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    L 17662 - 248 - F: 5,90 € - RD

    JUIN I JUILLET 2020

    N° 248

    DÉRACINÉSLe combat des enfants de La Réunion

    PHOTOGRAPHIELes clés pour identifier un militaire

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    VOS PHOTOSUne représentation généalogique originale, une réunion de famille extraordinaire, un document d’archives exceptionnel, une image très parlante… Adressez-nous vos photos (en haute résolution, 300 dpi) exclusivement par courriel : [email protected]

    Voici la photo de mariage la plus émouvante que je connaisse. Nous sommes à Lorient (Morbihan), le 1er février 1919. Joséphine Cariou (cousine de ma grand-mère) épouse Charles Lepetit. La guerre est finie – le marié est bardé de médailles – mais la démobilisation n’a pas encore eu lieu et les hommes sur cette photo sont tous en uniforme.À la gauche du marié, est assise en costume de Lorient la mère de la mariée, Henriette Rouilloux, veuve Cariou. À la droite de la mariée se tient sa sœur, elle aussi prénomnée Henriette et veuve de Guillaume Hamon, mort sur un champ de bataille dans la Somme le 7 octobre 1914, la laissant avec ses deux jeunes enfants, assis devant elle. Deux autres femmes, debout sur la photo, sont elles aussi en grand noir ; je ne les ai pas identifiées. Ma grand-mère, Marie Rouilloux, est la jeune femme debout à droite de la photo. L’ombre d’un grand absent plane : Aimé Cariou, frère aîné d’Henriette et de Joséphine, brillant officier de marine tué dans le naufrage du torpilleur Smeul, le 16 avril 1917 en Roumanie.La suite de l’histoire est triste : Joséphine Cariou et Charles Lepetit décèderont à cinq mois d’intervalle, entre août 1924 et janvier 1925, vraisemblablement de tuberculose. Ils laisseront une petite Aimée (prénommée ainsi en hommage à son illustre oncle) qui sera élevée par sa grand-mère Cariou. Anne Weber-Michel © Coll. privée

    3 I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I

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  • 10 grand angleLes enfants de la Creuse veulent retrouver leurs racines

    14 interview Serge Barcellini • Président du Souvenir français « La principale association mémorielle en France »

    16 lu, vu, entendu Vous avez le droit | Faire tester votre ADN En direct de Belgique Échos du monde Généalogie & ADN Des permanences généalogiques à la plage Le confinement utile des généalogistes et des archivistes

    Chaleureusement vôtreIl aura fallu huit semaines de confinement imposé, suivi d’une série supplémentaire d’étranges semaines où les gestes de protection sont vivement conseillés, pour révéler notre besoin vital de gestes affectifs, de discus-sions amusées, parfois sans queue ni tête, ou encore de palabres digressives et joyeuses d’un ancien.

    Fréquents sont les instants où, pressés, nous préférons interrompre une conversation ; fatigués, nous n’aspirons qu’à décliner une invitation ; égocentrés, nous nous cajo-lons dans notre bulle. Parfois, du fait de leur répétition machinale, les repas dominicaux en famille, les réunions associatives ou professionnelles, les rencontres de voisi-nage nous inspirent davantage un soupir qu’un sourire.

    Ces échanges sont pourtant essentiels : par ses mots, ses gestes, ses rires, chacun à sa façon apporte une couleur à l’Arlequin que nous sommes et nous aide à dépasser le versant négatif des relations, qui existe bien évidemment.

    Alors, à la réception de la prochaine invitation à un déjeuner entre amis, à une visite à un parent éloigné ou à une rencontre généalogique, je penserai certainement à ces huit semaines de confinement, à cette peur de perdre un être cher, éloigné et cloîtré à domicile, pour y répondre chaleureusement.

    Comme je pense très fort, à cet instant, à mes amis, à ma famille et à ma grand-mère, qu’il me tarde de retrouver.

    À très bientôt, avec plaisir !

    magazine

    RFGenealogie

    Rédaction 18 rue d’Hauteville, 75010 Paris

    Administration, abonnements, commandes 10 av. Victor-Hugo, CS 60051, 55800 Revigny-sur-OrnainTél. 03 29 70 56 33 • Fax : 03 29 70 57 [email protected] • www.rfgenealogie.com

    Ce numéro comprend en encart une lettre-commande du hors-série « Généalogie & ADN » (exemplaires adressés aux abonnés).

    POUR NOUS CONTACTER

    édito

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    Charles HervisRédacteur en chef

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    I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I 4

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  • 22 grand angleLe divorce dans les archives

    28 les cas pratiques de Jean-Louis BeaucarnotLe fichier des décès de l’INSEE

    32 bon à savoir Identifier un militaire en photo

    34 nos spécialistes vous répondent

    36 paléographie Un notaire appliqué ?

    38 repères historiquesRedécouvrir la guerre de 1870

    43 lu, vu, entenduArchives en ligne Le mariage du mort • Les status animarum

    50 grand angle Mémoire des lieux

    54 bien s’organiserRédiger la biographie d’un ancêtre

    56 lu, vu, entendu Astuce OpenStreetMap | Ajouter un lieu-dit

    La reconnaissance vocale pour transcrire un acte notarié

    61 les noms de famille par Pierre-Gabriel Gonzalez

    65 petites annonces

    méthodes & ressources boîte à outils

    • La Revue française de Généalogie est éditée par MARTIN MEDIA SAS au capital de 153 000 € - 55800 Revigny-sur-Ornain • Tous droits de reproduction (même partielle) et de traduction réservés. © 2020 • Commission paritaire 0123K 82575 – N°ISSN 0222-6782 • Dépôt légal à parution • Imprimerie Corlet Roto, Ambrières-les-Vallées (53). Imprimé en France / Printed in France • Origine du papier : Root (Suisse). Taux de fibres recyclées : 52 %. Papier issu de forêts gérées durablement, certifié PEFC. Eutrophisation : 6 g / T. •

    Fondateur René-Louis Martin (sur une idée de Bernard Oudin) Directeur de publication Arnaud Habrant Rédacteur en chef Charles Hervis Conseiller à la rédaction Jean-Louis Beaucarnot Ont participé à ce numéro Éric Anceau, Pierre-Valéry Archassal, Mélanie Astié, Gabriel Audisio, Jean-Yves Baxter, Jean-Louis Beaucarnot, Marie Cappart, Sébastien Dellinger, Pierre-Gabriel Gonzalez, Jérôme Malhache, Guillaume de Morant, Tony Neulat, Frédéric Ville Correctrice Emmanuelle Dechargé PAO Carole Battaïni Couverture capture Mémoire des lieux Diffusion MLP Vente au numéro et réassort Mylène Muller Responsable marketing-partenariat Sabrina Seghir Publicité Anat Régie : tél. 01 43 12 38 15, directrice de publicité : Marie Ughetto, courriel : [email protected]

    sommaire

    I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 5

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    Voici un guide complet pour mieux comprendre les enjeux et les méthodes de cette recherche :

    ✔ Qu’est-ce que la généalogie génétique ?✔ Comment ça marche ?✔ Les différents types de tests ADN✔ Comment bien utiliser les sites des opérateurs ✔ Les précautions à prendre

    Bénéficiez d’exemples et conseils d’utilisation pratiques pour : 23andMe, AncestryDNA, DNA Painter, FamilyTreeDNA,

    GEDmatch, Geneanet, iGenea, MyHeritage

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    Les tests ADN sont-ils un phénomène à la mode ou un réel outil de recherche ?

