistes qui n’ont aucune idée de ce que sont les principes et les valeurs fondamentales de l’Europe démocratique restent au pouvoir. Nous voulons donc former de nouveaux cadres pour le pays : des cadres qui mèneront les actions publiques dans le plein respect des valeurs européennes ; mais on ne peut pas le faire seuls. Nous avons besoin de l’appui et du soutien de l’organisation qui incarne

1. Réalisé le 04-03-2010. Relecture : Marie Neihouser et DR.

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l’Europe et ses valeurs depuis sa création en 1949, c’est-à-dire du Conseil de l’Europe ».

Cela a débuté ainsi. C’est une initiative d’un certain nombre de personnes : des universitaires, des journalistes… Ils ont contacté un journaliste du Monde, Daniel Vernet, en poste à Moscou, pour obtenir le soutien du Conseil de l’Europe. Catherine Lalumière, une Française aussi, était alors la Secrétaire générale du Conseil. La prise de contact a donc été facilitée et a abouti à la création de la première École.

À partir de là, dans les années qui ont suivi 1992, une deuxième École a été fondée à Tbilissi en Géorgie dans le Caucase du sud, par un ancien participant de l’École russe. C’était un Géorgien qui se trouvait en Russie et qui avait participé aux activités de l’École de Moscou. Quand il est rentré dans son pays, il a décidé de fonder une École sur le modèle de l’École russe. Il s’est passé la même chose avec des participants bulgares de l’École de Moscou, qui, en 2000, ont créé une École à Sofia.

À partir de 2003, une décision politique du Conseil a permis d’utiliser le concept d’École politique pour soutenir le processus de démocratisation dans les pays de l’Est. Depuis cet élan politique de 2003, 13 nouvelles Écoles ont été fondées et, aujourd’hui, nous rassemblons 16 Écoles !

Ces Écoles fonctionnent en réseau : les participants nous ont demandé de pouvoir se rencontrer d’un pays à l’autre, car ils ont un passé commun, similaire, basé sur l’appartenance à un régime totalitaire, très centralisé, loin de nos valeurs fondamentales, pas du tout démocratique. Ils ont donc des choses à dire et à échanger sur leurs expériences. Ils peuvent partager des bonnes pratiques en matière de démocratisation. Ils ont plus à apprendre les uns des autres que de nous. Quand je dis « nous », ce sont les pays de l’Europe occidentale. Faire venir un expert hongrois pour débattre des processus de démocratisation dans le Caucase est, selon moi, beaucoup plus parlant à un Georgien, a beaucoup plus de sens, que le fait d’inviter un expert britannique ou français par exemple, car leur passé est différent.

Quelle était la nature du soutien du Conseil attendu par les Écoles ?C’était un soutien politique avant tout parce que le Conseil de l’Europe,

dès sa création, avait pour ambition de réunir le continent européen et les peuples européens autour des valeurs fondamentales. Cependant, durant la première moitié de son histoire, jusqu’en 1989, le Conseil a été un « club » de pays de l’Europe de l’Ouest, puisque l’Europe était coupée en deux. Une fois le mur de Berlin tombé, les pays qui se trouvaient à l’Est ont eu vocation à rejoindre le Conseil, selon les objectifs initiaux du Conseil affirmés dès sa création. Dans ces conditions, le Conseil a tout de suite compris l’utilité de soutenir le programme des Écoles politiques parce qu’il participait au processus de réformes démocratiques en train de se mettre en place depuis le milieu des années 1990 jusqu’à aujourd’hui. Le soutien du Conseil de l’Europe a donc été avant tout politique car ce n’est pas une organisation très riche : le soutien financier ne peu qu’être limité.

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Néanmoins, grâce au soutien des différents Secrétaires généraux du Conseil de l’Europe, les Écoles ont pu trouver, notamment auprès de l’Union européenne, les financements nécessaires pour la mise en place de leurs activités.

La décision politique de 2003 du Conseil de l’Europe augmente-t-elle ce soutien et permet-elle de passer à une nouvelle phase de coopération ?

C’est surtout à partir du troisième Sommet des chefs d’États et de gouvernement du Conseil de l’Europe, en 2005 à Varsovie, que les choses ont évolué. Les priorités de notre organisation y ont été redéfinies. En effet, au fil des années, le Conseil était parti dans des directions l’éloignant de plus en plus des objectifs fondamentaux fixés lors de sa création. Le Conseil de l’Europe intervenait alors dans beaucoup de domaines, fort intéressants par ailleurs, mais pour lesquels il n’avait ni la compétence ni le mandat, tels que le sport, l’agriculture, l’environnement… Or, ceci se faisait au détriment du mandat principal de l’organisation à savoir la sauvegarde des valeurs fondamentales.

Lors des conclusions du Sommet de 2003, les chefs d’État et de gouvernement ont insisté sur l’importance pour l’organisation de se recentrer sur ces valeurs. Or, elles incluent le soutien au processus de démocratisation en cours dans les pays de l’ex-bloc soviétique. Pour soutenir ce processus de démocratisation, un des instruments mis en avant lors du Sommet, parmi d’autres initiatives de l’organisation, a été le programme des Écoles d’études politiques. Cette décision a été la réaffirmation d’un soutien politique au plus haut niveau, de la part des chefs d’État et de gouvernement et fait aujourd’hui encore autorité.

Quel est le profil des participants, fondateurs des Écoles ou élèves ? Un mot d’abord sur les fondateurs. Les Écoles d’études politiques

constituent un programme qui ne se développe pas dans un cadre intergouvernemental : nous ne travaillons pas avec les autorités d’un pays. Nos partenaires sont des ONG, des acteurs de la société civile parce que le principe même des Écoles est d’accueillir des personnes de différents horizons politiques ; des personnes qui ont des origines et des cultures politiques, religieuses différentes. Dans beaucoup de ces pays, travailler avec les autorités officielles ne serait pas évident parce qu’il existe des sentiments de méfiance. Les autorités voient d’un mauvais œil le fait qu’on puisse leur associer des personnes faisant partie de l’opposition.

Pour attirer un groupe qui soit représentatif de la société du pays, nous nous adressons donc à des ONG (qui peuvent être des ONG déjà existantes ou qui se sont formées pour gérer les Écoles). Ce ne sont pas des universités, même si elles s’appellent dans certains cas « université » : ce n’est pas un programme « académique », ce n’est pas un master, on ne délivre pas de titre académique. C’est un espace de dialogue et de rencontre. Les participants sont des personnalités qui ont déjà une responsabilité dans la société civile, qui

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sont déjà engagées dans la vie politique ; ils sont la nouvelle génération de leaders. Ce sont des personnes qui, demain, auront un rôle important dans leur pays : c’est la future classe dirigeante, regroupant des parlementaires, des élus locaux, des diplomates, des journalistes, des managers, des individus ayant déjà des responsabilités dans leur domaine. On a ainsi choisi de s’adresser à des personnes constituant des relais d’opinion, tout en tenant compte de l’adéquation entre nos moyens et notre ambition. Pour diffuser des valeurs fondamentales dans un pays, en sachant que le nombre de participants dans chaque École est d’environ 40 personnes par an, mieux vaut que ces participants puissent, par leur statut, relayer et diffuser eux-mêmes ces valeurs.

Les critères pour intégrer les Écoles sont simples : professionnels comme j’ai déjà dit, respect de l’égalité entre hommes et femmes, égalité ethnique, autant que possible. On cherche à représenter toutes les minorités ethniques, dans leur diversité. Dans certains pays comme la Roumanie il existe, par exemple, une discrimination positive en faveur des Roms pour faciliter leur participation aux Écoles.

À travers ces Écoles, quelle vision de l’Europe souhaitez-vous promouvoir ?

Celle de l’Europe des pères fondateurs, c’est-à-dire de l’Europe qui a émergé après la Seconde Guerre mondiale : une Europe des droits fondamentaux, de la démocratie, de la liberté humaine, conditions primordiales au bien-être des gens.

Sans un minimum de démocratie, de droits des minorités, d’état de droit, il n’y aurait pas de développement économique, pas de protection sociale satisfaisante. On doit avant tout développer les principes et les valeurs fondamentaux pour avoir un développement économique. On a vu cela pendant la Guerre froide : l’Occident a développé et augmenté sa puissance économique car il avait un système démocratique. À l’Est, en revanche, existaient seulement des dictatures : cela a contribué à bloquer le développement économique, entraînant l’effondrement du système, la population n’y croyant plus.

Aujourd’hui, ces valeurs sont incarnées dans notre société. Ce sont nos valeurs et la majorité des citoyens n’imagine pas d’autre système politique que celui d’une démocratie pluraliste. Ces valeurs ne sont plus mises en cause dans notre société. Cependant, malgré cette incarnation, elles demeurent fragiles : de là la justification essentielle de ces Écoles et du soutien du Conseil. La primauté du droit, l’état de droit, les droits fondamentaux, la liberté de presse ne sont jamais définitivement acquis et, dans chaque, pays existent encore des dérapages. Le but du Conseil et des Écoles est d’éviter ces dérapages.

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Ainsi, en formant les pays à ces valeurs fondamentales, le Conseil de l’Europe préparerait le terrain à l’intégration dans l’Union européenne et à des réformes plus « techniques », notamment économiques ?

C’est différent. Il existe des pays démocratiques membres du Conseil de l’Europe - la Suisse, la Norvège par exemple -, qui ont décidé de ne pas faire partie de l’Union européenne : le Conseil et l’Union sont deux systèmes différents, mais complémentaires.

Les organisations à l’origine de l’Union avaient pour but l’intégration économique. En revanche, la vocation fondamentale du Conseil est la coopération politique. Le Conseil n’a pas la force contraignante de l’Union : nous intervenons dans d’autres domaines, dont la nature est différente.

Le Conseil ne peut pas imposer à un État la façon dont il doit se comporter en matière de droit des minorités, de droits de l’homme… Nous sommes des organisations différentes mais complémentaires. Il n’y a pas un niveau d’appartenance. Il n’y a pas de passerelles automatiques entre nous : un État peut être membre du Conseil mais pas de l’Union européenne. A contrario un État doit remplir des conditions politiques, à savoir avoir un système politique démocratique où les droits fondamentaux sont respectés pour faire partie de l’Union. Pour faire partie de l’Union, un État doit « marier » les principes du Conseil de l’Europe.

Quels sont les liens entre le Conseil de l’Europe et les Écoles ? Quel est le suivi ?

Le Conseil a un rôle de coordination, de gestion, mais aussi d’impulsion sur la substance et sur les programmes. Revenons sur les activités des Écoles. Elles organisent chacune dans leur pays au moins trois séminaires de trois jours par an. De plus, une fois par an, toutes les Écoles viennent à Strasbourg [depuis 2006] pour l’« Université d’été de la démocratie ». Le Conseil finance et veille sur les activités des Écoles pour qu’elles aient des programmes cohérents avec les buts défendus par le Conseil. Si une École veut organiser un séminaire sur la défense par exemple, le Conseil refusera tout financement. En effet, notre Statut ne nous donne aucun mandat en matière de défense [les statuts fondateurs du Conseil excluent explicitement toute activité liée à la défense]. Or, comme je vous le disais, une question ne figurant pas dans la liste des domaines pour lesquels le Conseil a un mandat ne peut faire l’objet d’un séminaire financé par le Conseil dans une École.

Ce rôle de contrôle sur les activités des Écoles, nous permet aussi de conseiller les Écoles en ce qui concerne la cohérence des programmes. D’autre part, on leur fournit des experts (politiques, journalistes, etc.) qui font partie d un réseau d’experts du Conseil.

De plus, en été – comme je l’ai déjà mentionné –, nous organisons l’Université d’été de la démocratie : les Écoles sont invitées par le Conseil à Strasbourg. On propose à chaque participant un programme à la carte : notre rôle est de tout mettre en musique. C’est un énorme travail logistique.

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Au-delà de ce rôle de gestion, il y a un suivi politique : le programme est géré par la Direction générale des affaires politiques (DGAP) qui doit rendre compte au Comité des ministres des avancées du programme. Chaque année, un rapport est remis au Comité des ministres pour expliquer nos activités.

Quelles sont les relations entretenues avec le Commission et le Parlement européen, dans le cadre de ce réseau d’Écoles ?

Dès l’origine, c’est-à-dire dès la création de l’École de Moscou, en 1992, il y a eu un partenariat entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe, entre la Commission européenne et le Conseil de l’Europe plus précisément, dans lequel la Commission se limitait, et se limite toujours, au cofinancement du programme.

Actuellement, le programme est cofinancé dans le cadre de ce qu’on appelle les « programmes joints/joint programmes », au financement partagé à 50% par le Conseil de l’Europe et à 50% par la Commission.

De temps en temps, la Commission envoie des experts sur le terrain pour évaluer l’état des Écoles, pour évaluer leurs activités etc. Mais le rôle de la Commission est avant tout financier. C’est un sponsor du programme. En revanche, depuis le début des Universités d’été en 2006, la Commission semble avoir découvert l’importance de ce programme. Elle en a compris la dimension politique.

Cependant, ce sont surtout les parlementaires européens qui ont vu l’intérêt des Écoles d’études politiques, en tant que facteur de progrès et de développement démocratique dans des pays ayant, pour certains, vocation à devenir membres de l’Union européenne ou étant engagés dans des formes de partenariat, dans le cadre de la politique de voisinage de l’Union ou dans celui du partenariat oriental. Le Parlement européen s’est aperçu que les participants au programme sont souvent leurs homologues en tant que parlementaires et élus. Le Conseil permet donc, à travers ce programme, à des députés européens, à des hauts fonctionnaires et à des diplomates européens d’établir des relations avec leurs homologues, d’établir un dialogue, des échanges avec des pays voisins de l’Union européenne. C’est un tournant, parce que l’Union européenne n’avait pas saisi cette dimension au départ. Il est vrai que la création de l’Université d’été a accentué la mise en réseau ; avant, c’était beaucoup plus diffus. Maintenant que l’on a cet effet de masse, Bruxelles perçoit bien que ce pourrait être un outil et un instrument politique dans les relations de l’Union avec ses voisins.

Quelles sont les ressources financières ? On parle d’1 700 000 euros par an pour les Écoles et pour l’Université

d’été, c’est-à-dire pour l’ensemble des initiatives du programme. Dans le cadre du cofinancement Bruxelles-Strasbourg, ces 1 700 000 euros sont donc fournis à 50 % par l’Union européenne et à 50 % par le Conseil de l’Europe.

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À cela s’ajoutent les ressources propres à chaque École ?La plupart des Écoles ont d’autres ressources. Certaines Écoles sont plus

riches que d’autres : tout dépend du pays et des talents des équipes à la tête des Écoles en matière de recherche de fonds.

Mais toutes les Écoles ont des partenariats en-dehors de ce partenariat principal avec nous. Elles ont des partenariats avec des fondations allemandes, américaines, scandinaves. Certaines Écoles sont soutenues par des entreprises privées. Nous n’avons rien contre, si Microsoft ou Coca-Cola soutiennent des programmes des Nations unies… Il y a une compagnie de téléphonie mobile qui soutient une École dans les Balkans : du moment que les choses se font d’une manière transparente, nous ne sommes pas opposés au mécénat privé.

Pour résumer on peut dire que dans le cadre de notre partenariat financier avec les Écoles, on leur demande trois séminaires de trois jours par an en plus de la participation à l’Université d’été. Pour toutes les activités complémentaires, elles ont donc des financements extérieurs.

Dans quelle mesure ce réseau favorise-t-il la réconciliation entre des peuples qui sont parfois en guerre ou qui l’ont été ?

À l’heure actuelle, s’il n’y a pas de conflits en cours, il y a des conflits gelés. Dans le Caucase, les situations sont tendues entre la Russie et la Géorgie. Il y a aussi le cas du Moldova. Dans les Balkans, cela se calme mais on n’est jamais à l’abri de rien…

On a vu, dans l’ensemble de ces régions, les Écoles contribuer à favoriser des rencontres, le dialogue entre des gens qui, autrement, ne se seraient pas rencontrés et n’auraient pas dialogué : que ce soit au sein même de leur pays entre tendances politiques ou origines ethniques différentes, ou entre membres de différents pays.

Prenons l’exemple de la Bosnie : l’École est pratiquement le seul cadre dans le pays au sein duquel peuvent se rencontrer de jeunes Croates, de jeunes Serbes, de jeunes Bosniaques, lesquels ont tous des responsabilités dans ce pays ; sauf que, depuis la guerre, ils s’ignorent le plus souvent, ne se rencontrent pas : or ils sont appelés à devenir les dirigeants d’un pays encore fragile aujourd’hui ! Si ces gens-là, pour des raisons ethniques, pour des raisons politiques, ne se rencontrent pas, il y a peu de chances que les institutions de ce pays se consolident. En participant au programme des Écoles d’études politiques, ils savent qu’ils vont rencontrer des gens qu’ils ne rencontrent pas normalement. C’est là tout notre but : que ces personnes apprennent à ce connaître, que les jeunes Croates apprennent à connaître les jeunes Bosniaques et les jeunes Serbes, etc. Finalement, au bout de ce processus, ils se rendent compte qu’ils ont plus de choses en commun que de choses qui les séparent.

On a vu en Bosnie, mais aussi ailleurs, le réseau des Écoles servir d’espace de dialogue et de médiation en cas de crise.

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Cela a été le cas notamment en Géorgie, lors d’émeutes après des élections où les médias avaient été suspendus, alors que plus rien ne fonctionnait dans le pays, alors que le dialogue politique entre les autorités était interrompu. Par l’intermédiaire de Facebook et de sites internet mis en place dans le cadre des Écoles, des membres de l’opposition et de la majorité ont continué à dialoguer. Ils ont contribué de cette manière à renouer les fils du dialogue politique.

Un exemple un peu anecdotique est celui de la Macédoine. Là, les deux-tiers de la population sont d’origine macédonienne-slave et un tiers albanaise. Il n’y a pas eu de véritable conflit comme en Bosnie, mais il y a eu un mini conflit de quelques semaines pendant l’été 2001, lequel a laissé des traces. L’École a favorisé des rencontres. Un jour, par hasard, un député de la majorité macédonienne s’est retrouvé à partager sa chambre avec un imâm albanais lors de l’Université d’été. C’est une chose tout à fait improbable dans leur propre pays, et même dans le cadre d’un séminaire d’une École puisqu’on évite de mettre dans la même chambre des personnes a priori peu compatibles. Le plus étonnant est que leur cohabitation s’est très bien passée. Ils ont beaucoup discuté, ils sont devenus « les meilleurs amis du monde » et, en rentrant dans leur pays, ils ont fait un papier dans la presse intitulé « Nous avons couché ensemble à Strasbourg » ou quelque chose comme cela. C’était très important dans un pays comme la Macédoine. C’est certes un micro événement, mais il montre que des choses sont possibles : on appelle cela « la magie des Écoles ».

Les réseaux se mettent en place au sein des pays mais aussi au-delà des frontières dans une même région.

Nous avons lancé des activités complémentaires qui n’étaient pas du tout prévues au départ : le but principal était de former aux valeurs fondamentales. Maintenant, il y a de plus en plus d’initiatives régionales.

Les Écoles elles-mêmes prennent l’initiative d’organiser des rencontres au niveau régional, des rencontres entre Écoles des pays des Balkans par exemple, pour discuter de thèmes communs. C’est une évolution importante parce que, dans une région où les pays ont été en guerre les uns contre les autres ou ont été concurrents dans les programmes de reconstruction, on assiste à une prise de conscience qu’il faut dépasser tout ce qui divise pour se concentrer sur ce qui réunit. Et ce qui réunit, c’est d’habiter une même région et donc d’avoir un avenir en commun.

L’avenir européen de ces pays, notamment, passe par leur réconciliation. Ils l’ont très bien compris. Ils savent qu’ils n’accèderont à l’Union européenne que si, d’une part, ils satisfont les critères économiques et politiques mais surtout, si d’autre part, ils réussissent à créer une stabilité dans la région. Or, cette stabilité régionale passe par le dialogue et la réconciliation et nos Écoles servent à cela. Cette dimension non prévue au départ est un effet de la mise en réseau.

On a des effets comparables, même si c’est plus difficile car les choses sont plus tendues, dans le Caucase. Alors que dans les Balkans, on est

Page 74: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

désormais dans une phase de réconciliation, la situation est différente dans le Sud du Caucase. Il y a eu le conflit Russie-Géorgie, les effets secondaires des conflits du Caucase du Nord, le conflit gelé Arménie-Azerbaïdjan… Malgré cela, on a un même type de processus en cours, qui se traduit par des initiatives prises par les Écoles de ces pays pour organiser des rencontres entre elles, que ce soit ici à Strasbourg en marge de l’Université d’été ou pendant l’année. Nous avons organisé des rencontres, à plusieurs reprises, ailleurs que dans le Caucase.

À Paris par exemple, nous avons invité des Arméniens et des Azéris en association avec l’Assemblée nationale à un séminaire bilatéral avec des participants des deux pays, des journalistes, des universitaires, des diplomates… pour discuter des rapports, des relations et du futur des relations entre les deux pays. Le dialogue se passe bien parce que les gens ne représentent qu’eux-mêmes. Même s’ils sont haut-fonctionnaires, parlementaires, journalistes ou autres, ils sont là à titre personnel. Cela leur donne une plus grande liberté de parole et de dialogue. En tout cas, à la suite d’un séminaire de quelques jours, il leur reste quelque chose, même si les participants n’ont aucun mandat pour y assister. Ce qui peut être utile pour la suite… Comme nous espérons qu’un certain nombre de nos participants auront des responsabilités dans le futur, ces rencontres constituent une sorte d’investissement sur l’avenir de ces pays.

Nous espérons qu’il en restera quelque chose, tout en étant conscients que nous ne changerons pas la face du monde ! Nous semons des graines dont on espère récolter les fruits, chose que l’on a déjà vue dans un certain nombre de cas.

Quels sont les autres résultats de ces Écoles et leur efficacité ?Le programme des Écoles politiques est le seul des programmes de

démocratisation de ces dernières années à avoir commencé à l’Est, à Moscou, pour désormais arriver vers l’ouest avec Tirana ou la Croatie. Tous les autres programmes ont suivi le chemin inverse : ils sont partis de l’Europe de l’Ouest pour tenter de se transposer à l’Est. Dans notre cas, c’est différent : ce sont des Russes, à Moscou, qui ont impulsé la dynamique.

Souvent, la critique que l’on nous fait consiste d’abord à souligner le fait que l’on a commencé en Russie, puis à constater que, dans ce pays, les avancées en matière de respect des droits de l’homme ou de démocratie sont loin d’être probantes… À cela, j’ai une réponse toute prête : « C’est normal, ni Poutine, ni Medvedev n’ont participé à notre programme. Ils n’ont pas été formés par l’École politique de Moscou » !

C’est une boutade, mais elle contient une part de vérité. En effet, les résultats de ce programme ne peuvent pas être visibles du jour au lendemain. Nous travaillons sur le long terme. Déjà, dans beaucoup de pays, des dirigeants sont passés par le programme des Écoles. Il y a des parlementaires, des députés européens roumains et bulgares, des membres de gouvernement en Serbie, des gouverneurs dans les régions russes, l’ancien Premier ministre

Page 75: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

bulgare qui sont des anciens participants du programme… Au fil des ans, s’est constitué un réseau de plusieurs milliers de jeunes responsables politiques. Cela vaut en nombre à peu près l’équivalent des cadres de l’administration française formés par l’ENA depuis sa création il y a 60 ans.

La façon dont ces anciens élèves des Écoles font de la politique est-elle fidèle à ce qu’ils apprennent dans les Écoles ?

La plupart en tiennent compte. Mais, comme on ne rejette personne (sauf les partis les plus extrêmes), certains viennent là avec leurs idées et sortent de là avec leurs idées. Nous n’avons pas la prétention de changer fondamentalement les idées des gens, surtout si l’on tient compte du fait que la participation à la formation proposée par les Écoles ne dure en tout et pour tout que trois semaines par an.

Néanmoins, il en reste quelque chose. On le remarque dans les comportements. Nos partenaires, les directeurs des Écoles nous le disent. Les campagnes électorales, par exemple, se passent de manière plus civile. Les gens ont appris à se respecter. Par ailleurs, au niveau local, un niveau très important pour les Écoles, on voit se multiplier des expériences dans les communes. Des gens qui ont participé à ce programme et sont maintenant élus multiplient des expériences sérieuses de démocratie participative. Ils font plus grand cas de l’opinion des citoyens. Cela est important car on a vu dans tous ces pays, pendant la première phase de démocratisation, des élections, certes, mais débouchant sur le maintien d’anciens schémas avec la mise en place d’apparatchiks et la persistance du clientélisme. Il en reste, évidemment, mais on voit quand même les comportements évoluer, surtout de la part de gens qui sont passés par le programme.

Prenons le cas de l’Albanie, qui revient de très loin. Désormais, les maires mettent en place des dispositifs de participation pour les jeunes, pour les femmes… Dans certains pays encore très marqués par les traditions, la position des femmes, en particulier en politique, est encore un problème. Ces initiatives contribuent à le faire avancer. Lorsque les gens sont passés par le programme des Écoles politiques, ils comprennent que l’intégration européenne, quelle que soit sa dimension, passe aussi par des réformes à ce niveau-là avec une plus grande participation des femmes, une sensibilisation des jeunes à la démocratie locale… C’est un des effets du programme.

Comment envisagez-vous l’avenir des Écoles et le développement du programme ?

Le programme peut encore s’étendre et se développer, en Europe mais aussi hors Europe.

Quand j’expose le programme à des Européens de l’Ouest et que je leur dis que nous organisons des activités sur les valeurs fondamentales, sur la démocratie, sur la lutte contre la corruption, sur la liberté des médias, sur la séparation des pouvoirs…, on me dit souvent qu’il faut mettre en place ce programme, y compris dans « nos » pays ! Évidemment, nous ne le ferons

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pas, parce que nous n’en avons pas les moyens et parce que d’autres structures existent en Europe de l’Ouest. Mais l’idée de rappeler aux dirigeants politiques les valeurs fondamentales sur lesquelles devrait reposer le fonctionnement de nos institutions est fort appréciée. Les intervenants participant à l’Université d’été, politiciens ou universitaires de l’Europe de l’Ouest ou occidentaux, nous disent souvent qu’il faudrait mettre en place ce style de programme en « Occident ». Il y a donc une possibilité d’adaptation de ce programme en Europe de l’Ouest. C’est ambitieux, mais il y aurait de quoi faire !

Je vois aussi des possibilités d’extensions plus substantielles. Nous avons déjà commencé à le faire. La démocratie locale est aujourd’hui un élément très important si l’on veut consolider la démocratie elle-même. Nous avons commencé à la fin de l’année dernière un projet-pilote dans les Balkans, appelé « l’École de la démocratie locale ». Le concept est simple. Nous prenons des élus locaux de différents pays des Balkans et nous les réunissons trois ou quatre fois par an pour des séminaires portant uniquement sur des problématiques locales : la coopération inter-municipale, la coopération transfrontalière, la décentralisation, la participation citoyenne… Nous réunissons ainsi des gens de différents pays pour qu’ils échangent de bonnes pratiques et puissent gérer au mieux, au niveau local, les intérêts des populations.

Il importe que des gens ayant des passés comparables puissent échanger entre eux et apprendre les uns des autres. C’était impossible il y a quinze ans, parce qu’on sortait du communisme : l’essentiel était alors d’acquérir les bases. Ces bases consistaient à savoir comment mettre en œuvre les différents textes européens qui existent en matière d’autonomie locale. Maintenant, ils connaissent cela. Ils savent tous, dans ces pays-là, comment est gérée la ville de Barcelone ou celle de Bordeaux parce qu’ils ont des experts français et espagnols qui sont venus le leur expliquer. Le problème est que ces experts sont partis, en leur laissant toutes ces bonnes leçons, mais fréquemment sans leur en donner le mode d’emploi. Comment profiter de ces expériences et les adapter aux réalités de ces pays ? C’est le défi aujourd’hui. C’est en réunissant entre eux les dirigeants locaux de ces pays qu’ils pourront trouver des solutions en commun.

Ce sont des évolutions de cette nature, sur la substance, qui sont envisageables. Spécialiser des Écoles, non au niveau national parce que nous n’en avons pas les moyens, mais au niveau régional : par exemple, dans les Balkans sur la démocratie locale.

De même, quand on parle de libertés fondamentales et de démocratie, il y a un secteur, et c’est vrai en Europe de l’Ouest aussi, où il y a des progrès à faire, c’est celui des médias. Nous avons donc l’ambition de démarrer pour 2011 un programme spécifique sur le même modèle de fonctionnement, destiné non pas à des journalistes, parce qu’aujourd’hui les journalistes peuvent écrire plus ou moins ce qu’ils veulent, mais aux rédacteurs en chef ; car le problème c’est la publication. Nous souhaiterions vraiment nous

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attacher aux fondements de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, voir quelles sont les évolutions des médias par rapport aux nouvelles technologies, les questions que cela pose dans le domaine du fonctionnement des sociétés démocratiques et dans celui des droits fondamentaux, etc. Ce seraient des programmes d’échanges, de dialogues pour des professionnels des médias.

En outre, certains pays, notamment en Serbie, ont déjà démarré des programmes, dans le cadre des Écoles d’études politiques, s’adressant spécifiquement, par exemple, aux jeunes femmes. Le but est de favoriser, à travers ce programme, l’accès des jeunes femmes à un niveau plus élevé de responsabilités, parce que c’est aussi cela la démocratisation et l’égalité des chances. Il y a là des pistes d’évolution possibles.

Il y a un autre projet d’évolution. Depuis deux ans, nous avons développé des contacts avec l’Organisation Internationale de la Francophonie : son objet est de promouvoir le français mais aussi les valeurs que véhicule la langue française à travers le monde. Une quinzaine d’Africains de l’Ouest ont déjà participé à l’Université d’été de 2009. Leurs conclusions ont été : « Ce que vous faites ici pour les pays d’Europe centrale et orientale ou d’ex Union soviétique, il faut le faire en Afrique parce que les valeurs que vous défendez sont non seulement européennes mais aussi universelles ! » En effet, ce qui est dit dans les textes fondamentaux du Conseil de l’Europe est aussi inscrit dans la Charte universelle des Nations unies. L’idée serait donc de réfléchir à la manière dont le Conseil de l’Europe et le réseau des Écoles pourraient intervenir en tant qu’experts pour mettre en place le même type d’activités en Afrique de l’Ouest. Il existe donc une possibilité de développement, qui ne serait pas géré par nous mais qui utiliserait la technologie et l’expertise que nous avons mises en place, en les adaptant à d’autres régions du monde. De ce point de vue, l’Afrique est certes la plus proche ; il y a cependant d’autres régions du monde que nous pouvons espérer toucher un jour avec ce programme.

Puisque l’on parle du futur, l’Association des Écoles politiques est aussi en train de se développer. En quoi consiste-t-elle ?

Avec l’évolution du programme mais aussi avec le fait que ce programme reste géré par une administration, ce qui sous-entend un système bureaucratique ne se caractérisant pas par sa souplesse, il y a un certain nombre de choses que nous souhaiterions pouvoir faire en dehors du cadre strict des institutions intergouvernementales et supranationales que sont le Conseil et la Commission, tout en gardant leur tutelle, leurs financements et leur autorité politique.

Cependant, en ce qui concerne la visibilité et l’extension du réseau notamment, nous avons pensé qu’une structure plus flexible réunissant, aux côtés du Conseil de l’Europe, les directeurs d’Écoles, serait une bonne chose. Nous avons donc fondé en 2008 une association de droit local à Strasbourg

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dont l’objectif est de favoriser la visibilité du programme et de faciliter l’établissement et le développement des réseaux d’Écoles politiques.

Pour reprendre l’idée d’extension du programme à l’Afrique de l’Ouest, il est clair, dans ce cas, que passer par les cadres de l’association pour développer ce projet éviterait bien des complications bureaucratiques. De même, il existe des organismes qui ne souhaitent pas travailler dans un cadre intergouvernemental et avec lesquels nous ne pouvons donc pas coopérer à travers les structures du Conseil de l’Europe.

Je prends l’exemple de la Fondation Open Society mise en place par George Soros : elle a pour principe de ne pas donner d’argent à une organisation internationale. Soros considère en effet que, si des gouvernements mettent en place une organisation, c’est à eux de la financer. Lui préfère financer des initiatives de la société civile. Dans ces conditions, il ne donnera jamais de fonds au Conseil de l’Europe. Mais il soutient déjà des Écoles partenaires en Russie, Serbie et Bulgarie. Ainsi, si nous voulons nous développer, notamment avec l’Université d’été, nous avons besoin d’un outil « hors Conseil », pour approcher des gens comme Soros ou des fondations américaines. Par ailleurs, et la chose n’était pas prévue au départ, l’association est devenue un acteur local.

À Strasbourg, il y a un certain nombre d’associations à vocation européenne comme le Mouvement Européen, Café Babel, les Jeunes européens, les Fédéralistes européens, les Maisons de l’Europe… Ce sont des organisations qui travaillent à la promotion de l’Europe. Dans ce contexte, l’Association des Écoles d’études politiques coopère avec ces associations pour organiser des événements comme la Journée de l’Europe à Strasbourg, les 60 ans de la Déclaration Schuman… C’est donc un acteur local qui est même financé en partie par la Ville de Strasbourg.

Une autre idée serait de transformer l’Université d’été de la Démocratie qui réunit annuellement à Strasbourg toutes les Écoles en un Forum mondial de la Démocratie…

Cette idée fait partie des évolutions possibles et futures du réseau des Écoles. Il y a quelques années, lors de la campagne pour les élections municipales à Strasbourg, il y a eu un débat entre les candidats dont le thème était « l’Europe à Strasbourg », c’est-à-dire comment développer l’identité européenne de la Ville de Strasbourg. On m’y avait invité en tant que représentant du Conseil de l’Europe pour que je dise comment, en tant que fonctionnaire européen, je voyais le renforcement du rôle européen de Strasbourg. Je travaillais déjà à ce moment-là sur les Écoles, on avait déjà initié les Universités d’été de la démocratie. Pendant le débat, j’ai proposé, pour renforcer le rôle européen de Strasbourg, d’y organiser un événement majeur, non pas seulement européen mais global, à savoir une sorte de « Davos de la Démocratie ». Les politiques présents ont tout de suite repris l’idée…

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Plus sérieusement, un « Davos de la Démocratie » serait une extension de l’Université d’été reprenant la base que constitue l’Université d’été, à savoir la rencontre de tous les participants des Écoles. Sur cette base, l’idée serait de développer un événement plus long dans le temps, durant au moins deux semaines, plus global, avec des intervenants du monde entier, ouvert non seulement aux participants de nos Écoles mais aussi à des personnalités politiques mondiales qui viendraient une fois par an débattre des évolutions des institutions démocratiques et des défis que rencontrent les systèmes démocratiques, pour essayer de trouver des formules, des solutions propres à relever tous ces défis, sur le modèle de Davos.

Le Forum économique mondial mélange les genres, il fait venir des politiques ; c’est normal puisqu’on y discute des relations entre l’économie et le politique. Mais on ne discute pas à Davos de ce qui fonde le politique, de l’éthique politique, du respect de principes et de valeurs fondamentales… Or, on peut se demander si notre système n’est pas en crise parce que l’on a trop négligé la réflexion sur ses valeurs fondamentales. Certes, on a dénoncé les dérives, mais il n’existe pas d’arène mondiale dédiée au débat sur ces questions fondamentales. Or, cette arène pourrait être mise en place à Strasbourg avec un « Forum mondial de la Démocratie » qui aurait lieu tous les ans.

C’est une idée qui fait son chemin. Des parlementaires européens, entre autres, sont très intéressés. Ceci est important car les deux partenaires principaux pourraient être les deux organes parlementaires européens, à savoir l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et le Parlement Européen. Ce sont eux, en effet, qui représentent le mieux la démocratie à l’échelon européen. De plus, l’Université de Strasbourg pourrait être associée au projet. On a des contacts avec l’Université, que ce soit la Faculté de droit, l’IEP, l’ENA, l’IHEE… et tout le monde est partant. Ce projet est loin d’être utopique, il a notamment été repris dans le Rapport de Jean-Claude Mignon, membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil. Ce n’est donc plus seulement une idée, mais c’est rentré dans un processus plus sérieux de réflexion, institutionnel, au sein du Conseil de l’Europe. J’ai bon espoir qu’on y parvienne un jour.

Le réseau des Écoles politiques est vaste et les pays dans lesquels ces Écoles sont implantées connaissent des situations très différentes : tandis que la Roumanie et la Bulgarie ont intégré l’Union européenne, l’École bélarusse ne peut pas exercer ses activités sur le sol bélarusse…

En Roumanie et en Bulgarie, les Écoles existaient avant l’adhésion à l’Union européenne. Le maintien des Écoles dans ces deux pays est tout à fait justifié parce que ces pays ont encore des problèmes, dont la corruption, le fonctionnement du système judiciaire, le respect des droits des minorités et du droit des femmes… La meilleure des preuves est que ce sont deux des Écoles les plus dynamiques. Le fait d’intégrer l’Union européenne ne signifie en aucun cas que l’École doit arrêter ses activités. Je disais même précédemment

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qu’il y aurait matière à développer des programmes similaires dans d’autres pays de l’Union européenne.

Pour ce qui est du Belarus, la situation est particulière. Nous avons une École pour le Belarus mais pas au Belarus. Pour des raisons de politique interne, nous n’avons jamais pu établir juridiquement une École au Belarus. Nous avons des partenaires bélarusses, des participants bélarusses : mais, pour se réunir, ils quittent le pays. Ils vont dans les pays voisins, en Ukraine, en Pologne ou même en Russie parce que ce type d’activités n’est pas toléré par les autorités. Nous avons même des cas de persécution de participants au programme. Récemment, un participant de l’École d’il y a deux ans a été condamné à six ans de prison en deuxième instance pour atteinte à la sûreté de l’État, alors qu’il avait participé à une manifestation. Il est clair que l’on vise là, non seulement la personne, mais aussi l’École. Cependant, l’École existe et est pleinement justifiée.

Reste qu’il est très difficile d’en mesurer les effets. D’abord parce que, forcément, les participants sont différents des participants des autres pays : on n’a pas de parlementaires, on n’a pas de responsables politiques… On a des gens engagés dans l’opposition, mais on n’a pas de hauts fonctionnaires… ou alors on en a qui sont déguisés. On a connu cette expérience lors de la première année d’existence de l’École. On a découvert que, dans le groupe, il y avait des gens du ministère de l’Intérieur qui s’étaient infiltrés en se présentant comme des membres d’associations… C’est malheureusement la réalité du pays.

Tout cela n’empêche pas que, depuis la création de l’École il y a trois ans, environ 120 personnes sont passées par ce programme. Un petit réseau s’établit, entre des anciens, des gens ayant le courage de leurs opinions, qui prennent le risque de la persécution politique. Là aussi, la mise en réseau des Écoles est essentielle. Pour revenir sur l’exemple de l’ex-participant condamné, les autres Écoles ont soutenu son cas, il y a eu des échanges de courriers, de mails, des interventions… Nous-mêmes, ici, cela peut paraître symbolique, mais, tous les ans, à la fin de l’Université d’été, une déclaration finale est lue par un des participants : on cherche toujours un critère pour savoir qui lira le texte final. Une année, c’est un Bélarusse qui a été choisi, il avait été aussi condamné non pas à de la prison mais à la confiscation de son passeport pour l’empêcher de voyager. Or, il est quand même parti clandestinement pour venir à l’Université d’été. Ainsi, pour faire un pied de nez aux autorités, devant 650 personnes et les médias qui étaient là, on lui a fait lire la déclaration qui contenait un paragraphe appelant le Belarus à permettre, à l’époque, à l’École de développer ses activités. C’est une petite vengeance… Mais c’est quand même une plateforme qui montre que l’on n’est pas indifférent à ce qui se passe dans ce pays.

Pour le Conseil de l’Europe, c’est pratiquement le seul type d’activité qu’on puisse avoir avec le Belarus, même si, maintenant, le pays tente de se rapprocher du Conseil par l’intermédiaire de conventions du Conseil ouvertes à des pays non membres. Il vient par exemple de demander à participer à la

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Convention sur la violence dans les stades. Néanmoins, l’École politique reste la seule activité politique entretenue en relation avec le Belarus.

Un autre cas est celui de la Russie. Même si « la Russie reste la Russie », et quand on dit ça, on a presque tout dit, l’École y est justement justifiée. Malgré tout, on peut contribuer à y développer un certain nombre de valeurs, même si certains Russes pensent que ce ne sont pas des valeurs applicables à la Russie. En réponse, on leur oppose que les valeurs fondamentales sont des valeurs universelles, y compris pour les Russes.

Il y a un dernier cas, c’est l’extension possible à la Turquie. C’est une de nos ambitions. Nous avons des contacts, des idées pour développer une École politique en Turquie. Mais, évidemment, la Turquie est un grand pays. Impossible de l’aborder comme on aborde le Kosovo ou la Bosnie, des pays de quelques millions d’habitants. Pour être crédibles, il faudrait tout de suite commencer par un programme régional, à l’image du système mis en place en Russie.

En effet, là-bas, le fonctionnement est différent de celui des autres Écoles. En Russie, nous avons des Écoles régionales qui fonctionnent un peu sur le découpage de l’État russe. Ces Écoles régionales ont des activités régionales, au sein de leurs régions, et des activités nationales. Les participants des régions viennent deux ou trois fois par an participer à ces activités nationales. Et, du groupe national, certains viennent à Strasbourg pour l’Université d’été. Nous avons beaucoup plus de participants en Russie : c’est logique, c’est proportionnel au nombre d’habitants. Le but de la division en Écoles régionales, en Russie ou dans le projet turc, est aussi de toucher des participants venant de l’extérieur de la capitale et ainsi de promouvoir la diversité d’origine géographique au sein du pays.

Outre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, quelles sont les organisations internationales en lien avec le programme des Écoles politiques ?

Il existe des soutiens en nature, comme la mise à disposition d’experts pour des activités nationales. Nous avons souvent des intervenants de l’OSCE, par exemple, ou des membres de missions des Nations unies sur le terrain.

Mais nous avons aussi, et ce n’est pas négligeable, des contributions d’États membres ou non membres.

La France par exemple, cofinance l’Université d’été tous les ans. Elle nous envoie aussi des intervenants. Tous les ans, par exemple, le Directeur de l’ENA préside l’une des séances de l’Université d’été. Pareillement, beaucoup de pays membres du Conseil financent des activités dans les pays où nous avons des Écoles. Nous bénéficions même, tous les ans, d’un financement venant du Japon, membre observateur au Conseil de l’Europe. Les Écoles politiques sont pratiquement la seule activité financée par ce pays. Nous avons bon espoir aussi d’établir pour la prochaine Université d’été une collaboration avec Israël, autre pays observateur au Conseil. Ce ne serait pas

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une collaboration avec l’État, mais avec une fondation israélienne, la Fondation Golda Meir. Nous sommes aussi de plus en plus présents dans un réseau global. Je parlais plus haut de l’OIF et de l’Afrique… Et des fondations américaines soutiennent ponctuellement les Écoles dans les pays.

Nous avons les bases pour transformer ce programme en quelque chose de beaucoup plus global et structuré. C’est un programme crédible qui doit encore être consolidé. J’ai d’ailleurs quelque espoir que les pays fondateurs du Conseil de l’Europe soutiennent de façon plus publicisée ce programme…

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4.

« UN ENGAGEMENT POLITIQUE,MAIS NON PARTISAN »

François FriederichProject Co-ordinator

Entretien : Marie Neihouser1

Les Écoles sont-elles le fruit d’un engagement politique de leurs fondateurs et à quel degré ?

Bien sûr ! Un engagement politique, mais non partisan ! On peut parler d’un engagement politique car, comme leur nom l’indique, ce sont des Écoles d’études politiques. Ce ne sont pas des instituts d’études politiques, ce ne sont pas des universités, ni des académies. Au sens propre du politique, elles s’attachent à étudier, à débattre, à discuter, à travailler autour de thèmes éminemment politiques liés à la démocratisation des pays où nous avons des Écoles, au thème de l’intégration européenne, au thème des réformes qui sont à mener dans les pays où il y a des Écoles. Ainsi, elles sont un projet éminemment politique. De plus, elles sont un projet politique du Conseil de l’Europe puisque plusieurs déclarations, plusieurs textes, des organes politiques du Conseil de l’Europe, du Comité des ministres, de l’Assemblée parlementaire, font référence à ce programme en tant qu’instrument politique de notre organisation : c’est-à-dire en tant qu’instrument pour atteindre les objectifs qui ont été assignés à notre organisation par le Traité de Londres de 1949 instituant le Conseil de l’Europe et lui donnant comme mandat de promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et l’état de droit.

Les Écoles sont un projet politique mais non partisan : elles ne sont pas proches d’un parti, elles ne défendent pas une ligne politique contre une autre. On ne peut pas dire que les Écoles politiques soient plutôt à droite ou plutôt à gauche, même si chaque École ou chaque responsable d’École a forcément, comme tout le monde, des options politiques. Il demeure que les Écoles ne sont pas là pour promouvoir dans leur pays respectif tel ou tel programme politique.

Quel a été l’impact de cet engagement politique dans la mise en place des Écoles ?1. Réalisé le 08-03-2010.

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Les Écoles ne sont pas un projet culturel ou économique, même si elles intègrent une dimension culturelle. Elles sont un projet totalement politique. Nous avons choisi nos partenaires dans les différents pays en fonction de leur adhésion à notre système de valeurs. L’ensemble des partenaires du Conseil de l’Europe pour le projet d’Écoles politiques partage fondamentalement les valeurs du Conseil de l’Europe et celles, au-delà, de l’intégration européenne, telles qu’elles existent depuis la fin des années 1940. Par conséquent, aucun dirigeant des Écoles ne remet en question ce système de valeurs ou les idées politiques sur lesquelles il se fonde.

Ces idées sont communes et, de la droite à la gauche – d’un point de vue français par exemple –, il y a un consensus aujourd’hui sur les valeurs du projet européen. Il y a évidemment des nuances parmi nos partenaires : certains sont plus conservateurs et d’autres, à l’inverse, plus progressistes… Mais, en règle générale, ils ont pour caractéristique de partager l’adhésion au projet politique européen. L’essentiel est là : ce sont des gens qui adhèrent à nos principes, qui les partagent et qui essaient avec nous de les mettre en œuvre dans leurs pays.

Ceci permet de rappeler le but de ces Écoles. En premier lieu, elles permettent d’accompagner les processus politiques qui sont en cours dans l’ensemble des pays où nous sommes présents. Ces processus visent à permettre à ces pays, après plus d’un demi-siècle de communisme – 80 ans pour les ex-pays soviétiques – à tourner la page de cette période sombre de leur histoire, et à rejoindre la famille des démocraties européennes.

Quelles sont les relations entre Écoles et acteurs politiques (gouvernement ou opposition) dans ces pays ?

Tout dépend de quel pays on parle. Dans certains pays, les Écoles et le Conseil de l’Europe ont d’excellentes relations avec les politiques. Dans d’autres pays, on est plutôt vus comme des dissidents, comme des gens venant donner des leçons de l’extérieur. On a deux catégories.

Dans les pays où les autorités nous soutiennent, on a un appui presque sans réserve car notre intention a été bien comprise : ce n’est pas du tout une ingérence dans les affaires politiques du pays, c’est au contraire un programme de soutien, d’assistance pour permettre à ces pays d’accélérer les processus de réforme, d’adhérer, pour ceux qui sont candidats ou ceux qui ont vocation à l’être, à l’Union européenne. Dans ces pays-là, toutes les portes ou presque nous sont ouvertes ; et cela se traduit par la participation de représentants des autorités, des gouvernements, des parlements, de certains chefs d’État à des activités des Écoles. En Albanie par exemple, le président de la République remet tous les ans les diplômes de fin d’études aux participants de l’École albanaise. En Serbie, le président Tadic est pour sa part membre du Conseil de l’administration de l’École, non pas en tant que président de la République, mais à titre personnel. C’est une caution morale. La personnalité que les Serbes ont élue pour chef d’État soutient ce programme. Pourquoi ? Très certainement parce qu’il a compris que le

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programme apportait quelque chose de positif à la politique d’un pays qui, depuis plusieurs années, maintenant s’est tourné vers l’intégration européenne, vers les réformes démocratiques, pour tourner la page du passé de Milosevic. Donc dans certains pays, on a de très bonnes relations avec les politiques. Et je pourrais multiplier les exemples. On reçoit chaque année, et c’est devenu une tradition, le chef de l’État qui préside le comité des ministres du Conseil de l’Europe au moment de l’Université d’été. Nous avons accueilli de cette manière le président croate, le président serbe dont je viens de parler, le premier ministre bulgare. Cette année [2010], ce sera le président de la République de Macédoine. Si nous arrivons, par ailleurs, dans le cadre d’un tel programme, à déplacer depuis leur capitale des chefs d’État pour venir faire un discours d’ouverture à une université d’été des Écoles politiques du Conseil de l’Europe à Strasbourg, ceci montre que ces personnalités-là ont compris l’intérêt du programme pour leur pays – et pour l’Europe.

Il existe également des pays où le soutien est beaucoup plus nuancé. On ne peut pas dire que nous n’ayons pas de soutien en Russie, mais tout de même. On n’a pas le même type de relations avec les autorités de la Fédération de Russie que celles que l’on a dans d’autres pays. Là-bas, les choses sont délicates. L’École n’est certes pas perçue comme une opposition, mais c’est un programme issu de la société civile. Or, les relations sont quelque peu orageuses ou tumultueuses entre le Kremlin et la société civile en Russie. Dès lors, les choses se passent un peu moins bien. Ce qui n’empêche pas des membres de Russie Unie, le parti au pouvoir, de participer au programme : des élus, des fonctionnaires issus du parti majoritaire participent à nos activités. Mais la nature du soutien du Kremlin n’est pas la même qu’ailleurs.

L’exemple le plus extrême reste le Belarus. Dans ce pays, l’École ne peut pas fonctionner. On n’a pas la possibilité d’enregistrer l’École, donc de déposer des statuts, pour donner une existence légale à l’École, et cela depuis trois ans maintenant, malgré tous nos efforts, malgré nos discussions avec les représentants diplomatiques du Belarus à Strasbourg ou les autorités à Minsk. Nous n’avons toujours pas réussi à obtenir les autorisations nécessaires pour fonctionner dans ce pays. Cependant, l’École fonctionne. Mais à l’extérieur. Les activités de l’École se déroulent dans les pays voisins, en Ukraine ou en Russie. Et, pour pouvoir fonctionner, l’École a déposé ses statuts et est enregistrée à Kiev, en Ukraine. Néanmoins, cet exemple montre la justesse de notre démarche de promotion de l’idée européenne, de la démocratie et des droits de l’homme puisque le Belarus n’est pas membre du Conseil de l’Europe, ne remplissant pas la condition d’être une démocratie pluraliste. C’est un régime fort, qui craint la société civile, qui ne veut pas voir d’initiatives de la société civile se développer, craignant qu’elles ne remettent en cause les autorités. Au Belarus, l’École est alors perçue comme une menace, en l’état actuel des choses. Cela justifie pleinement notre démarche.

Mais, en dehors des cas russes et bélarusses, les contacts et les relations avec les gouvernements, les parlements et les institutions nationaux et locaux

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sont bonnes. On nous laisse travailler et les autorités politiques coopèrent de plus en plus avec les Écoles. Lors des activités nationales, les Écoles invitent des représentants des autorités qui participent, qui viennent, qui se déplacent pour prendre part aux activités. Parmi les personnes que nous sélectionnons, nous avons des parlementaires, des membres d’administrations nationales, centrales, des élus locaux, des membres des Exécutifs et des gouvernements, des officiels qui prennent part aux activités. Les Écoles, en général, sont bien vues.

En Russie, l’École a été créée dès 1992. Or, l’intégration de la Russie au sein du Conseil de l’Europe ne s’est faite qu’en 1996. La coopération entre l’École et le Conseil a-t-elle favorisé l’adhésion du pays au Conseil ?

Il faut rester réaliste lorsque l’on parle de la Russie. L’École a évidemment son importance, et cela depuis le début. Le concept d’École est né à Moscou. Il s’est développé à partir de là. Mais, de là à dire que le fait qu’il y ait eu une École ait influencé l’adhésion de la Russie, il y a un pas que je ne franchirai pas. Ce qui est certainement vrai c’est que la création, puis l’existence de l’École, en Russie, dans les années 1990, ont permis une prise de conscience des valeurs européennes, ont permis de faire connaître davantage le Conseil de l’Europe. Mais cela, dans des cercles qui restent limités, qui sont les cercles auxquels on s’adresse. La Russie est vaste, on ne peut pas imaginer qu’après trois ou quatre ans, après avoir formé quelques centaines de personnes au cours de ces premières années, on ait pu avoir un pouvoir d’influence assez grand pour décider dans un sens ou dans l’autre par rapport à l’adhésion.

Néanmoins, dès le début, des responsables politiques ont pris part aux programmes des Écoles. La directrice de l’École de Moscou était très proche des réformateurs qui ont permis la chute de l’URSS en 1991. Elle l’est peut-être moins de ceux qui leur ont succédé.

En pratique, comment font ces deux Écoles, russe et biélorusse, pour fonctionner ? Ne rencontrent-elles pas des obstacles au quotidien qui les perturbent ?

Dans la majorité des cas, comme je vous le disais, il n’y a aucun problème, que ce soit par rapport aux autorités ou par rapport à l’administration. En effet, il ne faut pas oublier que nos Écoles sont des associations et qu’elles pourraient de ce fait être confrontées à des difficultés lors des dépôts de statuts, dans des pays où la société civile est encore une notion nouvelle. Mais, dans la grande majorité des cas, tout se passe bien.

Un cas cependant nous inquiète en ce moment, c’est l’Azerbaïdjan. Il existe une École à Bakou depuis quatre ans maintenant. Or, un certain nombre de mesures ont été prises en 2009 par le gouvernement qui tend à restreindre le champ d’action des associations bénéficiant d’un soutien de l’étranger. Ce sont des mesures qui compliquent la vie de nos partenaires. Par exemple, tous les documents doivent être traduits dans la langue locale, y compris les

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contrats que nous passons avec eux. Nous en sommes à devoir traduire les contrats par lesquels nous accordons des financements à l’École pour chacune de ses activités. Ces contrats sont rédigés en anglais, une des deux langues officielles du Conseil de l’Europe, donc reconnue par l’Azerbaïdjan, puisque l’Azerbaïdjan est membre du Conseil de l’Europe et que les langues officielles du Conseil sont censées faire foi. Ce n’est pas le cas. On impose à l’École une traduction en langue azérie de ces contrats. Évidemment, c’est une perte de temps et d’argent puisqu’il faut une traduction certifiée. C’est un type d’entrave agaçant mais que l’on peut difficilement contourner.

On se retrouve ainsi parfois à la merci de législations nationales discriminatoires, dans la mesure où ces législations ne s’appliquent pas toujours à l’ensemble des associations d’un pays – les modalités d’application variant selon la proximité du pouvoir. Nous sommes obligés de faire avec. Pour l’instant, aucune École n’a dû interrompre ses activités pour ce type de raisons.

Il y a eu des complications. Par exemple, en Russie, nous avons eu très peur lorsque le Kremlin a instauré des complications sur le financement des ONG, il y a deux ou trois ans de cela. Elles visaient à limiter au maximum le droit pour une association ou tout autre organisme russe de recevoir des financements de l’extérieur. Il y a eu des accusations de soutien des associations américaines par la CIA. Pour le gouvernement, cela permettait de dénoncer de « l’ingérence dans les affaires russes ». Il y a eu des accusations contre le gouvernement britannique qui en est même arrivé à fermer pour un temps les centres culturels britanniques (British Councils)… Nous-mêmes avons dû rediscuter avec les autorités russes pour pouvoir continuer à financer notre École en Russie. Mais nous n’avons pas été les seuls : l’Union européenne était dans la même situation. Il faut remarquer que tout cela a été fait moins à l’égard de l’extérieur qu’à l’attention de l’intérieur : ces mesures étaient moins dirigées contre le Conseil de l’Europe ou l’UE. C’était plus une forme de nationalisme de la part de dirigeants désireux d’envoyer un certain nombre de messages à l’opinion publique. C’est un classique des régimes autoritaires que de désigner un ennemi à l’extérieur quand les choses vont mal à l’intérieur : « Ce n’est pas de notre faute, ce sont les étrangers. Vous voyez ces gens-là, ils sont subventionnés par l’extérieur, ce sont des mauvais citoyens, des mauvais Russes ». C’est le genre de problèmes que nous avons eus ; cependant, jusque-là, nous avons toujours réussi à les régler. En effet, dans le cas de la Russie et de l’Azerbaïdjan, ces pays sont membres du Conseil de l’Europe et doivent donc, en cette qualité, accepter les règles du jeu posées lors de l’adhésion. De plus, les Écoles font partie d’un programme du Conseil lui-même et ne sont en aucun cas une activité portant atteinte à la souveraineté nationale ou autre.

Y a-t-il un lien entre l’engagement des Écoles et le fait qu’elles sont des espaces de médiation ?

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Oui. L’engagement politique des Écoles est un engagement en faveur d’un système de valeurs. Ce système est celui sur lequel s’est fondée l’Europe de l’Ouest depuis la fin des années 1940 et qui est maintenant le système de valeurs commun au sein du continent européen puisque l’ensemble du continent européen, y compris la Russie, se retrouve dans le Conseil de l’Europe. Cependant, ces valeurs sont des valeurs fondamentales. À partir de là, il existe des nuances dans chaque pays. Il y a des cultures nationales, un passé historique, etc., qui font que chaque pays est différent, chaque pays a sa réalité, chaque pays a atteint un stade de développement démocratique qui lui est propre et qui est peut-être différent de celui du voisin. Tout le sens de l’existence de nos Écoles est justement d’accompagner l’ensemble de ces processus.

Dans ces conditions, les Écoles ont un rôle de médiation, dans la mesure où elles permettent d’intégrer les valeurs que partagent tous les États européens dans les systèmes de valeurs nationaux. C’est totalement différent de parler de démocratie pluraliste dans un pays comme la France et dans un pays comme la Russie ou l’Azerbaïdjan. L’École, les formations, les activités proposées permettent aux ressortissants de ces pays qui sont des jeunes responsables politiques ou issus des secteurs publics d’abord de comprendre de quoi on parle quand on parle de ces valeurs-là et, ensuite, de voir comment les intégrer et les adapter à la situation et aux réalités nationales. En gardant à l’esprit qu’il n’y a pas de grande marge de manœuvre : une démocratie est pluraliste ou n’est pas.

On peut difficilement imaginer une démocratie avec un système de parti unique. Or, certains pays sont quasi en situation de parti unique dans la mesure où le parti dominant est au pouvoir et contrôle tout, ne laissant survivre qu’une forme d’opposition absolument pas menaçante à son égard, sans perspective d’alternance politique. Le rôle de ces Écoles, petit à petit, est un travail de longue haleine : permettre à nos idées, à nos valeurs, de prendre racine, de se développer, de croître et, peut-être un jour, de s’imposer définitivement. Nous sommes, partout, dans des processus en cours. Là-bas plus qu’ailleurs, la démocratie n’est jamais acquise une fois pour toutes.

Pour en rester aux pays où sont les Écoles, c’est un programme qui a l’ambition de permettre à ces valeurs et principes européens de s’imposer. On sait que cela prendra du temps ; et pour le faire, il faut commencer par former la nouvelle génération. Des individus qui seront demain aux affaires. Une fois qu’ils seront en activité, dans un gouvernement ou un parlement, nous espérons qu’il restera quelque chose des connaissances acquises au cours des séminaires des Écoles politiques et que, par ce biais, les choses évolueront plus rapidement. C’est toute l’ambition de ce programme, tout en restant réaliste et en sachant que c’est une goutte d’eau dans l’océan. Mais, tout de même, c’est une contribution qui n’est pas négligeable. On a tout à fait conscience que cela prendra du temps.L’engagement des Écoles ne peut-il être à la source de dérives de leur part ?

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Tout d’abord, je tiens à rappeler que l’on n’essaie pas, au Conseil de l’Europe, de formater ces Écoles.

Chaque École est libre de fixer son programme. Nous posons un certain nombre de conditions minimales pour le fonctionnement de ces Écoles.

Par exemple au niveau du recrutement des participants, le panel doit être représentatif de la réalité socioculturelle du pays par exemple. Si ce n’est pas le cas, nous essayons de trouver une solution, sans prendre de sanction pour autant.

De plus, si nous n’imposons pas spécifiquement de programmes, de règles de fonctionnement etc., nous veillons toutefois au respect d’un certain nombre de principes de base. La composition de chaque promotion doit être une équitable représentation de toutes les minorités qui peuvent être présentes dans le pays, doit intégrer dans la mesure du possible une répartition paritaire des participants entre hommes et femmes et doit englober les tendances politiques du pays. Lorsque l’on constate en début de cycle que tel n’est pas le cas, on intervient auprès de l’École en demandant un recrutement plus représentatif de la population. C’est une espèce de « contrôle de qualité » auquel on procède tout au long de l’année.

De même, on s’attache à ce que les thèmes abordés durant les activités des Écoles au niveau national restent liés au mandat du Conseil de l’Europe. Si une École proposait un séminaire sur la politique agricole, nous nous y opposerions. Le Conseil de l’Europe n’est pas compétent en la matière : c’est le rôle de l’Union européenne. Récemment, nous avons dû intervenir parce qu’une École voulait lancer un séminaire sur les questions d’identité. Nous avons refusé la proposition : on peut parler de cohabitation de minorités, de droit des minorités. Mais tout dépend de l’angle. On ne peut aborder les questions de la nationalité, de l’identité. Ce n’est pas l’approche que nous cherchons à avoir parce que, si on aborde la question des minorités dans un pays sous l’angle de l’identité nationale, on sait très bien que cela peut déraper. Nous avons des exemples en Europe de l’Ouest où la société civile et les institutions démocratiques sont enracinées. Dans des pays relevant de conflits interethniques ou étant encore dans des situations de conflits gelés, nous ne pouvons pas laisser les Écoles partenaires débattre de ces questions-là, de ces façons-là. Il y a d’autres façons d’aborder les questions « d’identité nationale ».

En ce sens, le Conseil de l’Europe apporterait donc un soutien méthodologique à ces Écoles ?

Bien sûr. Ce qu’on essaie de faire, c’est de promouvoir ce que le Conseil de l’Europe fait depuis 60 ans. Or, le Conseil de l’Europe a été créé d’abord pour consolider la paix, ensuite pour assurer le développement démocratique de ses membres, avec une vocation continentale qui a été donnée dès le lendemain de la guerre et malgré le rideau de fer.

Un travail a été fait au sein de l’organisation en commun par tous les États membres par rapport aux identités nationales. C’est donc cette approche-là

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que l’on veut promouvoir dans un débat sur les minorités nationales. Ce n’est pas un débat à la française où l’on met au centre du débat l’identité nationale et la question « Qu’est-ce qu’être français ? ». Il faut éviter à tout prix d’avoir, en Serbie par exemple, un débat autour de la question « Qu’est-ce que c’est qu’être serbe ? ». On a vu ce que cela a donné, il y a 15 ans : génocide et conflits interethniques.

Je peux vous donner un autre exemple de thème que nous ne pouvons pas accepter. Je viens de recevoir le projet de séminaire d’une École qui voulait aborder le thème de « la société civile et les valeurs chrétiennes ». Pourquoi seulement les valeurs chrétiennes ? Pourquoi pas les valeurs juives ou les valeurs musulmanes ou autres ? Et pourquoi les valeurs religieuses ? Et quel lien avec la société civile ? C’est un débat voué à l’impasse. On ne peut pas, dans une activité que l’on finance, avoir une telle approche. J’ai donc demandé que l’on change le titre, mais aussi la façon d’aborder le sujet. Le projet est donc devenu : « société civile et systèmes de valeurs ». Cet exemple montre que nous restons toujours attentifs à la manière dont les thèmes sont présentés et définis, de façon à rester dans le cadre de ce qu’on essaie de promouvoir, c’est-à-dire une culture politique fondée sur les valeurs européennes, la tolérance, le dialogue ; et pas une culture politique fondée sur l’exclusion, le combat des idées… Ce n’est pas comme cela que l’on a construit l’Europe.