    Guide 84 pages au format 19x30cm

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  • sur le web

    Nouveaux inventaires d’officiers publiés par le Service historique de la DéfenseUn nouvel instrument de recherche est consultable sur le site du SHD, les dossiers individuels d’officiers de 1848 à 1926, pour retrouver des informations sur leurs carrières.www.rfgenealogie.com/s-informer/infos/archives/nouveaux-inventaires-d-officiers-publies-par-le-shd

    Les services d’archives à suivre sur FacebookLes archivistes ont gardé le lien avec les chercheurs et généalogistes, pendant le confinement, via les réseaux. Voici la liste des services d’archives municipales, départementales et nationales à suivre sur Facebook.www.rfgenealogie.com/s-informer/infos/medias-web/les-services-d-archives-a-suivre-sur-facebook

    Un avis de recherche pour les descendants des déportés du camp de DoraÀ la veille de la sortie du Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, le centre d’histoire La Coupole et la Fondation pour la mémoire de la déportation lancent un appel pour identifier les familles des déportés.www.rfgenealogie.com/s-informer/infos/nouveautes/un-avis-de-recherche-pour-les-deportes-du-camp-de-dora

    10 bonnes idées généalogiques pour profiter de l’instant présentChacun a vécu le confinement à sa façon, en fonction de son tempérament, de son contexte familial et professionnel. Et si c’était l’occasion de s’offrir une parenthèse généalogique ? Voici une sélection de dix bonnes idées pour vous guider.www.rfgenealogie.com/s-informer/infos/nouveautes/10-bonnes-idees-genealogiques-pour-profiter-de-l-instant-present

    La plaque d’un soldat disparu restituéeLe corps du soldat Charpentier disparu le 15 juillet 1918 dans le secteur de Vandières n’a jamais été retrouvé, mais sa plaque militaire a été retrouvée par un promeneur qui l’a restituée à sa famille.www.rfgenealogie.com/s-informer/infos/1914-18/marne-la-plaque-d-un-soldat-disparu-restituee-a-sa-famille

    Robert Herbin : un nom très vertNom de l’ancien joueur de talent et entraîneur de l’A.S. Saint-Étienne de 1972 à 1982, Herbin est très présent dans le Nord, l’Aisne et la Marne.www.rfgenealogie.com/s-informer/infos/celebrites/robert-herbin-un-nom-tres-vert

    Loiret : les Archives déménageront en un seul lieu en 2023Jusqu’ici réparties sur trois sites, les Archives du Loiret déménageront dans un nouveau bâtiment à Orléans.www.rfgenealogie.com/s-informer/infos/archives/loiret-les-archives-demenageront-en-un-seul-lieu-en-2023

    rendez-vous rfg

    I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 7

    hors-sériedéjà disponible

    Généalogie & ADNC’est le sujet qui intrigue, qui mobilise ou, au contraire, qui exaspère. Mais que connaissez-vous vraiment de la généalogie génétique ? Pour vous aider à mieux en comprendre les ressorts et les limites, La Revue française de Généalogie édite un guide pratique, qui détaille le fonctionnement de l’ADN, l’intérêt des trois tests disponibles, les outils pour identifier des ancêtres communs et établir des cousinages, avec des schémas, tableaux chiffrés, captures d’écran et témoignages à l’appui des explications. Prix : 9,90 euros. Hors-série disponible : > sur : www.rfgenealogie.com/la-boutique> par téléphone au 03 29 70 56 33> à partir du 30 mai chez votre marchand de journaux

    cours en directdu 8 au 29 juin 2020

    Tout savoir sur FamilySearchLa saison 2019-2020 des cours de formation en direct s’achève avec trois séances sur FamilySearch, assurées par Sylvain Athénour (responsable FamilySearch des projets pour l’Europe francophone) les lundis 15, 22 et 29 juin 2020. Elles seront précédées d’une séance gratuite de présentation le lundi 8 juin, de 20h à 20h30.Au programme : une heure de cours en direct, de 20 h à 21 h, via votre ordinateur ; possibilité de poser vos questions aux intervenants ; mise à disposition de la vidéo pour une consultation en différé.Détails du programme et inscription : > sur www.rfgenealogie.com/formation> par téléphone au 03 29 70 56 33

    énigmejusqu’au 15 juin 2020

    Les ancêtres du général LacommeL’énigme présentée dans le précédent numéro est toujours d’actualité. Jean-Louis Beaucarnot a déjà repéré, pour ce numéro, un grand nombre d’informations sur l’individu (lire pages 28-31). Reste à trouver le lieu de naissance de l’ancêtre n° 16 et l’identité de l’ancêtre n° 128 du général Lacomme. Le résultat de cette énigme sera présenté dans notre prochain numéro. Cinq personnes, dont le nom sera tiré au sort parmi les fins chercheurs qui auront trouvé la solution, recevront un hors-série de La Revue française de Généalogie en cadeau.Détail de l’énigme et formulaire de réponse : > sur www.rfgenealogie.com/enigme

    évènementsamedi 27 juin 2020

    Salon virtuel de la généalogieÀ l’heure où les salons de généalogie restent portes closes en raison du virus ambiant, plusieurs généalogistes ont eu la bonne idée d’organiser un salon virtuel de généalogie, le samedi 27 juin 2020, auquel vous pouvez participer depuis votre ordinateur pour échanger avec de nombreux intervenants, dont La Revue française de Généalogie (lire page 16).Information et participation : > sur www.salonvirtueldegenealogie.com

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  • I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I 8 8

    Généalogie arménienne Denis Dersarkissian

    Je suis co-président de la nouvelle association Relais international de généalogie arménienne, basée à Marseille. C’est une initiative nouvelle et le sujet est très spécifique et plutôt inédit en France. Nous sommes en période de démarrage et nous recherchons activement des bénévoles !Courriel : [email protected], Facebook : www.facebook.com/Relais.International.Genealogie.Armenienne ___

    courrier des lecteurs

    Photographie ancienne Philippe Fichot

    En écho à votre publication dans le numéro 246, voici ma plus ancienne photographie généalogique – non retouchée –, très probablement prise peu avant 1856. Y figurent mes arrières-arrières-grandes tantes FICHOT, nées de 1827 à 1837 à Autun (Saône-et-Loire). En 1851, elles y sont encore identifiées en tant que marchandes et ouvrières modistes, domiciliées 5 rue aux Maréchaux (près de la cathédrale).

    Elles sont décédées toutes quatre à Toulon-sur-Arroux (Saône-et-Loire), là où elles avaient rejoint leur famille : leur père Antoine (1798-1858) et leur mère Ursule Morot, ainsi que leurs deux frères, Louis (1829-1905) et Félix (1832-1905), lesquels y exercèrent, quasiment jusqu’à la fin de leur vie, le négoce de semences fourragères et de machines agricoles. ___

    Remarquable, La Revue française de Généalogie n° 246, février-mars 2020

    Paralysé et imbécile Pierre-Valéry Archassal

    Quelques lecteurs nous ont écrit à la suite de la publication de l’article Le recensement commenté de Nîmes. Ils indiquent que « la précision “paralysé et imbécile” ne manifeste pas nécessairement un manque d’empathie ». Nous sommes d’accord que la terminologie médicale de l’époque ne donnait pas un sens péjoratif à ces termes, notamment « imbécile » qui « désignait scientifiquement, jusqu’aux années 1960 (!), les personnes porteuses d’une grave déficience intellectuelle »,

    ainsi que le rappelle Jean Magnier, lecteur attentif de notre revue. Notons que le recenseur nîmois aurait pu néanmoins rester plus sobre en indiquant simplement que l’individu était « malade » ou « à l’hôpital ». Mais n’oublions pas que cet agent apparaît, page après page, successivement comme voyeur, juge et inquisiteur plutôt que comme concitoyen empathique… ___

    Le recensement commenté de Nîmes, La Revue française de Généalogie n° 247, avril-mai 2020

    Centenaire (bis) Gérard Chopinet

    Pour faire suite au courrier publié dans le numéro 247, j’ai moi aussi un centenaire du XVIIe siècle à proposer : Dominique METTLIN, décédé le 6 janvier 1727 à l’âge de 105 ans à Nancy (Meurthe-et-Moselle), dans la paroisse Saint-Sébastien, d’après l’acte de sépulture relevé sur le site des Archives

    municipales de Nancy.Tout comme M. Dominique Dhyver, il me reste à vérifier, en confirmant d’une part par sa date de naissance et d’autre part (et surtout) qu’il s’agit bien d’un des ancêtres de mon épouse, le plus ancien en l’état de mes recherches. Un gros doute cependant car si le nom de l’épouse (Anne

    ROÜIR) correspond, et le fait qu’il soit annoncé veuf (elle est décédée en 1721), il aurait alors eu ses quatre enfants entre 65 et 82 ans. Mais même si ce n’est pas un ancêtre, j’ai au moins découvert un centenaire ! ___

    Centenaire, Courrier des lecteurs La Revue française de Généalogie n° 247, avril-mai 2020

    Les plans Popp Philippe Huvelle

    J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre numéro spécial consacré à la géographie. Tout particulièrement, tout ce qui concerne les toponymes, étant romaniste de formation.L’article sur les cartes anciennes m’a également beaucoup intéressé. À ce propos, connaissez-vous, pour la Belgique, les anciens plans cadastraux Popp et leurs matrices ? Plus de détails sur www.artthemis.be/plan-popp ___

    Localisez vos ancêtres, numéro spécial de La Revue française de Généalogie, février 2020.

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  • I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I

    Les enfants de la Creuse veulent retrouver leurs racines

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    COMBAT. Plus de 2 000 enfants ont été envoyés par les services de la Protection de l’Enfance de La Réunion vers la métropole. Ces placements parfois forcés ont été faits officiellement pour les mettre au vert, officieusement pour repeupler des départements désertifiés par l’exode rural. Les conditions de cet exil forcé, les traumatismes qui s’en sont suivis poussent les anciens « enfants de la Creuse » à retrouver leurs racines.

    P endant plus de vingt ans, de 1962 à 1984, exactement 2 015 enfants nés à La Réu-nion furent envoyés en métropole. Quelques centaines furent accueillis dans la Creuse, département qui a laissé aujourd’hui son nom à ce phé-nomène ; mais en réalité, ils furent répartis dans tout l’Hexagone, en tout dans 85 départements. Le pro-blème n’est pas tant que des mineurs en déshérence ont été recueillis par l’Assistance publique et répartis dans des foyers ou des familles d’accueil et parfois adoptés par des familles aimantes. Il est plutôt que cet exil a été organisé pour une raison d’État : La Réunion, vue de Paris, c’était un

    département lointain en proie à une démographie galopante qui affolait les pouvoirs publics. Ces enfants aban-donnés ont été, à un moment, une partie de la solution. Il a été décidé en toute conscience de les éloigner de 10 000 kilomètres de leur envi-ronnement, afin de repeupler des départements touchés par l’exode rural.

    Cela a abouti dans certains cas à une véritable catastrophe humaine avec de faux orphelins, des mensonges à des familles pauvres et analphabètes et parfois des maltraitances. Certains enfants une fois arrivés en métro-pole ont vécu un enfer. Leur culture

    créole, leur peau noire, leur parler et le fait qu’ils se trouvaient très loin de chez eux, tout cela a généré beaucoup de souffrances. Certains ont servi de main-d’œuvre gratuite dans les fermes, victimes du racisme, faisant des traumatisés à vie qui recherchent aujourd’hui leurs racines.

    Trois actes de naissanceValérie Andanson, porte-parole de la Fédération des enfants déracinés d’Outre-Mer (FEDD), elle-même ancienne « enfant de la Creuse » tient à témoigner pour les générations futures. Elle estime que les témoi-gnages sont essentiels pour que cette histoire soit connue de tous. Ce combat doit passer par une meilleure connais-sance et une meilleure reconnaissance, notamment auprès des générations suivantes : « J’ai été exilée à l’âge de trois ans. J’ai été adoptée et j’ai découvert la vérité à l’âge de 16 ans, en même temps que mes parents adoptifs : contrairement à ce qu’affirme mon acte de naissance, je suis née à La Réunion. J’ai d’ailleurs trois

    2 015 mineurs « transplantés » de La Réunion en France hexagonale. © DR

  • I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 11

    actes de naissance : mon acte officiel dit que je m’appelle Valérie Lavaux, née à La Brionne dans la Creuse, mais dans un autre acte, Valérie Lavaux est née à La Réunion et je suis aussi connue sous un autre nom, Marie Germaine Périgone, née à La Réunion. C’est ma véritable identité, j’ai demandé une copie de mon acte de naissance, mais cela m’a été refusé par la mairie. Je n’ai pas le droit de le voir, ils estiment que ce n’est pas moi, parce que j’ai fait l’objet d’une adoption plénière ». Valérie Andanson a saisi le tribunal administratif pour reprendre sa véritable identité.

    Des familles pauvres et analphabètesAu-delà de son identité, c’est aussi son enfance qu’elle estime lui avoir été volée. Les « enfants de la Creuse » étaient généralement issus de classes pauvres et ils étaient pris en charge par l’Assistance publique. Beaucoup de familles, illettrées, agissant sous la pression d’une administration affo-lée par la croissance démographique, ont signé les autorisations exigées. Pour le sociologue Philippe Vitale de l’université d’Aix-Marseille, ancien président de la Commission nationale de recherche historique des Enfants de la Creuse, créée par la ministre des Outre-Mer, les abus ont été nombreux : « Les enfants de La Réunion étaient soit abandonnés et confiés à l’Assistance publique, soit des mineurs pris en charge par décision de Justice, suite à des mal-traitances, des violences familiales ou des addictions. Enfin, le troisième

    Les sources d’archives nominatives consultablesLes principales sources d’archives se trouvent dans les dépôts d’archives du département de départ, La Réunion, et des 85 départements où les enfants ont été envoyés. Les Archives départementales de La Réunion ont réalisé un recensement systématique de toutes les sources disponibles, celles des départements d’accueil qui ont reçu les plus forts contingents et enfin celle du ministère des Affaires sociales.Aux Archives de La Réunion, consultez les archives du Bumidom, chargé notamment d’acheter les billets d’avion pour la métropole, qui a versé des séries complètes de registres, qui ont permis de dresser la liste nominative des mineurs envoyés (dossiers des migrants, correspondance, registres des départs, agendas, rapports, enquêtes). Les sources principales réunionnaises restent les archives de la DDASS, versées aux Archives départementales : dossiers individuels des mineurs, répertoires manuscrits des pupilles, enfants en garde, recueillis temporaires (1949-1978), registres des pupilles (1960-1979), procès-verbaux des conseils de famille des pupilles (1951-1988), trois répertoires alphabétiques des pupilles, non cotés (1949-1978), neuf registres chronologiques des pupilles, non cotés (1960-1979), quatre registres des procès-verbaux des conseils de famille, non cotés (1951-1988).Dans les archives du Conseil départemental figure un dossier versé par la Direction des Finances relatif aux frais de séjour des pupilles dans l’Hexagone et un autre versé par le service de tarification des établissements relatif au placement dans l’Hexagone.Les tribunaux pour enfants des Tribunaux de Grande Instance de Saint-Denis et de Saint-Pierre ont versé leurs jugements et un échantillon des dossiers de procédure. Cette documentation est à compléter avec les sources provenant des foyers, institutions religieuses et associations ayant été chargées de missions d’action sociale envers les mineurs. Malheureusement, la Congrégation des filles de Marie (Sœurs de la Providence) n’a plus d’archives sur la période des « enfants de la Creuse ». La Pouponnière sociale Levavasseur a versé des dossiers individuels et des registres d’entrée et de sortie. Les archives de l’APECA (Association pour l’enfance coupable et abandonnée) fournissent un très grand nombre de dossiers individuels qui ont été indexés avant leur versement aux Archives départementales en 2017. L’Association départementale des pupilles de l’école publique (ADPEP) a également versé ses archives. Le fonds privé des papiers rassemblés par Jean-Jacques Martial est également aux Archives de La Réunion. Ces archives concernant des mineurs ne sont pas consultables avant 120 ans, sauf dérogation et sauf, bien sûr, s’il s’agit des intéressés. Toutes les cotes des documents sont citées dans le rapport du 26 mars 2018 de la Commission temporaire d’information et de recherche historique (lire encadré ci-contre). ___

    Archives départementales de La Réunion, 4 rue Marcel Pagnol, Champ Fleuri, 97490 Sainte-Clotilde, tél. : 02 62 94 04 14, courriel : [email protected]

    La reconnaissance de l’État Le 18 février 2014, l’Assemblée nationale a adopté une résolution qui reconnaît la responsabilité morale de l’État français. Cela a débouché sur la mise en place d’une Commission d’information et de recherche sur les enfants de la Creuse, présidée par Philippe Vitale qui a débuté ses travaux le 18 février 2016. Un rapport de 690 pages a été publié le 26 mars 2018 : www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/184000184.pdf ___

    mailto:[email protected]://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/184000184.pdf

  • I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I 12

    grand angle

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    Valérie Andanson, porte-parole de la Fédération des enfants déracinés d’Outre-Mer (FEDD), estime que les témoignages sont essentiels pour que cette histoire soit connue de tous. © DR

    cas, finalement assez rare était celui des véritables orphelins. Dans de nombreux dossiers, il s’agit de familles pauvres et analphabètes. L’acte d’abandon qu’ils ne peuvent pas déchiffrer est parfois signé d’une trace de pouce. Comment dire si les gens ont bien compris qu’ils ne reverraient jamais leur enfant ? On a vu aussi des cas parfaitement scandaleux comme celui d’une grand-mère en charge de treize de ses petits-enfants, parce que leurs parents ne s’en occupaient pas. Cette femme se trouve dépassée et ne parvient plus à les nourrir et fait appel à l’aide sociale. La seule réponse, c’est l’acte d’abandon et l’envoi en métropole. »

    Michel Debré pensait bien fairePour le sociologue, il s’agit là de la mise en œuvre d’une politique démogra-phique parfaitement assumée : « Michel Debré, alors député de La Réunion, pensait bien faire. Selon ses propres termes, il vou-lait que ces enfants s’installent au vert et se reproduisent dans les campagnes de la métropole, dans une sorte de colonisation à l’envers. “Papa Debré”, comme il était surnommé à La Réunion était un hygié-niste très apprécié, il faisait distribuer de la nourriture aux enfants dans les écoles ». Cette politique, suivie sans sourciller par les administrations locales à La Réunion, à Paris par le Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’Outre-Mer (Bumidom), puis par les Directions