Il faut toujours garder à l’esprit que l’on est dans des pays, dans des sociétés, où, contrairement aux nôtres qui sont apaisées, les tensions sont encore très fortes : on a le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan qui n’est toujours pas réglé dans le Haut-Karabagh ; on a le même type de situation entre la Russie et la Géorgie… Donc, si nous, Conseil de l’Europe, à travers ces Écoles politiques, n’essayons pas de modérer la population, de faire passer un certain nombre de messages en montrant qu’il existe une alternative à une politique de conflit et de violence en passant par le dialogue, le respect de l’Autre, je ne sais pas qui le fera ! C’est dans ce sens-là que nos Écoles participent à un certain nombre de processus de médiation.

Comment les Écoles tentent-elles concrètement de faire passer les valeurs qu’elles défendent ?

Elles le font par une approche originale. En effet, nous réunissons des gens venant de tous horizons. Il existe un nombre important de programmes de soutien à la démocratisation : nous ne sommes pas les seuls ! En revanche, nous sommes les seuls à accepter des gens venant d’horizons aussi divers et à les réunir. Parce que nous considérons que ce travail sur les valeurs, sur le projet européen, n’est pas seulement de la compétence des politiques, mais qu’il relève tout autant de la compétence de la société civile, des médias et même des responsables économiques et financiers des pays dans lesquels nous évoluons. Voilà une première originalité du programme : le fait de rassembler tout un éventail de catégories professionnelles.

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Une autre de nos spécificités est de ne pas cibler une tendance politique précise de laquelle seraient proches les participants des Écoles. La volonté est bien de fédérer, dans un lieu de rencontre et de dialogue, des personnes venant d’un peu partout dans un pays, géographiquement, culturellement, politiquement et sociologiquement. Ensuite, et ceci est nouveau depuis la fin des années 1980 pour ces pays et leur passé communiste, nous n’obligeons personne à venir, contrairement à l’École du Parti de l’époque. Tant et si bien que, dans certains pays, l’idée d’École politique passe mal car elle rappelle l’École du Parti et l’obligation alors faite d’adhérer dès le plus jeune âge à toutes sortes d’organisations. Or, nous sommes tout sauf cela : nous ne sommes pas l’ancienne École du Parti reconvertie en École de la démocratie ou en École du Conseil de l’Europe. Il n’y a aucune obligation à venir. La participation à ce programme se fait sur la base du volontariat. Les participants sont volontaires. Nous publions tous les ans un appel à candidature dans la presse dans chacun des pays pour constituer le groupe qui participera à l’ensemble des activités pendant l’année. Mais tout reste volontaire. Il y a d’ailleurs des personnes qui s’inscrivent, passent tout le processus de sélection, viennent à la première activité, au premier séminaire, et ne reviennent pas ensuite : simplement parce que ce n’est pas ce qu’ils recherchaient. Certains cherchaient à renforcer et parfaire leurs connaissances d’opposants parce qu’ils assimilent un programme du Conseil de l’Europe à un programme contre les autorités et le pouvoir en place et pensent que le Conseil les aidera à renverser le pouvoir : ce n’est pas non plus le cas. D’autre viennent parce qu’ils pensent que l’on est là pour le contraire ; comme le pays est membre du Conseil de l’Europe, ils pensent que l’activité proposée visera à conforter leur parti au pouvoir : ce n’est pas non plus le cas. Ce qu’il faut retenir, c’est que ce n’est ni l’École du Parti, ni celle de l’organisation. Nous ne cherchons pas à promouvoir l’organisation. Nous cherchons à promouvoir, et j’y reviens toujours, nos valeurs fondamentales et, de cette manière, à aider ces pays à « émerger » et à se développer.

Quelle est la visibilité de ces Écoles ? Sont-elles connues au-delà de certaines catégories de la population ?

Ces Écoles n’ont ni la visibilité, ni le même but que, par exemple, des instituts d’études politiques en France. Au-delà, dans la plupart des pays, les Écoles sont connues mais de façon encore trop limitée. Elles sont connues par les cercles de pouvoir, par les gens qui ont des responsabilités. Elles sont aussi connues par l’ensemble des partis politiques des pays, par l’ensemble des médias, par les cercles gouvernementaux, etc. Si on étend le cercle à l’opinion publique, a fortiori en Russie, il est peu probable que les Écoles soient connues. Pour ce qui est du cas russe, l’opinion publique a peut-être entendu parler d’Elena Nemirowskaya, la fondatrice de l’École, qui est une personnalité du pays. Et encore… Mais ce n’est pas si important.

Nous avons quand même réussi par ce programme à intégrer les milieux intellectuels, les milieux de pouvoir. Et c’est important car ce sont ces milieux

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qui sont les relais d’opinion. À ces niveaux, les Écoles sont reconnues. Par ailleurs, ponctuellement, lorsqu’un chef d’État fait une visite d’État au Conseil de l’Europe dans le cadre des activités du Programme des Écoles, c’est suivi par la presse. Cela a été le cas lors de la dernière université d’été avec le déplacement du président croate. La presse a relayé la nouvelle en direct. Reste une question : que voient le public ? Que le chef d’État est venu à Strasbourg au Conseil de l’Europe. On leur dit que c’est dans le cadre de l’Université d’été des Écoles politiques, mais ils ne savent pas trop bien ce qu’est cette Université d’été… Ce n’est cependant pas grave : ce qui compte, c’est que des messages passent. Lorsque l’on ajoute que le président croate, pour reprendre l’exemple, a discuté avec 600 jeunes Européens et qu’il a échangé ses vues sur les valeurs européennes. De ce point de vue, l’opinion publique connaît le programme.

Mais il faut rester modeste. Ce programme ne compte que 40 participants par an par pays. Même s’il s’adresse à de futurs relais d’opinion, sa taille reste donc modeste et le nombre de participants limité, ce qui ne facilite pas la diffusion de sa connaissance. Nous n’avons certes pas la visibilité que l’on souhaiterait. Cela étant, nous développons beaucoup d’outils de visibilité.

Lesquels ?Nous sommes en train de mettre au point un site Internet ; toutes nos

Écoles publient… C’est aussi une des évolutions du programme. Les Écoles, au-delà des formations qu’elles proposent, et avec maintenant les réseaux d’experts qu’elles ont constitués au fil du temps, ont aussi de plus en plus un rôle de think tanks, donc un rôle de proposition sur les sujets les plus divers qui touchent tant à l’actualité nationale qu’à l’actualité européenne et internationale. Certaines des Écoles commencent à avoir une sérieuse réputation aussi dans ce domaine-là. Des décideurs peuvent s’adresser à elles ou tenir compte de travaux qui sont faits soit par l’équipe de l’École elle-même, soit par des gens qui se retrouvent au sein de l’École.

On a l’exemple de l’École de Belgrade où un professeur de science politique fait partie du conseil d’administration. Il appartient à nombre d’organismes internationaux et vient de contribuer à une publication de la Fondation Schuman dont il est membre. C’est un développement intéressant, prometteur, et qui assure la visibilité.

Au-delà des réseaux inter-Écoles, les Écoles développent donc leurs propres réseaux avec des personnalités extérieures…

Exactement. Le réseau d’Écoles existe depuis cinq ans, depuis l’organisation de la première Université d’été. Auparavant, les Écoles menaient leurs activités de manière plus individuelle. Ce phénomène de réseau se développe.

Les personnalités travaillant dans les Écoles ont mis en commun leurs moyens, leurs connaissances, mais aussi leurs contacts. Les Écoles partagent

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désormais leurs contacts, ce qui enrichit les contacts des uns et des autres et permet aux Écoles de former et d’autonomiser leurs propres réseaux.

Il y a eu en fin d’année dernière, par exemple, une grande conférence organisée à Bruxelles par l’Union européenne pour lancer le Partenariat oriental et son volet « société civile » : celui-ci vise à relancer les relations avec les pays d’Europe orientale, notamment les pays du Caucase. L’École ukrainienne a été invitée, sans pour autant que le Conseil de l’Europe le soit puisque c’était une initiative de l’Union européenne. Or, cette École a été invitée, non seulement parce que l’Ukraine est concernée par ce partenariat, mais parce que l’on voulait un acteur de la société civile crédible et qui travaille sur ces problématiques de politique, d’intégration européenne, etc. Ainsi, très naturellement, l’Union européenne s’est tournée vers l’École d’études politiques de Kiev pour l’inviter à la conférence au cours de laquelle un certains nombre de décisions et de lignes directrices ont été définies, dans le domaine du travail avec la société civile, du soutien à la société civile, mais aussi des contributions de la société civile dans le cadre du programme Union européenne et pays de l’Europe centrale et orientale. Dans ce cas, le Conseil de l’Europe n’y est – directement – pour rien. C’est l’École elle-même qui, par son travail, par les succès qu’elle a remportés, a réussi à façonner son image, à acquérir une certaine réputation qui lui permettent désormais d’être prise au sérieux et d’être invitée à ce genre d’événement. À partir de là, elle étoffe son propre réseau…

Je pourrais multiplier les exemples où la mise en commun, l’échange d’informations et de bonnes pratiques d’un pays à l’autre a consolidé chacune des Écoles acteurs du réseau. Cela fait que, désormais, le réseau d’Écoles a une excellente réputation non seulement au sein du Conseil de l’Europe mais aussi à l’extérieur.

Au sein du Conseil, lorsqu’est organisée une activité en matière d’assistance dans ces pays, que ce soit en matière de réforme judiciaire, de démocratie locale, de décentralisation, de travail avec les minorités…, les différentes directions générales s’adressent à nous quand il s’agit de chercher des partenaires fiables pour voir si l’École politique dudit pays pourrait se charger de participer à la mise en œuvre du projet ou de l’activité. Une nouvelle fois donc, les Écoles politique sont invitées à participer à des activités qui n’ont plus rien à voir avec les activités de formation parce qu’elles ont acquis une réputation de fiabilité, de sérieux, de compétence qui fait qu’on leur demande d’intervenir dans des secteurs de plus en plus larges.

C’est le cas par exemple en Géorgie où, il y a deux ans au moment des élections locales, l’on a développé avec l’École d’études politiques un programme d’assistance électorale en association avec la Commission de Venise qui est la commission de promotion de la démocratie par le droit, pour veiller au bon déroulement de ces élections locales. L’École a donc mis en place un programme de formation des candidats, un programme visant à travailler avec les médias en campagne électorale, un programme sur le financement des partis politiques, etc., simplement parce que l’École était

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probablement le partenaire le plus crédible en Géorgie à ce moment-là pour effectuer ce travail.

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5.

« UN PROGRAMME JOINT FINANCÉ À PARTS ÉGALES PAR LE CONSEIL DE L’EUROPE

ET L’UNION EUROPÉENNE »

François FriederichProject Co-ordinator

Entretien : Marie Neihouser1

Quel est votre budget, son évolution et sa place dans celui du Conseil ?Le budget annuel s’élève actuellement à 1 700 000 euros dans le cadre

d’un programme joint financé à parts égales par le COE et l’UE, la Commission européenne, et plus précisément une ligne budgétaire de la direction générale des relations extérieures qui s’appelle l’« Initiative européenne pour la démocratie et les droits de l’homme ». C’est un budget constant depuis les débuts des Universités d’été (2006). Cette somme sert à financer à la fois l’Université d’été pour à peu près 820 000 euros par an, mais aussi les activités nationales. Le Conseil de l’Europe contribue à hauteur de 45 000 euros chacune pour les 15 Écoles aux activités nationales, un peu plus pour l’École de Moscou car elle accueille plus de participants. De plus, elle fonctionne sur un modèle fédéral avec des Écoles régionales et nationales. Ayant plus de participants, c’est normal que nos contributions soient plus généreuses.

Vous travaillez avec des stagiaires : d’où viennent-ils et que font-ils ? J’ai eu par le passé trois stagiaires de l’ENA, qui ont travaillé avec nous,

mais pas ces deux dernières années. Sinon, les stagiaires proviennent de Sciences po, de l’Institut d’Études Politiques de Strasbourg. Il est aussi arrivé que l’on ait des personnes proposées par la direction des ressources humaines. Dans ce dernier cas, ce sont des gens qui ont postulé pour un stage au Conseil, ils peuvent venir d’un peu partout en Europe. Mais, si je fais le compte, les quelques stagiaires que l’on a eu, venaient surtout de Sciences po et de l’ENA. Ce sont des demandes spontanées de personnes exprimant leur intérêt pour le programme des Écoles d’études politiques et qui ont envie de travailler pour ce programme, et au-delà, qui ont un intérêt pour le travail au Conseil de l’Europe de manière plus générale.

1. 27 avril 2010.

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Cela nous dépanne toujours, puisqu’il n’y a pas d’« équipe », à proprement parler, constituée au sein de la direction générale pour s’occuper des écoles. En effet, je suis le seul à travailler exclusivement sur les Écoles de manière permanente depuis plusieurs années. L’autre personne qui travaille avec moi est une assistante administrative qui a également d’autres fonctions au sein de la direction. Nous avons en outre une collaboratrice temporaire qui est là pour six mois et qui partira quelques semaines après l’Université d’été. Il s’agit donc d’une équipe très réduite.

Quelle est alors la stabilité du personnel si cela signifie quelque chose pour une équipe si réduite ?

Cela fait trois ans que la troisième personne est là six mois par an. Compte tenu des règles internes qui interdisent d’embaucher quelqu’un de manière temporaire plus de six mois par an, on ne peut lui offrir que six mois de contrat par an. C’est très gênant, car c’est quelqu’un de compétent, qui a acquis, au bout de trois ans, une expérience certaine, qui connaît bien le dossier et le réseau des Écoles. Nul n’est certes irremplaçable, mais on ne peut pas la prendre six mois par an et, les autres six mois, embaucher quelqu’un d’autre. Le temps qu’une autre personne connaisse le dossier, en comprenne toutes les subtilités, etc., son contrat serait terminé.

Pour résumer, nous avons une personne, moi, à temps plein ; une collègue permanente qui travaille à mi-temps sur les Écoles, essentiellement sur la préparation logistique, administrative de l’Université d’été ; plus une collègue temporaire qui travaille pendant six mois, en général pour préparer l’Université d’été. Enfin, nos collègues en charge des finances assurent le suivi des arrangements administratifs entre le Conseil et chacune des Écoles.

Comment se sont établies les compétences initiales ? Avez-vous observé d’autres structures ?

C’est un peu une histoire personnelle. J’étais parti, toujours pour le Conseil de l’Europe pendant sept ans, entre 1995 et 2002 dans les Balkans, en Croatie puis en Bosnie-Herzégovine et à Belgrade en Serbie. Quelques temps après mon retour, on m’a demandé d’étendre le concept des Écoles politiques à d’autres pays, et notamment aux pays des Balkans occidentaux d’où je revenais. Cela à cause de mon expérience dans les Balkans occidentaux, du réseau que j’avais là-bas.

Au moment où je suis rentré, il y avait trois Écoles : Moscou, Tbilissi et Sofia. À partir de 2003, on a développé le concept, en Serbie, en Bosnie, en Croatie, dans les pays des Balkans, puis cela s’est étendu autour des Balkans : la Roumanie, la Bulgarie, puis encore plus vers l’Est avec le Moldova, le Caucase, le Belarus, pour arriver aujourd’hui à 16 écoles.

Mais au départ, on m’a confié ce dossier simplement parce qu’on pensait que ce programme serait utile au renforcement des processus de démocratisation en cours dans les Balkans. Ce qui a été le cas. On m’a demandé de le faire parce que j’étais celui du Conseil qui avait passé le plus

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de temps là-bas. C’est vrai que cela a été un peu un concours de circonstances. Une fois que l’on a eu monté et consolidé le réseau dans les Balkans, j’avais alors en charge sept ou huit Écoles. On a continué. À l’époque, je ne faisais pas que cela, j’étais aussi conseiller politique pour les Balkans. Mais, après, on m’a déchargé de toute autre fonction pour que je puisse me concentrer sur le développement du réseau. C’est comme cela que je me retrouve chargé du développement de ce réseau et de la coordination.

Y a-t-il une formation continue au sein du Conseil pour les personnes travaillant sur les Écoles ?

Non, pas du tout. Les gens prennent le train en marche. C’est un peu la flexibilité du programme… et c’est aussi peut-être son point faible. Mais moi, je vois plutôt comme un avantage le fait qu’il n’y ait pas un mode d’emploi précis pour gérer ce programme. Cela le rend très souple, très flexible, on s’adapte à des situations qui sont extrêmement différentes dans les 16 pays du réseau. On peut inventer de nouveaux concepts, les compléter, trouver de nouveaux partenariats, ce qui n’est pas le cas avec d’autres programmes qui sont bien plus rigides, où il y a des règles qui sont établies, des activités de mise en œuvre du Conseil de l’Europe par exemple, avec des comités d’experts qui sont mis en place etc., ce qui rend les choses beaucoup plus rigides.

Là, ce n’est pas le cas. Il n’y a pas de décisions du Comité des ministres ou de l’Assemblée parlementaire à la base de ce projet. Cela s’est fait comme ça, avec tout de même en 2005 un appui politique qui était la déclaration finale du Sommet des chefs d’État et de gouvernement de Varsovie qui a reconnu le rôle politique des Écoles. Mais c’est tout. On ne nous a imposé ni méthode ni cahier des charges précis. C’est simplement moi qui ai proposé, au niveau de la direction générale, pour cadrer les choses, d’établir un minimum de règles de fonctionnement des écoles. Mais c’est tout. Cela peut être considéré comme un point faible, parce qu’au sein d’une organisation aussi structurée que l’est le Conseil de l’Europe, avoir un programme qui n’a pas de règles très précises peut déranger parce qu’on ne sait pas dans quelle case le ranger. Mais moi, cela ne me dérange pas, au contraire.

Quelles sont vos relations avec les autres services au sein du Conseil ?Les relations sont en général très bonnes, ce sont des relations de travail

entre collègues. Il y a toutefois eu par le passé quelques petits frottements parce que

certains considéraient qu’on empiétait sur leur domaine. J’ai eu notamment quelques soucis à un moment donné avec les collègues

s’occupant de démocratie locale : nous avons développé depuis peu un programme dans les Balkans occidentaux qu’on appelle « École de la démocratie locale » ; il existe sur le même concept que celui des Écoles, afin d’organiser une formation d’élus locaux des différents pays des Balkans dans les domaines qui touchent au renforcement de la démocratie locale.

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Certains collègues en charge de ces dossiers ont pu considérer que j’empiétais sur leurs prérogatives et mandats. Nous nous sommes donc expliqués. Maintenant, tout le monde a compris qu’il y avait du travail pour chacun, l’incident est clos.

Nous avons eu aussi quelques soucis avec nos collègues de la Communication, mais les choses sont rentrées dans l’ordre. On voulait nous inclure dans un plan plus général de communication, de relations publiques de l’organisation. Toutefois, les Écoles trouvaient que nous n’étions pas assez visibles dans ce plan de communication et de relations publiques. Nous avons donc développé notre propre programme de communication. Nous avons organisé des conférences de presse, développé un certain nombre de matériels de communication (affiches…) par nous-mêmes, au sein du réseau des Écoles, avec nos propres ressources… Et cela a froissé quelques susceptibilités. Tout cela est « normal » ; c’est la dynamique de ce genre d’organisation : il y a des concurrences internes mais, au bout du compte, on finit par s’entendre.

Les Écoles ont-elles suscité le scepticisme d’autres services ? Il y a eu du scepticisme au départ. De l’agacement, aussi, parce que c’est

un programme qui, très vite, s’est développé et est devenu important. Quand vous avez un grand nombre de personnalités au sein des Écoles, qui participent aux activités nationales, ou à l’Université d’été, un programme devient très visible. C’est notre cas. Cela a suscité des jalousies de la part de certains qui travaillent dans leur coin, parfois dans l’ombre, de manière un peu ingrate parce que leur travail n’est pas suffisamment visible, n’est pas suffisamment reconnu. Dans ces conditions, le fait de braquer une fois par an les projecteurs sur nous lors du grand show de l’Université d’été n’a pas fait que des heureux. Surtout que cela s’est développé très vite. Il y a donc eu des frottements, mais les gens se sont habitués et ont changé d’attitude. Dans le pire des cas, ils sont neutres et laissent faire les choses et, dans le meilleur, ils participent.

Pour ma part, j’ai besoin, et les Écoles ont besoin de pouvoir compter sur toutes les ressources du Conseil de l’Europe. Parce qu’il y a au Conseil de l’Europe beaucoup de ressources internes. Par exemple, l’un de nos partenaires privilégiés dans la « Maison » est la Direction générale des Affaires juridiques et des droits de l’homme dont les experts nous aident dans nos activités. Il en va de même pour les experts de la Commission de Venise, la commission de la démocratie par le droit qui s’occupe de questions de réformes électorales, d’organisation des élections : nous avons besoin de toutes ces solidarités. De même, pour nos activités, nous avons besoin de nos collègues de la Cour européenne des droits de l’homme, de la Presse, de la Communication… Nous devons compter avec ces ressources internes du Conseil de l’Europe !

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Quelle a été l’évolution des relations avec la direction politique et avec les Secrétaires généraux successifs ?

Le prédécesseur de l’actuel directeur général, M. Klaus Schumann, et le directeur actuel, M. Jean-Louis Laurens ont donné l’impulsion. Moi, je ne suis que l’artisan des décisions qu’ils ont prises de mise en œuvre de décisions du Comité des ministres ou de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement. Ils ont toujours soutenu ce projet et m’ont toujours fait suffisamment confiance pour le développer.

Ils m’ont laissé l’autonomie suffisante pour le faire. Surtout depuis que M. Laurens est là.

Auparavant, la question ne se posait pas, étant donné le petit nombre d’Écoles : nous gérions le programme au sein de la direction du Conseil politique.

Quand l’objet est devenu trop grand, qu’il n’était plus possible de gérer le programme au sein de cette direction dont ce n’était pas le mandat, et puisque c’était une activité nouvelle qui n’entrait pas vraiment dans une des activités existantes de la direction générale, il a été décidé que les Écoles resteraient sous la responsabilité du directeur général. En fait, il y a une ligne directe entre lui et moi - avec moi comme coordinateur du programme. Cela montre son implication et la manière dont il entend gérer le programme. Il faut savoir que la direction générale est composée de deux directions : le conseil politique et la direction des institutions démocratiques. Or, le programme des Écoles n’entre dans le mandat d’aucune de ces deux directions car c’est un programme transversal qui concerne toute la direction générale. Le programme est donc placé sous l’autorité directe du Directeur général.

C’est très pratique, parce que j’ai un raccourci direct pour avoir accès à lui pour gérer ce programme, je n’ai donc pas besoin de passer par les voies hiérarchiques qui font parfois perdre un peu de temps et d’énergie. Il me laisse beaucoup d’autonomie, et je ne vais le voir que pour des décisions importantes : pour la gestion quotidienne du programme et l’organisation de l’Université d’été, j’ai suffisamment sa confiance pour pouvoir avancer. Cependant, on se parle le plus souvent possible, mais de façon très souple. Je suis très content de cela, parce que comme je l’ai dit, le Conseil de l’Europe est très organisé, très structuré, très hiérarchisé ; et ce modèle de fonctionnement ne correspond pas à ce que l’on veut faire avec les Écoles. Jean-Louis Laurens l’a compris et nous avons une relation de confiance suffisante pour qu’il me laisse faire tout en sachant que j’ai sa « bénédiction ».

En ce qui concerne les Secrétaires généraux, la première École a été fondée par Catherine Lalumière, en poste à l’époque, il y a 18 ans. Ses successeurs ont toujours soutenu les Écoles. Sous le mandat de son premier successeur, le Suédois Daniel Tarschys, s’est développé l’École de Géorgie. Ensuite, c’est sous le mandat de l’Autrichien Walter Schwimmer qu’a eu lieu le Sommet de Varsovie. C’est lui qui a permis de donner cette impulsion à l’extension du réseau à de nouveaux pays.

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Son successeur, le Britannique Terry Davis, a aussi soutenu le programme. Il avait néanmoins un petit doute quant à l’utilité de former des élites ou des leaders politiques. Pour lui, devenir un leader n’était pas une question de formation. Sur ce point, nous étions donc en désaccord. Il pensait qu’être un leader était d’abord le résultat d’un processus politique, et qu’à partir du moment où on avait intégré ce processus politique, on pouvait devenir un leader. En revanche, pour nous, dans les pays où nous travaillons avec les Écoles, pour être un jeune responsable politique efficace, mettant en œuvre les principes du Conseil de l’Europe, il ne suffit pas d’intégrer un processus d’élection, encore faut-il avoir intégré un processus de formation aux principes auxquels se réfère le Conseil de l’Europe. Malgré cela, il a globalement soutenu le programme, il était toujours présent aux Universités d’été et s’est rendu au cours de son mandat dans plusieurs Écoles de différents pays, pour s’adresser aux participants, et cela s’est toujours bien passé.

Le nouveau Secrétaire général, le Norvégien Thorbjorn Jagland, Catherine Lalumière l’a rencontré avec les directeurs d’Écoles quelques semaines après sa prise de fonctions à l’automne dernier. Comme ses prédécesseurs, il s’est déclaré en faveur du programme des Écoles. Nous sommes entrés dans une petite période de turbulences, qui coïncide avec son arrivée, puisqu’on est en cours de négociation l’éventuelle poursuite du financement par l’Union européenne. Pour cela, nous avons évidemment besoin du soutien du Conseil de l’Europe et, en particulier, de son Secrétaire général. Il semblerait acquis mais, comme nous sommes en même temps engagés dans une grande réforme interne de l’Organisation, nous sommes, pour l’instant, dans une période un peu délicate où les priorités sont en train d’être précisées. Mais les Écoles font partie des priorités du Secrétaire général : reste maintenant à voir comment ce caractère prioritaire accordé aux Écoles peut se traduire dans les faits et, surtout, dans les aides budgétaires.

Le financement des Écoles est, en effet, assuré jusqu’à la fin de l’année. Mais, pour la suite, rien n’est encore arrêté. Cela dépendra de l’engagement au plus haut niveau des responsables de l’organisation et de notre capacité à convaincre nos partenaires de Bruxelles de poursuivre leur contribution.

Quel est, selon vous, le sentiment de considération de ce service au sein du Conseil de l’Europe ?

J’ai beaucoup de collègues qui apprécient ce programme, qui me demandent souvent des nouvelles des activités nationales pour pouvoir y participer ; notamment les conseillers politiques en charge de plusieurs pays. S’il existe une École dans un des pays qu’ils couvrent, c’est pour eux une source importante d’informations et de contacts. C’est pourquoi ils aiment bien participer aux activités des Écoles : ils peuvent ainsi se faire des idées plus précises de la réalité politique de tel ou tel pays. Ainsi, du côté du conseil politique, les collègues apprécient les Écoles, même si parfois, les séminaires se passant les week-ends, ils sont obligés d’en sacrifier un.

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Dans les autres secteurs de la Maison, on peut dire qu’il y a globalement un regard positif envers le programme. J’ai souvent des gens qui me proposent leurs services, des collègues qui sont intéressés par les Écoles, par la manière dont on travaille… Par ailleurs, au moment de l’Université d’été, on mobilise nombre de collègues, non seulement des assistants, mais aussi des administrateurs, pour nous aider à accueillir les participants et les experts ; c’est alors du travail de guide touristique, d’assistance, d’improvisation… avec tout ce qui peut se passer durant une semaine rassemblant plus de 600 personnes. Les collègues de la presse sont toujours très mobilisés, parce que l’Université d’été constitue un événement intéressant du point de vue médiatique. Depuis plusieurs années, la Communication produit aussi de belles affiches de l’événement qu’est l’Université d’été. C’est un programme qui laisse la place à une certaine créativité, ce que les collègues apprécient.

Comment les premiers liens se sont-ils établis avec l’Union européenne ? Avec quels services et avec qui ?

Initialement, je ne puis rien en dire, car je n’y étais pas. Cependant, les deux organisations sont proches. Les liens se sont établis

avec la Commission européenne et, plus particulièrement, avec la Direction des Relations extérieures, puisque c’est elle qui est chargée au sein de la Commission des relations avec les pays non membres de l’Union européenne.

Les liens sont aussi tissés parallèlement avec les autres organisations internationales.

Il y a des relations institutionnelles entre nos deux organisations. Il y a des réunions de fonctionnaires régulières, entre Directeurs généraux, qui permettent de discuter des modalités de coopération entre la Commission et le COE ; il y a également des rencontres au niveau plus politiques entre le Secrétaire général du Conseil de l’Europe et le Président de la Commission ou entre le parlement européen et l’Assemblée parlementaire. Il y a donc un certain nombre de rendez-vous institutionnels entre les deux organisations. Quand les Écoles sont apparues et qu’on a eu besoin d’un financement par l’Union, les relations entre les organisations se sont faites dans ce cadre institutionnel.

Pour ce qui est de l’exécution et de la mise en œuvre, ce furent toujours les collègues en charge des dossiers qui s’en sont occupés. Moi-même, j’ai eu des contacts - et suis toujours en contact- avec mes homologues de la direction « Relex » (Relations extérieures) à la Commission, lesquels gèrent la ligne budgétaire sur laquelle est financée le réseau des Écoles. Concrètement, cela se traduit par l’envoi d’informations régulières, notamment sur les volets financier et budgétaire, sur la mise en œuvre du programme : on rend des comptes selon les règles de la Commission. Nous avons - aussi et surtout - des relations avec les délégations de la Commission dans les différents pays où nous avons les Écoles : la Commission tient à cela - et nous aussi- pour des questions de visibilité et des questions politiques. Les deux organisations, l’Union et le Conseil, font partie du même projet politique : nous ne sommes

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pas du tout concurrents et, si il y a eu une décision de cofinancer un programme tel que les Écoles, il faut aussi qu’on montre dans la réalité comment on coopère.

La force remarquable des contacts personnels établis avec les Écoles n’hypothèque-t-elle pas une éventuelle transmission en interne ?

Non, parce que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, je ne suis pas le seul acteur de ce programme. Je vous ai parlé des conseillers politiques, qui connaissent les Écoles et se rendent aux séminaires des Écoles ou participent à l’Université d’été. Dans tous les cas, je n’ai qu’un rôle de coordinateur.

J’ai, évidemment, plus d’informations que certains de mes collègues, mais c’est normal, c’est mon travail. Cependant, je ne suis pas le seul à avoir des liens avec les Écoles et à travailler avec elles : je coordonne les activités, j’organise l’Université d’été, je veille à ce que nous demeurions cohérents dans ce que nous faisons… Mais les Écoles ont des contacts avec d’autres collègues ! Certaines Écoles participent à d’autres activités du Conseil de l’Europe, telles que le Forum pour la démocratie ou les activités de la Conférence des Organisations internationales non gouvernementales (OING)…

De plus, parce que les Écoles sont crédibles, le Conseil les associe, de plus en plus, à d’autres activités, de monitoring par exemple, pour voir si les pays respectent les engagements qu’ils ont pris en tant que membres du Conseil et, le cas échéant, pour les assister de manière à ce qu’ils se conforment à leurs obligations. Dans toutes ces activités, les Écoles peuvent être impliquées ; et elles le sont très souvent. Dans ce cas, ce n’est pas moi mais des collègues qui s’en occupent : je n’ai donc pas toute l’information.

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« Créer un Forum de la démocratie à Strasbourg »In La démocratie en Europe : crises et perspectives

Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, Recommandation 1928 (2010)

1. L’Assemblée parlementaire renvoie à sa Résolution 1746 (2010) sur la démocratie en Europe : crise et perspectives, dans laquelle elle note avec préoccupation que la récente crise économique mondiale a accentué les symptômes de la crise de la démocratie qui se manifestent depuis quelque temps déjà, parmi lesquels l’absence de réglementation pour faire face aux défis de la mondialisation et le désintérêt croissant des citoyens pour les procédures institutionnalisées actuelles de démocratie.2. L’Assemblée considère que la crise de la représentation qui en résulte peut être surmontée via un processus renforcé de démocratie participative et le développement d’une nouvelle culture de la responsabilité politique axée sur la réactivité et l’obligation de rendre des comptes, ainsi que la transparence de la part des gouvernants.3. Considérant que le droit de participer à la conduite des affaires publiques, que ce soit au niveau local, régional, national ou européen est un droit humain et une liberté politique fondamentale, l’Assemblée a décidé de poursuivre son travail de réflexion, en consultation étroite avec la Commission européenne pour la démocratie par le droit (Commission de Venise), afin d’élaborer un Protocole additionnel à la Convention européenne des droits de l’homme garantissant ce droit. Elle a également décidé d’organiser des débats publics ouverts dans le cadre du processus de rédaction du nouveau protocole avant de proposer un projet de texte au Comité des Ministres, de sorte que ce processus en lui-même offre une occasion de promouvoir le débat public et la prise de conscience de la nécessité d’accroître la participation active des citoyens et d’assurer un plus grand engagement de tous et de toutes dans la conduite des affaires publiques.4. L’Assemblée, rappelant ses propositions antérieures contenues dans la Résolution 1886 (2009) sur l’avenir du Conseil de l’Europe à la lumière de ses soixante années d’expérience et réaffirmant que, parmi les trois piliers du Conseil de l’Europe, le pilier de la démocratie doit être consolidé et gagner en visibilité, recommande au Comité des Ministres :4.1. de créer un Forum de la démocratie de Strasbourg en tant que structure générique afin de fournir une référence internationale et un laboratoire de nouvelles idées et propositions dans le domaine de la démocratie et de développer des synergies entre les différentes structures et activités concernées du Conseil de l’Europe, comme le Forum pour l’avenir de la démocratie, les débats bisannuels de l’Assemblée sur la situation de la démocratie, la Commission de Venise ainsi que l’Université d’été de la démocratie et le réseau des Écoles d’études politiques ;4.2. de confier à une personnalité de grande notoriété, sorte de Délégué à la démocratie, la tâche de diriger et d’animer le Forum de la démocratie de Strasbourg, ainsi que de diffuser de façon permanente le message du Conseil de l’Europe sur les questions relevant de la démocratie présentant un intérêt d’actualité majeur.5. L’Assemblée invite également le Comité des Ministres à apporter sa contribution, aux côtés d’autres acteurs et en particulier l’Union européenne, à l’élaboration des principes directeurs visant à réglementer la mondialisation dans le plein respect des droits de l’homme, y compris les droits sociaux, des impératifs écologiques et de la prééminence du droit.

http://assembly.coe.int/Mainf.asp?link=/Documents/AdoptedText/ta10/FREC1928.htm

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Joint Programmes between the Council of Europe and The European Union

Since 1993, in pursuit of common aims with regard to the protection of democracy, respect for human rights and fundamental freedoms and the rule of law in Europe, the Council of Europe and the European Union have developed a vibrant co-operation instrument known as joint programmes. This is one of the most visible parts of the very tight network of relations and co-operation links existing between the two partners (regular high-level consultations, participation of the European Commission in Council of Europe activities, accession of the European Union to Council of Europe Conventions, etc.). There have been approximately 180 EC/CoE joint programmes of co-operation and joint actions over the past fifteen years, involving co-operation with Albania (since 1993), Armenia (since 1999), Azerbaijan (since 1999), Bosnia and Herzegovina (since 2003), Bulgaria, Croatia, Estonia, "the Former Yugoslav Republic of Macedonia", Georgia (since 1999), Latvia, Lithuania, Moldova (since 1997), Montenegro (since 2001), the Russian Federation (since 1996), Serbia (since 2001), Turkey (since 2001), Ukraine (since 1995), as well as certain CoE non-member states. Kosovo* has received assistance since 2006. Most joint programmes run for 24 months, and many have been extended to 36 months.The joint programme format was initially intended as a tool to facilitate co-operation with countries which had joined the Council of Europe since 1989. More than a decade of effective co-operation between the European Commission and the Council of Europe under the numerous joint programmes has proven that solid results in support of the rule of law, better protection of human rights, and stronger democratic institutions can be achieved when the two Organisations combine their resources and respective strengths. Through joint programmes, many countries developed increasingly close links with the European Union, and some have applied for membership.The majority of joint programmes (list) are country-specific but there are also a number of regional and multilateral thematic joint programmes regarding, for instance, national minorities, awareness-raising on the abolition of the death penalty, national minorities, the fight against organised crime and corruption, the development of independent and multidisciplinary ethics committees for review of biomedical research, action to promote the European Social Charter and a programme to strengthen democracy and constitutional development in central and eastern Europe with the Council of Europe’s Venice Commission. In April 2001 an important step was taken through the signature by the European Commission and the Council of Europe of a Joint Declaration on Cooperation and Partnership, which, among other things, offers a more systematic means of joint programming and priority-setting. The signature in May 2007 of a Memorandum of Understanding has reaffirmed the resolve of the two partners to reinforce ongoing co-operation in the framework of joint programmes.A key priority for the EU and CoE co-operation is the promotion of democratic stability and peace, both in the Western Balkans (Albania, Bosnia and Herzegovina, Croatia, Serbia, Montenegro, “The former Yugoslav Republic of Macedonia” and Kosovo*) and in the South Caucasus region (Armenia, Azerbaijan and Georgia). The Joint Programmes aim to support the participation of these countries in the EU’s Stabilisation and Association Process, or the European Neighbourhood Policy, thus facilitating closer association and integration with the European Union.Since 2005, the elaboration of CoE proposals for country-specific programmes with co-financing from the European Commission has been based, where applicable, on the relevant country co-operation paper and the CoE programming document with the country

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in question. The European Commission selects the projects and decides on the extent of its financial participation in each Joint Programme in accordance with its political priorities and in line with the modalities stipulated by the precise source of funding.

ActivitiesThe Joint Programmes consist of a series of activities agreed between the European Commission and the Council of Europe, in consultation with the governments of the concerned countries, designed to facilitate and support legal and institutional reform. Training courses, expert reports and advice to governments, conferences, workshops, seminars and publication dissemination are all usual working methods. The emphasis has been on training and advice but in some cases Joint Programmes have even offered limited material support (for instance with the establishment of the Albanian School of Magistrates and the State Publications Centre).

Programming and fundingThe Directorate General for External Relations of the European Commission and the Council of Europe’s Directorate of Strategic Planning (as well as other services as applicable) set and match priorities for the purpose of Joint Programmes. Sometimes the Council of Europe makes proposals to the European Commission for urgent joint undertakings. EuropeAid is the structure within the European Commission involved in the final selection and administrative follow-up of programmes. The Council of Europe counterpart throughout the project cycle is the Directorate of Strategic Planning, in close consultation with the different Council of Europe Directorates General responsible for the implementation of the activities. In recent years the European Commission delegations in the beneficiary countries have increasingly been implied in the Joint Programmes. Equally, Council of Europe Secretariat Offices in the field support planning and implementation.The European Commission and the Council of Europe provide joint funding for the programme, and the Council of Europe is responsible for its implementation. In some cases funding is shared on a 50-50 basis but on others the European Commission has contributed with proportionally more resources. A large number of Joint Programmes have been concluded with the EC’s European Instument for Democracy and Human Rights (EIDHR). For geographical assistance programmes, the Council of Europe ha benefited from funding under the Instrument for Pre-Assession Assistance (IPA) and the European Neighbourhood Policy Instrument (ENPI).

Programme PartnersThe Council of Europe often works with partner institutions in the country concerned. Partners may include: Ministries of Justice, Foreign Affairs and the Interior Ministries (or departments) for European Integration National and regional Bar Associations The Office of the Public Prosecutor Courts and judicial training centres National or regional commissioners on human rights Journalists’ unions Other professional bodies Human rights protection movements and other non-governmental organisations.

Source: http://www.jp.coe.int/default.asp

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Une institution complémentaire ou concurrente ?L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) (Vienne)

Une Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne a été créée à Vienne par le règlement (CE) n° 168/2007 du 15 février 2007 (JO L 53/2 du 22.2.2007).Le respect des droits de l’homme et celui des libertés fondamentales sont des valeurs communes, partagées par tous les États membres de l’Union européenne. Conformément à l’article 6 du traité sur l’Union européenne : «L’Union respecte les droits fondamentaux, tels qu’ils sont garantis par la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, signée à Rome le 4 novembre 1950, et tels qu’ils résultent des traditions constitutionnelles communes aux États membres »… L’Agence a pour objet de fournir aux institutions et autorités compétentes de l’Union et des États membres, lorsqu’ils mettent en œuvre le droit communautaire, une assistance et des compétences en matière de droits fondamentaux, et de les aider à prendre des mesures et à définir des actions appropriées.L’Agence a les missions suivantes:1. collecter, analyser et diffuser des données fiables, objectives et comparables concernant la situation des droits fondamentaux dans l’UE;2. améliorer la comparabilité et la fiabilité des données à l’aide de nouvelles méthodes et normes;3. réaliser et / ou favoriser la réalisation de travaux de recherche et d’études dans le domaine des droits fondamentaux;4. formuler et publier des conclusions et des avis sur des sujets spécifiques, soit de sa propre initiative, soit à la demande du Parlement européen, du Conseil ou de la Commission;5. favoriser le dialogue avec la société civile, afin de sensibiliser le grand public aux droits fondamentaux.L’Agence n’est toutefois PAS habilitée à traiter des plaintes individuelles, ni à prendre des décisions réglementaires.Les domaines de travail de l’Agence ont été définis dans un programme-cadre pluriannuel portant sur une durée de cinq ans (décision 2008/203/CE), adopté par le Conseil après consultation du Parlement européen. La lutte contre le racisme, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée font partie de ses grands domaines prioritaires.L’Agence travaille en étroite collaboration avec d’autres institutions et organismes, opérant au niveau national et européen, et veille à développer une coopération fructueuse avec le Conseil de l’Europe et la société civile, notamment par la création d’une plate-forme des droits fondamentaux. […]L’action de l’Agence des droits fondamentaux s’étend à l’ensemble de l’Union européenne et aux 27 États membres. Les pays candidats à l’adhésion à l’UE peuvent participer à ses travaux en qualité d’observateurs (ancienne République yougoslave de Macédoine, Croatie et Turquie), sur décision du Conseil d’association concerné, déterminant la nature, l’étendue et les modalités de cette participation. Le Conseil peut aussi inviter à participer aux travaux de l’Agence les pays ayant conclu un accord de stabilisation et d’association avec l’UE.L’Agence des droits fondamentaux succède à l’Observatoire européen des phénomènes racistes et xénophobes (EUMC), instauré par le règlement (CE) n° 1035/97 du Conseil du 2 juin 1997. De 1997 à février 2007, l’Observatoire a fourni à l’Union européenne et à ses États membres des informations objectives, fiables et comparables sur le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme dans l’Union européenne. Son objectif était d’aider l’Union européenne et les États membres à prendre des mesures et à définir des actions visant à lutter contre le racisme et la xénophobie. Il a étudié l’ampleur et l’évolution du racisme et de la xénophobie et analysé leurs causes, conséquences et effets, en s’appuyant en particulier sur le Réseau européen d’information sur le racisme et la xénophobie (RAXEN), qui collectait les informations pertinentes au niveau national. L’Observatoire a élaboré des stratégies pour lutter contre le racisme et la xénophobie, tout en veillant à mettre en valeur et faire connaître les exemples de bonnes pratiques dans ce domaine.

http://europa.eu/agencies/community_agencies/fra/index_fr.htm 6-04-2010

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Le Financement de l’Agence

Union européenne

Contribution du pays hôte

Revenus spécifiques assignés

Total (euros)

2008 15 000 000 - 2 420 15 000 0002009 17 000 000 - 17 162 6672010 20 000 000 - 20 002 420

Source : FRA, site internet, 22-07-2010.

L’aire de développement des Écoles d’études politiques modestement séquente de la Politique européenne de voisinage (PEV)

Avec la mise en place d’une « politique européenne de voisinage » (PEV) initiée en 2003 et concrétisée en 2004, l’Union européenne s’affirme porteuse d’une politique étrangère qui repose sur deux orientations : une approche unifiée des relations de l’Union européenne avec l’ensemble de ses voisins, couplée à une stratégie d’intégration sans perspective d’adhésion. L’année 2006 a vu la création d’un nouvel instrument financier ad hoc, doté d’un budget en hausse de 32 % pour la période 2007-2013. Toutefois, en promouvant cette politique, l’UE n’échappe pas au difficile partage de l’aide entre l’Est et le Sud et à la poursuite du débat sur l’élargissement avec des pays qui, tel l’Ukraine, revendiquent haut et fort leur identité européenne.Le constat fait par la Commission européenne est qu’en s’agrandissant l’Union européenne se rapproche de nouveaux pays voisins à l’Est et au Sud, confrontés à des défis politiques, économiques et sociaux sources d’une instabilité générale aux portes de l’Europe. La politique européenne de voisinage (PEV) mise sur l’idée qu’une nouvelle relation doit être instaurée avec les pays frontaliers afin de réduire les risques engendrés par les écarts importants de développement économique ainsi que par l’existence de plusieurs conflits déclarés. […]S’il est établi que la politique européenne de voisinage (PEV) vise les pays voisins de l’Union européenne situés à l’Est et le long des côtes est et sud de la Méditerranée, la première interrogation porte sur le champ géographique de la politique de voisinage. […]Quatorze pays retenus, deux pays partenaires potentiels - Lors du lancement de la PEV en 2003, il a d’abord été envisagé d’inclure les pays des Balkans occidentaux, qui ont été rapidement écartés compte tenu de leur vocation à adhérer à terme à l’Union européenne, selon les termes du Conseil européen de Thessalonique de juin 2003. Comme la Turquie a été reconnue comme pays candidat lors du conseil européen d’Helsinki en décembre 1999, elle n’entre pas dans le cadre de la politique européenne de voisinage.- Alors que la Commission proposait de l’inclure, le Conseil européen de juin 2004 a exclu, à la demande de cette dernière, que la Russie entre dans le champ de la politique de voisinage. Bien que la Russie soit le plus grand voisin de l’UE, les relations avec la Russie passent par un partenariat stratégique plutôt qu’à travers la PEV.- Le même Conseil a décidé d’inclure les pays du Caucase du Sud (Arménie, Azerbaïdjan et Géorgie) dans la politique européenne de voisinage, alors qu’ils ne partagent une frontière avec un État membre de l’Union européenne qu’après l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie en janvier 2007 (frontière maritime de la mer Noire), puis de la Turquie (frontière terrestre).Ainsi, cette politique concerne aujourd’hui 9 pays du Sud : Algérie, Égypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Territoires palestiniens, Tunisie ; ainsi que la Syrie pour laquelle l’accord d’association paraphé le 19 octobre 2004, n’a pas encore été signé ; et 5 pays de l’Est : Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie et Ukraine. D’après : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/politique-europeenne-voisinage/index.shtml

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Conseil de l’Europe-Union européenne : « une même ambition pour le continent européen »

Extraits du Rapport de Jean-Claude Juncker, Premier ministre du Grand-Duché du Luxembourg, 11-04-2006

Introduction[…] Aux chefs d’État et de gouvernement qui m’ont chargé de la rédaction de ce rapport, je voudrais dire que le Conseil de l’Europe garde toute son actualité. Il n’est pas en crise et il n’a pas perdu sa raison d’être. Véritable fabrique de démocratie, il constitue un élément de canalisation du continent européen indispensable et inégalé. L’action du Conseil de l’Europe est nécessaire pour l’Europe et nécessaire pour l’Union européenne. Mais je récuse l’idée qui voudrait que le Conseil de l’Europe se réduise à une chambre d’attente pour accéder à l’Union européenne. L’Union européenne construit, pour nombre de ses politiques, sur les fondements bâtis par le Conseil de l’Europe, que ce soit dans le cadre de son élargissement, de sa politique européenne de voisinage ou du processus de stabilisation et d’association.Je peux donc réaffirmer que le Conseil de l’Europe et l’Union européenne sont des partenaires, des organisations différentes mais complémentaires. Il nous faut cependant refonder ce partenariat, afin qu’il puisse trouver à terme une traduction institutionnelle exemplaire. […]

1. La coopération en matière de droits de l’Homme[…]h. La question de l’Agence européenne des droits fondamentauxLa question de l’Agence européenne des droits fondamentaux (AEDF) est un sujet sensible dans les relations entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe. De nombreuses voix se sont élevées pour soulever les risques que cette nouvelle institution pourrait faire courir à l’unicité du système de protection des droits de l’Homme en Europe.Le Conseil de l’Europe doit rester « la » référence en matière de droits de l’Homme en Europe. Ceci implique l’obligation pour l’Union européenne de se référer systématiquement à l’expertise du Conseil de l’Europe. Cette obligation couvre tant ses propres membres et les États candidats que les pays tiers, membres du Conseil de l’Europe, dans le cadre des relations bilatérales de l’UE, de sa Politique de voisinage, des accords d’association ou encore du Processus de stabilisation et d’association.Le Conseil de l’Europe continuera à s’occuper du « monitoring » tout comme du suivi du respect des droits de l’Homme dans ses États membres. Il procèdera, à travers des rapports, à des évaluations périodiques pays par pays et ce pour l’ensemble de ses 46 membres, y compris donc les États membres de l’Union européenne. La valeur de référence des rapports thématiques du Conseil de l’Europe doit également être maintenue et renforcée.La future AEDF devra donc être conçue de manière strictement complémentaire aux instruments d’observation et de suivi du respect des droits de l’Homme élaborés par le Conseil de l’Europe. Son mandat devra impérativement se limiter aux questions du respect des droits fondamentaux dans le cadre de la mise en œuvre du droit communautaire, donc dans le cadre de l’ordre juridique strictement interne à l’Union européenne. Il ne pourra en aucun cas être élargi à l’observation générale, par des procédures et des ressources propres, de la situation en matière de droits de l’Homme dans les États membres du Conseil de l’Europe.

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Il restera à l’appréciation de l’Agence d’engager ses propres ressources pour des observations thématiques dans les États membres de l’Union européenne sur des sujets qui relèvent au premier chef de l’ordre juridique interne de l’Union.Il est généralement admis que la future agence coopérera étroitement avec le Conseil de l’Europe et évitera tout chevauchement avec ses activités. Ces intentions sont à ce stade formulées de façon très générale dans la proposition de règlement sur le statut de l’AEDF. Des précisions me semblent nécessaires.Il faudra, par exemple, clarifier dans le règlement sur le statut de l’AEDF la façon dont elle reconnaîtra les rapports du Conseil de l’Europe au sujet de ses États membres – qu’ils soient membres ou non de l’Union européenne – comme une référence pour ses travaux.Il conviendrait de même de mentionner explicitement dans les statuts de l’AEDF – à l’instar des traités – la Convention européenne des droits de l’Homme, ainsi que les autres instruments-clés du Conseil de l’Europe en la matière, comme instruments de référence fondamentaux. Il va de soi que le Conseil de l’Europe devra être représenté dans les instances dirigeantes de l’Agence. Il serait par ailleurs utile que le Commissaire aux droits de l’Homme figure dans les statuts comme un partenaire essentiel de la nouvelle agence et puisse être associé sans voix délibérative aux travaux de ses instances dirigeantes. Ceci ne réduirait en rien son indépendance.

2. La démocratiea. Une attente nouvelle de démocratieAuprès des institutions de l’Union européenne et de ses États membres, il y a une préoccupation nouvelle sur la nature et le fonctionnement de nos démocraties. Les travaux menés au Conseil de l’Europe suscitent en ce sens un grand intérêt. Le caractère démocratique d’un régime est une condition à l’adhésion à l’Union européenne. Or, celle-ci ne dispose d’aucun mandat particulier en la matière, ce qui souligne l’importance cruciale des compétences du Conseil de l’Europe dans ces domaines.Le Conseil de l’Europe a été et reste toujours une école de la démocratie, un lieu d’apprentissage des pratiques parlementaires ainsi qu’un centre de diffusion du « soft power » et du dialogue comme moyen politique sur le continent européen. Mais la démocratie ne cesse de se transformer. Elle doit être réinventée constamment pour garder sa légitimité vis-à-vis des citoyens.La Commission européenne a, de son côté, exprimé son intérêt pour que le Conseil de l’Europe devienne encore plus actif dans le domaine de la promotion de la démocratie. Il est utile de rappeler qu’elle vient elle-même de lancer son Plan D comme Démocratie, Dialogue et Débat, qui s’étendra bien au-delà de l’année 2006.Je crois que des synergies sont possibles et même nécessaires entre le Plan D de la Commission européenne et les projets des instances du Conseil de l’Europe dans ces domaines. […]

f. Valoriser l’action de la société civileIl n’y a pas de démocratie sans société civile forte, qui apporte à la satisfaction des besoins collectifs une contribution complémentaire de celle des instances politiques et qui veille à la transparence et la responsabilité de l’action des pouvoirs publics. Le Conseil de l’Europe l’a, me semble-t-il, bien compris. Il s’assure que tous nos États disposent de législations permettant aux organisations non gouvernementales de se constituer aisément et de fonctionner efficacement, dans le respect de l’État de droit. Il facilite l’échange de bonnes pratiques entre réseaux d’organisations non gouvernementales. Enfin, à travers un statut participatif, il associe un grand nombre d’organisations internationales non gouvernementales (OING) à ses travaux. […]

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4. Politique européenne de voisinage et Processus de stabilisation etd’association de l’Union européenneL’action du Conseil de l’Europe apporte une contribution utile à la réalisation par l’Union européenne de ses objectifs dans le cadre de son élargissement, de sa Politique européenne de voisinage ou de son Processus de stabilisation et d’association. Mais elle ne saurait se limiter à une simple contribution à des politiques de l’Union européenne, ni conduire à une instrumentalisation de l’un par l’autre. Je préfère parler d’une communauté d’objectifs en matière de défense des droits de l’Homme, de promotion de la démocratie et de renforcement de l’État de droit, d’un côté, et d’une complémentarité des compétences par rapport à ces objectifs, de l’autre.La Politique européenne de voisinage et le Processus de stabilisation et d’association de l’Union européenne sont considérés dans le plan d’action de Varsovie comme une opportunité de coopération accrue dans les pays qui participent à ces politiques. […]

5. Les valeurs européennes sur le terrainLa coopération entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe ne doit pas s’arrêter là. Les deux organisations doivent également se donner les moyens, à travers des programmes dans des domaines choisis pour leur effet multiplicateur, de faire essaimer ensemble les valeurs qu’elles défendent sur le terrain. Je pense en particulier à une action commune dans les domaines de la jeunesse, de l’éducation et de la culture ainsi que du dialogue interculturel. Ce dernier joue un rôle croissant dans les débats sociétaux d’une Europe en pleine mutation. […]

6. Les programmes conjointsLe Conseil de l’Europe et l’Union européenne ont mis en œuvre depuis une dizaine d’années de nombreux programmes de soutien aux réformes démocratiques, élaborés de commun accord avec les États bénéficiaires, co-financés par nos deux institutions et exécutés par le Conseil de l’Europe. Ces « programmes conjoints » sont destinés tant aux pays concernés aujourd’hui par la Politique européenne de voisinage et le Processus de stabilisation et d’association de l’Union européenne qu’à d’autres pays, comme la Turquie ou la Russie.Il faut continuer à accorder une grande importance aux programmes conjoints des deux organisations dans les domaines d’excellence du Conseil de l’Europe : les institutions démocratiques (y compris au niveau local et régional), la promotion des droits de l’Homme et l’indépendance du judiciaire.Les programmes conjoints de l’Union européenne et du Conseil de l’Europe s’élevaient en 2005 à un montant global de plus de 47 millions d’euros.Parmi les programmes les plus significatifs figurent la modernisation de l’appareil judiciaire et les réformes pénales en Turquie, l’instauration d’un appareil judiciaire indépendant, fiable et en ordre de fonctionner dans les Balkans occidentaux, ou la mise en place de forces de police capables de combattre la criminalité dans les pays de l’Europe du Sud-est.La contribution financière de l’Union européenne à ces programmes était de plus de 90% du total, ce qui montre de fait le très grand intérêt apporté par l’Union européennes au potentiel transformateur du Conseil de l’Europe.Les programmes conjoints conclus avec EIDHR1, TACIS et CARDS2 ont abordé entre autres les tâches suivantes :

1. European Initiative for Democracy and Human Rights.2. Community Assistance for Reconstruction, Democratisation and Stabilisation.

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- mise en place de mécanismes de protection des droits de l’Homme et promotion d’une culture des droits de l’Homme ;- développement de nouvelles institutions démocratiques locales et régionales ;- accès aux droits sociaux ;- soutien à la construction de secteurs sociaux ;- réformes des législations sur les médias et action en faveur d’une presse libre ;- promotion de la citoyenneté dans l’éducation ;- programmes en faveur des Roms en Europe du Sud-est ;- formation politique des leaders ;- renforcement de l’enseignement universitaire ;- réhabilitation du patrimoine architectural et archéologique dans les Balkans.

Les programmes conjoints sont la concrétisation d’une Europe sans clivages sur le terrain. D’où la nécessité non seulement d’augmenter le nombre de ces programmes dans les pays qui ont des besoins réels mais de s’associer dès la conception des programmes.Le Conseil de l’Europe n’est pas un compétiteur parmi tant d’autres dans ce contexte, il doit être considéré par l’Union européenne comme un partenaire incontournable.Si les responsables de la Commission européenne se réunissaient en amont avec ceux du Conseil de l’Europe et des partenaires concernés pour discuter des priorités de leur coopération dans le cadre de programmes conjoints, cela contribuerait à améliorer l’efficacité de ces programmes et leur pertinence par rapport à des objectifs précis. La Déclaration de 2001 sur le partenariat et la coopération n’a pas encore produit tous ses effets. Les mécanismes de consultation réciproque devraient être renforcés. Les réunions des Comités Directeurs organisées dans le cadre de ces programmes conjoints devraientêtre le forum privilégié pour définir les choix stratégiques de la coopération. […]

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118e Session du Comité des Ministres, Strasbourg, 7 mai 2008Rapport sur le suivi du rapport Juncker

Documents CM CM(2008)50 5 mai 2008 https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?

id=1285579&Site=COE&BackColorInternet=DBDCF2&BackColorIntranet=FDC864&BackColorLogged=FDC864

Introduction 1. Il y a deux ans, le 10 avril 2006, le Premier Ministre Jean-Claude Juncker adressait à ses collègues Chefs d’État et de Gouvernement des États membres du Conseil de l’Europe le rapport (ci-après dénommé le rapport Juncker) qu’ils lui avaient demandé d’élaborer, à titre personnel, sur les relations entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne, à l’occasion du Troisième Sommet du Conseil de l’Europe. Un an plus tard, le 11 mai 2007, le Comité des Ministres dressait un premier bilan positif de la mise en œuvre de certaines recommandations du rapport Juncker […]3. Comme cela avait déjà été souligné dans le document présenté à la Session ministérielle de mai 2007 par le Groupe de suivi de haut niveau chargé d’examiner les suites à donner au rapport Juncker, si certaines de ces recommandations peuvent être appliquées ou traduites rapidement, d’autres relèvent en revanche plus du moyen et du long terme, soit qu’elles requièrent un examen de leurs implications institutionnelles, soit qu’elles reposent sur la pleine mise en œuvre de leurs engagements par tous les États membres du Conseil de l’Europe. La mise en œuvre du rapport Juncker doit donc être considérée dans la durée. De ce point de vue, le présent rapport doit être pris comme une photo d’étape présentant les avancées déjà effectuées sur certains sujets mais aussi les réflexions encore en cours sur d’autres. 4. Cette réflexion continuera à être menée conjointement et avec la même volonté d’aboutir par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne au cours des mois à venir dans l’atmosphère de coopération mutuelle qui a été mise en relief dans le rapport relatif à la mise en œuvre du Mémorandum d’accord. Elle se poursuivra en vue de parvenir à l’horizon 2009, trois ans après la présentation du rapport Juncker, à un bilan aussi complet que possible de la mise en œuvre de ses recommandations, tant par l’Union européenne et ses États membres que par ceux des États membres du Conseil de l’Europe qui ne sont pas membres de l’Union européenne. En effet, si une part importante incombe à l’Union européenne, les 47 États membres du Conseil de l’Europe entendent tout autant assumer pleinement leurs responsabilités propres. […]

Bilan d’étape de la mise en œuvre du rapport Juncker A. Recommandations visant spécifiquement le Conseil de l’Europe […] 6. Une première de ces recommandations a déjà reçu une traduction concrète à l’occasion de la Session ministérielle de mai 2007. Il s’agit de la Recommandation n° 12 selon laquelle « Le Conseil de l’Europe ira dans la voie d’élire son/sa Secrétaire Général(e) parmi les personnalités politiques qui, par leur action en faveur de la sécurité démocratique, bénéficient d’un haut degré de reconnaissance et de notoriété parmi leurs pairs et la population du continent. […] La mise en application de cette décision dès l’élection du nouveau Secrétaire Général en juin 2009 sera de la plus haute importance afin d’affirmer la pertinence politique du Conseil de l’Europe et sa place dans l’architecture européenne, au côté de l’Union européenne et de l’OSCE. Il conviendra que les États membres gardent à l’esprit la décision précitée lorsqu’ils présenteront des candidat(e)s à l’élection.