    Quatre associations réunies au sein d’une fédérationLes quatre associations – RasinnAnler, RasineKaf, situées à La Réunion et en métropole, Les Réunionnais de La Creuse et Couleur Piment Créole – ont pour but de mener des actions pour que l’histoire des enfants réunionnais exilés dans les années 1960, 70 et 80 soit reconnue. Elles ont décidé de se fédérer afin de parler d’une seule voix, développer leurs solidarités, faire converger leurs forces et leurs énergies. La fédération veut mettre en place de nouvelles actions. Cette année, le 5 décembre, elle organise un grand événement à La Réunion avec une conférence de presse, en présence des experts de l’ancienne commission nationale, de députés qui soutiennent leur démarche : « L’objectif est de nous réconcilier avec notre histoire. Avec Me Elisabeth Rabesandratana, notre avocate qui est à La Rochelle, nous avons entamé un nouveau combat qui se décline en quatre points : • nous voulons monter une nouvelle commission nationale. Elle intégrera l’aspect juridique et l’aspect psychologique, tout en montrant le degré de responsabilité de l’État. Car beaucoup de procédures en Justice n’ont pas pu aboutir, les lois actuelles placent la prescription très tôt. Il aurait fallu porter plainte avant nos 25 ans ;• le deuxième point, c’est que nous exigeons des excuses publiques de l’État. Cela s’est fait en en Suisse et en Grande-Bretagne pour des cas similaires ; • ensuite, nous souhaitons que notre histoire figure dans les manuels scolaires ; • enfin, quatrième point, nous souhaitons l’ouverture d’un centre de ressources sur l’exemple de la maison d’Izieu et, si possible en région Nouvelle Aquitaine, là même où se situe la Creuse ».NB : En 2016, une Commission pour les enfants volés d’outre-mer (Cevou) a été mise en place par le CRAN, Conseil représentatif des associations noires, qui ne reconnaît pas le travail des autres associations, ni celui de la Commission. ___

    Fédération des enfants déracinés des DROM (FEDD), Clos Cabellio, 134 rue du Marcassin, 84300 Cavaillon, tél. 06 74 73 70 41, courriel : [email protected] - www.federationdesenfantsderacinesdesdrom.com

    départementales des affaires sanitaires et sociales (DDASS) de l’Hexagone, a donné lieu à des falsifications en série. Des familles furent mises devant le fait accompli, les parents étaient convaincus que leurs enfants partaient pour un sort enviable en métropole et qu’ils reviendraient régulièrement dans l’île. En réalité, c’était un aller simple : « Pour les envoyer en métropole, on a prétendu que ces enfants ressortis-saient de l’application de l’article 57 du code civil. En gros, on les a assimilés à des nés sous X. Ils ont été déclarés pupilles de l’État, c’est-à-dire que leurs parents n’avaient plus aucun droit sur eux et ils ont été livrés à l’adoption plénière sur la base d’un mensonge », affirme Philippe Vitale.

    Des retours sur l’îleArrachés à leur île et à leurs familles, les « enfants de la Creuse » n’ont parfois jamais remis les pieds à La Réunion, ont perdu tout contact avec leurs proches. Certains ne connaissent même pas leur histoire. Sur les 2 015 personnes identifiées, environ 150 seulement se sont fait connaître et une poignée ont rejoint les associa-tions pour défricher leur passé. « Nous sommes une fédération qui regroupe quatre associations, précise Valérie Andanson. Notre rôle, c’est d’aider les adhérents pour leur retour à La Réunion ». En effet, depuis 2017, le département prend à sa charge un

    mailto:[email protected]://www.federationdesenfantsderacinesdesdrom.com

  • I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 13

    Adolescents réunionnais placé au Foyer de l’Enfance de Guéret (Creuse) dans les années 1965-1970. © DR

    billet d’avion et des frais de transport. En 2019, le ministère des Outre-Mer et le Conseil départemental de La Réunion ont signé une convention pérennisant l’accompagnement des « enfants de la Creuse » pour recons-truire leur histoire. « On les aide à organiser le voyage et ensuite on les accueille sur place à l’aéroport. On essaie de les guider. En 2017, nous en avons envoyé quelques-uns à La Réunion ; en 2018, ils étaient 25, en 2019, il y en avait 16 et en 2020, ils seront une qua-rantaine. Ce chiffre n’est pas exhaustif, il ne tient pas compte des enfants exilés qui se rendent à La Réunion sans faire appel à nos associations ».En amont du voyage, les associations aident les anciens « enfants de la Creuse » à rechercher leurs dossiers de placement et, le cas échéant, d’adoption. La première démarche est évidemment de vérifier s’ils sont bien dans la liste des 2 015 personnes concernées. Cette liste a été dressée par la Commission nationale, cela a demandé un énorme travail : « C’est trois ans de recherche, notamment dans les archives pour y consul-ter toutes les sources possibles. Prosper Eve et Gilles Gauvin avaient beaucoup travaillé sur ce sujet. Nous avons fait des milliers de vérifications, notamment sur l’orthographe des noms très courants à La Réunion. Je pense à toutes les déclinaisons possibles du nom de famille Hoarau, dont la graphie varie même à l’état civil », se rappelle Philippe Vitale.

    Une liste confisquéeMalheureusement, les chercheurs n’ont plus accès à leur propre liste : « Le ministère des Outre-Mer a exigé que nous leur transmettions et que nous détruisions l’exemplaire en notre possession, sous peine d’une amende et d’une peine de prison, le tout signifié par huissier de Justice ! Les Archives de La Réunion n’ont pas voulu de cette liste pour ne pas avoir à gérer son utilisation qui est effectivement très délicate ». Les « enfants de la Creuse » doivent donc s’adresser au ministère des Outre-Mer qui va vérifier leur présence ou non sur cette liste. Puis, ils doivent s’adresser au département de La Réunion qui va leur donner connaissance de leur dossier. Ils pourront le consulter, s’ils se rendent sur place, aux Archives de

    La Réunion, où un correspondant spécial a été nommé pour gérer ce genre de demande. « Mais il vaut mieux être accompagné par une association. La manière de procéder de l’administration est plutôt abrupte, certains reçoivent directement leur dossier par La Poste, sans aucun encadrement. C’est une bombe », raconte Valérie Andanson. « Il n’y a toujours pas l’encadrement psychologique que nous préconisions dans notre rapport », s’indigne Philippe Vitale. « Il n’y a pas d’indemnisations. Tous ceux qui ont atta-qué devant le tribunal n’ont rien obtenu. Le département de La Réunion paye juste un voyage en avion et des frais d’hébergement ».

    Ceux qui ignorent leur histoirePour Philippe Vitale, le plus décevant dans cette affaire, « c’est qu’au mieux, on connaît 150 de ces 2 015 enfants exilés en métropole. Les autres ne se sont pas déclarés. Soit ils ne savent rien, soit ils ne souhaitent rien savoir ». Comment expliquer ce désintérêt ? Il y a eu

    bien sûr des décès, les « enfants de la Creuse » ne sont plus très jeunes, des gens sont malades et ils ne peuvent se déplacer, d’autres ne veulent plus en entendre parler et enfin, beaucoup ne savent rien, malgré d’importantes campagnes médiatiques. Pourtant, à la clé, il y a une réconci-liation avec leur enfance et leur passé en faisant une recherche généalogique sur une génération. « Ce sont des révéla-tions bouleversantes, il faut se donner du temps, déclare Valérie Andanson. Pour ma part, j’ai retrouvé des membres de ma famille. J’ai aussi appris que ma mère biologique était décédée très jeune. Mais aussi que mon père biologique est encore en vie. Je vais aller le voir en décembre. Le parrain de mon premier baptême, que j’ai aussi retrouvé, va m’aider ».___

    Guillaume de Morant @g2morant

  • I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I 14

    interview

    magazine

    « La principale association mémorielle en France »

    Pourquoi associe-t-on généralement le Souvenir français aux tombes ?À notre création, le souci principal était d’enraciner la mémoire dans le sol, dans le territoire : c’est la mémoire de la pierre. La grande action du Souvenir français entre 1887 et 1913 a été de créer des centaines de monuments, plus de 2 000 plaques et de déposer des fleurs sur les tombes. Mais le Souvenir français ne construit pas de tombes, il les valorise.C’est une mission qui a été ren-due difficile après 1918, car les familles le souhaitant ont pu faire rapatrier les corps de leurs soldats dans le cimetière de leur commune. 300 000 tombes sont ainsi restées aux familles. Ces sépultures étaient perpétuelles, mais aujourd’hui, cela n’existe plus : les communes au bout de 99 ans peuvent récupérer les emplacements, surtout si les tombes ne sont plus entretenues, ce qui est malheureusement souvent le cas. Le Centenaire de 1914-1918 a été le moment le plus tragique, parce que beaucoup de tombes sont revenues dans le domaine public, beaucoup de communes ont repris les anciennes concessions. Face à cela, le Souvenir français essaie de s’entendre avec la commune pour sauver la tombe, lorsque le combattant porte une

    HÉRITAGE. Chargé de sauvegarder des lieux de mémoire de la guerre de 1870, dont il commémore le 150e anniversaire cette année, le Souvenir français a élargi son champ d’action à tous les conflits du XXe siècle et reprend le flambeau des associations d’anciens combattants qui tendent à disparaître. Rencontre avec son président, Serge Barcellini.

    Serge Barcellini Président du Souvenir français

    mémoire familiale ou une mémoire locale forte. On fait en sorte que la municipalité continue d’entretenir la tombe. Et si cela n’est pas possible, la commune crée une tombe collective pour les morts de 1914-18 retirés des tombes familiales, appelées à dispa-raître. C’est ce que j’appelle le moindre mal. On pourrait évidemment faire de la généalogie et tenter de retrouver les familles. Pourquoi pas, mais je

    doute du succès de l’opération, car la première chose que feraient les communes, c’est de leur demander de payer pour une nouvelle concession !

    Où en est votre projet de géolocaliser les tombes des combattants ?Nous avons pris du retard, mais la géolocalisation reste une bonne idée. Il y a déjà 300 tombes géolocalisées au cimetière du Père Lachaise. Pour que l’application Mémoire d’homme fonctionne, c’est un vrai défi : dans les cimetières communaux, les registres donnent simplement le nom de celui qui a commandé la tombe, le conces-sionnaire, mais pas les noms des gens qui sont inhumés. Il faut donc aller lire sur chaque tombe s’il y a des morts pour la France. Dans un cimetière de village, ce n’est pas trop long, mais ce n’est pas la même chose dans les grandes villes.

    Vous avez lancé un projet collaboratif autour du conflit de 1870 qui vise directement les généalogistes. Que leur demandez-vous ? Nous avons lancé avec la Fédération française de généalogie un appel à rechercher dans chaque cimetière les noms des combattants de 1870. Ils sont faciles à trouver. Il suffit de lire les registres des décès de chaque commune et de repérer ceux qui sont morts entre 1870 et 1872, pour inclure ceux décédés des suites de leurs blessures, les derniers combats ayant eu lieu en 1871. Sur les registres d’état civil, les décès dus à la guerre sont indiqués comme morts sur le champ

  • I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 15

    de bataille. L’idée, c’est simplement de reprendre leurs noms et de proposer aux élus locaux de les inscrire sur le monument aux morts de la commune. Ceux de 1870 n’ont jamais pu y figu-rer, car ces monuments sont nés de la Première Guerre mondiale et les quelques monuments relatifs à 1870 ne portent pas ou très peu de noms. La mention « Mort pour la France » n’existait pas, elle a été créée après. Le projet commence. Nous avons déjà des petites communes qui l’ont fait, notamment dans le Doubs. C’est plus facile d’inscrire deux ou trois noms, plutôt qu’une centaine dans les plus grandes villes, évidemment. Et si ce n’est pas directement sur le monu-ment, cela peut être sur une plaque. On ne tend pas à l’exhaustivité, mais déjà inscrire les noms faciles à trouver, c’est une première étape.

    Pourquoi le Souvenir français s’intéresse à la guerre de 1870 ?Nous entrons en période de commé-moration : c’est le 150e anniversaire du conflit. 1870, c’est le début de trois guerres franco-allemandes. C’est la première, elle est purement franco- allemande. La seconde, celle de 1914-1918, est européenne et la troisième, celle de 1939-1945, est mondiale. On ne peut pas com-prendre 1945 sans comprendre 1870. En réalité, 1945 signe la fin d’un conflit qui a débuté 70 ans plus tôt avec l’annexion de l’Alsace- Lorraine. Cette opération a donc une raison de pédagogie historique.Et puis, 1870, c’est véritablement la création de la République. La naissance en 1887 du Souvenir français corres-pond à ce grand renouveau de la France républicaine. Cet anniversaire est une bonne occasion de l’expliquer. Enfin, on ne va pas faire un anniversaire uniquement pour les Français, cela n’aurait pas de sens. Il y a en France 25 000 tombes allemandes de 1870, totalement oubliées car elles sont dans les cimetières communaux. Elles font partie de la mémoire territoriale. Cette mémoire va revivre, car pour la première fois depuis 20 ans, il a été décidé de réinscrire 1870 dans les programmes scolaires, d’où ils avaient disparu.

    Beaucoup d’associations d’anciens combattants disparaissent. Le Souvenir français en est-il l’héritier ?Oui, et c’est un héritage moral très important. Le Souvenir français est la principale association mémorielle en France. À partir de là, nous devons être porteur de cette mémoire. Il y avait 20 000 associations locales d’anciens combattants en France, souvent liées à un conflit. Les dernières générations, celles qui ont fait l’Algérie sont en train de disparaître. Notre volonté, c’est de recueillir les mémoires de ces asso-ciations, de faire en sorte que leurs archives soient versées auprès du Ser-vice historique de la Défense. Nous reprenons aussi, et c’est nouveau, les drapeaux des associations dissoutes pour les donner aux collèges et lycées à proximité, afin de faire vivre cette mémoire. Depuis une vingtaine d’an-nées, la transmission pédagogique avec les scolaires fait partie de nos missions.

    Quel est le profil de vos adhérents ?Nos adhérents sont en majorité des hommes, retraités, souvent anciens militaires. Mais l’association évolue, se rajeunit, se féminise petit à petit et touche de nouveaux publics, tous ceux intéressés par les valeurs mémo-rielles, par la sauvegarde de la mémoire combattante : des collectionneurs, des passionnés de l’histoire militaire et bien sûr les généalogistes. Nous avons aussi un nouveau public des grandes villes, des classes moyenne et supérieure que nous n’avions pas. À l’origine, le Souvenir français, c’était un mouvement plutôt populaire et rural. Ça change, ça s’équilibre. Et

    Les chiffres1887................... année de création1700................... comités locaux70............................ délégués à l’étranger95 000 ............ adhérents10 euros .......... coût de la cotisation5 millions ......... de budget annuelImplantation forte dans le Grand Est et le pourtour méditerranéen.

    puis il y a aussi l’attrait nouveau de jeunes très sensibilisés. Ce sont les jeunes des conseils municipaux, les jeunes sapeurs-pompiers, les cadets de la défense. Pour ceux-là, âgés de 13 à 18 ans, l’adhésion est gratuite. Nous sommes l’une des rares associations en France qui gagne des adhérents. C’est ma fierté.

    Comment comptez-vous associer davantage les généalogistes à votre action ?Pour moi, les associations de généa-logie et le Souvenir français sont faits pour vivre ensemble. Hier le Souvenir français était le prolongement des anciens combattants, aujourd’hui, ce prolongement, c’est avec toutes les associations qui font de la mémoire et les généalogistes sont des acteurs de mémoire. Je suis persuadé qu’il y a dans les associations de généalo-gie d’énormes potentiels d’actions communes au plan local comme au niveau national. Je suis favorable à la porosité associative. Il y a des conver-gences possibles, des projets et intérêts communs. Et l’on peut parfaitement adhérer au Souvenir français et à une ou plusieurs associations généalo-giques en même temps, ce n’est pas contre-indiqué au contraire.

    Propos recueillis par Guillaume de Morant

    @g2morant

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  • Cracher dans un tube, est-ce faire un test ADN ? Pour l’instant, non. Le tube arrive dans le laboratoire américain et l’ADN contenu dans la salive est examiné. Les caractéristiques géné-tiques de notre Français sont résumées dans un fichier de données brutes. Le portail de généalogie qui a vendu le kit les intègre à sa base de données et le client peut alors consulter son profil ADN depuis la France. L’infraction est caractérisée ! C’est encore le code pénal qui s’applique (article 113-2 alinéas 1 à 5) : il suffit qu’un des faits constitutifs ait eu lieu sur le territoire français. Notre amateur de généalogie génétique a craché dans le tube en France, il tombe sous le coup de la loi !Dans le second cas, prenons un Français en voyage en Angleterre, par exemple un généalogiste venu assister à Rootstech London, le congrès organisé par FamilySearch. Là, des stands vendent ce type de tests et font d’ailleurs des promotions à tout casser. Notre Français se laisse tenter, le soir à son hôtel à Londres, il crache dans le tube et le lendemain matin, il se rend au bureau de poste londonien le plus proche pour expédier son colis au laboratoire anglais. Il rentre chez lui en France et trois semaines plus tard, l’opérateur lui envoie un courriel pour lui dire que ses résultats sont consultables dans son espace privé sur le site anglais. Le fait constitutif, recueillir sa salive dans un tube, ne s’est pas produit en France, mais dans un pays où cela est autorisé. La loi française ne peut s’appliquer. C’est d’ailleurs pour cela que Geneanet a décidé de se lancer dans la compa-raison de profils ADN, sans vendre de kit : la société n’est pas à l’origine du fait constitutif. Elle se contente d’aider ceux qui ont bravé la loi à comparer leurs profils génétiques. Et sur ce sujet, notre loi reste totalement muette. ___