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[…]8. Reste la Recommandation n° 14 du rapport Juncker, selon laquelle « la volonté de valoriser le Conseil de l’Europe comme un partenaire majeur de notre ambition commune pour le continent amènera nos États à engager un processus de programmation budgétaire à moyen terme pour lui assurer dans la durée les moyens nécessaires ». Cette recommandation, essentielle pour permettre l’affirmation de la pertinence politique du Conseil de l’Europe, est inévitablement liée aux contraintes et procédures propres à chaque État membre, au regard notamment de la règle de l’annualité budgétaire. En ce qui concerne la mise en place d’un processus de programmation budgétaire à moyen terme, les Délégués des Ministres ont adopté en 2007 une perspective pluriannuelle pour le processus budgétaire. La présentation du budget annuel est maintenant assortie de prévisions pluriannuelles, lesquelles sont – depuis 2008 – incluses dans les propositions de Secrétaire Général pour les priorités de l’année suivante. […]B. Recommandations visant à la fois le Conseil de l’Europe et l’Union européenne […] 10. Cela étant, au regard notamment du fait que le Mémorandum d’accord met l’accent sur la coopération entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne dans tous les domaines d’intérêt commun, en particulier la promotion et la protection de la démocratie pluraliste, le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales, la prééminence du droit, la coopération politique et juridique, la cohésion sociale et les échanges interculturels (article 9), en réaffirmant que « le Conseil de l’Europe restera la source paneuropéenne de référence en matière de droits de l’homme, de primauté du droit et de la démocratie en Europe (article 10) », les Délégués des Ministres ont jugé opportun, depuis la dernière Session ministérielle, de centrer leur attention sur les recommandations du rapport Juncker qui visent à promouvoir cette coopération et en faire bénéficier l’ensemble du continent européen. 11. Pour ce qui est des Recommandations n° 2 et 3, une évaluation détaillée de l’évolution de la coopération permet de conclure que des avancées sont effectuées dans le sens de leur mise en œuvre. Les Délégués des Ministres se félicitent en particulier que des consultations et des échanges croissants aient lieu entre le Commissaire aux Droits de l’Homme du Conseil de l’Europe et les institutions de l’Union européenne, y compris au plus haut niveau. Ce dialogue ne peut que contribuer à renforcer les synergies dans l’action que les deux organisations mènent en vue de protéger et promouvoir les droits de l’homme. Un autre motif de satisfaction est le développement de contacts plus réguliers et plus substantiels entre la Direction Générale des Droits de l’Homme et des Affaires juridiques du Conseil de l’Europe et les différentes institutions de l’Union européenne. Le fait que ces contacts ont abouti à ce que le Secrétariat du Conseil de l’Europe soit consulté sur des projets d’instruments juridiques en cours de discussion au sein de l’Union européenne mérite tout particulièrement d’être souligné. Sans qu’elles servent de frein à la dynamique communautaire, ces consultations formelles et informelles vont dans le sens de l’harmonie et de la sécurité juridiques que le rapport Juncker appelait de ses vœux et ne peuvent qu’être encouragées. 12. Au-delà des avancées déjà effectuées, des progrès peuvent encore être faits. Comme le Commissaire aux Droits de l’Homme l’a relevé dans une note de réflexion qu’il a présentée aux Délégués des Ministres, il conviendrait en particulier de développer, chaque fois que cela est possible, la pratique de consultations précoces sur les questions liées aux droits de l’homme, notamment en ce qui concerne la fourniture d’une contribution à la préparation des travaux législatifs internes à l’Union européenne. Il s’agit d’un axe important de développement de la coopération sur lequel des avancées significatives pourraient raisonnablement être obtenues d’ici l’an prochain. Un autre domaine

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d’amélioration concerne la meilleure prise en compte des conclusions et recommandations formulées par le Commissaire à l’issue de ses visites sur le terrain lorsqu’on définit les programmes conjoints Conseil de l’Europe/Union européenne de coopération et d’assistance dans les pays concernés, en plus de l’attention qui est portée aux conclusions des autres mécanismes du Conseil de l’Europe dans le domaine des droits de l’homme. 13. Quant à la Recommandation n° 4, les Délégués se félicitent de l’adoption récente par le Conseil de l’Union européenne de l’Accord de coopération entre la Communauté européenne et le Conseil de l’Europe concernant la coopération entre l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne et le Conseil de l’Europe. La voie est ainsi ouverte au développement de synergies entre l’Agence et notre Organisation. Il s’agit maintenant de traduire cette volonté dans la réalité. Un échange de vues aura lieu prochainement à ce sujet avec le Directeur nouvellement élu de l’Agence. Une rencontre est également prévue avec la personnalité indépendante désignée par le Conseil de l’Europe pour siéger au sein des organes de l’Agence. Un bilan de la coopération sera ultérieurement effectué en vue de la prochaine Session ministérielle. 14. Les Délégués se félicitent des développements enregistrés quant à la Recommandation n° 7 invitant à ce que « la coopération entre les deux organisations dans le cadre de la Politique de voisinage de l’Union européenne se concentre sur les États membres du Conseil de l’Europe et le Bélarus (…). Dans la mise en œuvre de cette politique, comme pour celle du Processus de stabilisation et d’association de l’Union européenne, les programmes conjoints seront les vecteurs privilégiés de la coopération des deux organisations, qui les concevront et les évalueront en commun ». Un récent rapport1

détaille l’étendue de la coopération menée avec l’ensemble des États membres du Conseil de l’Europe, soit 80 projets menés depuis 1993. Trente neuf projets sont en cours actuellement […]. Des négociations sont également en cours pour finaliser 17 autres propositions, dans un dialogue continu avec les autorités des pays bénéficiaires. 15. En pratique, la plupart des autres recommandations du rapport Juncker ont connu une forme de traduction dans le cadre du Mémorandum d’accord, dont la mise en œuvre est en cours. […]C. Recommandations visant spécifiquement l’Union européenne 16. En ce qui concerne la question de l’adhésion de l’Union européenne à la Convention européenne des Droits de l’Homme, évoquée dans la Recommandation n° 1 du rapport Juncker, on doit se féliciter que le Traité de Lisbonne pose désormais la base juridique pour cette adhésion. […] Quant à l’adhésion de l’Union européenne au statut du Conseil de l’Europe, que Monsieur Juncker aborde dans sa Recommandation n° 15, elle reste, selon ses propres termes, un objectif à plus longue échéance. Conclusion 17. Deux ans après la remise du rapport Juncker, des avancées, parfois significatives, ont été effectuées dans la mise en œuvre de celui-ci. Les recommandations visant les organes du Conseil de l’Europe – Comité des Ministres et Secrétaire Général - ont fait l’objet de décisions qui ouvrent la voie au rehaussement de son profil politique et à la mise en place d’un véritable partenariat avec l’Union européenne dans le sens de ce que le Premier Ministre Juncker appelait de ses vœux. Il importe désormais qu’une volonté politique commune de pleinement mettre en œuvre ces décisions accompagne le mouvement. Au niveau opérationnel, les échanges et la coopération entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne progressent aussi, comme en atteste la mise en œuvre du Mémorandum d’accord entre les deux organisations. Cette dynamique doit être amplifiée pour parvenir à une avancée qualitative significative dans la coopération, par exemple en matière de consultations dans le domaine normatif. […]

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6.

« L’AGENCE EUROPÉENNE DES DROITS FONDAMENTAUX NE RIVALISE PAS AVEC LE PROJET

DES ÉCOLES D’ÉTUDES POLITIQUES »

Jack Hanning

Secrétaire Général de l’Association Européenne des écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe (AEEEP) depuis juillet 2008, Jack Hanning (RU) a fait ses études à Malvern et Oxford et parle couramment quatre langues. Il a consacré toute sa carrière à l’Europe d’abord comme professeur, traducteur, et journaliste et ensuite comme haut fonctionnaire Au Conseil de l’Europe il a dirigé le Service de Communication avant d’être nommé Directeur des Relations Extérieures de l’Organisation. Il a enseigné à l’Université de Strasbourg et à l’Université de Syracuse. Aujourd’hui il est Représentant du Mouvement Européen International à Strasbourg et consultant en relations internationales.

http://www.schoolsofpoliticalstudies.eu/bureau.aspx

Entretien : Denis RollandTranscription : Marie Neihouser

Quel itinéraire vous a conduit à être aujourd’hui le Secrétaire général de l’Association des Écoles politiques ?

Je suis né au Royaume-Uni, j’ai commencé ma vie dans le professorat, en tant qu’enseignant de langues vivantes, espagnol et français. J’ai transité par la traduction et le journalisme vers le Conseil de l’Europe. J’ai passé une trentaine d’années au Conseil de l’Europe où j’ai notamment dirigé le service Communication du Conseil de l’Europe. Par la suite, j’ai aussi dirigé, durant mes sept dernières années dans l’institution, le service des Relations extérieures.

Quelle a été votre première relation avec les Écoles d’études politiques ?J’étais avec Catherine Lalumière quand elle a rencontré Lena

Nemirowskaya à Moscou, dans son appartement, lors d’une des premières visites du Conseil de l’Europe en février ou mars 1990.

Et votre première expérience concrète de ces Écoles ?Je suis intervenu de temps en temps, avant même que n’existe l’Université

d’été, quand il y avait des Écoles individuelles qui venaient à Strasbourg. Je me souviens une fois être allé en Allemagne, je ne sais pas exactement pourquoi. Mais, de l’autre côté de la frontière, il y avait une réunion où Sonja

Page 117: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

Licht était là, avec l’École de Belgrade1. Je suis donc intervenu de cette façon, de temps en temps.

Lorsque j’ai quitté le Conseil de l’Europe, on m’avait parlé de la création de cette association et j’étais très heureux d’en être un des membres fondateurs. Quand on m’a demandé d’en être le Secrétaire général, j’ai tout de suite accepté, parce que je considère que les Écoles individuellement et le réseau des Écoles, est quelque chose de très important qui vaut la peine d’être appuyé par le plus grand nombre de personnes. Si je peux, d’une façon ou d’une autre, aider à leur pérennisation, je m’en réjouirai.

Certains ignorent ce que ce sont les Écoles d’études politiques, y compris parfois au sein du Conseil de l’Europe. N’existe-t-il pas un problème de communication et/ou de visibilité du Conseil de l’Europe - et des Écoles elles-mêmes ?

Je suis bien placé pour vous dire qu’il y a un problème de communication au Conseil de l’Europe. La communication à propos de l’Europe en général et de l’identification des choses qui y sont faites est problématique.

Il y a des difficultés à faire connaître les Écoles et le réseau auprès des parlementaires, des parlementaires européens et à d’autres instances qui devraient les connaître. En revanche, les parlementaires de l’Assemblée parlementaire (APCE) devraient être au courant car il y a eu deux rapports récents, dont un lors de la dernière session, de M. Gross2, dans lequel on mentionne très spécifiquement les Écoles d’études politiques comme un des éléments de la stratégie préconisée par les membres de l’Assemblée parlementaire pour promouvoir la Démocratie.

Comme tout ce qui concerne la communication sur l’Europe, et le Conseil de l’Europe en particulier, c’est un travail qui doit être fait, refait et à nouveau refait parce que c’est très difficile de faire passer un message, que ce soit auprès des médias, des parlementaires ou des représentants des gouvernements présents à Strasbourg.

Je parlais, il y a peu, avec quelques diplomates des représentations permanentes [auprès du Conseil de l’Europe] : tous ne sont pas au courant de la nature de ce projet…

Le Conseil de l’Europe souffre de la multiplicité de ses activités. C’est de fait très difficile pour chaque individu de savoir tout ce qui se passe dans cette organisation !

Que diriez-vous aux sceptiques qui disent que le Conseil de l’Europe est une institution presque morte née, parce qu’elle a été créée avec un objectif politique qui a finalement été largement évacué des processus d’intégration européenne ? À quoi sert le Conseil de l’Europe ?

1. Sans doute le séminaire final (traditionnellement en Forêt noire ou dans les Vosges) des formations annuelles, toujours à proximité de Strasbourg (avant que ne soit créée l’Académie d’été du Conseil de l’Europe, rassemblant toutes les Écoles simultanément pour le dernier séminaire au Conseil de l’Europe. 2. Andreas Gross (Suisse, Groupe socialiste), Commission des questions politiques de l’Assemblée parlementaire.

Page 118: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

Vous soulevez plusieurs questions. Mort né, cela ne l’était pas. Handicapé, cela l’a certainement été. Lors de la création du Conseil de l’Europe, s’il n’y avait pas eu ces

difficultés qui rendirent difficile la progression rapide vers l’intégration européenne, c’est certain qu’il n’y aurait pas eu la création, à l’extérieur du Conseil de l’Europe, de la première communauté pour le charbon et l’acier (CECA). Il y avait eu un débat interne au Conseil de l’Europe pour la créer, mais cela n’a pas marché. Plus tard, il y a eu deux tentatives parallèles d’intégrer l’Europe ou de l’unifier, pour utiliser une terminologie politiquement correcte.

Il est clair cependant que, dès les années 1950, le Conseil de l’Europe a eu un rôle très spécifique à jouer ; et il continue à avoir un rôle très spécifique à jouer. Et cela parce que, le 6 novembre 1950, on a adopté à Rome la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Imaginez qu’on est seulement, en 2010, en train de commencer le processus pour l’adhésion de l’Union européenne à la Convention européenne des Droits de l’homme ! Alors, dire que le Conseil de l’Europe ne sert à rien est inexact ! Que l’on ait, peut-être, restreint un certain nombre d’activités qui pourraient être faites autre part, cela est vrai. Mais il faut regarder l’ensemble des organisations européennes.

Si vous comparez le Conseil de l’Europe avec l’OSCE, par exemple, il y a énormément d’activités de part et d’autre ; certaines font parfois double emploi… Mais à qui incombe la faute? La faute incombe essentiellement aux gouvernements ! Dans le cadre de l’OSCE, c’est un gouvernement nord-américain qui a refusé de limiter les capacités de l’OSCE, hors du Conseil de l’Europe, parce que ce gouvernement voulait être libre de faire ce qu’il voulait dans le cadre de l’OSCE ! C’est donc une question très complexe…

Pour revenir à votre question, c’est vrai que, depuis la création de la première communauté européenne, le Conseil de l’Europe n’a pas été le principal vecteur, ni pour l’unification, ni pour l’intégration européenne. Mais il a joué un rôle, tant avant 1989 qu’après. Aujourd’hui encore, il continue à jouer ce rôle parce que c’est la seule organisation européenne où l’on retrouve, par exemple, la Russie et la plupart des ex-républiques d’URSS.

Et, malheureusement, je crains que le Conseil de l’Europe ne doive continuer à jouer ce rôle pendant assez longtemps. Ce serait beau de croire qu’un jour tout le monde pourrait entrer dans l’Union européenne ! Mais je ne pense pas que cela se terminera ainsi avant plusieurs générations…

L’Union européenne a créé en 2007 à Vienne l’Agence européenne pour les droits fondamentaux. Or cette structure de coopération reprend pour les droits de l’homme certains schémas du Conseil, notamment ceux des Écoles d’études politiques. Cela ne pose-t-il pas problème ?

Je ne pense pas que l’existence de cette Agence des droits fondamentaux menace ou rivalise avec le projet des Écoles d’études politiques.

Il y a deux problèmes.

Page 119: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

- La première critique possible tient à l’élaboration de la Charte des Droits fondamentaux : son élaboration par les 27 n’est toutefois pas différente de l’élaboration d’une charte ou d’une constitution d’un pays qui peut, s’il le souhaite, aller beaucoup plus loin dans la défense des droits fondamentaux. Dans un groupe de pays donné, cela ne me choque pas : au contraire, je trouve que c’est très bien d’essayer d’aller plus loin et d’être efficace. Je pense que les instances qui se créent autour de cette charte ne font pas double emploi avec le Conseil de l’Europe. - La deuxième crainte est qu’il n’y ait pas deux instances juridictionnelles qui émettent des avis sur les droits fondamentaux, car cela pourrait mener à des doubles standards en matière de droits de l’homme. Je ne suis pas juriste, mais on m’a dit qu’on a pris les mesures nécessaires pour que cela n’arrive pas. L’adhésion de l’Union européenne à la Convention européenne des droits de l’Homme aidera à éviter de tels pièges à l’avenir.

N’y a-t-il pas un risque que cette Agence de l’Union pour les droits fondamentaux aspire les crédits qui transitaient jusqu’alors par le Conseil de l’Europe, notamment vers les Écoles d’études politiques ?

Je ne pense pas qu’il y ait de lien de cause à effet entre le financement par la Commission et la volonté de la Commission de mettre fin à l’actuelle forme de financement des Écoles d’études politiques par l’Union européenne. En outre, en matière budgétaire, le financement bien plus important de l’Agence des droits fondamentaux à Vienne est sans commune mesure avec celui pour les droits fondamentaux donné au Conseil de l’Europe.

Par contre, je pense qu’il y a éventuellement d’autres formes de financements. Actuellement, si j’ai bien compris, les Écoles d’études politiques sont financées sur un chapitre dans lequel la Commission considère qu’au bout d’un certain nombre d’années, le projet qu’elle finance doit voler de ses propres ailes. En théorie, c’est très beau, mais il y a un certain nombre de projets qui nécessitent un financement continu. J’espère que, si ce n’est en 2011, il y aura, en 2012 peut-être, d’autres sources de financements auprès de l’Union européenne, sous une forme ou sous une autre. Le montant dépensé pour les Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe est dérisoire par rapport aux montants utilisés dans d’autres domaines ; et notamment ceux pour les droits de l’homme et cette Agence des droits fondamentaux de Vienne !

A quoi sert l’Association des Écoles d’études politiques dont vous êtes le Secrétaire général ?

Cette idée est venue des directeurs des Écoles. Premièrement, ces derniers voulaient donner une forme plus concrète au

réseau existant. Le réseau est un petit peu virtuel, dans la mesure où il fonctionne par des liens informatiques et par des réunions ponctuelles entre Écoles et à Strasbourg. Bien entendu, le réseau se crée et se concrétise avec l’Université d’été et les réunions entre directeurs d’écoles - trois fois par an.

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Parallèlement, je crois qu’individuellement, les Écoles ne se sentaient pas très impliquées, par exemple dans l’élaboration de l’Université d’été.

En travaillant en réseau, ils ont désormais une voix qui peut s’exprimer aussi à travers l’association, laquelle, bien entendu, travaille de très près avec le Conseil de l’Europe parce que nous sommes intéressés à promouvoir les intérêts des Écoles, à la fois individuellement et collectivement, dans le cadre de l’Association. Une des raisons de la création de cette Association était donc de donner une forme et une voix aux Écoles, collectivement.

Deuxièmement, ils voulaient essayer de réunir des appuis politiques et financiers pour les Écoles.

Nous n’en sommes pour l’instant qu’au début. Nous sommes une petite association, créée dans un cadre du type de celui créé par la Loi de 19011, une association de droit local alsacien. Mais nous avons commencé : nous avons réuni quelques fonds et parvenons, par exemple, à aider à maintenir le secrétariat pour les Écoles d’études politiques quand les moyens manquent désormais au Conseil de l’Europe.

Nous travaillons avec des situations qui sont très regrettables et avec des sommes d’argent vraiment réduites. Le Conseil de l’Europe, parfois, se retrouve dans une situation où il ne peut même plus payer une secrétaire pour donner l’assistance indispensable aux Écoles ou au Secrétariat général du Conseil de l’Europe.

Y a-t-il une difficulté à exporter une gouvernance démocratique de l’Europe ? Parce cela est au cœur des Écoles d’études politiques, l’Europe, et le Conseil de l’Europe en particulier, ont-ils une vision particulière de l’exportation de la démocratie ?

Je crois qu’il faut faire une distinction entre deux choses. Le rôle des Écoles d’études politiques est essentiellement un rôle en Europe. Il est très semblable au rôle du Conseil de l’Europe. Il faut partir du fait que les pays où il y a des écoles sont tous des pays qui font partie du Conseil de l’Europe. Chaque pays a fait un choix d’adhérer à une organisation fondée sur un certain nombre de valeurs démocratiques qui se résument aux trois concepts d’État de droit, de protection des droits de l’Homme et de la démocratie.

Là, ce n’est pas une question d’exportation, c’est une question d’implantation d’idées qui ont été acceptées sur la base du volontariat par les différents pays membres. Les Écoles d’études politiques sont quelque chose d’important parce que ce sont des initiatives prises dans les différents pays où elles existent, par des individus agissant sous forme d’organisations non gouvernementales, donc indépendamment des pouvoirs publics.

Les participants aux séminaires et aux activités de ces écoles, qui ont déjà une vie professionnelle, sont des gens qui ont dit : « Moi, je veux y aller ».

1. Les associations qui ont leur siège social dans les trois départements d’Alsace et de Moselle ne relèvent pas de la loi de 1901 mais de celle de 1908 : un code civil local issu de la loi allemande. Une association, quel que soit son objet, qui a son siège dans l’un de ces trois départements est obligatoirement soumise au régime juridique du droit local. Cf. par exemple http://www.associations.gouv.fr/article.php3?id_article=631.

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Dans beaucoup de pays, il y a trop de candidats. Je trouve cela merveilleux parce que, vous et moi, nous avons été à l’école ; on nous a dit : « Il faut faire telle et telle matière ». Mais quand ce sont des gens qui sont dans la vie professionnelle et qui, de leur propre chef, ont décidé de faire ces études-là, je dis « chapeau ». C’est quelque chose d’extrêmement fort et positif pour l’implantation des valeurs défendues par le Conseil de l’Europe et pour lesquelles leur pays a opté en adhérant au Conseil de l’Europe.

Le deuxième volet, c’est un aspect différent, c’est l’exportation. Exporter, cela signifie essayer de faire accepter les valeurs européennes en dehors de l’Europe. Je crois que l’on n’arrivera jamais à faire accepter les idées démocratiques s’il n’y a pas la volonté de tel ou tel pays d’accepter ces valeurs parce qu’il considère que c’est la meilleure façon de gérer la société, la vie politique et la vie juridique. Cela, on ne peut pas l’appréhender de la manière dont l’a fait M. Bush : on n’arrive pas en Irak ou en Afghanistan en disant : « Vous allez vous démocratiser ! ». Cela ne fonctionne pas ainsi !

Si l’on veut implanter la démocratie, c’est à travers l’éducation, la formation, des démarches qui donnent goût à ce genre de système qu’il faut le faire. On ne peut pas imposer la démocratie par la force : c’est une contradiction totale !

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7.

« L’UNION A BESOIN, DANS CERTAINS DOMAINES, DU CONSEIL »

Nicola E. CangemiHead of the Human Rights Law and Policy Division

Chef de la Division du droit et de la politique des droits de l’homme, Conseil de l’Europe / Conseil de l’Europe

Entretien : Denis Rolland1

Transcription : Marie Neihouser

Pouvez-vous me parler de cette relation qui n’est pas toujours simple du Conseil de l’Europe avec l’Union européenne, notamment à propos des Écoles d’études politiques du Conseil ?

Je ne suis peut-être pas la personne la mieux placée pour parler de ce type de relation, surtout financière. Du fait de ma fonction, - je suis chef de la direction politique des droits de l’homme -, je m’occupe de deux aspects.

D’une part, celui-ci étant de nature purement intergouvernementale, Je suis responsable de l’organisation de comités d’experts des droits de l’homme, y compris du comité qui travaille actuellement sur la question de l’adhésion de la Commission européenne à la Convention européenne des droits de l’homme.

D’autre part, je suis responsable des relations extérieures en matière de droits de l’homme. Je suis, par exemple, la « personne-contact » au sein du Conseil de l’Europe avec l’Agence européenne des droits fondamentaux (FRA) et avec les Nations Unies. En conséquence, j’assiste à l’évolution budgétaire de l’organisation, mais je ne peux pas, personnellement, tracer un lien de causalité entre la non-croissance du budget du Conseil de l’Europe et telle ou telle ligne budgétaire de l’Union européenne.

Pour ce qui est des Écoles d’études politiques, je dois avouer que je ne les connais que de nom. Je n’ai jusqu’à présent pas eu l’opportunité d’entrer en contact avec ces Écoles. Je ne connais donc pas précisément leur situation financière.

1. Le 8 septembre 2010.

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Considérez-vous que ces Écoles d’études politiques pourraient être mieux insérées ou valorisées au Conseil de l’Europe ?

Je n’ai pas vraiment d’éléments pour répondre. Je ne connais pas le programme : je ne sais donc pas si d’autres directions, comme la Commission de Venise ou la Direction de la coopération au sein de la Direction générale des droits de l’homme et des affaires juridiques sont impliquées ou pas.

Dans la relation entre le Conseil de l’Europe et l’Agence des droits fondamentaux, on a beaucoup parlé de recoupements possibles d’activités. Des députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe se sont exprimés avec inquiétude sur la création de cette Agence. Qu’en pensez-vous ?

Je dirais que c’est une situation en évolution constante. Il est clair qu’au moment où la question de l’Agence a été envisagée, cela a pu soulever des inquiétudes légitimes chez les uns et les autres à propos des compétences de l’Agence, de ses relations avec le Conseil de l’Europe, avec la Cour européenne des droits de l’homme… Je ne sais pas si la crainte était légitime, mais le fait de se poser des questions l’était.

Je vis au quotidien les relations entre le Conseil de l’Europe et l’Agence et je constate qu’aujourd’hui cette crainte n’a plus de raison d’être. C’est un problème qui a été entériné par l’Assemblée [APCE] par le rapport qu’elle est en train de discuter, et de voter ou non à la prochaine session, dans lequel il est fait état des inquiétudes initiales, mais qui témoigne, du moins selon la lecture que j’en fais, de la réalité et du quotidien qui est tout autre.

Une fois que les règles du jeu ont été établies, on est arrivé à une bonne coopération. On fait des choses différentes, sur la base des différents instruments juridiques qui sont les nôtres, et de nos différents statuts. Le règlement fondateur de l’Agence indique clairement quelles sont ses compétences – la collecte de données, la production d’avis…–, des éléments qui peuvent aider la politique de développement de l’Union européenne mais aussi la nôtre. En effet, nous utilisons ces productions à l’Assemblée.

Par exemple, dans mon autre volet professionnel qui concerne la coopération gouvernementale, j’ai été le secrétaire du comité qui s’est occupée de la récente recommandation du Comité des Ministres [du Conseil] qui vise à combattre la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Dans le comité d’experts, au sein duquel l’Agence avait une place d’observateur, elle a participé à nos réunions, elle a partagé avec nous les conclusions de son rapport sur le domaine. Le rapport de l’Agence fait donc partie des sources qui sont à la base et qui sont mentionnées dans le rapport explicatif de la recommandation et des soucis qui ont été pris en compte dans la recommandation.

Après cela, on a continué à travailler ensemble. Il y a des programmes joints qui se développent dans ce domaine comme dans d’autres. Ceci montre que la crainte était plus théorique que concrète. Bien sûr, comme dans toute coopération entre organisations, il peut y avoir de petits points

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problématiques. On peut toujours trouver des difficultés. Mais ce ne sont pas des difficultés liées à la manière dont l’Agence a été construite, car ce sont plutôt des difficultés ponctuelles totalement dissociées des relations générales entre les deux entités qui sont, quant à elles, excellentes.

Aujourd’hui effectivement, l’Agence pour les droits fondamentaux a un mandat limité, pour l’essentiel, à la compilation de données. Le Conseil de l’Europe va bien au-delà de ces attributions, y compris géographiquement. Il travaille beaucoup plus activement, en particulier dans les pays de la politique de voisinage.

Bien sûr. Contrairement au Conseil de l’Europe, l’Agence n’a pas de compétences dans le domaine normatif ; ni dans le domaine du monitoring au sens strict du terme : évaluer la compatibilité des mesures à certains critères, mais aussi envisager des actions politiques ou publiques vis-à-vis d’un État qui ne respecterait pas certaines dispositions des différents instruments juridiques. Les deux organisations occupent donc des domaines différents, mais qui se complètent très bien. Le monitoring n’en sera que meilleur, dans la mesure où l’on aura des outils d’analyse complets et à jour, comme le sont souvent les documents de l’Agence, en ce qui concerne les 27 États membres de l’Union européenne.

N’y a-t-il pas au moins un risque de recoupements de compétences entre l’Agence et le Conseil pour l’action des Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe dans les deux pays déjà membres de l’Union, la Bulgarie et la Roumanie – et dans ceux, comme la Croatie, qui y rentreront un jour ?

En général, non. Mais en ce qui concerne l’activité des Écoles, je ne me sens pas en mesure de donner une réponse en toute connaissance de cause. Je ne vois cependant pas en quoi ce cas particulier pourrait être une exception. L’Agence couvre les 27 États membres sans aucunes distinction, le Conseil de l’Europe a ses propres activités dans 47 États, je vois difficilement une difficulté spécifique liée aux cas roumain et bulgare.

D’une manière générale, le Conseil de l’Europe dépend, pour beaucoup de ses activités, des financements de l’Union européenne. Comment percevez-vous cette relation ?

Dans certains domaines tels que les coopérations de terrain, le cofinancement de l’Union européenne est primordial. Je ne vois pas en quoi cela pourrait poser un problème dans la mesure où le Conseil de l’Europe garde et a toujours gardé son indépendance dans le choix des actions qu’il mène et qu’il propose à l’Union de cofinancer. De ce point de vue, je trouve au contraire que renoncer à cette source de financements n’apporterait aucun avantage. Si les moyens financiers de l’Union sont le seul moyen de mener à bien les activités pour diffuser les standards européens et éviter qu’ils ne restent des textes, je ne vois pas en quoi y recourir devrait poser un problème.

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Comment voyez-vous, en général, l’avenir de la relation entre le Conseil et l’Union, sachant qu’il y a eu dans le passé des responsables au Conseil de l’Europe pour qui la relation à l’Union était complexe ?

La relation est complexe par nature. Quand on a 47 États membres dont 27 sont, par ailleurs, membres d’une autre organisation ! La complexité est dans la nature des choses. Pour ma part, je vois une amélioration constante et progressive des relations de coopération avec l’Union européenne.

J’ai la chance de m’occuper des travaux concernant l’adhésion de la Commission européenne à la Convention européenne des droits de l’homme, or, cette adhésion montre clairement qu’il existe un besoin réciproque. Ce n’est pas uniquement le Conseil de l’Europe qui a besoin de l’Union européenne, c’est aussi l’Union qui a besoin, dans certains domaines, du Conseil. En adhérant à la Convention, elle a l’occasion de soumettre son système et ses actes, en ce qui concerne la protection des droits de l’homme, à une entité extérieure, ce qui n’existait pas auparavant. Je pense donc qu’il y a de plus en plus une compréhension réciproque de ce que les deux organisations peuvent réciproquement faire et partager. Je suis assez optimiste de ce point de vue.

Que donneriez-vous en exemple si on vous demandait de citer une action particulièrement brillante du Conseil de l’Europe ces dernières années en matière de droits de l’Homme ?

Tout dépend de ce que vous entendez par « dernières années ». Si je m’en tiens à l’année dernière, la Recommandation sur les mesures

contre les discriminations en fonction de l’orientation sexuelle et sur l’identité des genres est un instrument novateur exceptionnel ! C’est le premier instrument au monde grâce auquel les États se sont engagés, par l’intermédiaire d’une recommandation adressée aux États membres mais rédigée et approuvée par eux, à se fixer un certain nombre de standards qui se basent sur la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme. Ils ont aussi accepté que, dans trois ans, il y ait une révision de la manière selon laquelle la recommandation a été mise en œuvre dans les États membres dans un domaine qui est, d’un point de vue de la législation, même s’il ne s’agit que d’une Recommandation, complètement nouveau.

Si vous remontez un peu plus loin dans le temps, il y a eu toutes les tentatives faites pour améliorer le fonctionnement de la Cour européenne des droits de l’Homme. Aujourd’hui, parallèlement à l’adhésion de la Commission européenne à la Convention européenne des droits de l’Homme, l’autre grand chantier est la réforme de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Il y a aussi de gros projets en cours. En ce qui concerne les droits de l’Homme, il y a eu de grandes réussites ces dernières années comme la Convention sur l’accès aux documents publics, adoptée il y a deux ans, et qui, si elle est encore méconnue, introduit comme principe fondamental le droit de chaque citoyen à l’accès aux documents publics dans certaines conditions

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dans les États membres. Elle prévoit également la mise en place d’un suivi. Tous les nouveaux instruments, y compris ceux touchant le droit pénal, la Convention sur la traite des êtres humains, la Convention sur la prévention du terrorisme, prévoient des mécanismes de suivi. Cela permet d’assurer que dans le temps les États qui s’engagent à adhérer à ces conventions acceptent d’être monitorés dans les domaines qu’elles touchent. On a fait de grands pas en avant !

Aujourd’hui encore, plus de soixante ans après la création du Conseil, il y a encore des choses à faire. Pendant que l’on discute d’entreprises aussi importantes que celles de l’adhésion de l’Union à la CEDH ou de la réforme de la Cour, on réfléchit aux domaines dans lesquels on pourrait agir à l’avenir.

Y a-t-il, au sein du Conseil, des États « bons » élèves et d’autres qui le sont moins en matière de droits de l’homme ?

Ce n’est pas une question simple. On ne peut pas raisonner en termes de « bons » et « mauvais » élèves pour ce qui est du respect des droits de l’homme.

Si on s’intéresse aux statistiques de la Cour, on peut vérifier quels sont les États qui ont le nombre le plus élevé de cas devant la Cour. Cependant, cela ne veut pas forcément dire grand-chose car il peut s’agir de cas répétés ou concernant un seul aspect en particulier. Très souvent, on remarque qu’il peut exister pour chaque État, des difficultés liées à des questions spécifiques. La position des États change d’une question à l’autre.

Personnellement, en suivant la négociation de ces instruments, je constate qu’il y a des domaines dans lesquels certains États sont beaucoup plus progressistes que d’autres, alors que dans un domaine différent, ils sont « en retard ». Il y a un aspect thématique très important qui montre combien tous les États sont différents en ce qui concerne le respect des droits de l’Homme.

Que répondriez-vous aux détracteurs du Conseil de l’Europe qui disent que le Conseil n’a pas force pour faire appliquer les normes et recommandations qu’il produit ?

Je ne sais pas si on n’a pas la force pour les faire appliquer... Il reste sans doute de difficultés, mais nous avons appris progressivement à peaufiner nos instruments, de façon à ce qu’on détienne toujours plus cette force.

Quand je dis que les dernières recommandations prévoient des mécanismes de suivi, c’est fait pour s’assurer qu’il ne s’agisse pas seulement d’une création de norme qui se limite à elle-même, mais pour qu’elle puisse avoir un impact. Évidemment, il faut aussi, par la suite, pouvoir assumer ce suivi : par exemple, par l’intermédiaire de programmes de coopération qui permettent de garantir qu’un État puisse agir en fonction des textes adoptés. Si on ne peut pas mettre en place de tels programmes pour aider un État souhaitant améliorer sa législation dans un domaine, il y a quelque chose qui ne va pas. C’est pourquoi nous nous efforçons de plus en plus de développer ces programmes de suivi. On essaie de ne pas faire des choses que l’on n’est

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pas capables de contrôler par la suite. On s’assure dès le début que l’on aura des moyens pour assurer un certain degré de suivi.

Publiciser l’existence de ces instruments, les moyens étant ce qu’ils sont, est de même très important. Cela se fait donc, y compris à l’aide des différents individus ou organisations qui participent à la rédaction de ces documents. Très souvent, nous nous appuyons sur les réseaux d’organisations non gouvernementales qui participent, en tant qu’observateurs, aux comités d’experts pour, par la suite, organiser des séminaires dans tel ou tel pays, pour parler de la recommandation en question, pour l’expliquer, expliquer son contenu et ce qu’elle prévoit. Pour cela, on les aide, à la traduction par exemple, selon nos moyens.

Les pays d’Europe occidentale financent-ils assez le Conseil de l’Europe ? La France, par exemple, à qui certains ont reproché de ne pas être assez investie dans une institution européenne établie sur son territoire ?

Je ne peux pas donner un jugement de valeur sur les contributions des différents États au financement du Conseil… Et surtout pas en les comparant à celles faites à d’autres organisations !

Je pense que l’important est que le Conseil de l’Europe soit capable de montrer ce qu’il peut et sait faire. S’il y réussit, les financements en découleront. Si le Conseil a de bonnes initiatives, les États suivront.

Page 128: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

8.

« C’EST AUSSI AU CONSEIL DE L’EUROPE DE FIXER SES PRIORITÉS »

Guy De Vel1

Membre du Conseil d’Administration de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne,

Ancien Directeur Général des affaires juridiques du Conseil de l’Europe

Entretien : Denis RollandTranscription : Marie Neihouser

Par votre carrière, vous êtes, de fait, une articulation entre le Conseil de l’Europe et l’Agence des Droits fondamentaux ?

J’ai travaillé pendant 35 ans au Conseil de l’Europe, occupant au fil du temps une dizaine de postes différents au sein de cette institution. Ma dernière fonction a été celle de Directeur général des Affaires juridiques. En 2007, six mois après ma retraite, j’ai été élu par le Comité des Ministres comme membre, au titre du Conseil de l’Europe, du Conseil d’administration et du Bureau exécutif de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne qui venait d’être créée. Je siège dans ces deux organes en tant que « personnalité indépendante », ne recevant d’instructions ni du Conseil de l’Europe, ni de l’Agence des droits fondamentaux.

Je tâche d’assumer au mieux mon rôle tel que je le conçois; non seulement favoriser autant que possible la complémentarité entre les deux institutions en évitant les doubles emplois et en créant des synergies; mais au delà promouvoir des projets joints.

Le Conseil possède une longue expertise en matière de Droits de l’Homme, notamment depuis 1992 au-delà des frontières de l’actuelle Union. La création de l’Agence pour les droits fondamentaux par l’Union ne pose-t-elle pas problème ?

1. Les vues exprimées ici n’engagent que la seule responsabilité de l’auteur et ne reflètent pas la position de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne.

Page 129: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

Cette création a, en 2006-2007, fait couler beaucoup d’encre et a provoqué pas mal de tensions entre l’Union Européenne et le Conseil de l’Europe, surtout, son Assemblée parlementaire.

Les craintes formulées à l’époque se sont heureusement avérées non fondées et l’on peut espérer que dans la future Recommandation que l’Assemblée est censée adopter sur l’Agence des droits fondamentaux lors de sa prochaine session, en octobre, il sera tenu compte de la bonne coopération qui s’est développée.

Cependant, dans un premier temps, ma tâche n’a pas été facile puisqu’il y avait une certaine méfiance de part et d’autre .[…] J’ai eu la chance d’avoir la confiance du Comité des Ministres et de mes ex-collègues du Conseil de l’Europe, mais aussi d’avoir, comme représentants de la Commission au sein des organes de l’Agence dans lesquels je siège, des personnes que j’avais beaucoup fréquentées lorsque j’occupais les fonctions de Directeur Général des affaires juridiques au Conseil de l’Europe. Cela a beaucoup facilité les choses. J’ai donc pu exercer mes fonctions à l’Agence en étroite coopération tant avec la Commission qu’avec le Conseil de l’Europe.

Nous sommes aujourd’hui arrivés à un stade où nous avons des projets joints entre l’Agence et le Conseil. J’en ai fait rapport au groupe de travail du Comité des Ministres, compétent en la matière, en juillet. Ces projets joints ne sont pas des moindres ; l’un est avec le Commissaire aux droits de l’Homme sur « Homophobie, transphobie et discrimination fondées sur l’orientation sexuelle et l’identité sexuelle » et l’autre est avec la Cour Européenne des Droits de l’Homme sur la sélection et la publication, en plusieurs langues, d’extraits de jugements et d’arrêts clés de celle-ci en matière de non-discrimination. Ce sont des projets ambitieux ! L’on peut espérer qu’il y en aura d’autres à l’avenir ; dans mes fonctions je serai heureux de pouvoir les encourager.

Les choses ont donc évolué dans le bon sens et les craintes formulées lors de la création de l’Agence ne se sont pas avérées fondées. Bien sûr, il pourrait y avoir des problèmes dans le futur, mais essayons de travailler ensemble ! Ce qui est important c’est qu’une coopération « au quotidien » se soit établie et développée entre les divers secteurs du Secrétariat du Conseil de l’Europe et l’Agence - et cela devrait continuer.

Dans cet ouvrage, certains expriment leur inquiétude face aux recoupements potentiels d’activité entre le Conseil et l’Agence des droits fondamentaux. Aujourd’hui, l’Union se pose la question de l’arrêt du financement au programme des Écoles1. Le réseau des Écoles politiques se sent menacé par un ajustement financier. N’a-t-on pas là une zone de friction entre l’Union et le Conseil ?Je crois que le financement des Écoles d’études politiques n’a strictement rien à voir avec le financement de l’Agence des droits fondamentaux.1. Parce qu’il est à échéance et que, sur ce type de programme, les institutions concernées ou le Conseil devraient désormais agir seul.

Page 130: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

C’est effectivement un financement minime par rapport à celui de l’Agence des droits fondamentaux…Oui mais il n’y a aucun rapport. Les bases juridiques et les sources de financement de la part de l’Union européenne sont différentes. C’est la première fois que j’entends ce rapprochement et je crois qu’il n’est pas justifié. Je sais que le Conseil de l’Europe, et pas seulement les Écoles d’études politiques, souffrent du manque de moyens budgétaires. J’en ai assez pâti, surtout durant mes onze dernières années à la Direction Générale des Affaires juridiques, dans un domaine considéré, avec celui des droits de l’homme comme « hautement prioritaire ».

Il appartient en premier lieu au Conseil de l’Europe et à ses États membres de fixer les priorités ; si les Écoles d’études politiques sont considérées comme étant une priorité, il faut en tirer les conclusions en termes de moyens. Tant mieux évidemment si l’Union européenne pouvait continuer à cofinancer le projet sur la base d’un programme joint.

Pour en revenir à l’Agence des droits fondamentaux, celle-ci pourrait faire difficilement, dans la réalité, faire double emploi avec le Conseil de l’Europe. En effet les mandats de l’Agence des droits fondamentaux et celui du Conseil de l’Europe sont très différents. Le mandat conféré au Conseil de l’Europe par son Statut est très étendu, tandis que celui de l’Agence, tel que défini par son Règlement, est limité aux tâches suivantes ; - collecte et analyse de données ;- recherche et enquêtes scientifiques ;- formulation et publication de conclusions et d’avis sur des sujets spécifiques, à l’intention des institutions de l’Union et des Etats membres lorsqu’ils mettent en œuvre le droit communautaire.

Ces compétences ne comportent donc ni travail normatif ni monitoring. II n’est donc pas difficile d’éviter des doubles emplois avec les activités du Conseil de l’Europe dans les domaines normatif, du monitoring ou des programmes d’assistance qui sont ses domaines d’excellence, mais de créer au contraire - comme ce fût le cas jusqu’à présent - des synergies.

L’Agence bénéficie en effet de l’acquis du Conseil de l’Europe mais ce dernier peut utiliser les recherches et les données collectées par l’Agence, notamment en vue de travaux normatifs futurs à Strasbourg.

La complémentarité s’impose donc clairement. Ceux qui voudraient continuer à ignorer cette réalité se livreront à mon avis à des combats d’arrière-garde.

Je parle librement ; je suis désormais retraité du Conseil de l’Europe où j’ai eu le bonheur de servir pendant trente-cinq ans mais où je me suis toujours efforcé d’œuvrer en étroite coopération avec l’Union européenne. Même à des moments de tension. En effet, si le Conseil de l’Europe a une coopération privilégiée avec l’Union il y eut parfois des moments difficiles.

Page 131: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

J’ai toujours, pour ma part et à mon modeste niveau, tenté de surmonter les problèmes et de créer des passerelles.

Il y a toujours une solution, s’il existe une volonté politique. Les attitudes systématiquement négatives ne mènent à rien.

Pour en revenir aux Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe, s’il y avait un arrêt du financement par l’Union, et si le Conseil ne finançait pas par lui-même – parce que le Conseil n’est pas en période d’expansion budgétaire en ce moment, que se passerait-il ?

Je ne suis pas à même de répondre à cette question. Comme vous le savez le Conseil est confronté au problème du financement de la Cour Européenne des Droits de l’Homme dû à l’augmentation considérable du nombre de requêtes dont celle-ci est saisie.

Ces Écoles d’études politiques sont potentiellement menacées. Risquer de perdre une telle expérience et un tel réseau serait dramatique. N’y a-t-il pas nécessité de trouver des synergies avec l’Union, même si ce n’est pas l’Agence des droits fondamentaux qui finance un tel programme ? Cela ne doit-il pas être considéré comme une priorité du Conseil en matière de Droits de l’Homme ?

Je ne peux que souhaiter que de telles synergies soient trouvées ou poursuivies !

L’Union a une Politique de voisinage et les Écoles participent de facto de cette politique. Certes, on peut s’interroger sur « qui fait quoi ? », « quelles valeurs sont transmises ? ». Mais l’Union européenne n’a-t-elle pas intérêt à maintenir vive l’activité du Conseil de l’Europe sur ses rives orientales ?

Bien sûr ! J’en suis d’autant plus convaincu que, dès ma prise de fonction comme Directeur des Affaires juridiques en 1995, j’ai eu le privilège de mettre en œuvre bon nombre de programmes de coopération du Conseil de l’Europe en vue de réformes démocratiques, législatives et institutionnelles, lesquels ont grandement contribué à la transmission de ces valeurs ; le Conseil et l’Union partageant d’ailleurs les mêmes valeurs !

Dans ce contexte, nous avons, dans le cadre de programmes joints bénéficié de nombreux et importants financements de la part de l’Union européenne. Certains programmes étaient même financés bien au-delà de 50 % par l’Union. Par exemple, pour ce qui est de la lutte contre le blanchiment des capitaux en Russie, nous avons créé de toutes pièces une unité d’intelligence financière(FIU) en Russie avec celui qui allait devenir Premier ministre [2007-2008] et qui est maintenant Vice-Premier ministre, Viktor Zoubkov. Ce programme était financé à 100 % par l’Union européenne le Conseil apportant son savoir-faire.

Les programmes-joints ont certes grandement contribué à l’action inestimable du Conseil l’Europe sur ce que vous nommez « les rives

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orientales » de l’Union européenne et il faut espérer que cette action commune se poursuivra. La question se pose cependant, et je ne me réfère pas seulement au programme « Écoles d’études politiques », de savoir s’il n’est pas nécessaire de réformer ou revoir certains programmes pour mieux les adapter à une coopération avec - ou des cofinancements par - l’Union européenne. Je ne veux pas me prononcer sur cette question, ayant quitté le Conseil de l’Europe depuis bientôt quatre ans, même si l’an passé j’ai participé en tant que rapporteur à un atelier de l’Université d’été des Écoles d’études politiques. Mais, hormis cela, j’ai eu trop peu de contacts avec celles–ci.[.. ]

Lorsque vous étiez en fonction au Conseil, avez-vous eu d’autres expériences avec ces Écoles ?Non et je dois dire que je l’ai regretté.

Selon vous, la question des Écoles d’études politiques et de leur avenir – notamment en ce qui concerne les financements de l’Union européenne -, passe-t-elle au moins autant par une réflexion propre du Conseil que par une volonté de l’Union européenne ?

J’ai peu d’expérience à propos des Écoles d’études politiques. Je ne me prononce donc qu’avec prudence sur ce sujet mais, comme je l’ai laissé entendre dans ma réponse à une question précédente, une telle réflexion me semble nécessaire.

Comment voyez-vous l’avenir de l’Agence pour les droits fondamentaux de l’Union européenne ?

Elle est désormais bien lancée. En ce qui concerne les faits marquants ayant un impact sur l’avenir de l’Agence, je voudrais en premier lieu mentionner l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne et la mise en œuvre de la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne. Si l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne - qui, pour la première fois dans les traités, mentionne les Agences - ouvre bien sûr de nouvelles perspectives pour l’Agence de Vienne, il ne faut toutefois pas surestimer celles-ci.

Il est vrai que la disparition des « piliers » permettra à l’Agence de traiter des matières de « coopération judiciaire et policière dans le domaine pénal » qui relevaient auparavant du troisième pilier. Mais encore faudra-t-il que ces matières soient introduites dans le cadre pluriannuel de l’Agence.

Il y a lieu de garder à l’esprit qu’une nouvelle Commission vient d’être installée et, surtout, que l’on y a créé un Commissaire à la Justice, aux droits fondamentaux et à la citoyenneté, ce qui pourrait avoir un impact sur l’élaboration de ce futur cadre pluriannuel (2013-2018).

L’on peut, par ailleurs, s’imaginer que ce Commissaire et Vice-Présidente de la Commission, Madame Viviane Reding puisse être appelée à recourir plus fréquemment aux données collectées par l’Agence et à son expertise,

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notamment en vue de fournir des données utiles pour l’élaboration de futurs instruments normatifs par la Commission ou pour évaluer l’impact de certains instruments en vigueur. Mme Reding a d’ailleurs insisté le 22 juin [2010], devant la Commission pour les libertés civiles, la justice et les affaires intérieures du Parlement européen sur la nécessité de disposer de plus d’informations concrètes concernant la situation sur le terrain et sur le rôle crucial que l’Agence peut jouer en fournissant des données comparables et fiables sur le situation dans les 27 États membres de l’Union.

De même, la mise en œuvre de la Charte des droits fondamentaux de l’Union, suivie bientôt, espérons le, par l’adhésion de l’Union à la Convention européenne des droits de l’homme, pourrait amener les institutions de l’Union à utiliser plus fréquemment les compétences de l’Agence.

La coopération entre l’Union et le Conseil de l’Europe sera donc d’autant plus importante et indispensable!

Dans tout cela nous devons toujours garder à l’esprit que les institutions européennes ne sont pas là pour servir leur propres intérêts mais sont au service de centaines de millions de citoyens de notre continent dont elles

doivent – ensemble - défendre et promouvoir les droits fondamentaux. L’on peut par ailleurs constater que, dans le programme de Stockholm

(« Une Europe ouverte et sécurisée au service des citoyens »), les références aux droits fondamentaux sont nombreuses. Il prévoit que le Conseil européen invite les institutions de l’UE à tirer pleinement parti de l’expertise de l’Agence et à se concerter étroitement avec celle-ci au cours du processus législatif de propositions ayant des implications pour les droits fondamentaux.

L’Agence pour les Droits fondamentaux a donc compétence pour la Roumanie et la Bulgarie, puisque ces deux États sont membres de l’Union ?

Oui les mêmes que pour les autres États membres de l’Union ; et des membres au titre de ces deux pays siègent au Conseil d’administration de l’Agence.

Il y a des Écoles d’études politiques dans ces deux pays. Ne peut-il pas y avoir alors des recoupements un peu complexes ?

Non, je ne crois pas. Jusqu’à présent, il n’y en a pas eu. Je dois dire qu’en ce qui concerne le soutien au travail que font les Écoles d’études politiques, il y a du travail pour toutes les institutions européennes ![…]

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9.

« LE CONSEIL DE L’EUROPE EST UN INSTRUMENT DANS LES MAINS

DE L’UNION EUROPÉENNE »

Florence Benoît-Rohmer

Professeur à l’université de Strasbourg, spécialiste de droit européen, elle a présidé l’université Robert Schuman (Strasbourg 3) de 2003 à 2008. Depuis 1997, elle est professeur associé à l’université du Luxembourg et à l’université de Padoue. Elle participe à des missions d’expertise pour l’Union européenne, l’OSCE et le Conseil de l’Europe. Elle fait partie du réseau d’experts indépendants en matière de droits fondamentaux, placé auprès de la Commission de Bruxelles à la demande du Parlement européen. Elle est membre du Conseil scientifique de l’Agence pour les droits fondamentaux de l’Union européenne.Elle exerce en outre les fonctions de vice-présidente de la Fondation interuniversitaire pour les droits de l’homme et la démocratisation regroupant 29 universités européennes qualifiées dans le domaine des droits de l’homme. Elle est responsable de la revue L’Europe des libertés,

Entretien : Denis RollandTranscription : Marie Neihouser

Que savez-vous des Écoles d’études politiques et qu’en pensez-vous ?En tant que Présidente de l’Université Robert Schuman de Strasbourg,

nous avons participé à l’organisation des Écoles d’études politiques. J’ai souvent été sollicitée pour y participer mais, malheureusement, je n’ai jamais pu le faire. Cependant, j’ai eu l’occasion de rencontrer des professeurs, et des étudiants qui participaient à ces Écoles. J’ai toujours beaucoup apprécié ces Écoles de la Démocratie parce qu’elles permettent d’apprendre ce qu’est la Démocratie, d’échanger des expériences avec les futurs leaders des pays venant d’accéder au Conseil de l’Europe.

Le Conseil de l’Europe a-t-il toujours vocation à travailler sur ces questions de droits de l’homme et de démocratie ?

De plus en plus ! Le Conseil de l’Europe va se spécialiser sur les questions de droits de l’Homme, de démocratie et d’État de droit. Je crois que le Conseil de l’Europe sera l’Europe de la Démocratie pour les 47 États membres.

Ce qui va être difficile pour le Conseil de l’Europe, c’est la concurrence avec l’Union européenne. Depuis le Traité de Maastricht et sa Charte des droits européens, l’Union se pose en réelle concurrente.

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Le Conseil a-t-il toujours fait les choix qu’il fallait en matière de diversification d’activités ? Ne « touche »-t-il pas à beaucoup de choses par rapport à ses moyens financiers et par rapport aux vœux des tutelles gouvernementales ?

Il touche certainement à trop de choses et ses activités sont certainement trop diversifiées. Mais ce dont il faut être conscient, c’est que la majorité des États membres du Conseil de l’Europe sont également membres de l’Union européenne. Le Conseil de l’Europe est en conséquence un instrument dans les mains de l’Union européenne.

Tout est donc histoire de poids politique, entre la volonté de l’Union européenne et celle du Conseil de l’Europe. Le budget de ce dernier est dérisoire par rapport à celui de l’Union.

Le Conseil de l’Europe a eu un précédent Secrétaire général anglo-saxon qui entretenait beaucoup de défiance à l’égard de l’Union… Les discours scandalisés par la concurrence éventuelle de l’Union européenne ou par des intersections d’actions, sont-ils encore tenables ?

Ce discours n’est plus tenable. Le Conseil de l’Europe a eu raison d’avoir peur. Mais, aujourd’hui, l’Agence des droits fondamentaux existe. Alors, plutôt que de produire des discours contre l’Agence des droits fondamentaux comme le font certains membres de l’Assemblée parlementaire, ou de lui mettre des bâtons dans les roues, comme le fait le Conseil actuellement, l’organisation ferait mieux de collaborer avec l’Agence. Certains le font. M. Guy De Vel est au Conseil d’administration de l’Agence. Il y a un certain nombre de sympathisants du Conseil de l’Europe dans les organes dirigeants de l’Agence des droits fondamentaux… Et je crois que le Conseil de l’Europe est arrivé aujourd’hui à collaborer avec l’Union européenne.

Comment peut se faire la répartition des tâches entre l’activité « droits de l’Homme » du Conseil et l’Agence des droits fondamentaux ?

Entre les deux, la position est délicate. Le Conseil et l’Agence sont en train de chercher cet équilibre. La crainte du Conseil de l’Europe est que l’Agence duplique ses activités. Quand on étudie les statuts de l’Agence, on s’aperçoit qu’elle a très peu de pouvoir. Elle s’est créée contre le vœu des États membres de l’Union européenne, contre celui du Conseil de l’Europe, contre celui du Conseil de l’Union européenne… Cela se constate au niveau des activités qui sont extrêmement restreintes. Le rôle essentiel de l’Agence des droits fondamentaux est de collecter et de rassembler des informations sur la manière dont les États membres de l’Union appliquent les droits fondamentaux, selon certaines méthodes fixées par le Conseil européen.

Ces missions, même si elles sont réduites, ne sont-elles pas amenées à se développer et donc à concurrencer encore plus le travail du Conseil de l’Europe ?

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Le Conseil de l’Europe fait tout pour qu’elles ne se développent pas ! Les États membres de l’Union européenne ont très peur que l’Agence se mêle de leurs affaires intérieures et qu’elle contrôle la manière dont les droits fondamentaux sont appliqués dans le cadre de leur souveraineté. Il y a donc une hostilité farouche des États membres à l’égard de l’Agence. L’Agence n’a pas encore trouvé son positionnement au sein de l’Union européenne. Elle est à la recherche de cet équilibre, et je ne sais pas comment elle va évoluer. De plus, elle a peu de visibilité, peu de personnes connaissent l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne et ses objectifs…

Ces Écoles, qui font un travail globalement remarquable en dehors de l’Union mais dans l’Europe des 47, tendent à se pérenniser. Mais, sans l’aide financière de l’Europe, beaucoup seraient en difficulté (ou contraintes de trouver de nouvelles ressources et de se tourner vers d’autres partenaires) et, sans la mise en réseau par le Conseil, perdraient en ampleur et pertinence.

C’est le problème des relations entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe : l’Union européenne tient les cordons de la bourse. Le Conseil de l’Europe est lié par la volonté de l’Union européenne. C’est, d’une certaine manière, un vassal de l’Union en matière de droits de l’Homme.

Cette position est extrêmement difficile pour le Conseil. Et c’est vrai que l’Union européenne finance un certain nombre de masters en droits de l’Homme et en démocratisation, mais aussi des activités en matière de démocratisation : il est donc compréhensible, que, forte de ses programmes, elle s’interroge sur l’utilité de passer encore par le Conseil de l’Europe…

En même temps, c’est la survie du Conseil de l’Europe qui est en jeu et je pense que le Conseil de l’Europe est une organisation qui doit exister et qui est nécessaire à la Démocratie.

Il semble que, souvent, lorsqu’on propose aux ministres réunis au Conseil un recentrage des activités du Conseil, il y ait toujours un représentant d’un État pour défendre l’importance des activités menacées…

Il faudrait que le Conseil de l’Europe recentre ses activités sur les fondamentaux, ce qui est d’ailleurs sa raison d’être avec la défense de la démocratie et des droits de l’Homme.

On peut avoir l’impression d’un essoufflement relatif du Conseil de l’Europe, après un grand souffle consécutif à la chute de l’URSS et à l’éclatement de l’ex- Yougoslavie, l’Union n’ayant pas alors les structures adéquates pour travailler dans ces régions, contrairement au Conseil.

Le Conseil de l’Europe a fort bien joué avec l’élargissement en 1991-1992. Catherine Lalumière, alors Secrétaire générale de l’organisation, a eu une politique très intelligente à une époque où le Conseil était concurrencé, pas encore par l’Union, mais par les autres organisations telles que l’OSCE. Cela a permis à tous ces États d’adhérer à l’Union européenne.

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Justement, dans les années 1990, on a pu écrire que le Conseil était le premier pas vers l’Union…

Oui. Aujourd’hui cependant, je crois que c’est un médiateur à l’égard de la

Russie. C’est le seul forum officiel dans lequel l’Union européenne peut discuter de Démocratie et de droits de l’Homme avec la Russie. Même si la Russie rechigne. Je crois que le rôle essentiel du Conseil de l’Europe est de permettre la discussion de problèmes délicats avec notre grand voisin qu’est la Russie.

Une deuxième réussite du Conseil de l’Europe, qui concerne les relations entre l’Union européenne et le Conseil, est l’adhésion de l’Union européenne au formidable instrument que constitue la Convention européenne des droits de l’Homme. On l’a attendue et puis, finalement, la Russie a débloqué le Protocole 14 avec son entrée en vigueur en juin 2010, après sa ratification par la Russie en février : cela permet l’adhésion de l’Union à la Convention. Du coup, l’Union européenne va être considérée comme un État membre du Conseil de l’Europe et sera soumise aux mêmes conditions en matière d’obligation concernant la Convention. C’est un succès assez fort.

Au-delà de la seule Russie, quelle est la légitimité des pays du Caucase – la question est délibérément provocatrice -, à faire partie du Conseil de l’Europe ?

C’était la grande question de savoir où s’arrêtait l’Europe et quelles étaient ses frontières. La politique de Catherine Lalumière et de ses successeurs qui ont fait entrer les États du Caucase au Conseil, a été de dire que le Conseil de l’Europe était l’École de la démocratie. C’est le lieu où les États membres apprennent ce qu’est la Démocratie, c’est une façon de les accompagner sur les voies de la Démocratie… On ne peut pas dire que l’Azerbaïdjan ou l’Arménie soient des États démocratiques encore aujourd’hui. Ils sont encore en état de guerre, puisque seul un cessez-le-feu a été signé. La Russie et la Géorgie ont aussi des relations tendues. Aider ces pays à comprendre ce qu’est la Démocratie est un rôle fondamental du Conseil. C’est la fonction des Écoles d’études politiques.

Quelle Démocratie exporte-t-on, l’onglet « démocratie » sur le site Internet du Conseil de l’Europe étant vide ?

C’est ennuyeux (rires). La notion de « démocratie » est parfois un fourre-tout…

Comment l’Europe peut-elle définir sa « démocratie » ?Je pense que la « démocratie » permet une pluralité d’expressions, avec

une majorité et une opposition qui peut ouvertement critiquer le gouvernement en place et se tenir prête à le remplacer suite à des élections légitimes.

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Deuxième partie

LES RESPONSABLES D’ÉCOLES POLITIQUES

THE RESPONSIBLES OF THE POLITICAL SCHOOLS

1. “The rule of law is not only rules and regulations”, Elena Nemirovskaya, Moscow School for Political Studies

2. “To bring up the whole new generation of political and public leaders”, Elena Nemirovskaya, Moscow School for Political Studies

3. “An institution absolutely indispensable in countries with weak political élites and a very simplistic understanding of public affairs”, Sonja Licht, Belgrade Fund for Political Excellence, Serbian School

4. “We really changed their way of act”, Sonja Licht, Belgrade Fund for Political Excellence (Serbie)

5. « La source d’une nouvelle élite », Adrian Severin, Ovidui Sincai (Roumanie)6. “A good platform to improve the democratic process”, Nevena Crljenko, Academia for

Political Development (Croatian School)7. “I’m very proud because right now they are in a very higher position”, Boris Raonic,

Montenegro school, Montenegro8. “Under the umbrella of the Council of Europe office, […] facing peaceful coexistence”,

Esad Mavrig, Sarajevo School of Political Studies (Bosnie-Herzégovine)9. “One of the very serious programmes and NGOs in the country”, Leonora Kryeziu,

Pristina Institute for Political Studies (Kosovo school)10. “Albanians not only feel Europeans, but they want to join EU institutionally as soon as

possible”, Olsi Dekovi, Albanian School of Political Studies11. “Besides these goals related to education and values, […] upgrading the Armenian

relation with the EU and Council of Europe structures”, Sergey Minasyan, Deputy Director of Caucasus institute, Armenian School

12. A unique opportunity for a best understanding, Ilgar Mammadov, Baku Political Studies Program, Azerbaijan

13. Une adaptation du modèle des Écoles d’études politiques au cas de Chypre, Uwe Müller, Conseil de l’Europe, European Forum Cyprus

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1.

“THE RULE OF LAW IS NOT ONLY RULES AND REGULATIONS”

Elena NemirovskayaFounder and director of

the Moscow School for Political StudiesThe Moscow School of Political Studies (MSPS) is an independent, non-governmental, not-for-profit organisation established in 1992 with the support of the Council of Europe. The mission of the School is to foster the development of civil society and democratic institutions in Russia, based on the rule of law, strict observance of human rights and the encouragement of civic initiatives. The School’s core activity is leading seminars for young leaders of all political persuasions: elected politicians, central and local government officials, businesspeople, journalists, academics and NGO representa-tives. Since the School’s inception, over 10,000 people from Russia and abroad have participated in its seminars. These events, ranging in length from one day to one week, give participants the unique opportunity to attend lectures given by world-class experts, and most importantly provide a forum for discussion and exchange of ideas. The School also has a substantial publishing programme, with books […], a quarterly magazine (“Obshchaya Tetrad”), and newsletters. The invaluable work of the School has been recognised by the Russian government and many Western governments. In 2002 the MSPS was awarded the "Pro Merito" Medal by the Council of Europe. The School’s founder and director, Dr. Elena Nemirovskaya, was awarded an OBE by the British government in 2003, a Peace and Culture award by the Hiroshima Foundation in 2006, and the Ordre de la Légion d’Honneur by the French Republic in 2009.

http://eng.msps.su/about.htmlThe School’s Founder and Director, Dr. Elena Nemirovskaya, is a powerhouse of energy with often fiercely held values. She not only created the School, but flowing through all its work is the driving force of her exceptional personality. Her father was sent to a labour camp. In the late 1980s her kitchen became a “salon” for intellectuals concerned about the future development of Russia. Living near the White House in Moscow she helped to feed the human shield outside the building during the coup against Mikhail Gorbachev in August of 1991. Thereafter she determined to devote herself to imbuing potential public figures with the values of democracy, human rights and public spirit.

 http://tmp136.vokrug.info/about/director.htmlSince the creation of the first school of political studies in Moscow in 1992, by a group of civil society activists seeking to promote democratic values, a number of new Schools have been set up along the same lines. Today the network includes 16 schools (2010) covering the whole of East and South-East Europe and the Caucasus.

http://www.coe.int/t/dc/files/themes/ecoles_politiques/ (05-2010)

Interview : Janina Duda transcription : Luisa Fenu

What does it feel like to be the historical person, the person who created the network?You know, for me personally, it’s just my project because I was born, brought up and lived in the Soviet Union. And when the Soviet Union collapsed, I

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decided to do something by my own hand and I decided to spread things or ideas which I knew by experience there was absence of in the Soviet Union and I mean there have not been for long human rights and institutions because in the Soviet Union and specifically in Russia we have a long tradition of personalities who are in power. To be more modern, it’s better to have not only personalities but also institutions, like independent press, independent court, and the rule of law.

The rule of law is not only rules and regulations, but it’s freedom and responsibility, all together: individual freedom, individual responsibility. For me, I have freedom as much as I have responsibility for this freedom. What I take this freedom I am responsible for it but I don’t want anybody to take it away from me, this freedom and my responsibility because I am an individual.

Maybe, in the West, this idea is closer to you because all of you were brought up in completely different situation. For me it was some sort of principle in my life to establish this. But not to say, establish but to share my understanding, I cannot establish anything, I just can share something and based on that presumption together with my husband we decided to do something like that and we imaged this.

Where did you get that will from? Were you inspired of anything or it was just an idea?I was inspired in our kitchen discussion! It was a quite famous kitchen in the Soviet times in Moscow and there I were with my husband, his name is Yuri Senokossov, he is a philosopher and Merab Mamardashvili, another philosopher, and the circle of people it may be not just the project that they suggested but the ideas came through all our discussions, what we can do…

And we decided that we cannot create a party, we cannot create something like an institution, but what we can do was to share these ideas of knowledge of these things, to bring taste for these things, to bring taste for discussion: and the discussion would be the an instrument for the development of even not real businesses but real understanding; how to accept another opinion; how to accept others… It is yet for us a problem, as well. How, talking for example about Russia and Poland, how to accept our past, to understand and to go further. How to accept it though it is really easier to talk but not to understand it and to share it?

Bearing that in mind we created this school where discussion is the main instrument. How, where to take your knowledge and how to try to understand. Yet another thing is that when we discussed any problem, even economy, we have taken it from the specific point of view just like I said through the institutions, through the legal system, through the human rights, all these angles which I found, because I am from the Soviet past, much more important than just development of economy itself and I even don’t believe in this because, maybe Singapore is the best country with the economic solutions but I would not like to live there.

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So, that is not the economy but it is the human rights, the fact of being human?For me, you know, for sure I love and like and I understand a lot of things about money and economy. However, it is a lot but it is not all. Life is about something different and for me life is human relations and freedom.

So rather to be than to have?Yes, this is it. I am not telling you I am right, but I am just telling you what it is for me. And this idea or this knowledge, this understanding, I would like to share with many younger people all over Russia, from the former Soviet world that we should discuss and understand. People who are coming towards us, from the West as well, they found our discussions interesting even for the Westerners. And I am happy!

And how did you spread your ideas? How did you want to get in touch with those young people from all over the old Soviet Union. You know, I have worked hard until now and I am doing it a lot trough my own network and now we have almost ten thousand alumni, postgraduates, all of them everywhere and they are looking for other people to be involved.

It’s the same with our experts. The best experts of the school became today Ministers… In Poland, for example one of our best experts is Jacek Rostowski, Minister of Finance. And now, his daughter is in the school. She is from London. And Radek Sikorski who is a Minister; and in ten days I will receive a message from Poland because they are trying to organise a new project between Russia and Poland and, maybe, our neighbours, to look at the history, and to think not about future but about the meaning of the civil society.

Still, within the network of the political schools here?No, it will be experts and our participants who will be involved in inside discussions together with the experts. And the experts will be from both sides and although the participants are not specialists, still I would like them to be involved into the whole of discussions. To organise a sort of think-tank...

How do you recruit your experts?Again, I studied with my friends. It was 20-25 years ago and now it is a network, it’s the friends of the friends. Personally I believe in relations: I insist on institutions but I believe in relations.

But it doesn’t exist Political Schools in Poland, Czeck Republic, nor in Baltic Countries?Yes, but we have some students from the Baltic States like from Lithuania, Latvia

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But here in the network there is no Polish school?No, because you know, the Bulgarian and Romanian schools, they started before they became members. But Poland and the Baltic states, they became earlier than the idea came to the Council of Europe to create a network of the Moscow school which has existed for thirteen years. They had to create a network and it based on that the schools from the countries which are now members of European Union, Bulgaria and Rumania. Because at that moment, they were there and it is like with Russia. We had this school as a pioneering project for the Council of Europe and Russia became the full member of the Council of Europe within 5 years.

How was it possible, actually?I think because at that moment the Secretary General was Madame

Lalumière and she is one of the great personalities, because at that moment she was head of an international, European institution. For her I was just a person from the street… But she and her colleagues decided to take my project that was written down on 3 pages…

And it is because all of them, they have one unique quality of the, let’s say even professional, behaviour. They trusted us and we wanted to fulfil this trust. It is by coincidence, by my French friends I met her, because she came to our place, since at that moment she came to meet President Yeltsin, just 2 weeks after the putsch.

Wasn’t it for the help from the Council of Europe, there would not have been the School?Yes, there would have been no school. First of all, it was intellectual and financial support and after this came George Soros and other Funds. But everything happened here [Council of Europe, Strasbourg} and with her and Jean-Louis [Laurens] who was at that moment the person who was responsible and it was his decision as well because he knows what can be done and a lot of colleagues here and that’s how it happened.

And on the Russian side, did you have any obstacle? I have still, now.

What are the obstacles, what do you need to fight against?Well, that’s not for the interview.

How about the challenges the network might face in the future? What do you mean?

Are there any threats to the network or are there any particular tasks that the network needs to perform?No, I would like that these people to be more than participants in order to create modern states.

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Do you think it will change the perception of democracy in Russian? Because it is quite a particular one.It is not particular, no, but it will not be an easy way but I think that Russia will accept it somehow. For sure, it will be the Russian way like it is in Poland or even in China. People one day will come. It will be something national but the principle will be the same, I think. And you mention foreign experts. Are there any differences in the perspective regarding the Russian reality?We have really good Russian experts.

Do you prefer Russian experts or from abroad?Foreign experts are not talking about Russia. They talk about their experiences. And the Russians talk about the Russian side. And both sides talk about the global world. And now we are not taking those former sovietologists but we are asking people to come who can explain our experience and their experience as part of the global world.

Are there any challenges for the Western democracies? I think that we did not touch democracy and then stepped down from that. And from both sides, maybe we need different discussions but we should understand that democracy is in danger because it should be discussion. It should be a lot of things: how to bring citizens to react and to be active in? Let’s say, public political life and how to identify and to bring those interested people to the politics… Because, in many cases, there is nothing interesting there: they forgot public good, they forgot about values, public values; they are not interested, they are thinking about, in the West, about regulation and administration and bureaucracy. And maybe in this way the West is escaping from the idea of conflict and war all over there; but the West is losing this soul of the West to live with some sort of values not in the religious sense.

If you wanted to transmit a message to the civil society of Europe in general?You know, I think you need civil society, citizens because we are living in secularised world and religion is part of our private things. We should develop something like our own principles to create. Maybe we will never be able to create them. Nevertheless, we should try to create something more social.

So like a secular religion, secular principles of good life?You know, we need that for ourselves because life will be more sophisticated for us and our behaviour would be more sophisticated and we will feel good about that.

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2.

“TO BRING UP THE WHOLE NEW GENERATION OF POLITICAL AND PUBLIC LEADERS”

Elena Nemirovskayaet Alexander Sogomonov

Interview : Denis RollandTranscription : Luisa Fenu

Who participates in the choice of the lecturers?E.Nemirovskaya: I think we are asking to pomp people who express the governmental strategy about modernisation because we are talking a lot about it. I think modernisation should be part of the discussion and here it’s a good place for discussion: there are lots of experts who are in their personal lives decision makers of the regional level. They are not involved in such discussion. I think we should make the discussion more interesting through different levels.

People all over Russia, and let-s say from the whole ex – Soviet world, including even Macedonia and Bulgaria should be involved because I think we have more or less the same problems. One of the main problems for all these countries is that they have the state, let’s say a strong one, but they haven’t society, civil society: a sick society as a civil society. Our discussion is around this. All of these countries, including Russia, have sick institutions, as Sacha said. They have very sick public political competition, and more over we have no intellectual environmental place where we can discuss civic, political, intellectual problems.

I found this interesting and with those ideas. We started 18 ears ago and the instrument of public discussion it was established here. It was inspired, first of all, by the Council of Europe. And they established there their schools. We realised that they have their local public places, but I think that the idea is the same.

Alexander Sogomonov (Sacha): I think one important thing is that, in the Soviet Union, we had very weak traditions of public discussion. It doesn’t exist. The political decisions they take today are more democratic than in previous years, but there’s not background of the society. No very public discussion and a very few places which we could tell are arenas of public discussion. One exception? Television! Outside television, there is nothing.

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E.Nemirovskaya: Let me tell you that is very important the idea of discussion about the main problems of development. It’s not all about the power, but it is about society as well.

Sacha: Life of authorities and life of the society are separated. How to make a bridge between them than? I think this idea to bring authorities from the government and force them to speak is for them symbolical and very important because they see these people as representatives of their regions and they understand that they speak not to a separated man but it’s like speaking to themselves.

E.Nemirovskaya: When speaking at the state place where they prepare the laws they are one kind of person, but when they come to speak here they are just like normal citizens. They are different persons when coming here. Yesterday I called the leader of the delegation in Strasbourg and I said: “Thank you, I’m happy with your presentation”. And he said: “Thank ou with your presentation”

Sacha: And you know this is just one part of the speakers and the rest is just different, they have a different approach to the problems and the main problem now is the development of Russia as independent intellectuals. And here there is the 80% of them. Including foreigners and local experts. They basically come from all the European countries especially from England, Germany and France. Every year is coming people from Spain and they talk about the federalism at the regional level. The Italian and Spanish experience of federalism is very close to Russia

E.Nemirovskaya: Well, they are not the same, but they can be compared.

Sacha: Then we have people from Norway, Finland. I don’t think that here in Russia the idea of Elena is that of bringing just intellectuals, but people from different parts. Yesterday, for example, I was speaking before lunch with one of the major critic of the political policy in modernisation and than it came a student who is now the vice president and they were split, there was like a borderline between them an I think this made me think a lot. They were two intellectuals speaking about the same topic,

E.Nemirovskaya: I won’t tell you there is opposition because they are not politicians, but these experts have different views about development. What Sacha is trying to do, it’s to bring them together as one unit, as a community. Discussion must be an instrument in public life. Discussion must be not only critical, but critical with arguments, because we were used to have lots of critics within the Soviet Union, but now there are becoming dissident, but now we would like to have something like public discussion.

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We should tell them that it’s not about destroying the state, but it is how to improve the state. How to bring society to the point?

Sacha: The aim of this school is to bring up the whole new generation of political and public leaders and they have to understand that what they tell to people it is not just through the television.

Do you have any proposition for participants to the federal seminar?E.Nemirovskaya: I think we have something like 5 7 people.

And the participants are asking some speakers to participate?Sacha: They are basically people from the authority and from the regions and they have no chance to get them.

And about the values of the school?E.Nemirovskaya: I think we are bringing together the ideas as well, values such as democracy and human rights.

And you dedicate this seminar to Gaidar1, why?E.Nemirovskaya: He was the person who always opened this class since many decades and this year we are missing him.

Sacha: Well, it is not the first time. Maybe it is the fourth of fifth time. We also dedicated to????? Who was the main expert and unexpected died.I think Gaidar was not an ordinary expert of the school, he was the extraordinary expert of the school. He was the soul of the school. He and his colleagues were not just giving technical expertise about politics and social life, but from the depth of their heart they were speaking about values, philosophy, modern society and which are the directions, what we should choose. Gaidar died untimely last year and since then we had no federal seminar.

There is a huge number of experts of the age of Eltsin? Why?E.Nemirovskaya: I think that with all the complexities of this time it was still time for freedom and freedom of thoughts, of ideas, of personal will.

Sacha: Very simple answer. Look: the first day of the seminar, we had people from Putin generation; and, after that, came the generation of Yeltsin: so they opened the path and we need very much reflection in terms of direction about

1. Egor Gaïdar, artisan des réformes économiques des années 90, considéré comme le père de la "thérapie de choc" menée après la chute de l’URSS pour acheminer la Russie vers l’économie de marché, est décédé en décembre 2009. Né en 1956, formé en sciences économiques à Moscou, journaliste économique, il avait été propulsé fin 1991 conseiller de Boris Eltsine puis vice-Premier ministre. Il pilota le programme de libéralisation de l’économie russe lancé en janvier 1992 (source d’une forte inflation, d’une chute du rouble et d’un déficit budgétaire accru) jusqu’à son renvoi en décembre. L’économiste libéral symbolisait la volonté de tourner la page du communisme. Revenu au pouvoir en 1993-1994, à la tête du ministère de l’Économie, il démissionna, les décisions, expliquait-il, étant prises à son insu.

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freedom and democracy. We need their reflections as mirror of those who are responsible for the new page of history of this country.

E.Nemirovskaya: And we put them in a situation, where they told us that there is still a democratic frame - which is not so obvious.

Sacha: They are clever guys, you know! and very reflective, and very keen in terms of understanding!

We don’t speak about political problems because you don’t want to speak about it. I understood there were local problems for the recruitment of students and pressions of the school. I would like to speak about it. E.Nemirovskaya: They are looking after the Moscow school because they were afraid that there was our formal president. Maybe there is some sort of competition, but they are here, they are looking after us. They are many students but they are asking some of them no to come. For the students is their choice, first of all they are doing what they want to do, they are paying huge money for the tickets. You can’t imagine. It is more expensive to come here from the regional environment, let’s say from Eastern Siberia, than for you to come from Strasbourg.

Do you pay the travel?Sacha: No, we don’t.

And do you pay the hotel for exemple?Sacha: Yes, we pay the hotel, food and simultaneous translation.

E.Nemirovskaya: They are paying expensive tickets. More than thousand euros and they have to come here three of four times par year. They have to ask permission from work as well and if they don’t get it, they will take it as a holiday. They decide to come and they have to proof their presence here during one week.

Is there some people of the communist party?E.Nemirovskaya: We are open to any political view because we are not talking about political strategy and struggle all these things. We are discussing about values and public issues.

What are today your relations with the other regional schools?XXX

Why the Georgian’s people can’t obtain their visa?E.Nemirovskaya: Because after the war.

But was it the Russian side or the Georgian’s side?E.Nemirovskaya: The Russian side, but some of them postgraduated in this school because these schools exist since 11–12 years.

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So the Georgian School was created mostly within the Moscow school?E.Nemirovskaya: Absolutely. All of them come to suggest this experience and Sonja Licht she was come. She was inspired here. Now Georgian is postgraduated here in 1998.

Did you keep good relations from Azerbaijan to Ukraine?E.Nemirovskaya: We have good relations, but we don’t have money to invite them. First we choose them from internet, from Armenia and from allover there. Now, when the council established the school they liked to have just people from here and after that we were more limited in the choices. There would be just people from the schools and we don’t know. Now they are recommended by directors of schools. Before, we took them from internet. Well, occasionally and now they are recommended.

E.Nemirovskaya: The experts of the Moscow school and political studies are asked now to go there.

What do you think about the actual evolution of the European Union?E.Nemirovskaya: I think they are so pragmatic that they would like to see Russia as a real resource for oil and gas, but it is more interesting to see Russia as a partner for resources, and as a democratic one. If they wouldn’t support such a thing they won’t obtain the main results. So, stable relation for oil and gas.

Can you continue without the financial support?E.Nemirovskaya: No. First of all the support we receive form the Council of Europe is very important politically speaking as well; secondly, everywhere here is spread the idea we should share the ideas of European Union and we can still be the European country which can be developed.

Sacha: It is about bringing Russia as a European project.

E.Nemirovskaya: And I think that for European Union it should be very clear that our friend are now expert. Now a minister of Poland said that: “you know, for polish international policy the idea should be on the west and in the east the west. And I think for European union it’s the same and it would be a partner. (??)

What could you say to the European commission to have a look to the political school?E.Nemirovskaya: First of all we should have this unification and this is what the idea of the school is about. The school is about the rule of law, democratic institutions and human rights. Secondly, to bring people who have ambitions in political and public life that the will be open for such a thing. We should talk about many things such as corruption. And there should be network

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among young people, public leaders who will understand in future and who will step further in their network, who will be ready to establish horizontal public network among them and who will be ready to continue their activities to create their own social process. There was a slogan which says “civic education for civic society” and all these countries are not ready for that and for European Union. I think it’s more important to have not only economic unification but more or less a unification that people would become citizens, responsible citizens. May be not everyone, but a lot of them.

Sacha: I understand your question in terms of unification of the school, but it’s not all about size.

E.Nemirovskaya: They can not unify Great-Britain, Germany and France! How could you expect to do that here?

In Paris there will be a meeting of directors of schools. Would you come? Are you going to Strasbourg this year?E.Nemirovskaya: We would definitely come.

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3“AN INSTITUTION ABSOLUTELY INDISPENSABLE IN COUNTRIES WITH WEAK POLITICAL ÉLITES AND A

VERY SIMPLISTIC UNDERSTANDING OF PUBLIC AFFAIRS”

Sonja LichtFunder and Director of

Belgrade Fund for Political Excellence (BFPE)

The Belgrade Fund for Political Excellence (BFPE) is part of a Network of Schools of Political Studies in South East Europe, which operate under the auspices of the Council of Europe. BFPE was founded in November 2003 as a non-governmental, non party and non profit organization. The founder and president of BFPE is Ms. Sonja Licht.BFPE’s primary goal is to contribute to the formation and development of both a democratically- oriented political elite (in parliament, political parties, and in institutions on the national, regional and local levels) and to this same development of leaders in other society sectors (state administration, non-governmental organizations, media, culture, law, unions, and the wok place).BFPE’s main role is to enable the socio/political elite to obtain the additional knowledge and mandatory skills necessary for both a democratic transformation of society and for participation in European and Euro-Atlantic structures. Primary focus is placed on the process of European integration. Special attention is paid to the further development of cooperation in the SEE region in an effort to strengthen regional stability, security and democratic potential.

http://www.bfpe.org/bfpe/homeENG.php?linkID=8&podlinkID=1 (05-2010)

Entretien avec Janina DudaTranscription : Luisa Fenu

What about your first contact with the Political Schools ?I visited the Moscow school, I think it was 2001, and I fell in love with it long time ago.

So how did you learn about it ?Because before that I was working for the Soros foundation network and I was in charge of the fund for the Open Society from 1991. and since the Soros foundation was already helping the Moscow school from the beginning, I had heard about it very early, and I met Elena in mid 1990s. In effect I thought it was great idea but until I saw it I didn’t realise what it was all about. So, I went to Moscow, invited by Elena, I lectured there and in fact I go there at least once a year and I became so excited with the all thing and I came back to Beograd with the determination that a similar institution must be founded in Serbia as well. I negotiated with many people, I was then looking for

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somebody who would start the whole project, implement the idea. There were different candidates so to say, but I had the feeling they had no real passion for it and I was convinced that you cannot work on it without a lot of passion. You cannot do it for any other type of interest if there is no passion behind. So, at the end of the day, in 2003 I left the foundation and founded the school.

So you did it yourself?Yes, exactly, because I was very passionate and I still am. I love the project and I think this is an institution absolutely indispensable in countries with weak political élites and a very simplistic understanding of public affairs as well as very weak understanding of the common good. So that is the philosophy behind.

What is the influence of the school on your country?It is very difficult to say. As you’ve already understood this network is very specific because every member is unique. The Belgrade fund for political excellence is again unique in its own kind. We have of course this programme which is common to all, but we have many other multi-year programmes that we are doing from the very beginning. What we call the Annual Programme is our flagship project. It is very hard to divide the impact of this programme from those others, but in general I would say that this institution succeeded in this six and half years to become an institution which is recognisable and in a way the home of more than thousand people who went to our programmes, we have a number of alumni networks, but from time to time we organise things to bring them all together. We have a network of people who are really treating this institution with a very special fondness and care.

I give you just one example. Every year at the beginning of December we organise some kind of New Year’s party and this December there were many things happening in the country in the same time, plus it was a horrible weather. There was a snow storm. I came to the party with the conviction that no more than ten, twenty people were coming even because many of our alumni are from outside Belgrade. But at the end there were more than 150 people, in the incredible weather, and additionally there was a taxi strike, who were there together socialising - 300. I get surprised every time. You know, that December we were in the middle of election campaigns and I said to my colleagues as the sceptical one “let’s not do it, those people are to busy”. What is interesting is that my colleagues instead said “no, we must have it because this is the only place where we can talk normally to each other”.

So, when we talk about the impact I would say of course that as any serious educational efforts it is bringing knowledge and building self-esteem which is very important for people in public life. But it is actually bringing something else which is even more important. It is putting around the same table people from different parties and structures such as local and national institutions, media, civil servants or civil society, even finally business representatives and those from the judiciary. They spend together about 24

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days where they get to know each other, debate, socialise, have fun and most important break the barriers that are dividing them both in political and social life.

So this is one of the ingredients of the recipe of success?Yes, definitely it is.

So, if you were to give any other hints? And if somebody wants to set up a school in a country?It is very important to do it very seriously, professional and responsible. Why? Because there are many different seminars, conferences and gatherings where people go to. An example, members of parliament are in a way very spoiled because they go Strasbourg, Brussels, Reykjavik, they are used to travel. They are used to travel and meet their counterparts from other countries. But they are also spoilt. So, if you don’t provide them with anything special they will give up after the first time. It is not anymore as it was in mid 1990s and they all know how to differentiate between the organisers who are just spending money and ticking the box and those who are convinced and doing the utmost to provide the best quality. So this is another recipe for success: working very very seriously. And to make sure that you have the lecturers who are very attractive speakers, know a lot, and not boring. Because boredom is the thing that is killing every single initiative – there must be also people who are attractive enough and who know how to connect with the audience. Another thing is that most of the lecturers are ready to continue the communication during lessons and even later on, to create a relationship on a personal basis, to be some kind of mentor or consultant. Sometimes they turn out to be very substantial relationships. By the way, a number of our participants decide, after having taken part in our programmes, to continue their formal schooling. Some participants who came to our school completely changed career and educational background; some of them have become active politicians or heads of Parliament or Secretaries of State. So, as you see, the impact is a never ending story. We have a statement of one of our quite outstanding public figures, that the Belgrade School... has completely changed his life.

What are they learning that is so revolutionary?I don’t think it is revolutionary. We organise always our sessions in a way that is a mixture of theory and practice and we are more and more including our former participants as lecturers which is very attractive to them. Their way of learning is not classical; we are actually analysing Serbian transition, general transition, preconditions of change and institutional transformation of the country. We are also devoting lots of time to European integration, European institutions and policies. We are always adding unusual subject to this school such as religion and civilisation, human trafficking, the role of modern films in Serbian culture and social life.

Page 154: Sommairedenisrolland.univ.free.fr/pdf/livre1.21COE-témoignages.doc · Web viewEt que, pour se tenir à ce projet, aller au-delà des apparences et du discours sur les apparences,

We make so sure that there is always something that is kind of a “bonus”. We want to pay attention not only to the present moment, but to the future as well because they will be the future leaders.

As we are speaking of the future, does your school make faster or better the accession of Serbia to the European Union?I very much hope so. It is of course linked to many different elements, but I do believe the school plays an important role as leaders will be better prepared on European issues and they will have a better understanding of the processes of interdependence. But we don’t want to stop to the European Union which means that we want to show the “big board”, the process of globalisation and why it is important to work on both levels.

How could your school help to develop the regional integration in South-Eastern Europe?We have started lots of activities in this framework. We have a project called “linking the young leaders” which is started four years ago with the Zagreb school and then we have extended it to the Western Balkans as we have common problems, common backgrounds and common lessons to be learned. This project turned out to be very successful and they now meet three, four times per year. Then we have another programme just started by the Council of Europe to implement local and regional attitudes and capacities. Another project has started 5 years ago in the region for young leaders. So, as you see there are many initiatives in the region with Georgia, Rumania, Moldova and Ukraine. I would like to add now there is a new effort started by my institution. It is a joint project on energy efficiency with the school of Zagreb, Podgorica and Skopje. The idea is that of creating a forum for energy efficiency. It is a very complex project and that’s why we didn’t include everybody. It is a six years project meant to bring all the Western Balkans in 2015 to see what has been achieved of the 20/20/20 goal and the aim is to get the all region closer to a responsible energy policy.

So do you envisage your school to be the pacesetter in the region?Not only our school, but as I said at the beginning we are the biggest institution and so we thought it was up to us to break the ice. We don’t want just to broaden, but to deepen through all different activities. I don’t think we are the pacesetter, but in a certain way we understood at least two important things. First of all we understood the importance of building an overall European perspective for Serbia without strengthening institutions, but trying to find new rules. The second thing we understood is that it is impossible to transform those institutions without empowering a new generation of leaders.

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We finally strongly believe in regional cooperation and this is the most serious test for all of us and see whether we are ready for European integration or not.

And then what about the process of reconciliation?The reconciliation process is an ongoing process. The schools don’t really insist on this process because there are other organisations doing that, but we have this topic from time to time and not from a personal point of view. What we are actually doing is undoubtedly strengthening the dialogue and dialogue is the core of reconciliation.

What values do you have in mind?Well, the values I have in mind are the universal values such as human rights respect, real understanding and respecting of diversity, solidarity, tolerance and democracy. You know, all those values that are the fundamental values for Europe and the European Union. Values are normally taken from granted, but they are not lived on a daily base. The fall of communism, the end of a bipolar world and the transition to the new neo-liberal model or ideology brought to the present day. This model is not much different from the Stalinist idea of ruling because we have just one thing that can solve everything: globalisation and the force of market.

So do you think that in general democracies are falling in Europe, Western Europe?No, I don’t think they are falling, but I think they are very sick.

Do they need refreshment?They do need refreshment, but above all the empowering of young and the participating of people and not only during the election day. It is not only about the democratic values, but also about the humankind survival.

And if you were to pass a message to the European civil society?The European civil society needs to get involved in the European project which is the most peaceful and about integration in the world. It is actually the only one and for this reason they need to implement and participate to it otherwise it is going to fall apart and get back to nationalism, xenophobia and egoism.

If you were to invite anybody to your network, who would that be? Well, I would but it depends on the European commission as well. The first I would invite for sure would be Turkey and Greece. And then if they join we can continue thinking about that.

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What role does the Council of Europe have? Do you need it?The role is undoubtedly very important and we do need them. I have started my cooperation with them twenty years ago and even they went though serious difficulties, it has been created with the idea of strengthening democracy, rule of law and human rights. I highly respect it and I do strongly believe it is the only pan-European institution. As regard my project I think that they need us and that we need them.

Why should the European Commission help you?Well, because I think that the future of the European Union depends on whether it is going to be more and more integrated. In order to create it they need a more and more prepared and well-educated leadership class and that’s what we are doing. That’s why they should be interested in our projects. We are not only fulfilling tasks for new democracies, but through our activities and projects we are trying to create a new generation of leaders.

So you are not a NGO?No, not at all! We are much more than an NGO. I know it’s a daring thing to say, but I think we are kind of a movement, a movement for a more responsible and knowledgeable political class for the future.

So trendsetter?Well, yes, if you want me to call us that way, yes, we are the trendsetters. There is nothing big in the history created without passion. So passion, passion and once again passion.

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4.

“WE REALLY CHANGED THEIR WAY OF ACT”

Sonja LichtFunder and Director of

Belgrade Fund for Political Excellence (BFPE)

Interview : Denis Rolland Transcription : Luisa Fenu

Could you explain your relation with Open Societies? I was first Executive Director, later President of the Board and then President until the end of my engagemt at the Soros Foundation in Serbia; but to make things more complicated I have to say that the foundation was established by Mr. Soros in 1991 in the former Yugoslavia. In June 1991, he signed a contract with the last President of the Federal Government of Yugoslavia Mr. Markovic to create a joint foundation. The country then unfortunately started to fall apart and the joint foundation de facto was never really created. The Soros Foundation started working at the beginning of the Winter of 1992. At the beginning it was a small operation, and started changing as soon as it started operating. Croatia and Slovenia became independent. Soon Soros foundations were established in those countries. Then in the mid-1992 Macedonia left the Federation and by the Fall had its own foundation as well. The foundation I ran until 1999 covered Serbia, Kosovo and Montenegro. Afterwards it became the foundation only for Serbia. So I was there till 2003 and then I created the Belgrade Fund for Political Excellence,, which I’m leading until nowadays. The Soros Foundation in my opinion played a very important role in the whole region especially in the 1990s because for a long time it was the only real donor and all the independent initiatives in the field had a serious humanitarian portfolio. For example, for Bosnia and Herzegovina Mr Soros gave 50 million dollars for humanitarian assistance and it was the largest humanitarian assistance an individual gave until then. He also supported a lot of humanitarian initiatives such as, for example, of the Yugoslav foundation. When the UN Security Council imposed sanctions against Yugoslavia we immediately understood that people will suffer from lack of medicine, especially children. Thus, we donated more than 200 tones of medicines between 1992-1 1995 to hospitals in Serbia proper,. This is just an example, but there were many other things.

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So that was my work with a huge attention on supporting civil society, independent thinking and independent institutions.

And today?As for today I have no formal contacts anymore except that we have a grant from the Soros foundation as well as some other schools. My school got several grants from the foundation till now. So the Soros foundation and the Open Society Institute is one of our largest supporters. The biggest one is actually the European Commission, the Soros foundation is number two. I have to say that while I was working for the foundation I was also a member of the Board of the Open Society Institute which has its headquarters in Budapest. I was a member between 1992 and 1997. Then I was member of the Board of the Human Rights and Law Programme between 1993 and 1998 and then another five years I was member of the Board of the Women Programme. Thus, for more than15 years I was involved in various boards of the Soros foundation.

And yet are you still inside the Soros Foundation?No, I left the Serbian foundation in 2003, and I was member of the Women Network Programme until 2008.

Do you keep informal relations with them?Yes, I keep informal relations with them and in first place with Mr. Soros We meet from time to time also because we became friends over the years. I respect and admire him very much.

How did you maintain relations with Bosnia and Kosovo after they left? Wasn’t it possible to work with?As I said the Foundation didn’t work in Bosnia or Kosovo after independent foundations were established there. I kept personal relations with them. But do you mean institutional as well?

I’m wondering how you can work together seeing the nowadays situation. I understand. Personally, but not only me, we kept communication. When I was in the foundation we were meeting as parts of the same Soros foundation network. We had some joint programmes as well. But yes, there was always interest to communicate with each other which is natural; because we came from the same country, we understand each other well not only language wise.

I was personally involved in many regional and broader civic initiatives and not only with the Soros foundation but also with others. At the beginning of the 1990s I was one of the two chairs of the Helsinki Citizens’Assembly wich was created in Prague. I was the co-chair f rom1991 till 1995 with Mary Kaldor a famous peace and civic activist and academic from United Kingdom. I was also involved in many human rights activities and organisations. We

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had all kind of regional activities even after the war broke out. At the beginning of the war in the Balkans I was also involved in anti war activities and through the Soros Foundation we participated in many regional programmes. After leaving the Soros Foundation I became part of the Council of Europe’s Network of Schools of Politics which has a very strong regional component and I have to say I have many friends in all those countries. I mean, friends for decades. Some of them play a very influential role in their countries and broader. Such as Zarko Puhovski from Croatia who is one of our leading specialist in political philosophy and human rights. He is, for example, a regular speaker at my seminar. The network of schools succeeded to create intensive regional cooperation in Western Balkan region. We are organizing conferences, seminars, at least three times per year. There will be one this month in Montenegro, and another one in Croatia next month. Last November there was a regional conference in Pristina, and June last year a seminar in Belgrade. .. And now some schools are starting a joint regional project on energy efficiency. Hopefully, we will be able to extend it to the whole region.

In my opinion there is a natural wish within the region for cooperation because we need it for economic reasons, for cultural reasons, security reasons… And, as I always say, politics comes at the end.

And so you know about the Bosnian schools after the new government?Well, I can’t say I know perfectly about it, but I know about some problems. It’s not about knowing everything anybody is doing, it is about cooperating with full understanding that we are from different political environments. But with a joint objective to develop good regional relations and strengthen our path toward full membership in EUI t is about how I believe that regional cooperation can and should work.

But did you contribute to help the other countries such as having a local interlocutor?In some way yes, in some not. I helped the Council of Europe to find interlocutors in Montenegro, because when I started my school Serbia and Montenegro were still together. When Montenegro became an independent state, I helped The Nansen Dialogue Centre to start the school.

Bulgarian and Romanian schools are part of the Western Balkan project?No, they are not, because we have different problematic to solve. They are for example already in the European Union. That’s why we decided to limit the project to the Western Balkans. The schools from Belgrade, Zagreb, Sarajevo, Pristina, Skopje, Podgorica and Tirana are participating in this cooperative project.

So you are one of the links between the former states of Yugoslavia?

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Yes and no because Albania was not part of the whole process.

Did you have any problem with the Council of Europe to create this project?No, the Council of Europe likes very much that we cooperate. We are very autonomous in our decisions. If we decide to do a project, they are not preventing it. This is a network where every member is very autonomous and we can do very different activities according to our wish. So, for example, this event here is being supported by the European Fund for the Balkans. It is a matter of money as well. All events are of course not funded by the Council of Europe and the European Commission, but we are finding our own donors and this is very important. This is not the only regional cooperation in the Balkans

The Council of Europe started last year in a series of regional seminars for local governments. They managed to find some funds for it, but they are also doing it in cooperation with our schools. The schools are providing the names and people coming from local municipalities or people dealing with local municipalities. They had already two SEMINARS, one in Podgorica and the other in Sarajevo. The participants told me they learned a lot about Europe and what it is very important created many new horizontal links among themselves. There is a third regional programme that was initiated many years ago by the Bulgarian school and this is for young people in active in political and public life. We the Belgrade Fund for Political Excellence initiated the project dealing with energy efficiency and sources of alternative energy, which aims to create a regional energy efficiency forum, among other things. There are 4 countries involved: Serbia, Croatia, Montenegro and Bosnia. By now it is supported by the German Technical Cooperation (GTZ) and the Visegrad Fund, but we hope there will be other donors as well.

So as you can see the time goes by and there are more and more regional initiatives. Some of them are under the auspices and others are independent from CoE.

Do you remember any formal intervention of the Council of Europein the schools? Some project’s discussion for example?We have discussions all the time. We the directors meet and discuss all the programmes, especially the Summer School for Democracy. From time to time, we ask the Council to send us some speakers to our national seminars. Of course, we must be very strict in meeting our financial responsibilities. The Council intervenes only if they have the feeling the programme is not up to certain standards, but I never had such an intervention in my school.

But somebody told me there was some recent intervention, about a seminar focussing on identity question? I heard about it but since it is not my school and I can not get involved.

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Anyway, if there is a very sensitive topic and there is place for fear that the topic might create problems it is important to handle it with great care. But the question remains should we avoid sensitive problems entirely? I don’t think so. We have to teach politicians how to handle problems, but how not to cross the line and remain within the values necessary for European integration.

In my school I had not one single problem of this kind. We had some harsh dialogues, but we managed remain within the

democratic framework. I must say I’m quite reluctant when there is an outside intervention. As far as I can see, the leading group in our schools is composed by serious people and the trust is very important.

But in any complex network you can have some problems and misunderstandings.

We had for example a problem with the previous interlocutors in Bosnia. The first one consisted of were very nice people, but they were not able to attract people active in politics. Only or mainly from civil society. The second interlocutor was doing a good job, but they had not enough human resources at the end to manage the school.

In Albania the Council of Europe had, as far as I know, a high numbers of problems in finding good interlocutors.

It’s a complicated business because it requests trust and lots of patience.

In the context of European Union which is the country you are working the most?We have a very very close cooperation with Hungary and one important partner is the International Centre for Democratic Transition from Budapest. The person who created it is also the president of our advisory board. Plus we cooperate with institutions from Slovakia, and I had already mentioned with Rumania and Bulgaria.

As you can see these are mostly countries which are coming from the same discourse although we cooperate also with a number of other countries from EU. We have lots of lecturers coming from Germany France, Great Britain, Netherlands, Spain, Portugal… We also have a very good communication with the diplomats of the European Union member states, such as Denmark for example, , Germany, Italy, Spain, the Czech Republic, Slovakia, but also with Norway (it is also a very good donor), Switzerland.

Do you have some link with a political foundation in Germany?

Yes, some communications, not very intensive, for the time being. We hope they will be more intensive in the future especially because some of them are very much interested in the energy issue. We had some joint programmes with Wilton Park from United Kingdom.

And from the United States?

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From the United States, we have a numbers of donors and we have also lot of lecturers. We have a good cooperation with the Moscow school from which we have a good number of lecturers. Three projects are supported by the Canadian government.

Did the Serbian alumni receive any invitation from foreign country?We don’t have that type of programmes yet. Last year, we took a group of our participants to Brussels,. This visit was part of the project supported by a grant from the European Commission. We are hoping to do the same thing this year. NATO is also interested in having a visit from our students. Some schools have just the one programme that ends with Strasbourg. But my institution has various multi year programmes and we took some of our participants to study visits to Northern Ireland, to Portugal, Slovenia and Bulgaria The meaning of all this trips is to visit different institutions, meet people and exchange experiences. For example, in Northern Ireland the strongest impression they had was about community centres and the role of civil society in supporting poor people. Northern Ireland for them was a discovery: How well functioning civil society can change, not only the social, but also the political aspects of life.

Another example, when more than 20 MPs travelled to Portugal (the programme was about poverty reduction), and were especially excited again with the role of the civil society in poverty reduction, and how the state is delegating to civic associations some very important functions.

They came back to Serbia with the suggestion for the creation of a serious food bank, because we have a small one and almost nobody knows about it. Now a group of Parliamentarians is working on a project for a food bank in Serbia!

I’m giving you this example to show two things: first, that this kind of visits can be very important and, second, that in working with politicians and other public leaders and in educating them, we really changed their way of act.

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5

« LA SOURCE D’UNE NOUVELLE ÉLITE »

Adrian SeverinÉcole européenne Ovidiu Sincai

(Roumanie)

Membre du Parlement Européen, Vice-président du Groupe des Socialistes et Démocrates au Parlement Européen, ancien Ministre des Affaires étrangères (décembre 1996-décembre 1997).The "Ovidiu Sincai" European School was established on 18 June 2004 in Bucharest by the "Ovidiu Sincai" Institute under the aegis of the Council of Europe, in the presence of Mr. Terry Davis, Secretary General of the Council of Europe, Mr. Klaus Schumann, General Director of the Council’s Political Affairs Department, of other Romanian and foreign personalities and of Romanian politicians. The School is a member of the Council of Europe’s Network of Schools of Political Studies.The School annually recruits 40 participants selected from a wide spectrum of the Romanian society. The School’s main objective is training future decision-makers, representatives of political parties, of the judiciary, journalists, businessmen/women etc., in the spirit of democratic and European practices and creating a proper framework for their sharing of experiences.The School organizes, during the year […], two schools (one national and the other regional, for Transylvania) which unfold during four seminars of three-four days for each school, covering the main aspects of governing a pluralist, democratic society with a functioning market economy […]. The fundamental mission of the "Ovidiu Sincai" European School is to contribute to the in-depth acknowledgement of the values and principles of democracy, thus supporting the complex process of modernizing the doctrine from Romania, of making the political class professional and efficient.

http://www.seos.ro/evente.html (05-2010)

Entretien : Marie Neihouser1

Pourquoi avoir fondé une École politique en Roumanie ? En 2004, lors d’une séance de l’Assemblée Parlementaire du Conseil de

l’Europe, dont j’étais membre, l’un de mes collègues parlementaires m’avait présenté ce projet qui réunissait à cette époque quelques Écoles des pays des Balkans et de l’Europe de l’Est. Le projet devait comprendre tous les pays de ces régions. Mais la Roumanie manquait sur la carte.

En tant que directeur coordonnateur de la Fondation « Ovidiu Sincai », qui avait déjà 2 ans d’expérience dans la gestion des projets éducatifs pour les jeunes politiciens, j’ai eu l’idée de fonder une telle École en Roumanie. A ce moment-là, on conduisait les négociations pour l’adhésion de Roumanie à 1. Réalisé par Internet, le 18-03-2010.

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l’Union européenne. C’est pour cette raison que nous l’avons intitulé « l’École Européenne Ovidiu Sincai » [du nom d’un député roumain social-démocrate important après la révolution de 1989]1.

Comment ce projet a-t-il été accueilli par les acteurs politiques du pays (gouvernement, opposition…) ?

En 2004, le gouvernement était dirigé par M. Adrian Nastase, président du Parti Social-démocrate et président du Conseil Directeur de la Fondation Ovidiu Sincai. Le projet de « l’École Européenne Ovidiu Sincai » a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme et soutenu par la majorité des représentants des minorités nationales, en particulier le parti hongrois, et des représentants de la société civile.

Les partis de l’opposition ont eu une attitude plus réservée au début, mais, après les premiers séminaires, ils ont accepté la collaboration avec la Fondation. Depuis la deuxième édition, tous les partis parlementaires ont désigné des représentants au sein de l’École roumaine.

Comment s’est développée cette École ? Quels sont ses buts ?Les buts de l’École sont le développement du dialogue entre les divers

groupes sociaux et politiques du pays, la consolidation d’une vision démocratique fondée sur les valeurs européennes et sur le respect des droits de l’homme, le développement d’une classe politique nouvelle capable de valoriser le potentiel de la Roumanie dans l’Union européenne et, aussi, le développement des liens entre diverses forces politiques, pour créer une environnement politique stable en Roumanie.

Pendant les dernières années l’École a réuni plus de 200 participants. Un quart d’entre eux détient des positions officielles dans l’administration roumaine : conseillers locaux, députés nationaux, députés européens, fonctionnaires publics... En 2005, nous avons eu même une École régionale en Transylvanie qui, faute des moyens financiers, n’a néanmoins pas pu être pérennisée.

Qu’attend l’École du Conseil de l’Europe ?Le Conseil de l’Europe a été le principal soutien de l’École roumaine

depuis le début du projet. Notre coopération a été très efficace et elle nous a aidé à développer le projet à sa dimension actuelle qui n’est pas du tout négligeable à l’échelle du notre pays. Chaque année, on assiste à une belle compétition entre candidats désireux de participer à ce projet. Nos critères de sélection sont donc exigeants, avec comme objectif principal l’engagement d’élites roumaines. Je crois que continuer cette coopération sera impératif pour pérenniser ces résultats dans les années à venir.

1. Ovidiu Sincai est aussi le nom de l’institut roumain qui organise les activités de l’École en Roumanie.

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Vous avez vous-même effectué une partie de vos études à la London School Business University, c’est-à-dire en Europe « de l’Ouest ». Ceci a-t-il eu un impact sur votre volonté de créer l’École en Roumanie ?

Cette période a une importance particulière dans ma vie. C’est à ce moment-là que je me suis familiarisé de plus près avec les valeurs démocratiques occidentales. Inspiré par cette expérience personnelle et aussi convaincu par le fait que la Roumanie appartient à l’espace européen, j’ai posé les bases de cette École afin de former la nouvelle génération des élites politiques et civiques de la société roumaine dans cet esprit européen fondé sur les valeurs démocratiques occidentales. Viendra le temps où cette génération aura le rôle principal dans le processus de modernisation du pays.

L’École est jeune (2004), créée seulement 3 ans avant l’entrée de la Roumanie dans l’UE. Existe-t-il un lien entre la création de l’École et l’intégration européenne du pays ?

En 2004, la Roumanie, dotée d’une classe politique consolidée, était prête à réaliser les buts stratégiques du pays, énoncés après 1989 : intégration dans les structures de l’OTAN et de l’UE.

Ce qu’on doit encore réaliser ne tient pas seulement à des critères politiques, qui ont été remplis lors de l’adhésion de Roumanie à l’Union européenne, mais à la modernisation du pays dans le sens le plus complexe. Ainsi, l’École sera-t-elle la source d’une nouvelle élite devant réaliser des tâches que l’on connaît déjà aujourd’hui et de nouvelles qui apparaîtront dans les années à venir.

Quel est le plus grand défi actuel qui se pose en Roumanie ? Quelle peut être la contribution de l’École pour aider à le surmonter ?

Après l’adhésion de Roumanie aux structures européennes, on a pu assister à une période plus détendue et caractérisée par un degré significatif d’optimisme. Mais la crise économique et financière globale qui a touché aussi la Roumanie a brisé les espérances des citoyens roumains. Ils se sont graduellement éloignés des politiciens et sont plus vulnérables aux messages populistes et extrémistes. Les dernières élections en Roumanie ont consacré des politiciens qui n’hésitent pas à utiliser des messages extrêmes pour attirer les suffrages. Ainsi, je crois que le plus grand défi actuel en Roumanie, dans le contexte de la crise économique et financière globale est l’intensification du populisme. N’oublions pas que la crise économique de 1929-1933 a fini par amener au pouvoir les forces extrémistes ayant contribué à déclencher la guerre. Ce scénario ne doit pas se répéter.

Dans telles conditions, les participants de l’École roumaine constituent une garantie pour l’avenir de la démocratie dans notre pays. L’École propose de soutenir les jeunes capables de consolider les institutions démocratiques et l’état de droit. Je vois cela comme un soutien indispensable pour la jeune démocratie roumaine.

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Comment envisagez-vous le futur de votre École ? Je crois que l’avenir de notre École en Roumanie est lumineux. L’École

politique européenne « Ovidiu Sincai » est déjà devenue une académie politique renommée dans les milieux spécialisés. Si elle obtient aussi l’appui financier nécessaire, l’avenir politique de la Roumanie est lui-même assuré.

De même, en choisissant le moment opportun, peut-être pourra-t-on relancer le projet des Écoles régionales concernant les trois régions historiques de la Roumanie (la Transylvanie, la Moldavie et la Valachie).

En outre, le vaste réseau des élèves pourra contribuer à la revitalisation du dialogue des idées en Roumanie et contribuera de manière essentielle à la normalisation de la situation politique et sociale.

Comment envisagez-vous le futur du réseau des Écoles politiques du Conseil de l’Europe ?

Le réseau des Écoles politiques couvre une région très importante pour l’Europe : sa partie orientale est caractérisée par des régimes démocratiques émergents, pas tout à fait consolidés. Dans chacun de ces pays, les Écoles sont des institutions importantes de la société civile contribuant au développement de l’esprit européen et à la modernisation politique, économique et sociale. Ainsi, je crois que l’avenir du réseau est crucial pour maintenir ces pays dans l’espace démocratique européen. De plus, par l’interaction des Écoles dans le cadre de l’Université d’Été pour la Démocratie, organisée chaque année par le Conseil de l’Europe à Strasbourg, ils peuvent améliorer les relations entre ces divers pays et, par conséquent, résoudre une partie de leurs divergences.

Ces ambitions (pour le futur) sont-elles différentes de celles qui ont procédé à la création de votre École ? Du réseau ?

Je crois que chaque École a, d’une part, ses propres ambitions sur le plan national, dépendantes du stade de développement de chaque pays, et, de l’autre, des ambitions communes. Le but final de chaque École varie : intégration dans l’UE ou, simplement, consolidation de la démocratie dans le pays. Mais c’est un processus qui dure longtemps. Tout changement d’un système à l’autre se traduit par une transition politique, économique et sociale. Si la transition politique et économique prend quelques années, la transition sociale a besoin de quelques décennies. L’exemple de l’Union européenne est très suggestif dans ce contexte. Si on parle des individus, une chose difficile qui surgit est celle de changer les mentalités enracinées pendant des centaines des années. Les Écoles tentent de réaliser un changement au niveau des élites. A leur tour, elles seront celles qui vont bâtir la nouvelle société de demain.

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6.

“A GOOD PLATFORM TO IMPROVE THE DEMOCRATIC PROCESS”

Nevena CrljenkoExecutive Director, Academy for Political Development

(Croatian School)

Vision: To contribute to the quality of political processes in Croatia by providing political education to young leaders and by motivating them to participate in public affairs.Mission: Developing democratic political culture and promoting dialog and cooperation among future leaders.Academy for Political Development is a programme of political education for young leaders from politics, business, public administration, civil society and media.Programme is implemented in partnership with the Council of Europe, in the framework of the programme Schools of Politics in South-East Europe. The programme Schools of Politics is a civic initiative for promotion of democracy, human rights, rule of law and European values in transition countries of SE Europe. Academy is not an independent legal entity, but acts within the association European Circle – Croatia. Programme: Academy provides a one year educational programme that consists of three weekend seminars in Croatia and a summer school at the Council of Europe in Strasbourg. After completing the programme, the participants receive a diploma from the Council of Europe. Participation in the Academy’s programme is free of charge.

http://www.politicka-akademija.org/en-o-akademiji.htm (05-2010)

Interview : Denis RollandTranscription: Klajdi Gjondedaj

Did you work with political school before being employed by the Academy?

No, I responded of a call of application for the position of executive director and I got the job. Actually I start working. I went to one training seminar, but I was very well informed what academy is and how it works.

What did you do before?Before that, I was working in a private sector for three years in the 2 nd

largest publishing house in Croatia. First I was working in the School books department; after that, I was at the head of the largest store in Croatia and neighbor; and I was the founder and director of a Direct book Fair, a cultural manifestation, a festival of books: for 2 weeks we brought together readers from Europe and the world. So it’s a large culture event. After that, I was working in the public sector, in a department of culture education and youth.

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So, basically, I didn’t have at this moment an experience in the civil organization sector. When I respond to the call of application, I didn’t know what the Academy work was, but I decided to apply: I was 1 of the 12 candidate… and I got the job and started working. I am working since 3 years in the Academy.

Do you like this job?Of course! Civil society is not something that you do because of the

money! I mean tend to have the enthusiasm because we believe in the ideal to promote. So is most the feeling of the person for the satisfaction by what you do than the feeling of material game.

Why the former director resigned?The person who used to be director, decided to return to his professional

career (tobacco business, Philip Morris international); but he remains the president of the spirit board and to cover who is responsible. He remained involved but not in the executive work.

Why he found this Academy for Political Development in Croatia?He found it with other people, a couple of persons, and realized the

necessity to work bringing together the young leaders and young professional from all sectors. He managed to have in the Academy an equal amount of people from media, politics, private and public TV sector… The Academy put them to an education circle that will connect them and it concludes in the Summer University of Democracy in Strasbourg. Basically the creator of this Academy knows much better tan me that thing, because he knows very well the deadline of the works that he had and decided to found the school which is now functional: this Academy.

Did you have some relations with Croatian NGOs ?Of course! Many of them went to our program because each year different

participants come from civil society in our Academy. And when you are the director of the organization such as the school of politics, you need to be well informed about all the country: it means to follow what happened in political but also in private sector life. We cooperate in other projects, for example with the British Embassy or the British Council and some other organizations. Whenever the mission of one other organization will feet with what we are doing, so we are open for that kind of cooperation.

Do you have any special cooperation with any NGO today?Today, we don’t have any special cooperation.

Do you work with ?No, they don’t exist in Croatia: the office in Vienna is taking care, but we don’t cooperate with them in any point. There is no official cooperation for

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the moment. What we are doing with some other organization, we cooperate with the “Network ……..(6;14) political public”, people cooperate all the time and work with. But, in Croatia, those are the basically organizations that we do something together as individually event.

You don’t specially work with the Soros foundation?There is no more cooperation in Croatia. A couple of years ago, there was an “Open Society” Institute, but we never cooperated with them.

Do you know why the “Open Society” closed?I believe, they considered that was no need to have an Institute in Croatia; but it’s just my opinion. Croatia is the only country of the region that doesn’t have an Open institute.

How you choose your participants?We have very seriously professional selection process. Every year, we open a call for application, in December. It’s open for one month and it’s listed in the website of our Academy. We send also the call for application to all our partners and organizations and we made it as public as possible. Every year, we have around to 30% - 40% increasing of people who apply. This year, we have 197 valid applications: it’s consists in some questions, curriculum vitae and the criteria who can apply.

The criteria of the age 35, of course: we want a young professional, speaking English, with international experience, education or work abroad; people engaged with public sector.

We have the board to select the participants. In the first step after we close the call of application, we have a selection committee, which consists in expert from the board but also outside experts who came from national foundations, from civil society organizations. All the people who are in the selection committee are really working in the selection process to have the right candidate.

We have three selection processes: first, we rate all the people who can apply in categories; after that we have a meeting and decide which people we will interview. We decide 5 topics to see as well how informed the people are for the situation of Croatia in order to compare. We want to have their divers opinion so we don’t want to rate good and bad, but how well there are informed and how well they can explain and how is the attitude to except and argue the fact in different opinion, and after I can rate the different opinion. In 30min. we have three people inside who are interrogated.

So for one week and a half we have thus interviews. If somebody is unable to attend this interview for healthy reason or because is out of the country in this moment, we make the interview by phone with the same questions. After that, the committee will compare and make the final list of participants.

So every year, we have more and more applicant and it’s difficult to cross the line of 30 participants: we really try to get top quality of the people. For

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the very good applicants who can’t this year be part of Academy, they are still a good potential and we suggest them to apply next year. We take a lot of sights and too much attention to do the selection process, because there is a link between the higher care of selecting the participants and the quality of the program.

Do you maintain any relations with the former participants?Absolutely! We call members of academy and we say that this is just the beginning. This is the first year of education program but after we have each month email, lectures… in order to keep in touch with people. For example, soon the Director of the ENA will come in Croatia, and we’ll bring him for a conference: so we called all the members. Any conference in September when we call all the members not just only a generation and we stay in contact with through email, Facebook groups and I use a lot of new medias to stay in touch with people that formed themselves in the Academy 6 years ago and are still involved. When we discuss the topic for Human Rights, we contact the people interested in this topic, and they want this network of connecting people. Of course not all the people want to be involved but most of them do. We are trying to do a good platform of good education, but we also make it clear that we want to promote culture. We need to work and cooperate with each other to improve the democratic process in Croatia.

In one year, how many days of formation?In the first year we have 3 weekend seminars (from Friday to Sunday) and a week during the University for Democracy in Strasbourg.

Do you manage to organize trips for your participants to discover your country or some problematic in other part of Europe?No, we do this 3 weeks seminar in Croatia. For example now it’s in May in XXX. Actually this seminar started with the cooperation of Belgrade School (BFPE) and our Academy. At first, it was only for people from Croatia and Serbia. But, later, we included people from Macedonia Bosnia. And now it’s for all Western Balkan. Basically considering that Croatia didn’t have this problem of the Schengen zone, people from Croatia mostly don’t have trouble travelling and most of them in academy already been in most of European countries, so this is maybe a special values for Croatia. It will be of course one of the country that will enter in Europe and so we don’t need to invest so much money there. So I mean mostly difficult for us basically is the foundries some kind of money, than let’s say Kosovo because in the most development country the downer say; let’s go to the places which we can help more, need more.

Do you imagine each year some previous repartition of your participants, from parties, civil society, etc.?

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Yes, we have. I think our Academy is the only Political school that has the same amount of people from Medias, politics, civil society, public sector and business. We believe that we cannot make any serious change with only members of the civil society.

We cannot contribute to democratic process if we don’t have all the sectors. I mean that the political parties have their own system of education: so we want to put them all together only for person that think different politically but who are coming with different issues that comes from Human Rights, to the European Union, anything… people who come from business to have different opinion of somebody that work in ministry, or somebody who sits in the parliament. So we have an equal division.

Do you have some objectives of gender or regional repartition?When we publish the call of application, it’s mentioned. It’s made possible to have a formative action to work and a good representation gender balance. For example, this year, we have 17 women and 13 men. I think we have mostly woman than men in the end.

At last 30% of persons who are every year in program, don’t live in Zagreb, capital of Croatia, because most of this I mean everything is concentrated in the capital of the country but we want to contribute with people that live more apart from capital to help and bring changes by taking them in the Academy and this contribute from 30% to better presentation of the participant.

Do you organize your national seminars in the capital, Zagreb?No it’s never in Zagreb. We’ll do it basically in villages of thousands of people. In Zagreb, we organize the evening lectures (1:30h) or some events, because Zagreb is a logical solution when you organized events with other 7 countries to come!

Why?We want people spending time with other people, working together, but also spending time together, formal and informal time, because it’s also a platform of education when they lunch or dine or take a coffee together. It’s a very important part of this connection.

What’s your relation with minority in Croatia?Well I mean we have people from minority as well that is a issues that we mention wherever talk about the Human Rights, but I m happy today: that this is a one issues that still its feel less than before but I believe that it use much better than before. But we don’t have this year…

Do you have any interventions from the Council of Europe on the organization of seminar in your work?

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No, because we send our program months before. We address them our topics and different issues. And, above all, we have a good corporation with the Council of Europe since the beginning. We invited them to be part of the seminars.

I also went to Strasbourg to meet to regarding for the Summer’s university for the democracy and one which is general evaluation and I’ve been selected in last meeting to be a coordinator of the European Association of the School of Political Studies in Strasbourg as well. So we try to have a very close cooperation. We have decided to have better cooperation between the different schools and directors. Next week, I will be in Bosnia as lecturer… We invited the other colleagues in our seminars, not only to connect the schools, but to connect the participant as well. Let’s say that we really have a great partnership with the Council of Europe

With the principal political parties, there is no problem in Croatia?No, we have good relation, I mean when we write to the parties for an open call of application, but nobody get in without the selection process. If they recommended anybody, he should pass the selection process. So we don’t have to support any kind of serious interventions.

Do you sometimes invite persons to apply in academy?We invite if we see somebody that we believe in the profile. And then he’ll apply if he is interested. However, it’s not mean that he will be inside automatically: everybody passed from the same selection process. Perhaps we think that you are a good candidate, but you need to prove it in the selection process, nobody is guaranteed to enter. Of course it may happen sometimes that a good candidate cannot pass the selection process and then he seemed offended… But we are really very serious and professional in the selection process. So if the person doesn’t have the criteria, we let them out of the Academy.

It happens that somebody don’t participate at some seminars in the school?Yes, we had just last year a person who couldn’t participate because she had seriously medical conditions who wasn’t known at the time of selection process: we’ll included her next year as participant because she couldn’t participate last year. Sometimes we have people that mostly have problems with medical reasons, which cannot attend one seminar; so they tried to come next year. Because when we selected thus 30 persons it’s normal that they are losing one place that too much people compete for. So we put it down: we can tolerate if they cannot attend 1 hour, but more we do not tolerate.

Do you have some financial difficulties to work?Presently, the Council of Europe covers the seminars and the Summer’s university for democracy. But we do at least 2 more programs a year dividing

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lecture: so I work with other institutions such EFB (European Fund for Balkan). I have a good cooperation with the British Embassy, the USA Embassy and the Norway Embassy in Croatia. Mostly they are Embassies who are financing because the downers left Croatia. However we make a strategic planning, because it’s the fact that more and more downers will leave in order to remain substantial and not to close down what they leave. So we want to diversify the way of getting founds: first there is donors such as the Council of Europe; and then the contributions payed by the members. We introduced a student’s fee that already has a small participating by each participant in the end of the program and they pay from themselves. How many members do you have? 50 and each one has to pay 17euros. 3 years ago, we introduced the fact they will pay by themselves the travels, not to Strasbourg, but everything else. So if our meeting is 100 km away from Zagreb, we consider that’s not only the way to save money, but to socialized a little more, travelling together. So only for domestic travels they have to cover the fee by themselves and it’s never expensive. So our diversity of financing is: first donations, second member’s fee and third partnership with a couple of Croatian companies. That’s more difficult that originally planed: usually the others the first think is to close down the institution. However in couple of years the situation will normalize we plane to pick up a couple of companies and have some kind of partnership.

How do you manage the diversity of your “students”?First of all we are not a political foundation: that is very important, because the political foundations are only for the political parties: we are a civil society organization. We have members of the entire parliament in Croatia. For example, I have a meeting with the president of the party that represents minorities, and we invited him to send us participants, to work with them. Generally the foreign donors asked for this.

Do you know other political schools which are working with the businessmen like you do? I know that there is in the Moscow school. But I think some other schools have also. Certainly, we are the one that have the greater number; I mean equal part as any other social category. I think it’s important to have businessmen or women involved.

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7.

“I’M VERY PROUD BECAUSE RIGHT NOW THEY ARE IN A VERY HIGHER POSITION”

Boris RaonićDirector of the School of Political leadership, Montenegro

The SDL was set up through the Democratic Leadership Programme (DLP) of the Council of Europe, which was attended by activists of the Nansen Dialogue Centre (NDC) Montenegro. It was established in 2002 as a specially designed educational programme for future political decision-makers and launchers of positive initiatives and reform processes within society and for active or potential public opinion creators. The SDL presents a platform for its students to further their education and provides a framework for the introduction/adoption of new theoretical and practical knowledge and techniques which provide a more professional, more efficient and modern operation. The main interest is the creation of a political elite for new political, social and economic circumstances within the ongoing transitional processes, processes of stabilisation and standardisation of different areas of Montenegrin society. The School is therefore intended to empower political activists, improve the level of their competences and knowledge and raise the awareness of the importance of civil and democratic society building and of the values of European integration.

(http://www.coe.int/t/dc/files/themes/ecoles_politiques/Montenegro_en.asp 05-2010)

Interview : Denis RollandTranscription : Giulia Pastor

& Klajdi Gjondedaj

How did you create the School of Democratic Leadership, this Montenegro’s school?This school was born in 2003, and this is the 8th generation. This school started with the effort of young individuals of Montenegro who was participating in the Council of Europe’s Democratic Leadership program. Groups of those people decided to create it in Montenegro. In the beginning, we worked mostly with the youth linked with parties. For 2003, with the first generation it was decided that the School will be only for youth participants. After four years, we realized that we could work more seriously with the youth politicians. In the moment Montenegro be independent, Sonja Licht asked us what do you think about organizing this school for Montenegro independent, in just Montenegro area? So we joined this Network of Schools in 2007. And, from that moment, we decided to realize something like the other schools, to work not only with politicians but also with other sectors of the society: Then, we

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started inviting journalist and NGOs representatives in the School. This year we also have syndicalists and international relations group in our school.

It’s the 8th generation of our school. Next year, in September we will start the 9th generation. So, in that sense, we are one of the older political schools of the South Balkans but it became part of the network only 3 years ago. Now, we are working in a form of an academic year, with seven modules. We have more than 200 “students” and we are organizing the Forum of “alumnus”.

I’m very proud because right now they are in a very higher position. […] For example, people who were not known in our national society became after Members of Parliament. We have one participant who became leader in position in his party: one year ago, he was unknown! We have also a journalist, and now we have editors of the Medias.

We can’t say this is only because our school, but we have a lot of examples that we can prove people just climbed in carrier after participating in our school.

How many people’s works in the organization of the school?We don’t have any fulltime, but we have 6 persons working part time. I’m the director of the school, but this is not a full time position: I’m working something about 50%, I think, for the school. As you can see [in the South Balkan seminar in Butva, may 2010], there are 3 persons helping us organizing conferences and seminars.

What are you doing in your NGO Nazara Kirki? In our NGO, we have a program dedicated to Human Rights Monitoring and another one on “the democracy of culture in Montenegro”. We are working also in those resolving.The Council of Europe never asked you to be a permanent member? I’m doing everything useful, but I’m also working in one other issue in Montenegro. I also help another team.

What is you academic formation?Lawyer

How many students do you have each year? 27 students. We are the only school that created a contract with the participants. It’s very complicated with different obligations to participants.

What type of obligations do your students have?The participants have to follow 90% of the lectures: my colleague for every session is calculating who is participating. When a person fails over 10%, so she is dismissed of the school. One more thing is that our school offers a bigger number of activities between other relations of the school, for this they are 5 modules. We have in the beginning of June the 6th module, and the

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Summer University in Strasbourg will be 7th module of the school: all together, they are staying together on our school for 30 working days.

For example, we have one course in Norway, 8 days long. We have also large number of partners because every module is organized as a unique module in our school. Every module is organized in one international organization presented in Montenegro: we have partnership with quite all international organizations, with democratic institutions, Council of Europe, Soros Foundation… With all them, we have a partnership agreement and also one module financed by this organization.

We also decided to be partners with 4NGos from Montenegro. Now, formally, joint with 4 biggest NGOs, we work on lobbying, choosing participants, choosing topics, choosing lectures.

So we are not one NGO of one individual who is working for the school. But we are a group of NGOs who is helping in memorandum us in corporation standing and than also we have partnership agreement with international relations which are helping us. This module [may 2010, Butva] is organized for Council of Europe and European Commission; next module for example will be organized with NDI (National Democratic Institute) USA, an American Organization...

When you organized one seminar with one NGO you discuss the intervention of the teachers?We invite different teachers but we do it when we choose the previous topic like “organizing campaigns” and “work with Medias”; so we discuss with partners of NDI and then we choose the different lectures; and that module is covered by NDI.

Now we are in preparation of the next module which it will be “security issues”: we are discussing who will be the appropriate person, the perfect speaker for this topic. For this module you could see that we have all individuals and elements on area of Human Rights in Montenegro. A congressman present was before director of centre of Human Rights and also Law professor on our Law Faculty for Human Rights: he is now President of parliamentary board for Human Rights. So, all the individuals that work in different institutions related with Human Rights are invited to this seminar: that’s useful for our students, these institutions and our School.

Did not have any direct intervention of your sponsors in the seminar’s organization, for example to intense the seminars, to change one speech?Not exactly but changes, there is. For example this agenda [of the South Balkan Human Rights seminar] was agreed 2 months ago: then we realized that we had a conference in the same time [in the Montenegro Political School programme]. Someone very important, Mr Puhovski, was present for one activity but very important for the second one: so we managed to change the agenda, to invite him this morning and he had lecture very impressive with all participants. We are doing this non academic process not only to take

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knowledge and giving knowledge to participants but also we are giving experience. For example; we have one module that they visit different institutions in Montenegro, so the will visit jail, policy academy, Commission for prevention of money lottery, Ministry of Defence, all institutions related with crime sector and in corporation with them. We see what officially they do and we after discussing with participants and get knowledge. So we have the educational part, they sharing experience and connections part and we have this ex-cathedra lecture.