    Guillaume de Morant@g2morant

    VOUS AVEZ LE DROITFaire tester votre ADNAvec l’essor de la généalogie génétique, plus de 30 millions de personnes dans le monde ont fait tester leur ADN, dont quelques centaines de milliers de Français. Alors pourquoi pas vous ? Parce que c’est tout simplement inter-dit en France de le faire de sa propre initiative. La loi réserve le profilage génétique à la recherche scientifique et médicale ou à l’enquête judiciaire. C’est le code pénal qui le dit (article 226‐28‐1) et tout contrevenant s’ex-pose à des poursuites et une lourde amende de 3 750 euros.La loi en vigueur doit en principe s’appliquer, sauf que cette loi dans les faits n’est pas applicable, comme l’a confirmé le procureur général près la Cour de Cassation, François Molins, devant les parlementaires. Il n’a pas fait mystère de « l’ineffectivité des sanctions pénales en matière de tests génétiques effectués en dehors du cadre légal, ces sanctions ne permettant pas d’enrayer ce phénomène croissant ». En clair, les procureurs ont autre chose à faire que de poursuivre les généalogistes pour ce genre de délit… et dans les faits, la loi est largement contournée. Au moins 100 000 Français passeraient ce type de tests chaque année ; le sénateur Olivier Henno assure lui « qu’en 2019, 150 000 Français ont effectué un test de généalogie génétique et l’on estime à plus d’un million de Français ayant confié leurs données génétiques à des labora-toires étrangers ». Jusqu’à présent, cet argument n’a pas réussi à convaincre les parlementaires d’autoriser les tests génétiques, malgré de longs débats dans le cadre de la révision de la loi sur la Bioéthique (toujours en cours). Cela reste donc interdit… en France. On peut cependant examiner deux cas. Dans le premier, un Français résidant sur le territoire français passe com-mande d’un test ADN aux États-Unis. Il reçoit son colis contenant le matériel nécessaire pour le prélèvement. Une fois sa salive dans le tube, il scelle celui-ci et l’expédie aux États-Unis.

    lu, vu, entendu

    magazine

    I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I 16

    Salon virtuel de généalogie Comme les salons de généalogie sont à l’arrêt (l’absence de notre traditionnel agenda dans ce numéro en témoigne), une petite équipe de professionnels du secteur, réunis autour des animateurs du site Généagenda, ont eu la folle idée d’organiser un salon virtuel. Au programme : un grand espace d’exposants, des conférences et des animations. Depuis votre ordinateur, vous pourrez assister à des présentations, consulter des bases de données et converser avec des responsables associatifs, des archivistes, des éditeurs et d’autres professionnels via des forums ou directement en visioconférence. Le rendez-vous est fixé au samedi 27 juin 2020. ___www.salonvirtuel degenealogie.com

    www.salonvirtueldegenealogie.com

    Salon Virtuel deGénéalogie

    CONFERENCE

    S

    WEBINAIRES

    ASSOCIATION

    S

    PROFESSION

    NELS

    Samedi 27 juin 2020

    Renseigneme

    nts :

    contact@salo

    nvirtueldegen

    ealogie.com

    GRATUIT

    Aff

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    : G

    RA

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    IST

    OR

    Y

    Evénement organisé par GénéAgenda,

    l'agenda des manifestions généalogiquesgeneagenda.org

    http://www.salonvirtueldegenealogie.comhttp://www.salonvirtueldegenealogie.commailto:[email protected]:[email protected]:[email protected]

  • I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 17

    • CANADA Les cimetières québécois regorgent de restes humains non identifiés, du fait qu’aucune tombe individuelle n’était attribuée aux morts, une pratique qui s’est généralisée à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle. Mais cet anonymat pourrait prochainement être levé : des scientifiques québécois et catalans ont imaginé une technique, alliant généalogie et génétique, qui pourrait bientôt permettre d’identifier ces milliers de sépultures • ÉTATS-UNIS Le Center for Research Libraries annonce la mise en ligne, en accès libre, de quelque 400 000 pages issues d’une soixantaine de journaux publiés dans 20 pays d’Afrique subsaharienne entre le XIXe siècle et le début du XXe siècle (au format image et classées par date), avec entre autres l’East African Standard, le Mombasa Times & Uganda Argus (Kenya), le Leselinyana la Lesutho (Lesotho), le Lagos Standard (Nigeria) ou encore l’Umteteli Wa Bantu (Afrique du Sud) : www.crl.edu

    • MADAGASCAR L’état civil malgache est défaillant : environ 2,5 millions d’enfants Malgaches de moins de 18 ans ne disposent pas d’acte de naissance. Une réforme devrait permettre à chacune des 1 596 communes de Madagascar d’être équipée d’un système informatique pour le dématérialiser, avec l’objectif de recenser tous les Malgaches et doter chaque enfant d’un acte de naissance • LUXEMBOURG La Bibliothèque nationale du Luxembourg (BnL) et le comité de rédaction de la Hémecht ont mis en ligne l’intégralité des parutions de cette importante revue d’histoire luxembourgeoise, pour une période allant de 1895 à 2015, soit plus de 58 000 pages consultables à distance par les chercheurs : www.eluxemburgensia.lu • LUXEMBOURG Les Archives nationales du Luxembourg, actuellement dispersées sur cinq sites différents à travers la capitale et sa périphérie, seront, à l’avenir, regroupées sur un seul et unique site, à savoir celui d’Esch/Belval. L’attente

    fut longue depuis le concours lancé en 2003, mais le nouveau bâtiment devrait voir le jour • PAYS-BAS À l’occasion du 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas, les Archives régionales de Tilburg numérisent les documents d’archives sur la Seconde Guerre mondiale et les rendront disponibles en ligne : www.regionaalarchieftilburg.nl • PORTO RICO Des livres de comptes, des rapports de contrôle, des registres de revenus et même des transferts de fermes de 1893, pleins de poussières et d’excréments de souris, amassés dans plusieurs wagons à Maricao… C’est une illustration de la mauvaise gestion administrative des Archives générales de Porto Rico (AGPR), dénoncée par le blogueur Lorenzo Delgado Torres, mieux connu sous le nom d’El León Fiscalizador, dans une vidéo mise en ligne sur Youtube en février dernier : https://youtu.be/T4_I0h2wdAo ___

    Jean-Yves Baxter

    É C H O S D U M O N D E

    E N D I R E C T D E B E L G I Q U E

    Les Archives belges en confinementeÀ la suite de la pandémie de la Covid-19, les différents services d’archives belges ont bien entendu été soumis au confinement strict, décidé par le Conseil national de sécurité du 12 mars 2020 : ils ont fermé leurs portes les unes après les autres, maintenant un service de veille par courriel et téléphone. Dans tous les dépôts, les stocks de masques. servant habituellement à protéger le personnel dans les opérations de restauration de documents précieux, ont tous été offerts aux hôpitaux de la région bruxelloise.Les Archives Générales du Royaume en ont profité pour intensifier la conversion des inventaires. Pour consoler les chercheurs en manque d’archives, elles ont également mis à

    leur disposition, sur leur site Internet, plusieurs collections déjà numérisées : des laisser-passer des réfugiés de la Première Guerre mondiale, des recensements, des répertoires des notaires de Mons pour la période des XIXe et XXe siècles et des archives du Conseil des Troubles (1567-1576). www.arch.be ___

    Les conditions du déconfinementÀ l’heure d’écrire ces lignes, la procédure de sortie de confinement des Archives Générales du Royaume a été définie comme suit : à partir du 26 mai 2020, les étudiants et doctorants peuvent revenir aux archives sur rendez-vous uniquement et en montrant un justificatif. Si tout se passe comme prévu, le grand public pourra revenir aux Archives (conditions

    non encore précisées) à partir de la mi-juin. Bien entendu, les gestes barrières seront de mise et le port du masque obligatoire.Pour sa part, KBR (Bibliothèque Royale de Belgique) commencera à fonctionner, dès le 14 juin 2020, sur rendez-vous pour les chercheurs devant impérativement consulter des ouvrages. La bibliothèque amplifie également sa politique de numérisation, notamment les archives de presse du projet BelgicaPress, pour permettre au plus grand nombre de profiter agréablement des collections de qualité tout en restant en sécurité chez soi ! ___

    La mémoire du confinementFait assez rare pour être souligné, les deux associations archivistiques du

    pays, francophone et néerlandophone, se sont unies pour lancer le projet « Archives de Quarantaine » (et le mot-dièse correspondant #AQA) destiné à recenser toutes les initiatives personnelles de collecte d’archives à travers le pays et à encourager les centres d’archives à collecter les documents relevant de leur thématique propre.Vous êtes en Belgique et vous avez écrit un journal de crise à transmettre aux générations futures ou vous disposez de photos de votre famille en confinement ou de votre quartier, vous pouvez alors les faire parvenir à l’adresse [email protected] ou via la messagerie de la page Facebook Covid19 Archives : www.facebook.com/Covid19Archives ___

    Marie Cappart@histfamilles

    http://www.arch.behttp://www.crl.eduhttp://www.eluxemburgensia.luhttp://www.eluxemburgensia.luhttp://www.regionaalarchieftilburg.nlhttps://youtu.be/T4_I0h2wdAomailto:[email protected]://www.facebook.com/Covid19Archiveshttp://www.facebook.com/Covid19Archives

  • lu, vu, entendu

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    I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I 18

    Généafilm, nouvelle chaîne sur YouTubeCarole a créé une chaîne vidéo en ligne sur YouTube, baptisée Généafilm. À travers ses vidéos, elle souhaite faire partager le voyage extraordinaire dans lequel ses recherches l’ont emmenée. De découverte en découverte, d’émotion en émotion, elle raconte l’histoire vécue par des millions d’anonymes : nos ancêtres.www.youtube.com/channel/UChLX0j47CuZU-2JbzKGj-zQ ou cherchez Geneafilm dans le moteur de  echerche de www.youtube.com

    Un don de 27 000 € à la Fondation de FranceDans le cadre de l’opération nationale « Tous unis contre le virus », Filae a décidé de verser la totalité de son chiffre d’affaires du vendredi 1er mai au profit de la recherche, des soignants et de l’accompagnement des malades de la covid 19. Grâce à une communication bien orchestrée, de nombreux abonnements ont été souscrits ou renouvelés ledit jour, totalisant 26 330 €. Filae a arrondi la somme et ce sont 27 000 € qui ont été transférés à la Fondation de France.

    E N B R E F

    The GeneticDetectiveAux États-Unis, les scénaristes se sont déjà emparés du phénomène de la généalogie génétique policière. Ce 19 mai, le premier épisode d’une série intitulée The GeneticDetective a été diffusé sur la chaîne ABC Television. En guest star, la généalogiste génétique CeCe Moore, surnommée la Sherlock Holmes de l’ADN est venu y expliquer comment elle débusque des tueurs jamais identifiés dans des meurtres qualifiés de cold cases, grâce à la méthode qu’elle a inventée. En collaboration avec la police, elle parvient à croiser les traces génétiques inconnues retrouvées sur des scènes de crimes avec les profils ADN de la

    grande population des amateurs de tests génético-généalogiques. En allant sur des bases de données américaines comme GEDmatch, elle est parvenue à dresser les généalogies d’une centaine de tueurs et à les faire arrêter, même des décennies après leurs crimes.

    Un fichier restrictif en FranceLes labos français de recherche criminelle de la police et de la gendarmerie utilisent eux aussi la généalogie génétique pour résoudre des cold cases. Toutefois, leurs investigations se limitent à une seule base de données, le FNAEG, Fichier national automatisé des empreintes génétiques. Et encore,

    la loi française ne permet des recherches qu’à un seul degré de parenté, seuls peuvent être identifiés dans le FNAEG des parents très proches, parents ou enfants.

    Nouvelles fonctionnalités sur GeneanetGeneanet perfectionne déjà son portail dédié à l’ADN, inauguré il y a quelques semaines. De nouvelles fonctionnalités sont apparues en version beta : les pistes d’ascendance commune comparent automatiquement les arbres généalogiques des deux personnes dont l’ADN concorde si bien sûr chacune a déposé son arbre et que celui-ci remonte sur plusieurs

    générations. Le site est capable d’identifier des noms de famille et des lieux communs aux deux arbres, une synthèse donne des pistes pour rechercher l’ancêtre commun. La deuxième fonctionnalité attendue est justement l’identification automatique de l’ancêtre commun dans les arbres, à condition bien sûr que les deux arbres déposés sur Geneanet remontent jusqu’à celui-ci. Des alertes personnalisées pourront alors être programmées pour que les utilisateurs soient mis au courant automatiquement de ces concordances avec ancêtre commun.

    Guillaume de Morant@g2morant

    G É N É A L O G I E & A D N

    Un laissez-passer plébiscitéCette attestation autorise Alexandre Coulomb, consul de 28 ans «de taille médiocre et aux cheveux châtains», à quitter Remoulins (Gard) « où il n'y a aucun soup-çon de mal contagieux » pour se rendre à Blauzac (Gard). Rien à voir avec le sempiternel papier qui a fait notre quotidien pendant le confinement. Il s’agit d’un laissez-pas-ser établi au XVIIIe siècle en pleine épidémie de peste, vendu par la librairie Traces Écrites et repéré par Jérémie Ferrer-Bartomeu, un historien, diplômé de l'École des Chartes et enseignant-chercheur à l'université de Neuchâ-tel (Suisse). Sa diffusion sur Twitter a rencontré un vif succès et l’intérêt des grands médias. Et a confirmé que les archives n’ont jamais été aussi contemporaines. ___

    http://www.youtube.com/channel/UChLX0j47CuZU-2JbzKGj-zQhttp://www.youtube.com

  • I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 19

    Des permanences généalogiques à la plage Les 19 juillet et 9 août prochain, la généalogie prendra ses quartiers à la plage de l’Écluse de Dinard (Ille-et-Vilaine). Une initiative du Cercle généalogique de la Côte d’Émeraude : « Nous n’avions pas chômé pour un premier essai l’an dernier ; nous renouvelons donc l’opération sur deux jours cette fois », se félicite Claude Leforestier, président du CGCE.Sous deux barnums, situés sur la digue au ras de la plage et agrémentés de quelques panneaux explicatifs ou arbres généalogiques, des adhérents accueilleront les visiteurs en quête de leurs ancêtres. À l’aide de plusieurs ordinateurs, ils guideront les estivants dans leurs recherches. Mais direz-vous, que trouver d’intéressant, puisque tous les registres d’état civil ou paroissiaux sont sur les sites des Archives départementales ? « On a une base de données numérisée par nos soins de 65 000 marins de Saint-Malo. Certains ont été bluffés de voir que nous avions leur ancêtre, avec tous ses embarquement et débarquements. C’est un atout ! », apprécie Claude Leforestier. Sans compter les recensements de population, les registres matricules qui ne sont pas non plus en ligne. Daniel D’Hem, habitant Lancieux, à dix kilomètres de Dinard, s’était lui promis de s’attaquer à sa généalogie avec sa retraite et la fin de son mandat de conseiller municipal. Alors, il est venu à la permanence plage : « Une adhérente m’a accueilli, montré comment on utilisait Heredis, indiqué ce que faisait l’association ». Pour s’assurer une

    belle fréquentation, l’association compte diffuser largement des tracts annonçant la journée sur le grand marché de Dinard et communiquer via les médias locaux.Cette initiative représente un réel enjeu pour le CGCE afin de se faire connaitre et de recruter de nouveaux adhérents (qui sont 210 à ce jour). Ici, les passants ou plagistes ont le temps… « Il nous faut offrir autre chose. Nous expliquons aux visiteurs

    que l’association est adhérente à GeneaBank (et ses 106 millions d’actes disponibles), qu’elle propose des ateliers mensuels (comment utiliser le recensement de population, les photos, rechercher un inscrit maritime ou un militaire, lire un acte ancien) », énumère le président du CGCE. Et cela fonctionne : dix adhésions ainsi obtenues l’an dernier. « Tous ne sont pas du coin, ils adhèrent surtout pour qu’on les aide, pour la méthode », observe Claude Leforestier. C’est le cas de Daniel D’Hem, nouveau depuis janvier dernier : « Ma généalogie est dans le nord de la France, mais les ateliers m’intéressent : j’ai participé à celui sur Heredis pour affiner mes connaissances, à un autre sur l’utilisation des bases de données sur Internet. Quand je serai dans le bain, je pourrais aussi assurer des permanences. » D’autres, motivés comme lui, pourront également participer à la numérisation des marins de Saint-Malo : « Il en reste encore 65 000 à faire », note le président. De quoi aviver la curiosité les plagistes la saison suivante… ___ F.V.