We combine all the methods in educational process in our school. This seminar is composed mostly of ex-cathedra lectures or academicals. But the next module will be to visit these institutions and then to discuss with leaders of those institutions, and how the system work in different institutions. And also one previous seminar, for example, with the support of NDI, was organized in workshops.

So, in that case, if they are speaking about “organization campaigns”, they create some workshops; our staff gives the work in different stuff and check how should be organized campaigns; and then they go to the panel to present the material. If you are working with media interviews, we bring the videos and cameras; we shoot them to interviews, then experts are coming identifying and explaining mistakes they have done, which kind of languages they used, what it should be, sensitive, what should they do with their hands...: all this kind of things. In our school, we try to combine different methods for getting knowledge.

Are you reproducing what Serbian School (BFPE) was doing?Not exactly! We don’t have so much cross boarders activities. Today [south Balkan seminar for human rights], it’s the biggest program for us. All schools are getting knowledge from their neighbours. And the biggest thing that we get from seminars is this thing: because this is a unique place in we can meet all together and where we can share experiences. This conference is unique in the Balkan Region; there are not enough places or events where people can work and think in Human Rights, sharing knowledge and experience. So we have lectures from Serbia, Croatia, and Bosnia… But we don’t still have enough cooperation between the schools.

Before being the director, did you participate in some similar experience, like in Serbia (Serbia-Montenegro)?No. I only participated in the European programs “Democratic leadership program”. And then we decided to establish the school for young politicians. Then the School was growing with every generation. After, first, serious politicians with serious positions, then we have people from the medias and other society’s sectors.

I don’t remember exactly but we had 200 applications this year and all of them are people with important positions: for example, we have Members of Parliament of the different parties, one chief of cabinet of the presidency; we

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have almost the top level, not directly leaders but just second level of the parties; important persons from the syndicate, editors, NGOs

How many applicants do you have each year?This year I’m happy because it nearly was 200. And also we are very proudly in a selection process. First, they send the application, with basic information, and we asked them different things to write. Then we had an interview with them. The final thing was interview with the leaders of their institutions.

We really invest a lot of money in them, so we don’t want to spend our finance to waste energy and time: this is a unique chance to see everyone who means something in Human Rights in Montenegro. I will be personally disappointed if only even one person should be chosen to participate in the school without a real motivation… I think we invest, I didn’t calculate, around 3000-4000 euro for each participant of the school. […] You cannot make serious mistakes in the selection’s process. That’s also why we have a discussion with their colleagues, who can said it should be the right person for their media or organization, so that could contribute she/he can participate next year.

The participants don’t pay to be there, in the school?No, they don’t.

In your selection process how many persons participate?The final decision is from our Academic council. We have the Academic council and a president: he consults every partners of the organization. People from media, from the Council of Europe are sitting in the Academic Council: so the final decision is made by them. But the interviews are usually realized by 1 or 2 persons. And on the selection process, there is a team from the school. We call for the application. We check with our context. We write to them for the interviews. Then, after interviews, we check with leaders of the party or institutions. Sometimes also the selection’s process is not so strict because we identified somebody as a potential good candidate; so we “target” him and we as him “would you like to be participant of our school”, this is good for you, maybe you should apply…etc.

What does it means, speaking with the leaders of people who came in this school?Leaders of the parties, NGOs, Editors and Media.

They normally always agree with conditions?Yes, for example, usually we have 5 or 6 candidate applications from the parties. Then we ask them: “Did you choose people seriously?”. And then they should come with suggestions. But this is not the final work for us. It’s not the final choice, but we try to respect their recommendations.

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When you choose this 25-26 participants, do you have some preferential professional and gender repartition? It’s very difficult. We had problems with gender balance. But right now, with this generation, it’s almost good. But with the previous generations, the situation was not so good. Now, we are trying to have an equal repartition.

We are also trying to have 50% politicians and 50% all other; and half of government’s politicians and half for the opposition. This is our goal but, of course, it’s very hard to realize because, for example, this year we didn’t have good applications from government’s part; we hade more from opposition. For us it’s more important to have good candidates than to have an equal balance and representations of Montenegro’s elites.

Did you have any difficulties with the government?No, we have a good cooperation and all stakeholders.

Do you have relations with non government institutions?As I said, in this school we have partnership with the Open Society: that is our partner and also our donator. So we consider it as a founder’s member, not as an NGO partner. As NGO’s partners, we have the “Centre for Democratic Transition” “Human Rights” and others… We have a common memorandum of understanding in implementation of the school. All of them are working in lobby, choosing participants, sharing information’s and so on….

In your relations with the Council of Europe, did you remember some interventions in the organization or in the programs? Yes, because we are organizing the seminars with all them until a final agreement, taking part of the agenda and also establishing a certain standard because, as a new member of the network, we need to input after the standards like other stakeholders, media, journalist, NGOs… because before it was only for parties. So when we entered the network, we had to follow the same methods as established by the network of the schools.

Did you have any interventions program of seminars?Yes, but it’s not diary interventions! Interventions in some basic information, as I said before, or to harmonize the common work of the schools, for example with enough activities on the human rights. Then we have this module dedicated to Human Rights.

What are your relations with the other Political Schools, as Serbian, Croatian, the one of Sarajevo?Good relations! We make joint conferences; we share some lectures and different informations.

What are your relations with other ONGs and other Political Schools?

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In the NGOs, we have some other activities related to the school, thanks to our team, and the network of the school decides our national seminars.

Do you organize some events with politicians?No, still not. But right now, we are starting working in that perspective. And the first event will be in September. And we will create a program for our school.

Do you participate in international seminars?Yes

With the “Open Society”?No.

Do you have however a fundamental link with the Open Society?Yes, we have a good cooperation; their responsible is member of our academic council and we have every day communications. We also discuss about work’s areas and about the ways of implementation.

You don’t have any function in the “Open Society”?No.

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8.

“UNDER THE UMBRELLA OF THE COUNCIL OF EUROPE OFFICE,

FACING PEACEFUL COEXISTENCE”

Esad MavrigCoordinatorSchool of Political Studies of

Bosnia and Herzegovina, Sarajevo

Interview : Denis RollandTranscription : Janina Duda

Could you explain the specificity of the Bosnian School for Democracy?The situation of the Bosnia and Herzegovina school is a bit different than the history of some other schools which is much longer, about 10 years. The Bosnia and Herzegovina school started 6 or 7 years ago, because originally it was driven by a local NGO called Centre for the Promotion of the Civil Society for 2 years; after it was given to another NGO within the Sarajevo University for another 2 years.

The Council of Europe, I am sure, was satisfied with the work of the school during that period but I am not sure if the responsibles were fully satisfied with the results of the school. That is why, to avoid to delegate it for the third time and not to get the expected results, it was temporarily given under the umbrella of the Council of Europe mission in Bosnia and Herzegovina. This is why the school, for the last two years, is operating again under the umbrella of the Council of Europe office again. I have been working for the Council of Europe for 10 years now; and, for the last 2 years, I have been in charged of the school in Bosnia.

Officially, I am the coordinator of the school and working together with my colleagues Igor Gaon, Director of the school and François Friederich.

Of course, it is important to say that I have been involved in the functioning of the school from the very beginning because the office of the Council of Europe was permanently in contact with both NGOs which were dealing with the school in those early days.

What was your formation before your work for the Council of Europe?I am from Sarajevo and, as you know, there was a war in Bosnia… Before the war, there was a serious crisis in the country, so my professional career was

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interrupted by it for five long years but, previously, I was working for a Japanese news agency, Kyodo news, for 6-7 years.

So you were basically a journalist?Yes, it was during the war and after the war.

Did you work for another foundation? No. Except for the Council of Europe, no. The case with the Bosnia and Herzegovina school is a bit exceptional because of this short history I was explaining before.

Do you receive grants from other sources than the Council of Europe?I will be talking now about the last two years only that I am directly involved in. When we decided to start working under the umbrella of the Council of Europe, I had a vision of the school which I explained to my colleagues. That is, first for 2 or 3 years, to stabilize the infrastructure of the school which means to work on the visibility of the school, to establish strong contacts with Bosnian institutions, for instance political parties, civil society, NGOs, media, etc. Our impression was that the NGOs previously dealing with the school did not manage to succeed in creating a satisfactory level of visibility.

So, the idea is, in those 2 or 3 years, to get back that strong visibility image and to establish strong relations with Bosnian and Herzegovinian institutions and partners; to create the nucleus of our alumni students from which, later on, we can maintain the further work of the school.

During that period, our idea is to establish strong connection with other partners and international organizations that can help with the work of the school. Until now, we managed to achieve the support from some governments through the embassies in Bosnia and Herzegovina, like the Swiss and Greek embassies; we are currently negotiating with the embassy of Norway. Of course, we know that the main partners of our regional, Balkan schools are the European Fund for the Balkans, the Soros Foundation… We are bearing in mind that we need to establish strong contacts with them and we have already announced our preliminary intention to contact the Open Fund for Balkan [Soros] in order to organise some regional conferences. But the priority is the visibility and relationships with the partners in Bosnia and Herzegovina; and, afterwards, the partnerships with organizations which can financially and corporately help us to carry on.

Was, one of the problems with the previous NGOs dealing with the school, too many relations with the civil society and too less with the political society? You know, the relations with the civil society can never be too much! This is something we are always looking for. But the problem is that the political situation within Bosnia and Herzegovina is extremely complex as there are too many divisions, still a lot of nationalism, lack of trust among political

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parties, leaders. That is why, at that stage, this school has to be a little more focused on politics, not to help reconciliation but to help establish trust or at least bringing the politicians together to work and to discuss, to develop the culture of dialogue between them to help finding the solutions in Bosnia.

Again, it was not wrong to have strong relations with the civil society! But our impression was that we had a lack of strong communication between the political parties.

How do you choose participants of the Bosnia and Herzegovina school?The school is publishing official announcements in media, in the Council of Europe website. Before that, we are working hard on announcements at the beginning of the school that we are going to select the students. We are doing a minimum of 2 visits in Bosnia in one week; we are meeting the headquarters of political parties; but the most important institutions are the Parliament, government, and, of course, the NGO sector, the civil society, the media. We are announcing the selection for the new generation of the school, but we are going and talking to them directly, trying to bring the school much closer to them, to explain what it is. Our focus is to increase the visibility of the school. The best way is always to have a direct contact with the representatives of those institutions.

Do you have any previous allocation patterns based on ethnicity, etc?In our direct contacts, we clearly explain the criteria which for our country may appear quite strict. For example, to speak at least one foreign language. Others are: to be younger than 35 and; but, for us maybe the most important criterion, to have candidates with some mandate which means, they are not only members but people doing responsible jobs, directly elected, leaders of NGOs, very active managers, and so on… This year, we had 90 applications.

In the last generation of the school we had 4 deputies of the main political parties, 2 state ministers (one minister and one deputy minister), 3 Members of Parliament (MPs), 2 directors of NGOs, many councilors at the municipality level, etc.

For this year we kept the same criteria and we have:2 city mayors, 2 MPs, members of the presidency of political parties, leading media experts in the region, representatives of the civil society. And again, if our criteria do not be so strict, we would have received many more applications.

Having received all applications, we constitute a committee composed of François [Friederich], Igor [Gaon] and me, where I am in charge of the school, and we go through the applications. Should we need additional information, we contact directly with the candidates or their parties or NGOs, etc; then we make the choice.

Do you have any formal repartition between Bosnia and Serbian representatives?

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Of course, yes. In preparing the announcements we are visiting both entities, RS [Republica serbska] and FBiH [Bosnia-Herzegovina]: one state, two entities and 3 constituent people and others (minorities)… and we always take care to meet those criteria. We always encourage representatives from all those groups to apply.

We are going on the state level to institutions talking to them; we are going to both entities. We are speaking with all three constituent ethnical groups. We are speaking with all political parties which are in the Parliament or with the small parties which have ambitions or very good perspectives to become soon a Parliamentary party.

The last two generations of the school are fully balanced in terms of entities, gender, ethnical groups. And we have also minority’s representatives, from the Jewish community last year, or from the Italian minority. In fact the representative was a secretary general of a minority council which includes 22 minorities…

Could you tell me something about the Balkan Fund1, this important partner in the region?Until now, we did not have the opportunity to work with them. I had a chance to discuss with two representatives of that fund in Pristina and in Budva. I have to tell you that they are fully ready to work with us and we initially agreed to discuss one regional conference that the Bosnian school is going to organize in autumn. They underline that they are fully open and will be more than happy to communicate and to work with our school.

Until this moment, we did not have anything organized with the help of the Balkan Open Fund. But I also know that until now it was not up to them; but they are fully open for discussion.

Our initial idea was to focus on national seminars and establishing own infrastructure. In a second phase, we will try to increase our activity with the regional seminars; but we have not secured fund for that yet: so we need support from such organization as the European Fund for the Balkans. You know, for those three national seminars, including the Summer university [in Strasburg], we have almost obtained the funds granted by the European Commission and the Council of Europe; but for the regional seminars, it usually has to be financed by other partners.

Apart form the School of Political Studies, we also have a School of local democracy. One of the regional seminars organized by the Sarajevo school was financed by the government of Liechtenstein, if I may mix the school of political studies and the school of local democracy.

Is the Balkan Open Fund related to Soros Open Foundation? Yes, because it plays a fundamental role in the region. […] In Bosnia and Herzegovina we are facing more serious problems which were going to put in

1. See the chapter 3.8.

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question the existence of the state. That is why our programs are addressing more serious issues, so we are talking about the Constitution, the strengthening of the capacity of the state, even dissolution of the country and those kinds of fears. Other national schools usually follow the subjects that are going to be discussed in Strasbourg during the Summer school.

But here, in Bosnia, those subjects are a little bit far, the situation is a bit different and we are facing other problems than in the rest of our counterparts such as peaceful coexistence within one state. After the war 3 ethnical groups still haven’t found the compromise on the constitution; and the present constitution does not guarantee that state will survive. That’s why our school has also to be with those problems. That’s why our school is more “important” because we are trying to have a word in the crucial issues of the country.

For example, last year, in summer, we were talking about the constitutional reforms, about the culture of dialogue and we managed to bring together the main politicians, despite their have totally different viewpoints and visions of the future of the country; and our effort was recognized. Now, we have a sort of white paper signed by many of those politicians who are now ready to come any time to the school, as busy as they might be. During the second national seminar in Medjugorie in Bosnia, we had the full legal procession commission of the state, Parliament, all members, together, who were sitting with the students and trying to explain why it is difficult to find a compromise on constitutional reforms, together with the speaker of the Parliament. We could not find any other event where they were sitting together and discussing such important issues in a friendly and convivial atmosphere.

Are you Bosnian? Do you have any representatives of religions?Yes I am Bosnian. Good question. No, we don’t for this moment. But I know that the previous generations had. And I know that the representatives of the Islamic and Orthodox communities during the Summer school in Strasbourg were put together in a double room and that, later, they became really good friends.

Are you involved in creating an international network in order to go outside of your country with the members of your school? Of course, we have already visited with some students the Ukrainian school in Kiev for the international seminar to discuss the elections. Then we went to Pristina last year, with many students. We are in Budva now and, last year, we have already agreed to visit Zagreb, the Croatian school. And next weekend we have our second national seminar where, on the last day, the director of the Croatian school Nevena Crljenko, will speaking. We have a very strong communication with our natural partners in the region, i.e. with Serbia, Montenegro, Kosovo, Macedonia. We are organizing our third seminar on the local democracy not in Bosnia but in Macedonia. I think that creating a

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network between the schools is something crucial. And I know that if I need any help in organizing our seminars, if I need some speakers or anything, I have plenty of friends in the region in my phonebook: I can asked them and I also can offer help to my colleagues if they need anything. We have already agreed that the president of the Bosnian political party will be a guest speaker in the Croatian school and that is thanks to the network we have created.

Especially bearing in mind that these people are the ones with the mandate, the important people having a high position in the state institutions or political parties. So it is important, that those people are in contact, in network with people in similar positions in the region. From the last year’s generation, there has been a crucial discussion on constitutional reforms held by the European Union and the United States. For a year now, in the famous Butmir talks, where top officials of the country discussed the future of the country, we had three our students present. Later on, it was an excellent opportunity for us to find out what happens at those high level meetings in order to know how to create our own activities, which direction we have to go.

Besides, all those young people make excellent tool in hand of the Council of Europe. To have all the time contact, you have mobile phones of all the politicians and I am free to call them any time about anything. Reciprocally, if they need anything from the Council of Europe, any document, they feel free to ask me. That is really good. Excellent network.

What about your contacts with the European Union?It is crucial, not only because of the financial support but because our main job is to improve the conditions for the European integration, which naturally means improving and harmonizing the legislation process. So, the strong links with the European Union are quite natural. As I said at the beginning in order to get the stronger visibility of the school our main task was to get in contact with the EU mission in Bosnia and Herzegovina, because they are also rotating and so all new staff get full information on our school, of our activities, they are invited for the important session in our first national seminar and I must say that the whole legislation unit came to our sessions, after the session, instead of going back to Sarajevo: they stayed all day long because I think they were positively impressed by the school; and so they spent the whole day with us discussing various issues.

How do you maintain contact with the former members of the school?The regional seminars serve to look for the alumni, the members of the previous generations to take part, and once a year, when we have chief events we ask them to come for one day event, so they do not have to stay in Sarajevo overnight. We are inviting them as often as possible. We are also creating a Facebook group, which is the best tool because they know each other there, and so for example, the previous generations, almost all of them, know the program of today’s meeting, they know what happened at the sessions, etc. So the regional seminars are the way to keep them involved.

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And for the national seminars once a year we are trying to invite as many of them as possible.

Did you get any serious critical remarks on the School?Yes, we got serious critics from two political parties. They were complaining why we select only two members of their parties because they think they deserve more, like Mr. Ljubic, president of HDZ 1990.

Each year, we have different problems to discuss. So even the previous generations wanted to attend once again the seminars. But, for the moment, we do not receive any serious criticism from the opposition. We have some positive critics: why we cannot increase our offer of infrastructure.

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The European Centre for Minority Issues (ECMI)

The European Centre for Minority Issues (ECMI) conducts practice and policy-oriented research, provides information and documentation, and offers advisory services concerning minority-majority relations in Europe. It serves European governments and regional intergovernmental organizations as well as non-dominant groups throughout. The Centre co-operates with the academic community, the media and the general public through the timely provision of information and analysis.The Centre organizes its activities around five thematic clusters. A Justice and Governance cluster is concerned with the evaluation and further development of legal standards that may assist in consolidating democratic governance on the basis of ethnic diversity and human rights. Other thematic clusters include Politics and Civil Society focusing on minority politics, especially the ability of minorities to participate both through public office and civil society functions. A Conflict and Security cluster focuses on constructive conflict-management and addresses conflicts with an ethno-political dimension in the wider Europe. A Culture and Diversity cluster addresses the cultural issues of minority existence, in particular language and education but is also concerned with the access of minorities to the media. A Citizenship and Ethics cluster focuses on both legal and socio-politico aspects of membership in mainstream society, including ethical issues of toleration, respect and contribution. The Centre also maintains links to several regions of tension in Europe through its Regional Associates in Georgia and Kosovo and provides multi-level trainings in institution and capacity building. This focus is organized through a Technical Assistance and Training Unit in the head office and in corporation with numerous NGOs throughout Europe. In that regard, the Centre draws upon the successful history of managing minority issues in the German-Danish border area where it is based.The ECMI was founded in 1996 by the governments of Denmark, Germany and Schleswig-Holstein. It is an independent and inter-disciplinary institution which draws upon an international core staff, supplemented by a number of non-resident Senior Research Associates from all over Europe and beyond. The Centre also maintains active relations with other academic institutions and NGOs involved in conflict resolution and inter-ethnic relations and engages in collaborative projects in these fields. While its core funding is provided by its founding governments, the Centre actively pursues project-based funding to support its activities. The ECMI is governed by an Executive Board of nine members from Denmark, Germany, the OSCE, the Council of Europe and the European Union, and it is supported in its mission by an Advisory Council of eminent experts in the field of minority issues. The working language of ECMI is English.

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9.

“ONE OF THE VERY SERIOUS PROGRAMMES AND NGOS IN THE COUNTRY”

Leonora KryeziuExecutive Director of the

Pristina Institute for Political Studies (Kosovo)

The mission of the Pristina Institute for Political Studies is to introduce members of the new political class in Kosovo to the skills and concepts of democratic politics. Our objective is the promotion and strengthening of democracy, the rule of law, human rights and European values. We seek to achieve these goals by:• Educating young leaders in modern political thought and attitudes;• Creating a public forum to facilitate dialogue between politicians who share common principles and ideas;• Developing and supporting a network of young political and civil society leaders, which would help create civil society and efficient democratic institutions. […]The objective of our school is to assess the long-term impact of the project and its sustained influence on the participants. Following the end of each seminar, participants are asked to complete an evaluation form designed to estimate the impact the seminar had on them and their views on where improvements could be made. […]The Pristina Institute for Political Studies was made possible by the generous support of the Council of Europe, the European Commission, the Balkan Trust for Democracy and the Friedrich Erbert Stiftung Foundation.The school supports a democratic network of its alumni who contribute to the development of civil society in Kosovo. The alumni association called “FORUM” was established in 2005.

http://www.coe.int/t/dgap/sps/Kosovo_en.pdf

Interview: Janina DudaTranscription: Raluca Maria Mihăilă

When and how was the Kosovo School founded?The Prishtina Institute for Political Studies was founded at the very beginning of 2003. It started as a part of a project: it was initially started with the initiative of the Council of Europe. Back then I was working for a German NGO called ECMI and we were bringing people to Strasbourg, in some kind of training, and we had a study visit at the Council of Europe with the group and then the Council of Europe saw the opportunity – they had already started with the other Schools – and they contacted us. So this is how it all began.

Were you there right from the beginning?Yes, I ran the School two years under the ECMI, after two years the Council of Europe encouraged the “Kosovarisation” of the School: so we transform it, as a NGO, at the end of 2004. Since 2004, we are an independent body, a

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group of people, former alumni, and a group of people who had worked from the very beginning with the establishment of the school, within the ECMI also, for the Board of the School.

So you are one of the founders?Yes I am one of the founders, I was there when the Council of Europe came to start the initiative, and then I registered the NGO as the Pristina Institute for Political Studies.

So you automatically became the director?Yes, actually the board of people who we got together to register the NGO nominated me as their director. Since then, I am the director.

A lot of work?There is a lot of work, a lot of stress sometimes, but it’s challenging.

What is the worst part?I wouldn’t say the worst; I would say the most difficult. For me the most difficult part is choosing the new group each year; it’s not difficult, it’s the challenge because everything depends on the people that you have in the group. The way I see the School is some kind of educational programme but at the same time a forum where they can exchange, we bring people who already have a background, who already have good positions, who already have positions in their political parties, so it all depends on what kind of people you get in the group for the success of the entire activity.

So what do you offer them?Initially, what the school offers is the 4-5 courses during one year, that’s the basic part we do all the time.

Are they the same courses every year or do you change them?Actually, in the last years we have started to adopt some kind of frames of same courses but it’s never exactly the same - we have these major topics, for example we have now political communication, but within political communication then we change some sub-topics, depending on and adapting to the reality on the ground. So political communication, democracy, citizens and society, these are some of the first things that we look at in the initial courses. So now we have adopted some kind of framework but the sub-topics are never identical. Because it depends, for example last year in 2008 we had the state building process and we devoted an entire seminar to that.

When you’ve got a group of people, every year you’ve got representatives of different parts of the society, different actors. How do you choose the programme, do you try to please them or how are they? Is it the same percentage of journalists and politicians?

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The programme is designed this way, that’s why we try to add the political communication, which would cover for example a little bit more for the media people involved in PR, spokespersons etc. Actually, we adopt but not entirely, because more or less all these people are involved somehow in politics. Active politicians in political parties or political activists for an NGO or a media reporter, so more or less all these people are familiar with the topics. I think what we do covers everything. I think most of the people are happy with the content.

Did you have any complaints?There are always complaints; you can never satisfy everybody in the group. What’s good is that the method that we apply in the School is experimented during all these years. We try to bring theory and practice at the same time. We try to bring people from the academia (academic environment) but also practitioners who can tell them how to (act) and trainings, some smaller workshops and group work that they really like.

Do you include any bonuses, like an extra-topic that is out of the daily interest?No, actually what we do in the seminars. The seminars are these frameworks that we’re talking about. These daily things we bring in other sessions that we do. For example, apart from the seminars, we have regular meetings in Pristina, in the capital, we have several topics that we identify/issues. It doesn’t necessarily have to be that we decide on all of them, but we have some ideas about what we want to and whatever comes up that we have to tackle. This year for example we have several meetings of the group with politicians, ambassadors, different key players in Kosovo.

So you have got the seminars, workshops and the meetings.And extra-things that they have to do, we make them work a little bit: write, sometimes it is individual work, we give them topics. This year it was a group work: we divided them into 6 groups and identified 6 major issues of concern and they had to somehow write paper analysis of the problem. It was education, rule of law, corruption, minorities; this is just to tell you briefly.

How can you work within the national contest? How do you find yourself?The school was accepted very well since the very beginning. In the first year of the existence of the School, we had almost all, from political parties; we had key people of the parties, lots of members of the Parliament, from all parties.

Did you have the head of the Parliament as well?No, because the head of the parliament doesn’t have the age for the school, but we had a lot of younger advisors, MPs who were part of the (School).

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The limit is 35?35-40 actually, if we have good candidates but now we’ve exhausted all the resources within the Parliament, it doesn’t change so much so let’s see the next elections. And most of the time the same people are there. This is the political side and we also work very well with other NGOs, we have frequent cooperation with national and international NGOs.

Cooperation means what?Doing different activities together, for example for the ... system, we had a cycle of seminars that we did together on political ideologies, so we use our resources, our people, they use their money.…

You mentioned also the success of the School. What can we consider success? People who were part of the School are now, many of them, in key positions, some of them were at that time, MPs for example, but many of them have got ministerial positions. I’m really prouder of some young people who were part of the School and who are now, who now lead some leading NGOs in the country, who watched (our organisation?), who really try to make a change. For me it’s really important. Another success of the school could be the networking effect which it has, it is one of the most important.

How do you support, how do you induce the networking?It comes naturally at the beginning, but what we do we provide the space for them to get to know each other and to work together and after they finish the School we keep it alive by inviting them to all the activities that we have. For example to those we have in Pristina, we do nothing without inviting them. The other way is including them by inviting to moderate, to chair when we have these meetings, as experts. Some of them have already very high positions so we use them.

Do you have any kind of mailing list or newsletter?We have the “prosper leaders” it’s called, a quarterly newsletter, we publish their activities, whatever that happened or was achieved. We use Facebook a lot to promote our activities. There are some publications that we made, we collect all the materials from one year, the best lectures and we group them by topics and at the end of the year we choose the best ones and publish them. Also some things that the participants write or work, their work is also compiled.

So you pick the best papers and then you publish them.Are there any special difficulties in your work?Maybe financial, not always sufficient funding for all the activities and we struggle a lot.

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Where do you get the funds from?We get the funds from the Council, we always get some smaller funds from smaller organisations.

Link to the question: supplementary support.There is also some funding from smaller organisations. For example the embassies, but this is not a funding big enough to keep the school, it’s not constant. I mean we get money for that activity…How we obtain the money we receive from different country representatives is by meeting them, presenting them what we want to do…

So it’s you who contact them.No, there are cases when they also contact the School, but it’s difficult.

So the major financial supporter is the CoE. Apart from financial, any other support that you get from anybody? No, this is what I was thinking. No, apart from the members of the School itself, we don’t have. I mean the government, whenever we invite people to speak, they don’t get anything (they offer free lectures), but otherwise it’s difficult.

So those were the difficulties. Did the School and its Director suffer from any form of violence?No, because all was really safe and we had no problems in all these years, I personally didn’t have problems of any kind. At the beginning it was difficult, we had some participants that we had to transport them, special transport, but that was only one or two years in 2003- 2004.

You mean protective convoys.Yes, something like that. And most of the seminars, one difficulty we may call was that in the beginning we always organized the seminars outside Kosovo, initially because of the fact that the (subs?) could not move so freely at that time, they thought they could not move so freely. We always went to Macedonia for the seminars, but also because of the lack of many places in Kosovo, to organize the events. That is facilities and hotels; and everything is so close, it is one hour away and it’s not a good idea because people very often tend to go home and it loses the effect of the entire project.

So you prefer to enclose people?Yes.

How do you work with the neighbouring Schools?We have good contact with them. The first initial relationships that we developed were with the Bulgarian School, since they had this regional

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project, I don’t know if you are aware of it. They have a smaller mini-regional project; it’s going on for six years I think now, six or five years.

Do you have a “sister-School”? The one that you really cooperate closely?No, we have good connections with all of them, with the Croatian School…

So you have no favourites.I have no favourites. I mean personally I am close from Albanian School, but it’s just because we are friends, but the Schools aren’t so close. With the Croatian School we have more communication that with the others. But I think the communication is increasing in these last years.

How would you describe the communication within the network of the 16 Schools?We don’t have a regular connection, on weekly-basis, but lately we have started to organize regional events very much. I did one in November, the Croatian School did two, the Bulgarian School has invited us in several occasions, and we always participate with 5 or 4 people like in Montenegro, when Denis Rolland was there. So we’re always within one or two months period, we see each other and we have this contact.

Do you think a more frequent contact would be necessary or advisable?If we can keep this pace, we would be good. It’s really productive. What could be good is that we started many regional meetings and they are more specific, on specific issues, which is very good. And we discuss issues that we think are for the interest of the… This, we should keep. If we can increase the contact, the number of meetings, we could do that.

Telephone conferences could be working?Maybe, I don’t know about that. Actually, we haven’t brainstormed it. Because each of the School struggles, they find finances and organise something and that’s it. There could be other ways of increasing this communication, but we haven’t reached that point yet. It’s difficult; we had another event with the Council, for local democracy. Now, for us, for Kosovo, it has become very difficult to travel within the region, because of the Visa; you can go to Macedonia, Albania and Montenegro without the Visa. And all the others we have to apply for the Visa and it makes it difficult, then you have to go to Skopje, to lose 2 days, it’s getting very, very (difficult)…these could be some of the issues that we could really sit down and talk about.

Do you have/take good practices? Do you take examples from other Schools?Yes, we do that, I think everybody does that. There is a lack of full picture, full information, maybe a website? But I don’t see that any of the Schools

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does something, but if that functions, it depends on the context, it’s not always the same, that we can really adopt whatever the other School has done.

How do you work with the Serbian School?Good! We have good cooperation. It’s not that we have any extraordinary cooperation, but we attend each other’s activities, conferences, it depends if it’s possible or not. Now it has become…I’m mentioning again the travelling issue, the passport issue for example, now without passport you cannot go to Serbia. So last time we had no chance to participate, but they came to Pristina in November. Good, that’s not that we have tried to do more, to be honest.

So you are on speaking terms but…Yes, we are on very good speaking terms, we interact very well when we are in regional activities, and there are no obstacles to this date.

What relations do you have with the political local leaders?I have good connections and relations with local political leaders, because most of these people have gone through the School. So they appreciate it.

Does it help?Of course, because my doors are open, it’s easy because when I have the recruitment phase, we do it by announcement in the newspapers, but sometimes we do by picking from political parties and this is due to the help of people who were here. And for any other matters, it’s not only for picking, for whatever we organise, I mean for me it’s really easy to get my local people. We also often help them out in other meetings and things that they need from us, so it’s mutual cooperation. And with all parties: position, opposition and also nationalities. I don’t have such frequent contact with Serb political parties since they’re not in the capital, they’re in the North of Kosovo, and that’s a difficulty, but…

Is it just the location or…?It’s the location…Several years ago, I tried, we got somebody from the party, but they withdrew, and it was the period when we declared the independence and it was understandable then. But it’s not that they are very active, this is the problem.

But maybe through the School they could get more active?I don’t know, it could be, this is maybe a point where we could work a little bit more.

Do you have special recruitment difficulties?The difficulty with the recruitment is that we have a huge number of applications and pressure from people, that’s the network… I mean for one position we have almost 120-130, I can’t remember exactly, what we had this

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year, for 35 positions. It’s a lot, although each year you think you’ve exhausted all the good people, but no, you always have good people. What we do is that we try to experiment, introduce new methods, initially we recruited people only by references – political parties sent their people and then some good people referred – and then we started to have an open announcement in the newspapers and now we even interview, because it’s a great number and ..

You can be more “choosy” (choosier)…But I don’t think it means you take a right decision. You never know, because they can do very good in their CVs and…

How are you perceived by the national politicians?OK. It’s not because I run it, but the School is considered as one of the very serious programmes and NGOs in the country. The reason why we are considered very serious is that we were very dedicated to our programme, because NGOs have tendencies in many countries to do whatever they can find, whatever funding they find, they do the activity. Donor-driven. And the School has kept this image, a very good image. And the other one is that we could really attract key-people in the School and they highly value the alumni that the School possesses. It’s an asset, and what people say is that only The School of Politics (The Political School) can get all these people together. Whenever we call for a meeting or for whatever discussion, we can really get good people around.

Which reason…?!?! I have no relation with… whatsoever.

What special events are you organising in Kosovo?So last year we organised a conference which was really meaningful to me and to the School, because we brought people from the region and it was my wish for quite some time, and people were really happy.

What was it about?It was about the challenges of the Balkans. And now we’re organising a special event in the next fall, a second regional conference, it’s about the role of young political leaders in building democracy – 20 years of democracy, and we look back of what was their role and who is the driving force now to European integration, are the old, the senior leaders or the young political leaders. And we’re organising this together with a 3-day …We’ve had a frequent cooperation with…

Special events in the Serbian parts?We don’t do any, the only Serbian part is the North, and the North is not so accessible, to go to the North …

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Why isn’t it accessible?First of all maybe it’s only the impression, but the movement is not so free because it’s the Serbian area. People move there, they have houses there but otherwise it’s the Serb territory

And you avoid it?Yes.

And which origins are you?I’m Albanian. Kosovo it is 93% Albanians and 7% of other minorities; we have Turks, Serbs, Bosnians, Montenegro, and Roma…

And when you pick your students, do you pay attention to the provenance, the ethnic origins?Yes, of course, I mean in the Kosovo region, I pay a lot of attention. We never pick people only from the…we look to at least 5 or 6 (…), areas.

Gender?I’m not very well with gender, this year especially. I try to make a gender balance, but it’s a problem, women are themselves I think a problem. They apply, but even the ones that I recruit I think they are not at the right level. I mean they have very good education, but their interactivity it’s not… I try to.

You don’t have a quota?No, I don’t have a quota. If you have good women I’ll get good women, 50%-50%, but it’s impossible. This year I have only 12 or 13 women in the group, out of 35. We were 36, one dropped out.

And how about religion, do you also pay attention to it?Yes, but in religion differences are not so big. Actually, there are no religion barriers for the time being. I mean there is a very small percentage of Catholic or Orthodox; the majority are Muslim, so there are no obstacles to this problem.

Is there any external pressure on the School?No, whatsoever, because we do our job very well. Since we’re not a kind of a watch-dog??? organisation, no, we didn’t have up until now.

Any message that you would like to pass?What we’re doing is very important and I think the work should continue. We are a little bit worried, we have come to a time of crisis, but to do more, to achieve more, we really need a bigger support, in terms of finance and other support.

Like what other support?

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It depends on to whom do we address the message, but for example the government could do more. I don’t see the support only in financial (terms), but in the sense that for example lately we’ve seen a drop in the quality of preparation, people, so this is the cooperation that they could give. The decreasing interest. It’s not in the programme, but for example in Kosovo there were so many programmes, people benefitted from so many programmes, they could do a little bit more.

Any other wishes?No other wishes.

So just finances and better preparation and more involvement on the side of the government.Yes, that could be I think all, for the time being.

If you could invite one country to the network?Maybe Turkey, Cyprus, I don’t know. Or maybe some Western countries...Italians!

Do you think it could be good to get some Western countries?Yes, I think it would be interesting actually, because we are so isolated, you see the Balkans, the Russians, the Caucasus region, and we have the Western experts, but the interactivity would be, even though we’re closer to the Western…

In Kosovo we have a lot of interactivity, because we have a lot of soldiers, international people that work here. Not a big deal for us but it would be interesting. Because there are a lot of young intelligent bright people down there that could really...we cannot change things only by educating them or telling them what democracy is. They have to see, to touch democracy. We have some programmes to send some people to the US. They give a lot of money for some kind of study-visits, trainings, and they learn a great deal from those kinds of experiences. By closing people, for Kosovo it would help a great deal, if the issue of Visa was no more an obstacle. What they stopped and what they did was the ordinary people going to Europe, because otherwise the other people got to Europe. The criminals, the organised kind, the working force, whoever wanted, went to Europe. But the ordinary people didn’t. This could be really very important to open up. These people, they were looking forward to come to Strasbourg. It’s not that they don’t travel, but it’s not that they have so many opportunities to see Europe, what it means, and it’s very important for us. And we are so close and we used to travel 20 years back, we used to drive for a weekend in Europe and now, immediately…and there are young children that are growing, my son is 12, and I can never bring him to Europe, and it’s really sad. You have to apply for Visa, if you don’t have a proper invitation, they refuse the Visa, and the circle is closed. So we cannot talk about freedom and democracy if we keep it

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closed. And this is what we’re working for. Let’s hope that in one or 2 years we’ll also enjoy the liberalisation.

Do you think the network should push on that?I think it should, we had so many obstacles regarding the issue of the freedom of movement. We should push forward. In the conferences I organised in Kosovo, civil society, media, freedom of movement, corruption and organised crime and we talked about freedom of movement and it’s not possible, the entire region we’re talking about, the entire region going together as a package to Europe, it’s not that simple. You have countries that have moved forward a little bit, some steps forward, and they you have still Kosovo they are lacking, uncertain on what will go on, still five countries didn’t not recognised. And it’s just crazy! It’s kind of a state of keeping you “we’re here, you’re there”. You’re not in Europe and they still talk about final, which is really crazy.

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10.

“ALBANIANS NOT ONLY FEEL EUROPEANS, BUT THEY WANT TO JOIN EU INSTITUTIONALLY AS

SOON AS POSSIBLE”

Olsi DekoviDirector, Albanian School of Political Studies

The mission of the Albanian School of Politics is to foster a modern political culture based on the shared values of pluralism, tolerance and open dialogue, thus encouraging the emergence of a community of young political and civic leaders, dedicated to implement a contemporary democratic model of government.To achieve its mission, the Albanian School of Politics has committed itself to the following objectives:- To encourage the development of responsible and ethical leadership among young political and civic leaders and to support them in furthering the mission of the School in their original social context; - To widen its trainees understanding of the core principles of good governance such as rule of law, legitimacy, transparency, accountability, accessibility and respect for human rights; - To provide opportunities for bringing together political and civic leaders from the whole spectrum of public life, to discuss a wide range of political, social and economic issues; - To stimulate transparent and clear decision-making and legislative process that takes into account different public interests and opinions; - To sharpen its trainees skills and knowledge regarding the practical aspects of the democratic process; - To enhance its trainees ability to participate in open public dialogue and debate as well as the inclusion of the media in this process; - To engender an appreciation for the values of participation, inclusiveness and the free exchange of ideas, thus fostering the growth of a vibrant and dynamic civil society.

http://www.shkollapolitike.org/index.php?faqe=detail&id=2&mnu=4

Interview: Janina Duda & Denis RollandTranscription: Luisa Fenu

Can you tell me about the development of the Albanian school?The school has developed in two different stages. The first initiative was taken in 2004 where the Council of Europe identified three NGOs which in a kind of consortium were going to establish the school programme and each one was responsible for a particular component. Since it was a joint programme; and a joint programme has the requirement to have three national seminars and so each of them was responsible for one seminar.

Was there any problem after the foundation? At the beginning, it didn’t work very well: they were organisational problems, discrepancies between the NGO leaders and even if there were two national

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courses that were organised, the Council of Europe didn’t allow them to go on and it stopped the relation with the NGOs and the functioning of the school.

But it was recreated?The idea was reiterated back in 2006 and it was decided that in early 2007

the school restarts its activities with the condition that it would have been ran by the Council of Europe and it was myself in charge of establishing the first programme with the assistance of my colleagues. The idea was to develop the selection of participants, to establish a statute and also procedures and start the programme. In order to do that we needed several key prominent personalities coming from political life, academics, media and civil society representatives that would be used as ambassadors of the school and promoters of the school ideas.

We manage to have a couple of meetings with such personalities some of them becoming components of the founding board of the school which was mainly from an institutional point of view a programme of the Council of Europe. So, we started the school the first week of may 2007 in a very big event: there were representatives of the European commission, representatives from Strasbourg and the Special adviser for Albania of the Council of Europe and lots of prominent personalities from the international community (mps, media and civil society representatives). Every year it went better and better because the programme was better elaborated.

What was your work?From the beginning we tried to organise various activities because we were

not happy with those two or three courses and we developed (curicula) which included courses, workshops, visit to state institutions trying to see and to discuss the problems that these institutions faced and also the country vis-à-vis democratic development. This experience has been developed during the last four years, this is our fourth year of existence and last year we were registered under the name of Academy of political studies, as a legal entity in order to have quite a flexible margin of fund raising and extending the programmes and it’s not always easy to be under a programme of the Council.

I’m still the representative at the council of Europe as well as at this school and I’m still its president with the same board which gives ideas, running procedures and those who are more eloquent and skilful are involved in the course of specific topics. I think it’s working quite well in so far. We have received other partners such as similar institutions, embassies, business community… which are supporting us and our activities.

What is particular to us is that, since the beginning, we received a full support of the President of the Republic which has shown not only the good will but also the providing patronage with other entities and this helped a lot to make school known, extend its reputation and development. In addition we had have good relations with the European Commission which have

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cooperated not only as speakers, but also in diplomatic ceremonies they are present.

So I can say the school in Albania is quite good established with ambitious aims to grow both as a target group and as a format group.

Do you include religious men, business men in your school?Yes, this is one of the rules, and the status of the school: religious communities, minorities, geographical distribution, but we have had just Christian people such as one or two pastors, but now Muslims. Well, people yes, but not practitioners.

And businessmen?Yes, we have every year one or two businessman?

And what about the fund raising? Who are the great financial supporters?The main supporter is the European Commission and then we have received small funds actually: because, as I said, we couldn’t apply, we could just receive. Last autumn we received great support form one of the biggest mobile phone companies in Albania which funded for office supplies and one or two diploma events. And than some partnerships – I can’t call them sponsorship because they were joint events – from the Spanish embassy and other international organisations. Since last year, we cooperate to organise the Balkans monitor which is a survey which helps to see the perception of the EU on citizens and the development of democracy.

Do you have relations with the Greek-administration?No, not really.

How could you define the European identity of Albanian people?I would like to relate it with the Balkan monitor The 93% of Albanians are willing to join the EU and they see the EU as their final destination. So I can tell you that Albanians not only feel Europeans, but they want to join EU institutionally as soon as possible.

There are different opinions considering the religious background which we don-t know where Albania believes but I believe that most of Albanians don’t have a religion because during the Communist time it is araised this spirit. There is just a small group of believers and personally I would see religion as a value that should be developed, but we are not at that stage.

European identity is very strong and even if they have been isolated for quite a long time, it doesn’t break their hopes to join the EU and to have a better future.

This was the first dream, the first slogan expressed during the demonstrations after the 1990s.

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What was your previous formation before the school?I personally think I have a particular one. My professional background is doctor, I have been doing it up to ten ears ago, but my passion is the social field. So I have been working with civil society and with issues related to EU integration and democracy, human rights, citizenship.

From there I worked for the European Commission and the latter seven years for the Council of Europe.

But before being the director of the school?I was and still I am the Representative for the Information Office of the Council of Europe.

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11.

“BESIDES THESE GOALS RELATED TO EDUCATION AND VALUES, […] UPGRADING THE ARMENIAN

RELATION WITH THE EU AND COUNCIL OF EUROPE STRUCTURES”

Sergey MinasyanDeputy Director of Caucasus Institute

Yerevan School of Political StudiesThe Yerevan School of Political Studies was officially opened under the auspices of the Council of Europe on 29 June 2005. The aim of the School consists in helping the younger generation of Armenian politicians to broaden their outlook and to promote democratic culture in Armenia. Preparing an experienced, well-trained political stratum ready to build a new democratic state and overcoming past political regimes are main objectives of the Schools of Political Studies. YSPS is a project realizing practical political education and training.The objectives of YSPS are:• promote introduction and dissemination of human rights, rule of law, democratic and other values • create opportunities for young political leaders, opinion and decision-makers to know each other and take on effectively together in the European process of democratic cohesion.In the course of an academic year the succeeded participants of the School partake in week-long local seminars and in a concluding seminar in Strasbourg organized by the Council of Europe, where they are awarded with Diplomas. The papers and research materials, prepared by participants during seminars and working group meetings organized in the course of inter-seminar period, are mainly addressing and highlighting important and topical issues: Armenia’s role in the globalizing world; democratic developments of the country; process of European integration; constitutional reforms.

http://www.ysps.am/index.php?lang=eng

Interview: Denis RollandTranscription: Raluca Maria Mihăilă

Could you explain when and why the Armenian School of Political Studies began to work?The establishment of the Armenian School of Political studies came as a result of the work and teaching experience that the Founder and Director of our School [Armen Zakaryan, journalist] and many members of its board, all of them famous politicians in Armenia, had at the Moscow School of Political Studies. But the second direction that influenced the establishment of the Yerevan School was the so-called process of European integration; in this frame, especially after having established the Eastern neighbourhood policy which regards the 6 post Soviet countries – South Caucasus, Moldova, Ukraine and Belarus -, one of the fields of cooperation between the EU and Armenia was education, and the establishment and financing of the Yerevan School of Political Studies was one of the results of this work. At the

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beginning, the Yerevan School was part of the so-called Caucasus School of Political Studies which consisted of the Georgian, Azerbaijani and Armenian schools but, after the separation, we now have 3 national schools.

Do you have some political relations in your country?We have connections because our School invites active politicians, starting with the prime-minister and ending with former graduates of the School who are now members of the Parliament or of the government, for example the deputy-minister of Foreign Affairs and the minister of Education and Science.

What about you, personally, do you have a political affiliation?I am a political scientist and analyst, which is why I have relations both with the government, the opposition or the ruling party. I am connected to them because it’s my everyday work.

How did you know about the existence of your Political School? I have known about it from various sources, from the personal relations with the members and the School graduates, from mass-media which gives us regular information, so from very different sources.

How did you contact the School?At first, I was invited as an expert and then also the Director of the School invited me as a student, because the presence of a political scientist was highly important in order to help the colleagues to better understand the current political situation.

How could you define the specific goals of the School?The main goal is education as well as knowledge and the European experience of political studies and political culture. There are some differences between the Yerevan school and the Moscow School: because of the stronger relations which exist between Armenia and the EU in the field of political science, there is the possibility of a stronger involvement of the EU structures and of the Council of Europe structures in the School’s education and formation process. Besides these goals related to education and values, the School has also a political role, by upgrading the Armenian relation with the EU and Council of Europe structures.

Do you think there is a future in the relation between the European Union and Armenia?Yes of course, although there are many obstacles regarding interests or the geopolitical area. Especially now, after the financial crisis, Europe is more careful in its relations with its neighbours from all of its borders, not only with Armenia or with the countries from the Caucasus region. For Armenia it is also very important to have a very good relation with the EU states because the main concept of the Armenian foreign policy implementation during the

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last 20 years of independence is the so-called “complementarism”, by balancing between Russia, the US and the European Union. That is why for Armenia its participation on Eastern partnership or European neighbourhood policy was highly important; now it will be very difficult to continue, since only one week ago Catherine Ashton decided to close the post of special EU representative in South Caucasus. As a consequence, we will be expecting soon a cut in the relation between the EU and Caucasus so, unfortunately, the dynamics aren’t very good at the moment.

Do you think you had met in the School people you wouldn’t have had any chance to meet otherwise?Not at all, because of my activity as a political scientist. There are journalists, political scientists, members of the Parliament, activists of political parties and NGOs, judges and government agencies.

Were there any participants from the police forces, such as police officers?I don’t know actually, maybe in the previous years there were some police officers, but this year I didn’t see anyone from this field.

There is a form of reconstruction of the Armenian identity with a very direct link to Europe. How do you see this perception?It is very important and it has good chances in the future because, unlike the other post Soviet states, Armenia has one bonus ability: the Armenian Diaspora. Even in the Soviet period, the Armenian Diaspora in France, across Europe and in the US was one small but very important channel for the relations between the Armenian society and nation and Europe and the US. That is why I really see this change in the Armenian political mentality and in the history of the Armenian future.

What do you think about the European identity in general, given the fact that it is not so easy to define it?I think this question shouldn’t be addressed to me (laughs).I am very optimistic, maybe even more than the Europeans, because I do not see many deep problems with the European identity, since sometimes from the outside the situation seems easier and more optimistic in comparison to how the Europeans understand it.

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12.

A UNIQUE OPPORTUNITY FOR A BEST UNDERSTANDING

Ilgar Mammadov, Director,

Baku Political Studies Program, Azerbaijan

Interview: Janina Duda & Denis RollandTranscription: Janina Duda

What do you think about the last meeting between Armenian and Azeri 2010 Schools during the Summer Academy ?It’s just another experience. It isn’t the best meeting we had. I can’t count how many meetings we had. In 2007, we had two meetings; in 2008, also two, probably. So it’s the seventh or eighth meeting. We had much more constructive ones on the past. The last one was an experimental meeting where we didn’t produce any reports or guest speaker or fix topic. It’s just speaking without any preparation and see what it comes. This time, it seems to be quite “counter-productive”. We support the traditional way. Therefore, we will adjust the format for our meeting. We would use some examples from others meetings with experts and reports… But we will also discuss tomorrow to see how to make a meeting more productive.

Do you think that make sense?Absolutely, because these 35 people from Azerbaijan, who were at the meeting, have never been able to speak with any Armenian in the past 15 years. Some of them are part of the civil society, but for the majority, it was the unique opportunity to mix with the other side and each part presented their views.

Do you really think it might improve the situation?Improve? That’s not a direct process… I would talk about a “best understanding”… We are medium to communicate. Their impressions of public opinion are differents ????? For instance, the conflict in “Haut Karabach”: it became a so complex conflict but someone like me are experts: we know all the small details, all the small episodes, all the small events which have happened until now. But even I, and the other experts, we need

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such meetings to see the evolution, to see how the position evolves. Even for me, as expert it’s important to see what they think.

The meaning, the perception of the conflict?I think the perception is always existing and changing with the international and political background. In a way, this is an attempt to see how this conflict is visible on this background. What I’m seeing now is that this meeting was that the conflict was visible in this background.

What is your formation/education?I’m a graduate from Moscow State University in History and political science. Then, from Center European University ???? from Budapest. Then, I was acting in politics, chairman of an Azerbaijani opposition party. After that, I joined the civil society.How did you arrive here?I was invited by the Council of Europe which deals with the political landscape of Azerbaijan so came this invitation. I had no idea of the schools in the past, before I was called. The DGPA officially contacted me and a person came to Baku. We talked.

What is the place of the civil society and of this school in Azerbaïjan ?We are different from the traditional organization. We are not a Gang ????? At the same time, we enjoy contributions from the government: we are not ignoring them as in Armenia. That’s because of the affiliation to the Council. The government hasn’t denied us totally. We don’t receive founds from the government, but this kind of cooperation exists.

Are you seen as an opposition movement?No. The school is absolutely pluralistic. We have the ruling party, media, opposition… But personally, I’m seen as opponent because school is a part time job for me.??? We have participants which are very closed to the ruling party, two independent experts, the represents to the Council of Europe… So the process is acceptable to the government.

Did you experience problems with the national authorities?No.

With the Council of Europe?No… In the beginning, I did not have experience with the Council of Europe, but now, it’s very easy. Communication is very easy.

Do you have in your school business men, women and clergy men?Yes. Business men, yes, it’s a proportion of participants. Female participants, always represent 1/3 of the participants. And we have one clergy man. In

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Azerbaijan, clergy men aren’t well educated, that why we have one mullah, not mullah, you know… it’s very charming.

In the Council of Europe, do you think that Azerbaijan has something to see with Europe?Yes, it’s a big question geographically. But if you go… Azerbaijan is very different from the other countries in the sense that our European aspirations have started in the end of the 19th century. So, if you go to Baku, it’s an European setting. The way of life is not very different from the European. Everybody who comes to Azerbaijan is looking Iran and politics ?????? We aren’t religious???? Yes, of course, we aren’t a democratic country, we are an authoritarian regime, with corruption… With the other countries of the region, Armenia and Georgia, we are so much ????. Overall, Azerbaijan was the first country in the muslim world to create independent land for the Parlement. In 1918, more before even western countries ???? partisans adopted proportional representation parlement. It shows that we have rules for European… and also leaders are connected to Europe. Now, the majority is more connected with Europe than with the Arab world which is more distant : Persia is a totally different world, Russia… The majority in Azerbaijan is thinking : we are playing to the UEFA, we are at the Eurovision… All kinds of these situations is strengthening the European identity.????We send every years three participants to the seminars. It’s the only cooperation we are so far. Also we had invited one expert from the Moscow school.????

Do you have relations with foreign foundations ?I was a member from ??? in Azerbaijan. Therefore we couldn’t get money from this foundation. But in the future… others foundations, as a German foundation, Japanese government support us. So there are three contributors : Council of Europe, the German foundation and the Japanese government. ????I forget to mention another foundation which is connected with three schools ??? I’m not dealing with this project but we really enjoy some thinks… So three schools but more with the Yerevan school.

What do these contributors give you ?They only give money, not material help. The Council of Europe is also coordinating our meetings with the Armenian school

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13.

UNE ADAPTATION DU MODÈLE DES ÉCOLES D’ÉTUDES POLITIQUES

AU CAS DE CHYPRE

Uwe MüllerEuropean Forum Cyprus

Every year, the European Forum Cyprus (EFC) provides a platform for 20 to 30 young Cypriot leaders, from all walks of life and from both main communities. While the Forum does not touch on the Cyprus Question, it discusses and analyses issues of vital interest for the future of the whole island within an integrating Europe and with regard to the surrounding region. The Seminars held cover a wide range of themes, such as Cyprus in Europe, climate change and, in particular, the problem of water shortage on the island, economic and educational issues, etc., and are discussed in an independent form, under the Council of Europe umbrella. The discussions are stimulated and inspired by lectures from eminent international and European academics and personalities. By forging a spirit of active and direct interaction amongst participants, the EFC aims, in the long run, to develop good will, trust and faith among the future generations of Cypriot leaders. The project is jointly financed by the European Commission and the Council of Europe, with the political support of the Parliamentary Assembly of the Council of Europe. Each seminar is organised in co-operation with a partner, such as the European Institute of the Mediterranean (IEMED) or the Friedrich Ebert Foundation (FES).

http://www.europeanforumcyprus.eu/Web/fec_draft.php?page=default_en.htm

Entretien : Denis RollandTranscription : Marie Neihouser et Denis Rolland

Qu’est-ce que l’European Forum Cyprus a à voir avec les Écoles d’études politiques ?

C’est un projet qui est inspiré des Écoles politiques et qu’on a pu précisément réaliser en raison du succès du réseau de ces Écoles.

Nous avons pensé que la situation à Chypre avait quelque chose de comparable, avec deux communautés qui ne se sont plus parlé sur des sujets importants depuis trente ou trente-cinq ans : par exemple, vous avez de jeunes Chypriotes grecs qui n’ont jamais rencontré un jeune chypriote turc de leur vie.

La Commission européenne avait beaucoup d’argent à sa disposition, suite à cette euphorie qui régnait sur le plan européen en 2004. 250 millions d’euros ont alors été mis à la disposition de la communauté chypriote turque : en premier lieu, pour des travaux d’infrastructures, mais une partie importante a aussi été mise à disposition pour des projets de réconciliation. Nous avons donc soumis notre projet inspiré de celui des Écoles politiques, mais avec une grande différence : comme il n’est pas possible de fonder une sorte d’ONG

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qui puisse travailler des deux côtés de la « ligne verte » traversant Chypre, le projet est devenu une initiative beaucoup plus politique.

Celle-ci est fondée sur le fait que l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe est le seul organe intereuropéen qui admette la représentation des Chypriotes turcs. Nous avons un représentant chypriote turc à l’Assemblée parlementaire de Strasbourg. Le chef de la délégation de l’époque (2006-2007), représentant de cette communauté, s’est engagé au sein de l’Assemblée parlementaire à œuvrer en faveur du rapprochement des deux communautés.

Nous avons donc greffé notre projet ce fait : nos interlocuteurs étaient le chef de la délégation chypriote et le représentant de l’Assemblée chypriote turque à l’Assemblée parlementaire. Ce qui fait la valeur ajoutée, unique, de ce projet, c’est qu’on veut aborder les questions intéressant l’île dans son ensemble. Il y a en effet pas mal de questions qui concernent les deux communautés, en particulier les migrations, le changement climatique (pendant deux ans il n’est pas tombé une seule goutte d’eau sur l’île), la proximité des conflits du Proche-Orient (à 200 km seulement de Tel-Aviv, à 400 km du Caire) soit un poste très avancé de l’Europe vers le Levant. Il y a beaucoup de questions qui concernent les deux côtés et on voudrait créer par ce projet un sentiment de responsabilité commune pour l’île.

Après avoir surmonté maintes difficultés, nous avons démarré le programme en 2008. Nous avons réalisé à ce jour 8 séminaires, toujours avec un partenaire prestigieux, tels l’Institut européen de la Méditerranée de Barcelone, la Fondation Friedrich Ebert, l’université de Constance, l’Institut des Affaires Internationales à Rome… Ils nous ont aussi fourni des experts qui ont participé à l’organisation des séminaires.

Le plus important est de créer un réseau d’« élèves » qui puissent rester en contact par delà la « Ligne verte » et qui, sous l’égide du Conseil de l’Europe,

On planifie de faire une grande réunion, à Istanbul, peut-être. On verra. On espère créer un groupe de jeunes communautaires qui se connaissent, qui se fassent confiance parce qu’il y a un manque de confiance entre les deux communautés. En Europe, vous avez encore des responsables qui ont vécu les conflits ethniques des années 1960-1970. Pour les jeunes, c’est déjà une situation différente.

Ce projet a aussi pris une importance politique plus grande avec la victoire des nationalistes au nord, laquelle a engendré une certaine crainte de se retrouver dans la même situation qu’en 2003. Cette dimension européenne dans la légitimité est difficile à contester, contrairement à une plus petite ONG qui aurait une action plus locale. Le fait que cela se passe sous le parapluie du conseil de l’Europe, que la Turquie et la communauté chypriote turque font partie du Conseil de l’Europe, le fait aussi que se soit soutenu par le côté turc…, tout cela rend le projet insubmersible. On ne peut pas le couler.

Et vous reprenez la méthodologie des écoles politiques ? Essayer d’avoir deux ou trois séminaires par an ?

Tout à fait, quatre séminaires par an, dont deux hors de Chypre.

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Les deux séminaires à Chypre : vous voulez dire un de chaque côté ?C’est une des difficultés : en groupe, on peut se retrouver dans la zone

tampon. C’est le propre de Chypre. Seul le Chypriote grec n’a pas de problème pour passer la ligne verte et se rendre au nord en montrant son passeport. En groupe c’est différent, par ce qu’ils se sentent observés : il y a un certain engagement. Donc là, nous sommes obligés de nous réunir dans la zone tampon.

Parce que, collectivement, ils ne veulent pas être vus comme allant dans la zone nord ?

C’est cela. C’est une situation très particulière que l’on ne retrouve pas dans d’autre configuration en Europe, par exemple en Sicile du sud je crois dont je ne connais pas vraiment… Mais ici, si vous voulez faire sous l’égide du Conseil de l’Europe une activité civile dans le Nord, il faut que cela se fasse dans un immeuble qui ne soit pas la propriété de Chypre. Pour éviter cela, nous nous rencontrons dans la zone tampon où se situe l’Institut Goethe. Nos réunions se tiennent pratiquement sur le terrain des Nations Unies ! Ce sont les Nations Unies qui sont là « temporairement » depuis 1964.

Vous avez de relations avec l’Union Européenne ?Oui, bien sûr. Elle alimente notre budget à 85 % !

Mais ce n’est pas le budget des Écoles d’études politiques. Ce n’est pas un « joint program »…

Non. C’est une ligne budgétaire pour le soutien à la communauté chypriote turque. Elle contient aussi une part d’environ 15 millions pour la réconciliation. 250 millions d’euros pour 200 000 habitants, c’est énorme ! C’est plus que ce que la Commission européenne a donné jusque là à l’Irak par exemple !

Quand le programme a-t-il commencé ?Le contrat a été signé en 2007, mais il y a eu un retard de financement. Il a

commencé effectivement en 2008 et se terminera en 2011. On commence déjà à penser à un projet de suivi pour que l’initiative continue.

Vous prenez des promotions annuelles sélectionnées par les partis politiques ? Quel est le processus adopté ?

La Commission européenne est très attachée au fait que la sélection soit publique et transparente. Le problème, à Chypre, est relatif aux médias, surtout dans le Sud. Selon la procédure habituelle, on insère donc un tout petit article au sujet de la sélection et on voit s’il suscite une réaction. Une réaction très nationaliste par exemple… Cependant, cela peut être évité en s’appuyant sur le journal en question pour prouver que la sélection a été faite dans les formes convenues et qu’elle a été publicisée.

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C’est donc vous qui choisissez et allez à la recherche des futurs élèves ? Non. Désormais, nous lançons un appel à candidature sur notre site web. À

partir de là, les intéressés nous envoient leur candidature. Les interlocuteurs peuvent aussi collecter des candidatures. Ensuite, on les reçoit pour un entretien.

Qui fait ce travail de sélection ?Ce sont les collègues du Conseil de l’Europe, les interlocuteurs et moi, car

il faut tester, surtout du côté des Chypriotes turcs les connaissances en anglais, par exemple.

Qui sont vos interlocuteurs, du côté turc comme du côté grec ?C’est le chef de la délégation parlementaire chypriote au Conseil de

l’Europe et le représentant de la communauté chypriote turque.Ce sont donc des personnalités qui, si elles ont certes des liens avec des partis politiques, connaissent notre souci de représentativité de la société des deux côtés.

Dans ces conditions, vous n’intervenez pas réellement sur les propositions de nomination. Ce sont plutôt les délégués qui font ce travail.

Exactement.

Ce sont des promotions annuelles ?Oui. Les participants obtiennent un petit diplôme signé par le Secrétaire

général du Conseil de l’Europe.

Ils étaient présents lors de l’Académie d’été des Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe qui s’est tenue à Strasbourg en 2010 ?

Non. Je leur ai simplement envoyé un courriel les informant de cette réunion. Un Chypriote turc est venu lors de l’édition 2009. On pensait donc que plusieurs viendraient cette année, mais apparemment le thème ne les a pas trop intéressés… De surcroît, il est difficile de financer leur venue sur le budget du projet, ils auraient donc dû financer eux-mêmes leur voyage…

Lors des séminaires que vous organisez, quelle est la langue de travail ?C’est l’anglais. Ce n’est jamais le turc ou le grec. Jusqu’à maintenant, nous

avons eu de la chance, les participants parlaient l’anglais assez couramment. Ce qui est plus problématique, c’est de trouver le bon format. Nous avons

eu des interventions très académiques dans la forme, mais les participants sont plus intéressés par un mélange de l’académique et du politique. Ils préfèrent lorsque des points de vue plus politiques sont présents, comme celui de négociateurs chypriotes turcs par exemple. Les débats sont plus vivants qu’avec un universitaire. C’est toujours une culture très orale, très conversationnelle, même si, parfois, les points de vue sont très opposés.