    Déconfinement progressif des Archives

    La plupart des archivistes ont repris le chemin des Archives ; les lecteurs devront encore patienter. L’heure est au traitement des demandes et recherches restées en suspens suite à l’instauration du confinement. Le personnel s’affaire aussi à la préparation des locaux pour accueillir du public. Le 7 mai 2020, les Archives de France ont publié une série de préconisations « pour la reprise d’activité et la réouverture au public des service d’archives ». Mais c’est bien chaque commune ou département qui décide des dispositions en dernier ressort.Dans un premier temps, les usagers aux recherches à caractère administratif ou judiciaire seront privilégiés ; ceux qui mènent des recherches à caractère historique, scientifique et généalogique devront sans doute attendre, au mieux, début juin. Pour respecter les mesures de protection, le rituel sera également adapté : accueil sur rendez-vous, ouverture un jour sur deux en raison du placement en quarantaine pour une durée de 24 heures des documents confiés aux lecteurs, lavage des mains avant d’entrer, au savon et à l’eau plutôt qu’au gel hydro-alcoolique, suspecté d’entraîner à long terme un jaunissement accru du papier, placement distancié dans la salle de lecture, désinfection après usage des emplacements de consultation et des équipements partagés… En espérant un retour à la normale à la rentrée. ___

    Pendant l’été, le Cercle

    généalogique de la Côte

    d’Émeraude va à la rencontre

    des plaisanciers. © CGCE

  • I RFG n° 248 I juin I juillet 2020 I 20

    lu, vu, entendu

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    Le confinement a eu de multiples effets, souvent inattendus. Après avoir rangé de la cave au grenier et fait le ménage, beaucoup de Français cherchant à s’occuper ont glissé vers la généalogie, qui a en effet largement profité de la situation.

    Des serveurs en surchauffeGeneanet a vu le nombre de ses inscrits augmenter de 150 %, avec énormément de nouveaux venus, mais aussi la réactivation de très nombreux anciens comptes en sommeil. Une citation du site par Jean-Pierre Per-naut, au JT de TF1, et un avis posté sur son compte TikTok par une ado-lescente racontant son passage sur le site – info qui sera reprise plus d’un million de fois ! – ont rapidement affolé les connexions. D’où l’ajout de trois serveurs supplémentaires pour supporter la surcharge.Son de cloche identique chez Filae, avec les mêmes courbes ascendantes.

    « D’autant plus, explique son PDG Tous-saint Roze, que les chaînes TV ont offert la diffusion de spots publicitaires à prix sacrifiés, y compris sur les tranches tra-ditionnellement les plus chères, comme celles précédant les JT de 13 heures ». Une belle dynamique que le site Internet a su accompagner avec un enchaînement impressionnant de mises en ligne de registres paroissiaux indexés.De nombreux sites d’Archives ont observé un phénomène similaire : celui d’Indre-et-Loire a vu son trafic quotidien progresser de 33 % dès le début du confinement, pour doubler au bout de 15 jours et augmenter de 230 % les jours de météo maussade.Pour arriver à un tel résultat, même si le confinement a largement bousculé les habitudes, les équipes en coulisses ont rapidement réagi pour garder le lien avec leur communauté et adapter leurs propositions. Geneanet a ima-giné Geneakids, une page spéciale pour occuper les enfants, enfermés avec leurs parents pendant plus de huit semaines.

    Des archivistes connectésLes archivistes ont intensifié le rythme de leurs publications sur Facebook, en assurant par exemple une chronique quotidienne, nourrie des pépites gla-nées dans les registres paroissiaux mais également dans les autres col-lections numérisées. « L’approche de Pâques nous a permis de mettre en avant de nombreux récits de baptêmes de clo-ches », cite pour exemple le directeur des Archives départementales de la Haute-Saône. Son homologue de la Côte-d’Or, confiné dans son logement de fonction, en a profité pour fouiller dans les magasins et repérer des docu-ments de circonstance qui alimentent ses “Carnets de la quatorzaine” : « J’ai des commentaires qui me montrent que c’est lu et que cela donne une note qui n’est pas inutile dans les circonstances présentes. » Par le biais de Facebook, les archivistes ont également guidé les chercheurs vers les fonds numérisés ou instruments de recherche, parfois méconnus, voire renouvelé les appels à indexer des archives nominatives. « On a constaté une hausse des entrées sur notre site Internet via les réseaux sociaux », souligne Christelle Buat, qui assure l’animation des comptes Facebook, Twitter et Instagram pour les Archives d’Orléans.Des archivistes, pour un grand nombre dans l’impossibilité d’assurer leurs mis-sions quotidiennes au télétravail, ont également mis à profit ce temps figé pour indexer des dossiers, à grande échelle. C’est le cas d’une quarantaine de bénévoles, qui ont répondu positi-vement à l’appel du Service historique de la Défense pour saisir les inventaires de la sous-série GR YF, qui rassemble les dossiers de pensions depuis l’Ancien Régime. Une fois synthétisé et validé par les agents de la division responsable de ces fonds, cet immense travail permet-tra bientôt de proposer des ressources supplémentaires qui viendront enrichir le site Internet et faciliter les recherches des lecteurs et des archivistes.

    Mémoires de confinement Y aura-t-il bientôt une collecte des « Mémoires de confinement » ? Certaines Archives départementales se sont déjà lancées dans l’aventure comme celle des Vosges avec le mot-dièse #memoiredeconfinement sur leur compte Twitter. Le principe consiste à collecter – sous la forme de fichiers PDF ou JPEG mais aussi de vidéos, récits, photographies, dessins – les témoignages de toutes sortes. Chaque contributeur peut faire don du fonds d’archives qu’il constitue à l’issue du confinement. Ces documents, sources d’histoire vivante et donc sources précieuses, peuvent être envoyés par courriel aux Archives. À l’issue du confinement, ce fonds peut être complété par des supports papier et photographiques.D’autres services d’archives ont pris des initiatives similaires comme les Archives nationales du monde du travail (ANMT), les Archives municipales d’Antibes Juan-les-Pins, d’Aubervilliers, d’Avignon, de Beaune, d’Eaubonne, de Dijon, de Grenoble, de Lille, de Lorient, de Marseille, d’Orange, de Roubaix, de Saint-Étienne, de Tourcoing et de Vesoul, ainsi que les Archives départementales de l’Aube, de la Creuse, du Gard, de la Haute-Vienne, de l’Isère, du Loiret, de la Mayenne, de Meurthe-et-Moselle, du Pas-de-Calais, de Seine-Maritime, du Val-de-Marne et de l’Yonne. Les Archives départementales des Yvelines, quant à elles, accueillent une créatrice qui rassemble notes, journaux de confinement, photographies, vidéos, enregistrements sonores, dessins… ___ P-V.A.

    Le confinement utile des généalogistes et des archivistes

  • I juin I juillet 2020 I RFG n° 248 I 21

    Des indexeurs à la manœuvreCôté indexations, les internautes se sont également mobilisés pendant le confinement. D’autant plus que des services d’archives en ont profité pour ouvrir de nouveaux fonds à l’annota-tion. « On a eu l’idée de faire un test sur le fonds des cartes de combattant de la Grande Guerre, contenant 11 500 cartes (avec photos), explique Stéphanie Guil-laume-Chapelet, webmaster du site des Archives d’Indre-et-Loire. On se donnait un mois, lorsque le 14 avril on a lancé le projet sur le site et sur Facebook. Le public s’est littéralement rué. En moins de 10 jours, tout était fait. Un chercheur en a indexé 800 en une nuit ! » Dans le même esprit, les Archives municipales de Nancy ont proposé trois projets très différents : l’un sur des photographies à identifier et un autre sur les « Estats des Entrans » entre 1591 et 1627 (au demeurant un excellent exercice de paléographie…).Du côté de Geneanet, « le confinement a fait doubler les indexations de l’opération "Sauvons nos tombes", révèle Jérôme Galichon, responsable Innovation, tout en permettant de terminer celles des 80 000 fiches du fonds parisien Laborde et des registres matricules de deux dépar-tements : les Pyrénées-Orientales et la Rhône (avec pour ce dernier plus de 340 000 soldats et plus de 600 000 parents). Côté recensements, on est passé de 982 communes à près de 3 000. » Sans parler du collectif Familles Pari-siennes, qui a mis lui aussi le turbo. Ainsi Jean François, 70 ans, retraité à Paris, qui s’est lancé en 2015 dans l’in-dexation des répertoires des notaires de Paris (essentiellement les contrats de mariages et inventaires après décès antérieurs à la Révolution), avait, au 15 avril, terminé 38 des 122 études, soit 376 registres et 376 995 actes, avec une moyenne d’environ 50 (actes) à l’heure. « Avec le confinement, je suis passer à 50 ou 60 heures. 0ui, ça a dépoté mais j’apprécie surtout de voir d’autres s’y mettre pour de consommateurs devenir acteurs ».

    Jean-Louis Beaucarnotet Charles Hervis

    Du temps libre pour transcrire et indexer39 ans, passionné de généalogie depuis l’âge de 12 ans, Julien Bernigaud, salarié lyonnais et père de famille, regrettait de