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Les réunions sont toujours « off », comme on dit ?Oui, parce que si quelqu’un qui appartient à un parti politique ou autre

prend une position, c’est toujours dur pour eux de se mettre « hors du contrat » de façon publicisée, surtout s’ils sont cités.

Rien ne filtre donc de ces réunions en principe ?Exactement. Nous mettons simplement sur le site web les programmes de

ces réunions et les présentations. Néanmoins, cela fait du site web un guide d’information pour certains problèmes à Chypre, sur le problème de l’eau, par exemple, mais aussi des droits de l’homme…

Ce sont des promotions de combien de personnes ?Vingt-cinq.

Allez-vous participer à l’Association des Écoles d’études politiques ?C’est une question qui n’a pas encore été tranchée. Il faut que nous en

parlions, car il n’y a pas encore de directeur de notre côté.

Il y a des situations du type de celle de l’École de Bosnie-Herzégovine qui n’a pas vraiment de directeur, puisque c’est un représentant du Conseil de l’Europe qui dirige l’école localement provisoirement…

Dans notre cas, c’est un peu différent. Les participants ne cherchent pas vraiment de partenaires extérieurs. Ce n’est pas conforme à l’esprit du projet… Mais on y viendra peu à peu. Cependant, il est clair, et c’est le plus important, que les jeunes participants lient des contacts et restent en contact.

Vous avez l’impression qu’un réseau est en train de se construire ?Oui. Mais il faut aussi s’attacher à ne pas avoir d’attentes trop élevées. Au

Sud, par exemple, les participants sont très pris par leurs fonctions professionnelles… Il y a toujours ce « petit tabou » pour traverser la « Ligne verte » ! Je pense donc que c’est avant tout un « réseau mental » qui se forme. On part quasi de 0…

Un participant chypriote grec de 32 ans m’a raconté qu’il n’avait jamais rencontré un seul chypriote turc auparavant… La probabilité qu’un Chypriote turc rencontre un Chypriote grec est beaucoup plus élevée car les Chypriotes grecs sont trois ou quatre fois plus nombreux ! (rires).

Qui fait la programmation des séminaires et s’occupe de leur organisation ?

C’est moi. J’organise les séminaires, j’en fais la logistique, les programmes, j’en choisis les thèmes que je soumets pour validation aux interlocuteurs et aux experts… Étant donné que nous n’avons pas de secrétariat comme les Écoles, c’est moi qui organise ces quatre séminaires par an.

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Vos partenaires interviennent-ils dans ces choix d’intervenants ?Oui, de temps en temps.

Pourquoi avoir choisi la Friedrich Ebert Stiftung pour partenaire plutôt qu’une autre ?

Parce que c’est une fondation active en Grèce et à Chypre, alors que la Fondation Adenauer, par exemple, pas du tout. Cette dernière a un bureau à Ankara, mais pas à Athènes ; tandis que la fondation Friedrich Ebert a un bureau à Athènes d’où elle couvre aussi Chypre.

C’est donc une question de commodité locale ?Mais aussi d’expertise. La fondation Friedrich Ebert a une réelle expertise

au sujet de Chypre. Pour ce qui est de l’Institut de la Méditerranée de Barcelone, c’est beaucoup plus naturel : il couvre toute la Méditerranée. Mais c’était aussi intéressant pour eux de nous recevoir à Barcelone car ils n’avaient pas beaucoup de contacts avec Chypre.

Pourquoi avoir choisi le nom de « forum » et pas celui de « school of political studies » ?

Parce qu’il faut être très prudent. Si l’on crée une « school », on nous demandera plus facilement de quel « côté » nous sommes…

« Forum » est plus unificateur ?Et plus informel aussi, bien que ce soit un lieu d’échanges. Le but est donc

de stabiliser l’initiative et de faire en sorte que la notion s’inscrive dans les habitudes chypriotes. En effet, certains organismes, comme l’ambassade des États-Unis, par exemple, organisent aussi des séminaires qui favorisent le dialogue. Mais une fois terminés, ces séminaires ne donnent pas lieu à des actions sur le long terme. C’est en cela que nous nous différencions.

Vous avez parlé de réseau en création : cela sous-entend que le contact continue, même si cela passe par le Conseil de l’Europe.

Vous ne réunissez pas les participants à Strasbourg ? Non. Les partenaires sont tous extérieurs. Nous pensons cependant

organiser à terme des réunions à Strasbourg.

Le Conseil de l’Europe ne risque-t-il pas d’apparaître un peu comme un opérateur des fonds de l’Union européenne ou de divers partenaires investis dans la région ?

Non ! Ce n’est pas possible de penser la situation en ces termes…

C’était une provocation !Nous utilisons cet instrument unique qu’est le Conseil car nous y avons un

représentant chypriote turc, alors que nous ne sommes pas membres du Parlement Européen, bien que des négociations aient commencé depuis

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longtemps déjà. Au Conseil, nos représentants parlementaires chypriotes turcs sont donc visibles, bien qu’ils ne puissent pas voter. C’est très important. C’est un premier pas face à l’isolement relatif dans lequel se trouve la partie turque de Chypre.

L’Union européenne cherche-t-elle à intervenir dans la définition du programme ?

Pas du tout. On les informe cependant continuellement. Pour eux, l’important est la visibilité : que l’initiative soit bien prise en compte dans les journaux, qu’il y ait des rapports… Pour résumer : publicisation au niveau des médias, transparence, visibilité.

N’y a-t-il pas de doublon avec l’Union européenne et sa nouvelle structure l’Agence des droits fondamentaux ?

Non. Je ne connais aucun projet similaire. En plus, la situation est très particulière : la Commission européenne a un

bureau dans le Nord pour mettre en œuvre les projets rattachés à la ligne budgétaire qui nous finance et que l’administration et le gouvernement chypriotes en place ont tenté d’empêcher par tous les moyens. Le bureau est aussi indépendant par rapport à Nicosie pour éviter que la Commission ne soit instrumentalisée par les agendas politiques « chypriotes-grecs ». Ce bureau est donc dans le Nord, mais, à mon avis, les Chypriotes turcs ont tout intérêt à le conserver car cela leur offre une visibilité à travers l’Europe.

Notre but est aussi particulier. Nous voulons encourager les Chypriotes turcs à se sentir plus européens. D’ailleurs, une des valeurs ajoutées du projet est qu’il a frayé un chemin pour d’autres projets. C’est très intéressant parce que, la dernière fois que je suis allé à Chypre, il y a quelques semaines, j’ai été surpris de découvrir cinq collègues qui travaillaient à des projets sur le patrimoine culturel, l’islam… Je pense que le projet a permis de diminuer certaines craintes. Nous pouvons, par exemple, être perçus aujourd’hui comme un outil utile pour garder le contact avec le Nord, pour maintenir un lien minimal d’identité chypriote…

Vous parliez de 250 millions d’euros issus du programme mis en place par l’Union européenne. C’est pour l’île entière ou seulement pour le Nord ?

Seulement pour le Nord. Je ne sais pas s’ils sont arrivés à dépenser tout cet argent ! C’est énorme, par rapport au nombre d’habitants. Mais ce qui est aussi financé par cette ligne budgétaire, c’est le déminage, la restauration de certains monuments, des bourses pour étudiants pour qu’ils aillent dans diverses universités européennes, etc.

Serait-il envisageable, à terme, de faire ce rencontrer les nouvelles générations des pays qui héritent d’un conflit, à l’image des rencontres

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qui ont lieu entre les Écoles d’études politiques serbe et croate ou azérie et arménienne à Strasbourg ?

Ce serait intéressant. Nous travaillons avec des générations qui n’ont pas vraiment connu le conflit. Ils ont l’idée du conflit par ce que les membres de leur famille leur en racontent : la partie Nord, la nation turque, les divisions ethniques… Il y a aussi le problème des personnes disparues, pas encore résolu. Tout cela joue encore un rôle, mais c’est assez lointain.

Cependant, Chypre n’est pas plus grande que l’Alsace, avec les départements du Haut et Bas-Rhin : cela fait que les tensions sont toujours très proches. De plus, les Chypriotes turcs doivent vivre avec le fait que la partie turque de l’île n’est pas reconnue, ce qui fait qu’il est très difficile pour eux de voyager : ils prennent un passeport au Sud quitte à se faire traiter de traitres par certains.

Le conflit n’est plus présent dans les expériences personnelles de nos élèves, qui sont trop jeunes pour l’avoir vécu. Je crois qu’il y a, chez eux, une sorte de curiosité pour l’autre partie de l’île, bien qu’ils ne se sentent pas instantanément Chypriotes. Ils sont intéressés parce qu’ils ne connaissent pas la population de la partie adversaire, il n’y a que des rumeurs qui circulent pour les éclairer à son sujet.

Quelle est l’intervention des gouvernements grec et turc dans cette école ?L’école reçoit un fort soutien du gouvernement turc, ce qui est très

important.

Quelle « démocratie » le Conseil de l’Europe cherche-t-il à exporter dans la région ?

Ce n’est pas le modèle européen. On ne l’exporte pas parce qu’ils font quand même partie du Conseil de l’Europe par ailleurs.

Il a quand même été demandé aux Chypriotes turcs de mettre la législation en conformité avec les standards européens. C’est intéressant, parce qu’au début du moi d’avril, ils ont voulu passer une loi sur les ONG et la Commission européenne a quand même été en mesure de dire que la loi n’était pas en conformité avec les standards européens. Cela a eu pour conséquence de reporter le débat sine die sur l’agenda de l’assemblée chypriote turque.

Pensez-vous qu’il y a une pensée de la politique extérieure de l’Europe différente entre celle du Conseil de l’Europe et celle des institutions de l’Union européenne ?

Non. La politique de Bruxelles est la somme ou le dénominateur commun de celles des États membres. Il y a aussi la dimension strictement juridique qui fait qu’ils font partie de l’Europe pour le droit international et donc qu’ils sont citoyens européens. Dans ces conditions, qu’est-ce qui nous empêcherait de monter un projet pour favoriser la confiance mutuelle de chaque côté ?

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Troisième partie Third Part

TRANSMETTRE EXPERTISE ET MOYENS :INTERVENANTS, PARTENAIRES ET DONATEURS

TRANSFERRING EXPERTISE AND MEANINGS:SPEAKERS, PARTNERS AND DONORS

INTERVENANTS/EXPERTS1. “At these schools were precisely the people that needed this kind of

programme!”, Kim Campbell, former Canadian Prime Minister2. “The aim of the School, to promote civic consciousness”, Geoffrey Hosking,

University College, London)3. “To rebuild the balance in the society”, Meglena Kuneva, Former EU

Commissionner4. « Le Conseil de l’Europe a toujours été un lieu beaucoup plus « poil à gratter » que la

Commission Européenne », Gautier Pirotte, Université de Liège5. « On n’a jamais fini d’apprendre la démocratie, dans l’ensemble des pays ! », Jean-Claude Mignon, Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe PARTENAIRES/PARTNERS6. « Pour l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, en ce qui concerne les droits de

l’Homme dans le voisinage, est d’une importance primordiale », Egidio Canciani, Directorate General for the External Relations, European Commission

7. « Strasbourg, ville vecteur de la construction européenne », Rafik-Elmrini, Mairie de Strasbourg

8. « La gouvernance démocratique européenne n’a pas vocation à se limiter aux 27 États-membres », François-Gilles Le Theule, ENA

9. « La différence de contexte n’empêche pas d’exporter la démocratie et de réussir à la greffer », Christian Saves, ENA/Conseil régional Midi-Pyrénées

DONATEURS/DONORS9. “There is the lack of co-ordination among the donors”, Kristina Henschen,

Swedish International Development Cooperation Agency8. “Working on the state building process in the western Balkans […], we think this

is very important for the future”, Igor Bandović, European Fund for the Balkans

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1.

« AT THESE SCHOOLS WERE PRECISELY THE PEOPLE THAT NEEDED THIS KIND OF PROGRAMME! »

Kim CampbellFormer Canadian Prime Minister

Formée à l’Université de la Colombie-Britannique, puis à la London School of Economics, Kim Campbell (née en 1947) enseigne la science politique à l’Université de la Colombie-Britannique puis entre en politique à Vancouver. Élue en 1986 à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique. À la suite de son élection à la chambre des communes, elle devient la première femme ministre de la Justice du Canada (1990-1993) puis occupe brièvement le ministère de la Défense nationale. En 1993, elle devient la première femme Première ministre du Canada (et la seule femme chef d’un gouvernement national nord-américain jusqu’à présent).Elle a ensuite de nouveau enseigné la science politique à l’université Harvard avant d’être nommée consul général du Canada à Los Angeles (1996-2000). Elle est la présidente du Council of Women World Leaders et la secrétaire générale du Club de Madrid, organisme indépendant d’anciens chefs d’État et de gouvernement promouvant la démocratie dans le monde. C’est notamment à ce titre qu’elle a participé à l’Académie d’été des Écoles politiques depuis sa création.

Interview: Denis RollandTranscription: Janina Duda

How did you meet the Schools of Democracy?I have been invited several times to speak at the political Schools. Initially

I didn’t know anything, but I was interested by the idea. However, it was not a high priority for me. I thought these were the university students so I was not that so much interested. It’s not that I don’t like speaking to students - I teached many years! -, but it was not the high priority for me.

And then, when I went there, I think in 2006 for the first time, to the meeting in Strasbourg, it was a revelation to me: because I realised that the students that they were teaching at these schools were precisely the people that needed this kind of programme! And they were precisely the people where it was very much alike with my time and the time of my colleagues at the “Club of Madrid”.

It was a revelation to me because I realize that it is a very valuable school. There were the tasks performed and immediately an appraisal, which is

pedagogically a very good thing, because you instantly get that kind of feedback between what you are learning in your programme and the reality of your life.

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So, I was very impressed, my first time in Strasbourg, not only with who the students were, but also how after each student had the opportunity for a year to be in a programme in their own country, how they came together in Strasbourg for yet another remarkably valuable experience which was to meet their counterpart from so many other countries. So I thought this was a programme that was really training the future elites of those countries but also giving them an opportunity to meet with one another and build relationships. I thought it was a very good contribution to the citizenship development. Therefore, I am very enthusiastic and very supportive of the programme.

Have you been lecturing during the seminars in other countries within the programme? My first contribution was at the meeting in Strasbourg.

Then I was invited by Elena Nemirovskaya to participate in her programme in Moscow. She had a very interesting programme for me that united Russia with this Putin’s party with having a major training programme in Moscow that brought together the high level authority members from across the country including provincial governors and people like that, and she asked me to come and speak to this group. It might have been a very good thing for her because in Moscow the School operates in a very delicate way, as you can imagine. The people there wanted the democratic institutions. Later, after my presentation to about 150 members of the United Russia party, that evening I met with a group of Elena’s students and some of her alumni from across Russia; and that was quite wonderful, because I had an evening event. I spoke to them and it was followed by quite a longish session of questions and answers. We were exchanging comments and that was wonderful for me because these were her graduates and her students who were really out there trying to make a difference in their society.

I also had the opportunity in December 2008 to take part in the opening session of the programme in Sofia, in Bulgaria. And again, I had met Dimitriy-Ivan Evstatiev Panitza [Bulgarian director] at a conference in Strasbourg the year before, so then we had the chance to become friends. That is why he asked me to come and speak at the opening session of the School in Sofia. We went to sightsee the city for this meeting and I was very impressed because I had the chance to see how the Schools functions: this was the first session and I saw how the students were divided into particular teams and, of course, in each team was involved people who did not know one another before. They had a very interesting exercise through which they introduced themselves, got to know one another, described themselves. And, by the dinner, where I spoke, the teams got up and reported… And it was clear that they had begun to create a bonding which was really wonderful! You could see that for the next year: it would be an opportunity for them to really work together but also learning to appreciate people from different backgrounds, different political parties. The next day, I gave quite a long presentation with questions and answers on leadership, what kind of leadership I thought was

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needed in Bulgaria at that time. I found it very enjoyable but before I spoke they had a presentation by one of the leading businesswomen in Bulgaria: so it was clear to me that the quality of the people who came to participate was very high. These were the people who really had something valuable to offer. It was an alternative to include myself in that because my experience was at a very high level. So I was very pleased to participate.

Apart from the two programmes I have participated in are in Moscow and Sofia, I have a very friendly link with Sonja Licht and the Belgrade programme [BFPE]. I went to Belgrade last December, not in the School of Political Studies although I got the chance to meet some of the students, but at a different programme. So my involvement in Belgrade was through its director, but not within the scope of that particular programme of the School.

I had a chance to see some of the Schools but, in particular, I get the opportunity to see the students when I am in Strasbourg. Although I do a lot of work in Ukraine I haven’t had the opportunity to see the students in Kiev, however, I met some of them in Strasbourg.

Do you think that there are some Schools with more problems or difficulties than the others?

I do not really know which ones have more difficulties than others. But I would say that there are two factors that contribute to problems of the Schools.

One would be the political sensitivity. I think in Moscow, for example – Elena Nemirovskaya is wonderful –, given the political environment there, just not very democratic, I think that is the challenge that she faces. I think this may exist in some of the other countries as well.

The other thing, I suppose, would be resources or financial and personnel matters. I assume they are probably different in different Schools. There are two reasons. One: countries are not all of the same wealth and I do not know where they all get their money and how the Council of Europe helps. But the other is that some are geographically more accessible and maybe easier to participate. If you have a larger city or a larger community, it may make it easier to find people who have valuable experience and who will come and participate. So I reckon, those would be the things that would vary among the Schools, but political atmosphere in the country and the resources that are available depending on the location of the community and its size.

What do you think about the work of the Council of Europe in Caucasus? I am sorry that I am not able to speak specifically about that. I do not

know. My observations are that the students, when they come all together to Strasbourg, is that it is a remarkable program and each program individually would be valuable in those countries. In other words, just supporting programs in the individual countries would be a good idea. But it is dramatically more valuable to be able to bring them all together. First of all, because it helps to create a kind of standard of discussion. When the students

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come to Strasbourg, there are a lot of presentations and they are at a high level; but it is vital to make sure that people aspire to that standard of discussion. But the opportunity for the students to meet one another is, I think, unparalleled. It is hugely desirable, so the Council of Europe involvement, the message they communicate, that this is an important activity for Europeans.

This is an important activity to be supported not just by the countries but the whole community of the countries that belong to or are the observers at the Council of Europe. It gives approval but also the Council of Europe is able to convene all of them. I think it is a huge desirable investment in the political future of these countries. I am a big supporter of it. I think that what you are doing – to try to make the programs better known is wonderful, because, they are remarkable and I am hugely supportive and, you know, there are many things we can try to do in this world… And as we look back at the Schools and how they progress, it will be clear that they have had multiple effects. We know it already that some graduates of the Schools have gone on to some important political positions. Yet, it is not just the courses that people take or what they hear in the programs, but it is the ongoing relationship that they have as alumni with the people they work for and with. It just think it is great. I have huge support for.

Are you aware of the problems with the grants provided by the European Union?

I think to continue would be an incredibly good investment. I think if you want to help a country build stable democracy, if you want to help create elite of people who know what needs to be done in democracy, who had a chance to hear from the best people how social, political and economic development needs to take place. These Schools are about to be as productive and effective as you can get. And they are not hugely expensive. The courses are not full-time. People just take three weeks off in their own countries and then another week in Strasbourg for a very intensive study, otherwise they do things in-between. Otherwise, I think it is great investment. It is value for money and I would like, if anything, to see more of it, to see them expanded, to see more resources given to these kinds of programs.

If you were asked to help to convince the EU to obtain some grants, how would you react?

Call me. I am happy to help. The point is, there are, maybe, differences among the Schools. I am not sure, either, which Schools European Inquiries think have too much cult of personality… But you know, they are not going to be the kind of schools you would create in countries like Canada or France or United Kingdom. But you do not need the schools there, because they already have a democratic culture. You cannot raise your magic wand and say: “Oh, in addition, they must be absolutely perfect model.” These are Bulgarians, Serbs, and Kosovars, and Georgians and Ukrainians… People who are of their country. Of course, we want to make sure that there is a certain standard.

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However, we must be aware of what can be accomplished and how hard it is to make the transition to democracy.

When I discovered the program, and as I said - at the beginning I was skeptical, but when I really discovered it, I said to myself: “Bingo!”. This is exactly what we should be doing!

And it is not that this is the only program. I am chairing a foundation in Kiev. There are a lot of people who are interested in training the elites, the young elites. The elites of democracy.

I do not know all the criticism that the European Union would make. If they have criticism, it is always important to listen to them. But I think it is also important to understand that we are talking about the countries where there was no democracy or have not had democracy for very long. In my youth, my first career, I was a Soviet specialist. Anyone who knows that part of the world knows what a profoundly different culture exists in the Marxist-Leninist societies. These are not societies that generated the cultural values that sustained democracy. So the challenge of making this transition is huge. At the end of the day, you can create institutions, you can create processes like elections, but unless they create the culture of people who understand how to make those institutions function, they will fail.

So it is critical to identify the culture of those who will lead. And that what those Schools are trying to do. So we try to support them in terms of specific skills, but also in terms of attitudes and ways of thinking, people who are clearly already in positions of leadership in those countries, young people who will go on to be the leaders, people whom you can count on for most probably next thirty years, playing a role in their country…

So, if you want to support those changes, where do you go? What do you do? You can send young university students away, you can do things with young people. But it seems to me that if you only have a certain number of resources, investing those resources in people who are already in a position to be part of the solution makes a lot of sense!

And I am very happy to speak in favor of the program! I think the programme is very important and that is why I am very willing

to help. Due to my previous political career and as a university professor I have a very realistic view. So here is a programme that, I think, has a great deal of promise. If there are problems with it, my view is, try to make them better. Throw them out and you will have nothing. The European Union probably wasted more money in an hour than it spends in a year on this programme. So they should look elsewhere to make economies.

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2.

“THE AIM OF THE SCHOOL, TO PROMOTE CIVIC CONSCIOUSNESS”

Geoffrey HoskingUniversity College, London

Geoffrey Alan Hosking (1942-) is a historian of Russia and the Soviet Union and formerly Leverhulme Research Professor of Russian History at the School of Slavonic and East European Studies, University College, London. Hosking studied Russian at King’s College, Cambridge, before studying Russian history at Moscow State University. He then studied European history at St. Anthony’s College, Oxford, before gaining a PhD in modern Russian history at Cambridge. He worked with the Moscow Political School since 1993.Last publications: Russia: People and Empire, 1552-1917, Harvard University Press, 1998; Russia and the Russians (2001); Rulers and Victims - The Russians in the Soviet Union, 2005.

Interview: Denis RollandTranscription: Raluca Maria Mihăilă

I would like to have your impression about the Moscow School of Political Studies.I have worked and I have given lectures here every year since it began in 1993. I am almost one of the founders!

You are university professor, historian of the modern Russia?Of Russia, I have written on most periods of Russian history.

And so, on the sense of political modernisation, what do you think about this School?I think, first of all, that the School is probably wrongly named: I don’t think it is a School of Political Studies.

Nor it is Moscow Scholl actually: it’s all Russian, as you can see! Assistants, “students” come from all over the Russia, all the provinces of Russia; and that’s wonderful actually! And not only Russia, but also some of the ex-Soviet republics. And until from Croatia as well! So there are people from a lot of places.

It is really a set of seminars in civic consciousness, rather than in political studies, that is how I would put it. That has always been the aim of the School, to promote civic consciousness, but the context in which that can be

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done has changed enormously in eighteen years. At the beginning it was indented to bring Western experts to Russia, as it was to train young Russian politicians in the skills of democratic politics and civil society. But I think that has gradually changed over the years,

I think the School exists now more to promote free discussion of political, economic and social questions in a country where such free discussion is very difficult to find. In the last ten years or so, freedom of the mass-media has been ruggedly curtailed and narrowed and for example watching television ten years ago was still very interesting; nowadays, television is completely boring, it is almost unwatchable and the newspapers, while some of them are interesting, the mass circulation newspapers are much less interesting than they used to be.

Do you think that in 1993 it was easy to work on civic consciousness?In same ways it was easier, because so many things were still open then, so many possibilities were still open, now they have been closed and Russia has become a largely authoritarian country. Not like the Soviet Union, which was totalitarian and ideological, but still a country in which freedom of expression is now quite narrow. So obviously it is more difficult than back then, but it is also more important, even more important than it was when it started.

I don’t know how many thousand alumni the School has, it must be at least 5000 or maybe 10000 and there are working all over Russia in medium and in some cases quite high positions and professions, in politics, in the media or in universities, so it seems to me that the effect of the School is not negligible, because there are obviously people who are working in the elites, so simply the practice of free expression is hugely important.

Lena told me yesterday that it was more difficult this year and she didn’t want to speak about the relation with politics, but she seemed to have a very difficult sense in the School’s relation with power.I haven’t spoken with her about this year yet, but it is definitely the case that some people who would like to attend the school from the provinces have won their way by their own superiors and since in Russian provinces especially you depend on your superiors, they are your protectors and your patrons, quite a lot of people who would be interested do not come. Some I think are sent here by their local leaders perhaps to influence opinion or even just to observe what is going on, because this School has quite a high status now, not officially but unofficially it’s quite a high-status organisation and people are concerned about it; people in government, in power, especially in the provinces are perhaps worried about too many of their people being influenced by the School.

It seems in the 90s the School was an expression of liberal democracy. Where is the sense of democracy? What I have seen today and yesterday is more the local reflection of democracy.

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Actually this year there are fewer speakers from the West than ever before, I think. Maybe that’s what Elena was talking about. It is now largely Russian speakers and there are all Russian speakers or nearly all who come from the oppositional media or from institutes with freedom of speech, it comes more naturally.

There are quite a lot of participants actually from Yedinaya Rossiya and the official opposition parties. I don’t know whether there are any communists here, sometimes there are, sometimes there are not, liberal democrats likewise. The atmosphere changes a bit from year to year, according to the circumstances, I don’t know exactly how the selection process is done, but I think the alumni of the school, people who have been in the School, take part in the initial selection process of delegates to come here each year. And then in the seminars that the School holds in the provinces of Russia, they also take the opportunity to select the people to take part in these seminars.

What do you think about the principal goals and results of this School?Very general question, very difficult to say, it’s not quantifiable, except from the fact that it must be between five and ten thousand former graduates of the School working in medium and upper level of Russian politics, journalism, administration, education and so on, throughout Russia, not just in Moscow and Saint Petersburg or even just in the big cities but throughout Russia, in all the provinces.

Have you ever had problems while working with the School with Visas or such?There are always problems with Visas… But they are purely technical ones and have nothing to do with politics. It is just simply the case. Of course Russia would like to abolish Visas. But in Britain or France, we are all afraid of immigration, mass immigration; we are afraid that hundreds of thousands of Russians would come and live in Britain, in France. Actually there are already at least three hundred thousand of Russians living in Britain. I don’t know how it is in France…

There are many also. Do you think that after Lena Nemirovskaya the School will continue to work?It will certainly continue; maybe it will be different. She shows no signs of giving up, although she is handling more responsibilities now to an executive director who changes actually from year to year. So that really means she still has a pretty firm control of what goes on but she leaves the details to other people more than she used to.

In the European Union’s reports, many times when they intend to have an evaluation of the Political Schools’ work, they say that the Russian school, especially but not only, does not have a normalisation of the work

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and the European Union would like to have Schools with a very clear and regular work. Perhaps they will cut the aid for the school because of these reasons, because there is too much difference between the work of the Bulgarian, Croatian and Russian Schools...I think that is a theocratic approach, and indeed a West European one. It seems to me that first of all the School is a remarkable creation, also as it is Lena’s personal creation and it follows her personal beliefs and even prejudices, but that is how things are done in Russia. If we want to have anything done in Russia, it must be done by either powerful people or people who have a certain charisma, and Lena has charisma. And to demand in Russia that things should be systematised and bureaucratised and done in the same way each year, that shows a lack of understanding of how things are done effectively. Of course you can have standard bureaucratic institutions in Russia, but they achieve nothing because everything depends on personal influence. And Lena’s personal influence is a very good one from the point of view of the European Union, a very good one.

Do you think the School could work without her?Yes, I think it could now, perhaps during the first 10 years I would have doubted it, but now there is sufficient support for the school all over Russia and also from the people working with Lena: Alexander Sogomonov for example, Andrej Sacharov, Larissa Mishustina and several others, who would do anything possible to keep the School going and who would probably take over as the principal director of the School and would do it very well, perhaps in a somewhat different way, but would do it very well. Andrej Sacharov would be more to the taste of the European Union, he is very systematic, very conscientious, perhaps a little bit bureaucratised, and he would be exactly the kind of person they would value.

Do you think it would be ill-considered if the European Union didn’t continue financing the School?I think it would a mistake not to continue; to look at it purely from the selfish point of view of the European Union, if they want to continue to have influence inside Russia amongst at least some influential people, this is the excellent way of achieving it and not very expensive for the standards of the European Union, quite effective; so I think it would be in the interest of the European Union to continue. I also think it’s very good for Russia, but that’s not the main point.

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3.

“TO REBUILD THE BALANCE IN THE SOCIETY”

Meglena KunevaFormer European Commissioner for Consumer Affairs

“My academic background is in law, with a particular emphasis on environmental issues and on human rights – areas in which I retain a very strong interest. Before devoting myself to politics full-time I was a Senior Legal Advisor to the Bulgarian Council of Ministers. My political career started in June 2001 when I was elected as a Member of the Bulgarian Parliament, becoming deputy Minister of Foreign Affairs, later Minister of European Affairs, and Chief Negotiator for the EU accession process. I also served as a Special Representative at the Convention on the Future of Europe in 2002/03. I was appointed European Commissioner for Consumer Affairs in January 2007 at the time of the accession of Bulgaria to the European Union. It was a double honour for me to become both the first Commissioner to represent my country and the first to be given exclusive responsibility in the key area of consumers”.

http://ec.europa.eu/archives/commission_2004-2009/kuneva/profile_en.htm

Interview : Janina Duda

Should we have any special encouragement for women within the Political Schools?I think a world of sharing difficulties, a world of exchanging experiences would be quite suitable. I thought, let’s say ten years ago, that quotas are things absolutely outdated and we shouldn’t look at quotas as part of the solution for having more women. Now, after years, I think that we might need for some time kind of public requirement which might go through the quotas and improve the situation. This is kind of a solidarity fund, a virtual one, to rebuild the balance in the society. So, yes, I think we need to support women who are as able and talented as men are, but as the situation is still very unequal, we need special encouragement.

Within the context of Political schools, would you advise the schools to run special seminars just for women?I think it would be good idea and go deeper to the core of the problem. Countries differ so much from one another. For example this year for the first time in the United States statistics simply show that more women go to university than men. So we need to be prepared for the next steps and maybe in ten or twenty years we will think how few men we have in the universities. I’m not kidding that much. 52% of graduates are women.

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Women choose more humanistic subject than men who prefer engineering areas…Yes. I don’t believe we need to divide the society, again. Then, I think it would be a loss.

What does it mean for you to be a woman and a politician?Well, I wouldn’t stress too much the fact that some women are politicians because we shouldn’t make this distinction and I don’t think that’s something great or extraordinary. I think that the world is becoming closer and closer to recognising the fact that the world, or, let’s say, Europe needs all the talents. I remember one nice story even if the example is quite sad. Mozart had a sister and she was as an able musician as he was. She gave concerts, she was encouraged until the teenage, but then she was stopped just because it wasn’t considered proper for a woman to be on the stage. So, the world lost a “great musician” and this is not to say that Mozart wasn’t a genius, but his sister was as talented as he was. That’s why I think we need to encourage women to go into politics and of course not because of the sex, not because they are women, but just because they have the talent to do it. We need young, women and men, people with different backgrounds, with different cultures, but the most important thing is dedication. So, for me to be a woman and a politician means to be dedicated.

So that’s a normal thing actually. Yes. I hope so.

What about your involvement in the activities? My activity actually with the school is not that large. I was quite busy the last ten years with negotiating, being a commissioner. I lectured for several occasions, but, of course, I cannot compare my experience with the work of those behind the schools, in Bulgaria or other countries since they are all network, dedicating time and having in mind all the nitty-gritty things about the schools. So I think the idea is excellent. I had myself academic background before I started as a politician, as a civil servant and, so to say, I had genuine interest vis-à-vis academic work and nevertheless this is actually very practical-oriented, but we could back up those kind of lectures with some academic grounds and I must say that I like it very much. I also like to communicate and this is also a great opportunity for politicians like me to see the young people from everywhere, and especially from the region you feel particularly strong about.

Why did you accept the invitation?Because it is very interesting, it is very diverse; you get people from different backgrounds, from different nationalities. Because of the citizens from, let’s say, a very troublesome region and our hopes are very much for the near future, for the next days and these next days are in the hands of those people

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who have already decided that they will go and do something for the public good.

So, what are the main challenges facing the south-east Europe, the Caucasus and the Balkans?You know, I have been very often asked the same question about my own home country, Bulgaria, with the negotiations especially. And now I can tell you that the challenge is one: how to make a modern country? It’s not to pick up the political requirements like the freedom of speech, free media, civil rights and leave behind the economics like a next stage, for example the freedom of market economy, public procurement in good shape, etc. Everything should work together. If there is really free market economy it means that the public procurement is perfectly in place, that the court system is functioning well, that the administration is good, that the stakeholders meet with each other and consult, that the legislators listen before going to introduce the legislation. So, it is not about taking one thing and then going on with the next step, but we need to do things at the same time, step after step, but in a very broad front.

Do schools of political studies have a role in building the modern society?I do think so because the first lesson we need to learn is how to communicate with each other, how to understand somebody else’s opinion and then to build a consensus on this ground.

The word “consensus” is considered to be some kind of a weakness, that you are not strong enough to impose your own opinion. Actually, this is exactly the opposite. You might reach with the strength an immediate solution, for a while, but it is not a sustainable one and what bothers me all the time is that we cannot achieve a sustainable step ahead. It’s not like tango: two steps ahead and two steps backwards.

So this is very important when in those schools we are telling the truth and saying to the students that consensus is a strength not a weakness.

Well, democracy is a kind of state of mind, is everybody ready to accept it?Should be. Democracy is a natural way to live: it’s really a matter of prosperity. Without it, there is simply no prosperity. Sometimes, we are very much, so to say, challenged with the fact we need quick results. So, then, we can postpone democracy and the way we take decisions in a democratic way for better times and this is always, always wrong. It’s not only the goal that is important, but also the means through which we achieve this goal. Without democratic means the goal is already compromised.

I will give you a simple example. Fight against corruption or organised crime and then the civil rights related to the rights of defendants, actually to defend himself, or what kind of means you use to investigate the case or how soon you will have access to the attorney or how much you use the devices to

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interrupt the conversation, the means you use to follow people. So, sometimes even for good reasons we can use totally wrong means.

The Russian founder of the Political schools was talking about “continuing democratisation”. Does it still exist? And does the Western Europe need to refresh the idea of democracy? All the time. Just look now at the migration policy, the challenges of the economic downturn and how many governments being absolutely pressed by the public opinion, because to be a politician means sometimes to go against the public opinion. Yet, they gave up and started using the speech against the immigrants which 10 or 20 years ago when their cities were being built by immigrants would have been seen totally wrong and intolerable. And now it is already different. Even the scanners at the airports, which have been discussed so much by the European Parliament, where are the limits, what are we ready to give up for our security? So there will be plenty of challenges, I am certain about it.

Should the “old Europe” join the network?I think it is a matter of their own will because nobody should be forced, but, yes, I think it would be good. Actually the Convention on the Constitution of Europe was a good example of a common work. I was part of the Convention at the time, and there were many politicians coming from outside the European Union at that time, but we participated on equal footing because it was an intellectual endeavour. After few moments there were no more differences between the Western and Eastern countries. So, yes. That is a very good idea. But I am an integrator. For me it is quite natural to see the things work together, so I am biased. (laugh)

Do you think old democracies could learn from the new ones?I think the learning process has always two ends. It’s the same when lecturers give lectures because they learn from the faces, from the eyes, from the attitude, from the air, if you wish. I would not even mention the questions which are quite a good exercise to learn. So, yes, I definitely think we could learn from each other.

If you say that democracy is based on leadership, and this year the summer school is about leadership in crisis, does it then mean that democracy in Europe is in crisis?No, I wouldn’t say that democracy is in crisis because the crisis would mean that the civil rights which the basis of democracy, the free market economy are in danger in Europe. So I don’t think it is so. But what we need to do is to look ahead and here we need leadership, a strong vision. Not just tactics but we need to have a goal and a strategy. We need to know what we can do better and in a very assertive manner.

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Are you then saying that it is worth taking part in the programme of the schools?Yes, I think so.

You mention prosperity as a condition of democracy. Having big experience in the business field, do you think that business representatives should be invited to take part in the Schools of Political Studies?Absolutely. I think this is a must. In contemporary society all these divisions are the matter of the past divisions between labour and capital, division between consumers and producers and so on. One thing I’m sure absolutely sure about is that the 21st century will be completely new in this respect. Things are so much inter-linked that we cannot build prosperity on the opposition of classes, but on thinking together for a common goal and how to achieve it. When I was at the Commission I always repeated Alfred Toffler’s words that the 21st century will be not the century of producers or century of consumers, but the century of prosumers. Just look at the phenomenal Facebook. From one day to another a mere consumer becomes huge entrepreneur. You can develop your own business, especially with the new technologies, almost from day to another, if you have the right idea and with open access to, hopefully, broadband internet everywhere in Europe. That is why we need to think politically in whatever kind of leadership we are involved and to be a leader on the business site is as challenging as to be a political leader, I reckon.

How do you see the network of schools?I hope the future is bright. I think that we need it and then if we are certain that we need it then we need to find the means to sustain it and develop it. As I said, I’m not as much involved as the others who are behind the schools, but we clearly need to see what the benefits are, to have benchmarks to measure them and then if that works and is ok we can go to the next stage.

Does the Bulgarian government support the activities of the Bulgarian school?I don’t believe I could represent the Bulgarian government and I would not speak on their behalf, but I think it would be a good idea and I would invest in it.

So in general then, do you think governments should support the Schools?Yes, but again governments are those making decision about their priorities. But I think it is very promising. It’s thinking about the future and we really have to think about the future and to open up the political stage to new faces, fresh thinking. And even if the participants are not going to take part in a political party, they will be surely very well-educated citizens and we need

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this part of the public demand which vis-à-vis the politicians needs to be very strong, very well-educated people, asking tough questions and being able to consider whether the answers are right or wrong and to make up their minds.

Is that what the civil society is for you?Well, yes, it is.

Thinking about the future and the European ever closer union, do you think the EU should support the Schools?I think that if there are the means for it, then it would be extremely advisable. The problem is that the budget of EU is very carefully measured which means that we need also to have the member states on board because they are the ones who are giving the budget for the entire Union. So again we are going back to the member states and that’s why we need to have a common will about it.

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4.

« LE CONSEIL DE L’EUROPE A TOUJOURS ÉTÉ UN LIEU BEAUCOUP PLUS « POIL À GRATTER » QUE LA

COMMISSION EUROPÉENNE »

Gautier Pirotte, Université de Liège1

Intervenant, Académie d’été

Vous êtes sociologue à l’Université de Liège, spécialiste des sociétés civiles des Balkans et de l’Afrique ?

Je travaille en effet sur les sociétés civiles d’Europe centrale et orientale et d’Afrique sub-saharienne depuis une dizaine d’années.

Pourquoi vous a-t-on demandé d’intervenir ici ?Pour assurer la présidence de l’atelier sur la société civile, autour de la

thématique de l’intégration européenne essentiellement.

Qu’est-ce que la société civile dans les Balkans, selon vous ?C’est extrêmement compliqué. Si vous voulez piéger quelqu’un, c’est

exactement ce qu’il faut lui demander ! Il n’existe pas de définition simple. Tout le monde en parle, sans nécessairement préciser ce qu’on met derrière cette notion… Disons, que la société civile dans les Balkans se définit par rapport à un modèle de gestion démocratique, par rapport à un État, à tout un héritage de cet État. Maintenant, par son contenu, on peut la définir à travers un tissu associatif assez large.

Mais, par exemple, si on pose la question : « Qu’est ce que la société civile dans les Balkans ? », il faut quasi découper les Balkans et se dire : « Voilà, dans certains pays la place des syndicats est valorisée ; dans d’autres, elle est complètement dévalorisée. En ce qui concerne les organisations non gouvernementales, certaines sont très actives dans le domaine de l’éducation, d’autres dans les aspects culturels, d’autres dans la santé. Il y a aussi des ONG

1. Sociologue belge. Né en 1973 à Liège, Gautier Pirotte est chargé de recherches au Fonds national de recherche scientifiques en Belgique et enseignant à l’université de Liège. Il conduit depuis plusieurs années une réflexion sur les acteurs de la société civile en Europe de l’Est (principalement en Roumanie) et en Afrique subsaharienne (Bénin et République Démocratique du Congo). Ses principaux travaux portent notament sur les organisations non gouvernementales de ces pays. Le titre de sa thèse de sociologie : L’invention des sociétés civiles en Europe de l’Est (Roumanie) et en Afrique subsaharienne (Bénin), soutenue en 2002 à l’université de Liège.

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qui sont en fait d’anciens services de recherche universitaire qui ont été privatisés et qui se structurent comme des ONG de recherche, d’éducation – ce qui, d’une perspective occidentale, peut paraître saugrenu : il est donc très complexe de définir de manière univoque la société civile.

Pour simplifier la réponse, on pourrait, dire : « La société civile est un tissu associatif multiforme dont le rôle est tantôt de contrôler l’apprentissage de la démocratie et du processus démocratique, tantôt de fournir des services à une population qui peut être délaissée par les services publics habituels, par des pouvoirs publics qui n’arrivent plus à donner des réponses ».

L’Europe occidentale peut-elle promouvoir la société civile dans ces pays et a-t-elle le droit de le faire ?

Il paraîtrait anormal que l’Europe occidentale ne le fasse pas ! On a suffisamment critiqué la faiblesse des chancelleries occidentales, pour ce qui s’est passé dans les années 90 dans les Balkans… Ne pas être interventionniste, de ce point de vue-là, me semblerait une erreur !

Toutefois, je pense qu’il faut trouver un équilibre…Pour moi la grande question est celle de l’autonomie de ces sociétés

civiles. Il ne suffit pas de dire : « Nous allons promouvoir, renforcer la société civile dans les Balkans, par exemple, ou dans le sud-est de l’Europe, en mettant sur pied des programmes « clé en main ». Il faut effectivement un partenariat : il faut négocier, discuter, avec les autorités locales, avec également le tissu associatif existant. Sinon, on ne fera que continuer à mettre sur pied une société civile « par le haut, sans un rapprochement avec la population ». Ce dont souffrent ces sociétés civiles, c’est, dans cette partie du monde, c’est d’être déconnectées de la population, de ne pas avoir suffisamment d’ancrage populaire : toutes ces stratégies de renforcement de la société civile ont surtout contribué à renforcer une élite du social : on a des personnes capables de répondre à des appels d’offre de financements européens, qui parlent de nombreuses langues, qui peuvent donc saisir les opportunités de financement qu’on leur offre… Mais qu’en est-il réellement des besoins de la population ?

S’il y a soutien à ces sociétés civiles, il faut trouver un modus operandi qui permette de populariser ces sociétés civiles, de trouver un ancrage à ces organisations de la société civile. Sinon, nous serons dans une sorte de société civile en trompe l’œil ; on fera appel à une société civile de façade qui sera là pour dire « Oui, Non… » : un cercle fermé entre dirigeants et responsables des plus grosses ONG qui diront : « OK, moi je suis d’accord avec telle orientation », mais sans que, dans les coins les plus éloignés de la Serbie ou d’ailleurs, les gens puissent être entendus…

Le concept de société civile est un concept de philosophie politique : il y a un idéal de société derrière la création d’une société civile ! Créer une société civile et pouvoir faire participer, faire entendre une variété de points de vue. Les modèles de renforcement des sociétés civiles sont plutôt des modèles ayant entrainé une certaine uniformisation de ces sociétés civiles, une certaine

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standardisation sous le vocable ONG, en les structurant de manière imprécise, en constituant une élite qui répond aux demandes des bailleurs.

L’enjeu n’est alors pas seulement de savoir comment soutenir cette création, mais de faire en sorte de soutenir pour qu’elle se construise de la manière la plus démocratique possible. Ce serait quand même une aberration de contribuer à construire une société civile par des voies autoritaires, en tous cas avec une vision extrêmement directive et « top-down » uniquement.

Y a-t-il une possibilité de définir l’expression « gouvernance démocratique européenne » ?

Moi, je la cherche… Je ne sais pas…

Existe-t-il une spécificité de la gouvernance démocratique européenne ?Je ne sais pas. Je risque de répondre dans une version stéréotypée. Je pense à ce qui s’est produit à la Commission européenne, avec la décentralisation et le renforcement des délégations

Si je sors du cas européen et que je vois cela au niveau du travail fait en Afrique subsaharienne, on voit alors qu’il y a une volonté de se rapprocher, de définir les politiques plus localement, d’harmoniser l’aide avec les besoins réels des populations. Il y a quelque chose de l’ordre de la volonté de créer de véritables partenariats.

En ce qui concerne les États-Unis, l’approche actuelle est plus universaliste : ils auraient plutôt tendance à agir comme un rouleau compresseur. Mais, encore une fois, je pense qu’il y a fondation et fondation, qu’il y a différents types de bailleurs américains.

Néanmoins, sur le fond des idées, sur les valeurs, sur la liberté, sur le respect des droits de l’homme, je pense qu’on est dans les mêmes valeurs qui sont le fondement de la gouvernance. J’ai toutefois l’impression qu’il y a un peu moins de directivité dans le modèle européen, autant que je puisse le savoir.

Certaines évaluations demandées par l’Union européenne critiquent le manque d’harmonisation entre elles des Écoles politiques. Cela signifie-t-il que l’Union européenne est en train de travailler sur des standards universalistes ?

Il y a un basculement qui s’opère à la fin des années 1990 et au début des années 2000. Dans tous les domaines de la coopération internationale, on voit arriver cette standardisation ; cela se voit à travers les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) et tout qui s’est produit ensuite dans le cadre des DSRP1, des problèmes de la lutte contre la pauvreté (Accords de Cotonou, etc.).

Lorsqu’on compare la méthodologie Banque Mondiale-FMI avec la manière dont l’Union européenne travaille en matière de coopération

1. Documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté (DSRP), site FMI, 8-04-2010 :

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internationale à travers les Accords de Cotonou, on voit que les enjeux sont les mêmes, la méthodologie est la même : il faut harmoniser au maximum ; il faut arrêter de vouloir planter son drapeau un petit peu partout... Il y a quelque chose qui est en route à l’heure actuelle, parmi tout qui est agence de coopération, bailleurs, etc. : une volonté finalement de s’aligner, de se mettre sur une même ligne. Alors, forcément, dès qu’on essaie de sortir un petit peu du chemin, on se fait taper sur les doigts - et c’est peut-être ce qui est en train d’arriver à ces Écoles. Mais peut être aussi est-ce le moment ?

Je ne suis pas un spécialiste des institutions européennes. Je pense cependant que le Conseil de l’Europe a été par moments un lieu beaucoup plus « poil à gratter » que la Commission Européenne. C’est un lieu de davantage de discussion, de création d’une réflexion sur le modèle européen, justement, avec des voix davantage divergentes par rapport à des institutions qui sont là, avant tout, pour prendre des décisions, pour faire avancer des dossiers, le financement etc.

Face à cette tendance lourde, à cette harmonisation rampante, à cet alignement de l’aide et des stratégies internationales, il est bon qu’il y ait encore des instances qui pensent parfois autrement, qui cherchent à mettre sur pied un autre modèle de gouvernance, même s’il est un peu plus compliqué.

À quoi cette Académie d’été, réunion 600 participants venus de Russie, des Balkans, du Caucase peut-elle servir selon vous ?

Je peux vous répondre à travers ‘ une courte conversation que j’ai eue avec une « experte » ce matin, dans le bus transportant les participants russes. Elle travaille sur les questions énergétiques et, je pense, doit travailler avec des Russes et des Georgiens demain pour un workshop ; on sait que c’est un dossier assez brûlant ! Je lui ai dit « Alors, il va y avoir des négociations au sommet ? » et elle « Non ! On ne vient pas pour négocier : nous venons ici pour témoigner, instruire, éduquer, transmettre un message aux générations futures, aux futurs dirigeants en quelque sorte. Je pense que la première fonction de ce lieu, de ce brassage, c’est de d’informer, d’éduquer, de transmettre une vision de ce que peut être l’Europe.

C’est un lieu de création d’identité européenne ! Il faut des moments comme cela. Il faut le faire aussi auprès des élites futures des pays de cet espace européen, surtout les pays qui éventuellement seront un jour intégrés dans l’Union. Il faut des moments comme cela de création d’une identité européenne à travers ce type d’échanges ; on n’a pas toujours l’occasion de

« Il revient au pays de définir les priorités de la lutte contre la pauvreté. Le dispositif des DSRP, mis en place en septembre 1999 par le FMI et la Banque mondiale, est concrétisé par des stratégies générales de réduction de la pauvreté pilotées par les pays. Ce dispositif a été établi en reconnaissance de la nécessité de permettre aux pays de piloter le processus et de donner plus d’importance au combat contre la misère. Les DSRP visent à assurer un lien essentiel entre les actions des autorités nationales, les concours des bailleurs de fonds et les résultats requis pour atteindre les objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) de l’Organisation des Nations Unies visant à réduire de moitié la pauvreté entre 1990 et 2015. Les DSRP servent de cadre aux prêts concessionnels et d’allégement de dette du FMI et de la Banque mondiale ainsi qu’à l’Initiative en faveur des pays très endettés (PPTE) ».

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rencontrer des Serbes, des Croates, des Bosniaques dans la même journée ! Cela me semble donc un moment assez important.

Et ce n’est pas simplement une célébration de plus de l’identité européenne ! Je crois qu’il y a des contenus, des expériences qui s’échangent dans les différents workshops… Et donc c’est absolument essentiel !

C’est ma première expérience [des Écoles], donc tout m’étonne, tout l’épate, tout me stresse ou tout m’énerve… Mais ce dont je suis le plus étonné, c’est finalement ce côté échange d’expérience, ouverture d’esprit… Il y a une communication qui s’établit. Parfois, il faut certes calmer les points de vue de certains. Mais il y a une acceptation par les débats, par les workshops, par les échanges : c’est aussi cela les Écoles, un lieu d’apprentissage du fonctionnement démocratique : clairement on n’est pas tous d’accord, mais on s’écoute et on évite de s’empoigner !

C’est néanmoins ma première expérience et c’est évidemment une vision extrêmement enchanteresse de cette Université d’été. Mais je pense que si cela n’existait pas, il faudrait de toute façon créer un système analogue à ce type de rencontre.

Ce qui fait défaut pour le moment, à mon avis, c’est évidemment l’absence de l’ancienne Europe : le système est centré sur les nouveaux pays membres du Conseil ou sur les futurs membres de l’UE. À mes yeux, en termes de brassage, il manque évidemment des participants des Écoles de la vieille Europe - qui devraient exister -, pour créer une identité européenne un peu plus forte.

Toutefois, pour moi, c’est cela le plus important : ce transfert, cet échange des expériences et l’apprentissage de la démocratie aussi « par le bas ! ».

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5.

« ON N’A JAMAIS FINI D’APPRENDRE LA DÉMOCRATIE, DANS L’ENSEMBLE DES PAYS ! »

Jean-Claude MignonDéputé français

Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe

« En 1977, alors jeune chef d’entreprise, Jean-Claude Mignon s’investit dans la vie publique locale en tant que Conseiller municipal à Saint-Germain-sur-École. Élu Conseiller général du canton de Perthes-en-Gâtinais en 1982, il décide de briguer le mandat de maire dans la seule commune du canton détenue depuis 24 ans par une majorité communiste, Dammarie-lès-Lys, commune dont il est le maire depuis 1983.Conseiller général de 1982 à 1995, il a exercé au sein de l’Assemblée Départementale les fonctions de 1er vice-président en charge de la jeunesse et des sports, du tourisme puis du développement économique, et de Président du Comité Départemental du Tourisme. Il a notamment défendu l’implantation de Disneyland à Marne-la-Vallée et initié le projet de création du Parc Naturel Régional du Gâtinais Français.Il a également exercé le mandat de Conseiller régional de 1982 à 1988. Élu et réélu Maire de Dammarie-lès-Lys depuis 1983, il a été Président de la Communauté d’Agglomération de Melun Val de Seine de septembre 2002 à mars 2008.Élu et réélu Député depuis 1988, il est membre de la Commission des Affaires étrangères. Il est Président de la Délégation française à l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et vice-Président de cette Assemblée ».

http://www.jean-claude-mignon.net/index.php?pages/Votre-député

Entretien : Denis RollandTranscription : Marie Neihouser

Peut-on enseigner la démocratie en Europe orientale ou balkanique ?On n’a jamais fini d’apprendre la démocratie ! C’est le rôle de cette « Maison de la démocratie » que de contribuer à ce que l’on apprenne ce qu’est la démocratie dans l’ensemble – et je dis bien dans l’ensemble – des pays qui en sont membres ! On a trop souvent l’habitude de faire la différence entre les pays qui viennent de l’Europe orientale et ceux qui viennent de l’Europe occidentale. Je pense que tous les États - y compris ceux d’Europe occidentale - ont toujours besoin de continuer à apprendre ce qu’est la démocratie. Je crois que toute sa vie, on l’apprend ! Et les Écoles d’études politiques du Conseil constituent donc un des outils qui n’est, à mon avis, pas suffisamment mis en valeur par le Conseil de l’Europe.

Certes, on parle ici volontiers de l’Assemblée parlementaire, de son Comité des Ministres ; on parle bien évidemment de la Cour européenne de droits de l’homme. Mais on parle un peu moins du Congrès des pouvoirs régionaux et locaux. Et on oublie de parler de la Direction concernant la

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qualité des médicaments, la Pharmacopée ; on oublie très souvent de parler du Comité de prévention contre la torture… Et je pourrais encore citer d’autres exemples !

On parle de notre Commissaire européen aux droits de l’homme… Mais on passe complètement sous silence le travail de ces Écoles : c’est absolument incroyable ! Moi j’étais frappé tout à l’heure [un des débats de l’Académie d’été], lors du débat avec les participants de ces Écoles, de les entendre se présenter en tant que représentant de telle École, de tel pays. Et je trouve cela absolument fabuleux.

Mais il est vrai que, si on faisait aujourd’hui un sondage parmi les parlementaires qui siègent ici au Conseil de l’Europe, il y en aurait sans doute quelques-uns qui ignoreraient l’existence-même de ces Écoles. Donc, je crois que cette courroie de transmission, qui est sans doute beaucoup plus qu’une courroie de transmission, est essentielle et doit être mieux valorisée.

On commence par quoi, dans la vie ? On commence par aller à l’école, l’école maternelle et les différentes strates qui permettent d’offrir un enseignement, un savoir, à nos jeunes… Et bien, la démocratie, je crois que cela s’apprend ! Il est regrettable qu’on ne mette pas l’accent sur cette pédagogie de la démocratie ; c’est dommage, surtout, que nos partenaires naturels, l’Union européenne et le Parlement européen, à côté, ne nous emboîtent pas le pas, ou ne soient pas plus solidaires de ces initiatives. On est un peu surpris de constater qu’en matière de droits de l’homme, l’Union européenne vient de créer une Agence de droits fondamentaux qui va s’occuper, ni plus ni moins, que de ce que fait le Conseil de l’Europe depuis 60 ans, à savoir s’occuper des droits de l’homme. On préfèrerait, plutôt que de créer un doublon, à un prix exorbitant, de ce que nous faisons, nous, et qui est reconnu comme un travail de qualité. On préfèrerait que l’Union européenne, le Parlement européen nous emboitent le pas en ce qui concerne ces fameuses Écoles de la démocratie ! Tout à l’heure [pendant l’un des séminaires de l’Académie d’été 2010 du Conseil], un jeune du Monténégro, je crois, a dit qu’il était surpris voire choqué quand il a su qu’il n’y avait pas de représentants des pays d’Europe occidentale [pas d’école d’études politiques pour les pays de l’Ouest européen]… C’est quelque chose dont il faut que l’on s’imprègne et se souvienne : l’école elle est valable pour tout le monde ; le concept des écoles aussi ! Les jeunes d’Europe occidentale ont tout autant à apprendre, et peut être plus encore, que pour ceux qui viennent d’Europe orientale, parce qu’à force d’être un peu « gâtés » par la situation de leur pays, je crois qu’on s’est installé un peu trop dans le confort des convictions supposées acquises… Un jeune d’Europe orientale a, tout à l’heure, parlé de droits de l’homme et ajouté « pourquoi ne pas parler de devoirs de l’homme ? »… Ce n’est pas le genre de réflexion qu’on entendrait demain dans la bouche d’un jeune d’Europe occidentale !

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La relation à l’Union européenne semble d’autant plus complexe aujourd’hui que la subvention de l’Union aux Écoles ne serait pas reconduite…C’est incroyable ! Je n’ai plus les chiffres en tête de ce que coûte l’Agence des droits fondamentaux (FRA)… 20 millions d’euros en 2011 ! Cette nouvelle Agence de l’Union européenne coûte 20 millions d’euros pour faire, en doublon, ce que nous faisons ici pour une somme qui, elle, est tout à fait dérisoire… Pensez : 15 millions d’euros, c’est le budget annuel de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe [1,7 million depuis 2006 celui des Écoles politiques].

Nous allons donc avoir une Agence des droits fondamentaux, que nous avons, qui est désormais installée à Vienne ! On a l’impression qu’il fallait donner quelque chose à Vienne… L’Agence va faire un travail que nous faisons déjà et qui ne sera jamais de la même qualité que celui que nous faisons ici, parce que nous, nous le faisons à 47 États ! Plutôt que de dépenser de l’argent, c’est jeter l’argent par les fenêtres ! C’est dommage, vraiment dommage.

Je crois qu’il serait plus préférable que ladite Agence nous rejoigne, que l’Union nous aide à renforcer les Écoles ; qu’à la limite, qu’elles deviennent une institution, comme on dit, « conjointe » du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne.

Mais c’est vrai que les relations entre le Conseil et l’Union européenne sont de plus en plus difficiles. J’aimerais bien que nos collègues parlementaires européens traversent, de temps en temps la passerelle, lorsque nous sommes ici en session et viennent un petit peu écouter nos débats : je pense que cela serait vraiment intéressant.

Certaines expertises demandées par l’Union sur les Écoles mettent en cause la méthodologie non uniforme des Écoles, leur trop grande autonomie, la souplesse du concept…Mais tout est perfectible ! On peut tout améliorer ! Je crois que la critique est constructive, à partir du moment où elle n’est pas systématique. Les suggestions de ces experts, leur vision de nos Écoles politiques nous intéresse… Ces Écoles ont le mérite d’exister, elles ont le mérite d’avoir été créées par des femmes, des hommes qui ont une passion, les droits de l’homme, la démocratie.

Qu’aujourd’hui l’Union européenne dise « Vos écoles sont sous certains aspects problématiques », pourquoi pas, d’accord ! Mais donnez nous la main et travaillons ensemble pour les rendre encore beaucoup plus performantes !

Les experts mandatés par Bruxelles ont tendance à dire : « Il faut théoriser tout cela, il faut harmoniser tout cela ». Mais ce qui est déjà difficile dans l’Union à 27 est-il pensable, voire souhaitable dans l’Europe du Conseil à 47 ? Doit-on faire la même École d’études politique en Azerbaïdjan et en Croatie ?

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Non, cela n’a pas de sens, bien sûr ! C’est ce que j’ai dit tout à l’heure : il faut respecter les originalités, les spécificités de chacun, de tous. Mais on peut très bien réussir à 47 : c’est quand même un grand dessein qu’a eu le général de Gaulle lorsqu’il parlait d’une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Nous y sommes aujourd’hui !

Je crois qu’au départ, nos grands anciens, comme je les appelle, qui ont créé le Conseil de l’Europe, bien avant l’Union européenne, avaient un sens politique ; ils avaient du flair. Ils ont créé un outil absolument fantastique.

Qu’on ne me fasse cependant pas dire ce que je n’ai pas dit : lorsque l’union européenne économique a été créée, c’était pareil ; je pense néanmoins qu’aujourd’hui, celle qui existe n’a plus rien à voir avec celle du début… Comme parlementaire français, je suis très critique sur le fonctionnement actuel des institutions européennes de Bruxelles... d’ailleurs les Français le sont aussi.

Vous n’allez tout de même pas reprendre les anathèmes de Vladimir Bukovsky, à savoir que les institutions de l’Union seraient « un nouveau soviet » ?Non ! Je n’en suis pas là ! Mais, très honnêtement, je crois qu’en matière de démocratie, le Conseil de l’Europe, cette maison de la démocratie, a beaucoup à apprendre à nos amis du Parlement européen et, surtout, de l’Union, car la démocratie n’est pas, comme nous, leur grande ligne directrice.

Avez-vous participé à des séminaires des Écoles ailleurs qu’à Strasbourg ?Non, c’est la première fois que j’y participe ! Mais cela me donne très envie d’y participer plus. J’ai appris beaucoup des choses ce matin en rencontrant ces « élèves » des Écoles, beaucoup…

Et que pensez-vous de la proposition issue de l’organisation des Écoles d’un « Davos de la démocratie » ?Cela, j’y tiens beaucoup ! C’est une idée que j’ai avancée dans mon rapport présenté en octobre 2009. Il a été approuvé à la quasi unanimité par l’Assemblée parlementaire. J’ai soutenu l’idée d’avoir une sorte de « Davos » de la démocratie, qui se tiendrait bien évidemment à Strasbourg.

Cette idée fait son chemin. Elle est aujourd’hui de plus en plus reprise : ainsi, plusieurs fois, la semaine dernière, lors de la troisième session 2010 (de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe), j’en ai beaucoup entendu parler…

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6.

« POUR L’UNION EUROPÉENNE, LE CONSEIL DE L’EUROPE, EN CE QUI CONCERNE LES DROITS DE

L’HOMME DANS LE VOISINAGE, EST D’UNE IMPORTANCE PRIMORDIALE »

Egidio CancianiDirecteur Général pour les Relations Extérieures

Commission Européenne

Entretien :Denis RollandTranscription : Marie Neihouser

Que pensez-vous des Écoles d’études politiques du conseil de l’Europe ? A quoi servent-elles selon vous ?

Pour moi, c’est une expérience tout à fait nouvelle. C’est la première fois que je viens ici. Je dois dire que je ne connais pas bien le système d’organisation et le système de financement.

Je trouve que le débat1 a été fort intéressant. Cela a été très utile de me trouver confronté à de jeunes professionnels et leaders de ces pays. Cela m’a beaucoup apporté, pour ma réflexion en tant que fonctionnaire européen, sur l’avenir de la politique, pour comprendre les attentes de ceux qui font la vie politique de ces pays… Pour moi, c’est une expérience très positive !

Comment envisagez-vous le partage des tâches, notamment en ce qui concerne la promotion des droits de l’Homme, entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe ?

Je crois que, pour l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, en ce qui concerne les droits de l’homme dans le voisinage, est d’une importance primordiale. Ce sont les conventions du Conseil de l’Europe qui nous donnent les mécanismes et la base pour insister sur le respect des droits de l’Homme dans ces pays. Ce sont aussi à ces conventions-là que l’on demande aux pays partenaires, surtout à l’Est, d’adhérer.

De ce côté-là, nous avons donc une synergie presque parfaite parce que c’est un mécanisme qui nous aide sur la politique de voisinage, pour faire avancer les éléments de « check values » et de démocratie dans ces pays.

1

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Ne pensez-vous pas qu’il peut y avoir justement conflit de compétences entre l’Agence européenne des droits fondamentaux de l’Union et le Conseil de l’Europe ?

Je ne connais pas le fond du dossier. Dans le secteur de la politique de voisinage, nous travaillons beaucoup avec le Conseil de l’Europe. Nous avons de bonnes relations lorsqu’il s’agit de faire les rapports annuels sur les différents pays faisant partie de la politique de voisinage. Tout cela nous est très utile.

Comment définiriez-vous la politique de voisinage ?C’est une politique qui vise à une coopération politique accrue et à une

intégration économique plus poussée des pays voisins. L’Europe a un intérêt et veut partager l’acquis de 50 ans de construction européenne avec ces pays. C’est l’idée d’une zone qui va au-delà des frontières de l’Union européenne dans laquelle il y aurait plus de prospérité, plus de stabilité et plus d’amitié.

Le Conseil de l’Europe est-il un organisme organisant la périphérie de l’Union européenne ou les futurs membres de l’Union ?

Je le vois plutôt d’un point de vue de partage des tâches. Le Conseil de l’Europe a des instruments légaux dans certains domaines où l’Union européenne en a moins. Et ceux-ci nous servent à progresser dans des domaines où, pour l’Union européenne, c’est plus difficile. Cela nous aide à créer une base commune sur la question des droits de l’Homme et de la démocratie.

Ces Écoles d’études politiques sont financées en partie par l’Union européenne via un « programme-joint ». A priori, l’Union ne souhaite pas le renouveler …

Je ne suis pas directement au courant. J’ai entendu des bruits. Je préfère ne pas rentrer dans la question. Je suis certain que mes collègues de Bruxelles qui sont en train de prendre cette décision ont aussi de bonnes raisons.

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7.

« STRASBOURG, VILLE VECTEUR DE LA CONSTRUCTION EUROPÉENNE »

Rafik-ElmriniAdjointe au maire en charge des relations internationales de

la Ville de Strasbourg

Entretien : Marie Neihouser1

Existe-t il une vision de l’Europe propre à Strasbourg, peut-on parler de l’« Europe de Strasbourg » ?

Cette question est au cœur de la politique européenne de Strasbourg. Strasbourg est une ville inscrite dans une région qui a une histoire et une géographie particulières. Son histoire, tout d’abord, a laissé des traces assez douloureuses, de déchirements et de guerres. Cependant, la situation géographique de Strasbourg n’a pas été qu’une source de conflits : elle est aussi une source d’enrichissement : la ville a été un carrefour de peuples et un carrefour pluriculturel. À travers cette expérience historique et géographique, Strasbourg, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a été choisie par les Pères fondateurs de l’Europe comme étant la ville qui symbolisait le plus la réconciliation franco-allemande.

Ce poids de l’histoire imprègne le message européen de Strasbourg. L’« Europe de Strasbourg » ou, du moins, la vision strasbourgeoise de l’Europe, est une vision de proximité de l’Europe par rapport aux citoyens et par rapport aux peuples. C’est une Europe qui s’intéresse à des valeurs communes, à la ville de Strasbourg et au Conseil de l’Europe, première institution européenne fondée après la guerre et qui symbolise la réconciliation et les valeurs de tolérance, droits de l’Homme et démocratie ; valeurs auxquelles s’identifie et s’associe la ville de Strasbourg.

Au cœur de ces valeurs, on retrouve la personne humaine, le citoyen et le respect des peuples. Cette vision de l’Europe de Strasbourg se veut complémentaire de celle de l’Europe de Bruxelles - une Europe beaucoup plus économique et administrative. L’Europe de Strasbourg n’est pas en compétition avec cette Europe de Bruxelles : toutes deux sont complémentaires ! L’une ne va pas sans l’autre. Nous avons conscience que l’Europe ne se construira pas de façon isolée. 1. Réalisé le 26 mars 2010.

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Sur ce point, le maire de Strasbourg s’est d’ailleurs investi dans le « réseau des trois capitales européennes », sous le patronage de l’Organisation Internationale de la Francophonie, qui réunit Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg pour prouver que nous pouvons travailler ensemble sur des projets concrets et constructifs pour les citoyens de nos trois capitales. À travers ce réseau et par l’intermédiaire des universités de ces trois capitales, nous sommes en train de mettre en place un Master en Affaires européennes formé d’un tronc commun et incluant des spécialités propres à chaque ville. En résumé, l’Europe de Strasbourg, c’est l’Europe de la proximité et des citoyens. Il ne faut pas oublier, outre cette Europe de Strasbourg, l’Europe à Strasbourg, et ce, à travers la présence du Conseil de l’Europe, du Parlement européen et de la Cour européenne des droits de l’Homme. Or, cette Cour, rattachée au Conseil de l’Europe, réussite de la construction européenne, s’identifie et est identifiée à Strasbourg. En effet, il n’est pas rare dans les articles de doctrine juridique de trouver les termes de « Cour de Strasbourg » en lieu et place de « Cour européenne des droits de l’Homme ». Ainsi, les messages portés par cette Cour et le Conseil de l’Europe sont totalement identifiés à Strasbourg.

Quel est le rôle de la réconciliation dans cette vision de l’Europe de Strasbourg ?

C’est par là que tout a commencé. Si le Conseil de l’Europe a été créé, c’était pour mettre fin à une période difficile de l’histoire de Strasbourg et pour fixer la réconciliation franco-allemande qui a symbolisé le début de la construction européenne. C’est pourquoi les Pères fondateurs ont trouvé naturel d’inscrire cette institution du Conseil de l’Europe à Strasbourg. Le symbole de la réconciliation reste donc important, et cela n’a pas été remis en cause, au contraire, par le développement de la coopération transfrontalière et l’élargissement de l’Europe toujours plus à l’Est. M. Jerzy Buzek, président du Parlement européen, a d’ailleurs rappelé récemment que Strasbourg avait vocation à accueillir des institutions européennes dans une optique de souvenir de la réconciliation franco-allemande.

Strasbourg soutient les Universités d’été des Écoles politiques du Conseil de l’Europe. La réconciliation est une des thématiques majeures de la formation proposée par ces écoles. En quoi Strasbourg peut-elle être un modèle pour elles et en quoi peuvent-elles s’identifier ou s’inspirer de l’expérience de la région et de Strasbourg en particulier ?

L’important pour la ville de Strasbourg, dans son soutien à l’Université d’été de la Démocratie, est que cet événement permette à de jeunes dirigeants issus des pays accueillant les Écoles politiques de se réunir pour discuter ensemble et pour rencontrer des experts. En quoi Strasbourg serait susceptible d’inspirer les représentants des pays des écoles politiques ? Je pense que l’exemple de la réconciliation franco-allemande peut être intéressant à observer lorsqu’on vient d’une région soumise à des tensions transfrontalières. Ainsi, c’est parfois à Strasbourg que de jeunes dirigeants de

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pays frontaliers parfois sous tension arrivent, en terrain neutre, à trouver des mots et du temps pour échanger et contribuer à la résolution de ces tensions. C’est un beau symbole de réconciliation. Pour Strasbourg, qui porte ce message de paix et de tolérance, l’Université d’été est donc un événement extrêmement important.

Ensuite, Strasbourg est engagée dans le renforcement de la coopération transfrontalière à l’échelle de la Communauté Urbaine de Strasbourg mais aussi de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau1. Pour le maire, Roland Ries, l’espace géographique transfrontalier dans lequel s’inscrit Strasbourg pourrait servir de laboratoire européen dans lequel les communes de l’Eurodistrict, côté allemand et côté strasbourgeois, pourraient développer en collaboration, conjointement, leurs politiques municipales. C’est pourquoi le 4 février 2010, on a adopté les statuts du groupement européen de coopération territoriale (GECT), un statut juridique qui permettra désormais d’encadrer l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau. Strasbourg est donc passée de l’étape de la coopération transfrontalière, assez courante aujourd’hui, à l’étape de collectivité transfrontalière, avec un organe, une structure unique, une équipe et un budget communs. Les côtés français et allemand interviennent donc dans le cadre d’une même collectivité transfrontalière. On passe de deux pays voisins ayant deux systèmes administratifs et juridiques parallèles à l’ambition d’une seule collectivité transfrontalière. Bien sûr, beaucoup de choses restent à faire : l’harmonisation administrative, et même juridique, n’est pas évidente, dans la mesure où elle dépend des compétences nationales et locales. Cependant, le groupement européen de coopération territoriale est intéressant puisqu’il permet d’intégrer les États et de faciliter cette harmonisation.

Ce que nous espérons donc pouvoir apporter à l’édifice de l’Université d’été est cet exemple de l’Eurodistrict Strasbourg-Ortenau, outil de communication pour le nouveau mode de construction européenne, à savoir celui de la coopération transfrontalière renforcée.

Pour l’exporter dans les pays des Écoles politiques ?Absolument ! Lors de la Semaine européenne de la Démocratie locale

Edition 2009, Strasbourg était ville pilote, sélectionnée par le Conseil de l’Europe. Nous avons participé à une table ronde avec l’ALDA2. Étaient présents certains représentants des pays de l’Europe de l’Est qui avaient commencé à réfléchir à des solutions de coopérations transfrontalières. Le processus est là-bas encore dans sa phase initiale, il est encore balbutiant, mais il commence tout de même à interpeler. Or, s’il commence à interpeler, les participants à l’Université d’été, lorsqu’ils viendront à Strasbourg, seront attentifs au sujet et, peut-être, souhaiteront-ils profiter de notre expérience, de

1 L’Eurodistrict vise à créer un territoire européen pilote, à faire disparaître la frontière, à faire tomber les barrières

administratives et, ce faisant, à faciliter la vie au quotidien (transports, environnement, santé, sports, économie, culture...). Il rassemble la Communauté Urbaine de Strasbourg (CUS), l’Ortenaukreis, ainsi que les cinq grandes villes d’Offenbourg, Lahr, Kehl, Achern et Oberkirch.2 L’ALDA est l’Association régionale de lutte contre les discriminations et pour l’égalité des droits en Alsace.

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nos difficultés et de nos échecs, mais aussi de nos succès avec cet Eurodistrict.

Plus largement, en quoi consiste le soutien de la Ville aux Universités d’été de la Démocratie ?

Au-delà du soutien du maire de Strasbourg à l’Université d’été sur le plan de l’engagement politique, il existe un soutien financier. Nous participons, à hauteur de nos capacités en tant que collectivité locale, au soutien financier pour l’organisation des Universités d’été.

Nous participons également à un moment de convivialité important lors de cet événement : la réception finale des participants par la Ville.

Notre ambition, aujourd’hui, en nous associant à l’Université d’été, est de permettre à l’événement d’être aussi présent en centre ville. Outre la semaine de travail intensive en collaboration avec les experts, nous souhaitons pouvoir créer, pendant et autour de cette Semaine de la Démocratie, dans le cadre d’un « Davos de la Démocratie », des événements en centre ville et dans les quartiers pour que les citoyens strasbourgeois participent au débat à travers les termes abordés dans le cadre de l’Université de la démocratie.

Par ailleurs, la démocratie n’est pas quelque chose de naturel, c’est quelque chose qui se transmet par la concertation. C’est le fondement même du vivre ensemble. Pour nous, c’est essentiel car cela signifie permettre au citoyen de participer à la politique locale ou nationale. Or l’Université de la Démocratie porte ce message de concertation dans le cadre démocratique, c’est pourquoi nous nous associons d’autant plus à ce projet.

Comment s’est développée la synergie entre le projet du Conseil de l’Europe et les acteurs locaux ?

J’ai, pour ma part, repris le dossier de l’Université d’été de la Démocratie il y a deux ans, après les élections municipales. Le projet des Universités d’été existe depuis 2006. J’ai donc repris un dossier déjà en route, sans avoir participé à sa création. Il regroupe le concours du Conseil de l’Europe, de l’Union européenne, de la région et de la Ville de Strasbourg, pour ne citer qu’eux. La nouveauté de cette année, au niveau local, est la participation de la Communauté urbaine de Strasbourg. Cependant, je dois dire que la pierre angulaire reste le Conseil de l’Europe et notamment François Friederich et Jean-Louis Laurens.

Le Conseil joue ainsi le rôle de chef d’orchestre, de lien entre les différents acteurs associés autour de l’Université d’été de la Démocratie. Le travail entre l’administration et le Conseil de l’Europe étant naturel, il y a deux ans, lorsque nous sommes arrivés aux affaires, j’ai eu le plaisir de rencontrer François Friederich et Jean-Louis Laurens qui nous ont présentés les Universités d’été de la Démocratie et ce qui avait été fait avec la Ville et la région depuis 2006. Ils nous ont parlé de leur ambition de transformer l’Université d’été en un « Forum mondial de la Démocratie », projet auquel nous avons tout de suite adhéré.

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Notre adhésion est d’autant plus forte que le Secrétaire général du Conseil de l’Europe et le maire de Strasbourg vont inscrire les relations Ville-Conseil dans le cadre d’un accord de partenariat qui va être signé entre ces deux institutions pour la Fête de l’Europe de cette année 2010 : il vise à renouveler le vœu du Conseil et de la ville de renforcer leur travail commun pour porter des projets fondés sur les valeurs essentielles que nous partageons. En outre, il permettra d’utiliser la Ville de Strasbourg en tant que telle pour expérimenter des projets du Conseil de l’Europe, la transformant en une sorte de laboratoire du Conseil de l’Europe. L’idée de Strasbourg ville pilote, ville vecteur de la construction européenne sera donc une fois de plus concrétisée. Dans le cadre de cet accord de partenariat entre Strasbourg et le Conseil, l’Université de la Démocratie est un des enjeux et des projets les plus importants.

Au-delà de la Ville, et pour ne rester que dans le champ des acteurs locaux, ce sont aussi la communauté urbaine, la région, les universités et les écoles qui soutiennent le projet d’Université d’été des Écoles politiques. Comment s’organise ce réseau ?

Le Conseil est vraiment l’initiateur et le chef d’orchestre. Dans le cadre de l’Université d’été de la Démocratie, notre ambition est vraiment d’associer la Ville y compris au cœur même de l’Université d’été : par exemple en produisant des experts susceptibles d’intervenir lors des activités, des conférences et des ateliers de l’Université. Des représentants de la Ville de Strasbourg pourraient intervenir pour parler de l’expérience de la Ville sur un thème susceptible d’intéresser les participants. Traditionnellement, le maire ouvre l’Université d’été, c’est un beau message politique, mais l’ambition reste d’intervenir aussi en tant qu’expert. À partir du moment où la ville interviendra durant les colloques, l’Université de Strasbourg faisant déjà cela, il se formera ainsi une implication générale et différentes interactions entre les acteurs locaux. Quant à la région, elle a toujours soutenu le projet : je pense que cela sera renouvelé. Il faut attendre de connaître la position du nouveau Président de Région1.

Comment voyez-vous évoluer la collaboration entre les acteurs locaux et le Conseil de l’Europe ?

L’ambition de Strasbourg dans le cadre de ces Universités d’été de la Démocratie serait d’abord d’avoir une communication commune avec le Conseil : associer vraiment Strasbourg à l’Université d’été ! Car la démocratie est une partie fondamentale du projet municipal du maire Roland Ries.

Ensuite, nous aimerions développer l’idée de ce « Davos de la Démocratie ». Cela signifierait pour nous l’organisation d’événements, de colloques et débats par exemple, autour de la Démocratie, lors de l’Université d’été, dans le centre ville et les quartiers ; avec, si possible, la participation

1. Entretien réalisé juste après les élections régionales de 2010.

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des experts qui interviennent lors des conférences proposées aux participants des Écoles politiques.

La troisième ambition de la Ville, ambition dont je vous ai déjà parlé, serait d’intervenir en tant qu’expert. Pourquoi pas, par exemple, sur le thème de l’expérience de l’Eurodistrict puisque les participants semblent de plus en plus intéressés par les questions de politique et de coopérations locales et régionales.

Pour revenir sur le projet de « Davos de la Démocratie », ce projet est très important pour la ville puisqu’il s’insère totalement dans le projet municipal du maire. Il permettrait de renforcer le message qui est le nôtre et qui peut se résumer ainsi : il n’y a pas de projet municipal réussi si les citoyens ne se l’approprient pas. Or, pour qu’ils se l’approprient, il faut qu’ils participent, et pour qu’ils participent, il faut qu’il y ait concertation, c’est-à-dire démocratie. Selon nous, la démocratie locale, c’est donc le fait d’intégrer les avis des citoyens à chaque projet concernant leur vie quotidienne pour qu’ils se l’approprient. En ce sens, à son niveau, l’Université de la Démocratie, porte le message local du maire de Strasbourg. L’Université de la Démocratie soutient donc le message politique du maire de Strasbourg. Par ailleurs, ce Davos au sein de la Ville et dans les quartiers nous permettrait de rappeler aux Strasbourgeois et à tous les citoyens l’importance du Conseil de l’Europe, institution implantée dans notre ville, dans la construction européenne. L’Université d’été est donc un moyen, aux niveaux international et européen, de porter notre message et de faire connaître notre ville et ses valeurs.

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7.

« LA GOUVERNANCE DÉMOCRATIQUE EUROPÉENNE N’A PAS VOCATION À SE LIMITER

AUX 27 ÉTATS-MEMBRES »

François-Gilles Le TheuleCEES-ENA

Directeur du Centre des études européennes de Strasbourg (CEES)de l’École nationale d’administration (ENA).

Ancien élève de l’École polytechnique et de l’ENAIngénieur de l’armement et administrateur civil1

Entretien : Marie Neihouser2

Quels sont vos liens avec le réseau d’Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe ?

L’ENA est partenaire du projet. La direction des affaires européennes est associée depuis le début aux Universités d’été de la Démocratie du Conseil de l’Europe, initialement sous son ancien nom de Centre des Études Européennes de Strasbourg (CEES). Il est important pour nous de prendre part à cette initiative du Conseil de l’Europe, vis-à-vis des dirigeants des pays du Conseil et particulièrement de ceux dans lesquels il y des Écoles, mais aussi des pays du voisinage. En effet, l’ENA a vocation à aider par tous les moyens à la construction européenne. Or, nous considérons que ces Universités d’été de la Démocratie aident à cette construction. De plus, le public de ces Universités d’été est similaire au nôtre, c’est le public de cadres-dirigeants des secteurs publics et privé.

Vous venez d’évoquer la « Construction européenne », qu’entendez-vous par ces termes ?

La construction européenne en général, prend plusieurs formes. Comme le disait Jacques Delors, « l’Europe est un objet politique non identifié », mais c’est aussi un objet géographique non identifié. Ainsi, l’Europe n’a pas de frontières, c’est un concept. Or, selon nous, la gouvernance démocratique 1. Il a précédemment exercé des responsabilités européennes au ministère de l’Agriculture, dans les services du Premier ministre (SGCI), puis en qualité de Président du Comité de liaison des experts nationaux détachés auprès des institutions de l’Union européenne à Bruxelles (1995-1997). De 1998 à 2004, il a été directeur général du groupe Maiz’Europ’ et secrétaire permanent de la Confédération européenne des producteurs de maïs.2. Réalisé le 23-3-2010.

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européenne n’a pas vocation à se limiter aux 27 États-membres mais devrait se répandre de proche en proche, d’abord aux pays du voisinage, qui reprennent déjà pour certains une partie des méthodes et de l’ « acquis » communautaires, mais également, éventuellement plus loin. La question du rayonnement de l’Union européenne entre en jeu. C’est pour cela que la construction européenne est la construction multiforme d’un ensemble qui inclut l’Union et ses institutions, ses diverses méthodes, mais aussi le Conseil de l’Europe, les pays du voisinage… : ce qui fait déjà toute une zone du monde qui est concernée, de près ou de façon un peu plus éloignée, par ces problématiques européennes.

Vous intervenez comme expert dans le cadre des Universités d’été de la Démocratie. La façon dont vous intervenez devant le public des Écoles politiques, un public formé par des personnes d’Europe centrale et orientale et du Caucase, diffère-t-elle de la façon dont vous préparez vos interventions destinées à des publics issus de l’Europe occidentale ?

Ce n’est pas l’origine géographique qui nous intéresse mais plutôt le niveau de responsabilité des interlocuteurs. Personnellement, je considère que la construction européenne obéit à un certain nombre de lignes de force qui sont découplées du lieu géographique. Ceci ne signifie cependant pas que la géographie ou les problématiques locales n’ont pas d’importance, bien entendu. Mais l’avantage de la construction européenne, c’est qu’elle permet de dépasser tout cela. C’est la raison pour laquelle on essaie d’aller au cœur des politiques. De plus, il ne faut pas oublier qu’une intervention à l’Université d’été ne dure qu’une demi-journée, donc on n’a pas vraiment le temps d’entrer dans les détails géographiques, qui sont, à mon avis, moins importants. C’est pour cela que, quel que soit le public de cadres supérieurs des secteurs public ou privé qui est en face de nous, on tient généralement le même discours. Ce qui compte, c’est plutôt leur origine professionnelle et leurs préoccupations professionnelles. En réalité, il pourrait y avoir un public à la provenance géographique encore plus étendue pour ces Universités d’été de la Démocratie. Sans parler de l’Amérique, mais je pense plus vraisemblablement à l’Afrique, et spécialement celle du Nord et au Moyen-Orient. Pour résumer, elles pourraient accueillir toute la zone autour de celle formée par les membres du Conseil de l’Europe.

Avec la formation des participants par ces Écoles politiques, que gagne l’Europe occidentale en matière de promotion de ses idées ?

Il y a trois points sur lesquels il faut revenir. Tout d’abord, et de façon tout-à-fait ludique, si quelqu’un s’intéresse à notre système, on prend plaisir à le lui décrire et à le lui exposer. Ensuite, on a intérêt à éclairer nos partenaires qui ont vocation à être des acteurs des politiques de la gouvernance européenne, même s’ils ne sont pas membres de l’Union européenne. Ils sont nos partenaires sur certaines politiques européennes globalisantes et non territoriales. Bien souvent, les acteurs eux-mêmes ne savent pas qu’ils ont

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vocation à être des acteurs de ces politiques. C’est d’ailleurs aussi vrai au sein même de l’Union européenne. Il existe des acteurs qui ne se rendent pas compte qu’ils sont des partenaires clés des politiques de la gouvernance européenne. Beaucoup ont très peu conscience d’être non seulement concernés, mais en même temps responsables de ces politiques. Enfin, dans le cadre de la compétition mondiale entre modèles administratifs et politiques, nous essayons de promouvoir le modèle européen. Or, pour lui assurer le maximum de chances, il faut en faire la publicité, surtout qu’étant assez nouveau, il est peut-être le moins connu et est perçu comme étrange. Tout notre intérêt est donc de le promouvoir. Pour ces trois raisons, il est nécessaire de parler le plus possible de la gouvernance européenne et des politiques européennes.

En tant que directeur des affaires européennes à l’ENA, vous proposez des formations adressées à des professionnels sur les questions européennes. En quoi ces formations rejoignent ou se différencient-elles des formations proposées par les Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe ?

Les deux méthodes sont plus ou moins voisines. La première chose, c’est que le public est le même. Le public des Écoles politiques pourrait très bien être un public de la direction des affaires européennes de l’ENA. D’ailleurs cela fait partie des sujets que nous aimerions renforcer, à savoir comment aller plus loin dans l’implication de l’ENA auprès de Écoles politiques ou du réseau des anciens des Écoles politiques ? Cependant, les affaires européennes de l’ENA agissent peut-être de façon plus technique sur les politiques, les carrières, la gouvernance et la prise de décisions européennes. Nous sommes plus dans la pratique que sur des concepts, c’est-à-dire plus sur des études de cas, des simulations, de l’entraînement. C’est une première différence. La deuxième, c’est qu’on aime bien mélanger les nationalités. Or, si les Universités d’été de la Démocratie, qui regroupent toutes les Écoles, mélangent aussi les nationalités, les Écoles politiques, en revanche, sont plutôt locales. C’est normal, il faut bien qu’elles soient implantées quelque part. Elles sont donc « déconcentrées ». Ainsi, dans la mesure où nous ne sommes pas implantés là-bas, si nous devions faire une opération en dehors de Strasbourg, on souhaiterait s’adresser non seulement à plusieurs professions, ce qui est déjà le cas avec les Écoles politiques, mais également plusieurs nationalités.

Dans l’hypothèse d’un renforcement de liens avec ces Écoles politiques, ces renforcements iraient dans quelle direction ?

Ce ne serait pas nécessairement des interventions, mais peut-être des échanges sur ce que font les Écoles politiques, pour connaître un peu mieux leurs travaux. De notre côté, peut-être pourrions-nous mieux leur faire connaître ce que nous faisons, en particulier notre cycle des hautes études européennes qui pourrait intéresser des anciens des Écoles politiques. C’est un

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cycle adressé chaque année à 40 décideurs européens. Il dure dix mois, à raison de 3 jours par mois, et il se déplace dans différentes capitales européennes. Il est placé sous le parrainage, et donc l’intervention principale d’un grand leader européen : l’an dernier, c’était Valéry Giscard-d’Estaing ; cette année, c’est Felipe Gonzales ; et, l’an prochain, ce sera Mario Soares. Ce cycle pourrait donc s’inscrire dans le parcours d’anciens des Écoles politiques comme un complément de formation.

Les Écoles politiques visent avant tout à former à la démocratie, aux droits de l’homme et à l’état de droit. Pensez-vous que des Écoles de ce style seraient transposables et souhaitables en Europe occidentale ?

Bien sûr. On peut dire que ça existe dans une certaine mesure. L’ENA fait un peu cela, tout comme la direction des affaires européennes lorsqu’elle s’adresse aux hauts fonctionnaires et aux cadres du secteur privé lors de séminaires. Il y a une forte tradition en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Des mouvements européens tels que le Mouvement européen, la Fondation Robert Schuman, l’ENA, etc., sont des acteurs qui font, en France, un travail similaire à celui des Écoles politiques. On retrouve de tels acteurs implantés dans les pays de l’ « Europe ancienne », notamment au sein des six États fondateurs. Il ne faut pas oublier que l’Union européenne s’est faite à partir de mouvements de la société civile. Elle n’est pas une construction technocratique, contrairement à ce que l’on dit. Elle l’est devenue parce que c’était considéré comme un moyen de faire l’Europe, mais le but n’était pas de faire une construction technocratique. Ceci n’a été que le vecteur de la construction européenne. On peut d’ailleurs le critiquer, s’en moquer, le résultat est cependant efficace puisque l’Europe existe. La technocratie a été un puissant vecteur permettant d’atteindre des objectifs politiques déjà établis. Au départ, l’Europe était une construction politique. Elle a été fondée par des mouvements politiques, par de quasi-Écoles politiques que sont les mouvements qui lui préexistaient à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il existe donc des Écoles politiques, qui n’en portent pas le nom, qui ne sont pas dans le système du Conseil de l’Europe, mais qui sont de nature comparable.

Les Écoles politiques du Conseil de l’Europe sont-elles connues au sein des systèmes administratifs et politiques français et d’Europe occidentale, au-delà de centres de formation tels que le vôtre ?

Ce n’est ni évident ni certain. Il est clair que si on a été acteur dans les Universités d’été, on a été exposé et donc on connaît le système. Cependant, je ne suis pas convaincu que, pour ce qui est de la France, on ait une connaissance même élémentaire de ce qui se passe avec ce réseau d’Écoles dans ces pays. Ceci s’inscrit dans un mouvement mis en évidence lors de travaux en tous genres qui prouvent que la connaissance que l’on a de nos voisins européens tend à régresser. Pour citer Quentin Dickinson, les Français connaissaient mieux leurs voisins européens dans les années 1940, en tout cas de l’Europe des six, que les Français de maintenant : les raisons en sont les

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déplacements de populations liés à la guerre. Aujourd’hui, en système de paix, les choses ont changé. Bien sûr, il existe le programme Erasmus mais, par rapport aux nombres de places offertes, combien sont les étudiants qui franchissent le pas ? On constate que les gens qui connaissent vraiment les autres systèmes et qui connaissent plusieurs langues sont peu nombreux. C’est une petite élite. Même si c’est regrettable, il n’est donc pas étonnant que la connaissance de ce qui se passe dans les autres pays européens ne soit pas d’un niveau élevé. Néanmoins, elle est toujours plus élevée que ce que les États-Uniens savent de ce qui se passe en Europe. Une des raisons principales reste l’obstacle linguistique. La priorité de la construction politique européenne est donc l’apprentissage des langues pour pouvoir échanger.

Quels sont, selon vous, les défis majeurs auxquels sont confrontés les pays dans lesquels fonctionnent les Écoles politiques et auxquels peuvent répondre ces Écoles ?

C’est assez compliqué. Si on veut dessiner une analyse stratégique de la situation, il faut inscrire ces défis dans le cadre européen dans lequel ils existent, c’est-à-dire celui de la Stratégie de Lisbonne et désormais de l’Agenda 2020. L’analyse part du fait que l’on a un certain nombre de problèmes dans tous ces pays, à commencer par des problèmes économiques.

Vous étendez donc la Stratégie de Lisbonne à des pays hors Union européenne ?

Oui, si elle est pertinente. Il n’y a pas de raisons pour que la pertinence de cette stratégie s’arrête aux frontières de l’Union européenne. Or, en l’occurrence cette stratégie est considérée comme pertinente, c’est-à-dire que son diagnostic est valable. Il y a trois dimensions dans la Stratégie de Lisbonne : la dimension économique, la dimension de croissance, et un problème social, c’est-à-dire un problème d’emplois. À cela s’ajoute un problème démographique et des problèmes environnementaux. Comment répondre à ces problèmes avec les Écoles politiques ? L’Union européenne y a répondu avec une société de la connaissance qui vise à élever le niveau de formation et de recherche dans l’Union. Mutatis mutandis, les solutions sont les mêmes pour les pays des Écoles politiques. C’est avec de l’ « intelligence » qu’on les aidera à surmonter ces défis et à atteindre des objectifs qu’ils se fixent. Or, les Écoles participent de cette logique puisque c’est une logique d’augmentation de la connaissance, au moins pour les élites. C’est modeste car ce ne sont pas toutes les catégories de population qui sont concernées mais, en choisissant de s’adresser à des leaders d’opinion, on opte pour l’idée de démultiplier cette connaissance dans le futur, par l’intermédiaire même de ces relais d’opinion. L’ENA, pour sa part, travaille aussi avec ce public de leaders d’opinion : car, si on forme une élite politique, administrative, industrielle capable de se comprendre et d’accepter les mêmes règles de gouvernance, c’est-à-dire de prise de décision, alors le pays aura plus de chances d’atteindre les objectifs fixés et de relever les défis analysés.

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8.

L’ART D’INSTILLER UNE CULTURE DE LA DÉMOCRATIE

PAR LA PÉDAGOGIE POLITIQUE

Christian Savespolitologue, haut fonctionnaire,

spécialiste de la démocratie

Entretien : Marie Neihouser1.

Quelles relations de travail avez-vous eues avec les écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe, en dehors de vos interventions lors de l’Université d’été ?

J’ai commencé à collaborer en 2006, avec le travail préparatoire à effectuer en vue de l’organisation de la première université d’été, au sein du PEAP, auquel l’ENA. était partie prenante. Par la suite, j’ai continué à collaborer avec Jean Louis Laurens et François Friederich, en partie sur le travail qui est toujours à faire en amont (choix de la thématique, finalisation du programme et des ateliers, notes de problématique…). J’ai également participé à des colloques (comme, par exemple, en décembre 2006, au Conseil de l’Europe, sur le thème des rapports entre ONG et démocratie) et à des déplacements à l’étranger (par exemple, à Sofia, en Bulgarie, au printemps 2007, pour faire une communication lors d’une manifestation organisée sur le thème suivant : « Démocratie et populisme »). La DGDAP sait que je suis très motivé et intéressé à intervenir sur ces sujets-là, en ma qualité d’expert, et qu’elle peut donc me solliciter autant que de besoin. J’ai, jusqu’ici, toujours répondu de manière positive.

Par ailleurs, nous avons eu des réunions de travail, ponctuellement, au Conseil de l’Europe. François Friedrich envisageait de créer une structure qui regrouperait et fédèrerait les Écoles d’études politiques. Nous avions parlé de cette idée : je lui avais dit que ça me paraissait être une excellente idée, dans la mesure où il fallait parvenir à fédérer des personnes de cultures souvent diverses et entretenant des rapports pas toujours simples, du point de vue de l’Histoire.

Vous n’ignorez pas que, depuis, grâce au travail opiniâtre de Jean Louis Laurens et de François Friederich, cette idée est devenue réalité. C’est

1. 22 mars 2010.

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Catherine Lalumière qui préside activement et avec beaucoup de conviction cette association des Ecoles d’études politiques du Conseil de l’Europe à laquelle je souhaite longue vie.

Cette structure pouvait être un moyen d’assurer à terme la pérennité de l’Université d’été du Conseil de l’Europe et d’essayer de la développer, d’aller toujours plus loin, avec pour objectif de créer une sorte de « Davos de la Démocratie », qui serait une très grosse manifestation organisée annuellement sur Strasbourg. Le projet semble se préciser et prendre forme, aujourd’hui. Pour cela, il fallait fédérer les énergies et donc regrouper ces écoles dans une structure ad hoc pour qu’elles aient un poids politique auprès du Conseil de l’Europe, auprès des gouvernements. D’ailleurs, pourquoi ne pas créer d’autres écoles d’études politiques ailleurs ? C’est un peu de la politique fiction, mais pourquoi ne pas en créer aussi à l’Ouest : nous ne sommes pas au-dessus de tout soupçon, sur le terrain de l’orthodoxie de nos praxis démocratiques, nous avons aussi des leçons à recevoir et nul doute que l’exercice nous forcerait à l’humilité, nous obligerait à un salutaire effort d’introspection, à un examen de conscience qui nous rendrait moins arrogants.

Ceci étant, pour que cette idée d’un Davos de la démocratie organisé annuellement sur Strasbourg devienne réalité, il y encore beaucoup de travail à faire : il faut notamment que les Etats et l’Union européenne, qui sont des partenaires et des financeurs incontournables, acceptent de jouer le jeu. Les ONG et les médias ont aussi un rôle important à jouer pour faire connaître cette manifestation, contribuer à son succès : ils sont de puissants relais d’opinion. Qui vivra verra…

Mais peut-on exporter le concept ?Oui. C’est un concept prometteur et intéressant à exporter, d’autant que

c’est une idée récente : les Écoles d’études politiques ont été créées il y a moins de deux décennies (1992 pour la première à Moscou). Par conséquent, il y a encore beaucoup de choses à faire. Avec les Écoles d’études politiques et l’Université d’été, il s’agit d’exporter des idées et la culture démocratique dans un certain nombre de pays. Les pays de l’Europe de l’Est et d’autres plus orientaux ont, pendant longtemps, été privés de démocratie et n’avaient pas du tout, pour certains, de culture démocratique.

C’est nécessaire pour que les destinataires puissent intérioriser ces valeurs et ces idées démocratiques, les répandre, les faire rayonner chez eux, et parvenir ainsi à ancrer cette culture de la démocratie : on ne peut pas avoir des institutions démocratiques stables tant qu’on n’a pas réussi à implanter dans un pays une culture démocratique partagée par tous, c’est-à-dire reconnue comme légitime !

Il faut le dire, aussi : le concept ne s’exportera que sur la base de son exemplarité. Il lui faudra donc être exemplaire, irréprochable et reconnu comme tel.

Enfin, son intérêt est peut-être d’avoir un jour, qui sait, la Chine représentée à ce Davos de la Démocratie… avec un statut d’observateur au

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Conseil de l’Europe. C’est un vaste défi… et ce n’est pas pour tout de suite. Ceci dit, il ne faut pas perdre de vue qu’en politique, c’est en rêvant que l’on progresse parfois le plus, ensuite… voyez l’Europe ! C’est par le rêve, grâce à la flamme qui l’animait, que l’on a réussi les plus belles avancées, inespérées, parfois.

Peut-on apprendre la démocratie ? Ne risque-t-on pas de tomber dans une situation de relation professeur-élève ?

Je pense que la Démocratie est quelque chose qui peut s’apprendre : c’est un travail d’éducation et c’est un peu cela que je veux dire quand je parle d’ « intérioriser les valeurs de la Démocratie pour les partager ». Mais c’est un apprentissage qu’il faut faire aussi par soi-même. C’est vraiment une sorte d’apprentissage : intérioriser, s’approprier les valeurs de la Démocratie, c’est important parce que l’on ne peut avoir une démocratie solidement ancrée si l’on n’a pas préalablement rallié les esprits, les mentalités à cette culture démocratique, si on ne la leur a pas fait partager.

On peut apprendre la Démocratie, ou en tout cas, faire part de notre expérience à ces pays sans tomber dans une relation professeur-élèves, sans adopter un ton forcément professoral ou arrogant, mais en leur disant : « Voilà comment nous avons fonctionné ; voilà ce que nous avons fait ; voilà les erreurs que nous avons commises, voilà ce que vous pourriez faire ; voilà ce que nous vous conseillons d’éviter ». Je crois que l’on peut ne pas tomber dans une relation professeur-élèves, à partir du moment où on s’inscrit délibérément dans une relation égalitaire, synallagmatique, comme on dit en droit des contrats…

Entre connaître des valeurs et les appliquer, n’y a-t-il pas aussi une différence ?

Quand j’interviens au Conseil de l’Europe, je ne suis pas professeur : je me mets au même niveau que mes interlocuteurs. Le but est d’éviter toute forme d’arrogance. En matière de démocratie, personne ne peut se permettre de donner des leçons au voisin, mais on peut essayer de donner des conseils à ce voisin. On peut essayer de lui faire part de notre expérience de manière exhaustive, honnête et humble. C’est-à-dire en n’hésitant pas à mettre le doigt où cela fait mal et à relever les erreurs, les errements que nous avons pu connaître, pour que ces pays en tirent profit. Cela s’appelle un retour sur expérience d’autrui. On peut encore appeler cela de la pédagogie ou de l’altruisme démocratique… il en faut ! C’est là un excellent moyen, je crois, de rapprocher la théorie de la pratique. En politique, c’est une chose absolument indispensable, ne serait-ce que pour garder le sens des réalités…

Néanmoins, le processus de démocratisation en Europe de l’Ouest s’est opéré dans une situation et un contexte précis qui ne sont pas du tout les mêmes que ceux auxquels font face les pays d’Europe de l’Est actuellement…

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Ce n’est pas une raison pour ne pas essayer de les rallier à la Démocratie et pour renoncer à leur montrer les bienfaits du pluralisme, de l’alternance ou du libre débat d’idées ! La différence de contexte n’empêche pas d’exporter la Démocratie et ses valeurs, de réussir à la greffer, dès lors qu’il y a une volonté politique en ce sens et que ces peuples sont prêts à faire les « sacrifices nécessaires » ou en tout cas les efforts requis pour réussir leur transition démocratique et devenir des démocraties. Il faut se dire que grâce à l’expérience acquise et capitalisée par les occidentaux, et pour peu qu’elle ait été mise à leur disposition dans de bonnes conditions, sans chercher à donner de leçons ou à traduire en actes un quelconque sentiment de supériorité, ces pays là ont pu gagner un temps précieux dans leur transition démocratique. Pourquoi aurait-il fallu les priver de cette chance, de cette opportunité ? Je ne vois pas pourquoi il aurait fallu les en priver sous le seul prétexte que le contexte politique dans lequel ils évoluaient, bref le contexte dans lequel ils ont effectué leur transition démocratique, n’était pas le même que chez nous. L’argument ne me paraît pas recevable.

Mais il faut que cela vienne d’eux !Bien sûr ! Mais en quoi est-ce incompatible ? Nous avons quelque chose à

leur apporter, dans la mesure où nous avons l’expertise, l’expérience, de vieilles démocraties. C’est quelque chose qui me semble fondamental. Encore une fois, sous prétexte que ces pays-là n’ont pas de tradition démocratique, sous prétexte qu’ils se sont développés dans des contextes très différents des nôtres, faudrait-il renoncer à les faire bénéficier des bienfaits de la Démocratie ? Ils ont à y gagner, comme nous y avons gagné nous-mêmes. Néanmoins, il est évident que l’on ne peut pas faire le chemin à leur place et que c’est à deux qu’il faut le faire. On peut être à leurs côtés, les accompagner, mais c’est à eux de faire ce chemin vers la Démocratie, à eux de faire preuve de la volonté politique et de l’opiniâtreté suffisantes pour y parvenir. Pour cela, il faut faire des sacrifices : la Démocratie a un prix, c’est ce qui fait sa valeur. Le prix à payer, c’est la vertu politique  : comme le suggérait Montesquieu, dans « L’esprit des Lois » (1748), la démocratie suppose la vertu…

Mais justement, n’y a-t-il pas un problème général de corruption, dans ces pays-là, depuis qu’ils se sont émancipés, politiquement ?

La remarque me paraît plus valable pour certains pays que pour d’autres. Par exemple, des pays comme la Bulgarie ou la Roumanie continuent à défrayer régulièrement la chronique… J’en ai parlé lors de l’Université d’été 2009 : ce sont des pays qui sont la proie de la corruption, y compris jusqu’au sein de l’appareil gouvernemental. Ils sont régulièrement épinglés par l’Union européenne. La corruption endémique y gangrène l’appareil d’État : c’est un énorme défi.

Pour y mettre un terme, l’apprentissage des valeurs démocratiques, la « vertu » ne sont pas de trop. Il faut rendre les individus plus vertueux par une

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éducation civique et politique qui forgera leur sens civique et moral. La Démocratie suscite cette éducation civique et politique appropriée qui permet à chacun de mieux s’armer et de mieux se protéger intellectuellement et socialement contre la corruption : c’est la première chose à faire. Ensuite, il faut que ces pays se dotent d’un appareil d’État suffisamment puissant, compétent et impartial, avec une police et une justice indépendantes pour pouvoir lutter efficacement contre les phénomènes de corruption et parvenir à les éradiquer. C’est la raison pour laquelle l’UE souhaitait que la Roumanie réforme son système judiciaire.

Il ne peut y avoir de Démocratie sans une certaine culture de l’État. Un État non pas totalitaire, mais un Etat assez fort pour être capable de faire respecter ses propres droits. Ce n’est pas seulement un État de droit, mais un État volontaire et déterminé prêt à s’opposer aux groupes de pression et organisations mafieuses pour faire prévaloir l’intérêt général et le bien commun sur toute autre considération.

Les Écoles d’études politiques s’adressent à des participants issus des milieux politiques et de la société civile. En quoi chacun de ces secteurs peut-il aider à la démocratisation ?

Il s’agit de créer des réseaux sur lesquels on puisse s’appuyer, dans un premier temps, puis de créer de puissants relais d’opinion en interne qui innervent toute la société, toutes ses composantes (administration, entreprises, collectivités territoriales) pour parler à ces gens des valeurs démocratiques. Ensuite, par les relais d’opinion, il s’agit de diffuser les idées, les valeurs et la culture de la Démocratie. Ces Écoles d’études politiques sont donc stratégiques pour le Conseil de l’Europe. La démocratie se construit dans les esprits, avant de se construire dans les faits. Il est préférable, en tout cas, qu’elle se construise d’abord dans les esprits, qu’elle les conquière, qu’elle les subjugue, si l’on veut qu’elle soit une construction solide et durable… Le fait que les participants proviennent d’horizons divers, de milieux différents, franchement, constitue plus à mes yeux une chance et une opportunité qu’un handicap, voire une tare.

Existe-t-il, dans ce processus de démocratisation à l’Est, une spécificité ?Il y en a peut-être même plusieurs. Ces pays n’ont accédé que très

récemment à la démocratie, après la chute du Mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS. Il faudra leur laisser du temps : deux décennies, ce n’est rien au regard de l’Histoire, surtout qu’ils étaient dépourvus de toute tradition démocratique. De plus, cette transition démocratique s’est souvent faite sur fond de tensions, de conflits territoriaux… Cela n’a pas contribué à la sérénité des débats. Troisième élément, ces peuples ont des caractères différents des nôtres : on s’en rend compte au Conseil de l’Europe. Si l’on est de vieux démocrates, avec la tolérance et le débat, on apaise les conflits ; mais tous ne sont pas encore dans cette démarche. Ils ont une culture et une mentalité différentes. Ils sont beaucoup plus véhéments, virulents et conflictuels dans

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leurs relations entre eux. L’intérêt des Universités d’été est de faire rencontrer ces personnes-là, de leur offrir l’occasion de parler entre elles, d’échanger pacifiquement leurs points de vue pour les faire évoluer et leur permettre à terme d’intérioriser notre approche non-conflictuelle des problèmes et notre volonté de les dédramatiser, de les dépasser par le dialogue, la discussion fertile (sans jamais perdre de vue que ceux-ci, à un moment donné, doivent déboucher sur des décisions, des mesures opérationnelles, non seulement sur des résolutions).

Mais il faut leur laisser du temps. Et les Écoles d’études politiques offrent à mon avis l’un des meilleurs moyens d’y parvenir.

Ont-ils une vision de la démocratie différente de la nôtre ?Oui, et c’est normal. Mais l’intérêt, à terme, est de pouvoir créer des

convergences. Pour qu’il y ait démocratie, cela implique que certaines conditions soient réunies… il faut converger sur des idées, des principes, des valeurs qui sont constitutifs d’une vision partagée du monde.

Il y a des points de passage obligés. Mais il est aussi normal qu’il y ait des différences dans l’approche. Il ne faut pas chercher à nier ces différences artificiellement. Il faut laisser « du temps au temps », comme disait François Mitterrand, et laisser à ces pays le temps d’y venir eux-mêmes. Il faut les accompagner, les éclairer, les éduquer (sans que ce terme soit péjoratif), bref les aider mais ne pas les brusquer, les froisser.

L’intérêt des Universités d’été est qu’en y participant, l’on est invité à réconcilier la théorie et l’action, la réflexion et la pratique et à les mettre au service d’expériences nouvelles ; c’est à la fois stimulant, gratifiant et encourageant. Il ne s’agit pas seulement de leur expliquer ce qu’est la Démocratie, il s’agit aussi de dire comment y parvenir : voilà ce qui a été fait, voilà ce qui est à éviter… et ce qui reste à faire (car il reste toujours quelque chose à faire…). C’est cette possibilité qu’offre l’université d’été : passer de la théorie à la pratique. Dans mon intervention, cette année sur « la crise du leadership politique », j’ai ainsi évoqué les symptômes de cette crise, mais je consacre aussi une partie de mon intervention à chercher des solutions à cette crise : en pratique, non pas avec des recettes institutionnelles toutes faites, mais en évoquant des pistes de réflexion pour tenter de sortir par le haut de la crise actuelle du leadership, laquelle est (pour moi) d’abord le reflet d’une crise du politique dont nous ne pouvons sortir qu’en embrayant sur de nouveaux comportements sociaux, sur ce que j’appelle une nouvelle idiosyncrasie politique. Au demeurant, je crois que la transfiguration du politique (si transfiguration il devait y avoir) est à ce prix…

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9.

“THERE IS A LACK OF CO-ORDINATION AMONG THE DONORS”

Kristina HenschenSwedish International Development Cooperation Agency

Sida works according to directives of the Swedish Parliament and Government to reduce poverty in the world. The overall goal of Swedish development cooperation is to contribute to making it possible for poor people to improve their living conditions. Sida’s organization has three main pillars: Policy, which is responsible for global dialogues and reaching consensus, knowledge development and advice, quality assurance and competence; Operations, which is responsible for the implementation of the development co-operation; Management, which is responsible for control and planning functions as well as service to the rest of the authority.Policy contains the sector expertise at Sida.Policy is responsible for:- global dialogue and consensus of opinion with other donors - knowledge development and advice within Sida - quality assurance (ensuring that improvement results are met) - competence support for the teams in Operations. With the overall target for development co-operation as its starting point, Policy works with a long-term approach with the following five mutually dependent and broad strategic policy areas: - Democracy, Human Rights and Gender Equality- Economic Opportunities- Knowledge, Health and Social Development- Environmentally Sustainable Development- Peace and SecurityThese five areas represent the five departments within Policy and create a framework for strategic analysis, advice and raising awareness. The departments also form the basis for Sida’s competence development and learning per sector and for contributions for tangible development results in Sweden’s partnership countries. 

http://www.sida.se/English/About-us/Organization/Policy/

What is you co-operation with the Moscow School?I am the Programme Manager for Russia and here we have quite a large amount of different projects in the area of human rights and democracy, but this is the most academic one of this type of intellectual discourse, I would say. We consider it extremely important. It is so important that it has even been mentioned in the letter of appropriation for this year from the government that we should continue our co-operation with the Moscow School of Political Studies. Normally, in our letters of appropriation, they do not write the names of organisations that we should co-operate with. They just write that SIDA should work on those areas with that amount of money: that

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is the usual formulation. But now it has been written that 3 million Swedish Crowns, equivalent to 300 000 euros should be allocated to the Moscow School of Political Studies for 2010. That is very uncommon and shows the importance that Sweden puts to this co-operation and this School.

You are a governmental agency, aren’t you? Yes, we are.

Are there no political problems with the Russian government to have this direct co-operation? Sometimes it is easier to have an indirect co-operation, like in the case of the German Political Foundations, it is easier to work, without official political problems.(Laugh) We can do both, through Swedish organisations or channel it directly to the Russian organisations. And we do both. We have had no problems so far. We will see, what the future may bring.

When did you begin to work with the Moscow Schools?We have been working with that School for many years. I think we started some ten years ago.

Today, another essential donor, the European Commission, does not want to finance more the Schools of Political Studies because of many reasons, but thinking there is the lack of normalisation from one School to another (they also say that at first it was only provisional support). I think the European Commission doesn’t understand well what the Political Schools are actually doing. Do you think that could be a valid argument? No, I don’t think so. You know, I think we have a problem here because the donors should co-ordinate much more. The Schools in themselves, as you said, should probably co-ordinate and normalize and harmonize to make sure that the experiences and the effects of the co-operation will be used not only in one school but also be transferred to other Political Schools. But most importantly, I think there is a lack of co-ordination among the donors.

Take the Moscow School of Political Studies: I mean there is no donor council or donor group that meets regularly to discuss this specific case. And that is quite strange, because there are a few donors, and we are quite a large donor I think, USAID is another one, the European Council also, and there may be others. However, we have the responsibility as well that we have not taken, I think. So it is not really fair to put all the responsibility on the organization because they may not be that strong to grow as we want and do as we have assigned them to. We have to make sure and harmonize better among ourselves. That is my opinion.

How would you explain this lack of co-ordination between donors, and perhaps between SIDA and the Moscow School?

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Actually, we have a good co-ordination with the School and that is not a problem. The problem is the lack of co-ordination among the donors who contribute financially to the School; and that is where we have responsibility which we have not fully assumed. I think we could do much more if we, let’s say, had meetings once or twice a year to discuss how to work better, to compare what we are financing, how we see this co-operation and what we can do more strategically. What we can also require from the Moscow School of Political Studies.

Do you think this sort of minimal coordination is possible between for example the European Commission and the USAID, between SIDA and the USAID, etc. Of course! I know the USAID is asking for this. I visited them last month and they actually brought that issue up. They want it. It does not have to be that formal. It can be quite informal but as long as we, the donors, cannot co-ordinate it is not surprising that the Schools cannot co-ordinate between them. So, I think it is fully possible and it definitely can be organised.

Do you send experts to do some evaluation of the School? Now, are you present here to have a closer look at the School?You know, we work in different ways. First, as a Programme Manager, I try to visit the School regularly; I try to go to the events to see, to hear and to have a feeling about the activities.

We can also do external evaluations but we have not done that yet. But we will do it at some point and we have the full rights to do it. We require yearly financial audits undertaken by a certified international audit company of whom we must approve. We also approve the terms of reference for the audit. And without that audit report we cannot pay the money.

So, as a donor, we are quite strict. Moreover, we require the School to do their own reporting, let’s say assessment of their activities, twice a year.

Do you participate in the regional seminars in Russia or is that only in Federal seminars? I started working with Russia only this spring. So I am quite “fresh”, but we do participate when we can. Personally, this is my first time but I live here in Moscow so there are no problems to take part in the events.

Do you think that this School is primarily for the organisation of civil society or one organisation for democracy, sometimes opposition in Russia? Today, it seems that the School has some problems with the government. The local authorities especially manage to impeach young people to follow the courses in that school because they see the school as a form of opposition. What do you think about it?

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This is very interesting. I think this School has a very important role to play in terms that is attracts future decision-makers and manages to have this kind of discussion for us. And this is unique, I think.

We know that they have problems with the authorities and that make it even more important for us to support them. Having said that, even now we can see that they still can work, they can have these seminars and they can work with the political figures, etc. So yes, they have a problem, but they are managing so far. Still, we keep an eye on that and I think that also the co-ordination between the donors could strengthen and improve our joint position and support in this respect.

Now, the co-ordination between the donors to the Moscow School is rather ad hoc, I would say. It is not systematised. I think, that is something that also the school could pick up. I had other projects, with other organisations, where there was a very good example of such co-ordination. They had on a regular basis phone conferences and every donor that contributed was supposed to phone in and the organisation just told them what the current situation was like, that was on the agenda, what problems they had, how to work better, etc. Then, the donors could give their view on the situation and so on. I think the School could take that step as well to offer that to us. This kind of process would need some kind of facilitation but though that they could grow, get even greater support from abroad because, I think, it is very important when an organisation in Russia has a problem with the authorities one of the things that can actually protect them is the international recognition and somebody from abroad keeping their eye on the development and the situation as such.

I do not consider the School to be opposition. The School must be open and show the authorities that they are not dangerous but they are rather an opportunity. As part of the modernisation it should be crucial component to be included in the civil society. Otherwise you will have the situation where the businessmen, the clever ones will leave. Young generation will leave Russia. Those who can will leave for somewhere where they can also have intellectual freedom. I think the School has an extremely important role to play here.

With what else organization do you work in Russia? Our programme is open and we have a list of organisations, for example “Memorial”. A lot is been done through the Swedish organisations, like the Civil Rights Defenders and then it is channeled to different organisations in Russia. So the direct support is quite unique. Still, I think we can do it and we should do it despite the fact that it requires quite a lot from the organisation itself. I guess they do not want any more any direct money from Sweden because they think it is easier if it goes through the Swedish organisations, because there is less administrative work.

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MOSCOW SCHOOL ENCOURAGES YOUNG PEOPLE TO SHAPE A MORE MODERN RUSSIA

Published: Friday, August 21, 2009

A philosophical discussion in Elena Nemirovskaya’s kitchen 17 years ago was the catalyst for the Moscow School of Political Studies, an independent institution with more than 11,000 members that Nemirovskaya founded. It aims to contribute towards the development of a democratic society that will modernize Russia.At the Skansen open-air museum in Stockholm in November 2008, Leya Gamzatova from Dagestan leans over the table and says that democracy does not exist in Georgia and Ukraine. She asks Sweden’s former Minister of Culture Bengt Göransson for his opinion. A murmur of discontent echoes around the room in protest at Gamzatova’s comment. Göransson begins to speak and the murmuring quietens down. He calmly replies: “I don’t want to get involved in an in-depth analysis. But I can say that I don’t see democracy as some sort of incantation. There are those who talk about democracy, but who have authoritarian hands.”

Lively discussion on the meaning of democracy About 50 young men and women from Russia, Ukraine, Georgia and other Eastern European countries are gathered in the lecture hall at Skansen. They are all attending the Moscow Political School of Studies and are visiting Stockholm to wrestle with the term “democracy”. Göransson is one of the speakers who draws a reaction from the audience. “Can you say that Sweden is a model for democracy in your opinion?” asks one man from Georgia. “What do you think of those who believe that democracy is synonymous with chaos?” another young man asks.“The school is the place for lively discussion, and that’s the way it should be,” Gamzatova says during a break.She works as a local journalist in Dagestan and is supported by Elena Yurkinen, a lawyer from Ukraine. The Moscow School of Political Studies invites deep intellectual discussion about democracy and different forms of society. Here, young people can share their views and perspectives on the current political situation in the world. “In particular, the school encourages us to think,” Yurkinen says. 

A colourful driving forceIt has been 17 years since Nemirovskaya planted the seed for the Moscow School of Political Studies. Intellectuals, politicians, students and artists gathered in her kitchen to discuss modern society. An informal contact network was created and a representative from the Council of Europe became interested in Nemirovskaya’s initiative. The Council of Europe provided funds so that she could develop the network. The school now has five full-time employees in Moscow and the network contains about 11,000 members. Young people in Eastern European countries can apply to join the school and receive training, which includes seminars, roundtable conferences and trips. “The aim is to get the participants to think, reflect and become active in today’s society,” Nemirovskaya says during her visit to Stockholm.

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Sweden’s supportSida has provided the school with a total of SEK 15 million since 1997. In late 2008, Sweden’s Minister for Foreign Affairs, Carl Bildt, announced that the Swedish government wanted to continue to support its operations. Most of the support to Russia has ended, but funds remain for efforts working towards greater democracy because these have been prioritized in Sweden’s development co-operation with Russia. Nemirovskaya is pleased with the Swedish foreign minister’s comments because she feels that Russia needs such exchanges with countries in the west. “We have some way to go to achieve democracy in our country,” she says. “This is perhaps the biggest challenge for Russia’s young generations. The Moscow School of Political Studies inspires youths to think about what is needed to make the country even more modern.” Nemirovskaya does not talk about Russia having stagnated or returning to the days of the Soviet Union. She says Russia will not regress that far. “We’re living in a modern society,” she says. “The world has changed, and so has Russia, but we have experienced some regression.”Nemirovskaya views the Moscow School of Political Studies as an institution that can promote good dialogue between Russia and other countries. She says that Europe should not view Russia as an enemy, but rather work closely with the country. Supporting and co-operating with democratic forces is one way of doing so and building partnerships between institutions is yet another.

Source: http://www.sida.se/English/Countries-and-regions/Europe/Russia/Programmes-and-projects1/Programmes-and-Projects/

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10.

“WORKING ON THE STATE BUILDING PROCESS IN THE WESTERN BALKANS […], WE THINK THIS IS VERY

IMPORTANT FOR THE FUTURE”

Igor BandovićProgramme Manager, European Fund for the Balkans

The European Fund for the Balkans is a multi-year joint initiative of European foundations designed to undertake and support initiatives aimed at bringing the Western Balkans closer to the European Union through grant-giving and operational programmes and, as such, is focused on individuals and organisations from Western Balkan countries. As a direct follow-up to the International Commission on the Balkans (2004-2006), the Fund embodies the "member-state building strategy" with the development of functioning state administrations and constituency-building as its main priorities.The European Fund for the Balkans is established in June 2007 as a multi-year joint initiative of European Foundations including the Robert Bosch Stiftung, the King Baudouin Foundation, the Compagnia di San Paolo and the ERSTE Foundation. The Fund is designed to undertake and support initiatives aimed at bringing the Western Balkans closer to the European Union through grant-making and operational programmes and as such is focused on individuals and organisations from the Western Balkans region.As a direct follow-up to the International Commission on the Balkans (2004-2006), the Fund embodies the “member-state building strategy” which includes the development of functioning state administrations and constituency-building as main priorities. More specifically, the Fund’s objectives are: to encourage broader and stronger commitment to the European integration of the Western Balkan countries and societies; to strengthen the efforts undertaken by a range of stakeholders in this process with a view also to developing effective policies and practices in the region and in the EU and to support the process of member-state building as envisaged by the International Commission on the Balkans, in particular by building constituencies in the societies of Southeast Europe who will be offered an opportunity to experience and learn about Europe.

http://www.balkanfund.org/component/content/article/1-latest-news/1-the-fund.html

Interview: Denis RollandTranscription: Marie Neihouser

What is your personal formation?I’ studied law but my background is basically in human rights. I finish the faculty of law in Belgrade. I spent six years working for the Belgrade Center for Human Rights. But also, during my student period, I was very active in the opposition movement and in the Civil Society during the Milosevic Government. Since 2007, I worked for the United Nations Development Program [UNPD/PNUD], and then I worked a couple of months for the International Organization of Migration [World Migration Organization, OMI]. And, finally, in April 2008, for the European Fund for the Balkans.

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When this Fund started?The Fund was established in 2007 and it is working regionally, in the Western Balkans: in Croatia, Bosnia, Serbia, Montenegro, Macedonia, Kosovo and Albania.The European Fund for the Balkans is a multi-year initiative of four European foundations. Those four foundations are the Robert Bosch Stiftung (German), the King Baudouin Foundation1 (Belgium), the Compagnia di San Paolo (Italian) and the ERSTE Foundation (Austrian). The European Fund for the Balkans is a joint initiative of those four. The main aim is to help stabilizing democratic institutions in the Balkans and prepare them for the EU. The role of this Fund is to bring all the Western Balkan countries into the EU - one day: through different programs we have. The mission of the Fund is written in the famous Report published in 2005 by the International Commission for the Balkans called “Balkans in the European future”: It’s a visionary document. Our strategy is working on the state building process in the countries of the region.

What’s your annual budget?One million Euros each year.

Do you decide the activities?No. There are two major bodies. I’m working in the Secretariat of the Fund as the program manager. There is a Steering Committee which is composed of representatives of the four Foundations: it’s the governing body of the Fund, who decides the strategic steps, choices and programs. But there also the Advisory Board of the Fund and the members are usually former prime ministers, former ministers and other important persons: we have the former prime minister of Italy Giuliano Amato from Italy, Mr. Goran Svilanovic Former Minister of Foreign Affairs of Serbia and Montenegro, Mr. Giovanni Ravasio, Former Director General, Economic and Financial Affairs (DGII)… During their mandates, they were pushing the countries of the region to the European Union2.

Where is acting your foundation?Only in the Balkans! Some of our partners are working not only in the Balkans, but also in transatlantic relations, they are working globally… But we, we are working only in these seven countries of the Balkans.

Does the Fund have any political “color”, liberal or progressive? Or some specific vision of democracy?No. We are not articulated to any political party. Because basically our mission is very simple: our mission is to bring the Western Balkan countries

1. http://www.kbs-frb.be/otheractivity.aspx?id=193974&LangType=10332 Selon le site Internet, ce sont des “ambassadeurs” du fonds et ils lui apportent aussi leur expertise.

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in the EU. There is no ideology except if you are considering EU integration is one. Basically, we’re not connected with any political party, outside the region, in the EU, or inside the region.

Do you especially work with one specific country of the Western Balkans?No. We are trying to work in every country and to be present equally.

And there is no problem today to be in Belgrade and to work in Bosnia, Kosovo or Macedonia?No. Because after 10 years, I think the relationship in the countries of the region have normalized so we can sit in Belgrade and take care of our programs and of our grantees in all countries without any problem. We are travelling quite a lot there in Macedonia, in Kosovo, in Montenegro, in Croatia… and there is neither difference nor problem.

Did you have any anterior collaboration with political school before this one [Balkan School of Human Rights, Butva, Montenegro, may 2010]?Yes because we have a couple of programs that were established and for these programs we are trying to work with concrete people on concrete results.

One of the goals of the Fund is to establish or to build a new generation of young people who would actually change the future of the Balkans. And that’s why we have, for example, the “Leadership Development Program”; it is aimed for the young people; we are working on this program with the College of Europe: and actually speakers from the College are training them on the leadership skills, communication skills; they are discussing during the Summer Academy, going in others countries of Europe.

This year, we will be in Austria and Slovakia; we are teaching them European Integration, Global Affairs… But they are also trying to develop their individual skills like leadership skills, presentation, communications skills… So we can attract this generation of young leaders who we’ll be decision makers. This is why the Fund recognizes also the Schools of political studies. Their all projects are very valuable projects. We think this is very important for the future because there is a huge gap between this young generation and the older one formed during the communist period, when this country, the former Yugoslavia, lived with a very strong communist ideology; then there was not tradition of democracy. Now we are trying to build the post conflict, post communist generation and democratic society. And that is why we are educating young people, both formally, both informally, and this is so important. That it’s why we recognize the Political schools and their projects which have similar aims, similar goals and we are on the same page.

Do you think there is any difference between your activities and activities of political schools?

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Well, we are not working directly with political parties as Political schools do.But your principal goal remains politic?When we are saying “new leaders” it’s means all leaders, not only in politics: economy, ecology if you want… It’s a new generation of decision makers in business, in civil society, in government, in media… We are trying to build all this new generation. We are working in diverse directions.

Could you mention another formation?Yes. There is a much appreciated program of the Fund, the “Fellowship Program for the Young Governmental Officers from the Western Balkans - Supporting Excellence and Leadership in Governance”. Every year, we are bringing 20 young governmental officers from Balkan’s countries for three months and we placed them in six countries of the EU. It’s a very complex program. A Program begins with the first two weeks seminar which is done in cooperation with the University of Potsdam public management’s school in Berlin, then they are going to the designated institution of their choice: because, during the selection process, they are choosing in which ministry and in which country they would like to go and to work. In the meantime, my colleagues in the Fund find the placement for the fellow. Then the young fellows go there (Portugal, Italy, Slovenia France, Czech Republic…). During this three months program, they also visit Brussels, the EU institutions, the European Parliament, the European Commission…

Are you working with the “Summer University of democracy”?No. We are not working there. So far, we are supporting innovative ideas of the schools when they want to do something original. Maybe in the future we will support more of that. But now we’re supporting regional meetings like this one [South Balkan Regional School for Human Rights, May 2010, Butva, Montenegro] or the one which took place in Belgrade four months ago (the topic was energy efficiency). Because we think there are not too many regional meetings in these countries. There is no too much institutional cooperation in the real sense. For example not any discussions about how regional cooperation should work in EU perspective, how should we cooperate.

Is there too less examples of functional regional cooperation?Yes. Every organization is trying to do something. But, in my opinion, there is not too many. There are many initiatives but not enough institutionalized networks. There was, for example in 2001, 2002, 2003, an initiative called “Balkan Human Rights Network”. It consisted on human rights organizations in the Balkans. The Danish government was supporting this… And we have also evidently also the Council of Europe’s Schools, RECOM (Regional Commission for the Truth) now.

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Do you support RECOM?No, until now.

Does the European Fund for the Balkans have something to see with the Soros organization?We aren’t connected with Soros. There is a however cooperation between European Fund for the Balkans and the Open society Fund.

What do you know about the regional activities of the Open society?We have a close cooperation with the Open Society Institute, through the program “Fellowship Program for the Young Researchers” it’s a program devoted to young researchers in the region. They can spend up to three months working for the research centers in the EU and this is operated and coordinated in coordination with the Open society institute Think Tank Fund from Budapest. We recognize this program.

Do you have many links with Budapest, with this institute which is working with some Schools of democracy in the Balkan region?In this program which I mention above and through meetings, conferences etc.

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Quatrième partieFourth Part

LE PUBLIC DES ÉCOLES

SCHOOL’S PUBLIC

1. “A platform for talking with different people”Entretien avec des participants russes

Dmitriy Mochegov, Alexei Victorovich Petrov, Dmitriy Klevtsov, Yevgueni Michailovski Borovik, Oleg Vladimirovich Ejov

2. “The Ukrainian political culture prevents from direct access to the main political players”

Entretien avec des participants ukrainiens Ilona Dovgan, Ayida Bolivar, Mikhail Minakov

3. « Une forme de diplomatie publique »Entretien avec un participant arménien

4. « Cette expérience les aidera à avoir une relation meilleure, plus ouverte »Entretien avec un ancien participant de l’École roumaine

Raluca Spătăreanu, ancienne étudiante roumaine

5. “A new institution, yet with a leader role in its field”Study case: an evaluation of the “Ovidiu Sincai” European School

Raluca Maria Mihăilă

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1.

“A PLATFORM FOR TALKING WITH DIFFERENT PEOPLE”

Russians studentsFederal Seminar Moscow School, Golotsyno, June 2010

Dmitriy Mochegov, PetersburgSPB- Initiative of Citizen, driver’s professional syndicate,

Alexei Victorovich Petrov, IrkoutzUniversitary, interregional Fund for the development of the civil society, The Voice

from Siberia, Khodorkovski’ party Dmitriy Klevtsov, PetersburgSPB- Professional syndicate-transports

Yevgueni Michailovski Borovik, EkaterinburgCivil committee against crime and for legal protection of people,

Oleg Vladimirovich Ejov, VladivostokDirector, Arka group (construction small living buildings), leader of Primorsky region

branch of All Russian Political Party "PRAVOE DELO" (right-wing liberal party). Oppositional Democratic party, officially legalized in Russia, not representative in the

Parliament. .

Interview : Denis RollandTranscription : Marie Neihouser

Could you present yourselves? - I’m Dmitriy Mochegov from Petersburg. I am coordinating the public activities of the SPB “Initiative of Citizen” in Russia. It’s about drivers (transports), defending their own rights.- I’m Alexei Petrov from Irkutsk. I’m a University professor and I work in the Regional School of Public Policy, which is similar to what you are studying. It was settled by Professor Khodorkovski in 2003. Once, I was local deputy of the SPS Party, which is on the right wing.- I’m Dmitriy Klevtsov, from Petersburg, and from the same drivers association than Dimitri, SPB.- My name is Yevgueni Borovik. I’m from Ekaterinburg and my civil job is "Civil committee against crime and for legal protection of people". Actually in the name the organisation essence also disappears. We protect the rights of people from arbitrariness at collision with authorities and police. Also we conduct propaganda activity on struggle against criminality. I’m a radical oppositional politic in Moscow. I’m from Ekaterinburg [it is considered to be

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the third major Russian city after Moscow and St.Petersburg] capital of Sverdlovskaya oblast, which is also named the “capital of Urals” federal region, located at the border between Europe and Asia. Two years ago, I was the leader of regional department of Kasparov party and in 2007: I made a visit of Ex Prime minister XXX (…) and we had ???? from nine regions of ????. I’m a politician into the government which is now in Russia. I don’t agree, I disagree with the political positions of our Prime Minister Putin and I guess in 2012 he will not come back on the post of President of Russia.- I’m Oleg Vladimirovich Ejov, from Vladivostok. Each year, original chairs, original parties of right wing, ????. It’s an official register party.

Why do you choose to participate to this school?- I think it’s to see and ear different ???? Russian, politicians, economics and those people well known in Russia and this is like a platform for talking with different people from different parties and different points of view. And I guess for democracy! This is the better way to solve different problems, and I told two years ago ??? a leader of ??? party. Which is … is that the parliament is not a place for discussion. I guess that each time, we need to talk, we need to discuss: this is the better way to find a good future way for Russia.- Oleg Vladimirovich Ejov: I came because I’ m originary from Valdivostok, in the far East1. We can???? The problems of the country to talk the people of others parties. We need to discuss of ????. So first of all… there are two things why I came here. First, two can listen brilliant experts, you can communicate with people. The country is big and you cannot see each other. So Ican here for exchange our views and for communicate with each other. This kind of event is probably the only way to exchange your view with somebody else and to check what the other people think, if they are in the same lines as you. Internet is not a good substitution of lively interactions.- Alexis Petrov, Irkoutz: Almost all the regions from Russia from far east to Kalingrad are present here. That’s very important. Second thing, this event is not dominated by a political party, it’s both all parties. Here, in this place the opinion of people who are in power, who represent power and opinion of other people who probably lived power but they have experience, they are very wellknown. Another thing important is the exchange of opinion with foreigners, foreign experts who expose their own view and understanding Russia. Thre is something to do in every day activity and in this respect I gain a lot from Albanian ??? and can you translate please use to my region.- Dmitriy Mochegov, Petersburg: It’s important for me in two ways. First, the communication with foreign people to get another opinion. The second is that you can see how well ???the golden boys are. So you can see people who are the future of the country. This is the quite unique event where you find that. In

1. Les participants de l’École de Moscou financent leur déplacement et, selon les cas, prennent une partie de leurs congés annuels pour participer ou, plus rarement semble-t-il, sont envoyés en mission par leur institution ou le politique pour lequel ils travaillent.

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the others places, the opinions are kind of engaged and and you listen to ??? point of view.- Dmitriy Klevtsov, Petersburg: Here you can get the notion of modern democratic leaders. You understand the trend of developing rights and liberties both. And you pass this knowledge to citizens, neighbors.

Do you think that you will maintain some relations wuth the people of this seminary, of the school after ?Yes, even with opposition politics. I guess it can be but I’m not sure because Russia is very big and sometimes??????????. All the ???? in Moscow, in the ???? and I guess that now here we can receive a great experience. This is the most important. We can take different experiences from others regions that we can realise in our region when we come back. Sometimes, the people take contacts here and after several months, they talk from problems in internet. But with my experience, I know that it’s ??? people contact after the same discussion.- Oleg Vladimirovich Ejov, Vladivostok: It’s my second seminary so I can do the point of an assent who were here the last time. For instance, we met people from???, we agree, that this school is for mutual common work ???. An other thing which is important is the point of the authorities, there experiences of dealing with authorities, it’s different in each part of the country. ??? you just can change opinions???. We will try to promote the brain of this in our region. Three or four times at year we have similar seminaries with Russian and foreign experts. We try to participate ??? as well as people from others neghbouring regions.

- Dmitriy Mochegov, Petersburg:This school help you to set an established contact and it helps you to systematize ???? people according to their regions. With the experience within this school you know what live is ???? in different parts of the country.

- Dmitriy Klevtsov, Petersburg: Obviously established contacts and lead you to communicate with people you meet.

- Yevgueni Borovik, Ekaterinburg:

That’s your first time in the school?- Yes, it’s my first time. It’s really interessant because the level of famous experts it’s really high. It’s really good because in the big schools different discuss are did where before it the level of experts was lower. In almost parts of different places is like this. We can divide in two types. The first is the government, its schools, and the second is opposition schools. And in the

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government schools, experts are the people who are saying : “yes, we are for Poutine, we like Poutine and this political situation”, and the second type of school, the opposition, the experts say : “no, government isn’t right, we now the best way…”.

If there is another experience in Russia like this to join opposition, civil society and government party ?Yes, this school is really open minded at civil society, at opposition politic and the government. It means that the different points of view are situated here and this is the way of excellence for future because on the same place, people can discuss, people can find a better way, people can ear each other. It’s different from government scholars and opposition scholars who don’t ear each other.

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2.

“THE UKRAINIAN POLITICAL CULTURE PREVENTS FROM DIRECT ACCESS TO THE MAIN

POLITICAL PLAYERS”

École UkrainienneIlona Dovgan,

journaliste,Ayida Bolivar,

journaliste, Mikhail Minakov,

participe au travail des écoles, faisait partie de la première promotion

The Ukrainian School of Political Studies is a joint programme of the Agency for Legislative Initiatives and the Council of Europe establish to address the challenges faced by the Ukrainian society in the 21st century. The School was opened on the occasion of the 10th anniversary of Ukraine’s accession to the Council of Europe, on 9 November 2005. Curently, the School has become a well-known and high-profile programme of political education in Ukraine.We unite political, business, media, NGO, and academic leaders from all regions of the country. We create a forum for outstanding and successful individuals who share European values and strive for changes in social life. We use innovative education approaches to form objective understanding of the world and Ukrainian realities and to promote professional development of our participants.Implementation of democratic reforms, integration into the European community, strengthening of the rule of law, and ensuring protection of human rights – these are the objectives to be achieved by the School alumni […].The alumni of the European Association of Schools of Political Studies include high rank officials, members of legislatures and municipalities, influential civil society leaders, representatives of the leading media and business.

http://usps.parlament.org.ua/?mid=1

Interview: Denis RollandTranscription: Janina Duda

Could you introduce yourself, please?- Ilona Dovgan, journalist at a Ukrainian TV company,- Ayida Bolivar, director of Media Central and president of NGO Coalition,- Mikhail Minakov, UNDP Programme Manager and associate professor at Kiev-Mohyla Academy.

What is your personal involvement in the civil society? And also why are you here?- Ayida: I think that now, in our country, we have a great problem with the civil society so that is why now we have a chance to be here and understand

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what problems, maybe the same, have other European countries and the ex-Soviet Union countries. What is the main problem of the civil society? To understand the information exchange between leaders of the civil society and to do something for our democracy.

- Ivona: At the moment I am taking part in the public campaign „Stop Cenzura” (Stop Censorship) which was initiated by Ukrainian journalists after the troubles encountered by them with the liberty of expression in Ukraine in the last few months. Our channel, as the first one, informed that there has been some Ukrainian media censorship observed. We have published an open magazine on the internet with the picture of the Ukrainian society and international societies. We have been supported by our colleagues from other channels. We have had meetings and personal contacts with the representatives of the authorities and the owners of our channel. Currently, we have a social committee which is called „Stop Cenzura” and now ..........(interview 1). the work of that committee.

- Mikhail: I am the president of the Foundation for Good Politics which is a newly established NGO in Ukraine to work with politicians and polity at large. I am the member and head of the boards of several NGOs.

Have you already participated in the Russian school or is it the first time for you? - Ayida: I am taking part for the first time in the Russian school but I have previously participated in the Ukrainian school seminars in 2007. However, all the time we stay in touch with various schools not only in Ukraine but also in other countries, for example, Mikhail and me, we participated in a conference in Bulgaria on populism in Europe. During that time we have met many interesting people and established links with members of other schools. So, I would like to say, that the Ukrainian School is very transparent to speak with other schools and is always ready to do it. I must say, that the Ukrainian School had the opportunity to be a foundation for the formation of the Belarusian School. That is why we have the chance to closely co-operate with that school, to understand what problems they have and what problems with democracy there are in another country.

Besides, we also have some persons who want to visit some seminars which are organized by the European Commission or other European Schools. I think it is very good because if we are not only in one place, if we see various people, various students of those schools, we understand much better what problems there are in democratic societies, what problems can politicians have nowadays and what modern leaders must be like.

- Ivona: Last year, I graduated from the Ukrainian School for Political Studies and I am now part of the Alumni Association. I had earlier heard a lot about the Moscow School and I like, in particular, the choice of experts there. It is good to listen to not only Russians but also foreign experts, to discuss with

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them, to talk about Russia and Ukraine and to get to know how they see those states. To learn their opinion about the modernization in the context of the development and employment. I am personally interested in the issues related to the liberty of expression, free flow of information which is very rudimentary in our country. That is why I am looking for myself for some interesting messages and discussions.

- Mikhail: I am a graduate of the first year of the Ukrainian School for Political Studies in 2006. I have been for several years the head of the Alumni Association in the Ukrainian School. Together with Ivona we are now members of the committee of the Alumni Association. Now, I am also a participant of the Moscow School for Political Studies and I am very proud of being here. I reckon that this will create and establish new connections between Kiev and Moscow Schools.

How can you define the relations between the Ukrainian School for Political Studies and today’s political authorities (the government and the political parties, as well) in Ukraine? - Mikhail: As an alumnus and also a lecturer at the Ukrainian School for Political Studies I can see that the level of training and discussing politics rather than having direct contact with the leading figures. The Ukrainian establishment has very low intellectual capacity. Usually, they are not about talking to people, they rather try to keep distance from talking to people in the mode of non-mediated lecturing or going to public debates. They prefer mass media where they can control to some extent the questions, the expressions and communication at large. Having said that, I must admit that several figures attend our sessions but that is quite unusual. At the regional level, the political leaders, important political figures do try to come and talk. They are closer to the grassroot level, to citizens.

Big figures, like the heads of the Parliament – only at the opening of the School we had the head of the Parliament. In the following years there heads of the Parliament did not come. Instead, they sent some representatives, only. The same with the Prime Minister. But when we went to Serbia, for example, for the networking conference, we had direct contact with the President, the head of the Parliament, who came to the opening, were willing to talk publicly and privately, in lobby. The Ukrainian political culture prevents from direct access to the main political players. Again, the political parties are represented among the participants of the School, but their heads rarely meet with the students and alumni.

- Ayida: It is difficult to say something better about the situation because Mikhail is absolutely right about it. We have a problem. There is a huge gap between the Ukrainian political VIPs and the other politicians. Even though here, in our school when we have some contact and relations with some politicians, but I must admit, it is mainly because they want to do some publicity or promotion for themselves; especially during the election time or

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in similar circumstances, yet not all the time. So that is why I think we must do something about it since, unfortunately, we are not so transparent and democratic, especially in human net relations.

-Ivona: I agree with you, my friends!

Do you think the network built by the Ukrainian School since 2006 is useful for the participants?- Ayida: Definitely. I think it is very useful. The main scope of the Ukrainian School is not so much to build a leader but rather to build a network of relations among various people. After this school, many students have an impressive and friendly network of people from various parts, since, as you know, there are at least two Ukraines or even more… That is why those people build good friendships and relations with people of various social backgrounds, such as NGOs, business, politics, government or local government. Always, having done the Ukrainian School, we have an opportunity to do something more, to understand each other, to have some new relations, to be better informed about democracy, not from mass media but form the first hand experience. So I think it is really good work, and especially at the end of the School program the students feel better maybe even honored that they do something or know how to do for their country.

- Ivona: I am a member of the alumni association and we have regular meetings where we exchange the latest information, problems, issues, activities of the school as well as the activities of alumni. It is a social network. We have an internet newsletter where we share the latest news on Ukraine and other countries. We invite experts, and if there are some issues or news particularly interesting, we can invite special guests, professionals and experts to develop on the subject. We also support and help each other. The society is quite active and it is very interesting to make part of it.

- Mikhail: After the second year of the existence of the school the alumni association has been created to support the communication between the alumni. First of all the association is working to help the alumni to network, communicate with each other – mainly on the internet. However, once a month the association and the School organize club meetings. They are either discussions on a topic or inviting some interesting people, like politicians, media representatives, civil society leaders to give lectures followed by discussion. Actually, having graduated from the school we increase our own connections with the sectors we would normally be able to contact before. In the Ukrainian School we have at least six members of the council of the association who take part in the selection process of the newly enrolled participants. And when we meet together we select leaders in six groups, i.e. political parties, local government, journalist, lawyers, civil society and academia. Usually, within one sector we have good contacts and as young leaders we move along within these sectors. But the Ukrainian society is so

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fragmented that between these sectors after the break of Soviet Union there was no institutional support of cross-sector connections. So the School is one of those rare opportunities to contact people, to reach them. In addition, when we select people we want to have equal representation of Kiev and region-based students as well as regarding gender. So, in the end, we have a difficult but very interesting and representative consolidation of personalities in the group who then go through those four sessions in the year and develop a new quality of the group. They are really connected. After the graduation, each group has their own mailing list, meetings and so on so the alumni association supports the communication between those groups and tries to preserve the core group that would work with the School.

What do you think about the Ukrainian and European identity issues? - Ayida: I think that we have some themes, but we must understand that every nation is very specific. That is why Ukraine is on the European territory but it is not in Europe in mind. So, one part of Ukraine is really European but the other part is another world. So it is extremely difficult to have one common identity, it is a matter of huge discussion now. Still, we must do something about it because it is one territory, the same history but it must be more magnificent for us. The great opportunity of this is that we are the same but not all. If we want to be the same, we must do something. But I think that information about Europe and the European processes are very useful for us and working with each other we can achieve something and we can have something.

- Mikhail: I think that we cannot talk about one Ukrainian identity. It is rather identities. The process of formation of new political identity has not been finished yet. Unfortunately, Ukraine is in the process where this fragmentation is not finishing or it is even reinforced. In 2004, in 2010 – each time elections are something that tests the Ukrainian identities for being tolerant and mutually cohesive. I must admit that new generations are more open for European so called values but at the same time those European values are seen rather obsolete , something that is over there but not present in daily life. In 1990s there was much stronger impact of the European values on the Ukrainian society due to the possibilities of personal experience, getting in touch with Europe, to travel, to communicate. Now with the paper curtain enforced by EU with the Schengen regime, the Ukrainians are really isolated. Political class and the rich are the only classes that have access to Europe but 95% of masses they just imagine Europe as they see it in TV shows. So in fact, the European identity is TV- something, mediated-something. At the same time, we are losing ties with the Russian world, with the Caucasus. Isolation is probably the biggest tendency in the Ukrainian identity-forging process. Similarly, such isolation does not help to find one all-consuming political identity for Ukraine. So, in a way, it is too early to say something

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positive or negative. It is still under construction, is fragmented and whatever we say we will be half-right and half-wrong.

- Ivona: In the recent times, Ukraine has been actively taking part in European associations. Now ........True, that our politicians have recently postponed the Ukrainian accession into NATO. .......

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3.

« UNE FORME DE DIPLOMATIE PUBLIQUE »

Alik Hakobyan Journaliste, « étudiant arménien »

Entretien : Janina DudaTranscription : Luisa Fenu & Janina Duda

Comment appréciez-vous cette réunion des Écoles politiques au Conseil de l’Europe ?

Il faut d’abord dire que je suis vraiment très content des Écoles politiques, vraiment ravi d’être entré dans cette École. J’en avais entendu parler car il y a déjà 5 ans que cette École existe en Arménie. Je reportais chaque année ma candidature, puis je me suis enfin décidé : j’ai passé l’examen et suis très heureux d’avoir réussi.

Quel est votre profil?Je suis journaliste, Directeur de l’Information d’une télévision privé

d’Arménie.

Auriez-vous des suggestions à proposer ?Ce que j’aimerais changer ? Les conférences que l’on a eues en Arménie

étaient très intéressantes et utiles. Les conférences que nous avons eu ici au Conseil de l’Europe pendant l’école d’été étaient bien intéressantes aussi, mais inégales.

J’ai assisté à une conférence sur le journalisme que j’ai beaucoup appréciée. À l’inverse, il y a eu, par exemple, une conférence sur la résistance civile, de mon point de vue moins intéressante…

Pourquoi selon vous cette inégalité ?Le problème c’est qu’il faut tenir compte des pays d’où viennent les

étudiants. Par exemple, pendant les conférences, il n’y a pas toujours d’analyse comparative. On ne parle pas de comment améliorer la situation dans notre pays ou comment réaliser toutes ces tâches dans nos pays.

Ce serait mieux si on invitait des experts européens et des experts de ma région - dans mon cas celle du Caucase.

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Pensez que ce serait utile d’avoir des Écoles ici en Europe occidentale ?Il me semble que oui. Ce serait intéressant pour une discussion mutuelle.

Pour moi c’est très intéressant de venir ici et de discuter, par exemple, des problèmes du leadership avec des spécialistes français parce que la crise du leadership existe aussi en Europe.

On a entendu l’opinion des experts, mais on n’a pas assez entendu l’opinion des personnes des différentes activités professionnelles présentes.Quoi qu’il en soit, je serais très satisfait de voir et rencontrer des Écoles politiques aussi en Europe occidentale et d’avoir des relations avec ces écoles politiques là !

Y aurait-il d’autres suggestions à faire?Non, je ne pense pas.

Qu’avez-vous pensé de l’organisation ?Il n’y a rien à redire de l’organisation : c’est très bien ; c’était très

intéressant de venir ici, de découvrir le Conseil de l’Europe, la Cour Européenne de Droits de l’Homme et de rencontrer notre représentant arménien…

Je suis aussi très content d’avoir rencontré le représentant de l’Azerbaïdjan : comme vous le savez, nous avons un conflit avec ce pays et ce n’est pas trop facile d’avoir des relations avec nos voisins.

C’est un bon lieu pour commencer une discussion et je suis très satisfait d’avoir eu la chance de venir ici à Strasbourg et d’assister à tout cela.

Pensez-vous que cela pourrait un peu contribuer à résoudre le problème?Il me semble que oui, parce que, vous savez, ce sont surtout des

représentants de la société civile qui sont présents ici. Oui, il y a des problèmes qui doivent être résolus au niveau politique ; et il me semble que, pour les résoudre, on a besoin d’une forme de diplomatie publique. Et nous devons être les médiateurs de cette diplomatie.

Avez-vous établis des liens amicaux avec certains de vos collègues de l’École?

Non, pas trop. Je pensais être très ouvert pour établir une relation amicale ; mais il ne me semble pas que ce soit toujours réciproque. […]

L’université d’été des écoles politiques peut-elle avoir cette utilité ?Nous avons commencé à ouvrir des serrures pour établir des relations entre

Écoles d’Azerbaïdjan et d’Arménie. Et c’est déjà un très bon pas vers une meilleure relation.

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4.

« CETTE EXPÉRIENCE LES AIDERA À AVOIR UNE RELATION MEILLEURE, PLUS OUVERTE »

Raluca Spătăreanu, journaliste,

Ancienne participante de l’École européenne d’études politiques « Ovidiu Sincai », Roumanie

Entretien : Raluca Maria Mihăilă1

Après votre participation à l’École Européenne d’études politiques « Ovidiu Sincai », avez-vous changé de travail ?Je n’ai pas changé de travail dès ma participation à SEOS.

L’expérience de l’école SEOS a-t-elle été utile dans votre carrière ?L’expérience SEOS a été utile pour ma carrière car j’ai connu et j’ai pu discuter avec des politiciens, des spécialistes dans le domaine de la sociologie ou dans le domaine électoral, avec lesquels autrement je n’aurais pas pu entrer en contact et discuter dans une atmosphère détendue.En outre, j’ai connu des membres des partis politiques de notre pays qui, même s’ils n’ont pas de fonctions publiques ou ils n’occupent pas de fonctions du management dans leurs partis, sont devenus pour moi des sources et, à travers les discussions avec eux, j’ai mieux pu comprendre ce qui se passe au sein de leur parti.

Considérez-vous que les séminaires SEOS ont été bien organisés et ont traité de sujets intéressants pour tous les participants?Je crois que les séminaires ont été bien organisés. Si j’étais l’organisateur, j’aurais plus mis l’accent sur l’interactivité et j’aurais traité plus de sujets liés à l’organisation d’une campagne électorale et à la manière dont un politicien construit son image publique.

Avec combien de participants avez-vous continué à collaborer après la fin de l’école SEOS? Après la fin des cours, j’ai maintenu le contact avec presque la moitié de mes collègues de SEOS. Nous nous sommes rencontrés soit pendant les différentes 1. Questionnaire envoyé (mars 2010) par Internet. Traduit du roumain.

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réunions de leurs partis, auxquelles j’ai participé [professionnellement], soit en tant qu’amis pour prendre un café. Mes collègues m’ont conseillé d’autres cours dans les domaines politique ou diplomatique auxquels ils avaient participé.

Recommanderiez-vous l’expérience de l’École SEOS à d’autres personnes ?Oui, je recommanderais cette expérience, ne serait-ce que parce que j’ai appris de nouvelles choses pendant les séminaires, j’ai connu des personnalités de la vie politique roumaine et suis entrée en contact avec des spécialistes dans les domaines politique et sociologique.

Quelle est selon vous la portée nationale de l’école SEOS?Je pense que l’impact est visible au niveau de la relation créée entre jeunes politiciens de partis différents qui, évidemment, continueront à avoir des rapports entre eux après être devenus amis à travers les séminaires. Je crois aussi que l’expérience des séminaires aux côtés de journalistes aidera à créer leur image publique de même que, pour les journalistes, cette expérience les aidera à avoir une relation meilleure, plus ouverte, avec les politiques.

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5.

“A NEW INSTITUTION, YET WITH A LEADER ROLE IN ITS FIELD”

Study case:an evaluation of the “Ovidiu Sincai” European School

Raluca Maria Mihăilă

1. The “Ovidiu Sincai” European School: a brief presentation

Integrated as a member in the Council of Europe’s Network of Schools of Political Studies, the “Ovidiu Sincai” European School was established in Bucharest, Romania in 2004 and has ever since carried on one of the most important missions of the Council of Europe: that of strengthening democracy, human rights and the rule of law in the biggest country of South-East Europe. Founded at the initiative of Adrian Severin – President of the Advisory Board and also member of the European parliament – in a moment where Romania was negotiating its integration in the European Union, the School has responded to an essential need in the political development of the country, since back then Romania was the only country from the Eastern European region where the Council of Europe’s Political School was missing.

While the management of the School has only one political colour, the mission of this initiative is to actually recruit on an annual basis 40 participants coming from different professional and political backgrounds, in order to create the proper framework for experience sharing and fruitful dialogue. Every year the selected participants gather up for four consecutive 4-day seminars organised far away from the capital, in an attempt to embrace the values and principles of democracy while modernizing the Romanian doctrine and preparing an efficient political class. The exchange of best practices and the dialogue on major European issues are further encouraged during the Summer University held annually in Strasbourg, where all the European Schools take part.

With an eye of the different cultural, social and political contexts of Romania, the „Ovidiu Sincai” European School has initiated a local school held in Transylvania in 2005-2006. Although this kind of projects are highly needed in order to address all the realities of the country and to divert the attention from the capital – the ”furnace” of all political happenings – the lack of funds has temporarily put to an end the initiative.

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2. The impact of the “Ovidiu Sincai” European School

In 2004, the year the “Ovidiu Sincai” European School was established in Bucharest, the budget allocated by the Council of Europe for its network of Schools of Political Studies was estimated at 1.15 million €. Out of this amount, each school received approximately 50.000 € for their own national activities in a process of co-financing with other voluntary contributors. This constitutes a significant investment in the name of a noble yet difficult to achieve mission and the results are expected to become visible only on the long run.

In Romania, a country with a unique communist past, the initiative of founding the School came only 12 years after the establishment of the first school in Moscow in 1992 and three years after the Bulgarian School of Politics was founded in the neighbour country. The “Ovidiu Sincai” European School still has a low visibility in the national press, while constituting in the same time a project which was welcome in the restless political context of the country. In the shade of the recent political happenings in Romania, the importance of the European School cannot be doubted: it has trained approximately 200 young politicians and promising leaders of the Romanian society to play a more significant role in the consolidation of the pluralistic democracy in their own country.

However, the low visibility and the short history of this School must call into question the impact of this project and the extent to which it has delivered its expected results. The investigation of these aspects could not have been made otherwise than through the participants of the School and the choice of the last generation of alumni seemed the most appropriate one for the purposes of this study.

3. Presentation of the research method: Advantages and disadvantages

In order to address various issues regarding the impact of the School on its participants, the questionnaire was considered to be the most suitable research method, allowing us to explain and to predict the social phenomena related to the analysis. By applying this questionnaire with the support of the “Ovidiu Sincai” European School organisers, we aimed to reach all the alumni of the 2008-2009 edition of the school in order to obtain a relevant and realistic picture of the last generation of participants. A self-administrated questionnaire was forwarded by e-mail by the School organizers to the 35 former participants at the 5th edition of the School, thus not allowing us to have a direct contact with the respondents. While this mode of questionnaire administration was slow and raised some problems in the quality of the

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answers, it was also the most economically convenient one, being also very effective in avoiding the errors related to social desirability.

The anonymous and strictly confidential questionnaire was administrated in English, in order to reduce the subjectivity and translation errors which might have occurred during the interpretation of the results. Its structure in 3 distinct blocks facilitated the lecture of the questionnaire, as following: the first block contained questions regarding participants’ first contact with the “Ovidiu Sincai” European School, while the third one was focused on the socio-demographical details of the respondents. Finally, the second block included 11 content questions out of which only three of them were open, with no visual support; the design of the questionnaire was thought to make it more easily to administrate to more members of the targeted group, while still addressing various issues related to our study, such as the organisation of the seminars or the impact of the School on the professional development of the participants and on the Romanian political reality.

4. Results and analysis

The research has been conducted for a period of one month (April the 13 th

– May the 9th), by applying the questionnaire with the help of the “Ovidiu Sincai” European School, which had the role of an intermediate agent in the process of contacting the participants and forwarding the purposes of this investigation. This 2-step communication might have been the cause of the low implication of the targeted alumni, bringing about also a slow exchange of e-mails between the parts involved in the research.

As a result, out of the 35 participants at the 2008-2009 edition of the School only 11 have submitted the filled-in questionnaire; the explanation of the low turn-out must take into consideration the typology of the questionnaire (the self-administrated questionnaires generally have a small number of respondents), as well as the lack of continuity in exchanging information with the School organisers that some of the participants have mentioned in the questionnaires. While the first problem could have been avoided by using a more effective yet more expensive methodology (e.g. applying the questionnaire by phone call), the latter actually addresses an essential issue for the “Ovidiu Sincai” European School. Creating and maintaining a network of alumni is highly important for the successful development of the School, and simply the perspective that some of the former participants might have lost their interest in contributing to a School-related research should raise some serious doubts. However, these possibilities should be considered together with numerous other factors, such as personal availability, level of English knowledge, internet access etc.

Giving intense thought to these aspects, the analysis of the results emphasizes that the School has a medium visibility in Romania (4.9 on a scale

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from 1 to 7)1, recruiting its participants mostly through political groups. In fact, 7 out of 11 respondents mentioned that they heard about the “Ovidiu Sincai” European School from a political group, but also the suggestions coming from friends play an important role. Consequently, it appears that the traditional media are far more efficient, but improving the School’s visibility on the internet or in national newspapers should also help.

The motivation that annually brings together approximately 40 young and promising Romanian leaders is to learn something new and relevant for their professional career, and actually the respondents have positively assessed the contribution of the School to their professional lives. To be more specific, the content of the seminars and the interaction with the other participants were evaluated with 5.54 on a scale from 1 to 7 (where 1 stands for “No contribution” and 7 for “Significant contribution), while the hands-on activities and the interaction with the lecturers have received an average score of 5.27. As a consequence, the overall experience of participating at the European School is considered useful or very useful to the professional development of the respondents (8 out of 11) and in explaining their position the participants have identified numerous factors: the exchange of best practices with people from other countries, the long-lasting relationships between the participants, the fruitful collaboration on common political activities etc.

The general satisfaction of the participants with the organisation of the School has also been pointed out by the small number of suggestions when asked if they would change something in order to improve the seminars. Although this might seem to reflect the positive impact of the School, if put together with the partial lack of answers in the open questions included in the questionnaire, we should also consider the possibility of a low implication of the respondents in this research. However, the participants did evaluate positively the impact of the Council’s School of Political Studies in Romania, as well as the contribution of the entire Network in the other countries2. As a matter of fact, the results of the “Ovidiu Sincai” European School are envisioned to become visible in 5 years time after the graduation of the respondents, under the form of a doctrinal change of the Romanian political system. Other participants have also mentioned the lost-lasting relationships and the mutual cooperation between politicians and NGOs as positive consequences of the School’s activities.

In fact, according to the investigation, if we were to name one of the most relevant features of the School, it would definitely be the multiplying effect caused by the network created between leading members of the Romanian political field. 9 out of 11 respondents have stayed in contact with the other participants after graduation from the School, mostly for professional

1. See Question 17 in the questionnaire. 2. The impact of the “Ovidiu Sincai” European School was evaluated at 5.63 on a scale from 1 to 7, where 1 stands for “Not significant” and 7 for “Very significant”. The impact of the Schools of Political Studies in the other countries received a score of 4.9 on the same scale.

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collaboration but also for sharing best practices, cooperating on EU funded projects or even for friendly meetings.

Consequently, the “Ovidiu Sincai” European School is a new institution, yet with a leader role in its field, which still has many aspects to improve regarding organisation and follow-up activities. The selection process is for once one of the issues which raise doubts from the participants’ points of view and making the School more visible might be one valid solution. However, the importance of this project in the current political development of Romania is beyond any doubt and there is a lot of place for hopes for a more effective pluralistic democracy.

References: Chelcea, Septimiu, Iniţiere în cercetarea sociologică, Bucureşti, Comunicare.ro, 2004.Web references: http://www.coe.int/t/dc/files/themes/ecoles_politiques/default_en.asp http://www.seos.ro/indexe.html

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Annex: The questionnaire used in the research

NOTE: The main goal of this research is to draw an in-depth analysis of the network of participants at the “European School Ovidiu Sincai”, Romania (SEOS). As a former participant at this school, your personal opinion is very important. This questionnaire is anonymous and your answers are strictly confidential. All the data will be used only for statistical processing purposes. The conclusions of this study will be published in a book about the Democracy Schools of the European Council. The validity of these conclusions depends on your sincerity in answering this questionnaire.Thank you for your collaboration!

1. Year of participation at the “European School Ovidiu Șincai”, Romania.2. How did you hear about SEOS? (max. 2 answers)a. newspapers, magazinesb. internetc. flyers, brochuresd. political group. Please mention which one …e. friendsf. other sources….3. How did you decide to participate? (max. 1 answer)a. on my ownb. suggestion from a co-workerc. suggestion from a friendd. other, please give details...4. Why did you want to participate at this school? (max. 1 answer)a. to learn something newb. to get to know people from my work field c. to earn professional experienced. to represent the interests of my political groupe. other, please give details...5. On a scale from 1 to 7, how difficult did you find the selection process?

Very easy Neutral or undecided Very difficult1 2 3 4 5 6 7

6. How useful do you think the experience of this school has been to your professional career?a. Very useful.b. Useful.c. Neutral/undecided.d. A little bit useful.e. Not useful at all.7. Please choose, for each of the aspects mentioned below, how do you think they have contributed to your professional career.

No or negative contribution 1 2 3

Neutral or undecided 4 5 6

Significant/positive contribution 7

Content of the seminarsInteraction with other

participantsInteraction with poli-ticians,

lecturers etc.

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Hands-on activities (workshops, virtual

campaigns)8. If you were the organiser, would you change one or more of the aspects below? If yes, please give details about the change you would make.

I would change... Yes/No Details about the changeContent of the seminars

Interaction with other participantsInteraction with politicians, lecturers etc.

Hands-on activities (workshops, virtual campaigns)9. On a scale from 1 to 7, how would you describe the impact this school has in Romania? What about the impact of the Schools of Democracy in all the other participant countries?Impact of the School of

DemocracyNot significant

1 2 3Neutral or

undecided 4 5 6Very

significant 7In Romania

In the other countries10. In your opinion, which is the impact of this School of Democracy in Romania?11. How would you describe the selection process in terms of impartiality?a. Completely impartial and fair.b. Impartial, but with some exceptions.c. I’m not sure/I don’t know.d. Very doubtful.e. Completely unfair and impartial.12. Romania has various political and ethnic minorities. Do you think that the number of their representatives at SEOS was proportional with the size of these minorities in our country?

Not at all 1 2 3 Neutral or undecided 4 5 6 Very proportional 7Representativeness of

minorities13. Did you stay in contact with the other participants at SEOS?a. Yes.b. Yes, but just for a short while.c. No, I’ve lost the contact immediately after the school ended.d. No, I didn’t even want to stay in contact with anyone. (Go to question #16).14. If Yes, could you approximate the number of participants with whom you continued to collaborate?a. >20b. 10-20c. 5-10d. <515. Please describe your collaboration with the other participants.16. In your opinion, which are the results of this School in Romania?17. How visible do you think this school is in Romania? What about its results?

Not visible 1 2 3

Neutral or undecided 4 5 6

Very visible 7

The visibility of the SEOS

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in RomaniaThe results of the SEOS in

Romania18. Do you belong to a political group?a. Yes. Please mention which one...b. No.19. Which position did you occupy before attending the School?20. Which position do you currently occupy?

Thank you!

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REPRÉSENTATIONS NATIONALES AU CONSEIL DE L’EUROPE

1. Pays membres1949 Pays fondateurs : Belgique, Danemark, France, Irlande, Italie,

Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, Suède10

1949 Grèce, Turquie 121950 Islande, RFA (membre associé) 131951 RFA (membre ordinaire) 141956 Autriche 151961 Chypre 161963 Suisse 171965 Malte 181976 Portugal 191977 Espagne 201978 Liechtenstein 211988 Saint-Marin 221989 Finlande 231990 Hongrie 241991 Pologne 251992 Bulgarie, Estonie, Lituanie, Slovaquie, République tchèque 301993 Roumanie, Slovénie 321994 Andorre 331995 Lettonie, Albanie, Moldova, Ex-République yougoslave de

Macédoine, Ukraine38

1996 Russie, Croatie 401999 Géorgie 412001 Arménie, Azerbaïdjan, 432002 Bosnie-Herzégovine 442004 Monaco 452007 Monténégro 462. Pays candidat (situation 2010) : Biélorussie (depuis le 12 mars 1993)3. Pays observateurs au Comité des ministres :Vatican (7 mars 1970) États-Unis (10 janvier 1996) Canada (29 mai 1996) Japon (20 novembre 1996)Mexique (1er décembre 1999)4. Pays observateurs à l’Assemblée parlementaire (APCE) : Israël (2 décembre 1957)Canada (28 mai 1997)Mexique (4 novembre 1999)

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Chronologie comparée des élargissements

Conseil de l’Europe CEE puis UE AELEanné

en° pays n° Pays n

° Pays

1949 10

Belgique, Danemark, France, Irlande, Italie,

Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Royaume-

Uni, Suède

- -

12

Grèce, Turquie -

1950 14

Islande, RFA -

1956 15

Autriche -

1957 6 BelgiqueFrance ItalieLuxembourg

Pays-Bas RFA1960 7 Danemark,

Autriche, Norvège, Portugal, Suède,

Suisse, Royaume-Uni

1961 16

Chypre Finlande (ass)

1963 17

Suisse

1965 18

Malte

1970 8 + Islande1972 9 Danemark, Irlande,

Royaume-Uni 1973 6 Retrait (adhésion

CEE) Danemark et Royaume-Uni

1976 19

Portugal

1977 20

Espagne

1978 21

Liechtenstein

1981 10

Grèce

1986 12

Espagne, Portugal 6 + Finlande, retrait Portugal(adhésion CEE)

1988 22

Saint-Marin

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1989 23

Finlande

1990 24

Hongrie

1991 25

Pologne 7 + Liechtenstein

1992 30

Bulgarie, Estonie, Lituanie, Slovaquie,

Rép.tchèque1993 3

2Roumanie, Slovénie

1994 33

Andorre

1995 38

Lettonie, Albanie, Moldova, Ex-Rép.

Youg. de Macédoine, Ukraine

15

Autriche, Finlande, Suède

4 Reste Islande Liechtenstein

Norvège, SuèdeRetrait (adhésion

UE) Autriche, Finlande, Suède

1996 40

Russie, Croatie

1999 41

Géorgie

2001 43

Arménie, Azerbaïdjan,

2002 44

Bosnie-Herzégovine

2004 45

Monaco 25

Pologne, Rép.tchèque, Hongrie, Slovaquie, Slovénie, Lituanie, Lettonie, Estonie,

Chypre, Malte2007 4

6Montenegro 2

7Bulgarie, Roumanie

321

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CONTACTS AU SEIN DU CONSEIL DE L’EUROPE (2010)

Jean-Louis Laurens Director General of Democracy and Political Affairs e-mail: mailto:[email protected] Tel.: + 33(0)3 88 41 20 73

François Friederich Project Co-ordinator e-mail: mailto:[email protected] Tel.: + 33 (0)3 90 21 53 02

Claude Bernard Programme Manager e-mail: mailto:[email protected] Tel.: + 33 (0)3 88 41 22 75

European Association of the Schools of Politicals Studies DGDAP, Conseil de l’Europe Avenue de l’Europe 67075 Strasbourg Contact: mailto:[email protected] Tel.: + 33 (0)3 90 21 53 02

http://www.coe.int/t/dc/files/themes/ecoles_politiques/contacts_en.asp (05-2010)

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LISTE ET COORDONNÉES DES ÉCOLESpar ordre alphabétique de pays

ALBANIEAlbanian School of Political Studies (ASPS)

Sheshi SkenderbejPalatti i Kultures, Kati I pareTirana, AlbaniaTel.: +355 4 22 84 19; Fax: +355 4 24 89 40E-mail: [email protected]: www.coealb.orgDirector: Olsi DEKOVI

ARMENIEYerevan School of Political Studies (YSPS)

“Tashir” Centre, 6th floor, room 31, Khorenatsy Str. 33Yerevan, Armenia 375 000Tel./Fax: +374 10 51 11 71E-mail: [email protected]; [email protected] Website: www.ysps.amDirector: Armen ZAKARYAN

AZERBAIDJANBaku Political Studies Programme (BPSP)

Menzil 8, ev 21, Haqverdiyev kucesiBaku, AZ 1065, AzerbaijanTel./Fax: +994 12 439 19 55E-mail: [email protected]: Ilgar MAMMADOV

BELARUSEast-European School of Political Studies (Minsk)

3 Oleksievska street, Solomenskiy districtKyiv 03110, UkraineE-mail: [email protected]: Alexander DABRAVOLSKI

BOSNIE-HERZEGOVINESchool of Political Studies Bosnia and Herzegovina

c/o Council of Europe Office in Bosnia and HerzegovinaTrg Fra Grge Martica 2/III71000 SarajevoTel.: +387 33 264 360 + ext 101E-mail: [email protected]: Igor GAON

BULGARIEBulgarian School of Politics

92, Patriarh Evtimii Blvd; 1463 Sofia; BulgariaTel.: +359 2 952 68 82, +359 2 851 93 46;

325

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Fax: +359 2 952 66 64E-mail: [email protected] ; [email protected]: www.schoolofpolitics.orgDirector: Svetlana LOMEVA

CROATIEAcademy for Political Development

Trg Drage Iblera 910000 Zagreb, CroatiaTel.: +385 145 76179; Fax: +385 145 76180e-mail: [email protected]; [email protected]: www.politicka-akademija.orgDirector: Nevena CRLJENKO

GEORGIETbilisi School of Political Studies

0102, Tbilisi, Georgia, p/b No 7Tel./Fax: +995 32 922862E-mail: [email protected]: www.tsps.geDirector: Armaz AKHVLEDIANI

KOSOVOPristina Institute for Political Studies

Bulevardi Deshmoret e Kombit 46/410000 Prishtina, KosovoTel./Fax: +381 38 545 818E-mail: [email protected] Kryeziu: [email protected]://www.pips-ks.org/Director: Leonora KRYEZIU

FYROM-MACEDOINESkopje School of Politics

ul. Kosta Novakovic 16, 1000 Skopje, “The former Yugoslav Republic of Macedonia”Tel.: +389 2 31 21 100E-mail: [email protected]://www.skolazapolitika.org.mk/Director: Gordan GEORGIEV

MOLDOVAEuropean Institute for Political Studies in Moldova

NR 16/1 Puskin St., Chisinau MD 2012, Republic of MoldovaTel.: +37322 222503, +37322 222504; Fax: +37322 222504E-mail: [email protected]

326

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Director: Viorel CIBOTARU

MONTENEGROSchool of Democratic Leadership (SDL)

c/o Nansen Dialogue Centre – MontenegroVukice Mitrovic 8,81000 Podgorica, MontenegroTel.: +382 81 655 299; 655 295Fax: +382 81 655 305E-mail: [email protected]: www.sdr.ndcmn.orgDirector: Boris RAONIC

ROUMANIE “Ovidiu Sincai” European School

11, Atena Street, Sector 1, Bucharest, RomaniaTel.: +4 021 230 24 34; +4 021 230 24 74Fax: +4 021 231 55 23E-mail: [email protected] Website: www.seos.roDirector: Anne JUGANARU

RUSSIEMoscow School of Political Studies (MSPS)

Staropimenovsky pereulok, 11/6, 103 006 Moscow, RussiaTel./Fax: +7 495 699 0173E-mail: [email protected]: www.msps.ru Director: Elena NEMIROVSKAYA

SERBIEBelgrade Fund for Political Excellence (BFCE)

Dositejeva 9, 11000 Belgrade, SerbiaTel./Fax: +381 11 3034 830, +381 11 3036 520E-mail: [email protected] ;[email protected] Website: www.bfpe.orgDirector: Sonja LICHT

UKRAINEUkrainian School of Political Studies

33 Nizhniy Val Street, No. 8, Kyiv 04071, UkraineTel.: +38 044 531 37 68; Fax: +38 044 425 25 33E-mail: [email protected]; [email protected]: http://usps.parlament.org.uaDirector: Ihor KOHUT

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PETIT MÉMENTO POUR LES NÉOPHYTES : NE PAS CONFONDRE

Conseil de l’EuropeOrganisation internationale dont le siège est à Strasbourg et qui rassemble 47 États de l’Europe. Sa mission est de promouvoir la démocratie et de protéger les droits de l’homme et l’État de droit en Europe.

Assemblée parlementaireOrgane délibérant du Conseil de l’Europe. Elle est composée de 318 représentants et de 318 suppléants désignés par les parlements nationaux des États membres.

Commission européenne des Droits de l’HommeLa Commission a cessé ses fonctions en 1998, à la création de la Cour unique des Droits de l’Homme. Elle examinait la recevabilité, dans le cadre de la Convention européenne des Droits de l’Homme, de toute requête d’un individu ou d’un État contre un État membre.

Cour européenne des Droits de l’HommeElle siège à Strasbourg. C’est le seul organe authentiquement judiciaire créé par la Convention européenne des Droits de l’Homme et composé d’un Juge par État partie à la Convention. Elle assure en dernière instance le respect par les États parties des obligations résultant de la Convention. Depuis novembre 1998, la Cour fonctionne en permanence.

Convention européenne des Droits de l’HommeTraité par lequel les États membres du Conseil de l’Europe se sont engagés à respecter les libertés et les droits fondamentaux de l’homme. Conseil européen

Réunion régulière (au moins deux fois par an) des chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’Union européenne pour orienter la politique communautaire.

Parlement européenOrgane parlementaire de l’Union européenne qui regroupe les 785 députés européens des 27 pays membres, élus au suffrage universel par les habitants de l’Union européenne.

Commission européenneOrgane exécutif de l’Union européenne, situé à Bruxelles, qui veille à l’application correcte des dispositions des traités et des décisions prises par les institutions de l’Union.

Cour internationale de justiceOrgane judiciaire des Nations Unies, elle siège à La Haye.

Cour de justice des Communautés européennesElle siège à Luxembourg et assure le respect du droit communautaire, l’interprétation et l’application des traités instituant l’Union européenne.

Déclaration universelle des droits de l’hommeAdoptée par l’Organisation des Nations Unies en 1948 afin de renforcer, sur le plan international, la protection des droits de l’homme.

D’après : http://www.coe.int/aboutCoe/index.asp?page=nepasconfondre&l=fr

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MEMENTO FOR THE BEGINNERS: DO NOT GET CONFUSED

Council of EuropeAn international organisation in Strasbourg which comprises 47 countries of Europe. It was set up to promote democracy and protect human rights and the rule of law in Europe. Parliamentary AssemblyThe deliberative body of the Council of Europe, composed of 318 representatives (and the same number of substitutes) appointed by the 47 member states’ national parliaments. European Commission of Human RightsUntil November 1998, this internatio-nal body examined the admissibility of all individual or state applications against a member state in accordance with the European Convention on Human Rights; it expressed an opinion on the violation alleged in applications found to be admissible in cases in which no friendly settlement is reached. European Court of Human RightsBased in Strasbourg, this is the only truly judicial organ established by the European Convention on Human Rights. It is composed of one Judge for each State party to the Convention and ensures, in the last instance, that contracting states observe their obligations under the Convention. Since November 1998, the Court has operated on a full-time basis. European Convention on Human RightsTreaty by which the member states of the Council of Europe undertake to respect fundamental freedoms and rights. European CouncilRegular meeting (at least twice a year) of the heads of state or government from the member states of the European Union for the purpose of planning Union policy. European ParliamentThe parliamentary body of the European Union which comprises 785 European Members of Parliament of the 27 European Union countries, elected by universal suffrage. European CommissionThe executive organ of the European Union, based in Brussels, which monitors the proper application of the Union treaties and the decisions of the Union institutions.

International Court of JusticeJudicial body of the United Nations, which is based in The Hague.

Court of Justice of the European CommunitiesBased in Luxembourg and ensures compliance with the law in the interpreta-tion and application of the European Treaties of the European Union.

Universal Declaration of Human RightsAdopted by the United Nations in 1948 in order to strengthen the protection of human rights at international level.

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D’après : http://www.coe.int/aboutCoe/index.asp?l=en&page=nepasconfondre

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Sources

Entretiens (classement alphabétique)(réalisés entre février et septembre 2010)- Florence Benoît-Rohmer- Egidio Canciani, Directorate General for the External Relations, European Commission- François Friederich- Catherine Lalumière- Jean-Louis Laurens- Kim Campbell- Meglena Kuneva- Kristina Henshen (SIDA)- François-Gilles Le Theule, ENA- Sonja Licht, Ecole de Belgrade- Michel Mangenot, intervenant- Jean-Claude Mignon, Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe- Elena Nemirovskaya, École de Moscou- Gautier Pirotte, Université de Liège- Rafik-Elmrini, Mairie de Strasbourg- Christian Saves, ENA, Conseil Régional Midi-Pyrénées- Adrian Severin, École roumaine- Guy De Vel, membre du Conseil d’administration de l’Agence européenne pour les droits fondamentaux (FRA)- XXX École croate- B École Monténégrine- XXX École bosniaque - XXX Ecole kosovare- XXX Ecole arménienne- FRAXXX, Associations des Ecoles politiques du Conseil- XXX, Azerbaïdjan- XXX, Albanie- XXX European Fund for Balkans- SIDA- XXX étudiants russes- XXX étudiants ukrainiens- XXX étudiant arménien- XXX étudiante roumaine- Enquête auprès de l’ensemble des directeurs- Enquête auprès des élèves de l’École roumaine- Prof belge- Intranet du Conseil de l’Europe

Sites des Ecoles politiques (03-2010)

Conseil de l’Europe : http://www.coe.int/t/dgap/sps/default_FR.asp

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Albanie : http://www.shkollapolitike.org/Arménie : http://www.ysps.am/Bélarus : http://www.eesps.org/Bulgarie: http://www.schoolofpolitics.orgCroatie : http://www.politicka-akademija.org/Géorgie : http://www.tsps.geKosovo : http://www.politicka-akademija.org/Macédoine : http://skolazapolitika.org.mk/index.phpMonténégro : http://www.sdr.ndcmn.orgRoumanie : http://www.seos.ro/indexe.htmlFédération de Russie : http://www.msps.ru/Serbie : http://www.bfpe.org/bfpe/indexENG.php?linkID=12&podlinkID=19Ukraine : http://www.usps.org.ua/

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Verdier M.-F., « L’élargissement du club des démocraties : l’adhésion de la Russie et de la Croatie au Conseil de l’Europe, ‘contre-pieds alternés sur une valse à deux temps’ », Les Petites Affiches, n°126, 20-10-1997, pp. 4-10.

Wassenberg B., « Les limites de l’Europe : l’opposition à l’admission de la Russie au Conseil de l’Europe (1989-1996) », in XXX

Relations Conseil de l’Europe – Union européenneJunker

Vel G. de, « Comment la coopération entre le Conseil de l’Europe et l’Union européenne contribue au développement juridique du continent européen » in Curso de Derecho Internacional XXXIV 2007/Rio de Janeiro- Comité Juridico interamericano, Organisation of American States, General Secretariat, Washington, D.C.2008.

Vel G. de, « The rôle of European Institutions in the process of reconciliation » in « Crimes committed by totalitarian regimes » -Reports and proceedings of the 8 april European public hearing organised by the Slovenian Presidency of the Council of the E.U. And the European Commission-2008.

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TABLE DES MATIÈRES

Introduction : Écrire la démocratie sur le sable et l’identité dans la transparence de l’horizon

Documents : - Présentation des Écoles d’études politiques par le Conseil de l’Europe- Les Écoles : chronologie et données de base- Carte : l’Europe du Conseil de l’Europe/Map : The Europe of the Council of Europe- Carte : l’Europe des Écoles d’études politiques du Conseil de l’Europe/ Localisation’s map of the

Political Schools of the Council of Europe

Première partie DIALOGUE AU CŒUR DE L’EUROPE : LES RESPONSABLES DU CONSEIL DE L’EUROPEDIALOGUE IN THE HEART OF EUROPE :THE RESPONSIBLES OF THE COUNCIL OF EUROPE

1. « Diffuser des idées démocratiques »Catherine Lalumière, Ancienne Secrétaire générale, Conseil de l’Europe

2. « Des lieux de rencontres et d’échange »Jean-Louis Laurens, Conseil de l’Europe

3. « Une initiative de la société civile »François Friederich, Conseil de l’Europe

4. « Un engagement politique, mais non partisan »François Friederich, Conseil de l’Europe

5. « Un programme joint financé à parts égales par le Conseil de l’Europe et l’Union européenne »

François Friederich, Conseil de l’Europe

DOCUMENTS : - Joint Programmes between the Council of Europe and The European Union - Une institution complémentaire ou concurrente ? L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (FRA) - Le financement de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne- Conseil de l’Europe-Union européenne, Extraits du Rapport de J.-C. Juncker, 11-04-2006- 118e Session du Comité des Ministres, 7-05-2008 : Rapport sur le suivi du rapport Juncker

6. « L’Agence européenne des droits fondamentaux ne rivalise pas avec le projet des Écoles d’études politiques »

Jack Hanning, Ass. of Pol. School, European Movement

7. Nicola Cangemi

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8. « C’est aussi au Conseil de l’Europe de fixer ses priorités »Guy De Vel, Conseil d’administration de l’Agence européenne des Droits fondamentaux

9. « Le Conseil de l’Europe est un instrument dans les mains de l’Union européenne »Florence Benoît-Rohmer, Université de Strasbourg, membre du Conseil scientifique de l’Agence européenne des Droits fondamentaux

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Deuxième partieFORMER LA SOCIÉTÉ CIVILE, DES BALKANS AU CAUCASE : LES RESPONSABLES DES ÉCOLESORGANIZING THE CIVIL SOCIETY, FOM BALKANS TO CAUCASUS :THE SCHOOL’S RESPONSIBLES

1. “The rule of law is not only rules and regulations” Elena Nemirovskaya, Moscow School for Political Studies

2. “To bring up the whole new generation of political and public leaders”Elena Nemirovskaya, Moscow School for Political Studies

3. “An institution absolutely indispensable in countries with weak political élites and a very simplistic understanding of public affairs”

Sonja Licht, Belgrade Fund for Political Excellence (École serbe)

4. “We really changed their way of act”Sonja Licht, Belgrade Fund for Political Excellence (École serbe)

5. « La source d’une nouvelle élite »Adrian Severin, Ovidui Sincai (École roumaine)

6. “A good platform to improve the democratic process”Nevena Crljenko, Academia for Political Development (Croatian School)

7. “I’m very proud because right now they are in a very higher position”Boris Raonić, School of Political leadership (Montenegro School)

8. “Under the umbrella of the Council of Europe office, […] facing peaceful coexistence”

Esad Mavrig, Bosnian School for Democracy (Sarajevo school)

DocumentThe European Centre for Minority Issues (ECMI)

9. “One of the very serious programmes and NGOs in the country”Leonora Kryeziu, Pristina Institute for Political Studies (Kosovo school)

10. “Albanians not only feel Europeans, but they want to join EU institutionally as soon as possible”

Olsi Dekovi, Albanian School of Political Studies

11. “Besides these goals related to education and values, […] upgrading the Armenian relation with the EU and Council of Europe structures”

Sergey Minasyan, Deputy Director of Caucasus institute, Armenian School

12. A unique opportunity for a best understanding, Ilgar Mammadov, Baku Political Studies Program, Azerbaijan

13. Une adaptation du modèle des écoles d’études politiques au cas de Chypre Uwe Müller, Conseil de l’Europe, European Forum Cyprus

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Troisième partieTRANSMETTRE UNE EXPERTISE ET DES MOYENS :LES INTERVENANTS, PARTENAIRES ET DONATEURSTRANSFERRING AN EXPERTISE AND MEANINGS :THE INTERVENANTS,, PARTNERS AND DONORS

Intervenants

1. “At these schools were precisely the people that needed this kind of programme!”Kim Campbell, former Prime Minister, Canada

2. “The aim of the School, to promote civic consciousness”Geoffrey Hosking, University College, London

3. “To rebuild the balance in the society”, Meglena Kuneva, former European Commissioner for Consumer Affairs

4. « Le Conseil de l’Europe a toujours été un lieu beaucoup plus « poil à gratter » que la Commission Européenne »

Gautier Pirotte, Université de Liège

5. « On n’a jamais fini d’apprendre la démocratie, dans l’ensemble des pays ! »Jean-Claude Mignon, chef de la délégation française à l’APCE

Partenaires/Partners

6. « Pour l’Union européenne, le Conseil de l’Europe, en ce qui concerne les droits de l’Homme dans le voisinage, est d’une importance primordiale »,

Egidio Canciani, Direction Générale des Relations extérieures, Commission européenne

7. « Strasbourg, ville vecteur de la construction européenne »Rafik-Elmrini, Adjoint au Maire, Strasbourg

8. « La gouvernance démocratique européenne n’a pas vocation à se limiter aux 27 États-membres »

François-Gilles Le Theule, ENA

9. « La différence de contexte n’empêche pas d’exporter la démocratie et de réussir à la greffer »

Christian Saves, ex-ENA/Région Midi-Pyrénées

Donateurs/Donors

9. “There is the lack of co-ordination among the donors”Kristina Henschen, Swedish International Development Cooperation Agency

10. “Working on the state building process in the Western Balkans […], we think this is very important for the future”,

Igor Bandović, European Fund for the Balkans

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Quatrième partieSE FORMER À LA DÉMOCRATIE ET AUX DROITS DE L’HOMME :LE PUBLIC DES ÉCOLESPREPARING THE DEMOCRACY AND THE HUMAN RIGHTS:THE SCHOOLS PUBLIC

1. “A platform for talking with different people”Dmitriy Mochegov, Alexei Victorovich Petrov, Dmitriy Klevtsov,Yevgueni Michailovski Borovik, Oleg Vladimirovich Ejov, Russian students, MSPS, Moscow, Golotsyno

2. “The Ukrainian political culture prevents from direct access to the main political players”Ilona Dovgan, Ayida Bolivar, Mikhail Minakov, Ukranian participants

3. « Une forme de diplomatie publique »Alik Hakobyan, Arminian Student

4. « Cette expérience les aidera à avoir une relation meilleure, plus ouverte » Raluca Spătăreanu, journaliste, ancienne participante roumaine

5. “A new institution, yet with a leader role in its field”Study case: an evaluation of the “Ovidiu Sincai” European SchoolRaluca Maria Mihăilă

Annexes :- Représentations nationales au Conseil de l’Europe- Chronologie comparée des élargissements (Conseil de l’Europe-CEE puis UE-AELE)- Contacts au sein du Conseil de l’Europe (2010)- Liste et coordonnées des Écoles- Conseil et Union européenne : Ne pas confondre- Council of Europe and European Union : not to be confused

Sources et bibliographie

Table des matières

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4 de couv

Le Conseil de l’Europe est une institution d’intégration créée dès 1949, rassemblant 47 pays et ne dépendant pas de l’Union européenne. Sa vocation politique a été dynamisée au début des années 1990 par la

désagrégation de l’Europe communiste.Parmi ses activités, le Conseil promeut des Écoles politiques ou Écoles de la Démocratie, aux frontières de l’Union. Sous la bannière étoilée de

la démocratie,le Conseil soutient (depuis 1992 et la création de l’École de Moscou)

des cycles de rencontre et de formation de jeunes acteurs politiques et d’animateurs de la société civile dans 16 pays, des Balkans au Caucase.

Ce livre, composé principalement d’entretiens, permet d’approcher ce réseau qui joue, de manière informelle et selon des modalités complexes et variées, un rôle essentiel dans le rapprochement

– politique et en matière de valeurs - entre l’Union européenne et ses périphéries, intérieures ou extérieures.

Interviews : Igor Bandović, (European Fund for the Balkans), Kim Campbell (Former Premier Minister, Canada), Egidio Canciani (Commission européenne) Nevena Crljenko (SPS-Croatie-), Rafik-Elmrini (Mairie, Strasbourg), François Friederich (Conseil de l’Europe), Kristina Henschen (SIDA-Sweden), Geoffrey Hosking (University College, London)Meglena Kuneva (former European Commissioner for Consumer Affairs), Catherine Lalumière (Ancien min. français et Sec. gal du Conseil de l’Europe), Jean-Louis Laurens (Conseil de l’Europe), François-Gilles Le Theule (ENA), Sonja Licht (BFCE-Servie), Esad Mavrig (SPS-Bosnie-Herzégovine), Jean-Claude Mignon (Assemblée parlementaire), Sergey Minasyan (Caucasus Institute), Elena Nemirovskaya (MSPS- Russie), Gautier Pirotte (Univ. Liège), Boris Raonić (SPS-Montenegro), Christian Saves (ENA, CR MP), Adrian Severin (SPS Ovidiu Sincai-Roumanie), Raluca Spătăreanu (SPS Auditor-Roumanie), UE EC, Ass. écoles, Albanie, KosovoAzerbaïdjan,

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Ukranien Auditors (Ilona Dovgan, Ayida Bolivar, Mikhail Minakov), Russian Auditors (Dmitriy Mochegov, Alexei Victorovich Petrov, Dmitriy Klevtsov,Yevgueni Michailovski Borovik, Oleg Vladimirovich Ejov), Armenian Auditors…